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INQUIÉTUDE La Sonara à court de pétrole brut Insécurité : notre humanisme interpellé Lire la réflexion de Hervé Madougou Yagong, écrivain. Pp. 10, 11 400 FCFA Tri-hebdomadaire régional d’informations du Nord-Cameroun N°1173 du lundi 28 janvier 2019 Directeur de la Publication : Guibaï Gatama Sécurité sanitaire Le Minsanté retire un médicament du marché P. 5 Extrême-Nord La France sensibilise contre la radicalisa- tion des jeunes Pp. 6, 7 P. 3 Mayo-Tsanaga 195 maisons incendiées par Boko Haram à Gossi et Toufou I P. 5 Grand-Nord Les populations s’indignent après l’attaque des ambassades du Cameroun à l’étranger P. 9 Maroua 1 er 517 actes de naissances distribués en 7 jours P. 7

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Page 1: Pp. 10, La Sonara à court de

INQUIÉTUDE

La Sonara à court depétrole brut

Insécurité : notre humanismeinterpelléLire la réflexion de HervéMadougou Yagong, écrivain.

Pp. 10, 11

400 FCFA

Tri-hebdomadaire régional d’informations du Nord-Cameroun N°1173 du lundi 28 janvier 2019

Directeur de la Publication : Guibaï Gatama

Sécurité sanitaireLe Minsanté retireun médicamentdu marché

P. 5

Extrême-NordLa France sensibilisecontre la radicalisa-tion des jeunes

Pp. 6, 7

P. 3

Mayo-Tsanaga 195 maisons incendiées par BokoHaram à Gossi et Toufou I

P. 5

Grand-Nord Les populations s’indignent après l’attaquedes ambassades du Cameroun à l’étrangerP. 9

Maroua 1er

517 actes de naissancesdistribués en 7 jours

P. 7

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M e s s a g e L’OE I L DU SAHEL N°1173 du lundi 28 janvier 20192

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Par Brice R. Mbodiam

Depuis hier, le 27 janvier2019, les équipements de raffi-nage de la Sonara sont de nou-veau à l’arrêt, faute de pétrolebrut à raffiner. Pourtant,apprend-on de sources internesà la Sonara, un tanker ayantdans ses soutes une importantecargaison de pétrole brutmouille au large de la ville deLimbe depuis la mi-décembre2018. C’est que, depuis plusd’un mois, le propriétaire du MTBarents SEA exige, avant toutdéchargement, d’être payé parDS Marine, l’entreprise dirigéepar François Fomawa, qui estsous contrat avec la Sonarapour assurer le transport descargaisons de brut achetées surle marché international par laraffinerie publique.

Selon nos sources, aumoment de mouiller à Limbé, lafacture exigée par le proprié-taire du MT Barents SEA s’éle-vait à 850 000 dollars, soitenviron 489 millions de FCfa.Les pénalités engendrées par lestationnement du tanker aularge de Limbé, depuis la mi-décembre, ont porté la facturedésormais exigée avant ledéchargement de la cargaisonde brut, à un peu plus d’un mil-lion de dollars, soit près de 633millions FCfa. Toute chose quicomplique davantage la tâche àDS Marine, ce partenaire de laSonara étant empêtré dans d’in-

terminables tensions de trésore-rie, selon des sources autorisées.

Cette situation est d’autantplus embarrassante pour les res-ponsables de la raffineriepublique que, apprend-on, mêmesi la facture du propriétaire dutanker venait à être finalementréglée par DS Marine, un douteplane désormais sur la capacitéde cette entreprise à pouvoirhonorer la dernière année de soncontrat avec la Sonara, lequelconsiste à transporter environ3,5 millions de tonnes de brutpar an pendant 3 ans, contre une

rémunération globale de 34 mil-liards de FCfa. En cours depuis 2ans, ce contrat avec DS Marinepourrait bien se heurter à des dif-ficultés au cours de cette année2019, d’abord du fait des diffi-cultés financières de cette entre-prise, ensuite à cause des effetsdévastateurs de son conflit actuelavec le propriétaire du MTBarents SEA ; les armateursayant pour habitude, souligne unhabitué du milieu, d’inscrire lesmauvais payeurs sur une sorte deliste noire des entreprises aveclesquelles il ne vaudrait pas

mieux faire des affaires.Selon des sources internes à

la Sonara, une fois à l’arrêt,comme c’est le cas depuis ledimanche 27 janvier 2019, leséquipements de la raffineriepublique camerounaise ne peu-vent être redémarrés qu’au boutde quatre à cinq jours. Ce quisignifie que même en cas derèglement, ce 28 janvier 2019,de la facture du propriétaire dutanker qui bloque la cargaisonde brut de la Sonara au large deLimbé, depuis plus d’un mois,les activités de raffinage du brut

dans la cité balnéaire du Sud-Ouest ne pourront reprendre quele 2 février prochain, au plustôt.

Au demeurant, rassure-t-onà la Sonara, ce blocage ponctueln’aura aucune incidence surl’approvisionnement du marchélocal en produits pétroliers,aussi bien sur le court que lemoyen terme, grâce auxréserves confortables des pro-duits raffinées se trouvantactuellement dans les cuves dela Société camerounaise desdépôts pétroliers (Scdp).

A c t u a l i t éL’OE I L DU SAHELN°1173 du lundi 28 janvier 2019 3ENTREPRISE. Le propriétaire du tanker exige d’être payé par l’entreprise recrutée par la raffinerie pour le transport de la cargaison.

Le brut de la Sonara bloqué par un armateur

Le MT Barents Sea. Bloqué à Limbe.

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A c t u a l i t é L’OE I L DU SAHEL N°1173 du lundi 28 janvier 20194

«(…) Selon les Très HautesPrescriptions du Chef de l’Etat dansson discours de prestation de sermentle 6 novembre 2018, l’objectif del’émergence doit être érigé en causenationale qui mobilise l’ensemble descitoyens, afin de faire du Cameroun unpays moderne et socialement avancé.

A cet effet, le secteur des Postes etTélécommunications, doit se mobiliserpour y contribuer activement, en fai-sant de l’économie numérique, la clé devoûte de notre révolution économique.

En plein essor aujourd’hui, l’éco-nomie numérique est en effet un sec-teur stratégique de l’économie, et sacontribution à la croissance des Etatsest non négligeable.

Parmi les principaux points duProgramme Economique, Financier,Social et Culturel de l’Etat pour l’exer-cice 2019, qui consacre la feuille deroute du Gouvernement, figurent lamodernisation de l'économie, la relancede la croissance et la création d'em-plois, le développement de l’économienumérique.

L’économie numérique parcequ’elle est une opportunité d’accroitreles services et les usages des TIC danstous les secteurs, se présente commeune réelle opportunité, pour booster lacompétitivité des entreprises, accélérerla croissance et générer des emplois.

C’est dire que le Cameroun se doitd’y tirer pleinement avantage, à tra-vers la mise en œuvre accélérée du planstratégique de développement de l’éco-nomie numérique.

Au cours de l’année 2019, l’acti-vité de notre département ministérielportera principalement sur la consoli-dation des acquis des années anté-rieures ainsi que sur la maîtrise desnombreux enjeux et défis relatifs à la

transformation digitale du Cameroun.Et dans ce cadre, il s’agira princi-

palement :• De l’implémentation du pro-

gramme de réforme du secteur desTélécommunications et TIC, avec l’ap-pui de la Banque Mondiale, afin del’arrimer aux exigences de l’économienumérique. Pour ce faire, cette réformecomprend entre autres le renforcementde la règlementation et de la régulationdans le secteur, la formation des jeuneset le développement de la recherchedans le domaine des TIC,Télécommunications, l’intégration desTIC dans les autres secteurs de l’écono-mie en vue de favoriser l’emploi ;

• La poursuite de l'accompagne-ment et l'encadrement des initiatives etprojets des jeunes dans le numérique àtravers la mise en place d’un écosys-tème approprié, pour l’éclosion desentreprises numériques. A travers lerenforcement des capacités deSUP’PTIC BUSINESS ACADEMY,l’incubateur de l’Ecole NationaleSupérieure des Postes,Télécommunications et TIC, et ledémarrage imminent des projets deconstruction d’une cité numérique et demise en place d’un cyber-parc ;

• La poursuite de la restructura-tion de la Poste dans le cadre duContrat Plan Etat / CAMPOST, en vuedu développement de l’inclusion finan-cière et numérique. Avec comme axemajeur, le développement d’un swicthnational, qui favorisera l’inter opérabi-lité des plateformes d’échanges et detransfert d’argent sur le territoirenational ;

• Le renforcement de la cybersécurité afin de lutter contre les mal-veillances contre le cyber espace natio-nal. A travers notamment des cam-

pagnes de sensibilisation et d’utilisa-tion à l’utilisation responsable desréseaux sociaux ;

• La réduction de la fracturenumérique à travers les programmes devulgarisation et de sensibilisation demasse en vue du développement de laculture des TIC.

• Le renforcement de l’EtatRégulateur et de l’Etat facilitateur, envue de l’assainissement des activités dusecteur, à travers l’amélioration du cli-mat des affaires, l’instauration d’unesaine concurrence entre les opérateurset le renforcement du dialoguePublic/Privé, grâce au Comité deConcertation Permanente Public/Privédu secteur des Postes etTélécommunications.

Au-delà de ces défis liés au cœurde nos missions, il sera égalementquestion, au cours de l’année qui com-mence, de relever le défi d’une meil-

leure gouvernance caractérisée entreautres par, la promotion de la culturedes résultats pour tous les personnels,le renforcement de l’interaction entrele Ministère et les structures déconcen-trées, ainsi que l’accroissement de lavisibilité des actions menées, pourrépondre plus efficacement auxattentes des usagers.

La mission qui nous attend aucours de l’année 2019 est immense, letrain du numérique qui a quitté la garedans les délais, doit atteindre la vitessede croisière et arriver à destination.

J’invite donc l’ensemble des per-sonnels du MINPOSTEL, l’ensembledes structures sous tutelles à œuvrerefficacement pour nous permettre derelever ces importants défis.

J’invite également tous les acteursdu secteur à continuer à soutenir l’ac-tion du Gouvernement, pour contribuerplus activement à la croissance du sec-

teur et au-delà, à l’émergence duCameroun à l’horizon 2035.

Dans son discours à la Nation le 31décembre 2018, le Chef de l’Etat disait(je cite) "... il est indispensable quenous fassions davantage pour intégrerles progrès du numérique dans le fonc-tionnement de nos services publics etde notre économie. La société digitalequi s’annonce n’attendra pas les retar-dataires." (fin de citation)

Depuis quelques années, leGouvernement de la République s’estengagé à développer le secteur dunumérique en vue de l’industrialisationdu pays.

Aujourd’hui, il est question depoursuivre cette belle progression, ensaisissant toutes les opportunités decroissance offertes par le numérique,afin de conduire inéluctablement leCameroun vers son émergence à l'hori-zon 2035.

Je vous exhorte donc à redoublerd’ardeur et d’abnégation pour répondreaux attentes placées en notre secteur.

Je sais pouvoir compter sur votrecontribution pour y parvenir.Maintenons le cap et cultivons chacundans l’exercice de ses fonctions, unesprit de cohésion et de solidarité.

Je vous invite surtout à larecherche de l’excellence dans le tra-vail, à un redoublement de l’engage-ment et de l’effort quotidien.

C’est à ce prix que notreDépartement jouera pleinement sa par-tition dans l’action gouvernementale.

En ce qui me concerne, les actionsnécessaires seront engagées en vue del’amélioration des conditions de travailet de solutions appropriées, dans lalimite des moyens disponibles, aux dif-ficultés de fonctionnement que nousrencontrons »

POSTES ET TÉLÉCOMMUNICATIONS. La Ministre a insisté sur les chantiers et les principaux défis du secteur pour l’année en cours, à la faveur de la Conférence des services centraux et déconcentrés, de son département ministériel.

Minette Libom Li Likeng décline la feuille de route 2019

République du CamerounPaix - Travail - Patrie

-----------Ministère de l’Environnement, de la Protection de la

Nature et du Développement Durable

Republic of CameroonPeace - Work - Fatherland

-----------Ministry of Environment, Protection of Nature

and Sustainable Development

COMMUNIQUÉ DE PRESSEN°0000006/C/MINEPDED/SG/DPDD/SDEE du 24 janvier 2019

Le Ministre de l'Environnement, de la Protection de la Nature et du DéveloppementDurable informe la communauté nationale et internationale, de la tenue des audiencespubliques relatives au rapport de l'Etude d'impact Environnemental et Social du projet d'ex-ploitation de la carrière de pierre de Ndokama dans l'Arrondissement de Yabassi,Département du Nkam, Région du Littoral, soumis par la société BUNS.

Ces audiences se tiendront du 4 au 9 février 2019, de 10 heures à 16 heures à la MaisonCommunautaire de Ndokama.

Les audiences publiques visent à recueillir les observations du public sur ladite étude. LeMinistre de l'Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durableinvite par conséquent les populations et autres parties intéressées à participer activementà cet exercice.

Le Ministre Délégué

Dr Nana Aboubakar Djalloh

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A c t u a l i t éL’OE I L DU SAHELN°1173 du lundi 28 janvier 2019 5

Par David Wenai

La sexagénaire Roko Doula,a failli payer de sa vie sa trèsgrande curiosité. N’écoutantque son courage, elle est sortiede chez elle dans la nuit du 24janvier 2019 pour s’enquérir dela situation qui prévalait dansson village, Gossi, son précieuxsommeil ayant été troublé pardes cris stridents. Au pas de saporte, elle est accueillie par desballes, dont l’une finira par l’at-teindre au niveau du brasgauche. Elle fait partie des 14villageois blessés par la secteterroriste au cours de leur incur-sion dans cette localité de l’ar-rondissement de Mokolo. Autotal, l’on dénombrera 109 mai-sons incendiées, deux salles declasse détruites à la roquette etdes dizaines de tonnes de

céréales parties en fumée. Les dégâts sont aussi impor-

tants dans la localité de ToufouI, toujours dans l’arrondisse-ment de Mokolo et situé à 5 kmenviron de Tourou, où s’estdéroulée au même moment uneincursion de Boko Haram. Lespertes du centre de santé intégréde l’Ueec sont estimées à prèsde 50 millions de Fcfa.«L’ambulance, récemmentacquise en Suisse, est partie enfumée ; quatre motos de serviceet le microscope qui ont coutéautour de six millions de Fcfaont été endommagés. Aussi, lemagasin où étaient stockés lesproduits pharmaceutiques estparti en fumée de même que lasalle d’accouchement avec toutson équipement», déplore le pas-teur Salomon Hamadina, prési-dent national de l’Union des

églises évangéliques duCameroun. Le pasteur, qui a foiaux autorités, se veut néanmoinsconfiant pour l’avenir. «Le pré-fet nous a rassurés sur lesmesures sécuritaires qui serontprises. Pour ma part, je suis entrain d’informer nos partenairessur les conséquences de cetteattaque sur notre centre desanté. Les personnels du centresont pour le moment au chô-mage technique pour deux àtrois semaines, voir un mois,puisqu’ils ne peuvent travaillerdans les conditions actuelles»,regrette l’homme de Dieu.

Autres dégâts enregistrés :l’école catholique, 10 motos et86 concessions incendiées ; destonnes de céréales parties enfumées, 02 bœufs blessés parballe, 10 boutiques pillées etincendiées et la mise hors de

service d’un puits. «Les popula-tions sont désemparées et sesentent un tout petit peu aban-données. Elles ne comprennentpas que des attaques soient per-pétrées dans ces conditionssans que personne ne lève leplus petit doigt. L’arrivée dupréfet, du sous-préfet et d’uncolonel les ont rassuré et calméleurs esprits. Si aujourd’hui,Tourou est pris ou attaqué, ilsne vont pas s’arrêter là, c’est laville de Mokolo qui sera immé-diatement visée. En tant queprésident du comité de dévelop-pement, j’ai rassuré les popula-tions sur le fait que les autori-tés sont conscientes de la situa-tion», a indiqué Pr BoubaKidakou, président du comitéde développement de Tourou etses environs.

MAYO-TSANAGA. Des salles de classes, une centaine de maisons et du matériel médical ont été incendiés.

Les villages Gossi et Toufou I attaqués par Boko HaramYAOUNDÉ. Le plan d’actions2019 de l’AJC-Prosanté adopté

Par O. A.

Yaoundé le 25 janvier 2019. Salledes conférences de la délégationrégionale de la santé publique duCentre. La fatigue est perceptiblesur les visages de la vingtaine departicipants présents dans cettesalle. Ce sont les membres del’Association des journalistes etcommunicateurs pour la promotionde la Santé (AJC-Prosanté), réunispour une assemblée généraleextraordinaire. Ils viennent depasser plusieurs heures d’examenet de discussions à propos de leurplan d’actions 2019. «S’il n’y apas d’autres objections, nous pou-vons déclarer le plan d’actions2019 adopté», déclare JosephMbeng Boum, président de cetteassociation. Une salve d’applaudis-sements s’élève alors dans la sallede réunion. Le plan d’actions2019 vient d’être adopté. Il estalors 14h27 minutes. Soulagementet satisfaction sont de mise ici.Normal. Les discussions sur cetimportant document de travaildésormais la boussole de l’AJC-Prosanté pour cette année, ont étélongues. Structuré en trois partis,avec un total de 15 activités pré-vues jusqu’au mois de décembre2018, ce document se veut être laboussole de l’AJC-Prosanté pourcette année en cours.D’abord la mobilisation sociale.Des six activités au tableau, figu-rent en bonne place, le lancementofficiel dudit plan d’actions le 20février 2019, le plaidoyer sur lanécessité d’une loi sur la couver-ture santé universelle auCameroun (CSU). La sensibilisa-tion du réseau des parlementairessur la nécessité de l’accroissementde l’enveloppe budgétaire de lasanté n’est pas en reste. Les moisde mars et juin ont été choisi pourmener ces importantes activités.Ensuite, le renforcement des capa-cités, avec pas moins de sept acti-vités. Ce sont entre autres, la for-mation des journalistes et commu-nicateurs sur la prévention et laprise en charge du paludisme (uti-lisation des Milda), sur les vio-lences basées sur le genre et à lapromotion de la santé mentale. Lebut ici est de mieux outiller cesprofessionnels dans ces différentsdomaines. Vient enfin laCommunication pour le change-ment des comportements, avectrois activités majeures. Dans cevolet, l’AJC-Prosanté veut organi-ser une dizaine de rencontres avecdes scientifiques pour échanger surles problèmes de santé, leurs solu-tions et les évolutions scienti-fiques. Ce sont les «Café science». La sensibilisation des populationssur les maladies prioritaires(VIH, mortalité maternelle etinfantile, santé mentale, cancers,CSU, violences basées sur legenre, le paludisme), avec l’orga-nisation des campagnes média-tiques est l’autre cheval debataille de cette dernière-née desassociations de santé. Mais pourl’heure, le cap est mis sur l’orga-nisation de la cérémonie de lance-ment officiel de leurs activités le20 février 2019, sous le hautpatronage du ministre de laSanté, Manaouda Malachie.

Par Olive Atangana

La correspondance duministre de la Santé publique(Minsanté) aux administrateursdes Fonds régionaux pour lapromotion de la santé est laco-nique. Sur trois lignes et sansautres détails, ManaoudaMalachie demande à ces res-ponsables « de bien vouloir pro-céder de toute urgence, auretrait du marché de la solutionchlorhexidine 7,1% flacon de10ml ». Seule la mention «trèsurgente» estampillée sur cedocument signé le 25 janvier2019 révèle le caractère gravede cette décision prise le jour-même. Et les informationsrecueillies auprès des sourcesdignes de foi ne sont pas rassu-rantes. Elles font état de ce quece produit qui est un collyre uti-lisé chez les nourrissons, estsujet à une utilisation illicite etmalveillante. Ce qui a entrainéplusieurs problèmes oculaires.«Parfois ce produit impacte le

nerf optique et détruit la vue.Donc les effets secondaires peu-vent être graves», explique unmédecin. En réalité, la corres-pondance du Minsanté fait suiteà la notification depuis le 19décembre 2018, de 15 cas decécité secondaire chez les nour-rissons à l’hôpital Micei

d’Oback, dans le District desanté d’Okola, région du Centre.Il a ainsi été établi que lesfamilles avaient eu recours àl’usage de ce produit.

Voilà pourquoi le 20 décem-bre, une descente sur le terrain alieu à Oback pour investigation,suivie d’une réunion de crise pré-

sidée le 21 décembre, par leMinsanté d’alors, André MamaFouda. Cependant, ce n’est quele 02 janvier 2019 que des réso-lutions ont été prises. D’abordl’activation du système de ges-tion des incidents au niveauintermédiaire, évaluer l’ampleurdu problème et trouver ses déter-minants. Une recherche activedes malades et leur prise encharge a aussi été préconisé.Mais pour l’heure, l’un des défisactuels est d’assurer la prise encharge des malades et l’accom-pagnement psycho-social desfamilles. Sur le terrain, larecherche active des cas dans lacommunauté se poursuit. Lesprochaines étapes envisagent decontrôler la circulation du chlo-rhexidine 7,1% flacon de 10mlsur le marché et dans les forma-tions sanitaires ; de renforcer lescapacités du personnel en chargedu nouveau-né et des yeux et desensibiliser les parents sur l’utili-sation dudit produit pour lessoins de l’ombilic.

CAMEROUN. Le chlorhexidine 7,1% (flacon de 10ml) un médicament provoque la cécité chez les nourrissons.

Le Minsanté retire un médicament du marché

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Par Vladimir Martin

Depuis 2014, l’Extrême-Norda plus de 310 760 réfugiés horscamp, dont 241 030 déplacésinternes et plus de 69 730 retour-nés. Ceci est l’une des consé-quences de la crise sécuritairedont fait face cette région le longde la frontière avec le Nigeriadepuis 2013. Une crise qui a euun impact néfaste sur l’environne-ment économique et l’organisa-tion sociale des communautés.Les jeunes, les femmes mais parti-culièrement les jeunes filles appa-raissent comme étant les couchesles plus touchées en raison de leurvulnérabilité prépondérante. A lafois ex-victimes et ex- acteurs decette crise, les jeunes sont désor-mais tournés vers un idéal dereconstruction sociale. Dans cettelogique, des acteurs les y accom-pagnent pour contribuer au ren-forcement de leur résilience face àl’endoctrinement et à la radicali-sation. Cet accompagnementintervient par de nombreusesfacettes à l’exemple du Projet derésilience des ados/jeunes face àla radicalisation de la violencedans la région de l’Extrême-nord.Conjointement conduit par leministère de la Jeunesse et del’Education civique (Minjec),l’Ambassade de France auCameroun et l’Organisation des

Nations unies pour la population(UNFPA), il vise environ 6000adolescents et jeunes.

Renforcer les capacités desadolescents et jeunes dans unpackage intégrant les compé-tences de la vie courante, l’éduca-tion sexuelle intégrée, le leader-ship et la participation dans lapromotion de la paix, de la résolu-tion des conflits et le dialogueintercommunautaire. Tels sont lesenjeux visés par ce consortiumgouvernemental, diplomatique ethumanitaire. Au final, l’objectifest d’assurer l’accompagnementpsychosocial et économique desvictimes ayant échappé à l’extré-misme violent dans les localités deMokolo, Koza, Mora, Tokombéré,Kousseri et Makari. Pour combat-tre de façon durable la crise, lesjeunes de ces six localités pilotesont accès aux formations qui leuroffrent des possibilités de métiersdans l’agriculture, l’élevage, lacouture, la restauration et d’au-tres types d’activités écono-miques. C’est le cas deMohamadou Zaké Souleymane,bénéficiaire d’un secrétariatbureautique. «Je suis bénéficiairedans la commune de Mora, j’aibénéficié d’une formation eninformatique et secrétariat. Cecim’a permis d’ouvrir un petitsecrétariat bureautique qui mepermet de ragner ma vie autre-

ment. Avec le matériel que le pro-jet pourra m’apporter je croisbien que je pourrais m’agrandir»,explique-t-il. Comme lui, d’autresjeunes sont également accompa-gnés quoi que l’insuffisance et lebesoin restent énormes. Sur 5000adolescents cibles qui pourrontcontribuer à la promotion de lapaix et de la cohésion sociale ausein de leurs communautés, seule-ment 500 ont bénéficié d’unaccompagnement selon les chif-fres de l’UNFPA. Dans ce lot,Boubakary Haman,Coordonnateur du RESEAC pré-cise que 100 jeunes ont vu leur

projet financé.

RADICALISATION La recherche-action qui est

menée sur les déterminants de laradicalisation et la résilience chezles jeunes vise à apporter uneréponse adaptée, pertinente etinclusive au sein de cette couchedite vulnérable. Selon MatthieuSette, attaché coopération char-gée des questions de gouvernanceà l’Ambassade de France auCameroun, «comprendre lesdéterminants de cette radicalisa-tion c’est une clé » essentielle quidevra être axée sur les activités decompétence de vie en milieujeunes. Au vue des statistiques del’UNFPA datant de fin 2018, cesactivités de compétences ont per-mis de toucher 10 911 adoles-cents et jeunes parmi lesquels ondénombre 5865 garçons et 5046filles. Dans ces 10 911 individus,on compte également 3336 dépla-

cés internes constitués de 1778garçons et de 1558 filles ; 1281retournés donc 647 garçons et634 filles ; et 6294 membres descommunautés hôtes avec à la clé3440 garçons et 2850 filles.

Plus de 500 autres jeunesayant directement été exposés à laradicalisation et à l’enrôlementont été référés dans des centres deformation. Dans ce lot, il existeexactement 536 adolescents etjeunes sélectionnés selon lesmêmes sources. Ils sont constituésde 275 garçons et de 265 filles.Dans la répartition, on compte282 déplacés internes dont 170garçons et 112 filles ; 18 retour-nés soit 07 garçons et 11 filles.236 membres des communautéshôtes sont également pris encompte (98 garçons et 138 filles.Dans ces 500, 100 jeunes donc 54garçons et 36 filles sont directe-ment bénéficiaires des micro-busi-ness.

Pour améliorer ces compé-tences, des résolutions ont égale-ment étés prise dans le cadre del’atelier de deux jours qui s’esttenu les 22 et 23 janvier 2019 aucercle municipal de Maroua.Elles sont entre autres axées surla réévaluation du coût de la priseen charge des bénéficiaires desprojets, le respect du plan de miseen œuvre des projets et la mise detoutes les activités de santé dansle planning de la délégation régio-nale de la santé publique del’Extrême-nord. Des stratégies depromotion des activités des béné-ficiaires et des programmes édu-catifs radiophoniques de massesont également envisagé pourdéfinitivement chasser la radicali-sation de la région.

S o c i é t é L’OE I L DU SAHEL N°1173 du lundi 28 janvier 20196

EXTRÊME-NORD. C’est dans le cadre de la lutte contre la radicalisation et la violence dans la région.

Cap vers une résilience améliorée des jeunes

Propos recueillis parV.M.

Pensez-vous que cetype d’initiative soitsuffisante pouraccompagner la jeu-nesse qui a subi untraumatisme violent etest économiquementvulnérable ?

Je ne dirais pas quec’est suffisant mais c’estdéjà quelque chose, c’estun début. Au total nousavons inscrits 176jeunes dans les centresde formations mais il y’aseulement 100 jeunesqui sont bénéficiaires. Sije prends ce chiffre surl’ensemble des jeunes vulnérablesy compris les 500 jeunes avec quinous avons travaillé c’est trèsinsuffisant si 100 bénéficient del’insertion socio-économique. Ceciest compte tenu des contraintesbudgétaires. Mais comme il y’ad’autres partenaires la situationpourra s’améliorer.

Vous avez évoqué un pro-cessus d’autofinancement desprojets par les jeunes eux-mêmes…

Tout à fait parce que nousavons développés avec ces jeunesdes méthodes de business planpour que justement ils puissent seprendre en main. Ils pourrontdévelopper d’autres activitésannexes qui demanderont force-ment de la main d’œuvre et qui vadéboucher vers l’extension de

leurs activités. A partir d’uneactivité ils pourront développerdes activités comme l’ouverturedes magasins, des boutiques,l’achat des motos pour faire dutaxi et mêmes les métiers liés àl’agriculture.

Comment se fera le suivi ?Nous avons mis en place un

mécanisme de suivi en tant qu’or-ganisation locale. Mais nousavons également sollicité l’exper-tise extérieure des spécialistes.Ceci implique le ministère de lajeunesse, celui de l’agriculture, lescentres de formation et les centresde promotion de la femme quisont des structures étatiques quisont permanentes. Ces sectoriellesseront impliquées du débutjusqu’à la fin du processus. C’estpour qu’elles puissent prendre le

relais en matière de monitoring,de coaching, de suivi. En mêmetemps, nous avons identifié d’au-tres personnes-ressources localesprésentes dans les communautésconcernées. Ces dispositifs per-mettent de faire un bon suivi.Nous avons également prévuaprès notre partenariat avecUNFPA et dans le cadre de nosactivités dans cette zone avecd’autres partenaires de faired’une pierre deux coups en allantà la rencontre de nouveaux jeunespour les inclure dans notretableau de bord par rapport àd’autres activités qui sont finan-cées par d’autres organisations.

A long terme, le projetpourra-t-il s’étendre à d’autrescommunautés de jeunes quirencontrent les mêmes difficul-tés que les jeunes en zone decrise ?

Je pense que cela dépendra denos partenaires et des finance-ments. L’idéal pour nous est defaire mieux. Mais actuellementnous ne couvrons que six com-munes, nous souhaitons uneextension auprès des autres com-munes parce que même dans lacommune de Mozogo tous les vil-lages ne sont pas couverts. Il y’aun nombre important de jeunesqui voudraient bénéficier de ceprojet. Tout dépendra des oppor-tunités et nous sommes en train devoir comment trouver des finance-ments nouveaux auprès d’autrespartenaires pour étendre le projetà d’autres jeunes d’autres locali-tés.

Boubakary Haman, Coordonnateur du Reseac.

«Ce projet répond aux attentes des jeunes»

Des jeunes en formation.

Propos recueillis par V. M.

Qu’est ce qui justifie laprésence de la partie fran-çaise dans ce projet ?

Ce projet l’ambassade deFrance l’a intégralement financéet la mise en œuvre s’est faitepar l’intermédiaire de l’UNFPA.

Pour nous c’estun projet pilotetrès importantparce qu’iltraite de laquestion de laradicalisationdes jeunes.Travailler sur lesquestions de jeu-nesse fait partiedes priorités dela diplomatiefrançaise etcomprendre lesdéterminants decette radicalisa-tion c’est uneclé. Vous savezla France

comme le Cameroun a été tou-chée par des phénomènes deradicalisation violente et par desattentats. C’est également uneproblématique que nous parta-geons avec le Cameroun mêmesi les déterminants sont très dif-férents. Il y’avait un autre volet

Mathieu Sette, attaché de coopérationde l’ambassade de France au Cameroun.

«Les thématiques de radicalisationsont une priorité pour nous»

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S o c i é t éL’OE I L DU SAHELN°1173 du lundi 28 janvier 2019 7

Par Vladimir Martin

«Je suis parent de deuxenfants qui viennent de recevoirleurs actes de naissance. Je suisvraiment très content parce qu’àl’époque je n’ai pas pensé à établircette pièce et que maintenantc’était très compliqué à cause desprocédures à la justice et autres.Mais maintenant j’ai un fardeaude moins. Mes enfants sont enfindes enfants normaux comme ceuxdes autres», déclare visiblementheureux Tanaigassou Joseph.Lequel fait partir des parents des100 heureux bénéficiaires de l’ar-rondissement de Maroua 1er quiviennent de recevoir leurs actes denaissance à la résidence des sœursde Ziling. Agés de 1 an à 53 ans,ils sont nombreux à avoir reçu leprécieux graal des mainsd’Hamadou Hamidou, Maire de lacommune d’arrondissement deMaroua 1er. Pour l’élu local,cette distribution s’inscrit dans lecadre d’une vaste campagned’éradication de cette situation ausein de l’arrondissement dont ilest le premier magistrat.

La région de l’Extrême-nordest l’une des régions aux côtés del’Adamaoua et de l’Est où il sepose un véritable problème d’éta-blissement d’actes de naissance.Rien que dans l’arrondissement deMaroua 1er, plus de 5500 enfantsscolarisés du primaire sont ensituation d’irrégularité citoyenne

par manque d’acte de naissance.Une situation que déplore le PèreCharles Eko, curé de la ParoisseSt Jean de Djarengol, «Un enfantqui n’a pas d’acte de naissancen’est pas citoyen d’un pays. C’estpar l’acte de naissance qu’onreconnait qu’on est citoyen d’unpays. On s’est rendu compte qu’ily a beaucoup de nos enfants quigrandissent sans actes de nais-sance. Il y’en a beaucoup quiarrêtent même les études parmanque de cette pièce. Aprèsréflexion, avec l’aide des reli-gieuses, de la divine volonté etavec l’aide du maire de la com-mune de Maroua 1er, nous noussommes engagés à aider certainespersonnes à avoir l’acte de nais-sance. Il est question pour nous

d’accompagner l’Etat dans cetteproblématique d’obtention del’acte de naissance beaucoup plusdans cette région», explique-t-il.Une volonté relayée par la SœurBlandine Kounsou qui a entreprisl’établissement de 200 autresactes de naissance avec le mairede cet arrondissement. Ces actesqui seront distribués dans les pro-chains jours viendront s’ajouteraux 417 autres actes distribuésplus tôt.

Parmi les bénéficiaires dujour, une jeune femme expliquel’importance pour les jeunes fillesd’avoir un acte de naissance.«Parente d’une jeune fille que j’aiadoptée, je l’ai fait venir du vil-lage pour lui éviter la situation denon scolarisation qui semble être

un destin commun àtoutes les filles demon village. Je vou-lais qu’elle fasse desétudes, qu’elle aitune vie différentedes autres filles.Bien qu’elle ait 11ans, je crois quetout est encore pos-sible pour elle. Auvillage il y’a pas lascolarisation parcequ’à partir de 15ans la fille est appe-lée à partir enmariage. Mon sou-hait était de sortircette petite de la

situation de sous scolarisation etdu mariage précoce. La petite n’apas pu avoir son acte de naissanceà temps parce que les parentsn’ont pas été sensibilisés. Dansnos villages quand l’enfant gran-dit un peu, elle est obligée de fairedes travaux champêtres et ména-gers pour ses parents et à un cer-tain âge elle partira en mariagesans acte de naissance ni demariage. C’est la situation debeaucoup de nos mères. On nepense donc jamais à lui faire unacte de naissance», avoueMailaissou Généviève, tutriced’une jeune fille bénéficiaire d’unacte de naissance. «Un acte denaissance c’est le début d’une vieprometteuse», conclura-t-elle.

MAROUA 1 ER. Cela va permettre notamment aux enfants de se présenter à l’examen du CEP.

517 actes de naissances distribués en 7 jours

La photo de famille.

Propos recueillis par V.M.

Pourquoi cette opérationde production des actes denaissances ?

Vous savez la mission réga-lienne d’une collectivité localedécentralisée en matière d’étatcivil c’est de veiller à la sécurisa-tion et à la facilité pour l’obten-tion des actes d’état civil puisquenous sommes officiers d’étatcivil. La commune d’arrondisse-ment de Maroua 1er étant lecentre général d’Etat civil del’arrondissement puisqu’il existedes centres secondaires auxniveau des cantons. Alors nousavons voulu être aux côtés desreligieux par rapport à l’actionde sensibilisation pour la facili-tation d’obtention des actes denaissance à ces enfants. C’estbeaucoup plus en sensibilisantles parents mais également enfacilitant la procédure au niveaude la justice et au niveau desmédecins pour l’obtention ducertificat d’âge apparent que lacommune s’est sentie beaucoupplus impliquée. Nous avons voulufaire de cette opportunité uneoccasion idoine de faire passer lemessage à tous les participant,d’interpeller toutes les élites etles parties prenantes à la déli-vrance d’actes de naissance pourqu’aujourd’hui toutes les partiesprenantes œuvrent pour que lesenfants de Maroua 1er puissenttous disposer d’un acte de nais-sance au soir de l’année 2019.

Quel est actuellement lasituation dans l’arrondisse-ment de Maroua 1er dans cedomaine ?

Nous avons fait une petiteenquête auprès de l’inspectiond’arrondissement de l’éducationde base où madame l’inspectricenous a fait savoir qu’en cetteannée 2019, 421 élèves du CM2ne pourront pas présenter l’exa-men du CEP et le concours d’en-trée en 6e parce ce qu’ils n’ontpas d’actes de naissance. Pourtout l’arrondissement de Maroua1er, de la SIL au CM2, il y’a plusde 5700 jeunes qui n’ont pasd’actes de naissance donc 2300garçons et plus de 3400 filles quin’ont pas d’acte de naissance.

Donc la situation est catastro-phique parce que là ce sont seu-lement les élèves. Imaginez doncceux que ne sont pas encore allésà l’école ou ceux qui ont aban-donné à cause de l’acte de nais-sance. Il est donc temps pournous de nous réveiller. D’abordnous les autorités municipales,les élus, les parents, l’adminis-tration elle-même, les chefs tra-ditionnels, la société civile. Toutle monde doit mettre la main à lapâte pour une meilleure sensibili-sation et une facilitation afin quetout bon camerounais obtiennecette pièce essentielle quimarque le début de son existenceen tant que citoyen, qui est lapièce maitresse dans sa vie parce

que sans acte de naissance on nepeut pas avoir de CNI et sansceci on ne peut avoir une pièceofficielle et même bénéficierd’une éducation minimum qui estun droit. Pour nous tous, il fauttout mettre en œuvre pour qu’ausoir de 2019 il y’ait une prise deconscience collective à ce sujet.

Que fera la commune deMaroua 1er pour remédier àcette situation que vousdécriez tant ?

Ce que nous allons faire nousl’avons déjà entamé, il ne resteplus qu’à intensifier. Dans lesprochains jours, avec l’appui del’autorité administrative, nousallons faire une tournée danstout l’arrondissement de Maroua1er pour rencontrer les autoritésreligieuses, traditionnelles, lesforces vives, la société civile, lesélites et tous les partenaires dansle processus d’obtention desactes de naissances. Nous allonsles sensibiliser pour qu’ils agis-sent à leur niveau. La communemettra tous les moyens à disposi-tion pour qu’il ne manque pas dedocument de délivrance de cetacte et pour qu’il y ait des facili-tés au niveau de la justice ennégociant des audiences. Pourfaciliter la proximité et deman-der au juge de faire le déplace-ment vers les communautés afinde faciliter la proximité. Le plusdifficile c’est de gagner lescœurs, une foi que s’est fait lereste est facile à faire.

Hamadou Hamidou, maire de l’arrondissement de Maroua 1er.

«La commune mettra tous les moyens à disposition»

sur ce projet qui a également étéréalisé, c’est celui de la sensibi-lisation des jeunes et celui decertaines personnes qui ont étéconfrontées à des exactions vio-lentes pour leur réinsertion dansun processus classique d’éduca-tion, de reprise de travail et desociabilité normale. Aujourd’huinous sommes à la fin du projetqui a commencé il y’a 13 mois.Nous réfléchissons ensembleavec les différents acteurs pourévaluer ce qui a marché ou nonet éventuellement à la suite quenous pourrons donner avec d’au-tres partenaires.

En finançant ce projetdans le Nord- Camerounquels sont les objectifs del’ambassade de France auCameroun ?

L’ambassade de France via leCentre de crise du ministère desAffaires étrangères, a l’objectifde mener des projets auprès dela jeunesse qui est vraiment lapopulation cible de la coopéra-tion française. Le but est de tra-vailler sur un territoire qui estl’Extrême-Nord qui fait partiedes territoires au Cameroun quiont des indicateurs socio-écono-miques des moins favorablesparmi les moins favorables de larégion. Donc qui est une prioritéde la coopération française. Quece soit à travers l’agence fran-çaise de développement,l’Ambassade de France, lesONG et tous les vecteurs quenous pouvons utilisés et qui sonten priorité dans les régions vul-nérables comme l’Extrême-Nord. Donc c’est à la fois unepriorité géographique et unepriorité sectorielle qui est la jeu-nesse. Les thématiques de radi-calisation sont une priorité pournous comme ça l’est pour l’Etatdu Cameroun.

Quelles sont les perspec-tives pour les années à venir?

Notre souhait à l’ambassadede France c’est de ne pas mélan-ger les étapes. A partir du résul-tat de cet atelier de capitalisa-tion, nous allons voir si effecti-vement nous allons accompa-gner le projet pour une nouvellephase dans sa réalisation. Cen’est pas forcementl’Ambassade de France. Il y al’Union européenne, la GIZ alle-mande, la Banque mondiale, il ya toute une série de partenaires.Pour le moment nous avonsfinancé un projet pilote ciblépour voir comment il peut fonc-tionner. Pour le financement,nous avons une échelle entre200 000 à 300 000 euros.Concernant les bénéficiairesnous avons fait entre 5000 ou6000 personnes sensibiliséesselon les chiffres de l’UNFPAqui elle-même a travaillée avecles sectorielles, les communes etles organisations de la sociétécivile camerounaise. Il y a 500 à600 personnes qui ont étéconfrontées à ces violences etqui ont été accompagnées danssix localités. Il y a également eudes campagnes de sensibilisa-tion via des radios locales surcette thématique.

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S o c i é t é L’OE I L DU SAHEL N°1173 du lundi 28 janvier 20198

République du CamerounPaix - Travail - Patrie

-----------Ministère de l’Environnement, de la Protection de la

Nature et du Développement Durable

Republic of CameroonPeace - Work - Fatherland

-----------Ministry of Environment, Protection of Nature

and Sustainable Development

COMMUNIQUÉ DE PRESSEN°0000007/C/MINEPDED/SG/DPDD/SDEE du 24 janvier 2019

Le Ministre de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durableinforme la communauté nationale et internationale, de la tenue des audiences publiques relativesà l'étude d'impact environnemental et social (EIES) du projet de construction d'une unité de broyagede ciment à Nomayos dans l’Arrondissement de Mbankomo, Département de la Mefou et Akono,Région du Centre, soumise par la société DANGOTE Cement Cameroon.

Ces audiences se tiendront du 04 au 09 Février 2019, de 10 heures à 16 heures aux lieux ci-après:

- Mbankomo (Etablissements Tsoung Mballa Center) ;- Ngoumou (Mairie).

Les audiences publiques visent à recueillir les observations du public sur ladite étude. Le Ministrede l'Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable invite par consé-quent les populations et autres parties intéressées à participer activement à cet exercice.

Le Ministre Délégué

Dr Nana Aboubakar Djalloh

Par Abali Abdou (stagiaire)

L’Ecole normale supérieure(ENS) de Maroua a fait de lapromotion des valeurs decitoyenneté, son cheval debataille. L’objectif recherché estd’inculquer aux futurs ensei-gnants des notions à même deleur permettre d’encadrer lesélèves et de participer à l’édifi-cation d’une nation prospèrebasée sur les valeurs citoyennes.C’est dans ce cadre que l’ENS aorganisé le vendredi, 25 janvier2019, une journée de la citoyen-neté. Présidant cet événement,le directeur adjoint de l’ENS, lePr Kossoumna Liba’a Natali, asouligné que «L’école normalesupérieure de Maroua est unétablissement qui forme lesenseignants. Nous constatonssur le terrain un délitement descomportements civiques et nousestimons qu’étant des élèvesprofesseurs, ils doivent êtreoutillés à la citoyenneté pourrespecter les emblèmes de laNation, de la chose publique,adopter une attitude citoyennepour être des vrais patriotescapables de conduire une nationresponsable ».

Cette première édition de lajournée de citoyenneté a étéplacé sous le thème :«Citoyenneté et intercultura-lité». Le thème fragmenté en

plusieurs sous thèmes, a faitl’objet des plusieurs exposés ettravaux en ateliers. A traversdeux panels constitués des ensei-gnants de l’école normale supé-rieure de Maroua et le chefd’agence du service civiquenationale de participation audéveloppement, les futurs ensei-gnants ont été entretenus sur lesnotions de civisme, de citoyen-neté, les spécificités des sym-boles nationaux tels que le dra-peau et les attitudes à adopterface à ces symboles. Certains

panelistes ont dans leurs expo-sés, invité les participants à res-pecter l’opinion des autres, l’ac-ceptation des différences eth-niques et à bannir dans leursattitudes, les invectives sur lesréseaux sociaux. Ceci afin derenforcer le vivre ensemble. Lesélèves professeurs ont aussi étéédifiés sur leurs droits et devoirsau sein de l’établissement qui lesforme, ainsi que les différentsservices qui peuvent traiter leursdoléances en cas de préoccupa-tion.

L’initiative de l’organisationd’une journée de la citoyennetéa été appréciée par les partici-pants. Pour SADATOU ABOU-BAKAR élève professeur en 4eannée Arabe, «Cette journéem’a permis non seulement deconnaitre les informationsnécessaires que les élèves pro-fesseurs sont censés connaitrepour bien encadrer les élèvesmais de connaitre aussi parexemple le site de l’ENS, le cen-tre médical et bien d’autresinformations», a-t-elle indiqué.

Cette réaction est égalementpartagée par Abba Bichaïr, étu-diant en Master à la faculté dessciences juridiques et politiques.« Cette journée a été très édi-fiante pour moi. J’ai apprisbeaucoup des choses et en tantque citoyen, elle m’a apporté unplus dans ma vie citoyenne etuniversitaire. L’exposé du DrBANA BARKA par exemple,m’a beaucoup appris sur l’ori-gine du drapeau du Cameroun ettous les honneurs à faire à sonendroit. Cela a en outre réarmémon civisme et m’a fait com-prendre que l’émergence d’unpays n’est possible que lorsquechaque citoyen est individuelle-ment émergent, c’est-à-direadopte les qualités qui promeu-vent le vivre ensemble», a-t-ildéveloppé non sans souhaiterque l’ENS inscrive cet événe-ment dans son agenda des acti-vités.

Les résolutions prises auterme de cette journée sont d’unapport capital pour toute lacommunauté éducative en géné-ral et celle de l’école normalesupérieure de Maroua en parti-culier. Les élèves professeurs ontdonc appris à comment appren-dre à leurs apprenants, les atti-tudes et comportements civiquesà adopter face à leurs conci-toyens et face aux biens del’Etat.

UNIVERSITÉ DE MAROUA. C’était dans le cadre de la journée éponyme organisée le 25 janvier dernier.

Les élèves de l’ENS à l’école de la citoyenneté

Des élèves de l'ENS attentifs lors de la journée de la citoyenneté.

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P o l i t i q u eL’OE I L DU SAHELN°1173 du lundi 28 janvier 2019 9

RÉACTIONS

Je condamne fermement ces actes devandalismes sur notre ambassade à Paris.Ces actes portent atteinte à l’image denotre pays à l’étranger. C’est le Camerounqui est attaqué dans son for intérieur. C’estune lâcheté pour ces concitoyens camerou-nais, que d’aller perpétrer des tels acteshors du pays. Il faut unanimement et col-lectivement s’indigner contre ces agisse-ments. D’aucuns disent que le MRC a unagenda caché derrière leurs mouvementsinsurrectionnels, mais moi je pense que lepoliticien profite des naïfs pour poser desactes. Il faut se poser la question de savoirpourquoi le leader de ces mouvementsn’est pas allé lui-même au-devant de lascène à Paris ? En réalité, ceux qui sont

descendus dans la rue et ont vandalisénotre ambassade à Paris sont des irrespon-sables, je dirai même des sans-papiers.Sinon, les vrais responsables ne peuventpas accepter d’orchestrer des tellesmanœuvres destructrices. Les auteurs desmouvements insurrectionnels ont profitédes badauds et autres sans papiers pourtrainer l’image du Cameroun dans la boue.Et c’est la démocratie de notre pays qui estainsi écorchée. Nous, acteurs politiquesconsciencieux n’allons pas accepter destelles forfaitures. Nous appelons tous lescamerounais en général et les militants duRdpc en particulier à rester calmes etdignes. Qu’ils ne suivent pas les messagesdes architectes du chaos.

Hamadou Hamidou, président de la section Rdpc Diamaré-Centre I. « C’est le Cameroun qui est attaqué dans son for intérieur »

J’ai regardé avec beau-coup d’indignation lesimages des actes de vanda-lisme perpétrés sur lesambassades du Camerounen Europe précisément surl’ambassade à Paris, parles manifestants du MRC.Je pense que ces gens nesont pas des vraisCamerounais. S’ils sontdes vrais Camerounais,quel que soit leurs revendi-cations, ils n’allaientjamais briser les emblèmesnationaux. Pour moi, cesactes commis à l’étrangerméritent la condamnation,car ces actes incitent lesCamerounais à détruireleur pays. Nous disons àces entrepreneurs du désor-dre que nous n’allons pas

céder à leur manipulation.Nous sommes jaloux denotre pays et de son déve-loppement qui est enmarche malgré quelqueslenteurs. Le promoteur duMRC veut tout simplementconduire les Camerounaisdans l’horreur. Il dit qu’ilveut changer le pays, maisqu’il commence d’abordchez lui. En tout cas, il estun vendeur d’illusion. Qu’ilnous laisse tranquille horsde ses ambitions destruc-trices. Si tel est son projetpour le Camerounais, jepense que nous sommesmille fois mieux avec PaulBiya. Le Cameroun resteratoujours uni pour ladéfense des grandes causesde notre Nation.

Fadimatou Damdam,actrice de la société civile.«Ces gens ne sont pas de vrais Camerounais»

L’ambassade est une institution.C’est la République installée de l’autrecôté. Il n’est bon pour les revendicateurs,de vilipender notre république à l’exté-rieure. Lorsqu’une ambassade est atta-quée dans un pays frère qui accueillecette ambassade, cette attitude porteforcément atteinte à la dignité de ce paysfrère. Sur le plan diplomatique, cela peutcréer une incidence. Toutefois, il fautaussi dire que, pour moi, il faut que lespouvoirs publics s’ouvrent un peu. Vousvoyez que ce sont des manœuvres poli-tiques et des positionnements politiquesque les auteurs de l’attaque ou des reven-dications cherchent à gagner. On a peur

que ces agissements donnent l’occasion àla communauté internationale de fairede la récupération. En réalité, on veutpousser l’Etat à l’extrême-nord, on veutemballer l’Etat dans le bateau de la vio-lence et du non-respect des droitshumains. C’est pour cette raison que jepense que les deux parties doivent agiravec tact, avec tolérance et surtout ilfaut beaucoup de dialogue afin qu’ellestrouvent un terrain d’attente. Si j’ai unmessage à délivrer, c’est d’appeler àl’apaisement entre les deux parties. Ducôté du pouvoir, on doit savoir qu’il n’estpas du tout normal de tirer sur descitoyens.

Ibrahim Djagra, président du conseil national de la jeunesse pour l’Extrême-Nord. «On veut entraîner l’Etat dans le bateau de la violence »

Par Innocent-Blaise Youda

La journée du samedi 26janvier 2019 s’est déroulée dansle calme et la sérénité à Garoua.Sous le soleil accablant qui faitson retour progressivement dansla capitale régionale du Nord,les conversations dans les chau-mières et recoins des quartierschauds comme Yelwa évo-quaient à la peine les marchesorganisées par l’opposition àYaoundé et Douala notamment.«Franchement, la question(Marches de l’opposition, Ndlr)ne nous concerne pas, pour uneraison simple, cette frange del’opposition qui organise cesévénements n’est pas suffisam-ment encrée dans la région duNord, de plus je pense pour mapart qu’il ne sert à rien de vou-loir distraire l’opinion. Le tra-vail à faire c’était de se donnerles moyens non seulement d’al-ler à l’élection présidentiellecomme ça été le cas, surtoutpour Maurice Kamto qui a euune prestation que je juge deplus qu’honorable, mais aussi etsurtout de contrôler les votes enfaveur de l’opposition. Pourreprendre le cas de Kamto, dansla majorité des bureaux de voteici il n’était pas représenté.Dans ces conditions, il devientdifficile de contester le résultatqu’on vous attribue. Les résul-tats ont été validés et publiés, cene sont pas les marches de pro-testation qui vont y changergrand-chose. Il faut qu’il pré-pare sereinement les législatives

et municipales tout simple-ment», souligne Haman Blaise,responsable d’une ONG de pro-motion des droits de l’éducationà Garoua.

Aux environs de 15h, lorsqueles premières images de lamarche de Yaoundé et de Doualacommencent à inonder lesréseaux sociaux, le sujet com-mence alors à être à l’ordre dujour de plusieurs conversations.La avis divergent en fonctiondes positions et des intérêts desuns et des autres. Mais le faitque tous ces événements sedéroule loin de Garoua laissetoujours un arrière-gout d’indif-

férence. Il faut attendre auxenvirons de 19h à 20h pour voirles gens réagir avec un peu plusd’énergie. Si les blessures decertains militants de l’opposi-tion qui assistaient à la marchecomme Célestin Djamen et MeNdocki ont été condamnés,lorsque les informations faisantété des attaques dans les ambas-sades du Cameroun à Paris etd’autres capitales européennesont commencé à tomber, cela àentrainer une désapprobationdans l’opinion à Garoua. «Ce quivient de se passer est très grave.On ne peut pas prétendre vouloirque le pouvoir change et s’atta-

quer aux institu-tions. Prendred’assaut l’ambas-sade de son paysc’est comme pren-dre les armescontre ses frères.Ce n’est pas tolé-rable et ça doitêtre dénonceravec la dernièreénergie. Le pro-blème avec cesgens qui agissentainsi, et on l’a vuelors des dernièresélections, ils sontnombreux à agiravec violence,quand on leur ademandé d’allers’inscrire sur leslistes électoralespour voter, on a vupersonne. Ils tousen majorité soit

des sans-papiers, soit des gensqui ont acquis la nationalitéétrangère et veulent crier fortsur les problèmes des camerou-nais. Ce n’est pas normal il fautpunir les auteurs de ces actes»,fulmine un cadre du Rdpc àGaroua.

Dans l’opposition, les avisconvergent également vers lacondamnation de ces actes quebeaucoup qualifie de barbare.«De manière sincère, jecondamne fermement ces actes.Je ne suis pas particulièrementun fan du régime actuel. Je sou-haite ferment que Paul Biyaparte. Il faut être honnête, le

vieux ne contrôle plus rienmême comme on veut nous fairecroire le contraire. A cet âge etaprès toutes ces années passéesvous ne pouvez plus avoir l’éner-gie et l’intelligence pour toutgérer. Je condamne l’attaquedes ambassades, mais comme jevous ai dit que je suis de l’oppo-sition, si ces actes peuvent per-mettre de faire bouger leslignes, ce n’est pas plus mal, cesera un mal qui aura servi àquelques choses.» ExpliqueOumarou Sanda, militant del’Undp à Bibémiré. Un avis quene partage pas cependant soncamarade Ousmanou Abdoulayedu Mrc. «Je pense que ce régimeaime la violence. Mais notre lea-der nous a demandé de ne poseraucun acte de violence. Si nousn’avons pas marché à Garoua,c’est juste parce que nous nenous sommes bien préparés. Lesactes de protestations doivent sedéroulés dans la non-violence.On ne peut pas détruire pourprétendre construire après outout recommencer non ce n’estpas possible. On peut sansagresser personnes, sansdétruire quoi que ce soit,contraindre le régime à un chan-gement. Détruire les ambas-sades et voler les passeports etles matériels de travail sont desactes de banditisme à dénoncer.Ce n’est pas avec ce type d’atti-tude qu’on peut construire unpays. La violence, on sait quandon commence, mais jamais onne sait comme elle finir»,explique-t-il.

GAROUA. Les populations estiment pour la plupart que les revendications doivent se dérouler dans la non-violence.

Indignation après la prise d’assaut des ambassades du Cameroun à l’étranger

Un bureau. Saccagé.

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D é b a t s & o p i n i o n s L’OE I L DU SAHEL N°1173 du lundi 28 janvier 201910

Si le terrorisme vise au moyen dela terreur des buts économiques,financiers, ou de souveraineté avecdes paravents idéologiques ou reli-gieux, les coupeurs de routes etautres preneurs d’otages eux portentsui generis ce message plus profond :«Nous sommes implantés au cœur devotre système (!) et nous faisonsimpunément ce que nous voulons devous, de vos biens et de vos lois !».Les kidnappings sont souvent l’ex-croissance ou les symptômes d’uneincompétence sinon d’une corruptionet d’un affairisme arrivés à leursparoxysmes, d’une violence omnipré-sente (circulation des armes deguerre), et même d’un effondrementde l’État de Droit. A ces titres l’onpeut se demander si les kidnappeurssont les tenants des lieux dansl’Adamaoua ?

Nous voici donc avec une cala-mité de plus qui vient s’installer dansune Région où le 08 février 2015,l’UNHCR enregistrait officiellement61 674 des réfugiés dansl’Adamaoua, dont 61 524 pour leseul Mbéré, soit 99,75% des réfugiéscentrafricains. Sans compter lesréfugiés tchadiens, nigérians, etrécemment les déplacés internes duNO/SO. Le département du Mbéréconnait ainsi un taux d’accroisse-ment démographique aussi singulierque record de 12,9% alors que leCameroun croît à un rythme de 2,8%avec un taux de pauvreté de 52,9%.Des villages tels Ngam ont connu unaccroissement démographique del’ordre de 419.5% à 350%. Borghopa connu une multiplication de sapopulation par 11 ; elle est passée de1000 habitants à 11 000 habitantsen un an !

Des experts observent que de parle monde, sur la dernière décennie,les kidnappings sont redevenus ànouveau à la mode, en raison del’écart socio-économique grandissantentre les riches et les pauvres, et lapropagation des groupes radicaux.En 1999 à elle seule, la compagnied'assurance Hiscox, affiliée à laLloyd's, reconnaissait avoir euconnaissance de 21 rapts par jour,pour 7 773 kidnappings dans lemonde. En 2013, il y aurait eu plusde 100 000 enlèvements dans lemonde entier.

MOYENS ASYMÉTRIQUESLe kidnapping a connu plusieurs

variantes dans son évolution histo-rique. Il a même fait partie des stra-tégies d’Etat comme l’atteste l’af-faire des enfants volés sous la dicta-ture argentine (1976-1983). De nosjours, le kidnapping relève du crimeorganisé, et du terrorisme avec l’in-trusion des étrangers qui mènent desopérations avec des moyens asymé-triques sur notre sol.

Certaines données ouvrent laréflexion. Dans le monde, la duréemoyenne des kidnappings varient de4 à 5 jours ; les motivations desagresseurs sont à 98% l’argent et à2% la politique. 73% des cas sontrésolus par le paiement d’une ran-çon. 5% des otages sont libéréslorsque les ravisseurs comprennentqu’ils sont eux-mêmes en danger etpréfèrent libérer les gens.12% desprises d’otages se voient réglées parl’intervention de forces de police ouarmées. 8% des otages meurent, plusde blessures, carences nutritionnellesvitales ou maladies que d’exécution.Montant moyen de la rançon deman-dée par les ravisseurs : 1 millions dedollars (influence des séries TV occi-dentales !). 80% des victimes sontdes voyageurs professionnels depetites et moyennes entreprises nonsensibilisés au risque d’enlèvementen amont. L’Etat intervient rarementsauf pour les grands groupes oulorsque l’affaire commence à s’ébrui-

ter. 90% des cas sont résolus par desnégociateurs privés dont c’est lemétier généralement d’anciens poli-ciers des services de renseignementou forces armées. Mais pourquoidans l’Adamaoua sommes-nous réti-cents à battre le rappel des anciensofficiers dont plusieurs ont des faitsd’armes avérés dans la lutte contreles kidnappeurs et des qualificationsen négociation d’otages ? Divisions,quand tu nous tiens !

Ni la criminalité, ni le terrorismene sont des inventions camerou-naises. Mais les ripostes auxquellesnous assistons sont bien camerou-naises : parcellaires, hésitantes,attentistes, simplement déshumani-sées pour le moins qu’on puisse dire.Tenez : Que ce soit pour les cas d’en-lèvements célèbres comme ceux deJacqueline Veyrac, du petit-filsPeugeot, ou du bébé Lindbergh, ouencore lorsque sont listés les paysdangereux par la probabilité de s’yfaire kidnapper, avec d’une part : laChine et l’Inde, l’Irak, le Yémen, laSyrie, l’Afghanistan, les pays les plustouchés par le kidnapping entrenationaux et d’autre part, selon lesite Vocativ qui focalise sur le rap-port enlèvement/touriste, leMexique, L’Inde, le Venezuela, leLiban, les Philippines, la Colombie,le Brésil, le Kenya….ni ici, ni là,vous ne retrouverez pas le nom duCameroun. De deux choses l’une :soit ce phénomène sont inexistantschez nous, soit nous n’avons pas dutout pris la pleine mesure du drame.

LA RIPOSTE EST POSSIBLELa riposte au-delà de la « dénon-

ciation » des affligés est possible !Le kidnapping connait plusieurs

solutions à l’échelle de la planètedont il est aisé de s’en inspirer. Enpremier, nous avons la mobilisation.Nous avons une certaine aisancemorbide à partager sur les réseauxles photos et vidéos des morts, maisnous restons de marbre lorsque sepassent des atrocités. Nous ne com-munions pas avec les victimes, alorscomment exorciser le mal ? Et pour-tant, la mobilisation est une recettequi paye. En janvier 2014, en Italie,le corps d'un enfant de 3 ans avec lecorps de son grand-père, et celui desa compagne, sont retrouvés carboni-sés. Ce meurtre serait lié au réseaumafieux «Ndrangheta», très présentdans la région. L'évêque local, MgrGalantino, s'est rendu sur les lieux ducrime. Il a évoqué un sentiment de«colère», de «rage» et «d'impuis-sance». Quelques années plus tard, lePape François sur ses traces y revien-dra pour carrément excommunierces criminels ! Mais chez nous quefont les leaders religieux sinon regar-der chacun regarde par-dessus sonépaule ? Quand bien même ils abor-dent la question c’est pour nous nousdemander de tendre l’autre joue. EnItalie toujours, il existe une journéede la mémoire en souvenir des 900"victimes innocentes" de toutes lesmaffias quand chez nous, on croitencore en la politique de l’autruche.Se mobiliser, c’est communiquer. En2000, le reportage le Business dukidnapping sur France 2 brise lesilence sur une activité criminelledevenue un véritable secteur écono-mique. On communique ! Cet artprend bien des tournures dans detelles circonstances : information,désinformation, intoxication, dissua-sion. Dissuader c’est montrer saforce pour ne pas avoir à en servir.Et bien naïfs sont ceux-là qui croientque les « anciens » membres desgrands services tels la CIA, leKGB/FSB, le Mossad qui écriventdes livres, font des « révélations »sont vraiment des « anciens » mem-bres, et non des agents en mission.Mais ça marche ! On éduque, on

oriente ! Le corps social est dans sonensemble exsangue. Il a besoind’éducation. Qu’on ne me parle pasde « jeunes », la plupart des pillardsde ce pays n’ont de « jeunes » queleurs vigueurs exceptionnelles, côtéâges… Le terrorisme relève des ténè-bres, s’enfoncer dans les ténèbres del’omerta c’est lui donner bon ventbonne rade !

HOMMES DE COURAGEAvec la mobilisation générale,

des Hommes de courage se lèvent !Si chez nous, la peur et l’égoïsmeambiant tuent les vocations, dans lemonde, des cas comme celui du JugeFalcone nous parlent. Ce Juge qui aaffiné ce qu’on appellera plus tard la« méthode Falcone », et son ami lejuge Paolo Borsellino, ont mené unesuite de procès appelés « maxi-pro-cès » qui ont eu des résultats quidéfient les âges, notamment la for-malisation de l'existence de l’associa-tion de malfaiteurs de type mafieuxen Italie. À l'issue du procès, oncompte 474 accusés; 360 condamna-tions, dont 19 peines à perpétuité ;114 acquittements ; 2 665 années deprison cumulées par les condamnés.

Avec cela la Patrie est vraimentreconnaissante. La reconnaissanceest plus gratifiante et incitative àtous égards que l’ingratitude.Giovanni Falcone a été inhumé aucimetière de Sant'Orsola à Palerme,avant d'être transféré le 3 juin 2015dans l'église Saint-Dominique quiabrite le panthéon des célébrités sici-liennes. Jusqu’au Cameroun, la pro-motion 1996-1998 de la sectionmagistrature de l'École nationaled'administration et de magistraturedu Cameroun (ENAM) s'est donnéepour nom de baptême « GiovanniFalcone ». Mais faut-il juste êtrehomonyme sans traduire l’héritagereçu à travers le nom en actes ? Sitous les Hommes doivent mourir, ilconvient de se poser la question desavoir à quoi est ce que nous consa-crons nos vies ?

De façon opérationnelle et effi-cace, pour inciter les populations àcollaborer totalement, il n’y a pasmieux que le Programme deProtection de Témoins. CeProgramme existe aux USA depuis1970, au Canada depuis 1996, enFrance depuis 2002. Aux USA, plusde 17.000 personnes en ont profité ouen profitent encore. Personne n'a ététué ou blessé sous la protection de ceprogramme ou des US Marshals. Unautre programme qui permettrait lamaximisation de la collaboration estle programme de type Alerte-Enlèvement existant en France. Lesfrançais se sont inspiré sans honte dusystème AMBER Alert qui existe auxÉtats-Unis depuis 1996 et au Canadadepuis 2003 pour créer en 2006, ledispositif Alerte-Enlèvement.L’efficacité de ce système est telle queLe 28 août 2012, après l'enlèvementd'un nourrisson dans l'Hôpital Saint-Joseph de Marseille. Il est retrouvésain et sauf en fin de matinée, 40minutes après le déclenchement dudispositif. Ce sont les propres parentsde la ravisseuse qui ont appelé les ser-vices de police après déclenchementde l'alerte. Depuis la création du dis-positif en 2006, 22 Alertes enlève-ments ont été déclenchées en France,sur le ressort de 18 Tribunaux degrandes instances. En tout, 27 enfantsont été concernés, certaines alertesconcernant plusieurs enfants. Tous ontété retrouvés, certains pendant la dif-fusion du message d’alerte, d’autresquelques jours à quelques mois après.

POLICE SCIENTIFIQUEDans le monde entier, pour de

tels crimes, la police scientifique estmobilisée. L’exemple de Maëlys deAraujo, 9 ans, disparue le dimanche

27 août 2017 vers 3 heures du matinà Le Pont-de-Beauvoisin (Isère) estévocateur. Une semaine plus tard, unhomme de 34 ans présent sur leslieux est interpellé et écroué, destraces ADN de l'enfant ayant ététrouvées dans son véhicule.

Guérir est souvent aussi péniblesinon pire que le mal en lui-même.C’est pourquoi anticiper est toujoursmeilleur. La technologie moderneouvre de vastes possibilités de nosjours. Par exemple en Sicile il existeune application pour un tourismesans mafia. Il s’agit de couper lesvivres à la mafia, de placer la mafiasous embargo. On pourrait avoir desapplications qui permettent de retra-cer la viande de bœuf et localiser lesbœufs « propres ». De par le monde,on compte de nombreux dispositifsde suivi et de protection des enfantset des personnes dont les plus ingé-nieux sont : Spy Spot InvestigationsReal Time Live Mini Micro GPSTracker, Spy Tec STI_GL300 MiniPortable Real Time GPS Tracker, etbiens d’autres comme les minusculesémetteurs permettant une localisa-tion satellitaire que se font implanterles Hommes d’affaires, le « Natalia» qui est le nom d’un bracelet élec-tronique équipé d’une balise GPS quise connecte aux réseaux sociaux, ouencore la montre militaire tactiqueTAC25 récemment mise en ventelibre. Ils existent des assurances spé-cialisées dans la couverture des kid-nappings comme Hiscox. Le sum-mum étant l’usage des drones dontles multiples adaptions possibles peu-vent permettre de localiser de jourcomme de nuit les terroristes, de sau-ver des vies tout en épargnant cellesde nos forces de défenses. La traçabi-lité de l’argent. C’est en observantles comportements de « nouveauxriches » flambant quelque peu tropde l’argent qu’Interpol a fini pararrêter Pierre-Marie Larcher etRobert Rolland, les deux kidnappeursdu petit fils Peugeot, tout commec’est en « piégeant » les billets de larançon que Bruno Hauptmann, leravisseur du bébé Lindbergh estretrouvé. Redéfinir les missions desAgences gouvernementales tellesl’ANIF et même en créer d’autressont de mise. Et, même les formesd’autodéfense ont évolué. C’est ainsiqu’au Mexique, les populations har-celées par les kidnappeurs et aban-données par les autorités se sontretrouvées obligées de prendre leurdestin en main en créant des comitésd’autodéfenses. Elles y ont ajoutéedeux originalités majeures :Premièrement, ces comités d’autodé-fense kidnappent à leur tour lesparents des kidnappeurs et de leurscomplices. Deuxièmement, ellesusent abondamment des NouvellesTechnologies de la Communicationpour fustiger le laxisme coupable desautorités et matraquer psychologi-quement les kidnappeurs. La terreurchange ainsi de camp.

Ces états de fait interpellent auplus haut chef notre humanisme,c’est-à-dire notre rapport à l’humain,aux valeurs de l’humanité. En effet,on peut observer que plusieurs typesde camerounais apparaissent : untype de citoyen terrorisé et aux aboisaux côté d’un camerounais froid, cal-culateur, cynique, ne réagissant quepar à coup avec dans l’espoir de «retombées » personnelles, tandisqu’autour des deux gravitent impuis-sants des camerounais qui portent ledeuil de leurs semblables auprèsd’une classe sociale et politique dés-humanisée, telle une mère qui assisteimpuissante à la mise à mort et à laripaille de la dépouille de son enfantpar un charognard.

Notre défaut d’humanisme nousrenvoie en plus des calculs égoïstes, etmesquins à ne rechercher que des

solutions militaires, toujours mili-taires et essentiellement militaires!Comme si toutes les solutions auxdérives sociales ne trouvaient leurssolutions que dans le noir trou descanons. Comme si une frange du peu-ple ne se devait d’avoir comme inter-locuteur que le bidasse tandis qu’unclub sélect se laisse porter aux nuesdes nominations opportunistes. Al’Extrême Nord, on rappelle l’Armée!Au Nord-Ouest et Sud-Ouest, pareille! Dans l’Adamaoua, le Nord, et l’Est,on ne pense qu’aux renforcements deseffectifs…Mais quand survient descatastrophes routières et ferroviaires,nous sommes désemparés ! AuCameroun, on est statique, tout est «stable ! ». Il n’y a qu’à voir la déli-quescence de ces check-point placés lelong des routes suite à la menaceBoko Haram. Rien n’évolue, toutrégresse au contraire. Des bouchonsincroyables créées, personne ne s’estjamais rendu compte que les forces dedéfenses et de sécurité créent degrands pôles de cibles statiques enimmobilisant au même endroit descentaines, voire des milliers de per-sonnes en pleine brousse et ceci sansappuis tactique, sans détecteurs d’ex-plosifs, ni secours sanitaire. On n’enprend pas garde tant que certains peu-vent « faire le contrôle » à 2000 fCFA le défaut de CNI ! Bien entendu,depuis lors, aucun Maire n’a comprisqu’il devait y construire des toilettespubliques.

ROYAUME DIVISÉUn royaume divisé contre lui-

même ne peut prospérer.Mais alors que fait l’ensemble du

corps social ? Dans l’Adamaoua,nous avons quelques réunions tenuesà mille lieux des foyers de crise. Uneoriginalité n’est-ce pas ? En situa-tion de crise, on voit les uns et lesautres rentrer tout au moins au ber-cail pour se réunir. Mais pourl’Adamaoua, ça se joue à Yaoundé !Quand les « élites » de l’Adamaouase réunissent à Yaoundé pour traiterdes problèmes gravissimes de sécu-rité dans leur Région d’origine, alorsde deux choses l’une : soit ces « élites» sont de parfaits poltrons qui neveulent même pas prendre le risquede se faire kidnapper à leur tour, soitces « élites » confirment leur décon-nection du peuple. C’est dire que desHommes meurent, sont torturés,broyés avant d’être libérés contreforte rançon. Des milliards sont per-dus, des biens volatilisés, mais ceuxqui se prévalent d’être des « élites »ne sont même pas capables de venirun tant soit peu aux chevets despopulations, mais restent tout prèsdu Prince pour éventuellement, àl’instar de leurs homologues « anglo-phones » grappiller quelques postes.Il faut que l’héroïque Maire de Belelabandonne ses populations afin de sefaire écouter par les pontes ? De quoicouler des larmes en effet ! Celas’appelle au bas mot du mépris, sinondu mépris souverain ! D’une éradica-tion d’un fléau, tout le monde, lespolitiques en premier, les militairesen second et quelques opportunistesen font une « entreprise de la guerre». Alors on peut se demander dansl’Adamaoua, c’est une riposte qui esten gestation ou alors c’est un étal deplus pour les businessmen de laguerre qui est ouvert ? C’est vrai quele peuple en est au désespoir, mais onpeut aussi se demander commentvoulez-vous qu’on fasse subitementconfiance à des gens qui ne se sontjamais gêné, pire, qui n’ont toujourseu qu’indifférence aux problèmes dela base quand ils ne sont pas les adju-vants de ces problèmes comme avecleurs « couvertures » offertes auxorpailleurs chinois ? Devons-nousnous confier à des gens qui après cin-quante ans sont en plein dans l’obso-

Pierre Hervé Madougou Yagong, xxx.

Insécurité : Notre humanisme interpellé

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D é b a t s & o p i n i o n sL’OE I L DU SAHELN°1173 du lundi 28 janvier 2019 11lète et pour qui le terme « renouvel-lement » relève du blasphème ?Frappé par le diable, on se confieraitaux démons ?

On peut résumer la montée de lariposte de ces derniers jours en cinqactes. Acte 1: Sortie héroïque deMonsieur le Maire de Belel. Acte 2 :le Gouverneur de la Région del’Adamaoua convoque une réunion àcet effet dans ses services àNgaoundéré. Acte 3, le Vice-prési-dent de l’Assemblée Nationale, mem-bre du Bureau politique du Parti aupouvoir préside une réunion des «élites de l’Adamaoua » à Yaoundé.Acte 4, une délégation des « élites del’Adamaoua» rencontre le Ministrede l’Administration Territoriale àYaoundé. Acte 5, et apothéose, leChef de l’Etat se prononce pour lapremière fois sur la gravité de lasituation sécuritaire dansl’Adamaoua à Yaoundé.

Le véritable problème avec tousces actes est qu’ils sont émaillés debout en bout par cette politique d’ex-clusion, de particularisme qui minel’Adamaoua. Il n’y a pas d’union ducorps social. Il n’y a pas de rassem-blement des ressources, chacun s’enva avec ses clercs et autres partisansjouer au très concerné. C’est ainsiqu’on constatera que tandis que leMboscuda et l’Apess donnent de lavoix, les associations affidées auxintérêts égoïstes et carriéristes decertaines « élites » gardent un silenceeffarant. Et pourtant c’est tout lecorps social qui est broyé ! Quand unmembre d’une communauté ou unpan d’activité aussi vital que le sec-teur primaire est foudroyé, il n’y apas de « tout particulièrement » quitienne. Au début, on avait cru qu’enescortant « tout particulièrement »les riches bergers, on s’en sortirait.Mal nous en a pris ! Alors prenonsdonc « tout particulièrement »conscience des accablements des unsen ignorant ceux des autres, et il n’yaura pas meilleure façon d’aller aupire. A l’irréversible même. Il vautmieux se mobiliser contre le phéno-mène dans sa globalité que de semobiliser pour des cas particuliers.

UNIS FACE À L’HORREUREn effet, plus un cas particulier

s’ébruite, plus les enchères s’élèventet/ou les vies des victimes sont endanger. Tout le monde doit être uniface à l’horreur. La leçon desRégions « anglophones » ne portevisiblement pas. Les solutions neviendront plus de ces seules « élites »qui sont en divorces intellectuel etaffectif consommés avec leurs baseset leur temps. Les solutions doiventêtre travaillées ensemble, dans unegrande synergie, indépendammentdes tribus, des professions, des reli-gions, ou des chapelles politiques etautres. Comprenons une fois pourtoutes que ces « élites » ne sont pasreprésentatives de la population àl’exclusivité des autres membres ducorps social ! Les artistes, les intel-lectuels, les religieux, les associa-tions de la société civile, les concer-nés devraient être muselés parce quedes « élites » qui résident à Yaoundése disent en « conseil de guerre » ?

Il a été admis qu’«à menace glo-bale, riposte globale ! ». Cependant,au Cameroun, on peut à juste titre seposer la question de savoir pourquoides ripostes sont si pleines d’ater-moiements, éparses, incohérentes,incomplètes? On résoudra la questionmilitaire, mais nous n’envisageronspas l’aspect pénal, ou socioécono-mique. On peut remonter et se poserla question de savoir si la menace amême été bien identifiée ?

Dans les années 1980, si ce n’estdepuis la nuit des temps, est apparule phénomène des « coupeurs deroutes » dans le septentrion. Lesmobiles identifiés alors par les mili-taires de terrain étaient entre autresle financement des rebellions dansles pays voisins. C’est-à-dire que,d’un les « coupeurs de routes »n’étaient pas toujours de vulgairesbandits à la tire, mais des soldats de

fortunes, entrainés, et capable derompre ou d’engager le combatcontre nos forces de défense. Aprèsune lutte acharnée de l’ensemble desunités de l’Armée, un corps spécial aété mis en place à la fin des années1990, le BIL qui deviendra le BIR denos fiertés. Moins remarquable, il y’aeu la création des services de trans-ferts d’argent et la création de fortesconcentrations démographiques lelong de la nationale n°1 qui ont jouéssur la baisse drastique de ce fléau. Ilnous a donc échappé que la grandecriminalité, tel un virus dispose d’une« intelligence » lui permettant d’opé-rer des mues. Elle a donc le plusnaturellement opérés une mue sousnos yeux aveuglés par les bottes mili-taires.

Et pendant que cette mues’opère, qu’est-ce que vous entendezcomme solution-miracle de la partdes autorités administratives, mili-taires et reprise en chœur par les «élites » ? « Il faut que les populationscollaborent !». A cette rengainedépassée, et déphasée, l’on peutrétorquer : « Il faut que les élites ettoutes les administrations collabo-rent avec et pour les populations! ».Vous préconisez la même et seulesolution pendant plus de quaranteans face à un phénomène qui mute ?Le kidnapping reste et demeure unesorte de sangsue qui se nourrit dusang de ses victimes. Plus vouspayez, plus le monstre devient fort etglouton. C’est la douloureuse expé-rience qu’ont vécu les responsablesdu collège presbytérien de Nkwen àBamenda. Ils ont payé 2,5 millionspour la libération de 11 élèves le 31octobre 2018, pour se retrouver cinqjours plus tard avec 79 élèves et troismembres du staff kidnappés ! Unefois de plus, ils ont cédé. Plus unpays, une communauté ou une classesociale paye, plus ils sont ciblés.

C’est pourquoi il faut toujourspenser à lever le bouclier face auxsurenchères qui naissent de l’appâtdu gain. Il est aisé de basculer d’unesituation de crise à une situation dechao absolue dont les pays commeMadagascar, le Mexique, laColombie nous présentent les diffé-rents paliers de chutes avec commeabysses la Somalie. Disposant déjàd’une population urbaine compre-nant 57,3% de personnes vivants endessous du seuil de pauvreté,l’Adamaoua va connaitre commec’est le cas, une forte hausse de l’in-sécurité urbaine avec les déplacésdes campagnes.

CONFIGURATION GÉOPOLITIQUE

La configuration géographiquede l’Adamaoua avec ses reliefs et sesforêts galeries sans couverture dedrones, la disponibilité des protéines,d’eau en brousse et la multitude depharmacie clandestine favorise lesrazzias des bandes armées. Leurséclosions et leurs progressions sontaussi favorisées par le stress démo-graphique couplé à un accueil pour lemoins catastrophique à bien deségards des réfugiés centrafricains, lapauvreté, le chômage, l’analphabé-tisme, les changements socio-cultu-rels liés aux rapports à l’argent etaux standards de vie. Surtout que lescommunautés locales tout comme les« Karanes » à Madagascar font l’ob-jet d’un ciblage des kidnappeurs ontdes points en commun. Ce sont descommunautés fermées au sein des-quelles émergent quelques individusdans des économies où les popula-tions vivent avec moins de deux dol-lars par jour. Le caractère « fermé »de ces deux communautés ne jouepas en leurs faveurs : il peut leurarriver malheur, et donc à la sociétésans que personne ne sache rien. Si lekidnapping est une source de revenusfinancier, il est aussi un moyen deréécrire la structure sociale dans lecas des communautés à structurespyramidales.

Ainsi, plus de 2,1 milliards defrancs CFA de rançons payées entre2015 et 2018 pour 311 personnes

prises en otage, dont 29 ont été libé-rées suite à l’intervention des forcesde défense et des comités de vigi-lance. 212 otages ont eu leur libertécontre rançon selon le Mboscuda.Plus de 4000 déplacés sur la période2016-2017. Plus de 8000 bêtes per-dues avec un équivalent de plus dedeux milliards en pertes sèches. Unedécote de 40 % sur le prix du bétail.Quand on apprend d’un rapport duministère camerounais de l’Elevage,des Pêches et des Industries animales(MINEPIA), qu’à l’Extrême Nord, lesecteur de l’élevage paye le pluslourd tribut de la guerre contre BokoHaram, avec des pertes estimées à54,8 milliards de francs CFA autotal depuis 2013, en additionnant,on comprend que la côte d’alerte estlargement dépassée. Peut-on essayerde visualiser l’impact de l’effondre-ment socioéconomique du secteurproductif primaire dans une zonetelle l’Adamaoua où la proportion detravailleurs pour son propre compteet de travailleurs familiaux dans lapopulation est de 89,1% ?Autrement dit l’écrasante frange dela population est foudroyée ! Ceschiffres malgré leurs « froideurs » nepeuvent taire les cris et les spasmesd’agonies de nos frères étranglés ouéponger leurs sangs injustement ver-sés par des mains impures. Bien aucontraire, ils trahissent une déconfi-ture à nulle autre égale du corpssocial. Malgré tout, il n’est pas dutout exceptionnel de rencontrerquelques camerounais qui soutien-dront mordicus que le pays est en«paix !», que « tout va très bien ! »,encore que d’en haut on trouve lasituation « stabilisée ». Mais que decauchemars se cachent derrière cesbelles litotes !

SE METTRE AU TRAVAILToutes choses qui nous poussent à

interroger l’humain qui est censéhabiter en nous. Que faisons-nous denotre humanisme tout au moins ?Des Hommes peuvent-ils crever dansune telle indifférence ?

Notre humanisme nous pousse-rait à nous mettre résolument au tra-vail. Cette situation de crime orga-nisé et de guerre asymétrique quetraverse l’Adamaoua, nécessiteimpérativement une intervention dela police scientifique! En effet,quelles enquêtes scientifiques postmortem sont appliquées ? De quellebase de données disposons-nous sixans après l’ouverture des massacresà ciel ouvert ? Nous avons assistéimpuissants aux assassinats iniques àDir et dans quelques autres localités.En Occident, la société révulséeaurait parlé de « charnier », maischez nous, ce fut un silence tombal.Avec quelles techniques les assassinssont venus à bout de ces neuf compa-gnons d’infortunes ? Les assassinsont-ils laissé des indices, des « signa-tures » ? Il y’en a toujours, sauf queRIEN n’a été fait pour en trouver!On aurait pu avec la police scienti-fique classifier les modes d’exécutiondes victimes, dresser le profil psycho-logique des assassins, et résoudrebien des problèmes par l’anticipation! Mais il n’y a qu’au Cameroun oùl’on peut kidnapper 79 personnes enpleine ville, exiger des conditions etles obtenir, libérer ses otages sansêtre identifier ! Tant que les preneursd’otages obtiendront gains de causesaussi facilement et impunément, ilsse multiplieront comme des virusdans un bouillon de culture. On peutalors se retrouver avec des cas redon-dants comme celui qu’à endurer lecapitaine des Grean Eagles qui a vuson père kidnappé en 2011 et en2018. On signale un meurtre, onsignale un charnier, que se passe-t-il? Les administrateurs et les politi-ciens appellent la presse dans leursbureaux climatisés et affirment être« mobilisés !», les Procureur restentbien au chaud loin des tracasseries,les médecins légistes sont aux abon-nés absents, Les officiers se plai-gnent subitement de ne pas avoir ce «carburant » ou cet « effectif » qui ne

leur manquent jamais quand il fautfaire escorte aux orpailleurs chinois.A cet effet, il faut rendre son honneurà l’Armée ! Elle n’est pas une sociétéde gardiennage, mais le bouclier dela Nation ! Comment peut-on espérerune amélioration de la situationsécuritaire dans de telles conditions?De même compte tenu des fortespressions qui s’exercent sur les éle-veurs, les méthodes du HCR doiventêtre interrogées. Comment compren-dre que les réfugiés présentent unecaractérisation bien originale ? Oncompte en effet dans le Mbéré enmajorité des Mbororos (56,5%) puisdes Fulbés (37,7%) et des Gbayas enfaible nombre (1,4%) dans leursrangs. Comment avons-nous faitpour nous retrouver avec cette confi-guration, et quels en sont les impactsquand on sait que plus de 94,2% sontproches de l’élevage et qu’ils vien-nent avec leurs troupeaux ?

27 000 ARMES À FEU Quand on sait que plus de 27 000

armes à feu circulent sur le territoirecamerounais pour moins de 3 800autorisations, on peut conclure aisé-ment que nous sommes assis sur unevéritable poudrière. Au Cameroun,l’affairisme devient une bienfâcheuse tendance. De la « déradica-lisation » des combattants de BokoHaram dans l’Extrême Nord à lagestion de la crise anglophone, toutdevient une stratégie de business.L’Adamaoua y échappera-t-elle ?Difficile de le croire.

Un peu d’humanisme nous feraitmettre en place des cellules interdis-ciplinaires. Le fléau est multisecto-riel et appelle à des compétencesmultiples. Il faut pouvoir les conju-guer afin d’élaborer par exemple unstatut de « victime » de kidnappingmettre en place un ensemble de trai-tements qui vont du suivi psycholo-gique aux réparations financières etmatérielles en passant par le simpleétablissement d’actes de décès et decertificats de genre de morts en casde trépas des malheureuses victimes.

Un peu d’humanisme nous feraitcomprendre qu’une riposte transna-tionale s’impose. Avec entre autresun système de traçabilité du marchéà bétail. Ils existent souvent descomplicités les plus inattendues.Celles du sorcier et du « guérisseur »par exemple. De même pourraientexister des complicités entre lesravisseurs et les négociants de bœufs.Des centaines de milliers de bœufs nepeuvent pas s’évanouir comme çadans la nature ! Chaque consomma-teur où qu’il se trouve, au Gabon, auCongo, en RCA, au Tchad, au Nigeriaou au Cameroun doit être rassuré dufait que le morceau de viande qu’ilconsomme n’est pas celui d’un bœufissu du kidnapping. Chaque consom-mateur doit avoir la pleine assurancede ce qu’il ne fait pas recette aux ter-roristes.

Quand on se laisse agir par l’hu-manisme, on construit des alterna-tives au chômage et on veille à ce queles propriétaires de bœufs traitentavec humanité et justice leurs ber-gers qui bien souvent se payent surces kidnappings. Un peu d’huma-nisme nous met au travail véritableet non autour de ces « plans d’ur-gences » fantômes.

Quand on a de l’humanisme, onprend conscience des rouages ducrime organisé, on assume et on agiten conséquent. Quand on a de l’hu-manisme, on se dresse contre l’infa-mie, contre la terreur ! Un huma-nisme affine ses méthodes d’en-quêtes. Quand on a de l’humanisme,on crée des symboles forts. Quand ona de l’humanisme, on anticipe àdéfaut de s’ajuster! Combien d’asso-ciations se jettent dans la mêlée ?Existe-t-il d’associations des vic-times ? Un humanisme compatit etse mobilise ! Quand on est huma-niste, on recherche des solutionsdurables !

Un réaménagement juridiquepermanent s’impose afin d’ajuster lesmailles de la justice aux évolutions

de ce type de crime. En effet, à côtédu kidnapping classique, on retrouveplusieurs autres formes de kidnap-ping dont les kidnappings dit « vir-tuel » et « express » qui passent sou-vent pour des « fraudes » ou du « vol». Il existe aussi un kidnapping quel’on peut dire de « compensation ». Ilest fréquent dans les zones où desmultinationales investissent, détrui-sent l’environnement, réduisent lesavoirs des autochtones sans réaliserdes investissements au profit despopulations locales.

Le monde entier a salué la miseen œuvre du Processus de Kimberleyqui certifie les diamants « propres »opposés aux diamants de guerre oudu sang. Il nous faudrait une telleinitiative afin de contrôler lessources de financements des politi-ciens et autres Hommes d’affaires dela sous-région.

Intelligence. Visiblement nousavons quelques soucis avecl’Intelligence. Dans les pays dits évo-lués, un tel phénomène s’installeraitsurtout avec de fortes présomptionscontre des étrangers que les servicesde renseignements seraient immédia-tement pointés du doigt. Nos servicesde renseignements gagneraient àdépasser le cadre basique et obsolètede police politique pour devenir desservices d’Intelligences. Destructiond’armes. Il y’a une très forte circula-tion d’armes à feu dans la sous-région et cela s’est empiré depuis quela Libye est devenue un arsenal éven-tré. Mais assiste-t-on à des destruc-tions d’armes par les autorités de lasous-région ? Il est visiblement plusaisé de détruire les médicaments decontrebande que de détruire desarmes à feu. Absorber de nouvellescompétences. Le kidnapping pareffets induits, crée tout au moinsdeux types de métiers, ceux de négo-ciateur et de médiateur. En comp-tons-nous ? En formons-nous ? Sioui, sont-ils sur les théâtres d’opéra-tions ?

CONFÉRENCE SUR L’INSÉCURITÉ

Plusieurs solutions existent dansle monde, et plusieurs autres peuventêtre conçues, imaginer, inventer cheznous à partir de nos réalités, de nosmoyens et de nos objectifs. Pour enarriver à des grands plans tel le planAlerte-enlèvement, le programme deprotection des témoins, ou encoreconcevoir ou vulgariser des méthodestechnologiques et techniques, il estde bon ton qu’une conférence sur l’in-sécurité se tienne et rassemble à lafois diverses compétences et diverstypes d’agressés par ce fléau. Uneconférence nous permettrait de par-tager l’expérience de S.M MohamanGabdo Yaya, Lamido de Banyo, leseul département épargné par cefléau dans l’Adamaoua, et surtout sarecette miracle qui semble être lasynergie d’actions. En effet, celui quiqui confiait à la presse que « Tout lemonde est impliqué dans la vie de lacommunauté. Car, si les prisesd’otages commencent, nous seronstous perdants, moi le Lamido, leriche éleveur, l’agriculteur moyen, lajeune fille ou la mère. La paix estplus importante » a certainementbeaucoup à nous apprendre. Sanscette approche incluant tout l’ensem-ble du corps social, nous sommesdéconfits.

Pour une zone affligées par les «oublis » du développement, avec desvillages et des populations royale-ment ignorés par les projets gouver-nementaux, délaissées sinon matra-quées par les « élites », avec desécoles qui laissent à désirer quandelles existent et sans hôpitaux, etencore moins d’activités écono-miques ou ludiques, même pas del’eau potable dans la Région « châ-teau d’eau du Cameroun » il est dif-ficile de lui imaginer une survie avecces kidnappeurs en plus sur le dos.Ne l’oublions pas, l’appétit venant enmangeant, le pire est à craindre deces terroristes d’autant plus que leterreau est fertile.

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M e s s a g e L’OE I L DU SAHEL N°1173 du lundi 28 janvier 201912