premier atelier - association française pour la...

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Un travail de découverte du village Ce qui existe déjà : - il y a cette monographie du village écrite par l'instituteur il y a plus d'un siècle. Totalement inintéressante, mais chargée d'informations précises. - il y a les documents historiques collectés par quelques passionnés que je ne connais pas mais qu'il va falloir rencontrer. Ce que j'aimerais faire : - faire le travail du géographe. - faire le travail de l'anthropologue sur la manière dont les hommes se logent depuis qu'ils habitent le village. - produire un vrai livre et l'éditer, avec une belle maquette : une page distanciée et documentaire, une page qui revient sur les démarches des enfants. Du froid et du chaud. PREMIER ATELIER : Comment on a commencé avec un premier groupe de 15 enfants : Semaine 1 : définition du projet - prise de notes sur ce que les enfants savent déjà : « que connaissez-vous de votre village ? » - tri de ces « mot clés ». Comment les regrouper ? Après de longues discussions, un classement est adopté : 1) géographie physique : c'est moi qui amène le terme. Les enfants comprennent que ces choses sont « naturelles », que l'homme n'y peut rien : l'eau, le relief, la nature... Il nous faudra revenir sur cette notion quelques jours plus tard, à la vue d'une photographie de barrage déviant le cours d'une rivière. Le concept de géographie physique est-il opératoire ? Qu'en disent les géographes ? Je n'en sais rien, j'ai toujours détesté la géographie... 2) activités des hommes : c'est moi qui amène le terme « activité ». Les enfants préféraient « métiers » mais dans ce cas-là, on avait du mal à mettre la centrale photo-voltaïque et la maison de retraite 3) chiffres : peut-être une résurgence de l'atelier journal : l'envie d'en découdre avec les grands nombres et les statistiques : population, superficie, comptage des associations, ... 4) habitat des hommes : sous-entendu à notre époque 5) histoire : ce sont les vieux monuments et bâtiments. 6) loisirs : au départ, les enfants pensent que c'est uniquement des activités pour les enfants. La définition du temps de loisirs se fait après discussion : c'est les occupations que l'on choisit d'avoir pendant le temps où on ne travaille pas. 7) constructions humaines : je ne suis pas très contente de cette catégorie, qui dépend tellement des autres : services publics / loisirs / ... 8) services publics : « les gens qui y travaillent sont payés par l'état. Ils ne dépendent pas du nombre de leurs clients. C'est les impôts de tout le monde qui les payent. »

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Un travail de découverte du village Ce qui existe déjà : - il y a cette monographie du village écrite par l'instituteur il y a plus d'un siècle. Totalement inintéressante, mais chargée d'informations précises.- il y a les documents historiques collectés par quelques passionnés que je ne connais pas mais qu'il va falloir rencontrer.Ce que j'aimerais faire :- faire le travail du géographe.- faire le travail de l'anthropologue sur la manière dont les hommes se logent depuis qu'ils habitent le village.- produire un vrai livre et l'éditer, avec une belle maquette : une page distanciée et documentaire, une page qui revient sur les démarches des enfants. Du froid et du chaud.

PREMIER ATELIER : Comment on a commencé avec un premier groupe de 15 enfants :

Semaine 1 : définition du projet

- prise de notes sur ce que les enfants savent déjà : « que connaissez-vous de votre village ? »

- tri de ces « mot clés ». Comment les regrouper ? Après de longues discussions, un classement est adopté :

1) géographie physique : c'est moi qui amène le terme. Les enfants comprennent que ces choses sont « naturelles », que l'homme n'y peut rien : l'eau, le relief, la nature... Il nous faudra revenir sur cette notion quelques jours plus tard, à la vue d'une photographie de barrage déviant le cours d'une rivière. Le concept de géographie physique est-il opératoire ? Qu'en disent les géographes ? Je n'en sais rien, j'ai toujours détesté la géographie...2) activités des hommes : c'est moi qui amène le terme « activité ». Les enfants préféraient « métiers » mais dans ce cas-là, on avait du mal à mettre la centrale photo-voltaïque et la maison de retraite3) chiffres : peut-être une résurgence de l'atelier journal : l'envie d'en découdre avec les grands nombres et les statistiques : population, superficie, comptage des associations, ...4) habitat des hommes : sous-entendu à notre époque5) histoire : ce sont les vieux monuments et bâtiments.6) loisirs : au départ, les enfants pensent que c'est uniquement des activités pour les enfants. La définition du temps de loisirs se fait après discussion : c'est les occupations que l'on choisit d'avoir pendant le temps où on ne travaille pas.7) constructions humaines : je ne suis pas très contente de cette catégorie, qui dépend tellement des autres : services publics / loisirs / ...8) services publics : « les gens qui y travaillent sont payés par l'état. Ils ne dépendent pas du nombre de leurs clients. C'est les impôts de tout le monde qui les payent. »

Bilan : enfants très dynamiques. Les idées jaillissent pour clôturer le projet et mettre en valeur ce que l'on aura appris sur le village : expo dans le village, édition d'un livre, organisation d'un rallye (idée déjà évoquée l'an dernier)...

Je pense que ces différentes catégories ne sont pas valides : elles se recoupent en partie et ne rendent pas vraiment compte de ce qu'est le village : les voies de communication depuis l'antiquité, la présence d'artisans et de marchands sur le fleuve, plus près d'aujourd'hui le déplacement de l'habitat vers les quartiers périphériques... Et de nouveau je me sens perdue devant des choix à faire. Il faut choisir de quoi on va parler.

Semaine 2 : présentation du projet aux enfants du cycle 3 en plénière. Deux séances pour se préparer à cette réunion.« Ce fameux livre sur Saint-Martory, vous le voyez comment ? »On regarde un numéro de la collection « enfants du monde » édité par l'ICEM. On regarde comment sont construites les premières pages : - couverture : photo du lieu / titre / éditeur / collection- page de garde : photo : portraits d'enfants du monde : rappel du nom de la collection = ligne éditoriale.- page de titre- sommaire : localisation / habitat / activités des hommes....

… et nous, notre sommaire ? Le sens pratique des enfants : « on l'a déjà, il faut remettre nos huit catégories du tri des mots-clés »On fabrique alors une premier « chemin de fer » totalement prématuré !

Pour revenir à notre ébauche de sommaire, on commence la travail de localisation : la localisation du village dans le pays, la région, le département, le canton, puis la localisation dans le paysage proche.

En une heure, on cherche sur internet les cartes disponibles et on se débarrasse rapidement du plus simple.Puis, il nous reste un peu de temps pour mettre le nez dans la carte d'état major : - chercher les limites du villagerepérer le fleuve- s'apercevoir à la toute fin de l'existence des courbes de niveau.

Nous terminons ce premier travail sur carte avec la découverte de deux barrières naturelles qui embrassent littéralement le village : la Garonne d'un côté, la falaise de l'autre. Pas besoin de rempart dans ce territoire !

On doit expliquer ça aux autres enfants du cycle 3 deux jours plus tard avec un affichage comme guide :

Le lendemain, j'emmène une monographie de la ville de Florence et dans la même collection, celle de l'Andalousie : On regarde comment celui de Florence est fabriqué, les manières de « rendre l'information la plus lisible possible ».On discute en groupe de tout ça un moment puis un groupe se détache pour lister toutes les solutions graphiques rencontrées :le groupe se rend compte alors que les « solutions » sont assez peu nombreuses : - plans à différentes échelles- photos d'un monument sous différents angles- zoom- schémas légendés- reproductions d'oeuvres d'art- photos anciennes à côté de photos récentes… et un vaste ensemble de « solutions combinées » de tout cela.

Le feuilletage collectif du deuxième livre (l'Andalousie) va apporter une nouvelle remarque : « ils ne se sont pas trop fatigués pour le deuxième livre ! ». En effet, la présentation est rigoureusement la même, et on devine que toute la collection est à l'avenant. Je m'avance sûrement, mais je leur dit que moi j'appelle ça une charte graphique.

Nous avons des choses montrer aux autres enfants du cycle, le travail se planifie. Prochaine étape, fabrication de cartes pour la partie « localisation dans le territoire » pour notre monographie.

DEUXIEME ATELIER : Un nouveau groupe de 15 enfants prend la relève : Le groupe est constitué de quelques enfants qui « signent » à nouveau, et d'autres qui viennent d'autres ateliers.

Semaines 1 et 2 : le territoire de Saint-MartoryComme prévu avec le groupe précédent, nous regardons la carte IGN du secteur avec beaucoup d'attention. Devant le fouilli d'informations empilées, les enfants découvrent le rôle important de la légende et découpent en parties les « thèmes » abordés dans ce genre de carte : végétation / habitat / relief / voies de communication...Il nous vient alors l'idée de « séparer » ses éléments pour avoir une « lecture » du paysage centrée sur un seul critère : la présence de l'eau / de la forêt / le relief.Le travail est réparti et chaque groupe va produire sa propre carte. Cela va nous prendre beaucoup, beaucoup de temps...

Pour chaque carte, il aura fallu comprendre ce que l'on veut faire apparaître, regarder comment font les autres auteurs de cartes quand ils veulent faire la même chose, décoder les conventions, et tracer avec des gestes peu sûrs. Se tromper, recommencer... Quand tout a été fini, j'ai un peu abusé : il a fallu qu'ils écrivent toutes les difficultés qui leur semblaient avoir dépassé à chaque nouvelle étape du travail. Mais là, c'était peut-être un peu trop !

A la fin du travail, nous préparons un affichage sous forme de tableau qui permet de voir apparaître des ressemblances, des codes, des conventions, et qui fait le lien entre chaque groupe producteur de carte :

Semaine 3 : la ballade

Les enfants savent que nous partons en ballade, que nous allons prendre de la hauteur, pour observer le territoire à l'oeil nu. Ils préparent leur sortie : - matériel : jumelles / appareils photo / feuilles de dessin / crayons / carte du village- liste des choses qui semblent importantes à observer.- vu le temps : casquette et bouteille d'eau !!!!

Le groupe se met en route un jeudi après-midi pour se rendre « à la vierge » située sur la colline qui domine le village. Montée très raide dans la forêt.Arrivés en haut, ils prennent leurs marques devant ce paysage qu'ils connaissent déjà un peu. Mais l'expérience est différente : - toutes les choses qu'on ne voit pas sur notre carte : les Pyrénées et les sommets encore enneigés / les autres villages que l'on s'amuse à reconnaître / l'autoroute / la cascade sur Garonne en plein milieu du village.- tous les endroits où l'on vient de passer : on retrace notre parcours depuis l'école- tous les endroits « imposants » dont on n'a pas encore parlé : deux châteaux (un en haut, l'autre en bas : la même famille mais à deux siècles d'écart) / les arches, portes de la vieille ville / le vieux centre, si étriqué / les HLM qui dominent complètement leur quartier / la taille de l'usine de papier désaffectée...

Moment assez exaltant, la rencontre avec le paysage est beaucoup moins « béate » que je ne l'imaginais. On crie, on se coupe la parole, on veut montrer ce qu'on a reconnu. Dans quelques recoins, il y a ceux qui ont tout de suite pris le papier à dessin et qui n'ont pas envie qu'on les interrompe. Il y a aussi ceux qui prennent TOUT en photo.

TROISIEME ATELIER : Un nouveau groupe de 20 enfants prend la relève :

Après la ballade, il revient au nouveau groupe de collecter et « lire » toutes les images produites : d'un côté les croquis réalisés depuis le point de vue, de l'autre les photos de St Martory, anciennes ou récentes (vieilles cartes postales et leur petite soeur contemporaine).

Une lecture attentive de toutes ces images fait ressortir que nous disposons d'images : - serrées / de monuments ou de lieux précis :

- un peu plus larges : les quartiers, les axes routiers...

- quelques plans très larges, avec un croquis du village avec les collines puis les Pyrénées derrière.

Quand l'idée va émerger de relier chaque image à son point sur la carte du village, ce croquis va poser problème à cause de la taille du paysage qu'il représente...

Ces remarques vont porter sur que l'on peut effectivement faire porter sur une carte, et sur ce qui, définitivement, ne peut pas être représenté : les plans larges sur un paysage, la profondeur de champs...

Ce n'est qu'après ces questionnements, que nous pouvons mettre en forme le très grand affichage, qui ne se veut donc pas un résumé de e que l'on a observé, puisqu'il ne peut pas tout embrasser à partir d'une carte, mais un ensemble d'images et leur position dans le paysage du village.

On associe des croquis, des photos anciennes et des photos d'aujourd'hui prises du même endroit :

Et puis on ordonne le tout :

Dans l'édition du journal du mois de juin, le groupe « géographie » écrit sur ce projet qui n'a pas vraiment abouti...

« L'atelier histoire/géographie du cycle 3 enquête depuis quelques mois sur le village de Saint-Martory. Ce groupe de travail a effectué un tri de mots-clés pour organiser ses recherches : géographie physique, activités des hommes, habitat, histoire... et huit grands thèmes se sont dessinés. Mais l'ampleur de la tâche était énorme... Comment s'y prendre ? L'observation de monographies de deux lieux touristiques a donné des pistes pour produire, à l'école, une monographie de Saint-Martory. Le groupe a alors étudié la localisation du village en zoomant de la carte de France jusqu'au plan de rues. Puis, une sortie sur les hauteurs (la vierge) a permis d'observer la structure du village : le vieux centre coincé entre la rive gauche de la Garonne et la falaise, la plaine agricole rive droite.A partir de la lecture de la carte IGN du secteur, l'atelier s'est alors attelé à produire lui-même ses propres cartes : celles des forêts, du relief et des cours d'eau. Enfin, en trouvant des cartes postales anciennes du village, les enfants ont pu comparer les rues et les quartiers avec des photos récentes. Il est apparu que certains quartiers ont changé de nom et beaucoup évolué dans leur paysage. La suite... l'an prochain! Si la monographie n'a pas encore vu le jour, elle paraîtra l'an prochain autour du thème SAINT-MARTORY ET SES QUARTIERS. Pour l'occasion, les enfants demanderont l'aide des habitants : interviews, recherche et emprunt de photos, de documents, etc. Affaire à suivre, à partir du mois de septembre !

Laurence – juillet 2011

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