princess eud : chanteuse et plus encore

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No 1267 - 9 Mars 2015 5 numéros par semaine • Gratuit avec Le Nouvelliste PRINCESS EUD CHANTEUSE et pLus e Ncore

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Page 1: Princess EUD : chanteuse et plus encore

No 1267 - 9 Mars 20155 numéros par semaine • Gratuit avec Le Nouvelliste

princess

eUDchaNteuseet pLus eNcore

Page 2: Princess EUD : chanteuse et plus encore

2 9 Mars 2015No 1267

19 269FaNs

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL

RÉDACTEUR EN CHEFFrantz Duval

SECRÉTAIRE DE RÉDACTIONDaphney Valsaint MALANDRE

rÉDActIoNChancy VICTORINDimitry Nader ORISMAGilles FRESLET Myria CHARLESWinnie Hugot GABRIELTeddy Keser MOMBRUNJunior Plésius LOUISRaphaël FÉQUIÈREEnock NÉRÉLégupeterson ALEXANDRE

correctIoN

crÉAtIoN ArtIstIQueResponsable graphiqueRéginald GUSTAVEStevenson ESTÈVEPhotographesFrederick C. ALEXISHomère CARDICHONJean Jules Bernard DELVAMoranvil MERCIDIEUYonel LOUIS

Publicité: 2941-4646 [email protected]

Rédaction: 2945-4646

Une publication de Ticket Magazine S.A.

BeLo remet LA cArAvANeeN mArcheBelo, BIC et Jean Jean Roosevelt ont repris, avec une équipe technique réduite, les routes de nos provinces pour une quatrième caravane qui rencontrera les jeunes du pays à tra-vers des conférences et des concerts depuis le lundi 9 mars. L’OIF, s’étonne-t-on, ne s’est pas investi auprès de ces stars pourtant ambassadeurs de sa cause francophone en Haïti.

Le Nord, le Sud-Est, l’Ouest et l’Arti-bonite sont les départements ciblés dans le cadre de la quatrième édition de cette caravane. L’activité a été lancée conjointement par Belo de HandzUp Group et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) sous le nom de « La caravane francophone » en 2012 sous le règne de Chantal Moreno. Ainsi Belo, BIC et Jean Jean Roosevelt sont devenus les premiers ambassadeurs de la fran-cophonie en Haïti. Ces ambassadeurs ont permis, grâce à leur statut de stars

de la musique, à des milliers de jeunes de découvrir ce qu’est la francophonie. Selon Belo, l’initiateur de l’événement, la caravane reprendra cette année sans le support de l’OIF qui a à sa tête un nou-veau directeur.

« Malheureusement, l’OIF n’a pas ré-pondu présent, confirme Belo, mais nous avons jugé le projet trop important pour l’abandonner ; c’est pourquoi HandzUp Group a décidé de trouver des sponsors pour remettre l’activité sur les rails. »

Le lundi 9 mars 2015, au Village

Noailles de Croix-des-Bouquets, ce projet rebaptisé « Haïti la caravane » a été lancé sous le thème « La paix et la tolérance ». Le 11 mars, Belo, BIC, Jean Jean Roosevelt seront à Saint-Marc ; le 12 aux Gonaïves; le 13 au Cap-Haïtien ; le 16 à Jacmel ; le 17 à Léogâne. Cette caravane conservera son aspect musique-débat et sera clôtu-rée au ministère de la Culture le 19 mars par un grand concert acoustique.

Plésius Junior Louis

[email protected]

huGLINe JÉromeL’eNNemIe #1 De KreyòL LA

Décidément, musiciens, groupes musicaux, promoteurs et managers ne s’entendent presque plus ces temps-ci dans l’HMI. Quand ils ne se battent pas pour de l’argent, ils trouvent bien d’autres raisons encore pour se dresser les uns contre les autres. C’est le cas de l’équipe de Kreyòl La et de la patronne de Dream Promo, Hugline Jérome, entre lesquelles les violons ne s’accordent plus.

Le chanteur de Kreyòl La ne va pas par quatre chemins pour déclarer qu’il n’est pas l’ami de Hugline Jérôme. « Hugline ne veut pas nous voir. Elle est l’ennemie #1 de Kreyòl La », affirme T-Jo Zenny.

Selon le musicien, Konpa Kreyòl est à l’origine de son problème avec la promo-trice. « Dans le dernier concert flashback de Konpa Kreyòl, Hugline n’a pas appré-cié qu’on ne lui a pas permis d’organiser l’événement, tâche qu’on avait confiée à Fabiola Dupoux Léger. Depuis lors, elle ne me voit plus de bon œil. Hugline est notre ennemie #1, cela se dit partout. Elle ne nous aime pas. Nous non plus, on ne l’aime pas, car généralement, on aime ceux qui nous aiment », a expliqué Joseph Zenny Jr.

Contactée à ce sujet, Hugline Jérome déclare que c’est une grande surprise pour elle, car elle ne se connaissait pas d’ennemis dans le business. « Dream Promo est une compagnie indépen-dante. Je suis libre du choix des groupes musicaux avec lesquels je travaille. Nous

à Dream, nous regardons vers l’avenir, voilà pourquoi nous nous impliquons dans la mise sur pied de l’association Atis Tèt Ansanm pour faire avancer les choses quoiqu’elle ne soit pas encore formelle.

Gilles Freslet

[email protected]

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39 Mars 2015No 1267

rÉGINALD cANGÉDÉDIe uNe musIQueAux vIctImes Du cArNAvAL 2015

Le drame survenu en plein carnaval le 17 février 2015 n’a laissé personne indiffé-rent, encore moins les artistes. C’est le cas de Réginald Cangé alias Pè Las, qui, à peine avoir quitté Zenglen pour reconstituer son groupe Fasil, vient de mettre en circulation une chanson en hommage aux victimes de la tragédie.

Titrée « S.O.S. d’un Terrien en détresse », la version originale de cette musique est de Daniel Balavoine. Cette chansonnette française ayant marqué l’enfance de plus d’un est magnifiquement interprétée par un Réginald Cangé confirme le talent de l’artiste.

Signalons que peu de temps après la sortie de cette chanson, le chanteur était invité à participer sur le nouveau single « Kite’l fè travay li » de Fantom.

Gilles [email protected]

Le groupe Symbi Roots fêtera cette année ses dix ans d’existence. Le premier orchestre de femmes aux percussions mené par Dieuvela Etienne s’est imposé dans le milieu musical haïtien jusqu’à se tailler une place de choix dans la cuvée artistique et culturelle à l’heure où les femmes luttent encore pour leur pleine et entière émancipation.

symBI roots, ex rArA FANmla bande à pied au féminin

Fondé par Dieuvela Etienne, elle-même artiste, femme de tête et de scène, le Symbi Roots a lar-gement contribué à relever un grand défi dans le milieu musical haïtien. Il a d’abord projeté un autre regard sur le rara, cette tradition populaire réservée autrefois uniquement aux hommes, en lui brossant une image plus artistique, en y intégrant les femmes musiciennes tout en élargissant son cadre de consommation.

Une expression plus colorée et plus diversifiée où les notes rara et vodou s’habillent d’un nou-vel imaginaire, voilà ce qu’on retient à première vue de ce groupe. C’est une véritable révolution sur l’échiquier des bandes à pied. En suivant l’exemple de Symbi Roots, désormais ce n’est plus un mystère de voir défiler, avec fière allure dans nos rues, au carnaval comme ailleurs, des femmes aux tambours, aérophones, idiophones au rythme de pas cadencés.

Avec Symbi Roots, Dieuvela Etienne a su offrir un modèle de bande à pied dansante, interprétant des personnages et offrant du spectacle. Ce qui a donné à cette bande une vision plus large et plus diversifiée de cette pratique musicale rurale. Avant de voir ces jeunes femmes sur le béton ou sur des scènes, elles ont été d’abord initiées à la formation, l’apprentissage d’instruments, tels le bambou, les cornes à vents, le tambour, etc., mais aussi à la pratique de l’expression théâtrale. Ce qui permet au groupe d’afficher une toute autre image du rara avec des parades et des concerts dans des costumes et des chorégraphies de danses flanquées d’une charge dramatique et spectaculaire qui se donne à admirer.

À l’heure où les femmes marginalisées luttent encore pour le respect de leurs droits et leur pleine émancipation, à l’heure où les jeunes femmes de notre société sont en panne de modèles et de loisirs, Symbi Roots détecte, découvre, forme, développe et encadre les femmes issues de tous milieux sociaux intéressées à la percussion, à la musique. Le travail se distingue par l’engagement actif du groupe dans la société. Symbi Roots s’implique à travers ses concerts, parades et autres actions de formation, de can-tine, de plaidoyers dans la lutte pour les droits humains, pour la paix, la liberté individuelle, la démocra-tie et l’environnement... Une plus large implication des femmes…

Symbi Roots contribue à insuffler aux femmes l’amour pour la musique, forme d’expression capable de répondre aux nombreux problèmes auxquels elles se heurtent dans notre société. Mais c’est aussi une forme de thérapie capable de favoriser leur équilibre psychologique et affectif. Malgré les clichés sexistes et machistes dont elle est victime et qui viennent parfois même de sa propre communauté, la gente féminine devrait s’impliquer davantage dans les arts de la scène, particulièrement la musique.

De l’avis de Dieuvela Etienne, le groupe ne renoncera pas de si tôt à sa mission qui a toujours été de contribuer à la formation et le travail ardu pour que les femmes aient les mêmes chances de réussite et les compétences égales sur l’échiquier artistique et culturel haïtien.

Lord Edwin Byron

[email protected]

Page 4: Princess EUD : chanteuse et plus encore

4 9 Mars 2015No 1267

Pour la Journée internationale des femmes, les fans de la musique évangé-lique avaient rendez-vous au Café Trio. Pour la deuxième année consécutive, Les Productions Bénies ont offert l’op-portunité à des chanteuses chrétiennes de commémorer cette date de la plus belle des manières. Tami, Ginou Pierre Taverne, Magdala Fabien, Deborah Henristal et le groupe Haleem compo-saient le line up de cette soirée.

Magdala Fabien a été la première à gravir la scène du Café Trio. Les organi-sateurs voulaient permettre au grand public de découvrir cette voix qui n’est pourtant pas à ses débuts. Le lead vocal de la chorale Salem International l’a prouvé en laissant une bonne impression sur le beau public de Café trio. Au vu de

la prestation de la sœur de Mackenson Fabien, on peut dire qu’elle a une grande carrière solo qui l’attend.

Ginou Pierre Taverne, wooooow ! Elle a assuré parfaitement la transi-

tion avec Magdala. Ginou n’a pas mis de temps pour conquérir son public. Sa très bonne communication, ses échanges avec le public suffisaient à gagner des âmes. Et quand elle a commencé à chan-ter, c’était extraordinaire… ah pardon, wow ! Chacune de ses chansons est inter-prétée dans un style, dans un rythme qui fait souvent bon alliage avec sa voix pleine de maturité.

Le sens de l’humour de cette femme et sa capacité à faire danser son public

uNe soIrÉe WoWpour Les Femmes chrÉtIeNNes

ont tout aussi gâté le Café Trio. Sa simpli-cité n’enlève rien à son aptitude à faire bouger dans tous les sens. Avec Ginou sur scène, c’est la chanson, la danse, mais le rire aussi. Et un public ne demande pas mieux que ça. Avant de laisser le podium, elle a pris le soin d’inviter les femmes chrétiennes à travailler davan-tage pour mettre en valeur leurs qualités. Elle a tout simplement été wow !

Les femmes étaient vraiment à l’honneur lors de cette soirée. Elles ont été gâtées par les organisateurs qui leur ont réservé des cadeaux entre chaque prestation. Comme l’a souligné l’ani-mateur de la soirée, Georges Maurice Saint-Hilaire, WOW était une soirée pour faire honneur aux femmes du secteur

évangélique.

Haleem, le même amour Parler du groupe Haleem, c’est parler

du premier groupe a capella composé exclusivement de jeunes fille dans le secteur évangélique. La formation qui a marqué les esprits durant les années 90 n’a pas pris une ride. Les femmes du groupe Haleem étaient tout carrément à la hauteur des attentes d’un public qui avait bien envie de réécouter « Li kase kòd la ».

Elégantes comme toujours, les femmes d’Haleem n’étaient pas moins wow sur la scène de Café Trio. Les voix ont gardé toute leur jeunesse. Haleem, c’est toujours les jolies compositions arrangées sur mesure pour ces belles voix. Comme l’a dit Charlette C. Saint-Cyr au moment des salutations, Haleem a prouvé qu’il va continuer à louer le Sei-gneur pour de longues années encore.

Déborah Henristal a bien grandi, mais rien n’a changé. C’est encore la petite fille très talentueuse qu’on a découverte à Soleil d’Été qui était sur la scène du Café Trio. Sinon ses jambes qui se sont beaucoup allongées, la voix reste la même. Le public en a bien profité. Sur-tout au moment de l’entendre chanter la version française de la chanson « Quel est cet amour ? ». La petite s’est tout permis devant un public dont elle a toute l’appréciation.

Christ-Ami Cemé avait la responsa-bilité de clôturer cette belle soirée en l’honneur de femmes. Tami a surtout gratifié le public des morceaux gravés sur son premier album. La jeune sœur de Nicky a néanmoins mis du temps pour faire bouger un public quasi comblé par les prestations précédentes. Son pro-fessionnalisme, sa belle voix ont quand même fait la différence. Avant de laisser la scène, la chanteuse est quand même parvenue à mettre le public en liesse.

Cette deuxième édition de Women of Worship a été un succès. WOW devient sans conteste l’un des grands rendez-vous phare du secteur évangélique de l’année. Et ce n’est pas Karl Foster Candio et ses collaborateurs des Productions Bénies qui vont s’en plaindre.

Olivier Louis Joseph

Les chanteuses et groupes de la soirée reçoivent des fleurs des représentants de Les Productions Bénies, Joël Fanfan et Karl Foster Candio

Ginou Pierre Taverne et ses choristes pour une prestation wow... Haleem a épaté

Tout pou Jezi...

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59 Mars 2015No 1267

Dans les dernières apparitions publiques de Eud, une chose a dû capter l’attention de plus d’un. Ses tenues. Ori-ginales, colorées et chic. Elle fait des émules en portant des pièces griffées « Iyoudi Collection », sa propre ligne de vêtements qu’elle compte lancer bientôt !

prINcess euDchANteuse et pLus eNcore

Même si le public n’est guère fixé sur le sort du groupe Mystik 703 dont elle faisait partie, la chanteuse continue son chemin. Après une récente tournée aux USA aux côtés de son complice Ded Kra-Z et son apparition à l’écran comme actrice principale de « Suspicion », un film de Samuel Pierre-Louis, Princess Eud se confie sur un projet majeur auquel elle se dédie : le lancement de sa ligne de vêtements en fin d’année.

En effet, à l’instar des grandes stars internationales, Princess Eud ajoute une nouvelle corde à son arc en se lançant dans la mode. C’est une passion de toujours qui remonte à la surface. Car, dit-elle, « je me rappelle que, petite, ma mère m’a fait suivre des cours de couture ; tout le monde chez moi savait coudre. Mais je n’y suis pas vraiment restée. Je préférais concevoir les modèles de vête-ments. »

Avec ses locks qui lui arrivent jusqu’au dessous de son fessier s’ils ne sont retenus dans une coiffure excentrique, Eunide Edouarin est souvent sublime dans ses tenues. Elle dessine les vête-ments ; sa mère et ses frères les cousent. Toute une affaire de famille.

Plusieurs modèles, les uns aussi magnifiques que les autres, sont déjà disponibles. Sur sa page Facebook et son compte Instagram notamment. Simples ou sophistiqués, ils sont le sym-bole incontournable de la créativité de l’artiste. Taillés dans des tissus africains, du jute ou du karabela, les vêtements aux chauds coloris nous rappellent notre appartenance africaine. C’est le choix de la jeune designer qui d’ailleurs précise : « J’aime les vêtements colorés ! Je les dédie à ceux qui aiment mon style, ceux qui aiment et qui veulent être différents. De plus, je persiste à croire que nous venons tous d’Afrique. C’est ce qui fait notre identité et nous n’avons pas à nous en détacher. »

Mais si la chanteuse est très enthou-siaste à l’idée de lancer sa propre ligne de vêtements ? cela se sent à des kilomètres à la ronde ?, les moyens lui manquent cruellement. Les ressources humaines mais surtout matérielles. « Jusqu’à pré-sent, ce sont mes frères qui cousent. J’ai envie d’avoir mon atelier et de pouvoir

satisfaire aux demandes de mes clients. Car déjà, je reçois plusieurs commandes via mes pages sur les réseaux sociaux. Malheureusement, je n’ai pas encore trouvé de support en ce sens… malgré mes multiples tentatives. »

Bouillonnante d’énergie et d’ima-gination, Eud surprend. Sa sincérité étonne. Elle a gardé en elle une certaine innocence, de la franchise, de l’humour et beaucoup de spontanéité. Sur sa page Facebook, un jour elle n’hésite pas à poster : « Yon sèl bagay pou yon moun pa di’m demen le nou wè m nan grande première SUSPICION an a 6h pm nan otel oasis la se « OH GAD KIJAN PRINCESS LA TE KOUT ». Sa timidité contraste grande-ment avec son aisance sur scène. La force de caractère que dégage ce petit bout de femme est captivante. Et quoique réservée, elle fait montre de beaucoup d’ouverture d’esprit. Elle rêve, tout en couleurs, comme les vêtements qu’elle crée. Avec autant d’ingéniosité que son rap. « Je voudrais vraiment que cette ligne de vêtements devienne interna-tionale. J’espère même un jour voir mes tenues être portées dans une vidéo de Rihanna, par exemple », dit Eud. Elle inspire et motive les autres. « Je veux marquer la Terre de mon passage, conti-nue-t-elle. Je tiens à ce que quand je ne serai plus là, qu’on se souvienne de moi et qu’on dise voilà ce que j’ai léguée. Je veux inspirer les autres, les aider à croire en eux et en leurs potentialités. Car eux aussi, ils peuvent réaliser des choses grandioses. »

Au fait, Eud est une battante qui prend ses défis à bras le corps et s’échine à les relever. Cette mère de famille s’inquiète beaucoup de l’éducation de son fils de 8 ans, elle bosse dur pour bien gagner sa vie. La fille de Jalousie, un très grand bidonville qui ceinture Pétion-Ville, a énormément grandi. Avec discipline et détermination elle a construit son royaume et forgée son destin. Chanteuse, actrice, bientôt designer et entrepreneure, Eunide Edouarin ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Le meilleur est encore à venir ! Convaincue d’y arriver,

elle explique : « J’ai accompli de belles choses dans ma vie, mais je travaille encore. Lè m ap gade rès wout m gen pou m fè a, mwen wè l long anpil, men mwen sur si m kontinye mache m ap rive. » Par ailleurs, Eud lance un appel

à ses fans aux haïtiens en général pour supporter la production nationale, sa ligne de vêtements particulièrement !

Winnie H. Gabriel

[email protected]

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Lundi 9 et mardi 10 mars 20156

Cueillis à froid dès la 3e minute par une réalisation de Villegas, puis d’un 2e but assassin à la

7e minute, la sélection nationale haïtienne U17 battue 1-4 par le Costa-Rica laisse la phase concacaf des éliminatoires sans jamais avoir eu le temps d’y entrer. Il faudra re-passer pour disputer une nouvelle phase de coupe du monde U17.

Tout était promis à la belle équipe haïtienne, vainqueur de la Coupe Caribénne des Nations en octobre. Joueurs talentueux, fond de jeux, football chatoyant, elle avait permis tous les espoirs. Des espoirs qui font que depuis, la pré-paration de l’équipe ne répondait plus aux exigences du niveau de la CONCACAF à un moment où chaque sélection qualifiée pour la Compétition à ce niveau l’attendait au tournant.

A Punta Cana où quelques Haïtiens avaient révendiqué leur nationalité haïtienne en regardant cette équipe en transit, certains se demandaient comment avaient-ils su que c’est une équipe qui méritait le respect. Mais quand, à Panama City, deux diplomates vénézue-liens ont suplié le sélectionneur de leur accorder la chance de poser avec cette équipe, on se disait que la réputation des U17 haïtiens avaient franchi les frontières.

A l’aéroport deTegucigalpa où l’équipe est accueillis dans la ligne

Haïti éliminéeCONCACAF u 17 / Eliminatoires

diplomatique, un certain respect du groupe est observe, mais là encore, on se demandait pourquoi et c’est après la défaite contre le Canada qu’on a commencé à comprendre quelque chose devant le ouf de soulagement du sélectionneur canadien et le visage attristé des journalistes présents à l’Olimpico de San Pedro de Sula, quand ils nous demandent : “Qu’avez-vous fait de la belle équipe haïtienne du mois d’octobre?”

Contre le Panama 4 jours plus tard, les hommes de Marc Cheze se sont mieux comportés dans l’ensemble. Par contre quatre grossières erreurs défensives lui ayant couté quatre buts stupides lui avaient valu d’encaisser 7 buts gags et l’entraîneur panaméen de s’estimer heureux de s’en sortir devant une équipe haïtienne qu’il savait forte et imprévisible. Forte

mais encaissant 10 buts en deux rencontres pour deux défaites.

Ce n’est que contre le Costa Rica que l’équipe haienne a fina-lement retrouvé et son maestro (Johnson Jeudy) et son football, mais dans quelle situation? Avec deux buts concédés en 7 minutes la formation haïtienne s’est compli-quée la tâche. Même la réduction du score par Dede Kenley à la 20e minute ne banissait pas le manque évident d’’une certaine expérience.Peur, fautes grossères et consé-quences, Fadyson Pierre voit rouge à 10 minutes de la mi-temps pour cumul de carton. A la mi-temps le score était de 2-1 en faveur des Costa-Ricains et Haïti condamnée de jouer à 10 contre 11.

Si en seconde période, le Costa Rica marqua quelques signes de faiblesse et s’est trouvé acculée par la sélection nationale haïtienne, la sortie de Saul Metellus à la 52e

minute, remplacé par John Peter n’arrangea pas les choses. Le Costa Rica est sur les rotules mais ne plie pas bagages. Au contraire, sur deux contres rondement menés, ils assoment Haïti (74e et 76e) par Sandy. Et tout est fini.

Dans les Tribunes, un des coachs jamaïcains jubile, les jour-nalistes restent dubitatifs ne sa-chant que penser parce que les entraîneurs des formations adver-ses avaient vraiment peur de ce qu’ils avaient vu à Port-au-Prince, en octobre. Ils savent ce qu’ils auraient fait d’une telle formation si elle était à leur disposition. Et ne l’ayant pas, ils étaient venus savourer son football et regarder évoluer les jeunes artistes haïtiens. Des artistes à qui on n’a jamais donné la posibilité d’affuter et d’accorder leurs instruments.

Haïti sort de la competition. Non. Les dirigeants haïtiens à tous les niveaux ont retiré Haïti de la compétition. La fédération pour n’avoir pas donné de rencontres internationales de préparation au groupe, l’État haïtien pour n’avoir pas donné aux dirigeants du foot-ball haïtien les moyens nécessaires pour pouvoir organiser ces ren-contres internationales amicales de préparations.

Enock Néré Estadio Olympico de San Pedro de Sula Honduras

Après avoir cueilli à froid le Va-lencia FC en déplacement, la petite équipe de Grand-Goâve,

l’Inter FC nouvellement promue en D1, a confirmé sa grande forme en ce début de saison en réalisant la passe de deux. Pour le compte de la deuxième journée du champion-nat national Digicel de D1, il a fait chuter le Tempête FC à domicile (3-1) pour prendre les commandes de la compétition. Pour sa part, le Violette AC a repris goût à la victoire face à l’équipe de la Police nationale sur le même score (3-1). Les autres grands bénéficiaires sont respectivement : l’Aigle Noir AC, l’AS Mirebalais, le Baltimore SC et l’America FC.

Si le Violette AC n’avait enre-gistré qu’une petite victoire lors de la dernière saison, et cela après 22 journées de competitions, pour l’édition 2015 de la compétition reine du pays, le vieux Tigre s’est bien repris devant la Police natio-

nale après sa chute face au Tempê-te FC. Comme on s’y attendait, ce sont les policiers qui ont ouvert le score sur penalty par son capitaine Lucson Mathéus. Avant la fin de la mi-temps, les hommes de Gérald Beauvais ont pu rétablir l’équilibre sur le tableau d’affichage par Ri-chard Pierre (41’) suite à un caviar de Cléonord Mondésir. Ce dernier a été désigné l’homme du match. Pour permettre au Violette AC de venir à bout de la PNH, il s’est offert un doublé dont un but d’an-thologie inscrit suite à un lobe de quarante (40) mètres. Au final, le Violette AC qui doit affronter son grand rival, le Racing Club Haïtien pour le compte de la 4e journée, sera à Léogâne ce week-end pour y jouer contre le Valencia FC à l’oc-casion de la troisième journée.

L’équipe la plus en forme en ce début de championnat porte le nom de l’Inter FC (Grand-Goâve). Tombeur du Valencia (1-0) en

déplacement, l’Inter a confirmé sa grande forme en prenant la longueur du Tempête (3-1). Dany Normil, Gato et Démas Mathurin ont été les bourreaux des Saint-Marcois. Altéjacques Samuel ne fait que sauver l’honneur pour l’équipe « belle colonne » surclassée (3-1). Il s’agit de la deuxième victoire de suite de l’Inter (un promu), qui prend seul les commandes de la compétition avec 6 points.

Dans un match à oublier très vite et disputé au Centre sportif Bayas entre les équipes de l’AS Mirebalais et de Petit-Goâve FC (panne électrcité dans un premier temps) alors qu’il restait environ neuf (9) minutes, ce sont les locaux qui allaient s’imposer sur le strict minimum (1-0) grâce à un but inscrit sur penalty par Harold Fédé (90’). Les visiteurs ont vivement contesté la décision de l’arbitre Evens Thélusma. Résultats, quatre d’entre eux ont été expulsés dont

le portier international U-20, Guy-tho Charles.

Pour le reste, le duel des cham-pions a été remporté par l’America FC face au Don Bosco FC (2-1), le Baltimore SC s’est imposé pe-titement face à Ouanaminthe FC (1-0) suite à un but de Peterson Joseph (47’), les deux buts de Ro-naldo François et de Ronald Pierre ont permis à l’Aigle Noir AC de prendre la longueur du Racing FC (1-0). Dans les rencontres mettant aux prises le Cavaly AS à l’US La-jeune, et l’AS Capoise au Racing Club Haïtien,; il n’y a pas eu de buts. Ils se sont quittés sur le score nul et vierge (0-0). A la Gonâve, le Roulado a concédé le point du match nul (1-1) face au Valencia FC. Mardochée Joseph a ouvert le score en marquant contre son camp pour le Valencia FC, et en toute fin de match, Samuel Charles a pu rétablir l’équili-bre pour les locaux.

L’Inter FC vire seul en têteChAmpiONNAt NAtiONAl

Page 7: Princess EUD : chanteuse et plus encore

Lundi 9 et mardi 10 mars 2015 7

Pendant que de plusieurs cartons rouges ont été écopés

par les joueurs de Petit-Goâve (4 au total), 17 buts ont été marqués sur l’ensemble des 10 matches joués pour le compte de la deuxiè-me journée du championnnat national Digicel de D1. Bilan : 6 victoires pour autant de défaites et 4 matches nuls.

Résultats de la 2e journée du championnat national de D1

Violette AC (P-au-P) – Police nationale d’Haïti : 3-1

Dimanche 1e mars 2015Inter FC (Grand-Goâve) - Tem-

pête FC Saint-Marc) : 3-1 Aigle Noir AC (P-au-P) – Ra-

cing FC (Gonaïves) : 2-0Baltimore SC (Saint-Marc) –

Ouanaminthe FC : 1-0AS Capoise – Racing Club Haï-

tien (P-au-P) :0-0

America FC (Cayes) – Don Bosco FC (Pétion-Ville): 2-1

Roulado FC (La Gonâve) – Va-lencia FC (Léogâne): 1-1

Racine FC (Gros-Morne) – FICA (Cap-Haïtien) : 0-0

Cavaly AS (Léogâne) – US La-jeune (Pignon) : 0-0

AS Mirebalais – Petit-Goâve FC : 1-0

Légupeterson Alexandre

Deux tests matches pour les Grenadiers. Cependant, les autorités de la FHF ne font

que confirmer celui qui doit mettre aux prises Haïti face à la Chine le 27 mars à Guangzhou, mais sans écarter la possibilité de jouer un autre le 30 ou 31 du même mois. Pour ces matches, le sélection-neur national a fait appel à vingt joueurs. Manchini Telfort (Cavaly AS) et Jonel Désiré (AS Mirebalais) sont les deux joueurs locaux rete-nus dans cette liste.

Pour ce qui est de la rencontre face à la Chine, la FHF écrit : « La Fédération Haïtienne de Football a l’avantage de confirmer offi-ciellement que dans le cadre de la période FIFA de la fin du mois de mars, la Sélection Nationale senior masculine jouera un match amical international contre l’équipe de la Chine populaire le 27 mars 2015 à Guangzhou en Chine. Ce match entre dans la série d’activités pré-paratoires pour les deux importants rendez-vous de cette année pour le football haïtien: La Gold Cup (du 7 au 27 Juillet 2015) et le 3e tour des éliminatoires de la Coupe du monde de la FIFA Russie 2018 (du 31 août au 9 septembre). La FHF s’est beaucoup investie pour arriver à concrétiser ce match contre l’équipe nationale de Chine, une grande nation de sport et aujourd’hui, la 1ère puissance

économique du monde devenue un grand pôle d’attraction et de croissance du football mondial. »

Par ailleurs, il était question qu’Haïti affronte éventuellement l’équipe nationale de la Malaisie, mais la presse au Gabon a fait écho d’une information venant de la part de la fédération de football de ce pays, disant que le Gabon doit disputer un test match face à Haïti le 31 mars ou le 1e avril. Le président de la FHF dément cette information. « La FHF n’a pas de contrat pour jouer contre le Gabon à Paris. Il y a un mois, on a eu une proposition d’un promoteur fran-çais que nous n’avons pu accepter vu qu’il fallait que la FHF fasse elle même les dépenses de voyage. Cette information n’est donc pas réelle. Nous jouerons contre la Chine dans le but de lancer notre campagne de préparation pour la Coupe d’or et les éliminatoires de la Coupe du monde RUSSIE 2018. Cependant, l’agent de match de la FHF travaille avec diverses autres agences sur la possibilité d’une deuxième rencontre amicale le 30 ou le 31 mars en Asie également, mais rien n’a encore été conclu ».

Visiblement satisfaits d’avoir pu fouler le sol asiatique, les res-ponsables du football en Haïti espèrent que les Grenadiers feront forte impression là-bas, et ce, avec pour objectif de percer un marché

largement à leur portée. « Ce pied déposé en Asie où l’on connait très peu Haïti et son football, devrait ouvrir une porte pour notre foot-ball et nos jeunes en formation, qui rêvent de bâtir leur futur et une vie meilleure par le football. C’est donc important pour la FHF de tout faire pour placer Haïti parmi les grands sur la carte du football mondial ».

Pour répéter la FHF, environ une dizaine de jeunes Haïtiens sont actuellement en Asie (Thaïlande. Malaisie, Bangladesh. Vietnam, Inde….) et gagnent bien leur vie. Un des objectifs de ce match sera encore de promouvoir la qua-lité des footballeurs Haïtiens pour forcer l’ouverture des portes des championnats les plus lucratifs (Chine, Japon, Corée du Sud), une stratégie qui entre dans la ligne de notre mission de développer pour rendre le pays meilleur.

A en croire les autorités de la FHF, la délégation haïtienne comprend un groupe restreint qui partira d’Haïti pour atteindre Guangzhou via Los Angeles, et le gros de la délégation se regroupera pour partir de Paris. Les deux grou-pes de la délégation voyageront à bord de la même compagnie : CHINA EASTERN AIRLINES respec-tivement les 22 et 23 mars pour être à pied d’œuvre le 24 mars à 5hres am.

On retiendra dans ce groupe, le retour en sélection de l’ex-capitaine des Grenadiers (Gold Cup 2013), Jean Marc Alexandre. Toujours pas de Romain Genevois (Nice) ni de Hervé Bazile (Caen) dans les rang des Grenadiers. Pour sa part, Kim Jaggy, membre de l’équipe type de la dernière « Coupe caraïbe des Nations », a dé-cliné l’invitation de Marc Collat.

En conclusion, les responsables du football haïtien dises espérer ouvrir la porte du football asiatique aux Grenadiers : « La FHF qui mise essentiellement sur la solidarité in-ternationale pour ouvrir beaucoup de portes au profit de nos jeunes espèrent beaucoup que le nou-vel Eldorado du football (Chine) s’ouvre au football haïtien très peu connu là-bas ».

La Liste des 20 convoquésGardiens : Johny PLACIDE

(Reims, France) et Steward CEUS (Atlanta Silverbacks, USA)

Défenseurs : Jean Jacques PIERRE (Angers, France), Frantz BERTIN (Aiginiakos, Grèce), Jé-rôme MECHACK (San Antonio Scorpions, USA), Réginald GO-REUX (FC Rostov, Russie), Jean Sony ALCENAT (FC Petrolul, Ro-manie), Kevin Pierre LAFRANCE (Miedz Legnica, Pologne), Bitielo JEAN JACQUES (Orlando City, USA) et Alex CHRISTIAN (Vila Real SC, Portugal)

Milieux de Terrain : Sébastien THURIERE (Charleston Battery, USA), Pascal MILLIEN (Jacksonville Armanda, USA), Emmanuel SARKI (Wisla Krakow), Donald GUERR-RIER (Wisla Krakow), Jeff LOUIS (Standard De Liège), Jean Marc ALEXANDRE (Negeri Sembilan FA, Malaisie)

Attaquants : Duckens NAZON (Stade Lavallois, France), Kervens FILS BELFORT (Ethnikos Achna, Chypre), Manchini TELFOR (Ca-valy, Haiti) et Jonel DESIRE (AS Mirebalais, Haïti).

Légupeterson Alexandre /[email protected]

20 Grenadiers pour affronter la Chine

L’Inter FC vire seul...

Le premier but de l’Aigle Noir : Ronaldo François trompe le portier du Racing Junior des Gonaives, Pierre Féquière (Photo : Yonel Louis)

SeLectioN NAtioNALe / mAtch AmicAL

coNcAcAF U17/eLimiNAtoiReS

Mexique 2 Haïti 0

Dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde U-17 (Zone Concacaf) qui se dé-

roule au Honduras, le Mexique a battu Haïti par 2 buts à 0, lundi à San Pedro de Sula.

Page 8: Princess EUD : chanteuse et plus encore

8 9 Mars 2015No 1267

Dossiers Interdits

Par Gary Victor sAIsoN 4 Épisode 19

hôteL Des vIvANtes

On entendait la musique qui se jouait à l’intérieur de l’Hôtel des Vivantes de très loin, depuis la place publique où on offrait à louer très tard des bicyclettes qui per-mettaient de faire le tour de l’église et de piquer une tête jusqu’à l’avenue qui lon-geait la côte. Quelques citoyens avaient bien porté plainte auprès du maire et au sous commissariat pour tapage nocturne, mais on les avait totalement ignorés comme seul on sait le faire dans ce pays où le bruit n’est plus une nuisance. Le seul bruit qui s’opposait à la musique tonitruante de l’Hôtel des Vivantes était parfois les haut-parleurs d’un pasteur qui s’évertuait à rappeler aux hommes et aux femmes de la ville que les plaisirs de la chair, et surtout ceux offerts pas l’Hôtel des Vivantes étaient le plus sûr moyen de se procurer un visa pour l’enfer. « Ces femmes, hurlait-il du haut de sa chaire, ce sont des démons venus pervertir les hommes. Malheur à vous si vous ne voyez pas derrière le masque de ces beautés fac-tices, celui de Satan. » Mais comment pou-vait-il rivaliser de bruit, de vacarme avec l’Hôtel des Vivantes qui fonctionnait jour et nuit et qui de désemplissait pas tant les clients, c’est-à-dire les hommes affluaient, venus parfois de très loin pour jouir du charme de ces femmes qu’on disait les plus belles, les plus expertes de la région, beaucoup d’entre elles, alléchantes publi-cités, venant de la république voisine, ou de l’Amérique latine.

Bernard Sourbier comprit du premier coup d’œil, dès qu’il pénétra dans la grande salle pleine de lumières, que la réputation de l’Hôtel des Vivantes n’était pas usurpée. Des femmes d’une beauté éblouissantes, certaines en tenue très légère, dansaient seules, sur la piste légè-rement surélevée qui semblait tournoyer sous l’effet d’un projecteur. Dans des fauteuils, des couples riaient, buvaient, s’embrassaient. Il y avait longtemps que l’agent de la SAD ne s’était pas retrouvé dans une ambiance aussi grisante. Il n’avait pas encore bu, mais il se sentait léger. Il trouva une table libre. Une femme se dépêcha de venir le rejoindre. Une prin-cesse d’ébène ! Mince… Les cheveux tail-lés courts. On aurait dit, pensa Sourbier, un personnage sorti d’un conte de fées. Elle ne portait pas de soutien-gorge et ses seins s’offraient librement au regard sous un corsage vaporeux. Il dut faire un effort surhumain pour maîtriser son excitation.

-Alors, beau brun… C’est la première fois que tu viens ici ? Veux-tu passer une nuit dont tu te souviendras ?

Il avait la langue lourde. C’était comme si quelque chose prenait possession de lui. La femme s’assit sur ses jambes, pas-sant les bras autour de son cou, ses lèvres chaudes se plaquant sur les siennes. Il parvint à se dégager, le souffle court. Dans le temps, il avait eu à fréquenter de tels établissements, mais l’Hôtel des Vivantes était d’une qualité nettement au-dessus.

-Avant, j’aimerais boire une bière, arriva-t-il à dire. Tu es ravissante… On avait raison de me vanter l’Hôtel des Vivantes.

La princesse d’ébène sourit et se leva.-Ici, il n’y a pas de serveuses. C’est nous,

les femmes, qui servons nos hommes.-Je vais te dévorer, roucoula Sourbier.-Je vais te chercher la meilleure bière,

beau brun, dit la princesse d’ébène.Elle s’éloigna en roulant des hanches.

À faire se damner un régiment de saints, pensa Sourbier. Des couples prenaient la direction d’un couloir au fond de la salle. D’autres hommes arrivaient. Et il y avait toujours des femmes. Le téléphone de l’agent de la SAD vibra. Un SMS de René Ouari !

-Êtes-vous dans la place ?-J’y suis, tapa Sourbier.-Gardez la tête froide. Si vous n’y arri-

vez pas, je ne pourrai rien pour vous.-Ne vous inquiétez pas, répondit

Sourbier.La princesse nubienne revenait avec la

bière. Il s’empressa de faire disparaître le téléphone.

-La bière, beau brun, lui dit-elle.Elle lui versa sa bière dans un verre

aux formes féminines. Il but lentement pendant que la femme se serrait contre lui. D’une main experte, elle commença à lui procurer du plaisir. Cela devenait difficile de garder la tête froide. Il lui dit qu’il voulait danser. Elle l’entraîna vers la piste de danse. La musique qu’on diffusait

était un konpa lent, ce rythme qui avait la vertu d’électriser les sens. La femme s’enveloppa littéralement autour de Sour-bier. Un serpent, pensa-t-il. Mais curieu-sement, cela lui fit un plaisir immense que de sentir ce corps autour de lui. Il eut l’impression de se fondre, de se liquéfier littéralement. Elle lui murmurait des mots d’amour à l’oreille. Il n’en pouvait plus. Mais il suait. C’était l’essentiel. Vous deviez suer, lui avait dit Ouari en lui faisant avaler la potion. Il faut que votre sueur pénètre son corps. C’est une condition essen-tielle. Ensuite, il faudra trouver un moyen de vous isoler juste pendant quelques secondes. Dernière partie du plan, le faire sans… » Il avait répété bêtement : « Le faire sans quoi ? » avait-il répété bête-ment. «C’est le rituel. Il n’y a pas d’autre, moyen, » lui avait fait comprendre Ouari. La jeune femme lui murmurait à l’oreille : « Si tu n’en peux plus, beau brun, prenons une chambre. Tu ne vas pas le regretter. Je te le promets. Tu te souviendras de ces minutes toute ta vie. » La chaleur de sa voix à l’oreille manqua provoquer chez lui un orgasme. Il se laissa entrainer vers ce couloir où d’autres couples, encore, se dirigeaient. La princesse nubienne s’arrêta devant une porte qui s’ouvrir comme si elle l’avait commandé menta-lement. Sourbier vit le grand lit recouvert d’un drap couleur de nuit. Elle le dés-habilla en professionnelle et il se laissa faire. Ce fut elle qui le poussa vers le lit. «Non, gémit-il… Je dois te caresser avant. J’aime les préliminaires. » Jamais, il n’avait connu une femme aussi réceptive à ses caresses. « J’aime ta sueur, beau brun. Ta sueur je voudrais la boire… Maintenant, prends-moi… » Il se releva brusquement : « Attends un instant. Il faut que je passe un peu d’eau au visage. Je sue trop. » Elle ne jouait pas la comédie. Elle avait vrai-ment pris plaisir à ses caresses. « Fais vite, beau brun… Je ne peux pas attendre. » Il se dirigea, nu, presque en titubant vers le toilettes. Il prit la fiole. Cachée dans son anus. « C’est le seul endroit où elle ne le remarquera pas, » avait insisté Ouari. Sourbier but rapidement son contenu, puis jeta l’ampoule dans la poubelle. Son corps se raidit soudain. La douleur fut fulgurante. Il serra les dents pour ne pas hurler. Mais elle ne dura pas. Sourbier revint dans la chambre. La femme se dres-sa pour l’accueillir, tel un cobra s’apprê-tant à attaquer. L’impression qu’elle était un serpent une fois de plus ne fit qu’aug-menter la libido de Sourbier. Il la posséda brusquement, son plaisir déjà à son point culminant. Elle haleta, hurla, projetant sa queue aux quatre coins de la chambre. La semence de Sourbier se fraya un passage en elle, multitude de dards empoisonnés qui se transmirent aux autres, celles qui étaient dans les autres chambres, dans la salle principale de l’hôtel, ou dans le nid à cent mètres sous terre, tel un virus. L’Hôtel des Vivantes explosa comme s’il avait été atteint par une bombe. Sourbier se retrouva nu au milieu de ruines fumantes pendant que des cris fusaient de partout, la population se précipitant sur les lieux. Il parvint à trouver ses vêtements qu’il enfila à la vitesse de l’éclair. Il s’échappa en se faufilant derrière un mur encore de-bout. Il entendit des plaintes. Des cris. Les démons refusaient malgré tout de quitter les lieux. Ils y seraient bien obligés, car ils avaient échoué, encore une fois, ici, sous couvert de l’Hôtel des Vivantes.

Gary Victor