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DU 4 AU 29 JUIN 2016 PRÉLUDE AU FESTIVAL D’AIX CONCERT DE CHANT 18 JUIN 19h la roque d’anthéron - abbaye de silvacane ACADÉMIE DU FESTIVAL D’AIX Charme et enchantement LES VOIX DE SILVACANE

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DU 4 AU 29 JUIN 2016

PRÉLUDE AU FESTIVAL D’AIX

CONCERT DE CHANT

18 JUIN19h la roque d’anthéron - abbaye de silvacane

A C A D É M I E DU FESTIVAL D’AIXCharme et enchantement

LES VOIX DE S I L V A C A N E

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CONCERT DE CHANTCharme et enchantement

Résidence Mélodie & Création

compositeurNuno DA ROCHA

sopranosAnna DAVIDSON I Inês SIMÕES

mezzo-sopranosHéloïse MAS I Catherine TROTTMANN

barytonsLaurent DELEUIL I Anas SEGUIN

pianistesThomas BESNARD I Florian CAROUBI I Marwan DAFIR

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Nuno da Rocha (né en 1986)Ecce Puercréation mondiale

Catherine TROTTMANN mezzo-sopranoAnas SEGUIN barytonFlorian CAROUBI pianiste

Gabriel Fauré (1845-1924)L’Horizon chimérique

« La mer est infinie »« Je me suis embarqué »« Diane, Séléné »« Vaisseaux, nous vous aurons aimés »

Anas SEGUIN barytonMarwan DAFIR pianiste

Kaija Saariaho (née en 1952)Leino Songs

« Sua katselen »« Sydän »« Rauha »« Iltarukous »

Inês SIMÕES sopranoThomas BESNARD pianiste

Claude Debussy (1862-1918) Apparition

Proses lyriques« De rêve »

Anna DAVIDSON sopranoThomas BESNARD pianiste

Ernest Chausson (1855-1899)Dans la forêt du charme et de l’enchantement

Héloïse MAS mezzo-sopranoFlorian CAROUBI pianiste

Serres chaudes « Serre chaude »« Oraison »

Catherine TROTTMANN mezzo-sopranoMarwan DAFIR pianiste

Derek Holman (Né en 1931) The Centred Passion

« Tonight the winds begin to rise » « The path by which we twain did go » « The time draws near the birth of Christ »

Laurent DELEUIL barytonMarwan DAFIR pianiste

Claude Debussy (1862-1918) Trois Chansons de Bilitis

« La Flûte de Pan »« La Chevelure »« Le Tombeau des Naïades »

Héloïse MAS mezzo-sopranoFlorian CAROUBI pianiste

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union de la poésie et de la musique ne s’exerce nulle part avec autant d’évidence que dans la mélodie française. Ce genre musical, né au XIXe siècle, permet aux compositeurs

d’échapper aux romances de salon et chansons populaires et de se démarquer du Lied allemand, au profit de la mise en musique des plus grands poètes de leur époque.

Les chanteurs de l’Académie ont sélectionné quelques-unes de ces mélodies pour voix et piano, reflets d’une pensée littéraire soigneusement choisie. Parmi elles, celles de Claude Debussy. Ses premières mélodies remontent à ses années d’études au Conservatoire. D’abord influencé par Jules Massenet, il se classe rapidement en tête du peloton des novateurs de la fin du XIXe siècle. Il s’intéresse aux parnassiens et leurs émules, Paul Verlaine, Paul Bourget, Stéphane Mallarmé (Apparition) et Pierre Louÿs (Trois Chansons de Bilitis), et prend lui-même la plume (De rêve, extrait des Proses Lyriques).

Vers la fin de sa courte vie, Ernest Chausson se tourne lui aussi vers la poésie symboliste. Il emprunte à Maurice Maeterlinck ses Serres chaudes et à Jean Moréas les vers de sa délicate mélodie Dans la forêt du charme et de l’enchantement.

Auteur d’une centaine de mélodies s’étalant sur soixante ans, Gabriel Fauré a, dans sa jeunesse, mis en musique Alphonse de Lamartine, Victor Hugo, Théophile Gautier. Son dernier cycle de mélodies (L’Horizon chimérique) puise son rythme dans l’imagerie marine des poèmes de Jean de la Ville de Mirmont, jeune poète tué au cours de la Grande Guerre.

Six poèmes d’Alfred Tennyson, célèbre poète britannique de l’époque victorienne, trouvent écho dans The Centred Passion du compositeur anglais Derek Holman. Quant aux vers du poète finnois Eino Leino, ils enveloppent les Leino Songs de la compositrice Kaija Saariaho.

Enfin, Nuno da Rocha, jeune compositeur participant à la résidence Mélodie & Création de l’Académie du Festival d’Aix, verra la création de sa pièce Ecce Puer sur des poèmes de l’irlandais James Joyce et du portugais Fernando Pessoa. Un récital où l’alliance idéale de la poésie et de la musique nous emmènera au plus intime de l’émotion.

Saskia de Ville

L’

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Nuno da Rocha né en 1986

Ecce Puer (Voici le jeune garçon)

création mondiale

C’est la deuxième fois que j’utilise une combinaison de textes de James Joyce et de Fernando Pessoa. Je me sens très proche d’eux. Joyce me fournit l’inspiration musicale grâce au rythme et à la simplicité qui caractérisent son expression des sentiments, tandis que Pessoa m’émeut par le sens profond de ses mots. Je m’efforce d’exprimer dans ma musique le labyrinthe complexe que représente la compréhension du langage de Pessoa.

Ecce Puer de James Joyce est une annonciation : « Voici le jeune garçon ». C’est une déclaration empreinte du bonheur lié à la naissance de son petit-fils et de la tristesse liée à la mort de son père. C’est un mélange d’émotions qui caractérise notre confrontation au cycle de la vie humaine – le début et la fin – la façon dont nous gérons notre perception de la vie une fois que nous avons cette vision consciente.

Le poème de Fernando Pessoa s’intitule The End (La Fin). Dans celui-ci, Pessoa accepte naturellement l’issue de la vie. « Accueillant avec joie le sommeil et les pleurs, Berceuse de nos peurs ! »

Nuno da Rocha

Ecce PuerPoème de James Joyce (1932)

Of the dark pastA child is born.With joy and griefMy heart is torn.Calm in his cradleThe living lies.May love and mercyUnclose his eyes!Young life is breathedOn the glass;The world that was notComes to pass.A child is sleeping:An old man gone.O, father forsaken,Forgive your son !

Du passé sombreUn enfant est né.De joie et de douleurMon cœur est déchiré.Calme dans son berceauL’enfant gît.Que l’amour et la miséricordeEntrouvrent ses yeux !Une jeune vie est insuffléeComme du verre ;Le monde qui ne futPasse.Un enfant dort :Un vieil homme a disparu.Ô, père abandonné,Pardonne à ton fils !

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The EndPoème de Fernando Pessoa (1912)

God knows. Lie we to sleepContentedly somehow,Smiling that we did weep,As at an overthrowOf kingdoms the stars, deepIn silence, smile nor know.God knows. And an He knew notAnd were not, what of it?No matter that we do notOur life with living fit.Glad to have sleep and tears,Lullaby to our fears!

Dieu seul sait. Allongeons-nous pour dormirBéatement en quelque sorte,Sourions à ce que nous pleurions,Comme au renversementDes royaumes des étoiles, Dans un profond silence, sans sourire ni savoir.Dieu seul sait. Mais Il ne savait pas Que nous n’étions pasPeu importe ce que nous ne faisons pasNotre vie relève de la vie.Heureux de trouver le sommeil et les larmes,Berceuse de nos peurs !

Traduction : Saskia de Ville

Gabriel Fauré 1845-1924

L’Horizon chimérique, op. 118 Poème de Jean de la Ville de Mirmont (1921)

« La mer est infinie »

La mer est infinie et mes rêves sont fous.La mer chante au soleil en battant les falaiseset mes rêves légers ne se sentent plus d’aisede danser sur la mer comme des oiseaux soûls.

Le vaste mouvement des vagues les emporte,la brise les agite et les roule en ses plis ;jouant dans le sillage, ils feront une escorteaux vaisseaux que mon cœur dans leur fuite a suivis.

Ivres d’air et de sel et brûlés par l’écumede la mer qui console et qui lave des pleursils connaîtront le large et sa bonne amertume ;les goélands perdus les prendront pour des leurs.

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« Je me suis embarqué »

Je me suis embarqué sur un vaisseau qui danseet roule bord sur bord et tangue et se balance.Mes pieds ont oublié la terre et ses chemins ;les vagues souples m’ont appris d’autres cadencesplus belles que le rythme las des chants humains.

À vivre parmi vous, hélas! Avais-je une âme ?Mes frères, j’ai souffert sur tous vos continents.Je ne veux que la mer, je ne veux que le ventpour me bercer, comme un enfant, au creux des lames.

Hors du port qui n’est plus qu’une image effacée,les larmes du départ ne brûlent plus mes yeux.Je ne me souviens pas de mes derniers adieux...Ô ma peine, ma peine, où vous ai-je laissée ?

« Diane, Séléné »

Diane, Séléné, lune de beau métal,qui reflète vers nous, par ta face déserte,dans l’immortel ennui du calme sidéral,le regret d’un soleil dont nous pleurons la perte.

Ô lune, je t’en veux de ta limpidité injurieuse au trouble vain des pauvres âmes,et mon cœur, toujours las et toujours agité,aspire vers la paix de ta nocturne flamme.

« Vaisseaux, nous vous aurons aimés »

Vaisseaux, nous vous aurons aimés en pure perte ;le dernier de vous tous est parti sur la mer.Le couchant emporta tant de voiles ouvertesque ce port et mon cœur sont à jamais déserts.

La mer vous a rendus à votre destinée,au-delà du rivage où s’arrêtent nos pas.Nous ne pouvions garder vos âmes enchaînées ;il vous faut des lointains que je ne connais pas.

Je suis de ceux dont les désirs sont sur la terre.Le souffle qui vous grise emplit mon cœur d’effroi,mais votre appel, au fond des soirs, me désespère,car j’ai de grands départs inassouvis en moi.

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Kaija Saariaho née en 1952

Leino Songs Poèmes d’Eino Leino (2007)

« Sua katselen »

Sua katselen silmin ma huikaistuinkuni kaunista sateenkaarta,sua silmäni sulkien muistelen kuinmeren laskija lehtosaarta.Sua katson ma hiljaa henkienkuin kuvaa äitini armaanja uskon, ett’ enkelit lapsuudennyt lähellä liikkuvat varmaan.

« Sydän »

Sydän, mitä sahaat?Sahaatko lautaaneljää, joidenvälissä maata,maata mun mieluisa on?Sahaan ma rautaa,kahleita katkon,että sun henkesivapaa oisi,henkesi onneton.

« Rauha »

Mitä on nää touksut mun ympärilläin?Mitä on tämä hiljaisuus?Mitä tietävi rauha mun sydämessäin,tää suuri ja outo ja uus?Minä kuulen, kuink’ kukkaset kasvavatja metsässä puhuvat puut.Minä luulen, nyt kypsyvät unelmatja toivot ja toou’ot muut.Kaikk’ on niin hiljaa mun ympärilläin,kaikk’ on niin hellää ja hyvää.Kukat suuret mun aukeevat sydämessäinja touksuvat rauhaa syvää.

« Je te contemple »

Je te contemple avec des yeux éblouiscomme je contemplerais un bel arc-en-ciel,j’invoque ton souvenir en fermant les yeux commel’arpenteur des mers celui de l’île buissonnante.Je te regarde et je respire en silencecomme je regarderais un portrait de ma mère adorée,et je veux croire que les anges de l’enfanceflottent sans doute tout près de nous.

« Mon cœur »

Qu’est-ce que tu scies, mon cœur ?Scies-tu quatreplanches, entrelesquelles de reposer,de reposer il m’est exquis ?Je scie du fer,je romps des chaînes,afin que ton espritsoit libre,ton esprit malheureux.

« Paix »

Que sont ces odeurs autour de moi ?Qu’est ce silence ?Que laisse présager la paix dans mon cœur,cette chose grande, et étrange, et nouvelle ?J’entends comme les fleurs poussentet comme les arbres parlent dans la forêt.Je crois que maintenant mûrissent les rêves,et les autres espoirs, et les autres germes aussi.Tout est tellement silencieux autour de moi,tout est tellement doux et bon.De grandes fleurs s’ouvrent dans mon cœuret exhalent une paix profonde.

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« Paix »

Que sont ces odeurs autour de moi ?Qu’est ce silence ?Que laisse présager la paix dans mon cœur,cette chose grande, et étrange, et nouvelle ?J’entends comme les fleurs poussentet comme les arbres parlent dans la forêt.Je crois que maintenant mûrissent les rêves,et les autres espoirs, et les autres germes aussi.Tout est tellement silencieux autour de moi,tout est tellement doux et bon.De grandes fleurs s’ouvrent dans mon cœuret exhalent une paix profonde.

« Iltarukous »

Unta, unta, untasyvää uinumaan.Lunta, lunta, luntapäälle mustan maan.Yössä, yössä, yössäöiset linnut lentää.Työssä, työssä, työssälepää tuskat sentään.Lennä, lennä, lennäaatos inehmon!Mennä, mennä, mennäaika maata on.

Claude Debussy 1862-1918 ApparitionPoème de Stéphane Mallarmé (1884) La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs Vaporeuses, tiraient de mourantes violes De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles. C’était le jour béni de ton premier baiser. Ma songerie aimant à me martyriser S’enivrait savamment du parfum de tristesse Que même sans regret et sans déboire laisse La cueillaison d’un Rêve au cœur qui l’a cueilli. J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue Et dans le soir, tu m’es en riant apparue Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.

« Prière du soir »

Du sommeil, du sommeil, du sommeil,pour dormir profondément.De la neige, de la neige, de la neige,dessus la terre noire.Dans la nuit, la nuit, la nuit,les oiseaux nocturnes volent.Dans le labeur, le labeur, le labeur,les peines reposent tout de même.Vole, vole, vole,pensée de l’homme !D’aller, d’aller, d’allernous étendre il est temps !

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Proses lyriques Poème de Claude Debussy

« De rêve » (1893)

La nuit a des douceurs de femme,Et les vieux arbres sous la lune d’or,Songent ! À celle qui vient de passer la tête emperlée,Maintenant navrée, à jamais navrée,Ils n’ont pas su lui faire signe...Toutes ! Elles ont passé :Les Frêles, les Folles.Semant leur rire au gazon grêle,Aux brises frôleuses la caresse charmeuse des hanches fleurissantes.Hélas ! De tout ceci, plus rien qu’un blanc frisson...Les vieux arbres sous la lune d’orPleurent leurs belles feuilles d’or !Nul ne leur dédiera plus la fierté des casques d’or,Maintenant ternis, à jamais ternis :Les chevaliers sont mortsSur le chemin du Graal !La nuit a des douceurs de femme,Des mains semblent frôler les âmes,Mains si folles, si frêles,Au temps où les épées chantaient pour elles !D’étranges soupirs s’élèvent sous les arbresMon âme c’est du rêve ancien qui t’étreint !

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Ernest Chausson 1855-1899

Dans la forêt du charme et de l’enchantement, op. 36Poème de Jean Moréas (1898)

Sous vos sombres chevelures, petites fées,Vous chantâtes sur mon chemin bien doucement,Sous vos longues chevelures, petites fées,Dans la forêt du charme et de l’enchantement.Dans la forêt du charme et des merveilleux rites,Gnomes compatissants, pendant que je dormais,De votre main, honnêtes gnomes, vous m’offrîtes,Un sceptre d’or, hélas ! Pendant que je dormais.J’ai su depuis ce temps que c’est mirage et leurreLes sceptres d’or et les chansons dans la forêt ;Pourtant, comme un enfant crédule, je les pleure,Et je voudrais dormir encore dans la forêt.Qu’importe si je sais que c’est mirage et leurre !

Serres chaudes, op. 24Poèmes de Maurice Maeterlinck (1897)

« Serre chaude »

Ô serre au milieu des forêts Et vos portes à jamais closes Et tout ce qu’il y a sous votre coupole Et dans mon âme en vos analogies. Les pensées d’une princesse qui a faim, L’ennui d’un matelot dans le désert, Une musique de cuivre aux fenêtres des incurables.

Allez aux angles les plus tièdes ! On dirait une femme évanouie un jour de moisson ; Il y a des postillons dans la cour de l’hospice ; Au loin, passe un chasseur d’élans, devenu infirmier. Examinez au clair de lune ! (Oh rien n’y est à sa place !)On dirait une folle devant les juges, Un navire de guerre à pleines voiles sur un canal, Des oiseaux de nuit sur des lys, Un glas vers midi, (Là-bas sous ces cloches !)

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Une étape de malades dans la prairie, Une odeur d’éther un jour de soleil.

Mon Dieu ! Mon Dieu ! Quand aurons-nous la pluie, Et la neige et le vent dans la serre !

« Oraison »

Vous savez, Seigneur, ma misère ! Voyez ce que je vous apporte ! Des fleurs mauvaises de la terre, Et du soleil sur une morte.

Voyez aussi ma lassitude, La lune éteinte et l’aube noire ; Et fécondez ma solitude En l’arrosant de votre gloire.

Ouvrez-moi, Seigneur, votre voie, Eclairez-y mon âme lasse, Car la tristesse de ma joie Semble de l’herbe sous la glace.

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Derek Holman né en 1931

The Centred PassionPoèmes d’Alfred Tennyson (1986)

« Tonight the winds begin to rise »

Tonight the winds begin to riseAnd roar from yonder dropping dayThe last red leaf is whirl’d awayThe rooks are blown about the skies

The forest crack’d the waters curl’dThe cattle huddle on the leaAnd wildly dash’d on tower and treeThe sunbeam strikes along the world.

And but for fancies, which averThat all thy motions gently passAthwart a plane of molten glassI scarce could brook the strain and stir

That makes the barren branches loudAnd but for fear it is not so, it is not so, no soThe wild unrest that lives in woe Would dote and pore on yonder cloud

That rises upward always higherAnd onward drags a labouring breastAnd toples round the dreary westA looming bastion fringedA looming bastion fringed with fire

« Ce soir, les vents commencent à se lever »

Ce soir, les vents commencent à se leverEt le jour tombant rugit.La dernière feuille rouge tourbillonne au loinLes tours sont emportées vers le ciel.

La forêt se fissure, les cours d’eaux se tordent, Le bétail se presse dans les champsEt se brise sauvagement contre la tour et l’arbreLe rayon de soleil se heurte au monde

Avec pour toute fantaisie d’affirmerQue les mouvements se font en douceurÀ travers un plan de verre liquideJe n’aurais pas su briser la souche

Les branches brisées deviennent lourdesMais ce n’est pas par peur qu’il en est ainsi.L’agitation sauvage qui découle du malheurSur un nuage, observe et se réjouit

Elle s’élève vers le haut, toujours plus hautDévoilant un sein nu à l’ouest morne Là où se profile un bastion en feu.

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« The path by which we twain did go »

The path by which we twain did goWhich led by tracts that pleased us wellThro’ four sweet years arose and fellFrom flower to flowerFrom snow to snow.

And we with singing cheer’d the wayAnd crown’d with all the season lentFrom April on to April wentAnd glad at heart from May to May.

But where the path we walk’d beganTo slant the fifth autumnal slopeAs we descended following Hope,There sat the shadow feared of manWho broke our fair companionshipAnd spread his mantle dark and coldAnd wrapt thee formless in the foldAnd dull’d the murmur on thy lip.

And bore thee where I could not seeNor follow tho’ I walk in haste.And think that somewhere in the wasteThe shadow sits and waits for me.

« Le chemin que nous empruntions tous les deux »

Le chemin que nous empruntions tous les deuxEn passant par des lopins qui nous plaisaient bienA serpenté pendant quatre douces années De fleur en fleurDe neige en neige.

En chantant nous bénissions le chemin Et couronnions chaque saison D’avril en avril Et nous étions heureux de mai à mai.

Le chemin sur lequel nous marchions À commencer à s’incliner lors du cinquième automneAlors que nous avancions plein d’espoir,L'ombre assise d’un homme redouté A brisé notre belle compagnieIl a répandu son manteau sombre et froidCouvert de plis informes Et a rendu terne le murmure de tes lèvres.

Il t’a emporté où je ne pouvais voir ou te suivreBien que je marche à la hâte.Quelque part, parmi les déchetsL'ombre est assise et m’attend.

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« The time draws near the birth of Christ »

The time draws near the birth of ChristThe moon is hid; the night is stillThe Christmas bells from hill to hillAnswer each other in the mist.

Four voices of four hamlets roundFrom far and near, on mead and moor,Swell out and fail, as if a doorWere shut between me and the soundEach voice four changes on the windThat now dilate and now decrease

Peace and goodwill, goodwill and peace,Peace and goodwill to all mankind.

This year I slept and woke with pain,I almost wish’d no more to wakeAnd that my hold on life would breakBefore I heard those bells again. But they my troubled spirit ruleFor they controll’d me when a boyThey bring me sorrow touch’d with joyThe merry merry bells of Yule.

« Le temps de la naissance du Christ approche »

Le temps de la naissance du Christ approcheLa lune se cache ; il fait encore nuit Les cloches de Noël se répondent l’une l’autreDe colline en colline et dans la brume.

Les voix de quatre hameaux, proches ou lointains,Ne me parviennent pas, Comme si une porte avait été referméeEntre le son et moi.Chaque voix change selon si le ventGonfle ou diminue.

La paix et la bonne volonté, la bonne volonté et la paix,La paix et la bonne volonté à toute l’humanité.

Cette année, j’ai dormi et me suis réveillé avec une douleur,J’ai presque souhaité ne plus jamais me réveillerEt que lâche mon emprise sur la vieAvant que je n’entende à nouveau ces cloches. Mais les joyeuses cloches de Yule Qui me contrôlaient déjà quand je n’étais qu’un garçon Règle mon esprit troublé Et m’apporte de la douleur teintée de joie.

Traduction : Saskia de Ville

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Claude Debussy 1862-1918

Trois Chansons de BilitisŒuvre poétique traduite par Pierre Louÿs (1894)

« La Flûte de Pan »

Pour le jour des Hyacinthies,il m’a donné une syrinx faitede roseaux bien taillés,unis avec la blanche cirequi est douce à mes lèvres comme le miel.Il m’apprend à jouer, assise sur ses genoux ;mais je suis un peu tremblante.Il en joue après moi,si doucement que je l’entends à peine.Nous n’avons rien à nous dire,tant nous sommes près l’un de l’autre ;mais nos chansons veulent se répondre,et tour à tour nos bouchess’unissent sur la flûte.Il est tard ;voici le chant des grenouilles vertesqui commence avec la nuit.Ma mère ne croira jamaisque je suis restée si longtempsà chercher ma ceinture perdue.

« La Chevelure »

Il m’a dit : « Cette nuit, j’ai rêvé.J’avais ta chevelure autour de mon cou.J’avais tes cheveux comme un collier noirautour de ma nuque et sur ma poitrine.Je les caressais, et c’étaient les miens ;et nous étions liés pour toujours ainsi,par la même chevelure, la bouche sur la bouche,ainsi que deux lauriers n’ont souvent qu’une racine.Et peu à peu, il m’a semblé,tant nos membres étaient confondus,que je devenais toi-mêmeou que tu entrais en moi comme mon songe. »

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Quand il eut achevéil mit doucement ses mains sur mes épaules,et il me regarda d’un regard si tendre,que je baissai les yeux avec un frisson.

« Le Tombeau des Naïades »

Le long du bois couvert de givre, je marchais ;mes cheveux devant ma bouchese fleurissaient de petits glaçons,et mes sandales étaient lourdesde neige fangeuse et tassée.Il me dit : « Que cherches-tu ? »– Je suis la trace du satyre.Ses petits pas fourchus alternentcomme des trous dans un manteau blanc. »Il me dit : « Les satyres sont morts.Les satyres et les nymphes aussi.Depuis trente ans il n’a pas fait un hiver aussi terrible.La trace que tu vois est celle d’un bouc.Mais restons ici, où est leur tombeau. »Et avec le fer de sa houe il cassa la glacede la source où jadis riaient les naïades.Il prenait de grands morceaux froids,et les soulevant vers le ciel pâle,il regardait au travers.

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L’Abbaye de Silvacane, un lieu d’exception

L’Abbaye de Silvacane, une des trois abbayes cisterciennes de Provence, est située sur la commune de la Roque d’Anthéron. Installée dans un site remarquable, elle est adossée à la chaîne des Côtes, sur une rive de la Durance, et fait face au massif du Luberon. Ses beaux espaces acoustiques offrent un écrin idéal aux concerts de chant des Voix de Silvacane organisés dans le cadre d’AIX EN JUIN, prélude au Festival d’Aix-en-Provence.

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Ils soutiennent l’Académie du Festival d’Aix

L AURÉ ATS HSBC DE L’AC ADÉMIE DU FESTIVAL D’AIX

Attaché à l’accompagnement des jeunes talents, HSBC s’associe depuis 2006 à l’Académie du Festival d’Aix-en-Provence. Chaque année la direction artistique du Festival sélectionne une nouvelle promotion de chanteurs, pianistes chef de chant et ensemble de musique de chambre. Le Groupe HSBC France soutient ces jeunes artistes – les Lauréats HSBC – choisis parmi les talents les plus prometteurs de l’Académie, qui prolongent l’expérience acquise pendant le Festival en se produisant lors de récitals et concerts aussi bien en France qu’à l’étranger.

FONDATION L A POSTE

La Fondation d’entreprise La Poste met en oeuvre un mécénat original et éclectique en faveur de l’expression écrite. Depuis 2004, la Fondation La Poste est mécène de l’Académie du Festival d’Aix-en-Provence. Elle y encourage tout particulièrement la création de spectacles autour d’écrits et de correspondances de musiciens.

L’association des Amis du Festival soutient l’Académie du Festival d’Aix

L’Académie est habilitée à recevoir la taxe d’apprentissage des entreprises. Pour tout renseignement : [email protected]

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INFORMATIONS ET RÉSERVATIONS

L A BOUTIQUE DU FESTIVAL

Palais de l’Ancien ArchevêchéPlace des martyrs de la résistance 13100 AIX-EN-PROVENCE

Tél : 0 820 922 923 (12 cts /min.)

w w w.festival-aix.com

M Festival d’Aix-en-Provence

N @Festival_dAix

P @festivalaix

PA SS

Laissez-passer nominatif donnant accès aux manifestations publiques d’AIX EN JUIN et de l’Académie du Festival d’Aix en juillet (dans la limite des places disponibles)

PA SS : 15 €

GR AT UIT P OUR L E S MOINS DE 30 A NS

BILLET UNIQUE : 5 € par spectacle

En vente à la boutique du Festival

et par téléphone au 0 820 922 923

aix en juin

illustrations : Brecht Evensconception graphique : Clément Vial – [email protected]