printemps arabe, espoirs et réalités

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Exposition Hôtel de Région 16 mars - 28 juin 2012 Printemps arabe Espoirs et réalités

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Catalogue de l'exposition qui s'est tenue à l'Hôtel de Région Provence-Alpes-Côte d'Azur Commissaire d'exposition : Alain Mingam

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Page 1: Printemps arabe, Espoirs et réalités

Exposition

Hôtel de Région

16 mars - 28 juin 2012

PrintempsarabeEspoirs et réalités

Page 2: Printemps arabe, Espoirs et réalités

1

Printemps arabeEspoirs et réalités

Page 3: Printemps arabe, Espoirs et réalités

2 3

Le 17 décembre 2010, à Sidi Bouzid en

Tunisie, l’immolation par le feu de Moha-

med Bouazizi, jeune diplômé et chômeur,

concourt au déclenchement de la révolu-

tion tunisienne. Il s’ensuit une vague de ré-

voltes qui va parcourir le monde arabe

jusqu’à certains états du Golfe. Très rapi -

dement, les manifestations, essentiellement non-violentes, gagnent

les pays voisins, l’égypte et la Libye. Les peuples se soulèvent

contre des régimes dictatoriaux et la corruption de leurs dirigeants.

Ces révoltes prennent de court non seulement les régimes de ces

pays, mais aussi les chancelleries occidentales généralement as-

surées de la solidité des gouvernements en place. Ces révoltes

soudaines étaient pourtant nourries d’un long mécontentement, de

frustrations, d’une aspiration à la liberté trop longtemps comprimée.

La chute rapide des présidents tunisien et égyptien, considérés

comme des remparts contre l’islamisme radical, a pris au dépourvu

nombre de capitales qui ont tardé à réagir.

Les peuples osent manifester. Ils n’ont plus peur. Toute une jeunesse

clame sa soif de reconnaissance, de dignité, d’emplois. Derrière le

cri « Dégage ! », c’est un système que dénoncent et répudient les

manifestants, à des degrés divers selon les pays. Le mouvement

ne prend pas partout la même ampleur.

L’aspiration à la démocratie va prendre différentes voies et connaître

des situations très contrastées. Alors que des gouvernements

prennent des mesures, engagent des réformes permettant de satis-

faire, plus ou moins, les revendications, la réponse a été la répression

et la violence en Libye, provoquant une intervention extérieure sous

l’égide des Nations unies, et, surtout, en Syrie, avec des risques

de divisions et de guerre civile.

La transition est difficile quand les économies sont désorganisées,

que les partis doivent se reconstituer. La Tunisie et l’égypte ont

organisé leurs premières élections démocratiques. Quels qu’en

soient les résultats, l’enjeu et les défis seront bien la mise en place

d’un fonctionnement démocratique, respectueux des libertés.

Une nouvelle page s’ouvre pour le monde arabe après celle qui a

commencé à s’écrire au lendemain de la seconde Guerre mondiale.

La décolonisation avait été déjà cette grande aspiration à la liberté

Le Président de la Région

Place Tahrir. Le Caire, égypte, février 2011. © Rafael Yaghobzadeh.

Page 4: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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des peuples assumant leur propre destin. Elle s’inscrit dans une

longue histoire avec ses périodes d’expansion, d’autres de repli,

qui participe d’une histoire commune faite des relations et des

échanges avec les pays et les mondes voisins.

Il est incontestable que l’année 2011, très mouvementée, a été

marquée par les révolutions arabes qui ont eu un écho dans le

monde entier et dans des pays très éloignés.

La Région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, qui tisse depuis plusieurs

années des relations de coopérations avec le monde méditerra-

néen, a souhaité évoquer ces événements déterminants, qui nous

concernent très directement par ce que nous partageons avec

l’ensemble des pays de la Méditerranée, par notre communauté

de destin. Pour mieux comprendre ces événements, une exposition

sur le « Printemps arabe » est présentée à l’Hôtel de Région.

La scénographie, en offrant un large panorama de cette année

cruciale et des évolutions en cours, se propose de faire revivre

ces moments historiques par les images, les textes, les vidéos,

complétés par des éléments d’analyse de manière à ce que chacun

se fasse sa propre opinion. Ce mouvement étant toujours en

marche, un espace est dédié à l’actualité des pays arabes.

L’exposition veut favoriser une prise de conscience collective des

enjeux démocratiques pour la Méditerranée mais aussi au-delà, car

la démocratie est une valeur toujours menacée, toujours à

construire. En définitive, il s’agit bien de rendre un hommage à ceux

qui résistent aux oppressions et défendent partout la liberté, la justice,

la dignité de l’être humain, de rendre hommage à ceux, quels que

soient leur pays et leur culture, qui donnent un sens au beau statut

de citoyens du monde.

Du 16 mars au 28 juin 2012, un état des lieux des révolutions

arabes en marche est proposé aux citoyens de Provence-

Alpes-Côte d’Azur et à toutes les communautés qui font la

richesse culturelle de Marseille et de la région. C’est une sélection

de reportages photographiques et de films documentaires qui of-

frent une lecture chronologique et détaillée des événements les plus

marquants de l’année écoulée.

Tous les photographes, documentaristes et journalistes, ici présentés

ont souvent, au prix de tous les risques, vécu au plus près des ten-

sions qui, de la place Tahrir au Caire, sur l’avenue Bourguiba à Tunis

ou dans les faubourgs de Homs en Syrie, au Bahreïn ou à Sanaa

au Yémen, ont rythmé ces quêtes de libertés fondamentales.

C’est un parcours non-initiatique, mais pédagogique qui permet de

comprendre comment les peuples en révolution permanente ont

mis en première ligne toutes celles et ceux qui ont réussi à briser

les chaînes de la soumission.

Pas un seul jour sans que la prolifération des images de ces

euphories révolutionnaires ne témoigne des bouleversements en

cours, permettant à « Facebook » et aux réseaux sociaux de jouer

le rôle capital qui leur est aujourd’hui reconnu à l’intérieur et au-delà

des frontières.

Hamiddedine Bouali, Alain Buu, Patrick Chauvel, Pedro Da

Fonseca, Lucas Dolega, Antoine Gyori, Olivier Jobard, Augustin Le

Gall, Emilio Morenatti, Rémi Ochlik, Caroline Poiron, Johann Rous-

selot, Alfred et Rafael Yaghobzadeh, Yuri Kozyrev et les 14 photo-

Page 5: Printemps arabe, Espoirs et réalités

76

graphes rassemblés par l’agence Noor au Caire : Mohamed Mes-

sara d’EPA (Algérie), Maher Malak Iskandar (égypte), Mohammed

El Mashad et Sardasht Aziz Mahmoud (Irak), Anas Damra Fadi

Ezzat, Muhammad Abdel Ghany et Myriam Abdelaziz (France),

Amira Murtada (Jordanie), Abdellah Hiloui (Maroc), Chafik Arich et

Yusef Ajlan (Yémen), Omrani et Jameel Subay (Tunisie), tous les

envoyés spéciaux de l’agence Reuters avec Goran Tomasevic

(Serbie), comme Patrick Baz avec ses collègues de l’AFP, témoi-

gnent du succès des élections précédées dans certains pays par

les violents combats qui ont jalonné ce dur chemin vers la démo-

cratie.

Cette longue conquête du respect premier de la dignité étouffée

pendant tant d’années par les dictateurs enfin déchus, trouve toute

sa place dans l’espace réservé aux causes des révolutions.

Les best of des observateurs de France 24, comme ceux d’ « Envoyé

spécial », le documentaire sur l’égypte d’Amal Ramsis « Interdit », les

témoignages poignants de l’association « Human Rights Watch »,

les reportages de l’agence Capa avec « Effet papillon » plus que

percutant, les incursions clandestines de Manon Loizeau et de Paul

Moreira dans la ville de Homs en Syrie, devenue capitale de la

résistance au régime de Bachar El-Assad, le témoignage de Sofia

Amara dans « Syrie : Les coulisses de l’enfer » trouvent tous plus

qu’un écho, une justification criante de vérité.

Ce sont en effet les cris mêlés de toutes ces révolutions entre slo-

gans et chants révolutionnaires qui, grâce à la bande son de Nicolas

Mathias de Radio France, accueillent les visiteurs. Afin que chacune

et chacun d’entre nous puisse vivre, dans sa chair à fleur de peau,

l’engagement citoyen sans faille de toutes ces populations parta-

geant la même soif de démocratie.

Dans un même élan de solidarité sans frontière aucune, ni de race

ni de religion, à l’égard de tous les droits de l’homme emportés

dans le tourbillon du sirocco religieux qui souffle en période post-

électorale, Jean-Pierre Perrin (Libération) et Hala Kodmani, écrivains

et journalistes, nous expliquent avec leur sagacité habituelle les

enjeux essentiels de ces bouleversements tant espérés et craints

à la fois par un Occident de trop courte mémoire. Et selon l’expres-

sion qui fait fureur, « dégagent » les menaces qui pèsent sur le statut

de la femme, la liberté de conscience et de culte, le respect de la

laïcité, du principe de justice et d’égalité.

L’exposition est plus qu’un constat factuel du bilan en l’an I des

révolutions les plus importantes du début du XXIe siècle. Toutes les

cimaises portent en elles le parfum du printemps qui a vu naître la

1re révolte populaire en Tunisie pour lui donner le souffle d’une évi-

dente solidarité universelle. Plus que jamais nécessaire face à la

réalité dramatique des répressions qui en Syrie insultent le présent

et menacent l’avenir de toute une nation.

Les écrans de France 24 en français et en arabe d’une part, de

l’agence Reuters d’autre part, sont dès l’entrée les vigies d’une

actualité en marche. Et France Info, Polka magazine, Médiapart

avec l’interview du nouveau Président tunisien Moncef Marzouki,

Libération au-delà de la collaboration de Jean-Pierre Perrin et

d’Hala Khodmani, s’en feront l’écho auprès du grand public.

Huit envoyés spéciaux : Lucas Dolega, Tim Hetherington, Chris

Handros, Anton Hammerl, notre confrère syrien Shoukri Ahmed

Ratib Abu Bourghoul, Gilles Jacquier, Rémi Ochlik et Marie Colvin

ont ajouté leur nom à la liste des milliers de victimes qui ont payé

de leur vie l’espoir d’un monde meilleur à Benghazi.

L’exposition se devait d’être aussi un vibrant hommage à tous ces

combattants de la dignité.

Chaque page continue ici de défendre le respect de cette dignité,

dont la quête est trop souvent bafouée, maltraitée, torturée et mas-

sacrée, plus qu’ailleurs au pays de Bachar-El-Assad, où règne une

guerre civile qui a déjà fait plus de 39 000 victimes.

Elles demeurent grandes ouvertes, depuis les cimaises de l’Hôtel

de Région, les portes d’un dialogue méditerranéen étendu du

Moyen Orient jusqu’à toute l’Europe. Car le combat de tous ces

peuples en révolution ne peut être confisqué par une nouvelle dic-

tature militaire ou religieuse, loin des grandeurs d’un Islam modéré

et de la volonté des populations concernées de Benghazi jusqu’au

Caire. Face à la réalité des extrêmes qui menacent, ce livre cata-

logue est un outil d’entraide nécessaire, voire indispensable, contre

toute complaisance ou aveuglement de part et d’autre entre Occi-

dent et Orient. Pour prendre date, cet ouvrage est aussi une contri-

bution essentielle à la marche de l’Histoire en toute légitimité. Car

à l’initiative de son Président Michel Vauzelle, La Région Provence-

Alpes-Côte d’Azur fût la seule en France à proposer une rétrospec-

tive exhaustive des raisons d’être des Printemps arabes. En cette

fin d’année, qui justifie un bilan très contrasté, comme le souligne

Jean-Pierre Perrin entre deux reportages en Syrie, chaque ligne,

chaque image de ce catalogue maintient une exigence de réalité

pour poursuivre la solidarité de l’espoir.

Alain Mingam

Commissaire de l’exposition

Page 6: Printemps arabe, Espoirs et réalités

8 9

éditorial du Président Michel Vauzelle ...................... p. 3

Le mot du commissaire de l’exposition .................... p. 5

Le mur de slogans ................................................... p. 8

Espoirs et réalités, par Jean-Pierre Perrin ................. p. 10

Chroniques du Printemps arabe .............................. p. 12

Les héros anonymes ............................................... p. 15

Les femmes ............................................................ p. 48

Les jeunes .............................................................. p. 64

Les réseaux sociaux ............................................... p. 76

Les immigrés .......................................................... p. 84

Les pays en révolution

• Tunisie ................................................................. p. 100

• égypte ................................................................ p. 110

• Libye ................................................................... p. 122

• Bahreïn ................................................................ p. 145

• Yémen ................................................................ p. 152

• Syrie .................................................................... p. 160

Hommage à Rémi Ochlik ....................................... p. 187

Les photographes de l’exposition .......................... p. 188

Les journalistes écrivains ....................................... p. 197

Révolutions en mouvement ................................... p. 198

Remerciements ..................................................... p. 200

Sommaire

Page 7: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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« Printemps arabe » Espoir et réalités

par Jean-Pierre Perrin, écrivain – journaliste, grand reporter à Libération

Elles sont bien rares les révolutions qui, par rapport à leurs objectifs ini-

tiaux, n’ont pas été trahies. A cet égard, la révolution iranienne de 1979

reste historiquement exemplaire. Hormis les partisans du Chah, elle ras-

sembla tous les courants, de l’extrême-gauche aux nationalistes et aux

libéraux, mais, une fois le despote chassé de son trône, elle fut totale-

ment confisquée par les religieux et le demeure aujourd’hui plus que ja-

mais. Les révolutions arabes sont confrontées à cette même

problématique. Elles aussi ont fait trembler la terre et à peine les idoles

renversées, qu’elles s’appellent Zine el-Abidine Ben Ali, Hosni Moubarak,

Ali Abdallah Saleh, Mouammar Kadhafi, elles se voit menacées par de

puissantes lames de fond qui entendent se les approprier et en faire le

socle d’un ordre nouveau que l’on appellera pour faire simple le « réveil

islamique ». Les Occidentaux se disent désagréablement surpris et les

Israéliens claironnent l’air du « on vous avait prévenu ».

En réalité, il était inévitable que les mouvements, partis ou groupuscules

islamistes, soit ceux qui payèrent le prix le plus lourd à la répression, as-

pirent non seulement à prendre leur revanche mais aussi, fort de cette

fraternité colossale qui les fonde, cherchent à dominer la scène d’où ils

furent si longtemps exclus. Sans compter qu’ils sont mieux organisés et

moins divisés que les partis laïcs et ont aussi de puissants et fortunés

parrains, le Qatar, l’Arabie Saoudite, ….

Et puis, comme les belles fleurs, la démocratie est éminemment fragile.

Pour qu’elle puisse éclore, il lui faut des terreaux favorables. Le premier

est celui de l’éducation. Or, celle-ci est la mal aimée des pays arabes en

dépit de certains progrès. Et sans école, pas de démocratie. Déjà, au

XIXe siècle, Thomas Jefferson remarquait que l'éducation est «le moyen

le plus efficace de prévenir la tyrannie ». Le second terreau est le déve-

loppement économique, qui permet à la tige de la démocratie de se for-

tifier. Or, le Moyen-Orient et le Maghreb ont les taux de chômage les plus

élevés de la planète, comme l’indique un récent rapport de l’Organisation

mondiale du travail, en particulier chez les jeunes –un sur quatre est sans

emploi. Sans boulot, ils risquent d’aller fournir aux courants radicaux

leurs gros bataillons. Troisième terreau, la nécessité pour l’idéal démo-

cratique de conserver une bonne image, loin de celle donnée par l’Oc-

cident à l’extérieur, qui a soutenu tous les autocrates de la région et

continue à accepter l’injustice faite aux Palestiniens dont la cause dés-

espérée émeut toujours les peuples de la région.

Et puis, il n’y aura pas de projet démocratique sans que les femmes y

soient pleinement associées. Or, la suppression des acquis qu’elles

avaient pu obtenir sous les précédents régimes a commencé. L’heure

est donc à la résistance. Ainsi, en Tunisie, le nouveau gouvernement,

issu du parti islamiste En-Nahda, pourtant qualifié généralement de

«modéré», a cherché à remplacer l’égalité qu’elles avaient obtenue

depuis des décennies par la notion très vague de complémentarité avant

d’y renoncer face à la montée des protestations. Partout, le taux de chô-

mage des jeunes femmes est supérieur à celui des jeunes gens, ce qui

freine là encore leur émancipation.

Cependant, comme en témoigne ce catalogue, un grand printemps a

eu lieu et, même s’il a été vite razzié par les bourrasques de l’automne,

possibles annonciatrices de frimas islamistes, il aura laissé un germe

d’espoir dans bien des esprits. Il y aura un avant et un après. Et il aura

permis aux pays arabes de revenir dans le giron de l’Histoire dont ils

s’étaient exclus depuis bien longtemps. Avant qui se souciait sincère-

ment des élections en Tunisie ou en égypte ? Qui se préoccupait vrai-

ment de la situation des femmes ? Qui s’intéressait à la Libye au-delà

des bouffonneries sanglantes de son triste pitre en chef ? Le monde

arabe a bel et bien retrouvé l’Histoire. Ce genre de retrouvailles est sou-

vent tragique, comme le prouve la Syrie aujourd’hui, où la descente aux

enfers n’en finit pas. Bachar El-Assad était pourtant celui des dictateurs

qui promettait le plus au moment de son accession au pouvoir en 2000.

A présent, il est celui qui embastille, tue et torture le plus. à sa manière,

la Syrie est le miroir du monde arabe. Si la démocratie ne l’emporte pas,

il est peu probable qu’elle s’impose durablement dans les pays voisins.

L'épicentre historique de la Révolution égyptienne en marche : Place Tahrir, Le Caire, égypte, février2011. ©Alain Buu.

Page 8: Printemps arabe, Espoirs et réalités

1312

17 mars 2011

L’ONU autorise un recours à la force en Libye. L’opération sera

dirigée par l’OTAN

23 mars 2011

Une centaine de morts dans la ville de Deraa, foyer de la contesta-

tion syrienne

3 juin 2011

Le président Ali Abdallah Saleh est grièvement blessé par une

explosion dans un palais de Sanaa

23 août 2011

Tripoli est prise par les insurgés libyens

2 octobre 2011

Lancement du Conseil national syrien à Istanbul dans le but de

fédérer l’opposition

20 octobre 2011

Capturé dans son fief de Syrte, Kadhafi est lynché, violé et assas-

siné par des insurgés

23 novembre 2011

La Commission d’enquête indépendante bahreïnie publie un

rapport accablant sur « la torture systématique » des prisonniers

politiques

8 février 2012

La ville de Homs bombardée sans discontinuer par l’armée

syrienne.

22 février 2012 

Des dizaines de milliers de Bahreïnis manifestent pour saluer la

mémoire des dissidents tués par le régime

27 février 2012

Ali Abdallah Saleh quitte définitivement Sanaa

29 février 2012

Répression impitoyable dans la ville soulevée de Homs (Syrie)

reprise par les forces de Bachar El-Assad

Chroniques du Printemps arabe

17 décembre 2010

Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’immole par le feu à Sidi Bouzid

(Tunisie)

1er janvier 2011 :

Attentat contre une église copte d’Alexandrie. 23 morts, des

dizaines de blessés

5 janvier 2011 

Un suspect de l’attentat, Sayyed Bilal, est torturé à mort par la

police d’Alexandrie

8-9 janvier 2011

Les manifestations à Kasserine (centre de la Tunisie) tournent à

l’émeute. 21 morts

14 janvier 2011

Fuite de Zine Al-Abidine Ben Ali de Tunisie

25 janvier 2011

Les contestataires prennent le contrôle de la place Tahrir du Caire

11 février 2011

Hosni Moubarak se retire du pouvoir

15-19 février 2011

Benghazi manifeste contre le régime de Mouammar Kadhafi

18 février 2011

Cinq manifestants tués par la police à Bahreïn où la contestation a

commencé quelques jours plus tôt

21 février 2011

Occupation de la place de l’Université à Sanaa (Yémen) par les ma-

nifestants qui réclament le départ d’Ali Abdallah Saleh

23-25 février 2011

L’est de la Libye tombe entre les mains des insurgés libyens

14 mars 2011

Entrée des troupes saoudiennes et des émirats Arabes Unis à

Bahreïn pour aider à la répression

15 mars 2011

Premières manifestations en Syrie

Pourquoi-comment ?Causes et effets des révolutions

Page 9: Printemps arabe, Espoirs et réalités

14 15

Les héros anonymes

par

Peter Hapak

Johann Rousselot

Alfred Yaghobzadeh

Page 10: Printemps arabe, Espoirs et réalités

16 17

« Assez de massacres. Guérison pour nos blessés ». Benghazi, Libye, mars 2011. © Johann Rousselot.

Militante des droits de la femme. Tunis, mars 2011. © Johann Rousselot.

Page 11: Printemps arabe, Espoirs et réalités

18

« Libye, pays de la liberté ». Benghazi, Libye, mars 2011. © Johann Rousselot.

19

« Prière pour les martyrs, l’histoire par notre sang versé sur nos poitrines nues ». Benghazi, Libye,mars 2011. © Johann Rousselot.

Page 12: Printemps arabe, Espoirs et réalités

20 21

Bassam, assistant Internet dans le camp de réfugiés N°2 de la Croix Rouge turque dans la province deHatay en Turquie. Son frère a été tué par les forces de sécurité de Bachar El-Assad. © Johann Rousselot.

« Nous ne voulons pas de Khadafi. J’ai compris, je pars ». Benghazi, Libye, mars 2011. © Johann Rousselot.

Page 13: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Manoubia Bouazizi, mère du vendeur de rue Mohamed Bouazizi, rappelle : « Mohamed souffrait beau-coup. Il travaillait dur. Quand il s’est immolé par le feu, ce n’était pas l’effet de la confiscation de sonéchoppe roulante par la police. Ce n’était qu’une question de dignité ». Tunisie. © Peter Hapak pour Time.

Lina Ben Mhenni, jeune tunisienne de 27 ans, professeur d’anglais militante reconnue sur son blog « Une fille tunisienne » durant la Révolution du Jasmin, souligne : « La dictature ne pouvait pas durer ». Tunisie. © Peter Hapak pour Time.

Page 14: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Um Trekayuri, manifestante égyptienne. égypte. © Peter Hapak pour Time.

Dalenda Largueche, militante féministe, est professeur d'histoire moderne et d'études de genre à l'Uni-versité Manouba de Tunis, Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités. Tunisie. © Peter Hapak pour Time.

Page 15: Printemps arabe, Espoirs et réalités

2726

Mona Eltahawy, journaliste américano-égyptienne arrêtée et frappée par la police au Caire disait surTweeter : « Les dernières douze heures ont été très pénibles et surréalistes, mais ce que j’ai eu à sup-porter fut beaucoup plus facile à supporter que pour beaucoup d’autres égyptiens ». égypte. © Peter Hapak pour Time.

Nehal Mare, manifestante égyptienne. égypte. © Peter Hapak pour Time.

Page 16: Printemps arabe, Espoirs et réalités

2928

Hanan Gamal, Abdallah Shaheen, Mahmoud Youssef et Engy Khirfan, jeunes manifestants et bloggersayant participé aux manifestations de la place Tahrir. Le Caire, égypte. © Peter Hapak pour Time.

Soeur de Mohamed Bouazizi et sa mère. Tunisie. © Peter Hapak pour Time.

Page 17: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Manifestant égyptien, anonyme et qui veut le rester. Le Caire, égypte. © Peter Hapak pour Time.

Abdelmoatey Elsayd Kassem, manifestant de la place Tahrir. Le Caire, égypte. © Peter Hapak pour Time.

Page 18: Printemps arabe, Espoirs et réalités

3332

Saleh Mohamed, manifestant égyptien de la 1re heure sur la place Tahrir au Caire, utilise une préparationau Maalox étalée sur ses yeux pour contrer les effets terribles des gaz lacrymogènes. égypte. © Peter Hapak pour Time.

Bombe lacrymogène, grenailles et balles en caoutchouc, utilisées par les forces de police pour réprimerles manifestants. Le Caire, égypte. © Peter Hapak pour Time.

Page 19: Printemps arabe, Espoirs et réalités

3534

Ahmed Harara, dentiste cairote, qui a perdu un œil atteint par une balle de caoutchouc lors des heurtsde janvier sur la place Tahrir. En novembre, l’autre œil fut visé. Il est maintenant complètement aveugle.« Comme il est souvent dit en Amérique, le pouvoir du peuple va tout changer » atteste Harara. égypte.© Peter Hapak pour Time.

Hamada Ben Amor, connu sous le nom de El Général, rappeur tunisien dont la chanson « Rais Lebled »devint l’hymne de la « Révolution du Jasmin ». « Nous ne devons rien céder de nos droits acquis par laRévolution et participer à l’élimination de ce que nous appelons dans le monde arabe : un état de dic-tature ». Tunisie. © Peter Hapak pour Time.

Page 20: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Yahi Abdel Shafy, salafiste et médecin, travaille dans les ambulances de la place Tahrir. Le Caire, égypte.© Peter Hapak pour Time.

Ahmed Maher, co-fondateur du Mouvement du 6 Avril en égypte. Durant ses années d’activisme, avantla révolution égyptienne, Maher fut arrêté cinq fois. Il confirme avoir passé un total de 4 mois en prison.« C’est un proverbe, confie-t-il : au cours de toutes les manifestations, il n’y a ni amis ou ennemis per-manents, seul l’intérêt de protester est permanent ». égypte. © Peter Hapak pour Time.

Page 21: Printemps arabe, Espoirs et réalités

3938

Héros anonymes : soldats, ouvriers, étudiants et étudiantes, retraités… nostalgiques du Rais Nasser(1952-1970), place Tahrir, Le Caire, février 2011, photographiés par Alfred Yaghobzadeh, blessé par desjets de pierres entre opposants et manifestants pro-Moubarak, en autoportrait à la page 47. Le Caire, égypte.

© Alfred Yaghobzadeh.

Page 22: Printemps arabe, Espoirs et réalités

40 41

© Alfred Yaghobzadeh. © Alfred Yaghobzadeh.

Page 23: Printemps arabe, Espoirs et réalités

42 43

© Alfred Yaghobzadeh. © Alfred Yaghobzadeh.

Page 24: Printemps arabe, Espoirs et réalités

44 45

© Alfred Yaghobzadeh. © Alfred Yaghobzadeh.

Page 25: Printemps arabe, Espoirs et réalités

46 47

Autoportrait par Alfred Yaghobzadeh, blessé sur la place Tahrir, Le Caire, égypte.© Alfred Yaghobzadeh.

Page 26: Printemps arabe, Espoirs et réalités

48

31 janvier 2011égypte - Jeune femme brandissant un drapeauégyptien sur la place Tahrir. Le Caire, égypte.© Alain Buu.

49

Les femmes

par

Senna Abdelhak/AFP

Fethi Belaid/AFP

Hamideddine Bouali

Alain Buu

Khaled Elfoqi/Epa/Maxppp

Corentin Fohlen/Fedephoto

Bureau Martin/AFP

Rémi Ochlik/IP3

Francesca Oggiano/Invision-REA

Mustapha Ozer/AFP

Page 27: Printemps arabe, Espoirs et réalités

51

Les femmes Sans les femmes, les rassemblements qui ont fait le printemps se-

raient restés bien ternes. Balayant les clichés, elles en font ressortir

les couleurs. Celles des drapeaux de leur pays qu’elles agitent ou

peignent sur leurs visages ou celles des foulards turquoise, fuchsia

ou imprimés couvrant leur tête.

Révolution dans la révolution, les femmes arabes ont manifesté,

distribué des tracts, dormi sous des tentes, harangué les foules,

hurlé contre leurs dirigeants, affronté les gaz lacrymogènes et subi

la répression.

Plus étonnante que pour les Tunisiennes ou les égyptiennes, la

« sortie » des Libyennes ou des Yéménites, auparavant cloîtrées

chez elles, confirmait le bouleversement dans leurs pays.

Quant aux Syriennes, elles ont commencé par manifester en por-

tant des fleurs et de l’eau parfumée au nom d’une révolution

qu’elles voulaient pacifique. Mais la sauvage répression ne les a

pas épargnées. Arrêtées, torturées, violées ou au mieux exilées,

elles ont accédé à l’égalité sous les bombes qui les atteignent sans

discrimination.

L’implication des femmes dans les révolutions arabes devrait logi-

quement faire avancer leurs droits. Or, comme avant elles les Algé-

riennes qui avaient participé à la guerre d’indépendance ou les

Iraniennes à leur révolution, certains veulent leur signifier que leur

tour de scène est terminé, qu’elles doivent rentrer à la maison ou

se cacher derrière des voiles.

Quand une manifestante au Caire a été tabassée puis trainée dé-

vêtue par des hommes casqués, des dizaines de milliers de

femmes sont redescendues avec un carton rouge : « La femme

d’égypte : une ligne à ne pas franchir ! » Solidaires dans leur diver-

sité, cheveux au vent, têtes couvertes ou même visages voilés, elles

se sont donné la main, illustrant le pluralisme politique et social

qu’elles revendiquent.

Maintenant qu’elles connaissent le chemin de la contestation et le

goût de la liberté, les femmes arabes ne devraient plus subir sans

redire. Comme tous les autres révolutionnaires, elles savent qu’il

faudra encore plusieurs printemps et des saisons rudes avant que

ne mûrissent les fruits de leurs combats.

Révolution, liberté, égalité, dignité ou justice, en arabe comme en

français, sont des noms féminins.

Hala Kodmani

Journaliste franco-syrienne

50

Militantes anti-Moubarak sur la place Tahrir. Le Caire, 6 février 2011.© Alain Buu.

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Manifestation d’avocats devant le siège de la Cour de justice. Tunis, Tunisie, 26 mai 2011. © Francesca Oggiano/Invision-REA.

Au lendemain d’une manifestation au Caire, suivie de heurts ayant provoqué la mort de 9 personnes etblessé plus de 300, la police arrête des manifestants frappés au sol à coups de bâton, avec une violenceinouïe. Une femme, dévêtue de son hijab, fait l’objet de coups de pied et deviendra mondialementconnue, comme symbole d’une atteinte intolérable au statut de la femme égyptienne. Elle sera ainsi ap-pelée « la femme au soutien-gorge bleu » supportée par tous les partis à l’occasion de manifestationsde soutien, appelés « ligne rouge ». Le Caire, égypte, 17 décembre 2011. © Reuters.

Manifestants tenant un poster, dénonçant le scandale causé par les forces militaires égyptiennes sur laplace Tahrir le 27 décembre 2011, pour avoir dénudé et frappé la « femme au soutien-gorge bleu »,désormais célèbre à travers le monde. à l’occasion d’une manifestation de soutien regroupant tous lespartis religieux et laïques pour protester contre le franchissement de la ligne rouge à l’égard du statutdes femmes. Le Caire, égypte. © Khaled Elfoqi/Epa/Maxppp.

Page 29: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Femmes musulmanes montrant un drapeau tunisien avec l’inscription « Il n’y a qu’Allah ». Car, à la veilledes élections législatives, la tension reste vive en Tunisie entre les deux partis d’obédience islamiste, in-terdits sous le régime de Ben Ali, Al Nhadda (salafiste) et Ennahdha (modéré). Le statut de la femme estl’objet de vives critiques de la part de l’association de défense des droits de la femme, acquis depuis lamandature du Président Bourguiba. Tunis, Tunisie, 24 juillet 2011. © Francesca Oggiano/Invision-REA.

Les femmes égyptiennes, députés et membres du parti des Frères musulmans, appartenant au parti dela Liberté et de la Justice (FJP), participent à la première session du Parlement élu au Caire le 23 janvier2012 après la chute du Président Moubarak pendant qu’à l’extérieur, leurs supporters célèbrent l’évè-nement historique. © Pool/Khaled Elfiqi/AFP Photo.

Après les prières du vendredi, des manifestants scandent des slogans contre le Président syrien BacharEl-Assad devant la mosquée Fatih. Istanbul, Turquie, 12 août 2011. © Mustapha Ozer/AFP.

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Manifestantes et manifestants tunisiens rassemblés par milliers devant le ministère de l’Intérieur, pourappeler au départ du Président Zine El Abidine Ben Ali, après la démission de son gouvernement, ré-clamé par la foule, suite à 23 ans de régime dictatorial. Tunis, Tunisie, 14 janvier 2011 © Rémi Ochlik/IP3.

Les Tunisiennes et Tunisiens crient des slogans lors d’une manifestation devant le ministère de l’Intérieur,après l’intervention télévisée du Président Ben Ali à l’intention de la nation tunisienne le 14 janvier 2011.Ils sont des milliers de Tunisiennes et de Tunisiens à réclamer dans tout le pays le départ du PrésidentZine El Abidine Ben Ali après l’avoir entendu promettre qu’il ne renouvellerait pas sa candidature à unnouveau mandat. © Fethi Belaid/AFP Photo.

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Dans l’avenue Bourguiba de Tunis, des graffitis célébrent la contestation de milliers de manifestantsvenus demander la démission du gouvernement mis en place par le Président Zine El Abidine Ben Ali.© Bureau Martin/AFP

Page 31: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Militantes anti-Moubarak sur la place Tahrir. Le Caire, 6 février 2011.© Alain Buu.

Page 32: Printemps arabe, Espoirs et réalités

6160

Militantes anti-Moubarak sur la place Tahrir. Le Caire, 6 février 2011.© Alain Buu.

Manifestation pour maintenir les droits acquis des femmes. Tunis, 2 novembre 2011. © Hamideddine Bouali.

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6362

Portrait de Samira Ibrahim Mohammed, 25 ans, qui a gagné son procès contre l’armée égyptienne, pouravoir subi avec violence des tests de virginité pratiqués en mars 2011. Ces tests avaient pour but dedécrédibiliser le mouvement en faisant passer les manifestantes pour des traînées. Le Caire, égypte, 30 novembre 2011. © Corentin Fohlen/Fedephoto.

De jeunes Marocaines se tiennent derrière un drapeau géant, lors d’une manifestation à Rabat organiséepar le « Mouvement du 20 février », pour demander, lors de ce jour dit « Journée de la dignité », deschangements politiques et sociaux. Rabat, Maroc, 11 septembre 2011. © Senna Abdelhak/AFP.

Page 34: Printemps arabe, Espoirs et réalités

Jeune manifestant anti-Moubarak, portant sur sonvisage les couleurs du drapeau égyptien, sur la placeTahrir. Le Caire, 6 février 2011. © Alain Buu.

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Les jeunes

par

Farouk Batiche/AFP

Patrick Baz/AFP

Hamideddine Bouali

Alain Buu

Khaled Desouki/AFP

Augustin Le Gall

Rémi Ochlik/IP3

Caroline Poiron/Fedephoto

Johann Rousselot

Page 35: Printemps arabe, Espoirs et réalités

6766

Les chebabs

Sans eux, pas de manifestations, pas de soulèvement et pas de

révolution. C’est pourquoi les chebab, tantôt gamins des rues, tan-

tôt étudiants mais toujours en première ligne, ont payé au prix lourd

leur engagement dans la contestation démocratique. C’est d’ail-

leurs le sacrifice de l’un d’eux, Mohamed Bouazizi, qui, le 4 janvier

2011, s’est s’immolé par le feu à Sidi Bouzid, qui a provoqué les

premières émeutes en Tunisie, enclenchant le processus qui allait

conduire au départ du président Ben Ali. Auparavant, en égypte, à

Alexandrie, le lynchage à mort, en juin 2010, par la police du jeune

blogueur Khaled Saïd avait déjà réveillé les consciences. Ces ga-

vroches seront aussi le fer de lance de la révolution libyenne allant

s’offrir à Benghazi aux balles de l’armée de Kadhafi avant de consti-

tuer les premières brigades armées rebelles. à Bahreïn et au

Yémen, aussi, ils payeront un lourd tribut à la répression. Mais le

pire demeure la Syrie où le régime de Bachar El-Assad s’emploie à

les briser par des emprisonnements dans des conditions terribles

et des tortures systématiques. Leur modèle ? Les chebab palesti-

niens qui, lors de deux intifada, avaient osé défier la puissante

armée israélienne. Puis ceux d’Algérie qui, en octobre 1988, avaient

ébranlé la dictature algérienne.

Jean-Pierre Perrin

Jeunes manifestants anti-Moubarak sur la place Tahrir. Le Caire, 6 février 2011. © Alain Buu.

Page 36: Printemps arabe, Espoirs et réalités

6968

Portraits d’une jeunesse qui s’exprime. La Kasba, Tunis, Tunisie, février 2011. © Augustin Le Gall.

Page 37: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Jeunesse révolutionnaire, manifestation en la mémoire de Mohamed Bouazizi qui s’est immolé par lefeu la 17 décembre 2010, provoquant le mouvement de révolte et la chute du président Ben Ali. SidiBouzid, Tunisie, 17 décembre 2011. © Hamideddine Bouali.

Page 38: Printemps arabe, Espoirs et réalités

72 73

De jeunes manifestants égyptiens portent des pancartes appelant à l’exécution du Président déchuHosni Moubarak, lors de son procès devant l’Académie de police dans les environs du Caire. Le procèspour crime et corruption fut ajourné par le Président du tribunal en reportant l’audition au lendemainpour entendre les mises en accusation du Ministère public. Le Caire, égypte, 2 janvier 2012. © Khaled Desouki/AFP.

Des manifestants portent tout haut le slogan « Système dégage », à l’occasion d’un rassemblement or-ganisé par le parti de la « Coordination nationale pour le changement et la démocratie ». Alger a été se-couée par des révoltes à tous les niveaux de la société, médecins, étudiants et auxilliaires de police. Legouvernement a répondu par des promesses de financement de nouveaux projets en réponse à la pres-sion de la rue. Alger, Algérie, 26 mars 2011. © Farouk Batiche/AFP.

Des milliers de manifestants à travers le Maroc réclament du Roi Mohammed V un véritable changement :par la démission du gouvernement pour mettre un terme à la corruption, « Pas d’argent et de pouvoiren même temps », dit la banderole. Casablanca, Maroc, 20 février 2011. © Rémi Ochlik/IP3.

Page 39: Printemps arabe, Espoirs et réalités

7574

Scène de liesse à Tunis pour le retour de Rached Gannouchi, secrétaire général du parti islamiste Ennahdha. Tunis, Tunisie, 30 janvier 2011. © Hamideddine Bouali.

En ce 11 novembre 2011, plus de 50 000 égyptiens, libéraux et islamistes ont rejoint la désormais célèbrePlace Tahrir au centre du Caire pour demander le transfert du pouvoir de l’armée vers les civils. A la veilledes élections du 28 novembre les heurts sont très violents entre police et manifestants et témoignentd’une pression grandissante sur la Commission qui sera chargée de la nouvelle Constitution. Le Caireégypte. 11 novembre 2011© Alfred Yaghobzadeh.

Page 40: Printemps arabe, Espoirs et réalités

76 77

Ils ont accompagné les jeunesses arabes dans leurs révoltes,

permettant tantôt de dénoncer les mensonges et les intrigues des

régimes, tantôt de partager des aspirations et des valeurs com-

munes. Ils ont aussi relayé les appels à manifester, en Tunisie, en

Libye, à Bahreïn, en égypte, où ils ont joué un rôle déterminant dans

la mobilisation des premiers jours, et en Syrie, où les mots d’ordre

des grands rassemblements du vendredi sont discutés chaque se-

maine sur Facebook. La disparition ou l’emprisonnement de cyber-

militants ont aussi parfois servi d’étincelle à la contestation comme

le lynchage à mort dans une rue d’Alexandrie, le 6 juin 2010, de

Khaled Saïd qui venait de mettre en ligne une vidéo montrant deux

policiers se partageant le butin d’un trafic. En Tunisie, les images

des brutalités policières à Kasserine, qui seront diffusées aussitôt

sur la Toile, ont contribué à la dynamique de la révolution. En Syrie,

les vidéos sur le martyre de la ville de Homs transmises via Internet

ont ému le monde entier. Mais si les réseaux sociaux ont permis

d’ébranler le mur de la peur, c’est le militantisme et l’organisation,

moins visibles, moins dans l’air du temps, qui sont les vrais moteurs

des soulèvements arabes.

Jean-Pierre Perrin

Tunis, Tunisie, janvier 2011. © Hamideddine Bouali.

Les réseaux sociaux

par

Patrick Baz/AFP

Hamideddine Bouali

Alain Buu

Rémi Ochlik/IP3

Caroline Poiron/Fedephoto

Johann Rousselot

Amin, 23 ans, bac mathématiques et algèbre, co-administrateur d’une page Facebook, qui diffuse enpermanence des informations sur la révolution. Tunis, Tunisie, 29 janvier 2011. © Johann Rousselot/Signatures.

Page 41: Printemps arabe, Espoirs et réalités

78 79

Manifestants anti-Moubarak sur la place Tahrir. L’usage du portable, de Twitter, Facebook et Youtubecontribue à l’échange d’informations entre les jeunes blogueurs pour mieux se coordonner, se regrouperet échapper à la répression policière. Le Caire, 6 février 2011. © Alain Buu.

« Facebook » est écrit avec des pierres à même la rue par des manifestants égyptiens anti-Moubarakau moment où l’armée égyptienne renforce sa présence autour de la place Tahrir, épicentre de l’oppo-sition au régime, dans l’espoir d’un retour à une vie normale dans la capitale. Le Caire, février 2011. © Patrick Baz/AFP.

Manifestants anti Moubarak sur la place Tahrir. L’usage du portable de Twitter, Facebook et Youtubecontribuent à l’échange d’informations entre les jeunes bloggers pour mieux se coordonner, se regrouperet échapper à la répression policière. Il est indispensable d’avoir toujours les appareils rechargés grâceà des branchements de fortune. Le Caire, 6 février 2011. © Alain Buu.

Sur la place Tahrir, nombre de manifestants utilisent leur portable pour transmettre tous les momentsforts d’une opposition solidaire et vigilante contre le régime du président Hosni Moubarak. Le Caire, égypte. Février 2011. © Alain Buu.

Page 42: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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La dépouille de l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi est photographiée sur portable dans la chambrefroide où son corps a été déposé, à même le sol, sur un matelas, près d’une mosquée dans les environsde Misrata. Les commandants militaires de la ville de Misrata disaient ne pas prévoir de service mortuaireni d’enquête sur la mort du dictateur, en dépit des nombreuses requêtes sur les conditions de sa mort.Misrata, Libye, 23 octobre 2011. © Rémi Ochlik/IP3.

Du 15 décembre au 23 décembre 2011, la photographe Caroline Poiron a suivi avec la journaliste SofiaAmara, le premier déserteur de l'Armée Syrienne libre (ASL), aussi connu pour être le neveu de MohamedTlass, l'ancien ministre de la défense de Bachar El-Assad. Lieutenant âgé de 25 ans, il participe à l’or-ganisation de la résistance au sein de l'Armée Syrienne Libre avec les habitants de la ville de Homs deplus en plus armés et utilisent l’arme d’Internet pour communiquer sur leur combat. Homs, Libye. © Caroline Poiron/Fedephoto.

élections de l’Assemblée constituante. Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste Ennahdha tient unmeeting à Sidi Bousaid, un quartier chic de la capitale. Le pays se prépare au premier scrutin libre deson histoire qui se tiendra le 23 octobre 2011. Les représentants élus devront rédiger une nouvelle consti-tution après la chute du régime dictatorial de Ben Ali. Tunis, Tunisie le 14 octobre 2011.© Johann Rousselot/Signatures pour Stern.

Saisie sur écran de Youtube de photos et vidéos amateur adressées par Internet à l’opinion publique in-ternationale par des Syriens, témoins et victimes des répressions en cours à travers leur pays en résis-tance au régime de Bachar El-Assad. © M.Y.O.P.

Page 43: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Scène de la vie quotidienne attenante à la place Tahrir, cœur de la révolution égyptienne, réclamant ledépart du Président Hosni Moubarak. Le Caire, égypte. © Alain Buu.

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Les immigrés

par

Hamideddine Bouali

Olivier Jobard

Emilio Morenatti/AP

Fuyant les troubles qui sévicent en Libye, plus de 250 000 travailleurs immigrés ont rejoint en prioritéla Tunisie et l’égypte pendant les 3 semaines écoulées. Tunisie, mardi 15 mars 2011. © Emilio Morenatti/AP Photo.

Page 45: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Page 46: Printemps arabe, Espoirs et réalités

89

Pas de printempspour les migrants

Victimes collatérales du printemps arabe ou misérables opportu-

nistes, des dizaines de milliers de réfugiés ou de migrants se sont

retrouvés sur les routes désertiques ou maritimes à la suite des

révolutions et des conflits en Afrique du nord, notamment.

Des rafiots remplis en majorité de Tunisiens ont emprunté en février

2011 une Méditerranée démontée, parcourant les 60 milles nau-

tiques depuis la ville de Sfax jusqu’à l’île italienne de Lampedusa.

« Certains sont parvenus à toucher terre : ils ont fait sécher leurs

vêtements, ont remis leurs chaussures et se sont dirigés vers le

premier bar venu pour y manger quelque chose de chaud », décri-

vait le reporter du quotidien La Stampa. Mais dans certains de ces

bars, le café devait être servi dans des gobelets en carton « parce

que les clients d’ici refusent de boire dans les tasses dans les-

quelles ils ont bu », ont rapporté des témoins.

Car beaucoup en Europe, obnubilés par les fantasmes et habitués

à ne voir dans les évènements du monde arabe que les dangers

pour leur sécurité, ont paniqué devant cet afflux de « clandestins ».

La distinction entre un immigré et un réfugié fuyant la féroce répres-

sion de Kadhafi n’a pas toujours été faite.

C’est un tout autre accueil qui a été réservé au sud de la Tunisie

aux dizaines de milliers de travailleurs de diverses origines affluant

aux frontières de la Libye où les combats faisaient rage. Africains,

Arabes ou Asiatiques, tous ces hommes partis chercher fortune

très loin de chez eux se sont retrouvés, avec ou sans bagage, sous

des tentes dressées dans le désert par les organisations humani-

taires, faisant la queue tantôt pour une bouteille d’eau, tantôt pour

un casse-croûte badigeonné de Harissa.

Une hiérarchie fondée sur les moyens de chacun de leurs pays

s’est révélée déterminante pour le sort de ces déplacés. Alors que

les ressortissants chinois ou coréens ont été rapatriés rapidement

par leurs gouvernements, les Bengalis, eux, ont dû attendre long-

temps et compter sur les secours internationaux. Quant aux

Libyens, ils ont été accueillis en frères par leurs voisins tunisiens qui

leur ont ouvert les portes de leurs maisons et de leurs écoles.

Hala Kodmani

Journaliste franco-syrienne

88

Le chalutier « Oum El Khir » (femmes du bonheur) quitte le port de Zarzis avec 120 passagers à sonbord. Il y a la crainte de voir la marine tunisienne intervenir et réduire à néant les espoirs de ceux qui ontversé 1 000 € à leur passeur, une fortune. Zarzis-Lampedusa, Tunisie, 17 mars 2012. © Olivier Jobard.

Après avoir fui les troubles qui sévissent en Libye, les travailleurs migrants portant toutes leurs affairesarrivent sous une tempête de sable dans le camp de réfugiés de Ras Ajdir. Plus de 250 000 travailleursimmigrés ont quitté la Libye pour les pays voisins, dont en priorité la Tunisie et l’Egypte pendant les 3semaines écoulées. Tunisie, mardi 15 mars 2011. © Emilio Morenatti/AP Photo.

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Réfugiés dans le camp de Ras Jédir, Tunisie, 12 mars 2011. © Hamideddine Bouali.

Vue du camp de Ras Jédir, Tunisie, 5 mars 2011. © Hamideddine Bouali.

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Plus de 60 000 réfugiés, de toutes nationalités, ont été amenés à séjourner dans le camp de Ras Jédir.Des tentes ont été mises à leur disposition par la Croix Rouge et l’armée tunisienne, sous l’égide del’UNHCR (l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés). Tunisie, 5 mars 2011. © Hamideddine Bouali.

Vue du camp de Ras Jédir, Tunisie, 5 mars 2011. © Hamideddine Bouali.

Page 48: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Les immigrants égyptiens, qui avaient pour habitude de travailler en Tunisie, ont fui les troubles du mo-ment en embarquant à bord d’un bateau mis à leur disposition par leur gouvernement dans le port deZarzis, au sud de la Tunisie. © Emilio Morenatti/AP Photo.

Page 49: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Venus du Bangladesh travailler en Libye, qu’ils ont dû quitter en raison de la guerre civile, ces immigrésessaient d’atteindre à pied, avec tout ce qu’ils possèdent, le camp de réfugiés de Ras Ajdir, à la frontièretunisio-libyenne. Ils se considéraient souvent comme abandonnés par leur gouvernement et manquaientde moyens parce qu’ils n’avaient pas été payés par leur employeur libyen ou bien parce qu’ils avaientété rançonnés sur le chemin de la survie. 4 mars 2011. © Emilio Morenatti/AP Photo.

Page 50: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Plus de 6 000 Tunisiens séjournent à Lampedusa alors que le centre de rétention est prévu pour 850personnes. Chacun attend un frère, un ami, un voisin... Pour limiter les tensions, les migrants seronttransférés sur la péninsule. Lampedusa, Italie, 18 mars 2012. © Olivier Jobard.

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Première nuit sur le sol européen. L’accueil n’est pas à la hauteur de leurs attentes. Les Tunisiens sontobligés de camper jusque sur le port. Lampedusa, Italie, 18 mars 2012. © Olivier Jobard.

Après vingt-deux heures de traversée, escorté par les gardes-côtes italiens, le chalutier entre dans leport de Lampedusa. L’« Oum El Khir » doit accoster dans un emplacement réservé afin de pouvoir comp-ter et parquer ses passagers. Zarzis (Tunisie)-Lampedusa (Italie), 17mars 2012. © Olivier Jobard.

Venus du Bangladesh, après avoir fui la Libye en raison des troubles, les travailleurs immigrés s’alimententdans le camp de Ras Ajdir à la frontière entre la Tunisie et la Libye. Tunisie, lundi 14 mars 2011. © Emilio Morenatti/AP Photo.

Page 51: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Le chalutier « Oum El Khir » (femmes du bonheur) quitte le port de Zarzis avec 120 passagers à sonbord. Il y a la crainte de voir la marine tunisienne intervenir et réduire à néant les espoirs de ceux qui ontversé 1 000 € à leur passeur, une fortune. Zarzis-Lampedusa, Tunisie, 17mars 2012. © Olivier Jobard.

Page 52: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Tunisie

par

Hamideddine Bouali

Lucas Dolega von Zabiensky Mebrouk

Antoine Gyori

Dans une rue de Tunis, Tunisie, décembre 2011. © Hamideddine Bouali.

Page 53: Printemps arabe, Espoirs et réalités

103

Tunisie

Une quinzaine de pays, quelque 300 millions d’hommes et de

femmes, un continent, ou presque, réveillés brusquement par le

vent chaud de l’Histoire qui va souffler jusqu’à Damas et jusqu’au

lointain sultanat d’Oman. Tout commence à Sidi Bouzid, bourg tu-

nisien poussiéreux, pourtant sans histoire, par le sacrifice de

Mohamed Bouazizi, un petit vendeur ambulant de 26 ans, lui-

même sans histoire mais désespéré par la confiscation de sa mar-

chandise par des policiers municipaux. Son immolation par le feu,

en plein hiver 2010, va réveiller les consciences. La protestation

commence. Quelques jours plus tard, c’est Houcine Neji qui se sui-

cide à son tour devant la foule à Menzel Bouzaiane en s’accrochant

à une ligne à haute tension. Fin décembre, le président Ben Ali ac-

cuse à la télévision les « médias étrangers » d’être à l’origine des

troubles. C’est à ce moment qu’il perd la main. Les 8 et 9 janvier,

des révoltes éclatent à Kasserine et dégénèrent en affrontements

sanglants. Quelques jours plus tard, le mouvement s’étend à Tunis

où la foule reprend bientôt le désormais célèbre slogan « Dégage »

adressé à Ben Ali et à son clan. Le 14 janvier, les manifestations

tournent à l’émeute dans la capitale, l’état d’urgence est décrété

et le dictateur quitte le pays. Il était président depuis 24 ans.

Depuis, la Tunisie a connu ses premières élections législatives libres.

Le mouvement islamiste Ennahdha (Renaissance), fondé en 1969

et légalisé en mars 2011, en fut le grand triomphateur. Il n’avait

pourtant joué qu’un rôle insignifiant pendant la révolution. Plus in-

quiétante est la percée des salafistes qui, déjà, jouent la carte de la

tension dans les universités et ont attaqué la télévision qui voulait

diffuser le film « Persépolis » de l’Iranienne Marjane Satrapi.

Jean-Pierre Perrin

102

1. Le corps de Sauhi Wajdi repose dans sa maison natale avant la cérémonie de ses obsèques prévuele lendemain matin. Âgé de 28 ans, il a été abattu d’une rafale dans le dos tirée par un membre des« Escadrons de la terreur », le 12 janvier 2011 dans une rue de Thala. Sauhi est mort à 13 h 20 pouravoir réclamé, à mains nues, le droit de vivre et de travailler dans cette petite ville Thala, où 80 % desjeunes sont privés de tout espoir. Thala, Tunisie, 13 janvier 2011. © Antoine Gyori/AGP.

Lors d'une manifestation rassemblant des milliers d'opposants au régime en place, Maya Jeridi, Secré-taire général du Parti démocratique d'opposition (PDP), appelle au départ du Président tunisien Zine ElAbidine Ben Ali, après son discours télévisé au peuple tunisien. Tunis le 28 Janvier 2011.© Fehti Belaid /AFP"

Page 54: Printemps arabe, Espoirs et réalités

105104

Suite à l’immolation par le feu le 17 décembre 2010 de Mohamed Bouazizi, protestant contre la saisiede sa marchandise par les autorités, le régime est fortement contesté. Les manifestants prennent la ruepour dénoncer la politique que leur Président El Abidine Ben Ali mène depuis 24 ans. Le 14 janvier 2011,Ben Ali quitte le pouvoir. Tunis, Tunisie, janvier 2011. © Lucas Dolega.

Page 55: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Amour de la révolution, la Kasba. Tunis, Tunisie, 24 janvier 2011. © Hamideddine Bouali.

Manifestation pour maintenir les droits acquis pour les femmes. Tunis, la Kasba, Tunisie, 2 novembre2011. © Hamideddine Bouali.

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élections. Triple file d’attente, bureau de vote de l’école rue de Marseille. Tunis, Tunisie, 23 octobre 2011.© Hamideddine Bouali.

Page 56: Printemps arabe, Espoirs et réalités

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Prestation de serment du nouveau Président de la République tunisienne, Moncef Marzouki à l’Assem-blée nationale de la Constituante. Tunis, Le Bardo, Tunisie, 13 décembre 2011. © Hamideddine Bouali.

Rached Gannouchi, secrétaire général du parti Ennahdha, dans l’enceinte de l’Assemblée nationale dela Constituante, lors de la prestation de serment du nouveau Président de la République tunisienne,Moncef Marzouki. Le Bardo, Tunis, Tunisie, 13 décembre 2011. © Hamideddine Bouali.

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Jeunesse de Sidi Bouzid, 17 décembre 2011. Tunisie. © Hamideddine Bouali.

Le géant, en face de l’Assemblée nationale de la Constituante. Le Bardo, Tunis, Tunisie, 3 décembre2011. © Hamideddine Bouali.

Page 57: Printemps arabe, Espoirs et réalités

111110

égypte

par

Yuri Kozyrev/NOOR

Lors des discours de Hosni Moubarak à la télévision le 10 février, les manifestants crient leur colère. Le Caire, égypte, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Page 58: Printemps arabe, Espoirs et réalités

113

égypte

Qui n’a entendu parler de la place Tahrir dans le centre du Caire,

épicentre d’un soulèvement pacifique qui aura duré 18 jours. Or-

ganisées avec l’aide de Facebook et de Twitter, les premières ma-

nifestations commencent le 25 janvier 2011. Les participants sont

jeunes, voire très jeunes. Sur les pancartes, les slogans sont déjà

sans ambigüité : « Game over Moubarak ». Fin janvier, en six jours

de manifestations, on compte déjà au moins cent morts et des cen-

taines d’arrestations. Le 2 février, de violents heurts opposent des

policiers en civils et des voyous pro-régime aux manifestants. Mais

ceux-ci se voient encouragés par l’armée qui fait savoir, quelques

jours plus tard, qu’elle ne tirerait pas sur les contestataires. Les ma-

nifestations enflent. Toutes les classes se mélangent, les opinions

aussi. Le 11 février, le président Hosni Moubarak est contraint à la

démission et remet son pouvoir à l’armée. Il était au pouvoir depuis

30 ans. Le 19 mars, les égyptiens approuvent à 77,3 % la révision

de la Constitution, proposée par l’armée, qui ouvre la voie à des

élections législatives d’ici la fin de l’année. Le 13 avril, Moubarak et

ses deux fils sont placés sous la surveillance de l’armée. La révo-

lution a gagné. Oui ? Non ?

Car, depuis, la situation s’est brouillée en égypte. Les affrontements

entre musulmans et coptes ont repris et n’ont jamais été aussi vio-

lents. L’armée a tiré et fait écraser par ses blindés des chrétiens

qui protestaient contre l’incendie de leur église. Fin novembre, les

Frères musulmans ont laminé leurs adversaires aux élections où,

plus inquiétant encore, les salafistes (extrémistes religieux) ont raflé

plus de 20 % des suffrages. L’armée reste bien campée sur les

hautes marches du pouvoir et n’entend en rien renoncer à ses im-

menses privilèges. Et le maréchal Tantaoui demeure le chef de l’état

par intérim. Aussi, les manifestants ont-ils repris le chemin de la

place Tahrir. Mais ils sont moins nombreux. Signe de la menace de

chaos qui pèse sur le pays, les affrontements lors d’un match de

foot à Port-Saïd, le 1er février, qui font près de 80 morts et des cen-

taines de blessés.

Jean-Pierre Perrin

112

Des milliers de gens convergent vers la place Tahrir à l’annonce la possible démission du président Mubarak. Le Caire, égypte, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Les manifestants anti-Moubarak se battent pour tenir la place Tahrir. Tôt le matin, les violences entre proet anti-Moubarak ont causé la mort de cinq personnes et un nombre important de blessés. Le Caire,égypte, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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115

Un manifestant anti-Moubarak est évacué de la place Tharir. Des jets de pierre, cocktail Molotov et tirsde fusil ponctuels ont continué toute la journée. Le Caire, égypte, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Des manifestants anti-Moubarak se protègent sous une bâche de plastique pendant que des milliersarrivent en masse avec des approvisionnements en eau et nourriture. Le Caire, égypte, février 2011.© Yuri Kozyrev/Agence Noor.

114

Des milliers de gens rassemblés sur la place centrale du Caire, agitant des drapeaux et chantant l’hymnenational, réclament la démission du président Hosni Moubarak. Le Caire, égypte, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

L’armée égyptienne sépare les anti- et pro-Moubarak sur la place Tahrir. Les manifestations ont com-mencé le 25 janvier, jour de congé national, pour commémorer la police, mais requalifié « jour de colère »par les égyptiens descendus nombreux dans les rues. Le Caire, égypte, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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La marche des blessés anti-Moubarak sur la place Tahrir. Plus de 384 morts ainsi que 6 467 blessésdurant les 17 jours de manifestation. Le Caire, égypte, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Les manifestants anti-Moubarak se battent pour tenir la place Tahrir. Tôt le matin, les violences entre pro-et anti-Moubarak ont causé la mort de cinq personnes et un nombre important de blessés. Le Caire,égypte, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

116

Vendredi, jour de prière sur la place Tahrir, plus de 300 000 manifestants sont estimés occuper la placecentrale du Caire. Le Caire, égypte, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Le repos d’un opposant au gouvernement à même le sol sur la place Tahrir. Tous ont appelé « Au jourdu départ » pour le président Moubarak appelé à quitter le pouvoir. Le Caire, égypte, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Dans la rue Mohamed Mahmoud, près de la place Tahrir, heurts violents entre manifestants et forces desécurité égyptienne. Le Caire, égypte, novembre 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Réactions de colère après l’ordre donné par l’armée de défaire les campements de la place Tahrir. Le Caire, égypte, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Levée de bougies en hommage à toutes les victimes sur la place Tahrir du soulèvement populaire. LeCaire, égypte, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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121

Des manifestants appellent à la fin du régime Moubarak. Hosni Moubarak est venu au pouvoir en succédant au président Anouar El-Sadat assassiné en 1981. Le Caire, égypte, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

120

Des soldats retiennent des électeurs et électrices venus voter pour les élections parlementaires du 28novembre 2011 Le Caire, égypte. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Un manifestant, étouffé par un tir de bombe lacrymogène, est évacué de la rue Mohamed Mahmoudprés de la Place Tahrir. Le Caire © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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123122

Libye

par

Yuri Kozyrev/NOOR

Une jeune fille agite le drapeau de la rébellion devant un graffiti anti-Kadhafi dans une rue de Tripoli.Tripoli, Libye, août 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Page 64: Printemps arabe, Espoirs et réalités

125

Libye

étrange révolution, la seule à avoir survécu, puis triomphé grâce à

l’intervention de puissances occidentales, essentiellement la France

et la Grande-Bretagne. Elle commence, le 17 février 2011, par un

« jour de colère », décidé par l’opposition libyenne, qui fait, bientôt

descendre des milliers de Libyens dans les rues, surtout à Benghazi

et dans l’est du pays. D’emblée, les manifestants demandent le dé-

part de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. La mauvaise

distribution de la rente pétrolière, le ressentiment des puissantes

tribus de l’est en raison de leur marginalisation croissante, la fragilité

des structures étatiques, la folie ubuesque du dictateur, la férocité

policière font enfler la colère. La répression est terrible : des dizaines

de tués. Mais l’opposition tient bon, s’empare de l’est du pays, crée

un Conseil national de transition, puis progresse en direction de la

capitale Tripoli. Mais chaotique, mal commandée, l’armée rebelle

perd bientôt les villes conquises. Le 15 mars, les troupes loyalistes

s’approchent de Benghazi, l’épicentre de la révolte. Deux jours plus

tard, la résolution 1973 du Conseil de sécurité sauve la ville en ins-

taurant une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye et en

autorisant le recours à la force pour protéger les populations. Elle

exclut cependant tout déploiement au sol. Le 25 mars, l’OTAN

prend le commandement des opérations aériennes. Le 3 juin, elle

fait même donner ses hélicoptères de combat.

Le tournant de la guerre sera la chute de Tripoli, le 23 août. Le 17

octobre, les insurgés s’emparent des derniers bastions du régime,

les villes de Syrte et Bani Walid. Le 20 octobre, Kadhafi est capturé,

lynché et exécuté par les rebelles. Depuis, la situation n’est pas

complètement stabilisée. Et des tensions sont apparues entre Ben-

ghazi, la frondeuse capitale de la Cyrénaïque, et Tripoli.

Jean-Pierre Perrin

124

Des rebelles se réchauffent la nuit. En arrière plan, Ra’s Lanuf, une cité sur la Méditerranée située sur legolfe de Sirte. C’est le siège du complexe pétro-chimique de Ra’s Lanuf, un terminal pétrolier accueillant3 major compagnies de forage. Ra’s Lanuf, Libye, mars 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Quelques opposants ont peint leur visage aux couleurs du drapeau libyen. Bengahzi, Libye, février 2011.© Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Pendant la bataille dans les abords de Ra’s Lanuf. Ra’s Lanuf, Libye, mars 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

La révolution libyenne à Benghazi, à 940 km environ à l’est de Tripoli, a commencé par des manifestationsdans des parcs et squares dominant la Méditerranée. Benghazi, Libye, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

127126

L’avance des rebelles libyens pendant une bataille contre les troupes gouvernementales, près d’une raf-finerie de pétrole. Ra’s Lanuf, Libye, mars 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Sur la ligne de front, tirs de roquettes Katyusha par les rebelles libyens contre les forces gouvernemen-tales. Ra’s Lanuf, Libye, mars 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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129128

Près d’une batterie anti-aérienne, les rebelles essaient d’échapper aux bombardements de l’armée libyenne. Ra’s Lanuf, Libye, mars 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Les rebelles élèvent une statue pour célébrer la chute du casernement du colonel Kadhafi. Bab Al-Aziziya, Tripoli, Libye, août 2011.© Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Bataille violente entre les rebelles libyens et les loyalistes de Kadhafi dans les environs d’Abu Slim. Tripoli,Libye, août 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Stupéfaction et colère des rebelles libyens devant la découverte d’un charnier de plus de 50 victimesd’un massacre perpétré par les loyalistes de Kadhafi dans un hangar d’une base militaire dans Tripoli.Tripoli, Libye, août 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Un soldat rebelle blessé à l’extérieur de Bab Al-Aziziya, casernement de Kadhafi dans Tripoli. Tripoli,Libye, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Dès la fin des prières du vendredi, les Libyens sortent dans la rue pour participer aux manifestationsanti-Kadhafi. Benghazi, Libye, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Des manifestants fouillent une prison pour chercher des prisonniers détenus dans une caserne appar-tenant aux forces de sécurité du colonel Kadhafi. Benghazi, Libye, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Page 69: Printemps arabe, Espoirs et réalités

135

Les rebelles combattent pour « nettoyer » la ville de Tripoli, encore occupée par des dizaines d’habitantsencore fidèles au régime. Non loin du casernement fortifié du colonel Kadhafi, le quartier d’Abu Slim alongtemps été fortement défendu et habité par les officiels du gouvernement, les officiers de l’armée etles supporters du régime. Tripoli, Libye, août 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Dans le Parc vert de Tripoli, des soldats rebelles célèbrent leur entrée pour la première fois dans la rési-dence fortifiée du colonel Kadhafi à Bab Al-Aziziya. Tripoli, Libye, août 2011. © Yuri Kozyrev/AgenceNoor.

134

à l’abri derrière un mur sur la route de l’aéroport, des rebelles en pleine bataille avec les forces du colonelKadhafi, dans les environs d’Abu Slim et de Ghargour. Tripoli, Libye, août 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Deux cadavres boursouflés, en bordure du Bab Al-Aziziya Square, où les rebelles et les forces de Kadhafise sont livrés une féroce bataille. Tripoli, Libye, août 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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137

Un nouveau centre de médias, dans le bâtiment de l’ancienne cour d’appel de Benghazi, qui fut le théâtrede violents combats entre les derniers fidèles des forces de sécurité pro-Kadhafi et les opposants. àl’intérieur, de jeunes hommes ont installé une batterie d’ordinateurs pour procurer des accréditations depresse à n’importe qui se présentant avec un passeport étranger. Benghazi, Libye, février 2011.© Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Un rebelle libyen dans les environs de Bin Jawad. Bin Jawad, Libye, mars 2011.© Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Un rebelle blessé est soigné à l’hôpital de Ra’s Lanuf. Ra’s Lanuf, Libye, mars 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Une ambulance brûle pendant la bataille de Brega. Brega, Libye, mars 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

L’avance des rebelles libyens durant une bataille contre les forces gouvernementales de Kadhafi, prèsd’une raffinerie en feu. Ra’s Lanuf, Libye, mars 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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La perspective des combats a amené les travailleurs immigrés à évacuer le pays. Benghazi, Libye, février2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Prière des rebelles près des terminaux pétroliers. Ra’s Lanuf, Libye, mars 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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La détresse des membres de la famille d’Emad Al-Giryani, le lendemain de sa mort intervenue dans lescombats sur la ligne de front avec les forces gouvernementales. Ajdajyia, Libye, mars 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Un résistant parcourt un album des photos de famille du colonel Kahdafi dans sa résidence de Bab Al-Aziziya . Tripoli, Libya. August 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Prière d’un rebelle près de la ligne de front. Les loyalistes pro-Kadhafi bloquent à Bin Jawad les forcesd’opposition, obligeant celles-ci à se replier vers Ra’s Lanuf. Ra’s Lanuf, Libye, mars 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Un rebelle libyen en retrait pour chercher un abri durant une bataille contre les forces gouvernementalesde Kadhafi, près d’une raffinerie en feu. Ra’s Lanuf, Libye, mars 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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143142

Bahreïn

par

Yuri Kozyrev/NOOR

Des manifestants montés sur le monument de « Pearl Square » et agitant des drapeaux du Bahreïn. Manama, Bahreïn. Février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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145

Bahreïn

C’est le paradoxe de Bahreïn : c’est le plus petit état du Golfe per-

sique, le plus pauvre, le plus prompt aussi à se soulever mais

chaque révolte de ses habitants entraîne des complications régio-

nales avec des implications dans tout le monde arabe. Monarchie

dirigée par une impitoyable dynastie sunnite, celle des Al-Khalifa,

le pays, en revanche, est très largement chiite. D’où un conflit per-

sistant entre les deux communautés religieuses, les chiites, qui sont

aussi les plus pauvres, se plaignant de discriminations au profit de

la minorité sunnite. C’est là que la géopolitique intervient : les sun-

nites sont sous la haute protection de l’Arabie Saoudite, les chiites

se tournant, eux, vers l’Iran, leur parrain naturel.

En février 2011, l’archipel s’est lancé à son tour dans la contestation

démocratique, notamment à Manama, la capitale. L’épicentre en a

été la place de la Perle, l’équivalent de la place Tahrir du Caire. La

répression, là aussi, a été sanglante : tirs meurtriers de l’armée, ar-

restation des figures de l’opposition chiite et sunnite de gauche. De

son côté, l’opposition a échoué à fédérer les contestataires chiites

et sunnites. Puis, le 14 mars, l’Arabie saoudite a donné le coup de

grâce à la contestation, déployant dans la petite monarchie un mil-

lier de ses meilleurs soldats, secondés par des policiers des émirats

arabes unis. Téhéran n’a rien pu faire pour venir au secours de ses

protégés chiites. Depuis, la répression s’est abattue sur les protes-

tataires. Les pays occidentaux, eux, ferment les yeux ou protestent

pour la forme. Bahreïn abrite une immense base américaine, relais

terrestre de la Ve flotte américaine. Malgré la sévère répression, les

manifestations continuent.

Jean-Pierre Perrin

144

Des femmes se rendent à la morgue pour identifier le corps d’un manifestant tué durant les heurts trèsviolents après l’application de l’état d’urgence avec loi martiale élaborée par le roi de Bahreïn. Manama,Bahreïn, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Deux manifestantes blessées, en traitement à l’hôpital de Manama. Manama, Bahreïn, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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147

Rassemblement de manifestants devant l’hôpital Salmaniya où sont amenés les morts et les blessés.Quelques policiers ont rejoint les manifestants venus donner leur sang ou soutenir les blessés. Manama,Bahreïn, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Les manifestants anti-gouvernement fuient un nuage de gaz lacrymogène provoqué par les tirs desforces de sécurité contre une marche de protestation en provenance du Pearl Square. Manama, Bah-reïn, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor

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Pendant les funérailles d’un homme tué par la police lors d’une manifestation anti-gouvernementale.Manama, Bahreïn, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Un manifestant est envoyé à l’hôpital. Impossible de dire le nombre exact de tués durant la confrontation.Les blessés se comptent par centaines. Manama, Bahreïn, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Des milliers de chiites sont descendus dans les rues le 17 février pour enterrer leurs morts, victimes desraids de la police contre les manifestations. Manama, Bahreïn, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Des milliers de Barheïnis se sont rassemblés à l’occasion des funérailles d’un manifestant de 29 ansAmhed Fahran. Le roi Hamad bin Isa Al-Khalifa a déclaré l’état d’urgence, avec autorisation de recourirà tous les moyens pour rétablir l’ordre. Manama, Bahreïn, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Des milliers de Chiites sont descendus dans les rues le 17 février pour enterrer leurs morts, victimes desraids de la police contre les manifestations. Février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Face à la menace des combats, les ouvriers emportent avec eux tout ce qui leur appartient, empruntentla route de la côte à Benghazi pour quitter le pays. Benghazi, Libye, février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Chaussures perdues par les manifestants lors des marches et défilés anti-gouvernement. Février 2011.© Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Des médecins se réconfortent après s’être occupé en vain du manifestant Abdul Riha. Février 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Yémen

par

Yuri Kozyrev/NOOR

Un aveugle participant aux manifestations sur le « Square du Changement » à Sanaa. Sanaa, Yémen,mai 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Yémen

Si les premières manifestations contre le président Ali Abdallah

Saleh ont commencé dès la fin janvier, c’est la chute d’Hosni

Moubarak, le 11 février 2011, qui jette dans les rues des milliers de

jeunes contestataires. Le 21 février, ils occupent la place de l’Uni-

versité à Sanaa. D’emblée, ils demandent le départ inconditionnel

d’Ali Abdallah Saleh, un vieux politicien issu de l’armée et équili-

briste madré grâce à sa connaissance des arcanes tribales, ce qui,

lui permet d’occuper le pouvoir depuis 33 ans. Et ils tendent la main

aux différents mouvements sécessionnistes qui opèrent au sud et

au nord du pays. L’opposition, socialiste et islamiste, regarde avec

méfiance les jeunes protestataires avant de leur tendre la main. Per-

siste une différence d’approche : les jeunes exigent que Saleh quitte

immédiatement le pouvoir. Les politiciens d’opposition misent sur

un retrait graduel. Ces divergences aideront le président à se main-

tenir au pouvoir. Le 5 mars, il annonce qu’il n’a pas l’intention de

se retirer avant la fin de son mandat, en 2013. Le 12 mars, la police

attaque la place de l’Université. Le 18 mars, des snipers tuent une

cinquantaine de personnes à Sanaa. Quelques jours plus tard, le

général Mohsen Al-Ahmar, le militaire le plus puissant du pays, se

range du côté des manifestants. Mais la majorité de ses unités ne

le suivent pas.

Le 1er mai, Saleh refuse de signer le plan de sortie de crise des mo-

narchies arabes du Golfe qui, craignant l’implosion du pays, se sont

impliquées dans la crise. Le 3 juin, il est blessé, soit par un obus

de mortier, soit par une bombe placée par son entourage, qui ex-

plose dans la mosquée de son palais. Soigné en Arabie saoudite,

on le croit sorti du jeu. Il revient trois mois plus tard. Les manifesta-

tions reprennent, violemment réprimées. Le 23 novembre, il finit par

signer à Riyad le plan de sortie de crise qui prévoit son départ, ef-

fectif en février. Mais l’appareil d’état, les services secrets, l’armée,

la radiotélévision sont encore largement contrôlés par ses proches.

Jean-Pierre Perrin

154

Nabel Ali Mohamed, 28 ans, en traitement aux urgences d’un hôpital à Sanaa. Détenu et torturé par lesforces de sécurité après avoir été arrêté lors d’une manifestation. Son corps était leur cendrier. Sanaa,Yémen, mai 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Marché d’Aden, un pêcheur transporte un poisson. La population du Yémen est estimée à 24 millionsd’habitants au plus bas. Avec 46 % de jeunes de moins de 15 ans et le plus fort taux de naissance,dont une moyenne de 5 enfants par femme. Aden, Yémen, décembre 2010. © Yuri Kozyrev/AgenceNoor.

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156 157

Manifestation sur le « Square du Changement » devant l’Université de Sanaa. Sanaa, Yémen, mai 2011.© Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Une marche à la bougie en hommage aux manifestants décédés dont les portraits font figure de martyrs.Sanaa, Yémen, mai 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

Des manifestants loyalistes au président Saleh sous une tente dans un parking près d’un stade de labanlieue de Sana’a. Sana’a, Yémen, mai 2011. © Yuri Kozyrev/Agence Noor.

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Portraits des manifestants, martyrs tués pendant les manifestations contre le président Ali AbdallahSaleh. Sana’a, Yémen, mai 2011.

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161160

Syrie

par

Khaled Al Hariri/Reuters

Pedro Brito Da Fonseca

Khaled Desouki/AFP

Bulent Kilic/AFP

Ho New/Reuters

Sana/Reuters

AP Photo/Local Coordination Committees in Syria

Mani/Zeppelinnetwork

AP Photo/Rodrigo Abd

AP Photo/SANA

AP Photo

Rémi Ochlik/IP3

Caroline Poiron/Fedephoto

Reuters/Handout

Des manifestants pour la démocratie brûlent le portrait de Bachar El-Assad, Durant une manifestationdevant le siège de la Ligue arabe au Caire, à l’occasion d’une session d’urgence du Conseil ministérielsur la situation en Syrie. Le Caire, égypte, 12 novembre 2011. © Khaled Desouki/AFP.

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Syrie

C’est la dernière, à ce jour, des révolutions arabes. Elle est née, mi-

mars, à Deraa, petite ville proche de la frontière jordanienne. Au

début, une simple révolte provoquée par l’arrestation d’une dou-

zaine d’adolescents qui ont écrit sur les murs des slogans hostiles

au régime. Les gamins sont torturés. La bourgade se mobilise. Les

manifestations commencent. L’armée intervient. C’est bientôt le

carnage. Quand Deraa sera matée, d’autres villes ont déjà pris le

relais. Pendant plusieurs mois, le pivot de cette intifada syrienne

sera la grande ville de Homs, en particulier le quartier pauvre de

Bab Amr qui sera assiégé, affamé, systématiquement bombardé

avant d’être pris par l’armée syrienne fin février.

Au départ, l’intifada syrienne se veut non-violente, multiconfession-

nelle et opposée à toute forme d’intervention étrangère. Toute la

stratégie du régime de Bachar El-Assad sera de briser ce consen-

sus en cherchant, via les manipulations des services secrets et des

chabbiha, des gangs de voyous liés au régime, à faire dériver la

confrontation vers la lutte armée et les affrontements intercommu-

nautaires. Il a partiellement réussi puisque la contestation a pris une

tournure de plus en plus violente avec la création d’une armée sy-

rienne libre formée de déserteurs et des tensions de plus en plus

vives entre la majorité sunnite et la minorité alaouite à laquelle ap-

partient le pouvoir. Après un an de révolte et l’échec de la médiation

de la Ligue arabe, l’opposition demande le soutien de la commu-

nauté internationale, qu’elle rejetait au début, avec la création d’une

zone d’exclusion aérienne et une intervention militaire. Plusieurs

pays arabes préconisent d’armer la rébellion.

Le nombre des victimes est difficile à estimer, les journalistes se

voyant interdire d’entrer en Syrie. Sans doute le nombre des tués

s’élève-t-il à plus de 10 000. Dans les prisons, la torture est systé-

matique. Dans son rapport « Nous n’avons jamais vu de telles hor-

reurs », l’ONG américaine Human Watch indique que des « crimes

contre l’humanité » sont commis par les autorités. Mais le pire est

sans doute à venir.

Jean-Pierre Perrin

162

Des manifestants brûlent le portrait du président Bachar El-Assad, lors d’un défilé dans les environsd’Idlib au nord de la Syrie. Idlid, Syrie, 26 février 2012. © AP Photo/Rodrigo Abd.

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Des supporters du président Bachar El-Assad participent à une manifestation dans le square Al-Uomawien à Damas. Damas, Syrie, 26 octobre 2011. © Khaled Al Hariri/Reuters.

8 novembre 2011. Dans un village de la région de Jabal El-Zaouia, les soldats de l'ALS font une démonstration de force durant quelques heures. Ce sont les premières apparitions publiques de l'ALS.Les jeunes manifestent auprès des soldats déserteurs. © Pedro Brito Da Fonseca/Premières Lignes.

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Le président Bachar El-Assad se tient, entouré des chefs de l’armée, devant la tombe du soldat inconnulors d’une cérémonie en hommage au 38e anniversaire de la guerre d’octobre 1973 contre Israël. Damas,Syrie, 6 octobre 2011. © Sana/Reuters.

Des manifestants posent durant une marche dans les rues d’Idlib après la prière du vendredi. Sur lestee-shirts, il est écrit : “ le peuple souhaite l’exécution du président ”. Idlid, Syrie, 23 septembre 2011. © Ho New/Reuters.

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11 novembre 2011, dans les faubourgs de Jisr El-Shaour de nombreux garçons accompagnent leurspères dans les rassemblements contre le pouvoir. © Pedro Brito Da Fonseca/Premières Lignes.

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L’armée libre défile à visage découvert dans une ville de Jabal El-Zaouia, Syrie, novembre 2011.© Pedro Brito Da Fonseca/Premières Lignes.

8 novembre 2011, dans le village de Kuria, un père de famille de 35 ans a été tué à un check-point dansune ville de Jabal El-Zaouia, Syrie, novembre 2011.© Pedro Brito Da Fonseca/Premières Lignes.

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Des soldats syriens qui ont déserté pour rejoindre l’Armée Syrienne Libre (ASL) participent à une mani-festation de civils pour protester contre le régime du président Bachar El-Assad à Kafranbel près deIdlid. Syrie, 29 janvier 2012. © Reuters.

Lors d’un rassemblement contre le président Bachar El-Assad et la Russie, des manifestants affichentla caricature sur laquelle est écrit : « Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, expose ses tanks, sesavions, ses bombes et son veto pour mieux les vendre ». Kafranbel, Syrie, 29 janvier 2012. © Reuters.

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Des soldats de l’armée régulière, qui ont déserté, rejoignent le camp des manifestants dans les environsde Al-Khaldiya dans la cité en rébellion de Homs. Le délégué britannique de l’Observatoire syrien desdroits de l’homme témoignait du lancement d’une offensive, jeudi soir, dans le quartier de Karm Al-Zeitoun, ayant provoqué la mort de 26 civils dont 9 enfants et des multiples blessés. Homs, Syrie, 26 janvier 2012. © AFP Photo/STR.

Image donnée par un citoyen journaliste via le Comité local de coordination contre le régime de BacharEl-Assad lors d’une manifestation à Kafranbel, près d’Idlid. Sur la bannière, cette interpellation : « à voustous, dans le monde, votre honteuse et lâche indifférence va créer des milliers de Ben Laden dans Kafranbel occupée ». Kafranbel, Syrie, 24 févier 2012. © AP Photo/Local Coordination Committees inSyria.

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Fumée noire sur la ville de Homs, dans les environs de Baba Amr. Pipe-line en feu selon les rebelles accusant les forces du régime d’avoir procédé durant les 12 deniers jours aux bombardements du quartier de Baba Amr. L’Agence officielle Sana accuse les terroristes, d’avoir eux-mêmes visé ce pipe-line approvisionnant la ville industrielle d’Adra, la capitale Damas et le sud du pays. Homs, Syrie, 15 février 2012. © AP Photo/SANA.

Entraînement militaire des rebelles aux environs d’Idlid. Les forces armées syriennes ont renouvelé leurassaut contre la cité rebelle de Homs soumise, selon les activistes, à de très lourds bombardements,faisant craindre, selon le représentant de l’ONU une véritable guerre civile. Homs, Syrie, 14 février 2012.© AP Photo.

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Une femme et sa fille sur le balcon d’un immeuble touché par les bombardements de l’armée syriennedans le centre d’Idlid dans le nord du pays. Consterné par la brutalité de la répression du régime contreles civils, le conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union européennne a imposé de nouvellessanctions pour faire pression sur le régime et inverser le cours des évènements. Idlid, Syrie, 27 février2012. © AP Photo/Rodrigo Abd.

11 novembre 2011. Manifestation dans un village de la région de Jabal El-Zaouia, dans le nord de laSyrie. De nombreux enfants manifestent à côté de leurs pères © Pedro Brito Da Fonseca/PremièresLignes.

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Des fumées de combats en cours dans les environs de Erbeen à Damas. Près de 2 000 soldats de l’armée régulière syrienne, appuyés par des tanks, lançaient un assaut pour essayer de reprendre lecontrôle de la banlieue aux rebelles, au lendemain de la suspension par la Ligue arabe de sa mission decontrôle, en raison d’une violence aggravée. © Reuters.

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Janvier 2011. Portrait réalisé par Caroline Poiron lors de la révolution arabe en égypte en janvier 2011Place Tahrir au Caire. Un convoi de 12 journalistes se rendait à l'hôpital de Homs lorsque les bombar-dements ont ciblé le groupe officiel des médias occidentaux. Gilles Jaquier, reporter pour Envoyé SpécialFrance 2 a été tué. Homs, le 11 janvier 2012 New Akrama. © Caroline Poiron/Fedephoto.

Homs, Décembre 2011. Chaque jour ont lieu des manifestations pacifiques, sous les tirs de l'armée ré-gulière. Les chants appellent l'esprit de la nation arabe au secours. Les manifestations crient au peuplearabe de s'unir contre le régime de Bachar El-Assad. © Caroline Poiron/Fedephoto.

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8 novembre 2011, dans une maison sécurisée par la rébellion. Mahmoud Abdel Moati Habib, ex-officier, a fait défection quand la marine a bombardé la ville portuaire de Lattaquié, en août.© Pedro Brito Da Fonseca/Premières Lignes.

10 novembre 2011. Un groupe armé de l'ASL dans la région de Jabal El-Zaouia. Ils ne disposent qued'armes légères. Ces hommes préfèrent cacher leur identité pour protéger leur famille. © Pedro Brito Da Fonseca/Premières Lignes.

10 novembre 2011. Manifestation contre le président syrien dans la région de Jabal Al-Zaouia. Syrie © Pedro Brito Da Fonseca/Premières lignes.

11 novembre 2011. Manifestation dans un village de la région de Jabal El-Zaouia, dans le nord de laSyrie. De nombreux enfants manifestent à côté de leurs pères.© Pedro Brito Da Fonseca/Premières Lignes.

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Caroline Poiron à Homs :« Du 15 au 23 décembre 2011, j'ai suivi avec la journaliste Sofia Amara le premier déserteur de l'arméelibre, aussi connu pour être le neveu de Mohamed Tlass (2008), l'ancien ministre de la Défense de BacharEl-Assad. Lieutenant, il fédère la résistance, l'opposition et l'Armée Syrienne Libre avec des civils, deplus en plus armés, de Homs. Agé de 25 ans, le « Che » syrien mène de front les combats, les arresta-tions et incarne l'espoir du peuple des quartiers.J'ai suivi les déserteurs pendant 5 jours dans la bataille de Homs. Les insurgés que je suivais ont capturédes soldats iraniens qui essaient de rejoindre l'armée syrienne et les services de Maer Al-Assad. J'ai lapreuve par l'image du soutien militaire iranien au régime syrien. Les déserteurs essayent par tous lesmoyens d'échanger des prisonniers moukabarrat contre des déserteurs menacés d'être fusillés. Finale-ment, 70 sont morts exécutés. pendant cette semaine.Les enfants subissent les tirs et les bombardements de l'armée régulière. Photos insoutenables maisassez claires pour dire qu’il y a massacre. » © Caroline Poiron.

Homs, Bab Amr. Décembre 2011. Les insurgés, les civils armés quadrillent le quartier maison par maison.© Caroline Poiron.

Homs, Bab Amr. Décembre 2011. La ligne de front. Les insurgés tirent sur une cargaison de munitionsqui doit ravitailler un sniper en haut d'un immeuble. © Caroline Poiron/Fedephoto.

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Homs, Bab Amr. Décembre 2011. Les rebelles de l'armée libre syrienne n'ont pas de mortier. Ils ripostentaux bombardements réguliers et quotidiens du régime avec des mitraillettes et quelques RPG. Ils nepeuvent pas atteindre une cible plus loin que 400 mètres. © Caroline Poiron/Fedephoto

Homs, Bab Amr. Décembre 2011. Le quartier vit aux rythme des snipers et des bombardements. Lesrues sont quadrillées par des tireurs d'élites du régime. Les habitants se protègent comme ils peuvent.© Caroline Poiron/Fedephoto.

Homs, Bab Amr. Décembre 2011. Tous les jours, des blessés sont soignés dans les hôpitaux de fortune.Démunis, les médecins tentent de soigner les civils et soldats déserteurs. Traqués par le régime, lesdocteurs gardent l'anonymat. © Caroline Poiron/Fedephoto.

Homs, Bab Amr. Décembre 2011. Le lieutenant Abdel Razzak Tlass de la Brigade El Farouk arrête desiraniens dans les alentours du quartier de Bab Amr. 5 mercenaires iraniens soupçonnés d'être des tireursd'élite envoyés par Téhéran pour prêter main forte à Bachar El-Assad. © Caroline Poiron/Fedephoto.

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Homs, Bab Amr. Décembre 2011. Une petite filles blessée par un sniper. Les maisons deviennent descliniques clandestines. Démunis, les médecins tentent de soigner les civils et soldats déserteurs. Traquéspar le régime, les docteurs gardent l'anonymat. © Caroline Poiron/Fedephoto.

Homs, le 11 janvier 2012 New Akrama. Un convoi de 12 journalistes se rendait à l'hôpital de Homslorsque les bombardements ont ciblés le groupe officiel des médias occidentaux. Gilles Jaquier, reporterpour Envoyé Spécial France 2 a été tué.un milicien du régime est stationné au rond - point du Gouverneur© Caroline Poiron/Fedephoto.

Les pro Assad manifestent en toute quiétude sans subir des tirs de l'armée libre syrienne ou des milicesaffiliées au régime de Bachar El-Assad. Il tient le pouvoir depuis Avril 2011. © Caroline Poiron/Fedephoto.

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Des habitants du village de Bouyada prient et participent aux funérailles clandestines de 4 jeunes mani-festants tués par les bombes de l’armée de Bachar El-Assad. Très souvent, pour des raisons de sécurité,ces obsèques ont lieu la nuit pour éviter des attaques de l’armée régulière. Ce sont là les dernièresphotos de Rémi Ochlik, quelques heures avant de mourir sous le feu d’un bombardement à Homs avecsa consœur Marie Colvin du Sunday Times. Bouyada, Syrie, 22 février 2012, 3 heures du matin. © Rémi Ochlik/IP3.

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Près de Baba Amr, des rebelles de l’Armée Syrienne Libre et un Cheikh, après une prière, avant une at-taque dans les faubourgs de Baba Amr. Homs, Syrie, 22 février 2012. © Rémi Ochlik/IP3.

Des manifestants participent aux obsèques de victimes des bombardements de l’armée syrienne dansles environs de Khalidiya près de Homs. Selon les rebelles, les forces armées syriennes ont tué plus de200 personnes lors de l’assaut donné en ce jour, le plus sanglant des 11 derniers mois de combatscontre le régime du président Bachar El-Assad. Dans l’attente d’un vote d’une résolution de l’ONU, l’ap-pelant à céder le pouvoir. Homs, Syrie, 4 février 2012. © Reuters/Handout.

Un habitant inspecte les dommages causés par les bombardements de l’armée régulière de Bachar El–Assad au centre de la ville d’Idlib au nord –ouest de la Syrie. A la date du 24 Février 2012 plus de7600 personnes on été tués à travers toute la Syrie, selon l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme.© Bulent Kilic/AFP.

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Des habitants du village de Bouyada prient et participent aux funérailles clandestines de 4jeunes manifestants tués par les bombes de l’armée de Bachar El-Assad. Très souvent,pour des raisons de sécurité, ces obsèques ont lieu la nuit pour éviter des attaques de l’ar-mée régulière. Ce sont là les dernières photos de Rémi Ochlik, quelques heures avant demourir sous le feu d’un bombardement à Homs avec sa consœur Marie Colvin du SundayTimes. Bouyada, Syrie, 22 février 2012, 3 heures du matin. © Rémi Ochlik/IP3.

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Hommage à Rémi Ochlik

Rémi Ochlik avait 28 ans. L’âge de beaucoup de ces civils ou révo-

lutionnaires qu’il avait accompagnés dans leur quête de liberté de-

puis la Libye. Comme ces milliers d’autres, près de 8 000

aujourd’hui, dont la mort sous les bombes d’un régime

assassin insupportait tant le jeune photojournaliste.

Souvent « en commande » pour de grands magazines, dont « Paris

Match » qui lui avait retiré par prudence le renouvellement de sa

mission en Syrie, il avait décidé de revenir dans l’enfer de Homs, ville

martyr qui lui fut fatal.

Rémi Ochlik avait fait de ses appareils la seule armure de sa passion :

témoigner dans le silence de ses convictions avec l’acuité de son

regard pour mieux laisser parler ses images magistrales.

Vivre à Haïti les conflits larvés après la démission du Président

Aristide, fut l’appel d’air et la reconnaissance professionnelle qu’il

attendait et méritait tant pour passer du rêve à la réalité.

Lauréat de nombreux prix (Visa pour l’image, Prix Paris Match et

Grand Scoop de Lille dont le dernier en date, le plus prestigieux, le

World Press Photo 2011, l’homme ne semblait jamais oublier ses

origines modestes et ses premiers reportages tels les « manifs » des

sans-papiers, anti-G20 ou CPE.

Venu de Thionville, ce dur pays dévasté par le chômage, il aimait être

et rester au contact des gens, soulignent ses amis Christophe

Berlotin et Grégory Boissy, associés avec Rémi dans la création de

l’agence « Ip3 Presse » en 2005. Très pudique, voire secret, il était

plus préoccupé par la force authentique de ses clichés, le plus près

possible, sans téléobjectif, des acteurs des révolutions en cours.

Toujours au bon moment, au bon endroit, selon l’adage profession-

nel. Une image parmi tant d’autres : sur la place Tahrir au Caire

comme à Tunis, dès les manifestations qui embaument plus le gaz

lacrymogène que le jasmin, il saisit ce portrait d’un homme éploré

de douleur, le visage tuméfié par les larmes et la rage devant le mi-

nistère de l’Intérieur où son frère est décédé sous la torture. Et Rémi

y devient le témoin direct de l'assassinat de son confrère et ami

Lucas Dolega.

Avec autres amis et photographes, il créera l'Association Lucas

Dolega destinée à soutenir les photo-reporteurs. L'édition 2012 du

Prix de l'Association lui est dédiée. C’est nous tous qui aujourd’hui

exprimons notre colère devant un chef d’état qui assassine son peu-

ple, consœurs et confrères pour garder le permis de tuer à huis-clos.

« Rémi Ochlik, son ami Lucas Dolega,vont terriblement manquer

comme Gilles Jacquier à notre monde en permanente révolution ».

Alain Mingam

Commissaire de l’exposition,

administrateur de « Reporters sans frontières. » 15 mars 2012

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Alain BuuNé à Paris en 1960, d’origine vietnamienne, Alain Buu passe son enfanceentre le Vietnam et la France. En 1975, il fait partie des boat-people quifuient les bouleversements secouant alors l’Asie du sud-est, et avec sa fa-mille, il trouve asile en France.Après des études supérieures d’ingénierie, il travaille comme technicien decalcul pendant quelques années avant de franchir le pas et de se lancerdans l’aventure du photojournalisme en 1986.Intégrant la prestigieuse agence Gamma en 1989, il acquiert ses galonsde grand reporter sur le terrain de l’actualité.Depuis 2004, c’est en photographe indépendant qu’il choisit de s’exprimerafin de mener à bien un travail plus personnel et plus approfondi sur des

sujets qui lui tiennent à cœur.Parmi les reportages les plus importants figurent : La bataille de Tora Bora en Afghanistan, La deuxièmeintifada en Palestine, Les conséquences de la politique de l’enfant unique en Chine, « Sur les pas desCavaliers » livre de photographies sur l’Afghanistan de Joseph Kessel, publié chez Gallimard, et la récenterévolution égyptienne.

Patrick ChauvelRéalisateur de documentaires et reportages, écrivain, photo-journaliste comédien, rapporteur de guerre1996 - 2008 : Sud Thaïlande (L’insurrection musulmane) ; Pakistan ; Israël/Palestine ; Afghanistan ; Irak ; Indonésie ; Kosovo ; Tchétchénie, (Prix :World press. Prix du Photo-journalisme d’Anger)1967 - 1995 : Tchétchénie ; Yougoslavie ; Irak/Iran ; Yémen ; Somalie ; Pa-nama ; Salvador (Prix Missouri, U.S.A) ; Nicaragua ; Surinam ; Révolutionirananienne ; Haïti ; Erythrée ; Liban ; Kolweizi (la légion au Zaïr) ; Colombie

(guerres de la drogue, FARC) ; Pérou (Sentier lumineux, guérillas) ; Afghanistan (La guerre contre lesrusses, Massoud) ; guerre du Kippour Israël ; guerre du Cambodge ; Angola ; Mozambique ; guerre duVietnam ; Irlande du Nord ; Israël (guerre des six jours)

RéALISATION DE DOCUMENTAIRES ET REPORTAGES2008 : Thaïlande – 26’ (TAC Press) – Envoyé Spécial, France 22008 : Gurkhas, l’épreuve – 52’ (Scherkhan Production)2008 : Voyage au Talibanistan – 52’ (TAC Press) – Envoyé spécial, France 22007 : Pakistan, la poudrière – 52’ (Tac Press) – Jeudi Investigation, Canal +2007 : les Yeux de Sarah – 90’ (Film et Marguerite, Tac Presse)2004 : I.R.A.K. – 52’ (Films & Marguerite) – Sélectionné au FIPA 2005

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Photographes

éric BouvetNé le 16 mai 1961 à Paris.Marié, deux enfants.1990-2012 : Reporter-photographe indépendant.1983-1990 : Reporter-photographe à l’agence Gamma.1983 : Laborantin noir et blanc à l’agence Gamma.1982 : Reporter-photographe à l’agence Keystone.1980-1981 : Service militaire à l’établissement Cinématographique et Pho-tographique des Armées.

1978-1980 : études à l’école Estienne.PRIX

2000 : Prix Paris Match - Grozny, Tchéchénie.2000 : Prix du Public - Bayeux - Grozny, Tchéchénie.2000 : Prix du Correspondant de Guerre - Bayeux - Grozny, Tchéchénie.2000 : Visa d’Or du Festival du Photojournalisme - Perpignan - Grozny, Tchéchénie.1995 : World Press Photo. 3e prix news stories - Commandos Russes, Tchéchénie.1992 : Prix du Press Club de France. Kurdistan, 1 an après.1991 : World Press Photo - 2e prix spot news - La guerre du Golfe.1990 : World Press Photo. 1er prix news features - Les funérailles de Khomeini - 3e prix news features stories - Lesfunérailles de Khomeini.1988 : 150e Anniversaire International de la Photographie. Médaille d’or - Omeyra, Colombie.1987 : World press photo. 2e prix natures séries – Gaz toxiques, Cameroun.2012 : Visa d’or magazine. Visa pour l’image Libye.

Hamiddedine Bouali Né le 12 janvier 1961 à Tunis. Père de deux enfants. Baccalauréat français, avec mention assez bien, en Philosophie-Lettres-Langues. Certificat de l'enseignement supérieur en maîtrise de Français. Photographe au service photo du ministère de la Culture de 1983 à 1998. Responsable de la salle Internet de la Bibliothèque Régionale de Zaghouande 1998 à 2000.

Chargé de la PAO à la municipalité de Tunis depuis août 2000.

EXPOSITIONS INDIVIDUELLES 1985 « Le Bolchoï en 800 Asa » : Galerie Cberif Fine Art. Sidi-Bou-Saîd. 1997 « Troisième Regard » : Mois de la Photo de Tunis. Galerie de la Bibliothèque Charles De Gaulle puis Maison ibn Rachick. Tunis. 2002 « Examen de conscience », Centre culturelle Bir Lahjar, Tunis.

PRIX ET DIPLÔMES 1996 Médaille d'or à l’exposition internationale de photographie de Bagdad. 2008 Prix National des Arts et des Lettres en Photographie. 2012 Prix Lucien Clergue.1er Prix du Fonds pour les femmes en Méditerranée.

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Peter HapakPeter Hapak, est né en Hongrie ou il a passé toute sa jeunesse. Aujourd’hui basé à New-York, il est en contrat pour le magazine TIME, pourlequel il a réalisé fin 2011, à travers le monde, une série de portraits de « protesters » (ou indignés) pour faire la couverture mythique de fin d’annéeet de nombreuses pages dans le célèbre magazine. Peter Hapak travaillebeaucoup en commercial et à la commande mais sa passion reste le portrait et le corps en mouvement. Il est l’auteur d’une série de portraitsde stars dont Marion Cotillard, George Clooney, Steven Spielberg, SylvesterStallone, parmi d’illustres inconnus tout aussi remarquables.

Olivier JobardNé en 1970, Olivier Jobard intègre l’école Louis Lumière en 1990 et, en1992, rejoint l’agence Sipa Press qu’il quittera en 2011. Il a couvert denombreux conflits : Croatie, Bosnie, Tchétchénie, Afghanistan, Soudan,Sierra Leone, Liberia, Côte d’Ivoire, Colombie, Irak puis s’est surtoutconsacré aux problématiques d’immigration en Europe et dans le monde.Après avoir suivi d‘Afrique en France l’odyssée du Camerounais Kingsley,Olivier Jobard concentre son travail sur la «forteresse Europe» en docu-mentant les routes migratoires clandestines. Aujourd’hui, l’intégration des

immigrés dans leur pays d’accueil est au centre de son travail. Il a obtenu de nombreux prix (Visa d’orMagazine 2011 ; Emmy Award for documentary with Media Storm’s Kingsley Crossing 2007 ; WorldPress Photo, 1er Prix, contemporary issues 2005 …)

Photographes

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Pedro Brito da FonsecaPedro Brito Da Fonseca est journaliste reporter d’images et photographe.Diplômé en sciences politiques, il s'est formé à l'image sur le terrain. Enthousiasmé par les frémissements du Printemps Arabe, il part en Tunisiephotographier l'Histoire en marche puis en Egypte, en Libye et en Syriepour les chaînes de télévision françaises.Entré clandestinement en Syrie, en novembre 2011, il a été le premier journaliste français à filmer l’Armée Syrienne Libre, dans un documentaire co-réalisé avec Paul Moreira pour Canal+. Lors de ce voyage en Syrie, il réa-lise un reportage photo publié dans Paris Match, Sunday Time et Vanity Fair.

Antoine GyoriNé le 28 Mars 1964 à Neuilly-sur-Seine.Diplôme de CAP et BT en photographie et cinématographie de l’école Vaugirard à Paris.Antoine Gyori a débuté sa carrière par une série de reportages en AmériqueLatine avant de rejoindre le staff de France -Soir en 1986 puis le Figaro. En1990 il couvre pour l’agence Sygma les élections et la montée du fonda-mentalisme en Algérie, la guerre du Golf et l’éclatement de l’ex-Yougoslavie,le conflit Israélo-palestinien durant les 2 premières intifada.

Il sera très présent sur les deux guerres de Tchétchénie, la seconde guerre du Golf et ses conséquencesen Irak. Il fera deux séjours en Afghanistan en opération avec l’armée américaine durant le déploiementd’« Enduring Freedom » en 2001. Aujourd’hui domicilié à Paris, Antoine Gyori est distribué par l’agenceCorbis.- Parmi ses nombreux prix « Le World Press Photo » pour ses images à Saravejo en 1994

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Emilio MorenattiEn 1992, il rejoint l' agence EFE, leader des agences de presse espagnoleset s'établit à Séville. Dès cette époque, il commence à couvrir les principauxévènements et conflits qui entre les Jeux olympiques et la guerre en 2002font l'actualité internationale .Fin 2003 il se rend en Afghanistan comme correspondant de l'agence Associated Press à Kabul. Emilio Morenatti suit le processus démocratiquemis en place à travers le pays après la chute du régime Taliban. En 2005,AP l'envoye couvrir le conflit Israëlo-palestinien et le Moyen-Orient.En 2006, il est kidnappé par des milices en arme dans la ville de Gaza et

est rapidement relâché le jour suivant. Il s'établit alors au Pakistan d'où il couvre toute l'Asie centralepour l'agence AP.Emilio Morenatti a reçu en 2008 le Prix « Newspaper Photographer of the Year » par le jury du « Pictureof the Year International » En 2009, Emilio Morenatti fut grièvement blessé avec 2 soldats américains lorsque leur véhicule a sautésur une mine en plein désert d'Afghanistan. Il a perdu son pied gauche et fut hospitalisé à Dubaï.Il est aujourd'hui établi à Barcelone.Les nombreuses récompenses d'Emilio Morenatti incluent le " Fuji European Press Awards 1996 " et le" National Headliner Awards 2005 and 2006 ". Il a gagné un des Prix les plus importants en 2010 dansla catégorie du " Meilleur du photojournalisme " créé par l'Association des photographes de la pressenationale " et le Grand Prix de la Fondation Lucas Dolega 2011.

Photographes

Rémi OchlikRémi Ochlik né dans l'est de la France en 1983 a étudié la photographie à« L'école d'ICART Photo » après des études secondaires.à l'âge de 20 ans, il se rend en Haïti pour couvrir les émeutes provoquéespar la démission du Président Jean-Bertrand Aristide. Ses reportages se-ront primés à « Visa pour l'image ». En 2005, il fonde l'agence de presse IP3 PRESS pour documenter l'ac-tualité sociale et les conflits à travers le monde. En 2011, il se rend en Tu-nisie, en égypte, en Libye pour être au cœur des révolutions arabes en

marche. Le 22 février 2012 Rémi est tué à Homs, en Syrie lors des premières confrontations sanglantesentre l'Armée régulière et « l'Armée syrienne libre » en opposition au régime de Bachar El-Assad.

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Augustin Le GallNé le 30 mars 1980 aux Sables d’Olonne en France.Portant un vif intérêt pour l’aire méditerranéenne, l’Homme et ses pratiquessont au coeur de son travail. Son approche s’oriente vers une photographiedocumentaire, narrative, poétique, où la fiction se mêle à la réalité.De 2006 à 2010, il a travaillé sur différents projets liées aux musiques etpatrimoines de la Méditerranée avec notamment le projet Gnawa traditionet création et la vie en oc musique ! Début 2011, il couvre la révolution tu-nisienne et s’intalle à Tunis pour suivre la période de la transition démocra-tique et les enjeux auxquels doit faire face la société tunisienne.

Il porte une attention particulière aux enjeux de société contemporains liés notamment au monde arabeet à la Méditerranée, au patrimoine immatériel, aux minorités et aux droits de l’Homme. C’est dans cecadre qu’il développe un travail documentaire de fond sur les espaces en mutation, les sociétés tradi-tionnelles et les lieux de création dans lequel le portrait occupe un axe central.Il fait parti du collectif Dekadrage (Marseille) qui travaille sur des projets lié notamment à l’espace médi-terranéen et et actuellement basé entre Tunis et Marseille.

Yuri KozyrevEn tant que photojournaliste, au cours des vingt dernières années, Yuri Kozyrev couvre tous les grands conflits dans l'ex-Union soviétique, y com-pris les deux guerres de Tchétchénie. Immédiatement après le 11 septem-bre 2001, il va en Afghanistan, où il rend compte de la chute des talibans.Yuri Kozyrev a vécu à Bagdad entre 2003 et 2009 en tant que photographepour Time Magazine, pour photographier les différentes zones du conflit.Depuis le début de l’année 2011, il a couvert les événements du printempsarabe voyageant en égypte, au Bahreïn, en Libye et au Yémen.

Il a reçu de nombreuses distinctions pour ses photographies, parmi lesquelles :- le World Press Photo Award : sur la Tchétchénie, l'Irak et la prise d'otage à Beslan en Russie. - Overseas Press Club Oliver Rebbot Award en 2004 pour son reportage sur l'Irak. - Le prix de l'ICP Infinity Award for Photojournalism en 2006 et remporte l'édition 2008 du Frontline Club

Award pour ses reportages sur la guerre en Irak. - le Visa d'or News en 2011 pour l'ensemble de son travail : « On Revolution Road ». Depuis février

2011, il s’est rendu en égypte, au Bahreïn, au Yémen et en Libye afin de couvrir les révolutions arabespour le magazine Time.

- Le Prix Visa pour l'Image, du meilleur reportage réalisé entre septembre 2010 et août 2011.- Le double prix Trophée et Public du Prix Bayeux-Calvados des Correspondants de guerre pour son

travail Dispatch from Libya. - le World Press Photo et le Pictures of the Year International en 2012. - Il est co-fondateur et membre de l’agence photographique NOOR.http://noorimages.com/photographer/kozyrev/

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Rafael YaghobzadehRafael Yaghobzadeh né en 1991 à Paris. Dès ses vingt ans, il s'est renduen Tunisie et en égypte pour couvrir les débuts des révolutions arabes.étudiant en histoire à la Sorbonne et travaillant sur les crises sociales no-tamment en France et en Espagne sur les traces de son père, reporter ré-puté de l'agence Sipa Press, il a déjà documenté l'Amérique du nord, leMoyen-Orient, le Rajasthan... Ses reportages sont distribués par l'agenceSipa -Press, Associated Press et News Pictures.

Site: http://rafaelyaghobzadeh.photoshelter.com/Blog: http://rafael-yaghobzadeh.tumblr.com/

Photographes

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Johann RousselotNé en 1971 à Bruxelles, où il a étudié la photographie à l’ESI – école Su-périeure de l’Image, de 1992 à 1995. Il devient membre de l’agence œilPublic en juin 2001, jusqu’à sa fermeture en 2010. Il est ensuite représentépar la Maison de Photographes, Signatures en France et Laif pour le restedu monde.Exposé à trois reprises au festival international de photojournalisme Visapour l’Image à Perpignan (France), 2003, 2005 et 2012. Nominé finalisteau Sony World Photography Awards 2012, au PhotoEspanã Ojodepez

Volkswagen Award 2008, à la Fondation HSBC pour la Photographie 2007. Lauréat du Prix Kodak dela Critique Photographique 2003.Bénéficiaire d’une bourse du ministère de la Culture, délégation aux Arts plastiques, en 2005 et en 2012.Tirages du travail « India Shining India Crying » et de « Nuit Indienne » acquis dans les collections duFonds national d’art contemporain.Autres expositions au festival Chroniques Nomades à Honfleur, à la galerie Seven Star à Berlin, au SniteMuseum of Art aux états-Unis, à la mairie de Paris, dans les galeries Bose Pacia à Calcutta et RomainRolland à New Delhi, Inde, au festival Images Singulières à Sète, au Koldo Mitxelena Cultural Centre,Donostia San Sebastian, Espagne.

Alfred YaghobzadehIssu d’une famille multiculturelle, à la fois d'origine arménienne et assy-rienne, Alfred Yaghobzadeh se lance dans la photographie à l’occasion dela révolution iranienne en 1979 qui le pousse dans la rue. Il devient reporteret couvre de nombreux conflits comme la guerre civile au Liban, le conflitisraélo-palestinien, les guerres, la famine, les événements politiques, lescrises humanitaires un peu partout dans le monde. Blessé en Tchéchénieet pris en otage lors de la guerre du Liban, il n’a cependant pas cessé de-puis 13 ans de couvrir le conflit israélo-palestinien et les crises humanitaires

de la planète. Primé lors de nombreux festivals, le travail d’Alfred Yaghobzadeh est reconnu et salué enFrance comme à l’international par de nombreux prix des plus prestigieux dont le World Press Photo.

Caroline PoironNée en 1973 en France.Habite Paris, photoreporter 2000-2012, Liban, Afghanistan, Somalie, Larévolution tunisienne, égyptienne, en Libye et en Syrie. Notamment à Homslors des premiers combats de L'armée syrienne Libre contre l'armée régulièrede Bachar-El-Assad. Prix de la Parole Libre. Diffusée par l'agence Fedephotosur l'actualité et sur des sujets magazines pour la presse française et inter-nationale. Paris Match, Le Monde, Libération, VSD, Stein, Der Spiegel.

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Journalistes-écrivains

Hala KodmaniHala Kodmani, passionnée tout naturellement par le Printemps arabe elles'investit en journaliste free lance pour plusieurs titres dont "Libération,L’Express, Rue 89, Pèlerin magazine , L’actualité de Montré" et radios dontFrance Culture, France Inter . Née à Damas, elle travaille depuis trente ansà Paris sur l’actualité du monde arabe et voyage souvent dans cespays,leurs mentalités, leurs humeurs et leurs drames et histoires au cœur d'uneactualité en permanent devenir.

Jean-Pierre PerrinJean-Pierre Perrin est grand reporter et co-chef du service international deLibération, collaborateur des revues Politique internationale, XXI et Polka.Il suit tout particulièrement le Proche et le Moyen-Orient depuis environ 25ans et est plus particulièrement spécialiste de l'Iran, de l'Afghanistan, du

Liban et la Syrie. En février 2012, il est l'un des rares journalistes à avoir pu entrer clandestinement dansla ville de Homs, alors épicentre de la révolte syrienne, quelque jours avant la reprise de la ville par l'arméesyrienne.

écrivain, il est l'auteur de plusieurs récits de guerre et de voyage, dont l'Iran sous le voile (éditions del'Aube - 1996) ; Jours de poussière (La Table Ronde - 2002) sur l'Afghanistan - qui a obtenu le grandPrix des lectrices de Elle ; les Rolling Stones sont à Bagdad (Flammarion - 2003), sur la chute de SaddamHussein. Il est également romancier : Chiens et Louves (Gallimard - la Série noire, 1999), Le paradis desperdantes (Le Livre de poche - 2009)… Il a coordonné une anthologie sur les bouts du monde - Nouvellesdes bouts du monde (Hoëbecke - 2011).

Lucas von Zabiensky Mebrouk Dolega19 août 1978 -17 janvier 2011. Né à ParisLucas pour le prénom, Mebrouk Von Zabiensky pour le nom, Dolega pourla signature.En 2008, il intègre les agences EPA et EFE. Les années de galère à couriraprès les commandes sont révolues. à présent il est enfin photo reporterà plein temps. Il suit l’actualité, couvre le news.Pour sûr, à la cour de l’élysée, il préfère les nuits d’affrontements du CPE ;aux rencontres diplomatiques du Quai d’Orsay, il préfère la couverture des

émeutes du sommet de l’Otan à Strasbourg.La passion des débuts pour l’aventure, les limites sans cesse repoussées et le goût du danger se sontrapidement mués en combat. Un combat permanent. Il veut immortaliser les conflits. Il doit raconter. En2008, il est au Nord Kivu, province du Congo ravagée par une guerre civile et une épidémie de choléra.En 2010, c’est à Bangkok que sa passion l’amène, pour la rébellion des chemises rouges. Toujours enlui cette volonté de témoigner, de dénoncer.Aussi, est-ce tout naturellement qu’en janvier 2011, il s’envole pour la Tunisie, où le président Ben Ali vitses dernières heures de dictateur.Lucas n’a jamais eu l’intention de mourir, et pourtant, il a vécu intensément chaque moment de sa vie,comme si c’était le dernier.Pour Lucas Dolega, la photographie de reportage n’était pas un métier, c’était sa vie. Le 17 janvier 2011,émeutes dans les rue de Tunis : Lucas succombe à sa passion. C’est ce qu’on appellera quelques joursplus tard la Révolution du Jasmin. Il avait 32 ans.« Vouée à sa mémoire, pour soutenir les photo-reporters, l'Association Lucas Dolega a dédié son Prix 2012,à feu son ami Rémi Ochlik, qui fût témoin direct de son assassinat lors d'une manifestation à Tunis ».

Photographes

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Révolutions en mouvement

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« Anticiper�l'Avenir »�avait�pour�but�d'entretenir�au�niveau�de�la�Région�une�interconnection

entre�des�photojournalistes�et�des�activistes�médiatiques�numériques�pour�partager�les

leçons�d'expériences�différentes�apprises�pendant� « l'Arabe�Spring »�ou� « Printemps

arabe ».

Une�mise�en�question�du�poids�et�du�rôle�des�images�dans�la�traduction�des�mouvements

révolutionnaires�de�la�région�arabe.�Les�participants�sont�venus�de�l'Algérie,�d'Égypte,�de

la�Jordanie,�du�Kurdistan�irakien,�du�Maroc,�de�la�Tunisie�et�du�Yémen.Tous�étaient�pho-

tojournalistes�professionnels�et�experts�en�numérique.�Le�projet�se�composait�de�deux

ateliers�parallèles�de�quatre�jours�pour�des�photo-journalistes�d'un�côté�et�des�spécialistes

de�la�transmission�de�l'autre.

La�rencontre�fut�l'objet�d'une�conférence�de�clôture�pendant�2�jours�afin�de�confronter

les�avis�d´experts�et�de�professionnels�de�l'image�comme�des�médias.

Anticiper l’avenirpar Noorimages

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« Printemps arabe » http://printempsarabe.regionpaca.fr

Exposition produite par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Commissaire de l’exposition, Alain Mingam

Maddalena Giovaninni, architecte scénographe

Jean-Pierre Perrin, grand reporter à Libération

Hala Kodmani, journaliste franco-syrienne

Manon Loiseau, Capa

Sofia Amara et Marc Berdugo, Magneto presse 

Jean-Michel Rodrigo et Amal Ramsis, Mecanos production

Hamiddedine Bouali, photographe tunisien

Claudia Hinterer et Sonia Jeunet, agence Noor

Francisco Zizola et Valentina Tordoni,

10b Photography

Estelle Veret, Jérôme Pelet, Fabrice Bessière,

agence Reuters

Laurent Rebours, AP

Vaclav Neumann, AFP

Marie-Pierre Lannuzel, iconographe

Pierre Moutet, Central Color et toute son équipe

Guilaine Chenu et Françoise Joly – Envoyé Spécial, France 2

Steeve Baumann et Pascal Manoukian, Capa

Paul Moreira et Pedro Da Fonseca, Premières lignes

Julien Pain, Nathalie Lenfant, France 24

Jacques Peron, éditions du Layeur – Alif 

« Dégage, La révolution Tunisienne » 

Nicolas Mathias, Radio France

Mireille Le Maresquier, Romain Beignon, France Info

Nicolas Demorand, François Sergent, Libération

Sophie Duflau, Mediapart

Jean-Marie Fardeau et Valérie Lombard

« Human Rights Watch »

Conception et réalisation du catalogue :

Direction de l’Information de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur

avec la collaboration d'Alain Mingam

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