proclamer la foi la nature humaine, fondement de la morale · l’abbé michael j. mcgivney,...

32
Comment les catholiques vivent Section 2: La Nature Humaine, Fondement de la Morale LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE LA SÈRIE LUKE E. HART

Upload: trinhdien

Post on 10-Nov-2018

216 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

122-F 8/09

Comment les catholiques vivent

Section 2: La Nature Humaine,

Fondement de la Morale

LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE LA SÈRIE LUKE E. HARTSERVICE D’INFORMATION CATHOLIQUEEnseignement catholique véritable. Ne se contente pas des simples opinions.

« En faveur des nouvelles générations, les fidèles laïcs ont à apporterune contribution précieuse, plus nécessaire que jamais, par un effortsystématique de catéchèse. Les Pères du Synode ont manifesté leurgratitude pour le travail des catéchistes, reconnaissant qu'ils ont «unetâche de grande valeur dans l'animation des communautésecclésiales». Il va de soi que les parents chrétiens sont les premierscatéchistes, irremplaçables, de leurs enfants (…). Mais nous devons tous,en même temps, être convaincus du «droit» qui est celui de tout baptiséd'être instruit, éduqué, accompagné dans la foi et dans la viechrétienne. »

Jean-Paul II, Christifideles Laici, 34Exhortation apostolique sur la vocation et la mission

des fidèles laïcs dans l’Église et dans le monde.

À propos des Chevaliers de ColombLes Chevaliers de Colomb, organisme de bienfaisance fraternel fondé en1882, à New Haven, au Connecticut, par le vénérable serviteur de Dieul’abbé Michael J. McGivney, constituent l’organisme laïc catholique leplus important du monde entier, puisqu’ils comptent plus de 1,8 millionde membres répartis dans les Amériques, l’Europe et l’Asie. LesChevaliers s’entraident et soutiennent leurs communautés, encontribuant chaque année des millions d’heures de bénévolat à descauses de bienfaisance. Les Chevaliers ont été les premiers à soutenirfinancièrement les familles dont des membres parmi les corps depoliciers et de pompiers ont péri par suite des attentats terroristes du 11septembre 2001, et à collaborer de près avec les évêques catholiquespour protéger la vie humaine innocente et défendre le mariagetraditionnel. Pour en apprendre davantage sur les Chevaliers de Colomb,visiter le site www.kofc.org.

Que vous ayez une question spécifique ou que vous désiriez obtenir desconnaissances plus étendues ou plus profondes sur la foi catholique.Communiquez avec nous en ayant recours à l’un des moyens suivants:

Knights of Columbus, Catholic Information ServicePO Box 1971, New Haven, CT 06521-1971 USA

Téléphone : 203-752-4267Télécopieur : 203-752-4018

[email protected]/informationcatholique

Proclamer la Foiau cours du troisième millénaire

C’est avec affection et reconnaissance que les Chevaliers deColomb dédient cette série à Luke E. Hart, évangélisateurmodèle et Chevalier Suprême de 1953 à 1964.

« La foi est un don de Dieu nous permettant de le connaître et del’aimer. La foi, tout autant que la raison, constitue un moyend’arriver à la connaissance. Toutefois, il n’est pas possible de vivredans la foi, à moins de passer aux actes. Grâce à l’aide de l’EspritSaint, nous arrivons à décider de répondre à la révélation divine etde lui donner suite en vivant notre réponse. »(Édition américaine du Catéchisme catholique, 38. Notre traduction)

Le Service d’information catholiqueDepuis leur fondation, les Chevaliers de Colomb se sont occupésd’évangélisation. En 1948, les Chevaliers ont inauguré le Serviced’information catholique (SIC) afin de mettre des publicationscatholiques à bon marché à la disposition du grand public, d’unepart, mais aussi des paroisses, des écoles, des maisons de retraite,des installations militaires et des maisons de détention, desparlements, de la profession médicale et autres personnes qui enfont la demande. Depuis plus de 60 ans, le SIC a publié et distribuédes millions de brochures et des milliers d’autres individus se sontinscrits à des sessions de formation de catéchèse.

Le SIC offre les services suivants afin de vous aider à mieuxconnaître le Seigneur.

BrochuresCommuniquer avec le SIC afin d’obtenir la liste des brochures et decommander celles qui vous intéressent.

Programme d’étude individuellePar la poste, le SIC offre un programme gradué d’étude individuelle.Grâce à dix leçons méthodiques, vous aurez fait le tour del’enseignement catholique.

Programmes en ligneLe SIC offre deux programmes en ligne. Pour s’y inscrire, visiter lesite www.kofc.org/ciscourses.

Les Chevaliers de Colomb présententLa série Luke E. Hart

Éléments de base de la Foi Catholique

LA NATURE HUMAINE,FONDEMENT DE LA MORALEP A R T I E T R O I S • S E C T I O N D E U X D E L A

C H R É T I E N T É C A T H O L I Q U E

Quelles sont les croyances d’un Catholique?Comment un Catholique prie-t-il?Comment un Catholique vit-il?

Selon leCatéchisme de l’Église Catholique

parPeter Kreeft

Collection dirigée parla père Juan-Diego Brunetta, O.P.

Directeur du Service d’information catholiqueConseil Suprême des Chevaliers de Colomb

Nihil obstatLe père Alfred McBride, O.Praem.

ImprimaturLe Cardinal Bernard Law19 décembre 2000

Le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont des déclarations officielles qu’un livre ou un dépliant estlibre d’erreurs doctrinales ou morales. Ces déclarations ne sous-entendent pas que les personnesqui ont accordé le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont en accord avec le contenu, les opinions ou lesdéclarations exprimés.

Copyright © 2009 par le Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb. Tous droits réservés.

Extraits du Catéchisme de l’Église Catholique, édition définitive, © Texte typique latin, LibreriaEditrice Vaticana, Citta del Vaticano, 1997. Pour utilisation au Canada, copyright © ConcacanInc., 1998. Tous droits réservés. Reproduit avec la permission de la Conférence des évêquescatholiques du Canada. Pour obtenir le texte complet, visitez : www.editionscecc.ca

Les citations de l’Écriture sainte sont extraites de la version La Bible, traduction officielle de laliturgie, tel que présentée sur le site Internet Bible de la Liturgie, Copyright AELF - Paris -1980 - Tous droits réservés.

Les extraits en langue latine et en langue anglaise du Droit Canon sont utilisés ici avec l'accordde l'éditeur © 1983 Société de droit canon d’Amérique, Washington D.C.

Des citations tirées de documents officiels de l’Église, de Neuner, Josef, SJ et Dupuis, Jacques,SJ., éditeurs : The Christian Faith : Doctrinal Documents of the Catholic Church, 5e édition (NewYork : Alba House, 1993) Utilisation autorisée.

Avec l’autorisation de l’éditeur, tous droits réservés, nous avons utilisé des extraits du VaticanCouncil II : The Conciliar and Post-Conciliar Document Revised Edition, édité par Austin FlanneryOP, copyright © 1992, Costello Publishing Company, Inc., Northport, NY. Ces extraits, entout ou partie, ne sauraient être reproduits, ni stockés dans un système de gestiond’information, ni retransmis sous quelque forme ni par quelque moyen que ce soit, électronique,mécanique, photographique, magnétique, numérique ou tout autre, sans l'autorisation explicitede la Costello Publishing Company.

Couverture : Schwind, Mortiz von (1804-1871) Lunette dans le foyer de l'opéra d'état deVienne: “Le Creation" par Joseph Haydn. Endroit: State Opera, Vienna, Austria. Crédit dephoto: Erich Lessing/Art Resource, New York.

Toute représentation, transmission ou reproduction intégrale ou partielle de ce livre, sousquelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photographique,magnétique, numérique ou tout autre, sans l’autorisation écrite de l’éditeur, est strictementinterdite. Communiquer par écrit avec :

Knights of Columbus Supreme CouncilCatholic Information Service

PO Box 1971New Haven, CT 06521-1971 USA

www.kofc.org/[email protected]

Téléphone : 203-752-4267Télécopieur : 203-752-4018

Imprimé aux États-Unis d’Amérique

U N MO T S U R C E T T E S É R I ECe livret en est un d’une série de 30 livrets qui offrent une

expression familière des principaux éléments du Catéchisme del’Église Catholique. Le pape Jean-Paul II, sous l’autorité duquel leCatéchisme fut d’abord publié en 1992, exprima le désir que detelles versions soient publiées afin que chaque peuple et chaqueculture puissent s’approprier son contenu comme le leur.

Ces livrets ne remplacent pas le Catéchisme, mais sontofferts seulement dans l’esprit de rendre son contenu plusaccessible. La série est à certains moments poétique, familière,enjouée et imaginative; en tout temps, elle s’efforce d’être fidèleà la foi.

Le Service d’information catholique recommande de lirechaque mois au moins un livret de la série Hart afin d’obtenir unecompréhension plus profonde, plus mature de la Foi.

TRO I S I ÈME PART I E : COMMENT L E SC ATHOL IQUE S V I V ENT (MORA L I T É )

SECTION 2: LA NATURE HUMAINE,

FONDEMENT DE LA MORALE1. La nature humaine est le fondement de la morale

Deux conceptions très différentes du fondement de lamorale ont cours dans le monde d’aujourd'hui. La conceptionmoderne typique est que les lois morales sont des règles d’originehumaine comme les lois d’un sport tel que le tennis, que lavolonté humaine a établies et peut donc changer également. Parcontre, l’idée traditionnelle, enseignée non seulement par l’Églisecatholique mais aussi par toutes les grandes religions du mondeet presque toutes les philosophies prémodernes, est que les loismorales ne sont pas des règles que nous établissons mais desprincipes que nous découvrons, comme les lois d’une science telleque l’anatomie : elles sont fondées sur la nature humaine, laquelleest essentiellement immuable, et les lois morales sont donc, ellesaussi, essentiellement immuables, comme les lois de l’anatomie.De même que notre nature anatomique nous oblige à mangercertains aliments et à respirer de l’oxygène pour que notre corpssoit en santé, notre nature morale rend certaines vertusnécessaires à la santé de notre âme. Il y a des principes universels,fondés sur la nature humaine, qui régissent la santé physique, lasanté mentale, et la santé morale également.

-5-

Puisque notre nature humaine est composée d’un corps etd’une âme et dotée des puissances de l’intelligence, de la volontéet des sentiments, et puisqu’il nous est naturel d’aimer le bienmais aussi d’être tentés par le mal, il nous est donc nécessaire decultiver des vertus comme la maîtrise de soi, la sagesse, le courageet l’honnêteté. La morale catholique suit les philosophes grecsclassiques Socrate, Platon et Aristote en déduisant les principesmoraux essentiels de la nature humaine immuable et de sesbesoins réels et objectifs plutôt que des sentiments et désirsindividuels subjectifs et changeants. Ses principes essentiels sontdonc 1) universels (les mêmes pour tous), 2) objectifs (découvertset non inventés, réels et non seulement dans l’esprit) et 3)immuables.

2. Sens de la loi naturelleUne telle morale est souvent appelée morale « de loi

naturelle ». Cette expression veut dire deux choses : 1) que leslois morales sont fondées sur la nature humaine et en découlent;2) qu’elles sont naturellement et instinctivement connues parla raison humaine. (Le mot « raison » veut dire plus que« raisonnement »; il inclut la conscience intuitive de notreobligation de faire le bien et d’éviter le mal et du sens des mots bienet mal.)

1) Les lois morales sont fondées sur la nature humaine.Autrement dit, ce que nous devons faire est fondé sur ceque nous sommes. « Tu ne tueras point », par exemple,est un précepte fondé sur la valeur réelle de la viehumaine et le besoin de la préserver. « Tu ne commettraspas l’adultère » est un précepte fondé sur la valeur réelledu mariage et de la famille, sur la valeur de l’amour etdu don de soi mutuels et sur le besoin de confiance et destabilité des enfants.

-6-

2) De plus, la loi naturelle est connue naturellement, par laraison humaine naturelle et par l’expérience. Nousn’avons pas besoin de la foi religieuse ni d’une révélationdivine surnaturelle pour savoir que nous avonsl’obligation morale de choisir le bien et d’éviter le mal,ni pour connaître le sens des mots bien et mal. Toutes lescultures dans l’histoire ont eu une version quelconquedes Dix Commandements. Aucune culture dansl’histoire n’a pensé que l’amour, la bienveillance, lajustice, l’honnêteté, le courage, la sagesse ou la maîtrisede soi étaient mauvais, ni que la haine, la cruauté,l’injustice, la malhonnêteté, la lâcheté, la folie ou latoxicomanie incontrôlée étaient bonnes. Au sujet despaïens, saint Paul déclare : « Ils montrent ainsi que lafaçon d’agir ordonnée par la Loi est inscrite dans leurcœur, et leur conscience en témoigne » (Romains 2, 15).L’expression « loi naturelle » est parfois mal comprise.« Cette loi est dite naturelle non pas en référence à lanature des êtres irrationnels [c'est-à-dire les animaux; cen’est pas une loi biologique], mais parce que la raisonqui l’édicte appartient en propre à la nature humaine »(CÉC 1955). Ainsi, l’Église enseigne que lacontraception artificielle est contraire à la loi naturelle,non parce qu’elle constitue une intervention humainerationnelle plutôt qu’un processus biologiqueirrationnel, mais parce qu’elle est contraire à la raisondroite. Elle viole l’intégrité de la nature humaine endissociant les deux aspects, naturellement unis, del’essence de l’acte sexuel, l’aspect unitif et l’aspectprocréatif, c'est-à-dire l’intimité personnelle et lareproduction. Il en va de même pour les bébés-éprouvette.

-7-

3. Caractéristiques de la loi naturelle1) « Présente dans le cœur de chaque homme et établie parla raison, la loi naturelle est universelle en ses préceptes etson autorité s’étend à tous les hommes. » (CÉC 1956)Elle n’est pas universellement obéie, ni mêmeuniversellement admise, mais elle est universellementcontraignante et normative.

2) « Même si l’on renie jusqu’à ses principes, on ne peut pasla détruire ni l’enlever du cœur de l’homme. Toujourselle resurgit dans la vie des individus et des sociétés »(CÉC 1958).

3) « La loi naturelle est immuable2 et permanente à traversles variations de l’histoire » (CÉC 1958), car elle estfondée sur la nature humaine essentielle créée par Dieu,qui ne change pas selon les temps et les lieux, plutôt quesur des faits nouveaux accidentels de fabricationhumaine, qui sont changeants.

4) Étant donné que l’essence de l’homme ne change pasmais que ses caractères accidentels (les circonstances etles situations) changent, « [l]’application de la loinaturelle varie beaucoup » (CÉC 1957). Par exemple, lapeine de mort peut être moralement nécessaire dans unesociété primitive, mais inutilement barbare dans unesociété où les lois et les prisons sont sécuritaires, et lesrestrictions morales visant la guerre aujourd'hui, étantdonné les armes de destruction massive, doivent êtrebeaucoup plus strictes que celles du passé.

5) « Elle procure […] la base nécessaire à la loi civile »(CÉC 1959), car la loi civile interdit des actes comme leviol, la torture et l’esclavage parce qu’ils sont

-8-

*CÉC = Catéchisme de l’Église Catholique

moralement mauvais et nuisent à la santé et àl’épanouissement de la nature humaine. Sans la loinaturelle comme fondement des lois civiles, celles-cisont fondées sur le pouvoir, qu’il soit collectif ouindividuel. Le slogan de la Révolution française, « lavoix du peuple est la voix de Dieu », est tout aussiidolâtre, et s’est montré tout aussi totalitaire, que le «droit divin des rois » qu’il a remplacé.

4. Comment une morale « de loi naturelle » est-elle chrétienne?Puisque la nature humaine trouve sa perfection et son sens

ultime dans le Christ, l’unique homme parfait, et puisque lamorale est fondée sur la nature humaine, la morale trouve saperfection et son sens ultime dans le Christ. « La loi moraletrouve dans le Christ sa plénitude […]. Jésus-Christ est enpersonne le chemin de la perfection. » (CÉC 1953) La fin ultimede toute la morale est de ressembler au Christ et de pouvoir dire,avec saint Paul : « pour moi, vivre c’est le Christ » (Philippiens1, 21, la meilleure façon possible de définir en un mot ce qu’estune bonne vie).

Comme le reste de cette série, le présent livret, lui aussi,porte entièrement sur le Christ. Il est centré davantage sur sanature humaine que sur sa nature divine, même s’il reconnaît quele Christ Lui-même est un. Dans le Christ, les deux natures sontunies, sans confusion, dans sa Personne unique.

5. Les quatre genres de loiLa tradition catholique, à la suite de saint Thomas d’Aquin,

distingue quatre genres de loi.1) Les lois humaines sont des lois établies par les collectivitéshumaines et peuvent donc être changées ou révoquéespar les hommes. Beaucoup d’entre elles sont desconventions sans bonté ni malice morale intrinsèque, par

-9-

exemple les règles de la circulation, mais beaucoup aussisont fondées sur la loi morale, si ce sont de bonnes loiscomme l’obligation de payer exactement ses dettes, ouviolent la loi morale si ce sont de mauvaises lois, commeles lois qui dépouillent les Juifs (Allemagne nazie), lesesclaves noirs (États-Unis, affaire Dred Scott) ou lesenfants à naître (États-Unis, Roe c. Wade) de leurs droitshumains fondamentaux.

2) La loi naturelle, comme nous l’avons vu, devrait être lefondement des lois humaines (civiles). C’est la loi de lanature humaine.

3) La loi naturelle est elle-même « la participation del’homme à la loi éternelle ». Celle-ci s’enracine dans lecaractère moral de Dieu, raison ultime de notre obligationmorale : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, jesuis saint. » Cette formule revient à maintes reprises dansl’Écriture (par exemple, Lévitique 19, 2).La loi naturelle évoque la loi éternelle; elle est une fortepreuve de l’existence de Dieu. « “[C]ette prescription dela raison humaine [la loi naturelle] ne saurait avoir forcede loi, si elle n’était la voix et l’interprète d’une raisonplus haute [la loi éternelle] à laquelle notre esprit etnotre liberté doivent être soumis.” » 2 (CÉC 1954)

4) La loi divine est la loi révélée surnaturellement par Dieu,soit pour tous (les Dix Commandements), soit pour unpeuple (les anciennes lois liturgiques d’Israël), soit pourune personne (un commandement à l’un de sesprophètes). La loi éternelle dérive de la nature ou ducaractère éternel de Dieu même; une loi divine est lechoix de Dieu d’intervenir à un certain moment pourrévéler un commandement ou conclure une alliance.

-10-

Le Catéchisme résume comme suit les quatre genres de loi :« Les expressions de la loi morale sont diverses, et elles sonttoutes coordonnées entre elles : la loi éternelle, source enDieu de toutes les lois [no 3 ci-dessus]; la loi naturelle[no 2]; la loi révélée comprenant la Loi ancienne et la Loinouvelle ou évangélique [no 4]; enfin les lois civiles ouecclésiastiques [no 1]. » (CÉC 1952)Le sommaire ci-dessus ajoute, à l’intérieur de la loi divinerévélée, l’importante distinction entre la Loi ancienne(Ancien Testament) et la Loi nouvelle (Nouveau Testament).Les deux ont des buts différents. « [L]a Loi [ancienne]sainte2, spirituelle3 et bonne4 est encore imparfaite. Commeun pédagogue5 elle montre ce qu’il faut faire, mais ne donnepas de soi la force, la grâce de l’Esprit pour l’accomplir. Acause du péché qu’elle ne peut enlever [seul le Christ peutle faire], elle reste une loi de servitude. Selon S. Paul, elle anotamment pour fonction de dénoncer et de manifester lepéché »6 (CÉC 1963), comme une radiographie, pour nousconduire au chirurgien, le Christ.

6. La morale est une scienceLa morale n’est évidemment pas une science empirique (le

bien et le mal n’ont ni forme ni couleur), ni une sciencemathématique, mais elle est une science au sens plus large et plusancien du terme.

1) Elle est un ensemble de connaissances organisé par laraison.

2) Comme toutes les sciences, elle consiste en des loisuniverselles. En morale, les lois ne définissent pascomment les choses se passent réellement, comme enphysique, mais comment les gens devraient réellementagir.

-11-

3) Elle porte sur des réalités objectives et non sur desopinions ou des sentiments subjectifs. (Remarquer lemot « réellement » au paragraphe précédent; ilcaractérise les deux genres de sciences.)

4) Elle s’appuie sur un donné, qui est la nature humaine.5) Elle peut être découverte par la raison humainenaturelle.

7. Relation entre la morale comme science de raison naturelle et la moralecatholique divinement révélée

1) La révélation divine, dans la religion catholique, inclutla morale naturellement connaissable, nous la rappelle, laformule, la clarifie, la défend et lui donne la sanctiondivine.

2) En plus, elle la raffine et l’approfondit. La révélation divinenous en apprend davantage sur la morale que ce que nousconnaissons par la seule raison.

3) Mais cette connaissance surnaturelle ne contredit jamais lamorale que nous connaissons par notre raison naturelle,puisqu’elle vient de la même source, du même Maître,Dieu, qui est la Vérité. La Vérité ne contredit jamais lavérité. Et Dieu ne se contredit jamais Lui-même,quoiqu’Il renforce ses exigences et ses attentes à mesureque ses enfants grandissent, comme le font de bonsparents humains.

8. La morale et la place de l’homme dans l’universLa nature humaine n’est pas isolée. L’homme se définit par

sa place dans l’ordre créé, dans la hiérarchie cosmique. Il est aupalier le plus élevé du monde visible et matériel, qui inclut lesminéraux, les végétaux et les animaux, ses inférieurs; il est aussi

-12-

au palier le plus bas du monde invisible et spirituel, qui inclut lesanges (purs esprits créés), ses supérieurs.

Puisque l’homme n’est ni un ange ni un animal, la loimorale n’est pas la même pour l’homme que pour les anges ou lesanimaux. Les anges n’ont pas de corps et ne sont donc pas tentéspar des choses comme la luxure, l’avarice ou la gourmandise.Aucune loi morale ne s’applique aux animaux, qui n’ont pas deraison consciente, de volonté libre ni de conscience. La moralecatholique tient compte de ces deux aspects de l’homme : ellen’est ni angéliste (en ignorant notre animalité), ni animaliste (enignorant notre caractère spirituel et rationnel).

9. L’origine de l’homme comme fondement de la morale catholique La morale porte sur les personnes humaines dans leurs

relations avec les autres personnes humaines, avec eux-mêmes etavec Dieu. La nature et la dignité des personnes humaines sontdonc un fondement essentiel de la morale. Si les personneshumaines n’étaient que des animaux, la morale serait impossibleet inutile.

Alors, quel est le fondement de la dignité de la personnehumaine? Ce fondement est-il quelque chose d’incertain, dechangeant et de faillible, comme l’État, le consensus populaire oules opinions, les sentiments et les désirs de chacun?

Non. « La dignité de la personne humaine s’enracine dans sacréation à l’image et à la ressemblance de Dieu » (CÉC 1700);c’est l’une des phrases les plus importantes du Catéchisme. Ce faitest le fondement réel de la morale naturelle. Il est aussi lefondement ultime de l’ordre social et politique, car la loi humaine(les lois sociales et politiques) repose sur la loi naturelle (la loimorale), qui repose elle-même sur la loi éternelle. Nousinterdisons des actes parce qu’ils sont mauvais, et ils sont mauvais

-13-

par leur nature, en fin de compte, parce que cette nature estopposée à la nature et au caractère de Dieu.

Toutefois, tous n’ont pas besoin de connaître explicitementce fondement ultime ou d’y croire avant de pouvoir agir de façonmorale; même les athées peuvent respecter les personnes commefins en soi et obéir à leur conscience.

10. La destinée de l’homme comme fondement de la moraleUn deuxième fondement de la dignité de l’homme, et donc

de la morale, est la fin ultime de l’homme. « La dignité de lapersonne humaine […] s’accomplit dans sa vocation à labéatitude divine » (CÉC 1700).

Puisque la fin de l’homme est la participation à la béatitudemême de Dieu, l’homme est un grand et saint mystère et non unobjet à utiliser. « [L]a personne humaine est “la seule créature surterre que Dieu a voulue pour elle-même” »3 (CÉC 1703). Nousdevons en faire autant, en aimant les personnes pour elles-mêmessans les utiliser en vue d’autre chose : autrement dit, aimer lespersonnes comme des fins et utiliser les choses comme des moyens, aulieu d’utiliser les personnes comme des moyens et d’aimer leschoses comme des fins. Cette règle s’enracine dans le fait queDieu a créé l’homme pour être une fin, comme Lui-même, ettoutes les autres choses comme des moyens pour l’homme (1Corinthiens 3, 22-23).

Ce fait religieux entraîne de profondes conséquences profanes.Par exemple :

l) Nous avons la responsabilité de bien prendre soin de laterre, de l’environnement et de l’écologie, non pour eux-mêmes mais pour le bien de l’humanité et pour unemeilleure vie humaine sur la terre. Les choses matériellessont des moyens et non des fins; les personnes sont desfins et non des moyens. Le monde matériel est précieux,

-14-

non comme une fin en soi mais comme un moyen pour lebien des personnes. Le bien des personnes ne doit jamaisêtre sacrifié pour le bien de l’environnement naturel.

2) Il ne faut pas faire de tort aux humains en les utilisantcomme cobayes d’expériences scientifiques, si importantque puisse être l’objectif de ces expériences.

3) Les politiciens et les entreprises doivent reconnaître quela suprême raison d’être de l’économie n’est pas lepouvoir ni le profit, mais le bien-être des gens. Il fautjuger les politiques économiques par cette normequalitative et non seulement par la norme d’efficacitéquantitative.

11. L’homme est-il bon ou mauvais?La morale de l’homme dépend aussi du fait que l’homme est

créé par Dieu à son image, et qu’il est donc très bon, mais il estaussi, en même temps, une créature déchue et pécheresse. Il estcapable de raison et de vertu, mais il est souvent déraisonnable etméchant. La morale catholique ne méconnaît pas ce double aspectde l’homme et n’est ni pessimiste, en niant notre bontéintrinsèque, ni optimiste en niant notre capacité d’être mauvais.

Si l’homme était seulement bon, il n’y aurait pas de péché,de culpabilité, de repentir ni de punition, et la morale seraitseulement amour et estime de soi. Si l’homme était totalementmauvais, la morale ne pourrait être que légaliste : elle serait unecontrainte extérieure, fondée sur la crainte du châtiment, quinous forcerait à agir contrairement à notre nature et à nosinstincts mauvais. La morale est à la fois un soutien à nos bonsinstincts et une menace à notre tendance au mal, et elle s’adresseautant à notre amour du bien qu’à notre crainte du mal. C’est lamorale du bon sens et de la foi catholique.

-15-

L’homme est très bon en son être, en sa nature essentielle. Ilest ce qu’il y a de plus précieux dans l’univers, car l’homme estcréature de Dieu et enfant de Dieu.

Mais l’homme est déchu de l’innocence originelle (sans êtredéchu de la bonté ontologique, la bonté de son être même),victime du péché originel, de l’égoïsme instinctif. La vie estdésormais une guerre spirituelle entre le bien et le mal, tous deuxprésents en chacun de nous. (« Il y a un peu de bien dans les piresd’entre nous et un peu de mal dans les meilleurs d’entre nous. »)Les meilleurs d’entre nous, les saints, sont les plus honnêtes et lesplus lucides sur leur propre malice. « Il n’y a que deux sortesd’hommes : les uns justes, qui se croient pécheurs; les autrespécheurs, qui se croient justes. » (Pascal) De même, selon Socrate,il y a deux sortes de gens : les fous, qui se croient sages, et lessages, qui savent qu’ils sont fous.

« “C’est en lui-même que l’homme est divisé. Voici quetoute la vie des hommes, individuelle et collective, se manifestecomme une lutte, combien dramatique, entre le bien et le mal,entre la lumière et les ténèbres.” »8 (CÉC 1707)

12. L’homme en tant que spirituelVoilà la différence la plus évidente et la plus radicale entre la

morale catholique et la morale de la société moderne séculariséeque l’Église doit affronter aujourd'hui. Pour la morale catholique,comme pour toutes les religions du monde, l’homme est un êtrespirituel doté d’une âme. Il n’est pas seulement un singe savant,un organisme uniquement biologique. La personne est « [d]otéed’une âme “spirituelle et immortelle” »2 (CÉC 1703).

Les conséquences morales de ce fait sont évidentes : il faut,en un mot, « être ce que nous sommes ». Nous agissons d’après ceque nous croyons être. Si nous croyons être des singes, nousagirons comme des singes. Nous singeons les singes que nous

-16-

croyons être. Si par contre nous croyons être les enfants bien-aimésd’un Dieu pur et saint, nous agirons comme les enfants du Roi.

Les conséquences sociales sont également radicales. Pourcommencer, si nous sommes immortels, chaque personne estéternellement précieuse, plus que toute nation terrestretemporelle. La conception profane de l’homme, par contre, n’offreaucune garantie contre le totalitarisme : si nous ne sommes pasdes esprits immortels mais seulement des animaux mortels,quelle est l’importance d’un seul animal qui vit un siècle,comparativement à une nation formée de millions d’individus,qui vit pendant bien des siècles? Mais si nous sommes des esprits,chaque personne est immortelle. Longtemps après la disparitionde toutes les nations, des races, des étoiles et des galaxies, chacund’entre nous continuera d’exister.

13. Le corps humain, partie de la dignité de l’homme et de l’image de DieuBeaucoup de philosophes, anciens et modernes, voient une

profonde coupure entre notre corps et notre âme, ne trouvant lagloire, la grandeur et l’image de Dieu que dans l’âme (parexemple, le platonisme dans la philosophie antique, legnosticisme au début de l’ère chrétienne, le cartésianisme audébut de la philosophie moderne et le mouvement du NouvelÂge aujourd'hui).

Pourtant :1) Dieu a délibérément façonné notre corps. Celui-ci n’estpas un accident ni une erreur. Dieu a voulu que notreâme soit la vie de notre corps. Le corps n’est pas uneprison, ni une chambre d’hôtel, ni même une maisonpour notre âme. Nous ne sommes pas destinés à être depurs esprits comme les anges, et nous ne sommes paspurement des corps comme les animaux. Notre corps faitpartie de nous tout autant que notre âme. Nous ne

-17-

pouvons pas nous déshabiller de notre corps comme denos vêtements; il fait partie de notre nature humaineessentielle.

2) Aucun temple du monde n’est plus saint que le corpshumain, car Dieu s’est incarné Lui-même dans unenature humaine, dotée d’un corps et d’une âme, dans leChrist, et Dieu possède ce corps humain pour toujours.L’Ascension n’a pas défait l’Incarnation.

3) Notre corps a participé à la chute de notre âme dans lepéché, subissant la mort comme punition. Il participeraaussi à la rédemption de notre âme en ressuscitant. Dieuressuscitera notre corps comme Il a ressuscité celui duChrist. Nous aurons un corps pour toujours.Le Catéchisme voit l’image de Dieu non seulement dansl’âme spirituelle, rationnelle et immortelle, mais aussidans le corps : « Le corps de l’homme participe à la dignitéde l’“image de Dieu” : il est corps humain précisémentparce qu’il est animé par l’âme spirituelle, et c’est lapersonne humaine tout entière qui est destinée à devenir,dans le Corps du Christ, le Temple de l’Esprit »3 (CÉC364).Les conséquences morales sont choquantes pour bien desgens aujourd'hui : une bonne intention spirituelle(l’amour et la sincérité) ne suffit pas. Par exemple, ladifférence entre une sexualité moralement bonne oumoralement mauvaise réside non seulement dans lesattitudes spirituelles, mais aussi dans les faits matériels :il ne s’agit pas seulement de savoir quels sont les motifsou les sentiments de nos âmes, mais quels sont les corpsqui s’unissent. Les relations sexuelles avec toute autrepersonne que le conjoint sont mauvaises. Il en va de

-18-

motif spirituel est la compassion, l’acte physique est unmeurtre.Chaque fois qu’il est question d’une réalité objective, lesintentions subjectivement bonnes ne suffisent pas.Suffisent-elles quand c’est votre dentiste? Ou votreconseiller financier? Alors, si on dit qu’elles suffisent enmorale, on dit que la morale n’a rien à voir avec la réalitéobjective.

14. Aperçu du fondement de la morale catholique dans la réalitéLa morale catholique est fondée sur la vérité de Dieu. Les

principes de base de la morale découlent de la réalité donnée parDieu, et c’est de là que vient la raison d’appeler certaines chosesbonnes et d’autres mauvaises :

1) Puisque le Créateur n’est pas une créature et qu’aucunecréature n’est le Créateur, nous ne devons adorer aucunecréature comme notre fin, ni essayer d’utiliser leCréateur comme un moyen.

2) Puisque l’esprit est plus grand que la matière, nous nedevrions pas accorder aux choses matérielles commel’argent un plus grand prix qu’aux choses spirituellescomme la sagesse et la vertu. Pourtant, la matière estcréée par Dieu, et elle est bonne. Notre but n’est pas denous « libérer » de la matière, mais de bien l’utiliser.

3) Puisque l’homme n’est pas seulement un animal maisqu’il a une âme raisonnable, on ne doit pas le traitercomme un animal, soit en le forçant à travailler commeun esclave, soit en l’euthanasiant. Puisque les animauxne sont pas des personnes, on ne devrait pas les aimercomme des personnes, mais comme des animaux : onpeut s’en servir comme animaux familiers ou pour se

-19-

vêtir, et même pour se nourrir, mais on ne peut pas seservir d’une personne ainsi.

4) Puisque l’âme est plus que le corps, le corps devraitservir l’âme. Le corps ne devrait pas être servi comme unseigneur, mais il devrait être respecté comme une chosebonne.

5) Puisque l’esprit, comme un miroir, reçoit la lumière dela vérité (tant par la foi que par la raison naturelle), nousdevrions suivre ses directions comme un capitaine suitson navigateur.

6) Puisque la volonté est le capitaine de l’âme, elle devraitdiriger les émotions en étant guidée par la raison.

7) Puisque la volonté est libre, elle est responsable.8) Puisque les émotions sont la matière première del’œuvre de la volonté guidée par la raison, on ne devraitni servir ses émotions ni les éviter, mais les former,comme une œuvre d’art.Chaque devoir est fondé sur une réalité.

15. Importance morale de l’esprit« Par sa raison, l’homme reconnaît la voix de Dieu qui le

presse “d’accomplir le bien et d’éviter le mal” (12). Chacun est tenude suivre cette loi qui résonne dans sa conscience » (CÉC 1706).

Dans la morale catholique, la bonté morale ne peut pas êtredissociée de la vérité et de la puissance de l’âme par laquelle nousconnaissons la vérité, à savoir l’esprit ou la raison. (La raison ausens traditionnel est plus que la simple capacité de raisonnerlogiquement ou de calculer; elle est aussi la capacité de comprendrela vraie nature des choses. Elle n’est pas seulement le « quotientintellectuel ».)

La morale typiquement moderne ne parle pas des vertusintellectuelles parce qu’elle sous-estime généralement l’importance

-20-

morale de l’esprit, de l’intelligence ou de la raison. En moralecatholique, par contre, il existe des vertus intellectuelles (vertus del’esprit), qui sont nécessairement liées aux vertus morales (vertusde la volonté). La plus importante d’entre elles est la prudence, oula sagesse pratique.

Les vertus de l’esprit et celles de la volonté s’aidentmutuellement à grandir : la sagesse nous rend plus charitables etla charité nous rend plus sages. Les vices de l’esprit et ceux de lavolonté se renforcent également entre eux : l’idiotie nous rendégoïstes, et l’égoïsme nous rend idiots.

La condition préalable à toutes les vertus morales est lavertu fondamentale d’honnêteté, ou de sincérité, ou le vouloir dela vérité, le refus de tromper ou d’être trompé, l’amour absolu dela lumière et non des ténèbres. La vérité, comme l’amour, est unabsolu, car elle est ce que Dieu est (Jean 14, 6), elle est unattribut éternel et infini de Dieu.

Les péchés de l’intelligence peuvent être aussi graves queceux de la volonté. Le Christ a dénoncé la malhonnêteté plusvigoureusement que tout autre péché quand Il l’a trouvée chez lesPharisiens.

16. La conscienceLa conscience est au bien et au mal ce que la vue est à la

couleur : elle est la puissance de l’âme qui nous éveille à ladimension morale de la vie, à la bonté ou à la malice des acteshumains.

L’importance morale de l’esprit est évidente une fois qu’on acompris que la conscience est une puissance intellectuelle. Elleest essentiellement une capacité de connaître et non de sentir(bien qu’un sentiment y soit généralement associé). Savoir qu’unacte est moralement obligatoire, moralement interdit ou ni l’unni l’autre n’est pas la même chose que le sentir. Notre

-21-

connaissance ou conscience morale s’accompagne parfois desentiment, parfois pas. Par exemple, nous savons parfois que noussommes coupables d’un acte mauvais mais nous ne nous sentonspas coupables, comme il nous arrive parfois de savoir qu’unechose, une personne ou une action est réellement belle sans noussentir subjectivement attirés, ou de savoir qu’elle est laide sanssentir de répugnance.

Des sentiments droits sont une aide puissante à laconscience. Il nous est beaucoup plus facile de devenir des saintssi nous nous sentons attirés par la vie de sainteté que si nous enavons peur. Mais la conscience elle-même est essentiellement unpouvoir de connaître. Elle est une perception intuitive ouimmédiate du bien et du mal ainsi que le pouvoir d’appliquercette norme aux actions en portant sur elles un jugement devaleur par un raisonnement moral. Elle inclut donc lacompréhension, le jugement et le raisonnement, les trois actes del’esprit. La connaissance est au cœur d’une vraie morale; la vraiemorale suppose qu’on vit dans la vérité, dans la réalité; la vraiesainteté est la vraie santé d’esprit.

17. La volontéSi l’intelligence est le navigateur de l’âme, la volonté en est

le capitaine. Un sage capitaine écoute son navigateur, mais c’estlui le maître à bord, le suprême responsable du navire.

La volonté humaine est responsable parce qu’elle est libre.Nous avons une volonté libre, un libre choix. « En vertu de sonâme et de ses puissances spirituelles d’intelligence et de volontél’homme est doté de liberté, “signe privilégié de l’image divine” »5

(CÉC 1705). Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pasinfluencés, ou conditionnés, par de nombreux facteurs qui nousviennent, mais nos choix viennent de nous; nous ne sommes pasque des maillons passifs dans un enchaînement de causes.

-22-

La volonté est près du cœur de la personne, ou du « moi ».Quand nous disons : « je te promets » ou « je choisis (ou refuse)de le faire », nous engageons tout notre « moi » dans ce que nouspromettons ou faisons. C’est par la volonté, le pouvoir de choixlibre et personnel, que nous le faisons. Notre volonté libre nousrend moralement responsables.

Tout comme l’intelligence et la conscience, la volonté et lechoix ne sont pas essentiellement des sentiments ou des émotions.Ils peuvent s’accompagner d’émotions, et des émotions bienordonnées rendent beaucoup plus facile pour la volonté de faire lebon choix, mais la volonté est distincte des émotions; il y a unedifférence entre « j’ai envie de le faire » et « je choisis de le faire ».

18. L’amourCe point est particulièrement important quand il s’agit de

l’amour. L’essence de l’amour au sens biblique (agapè) n’est pasune émotion ou un sentiment; son essence est un choix de lavolonté, une « bonne volonté », le vouloir du bien de l’autre, lechoix de ce qui est vraiment le meilleur pour l’autre. Telle estl’essence de l’amour, qui n’a rien de spectaculaire ni d’émotif. Lessentiments enivrants s’ajoutent à cette essence.

Nous pouvons aimer quelqu'un même quand nous n’avonspas envie de l’aimer. Nous pouvons vouloir le bien des autresmême quand ils provoquent en nous de l’aversion ou del’embarras. Nous agissons souvent ainsi envers nous-mêmes :nous ne sommes pas toujours contents de nous-mêmes, mais nousnous voulons toujours du bien, nous cherchons toujours notrevrai bien et notre vrai bonheur. Quand nous nous sentonsmalades, nous cherchons à être guéris; quand nous nous sentonsstupides, nous cherchons à être sages; quand nous nous sentonscoupables, nous cherchons à nous améliorer.

-23-

Le Christ nous commande d’aimer notre prochain « commenous-mêmes », c'est-à-dire comme nous nous aimons déjà nous-mêmes. Cet amour ne peut pas être un sentiment, car lessentiments ne peuvent pas être commandés; seuls les libres choixde la volonté peuvent l’être. Par conséquent, l’amour, celui que leChrist commande, est essentiellement un libre choix de lavolonté plutôt qu’un sentiment.

Cette assertion est extrêmement pratique quand onl’applique à des questions comme l’homosexualité. Lessentiments homosexuels ne sont pas des péchés, puisqu’ilsne sont pas librement choisis. Les actes homosexuels sont« intrinsèquement désordonnés » (comme l’a déclaré laCongrégation de la doctrine de la foi) parce qu’ils « sontcontraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de lavie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective etsexuelle véritable. » (CÉC 2357) Les actes homosexuels sont despéchés (comme le sont aussi les actes hétérosexuels hors dumariage) en autant qu’ils sont des actes librement choisis parlesquels on désobéit sciemment à la loi et à la volonté de Dieu.Les désirs, émotions et sentiments homosexuels sont désordonnés;ce sont des troubles, mais pas des péchés, à moins d’être choisislibrement par la volonté.

19. La libertéa) Sens de la liberté. « Dieu a créé l’homme [… comme]personne douée de l’initiative et de la maîtrise de sesactes. […] “L’homme est […] créé libre et maître de sesactes.” » 2 (CÉC 1730)« La liberté est le pouvoir, enraciné dans la raison et lavolonté, d’agir ou de ne pas agir, de faire ceci ou cela, deposer ainsi par soi-même des actions délibérées. Par lelibre arbitre chacun dispose de soi. » (CÉC 1731)

-24-

b) La liberté est nécessaire à la morale. « Elle [la liberté]devient source de louange ou de blâme » (CÉC 1732).Si notre volonté n’est pas vraiment libre, la morale estvraiment dénuée de sens. Tout langage moral – sur lebien et le mal, le juste et l’injuste, l’obligatoire etl’interdit, le péché et la vertu, la louange et le blâme, lesconseils et les commandements – n’a du sens que s’ils’adresse à des personnes libres et non à des animaux ouà des machines « déterminées », soumises à la nécessité.Une machine ne reçoit pas de louange ou de blâme, ni derécompense ou de punition. Quand la distributrice deboissons gazeuses ne fonctionne pas, on ne la raisonnepas, on ne la traite pas de pécheresse, on donne un coupde pied dedans.

c) La liberté peut augmenter ou diminuer. « Plus on fait lebien, plus on devient libre. » (CÉC 1733) « Les progrèsdans la vertu […] accroissent la maîtrise de la volonté surses actes. » (CÉC 1734) Plus on fait le mal, moins ondevient libre. « [T]out homme qui commet le péché estesclave du péché. » (Jean 8, 34) Par le péché, nousutilisons notre liberté pour nous vendre librement àl’esclavage et à la dépendance du péché. Nous forgeonsles chaînes de notre esclavage par le pouvoir de notreliberté. La liberté n’est pas immuable : nous sommeslibres de l’augmenter ou de la diminuer. Il y a une libertétotale au ciel, et aucune liberté en enfer.

20. Loi et libertéLa mentalité moderne ressent plus profondément la valeur

de la liberté humaine que les époques précédentes, mais ellecommet souvent une erreur cruciale concernant la liberté enl’opposant à l’autorité de la loi, humaine ou divine, et àl’obéissance à la loi. L’encyclique du pape Jean-Paul II, La

-25-

splendeur de la vérité, traite de ce problème avec une grandeprofondeur.

La notion même de loi est en état de crise parce que notreculture perçoit la loi de façon négative, comme un ensembled’interdictions et donc comme une chose qui semble amoindrir laliberté. Mais les bonnes lois garantissent la liberté même si ellessont négatives, comme les glissières de sécurité le long des routesde montagne ou les étiquettes sur les bouteilles de poison.

La soumission à Dieu, à sa volonté et à sa loi ne peut pasdiminuer la liberté, car Dieu est l’auteur de l’homme et de saliberté – tant sa liberté de choisir que sa libération du mal et dupéché. L’auteur de la liberté ne peut être l’ennemi de la liberté!C’est la même chose pour les bonnes lois humaines, celles quiexpriment la loi naturelle, qui exprime elle-même la loi éternellede Dieu. C’est la conception séculière de la liberté comme volontépropre ou licence (la liberté opposée à la loi) qui s’est montréeterriblement destructrice pour la liberté, particulièrement au 20esiècle, dans beaucoup de pays, de familles et de vies personnelles.

21. Les émotionsL’un des réels bienfaits de la psychologie moderne est

l’attention accrue aux émotions et leur meilleure compréhension,notamment leur rôle dans les choix moraux. Bien qu’elles nesoient pas libres comme la volonté, les émotions sont importantesen morale parce qu’elles ont un lien étroit avec la volonté etl’aident ou lui nuisent grandement. Des émotions bien ordonnéesrendent la bonté morale plus attrayante et plus facile; desémotions antinaturelles, irréalistes ou incontrôlées la rendentsans attrait et difficile. De bons conseils psychologiques peuventdonc aider puissamment à la bonté morale (comme de bonneshabitudes de santé physique). De même qu’un bon instrumentaide le musicien à faire de la bonne musique, de bonnes émotionsnous aident à mener une bonne vie morale.

-26-

« Les grands sentiments ne décident ni de la moralité, ni dela sainteté des personnes; ils sont le réservoir inépuisable desimages et des affections où s’exprime la vie morale. » (CÉC 1768)Mais cette expression fait partie de la perfection humaine : « Laperfection du bien moral est que l’homme ne soit pas mû au bien par saseule volonté mais aussi par son “cœur” » [ses émotions, dans leprésent contexte] (CÉC 1775).

Les émotions font partie du dessein de Dieu pour la naturehumaine. Même les émotions que nous trouvons difficiles àmaîtriser, comme le désir sexuel, la colère et la crainte, ne sontpas mauvaises mais bonnes en soi, et elles jouent un rôlenécessaire; sans elles, nous ne sommes pas totalement humains.Le Christ n’a pas méconnu ni supprimé ses émotions, mais les aacceptées et les a utilisées correctement, y compris les émotions« négatives » comme la tristesse (voir Mc 14, 34 et Jean 11, 33-36)et la colère (Jean 2, 13-17).

« Il appartient à la perfection du bien […] humain que lespassions soient réglées par la raison. »5 (CÉC 1767) Les émotionssont comme les chevaux : certaines sont domptées, d’autres sontsauvages, toutes doivent être surveillées et réglées par la prudence(sagesse pratique), la force (courage), la tempérance (maîtrise desoi) et la justice (équité), les quatre vertus cardinales, comme lecheval doit être dirigé par un cavalier. Le cheval ne doit pasmener le cavalier, et celui-ci ne doit pas enfermer le cheval dansl’étable tout le temps. Une sage direction est bonne pour lecheval autant que pour le cavalier, et une sage direction desémotions est bonne pour les émotions autant que pour l’esprit etla volonté qui les gouvernent.

___________________________Notes dans les citations du catéchisme2 Cf. GS 10.2 Léon XIII, enc. « Libertas praestantissimum ».2 Cf. Rm 7, 12.

-27-

3 Cf. Rm 7, 14.4 Cf. Rm 7, 16.5 Cf. Ga 3, 24. 6 Cf. Rm 7.3 GS 24, § 3.8 GS 13, § 2.2 GS 14.3 Cf. 1 Co 6, 19-20; 15, 44-45.6 GS 16.5 GS 17.2 S. Irénée, haer. 4, 4, 3.5 Cf. S. Thomas d’A., s. th. 1-2, 24, 3.

-28-

C’est avec affection et reconnaissance que les Chevaliers deColomb dédient cette série à Luke E. Hart, évangélisateurmodèle et Chevalier Suprême de 1953 à 1964.

« La foi est un don de Dieu nous permettant de le connaître et del’aimer. La foi, tout autant que la raison, constitue un moyend’arriver à la connaissance. Toutefois, il n’est pas possible de vivredans la foi, à moins de passer aux actes. Grâce à l’aide de l’EspritSaint, nous arrivons à décider de répondre à la révélation divine etde lui donner suite en vivant notre réponse. »(Édition américaine du Catéchisme catholique, 38. Notre traduction)

Le Service d’information catholiqueDepuis leur fondation, les Chevaliers de Colomb se sont occupésd’évangélisation. En 1948, les Chevaliers ont inauguré le Serviced’information catholique (SIC) afin de mettre des publicationscatholiques à bon marché à la disposition du grand public, d’unepart, mais aussi des paroisses, des écoles, des maisons de retraite,des installations militaires et des maisons de détention, desparlements, de la profession médicale et autres personnes qui enfont la demande. Depuis plus de 60 ans, le SIC a publié et distribuédes millions de brochures et des milliers d’autres individus se sontinscrits à des sessions de formation de catéchèse.

Le SIC offre les services suivants afin de vous aider à mieuxconnaître le Seigneur.

BrochuresCommuniquer avec le SIC afin d’obtenir la liste des brochures et decommander celles qui vous intéressent.

Programme d’étude individuellePar la poste, le SIC offre un programme gradué d’étude individuelle.Grâce à dix leçons méthodiques, vous aurez fait le tour del’enseignement catholique.

Programmes en ligneLe SIC offre deux programmes en ligne. Pour s’y inscrire, visiter lesite www.kofc.org/ciscourses.

122-F 8/09

Comment les catholiques vivent

Section 2: La Nature Humaine,

Fondement de la Morale

LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE LA SÈRIE LUKE E. HARTSERVICE D’INFORMATION CATHOLIQUEEnseignement catholique véritable. Ne se contente pas des simples opinions.

« En faveur des nouvelles générations, les fidèles laïcs ont à apporterune contribution précieuse, plus nécessaire que jamais, par un effortsystématique de catéchèse. Les Pères du Synode ont manifesté leurgratitude pour le travail des catéchistes, reconnaissant qu'ils ont «unetâche de grande valeur dans l'animation des communautésecclésiales». Il va de soi que les parents chrétiens sont les premierscatéchistes, irremplaçables, de leurs enfants (…). Mais nous devons tous,en même temps, être convaincus du «droit» qui est celui de tout baptiséd'être instruit, éduqué, accompagné dans la foi et dans la viechrétienne. »

Jean-Paul II, Christifideles Laici, 34Exhortation apostolique sur la vocation et la mission

des fidèles laïcs dans l’Église et dans le monde.

À propos des Chevaliers de ColombLes Chevaliers de Colomb, organisme de bienfaisance fraternel fondé en1882, à New Haven, au Connecticut, par le vénérable serviteur de Dieul’abbé Michael J. McGivney, constituent l’organisme laïc catholique leplus important du monde entier, puisqu’ils comptent plus de 1,8 millionde membres répartis dans les Amériques, l’Europe et l’Asie. LesChevaliers s’entraident et soutiennent leurs communautés, encontribuant chaque année des millions d’heures de bénévolat à descauses de bienfaisance. Les Chevaliers ont été les premiers à soutenirfinancièrement les familles dont des membres parmi les corps depoliciers et de pompiers ont péri par suite des attentats terroristes du 11septembre 2001, et à collaborer de près avec les évêques catholiquespour protéger la vie humaine innocente et défendre le mariagetraditionnel. Pour en apprendre davantage sur les Chevaliers de Colomb,visiter le site www.kofc.org.

Que vous ayez une question spécifique ou que vous désiriez obtenir desconnaissances plus étendues ou plus profondes sur la foi catholique.Communiquez avec nous en ayant recours à l’un des moyens suivants:

Knights of Columbus, Catholic Information ServicePO Box 1971, New Haven, CT 06521-1971 USA

Téléphone : 203-752-4267Télécopieur : 203-752-4018

[email protected]/informationcatholique

Proclamer la Foiau cours du troisième millénaire