préservons les vieux murs

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Parc naturel des Plaines de l’Escaut Rouge-queue noir Canal de MAUBRAY Rue-de-muraille Crête à cayaux à BLATON un partenaire au quotidien Le Parc naturel, PRESERVONS LES VIEUX MURS Des vieilles pierres à valoriser Les murs ont tant de choses à nous conter… ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont entendu et puis ce qu’ils ont subit (construction, destruction, reconstruction, consolidation,…). Ce sont de véritables témoins de la vie locale. Ils nous relatent l’histoire : des époques passées, de la vie au quotidien, des relations sociales, de la faune et de la flore qui y logent. De quels murs s’agit-il ? De murs en pierres, de murs en briques, de murs en schiste… Tous ces matériaux sont en fait issus de ressources locales et du travail des habitants sur leur territoire. Bien sûr, certains d’entre eux sont plus ou moins aptes à accueillir la flore et la faune locales, et d’autant plus s’ils sont âgés et fissurés… Ces vieux murs peuvent faire partie d’une ancienne bâtisse comme d’une « simple » clôture en pierres sèches bordant une prairie ou un cours d’eau. Parmi les formes qu’ils peuvent revêtir : des crêtes à cayaux, typiques de Blaton, dans la région Est du Parc naturel, des fours à chaux, anciens bâtiments industriels, des fermes et bâtiments anciens, des ruines en tout genre. Qui se cache dans ces vieux murs ? Les vieux murs nous semblent parfois austères, ou sans intérêt direct, excepté de satisfaire à notre contentement visuel et de participer à la beauté et la mélancolie d’un paysage. N’étant que très rarement soumis à l’action de l’homme, ils deviennent de véritables havres de paix pour la biodiversité. N’est-ce pas l’histoire d’une princesse qui contait ses malheurs à haute voix le long d’un mur et qui s’est trouvée fort surprise lorsque celui-ci s’est mis à lui répondre et lui venir en aide ? Comme quoi les murs ont peut-être des oreilles ! Et à qui sait les entendre, ceux-ci donneraient de très bons conseils... Ces pierres imbriquées les unes dans les autres à la façon d’un puzzle bien particulier ont vu et entendu bien plus de choses que nous ne pouvons l’imaginer. Entre histoire, nature et vie quotidienne, les vieux murs regorgent de multiples ressources. Tendons Les granges, les fours à chaux, les chapelles, les clochers … sont de véritables logis d’hiver pour les chauves-souris. La France et la Belgique en recensent au total 21 espèces cependant, les populations de ces petits mammifères restent en déclin depuis les années soixante dans nos régions. Ces espèces sont aujourd’hui toutes protégées en Wallonie mais de nombreux aspects négatifs continuent à leur être attribués alors que ces espèces représentent un maillon essentiel de la chaine alimentaire. Un monde faunistique diversifié Qu’il s’agisse de petits oiseaux (le Moineau friquet), de « bêtes à sang froid » (le Lézard des murailles), de petits insectes (les punaises, les syrphes, les abeilles), d’araignées ou voir de petits mammifères (le Lérot, le Mulot, la Chauve-souris), tous trouvent leur place dans les interstices de ces vieux murs. Ces petits animaux sont friands de lieux désaffectés, en friches et de sites restant à l’écart des activités humaines. Ils apprécient particulièrement les vieux murs pour y loger et s’abriter : ce sont des animaux cavernicoles. De plus, ces animaux sont des espèces locales qui font partie de notre patrimoine naturel et tendent peu à peu à disparaître du fait de notre insouciance ou de notre manque de connaissance. Ces animaux aiment vivre au calme et à l’écart des activités humaines, nous ne risquons donc pas d’être dérangé par leur présence. Mais, à l’inverse, ils restent très sensibles à la modification de leur habitat. Un monde floristique recherché « Les mousses aiment les milieux pionniers où il n’y a pas de concurrence » souligne Thomas Genty, chargé de projets Patrimoine naturel au Parc naturel. Elles privilégient donc par exemple les surfaces de gré ou de pierre calcaire comme substrat pour se développer. Les mousses, comme bien d’autres espèces végétales, sont donc ce que l’on appelle des végétaux rupicoles (qui aiment vivre sur des rochers, pierres, etc). Cette flore spécialiste d’un tel milieu colonise par petits endroits les recoins des vieilles pierres et abrite de nombreux colocataires faunistiques. Le lierre est par exemple un très bon refuge pour la petite faune comme les insectes, les arthropodes, les araignées… Pour participer aux formations : Benoît Gauquie, chargé de mission Patrimoine naturel au Parc naturel +32(0)69/77 98 74 - [email protected] Pour prendre exemple sur ce qui est déjà fait : Marie-Rose Rohart, responsable de l’association des Guides du Pays Blanc +32(0)69/44 41 83 Luc Dupont, du foyer culturel d’Antoing +32(0)69/44 68 00 Samuel Bassetto, responsable du service travaux-environnement-urbanisme de la commune d’Antoing +32(0)69/44 69 06 Pour répondre à l’appel à projet « BiodiverCités » : Virginie Hess, asbl, Fédération Inter-Environnement Wallonie +32(0)81 25 52 80 Qui contacter ? Les murs ont des oreilles... Ressource et Milieux naturels Éditeur responsable : PNPE Réalisation et mise en page : © PNPE - juillet 2010 Photos : PNPE Impression : ICR Imprimerie IMPRIMÉ SUR DU PAPIER ISSU DE FORÊT GÉRÉES DURABLEMENT - CERTIFIÉ FSC Parc naturel des Plaines de l’Escaut 31, rue des Sapins 7603 BON-SECOURS Tél : + 32 [0]69 77 98 10 Fax : + 32 [0]69 77 98 11 [email protected] www.plainesdelescaut.be

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Les murs ont tant de choses à nous conter... ce qu'ils ont vu, ce qu'ils ont entendu et puis ce qu'ils ont subit (construction, destruction, reconstruction, consolidation,...

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Page 1: Préservons les vieux murs

Parc naturel des Plaines de l’Escaut

Rouge-queue noir

Canal de MAUBRAY

Rue-de-muraille Crête à cayaux à BLATON

un partenaire au quotidienLe Parc naturel,

Preservons les vieux murs

Des vieilles pierres à valoriserLes murs ont tant de choses à nous conter… ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont entendu et puis ce qu’ils ont subit (construction, destruction, reconstruction, consolidation,…).

Ce sont de véritables témoins de la vie locale. Ils nous relatent l’histoire :

des époques passées,•de la vie au quotidien, des relations sociales,•de la faune et de la flore qui y logent. •

De quels murs s’agit-il ? De murs en pierres, de murs en briques, de murs en schiste… Tous ces matériaux sont en fait issus de ressources locales et du travail des habitants sur leur territoire. Bien sûr, certains d’entre eux sont plus ou moins aptes à accueillir la flore et la faune locales, et d’autant plus s’ils sont âgés et fissurés… Ces vieux murs peuvent faire partie d’une ancienne bâtisse comme d’une « simple » clôture en pierres sèches bordant une prairie ou un cours d’eau.

Parmi les formes qu’ils peuvent revêtir :des crêtes à cayaux, typiques de Blaton, •dans la région Est du Parc naturel,des fours à chaux, anciens bâtiments •industriels,des fermes et bâtiments anciens,•des ruines en tout genre.•

Qui se cache dans ces vieux murs ?Les vieux murs nous semblent parfois austères, ou sans intérêt direct, excepté de satisfaire à notre contentement visuel et de participer à la beauté et la mélancolie d’un paysage. N’étant que très rarement soumis à l’action de l’homme, ils deviennent de véritables havres de paix pour la biodiversité.

N’est-ce pas l’histoire d’une princesse qui contait ses malheurs à haute voix le long d’un mur et qui s’est trouvée fort surprise lorsque celui-ci s’est mis à lui répondre et lui venir en aide ? Comme quoi les murs ont peut-être des oreilles ! Et à qui sait les entendre, ceux-ci donneraient de très bons conseils... Ces pierres imbriquées les unes dans les autres à la façon d’un puzzle bien particulier ont vu et entendu bien plus de choses que nous ne pouvons l’imaginer. Entre histoire, nature et vie quotidienne, les vieux murs regorgent de multiples ressources. Tendons

Les granges, les fours à chaux, les chapelles, les clochers … sont de véritables logis d’hiver pour les chauves-souris. La France et la Belgique en recensent au total 21 espèces cependant, les populations de ces petits mammifères restent en déclin depuis les années soixante dans nos régions. Ces espèces sont aujourd’hui toutes protégées en Wallonie mais de nombreux aspects négatifs continuent à leur être attribués alors que ces espèces représentent un maillon essentiel de la chaine alimentaire.

Un monde faunistique diversifiéQu’il s’agisse de petits oiseaux (le Moineau friquet), de « bêtes à sang froid » (le Lézard des murailles), de petits insectes (les punaises, les syrphes, les abeilles), d’araignées ou voir de petits mammifères (le Lérot, le Mulot, la Chauve-souris), tous trouvent leur place dans les interstices de ces vieux murs. Ces petits animaux sont friands de lieux désaffectés, en friches et de sites restant à l’écart des activités humaines. Ils apprécient particulièrement les vieux murs pour y loger et s’abriter : ce sont des animaux cavernicoles.

De plus, ces animaux sont des espèces locales qui font partie de notre patrimoine naturel et tendent peu à peu à disparaître du fait de notre insouciance ou de notre manque de connaissance.

Ces animaux aiment vivre au calme et à l’écart des activités humaines, nous ne risquons donc pas d’être dérangé par leur présence. Mais, à l’inverse, ils restent très sensiblesàlamodificationdeleurhabitat.

Un monde floristique recherché« Les mousses aiment les milieux pionniers où il n’y a pas de concurrence » souligne Thomas Genty, chargé de projets Patrimoine naturel au Parc naturel. Elles privilégient donc par exemple les surfaces de gré ou de pierre calcaire comme substrat pour se développer.

Les mousses, comme bien d’autres espèces végétales, sont donc ce que l’on appelle des végétaux rupicoles (qui aiment vivre sur des rochers, pierres, etc). Cette flore spécialiste d’un tel milieu colonise par petits endroits les recoins des vieilles pierres et abrite de nombreux colocataires faunistiques. Le lierre est par exemple un très bon refuge pour la petite faune comme les insectes, les arthropodes, les araignées…

Pour participer aux formations :Benoît Gauquie, chargé de mission Patrimoine naturel au Parc naturel+32(0)69/77 98 74 - [email protected]

Pour prendre exemple sur ce qui est déjà fait : Marie-Rose Rohart, responsable de l’association des Guides du Pays Blanc+32(0)69/44 41 83Luc Dupont, du foyer culturel d’Antoing +32(0)69/44 68 00Samuel Bassetto, responsable du service travaux-environnement-urbanismede la commune d’Antoing+32(0)69/44 69 06

Pour répondre à l’appel à projet « BiodiverCités » :Virginie Hess, asbl, Fédération Inter-Environnement Wallonie +32(0)81 25 52 80

Qui contacter ?

les murs ont des oreilles...

Ressource et Milieux naturels

éditeur responsable : PNPERéalisation et mise en page : © PNPE - juillet 2010Photos : PNPEImpression : ICR ImprimerieImprImé sur du papIer Issu de forêt gérées durablement - CertIfIé fsC

Parc naturel des Plaines de l’Escaut31, rue des Sapins7603 BON-SECOURSTél : + 32 [0]69 77 98 10Fax : + 32 [0]69 77 98 [email protected]

Page 2: Préservons les vieux murs

Gendarme Saxifrage à trois doigts

Pipistrelle commune

Giroflée des murailles

Sedum acre

Formation vieux murs

Gobe-mouche gris

Suite aux Objectifs Terre 2010, la Belgique s’est engagée dans l’élaboration d’une stratégie nationale pour la protection de la biodiversité. C’est pourquoi l’asbl Fédération Inter-Environnement Wallonie a lancé un appel à projets intitulé « Biodiver Cités ». Il s’agit d’un programme permettant aux pouvoirs locaux d’œuvrer en faveur de la biodiversité et de parrainer des espèces et des habitats menacés.

A l’initiative du Parc naturel des Plaines de l’Escaut et en réponse à cet appel à projet d’Inter Environnement Wallonie, ces organismes ont formé avec le Foyer socio-

culturel d’Antoing, l’association des Guides d’Antoing (guides du Pays Blanc) et la commune d’Antoing, un partenariat afin de proposer des formations « à la découverte de la faune et la flore des vieux murs ». Ces formations sont destinées aux services communaux et aux guides nature de la commune d’Antoing.

Ces formations ont débuté en avril 2010 sur la commune d’Antoing. Elles ont lieu chaque mois et sont au nombre de cinq. Il s’agit de découvrir les vieux murs de la commune sous un nouvel angle, celui de la faune et de la flore et d’inciter la commune et ses habitants à s’investir par la suite eux-mêmes et chez eux pour

la préservation de ce patrimoine naturel au même titre que l’on préserve le patrimoine historique.

Pour ce qui est de l’association des guides d’Antoing, leur présence à ces formations se justifie par l’envie de « faire prendre réellement conscience aux gens des richesses naturelles de la région » indique Marie-Rose Rohart, responsable de l’association. « Nous essayons d’attirer l’attention sur les spécificités de chacune des communes d’Antoing. Intégrer à nos sorties quelques notions floristiques et faunistiques des vieux murs est tout à fait intéressant. L’enjeu est bien sûr d’inciter les gens à préserver ces coins de nature chez eux par la suite ! » souligne de nouveau Marie-Rose Rohart.

Qui œuvre en faveur de ces vieux murs ? Préservons ces vieux murs ! D’une formation naîtra demain une actionLes animateurs de ces formations ?

Pour les aspects environnementaux :• Benoît Gauquie et Thomas Genty respectivement chargé de mission et chargé de projets Patrimoine naturel au Parc naturel des Plaines de l’Escaut.Pour la dimension historique : •Marie-Rose Rohart, responsable de l’association des Guides du Pays Blanc.

Objectif Terre est un programme francophone issu de l’Observatoire de l’écopolitique internationale (OEI). Il contribue au renforcement des capacités nationales et au développement des partenariats dans les secteurs de l’énergie et de l’environnement en diffusant de l’information en langue française sur les négociations et la mise en œuvre des trois conventions de Rio: changements climatiques, désertification et diversité biologique (Objectif Terre, Vol. 12, N°1 – Mars 2010, 39 p.).

Joints, fissures et anfractuosités jouent un rôle important pour la nidification des oiseaux, l’installation des chauves-souris, mais aussi pour toutes les autres espèces animales et végétales que l’on a pu voir précédemment.

Ainsi, laissons en friche et préservons les« défauts » ! Ne laissons pas nos vieux murs tomber en ruine, ou se faire envahir par la végétation : trouvons un compromis efficace pour préserver la vie présente sur ces pierres.

Quelques conseils du Parc naturel pour l’entretien et la mise en valeur :

laissons quelques trous, ne les comblons 1. pas tous,prenons gants et ratissette, à défaut de 2. vouloir arborer la panoplie « du petit chimiste »,semons des prés fleuris aux abords de 3. nos murs et bâtisses. Ils seront d’autant plus mis en valeur et cela empêchera la venue des mauvaises herbes, apportons de la diversité à nos vieux murs, 4. en récoltant et en partageant avec nos voisins les graines de quelques plantes ayant déjà élu domicile sur d’autres murs,aménagons notre mur avec du lierre et 5. quelques briques judicieusement fixées à la façade, pour accueillir en gîte, oiseaux et insectes variés...

Ces conseils ne sont que quelques exemples. L’entretien, la préservation et la restauration se font en réalité au cas par cas, selon le contexte, la situation, les ambitions de chacun des propriétaires…

« Récolter des graines sur ces vieux murs et les semer sur d’autres… ou restaurer des vieux murs, apprendre à en construire… Le but de la formation est donc, à terme, que la commune s’investisse seule sur la problématique des vieux murs et qu’elle propose ses propres projets à pérenniser. Le Parc naturel lance aujourd’hui les opérations et intervient en tant que conseiller » explique Benoît Gauquie.

L’intérêt est aussi d’inciter les employés communaux et particuliers à un changement d’état d’esprit et de les inciter à pratiquer une gestion différenciée (une gestion des espaces verts plus adaptée et respectueuse des milieux naturels).

A terme, un atlas des vieux murs sera édité par le Parc naturel des Plaines de l’Escaut. Différentes sections répertorieront les espèces que l’on pourrait rencontrer dans la région sur ces murs aux âges bien souvent infinis ou indéfinis. Rien ne nous oblige à connaître par coeur le nom des plantes ni des animaux s’abritant dans les murs, mais nous pouvons simplement nous y intéresser, les observer, les contempler...pour ainsi mieux les préserver.

Protégeons et restaurons nous aussi les vieux murs ! Que nous soyons particuliers, représentant d’une commune, d’une insttitution ou bien d’une association...Redécouvrons notre patrimoine naturel, local mais aussi bâti au travers de nos vieux murs.

Ces vieux murs constituent une véritable chaîne alimentaire et représentent une incroyable source de biodiversité. Faune et flore de la région s’y abritent « en pagaille ». Ne détruisons donc pas ces habitats mais entretenons-les au goût de ces petits habitants pour qu’à leur tour ces individus nous rendent de grands services, en commençant par exemple, par la protection de notre jardin !