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générale (hors PQN)

Périodicité : Irrégulière

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Actualités-Infos Générales

Edition : 25 novembre 2021

Journalistes : GEOFFROY

DEFFRENNES ET AUDREY EMERY

Capitale. En queted’espace et de qualitéde vie, les Parisiens

affluentà Lille(ici, le beffroi de laplaceduThéâtre).

Nombre de mots : 1583

Valeur Média : 62325€

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La revanche des Ch'tis




La revanchedes Ch’tis

Ruée. Depuis les confinements liés au Covid,Lille connaît un regain d’attractivité.

PAR GEOFFROY DEFFRENNES

ET AUDREY EMERY

1 f endez à Paris, achetez àÆÆ lf Li/fe.»YannickLegrosn’y

» » W va pas par quatre chemins.AuseindugroupelilloisLestienne, qui compte les agencesLe Lion, JLW et Brique rouge, ceNordiste est chargé de développerune nouvelle enseigne : l’agenceParis-Lille Immobilier, qui démarche explicitement lesParisienssur son sitelnternet. Depuis laca

i pitale où il s’est installé en 2017! pour des raisons familiales, Yanl nickLegrosatoutprévurilsaitpar

; faitementdécrireaux Parisiens les: quartiers lillois qui peuvent leuri convenir,rihésitepasàlesaccom! pagner dans leurs visites tout en: s’occupantdelaventedeleurbieni parisien(mêmesiles8ocollabora| teurs du groupe font le relais suri place), gère le déménagement et; proposemême desarchitectes pour; les travaux. « J’organise aussi desren: dez-vousdansle TGVParis-Lille pour■lesclients qui ont un agenda chargé»,-, dit-il. Parmi ses dernières ventes:: un 42 mètres carrés gare de l’Est à! 500 000 euros qui ont permis aux| clients d’acheter 110mètres carrési dans le secteur Carnot-Opéra de; Lille pour... 480 000 euros.i « Chez nous, les Parisiens peuvent\ doubler la surface de leur logement} pour le même prix», confirme! Frédéric Lebrun, directeur associé

Silicon Deûle. Le Parisien Nicolas Brien (ci-dessous), nouveau président du directoire d'EuraTechnologies,premier incubateur de start-up européen, reçoit des CV de candidats américains, émiratis....

de l’agence Espaces atypiques.Comme ses confrères, il observe depuis les confinements une augmentation de la demande parisienne.«Nous venons de commercialiser cequi estpeut-être la demiere usinepouvant être transformée en loft, à la lisïèreentreFives etMons, etnousavonseu quatre acquéreurs parisiens, desjeunes couples et des célibataires», décrit-il. Le différentiel des prix del’immobilier avec la capitale ouvre

« Les gens normaux voientLille comme lecentrede l’Europe. » Nicolas Brien

évidemment des perspectives trèsalléchantes aux Parisiens que leconfinement aécœurés de l’hyperdensité.Comme en témoigne Charlotte, installée dans le Nord avecson mari avant de repartir à Parissuite àun changement professionnel :«Pendantle confinement, nouslogions avec nos deux enfants chez mamere, qui était absente, dans un60 mètres carrés. Au bout d’un an,nous nous sommes sentis a l’étroit IImefallait une maison avec unjardin,celadevenaituneobsessionlNous avonsalors appris que deux maisonsétaientà vendre à Marcq-en-Barœul, dans lequartierBuisson où nous avions déjavécu. Nous avons pu négocierquelamoinschéresoitmiseen



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Filon. Au sein dugroupe LestienneImmobilier (à droite,Émeric Lestienne, son

président), YannickLegros (à gauche) estchargé de l’agenceParis-Lille, quidémarche les dientsparisiens.

« Je travaille à Lyon, Marseille,Albi. Depuis Lille, en TGV, c’estjusteune heure de plus par rapportà Paris. » Simon, photographe

La championnedu télétravailLille arrive entêtedesmétropoles lesplusattractivespour lestélétravailleurs,devantBordeauxetLyon, selon le premierpalmarèssur le sujet,établi parFranceattractiveen 2020.

4121euros/m2C’estle prix moyendel’immobilieràLille, selon le siteseloger.com,uneaugmentationdeio%enunan.

Tendu. En s'installantdansla métropole, lesnouveaux acquéreursparisiens renchérissentles prix de rimmobilier,particulièrementdans le Vieux-Lille(ci-contre) ou dans lescommuneslimitrophesoù passe le tram,comme La Madeleine(ci-dessus).

agence.Jamaisnousriaurionspu avoir l’équivalent à Paris, à moinsde mettreun million d’euros.»

Cette attracti vité ne fait pas toujours les affaires des Lillois. Dansla ville, l’immobilier a pris i o % enun an pour atteindre en moyenne4 i2r euros/m2, selon seloger.com.«La hausse n’est pas nouvelle, tempère Yannick Legros. Avant le Covid, Lille était déjà un marché tendu,lemanque d’offresparrapport'a lademandefaisant mécaniquementmonter les prix. » Et le phénomène nes’apaise pas: toujours selon seloger.com, l’offre a encore reculé de38 % entre 2020 et 202r. A cette difficulté, s’ajoute le niveau d’exigencedes acquéreurs parisiens : «Ils ontdes criteres précis: ils veulent un espace extérieur, ce qui limite les recherchesaux secteursdu Vieux-Lille,de République et de La Madeleinejusqu’auCroiséoùpasseletramway»,observe Frédéric Lebrun. D’autresquartiers plus excentrés sont enpleine gentrification, comme l’avenue de Dunkerque. La très verteLambersart devenant hors de prix,l’immobilier grimpe désormaisdans l’ancienne commune ouvrièrede Lomme. Face à ce renchérissement, la ville multiplie les dispositifs : «Nous encourageonsl’accessionà la propriétépour lesplus modestes,avecun objectifde15 % d’achatsabordables(enplusdes25%delogementssociaux) dans nos programmes deconstruction. Nous sommes aussi lapremiere ville à avoir lancé un organismefoncier solidaire qui va contribuer à stabiliser les prix », soulignel’adjoint à l’urbanisme StanislasDendievel, également vice-président de Foncier solidaire France.

TGV. Mais l’attractivité de Lillene tient pas qu’à son immobilier.Saproximitéavec Paris joueénor- „mément.Le phénomène n’est pas fnouveau, mais le sens des dépla- ?cements entre les deux villes, „facilités par le TGV, a tendance à *s’inverser avec l’essor du télétra- gvail. « Je travaille beaucoup à Lyon, £Marseille, Albi. Depuis Lille, c’estjuste §une heure de plus par rapport à Paris», témoigne ainsi Simon, pho- 5tographe pour les artsduspectacle zqui a acheté une maison à Fives. “



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Gentrification. La librairie Au Temps lire, àLomme, quartieren plein développement.

Dans les espacesdecoworking duBazaar St-So, le tiers-lieu dédié à

, l’économie créative qui a ouvertz en septembre 2020 à quinze miS nutes à pied de Lille Flandres, les* Lillois croisent destravailleurs veo nant de toute la France et même5 deBruxelles. «Desentreprisespari| siennes de l’événementiel nous solli| citent et on voit poindre la tendanceS du travail en “remote”, avec des perz sonnesembauchéesàParisouaLyon£ quipréferenttravaillerdepuisLille»,

observe Benoît Garet, directeur dela structure. Les projets se multiplient pour exploiter à fond cesnouveaux modes detravail. AprèsBordeaux en 2022,le groupe MeltHotelprévoitd’installeràl’été2023son concept d’hôtel hybride rueMeurein, à Wazemmes, avec foodcourt, librairie etespacedecoworking. «Notre idée, c’est que grâce à cetespace, les gens séjoument plus longtemps chez nous. On peut ainsi imaginer que des Parisiens qui voudraients’installer à Lille passent d’abordquelque temps ici», souligne le fondateur du groupe Alban Ruggiero.

L’agenced’attractivitéHello Lilleprofite déjà de l’offre importantedecoworking pour attirerdejeunesentreprisesd’autresmétropoles quivoudraient testerleur activité dansle Nord avant d’y élire domicile.« C’est une offre qui plaît car elle p'esemoins sur les coûts qu’un bail de locationdebureaux»,souligne FrançoisNavarro. Depuis le confinement,le directeur de Hello Lille se frotteles mains -.«2021a paradoxaéténotre plus grosse annéepour



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l’implantation d’entreprisessociétés pour 1500 emplois,

contre une trentaine les années précédentes. Environ un tiers son t des boîtesparisiennes. » Parmi elles, LemonTri. Spécialisée dans le tri et le recyclage des déchets hors foyers,cette entreprise créée il y a dix ansen Seine Saint Denis a ouvert enmars son antenne lilloise. «On estpartis de rien et on a déjà plus d’unevingtaine de clients, en majorité desgrands comptes», se félicite son directeur, Thomas Duclos. Diplôméd’une école de commerce lilloise,il estparti travailler en île-de-Franceavant de revenir dans sa régionnatale à la recherche « d’un cadredevie plus respirable». Un archétypedu néo-Lillois: «Quasiment tousmes amis ont le même parcours. Lessalaires de la région parisienne sontcertes difficiles à retrouver, mais ongagne tellement en mode de vie... Etavec l’explosion du télétravail, jeconnaispasmaldegensqui envisagentde s’installer dans leNord. »

Nicolas Brien fait partie de ceuxqui ont franchi le pas. Passé par lacommission des affaires bancairesdu Sénat américain, par le cabinetde Najat Vallaud-Belkacem dans legouvernement de Jean-MarcAyrault etpar la direction généralede l’association France digitale, ceParisien apris les rênes d’EuraTech

Bassin d’emploi. Benoît Garet, directeur du tiers-lieu BazaarSt-So, accueillle des créatifs venus de toute la France.

« II y a une fiertéretrouvée. » PhilippeHourdain, président de la CCI

nologies en juillet. «Les ParisiensvoientLïllecomme lenord dela France,lesgens normaux comme le centre del’Europe, note-t-il avec un brin deprovocation ÆuraTechnologiesestlepremier incubateur de start-up européen loin devant Berlin, AmsterdametParis. Le Covid l’a révélé.» En réponse àla vingtaine depostes pourlesquels il recrute en ce moment,il reçoit des CV de candidats américains, néerlandais, d’Europe del’Est et même des Emirats.

Ciichés. Une effervescence quele président de la CCI desHauts-deFrance, Philippe Flourdain, n’avaitpas ressentie depuis longtemps :«C’est au-dela de l’effetrattrapage. IIy a uneprise deconsciencequenousnesommes pas que des miséreux dansune région en détresse,ily a unefiertéretrouvée»,estime l’élu consulaire,qui pointe toutefois des efforts àfaire en matière de mobilité, pourdévelopper les transports en commun. Pour François Navarro, il fautaussi renforcer la communicationauprès des étudiants qui peuventvenir créer leur activité ici. Pour ledirecteur de Hello Lille, il reste encore «quelques ciichés à dynamitersur la météo ou le bassin d’emploi».«Nous sommes la quatri'eme métropolefrançaise, souligne-t-il. Ilseraittemps de l’assumer!» m

FRANCK CRUSIAUX/REA POUR «LEPOINT »(X3)



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