profils de sols présentés dans le saïs -...

94
CHAPITRE III PROFILS DE SOLS PRESENTES DANS LE SAIS ,- P. BILLAUX avec la collaboration de H. FARAJ, T. IONESCO, G. MISSANTE, R. WATTEEUW I. Profil 13 Sol châtain isohumique subtropical encroûté, vertique (Mol- lisol, Xeroll ; Palexeroll ; Vertic et Petrocalcic Palexeroll ou encore : Vertic et Lithic Haploxeroll, si on considère que l’ho- rizon supérieur est un apport sur la croûte). 1. Situation Bl.ed El Gada, à 7 km ESE de Fes ville nouvelle. Carte au 1/50 O00 : Fes E. (X = 544,3 ; Y = 379,7). Altitude : environ 462 m. Itinéraire : prendre la route Fes-Sefrou (P. 20) ; à 4 km de Fes prendre vers l’E la route de Sidi Hrazem et la suivre sur environ 5,5 km; cette route traverse d’abord l’oued Bou- fekrane puis monte sur le plateau d’El Gada; le profil est à une dizaine de mètres au N de la route lorsqu’on arrive au douar EI Gada.

Upload: duongnguyet

Post on 12-Sep-2018

215 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

CHAPITRE III

PROFILS DE SOLS PRESENTES DANS LE SAIS

,-

P. BILLAUX avec la collaboration de

H. FARAJ, T. IONESCO, G. MISSANTE, R. WATTEEUW

I. Profil 13

Sol châtain isohumique subtropical encroûté, vertique (Mol- lisol, Xeroll ; Palexeroll ; Vertic et Petrocalcic Palexeroll ou encore : Vertic et Lithic Haploxeroll, si on considère que l’ho- rizon supérieur est un apport sur la croûte).

1. Situation

Bl.ed El Gada, à 7 km ESE de Fes ville nouvelle. Carte au 1/50 O00 : Fes E. (X = 544,3 ; Y = 379,7). Altitude : environ 462 m. Itinéraire : prendre la route Fes-Sefrou (P. 20) ; à 4 km de Fes prendre vers l’E la route de Sidi Hrazem et la suivre sur environ 5,5 k m ; cette route traverse d’abord l’oued Bou- fekrane puis monte sur le plateau d’El Gada; le profil est à une dizaine de mètres au N de la route lorsqu’on arrive au douar EI Gada.

118 P. BILLAUX

2. Relief

Le bled El Gada est une butte-témoin du plateau du Saïs, complètement isolée par les vallées du Sebou au N, et de ses affluents les oueds Arous à l’E et au S, et Boufekrane à 1’W. I1 cou- vre environ 230 ha en forme de triangle allongé à pointe vers l’E.

Sa surface est formée par la dalle plio-villafranchienne du Saïs, dont le faciès est ici conglomératique, fluviatile ou fluvio- lacustre, reposant sur des marnes du Miocène (<< marnes bleues ))

tortoniennes, de faciès marin).

Son relief général est un large vallon dont la concavité de peu d’amplitude, a vraisemblablement une origine tectonique. L%xe du vallon, orienté WNW-ESE, présente une pente générale très faible vers I’WNW sauf à son extrémité E qui est prati- quement horizontale; il n’y a pas de thalweg de drainage. Les flancs du vallon sont dissymétriques, le flanc sud ayant une pente très douce (1,5 %) et le flanc nord une pente un peu plus forte (5 %) ; la différence d’altitude entre le fond du vallon et le haut des pentes est de l’ordre de 20 m.

La butte-témoin d’El Gada est interrompue de façon abrupte au N, à l’E et au S, par des pentes de 15-20 taillées dans la marne tortonienne; la dénivelée est de 250 m jusqu’au Sebou et de 150-200 m jusqu’à l’oued Arous; à 1’W la descente vers l’oued Boufekrane situé 100 m plus bas, est en pente douce

Le profil 13 est situé sur le flanc S du vallon en bas de descendant

(5-10 %).

pente ; à cet endroit le terrain a une pente de 1,5 vers le NNE, le microrelief est plan.

3. Roche-mère et substratum

Deux hypothèses peuvent être avancées sur ce sujet.

a. P r e m i è r e h y p o t h è s e : ce sol s’est formé à partir des matériaux de la dalle conglomératique fluvio-lacustre plio- villafranchienne en place ou remaniée à la suite des mouve- ments tectoniques. Cette dalle, dont l’épaisseur actuelle est de quelques mètres sur le pourtour du bled El Gada, est constituée soit d’un taf calcaire tendre à galets soit d’un poudingue dur à ciment gréso-calcaire que l’on trouve généralement en profon-

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAÏS 119

deur. I1 est difficile de dire si le tuf à galets est un faciès, une altération en place ou. un remaniement (de type lacustre) du dépôt conglomératique. Les galets du tuf et du poudingue sont composés de calcaire (dominant), quarzite, quartz, grès, silex.

b. D e LI x i è m e h y p o t h è s e : la dalle plio-villafran- chienne aurait été recouverte, avant les mouvements tectoni- ques qu’elle a subis et avant les entailles d’érosion, par un dépôt d’argile rnbéfiée, non calcaire, à galets de quartzite, quartz et silex, originaire (comme le conglomérat) du Moyen Atlas et du Massif Central. C’est cette argile qui serait alors la roche- mère du sol, au moins dans ses horizons supérieurs, le conglo- mérat ou le tuf à galets n’étant que substratum.

4. Climat

P = 545 mm. T = 17’8. Pour plus de détails se reporter aux données de la station de Fès.

5. Nappe phréatique

Très profonde, sans influence sur le profil.

6. Végétation naturelle a. V é g é t a t i o n a n c i e n n e p r o b a b l e

- Matorral à Olea europaea et Pistacia Lentiscus - Climax semi-aride

b. V é g é t a t i o n a c t u e l l e - MH : Scolymus maculatus, Caucalis leptophylla, Cichorium Intybus, Gero-

pogon glaber, Ridolfia segetum. - M : Ammi majus, Carlina racemosa, Cynodon Dactylon, Rhagadiolus

stellatum, Anacyclus clavatus. - n, r : Hirschfeldia incana, Hordeum murznunt, Kundmania sicula, Manti-

sulca salmantica, Scab;iosa stellata. - ad : Avena sterilis, Scandix Pecten-Venerix, Scorpiurus sulcata, Sherar-

dia arvensis, Sinapis alba, Coriandrum sativum, Phalaris canarien- sis, Biscutella auriculata, Sonchus Oleraceus, Daucus carota.

- Autres espèces : Anchusa aaurea, Andfyala integrifolia, Atractylis gum- mifera, Biarum teizuifolium, Buniunz Fontanesii.

c. C o m m e n t a i r e s Complexes écologiques à dominance d’espèces indicatrices

de l’argile, d’exigence en eau moyenne avec tendance vers une humidité plus accentuée. La tendance à la tirsification est marquée par l’abondance des méso-hygrophytes.

120 P. BILLAUX

7. Erosion

Nulle.

8. Drainage

Bon, pas de stagnation en surface.

9. Etat de la surface

Pierres en quaiitité. moyenne, constituées essentiellement dz galets de quartzite, silex ou quartz (longueur 4-7 cm) et de quelques galets calcaires (longueur 3-5 cm) , ces derniers corro- dés par dissolution et en partie enveloppés de croûte calcaire.

10. Utilisation du sol

Plantation de jeunes oliviers avec culture intercalaire an- nuelle de céréales (blé, orge) ou de légumineuses (pois chiches). Mode de culture traditionnel : labour à l’araire. Pas d’irrigation.

B. Description d u profil 0-35 cm : Texture argileuse, avec quelques graviers (2-0,2 cm) de

quartzite, silex et quartz.

Couleur brun rougeâtre foncé à la partie supérieure (5 YR 3/2-3 : sec et humide) passant 5. brun-rougeâtre en bas (5 YR 4/4 : sec, 5 YR 3/3 : humide).

Non calcaire.

Peu humifère; on trouve à la partie supérieure quelques débris de paille en décomposition.

Structure prismatique grossière (largeur : 8-12 cm) B l’état sec, bien développée ; les prismes sont séparés par des fissures larges de 1 cm au maximum; leur face dst rugueuse et litée ; ces prismes disparaissent à l’état humide.

Sous-structure lamellaire liée à une disposition horizon-

En outre dans les fentes du sol se développe une strut- ture grumeleuse, d‘origine coprogène. Sous culture, il se forme en surface, sur une épaisseur de quelques cm, une structure grenue à grumeleuse bien développée.

Consistance dure i l’élat sec, ferme à I’état humide; plasticité et adhésivité fortes ; imbibés d’eau, les agré- gats gonflent faiblement et se délitent mais la structure polyédrique tres fine reste stable.

Porosité très faible ; fwte compacité,

,

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAÏS 121

Elémenls coprogènes localisés dans les fissures et Q la partie inférieure de l’horizon.

Racines : chevelu peu dense, bien réparti.

Limite inférieure de l’horizon brutale et ondulée.

35-40-55 cm : Cet horizon a une profondeur irrégulière, liée 2. la surface irrégulière de la croûte sous-jacente. I1 est for- mé de nombreux éléments pierreux noyés dans une matrice terreuse.

1. E l é m e i i t s p i e r r e u x : ils comprennent des fragments de feuillets de croûte calcaire, plats mais BmoussCs, de 2 Q 5 cm; et surtout des éléments plus petits (0,542 cm) émoussés ou grossièrement arrondis, à surface finement bosselée, peu durs, qui peuvent être soit des fragments de croûte usés ou corrodés, soit des concrétions granulaires. Ces éléments pierreux sont re- couverts d‘une pellicule brun-rougeâtre qui est striée - d’un &seau blanchâtre de pseudo-mycelium calcaire. On trouve en outre quelques galets de calcaire encroûtés à la face inférieure et aplanis par dissolution à la face supérieure, et un peu de graviers de quartzite et quartz.

2. C a r a c t è r e s d e l a t e r r e

Texture argilo-limoneuse.

Couleur brun-rougeâtre (5 YR 4/3 sec, 5 YR 3/3 humide) avec réseau blanc dense de pseudo-mycélium calcaire.

Moyennement calcaire.

Structure polyédrique fine (5-10 mm) peu apparente mais bien définie.

Consistance : peu fragile,

Porosité d’ensemble forte.

Racines : chevelu assez dense (surtout de chiendent).

Limite inférieure brutale, suivant les ondulations de la croûte sous-jacente.

40-55-60-70 cm : Cet horizon, plus ou moins altéré et localement détruit est fqr‘mé de plusieurs couches de feuillets ou fragments de fe’uillets de croûte calcaire, séparées par des couches

1. C a r a c t è r e s d e s f e u i l l e t s : chaque feuil- let de croûte comprend, 5. sa partie supérieure une couche compacte, très dure, montrant un fin litage de couleurs brun clair (7,5 YR 6/4) et gris-brun (pellicule rubanée) et à sa partie inférieure une couche assez tendre, finement poreuse, plus claire, formée de lits irréguliers blancs ou rosés (7,5 YR 8/4). Cette couche inférieure peut être limitée vers le bas par une mince pellicule brun clair, dure, généralement mamelonnée, ou reposer directement sur la couche sous-jacente terreuse ou tuffeuse. La pellicule rubanée est généralement moins

1 de terre plus ou moins épaisses.

122 P. BILLAUX

épaisse que le reste du feuillet. Dans cet horizon les feuillets s’organisent en général de la façon suivante :

- A la partie supérieure on trouve un lit formé de morceaux d’une croûte épaisse (5 cm) fragmentée, à pel- licule rubanée d‘envirdn 0,5 à 2 cm d’épaisseur.

- En dessous se succèdent des morceaux de feuillets peu épais (1-2 cml avec pellicule rubanée mince (quel- ques min), disposés en couches irrégulières subhorizon- tales.

- A la partie inférieure, au contact de l’horizon sous- jacent se trouve un feuillet peu épais (1-2 cm) analogue au précédent mais beaucoup plus continu.

2. C a r a c t è r e s d e s c o u c h e s t e r r e u s e s : les lits de terre entre les feuillets sont épais de quel- ques cm (1-4). On trouve aussi dans l’horizon des poches plus épaisses contenant de la terre et des morceaux de croûte.

Texture argilo-limdneuse avec forte proportion de gra- viers dont la composition est la suivante : essentiellement des i( granules calcaires peu durs, de 0,5 à 1 cm en moyenne, à surface arrondie ou irrégulière bosselée, qui sont, soit des concrétions à structure interne concentri- que, soit analogues à des fragments de croûte; ensuite quelques graviers de quartzite et quelques petits galets de calcaire encroûtés 5. la face inférieure et aplanis par dissolution à la face supérieure.

Couleur brun-rougeâtre clair (5 YR 6 / 4 4 sec; 5 YR 4/6 humide).

Fortement calcaire, avec des traces de pseudo-mycélium.

Structure polyédrique fine (5 mm) bien développée, avec quelques éléments coprogènes.

Consistance friable ; plasticité et adhésivité fortes ; les agrbgats gonflent dans l’eau et se délitent, mais la struc- ture polyédrique fine reste en partie stable.

Porosité d’ensemble forte.

Racines: chevelu peu dense, arreté net par le feuillet inférieur.

Limite irifkrieure de l’horizon brutale et ondulée.

60-70-90 cm : Tuf calcaire à concrétions; cet horizon n’existe que localement.

Texture limono-sableuse et assez graveleuse.

Couleur claire, rosée (7,5 YR 8/4 sec ; 7,5 3 3 8/6 humide).

Très fortement calcaire; à la loupe le tuf paraît formi! en grande partie d’un assemblage de micro-concrétions arrondies. La fraction graveleuse est composée essen-

PROFILS DE ‘SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAYS 123

tiellement de concrétions calcaires de petite taille (3-0,5 cm), de forme irrégulière, anguleuse, aplatie, dis- posées horizontalement comme des ébauches de feuillets de croûte surtout B la partie supérieure de l’horizon. Certaines sont arrondies en nodules. Ces concrétions sont assez dures a l’état sec. En coupe, elles ont une couleur claire, analogue à celle du tuf, marbrée de blanc et de rosé ; elles sont finement poreuses, avec fréquemment des poïes plus grossiers qui paraissent la trace d’ancien- nes racines. (Cette forme tubulaire se trouve aussi dans une partie des sables grossiers). I1 n’y a pas de discon- tinuité de structure entre le tuf calcaire et ces indura- tions, qui lui sont intimement liées. Les graviers com- prennent aussi de rares quartz émoussés et des petits galets de calcaire tendre ou de calcaire dur, ces derniers étant encroûtés à la partie inférieure et dissous en forme de cupule B leur face supérieure.

Structure continue.

Consistance friable en dehors des concrétions. Ni plasti- que, ni adhésif, ni gonflant.

Porosité assez forte, fine.

Pas de racipes.

Limite inférieure de l’horizon graduelle.

60-90 à 160 cm +: Tuf calcaire B taches et concrétions contenant des galets en assez forte proportion.

1. C a r a c t è r e d u c a i l l o u t i s : il est formé surtout de galets et graviers calcaires, encroûtés en for- me de stalactite a leur partie inférieure; les galets (2-5 cm) sont creuses par dissolution B leur face supé- rieure ; les graviers sont fortement émoussés. Le caillou- tis comprend aussi des galets (2-5 cm) et graviers de quartz, silex, quartzite, mais en proportion faible : environ le 1/10 des éléments calcaires.

2. C a r a c t è r e s d u t u f :

Texture limono-sableuse et un peu graveleuse.

Couleur de fond jaune rougeâtre (7,5 YR 8/6 sec; 7,5 YR 7/6 humide).

Très fortement calcaire avec des concrétions de divers types i - amas de structure farineuse, larges de quelques cm, paraissant comme des a taches blanches sur la coupe du profil; - concrétions calcaires analogues à celles de l’horizon précédent, arrondies (2-3 cm) ou irrégulières (0,5-1 cm) ; - concretions plus petites (0,2-0,5 cm) en majorité tubu: laires creuses, parfois bifides, qui semblent s’être formées autour d‘anciennes racines. Une fraction des sables gros- siers a aussi cette forme tubulaire.

124 P. BILLAUX

Structure continue.

Consistance friable, un peu plus ferme que dans l’horizon préCCderit ; adhési7Tité forte, plasticité faible, pas de gon- flement dam l’eau.

Porosité fiiie et assez forte.

Pas de racines.

A plus forte profondeur, on trouve le meme tuf à. galets, puis des bancs de poudingue dur contenant les mêmes types de galets et ri ciment gréso-calcaire.

C. Commentaires sur l e profil 13

1. Typologie

Ce profil présente quatre horizons principaux, tr&s nettement différenciés, qui sont de haut en bas :

a. un horizon de couleur foncée (0-35 cm), calcaire mais à complexe adsorbant saturé ;

b. un horizon fortement calcaire (35-70 cm) à pseudomycé- lium, qui renferme plusieurs lits irréguliers de feuillets de croûte fragmentés de divers types et des concrétions granulaires ; cet horizon est surmonté par une couche de morceaux de croûte arrondis, usés ou corrodés ;

c. un horizon (70-90 cm) extrêmement calcaire, tendre, c tuffeux >>, dont le calcaire peut en outre s’individualiser sous forme de petits feuillets OLI de granules ; dans cet horizon la teneur en calcaire est maximum;

d. un tuf calcaire tendre à galets.

Les autres caractéristiques du profil sont les suivantes :

- la structure de l’horizon supérieur est formée d’éléments prismatiques grossiers et compacts, à sous-structure lamellaire provenant d’un assemblage lité de petits agrégats polyédriques très anguleux ou aplatis en écailles. Ces petits agrégats se trouvent, dans la plupart des vertisols ou sols vertiques du Ma- roc. La stabilitk à l’eau de cette sous-structure est bonne (Is = 0,4 à 0,5) de même que la stabilité de la structure grumeleuse fine de surface, qui résiste au travail du sol.

- la teneur en argile des horizons situés au-dessus du tuf est forte, (59 % en surface) ; elle est légèrement plus élevée à

PROFILS 3 E SOLS PRkSENTkS DANS LË SAYS 125

la base de l’harizon supérieur qu’à la surface du sol. Par ail- leurä, dans l’horizon encroiité et dans le tuf, le pourcentage d’ar- gile, rapporté à la fraction non calcaire, est plus fort que dans l’horizon supérieur.

- La fraction argileuse de tous les horizons comprend une proportion très importante de montmorillonite.

- La teneur en matière organique est faible à la surface du sol (2’4 4r,) ; elle décroît lentement et régulièrement en pro- fondeur dans l’horizon non calcaire ; puis la teneur baisse brus- quement au niveau de l’horizon encroûté et continue à décroî- tre ensuite lentement et régulièrement ; cette matière organique est bien décomposée (C/N = 9’3 en surface) ; le rapport C/N devient très faible en profondeur (3,6),

- La couleur montre une rubéfaction très nette, bien recon- naissable malgré l’assombrissement de l’horizon supérieur et malgré la forte teneur en calcaire des horizons inférieurs.

- Dans le complexe adsorbant le Calcium est le cation do- minant, sauf dans l’horizon inférieur tuffeux, oÙ le Magnésium devient prépondérant ; le taux de Sodium échangeable, faible dans l’horizon supérieur croît en profondeur jusqu’à 17 % (dans le tuf à 70-80 em) ; le pH augmente parallèlement jusqu’à 8’5 dans !e tuf.

- Le mpport fer libre sur fer total est proche de 0’50 pour l’horizon non calcaire, et de 0,30 dans le tuf.

2. Classification

Les caractères déterminants sont :

.- l’absence totale de calcaire dans l’horizon supérieur ; - la présence d’une individualisation du calcaire sous for-

me de croiite dans un horizon intermédiaire ; - la décroissance lente de la matière organique, qui est

cependant interrompue par une brusque diminution au niveau de l’horizon encroûté ; - la structure assez grossière et compacte et l’assombris-

sement de l’horizon supérieur.

D’après notre classification de référence (G. AUBERT, 1965)’ nous rangeons ce sol dans la classe des sols isohumiques; sous-

I26 P. BILLAUX

classe subtropicale à complexe saturé et pédoclimat frais en saison pluvieuse ; groupe des sols châtains ; sous-groupes encroû- té et vertique.

Toutefois, si l’on admet qu’il y a eu deux dépôts et que le sol s’est formé sur une argile rouge non calcaire qui a recou- vert le tuf à galets, la classification sera la suivante : << Sol isohumique châ tain subtropical, vertique ; reposant sur croûte calcaire >>.

3. Pédogénèse

Ce sol, très complexe, porte la marque de plusieurs processus de pédogénèse, en particulier la rubéfaction, l’encroûtement et la tirsification à propos desquels plusieurs problèmes se posent.

a. R o c h e - m i! r e : deux hypothèses peuvent être envisagées.

- Première hypothèse : le sol se serait formé sur un dépôt argileux rouge à galets, qui aurait recouvert le conglo- mérat plio-villafranchien peu après la vidange du lac du Saïs (Villafranchien terminal ?)

- Deuxième hypothèse : le sol se serait formé en place (avec de simples remaniements locaux) aux dépens du tuf à galets, qui peut lui-même être un faciès, une altération OLI un remaniement (déposé dans un lac local) du conglomérat plio- villafranchien.

Dans le premier cas, il s’agit d’un dépôt lithochrome, c’est- à-dire d’un sol rouge formé en amont dans une zone montagneu- se à climat plus humide,‘ qui aurait été érodé et apport& dam le Sais. Pour étayer cette hypothèse plusieurs arguments ont été avancés :

- la présence de galets calcaires dans le conglomérat et dans le tuf à galets, alors que le sol n’en contient pas ; ceci ne semble pas une preuve suffisante car les galets calcaires peu- vent avoir été dissous sur place; on peut observer d’ailleurs dans le tuf des phénomènes de dissolution et de reconcrétionne- ment, qui affectent ces galets ;

- la taille et la forme des galets non calcaires, en particu- lier des quartzites et des quartz, seraient différentes dans le tuf à galets et dans le sol ; il n’y a malheureusement pas d’étu-

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAÏS 127,.

des précises sur ce point et, localement, nos observations faites dans le profil 13 ne confirment pas cette hétérogénéité ; - l’analogie avec d’autres régions, à - morphologie de glacis,

qui bordent le massif central et sur lesquelles un dépôt argileux analogue existe de façon constante (bas-plateaux Zemmour et Zaër) ; dans le cas du Saïs il manque cependant une étude mor- phologique, montrant l’origine et la continuité de ce dépôt.

Ajoutons enfin que ni les constituants de l’argile ni les sables non calcaires (ceux-ci formés essentiellement de quartz, avec un peu de quartzite et de silex) ne montrent de différences caractéristiques entre le sol et le substratum.

Dans la seconde hypothèse, celle d’un sol formé sur place, plusieurs questions se posent aussi. I1 faut expliquer la rubé- faction, qui semble bien être ancienne et antérieure aux autres processus de pédogénèse. - Le climat actuel (550 mm de pluie) n’est-il pas trop

sec pour permettre la formation d’un sol rouge méditerranéen ? On est amené à supposer l’existence d’un climat un peu plus humide au Quaternaire ancien. - Si la formation d’un sol rouge décalcarisé sur un calcaire

dur, comme le poudingue, est plausible, il est au contraire plus difficile d’imaginer qu’un tel sol se développe sur un calcaire tendre et crayeux comme le tuf à galets.

En ce qui concerne l’origine du tuf à galets lui-même, on en est également réduit aux hypothèses indiquées plus haut : faciès, altération, remsniement lacustre du conglomkrat. On peut y ajouter celle d’une accumulation par lessivage oblique, c’est- à-dire apport d’eau chargée en bicarbonate de calcium par cir- culation in terne d’une nappe superficielle, et précipitation du calcaire par un desséchement auquel participent l’évaporation et l’évapotranspiration. La présence de concrétions tubulaires pourrait appuyer cette dernière hypothèse.

b. C r o Û t e c a l c a i r e : la formation d’une croûte en feuillets, comme celle que montre ce profil, est expliquée ac- tuellement de la fason suivante *. Elle se développerait à l’in-

:: G. BEAUDET, G. MAURER, A. RUELLAN (1967) : * Le Quaternaire Marocain; Observations et hypothèses nouvelles D. Itev. de Géog. Phys. et Géol. dyn.,

A. ~ U E L L A N (1966) : u- Sols isoliumiques et accumulations de calcaire en Gasse Moulouya et dans l’ensemble du Maroc. Description, pédogénèse, classification D. En CGLKS de publication.

X, 4, pp. 289-310.

3.28 P. BILLAUX

térieur d’un sol, A la partie supérieure d’une accumulation cal- caire tuffeuse, quel que soit d’ailleurs le mode de formation de ce tuf. La formation de la croûte suppose des alternances d’engorgement et de dessiccation du tuf ; pendant l’engorgement le tuf devient plastique et se stratifie ; pendant la dessiccation les strates durcissent et s’individualisent. Cette explication a déjà été donnée à propos du profil 6 du Tadla.

Les feuillets de croûte du profil 13 sont probablement très anciens. Ils n’ont pas été datés mais par leur faciès ils se rap- prochent des croûtes qui ont été attribuées, au Maroc, au Ten- siftien.

La croûte montre des signes de dégradation et de remanie- ment. On remarque en particulier que les couches de feuillets sont irrégulières, parfois un peu obliques, séparées par des lits de terre ; on voit aussi au-dessus du feuillet supérieur, ou dans des poches, un horizon qui semble formé de fragments de croûte usés ou corrodés. Ceci est parfois interprété comme la trace d’une érosion, qui aurait mis A nu la croûte et qui aurait 6th suivie par l’épandage de la couche de terre non calcaire. Nous y voyons de préférence l’effet d’un remaniement interne du sol, provoqué par de multiples phénomènes, en particulier les gon- flements, la reptation lente du sol sur une pente faible, l’attaque d’une croûte ancienne par le système radiculaire et par la micro- flore, le mélange de terre des différents horizons produit par l’action des racines et de la faune du sol.

c. T i r s i f i c a t i o n : Ce sol ne présente que certains des caractères d’un vertisol typique; en particulier il n’y a pas d’horizon A faces de glissement ; ceci est sans doute dû à la faible épaisseur de l’horizon qui a subi la tirsification. Au con- traire, les autres facteurs de la pédogénèse vertique (voir le commentaire du profil 14), existent tous : teneur en argile, mont- morillonite, présence de Calcium, possibilité d’alternance de phases d’engorgement et de desséchement.

A la différence de la rubéfaction et de la formation de croûte, il semble que le processus se continue actuellement, bien que son début puisse être ancien. Au minimum, s’il ne Fe pour- suit pas, les facteurs du milieu sont favorables à la conservation des caractères acquis, même sous culture.

PROFILS DESOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAYS 129

Résultats d’analyses

Légende des tableaux T.F. : terre fine inférienre à 2 min A argile C < 0,002 mm) L iiinons (0,002 à 0,02 mm) STF sables très fins (0,02 0,05 mm) SF sables fins (0,05 à 0,2 mmj SG sables grossiers (0,2 B 2 mm) M.O. matière organique C : carbone organique ,? : azote M.H.T. : matières humiques totales A.H. : acides humiques A.F. : acides fulviques pH eau : pEi dans l’eau distillée (rapport terre/eau = 1/2,5) pH KC1 : pH dans une solution normale de chlorure de potassium (rapport

pH sat : pH de la pâte saturée avec de l’eau distillée S : Somme des cations échangeables T : capacité d‘échange L.P. : limite inférieure de plasticité Ad. : limite d’adhésivité SP. : limite supérieure de plasticité S.F. : limite superieure de fluidité H.E. : humidité équivalente (méthode par centrifugation) Agrég. : agrégats de taille supérieure à 0,2 cm (méthode G. BRYSSINE) * Gt : grosseur moyenne de l’ensemble des fractions de tamisage à

sec (inéthodc G. BSYSSINE) * Gm : grosseur moyenne des mottes de taille supérieure à 0,2 après

tamjsage à sec (méthode G. BRYSSINE) * Ga : grosseur moyenne des agrégats après tamisage à l’eau, déduction

faite des sables grossiers (méthode G. BRYSSINE) * Is : indice d‘instabilité structurale (méthode S. HENIN) ** K : Perméabilité (méthode S. HENIN) **

terre/solution = 1/2,5j

Tous les résultats sont donnés par rapport a la terre f ine , sauf indication contraire.

* BNYSSINE G. (1953) : a Notion de Pédologie appliquée; T. 4 : Méthodes d’analyses B. En collab. avec Madame JULIA et Mademoiselle THOMANN; S.R.A.E.A.; Rabat, 113 p.

** HENIN S. (1960) : E Le profil cultural 2 . Soc. d’Ed. des Ing. Agri., Paris, 320 p.

TABLEAU I

Fes - Meknes - Profil 13 - Résultats d'analyses

Granulométrie de la terre décakarisée Calcaire Granulométrie %

Profondeur T.F. total % T.F. % fraction non calcaire cm -

A L STF SP SG T.T (1) A L STF SE' SG A L STF SF SG

0-8

8-20

20-35

95,3 59,5 22,2 10,2 6,2 1,9 O

99,6 65,2 17,4 8,6 6,O 2,8 O

99,7 66,7 18,9 7,4 4,O 3,O O

$0-45 51 60,4 18,7 8,4 5,O 7,5 33 49 42,O 14.6 6,O 2.7 1.7 62,5 22,O 9,0 4,O 2,5

45-70 ( 2 ) 65 46,7 25,2 2,6 7,1 18,4 E4 72 27.5 4.3 2.0 1,5 0,7 76,O 12,O 5,5 4,5 2,O

croûte 93,2 28,l 17,8 10,4 7,8 35,Y

70-80 83 14,4 29,3 5,5 13,l 37,7 94 94 4,s 0,6 0,l 0,5 0,25 75 11 2 8 4

80-130 62 13,3 51,O 9,8 8,8 17,O 87

(1) % de calcaire par rapport B la terre totale, en tenant compte des concrétions. ( 2 ) Terre entre les feuillets de croûte.

~~ ~

Eléments totaux (attaque tri-acide) % Fer Fe Profondeurs libre libre

Perte S10, SiO, Fe30, Fe au feu A1.0, R-O, % total

Résidu Ca0 MgO K20 Na-O SiO, A1,0, Fe-O, Tio, -- - cm

' 0-8 9,50 32,20 2,45 1,25 1,17 0,25 30,55 14,OO 7,50 0,60 3,70 2,75 3,60 0,48

20-35 8,90 32,65 2,52 1,23 1,11 0,23 30,OO 15,OO 7,50 0,60 3,39 2,57 3,80 0,51

80-130 39,40 3,80 49,30 0,57 0,26 OJO 3,75 2,OO 1,25 0,12 . 3,10 3,10 0,40 0,32 ~ ~-

I Y TABLEAU II

F,es - Meknes - Profi'l 13 - Résultats 'd'analyses

p20j % Matière organique PH Sels Complexe adsorbant méq/100 g totaux Truoa Profondeurs

cm M.O. C N C/N Eau KC1 Sat. o/oo Ca Mg K Na S T O/OO

0-8 2,45 1,43 0,154 9,3 8,O 6,7 7,7 0,45 45,l 4,l 0,8 1,0 51,O 49.7 0,16

8-20 2,Ol 1,17 0,126 9,3 7,9 6,7 7,6 0,5 37,4 8,4 0,77 0,95 47,5 48,5 0,14

20-35 1,87 . 1,09 0,119 9,l 7,9 6,7 7,6 0,45 38,5 6,3 0,5 0,9 46,2 48,5 0,Ol

40-45 1,80 1,05 0,112 9,4 8,l 7,3 7,8 0,45 23,O 3,7 0,45 0,6 27.1 28,O 0,02

45-70 1,27 0,74 0,098 7,6 8,l 7,3 7,8 0,45 13,O 3,l 0,4 0,7 17.2 18,2

70-80 0,46 0,27 0,038 7,1 8,5 8,O 8,l 0,4 1,0 2,8 0,55 0,85 5,3 5,O

80-130 0,17 OJO 0,028 3,6 8,5 7,8 8,l 0,4

Propriétés hydriques - Limites mécaniques % d'eau en poids Densité % d'eau en poids Densité Profondeurs

cm apparente des apparente réelle mottes sèches au champ L.P. Ad. S.P. S.F. 1/3 atm 15 atm H.E.

0-8 1,95 0,99 2,73 42,2 44,4 62,8 188,l 27,5 38,4 32,8

20-35 1,93 1,22 2,81 41,8 50,O 64,9 147,O 30,6 37,8 40,8

70-80 1,73 2,74 29,5 453 14,2 21,8 21,3

80-130 Z :88 2,71 27,6 45,6 11.1 23,3 25,6

TABLEAU III

Fes - Meknes - Profil 13 - Résultats d'analyses

Tamisage Tamisage à sec (Méthode G. BRYSSINE)

3-2 2-1 1-0,5 o,5-o?2 092-091 < o,1 &reg. Gt Gm à l'eau Ga mm % cm cm

cm cm cm cm cm cm > 3

Profondeurs cm cm

% % % % z % %

0-8 O O 17,4 17,4 25,O 20,o 20,o 59,8 0,52 0,80 0,82

20-35 42,4 15,O 734 5 8 10,o 5,o 15,O 79,s 2,90 3,62 0,91

70-80 O 5 8 12,4 7,4 12,4 15,O 47,4 37,2 0,45 1 , l O 1,74

80-130 O 10,o 25,O 10,o 12,4 7,4 35,O 57,4 0,77 1,29 0,81

Stabilité structurale (S. HENIN) Profon- dews

~ .cm Is K cm/h

% d'agrégats > 0,2 mm

eau alcool benzène

0-8 36,6 6 1 25,6 0.5 24,9

20-35 45,6 62,9 36,5 0.4 11,8

TABLEAU I V

Fes - Meknes - Profil 13 - Résultats d'analyses

Analyse miniralogique de l'argile Profondeurs cm . _.

I C M Interstrat. K Q Calcite AP

20-35 traces ff FF ff ff ff O O

80-130 traces ff FF ff ff ff ff trace ?

Interstratifiés : M.C irréguliers. Degré de cristallinité (I, C, MI : bien, surtout M.

I : Illite C : Chlorite M : Montmorillonite K : Kaolinite

Q : Quartz Ap : Apatite

FF : très fort F : fort m : moyen f : faible ff : très faible

Microfiore en novembre 1965 (bactéries / g) Humidité

% Nitrificateurs du sol Profondeurs

cm Cellulolytiques aérobies Azotobacter Clostridium

Nitreux Nitriques

0-8 80 80 32 O00 3 200 500 31,6

30 80 O 120 1200 140 15,4

60 500 9 O00 500 5 O00 80 13,6

100 80 O O 1900 O 18,3

134 P. BILLAUX

II. Profil 14 (PLANCHE III, p. 180)

Vertisol topo-lithomorphe à structure large dès la surface, modal (Vertisol ; Xerert ; Chromoxeret ; Typic Chromoxerert) .

A. Situation d u profil. Les facteurs d u milieu

1. Situation

Bled El Gada, comme le profil 13. Carte au 1/50000 : Fes-E (X = 544,s ; Y = 380,O). Altitude environ 460 m. Itinéraire : à la hauteur du douar El Gada on quitte la route de Sidi Hra- zem et on prend la piste qui va vers le N ; après quelques di- zaines de mètres, cette piste bifurque, on suivra la piste de gauche. Le profil est à environ 50 m de la bifurcation, vers l’W, dans l’axe du vallon.

2. Relief

Se reporter au profil 13. Le profil 14 est situé dans le fond du vallon; la pente est nulle, le microrelief est plan, ou avec un très faible caractère << gilgaï x .

3. Roche-mère et substratum

Le sol est formé sur une colluvion argileuse provenant des flancs du vallon d’El Gada; cette colluvion renferme des gra- viers de quartzjte, silex, quartz, en faible poportion. On ne sait pas si elle repose sur la formation conglomératique plio-villa- franchienne ou sur la marne tortonienne, le conglomérat ayant pu être enlevé par érosion dans l’axe du vallon.

4. Climat

Se reporter aux données de la station de Fes.

5. Nappe phréatique

Très profonde, sans influence sur le profil.

6. Vkgétation naturelle

a. V é g é t a t i o n a n c i e n n e p r o b a b l e - Matorral à Pistacia Lentiscscs et Olea europaea - Climax semi-aride

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAPS 135

b. V é g é t a t i o n . a c t u e l l e - MH/a : Scolymus maculatus, Cichorium Intybus, Bupleurum lancifolium,

Crucianella angustifolia, Geropogon glaber, Amnii visnaga, Pha- laris minor, Lavatera trimestris, Ridolfia segetum ,Gastridiuni ven- tricosum.

- M : Plantago Psyllium, Cgnodon Dactylon, Rliagadiclus stellatus, Thymelaea passerina, Atractylis gummifera.

- Ca, t : Carlina racemosa, Brachypodium distachyum, Teucrium spinosum. - n, r : Daucus muricatus, Daucus crinitus. - ad : Misopathes Orontium, Hedypnois eretica. - Autres espèces : Hypochoeris Achyrophorus.

e. C o m m e n t a i r e s Complexes écologiques à dominance d’espèces exigeantes en

eau (milieux humides). Végétation typique de certains tirs (.Doukkala, Chaouïa).

7. Erosion Nulle.

8. Drainage

raires en surface, de courte durée.

9. Etat de la surface Pierres en faible quantité, composées essentiellement de ga-

lets de quartzite, quartz et silex (longueur 2-7 cm) il y a aussi quelques galets calcaires auxquels adhérent des fragments de croûte.

10. Utilisation du sol

(Pois chiches en général). Labour à l’araire ; pas d’irrigation.

Médiocre, il y a occasionnellement des stagnations tempo-

Culture annuelle de céréales (blé, orge) et légumineuses

B. Description du profil O - 8-10 cm : Texture argileuse, avec quelques galets (2-5 cm) et gra-

viers de quartzite (les plus nombreux) et de quartz, et de rares concrétions calcaires. Couleur brun gris foncé (10 YR 3/2-3 sec et humide). Légèrenzent- calcaire. Peu hwmifère, sans couche organique différenciée. Structure polyédrique émoussée à grumeleuse, moyenne à fine (3 cm), bien développée. Consistance: dure B l’état sec, friable à l’état humide;

.,

136 P. BILLAUX

cohésion d’ensemble : assez meuble. Plasticité et adhési- vité fortes. Porosité des agrégats moyenne à faible ; porosité d’ensem- ble forte. Racines : chevelu assez dense. Limite inférieure de l’horizon distincte et régulière.

Cet horizon correspond à la couche labourte.

10 - 80 cm : Texture argileuse avec très peu de petits galets et graviers de quartzite (les plus nombreux) et de quartz, et quelques éclats de silex dont certains paraissent taillés ; les graviers de quartzite ont une patine noire. Couleur brun-gris foncé (10 YR 3/2-3 sec et humide) dans la plus grande partie de l’horizon, avec des bandes sub- verticales brunes (10 YR 4/3). Très peu humifère. Légèrement calcaire dans la masse brun-gris foncé ; plus calcaire avec quelques petites concrétions calcaires dures (0,2-0,5 cm) dans les bandes plus claires. Structure prismatique grossière (largeur 10-20 cm) bien développée à Yétat sec avec des fentes verticales de 1-2 cm; non apparente à l’état humide. Dans la partie supérieure de l’horizon (10-30’r, il y a une tendance 5 une subdivision en polyèdres ou cubes irréguliers plus ou moins aplatis, de taille moyenne (5 cm) ; dans la partie inférieure (30-80), tendadce 5 une structure lamellaire. Sous-structure générale bn polyèdres très fins (5-10 mm), aplatis en écailles, bien individualisés, mais jointifs et cohérents entre eux. Consistance très dure à l’état sec, très ferme à l’état hu- mide ; plasticité et adhésivité fortes ; cohésion d’ensemble forte ; imbibés d’eau, les agrégats gonflent fortement, mais la structure polyédrique très fine reste stable. Porosité très faible, sauf sur les faces verticales des pris- mes oÙ sont localisés des éléments coprogènes; forte com- oacité. Racines : chevelu peu dense. Limite inférieure de l’horizon graduelle et ondulée.

80-130 cm : Texture argileuse avec une faible proportion de graviers (2-0,2 cm) des mêmes types que dans l’horizon précédent. Couleur brun gris foncé dbminant (10 YR 3/2 sec; 10 YR 4-3/2 humide) ; avec des bandes brunes qui paraissent remonter de l’horizon sous-jacent (10 YR 4/3 sec ; 10 YR 5/3 humide). Très peu humifère, l’humus étant localisd äans le gris. Légèrement calcaire dans les zones brun gris foncé; un peu plus calcaire dans les bandes brunes. Quelques petites concrétions calcaires frihbles ou en granules durs (0,2- 0,5 cm) apparaissent surtout dans les bandes brunes. Sur-structure prismatique grossière (largeur 10-15 cm) d‘prientqtion oblique à grandes faces de glissement lissées,

I

,

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAPS 137

Structure polyédrique très anguleuse ou en form de coins (tétraédrique), bien développée, de taille moyenne (2-5 cm), qui subdivise les grands prismes; les faces des elements sont bombées ou ondulées, lisses, parfois striées. Sous-structure en polyèdres très fins (5-10 mm), aplatis cn écailles, à faces lisses, bien différenciés mais jointifs et Pacilement séparables seulement à l’état humide. Consistunce très dure à l’état sec, très ferme à l’état humide ; plasticité et adhésivité fortes ; imbibés d‘eau les agrégats gonflent fortement, mais la structure polyédrique très fine reste stable. Porositi apparente pratiquement nulle, forte compacité ; la partie inférieure de l’horizon est un peu humide, même à la fin de l’été. Racines: faible chevelu localisé surtout à la surface des agrégats. Pas de truces de faune. Limite idférieure de l’horizon reste longtemps un peu humide.

130 à 180 in : Texture argileuse, avec une faible proportion de graviers (2-0,2 cm) ou petits galets (2-5 cm), des mêmes types que dans les horizoiis précédents, irrégulièrement répartis. Couleur brune dominante 17,5 YR 4 4 4 sec; 7,5 YR 5/4 humide) ; de minces bandes brun-gris foncé traversent les agrégats; les zones brunes ont de petites taches calcaires blanchâtres. On observe en outre en certains endroits des inclusions d‘argile rougeâtre à grands amas calcaires blancs, qui paraissent remonter de l’horizon sous-jacent. Moyennemewt calcaire dans le brun; avec des amas cal- caires blancs €riables, de quelques cm, en densité moyen- ne à faible, et de petites concrétions calcaires en granules arrondis (0,-0,5 cm), en faible quantité, souvent situés au centre des amas. Très peu calcaire dans les bandes grises. Structure polyédrique très anguleuse ou en coin (tétraé- drique), bien développée, de taille moyenne (5 cm) avec des faces lisses bombées ou ondulées et striées. Sous-structure en polyèdres très fins comme dans l’horizon précédent. Consistance très dure à l’état sec, très ferme à l’état humide ;’ plasticité et adhésivité fortes ; imbibés d’eau, les agrégats gonflent fortement mais la structure polyédrique très fine Teste stable. Porosité $apparente pratiquement nulle ; forte compacitE. Racines: faible chevelu localisé surtout à la surface des agrégats.

180 cm + : Argile calcaire rougeâtre à grands amas calcaires blancs.

C. Commentaires sur le pyofil 14

1. Typologie

Au point de vue morphologique on distingue dans ce profil,

138 P. BILLAUX

sous la mince couche labourée, quatre horizons principaux qui sont, de haut en bas :

a. un horizon supérieur (10-80 cm) à structure en prismes grossiers et sous-structure polyédrique fine à organisation lamel- laire.

b. un horizon intermédiaire (80-130) dont la structure est kgalement prismatique grossière, mais qui se subdivise en élé- ments de taille moyenne ; cet horizon présente tout un système de faces de glissement obliques et les élém2nts structuraux y prennent une forme très caractéristique : tétraédrique, en coin, à faces lisses gauchies et cannelées ou striées.

c. un horizon inférieur (13b0-180) qui présente des faces de glissement et des formes structurales analogues à celles de l’ho- rizon précédent, mais qui en diffère par la taille plus petite de ses hléments de structure.

d. Une argile rougestre à grands amas calcaires.

Les autres caractkristiques sont les suivantes :

- Dans tout le profil les éléments de s t r u c t u r e sont compacts ; ils sont formés par un assemblage cohérent de petits agrézats, de forme polyédrique très anguleuse ou aplatis en (cailles ; ces petits agrégats sont lités dans l’horizon supérieur ; ils sont stables à l’eau (Is = 0,8 à 0,4) ; ce sont les seuls éléments structuraux qui restent bien individualisés lorsque le sol est humjde.

- La c o u 1 e u r , plus grise dans l’horizon supérieur, plus brune dans l’horizon inférieur, rend apparente des phénomènes d’interpénétration entre le haut et le bas du profil : des traînées brunes paraissent remonter dans l’horizon supériedr et dans l’horizon intermédiaire, des traînées grises paraissent descendre dans l’horizon inférieur. De même, des lambeaux d’argile rougeâ- tre remontent dans le profil. - La t e n e u r e n a r g i l e est forte, de l’ordre de 60 ”/o

à 70 % et varie peu dans les différents horizons.

- La proportion de NI o n t m o r i 1 1 o n i t e dans l’argile est forte. - La t e n e u r e n c a l c a i r e est faible en surface (5 %)

mais augmente lentement et régulièrement avec la profondeur

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAÏS 139

(18 % A 160 cm) ; en réalité, le calcaire des horizons supérieurs est li6 à la présence des traînées brunes, il se produit en outre une individualisation partielle de ce calcaire sous forme de gra-

- L a teneur en m a t i è r e o r g a n i q u e est faible : 2 % en surface ; elle diminue lentement et régulièrement avec la profondeur ; cette matière organique est bien décomposée (C/N = 9-11), sauf dans la couche superficielle ; le taux d’humification est faible : 12 ”/. à 20 cm, 8,5 % à 75 cm.

- Le c o m p le x e a d s o r b a n t est saturé, le Calcium est le cation dominant mais le Magnésium augmente en profon- deur oÙ son taux dans le complexe atteint 32% à 130 cm; le Sodium augmente en profondeur mais son taux reste faible.

I nules ou d’amas.

- Le rapport f e r l i b r e s u r f e r t o t a l est faible dans tous les horizons, de l’ordre de 0,25.

2. Classification

Les caractères déterminants sont la grosseur de la structure, la présence de faces de glissement bien développées, les mou- vements internes.

D’après notre classification de référence (G. AUBERT, 1965) et en tenant compte de la position topographique basse et de la forte teneur en argile surtout montmorillonitique, nous rangeons ce sol dans la classe des Vertisols ; sous-classe tdpo-lithomorphe ; groupe à structure large dès la surface ; sous-groupe modal.

3. Pédogénèse

Le profil 14 est un bel exemple de vertisol.

Les facteurs et processus de la pédogénkse (< tirsifiante x

ou << vertique x ont fait récemment l’objet de travaux originaux et d’une mise au point par C. HESS et U. SCHOEN (Al Awamia no 13, Rabat 1964). Nous les rappellerons brièvement. D’après ces auteurs les facteurs de phdogénèse sont les suivants :

- une forte teneur en argile ;

- la présence de minéraux argileux gonflants, possédant de grandes surfaces internes et susceptibles d’adsorber des com- posés organiques ;

1

c

140 P. BILLAUX

- une profondeur du profil assurant une quantité absolue

- une période d’hydromorphie prononcée ; - une interruption temporaire de l’hydromorphie et un

- de la chaleur pendant l’interruption d’hydromorphie ; - la présence d’ions Calcium, ou d’ions Calcium et Ma-

Parmi les processus retenons les suivants :

a. Pendant la phase d’hydromorphie il y a : - gonflement des argiles et orientation des feuillets ; - décomposition microbienne anaérobie des résidus d’une

végétation herbacée riche en azote ; cette décomposition pro- duit en particulier du gaz carbonique et des acides aminés ; - dans le milieu légèrement acide qui en résulte les acides

aminés amphotères prennent une charge positive et sont adsor- bés sur les charges négatives des argiles à l’intérieur des feuillets.

d’argile suffisante ;

desséchement ;

gnésium.

b Pendant la phase de desséchement il y a : - une intense décomposition microbienne aérobie de la

matière organique, favorisée par la légère augmentation de pH que provoque, en présence d’ions Ca ou Mg, le départ du gaz carbonique produit ; seuls subsistent, d’une part, les corps orga- niques qui ont pénétré à l’intérieur des feuillets et qui sont protégés de l’oxydation, d’autre part, des anions humiques ou des humates de calcium qui se lient fortement aux surfaces extérieures de l’argile, soit par précipitation mkanique en fin de desséchement soit par des liaisons humus-fer-argile mal élu- cidées ; - une polymérisation progressive, sous l’action catalysante

du fer. des composés organiques unis à l’argile. I1 se forme des acides humiques du type gris, très finement répartis sur les surfaces de l’argile montmorillonitique ; cette répartition fine explique en partie pourquoi la couleur est foncée bien que la teneur en matière organique soit faible.

La succession répétée des deux stades d’hydromorphie et de dessiccation conduit à l’empilement orienté des feuillets d’ar- gile ; cet empilement se traduit lui-même par l’apparition de

formes structurales caractéristiques, après dessiccation et retrait : prismes, lamelles, plaques, sous-structure en petites écailles.

Comme l’humidification fait gonfler l’argile, créant ainsi des pressions internes, cette même orientation des feuillets d’argile facilite la formation des faces de glissement dans la masse un peu visqueuse du sol.

Le profil 14 montre des faces de glissement obliques très développées. On renarquera qu’elles ne se forment qu’à partir d’une certaine profondeur (80 em) et qu’elles ont toutes, grosso- modo, la même orientation.

Leur développement, limité aux horizons profonds, est peut- être lié au poids de la couche supérieure de sol. Alors qu’en surface le gonflement et l’expansion peuvent se faire vers le haut, en profondeur, le poids des couches superficielles oblige- rait le sol à s’&couler latéralement.

L’orientation régulière des fentes obliques dans le profil sup- pose en outre l’intervention d’une force régulièrement orientée : il y a ici un mouvement en masse du sol. La force en jeu, qui s’ajoute au gonflement et à la compression, peut être la gravité qui s’exercerait grâce à une certaine pente du substratum.

La courbe des teneurs en matière organique dans le profil montre une pénétration profonde et une diminution lente et régulière, << isohumique >>, depuis la surface vers la profondeur. Cette répartition, ainsi qu’une teneur faible en matière organi- que, se rencontrent fréquemment dans les tirs.

On peut se demander si la matière organique des horizons profonds est fossile, correspondant à une végétation ancienne, .ou bien si elle est en équilibre avec la végétation actuelle.

Dans le cas de ce profil, on observe qu’un chevelu radiculaire très fin pénètre dans !e sol jusqu’à 2 m de profondeur. Ce chevelu est renouvelé normalement chaque année, l’humidité des couches profondes permettant son développement. Bien qu’il soit peu dense, il peut être à l’origine des faibles teneurs en matière organique que l’on trouve en profondeur (0,4 %).

I1 est vraisemblable que ce sol continue à subir la pédogénèse (< vertique >>. La pluviosité et les apports latéraux d’eau, en provenance des flancs du vallon, suffisent à l’humidifier tem- porairement. Les autres facteurs, éiiumérés plus haut, existent tous.

1

TABLEAU V

Fes - Meknes - Profil 14 - Résultats d'analyses

Granulométrie % Granulométrie terre décalcarisée % Calcaire Profondeurs T.F. total

cm % A L STF SF SG A L STF SF SG % ~~

0-8 88 60.5 23:8 9,3 4,1 2,3 4,6

10-30 98 66,6 15,6 11,l 4,4 2,3 4,4

35-65 98 66,6 18,3 7,O 4 2 3,9 594

70-80 97,3 66,O 16,O 7,5 4,5 6 8 62,3 15,2 6,2 4,1 3,5 837

120-140 95,5 61,6 21,O '$3 4,6 6 0 61,6 14.2 6,3 3 2 2;5 12,2

85-105 98 66.4 16,4 6 2 4,4 61,9 16,9 5,6 3,s 1 2 10,6

150-170 98,6 57,7 19,8 8,9 4,5 9,1 57,3 16,5 2,7 3,8 1,3 18,4

Eléments totaux (attaque tri-acide) % Fer Fe Profondeurs libre libre

ALO, R,O, % total

10-30 9,65 28,lO 4,06 2,02 0,99 0,16 32,OO 14,OO 7,OO 0,80 3,98 3,Ol 1,75 0,25

70-85 9,95 20,lO 7,35 2,15 0,93 0,24 36,50 14,50 6,75 0,85 4,27 3,28 1,65 0,24

Perte "O, Fe20, Fe au feu Résidu Ca0 MgO K20 Na-O S:O, Al-O, Fe,O, Tio, - - cm

160-180 13,90 25,OO 12,30 1.94 0,87 0,29 27,55 12,OO 6,25 0,77 3,74 2,81 1.55 0.25

TABLEAU VI

Fes - Meknes - Profil 14 - Résultats d’analyses

Profondeurs ---Matière organique % PH Sels Complexe adsorbant méq/100 g PP5 Truog ______- _- totaux

nro. c N C/N Eiu KCl Sat. o / o o Ca Mg K Na s T O/m ClTA

0-8 1,98 1,15 0:07 16 8,l 6,8 7,6 0,55 42,6 7,15 0,95 0,9 51,6 52,5 0,02

10-30 1,41 0,82 0,0239 9,2 8,l 6,7 7,6 0,40 38,2 14,8 0,80 1,05 54,8 52 0,04

35-65 1,27 0,74 0,070 10,O 8,2 6,7 7,6 0,40 39,4 13,O 0,62 1,55 54,s 52 0,Ol

70-80 0,96 0,5S 0,056 10,O 8,3 7,3 7,8 0,60 28,4 16,2 0,55 1,8 46,9 465 0,01

85-105 0,88 0,51 0,049 10,4 83 7,3 7,8 0,40 32,s l l ,9 0,47 2,05 46,7 465

120-140 0,40 0,23 0,020 11,5 8,6 8,O 8,l 0,60 23,O 13,3 0,42 3,65 40,4 41,5

150-170 0,40 0,23 0,020 11,5 8,7 7,8 8,l 0,70 28,O 12,2 0,40 2,85 43,8 41,5

Propriétés hydriques Densité DensiTé Densité Limites mecaniques % d‘eau en poids % d‘eau en poids Profon’eurs apparente des apparente

mottes sèches au champ L.P. Ad. S.P. S.F. 1/3 atm 15 atm HE. cm

0-8 1,84 1,11 2,79 44,2 46,6 65,O 149,l 37,3 29,4 45,9

35-65 1,84 1,11 2,68 39,9 41,7 70,l 112,8 39,9 31.5 45,4

70-80 1,83 1,40 2,87 42,l 50,l 71,3 172,4 40,2 29.7 42.3

150-170 1,78 2.85 : 37,9 46,4 68.2 81,l s5.3 22,6 43,6

TABLEAU VI1

Fes - Meknes - Profil 14 - Réwltats d'analys,es

Tamisage 5 ser (Méthode G. BRYSSINE) Tamisage

Gm à l'eau Ga Profondeurs

cm 03-02 0,2-0,1 < 091 Agrég. Gt 3-2 2-1 1-0,5 cm cm cm cm cm cm mm

> 3 cm 7" % % % % % % % cm cm

0-8 O O 12,4 14,4 30,4 14,4 27,4 56,8 0,43 0,70 0,79

35-65 72,4 O 12,4 2,4 2,4 2,4 724 89,6 4,56 5,08 0,87

70-80 O 37,4 37,4 10,o 5 8 2,4 794 89,s 1,59 1,77 0,89

150-170 O 44,2 20:o 11,4 12,8 4 2 7 2 88,4 1,54 1,74 0,91

Stabilité structurale (S. HENIN) Matières humiques Profon- Profon- C

deurs total M.H.T. A.H. A.F. Fractions d'A.H. % K % d'agrégats > 0,2 mm

brun interm. gris '/cm C ' l m C ' / o 0 C '/no cm cm Is cm/h eau alcool benzène

0-8 18,6 58,O 16,2 0 3 15,5 10-30 8,2 0,97 0,81 0,16 36 20 44

35-65 35,6 58,2 31,9 0,6 12,o 70-80 5 8 0,48 23 14 63

70-80 45,l 61,4 36,8 0,4 7 J

~ ~~~

TABLEAU VI11

Fes - Meknes - Profil 14 - Résultats d’analys,es

Analyse minéralogique de l’argile Profondeurs

cm I C M Inter strat.

K Q Calcite A AP

10-30 trace f FF ff ff ff O O O

70-80 trace f FF ff f f f€ trace O O

150-170 trace f FF ff ff ff trace trace? trace?

Interstratifiés : régu1:ers + irréguliers non séparés. Degré de cristallinité (I, C, M) : bien, surtout M.

I : Illite C : Chlorite NI : Montmorillonite K : Kaolinite

Q : Quartz A : Attapulgite Ap : Apatite

FF : très fort f : faible ff : très faible

146 P. BILLAUX

III. Profil 15 (PLANCHE IV, p. 180)

Sol brun isohumique subtropical, modal, légèrement ver- tique : Mollisol, Xeroll, Calcixeroll, Typic Calcixeroll.

A. Situation du profil. Les facteurs du milieu

1. Situation

Bled. El Gada, comme !es profils 13 et 14. Carte au 1/50 O00 : Fes-E ( X = 544,4 ; Y = 380,5). Altitude : environ 475 m. A la hauteur du douar El Gada, on quitte la route de Sidi Hrazem et on prend la piste qui va vers le N, puis la branche de gauche de sa bifurcation : on continue jusqu'en haut du flanc de val- lon : le profil est situé le long de la piste, à. l'E, à. une cinquantaine de mètres de la crête.

2. Relief

, Se reporter au profil 13. Le profil 15 est situé dans la partie haute du I'lanc nord du vallon ; à cet endroit la pente est de 5 o/o? descendant vers le SSW ; le microrelief est plan.

3. Roche-mère et; substratum

Le sol s'est forink sur un limon argilo-calcaire, non daté, à. grands amas calcaires; il est possible que ce limon puisse pro- venir du conglomérat piia-villafranchien qui affleure plus haut.

3. Climat , - -

I

P = 545 m m ; T = 17"s. Pour plus de 'détails, se reporter aux données de la station de Fes. I1 est A noter que ce flanc du vallon est exposé au S et doit avoir un microclimat légèrement plus aride.

5. Nappe phréatique

Très profonde, sans influence sur le profil.

6. Vhgétation naturelle

a. V é g é t a t i o n a n c i e n n e p r o b a b l e

- Matorral a Olea europaea et Pisfacia Lentiscus, avec Zfziphus Lotus - Climax semi-aride légèrement plus sec que pour les profils 13 et 14.

147 PROFILS DE SOLS PRBSENTÉS DANS LE SAÏS

b. V é g é t a t i o n a c t u e l l e - NPH : Scolymus maculatus, Cichorium Intybus, Phalaris minor, Bupleurum

lancifolìum, Crucianella angusttfolia, Ammi visnaga, Vaccaria pyra- midata, Cuucalis leptophylla.

- NI Filago germanica, Plantago lagopus, Plantago Psyllium, Anacyclus clavntus, Cynodon Dactylon.

- Ca, t

- n , r

- ad

Reseda alba, Pullcnzis spinosa, Papavcr Rhozas, Delphinium peregri- num. Centaurea calcitrapa, Hordeum murinum, Scolymu slzispanicus, Hirs- chfzldia incana, Fumaria officinalis, Daucus muricatus, D. crinitas. Scorpiurus sulca:a, Torilis nadosa, Convolvulus arvense, Scandis Pectcii Veneris, Sherardia arvensis, Avena sterilis, Silene Cucuballus, Sonchus Olcraceus, Phalaris brachystaclzis,

- Autres espèces‘: Muscari comosum, Ornithogalum pyramidale ssp. narbo- nensIo, Linaria latifolia, Jasione corymbosa, Adonis dentata, Teucrium decipicns, Eryngium campestre, Eupliorbia exigua, Urospermum picrioidas.

c. C o m m e n t a i r e s Complexes écologiques à dominance d’espèces exigeantes en

eau (méso-hygrophytes) et de calcarophytes-thermophytes (sol calcaire).

7. Erosion On n’observe pas de traces d’érosion ; la présence de galets

en surface peut indiquer soit un décapage superficiel, soit un apport venant de la crête où le conglomk-at affleure.

8. Drainage Bon.

9. Etat de la surface Pierres en faible quantité composées de galets calcaires

corrodes et encroûtés (dominants, longueur : surtout 5-12 cm) , de morceaux de ‘ croûte calcaire dure, de galets de quartzite (longueur 2-7 cm) et de graviers de quartz et silex.

10. Utilisation du sol Culture annuelle de céréales (blé, orge), pois chiches, avec

jachère ; travail du sol mécanisé : labour à la charrue à disques ; pas d’irrigation.

B. Description du profil O - 10 c m : Texture argileuse, avec un peu de graviers (2-0,2 c m ) com-

prenant des morçeaux de croûte calcaire, des concrétions

148 P. BILLAUX

calcaires en granules, du quartzite et un peu de quartz et d’éclats de silex. Couleur brun-rougeâtre foncé (5 YR 3/3-4 sec; 5 YR 3/3 humide). Moyennement calcaire avec quelques granules durs et mor- ceaux de croûte. Les granules durs sont formés de calcaire compact brun clair (7,5 YR 61’4) avec parfois une enveloppe tendre plus claire. Peu huinifère, sans couche organique différenciée. Structure: à l’état sec elle comprend des éléments polyédri- ques ou cubiques de taille moyenne (2-3 cm), moyennement développés, et des éléments grumeleux à grenus ; à l’état humide elle est peu développée. Consistance: peu fragile à l’état sec, friable à l’état humide, plasticité et adhésivité moyennes ; cohésion d’ensemble moyen- ne: imbibés d‘eau les agrégats gonflent peu et restent stables. Porosité des agrégats faible, porosité d’ensemble forte. Eléments coprog6nes nombreux. Racines : chevelu peu dense, bien réparti. Limite inférieure de l’horizon distincte et régulière. Cet ho- rizon correspond à la couche labourée.

10 - 35 cm : Texture argileuse avec un peu de graviers des mêmes types que dans l‘horizon précédent. Couleur brun-rougeâtre foncé (5 YR 3/3 sec et humide), devenant un peu plus clair en profondeur (5 YR 3/4) et passant en bas de l’horizon au jaune-rougeâtre (5 YR 6/6) qui fait transition avec l’horizon sous-jacent. Peu humifère. Moyennement calcaire avec quelques granules durs et petits morceaux de croûte comme dans l’horizon précédent. La teneur en calcaire augmente en bas de l’horizon, où on observe des pseudo-mycelium blancs. Sur-structure à l’état sec cubique très grossière avec des fentes verticales larges d‘environ un cm. Structure polyédrique très fine (5 mm) ou grenue, bien dé- veloppée mais soudée en agrégats polyédriques ou cubiques moyens (5-6 cm). Consistance dure à Yétat sec; plasticité et adhésivité moyen- nes, cohésion d‘ensemble forte à l’état sec. hnbibés d’eau les agrégats gonflent peu el restent stables. 1

Porosité d’ensemble faible à la partie supérieure, forte à la partie inférieure de l’horizon. Raciues : chevelu peu dense et quelques rhizomes. Elements coprogènes abondar,ts surtout dans les grandes fentes et à la partie inférieure de l’horizon. Limite inférieure de l’horizon progressive et régulière.

35 - 55 cm : Texture argilo-limoneuse, avec une proportion assez forte d’éléments grossiers composés de concrétians calcaires en grandes et nodules et de quelques graviers encroût6s (petits galets de quartzite et quartz, éclats de silex),

I (

,

PROFILS DE ÌSOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAïS 149

Couleur jaune rougeâtre en haut (5 YR &5/6 sec; plus foncé B l’ékat humide 5 YR 4/81 ; en bas de l’horizon la couleur est plus claire, rosée à E t a t sec (7,5 YR 7/4) mais devenant plus foncée A l’état humide (5 YR 5/8). Forte?neizt calcaire avec un réseau de pseudo-mycélium tres développé ; les nodules calcaires (1-4 cm) ont généralement une forme conique ou stalactiforme avec une ou plusieurs pointes vers le bas; l’encroûtement des galets situé à leur face inférieure a le même aspect; les nodules sont formés d’un noyau compact, assez dur, marbré de brun clair (7,5 YR 6/4) et de rouge jaunâtre (5 YR 5/8), entouré d’une mince couche tendre blanchâtre ; ils sont recouverts d’une mince pellicule rosée (7,5 YR 7i4) plus dure; les granules (0,2-1 cm) de forme irrégulière bosselée n’ont généralement que le noyau dur et la pellicule externe rosée. Structure polyedrique fine (5-10 mm) bien développée. Consistance peu dure, cohésion d’ensemble assez faibk ; plas- ticité et adhésivité assez fortes; imbibés d’eau les &régats, gonflent fortement et se délitent rapidement en micro-agré- gats. Porosité d’ensemble forte. Racines: chevelu très fin peu abondant, absent par endroits. Eléments coprogèaes : assez abondants, Limite inférieure graduelle et régulière.

55 - 100 cm : Texture limono-argileuse avec une proportion moyenne d‘élé- meiits grossiers composés surtout de concrétions calcaires en granules et nodules et de quelques petits galets (2-4 cm) et graviers de quartzite encroûté, de calcaire à face supérieure corrodée par dissolution, de quartz et de grès; on trouve aussi de rares silex en éclats, dont certains sont taillés. Couleur à l’éLat sec: rosée en haut, jaune-rougeâtre en bas - (7,5 YR 71’4 - 5 YR G/6) ; couleur à l’état humide: rouge jaunâtre (5 YR 5/8) ; dans la partie inférieure il y a quelques taches blanchâtres dues B des nodules calcaires tendres. Fortement calcaire : les nodules et granules calcaires durs sont de même type que dans l’horizon précédent. Dans la partie inférieure de l’horizon il y a, en plus, des amas cal- caires (0,2-2 cm) arrondis, rose très clair ou blanchâtres, à structure compacte, mais assez tendres.

Con&stance : dure B l’état sec, cohésion d’ensemble forte; plasticité et adhésivité assez fortes. Imbibés d‘eau, les agré- gats gonflent fortement et se délitent en une boue de micro-agrégats. Porosité moyenne 5 pores fins, avec quelques tubes plus larges (traces de racines ou de vers). Racines pratiquement inexistantes. Limite inférieure de l’horizon progressive et régulière.

100 - 200 cm : Terture limono-argileuse avec une faible proportion d’élé- nients grwsiers, composés de petits galets et graviers de quartzite, de calcaire, de quartz et de quelques concrétions Calcaires cn nodules et granples,

150 P. BILLAUX

Couleur rouge-jaunâtre (5 YR 5/6 sec ; 5 à 2,5 YR 5/8 humide) dominante ; nombreusis taches blanches de forme allongée ou arrondie de 1 à 5 cm de diamètre, dues à des amas cal- caires ; très petites laches noires sans doute ferromangani- ques. Fortement culcuzre avec nombreux amas calcaires très ten- dres, farineux, et des nodules et granules (0.2-2 cm) le’ plus souvent arrondis et tendres. LES amas calcakes contiennent des noyaux durs. Structure du sol, entre les amas, polyédrique moyenne a fine (0,5-2 cm) moyennement développée à l’état sec, peu visible à l’état humide. Consistance assez dure à l’6tat sec, friable à l’état humide; cohésion d’ensemble moyenne, plasticité et adhésivité assez iortes. Trempés dans l’eau les agrégats gonflent rapidement et fortement en donnant une boue de micro-agrégats. Porosiid d’ensemble firie et assez forte. Cet horizon est traversé par un lit hor’zontal de galels noyés dans la terre, sur une épaisseur de 20 à 40 cm. Les galets sont formés, par ordre d’importance décroissante, de quartzite à filons de quartz, de calcaire dur g r 3 fonzé, de grès siliceux, de quartz et de silex; leur taille dominante est de 2 B 10 cm. I1 y a aussi des graviers (< 2 cm) de même nature. Les galets non calcaires sont encroûtés à leur face inférieure ; les galets calcaires sont corrodés par dissolution à leur face supérieure et encroûtés à leur face inférieure. Certains frag- ments de silex paraissent taillés. On trouve aussi quelques morceaux de croûte calcaire dure, à litaze brun-gris et frun-rougeâtre, épaisse d’environ 2 cm.

C. Commentaires sur le profil 15

1. Typologie Ce profil montre trois horizons principaux :

a. un horizon supérieur (0-35 cm), englobant la ccluche labourée, de couleur foncée, calcaire, avec quelques concrétions ;

b. un horizon intermédiaire (35-100 cm) dans lequel le calcaire augmente fortement par rapport à l’horizqrí supérieur ; le calcaire s’y individualise, en outre sous forme de pseudomy- cklium, sous forme de granules et nodules stalactiformes nom- breux et à la partie inférieure sous forme d’amas ;

c. un horizon inférieur, correspondant à la roche-mère, qui est un limon fortement calcazre dans lequel le calcaire s’indivi- dualise sous forme de nombreux amas et de granules et nodu- les.

Les autres caractéristiques du profil sont les suivantes :

-- L a s t r u c t u r e de l’horizon supérieur est formée d’&

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAÏS 151

ments de taille moyenne, surtout polyédriques, qui ont tendance se r6unir en cubes très grossiers ; les éléments de taille moyen-

ne sont eux-mêmes formés d’un assemblage d’agrégats polyédri- ques fins. Dans les horizons intermédiaires et inférieurs, seule subsiste la structure polyédrique fine. La stabilité à l’eau de la structure est bonne dans l’horizon supérieur et faible dans les horizons inférieurs.

- L a t e n e u r e n a r g i l e est forte dans tout le profil ‘(48 % en surface) ; par rapport à la fraction non calcaire du sol, elle augmente d’abord, avec la profondeur, jusqu’à un maximum (75 %) qui est situé à la partie supérieure de l’horizon à gra- nules et nodules, puis elle reste constante, avec une valeur proche du maximum.

- La proportion de M o n t m o r i 11 o n i t e dans l’argile est forte, mais il s’agit ici d’un minéral mal cristallisé.

- La teneur en m a t i è r e o r g a n i q u e est faible (2’9 7% en surface) ; elle diminue d’abord régulièrement et assez rapi- dement jusqu’à une profondeur d’environ 50 cm (0’86 % à 50 cm) puis sa décroissance devient lente et régulière en profondeur. Cette matière organique est bien décomposée (C/N : 9’2 en surface) ; le rapport C/N est faible en profondeur (4).

qui est saturé, le

- La c o u 1 e u r montre une rubéfaction facilement recon- naissable dans tous les horizons.

- Dans le c o m p 1 e x e a d s o r b a n t , calcium domine pour tous les horizons.

- L e r a p p o r t f e r l i b r e s u r f e r t o t a l e s t i n f é - égal à 0,50 (0,38 à 10-25 cm ; 0,50 en dessous sans va- rieur ou

riation).

2. Classification

Les caractères déterminants sont :

- l’augmentation et l’individualisation du calcaire en pro-

- la structure en éléments de forme polyédrique;

- la décroissance régulière de la matière organique au moins

fondeur, l’horizon supérieur restant calcaire ;

dans les 50 premiers cm;

152 P. BILLAUX

- la tendance à l’élargissement de la structure et l’assom- brissement dans l’horizon supérieur.

D’après notre classification de référence (G. AUBERT, 1965), nous rangeons ce sol dans la classe des sols isohumiques, sous- classe subtropicale à complexe saturé et pédoclimat frais en saison pluvieuse ; groupe des sols bruns, sous-groupe modal ; légèrement vertique.

3. Pkdogénèse Ce sol paraît bien s’être formé sur place, aux dépens du

limon à amas calcaires. Du moins, rien ne permet de les dif- férencier, ni le type des graviers de quartzite et de quartz, ni les sables non calcaires (formés essentiellement de quartz, avec un peu de quartzite et de silex), ni le type des minéraux argileux.

L’âge de ce limon argilo-calcaire à grands amas ne nous est pas connu. D’une part, sa position sur une pente assez forte pourrait faire penser à une colluvion assez récente, mais d’autre part le facj.ès & grafids amas se rencontre le plus souvent au Maroc dans des dépôts du Quaternaire moyen (Amirien) ou plus anciens (Villafranchien) .

La présence dans ce limon de galets et graviers de quartzi- te, de quartz, calcaire, silex (les galets étant surtout localisés dans le cailloutis qui forme une couche d’épaisseur réduite), l’apparente au conglomérat plio-villafranchien du Saïs, dont il pourrait être u11 remaniement.

En fait, les matériaux originels des profils 13, 14 et 15 sont, à la teneur en calcaire près, très semblables et il est frappant de voir à quel point des sols si proches l’un de l’autre, ont pu évoluer de façon si différente.

Les conditions de pédogénèse de ce profil diffèrent surtout de celles des profils 13 et 14 par le meilleur drainage interne, lié à la position topographique haute. I1 est possible que la mauvaise cristallisatjon de la Montmorillonite dans ce sol soit due à une dégradation du minéral hérité, dégradation liée au pédoclimat plus sec.

3n ce qui concerne le profil calcaire, remarquons que, con- trairement à ce qui se passe dans un sol brun isohumique typi- que, il n’y a pas d’ << accumulation >) de calcaire : l’horizon supé- rieur est décalcaris6 en partie par rapport à la roche-mère, mais

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAÏS 153

il n’y a pas d’horizon où la teneur en calcaire soit plus forte que celle de la roche-mère.

Peut-être ceci est-il dQ à ce que la solution du sol, chargée de calcaire par percolation à travers l’horizon supérieur, ne reste pas sur place, mais descend la pente pour aller enrichir en calcaire les parties basses du vallon.

Pourquoi n’y a-t-il pas de croûte calcaire dans ce sol? I1 est possible, mais pas certain (voir plus haut) que la roche- mère soit d’un âge trop récent. C’est peut-être dû, par ailleurs, au fait que le profil ne renferme pas d’horizon fortement calcaire (< tuffeux >> ; on a vu à propos du profil 13 que le tuf était considéré comme un matériau nécessaire à la formation des feuillets de croûie. EnfS,n, l’érosion a pu emgêcher la formation du tuf et de la croûte, “du a pu les détruire.

L’individualisation du calcaire dans ce sol se fait sous forme de granules et nodules durs, dont la forme est souvent conique, avec la pointe en bas; on a dkjà rencontré dans les profils du Tadla cet aspect (< stalactiforme >> des concrétions calcaires ; son mode de formation est mal connu ; l’aspect de stalactite suggère un mouvement descendant de l’eau, la forme allongée provient peut-être aussi de ce que ces concrétions ont pris naissance dans des canaux laissés par d’anciennes racines. On se rappellera que la végétation ancienne de cette région était un matorral.

T,’horizon d’individualisation du calcaire est aussi marqué par un fort développement de N pseudomycelium )> notamment clans les zones à forte porosité. L’origine de ces filaments cal- caires n’est pas toujours claire ; en effet, bien qu’on, les explique normalement comme étant des gaines radiculaires, il arrive que l’horizon dans lequel ils se trouvent soit complètement dé- pourvu de traces de racines.

Le mode de formation des grands amas de calcaire friable, sphériques, ou grossièrement cylindriques à axe vertical, n’est pas encore bien élucidé. On les trouve seulement en profondeur dans les profils et ils se développent souvent sur plusieurs mè- tres d’épaisseur. On peut difficilement, de ce fait, invoquer l’action des racines pour expliquer leur formation. S’agit-il d’un remaniement sur place du calcaire provogué par des alternances de forte humidité et de dessiccation? A partir d’une certaine profondeur l’explication devient peu plausible,

TABLEAU IX

Fes - Mkknes 1 Profil 15 - Résultats d’analystes

Granulométrie % Calcaire total Granulométrie terre décalcarisée Profon- T,F. -

% fraction non calcaire deur % % T.F. cm A L STF SF SG %T.F. (+)

A L STF SF SG A L STF SF SG

0-10

10-25

.25-32

‘32-42

.42-55

55-70

99-100

110-130

150-160

96,7

96,4

94,3

75

85

86

83

24

90

48,8 22,8 18,l

51,5 23,7 15,3

58,5 22,l 5,8

55,4 29,O 6,6

46,5 39,5 3,7

40,O 40,O 7,O

29,5 44,7 7,8

26,9 47,6 7,l

6,1 4,2 17,6 48,6 2O,5 6,8

5,2 4,3 17,” 49,O 19,4 7,l

4,9 4,7 19,o 51,4 15,3 7,2

4,3 4,7 44,5 52 41,6 9,6 0,4

4,8 5,5 56,O 60 31,2 8,O 2,2

5,6 7,4 64,5 67 25,3 4,6 2,8

6,5 11,5 62,O 61 26,3 7,2 0,3

6,2 12,2 65,2 65 25,O 4,4 1,2

3,8 2,7 59 24,9

4,2 2,6 59,5 23,6

3,O 4,l 63,9 18,9

2,8 1,l 75 17,5

2,O 0,8 70,7 18,O

1,9 0,9 71,2 13,O

3,O 1,2 69,l 19,O

2,9 1,3 71,9 12,6

4,6

5J

377

5,o

495

593

799

8,3

((+I % de calcaire par rapport à la terre totale en tenant compte des concrétions.

Elements totaux (attaque tri-acide) % Fer Fe Profondeurs libre libre

cm Perte SiO, SiO, Fe,O, Fep au feu Alzo, R,O, % total Résidu Ca0 MgO K,O Na,O SiO, Alho, Fe,O, Tio,

10-25 13,50 18,90 13,30 1,56 1,32 0,23 31,95 12,O 5,75 0,62 4,50 3,45 2,20 0,38

32-42 3,80 1,75 0,51

55-70 31,35 10,65 37,55 0,76 0,57 0,20 10,45 5,50 2,25 0,30 3,20 2,54 1 , l O 0,49

150-160 29,25 13,90 35,45 0,98 0,57 0,18 11,40 5,50 2,25 0,30 3,50 2,78 1 , l O 0.49 -

Fes - M,eknes - Profil 15 - Résultats d'analyse-,

PP5

M.O. C N C/N Eau KCl Sat o/oo Ca Mg K Na S T O/OO

Complexe adsorbant méq/100 g totaux Truog

Matière organique % PH Sels Profondeur cm

0-10 2,89 1,68 0,182 9,2 8,O 7,O 7,6 0,5 28,O 2,2 1,12

10-25 2,41 1,40 0,168 8,3 8,O 7,O 7,7 0,5 31,O 2,O 0,92

25-32 1,98 1,15 0,126 9,l 8,O 7,O 7,7 0,6 29,2 . 1,8 0,72

32-42 1,31 0,76 0,098 7,8 8,l 7,1 7,8 0,6 25,6 3,6 0,55

42-55 0,86 0,50 0,061 S,2 8,2 7,2 7,8 0,5 18,O 2,O 0,42

55-70 0,70 0,41 0,046 8,9 8,3 7,3 729 0,5 14,8 1,2 0,45

90-100 0,29 0,17 0,031 5,5 8,3 7,4 8,l 0,3 12,O 1,0 0,30

150-160 0,21 0,12 0,028 4,3 8,4 7,4 8,l 0,4 10,8 3,2 0,35

0,85

0,80

0,80

0,70

0,70

0,80

0,60

0,80

32,2 33,5 0,02

34,7 34,5 0,04

32,5 32,O 0,05

30,4 32,O

21,l 19,5

17,2 17,O

13,9 14,5

15,l 14,5

Propriétés hydriques Densité Densité Limites mécaniques % d'eau en poids 7% d'eau en poids Profondeur

cm apparente des apparente réelle mottes sèches au champ L.P. Ad. S.P. S.F. 1/3 atm. 15 atm H.E.

0-10 1,71 1,11 2,74 38 43,4 54,8 78,2 36,2 22,3 38,7

25-32 1,73 1,13 2,77 37 45,l 59,6 80,O 31,7 24,5 39,2

32-42 1,62 2,77 34,5 41,8 54,6 84,O 29,4 20,2 37,2

42-55 1,64 1,32 2,79 28,5 35,4 46,6 62,5 28,5 17,9 33,7

55-70 1,84 2,85 26,2 30,9 44,l 69,3 27,5 13,l 31,0

150-160 1.93 1,42 2,76 23 27,8 39,O 79,6 24,O 11,7 24,5

. -

TABLEAU XI

Fès - Meknès - Profil 15 - Rhultats d’analyses

Tamisage à sec (Méthode G. BRYSSINE) Tamisage Profondeur ~

G~ à l’eau Ga 0,5-0,2 0,2-071 < Agrég. Gt 3-2 2-1 1-0,5 cin mm % cm cm

cm cm cm cin cm > 3 cm crn

% % - % - - - % -% % %

0-10 O O 4;O 10,o 26,O 20,o 40,O 49 0,34 0,56 0,91

25-32 O O 5,o 10,o 50,O 25,O 10,o 65 0,37 0,50 1,04

32-42 O O 2,4 7,4 50,O 32,4 794 59 0,32 0,44 0,99

42-55 O O O 12,4 42,4 30,O 15,O 54 0,29 0,44 0,86

55-70 O O 12,4 20,o 45,O 15,O 7,4 77 0,52 0,64 0,65

150-160 O O 10,o 20,o 37,4 15,O 17,6 67 0,46 0,64 0,84

Stabilité structurale (S. HENIN)

Profondeur cm

% agrégats > 0,2 mm - K Is

eau alcool benzène cm/h

. .

0-10 33,O 60,9 13,3 1,5 24,3

25-32 49,2 67,7 733 1,s 40,6

42-55 26,9 56,6 633 3 S 4.3

Fes - Meknes - Profil 15 - Résultats d’analyses

Analyse minéralogique de l’argile Profondeurs

cm I C M Interstrat. K G Q Calcite A AP

10-25 trace f FF f ff O f f O O

55-70 trace f FF f ff O f f O O

150-160 trace f FF f ff trace f f trace? trace?

Interstratifiés : (M-C) et (C-I) réguliers f irréguliers non séparés. Degré de cristallinité (I, C, M) : assez mauvais.

I : Illite C : Chlorite M : Montmorillonite K : Kaolinite

~~

G : Goethite Q : Quartz A : Attapulgite Ap : Apatite

FF : très fort f : faible ff : très faible

Microflore en novembre 1965 (bactéries / g) Humidité

du sol Nitrificateurs

Nitreux Nitriques

Profondeurs . cm Cellulolytiques

aérobies Clostridium - % Azotobacter

0-10 1800

10-25 80

25-32

32-42

42-55

55-70

90-100

80

O

O

O

O

80 14 O00 32 O00

O O O

500 28,7

O 25,3

180

80

O

O

O

500 1400 180

O 500 80

500 500 O

O 500 O O 200 O

19,8

22,6

18,3

16,7

12,6

158 P. BTLLAUX

IV. Profil 16 (PLANCHE III, p. 180)

Sol rouge méditerranéen lessivé à caractères isohumiques : Mollisol ; Xeroll ; Palexeroll; Petrocalcic Palexeroll.

A. Situation du profil. Les facteurs du milieu

1. Situation

4 km au SSE de Fes-ville nouvelle, près de l’oued Marez. Carte au 1/50 O00 : Fes-E. (X = 358,7 ; Y = 278,O). Altitude environ 445 m. Itinéraire: venant du bled El Gada par la route 6e Sidi Hrazem, on traverse la route Fes-Sefrou et on continue vers 1’W par la route no 320. Après 500 m, cette route descend vers l’oued Marez ; avant d’arriver à l’oued, tourner à droite à la première piste rencontrée et suivre cette piste sur une vingtaine de mètres : le profil est à 1’W de la piste dans une oliveraie.

2. Relief

L’oued Marez suit vraisemblablement une déformation d’ori- gine tectonique, de direction N-S, qui déprime d’environ 25 m le conglomérat plio-villafranchien du Saïs oriental. Le relief est celui d’une vallée peu déprimée, aux flancs en pente douce qui se raccorde progressivement au plateau. Le profil est situé B peu près à mi-pente du flanc est, au-dessus de la zone d’allu- vionnement récent de l’oued. La pente, à cet endroit, est ‘de 3,5 % vers I’ouest.

3. Substratum

Le profil repase sur UE poudingue fluviatile à ciment calcaire dur, compact, bien cristallisé, dont les galets sont composés de calcaires divers, en proportion dominante, et de quartzite, quartz, silex et grès siliceux. Une carrière situke près du profil mon- tre que ce poudingue est interstratifié avec des bancs de calcaire lacustre.

4. Climat

P = 545 m m ; T = 17’28. Pour plus de détails se reporter m x données de la station de Fes.

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAÏS 159

5. Nappe phréatique Praffonde, sans influence sur le sol.

6. Vkgétation naturelle

a. V é g é t a t i o n a n c i e n n e p r o b a b l e - Matorral à Olea europaea et Pistacin Lentiscus avec Ziziphus Lotus - Climax semi-aride legèrement plus sec.

b. V é g é t a t i o n a c t u e l l e - M : Filago germaniccl, Plawtago Psyllium, Cartlzamus lanatus, Anacy-

clus radiatus, Malva hispanica, Loliuin rigidum, Medicago lzispida, Scorpiurus sulcata.

- t : Diplotaxis tenuisiliqua, Erynyium ilicifolium, Pallenìs spinosa, Re- s?da alba, Brachypodium distaclzyum, Airactylis cancellata, PÛrony- chia argentea, Carlina latana.

- n, r : Hirschfeldia incana, Centaureu calcitrapa (n), Cirsium syriacum. - ad : Anayallis arvensis, AndrzJala integrifolia ssp. eu-integrifolia, Avena

- Autres espèces : Hypochoeris Achyrophorus. barbuta.

c. C o m m e n t a i r e s Complexes écologiques à dominance de thermophytes-xéro-

mésophytes et d’argilophytes d’exigence en eau moyenne.

7. Erosion Nulle.

8. Drainage Bon.

9. Etat de la surface Pierres en faible quantité, composées SUI lut de galets de

quartzite, silex et quartz (longueur 2-8 cm), avec quelques ga- lets calcaires et quelques morceaux de poudingue et ciment de Foudingue (ces derniers provenant sans doute de trous de plantation).

10. Utilisation du sol

Labours faits à l’araire. Plantation d’oliviers, âgés d’environ 20 ans, non irrigués.

B. Description du profil O - 10-15 cm : Texture argilo-sableuse, avec une faible proportion d’élé-

ments grossiers composés de petits galets (2-5 cm) et gra-

160 P. BILLAUX

viers de quartzite à filons de quartz, de calcaire gris foncé à cortex d’encrofitement rougeâtre, de silex et de quartzite ; on trouve, en outre, quelques morceaux irrégu- liers de croûte calcaire tendre. Couleur brun rougeâtre (2,5 YR 4/3-4 sec; 2,5 YR 3/3 humide). Non calcaire, sauf quelques graviers. Peu humifère, sans couche organique différenciée. Structure polyédrique émoussée ou grumeleuse, fine à moyenne (0,5-3 cm). Consistance : fragile. Cohésion d’ensemble faible. Porosité des agrégats faible ; porosité d‘ensemble forte. Chevelu assez dense de radicelles. Eléments coprogènes assez nombreux. Limite inférieure de l’horizon distincte et régulière. Cet horizon correspond à la couche labourée.

10-15 - 30-35 cm : Texture argileuse un peu sableuse, avec une faible pro- portion de petits galets et graviers de quartzite, quartz, silex, et quelques rares morceaux de calcaire (ciment de poudingue, calcaire lacustre, croûte). Couleur brun rougeâtre foncé (2,5 YR 3/4 sec; 2,5 YR 3/3 humide). Très peu hunzifsre. Non calcaire. Structure prismatique grossière très peu développée à l’état sec, presque continue par endroits, avec tendance à un litage horizontal. Toutefois, dans les fentes et à la base de l’horizon la structure est grumeleuse ou grenue, due A l’activité de la faune du sol. Sous-structure polyédrique très fine peu développée. Consistance dure à l‘état sec, friable à l’état humide Cohésion d‘ensemble assez forte. Plasticité et adhésivité moyennes. Porosité faible sauf a la partie inférieure de l’horizon. Chevelu assez dense et fines racines d’olivier ; traces blanches de chevelu mort à l’intérieur des mottes. Limite inférieure de l’horizon graduelle et régulière.

30-35 - 50-80 cm : Texture argileuse avec une proportion moyenne de galets et graviers non calcaires composés de quartzite à filons de quartz, grès, silex, quartz. Couleur rouge foncé (2,5 YR 3/6 sec ; 2,5 YR 3/4 humide). Non calcaire. Structure prismatique moyenne (largeur : 3 cm) bien dé- veloppée, avec subdivisions horizontales en cubes. Sous-structure polyédrique très fine (5 mm) ou en écailles, peu développée, apparente surtout à l’état humide.

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAÏS 161

Consistance: dure à l‘état sec, friable à l’état humide; plasticité et adhésivité moyennes ; imbibés d’eau les agr6- gats gonflent et se délitent rapidement en une boue de micro-agrégats. Cohésion d’ensemble faible à l’état sec. Porosité des agrégats assez faible. Racines en faible densité. Eléments coprogknes absents. Limite inférieure de l’horizon brutale et légèrement ondulée.

50-80 cm + : Poudingue à c:ment calcaire; le ciment est altéré, tendre, en surface sur 2-5 cm, dur ; en dessous les galets sont formés de calcaires durs divers (en proportion dominante) et de quartzite, quartz, silex, grès siliceux; ils sont de taille très variée, le maximum étant de 10-15 cm. La surface du poudingue est irrégulière, avec des bosqeg et des cuvettes.

C. Cosnmentaires sur le profil 76

1. Typologie

Ce profil présente deux horizons principaux qui se diffé- rencient morphologiquenient par leur couleur et par leur struc- ture.

a. Sous uiie mince couche ameublie par le labour, l’ho- rizon supérieur (10-15 cm), de couleur brun-rougeâtre, a une structure peu développée, polyédrique fine à tendance prisma- tique grossière, localement continue.

b. L’horizon inférieur, rouge, a une structure prismatico- cubique bien déve!oppée de taille moyenne, avec une sous-struc- ture polyédrique fine.

Dans les deux horizons, les éléments de structure sont compacts, et leur stabilité 3. l’eau est faible (Is = 2,2 à 3,8).

Les autres caractéristiques du sol sont les suivantes :

- La t ex twe est argileuse; la teneur en argile augmente lentement et régulièrement de la surface (47 %) vers la pro- fondeur (68 %) ; le rapport entre ces % d’argile est de 1/1,45.

- La fraction argileuse comprend une proportion moyenne de Montmorillonite, qui est mal cristallisée et en partie interstra- tifiée.

- La teneur e n matière organique est faible en surface (2,3 F) ; elle diminue lentement et régulièrement avec la pro-

162 P. BILLAUX

fondeur; cette matière organique est bien décomposée (C/N = 10,5 en surface ; 6, l à 50 cm) ; son degré d’humification est faible (15 % en surface, 12 ’j% à 30 cm).

- Le calcaire est absent dans tout le profil mais le com- pZexe adsorbant est saturé: en majorité car le Calciuni.

- L a teneur e n fer total augmente en profondeur, parallè- lement A l’argile (6,2 rrJ0 en surface, 8,5 70 en profondeur ; rap- port 1/1,37).

- L e rapport fer libre sur fer total est plus élevé que dans les profils 13-14-15 ; il est ici supérieur ou égal à 0,6.

2. Classification

Par certains de ses caractères, ce sol est apparenté aux sols isohumiques subtropicaux châtains : structure surtout prisma- tique en profondeur, taux de matière organique diminuant len- tement et rkgulièrement en profondeur.

Toutefois, l’absence totale de calcaire dans le profil qui repose sur une roche calcaire dure, la proportion assez élevée de fer (inférieure cependant à celle d’un sol rouge méditerranéen typique), la rubéfaction accentuée, la structure ou sous-structure polyédrique fine, le rapprochent plus des sols à sesquioxydes.

La forte augmentation d’argile en profondeur doit aussi être prise en considération.

D’après notre classification de référence (G. AUBERT, 1965), nous rangeons ce sol dans la classe des sols à sesquioxydes; sous classe des sols rouges méditerranéens ; graupe lessivé ; sous groupe à caractère isohumique.

Cependant, il est également possible, surtout si on admet que le matQiau argileux est un dépôt rouge allogène, de ranger ce sol dans la classe des sols isohumiques ; sous-classe subtro- picale à climat frais en saison pluvieuse ; groupe des sols ckiâ- tains; il s’agirait alors d’un sol châtain formé sur roche-mère non calcaire rubéfiée.

3. Pédogénèse

Les opinions sont partagées en ce qui concerne la roche- mère de ce sol ; les uns y voient un sol rouge formé sur place aux dépens du poudingue dur, avec de simples remaniements

,

PROFILS DE SOLS PRESENTÉS DANS LE SAÏS 163

locaux ; les autres y voient un dépôt lithochrome, c’est-à-dire un sol rouge formé en montagne et transporté dans le Saïs, dépôt qui aurait ensuite subi une pédogénèse de type isohumi- que.

L’objection fondamentale qu’on peut faire à l’hypothèse d’un eo1 formé sur place est que le climat de la région est actuelle- ment, et aurait été aussi au cours du Quaternaire, trop sec pour permettre une pédogbnèse du type G sol rouge méditerranéen >), au moins sur u i e roche calcaire dure.

En faveur de la formation sur place on peut invoquer par

- l’analogie des galets non calcaires du sol et du poudin- gue ; de meme l’analogie de leurs sables (quartz dominant, quartzite, silex) ;

- l’augmentation progressive de la teneur en argile vers le bas du profil, analogue à un lessivage, processus qui suppose une percolation assez importante d’eau de pluie (mais il pour- rait s’agir aussi d’une néoformation d’argile en profondeur) ;

- le fait que les sols rouges de ce genre sont généralement associés dans la région à la présence d’un poudingue dur ; on pourra voir en effet, à 50 m du profil 16, une carrière qui montre que !e poudingue s’interstratifie avec des formations lacustres différentes ; lorsque la roche qui affleure est un calcaire tendre, le sol est calcaire et renferme une crotite.

contre :

TABLEAU XII1

Fes - Meknes - Profil 16 - Résultats d’analyses

Granulométrie %

A L STF SF SG

Profondeurs T.F. Calcaire total % cm %

0-13 94 47,O 20,l 8 J 15,8 9 8 194

13-23 97 50,6 22,5 6 8 13,8 7S traces

23-33 98 61,7 14,6 8,3 9,6 5 3 O

33-43 96 64,l 12,3 9,4 990 5 2 O

43-53 82 68,O 9 2 933 8,7 4,8 O

Fer Fer libre libre

cm Perte sia, sia, Fe,O, Fe

Eléments totaux (attaque tri-acide) % Profondeurs

au feu A1,0, R.0, % total Résidu Ca0 MgO K,O Na,O S10, Al-0, Fe,0, TIO, ~-

0-13 6,20 4,lO 0,66

23-33 7,40 35,05 1,47 0,97 1,44 0,27 27,25 15,50 8,50 0,62 2,97 2,19 5,lO 0,60

43-53 8,40 5,50 0,65

TABLEAU XIV

Fes - Meknes - Profil 16 - Résultats d'analyses

Matière organique % Profondeurs Sels Complexe adsorbant méq/100 g

totaux Truog O/OO M.O. E! N C/N Eau KC1 Sat Ca Mg K Na S cm

0-13 2,34 1,36 0,13 10,5 8,O 7,l 7,9 0,4 23,4 6,2 1,12 0,95 31,7 31,5 0,19

13-23 1,94 1,13 0,126 9,0 8,O 7,O 7,9 0,35 26,2 2,6 0,80 0,85 30,2 32,9 OJO

23-33 1,55 0,90 0,112 8,O 7,8 6,8 7,8 0,5 32,8 2,2 0,77 0,95 36,7 35,O 0,02

33-43 1,31 0,76 0,098 7,8 7,8 6,6 7,7 0,6 32,8 3,O 0,80 0,95 37,5 35,O

43-53 1,24 0,72 0,119 6,1 7,8 6,6 7,7 0,5 33,2 3,8 0,80 0,95 38,7 35,7

Limites mécaniques % d'eau en poids Propriétés hydriques Densité

Profondeurs % d'eau en poids apparente des apparente cm réelle mottes sèches au champ L.P. Ad. S.P. S.F. 1/3 atm 15 atm H.E.

0-13 1,85 L O 2,73 23,7 34,O 40,8 60,8 27,l 17,4 31,8

13-23 1,79 1,21 2,75 26,7 31,9 41,9. 59,8 30,5 19,7 33

33-43 1,78 1,32 2,76 37,5 43,9 54,7 74,O 35,O 24,4 38,2

TABLEAU XV

Fes - Meknes - Profil 16 - Résultats d'analyses

Tamisage à sec (IVIéthode G. BRYSSINE) Tamisage

G~ à l'eau Ga mm

0-13 O O 5,O 5,o 30,O 25,O 32,4 40 0,27 0,54 0,58

13-23 O 4 2 5,6 8,6 17,2 18,6 44,2 35,6 0,36 0,88 0,75

33-43 O O 22,4 25,4 25,O 12,4 12,4 72,8 0,64 0,84 0,77

Profondeurs cm ow42 0&0,1 < 091 Agrég. Gt 3-2 2-1 1-0,5

cm cm cm cm cm cm > 3 cm

% cm cm % 043 % % % % %

Stabilité structurale (S. HENIN) Matières humiques

deurs % d'agrégats > 0,2 mm Fractions d'A.H. %

interm. gris

Profon- Profon- C

K deurs 'Ota1 N.H.T. AH. A.F.

____ ' / O 0 '//CU '//w brun Is cm cm/h cm

eau alcool benzène

0-13 3,9' 46,6 10,5 3,3 93 0-13 13,5 3,44 2:71 0,73 31 19 50

13-23 23,6 55,9 82 2.2 19,3 23-33 9,o 1,81 1,53 0,27 28 15 57 33-43 15,4 50,5 5,8 38 0,2

Fes - Meknes 16 - R&snltats d’analyses

Analyse minéralogique de l’argile Profondeurs

I C M Interstrat. K G Q cm

23-33 ff f m m ff traces traces

Interstratifiés : surtout régul&zs avec M. Degré de cristallinité (I, C, M) : assez mauvais.

I : Illite C : Chlorite M : Montmorillonite

K : Kaolinite G : Goethite Q : Quartz

m : moyen f : faible ff : très faible

Microflore en novembre 1965 (bactéries/g) Humidité

% Profondeurs Nitrificateurs du sol

Cellulolytiques aérobies cm Azotobacter Clwtridium

Nitreux Nitriques

0-13 80 O 32 O00 32 O00 80 20,o

13-23

23-33

33-43

43-53

O O

32 O00 1200

O 1200

O 2 300

O 22,l

O 12,5

O 13,5

O 14,O

168 P. BILLAUX

;.V. ProfiI,I7 .(PLANCHE IV, p. 180)

Sol hydromorphe moyennement organique sur roche-mère fortement calcaire : Inceptisol ; Aquept ; Humaquept ; Typic Hu- maquept.

A. Situation du profil. Les facteurs du milieu

2 . Situation

4 km à I’W de Fes-ville nouvelle, en bordure de :’oued Fes. Carte au 1/50 O00 Fes-W (X = 533,l ; Y = 382,8). AIti.tud3 : envi-on 380 m. Itinéraire: on prend la route qui va de Fes-ville ‘nouvelle à Meknes; juste avant de traverser le pont sur l’oued Fes, on prend vers 1’W la piste qui longe la rive droite de l’oued ; lorsque cette piste bifurque, on suit la voie de gauche sur une centaine de mètres.

2. Relief

4

y o , La vallée de l’oued Fes se présente comme une zone plane

d’accumulation, de direction WSW-ENE, légèrement déprimée par rapport au plateau plio-villafranchien du Saïs et dominée au N par les pentes fortes des premières hauteurs du pré-Rif (Djebel Trhat).

Sa morphologie est d’origine tectonique ; elle suit une défor- mation syrxliiiale, d’âge post-villafranchien, qui a affecté le plateau du Saïs au contact du pré-Rif.

La gouttière subsidente ainsi formée est remplie par des alluvioiis qui atteignent 30 mètres d’épaisseur.

Sur les pentes du Djebel Trhat on voit, affleurer, de bas en haut, le conglomérat plio-villafranchien redressé du Saïs, le com- plexe des marnes miocènes, et des calcaires durs jurassiques.

La région est mal drainée, marécageuse par endroits ; le lit de l’oued Fes a été régularjsé et approfondi vers 1935-1940 pour servir de drain,

Le profil est situé à environ 50 mètres au S de l’oued cana- lisé ; la pente est nulle ; le microrelief est légèrement bosselé.

3. Roche-mère et substratum

Le sol est formé sur une alluvion limono-argileuse fortement calcaire qui s’est probablement déposée en milieu marécageux,

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAÏS 169

Ce matériau repose lui-même sur des strates d’alluvions variées ; le profil montre A 150-200 cm une couche argileuse qui correspond A un ancien sol de marécage, puis une couche sableuse; plus profondément encore, on rencontre des bancs de galets et des couches tourbeuses (vers 12 mètres).

4. Climat

P = 545 mm; T = 17’8. Pour plus de détails se reporter a x donnjes de la station de Fes.

5. Nappe phréatique

Son niveau est B une profondeur variable ; elle remonte rarement plus haut que,l m au-dessous de la surface du sol. On l’a observée à 1 m en octobre 1965, 1,20 m en avril 1966, environ 2 m en juillet 1966.

La composition de l’eau est donnée dans le tableau XIX. C’est une eau de salinité moyenne (0,692 gr/litre en mai 1966)’ un peu alcaline (pH = 8,l). Les anions comprennent surtout C1- et C03R-. Parmi les cations la proportion de sodium est faible (SAl?, infQieur à 1) mais celle du magnésium est forte (56 %). 6. Végétation naturelle

a. V é g é t a t i o n a n c i e n n e p r o b a b l e - Végétaiion hygrophile - Climax édaphique : pelouse hygrophile en étage semi-aride.

b. V é g é t a t i o n a c t u e l l e - Hg : Bromus hordeaceus, Echium plantagineum, Festuca sp., Carex

divisa, Mentha pulegiunz, Juncus acutus, Juncus maritimus. - M : Plantago Coronopus, Anacyclus radiatus, Carlina racemosa, Ammi

majus, ssp. tenue, Koeleria phleoides, Agrostis Reuteri, Linaria commutata.

- n, r : Centaurea calcitrapa, Hordeum murinum, Sylibum Marianum, She- rardia arvensis, Torilis nordosa.

- Autres espèces : Trifolium isthmocarpum, Tetragonolobus siliquosus, Cy- noglossum clandestinum, Trifolium fragiferum, Scleropoa rigida (th) Cirsium scabrunz, Lolium perenlze.

C o rn m e n t a i r e 3 c.

Complexes écologiques à dominance de groupes très exigeants 3n eau (hygrophiles) indiquant une saturation en eau des hori-

170 P. BILLAUX

zons profonds du sol, et des groupes mésophiles (humidité moyenne en surface fin du printemps, début de l’été). Le pâturage 8 en outre favorisé l’installation d’espèces nitratophiles.

7. Erosion Nulle

8. Drainage Déficient

9. Etat de la surface Non pierreux

10. Utilisation du sol : Terrain non cultivé, pâture‘.

B. Description du profil O - 10 cm : Texture argilo-limoneuse.

Couleur brun-gris très foncé (10 ,YR 3-2/2 sec; 10 YR 2/2 humide). Moyennement calcaire. Assez fortement organique, à humus

Structure grumeleuse 2 polyédrique matière minérale.

fine (2-0,5 cm), fortement développée. Sous-structure polyédrique très fine (< 0,5 cm) pe développée. Consistance : dure à l’état sec, friable à l’état lh umide. Les agrégats sont tres stables dans l‘eau: Cohésion d‘ensemble faible. Porosité d’ensemble forte ; porosité des agrégats faible. Enchevêtrement dense de racines d’assez fort diamètre (2-5 mmj. Coquilles : rares dGbris de coquilles de gastéropodes. Limite inférieure graduelle et régulière.

10 - 35 cm : Texture argilo-limoneuse. Couleur à l’état sec : gris en haut, gris plus clair en bas (10 YR 5/1 à 5-6/1) ; à l’état humide: gris foncé (10 YR 4/1j. Fortcinent calcaire. Moycnnement organique dans sa moitié supérieure, devenant graduellement peu organique vers le bas ; humus bien incor- pore.

à fine (2-0,5 cm), bien développée.

Fortement calcaire. Slructure polyédrïque moyenne à fine (0,5-2 cm) peu déve- loppée, surtout à la partie inférieure de l’horizon qui a un aspect continu. Comistance : dure à l’état sec, friable à l’état humide; plas- ticité et adhésivité fortes. Imbibés d’eau les agrégats gonflent lentement et se délitent en une boue de micro-agrégats. CohEsion d’ensemble forte. PorositE moyenne mais grossière en tubes sub-verticaux, traces d’anciennes racines. Racines mortes en faible quantité. Coquilles : nombreuses petites coquilles coniques de gastéro- podes, blanches, très fragiles, remplies de terre, leur nombre est grand surtout au milieu de l’horizon oÙ elles forment un lit. Limite inférieure de l’horizon distincte et régulière.

I

I 80 - 95 cm : Texture limono-argileuse. Couleur gris clair à l’état sec (10 YR “/U, brun grisâtre à l’état humide (10 YR 5/1 à 2,5 YR 5/2). Petites taches brun jaunâtre (< 5 mm), correspondant à des noyaux indurés à l’état sec mais tendres à l’état humide, légèrement ferrugi-

Fortement calcaire. Structure d‘aspect continu 3 sous-structure très peu développée polyédrique moyenne à fine. Consistance, porosité, plasticité, adhésivité, stabilité à l’eau et cohésion d’ensemble comme dans l’horizon précédent. Racines mortes en faible quantité. Coquilles : nombreuses petites coquilles coniques à patine jaune-brunâtre (10 YR 6/6), remplies de terre. Limite inférieure distincte et régulière. Cet horizon est géné- ralement humidifié par ascension capillaire à partir de la nappe phréatique.

172 P. BILLAUX

95 - 105 cm : Texture limono-argileuse avec une forte proportion de gra- viers constitués de concrétions calcaires légèrement ferru- gineuses. Couleur gris brunâtre clair à l’état sec (10 YR 7/1 2,5 Y 7/21 ; brun grisâtre à l’état humide (2,5 Y 5/2) ; nombreuses petites taches brun-jaunâtre (10 YR 5/6) correspondant 5 ia coupe des concrétions. Fortement calcaire : nombreuses concrétions dures d‘une taille de 2 a 0,2 cm; les concrétions plus grandes que 0,5 cm sont de forme généralement allongée ou aplatie et disposees verticalement Coniine dans d’anciennes fissures ou canaux du sol; leur surface est bosselée ou creusée de gouttières; en coupe elles ont une structure compacte et une couleur brun- jaunâtre (10 YR 5/4 à 5/6) dominante avec des marbrures grises ; les plus petites concrétions sont arrondies. Structure d’aspect continu, à sous-structure très peu dévelop- pée polyédrique ou prismatique moyenne à fine. Consistance de la terre fine: dure à l’état sec; friable à l’état humide ; plasticité et adhésivité faibles ; imbibés d’eau les agrégats se délitent sans gonfler. Colzlsion d’ensemble très forte, tout l’horizon est légèrement durci. Porosit6 comme dans les deux horizons précédents. Pas de racines, sauf des traces de racines mortes. Coquilles : quelques débris de coquilles, qui peuvent étre inclus dans les concrétions. Limice inférieure de l’horizon graduelle et régulière. Cet ho- rizon est généralement humide.

105 - 135 cm : Cet horizon a les memes caractères que l’horizon 95-105, en particulier la couleur brune et la structure d’aspect continu; mais il n’a pas, ou très peu, de concrétions calcaires ferru- gineuses, et il renferme des petites coquilles coniques blanches. La nappe phréatique se trouve généralement à son nivesu. Sä limite inférieure est distincte et régulière.

135 - 200 cm : TextuTe argilo-limoneuse. Couleur gris foncé (10 YR 5 - 4/1 sec; 10 YR 3/1 humide), avec de petites taches de couleur rouille. Mob enneweizt calcaire. ,&logennement ozganique avec de nombreuses racines mortes. Structure continue à l’état mouillé, non observee à l’état sec. Consistance trbs dure à l’état sec, ferme à l’état mouillé trEs plastique et adhésif. Porosité très faible en dehors des traces de racines, forte compacité. Coquilles . nombreuses petites coquilles coniques blanches. Limite injérieure distincte et régulière. Cet horizon correspond 5 un sol enterré.

yuartzeux. 200 cm + : Texture sableuse, à sable en majorité calcaire et en partie

PROFILS DE SOLS PR~SENTÉS DANS LE SAPS í7.3

Couleur gris foncé (10 YR 5/1 sec; 10 YR 3/1 humide). Fortement calcaire. Un peu organique, contenant des débris de racines mortes. Structure particulaire. Consistance meuble.

C. Commentaires sur le profil 1 7

1. Typologie

Le profil qui se développe depuis la surface jusqu’au niveau du sol enterré (135 cm) montre, de haut en bas trois horizons principaux :

a. un horizon supérieur mince (0-35 em) riche en matière organique surtout dans les 10 cm superficiels; la structure est formée d’éléments griimeleux ou polyédriques émoussés de petite taille ; la stabilité à l’eau des agrégats est très forte.

b. un horizon intermédiaiye (25-80 em) dans lequel l’évo- lution de la roche-nière est faible; il est caractérisé par une couleur grise et une structure peu développée, surtout polyé- drique, à éléments de petite taille dont la stabilité à l’eau est faible ;

c. un horizon inférieur, à structure pratiquement continue, dont la couleur est plus brune que dans l’horizon précédent, et qui contient des concrétions à la fois calcaires et ferrugineuses ; ces concrétions se sont surtout développées dans un sous-horizon mince compris entre 95 et 105 em.

Les autres caractéristiques du profil sont les suivantes :

- La teneur en calcaire est forte; elle augmente avec la profondeur, passant de 33 % en surface à un maximum de 78 % qui correspond à l’horizon concrétions; puis sous cet horizon elle décroît légèrement. Dans tout le profil une pro- portion très importante du calcaire (de l’ordre de 50 % du calcaire total) se trouve sous forme de particules très €ines, de taille inférieure à 0,002 mm.

Don calcaire est elle-même fortement argileuse.

- L’argiZe contient une assez forte proportion de Mont- morillonite, qui est assez mal cristallisée et en partie interstra- tifiée.

.- La texture du sol calcaire est très fine et la fraction

174 P. BILLAUX

- L a teneur e n matière orgunique, forte en surface (11 %) diminue rapidement dans les 30 premiers centimètres (1,9 % à 30-40 cm) , puis décroît régulièrement et très lentement. Cette matière organique est bi n décomposée et mélangée l’argile.

- L e compZexe ads rbant, saturé, est caractéris‘ par un fort pourcentage de ma ésium (jusqu’à 67 %), qui dépasse

Le rapport C/N est de 1 2 7 en surface.

celui du calcium, sauf en surface. Le sodium augmente avec la profondeur oÙ il atteint un taux de 15 %. Le pH augmente parallèlement jusqu’à 8’8.

-- Le rapport fer libre SUT fer total est faible, son maximum (0,33) correspond à l’horizon à concrétions calcaires ferrugineu- ses ; dans cet horizon l’analyse minéralogique signale la présence de Goethite.

2. Classification

1

I

i

Ce sol présen te des caractères d’hydromorphie peu accentués

- l’accumulation en surface de matière organique ; - la couleur grise (c Fome de 1)’ indice possible e réduc-

- la redistribution u fer en profondeur, qui st nette tion du fer, dans la par ie supérieure du profil ;

surtout dans les concrétio 1 s calcaires ; l’accumulation et l’individualisation du calcaire à un ni-

veau qui correspond à ia hauteur moyenne de la remontée rapillaire à partir de la nappe phrkatique.

Cependant les caractères de gley ou de pseudo-gley ne sont pas typiques.

Par ailleurs, la structure de l’horizon supérieur est analogue à celle d’un sol calcimorphe du sous-groupe brun-calcaire.

En suivant notre classification de référence (G. AUBERT, 1965), nous rangeons ce sol dans la classe des sols hydromorphes ; sous-classe moyennement organique.

qui sont :

T1 nous semble difficile d’aller plus loin dans la et de l’appeler << sol humi ue à gley >). Par contre il son faciès <c brun calcai )) et, au niveau de roche-mère fortement sur laquelle il

ci 1 I

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAÏS 175

3. Pt5dogénèse

Ce sol pose un problème de classification, en liaison avec le faible développement de ses caractères d’hydromorphie.

D’une part, il est gorgé d’eau, au moins en profondeur, pendant une partie de l’année, à cause de la remontée de la nappe! à laquelle s’ajoute une stagnation temporaire de l’eau de pluie ; il y a trente ans, avant l’approfondissement de l’oued Fes, cet engorgement devait, être d’ailleurs quasi total et per- manent.

D’autre part, les caractères apparents d’hydromorphie énu- mérés au paragraphe précédent, sont vraiment peu accentués.

Cette opposition est fréquente dans les sols engorgés $eau, ou m-ême marécageux, de diverses régions du Maroc, lorsqu’ils sont formés sur des limons très calcaires. On note simplement dans ces sols une couleur grise très claire, qui est le seul signe apparent de l’état réduit du fer et que l’on hésite souvent à assimiler à un gley.

Cela est-il dû à la forte proportion de calcaire fin ou sim- plement à la faible teneur en fer total (2’25 % de Fe203 dans le profil 17) ? Faut-il y voir l’influence d’une eau relativement riche en oxygène?

Il est intéressant par ailleurs de noter dans ce sol la pré- sence d’un horizon brun en profondeur, alors que les horizons supérieurs restent gris. La couleur brune indique que le fer est oxydé à ce niveau; il est en outre mobilisé car il se concentre dans les concrétions calcaires ; les teneurs en fer total (Fe203) dans l’horizon à concrétions (95-105 cm) sont en effet les suivant es

, ...

Terre fine Concrétions Moyenne calculée pour l’ensemble de l’horizon

1,50 % 4,7 o/o 2,37 %

La teneur moyenne en fer total y reste donc analogue à

Ces phénomènes d’oxydation et de remaniement du fer

celle des autres horizons (2’25 %).

sont caractéristiques d’un pseudo-gley.

176 P. BILLAUX

Comnient alors expliquer dans ce sol la présence d’un gley en surface et d’un pseudo-gley en profondeur ?

Il est possible que la couleur grise des horizons supérieurs soit fossile et qu’elle soit une trace de l’engorgement permanent antérieur à l’approfondissement de l’oued Fes. L’oxydation et la mobilisation du fer seraient au contraire des phénomènes récents, liés à la zone actuelle de battement de la nappe phréa- tique.

L’absence de rsoxydation du fer dans les horizons supé- rieurs (O à 80 cm) pourrait s’expliquer par la rapidité avec laquelle la nappe est descendue quand le drainage a été effectue et par la brièveté des périodes pendant lesquelles ces horizons sont actuellement humidifiés.

On remarquera que, dans cette hypothèse, la formation des concrétions calcaires de l’horizon 95-105 cm serait très récente et due à l’hydromorphie temporaire (battement de la nappe).

Calcaire Granulométrie % Granulométrie terre décalcarishe % Profondeurs T F. total

-___ cm % - - - - - A L STF SF SG A L STF SF SG Y¿, +

0-10 100 51,5 23,l 6 4 3 , l 335 33

10-20 100 55,5 27,6 11,4 3,2 2.3 25,l 14,3 82 t,S 0,3 51,5

20-30 100 64,O 22,5 993 2,4 1A 32,O 6 2 O,+ 0,4 0,3 60,6

30-40 99 61,4 29,3 4,2 2,7 2,4 20,l 11,6 0,B 0,3 0 2 €5

40-55 100 55,2 30,2 974 2 3 2,6 22,4 4,3 2,4 0.2 0,03 71

55-70 97,9 49,7 26,8 14,9 4-0 4,6 19,3 5,9 2,5 0,3 0,Ol 72

75-95 100 40,8 36,8 9:2 5 3 7,4 16,8 533 13 0 2 0,Ol 76,8 -78

95-105 73 36,7 36,2 11,9 595 997 15,l 379 1,7 1 2 2 J 76

120-130 100 41,2 42,O 12,o 3,6 12 16,7 8,9 5 2 092 0,Ol 69

170-180 100 37,7 38,2 13,4 971 183 33,7 8,4 9,6 4,5 0,5 43,3

220-230 100 8 8 6,8 4,3 51,2 28,9 7,s 23,6 231 19,o 1,5 46

+ % . d e calcaire par rapport à la terre totale, en tenant compte des concrétions.

Elements totaux (attaque tri-acide) % Fer Fer Profondeurs libre libre

cm Perte SiO, SiO, Fe,O, Fe au feu Also, R,O, % total Résidu Ca0 M,oO K,O Na_O SiO, Alzo, Fe-0: T:O, - ___

20-30 2,80 0,65 0,23

40-55 35,25 4,95 39,20 4,31 0,48 0,27 8,85 4,50 2,25 0,35 3,27 2,53 0,65 0,29

95-105 38,40 3,75 43,75 2,84 0,39 0,18 6,20 3,25 1,50 0,25 3,22 2,51 0,50 0,33

170-180 29,30 19,60 26,55 2,03 0,75 0,17 13,OO 6,50 2,25 0,54 3,37 2,77 0,15 0,07

TABLEAU XVIII

Fes - Meknes - Profil 17 - Résultats d'analyses

PP5 Gomplexe adsorbant méq/100 g Matière organique % PH Sels totaux Truog Profondeurs

M.O. cm

0-10 11,5

10-20 4,45

20-30 2,39

30-40 1,89

40-55 1,72

55-70 1,39

75-95 1,24

95-105 1,19

120-130 1,43

170-180 3,89

220-230 2,52

C ~

67 2,58

1,39

1,lO

1,o 0,81

0,72

0,69

0,83

2,26

1,47

N C/N Eau KC1 Sat Ca M p K Na S T "/ou

0,526

0,29

0,168

0,11

0,081

0,079

0,064

0,049

0,079

0,168

0,103

12,7

8:9

83 10,o

13,4

10,2

11,2

14

10,5

13,5

14,2

7,8 7,4 7,8 1,5

8,O 7,6 7,9 1,2

8,5 8,l 8,3 0,9

83 8,2 8,5 0,8

83 8,4 8,6 0,9

88 8,4 8,6 0,9

8,7 8,4 8,4 0,9

8,6 8,3 8,3 0,9

8,4 8,O 8,2 0,9

7,9 7,5 7,8 1,6

7,9 7,7 7,7 1,6

0,7

0,4

0,3

OA

0,25

0,22

0,22

0,17

0,22

0,45

0,22

1,lO

0,80

1,05

1,55

1,8 1,45

1,55

1,25

1,45

1 2

0,6

35,2 34,7

25,7 25,l

20,2 18,9

17,35 17,5

16,O 16,6

ll,o 10,o

10,3 9,5

7,O 7,O 10,3 11,O

22,4 21,O

8,6 7,O

0,20

0,03

0,01

0,08

0,02

0,03

Limites mécaniques % en poids ProPridtés hydriques % d'eau Profondeurs Densité Densité Densité en poids

réelle apparente des apparente mottes sèches au champ L.P. Ad. S.P. S.F. 1/3 atm 15 atm H.E.

cm

0-10 1,73 1,O 2,62 65,3 70,3 84,6 164,7 54,3 21,5 48,5

20-30 1,93 2,71 36,3 42:5 61,6 127,2 32,3 24,7 36,3

40-55 1,79 1,35 2,67 28,9 33,l 54,5 141,2 30,9 19,l 35,6

TABLEAU XIX

Fes - Meknes - Profil 17 - Résultats d'analyse*

Tamisage à sec (Méthode G. BRYSSINE) Profondeurs Tamisage Gm 5 l'eau Ga 3-2 2-1 1-0,5 0,5-0,2 0,241 < 0,1 Agrég. Gt

cm mm % cm cm cm cm cm cm cm cm

% % % % % % %

> 3 cm

0-10 O 5 5 5 37,4 21,2 26,4 52,4 0,34 0,56 1,46

20-30 0. O 15 30 40,O 7,4 724 85,O 0,60 0,69 1,40

40-55 O O 25 25 30,2 10,o 10,o 80,2 0,69 0,83 0,70

75-95 O O 30 17,4 27,4 5,o 20,o 74,8 0,69 0,90 0,56

Slabilité structurale (S. HENIN) Eau de la nappe phréatique (Prélèvement du 17.5.66)

Profon- deurs cm

% d'agrégats > 0,2 mm

eau alcool benzène CI 4,5 Ca

K méq/l méq/l C.E. 25" C

3,5 m. mhos : Is

cm/h

0-10 72,8 73,7 54,7

20-30 31,4 70,4 2,6 2,6

so, 1,O Mg 6,s 1,12 0-10 72,8 73,7 54,7 03 40l,8

20-30 31,4 70,4 2,6 2,6 12,3 CO, 13 K L5 Sels dissous

C0.H 4.0 Na 0.05 g r / l : 40-55 4,o 54,8 2.3 4,5

0,0_06 - 0,692

pH : 8,l 11,006 11,5

TABLEAU XX Fes - Meknes - Profil 17 - Résultats d’analyses

Analyse minéralogique de l’argile Profondeurs

cm I C M Interstrat. K G Q Calcite Do

40-55 ff f mF m ff O trace mf trace?

95-105 ff f mF m ff trace? trace mf O

170-180 ff f mF m ff O trace m O

lnterstratifiés : (M-c) et (C-I) réguliers + irréguliers non séparés. Degré de cristallinité (I, C, Ml : assez mauvais.

I : Illite C : Chlorite M : Montmorillonite K : Kaolinite

G : Goethite Q : Quartz Do : Dolomie

ff . : moyen fort mF : moyen m : faible f : très faible

Microflore en novembre 1965 (bactéries / g ) Humidité

du sol %

Profondeurs Nitrifica teurs Cellulolytiques

aérobies Azotobacter Clostridium cm

Nitreux Nitriques ~

0-10 2 200 9 O00 O 32 O00 400 34,4

10-20 ~ 900 1900 O 500 1800 28,5

20-30 80 4 O00 1200 32 O00 400 25,8

30-40 180 O 32 O00 O O 22,6

40-55 500 2 200 O O O 20,l

55-70 O O O O O 19,3

80-95 1900 O O O O _ _ - - ~~

o CI

10

80

130

Profil no 14

Vertisol modal

10 cm

35

80

Photo A. RUELLAN

1--

--

Profil no 16 Sol rouge méditerranéen lessivé

à caractères isohumiques Photo F. ALESANDRI

PROFILS DE SOLS PRÉSENT~S DANS LE SAÏS 181

Y. Profil 18

Sol rouge méditerranéen lessivé à caractères isohumiques. : AZfisol, Xeralf, Rhodoxeralf, Typic Rhodoxeralf.

A. Situation du profil. Les facteurs du milieu

1. Situation Le profil est situé aux carrières de Meknes, à environ 4 km

au S de cette ville. Carte au ,1/50 O00 : Meknes. (X = 486,3 ; Y = 361,3). Altitude : 580 m. Itinéraire : en venant de Fes on prend la route P. 34 qui contourne Meknes par le S. Après le croisement de ia route P. 21 (Meknes-Ifrane), oÙ se trouve une station d’essence S.M.P.P. on prend la première piste sur la droite qui conduit au front de la carrière; le profil est situé sur le plateau à une vingtaine de mètres derrière le front de taille.

2. Relief La dalle de calcaire lacustre plio-villafranchien du plateau

de Meknes a été déformée dans cette région par une flexure d’axe SSW-NNE dont la lèvre basse est à peu près au niveau des carrières et la lèvre haute environ 2 km plus à l’E (la sta- tion S.M.P.P. y est située). Le rejet en altitude est de l’ordre de 40 mètres. I1 en est résulté une érosion active qui a découpé le calcaire lacustre et a fait apparaître la strate sous-jacente qui est un (< sable fauve >> non calcaire. Le relief général est une succession de croupes ou de buttes dont les sommets portent des t2moins du calcaire lacustre tandis que le sable fauve appa- raît sur leurs flancs.

Le profil est situé .au sommet d’un petit plateau de calcaire lacustre, la pente à cet endroit est d’environ 1 % descendant vers le SW.

3. Roche-mère et substratum Le calcaire dur lapiazé, épais de moins de 10 m, à grandes

cheminées de dissolution, a pu contribuer en partie à la forma- tion du sol par son résidu de décarbonatation, mais l’essentiel de Ia roche-mère du sol est un apport. L’origine de cet apport pourrait être le sable fauve peu argileux qui, grâce sa surélévation au niveau de la lèvre haute de la flexure, a pu recwvrir le calcaire,

182 P. BILLAUX

4. Climat

aux données de la station de Meknes.

5. Nappe phréatique

P = 574 mm. T = 17’0. Pour plus de détails, se reporter

Très profonde, sans influence sur le profil.

6. Vép5tation naturelle

a. V é g é t a t i o n a n c i e n n e p r o b a b l e - Probablement forêt à Quercus Suber (Subéraie), faciès à Chamaerops

humilis. La disparition de cette forêt a provoqué, bien entendu, I’accentua- tion de l’érosion et la diminution de l’épaisseur du sol.

- Climax semi-aride.

b. V é g k t a t i o n a c t u e l l e - M : Plantago Lagopus, P. Bellardi, P. Coronopus, Filago germanica (a),

Carlina racemosa, Anacyclus radiatus. - t : Stipa tortilis, Paronychia argentea, Tr i fo l ium scabrum, Pallenis spi-

nosa. - ps : R u m e x bucephalophorus, Eryngium tenue, Tolpis barbata, Lotus

arenarius, Holcus lanatus, Vulpia Alopecuros, Ormenis mixta. - n, r : HirschfeZdia incana, Hordeum murinum, Scabiosa atropurpurea, Sco-

lymus hispanicus, Bromus maximus, Avena sterilis, Scorpiurus sul- cata, Convolvulus althaeoides, Chenopodium album, Polygonum avi- culare.

- Autres espèces : Dans le matorral : Salvia verbenaca, Fumana thymifolia, T h y m u s algeriensis, H yparrheria hirta, Verbascum sinuatum, Cyno- don Dactclo, Centauyea calcitrapa, Chamaerops humilis.

c. C o m m e n t a i r e s

Complexes écologiques à dominance de psammophytes (ensa- blement superficiel) de mésophytes sur argile et de xéro-méso- phytes (sols secs). Végétation typiqu? des sols rouges lessivés du Maroc occidental semi-aride.

7. Erosion

est possible.

S. Drainage Bon.

* I

I1 n’y a pas d’érosion par l’eau ; une faible érosion éolienne

9. Etat de la surface Non pierreux.

I

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAïS 183

10. Utilisation du sol

Culture annuelle de céréales (blé, orge) et légumineuses. La parcelle porte en outre quelques amandiers. Pas d'irrigation. Labour à l'araire. Le sol a été fumé avec des,gadoues.

B. Description du profil

Remarque : le profil décrit est situé -au-dessus d'un grand lapiez; en réalité, la profondeur du sol est très irrégulière, le calcaire lacustre pouvant même affleurer par endroits.

O - 20 cm : Texture sableuse. Couleur rouge$ brunâtre assez foncé (5 UR 4/6 2,5 YR 3/6 sec; 2,5 YR 3/4 humide). NOU calcaire. Légèrement orpanique, à humus bien incorporé. Structure particulaire légèrement cohérente, à tendance grumeleuse. Consistance fragile à l'état sec, meuble à l'état humide. Porosita forte. Racines : chevelu peu dense, bien réparti. Limite infdrieure de l'horizon graduelle et régulière.

20 - 40 cm : Texture sableuse légèrement argileuse. Couleur roxge foncé (2,5 R 3/6 sec; 2,5 YR 3/4 humide!. Non calcai.re. Structure continue. Coirsistuizce fragile B l'état sec, meuble à I'état humide, un peu pius dure que dans l'horizon précédent; ni plastique, ni adhésif à l'état humide. Porosité forte, généralement fine, mais avec de gros canaux (passages d'anciennes racines de Doum). Racines: cet horizon ne contient presque pas de racines vivantes. I

Limit2 inftirieure graduelle et régulière.

0 1

,

40 g 90 cm et en Texture s2blo-argileuse 5 la partie supérieure de l'ho- dessous du lapiez : rizon, devenant progressivement argilo-sableuse vers le

bas. Couleur rouge foncé (2,5 YR à 10 R 3/6 sec et humide). Non calcaire. Structure : à partir de l'horizon précédent elle devient progressivement prismatique moyenne à grossière peu développée, avec une sous-structure polyédrique íïne peu dbveloppbe. Les faces des prismes sont légèrement lissées avec parfois des recouvrements argileux peu épais mais nets. Puis, i partir de 90 cm, la structure prismatique disparaît progressivement- et la structure polyédrique fine

184 P. BILLAUX

devient la principale, tout en restant peu développée. Lorsqu'il n'y a pas de lapiez on en reste à la structure prismatique. poizsistance dure à l'état se , ferme à l'état humide ; plasticité et adhésivité faible en haut et fortes en bas de l'horizon. Imbibés d'eau, les agrégats se délitent rapidement. sans gonfler, en d nnant une boue de micro- agrégats. L'argLe est facileme t dispersée. Porosité faible mais il y a q elques canaux d'anciennes

Racines : chevelu fin peu dense mais bien réparti. 90 cm f : Calcaire lacustre dur, de couleur brun-pâle (10 YR

7/3-41, compact mais légèrement vacuolaire, avec les vacuoles entourées de concrétions calcaires mamelonnées a surface brun-rougeâtre ; quelques moules internes de gastéropodes. La surface en contact avec la terre est cou- verte d'une pellicule calcake rugueuse brun-rougeâtre. Le front de la carrière montre que le calcaire lacustre est creusé de grandes poches de dissolution, grossière- ment cylindriques, larges'de quelques dm à 1 mètre et profondes de 2-3 mètres. Ces poches sont remplies d'une terre rouge foncé qui prolonge le profil dans sa partie inférjeure. Dans la moitié supérieure environ, la terre a les mêmes caractères que dans l'horizon profond du profil décrit : argilo-sableuse, non calcaire, à structure peu développée non polyédrique.

racines de Doum. 1

Dans la moitié inférieure, la terre devient progressive- ment sableuse, très peu arg'leuse, à structure continue assez fortement cohérente à l'état sec; elle n'est pas calcaire dans la partie centr le du cylindre mais à la périphérie, au contact de la oche, il existe un manchon épais de quelques cm où la t re est calcalre et renferme des nodules gréso-calcaires d 1 rs et de petites concrétions calcaires tendres. On note en outre, à l'intérieur de la masse à texture surtout sableuse, des noyaux arrondis argilo-sableux de petite taille (< 1 cm).

C. Commentaires sur le profil 18

1. Typologie On distingue trois horizons au-dessus du caicaire lacustre

IapiaZé :

a. Un horizon supérieur sableux, (sable quartzeux) , légère- ment organique, à structure grumeleuse peu développée (0-20 em).

b. Un horizon intermédiaire (20-40 em), encore sableux mais dans lequel la teneur en argile augmen e progressivement ; sa structure est continue.

c. Un horizon inférieur, de plus en plus argileux, à struc- ture prismatique grossière et sous-stru ture polyédrique fine ;

PROFILS DE I SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAÏS 185

cette sous-structure se conserve seule en profondeur dans la partie supérieure du lapiez.

Trois caractères sont frappants dans ce profil:

- La forte rubéfaction.

- La forte variation de la texture qui, sableuse en surface 12 % d’argile) devient progressivement argileuse (55 ”/o d’argile à 80 cm).

- Le développement progressif de la structure en profon- deur, parallèlement à la teneur en argile.

Les autres caractéristiques‘ du sol sont les suivantes :

- Le cakaire est absent ; le complexe adsorbant est cepen- dant saturé ou présente seulement une très faible désaturation, l’ion dominant est le Calcium.

- La teneur en matière organique est faible (1,8 % en sur- face) ; elle diminue lentement et régulièrement en profondeur, mais augmente un peu en bas du profil au contact de la roche. Le rapport C,”, de 13 en surface, diminue en profondeur jus- qu’A 6. Le taux d’humification est faible (13 % en surface, 17 % à 20 cm).

- Les nzinéraux argileux sont très mal cristallisés et mal déterminés ; notons cependant que la capacité d’échange indique une proportion notable d’argile de type montmorillonitique.

- Le ?-apport Fer libre sur Fer total est fort: 0,77 à 0,90.

- La teneur en Fer total augmente avec la pofondeur, pa- rallèlement à la teneur en argile (2 % de Fe203 en surface, 6,5 % à 60 cm).

- La stabilité structurale est faible et l’argile se disperse facilement (Is = 3,l à 3,9).

2. Classification

des sols rouges méditerranéens : Ce sol présente certains caractères qui sont typiques pour

- la forte teneur en fer libre; - le profil non calcaire mais à complexe adsorbant prati-

quement saturé, au-dessus d’une roche calcaire dure ;

186 I P. BILLAUX

- la structure polyédrique fine, au moins en profondeur (bien que ce dernier caractère appartienne aussi à d’autres types de sol).

Par contre, la structure prismatique grossière, et la décrois- sance à peu près isohumique de la matière organique ne sont pas typiques.

En suivant notre classification de référence (G. AUBERT, 1965)’ nous rangeons ce sol dans la classe des sols à sesquiòxy- des ; scus-classe des sols rouges méditerranéens ; groupe lessivé ; sous-groupe à caractères isohumiques.

3. Pédogénèse

Malgré son aspect de sol rouge développé typiquement sur un calcaire lapiazé, il faut admettre que ce sol s’est formé surtout aux dépens d’un matériel apporté, qui a recouvert le calcaire lacustre et empli ses cheminées de dissolution.

Le calcaire est en effet très pur (98’7 % de Caco3) ; il contient très peu de sable quartzeux (0,075 % de sable de taille supérieure -ri 0’05 mm) et la granulométrie de ce sable est plus fine que dans le sol (TABLEAU XXI).

Par ailleurs, si le sol lessivé s’était formé sur un résidu de décarbonatation, la teneur en argile serait maximum en pro- fondeur dans les lapiez, ce qui n’est pas le cas : le sol redevient ici sableux dans les couches profondes.

La ,décarbonatation du calcaire lacustre n’est pas niable : les grandes poches de dissolution la prouvent; mais le résidu ainsi formé n e doit représenter qu’une faible partie de la roche- mère du sol.

S’agit-il ici d’un dépôt lithochrome, ou au contraire la pédo- genèse rubéfiante s’est-elle faite sur place ? Nous pensons qu’on ne peut pas exclure ici la pédogénèse en place ; en effet :

.- l’apport provient vraisemblablement des (< sables fau- ves >> libérés à la faveur d’une flexure (voir plus haut les para- graphes A.2 et A.3) ;

- ces sables fauves en place donnent ,eux-mêmes au sud de Meknes des sols à sesquioxydes ;

- la pkdogé&se rubéfiahte est :ici possible, malgré un

PROFILS DE : SOLS PR~SENTÉS DANS LE SAÏS 187

climat relativement sec, à cause de la texture sableuse de la roche-mère.

On aurait donc un sol rouge méditerranéen formé sur une roche-mère meuble, non calcaire, ce qui est différent du type classique.

1

Un point cependant n’est pas clair dans cette hypothèse : la forte saturation en bases du complexe adsorbant, alors que les sables fauves sont généralement un peu acides (pH de l’ordre de 6 j . i PeutLêtre s’agit41 d’une remontée du calcaire pac la végétaiion à partir de l’horizon de contact entre le sol et +le calcaire lacustre. Peut-être faut-il voir là l’influence du résidu de dhcbrbonatation du calcaire.

L’augmentation de la teneur ea argile en profondeur semble bien due ici à un iessivage mécanique, favorisé par la texture sableuse et par la facilité de dispersion de l’argile.

On’ remarquera par ailleurs la grande h6térogénéité latérale des types de sol:%. La vue d’ensemble du front de taille de la carrièrê montre que l’apport sableux et le sol Fouge sont localisés dans !a partie sud; dans la partie nord de la carrière, de cote un peu plus élevée, le calcaire affleure mais: son faciès est t e n p e ei, il s’y forme alors un sol calcaire à cr

I I

! I

\

* Le profil montre à sa partie supérieure des poches qui doivfnt être d’an- ciens trous de planration.

8

TAEÍLEAU XXI

Fes - Meknes - Profil 18 - Résultats d’analyses

Analyse du calcaire lacustre Calcaire total

Granulométrie % Profondeurs T.F.

Fractions non calcaires : 1,3 % - % A L STF SF SG % cm

L STF SF SG % CaCO, A 0-7 100 11,8 5,9 3,9 39,4 39,O O 98,7 70

7-15 100 13,3 6,3 3,8 37,6 38,9 O

15-25 100 23,O 4,4 1,9 36,7 34,O O

73,6 10,l 10,l 493 199

25-40 100 37,5 d , ~ 2,6 278 29,8 O

50-65 100 51,3 2,7 1,2 24,O 20,8 O Granulométrie détaillée des sables quartzeux de taille > 0,05 mm %

100 48,3 4,4 3,8 24,9 18,9 O

> 80 100 55,5 4.1 3,2 19,l 18,l O 0,05-0,l 0,l-0,2 0,2-0,5 :0,5-1 1-2 mni

70-80

0-7 cm 6,5 48,5 38,7 597 0,5

70-80 cm 6,1 47,7 41,3 423 0,4 calcaire lacustre 63 6 31 O O

~

Elements totaux (attaque tri-acide) 76 Fer Fe Profondeurs libre libre

% total Sio, Sio, - Fe L Résidu Ca0 MgO K,O Na,O SiO, Also, Fe,O, Tio,

cm Perte au feu Alzo, R,O,

0-7 2,0 . 1,80 0,90

15-25 374 2,85 0,84

5,90 47,O 0,70 0,38 0,66 0,18 22,9 14,O 6,5 0,49 2,77 2,13 5,OO 0,77 - 50-65

Fes - Meknes - Profil 18 - Résultats d'analyses

Complexe adsorbant mCq/100 g

totaux Truog . Sels PP,

O/UO

Matiere organique % PH Frofoildews

cm M.O. C N C/N Eau KC1 Sat Ca Mg K Na S

~

0-7 1,77 1,03 0,077 13,4 7,7 7,3 7,8 0,49 6,O 1,6 0,6 035 8,s 8,O 0 3

7-15 1,55 3,90 0,098 9,2 7,7 6,8 7,6 0,35 6,8 0,8 0,3 0,35 8,2 8,5 0,05

15-25 1,08 0,63 0,07G 9,0 7,6 6,5 7,5 0,24 8,O 2,O 0,22 0,45 10,O 11,O 0,05

25-40 0,93 0,54 0,063 8,6 7,6 6,4 7,3 021 12,O 1,O 022 035 13,5 133

50-65 0,53 0,34 0,049 6,9 7,7 6,3 7,3 0,16 14,4 2,O 0,4 0,8 17,6 173

70-80 0,52 0,30 0,048 6,3 7,7 6,3 7,2 0,16 17,O 2,2 0,4 0,7 20,3 22,O

> 80 0,74 0,43 0,049 8,8 7,7 6,5 7,3 0,24 21,O 2,8 0,4 0,8 25,O 25,O

Propriétés hydriques Densité Densité Limites mécaniques % d'eau en poids % d'eau en poids Profondeurs

cm apparente des apparente mottes sèches au champ L.P. Ad S.P. S.F. 1/3 atm 15 atm H.E.

I

0-7 1,57 1,48 2,66 17,7 32,3 993 4,8 12,l

15-25 1,64 1,34 2,68 18,O 32,9 10,6 6,3 15,2

50-65 1,75 2,82 23,8 29,7 44,5 70,3 22,8 15,O 29,4

70-80 1,68 1,26 2,69 25,5 29,8 48,8 98,l 23,9 15,9 27,9

> 80 1,71 2,65 30,O 35,l 58,2 99,8 30,3 20,4 33,9

TABLEAU XXIII

Fes - Meknes - Profil 18 - Résu1tats;d'analyses

Tamisage à sec (Méthode G. BRYSSINE) Tamisagc Profondeurs - - ,- cm _ _ ._ > 3 - - 3-2 2-1 1-0,5 0,5-0,2 ~ .-o&o,l- < - 0 7 1 _I Agrég.- - Gt - __ Grn - à lleaue-.- cn1 Ga "

cm cm cm cm cm cm cm % % % % % % % % cm

0-7 o 4 2 11,4 7 2 10 5,6 61,4 32,8 u,41 1,11 0,67

15-25 O 7 2 14,2 8,6 10 7 2 52,4 40,O 0,54 1,23 0,77

12,4 2,4 5 2,4 50,O 47,2 1,16 2,40 0,75 50-65 15 . 12,4

70-80 37,4 25,O 17,4 5 8 2,4 2,4 10 87,2 2,47 2,83 0,77

> 80 17,4 30,O 25,O 2 9 2,4 2,4 20 77,2 2,03 2,62 1,03

.. I r

Stabilité structurale (S. HENIN) Profon- deurs % d'agrégats > 0,2 mm

eau alcool benzène

Cleu

c O 1 0 0 c O l m 'ioo brun interm. gris cm u l O O

cm Is K cm/h

Matières humiques Profon- C

Fractions d'A.H. 3 -....

tota1 M.H.T. AH. A.F. %

0-7 31,4 34,3 32,4 3,2 9 2 0,7 10,3 1,32 0,88 0,44 33 21 46

15-25 34,3 35,l 29,4 3,1 6 2 15-25 6 3 1,07 16 56 0,66 0,41 28

50-65- 28,l - 42,9- - 19,l 3,9 8,O

70-80 27,2 47,9 18,2 394 5,1

TABLEAU XXIV

Fes - Meknes - Pmfil 18 - Résultats d’analyses

Analyse minéralogique de l’argile Profondeurs

I C M Interstrat. K Q cm

50-65 ff - f f Présence Présence ff ou f trace

Interstratifiés : surtout avec M (ou Vermiculite ?), réguliers + irréguliers Degré de cristallinité : (I, C, M) : très mauvais.

I : Illite C : Chlorite M : Montmorillonite

K : Kaolinite Q : Quartz

f : faible ff : très faible

Microflore en novembre 1965 (bactéries / g) - Humidité

du sol Nitrificateurs Profondeurs flellulolytiques L

Clostridium % Azotobacter cm aérobies Nitreux Nitriques

0-7

7-15

O

O

1 15-25 O

25-40 O

50-65 180

70-80 180

o 32 O00 , 5 O00 3 000 10,o

O 5 O00 1200 20 9,5

5 O00

500

5 O00

O

32 O00

-.% 32.000

500

1400

40 14,7

o 15,3

O 20,o

O 17,2

192 P.' BILLAUX

270

400

s . , , _ _ -

TABLEAU XXV

99,9 11,o 7,7 4,9 33,4 43,O O

99,9 12,6 13,6 ' 4,8 38,5 30,5 o - . - I _ _

Fe8 - Meknes - Profil 18 - Résultats d'analyses

Terre d'un poche (de dissolution dans le calcaire lacustre du profil 18 E

Granulométrie % Calcaire total Profondeurs T.F.

cm % A L STF SF SG % __ ~

160-180 99,9 33 $2 0,3 34,5 30 O

180-200 99,9 34 2,2 3,5 - 28,8 31,5 O

200-220 97,8 33,l 423 220 30,3 30,3 1,l + 220-240 98,4 33,7 0,3 3,o 28,7 34,3 2,8 + 240-260 97,5 26 9,6 225 28,2 33,7 1,3 + 260-280 99,9 25 3,8 0,8 35,2 : 35,2 O

I

de la poche.

Talus de la route P. 21. x = 487,5 y = 360,8 Alt. 605-610 m.

fauve )> situe' 1,5 km Ù l'E d u profil 18.

Granulométrie % Calcaire total Profondeurs T.F.

cm % A L STF SF SG %

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAÏS 193

1 VII. Profil 19 (PLANCHE V, p. 204)

Sol brun isohumique subtropical à croûte calcaire, à faciès de sol brun calcaire : Mollisol ; Xeroll ; Calcixeroll ; Petrocalcic Calcixeroll. Ou encore Mollisol ; Rendoll ; Haplustic Rendoll (si on considère que l’horizon supérieur est un apport sur la croûte).

A. Situation. du profil. Les facteurs du milieu

1. Situation 9 kin à l’E de Meknes, à l’E du douar Ait Ali Moussa.

Carte au 1/50 O00 : Sebaa Aioun (X = 496,2 ; Y = 365,2). Altitude = 580 in. Itinéraire : en venant de Fes, on prend la route P. 34 qui contourne Meknes par le S et on tourn$ vers l’E, par la route 3110, tout de suite après le pont sur la voie ferrée. On suit la route 3110 jusqu’à la première ferme rencon- trée : le profil est à une centaine de mètres plus loin, du côté sud d.e la route.

2. Relief Le profil est situé dans la partie NE du plateau de Meknes,

plateau formé par le calcaire lacustre plio-villafranchien, qui descend en pente douce du SE vers le NW. Le plateau est entaillé par des vallkes parallèles de direction SE-NW. Entre les vallées le relief général est plan ou légèrement ondulé. Le profil se trouve sur le plateau, en bordure rive droite de la petite vallée assez encaissée de l’oued El Aoudj. I1 est situé juste au début de la rupture de pente entre le plateau et la vallée ; la pente descendant vers 1’W passe de 0,5 % à 3 %. 3. Roche-mère et substratum

La roche-mère est difficile à définir, le sol est situé sur la dalle lacustre du- plateau de Meknes qui est formée dans cette région de calcaifes de divers types (que l’on peut voir dans la vallée de l’oued Ouislane, distante de 3 km) : calcaire dur mas- sif, calcaire à rognons, marne. Le tuf calcaire tendre situé à la partie supérieure de la formation calcaire pourrait aussi être un faciès terminal du. lacustre.

4. Climat

AUX dsnnées de la statim de Meknes. P = 574 mm: T = 17”. Pour plus de détails se reporter

194 P. BILLAUX

5. Nappe phréatjque

profil.

6. Végétation naturelle

Très profonde (environ 20 m) et sans influence sur le

a. V é g é t a t i o n a n c i e n n e p r o b a b l e - Matorral à Olea europaea, Pistacia Lentiscus, Chamaerops humtlas - Climax semi-aride

’a. V é g é t a t i o n a c t u e l l e - H g : Echium plantagineum (fossé) - MH : Vaccaria pyramidata, Tr i fo l ium tomentosum, Hypericum tomento-

sum, Bellardia trixago, BupZeurum lancifolium. - M : Chrysanthemum segetum, Ammi majus, Plantago lagopus, P. Co-

ronopus, Anacyclus radiatus, Lol ium rigidum, Koeleria phleoides, Bromus rigidus.

- Ca : Chrysanthemum coronarium, Pallenis spinosa, Scleropa rigida, Pa- paver Rhoeas.

- n, r : Hirschfeldia incana, Hordeum murinum, Scolymus hispanicus, Man- tisalca salmantica, Polygonum aviculare

- ad : Misopathes Orontium, Anagallis arvensis, Herniaria lenticulata, Avena sterilis, Convolvulus altheoides, Silene Cucubalus, Torilis nodosa, Scandix Pecten-Venerix, Sinapis alba.

- Autres espèces : Anchusa azurea, Erygium campestre, Centaurea eripho? T a , Centaurea melitensis, Verbascum sp., Carduncellus pomelianus, Ammoides verticillata, Jasione corymbosa. (Traces d e racines attribuables vraisemblablement au Doum) .

. c. C o m m e n t a i r e s ’ Complexes écologiques à dominance d’espèces assez exigeand tes en eau (méso-hygrophytes) et de calcarophytes (de bonne structure).

7. Erosion 1

, 1

Pas d’6rosion apparente sur le plateau.

8. Drainage Bon.

,

9. Etat de la surface

Pierres en quantité moyenne, formees de quelques gros fragments (15 cm) et de nombreux petits fragments de croûte calcaire remontés probablement par les travaux aratoires,

195

10. Utilisatiofi du sol

Cultures annuelles non irriguées de céréales (blé, orge) et légumineuses (pois chiches). Les travaux du sol sont mécanisés : labour à la charrue à disques; un scarifiage à 30 cm ou un scarifiage profond à 50 cm, suivi d’épierrage, est pratiqué lors- que la croûte e,ct peu prcfonde ; ce sol aurait reçu un scarifiage profond il y a 5 ans.

B. Description du profil O - 15 cm : Texture argilo-limono-sableuse avec une proportion moyen-

ne d‘éléments grossiers (cailloux de 2-5 cm et graviers) composés essentiellement de fragment anguleux de croûte calcaire dure et de petits morceaux plus arrondis de croûte calcaire tendre; on y trouve aussi quelques rares cailloux anguleux de calcaire dur, de rares éclats de silex anguleux êt de très rares grains de quartz sphériques (0,2-0,5 cm) . Couleur brun foncé (7,5 YR 4/2 sec) légèrement rougeâtre (5 UR 3/2-3 humide). CalcaiTe: la terre h e est moyennement calcaire. Peu Izumifère, sans couche organique différenciée. Structure grumeleuse à polyédrique émoussée, moyenne- ment développée à l’état humide, de taille moyenne à fine W0,5 cm) ; à l’état sec il y a une tendance à la formation de grosses mottes irrégulières mais sans fissures larges. Consistance friable à l’état sec et à I’état humide; plasti- cité et adhésivité faibles; les agrégats saturés d’eau ont une bonne stabilité et ne gonflent pas. Porositk d’ensemble forte ; porosité des agrégats moyenne, à pores fins. Racines : chevelu moyennement dense, bien réparti. Granules coproyènes assez nombreux. Limite inférieure brutale et régulière. Cet horizon correspond à la couche labourée; après un an de jachère toutefois, la limite ainsi que la différence de structure avec l’horizon sous-jacent deviennent peu ap- pärentes. On trouve dans cet horizon des lits de paille enfouie pai le labour et en voie de décomposition.

15 - 30-35 cm : Texture argilo-limono-sableuse comme dans l’horizon pré- &dent avec une proportion d‘éléments grossiers un peu plus forte, de même composition. Couleur identique, brun foncé, légèrement rougeâtre. Peu humifère. Moyermement calcaire. Structure grumeleuse Q polyédrique émoussée peu déve- loppée de taille moyenne (5-1 cm). Coiaistance l’état sec plus dure que dans l’horizon pré-

196 P. BILLAUX

cedent; à l'état humide elle est fciable; plasticité et adhésivité faibles ; les agrégats saturés d'eau ne gonflent pas et ont une assez bonne stabilité. Porosité d'ensemble moyenne à pores fins. Chevelu racinaire peu dense, bien réparti. Granules coprogènes assez nombreux. Limite inférieure de l'horizon brutale et légèrement ondu- lée.

30-35 - 40-70 cm : Cet horizon est formé de plusieurs feuillets de croûte calcaire séparés par de minces lits de terre. I1 passe laté-

. ralement à des poches de matériaux terreux surmontées d'un lit de croûte très fragmentée. Ces poches sont décrites plus loin.

1. Caractères des feuillets de croûte Ils sont discontinus. Leur disposition est, soit horizontale, soit un ' peu oblique. Ils sont généralement durs. Leur section montre à la partie supérieure une couche com- pacte et dure (pellicule rubanbe), brun rougeâtre (5 YR 6-5/4) souvent litée de brun gris; à la partie inférieure une couche claire, à litages blancs et brun-rosé p91e, moyennement indurée et finement poreuse. L'épaisseur to- tale d'un feuillet est en général de 2 à 7 cm, la couche dure superficielle ayant une épaisseur variable de l'ordre de 0,5 à 1 cm.

Texture limono-argilo-sableuse avec une assez forte pro- portion de graviers composés essentiellement de concrétions cakaires arrondies ou mamelonnées dont la structure interne est analogue a celle d'une croûte blanche tendre ; on y trouve aussi quelques concrétions calcaires jaune- clair, sphériques, tendres, et de très rares graviers de silex émoussés.

Couleur brun rougeâtre clair (7,5 YR 6/4 sec, 7,5 YR 5/4 humide). Très fortement calcaire avec un peu de pseudomycelium. Slructure continue avec des granules coprogènes assez fiombreux et des cylindres de terre gardant la trace d'an- ciennes racines. Consistance friable et cohésion d'ensemble faible ; plastici- té et adhésivité assez fortes; imbibée d'eau, la terre gonfle et be délite en une boue de microagrégats. Porosité forte à pores fins. Racines: présence de fines racines en faible densité. Limite inférieure de l'horizon brutale et ondulée.

2. Caractères de la terre entre les feuillets

30-35 - 40-70 cm : L'horizon encroûté passe latéralement à des poches de matbriaux terreux contenant des fragments de croûte. Ces poches occupent toute l'épaisseur de l'horizon et sont plus larges que hautes. Elles sont limitées à leur partie supérieure par un lit de croûte très fragmentée,

PROFILS DE SOLS P R ~ S E N T ~ S DANS LE SAPS 197

Texture limono-argilo-sableuse avec une proportion moyen- ne de graviers composés essentiellement de fragments de croute calcaire; on y trouve aussi de rares mor- ceaux de grès rougeâtre et de calcaire dur et de très rares grains de quartz (0,2-0,5 cm) ronds et de silex anguleux. Couleur brime 5 l’état sec (7,5 YR 5/4) et brun-rougeâtre foncé à l’état humide (5 Y E 3/4). Fortement Calcaire. Structure polyédrique fine peu développée. Consistance friable. Colzésion d‘ensemble faible. Porosité apparente forte. I

Granules coprogènes en assez grande quantité. Kenzarque : l’horizon 30-35 à 40-70 cm montre à inter- valles reguliers des discontinuités ou des brisures qui correspondent au passage d’un outil travaillant profondé- ment le soi (probablement un U rooter D). L’horizon sous- jacent a été également pénétré par cet outil et la terre des horizons supérieurs s’y mélange sur une épaisseur de quelques dm.

40-70- 180 + cm: Cet horizon, situé sous la croûte, est un tuf calcaire, tendre à sa partie supérieure mais devenant progressi- vement de plus en plus dur et lité à sa partie inf6rieure.

Texture limoneuse. Couleur: à la partie supérieure le tuf est blanc pur, sauf dalis des poches qui ont une couleur brun très pâle (10 YR 8/2 sec, 10 YR %/4 humide). A la partie inférieure ten dessous de 80 cm), la couleur de fond reste blanche, mais il s’y ajoute un bariolage de taches jaune-pâle (2,5 YR 8/’4-6), arrondies, de 1 à 3 cm de diamètre, et de trainées ferrugineuses rougeâtres (2,5 YR 6/81 diffuses et irrégulières, qui deviennent plus nombreuses en pro- fondeur. Calcaire : l’horizon est très fortement calcaire. I1 renfer- me des concrétions de divers types :

a. A sa partie supérieure il y a des ébauches de feuillets Ide croûte, plats, de petite taille (1-3 cm), angu- leux, disposés horizontalement ; ils sont tendres, finement poreux, de couleur rose pâle; il n’y a pas de discontinuité de structure entre ces ébauches de feuillets et le tuf auquel ils sont intimement liés.

b. A sa partie inférieure, et devenant de plus en plus nombreuses vers le bas, il y a des indurations en morceaux irréguliers, de quelques cm à 1 dm, plus ou - moins lités.

c. Des granules ou nodules arrondis, tendres, de cou- leur jaune clair (diamètre: 0,5 à 2 cm) font visibles surtout en dessous de 80 cm.

d) Les fractions R graviers = et sables grossiers 2

montrent, après séparation du tuf, de petites concrétions

198 P. BILLAUX

tubulaires creuses, de forme cylindrique ou bifides, for- mées autour d’anciennes racines (longueur: 0,5 cm au maximum). Structure continue, ma‘s la partie supérieure est légère- ment feuilletée, et la partie inférieure grossièrement litée. Porosité forte, à pores fins, il y a cependant quelques traus cylindriques grossiers qui correspondent au passage d‘anciennes racines (probablement de Doum). Consistance de la terre fine friable; plasticité faible; adhésivité forte. Imbibé d‘eau le tuf gonfle légèrement et se délite en boue. Racines: il n’y a pas de racines vivantes, sauf dans les poches plus brunes de la partie supérieure de l’horizon. Elkments coprogènes : on en voit seulement quelques-uns dans les poches plus brunes de la partie supérieure,

C. Commentaires SUT le profil i 3

1. Typologie

Ce sol montre trois horizons principaux :

a. un horizon supérieur (0-30 cm) calcaire, un peu organi- que, de couleur brun foncé légèrement rougeâtre ; sa structure est grumeleuse ou polyédrique avec une tendance au tassement ; cet horizon est homogène aussi bien pour la texture que pour les teneurs en matière organique et en calcaire ;

b. Un horizon intermédiaire (30 à 40-70 cm) fortement cal- caire, encroÛt6 ; il présente normalement des feuillets de croûte calcaire, mais ceux-ci font passage latéralement, par endroits, à de larges poches qui contiennent des matériaux terreux mélangés à des fragments de croûte.

c. un horizon inférieur qui est un tuf très fortement cal- caire dans lequel s’individualisent des concrétions calcaires de types divers.

Les autres caractéristiques du sol sont les suivantes :

- La teneur en calcaire est pratiquement constante dans l’horiton supérieur (22 %) , puis elle riugmente brusquement et fortement dans l’horizon encroûté (50 à 70 %) pour atteindre dans le tuf une valeur maximum (90 %) qui reste constante.

- La texture est moyenne et constante dans l’horizon supérieur ; la proportion de sables non calcaires (quartz domi-

PROFILS DE SOLS PRÉSENT~S DANS LE SA% 199

nant) est plus forte que dans les horizons correspondants des profils 13, 14, 15, 16. Par rapport B la fraction non calcaire du sol, le % d’argile reste constant dans l’horizon supérieur (40 %), puis augmente un peu dans l’horizon encroûté et fortement clans le tuf (70 %). - La fraction argileuse contient une forte proportion de

montmorillonite dans tout le profil ; cependant dans l’horizon supérieur cette montmorillonite est mal cristallisée et en partie interstratifiée, tandis que dans le tuf elle est bien cristallisée.

- Le complexe adsorbant est saturé et le Calcium est le cation dominant.

- La teneur en matière organique en surface est assez forte (4 %) ; elle ne varie pas dans tout l’horizon supérieur puis elle diminue brusquement au niveau de l’horizon encroûté (2 % à 40 cm) et continue ensuite à décroître lentement et régulière- ment dans le tuf. Le rapport C/N est compris entre 9 et 12.

- La rubifaction est faible.

- Le rapport fer libre su.r fer total est de 0’50 dans l’horizon supérieur et 0,20 dans le tuf, avec des teneurs respec- tives en fer total (Fe2O3) de 4,5 % et 0,5 %.

2. Classification

Ce sol présente certains des caractères des sols bruns isohu-

- l’augmentation de !a teneur en calcaire en profondeur,

- la présence de pseudo-mycelium calcaire en profondeur,

- la structure polyédrique.

Par contre, la courbe de décroissance de la matière orga- nique en profondeur n’est pas isohumique.

En suivant notre classification de référence nous pouvons classer ce sol de deux façons :

a. Classe des sols isohumiques ; sous-classe subtropicale à climat frais en saison pluvieuse; groupe des sols bruns; sous groupe encroûté ; faciès de sol brun calcaire.

miques subtropicaux :

avec un horizon supérieur qui reste calcaire ;

dans l’horizon d’individualisation du calcaire ;

200 P. EIILLAUX

b. Classe des sols calcomagnésimorphes ; sous-classe rend- zinifxme ; groupe des rendzines à horizons ; sous-groupe des sols bruns calcaires ; fa ille sur ancien sol brun isohumique subtropical encroûté.

3. PédogCnèse

mi

.!!A propos de ce profil, comme pour le profil 13, le problème de la roche-mère a été posé. Le sol s’est-il développé aux dépens du calcaire lacustre, OLI bien faut-il supposer qu’un dépôt argileux est venu recouvrir le calcaire ?

Dans l’état de nos connaissances nous ne pouvons pas don- ner d’argument sérieux en faveur de la deuxième hypothèse. Par ailleurs, rien dans la morphologie, ni dans les caracthres analytiques de ce profil, ne s’oppose vraiment à ce que le sol se soit formé sur le calcaire lacustre. Toutefois, ici, cornme pour le profil 13, l’origine du tuf est mal connue : faciès lacustre, formation pédogénétique liée à un apport de calcaire par les- sivage oblique ?

On peut supposer qu’il y a eu ici, d’abord développement d’un sol de type brun isohumique, avec une décalcarisation par- tielle de la roche-mère, plis, à l’intérieur du sol et à la partie supérieure du tuf, formation de la croûte par le processus indiqué à propos du profil 13.

L’âge de la croûte n’est pas connu, mais son faciès la rap- proche des croûtes datées du Tensiftien dans d’autres régions.

Après la formation de la croûte il s’est produit des phSno- m è m s de remaniement très lents : gonflements, pénétration 1oca:e de terre entre les feuillets, soulèvement de la croûte. Récem- ment, l’action de l’homme par des travaux ‘aratoires profonds, a dû provoquer l’homogénéisation de la teneur en calcaire (et peut- être aussi en matière organique) de l’horizon 0-35 em, ainsi que la remontée d’éléments de croûte vers la surface. C’est ainsi que nous expliquons le faciès brun-calcaire du sol.

Remarquons que le tuf lui-même contient de l’argile gon- flante et qu’il peut, contribuer aux mouvements internes du sol. L’état bien cristallisé de sa montmorillonite montre d’ailleurs que re tuf doit être un1 milieu assez hydromorphe, au moins temporairement; ceci est à mettre en relation avec la présence des trainées rouges, qui indiquent que le fer y subit des rema- niements suivis d’oxydation.

PROFILS DE SOLS PRÉSENTÉS DANS LE SAÏS 201 i

L’origine des grandes poches de matériaux terreux, coiff 6s d’un mince feuillet de croûte discontinue, et contenant des débris de croûte, n’est pas claire.

La forte teneur en matière organique de l’horizon supérieur pourrait être expliquée par la végétation ancienne de << Doum >)

(Palmier nain), d6frichée il y a seulement quelques décades. On en voit la trace dans les pores grossiers, d’origine radiculaire, qui yénètrent le sol jusque dans le tuf.

TABLEAU XXVI

Fes - Meknes - Profil 19 - Résultah d'analyses

Granulométrie de la terre décalcarisée Calcaire __ Granulométrie

% total % T.F. % Fraction non calcaire Profondeurs cm

T.F.

A L STF SF SG %T.F. (1) A L STF SF SG A L STF SF SG

0-5 82

5-15 82

15-25 82

25-35 73

35-53 59

53-65 32

Pellic. Rub. Croûte tendre (2)

70-80 82

80-100 95

120-130 97

32,6 23,8 12,4 22,3 8,9

33,7 22,9 12,9 21,5 9,0

85;4 20,5 12:5 21:3 10,3

32,4 26,8 10:5 21,6 8,7

31,l 31,2 7,7 17,5 12,5

28:2 38,O 10,2 12,3 11,3

18,4 49,9 6,2 10,l 15,4

12,7 60,O 9,0 5,4 12,9

10,s 65,5 6,3 5,8 11,6

20,O 32 32,5 15,5 7,O 20,8 4,2

20,2 33

25,O 36 31,3 9,5 14,5 17,2 2,5

22,4 40 31,O 18,4 6,9 15,8 5,5

52,4 67 15,O 12,4 7,7 11,2 1,3

72,O 84 13,7 4,2 1,3 7,6 1,2

83,3 94,l

89,6 90 7,6 1,4. 1,0 0,3 0,l

88,2 88,2

91,4 91:4

40,7 19,4 8,7 26,O 5,2

41,7 12,7 19,3 23,O 3,3

40,O 23,7 8,s 20,4 7,O

31,5 26,O 16.2 23,5 2,8

49,O 15,O 4,7 27,O 4,3

55,6 8,9 14.6 17,4 3,5 39,4 25,6 12,8 17,8 4,4

73 13 10 3 1

(1) % de calcaire par rapport a la terre totale, en tenant compte des concrétions (2) Pellicule rubanée et crotite tendre dans -l'horizon 30-35 à 40-70 cm.

Eléments totaux (attaque tri-acide) % Fer Fe Profondeurs libre libre

Perte SiO, SiO, Fe au feu Alzo, R,O, % total

Residu Ca0 M,oO K20 Na20 SO2 Alzo, Fe,O, Tio, -. .-----_---r cm

5-15 17,55 37,50 14,70 0,76 0,96 0,17 15J5 8,25 4,50 0,64 3,11 2,31 2,30 0,51

65-80 0,50 0,lO 0,20

Fes - Meknes - Profil 19 - Résu1ta.b d'analyses

pp,

M.O. C N C/N Eau KC1 Sat Ca Mg K Na S T O j o 0

Matière organique % PH Sels Complexe adsorbant méq/100 g Profondeurs totaux Truog

0-5 4,3 2,50 0,224 11,l 8,O 7,l 7,8 0,5

5-15 3,9 2,27 0,238 9,5 8,l 7,2 7,9 1,2

15-25 3,88 2,26 0,217 10,4 8,l 7,2 7,9 0,6

25-35 4,O 2,33 0,210 11.1 8,5 7,2 7,9 0,G

35-53 2,08 1,21 0,133 9,l 8,O 7,3 7,9 0,5

53-65 1,36 0,79 0,084 9,4 8,2 7,4 7,9 0,5 65-80 0,55 0,32 0,028 11,4 8,5 7,7 8,O 0,5

80-100 0,21 0,12 0,010 12 8,6 7,7 8,O 0,3

120-130 0,14 0,08 8,6 7,5 8,l 0,4

24,8 2,4 1,2

23,4 2,O 0,9

23,8 2,8 0,9

23,8 2,4 0,9

14,4 2,O 0,5

8,O 1,2 0,3

3,4 3,6 0,12

4,4 3,O 0,12

0,7

03

0,7

0,8

0,45

0,45

0,45

29,l 29,O OJO

27,l 28,5 0,05

28,2 27,O 0,06

27,9 26,O

17,5 17,O

9,4 11,5

7,5 8,O

7,97 8,O

Limites mécaniques 7% d'eau rm poids Propriétés hydriques Densite % d'eau en poids Densitd Profondeurs

apparente des apparente _ _ mottes sèches au champ L.P. Ad. S.P. S.F. 1/3 atm 15 atm H.E.

cm réelle

5-15 1,50 18 2,75 26,3 30,4 42,3 60,6 26,5 14,9 31,7

15-25 1,62 2,71 29;2 33,4 42,7- : 62,4 26,a 15,l 29,4

53-65 1,32 25,2 14,6 21,l

80-100 1,79 1,39 2,72 28,O 48,4 28,7 399 29,4

TABLEAU XXVIII

Fes - Meknes - Profil 19 - Résultalis d'analyses I

Tamisage à sec (Méthode G. BRYSSINE) Tamisage B

l'eau Profonleurs

cm 3-2 2-1 1-0,5 0,5-0.2 0,2-0,1 < 0,1 Agreg. Gt Gm cm cm cm % % % % % Tä cm Ga " cm cm cm % cm

> 3 cm

%

5-15 O O 7,4 7,4 25,O 15,O 45.0 39,8 0,30 0,64 0,46

15,G 12,4 22,4 12,4 37,4 49,8 0,43 0,75 0,64

20,o 10,o 20,o 10,o 40,O 50,O 0,21 0,35 0,38 15-25 O O

80-100 O O

Stabilité structurale ( S , HENIN)

Profondeurs cm

% d'agrégak > 0;2 mm K

cm/h Is eau alcool benzène

5-15 38,O 17,O 11,4 3,6 8,1

15-25 21,l 41,5 ' 14,l 2,9 11,6

35-53 41,8 62,4 19,6 1,6 11,6

80-100 19,4 21,o 17,5 43 0,8

I PLANCHE V

Horizon supérieur

- Horizon à feuillets de croûte -

Tuf calcaire à concrétions

Profil n" 19

Sol brun isohumique subtropical encroûté (la photo représente un profil situé à 20

mètres du profil no 19) Photo P. BILLAUX

Analyse minéralogique de l'argile Profondeurs cm I C M Interstrat. I( Q Calcite

5-15 ff f F mf ff ? trace ff

80-100 trace ff FF ff trace? O mf

Interstratifiés 5-15 : (M-C) + (C-I) réguliers f irréguliers non séparés

Degré de cristallinité (I, C, M) 5-15 : assez mauvais 80-100 : surtout rM'-C irréguliers.

80-100 : bon, surtout M.

I : Illite C : Chlorite M : Montmorillonite K : Kaolinite Q : Quartz

FF : très fort F : fort m : moyen f : faible ff : très faible

Microflore en novembre 1965 (bactéries / g)

0-5 5-15 15-25 25-35 35-53 53-65 65-80 80-100 120-130

500 500 80 180 180 500

O

O O

1900 O 80 O O o O 0 G

5 O00 500 500

5 O00

500 O O O O

32 O00 500

32 O00 5 O00 1400 1200 500 500 500

300 140 140 140

O O

O O O

I 20,4 22.8 21,8 20,3 16,l 14,8 16,5 14,2 13,l

TABLEAU XXX

Fes - Meknes - ProíYl 13 'à 16 - Résultats ,d'analyses

Oligo-élémerits (analyse semi-quantitative) Profils Prof on- dews

cm Mn Pb Ni - Mo Sn V Li Cu - Zn Ag Co Zr Cr na.

13

--

14

_ _

. 15

16

0-8 0,3

20-35 0,3

80-130 0.3

0-8 0,3

10-30 0,3

70-80 0,3

150-170 0,3

0-10 0,3

10-25 0,3

55-70 o,ö1

0-13 0,3

23-33 0,3

43-53 0,3

0,Ol

< 0,Ol

< 0,Ol

0,Ol

0,Ol

< 0,Ol

< 0,Ol

< 0,Ol

0,Ol

< 0,01?

< 0,Ol

0,Ol

< 0,Ol

0,05

0,05

0,Ol

0,05

0,05

0,05

0,01

0,07

0,07

O

0,07

O J

0 s

< 0,01? < 0,01?

< 0,Ol < 0,01?

o < 0,Ol

< 0,01? < 0,01?

< 0,01? < 0,01?

< 0,01? < 0,01?

< 0,01? < 0,01?

< 0,01?. < 0,01?

< 0,01? < 0,01?

O O

< 0,01? o < 0,01! o < 0,01? . o

0,07

-< 0,07

< 0701

0,07

0,07

0,07

0,07

0,07

0,07

O

0,07

0,07

0,07

O

. o -

O

< 0,01?

O

O

O

< 0,Ol

< 0,Ol

0 -

O

< 0,01?

< 0,01?

O

O

< 0301

- 0.-

< 0,Ol

O

O

< 0,01?

< 0701

< 0,01

< 0,01?

< 0,01?

< 0,011

0,05

0,05

0,Ol

605-

0,05

0,05

0,05

0,05

0,05

O

0.05

0,05

0,05

0,01

0.01

0,01

< 0,01?

< 0,01?

0,01

0,03

0,03

0,01

0

0,03

0,01

< 0,01?

0,5

0,5

. 0,05 .

- 0;5

0,7

0,5

0,5

0,7

0,7

< 0,01?

0,5

0,5

0,5

TABLEAU XXXI

Fes - Meknes - Profil 17 à 19 - Résultats d’analyses

~~~~~ ~~ ~ ~ ~ ~~~~

Oligo-Cléments (analyse semi-quantitative) o/m Profils Profon-

deurs cm Mn Pb Ni Mo Sn V Li Cu Zii Ag Co Zr Cr na

0-10

17 20-30

40-55

0-7

38 . 15-25

70-80

5-15

27-35 19

53-65

65-80

< 0,01? < 0901 < 0,01?

0,Ol

< 0,Ol

0,Ol

Q 0,Ol

Q 0,Ol

< 0301 < 0,01?

O

0,03

< 0,Ol

0,Ol

0,03

0,05

0,03

0,05

O

O

O

O

O

O

O

Q 0,Ol

O

< 0,01?

O

O

O

O O

< 0,01? < 0,01? < 0,Ol

< 0,01? o o O

O

< 0,01? 0,Ol

0,Ol

0,03

0,3

0,05

0,07

O

< 0,01

0

< 0,Ol

O

O

O

0.01

< 0,Ol

Q o p O

O

0,Ol < 0,1? 0,l Q 0,1?

O J O?

o, 1 O J 0,l < 0,l

0,3 0 s

0,3 < 0,1? 0,3 Q 0 , l

0,03 Q 0,1?

0,05 < 0,1?

Q 0,Ol

0,Ol

0,Ol

0,Ol

0,03

O

0,03

O

0,Ol

Q 0,Ol

O 0

0,Ol o < 0,Ol < 0,01?

Q 0,Ol 0,Ol

0,Ol 0,Ol

0,03 < 0.01

0,Ol 0,Ol

0,05 0,03

O 0

O 0