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PRANZAC : CARREFOUR LINGUISTIQUE ET CULTUREL ? Voici de quoi éclairer la lanterne Sur cette carte de la région, les zones d’influences linguistiques figurent grossièrement. La langue d’Oïl est représentée par le poitevin au nord-ouest et par le Saintongeais à l’ouest. L’Occitan a donné le Limousin à l’est. Nous voilà donc éclairés, Pranzac est proche de la jonction entre les langues d’Oc et d’Oïl, sous l’influence du Saintongeais et du Limousin mais aussi du Poitevin dans une moindre mesure. Les influences Celtes et Romanes y sont donc présentes. Bien que l’église de Pranzac soit romane, selon les spécialistes, l’influence Gauloise serait prépondérante en Charente. Mais cette prédominance celte n’est peut-etre pas vérifiée si près de la jonction des deux cultures ? Les pranzacais fêtent-ils le brin d’aillet comme plus au nord du département ? Si les cornuelles sont traditionnelles à Pranzac, les pines fourrées le sont-elles aussi ? Enfin préfère-t-on à Pranzac les Gauloiseries à l’humour romain moins connu ? Chacun se fera une opinion… Voir les compléments dinformation joints Joindre l’auteur

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PRANZAC : CARREFOUR LINGUISTIQUE ET CULTUREL ?

Voici de quoi éclairer la lanterne …

Sur cette carte de la région, les zones d’influences linguistiques figurent grossièrement.

La langue d’Oïl est représentée par le poitevin au nord-ouest et par le Saintongeais à l’ouest.

L’Occitan a donné le Limousin à l’est.

Nous voilà donc éclairés, Pranzac est proche de la jonction entre les langues d’Oc et d’Oïl, sous

l’influence du Saintongeais et du Limousin mais aussi du Poitevin dans une moindre mesure.

Les influences Celtes et Romanes y sont donc présentes.

Bien que l’église de Pranzac soit romane, selon les spécialistes, l’influence Gauloise serait

prépondérante en Charente. Mais cette prédominance celte n’est peut-etre pas vérifiée si près de la

jonction des deux cultures ? Les pranzacais fêtent-ils le brin d’aillet comme plus au nord du

département ? Si les cornuelles sont traditionnelles à Pranzac, les pines fourrées le sont-elles aussi ?

Enfin préfère-t-on à Pranzac les Gauloiseries à l’humour romain moins connu ?

Chacun se fera une opinion…

Voir les compléments d’information joints … Joindre l’auteur

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Compléments

1 - Les langues en France

2 - Les langues en Charente

3 - Croyances, religions et philosophie en Charente

4 - Notes personnelles

Nota :1 à 3 extraits de Wikipédia

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I - Les langues en France

Les principales zones linguistiques de France apparaissent sur cette carte

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Le terme langue d'oïl désigne globalement la branche des langues gallo-romanes qui se sont

développées dans la partie Nord de la Gaule, puis dans la partie Nord de la France, dans le sud de la

Pranzac

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Belgique (Belgique romane) et dans les îles Anglo-Normandes. Cette branche gallo-romaine du

nord a conservé un substrat celtique plus important et a subi une plus grande influence du

germanique que sa cousine gallo-romaine du sud, la langue d'oc qui est le fruit d'une romanisation

plus intensive de l'espace méditerranéen pour des raisons liées aux échanges économiques, à

l'installation de colons romains dans le sud-est et de sa plus grande proximité géographique avec le

foyer d'origine du latin, alors qu'elle a reçu beaucoup moins de colons germaniques.

L'Académie française retient la définition suivante : la langue d'oïl regroupe l'ensemble des parlers

pour lesquels oui se disait oïl (prononcez [wi] ou [wil], d'où "oui"). Selon cette définition, il n'y a

donc pas de distinction particulière entre le parler franceis/françois (français historique) et tous les

autres. De plus, la langue d'oïl étant définie comme un ensemble de parlers, il n'y a pas lieu dans ce

cas d'utiliser le pluriel les langues d'oïl.

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L’occitan ou langue d’oc (en occitan : occitan, lenga d’òc ou óucitan, lengo d’o) est une langue

romane parlée dans le tiers sud de la France, les Vallées occitanes et Guardia Piemontese (en

Italie), le Val d’Aran (en Espagne) et à Monaco. L’Occitanie est l’espace linguistique et culturel de

l’occitan.

L’occitan présente une grande variabilité (six dialectes, plusieurs normes littéraires, plusieurs

normes graphiques), une importante production culturelle et une littérature prestigieuse qui font sa

richesse.

Un locuteur de cette langue parle un des dialectes d’oc car il n’existe pas de standard oral unifié.

Les dialectes de l’occitan sont l’auvergnat, le gascon, le languedocien, le limousin, le provençal et

le vivaro-alpin.

Le nombre de locuteurs de l'occitan est estimé selon les sources de 583 000 à 14 000 000 de

personnes, âgées pour la plupart de plus de soixante-dix ans et habitant dans une écrasante majorité

dans les campagnes. La pratique courante de cette langue à peu à peu disparu des villes avant les

années 19707. L'occitan s'est illustré comme une langue littéraire, qu’à partir du XIIe siècle les

troubadours vont véhiculer dans toutes les cours d’Europe; et aussi une langue administrative

encore utilisée en Catalogne. En France et en Italie, elle fut aussi une langue administrative et

juridique en concurrence avec le latin pendant le Moyen Âge. Cet usage se poursuivra parfois

jusqu’à l’époque contemporaine, puis elle fut remplacée progressivement par le français ou l’italien.

La disparition de l’écrit officiel (l’impact de l’ordonnance de Villers-Cotterêts fait débat) a précédé

celle de l’usage oral, liée à une politique de dévalorisation (emploi du mot patois) et de répression,

qui met la langue en danger d’extinction.

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II - Les langues en Charente

Le département de la Charente est traversé du nord au sud par la frontière linguistique oc/oïl

(enquête de Tourtoulon et Bringuier, 1873, rééditée en 2004) : le saintongeais à l'ouest et au sud, et

le poitevin au nord-ouest) (les deux variétés du Poitevin-saintongeais) , et l'Occitan (dans sa variété

le limousin) à l'est.

Les langues d'oïl

Le Poitevin-saintongeais dans ses deux variétés :

La zone d'oïl, domaine du poitevin-saintongeais, est elle-même partagée entre une grande zone

linguistiquement saintongeaise et une petite zone linguistiquement poitevine, comme nous le

confirment :

- Paul Dyvorne (écrivain saintongeais né à Cozes) qui écrit en 1935 : « Dans le Confolentais, c’est

le patois limousin que parlent les paysans ; à l’est d’Angoulême, c’est celui du Périgord ; à Ruffec,

celui du Poitou. Dans l’Angoumois du sud, vers Cognac et Barbezieux, l’idiome saintongeais est

seul en faveur".

- La linguiste Brigitte Horiot en 1995, qui rattache implicitement le Ruffécois au domaine poitevin

lorsqu’elle remarque que la description lexicale du domaine de l’ALO (Atlas Linguistique de

l’Ouest : Poitou, Aunis, Saintonge, Angoumois) montre qu’ « il est possible de retrouver une

situation déjà observée au cours de l’étude phonétique : le département des Deux-Sèvres (mis à

part le nord), le sud-est de la Vendée , le sud-ouest de la Vienne et le nord-ouest de la Charente

[Ruffécois] ont tendance à former une aire originale dans l’ensemble de l’ALO".

Cette bi-partition de la zone d'oïl se retrouve d'ailleurs dans d'autres cadres que strictements

linguistiques comme nous le dit Léo Ganachaud (d'Ambérac) : « La région de Ruffec a plutôt les

coutumes poitevines que charentaises, et là, pas de bons repas sans qu’au dessert arrive le tourteau

fromageou. »

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Le saintongeais

Le saintongeais concerne la zone ouest et sud, bien plus étendue (qui comprend Chalais,

Barbezieux-Saint-Hilaire, Angoulême, Jarnac, Cognac). Le patois charentais est une appellation à

laquelle certains sont attachés, pour désigner le saintongeais.

Localement, certains mots sont passés totalement dans le langage courant : cagouille et since par

exemple et les expressions Quétou qu'olé ? et Abeurnoncieau ! ("ab renoncio", extrait du rituel

baptismal : "Je renonce à Satan, etc.") sont connues de tous.

Auteurs d'expression saintongeaise de Charente les plus connus :

- Jean-Henri Burgaud des Marets (de Jarnac) : Molichou et Garçounière, 1853 (Réédition revue,

corrigée et annotée par Camille Beaulieu, 1930); Parabole de l'enfant prodigue en dialecte

saintongeais, 1853; Fables et contes en patois saintongeais (Réédition, avec glossaire, par Camille

Beaulieu, 1930).

- Jean Condat - dit J. Chapelot - (de Vindelle), Contes Balzatois, 1877-1878.

- Jean Esmein (de Touvérac), La Vieille Charente, 1912 (qui contient des poésies en saintongeais

d'une inspiration et d'une qualité de langue rares).

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- Odette Comandon (née à Angoulême, et ayant habité à Jarnac de 1934 à 1974), Contes et récits de

la Cagouille, 1946; Nouveaux contes de la Cagouille, 1948.

- Viviane Bonnin - Aurélie Jhamb’Delaine - (née à Angoulême), Fârnand raconte…, 1988.

Un petit dernier :

- Jean-Pierre-Coutanceau (né à Angoulême, vivant à L'isle d'Espagnac), Les Beunasses, les fumelles

et les Cheuns, 2009.

Dans le département d'à côté (Charente-Maritime) se trouvent des productions d'expression

saintongeaise dont le rayonnement atteint largement la Charente : contes et chansons de

Goulebenéze, et les derniers en date : les Binuchards et leur rock charentais (Olà buffé est connu de

tous). Ces chansons et cette littérature sont caractérisées par leur côté satyrique. Le Charentais se

moque de lui-même et fait des compliments à l'envers (il a oublié d'être sot).

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Le poitevin

Le poitevin qui concerne la petite zone nord-ouest, (qui comprend la majeure partie du Ruffécois :

cantons de Villefagnan, Ruffec, ouest de celui de Mansle, nord de celui d'Aigre; plus le petit secteur

d'oïl de la bordure ouest du Confolentais : Le Bouchage, et Pleuville - en partie -). Le patois

charentais est une appellation à laquelle certains sont attachés, pour désigner le poitevin de ce

secteur.

Quelques auteurs d'expression poitevine de Charente :

- Jean Baptiste 1/2 (cité comme « Ruffécois » par Raymond Doussinet), Une rigolade : conte en

patois poitevin, 1897.

- Marius Gagnère (originaire de la Magdeleine dans le canton de Villefagnan en Ruffécois), Avant

que le temps ne l’emporte... récits en patois poitevin, 1987.

- Jean-François Migaud (originaire de Pleuville, commune de la bordure d'oïl du Confolentais), dont

les écrits sont présentés, dans le journal Le Subiet dans les années 1980, comme étant en "poitevin

méridional".

Auteurs utilisant le parler de la zone de transition entre saintongeais et poitevin du sud du

Ruffécois :

- Pierre-Charles Cluzeaux (natif de Saint-Fraigne - canton d’Aigre - puis ayant résidé à Aigre : il

mélange le parler des deux communes), "Les Impressions de Voyage de Jacques Pingot d'Aigre à

Luxé", 1852.

- Moïse France (de Verdille-Aigre, extrême sud du canton d’Aigre), dont la langue de ses écrits

parus dans Le Subiet dans les années 1960, dans lesquels coexistent formes saintongeaises et

poitevines, sont, dans Le Subiet où ils paraissent, qualifiés de « parler saintongeais-poitevin de la

région de Verdille-Aigre ». (La mention « saintongeais-poitevin » signifiant que l'on a affaire à un

mélange de saintongeais et de poitevin).

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L'occitan

L'occitan (dans sa variété le limousin) :

A l'est, la zone comprenant Aubeterre, Villebois-Lavalette, Montbron, La Rochefoucauld, Saint-

Claud, Champagne-Mouton, zone de Confolens connue sous le nom de Charente limousine

(Charanta Lemosina) appartient au domaine de l’occitan ou langue d'oc (sous la variété du nord-

occitan et plus précisément du limousin). Elle se situe à la frontière nord-ouest de l'Occitanie. La

Charente Limousine n'est que la partie nord-est de la zone où le limousin est parlé en Charente.

Quelques mots d'occitan de cette partie de la Charente: Coma vai quò ? : Comment ça va ? et Qu'es

quò ? : Qu'est-ce que c'est ? (équivalent du "Qu'es aquò ?" en occitan du sud). Et une chanson

traditionnelle connue en Charente Limousine : Lo Turlututú, L'autre mandin, me permenava tot lo

long deu boisson, quand rencontrí una bargiera que gardava sos motons…

Un auteur d'expression occitane limousine de Charente :

- François Rempnoux (natif de Chabanais), Les Amours de Colin et Alyson, 1641 (Réédition

annotée par Christian Bonnet, 2001).

Un auteur utilisant le parler de la zone de transition entre occitan limousin et poitevin de Charente :

- Jean-Robert Charraud(de Benest), Nouvelles d'antan , 1987.

Rigaut de Barbezieux et Jordan Bonnel sont deux troubadours occitans de la fin du XIIe siècle .

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III - Croyances, religions et philosophie en Charente

La Charente était une terre gauloise, profondément imprégnée des croyances enseignées par les

druides. Certaines fêtes se sont perpétuées comme le brin d'aillet du premier mai et l'offrande de gui

au nouvel an. Le poète Mellin de Saint-Gelais en parle fort élégamment:

...Je vous envoie un brin de guy de chesne;

N'estes vous pas richement estrennée

Ceste façon d'en donner n'est pas née

De moy premier; les vieux druides sages...

Les cornuelles, galettes triangulaires symboles du sexe féminin et les pines fourrées de crème

restent les gateaux traditionnels qui fêtent le printemps et le retour de la fécondité.

Après s'être romanisée en acceptant les nouvelles divinités, la Charente s'est christianisée

tardivement à partir de la fin du IVe siècle, avec des moines, des ermites et des saints locaux, saint

Cybard, saint Amant, saint Claud, saint Groux, saint Fraigne qui ont donné leur nom à des villages.

La foi est "édifiante", abbayes et églises vont être spécifiques de l'art statuaire régional avec de

nombreux fronticipes qui constituent une cathéchèse iconographique. Et les chemins de Saint-

Jacques-de-Compostelle vont apporter avec les pèlerins innovations et nouveautés culturelles.

La Charente a été une terre de Réforme dès le séjour de Calvin en 1533, ce qui a eu plusieurs

conséquences, une augmentation de la population sachant lire (obligation pour les Réformés) puis

du fait de l'émigration la création de liens familiaux à travers le monde.

Le début du XXe siècle verra une très forte implantation de la franc-maçonnerie.

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IV - Notes personnelles

Les anciens parlaient encore le patois dans les années 50 lorsque j’étais enfant à Pranzac, en

Charente. Je le comprenais un peu et j’étais intrigué par des différences de parler entre mes grands

parents paternels et maternels qui habitaient pourtant des communes voisines: Pranzac et Chazelles.

J’attribuais alors ces écarts à leurs lieux de naissance un peu plus éloignés que leurs résidences.

Plus tard, je constatais que le patois parlé, près de Mansles (la région natale de ma femme), était

encore différent de ce que j’avais entendu dans mon enfance à seulement une trentaine de

kilomètres de distance.

Enfin, dans les années 80, alors que j’étais étudiant à Toulouse, j’étais troublé par une chanteuse

occitane dont je comprenais en partie les chansons sans avoir jamais appris l’occitan…

J’ai alors réalisé que ma région natale était à un carrefour linguistique complexe intéressant.

Mais le patois étant de moins en moins parlé à partir des années 1970, et compte tenu de mes

déménagements en France et de mes voyages à l’étranger, j’étais un peu déraciné. La diversité des

langages me paraissait naturelle, et mes idées sur le sujet restaient approximatives. Ma curiosité

était endormie.

Mais aujourd’hui, avec plus de temps et la facilité d’accès aux informations permise par internet,

j’ai pu analyser plus précisément la situation et je partage volontiers mes modestes conclusions et

mes interrogations…

Gilles Landrevie

22 février 2011

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