premières nouvelles journal du festival premières strasbourg #1 jeu 07/06/12
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Journal du festival Premières élaboré par les étudiants de l'université de Strasbourg.TRANSCRIPT
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hors-sce ne
Jeudi 7 juin 2012
#1
« INADAPTÉS », ce pourrait être l’adjectif-
manifeste d’une génération… Adhérer au
monde sous le visage grimaçant qu’il arbore
aujourd’hui n’a en effet rien d’attrayant. Paré de
tous les attributs de la catastrophe et armé du
bâton de la rigueur, il oblige à la retenue. Rien n’y
fait, pas même le changement proclamé
ici et là : crises, faillites, plans sociaux,
dettes, restrictions, mises sous tutelles
et autres cataclysmes, invitent à la
dérobade. L’incroyable ampleur prise par
le mouvement des indignés espagnols,
les révoltes du monde arabe, l’impact
croissant du collectif anonymous, la
ténacité de l’actuel mouvement étudiant
au Québec, ont incarné parmi d’autres
ces derniers mois le refus de plier et de
s’adapter d’une jeunesse clamant son
désaccord.Loin des idéaux surannés des contes
de fées (jeunesse, beauté, richesse)
devenus les arguments modernes de la
« branchitude », les jeunes metteurs en
scène européens programmés cette année
affichent aussi leur non-conformisme.
Dans leurs spectacles, l’expérimentation
de nouvelles formes, performatives,
chorales, improvisées, documentaires,
le choix récurrent de sujets d’actualité et
de thématiques engagées, l’instauration
de rapports plus directs avec le public,
questionnent à la fois les normes théâtrales
et l’état présent de la société. La faible représentation des textes du
répertoire et l’importance du thème de la révolte
en sont deux manifestations. Quatre seulement
des neuf spectacles programmés s’appuient
en effet sur des textes existants dont un roman
contemporain de G. Y. Balci, ArabQueen. Les
autres sont des classiques : deux nouvelles de
Gogol et Kleist et une pièce de Schiller, seul
texte de nature dramatique de cette édition. La
distance prise avec le répertoire est d’autant
plus frappante par ailleurs que tous ont été
adaptés pour la scène. Cette réappropriation des
textes rend compte de la nécessité partagée de
ces artistes de personnaliser leurs approches,
Réécritures, montages, ajouts
de textes, improvisations sont
venus bouleverser des œuvres elles-mêmes
agitées par le thème de la révolte. Kohlhaas,
paysan qui refuse l’injustice d’un pouvoir arbi-
traire lui contestant ses biens, Poprichtchine
petit prolétaire de la bureaucratie russe qui
se rêve roi d’Espagne, les brigands de Schil-
ler qui se mettent délibérément à la marge
pour pouvoir agir sur le monde, incarnent tous
une propension à se rêver autre. La fin du
spectacle d’Amélie Énon, où un communiqué
radiophonique annonce de nouvelles insur-
rections, relativise l’échec apparent de ces
différentes entreprises et invite à ne surtout
pas se satisfaire de l’état actuel du monde.
Thomas Pondevie
l’œuvre devenant le terreau fictionnel
d’interprétations subjectives.Christian Valerius, metteur en scène de Subjekt:
Kohlhaas, n’a conservé qu’un tiers de la nouvelle
de Kleist, resserrant la fable sur l’individu
propriétaire.
Il prend ainsi le contrepied des interprétations
classiques érigeant Kohlhaas en figure idéale
de la révolte. Pour Le Journal d’un fou, Tufan
Imamutdinov a commencé à travailler à partir
d’improvisations sur des répliques du texte de
Gogol. Sa mise en scène a ensuite pris corps
autour du thème de l’impuissance de son héros,
Poprichtchine, et de sa quête d’altérité. Amélie
Énon a souhaité réorienter Les Brigands de
Schiller autour de la question du passage à
l’acte de l’individu qui animait le collectif réuni
autour d’elle à l’École du TNS. Son dramaturge
Kevin Keiss, a ainsi réécrit de mémoire toutes les
scènes choisies.
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In-adaptés ?
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Kohlhaas :
rebelle ou conservateur ?
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Le Journal d’un fou -
« On est toujours autre »
Page 3 - En coulisses...
...avec Christian Valerius
et Tufan Imamutdinov
...jusqu’a demain
Et la nuit sera calme -
La paix est une feinte, la révolte
le seul remède
Page 4 - Hors sce ne
Portrait
Vincent Caspar, régisseur général
Entretien
Barbara Engelhardt : « Révoltés,
Perspicaces & Imprévisibles »
Pour prolonger le festival rendez-vous surwww.festivalpremieres.eu
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Regard...
Le metteur en scène Christian Valerius et son équipe s’emparent de la nouvelle de Kleist, Michael Kohlhaas. Ils en proposent une lecture contemporaine à l’espace Grüber.
Auteur classique dont l’œuvre a été célébrée l’année dernière dans le cadre du Kleist-Jahr 2011, Heinrich von Kleist est un incontournable de la littérature allemande.C’est dans le contexte de cette célébration
qu’est né Subjekt: Kohlhaas. La rencontre d’un
auteur, d’un texte et surtout d’une équipe artistique. C. Valerius, étudiant metteur en scène à la Zürcher Hochschule der Künste, a travaillé à cette occasion
en collaboration avec des étudiants de Hambourg.S’il s’agissait d’adapter la nouvelle Michael Kohlhaas pour la scène, il était également important pour eux de ne pas trahir l’esprit et la langue de Kleist –
langue qui influence également le jeu des acteurs. Partant du texte
original, ces derniers ont écrit eux-mêmes leurs répliques. D’autres sources ont ensuite été convoquées dans Subjekt: Kohlhaas : Rainer Werner Fassbinder et Ernst Jünger, mais aussi des chansons pop contemporaines, la bande-son de la pièce empruntant notamment aux répertoires de Britney Spears et Peter Gabriel.Ces références diverses contribuent à ancrer le spectacle dans une temporalité abstraite. Si le metteur en scène s’approprie le texte de Kleist, il ne le transpose pas en revanche dans notre contemporanéité. Pour Christian Valerius, la temporalité ne joue pas un rôle primordial dans la pièce. Ainsi se construit une esthétique singulière. Les costumes néo-médiévaux, les coussins d’air constituant décor et accessoires, la projection d’images filmées en live sur scène créent par le
mélange d’époque et de modernité une certaine abstraction.Cette confrontation entre tradition et modernité est au cœur de Subjekt: Kohlhaas : Michael Kohlhaas, le personnage principal, mène une vie heureuse de vendeur de chevaux jusqu’à ce qu’un pouvoir arbitraire les lui retire. Cela le pousse dans une furie vengeresse contre ce système implacable. « Kohlhaas est souvent catégorisé comme un rebelle » dit Christian Valerius, « mais en réalité la seule chose qui lui importe, ce sont ses chevaux. Il croit, avec une certaine prétention même, en un vieux système qu’il juge meilleur que l’actuel. » Dans la lecture de Christian Valerius, Kohlhaas n’est donc pas un représentant de la résistance contre l’autorité et le pouvoir mais un conservateur défendant ses intérêts. Ce qui intéresse la jeune troupe, c’est justement l’absence de pouvoir, l’impuissance qui en résulte. La spirale de la vengeance dans laquelle sombre Kohlhaas et cette colère furieuse qui le plonge dans une frénésie aveugle suffiront-elles seulement à lui faire obtenir justice ?Céline Hentz
« Jeunes », « Beaux », « Riches », les kakémonos
intriguent les passants. Les plus observateurs
auront fait le rapprochement avec les affiches
annonçant Premières.
La communication de cette édition, inspirée du
festival berlinois Reich und Berühmt – Riches
et célèbres – tranche avec les précédentes.
L’esthétique sportive jusque-là déclinée, trop
fortement liée à la compétition, était contraire
aux valeurs du festival. L’accent a été mis sur
les mots, sous une forme ludique et un mode
ironique.La distance humoristique est patente et le choix
des mots suscite la curiosité. Pourtant, au regard
des différents entretiens menés pour le journal,
le mot « Riches » résonne étrangement. À titre
d’exemple, Le Journal d’un fou a été financé sur
fonds propres et répété dans un entrepôt où la
température n’excédait pas les 7°C. Surtout,
cela nous semble ironiser mal à propos sur la
précarité des artistes, a fortiori lorsqu’ils sont
en début de parcours et qui, s’ils sont riches, ne
le sont que d’envies... Ces adjectifs, ainsi jetés
sur la voie publique, ne sonnent-ils pas comme
des coquilles vides là où le théâtre travaille
précisément sur le sens et la complexité des
choses ?La rédaction
Récemment diplômé de l’Université des Arts et du Théâtre de Moscou (GITIS), Tufan Imamutdinov s’est intéressé dans le cadre de ses études à l’une des plus célèbres nouvelles de Gogol, Le Journal d’un fou. Pour Premières, l’exercice d’école s’est étoffé.
Le Journal d’un fou est le récit à la première personne d’une tranche de la vie de Poprichtchine, un jeune fonctionnaire archétype du « petit homme » russe. Il conte dans son journal intime sa vie de « tailleur de plume », sa quête de reconnaissance et d’identité, son amour impossible pour la fille de son supérieur hiérarchique. Pour fuir cette réalité qui ne lui ressemble pas, ce subalterne choisit de s’en créer une autre et revêt l’identité du roi d’Espagne. Par le biais d’hallucinations successives, l’extraordinaire fait progressivement irruption dans le récit. C’est impuissant et amusé que le lecteur assiste à son basculement dans la folie. Dans cette œuvre où le burlesque s’accorde avec la folie montante d’un homme solitaire, le travail de la
jeune compagnie russe s’est attaché à rendre compte d’une réalité qui se transforme. Tufan Imamutdinov a relégué la folie et la révolte du personnage au second plan pour s’intéresser plus précisément à son identité. « Pour les grands hommes, nous confie-t-il, il n’existe pas de facteurs extérieurs, il faut aller au plus profond des choses et décortiquer le vrai fond d’un individu. » Le jeune metteur en scène cherche ainsi à présenter la détermination et le changement de l’homme dans un monde où il faut trouver sa place et s’inventer une position. La folie n’est donc jamais traitée comme telle dans le spectacle. Tout ce que vit Propritchine est toujours
...furtif Inadaptés ?
...PERC, ANT« On est toujours autre »
...E’VASIFKohlhaas : rebelle ou conservateur ?
DR
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En coulisses...
Le recours aux textes du répertoire est rare
dans cette édition du Festival. Cette année,
seulement trois metteurs en scène se sont
inspirés d’œuvres classiques. Tous trois ont,
qui plus est, fait le choix de l’adaptation.
Quelles libertés ont-ils pris avec le texte
original ? Nous avons invité les metteurs en
scène Christian Valerius (Subjekt: Kohlhaas)
et Tufan Imamutdinov (Le Journal d’un fou) à
exprimer leurs points de vue.
L’un comme l’autre, les deux
artistes n’ont pas essayé, dans
leurs adaptations, d’illustrer
fidèlement les œuvres dont ils
s’inspirent. Ils s’engagent au
contraire personnellement dans
la transposition. Le metteur en
scène russe définit deux manières
considéré au contraire comme pouvant être réel. Le metteur en scène souligne ainsi l’existence d’une fissure entre le quotidien et la métaphysique. Se pose alors en creux, à travers cette nouvelle, la question de l’image que la société se fait de cha-cun de nous. Sommes-nous, comme Poprichtchine, cloi-sonnés par notre statut hiérar-chique, notre classe sociale ? Pourquoi ne pourrions-nous pas être totalement autre ? Notre identité se limite-t-elle à ce que les autres perçoivent de
nous ? À ce que la société impose ? Ironiquement, Tufan Imamutdinov se questionne sur sa propre identité : « Suis-je vraiment metteur en scène ? Et suis-je vraiment Tufan ? », pour affirmer, comme un mot d’ordre : « On est toujours autre ». Louise Nauthonnier
... AVEC Christian Valerius et Tufan Imamutdinov
...JUSQU’A DEMAINLa paix est une
feinte, la révolte le seul remède
Ancienne élève du groupe 39 de l’école du TNS, la metteure en scène Amélie Énon présente Et la nuit sera calme, adaptation des Brigands de Schiller en salle Koltès. Au cœur de la forêt, à l’écart d’un monde où tout semble figé, une voix s’élève : celle d’une jeunesse révoltée.
Nous pouvons affubler la jeunesse d’une multitude de qualificatifs. Celle que semble incarner Amélie Énon n’est en rien flegmatique. Pour traiter la question de la révolte qui l’agite, la metteure en scène a choisi de créer ses propres brigands. La question de l’adaptation s’est présentée à elle comme une évidence. Sans délaisser complètement l’écriture de Schiller, la réflexion engagée avec son équipe a engendré une actualisation du texte tout comme du thème. Cette démarche répond à un désir de s’ancrer de la façon la plus juste et la plus prégnante dans le présent.
Dans le travail amorcé, l’équipe dramaturgique a tenu à donner la parole aux personnages de la manière la plus paritaire possible. Il a donc fallu réécrire, voire créer de toutes pièces de nouveaux personnages, l’œuvre de Schiller ne comportant qu’un seul rôle féminin. Mais lorsqu’il s’agit de révolte, point de héros ni d’héroïnes. Le soulèvement est ici l’œuvre d’une communauté.La réécriture à laquelle s’est attaché le dramaturge Kévin Keiss puise sa source dans les improvisations des comédiens sur le plateau. Véritable work in progress, ce spectacle se veut le témoin, sinon le porte-voix, d’une jeunesse dont les attentes et les besoins sont débordants. Julie-Marie Duverger
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d’adapter un texte : se faire l’admirateur de l’auteur (il
s’agit alors d’une transcription du texte pour la scène)
ou tenter de s’en faire l’interlocuteur. Lui-même
adopte sans détours la dernière posture : « J’ai trouvé
un point d’accroche dans la nouvelle, la folie, et c’est
à partir de là que j’ai construit ma propre vision du
théâtre. Ce qui importe dans un spectacle, au-delà de
la narration, c’est le thème que le metteur en scène
essaie de développer. »C. Valerius s’accorde sur ce point, privilégiant dans
son adaptation le thème de l’impuissance d’un
individu face à l’arbitraire du pouvoir : « Pour moi,
Kohlhaas est un homme pédant mais aimable, et non
pas un rebelle comme on le présente souvent. Il reste
en fait très ancré dans l’ancien système contre lequel
il se bat peut-être mais sans essayer jamais de le
changer profondément ».Les deux metteurs en scène ont par ailleurs retravaillé
en profondeur les textes d’origine. Reprenant la trame
narrative initiale, les comédiens de Subjekt: Kohlhaas
ont ainsi composé eux-mêmes leurs textes au fil des
répétitions. C. Valerius y a ensuite intégré d’autres
extraits (correspondance de Kleist, textes de R.W.
Fassbinder) entrant en résonnance avec la nouvelle.
T. Imamutdinov a quant à lui adjoint à la nouvelle de
Gogol un texte de Lope de Vega, Le Maître à danser,
n’hésitant pas à couper, sélectionner et réagencer par
ailleurs Le Journal d’un fou. Malgré l’interventionnisme manifeste de ces
deux artistes, un certain respect de l’œuvre, une
« justesse », pointe pourtant. La conclusion de C.
Valerius en est l’illustration : « Ce qui compte dans
une réécriture, c’est de garder l’esprit de l’œuvre et
de ne pas dire son contraire. Il faut être juste avec le
texte original et apporter ensuite quelque chose de
soi-même. »Anca Bilbie
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À l’occasion du festival Premières, Vincent
Caspar, régisseur général en charge des
décors du Maillon, s’occupe aujourd’hui du
montage du Journal d’un fou. Pour Premières
Nouvelles, il revient sur son parcours.
Après avoir débuté par un CAP d’ébéniste, Vincent
Caspar obtient un BTS fabrication industrielle du
meuble. Ayant toujours eu envie de faire du spectacle,
il organise de nombreux concerts où il apprend à
manier la lumière et le son. À trente-trois ans, il
découvre le monde du théâtre lors d’un stage de cinq
mois au TNS, où il travaille notamment sur un projet
de théâtre itinérant avec des étudiants de l’école. Il
débute ensuite comme machiniste intermittent dans
tout le Bas-Rhin, avant de devenir régisseur plateau
permanent au Maillon. Depuis maintenant plus de dix
ans, son travail consiste à étudier les fiches techniques
que les compagnies envoient au théâtre, à travailler sur
les plans des scénographies afin de pouvoir exposer
ses idées aux équipes. Il s’occupe du montage et
du démontage des décors. Cependant, le plateau
du Maillon, équipé d’un système de gril (cadre fixe
soutenant les projecteurs) et non de cintres (barres
métalliques autonomes), est différent de
celui de beaucoup de théâtres. Il faut donc
adapter sa manière de travailler en fonction
des changements que souhaite apporter le
metteur en scène à l’agencement, tant il
est difficile d’opérer des modifications une
fois les accroches mises en place.
Vincent Caspar s’est rendu compte, à
la réception de la fiche technique du
Journal d’un fou, que la création de Tufan
Imamutdinov avait été réalisée avec pour
seul décor les combles de son école.
Ainsi, les représentations au Maillon ont
nécessité la construction entière d’un
décor. Difficulté d’autant plus grande que le
théâtre est dépourvu d’atelier. Le régisseur général a
donc établi des croquis en fonction des contraintes
techniques – emploi de matériaux légers et solides
permettant aux acteurs de s’accrocher aux différents
éléments du dispositif – et budgétaires, puis estimé
la durée du temps de fabrication et le nombre de
techniciens requis – 150 heures de travail pour deux
intermittents.
Au final, cette installation qui offre
de nombreuses ouvertures aux comédiens grâce
aux découpes et aux surélèvements est posée au
milieu de la salle, telle une stèle, pratiquement
dépourvue de pendrillons. Amandine Chauvidan
et Alice Caboche
PORTRAITVincent Caspar
EntrEtiEn Barbara Engelhardt
Programme du jour : jeudi 7 juin 2012 TNS // 20h30 MAGNIFICAT (suivi d’un débat)
Maillon - Wacken // 22h15 LE JOURNAL D’UN FOU
Espace Grüber // 19h SUBJEKT: KOHLHAAS 20h30 THE END
Journal conçu et rédigé par les étudiants en Master Arts du Spectacle de l’Université de Strasbourg. En collaboration avec le TNS et Le-Maillon.
Anca Bilbie, Camille Burger, Alice Caboche, Amandine Chauvidan, Rhéa-Claire Pachocki, Julie Cordebar, Sophie Coudray, Julie-Marie Duverger, Morgane George, Céline Hentz, Jean-Baptiste Mattler, Ioana Musca, Arnaud Moschenross, Louise Nauthonnier, Marine Ormieres, Emmanuelle Schwartz, Raphaël Szöllösy, Fanny Soriano, Jérémie Valdenaire Coordination Quentin Bonnell, assisté de Thomas Pondevie Maquette Jacques Lombard Remerciements Thomas Flagel.
LE MAILLONThéâtre de Strasbourg+33 (0)3 88 27 61 81le-maillon.com
TNSThéâtre National de Strasbourg+33 (0)3 88 24 88 24tns.fr
… Tels sont les mots de Barbara Engelhardt
pour définir les spectacles de cette 7e édition.
Coresponsable de la programmation depuis
2005, aux côtés de B. Fleury et O. Chabrillange,
l’ancienne rédactrice en chef de Theater der Zeit et
directrice artistique du festival Fast Forward au Staatstheater
Braunschweig, nous livre ici ses impressions sur le festival.
Selon vous, qu’est-ce que Premières apporte
au champ théâtral ?Le cadre festivalier rend possible l’accueil de spectacles peu intégrables
dans une programmation de saison et propose ainsi une ouverture sur
la jeune création. Il s’agit de sortir des réseaux typiques, d’aller plus loin
dans la recherche et de permettre aux productions de trouver un public
dans un contexte festif. Une façon privilégiée pour les spectateurs de faire
de nouvelles expériences et de se forger une autre image de la scène
internationale. Premières est un espace de rencontre, une occasion rare,
pour ces metteurs en scènes prometteurs, de présenter et de comparer
des approches différentes dans un cadre chaleureux, sans rapport
de compétition entre eux. Ce festival est une plateforme qui offre la
possibilité à des compagnies européennes de se présenter à la fois aux
professionnels et au public français.
Comment situeriez-vous cette édition par rapport aux précédentes ?Les metteurs en scène invités les
années précédentes adoptaient le
point de vue d’individus tentant
de trouver leur place dans une
société hermétique et liberticide. Se sentant en marge, la recherche d’identité leur paraissait
primordiale. Cette année, plus préoccupés par les questions sociales et politiques, ils prennent
davantage de distance par rapport à leur horizon générationnel. Ils ouvrent désormais leurs
réflexions à des questions qui émanent de la société à laquelle ils appartiennent.
Il aura fallu deux années pour que cette 7e édition voie le jour. Dès
2013, un nouveau partenariat avec le Théâtre de Karlsruhe se met en
place. Comment l’avenir se profile ?
Le fait que l’édition 2011 ait été annulée fut une grande déception pour les compagnies. Elles
produisent des œuvres éphémères qui sont souvent des étapes dans leur parcours. Ainsi,
certains partenariats qui devaient avoir lieu l’an passé n’ont pas pu voir le jour dans le cadre
de cette édition. Seul ArabQueen a pu encore y prendre place. L’an prochain, ma mission
consistera à faire le lien entre la France et l’Allemagne. Cette association relève d’une vraie
envie d’échanger un savoir-faire. Il s’agit d’un travail d’élargissement régulier, sur le long
terme, une expérience inédite que nous nous apprêtons à vivre aussi bien à Karlsruhe qu’à
Strasbourg*. Julie-Marie Duverger, Fanny Soriano.
*Cette expérience sera évoquée dans le numéro de vendredi lors d’un entretien avec B. Fleury et détaillée
dimanche dans un autre avec J. Linders, directeur du théâtre de Karlsruhe.
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