pour les écoles d’architecture - infociments : la base ... ·...

COLLECTION

TECHNIQUE

C I M B É T O N

Cahier des modules de ConférenCe

pour les éColes d’arChiteCture

B90C

conférences : béton, architecture,performances et applications

c o n c e v o i r e n b é t o n , m at i è r e e t t e x t u r e

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C O N C E V O I R E N B É T O N

M A T I È R E E T T E X T U R E

> CONF Matieres:0-B Perf Module 7 - 8/11 11/12/09 10:48 Page 1

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Le béton est un matériau composite par nature. De ce fait il permet

de développer un travail approfondi sur l’apparence de son parement.

Il peut offrir un aspect rugueux ou lisse voire poli comme une surface

de verre. Techniquement, les traitements qui lui sont appliqués se

répartissent en trois familles : le travail de l’empreinte, les traitements

chimiques et les traitements mécaniques. Ils peuvent être réalisés soit

pendant la période de coulage du béton soit après une période

d’attente plus ou moins longue lorsque le béton a durci. Enfin, la cou-

leur du béton peut varier du gris aux couleurs les plus soutenues jus-

qu’au blanc le plus pur. Le choix des composants, sables ciments et

granulats, leur dosage associés aux différents traitements de la surface

génèrent une palette très large d’aspects et de teintes.

Avant-propos

> CONF Matieres:0-B Perf Module 7 - 8/11 11/12/09 10:48

1. L’empreinte 6

Texture de la banche 6

Relief 7

Incrustations, incorporations 10

Brut de décoffrage 11

Béton projeté 14

Traitement en dessus de moule 15

2. La matière révélée 16

Traitements chimiques 16

Traitements mécaniques 17

Les bétons polis 19

3. La couleur 23

La peinture 23

La lasure 24

La teinte dans la masse 26

Le béton blanc 30

Sommaire

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Texture de la banche

Tout en remplissant sa mission constructive, lebéton est le support direct de l’expression plastiquesous de multiples formes. Il restitue dans son appa-rence finale les pressions exercées dans sa matièreau cours de son processus de formation ; il conservela mémoire du moule qui l’a généré : « le béton,sorti du décoffrage, est tout vibrant de ces sortesde cannelures que lui impriment les planches deson moule » déclare Auguste Perret (cité par Zahar,D’une doctrine d’architecture, Paris, Vincent, Fréalet Cie, 1959 pp.34 et 35). L’architecte peut ainsitravailler l’esthétique de sa paroi tout en la rensei-gnant du procédé de formation. Il définit les traces

du coffrage, il orchestre l’agencement des plan-ches pour calepiner sa façade. Les empreintes qu’ilchoisit affirment la volumétrie, soulignent les pro-portions des surfaces, structurent et hiérarchisentles éléments de la paroi.

Pour les archives municipales et le nouveau centreculturel Saint Marc à Tolède (ville classée au patri-moine mondial de l’Unesco) le béton utlisé parl’architecte Igniacio Mendaro Corsini permet unelecture évidente des parties neuves et anciennes.L’aspect de surface et la couleur du béton tissentdes liens avec la brique et la pierre de l’ancienneéglise du couvent Saint Marc qui a été conservéeet intégrée dans le nouveau projet.

La pression exercée par la banche permet aussid’accéder à l’abstraction, comme le montre TadaoAndo au Show Room Armani, à Milan. À la maisonKoshino, il donne une légère ondulation au cof-frage des murs, ainsi la lumière zénithale rasantemet en relief la perception de ces décalages. Ces

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C O N C E V O I R E N B É T O N – M A T I È R E E T T E X T U R E

1. L’empreinte

Musée des Travaux Publics,Paris, A. Perret.

Archives municipales et centre culturel Saint Marc, Tolède, I. Mendaro Corsini.

Show Room “Teatro Armani”,Milan, T. Ando.


empreintes très sensibles s’accompagnent du cale-pinage des panneaux de contreplaqué du coffrageet du rythme des trous des écarteurs de banches.La ponctuation de ces traces constructives est sou-vent utilisée pour souligner la géométrie des paroisou des volumes. Les architectes Frédéric Schoelleret Isabelle Richard développent un travail demême nature dans leur projet pour la maison S àCarantec, où un grand mur de béton brut révèle unespace double hauteur. Les très légères ondula-tions de sa surface proviennent d’une déformationmaîtrisée des coffrages en bois finlandais. Le pare-ment et le léger mouvement accrochent la lumière.

Relief

Les possibilités sculpturales du matériau sont aussiexploitées. Le Corbusier ponctue les grandesfaçades de ses unités d’habitation de sculptures enbas-reliefs qui organisent les surfaces avec lespercements et les traces constructives du coulage.Des mannequins en boisplacés dans le coffrage luipermettent par exemple dedessiner l’empreinte duModulor sur un mur enbéton brut de l’Unitéd’habitation de Marseille.Le plan-masse de l’ensem-ble de 55 logements « LesJardins d’Harmony », àMontpellier conçu par lesarchitectes Wilfrid Bellecouret François Barberot, secompose de trois bâtimentsplots posés sur un socle en

béton architectonique. Ce socle dit en « béton pois-son » s’étire parfois jusqu’aux toitures, envelop-pant l’immeuble d’une peau claire striée,soulignant sa verticalité et son côté sculptural. Lesstries horizontales en creux sont formées par plu-sieurs épaisseurs de planchettes en contreplaquéposées en fond de banche. Le béton est désactivéet lavé. La ressemblance du motif obtenu avec unbanc de poissons a conduit les architectes du site àle surnommer le « béton poisson ». Le choix desgranulats, légèrement beige, donne à ce béton une

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MaisonKoshino,T. Ando.

Maison S, Carantec, I. Richard et F. Shoeller.

« Les Jardins Harmony » (55 logements),Montpellier, W. Bellecour & F. Barberot.

Unité d’habitation,Marseille,

détail “Le Modulor”,Le Corbusier.


belle teinte bistre. L’exigence de l’architecte étaitaussi de rapprocher les lignes creuses les unes desautres pour rythmer l’ensemble et rendre un effetplastique soigné et harmonieux.

Au-delà du recours à de simples moules en bois,les architectes explorent et exploitent d’autres pis-tes. Par exemple, pour l’auditorium du Pôle cultu-rel d’Alforville, Jean-Philippe Charon et ThierryRampillon obtiennent un jeu de plissements aléa-toires en appliquant des feuilles de polyane sur lesbanches de coffrage métalliques

Pour les matrices ou les coffrages, les architectesdisposent aussi aujourd’hui de matériaux nouveaux.Ceux-ci sont bien adaptés aux courbes comme aux

grands creux et restituent un foisonnement dedétails. Les mousses ou élastomères de polyuré-thanne et les polymères aux silicones sontemployés au même titre que le caoutchouc pourréaliser des matrices de reproduction. Le choix estsurtout dicté par le nombre de réemplois et lacomplexité du démoulage. La complexité desmoules qui ont permis la réalisation des copies deschevaux de Marly est un exemple extrême despossibilités des nouveaux matériaux de coffrage.

Les matrices, disponibles sur catalogue ou créées àla demande, permettent d’obtenir une infinievariété de motifs. François Noël utilise des pan-

neaux préfabriquésen béton brut repro-duisant un motif degalets pour marquerla présence des cagesd’escalier dans unimmeuble de loge-ments à Saint-Dizier.

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Pôle culturel, Alfortville,Charon & Rampillon.

Chevaux de Marly.

Vue d’un panneau réaliséen usine de préfabricationavec une matrice.


Aux « Champs Libres » le Nouvel ÉquipementCulturel (NEC) de Rennes Christian de Portzamparcutilise des panneaux de béton préfabriqués qui rap-pellent par leur teinte et leur texture le granit rosede Bretagne. Pour la patinoire de Montpellier,Chaix et Morel dessinent de grands panneaux pré-fabriqués bleus qui évoquent la glace (motif obtenuavec une matrice réalisée à partir d’un contre-moule métallique).

Le centre bus de Thiais conçu par EmmanuelCombarel et Dominique Marrec (ECDM Architectes)montre le potentiel offert par les bétons aux archi-tectes pour réaliser de nouveaux types de pan-neaux préfabriqués. Le projet naît de l’idée d’uneconstruction qui semble avoir grandi en soulevantle bitume – un volume sobre juste animé parquelques éléments colorés reprenant les teintesfranches et vives habituellement utilisées pour lesmultiples enseignes voisines. L’ensemble dubâtiment est habillé d’une peau de béton fibré àultra-haute performance. Le BFUP s’est imposé trèsvite, pour ses caractéristiques physiques mais aussipour sa plasticité et sa capacité à reproduire unesérie de petits picots en surface qui focalisent l’œilet offrent un aspect proche des briques « Lego ».

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Logements, Saint-Dizier, F. Noël.

Centre bus RATP, Thiais,E. Combarel et D. Marrec.

Patinoire, Montpellier, Philippe Chaixet Jean-Paul Morel.

Équipement culturel « Les champs libres »,Rennes, C. de Portzamparc.

Fabrication des panneauxde façade du Centre bus

RA P de Thiais.E. Combarel et D. Marrec.


Cette matière ne nécessitant aucune armature,ni ferraillage, elle a permis de réaliser de grandspanneaux de 2 x 3,5 mètres en seulement 3 cmd’épaisseur. Les pastilles de 7 mm d’épaisseur, de24 mm de diamètre et espacées de 12 mm, quianiment les panneaux, ont pu voir le jour grâce à lacomposition du béton fibré à ultra-haute perfor-mance, dont les particules les plus grossières sontcelles du sable de 0,6 à 0,8 mm de diamètre.Lorsqu’on observe ce bâtiment, la précision de laréalisation est frappante. Il apparaît comme unesculpture minimaliste, avec ses aplombs et sesarrondis parfaits, ses coupes franches, ses piècesde verre coloré qui viennent combler des vides quisemblent creusés au millimètre dans la matière.Les panneaux sont accrochés à la structure clas-sique du bâtiment.

Si le relief peut être créé dans la masse du maté-riau, il peut aussi être le fruit d’un travail sur l’épais-seur de la paroi par un contrôle de la texture et sur

l’organisation des effets de lumière sur les surfaces.Henri Ciriani, à l’Historial de la Grande Guerre dePéronne insère des cylindres de marbre portantombre sur la surface lisse des façades de bétonblanc selon une géométrie diagonale.

Incrustations, incorporations

Le béton se prête aux incrustations de naturediverse. Des élèves de Ciriani, Béthegnie et Leclair,reprennent le principe développé à Péronne en letraitant sous forme d’incrustation pour leur projetde laboratoire du CNRS sur le campus Orléans-la-Source. Au gymnase Jean Mollier de Villeurbanneconçu par Christian Drevet, les trous laissés par lesécarteurs de banches sont remplis par des joncstranslucides d’altuglass traversant les murs. Il enrésulte sur les murs en béton brut, une constella-tion de points disposés en quinconce. La nuit, l’é-

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Laboratoiredu CNRS,Orléans,

Bethegnieet Leclair.

GymnaseJean-Mollier,Villeurbanne,C. Drevet.

Historial de la grande guerre, Péronne, H. Ciriani.


clairage intérieur qui diffuse à travers les joncsanime les murs d’une multitude points scintillantsles transformant en source de lumière. Lorsque lesoleil caresse les murs un effet identique se produità l’intérieur de la salle. La masse animée et chan-geante des parois donne au lieu et au matériau unedimension poétique inhabituelle.

Les incrustations peuvent être aussi plus impor-tantes car il est possible de mettre en place en fondde moule des éléments de dimension variable :pierres, galets, silex, etc. Ces éléments serontdégagés par l’enlèvement du mortier fin en surfacegrâce à des techniques mécaniques ou chimiques.Leurs formes doivent permettre un bon scellementexcluant principalement les formes plates et allon-gées. Leurs caractéristiques techniques doiventêtre compatibles avec les performances méca-niques du matériau et ils ne doivent pas être alté-rés par la réaction chimique lors de la prise dubéton. À Trébeurden, Jean Guervilly utilise ce pro-cédé pour obtenir un béton de granit gris sombresur les loggias contrastant avec la surface blanchedu bâtiment de la maison de retraite. Selon la

nature et la porosité des éléments que l’on sou-haite associer au béton, pour éviter la remontéede laitance à la surface, il est parfois préférable deprévoir des réservations dans le moule puis demettre en place les éléments. À l’espace culturelAndré Malraux de Chambéry, ce principe d’en-châssement est générateur de la façade de l’édi-fice. Mario Botta caractérise ses parois en incluantdans le béton brut des lits de pierre de Savonières.Le béton est gris et homogène contrastant aveccette pierre veinée et colorée.

Béton brut de décoffrage

Les architectes ont très tôt cherché à dévoiler lebéton brut. Il est ainsi présent dès 1905 dans unimmeuble d’habitation d’Henry Sauvage et on letrouve à partir de 1930 dans le travail de LeCorbusier et Pierre Jeanneret. Les piliers du pavillonsuisse à la cité universitaire de Paris sont traitésdans cet esprit, dans la continuité du sol et des fon-dations. Les architectes utilisent à leur manière lespotentialités du béton. Ils admettent les caractéris-tiques du matériau et programment les imperfec-tions par un travail complexe sur les coffrages. LeCorbusier dit alors que, « l’architecture, c’est avecdes matériaux bruts établir des rapports émou-vants » (Vers une architecture, Arguments p. XIX,éd. Crès et cie, Paris, 1923).

Implanté dans l’îlot de la Paix, le nouveau muséedu Pays de Sarrebourg participe à la rénovation età la réhabilitation d’un quartier devenu vétuste etobsolescent. Du point de vue urbain, la volumétriegénérale de l’édifice est marquée par trois chaisqui s’inscrivent dans le tissu existant et viennentdessiner une place calme en cœur d’îlot agrémen-tée d’un bassin. Fondatrice du projet, l’idée deschais est née de plusieurs éléments. Première-ment, l’architecte souligne combien les pignonsparticipent à l’identité du paysage urbain deSarrebourg. Ensuite, il précise le point suivant :« Situé en ZPPAU, le projet doit obligatoirementavoir une toiture, mais je ne voulais pas la traiter defaçon pittoresque. Les chais se réfèrent aux grandesfermes lorraines qui se trouvent dans la région. »

Le nouveau bâtiment présente deux façades sur laville. À l’ouest de l’îlot de la paix, les chais dressentleurs trois pignons dessinés à l’échelle du quartierqui s’inscrivent comme des éléments familiers dupaysage urbain. Recouverts de lais de cuivre pré-patiné sur un soubassement de béton brut gris, ilsévoquent les formes héritées du patrimoine verna-culaire tout en affirmant une identité contempo-raine. Au sud la façade en béton blanc s’étire lelong de la rue de la paix. Des boîtes de verre d’unehauteur d’étage percent la paroi de béton.Précisément réparties, elles offrent aux espacesintérieurs des vues contrôlées sur le paysage urbainalentour. Le rythme des boîtes cristallines et le cale-pinage des planches de coffrage qui scandent lapeau du béton, animent cette façade et lui donnentson identité. Du côté de la place intérieure de l’îlot,

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Maison de retraite, Trebeurden, J. Guervilly.


une grande paroi vitrée s’ouvre sur le bassin. Ellemontre en transparence le hall, où se détachent lavolute de l’escalier et le volume contenant lebureau de la conservatrice, tous deux en bétonbrut. Dans l’ensemble du projet, le rapport harmo-nieux des matériaux met en valeur le jeu desvolumes et leur enchaînement. Le béton blanc surla façade sud ou gris sur celles au nord et à l’est, leslais en cuivre oxydé et les parois de verre accom-pagnent de façon douce une écriture architecturalemoderne qui ne fait aucune concession au pitto-resque ou au pastiche. Le vaste volume intérieurdu chai consacré à la collection gallo-romaine est àl’échelle des fragments du portique deTarquimpole dont les échantillons les plus impor-tants pèsent plus d’une tonne. Àcela s’ajoute la présence desparois laissées en béton brut etbouchardées selon un calepinaléatoire qui participent à la miseen valeur des pièces exposées.Enfin, le jeu de la lumière natu-relle zénithale avec la pierre et lebéton donne le rythme du tempsqui passe, offrant une subtilegamme de variations des ambian-ces lumineuses et colorées. Ainsi,sous la lumière du jour, commes’ils étaient encore dehors, frag-ments de colonnes, tambours,pierres de temple, statues sedétachent du parement de béton brut qui révèle legrain de la pierre, le relief des motifs sculptés…

Marc Barani a utilisé un béton brut (où l’empreintedes planches de la peau est très marquée) pourl’atelier pédagogique réalisé dans le cadre du parcdu château de Mouans-Sartoux abritant l’Espacede l’Art Concret. L’architecte utilise un béton de cetype pour sa valeur patrimoniale. « Il s’agit d’unbéton historique ». Comme le château il appartientau patrimoine. Le Corbusier a été parmi les pre-miers à l’utiliser : « c’est celui par exemple du célè-bre monastère de la Tourette », précise-t-il.Au-delà de ce lien patrimonial sa couleur identiqueà celle des pierres du château renforce l’inscriptionde l’édifice dans le site, tandis que l’empreinte desplanches de coffrage renforce l’harmonie avecl’environnement végétal.

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Musée du pays, Sarrebourg, B. Desmoulin.

Atelier pédagogique de l’espace de l’art concret,Mouans Sartoux, M. Barani.


À l’opposé de cette démarche, d’autres architectescherchent à donner au béton brut un aspect lisse,uniforme et régulier, ce que le coffrage métalliquepermet d’obtenir.

L’école d’infirmière de l’hôpital d’Amiens sud,des architectes Philippe Deprick et Jean-LouisManiaque, se présente sous la forme d’un bâtimentparallélépipédique, encastré dans la pente de sonterrain d’assise. Il se découvre de multiples maniè-res, selon l’accès choisi. Les deux façades latéralesoffrent des ouvertures toutes dissemblables, dontla disposition a été pensée de l’intérieur. Dedimensions aléatoires, ces fenêtres ont été penséespièce par pièce, espace par espace, afin de faire ensorte qu’en tout lieu le regard porte sur la natureet, plus encore, capte l’élément le plus remarqua-ble de l’environnement. Ces deux façades sontcomposées comme deux tableaux abstraits (à lamanière d’un tableau de Piet Mondrian ou deGeorges Vantongerloo), où le parement du bétonbrut est animé et rythmé par les carrés et les rec-tangles des percements des baies vitrées.

L’usage de béton autoplaçant (BAP) et de coffragesmétalliques a été déterminant dans la réalisationde ces façades. La mise en œuvre du BAP a auto-risé des coulages en une fois des deux étages, etl’absence de reprise apparente garantissait l’homo-généité du parement. La longueur des linteaux decertaines fenêtres pouvant aller jusqu’à 7 m, la

fluidité du BAP a permis l’obtention d’arêtes vivesdans des zones à fort ferraillage, sans risque de fis-suration. La surface obtenue en devient abstraite,presque immatérielle. Ce résultat montre le niveaude maîtrise et la qualité d’exécution que l’on peutatteindre aujourd’hui.

L’école de la rue des Tourelles à Paris, conçue parOlivier Gahinet, semble née du déploiementcontinu d’un ruban de béton dans l’espace. Lesparois verticales et horizontales en béton s’articu-lent et s’enchaînent. Le jeu de pleins et de videsdans l’espace dessine la façade sud qui singularisel’école, la représente et l’identifie. Toutes les faça-des sont en béton brut de ciment blanc coulé enplace, à partir d’un béton fabriqué en centrale etlivré sur le chantier. Le parement brut du bétonblanc s’anime des trous des écarteurs de banches,du dessin des plaques de peau coffrante, des joints

d’arrêt de coulage. Les joints creux exprimés ontune dimension plastique. Différentes des jointsd’arrêt de coulage peu marqués, ces lignes vertica-les et horizontales dessinées par l’architecte souli-gnent le jeu des volumes et accompagnentl’enchaînement des façades. Accompagné par lacomposition de différents éléments qui animentson parement brut, le béton permet d’obtenir iciune parfaite continuité de peau entre les paroisverticales et les sous-faces horizontales visibles,comme dans l’enchaînement des plans qui cisèle levolume général.

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Écoled’infirmières,

CHU d’Amiens,Deprick etManiaque.

École de la ruedes Tourelles, Paris,O. Gahinet.


La façade principale de l’extension du laboratoiredépartemental d’analyse de Morbihan à Vannes vienten vitrine sur la rue. Dessinée par Patrice Vallée, ellemet en avant avec fierté une série de voiles de bétonbrut en drapeau. Calepinés et dimensionnés avecsoin, ils semblent flotter au vent. Leur rythme et leurmouvement sont soulignés par le dessin des jointset des trous d’écarteurs de banches. L’ensembledonne à la façade une qualité plastique remarquablepour un bâtiment de type industriel.

L’évolution des techniques de mise en œuvre offreainsi de nouvelles possibilités de réflexion architec-turale.

Des parois de béton bicolore blanc et gris viennentanimer de leur matière minérale et de leur gra-phisme horizontal la façade sur cour du collège deNoisy-le-Grand. Le coulage in situ de ce béton bico-lore s’est fait en plusieurs passes alternées, auterme d’un important travail d’étude et de recher-che mené par l’entreprise en étroite collaborationavec l’agence de Dominique et Giovanni Lelli,auteurs du projet. Deux murs d’essai ont été gardésapparents à l’intérieur, qui témoignent des tâtonne-ments esthétiques et techniques des deux parties.Le coulage simultané des deux bétons a laisséapparaître de larges traînées blanches au sein d’unemer de gris. Ces premiers panneaux d’essai ontdonc été surnommés « mer démontée ». Finalement,il a été décidé de laisser sécher chacune des bandesune demi-journée pour obtenir un effet de… « mercalme ». Cette solution permettait de conserver unecertaine irrégularité graphique dans les bandes,avec des effets de matière intéressants.

Béton projeté

Le béton projeté ne révèle pas la trace d’un moule,mais celle de son procédé de réalisation. Commelors des traitements de dessus de moule, les gra-nulats sont enrobés dans la matière et la teinte estcelle des composants les plus fins (ciment et sable).La particularité de cette technique de constructiondétermine la nature et la dimension des granulatset la densité du ciment. Ces critères varient suivantla forme et la zone de projection. Une sous-facehorizontale par exemple demande une forte com-pacité du matériau avant sa prise pour adhérerimmédiatement au support. Le béton est soit pro-jeté après malaxage, soit, par voie sèche, lorsqueles composants sont mélangés à l’eau à la tête dela buse du compresseur.

Un vaste portique finement ciselé en béton blancencadrant un dôme immaculé signale la présencedu nouveau siège de la CCI d’Eure et Loir àChartres. Posé en retrait d’une vaste pelouse quicrée depuis la route nationale un espace de reculparticipant à la mise en scène de l’institution, lepropylée se lit comme un grand cadre. Il contientl’élément clé du dispositif architectural, le dômeparabolique dont le volume blanc se détachedevant la façade vitrée de l’aile Sud à l’arrière-plan.

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Collège, Noisy-le-Grand, D et G. Lelli.

Laboratoire vétérinaire,Laval, P. Vallée.


Le dôme parabolique a été réalisé en béton pro-jeté. Dans un premier temps une membrane enPVC est gonflée et maintenue en surpression. Àl’intérieur de cette membrane, l’armature métal-lique du dôme est installée. Ensuite le béton estprojeté en plusieurs passes successives. La mem-brane en PVC est conservée et assure l’étanchéitédu dôme. À l’intérieur le béton projeté est laissébrut, il reçoit un flocage acoustique.

Quel que soit l’aspect final recherché, lorsque lebéton est coulé en place et destiné à rester appa-rent, de nombreuses précautions sont à prendre.Le béton brut ne permet pas les ragréages : si laqualité structurelle de l’ouvrage n’est pas mise enpéril, il est préférable d’accepter les défauts de sur-face ou alors, il faut refuser l’ouvrage réalisé.

Si l’architecte décide de montrer le béton, il doitassurer la pérennité de sa surface. Par nature, lebéton est un matériau poreux du fait de son hété-rogénéité mais aussi parce que ses constituantssont eux-mêmes plus ou moins poreux. Pour pré-venir les effritements dus au gel, les remontéesd’efflorescence en surface, le développement dessalissures et corriger les différences de teintes partemps de pluie, un traitement hydrofuge estindispensable.

Traitement en dessus de moule

Lorsque le béton est coulé à l’horizontale, pour lessols ou dans un moule pour les éléments préfabri-qués, la face supérieure peut être traitée de multi-ples façons juste après le coulage. Ces traitementssont réalisés à l’aide d’outils très simples commedes règles tirées sur cales, des taloches pour obte-nir une surface lisse qui de plus améliore la com-pacité du béton en partie supérieure, des brosses,des râteaux ou des peignes pour une surface rai-nurée ainsi que des rouleaux ou des moules pourune surface imprimée. Le béton étant encoreliquide, les granulats importants restent enrobés demortier et la teinte du matériau reste homogène.C’est l’accroche de la lumière, variant selon lestechniques, qui donne sa qualité à la surface.

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CCI Eure et Loir, Chartres, J. Mas et F. Roux.

Exemplesde bétonsimprimés.


Lisse ou rugueux, le béton brut ne cherche pas àrévéler sa structure interne. Il se présente commeun matériau homogène. En travaillant sa surfacepar des techniques variées, les différents élémentsqui le composent peuvent apparaître.

Cet aspect épidermique s’obtient par deux sortesde traitements, chimiques ou mécaniques. Ils ontpour but de modeler la surface du béton en ren-dant plus ou moins apparents les différents com-posants du matériau. Ces traitements supposentqu’ait été prévue une épaisseur de béton suffisantepour assurer le maintien d’un enrobage correct desarmatures.

Traitements chimiques

Le traitement chimique employé aujourd’hui est ladésactivation de surface qui se caractérise par sagrande précision). Il consiste à appliquer un retar-dateur de prise sur le coffrage avant le coulage. Ilpeut être appliquéau rouleau ou aupinceau en fondde moule, pulvé-risé sur béton fraisou encore à l’aidede papier retarda-teur pour la réali-sation de motifsde grande préci-sion. La peau dubéton est ensuiteenlevée par lavage au jet d’eau, à la brosse ou parsablage à faible pression suivant la profondeur dutraitement. Cette technique est à la fois souple carelle permet le traitement de panneaux de grandedimension et précise car la profondeur de l’attaqueest parfaitement maîtrisée. Stanislas Fiszer utilisecette technique au siège des chaussures André à

Paris, pour des élémentspréfabriqués. Leurs surfaces,douces et homogènes, rap-pelle le grain, la texture et lacouleur de la pierre de Paris.

Comme nous l’avons vuprécédemment, le socle del’ensemble de 55 logements« Les Jardins d’Harmony » àMontpellier des architectesWilfrid Bellecour et FrançoisBarberot est en béton dés-activé.

Implanté au milieu d’une clairière ceinturée de pla-tanes et de marronniers séculaires, le centre cultu-rel Grün de Cernay participe à la restauration desnouveaux espaces publics du centre-ville. Le bâti-ment de forme cylindrique est ceinturé de trentecolonnes en béton qui « dialoguent » avec les troncsdes arbres tout proches. La teinte verte des colon-nes s’inspire de celle de l’écorce des platanes qui,pour l’anecdote, a sans doute donné son nom ausite sur lequel cet ouvrage est implanté (place duGrün [du vert]). Le recours à la préfabrication a per-mis d’apporter à ces colonnes, d’une hauteur de9,60 m, une précision et un état de surface dignesdes meilleurs tailleurs de pierre. Mais elles ont sur-tout bénéficié de la sérigraphie. Cette technique,voisine de l’impression offset ou de l’impression

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2. La matière révélée

Siège social du groupeAndré, Paris, S. Fiszer.

« Les Jardins Harmony » (55 logements), Montpellier, W. Bellecour & F. Barberot.


sur étoffe, permet d’inscrire une image dans lebéton. Une plaque gravée sert à créer des films quisont positionnés à plat en fond de banc de cof-frage. Le motif présent sur les films est impriméavec un produit désactivant qui va empêcher laprise de la première couche de laitance du béton etpermettre de faire apparaître les granulats plussombres, après lavage. La finesse de cette tech-nique permet une variation d’intensité de l’impres-sion et donc différentes nuances, que l’on retrouveau travers des figures qui animent les colonnes.

Traitements mécaniques

Les traitements mécaniques, comme les traite-ments chimiques sont réalisés sur des bétons fraisou durcis. Le plus simple, le lavage s’effectue au jetd’eau juste après le décoffrage. Le matériau estfinement lavé à très faible pression. L’eau éliminela laitance superficielle avant qu’elle ne soit totale-ment durcie et met en valeur le granulat sans enmodifier la teinte.

La surface du béton peut également être brossée àl’aide d’une brosse métallique environ deux joursaprès le décoffrage. La surface des granulats estmise à nu alors que les grains fins du mortier sonttrès superficiellement enlevés. On peut aussi

utiliser des brosses plus souples pour obtenir unematière plus homogène et très légèrement granu-leuse, mais il faut intervenir dans les heures qui sui-vent le décoffrage.

Les autres traitements mécaniques procèdent parchocs sur le béton durci.

Le sablage consiste à attaquer le parement avecun jet de sable projeté à l’air comprimé. Le plussouvent pratiquée manuellement, cette techniquedemande un bon savoir faire et de nombreusesprécautions pour obtenir un résultat régulier. Desnuances importantes peuvent en effet apparaître sil’on modifie en cours d’opération la distance, lavitesse de projection, l’angle d’incidence du jet ou lapression de l’air du compresseur. Les granulats, selonleur dureté, sont plus ou moins érodés par cettetechnique mais, contrairement au lavage, ils sontéclaircis et la surface du béton est plus homogène.

Le grenaillage est obtenu par projections de grainsdurs métalliques ou non sur la surface du béton. Leplus souvent, ce sont de petites billes d’acier oudes fils d’acier coupés qui sont utilisés, mais onpeut aussi employer des billes de verre, des gre-nailles de métaux non ferreux ou de petits déchetsindustriels résistants. L’aspect du béton ainsi traitévarie considérablement selon la nature et la dimen-sion de la grenaille ou la vitesse d’impact desgrains. Le résultat est très proche de celui dusablage quoique légèrement plus rugueux, mais illui est parfois préféré, car les éléments métalliquespeuvent être aimantés et réutilisés.

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Centre culturel Grün, Cernay, Cabinet Sutter et Laburte.

Sablage.Grenaillage.


Le bouchardage, issu directement des techniquesde travail de la pierre, consiste à marteler la surfacedu béton durci avec des burins à pointes. Les effetsde surfaces sont différents suivant la profondeur defrappe (de 1 à 8 mm) et les outils utilisés. Plus latête de boucharde comporte de pointes, plus letraitement est fin. À la Cité de la musique de laVillette, Christian de Portzamparc traite les murs ducloître des grandes salles en faisant alterner enbandes horizontales un béton brut lisse et marbréet un béton granuleux et subtilement hétérogène.Le grain révèle ici l’épaisseur de la paroi : le bétonmet en représentation sa constitution.

La Salle pour les Musiques Actuelles d’Auxerre(SMAC) se dresse dans l’enceinte même duconservatoire de la ville. Conçu par l’agence BMC2(Arnaud Bical et Laurent Courcier) l’équipements’inscrit dans la restructuration globale du site, quiconstitue ainsi une cité de toutes les musiques.Posé au bord du fleuve, tourné vers le cœur de lacité, l’édifice s’inscrit dans un volume qui semble« tout droit sorti des pages illustrées d’un comics,d’une BD ou d’un manga ». Les contraintes acous-tiques imposées par la présence de ce type de pro-gramme en milieu urbain ont naturellementconduit à l’utilisation du béton pour sa réalisation.Un manteau continu (de 25 cm d’épaisseur)en béton autoplaçant enveloppe le bâtiment.L’utilisation de ce béton a largement facilité la miseen œuvre de l’ouvrage de dimensions importantestout en assurant un parement sans reprises debétonnage. (Par exemple, les façades latérales de11,40 mètres de hauteur et 32,50 mètres de lon-gueur, se dressent d’un seul tenant sans plancherintermédiaire). Les façades et la toiture sont ponc-tuées par un motif triangulaire qui accueille tour àtour des ouvertures, des éléments en relief ou desgrilles de ventilation. Le béton gris brut de décof-frage a été adouci à la boucharde sur site. Cettepeau continue en béton bouchardée se retournesur la totalité des façades et de la toiture. Son grainvelouté accroche les variations de la lumière natu-relle, en fonction des heures et des saisons. Ellemet en valeur le volume simple voulu par les archi-tectes et souligne l’expression de son caractèreunique.

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Intérieur de laCité de laMusique,

Paris, C. dePortzamparc.

Salle des musiques actuelles, Auxerre, BMC2 (A. Bical et L. Courcier).


Les bétons polis

Une autre technique de traitement mécanique dubéton est celle du meulage de la surface. Tous lescomposants sont alors comme tranchés et mêmeles granulats les plus gros révèlent leur textureinterne. Les bétons issus de cette technique com-posent la famille des bétons polis. Cette techniquedemande une grande précision d’exécution. Denombreux paramètres interviennent, comme lanature des constituants du béton, la dureté desgrains de meule, la pression exercée et la vitessed’avance de l’outil. L’automatisation des machinespermet de combiner précisément ces critères pourobtenir une surface parfaite et ceci explique que lepolissage soit presque toujours effectué en préfa-brication. Les surfaces planes sont les plus simplesà traiter par des machines automatiques sur desbancs de polissage. Les pièces de grande dimen-sion peuvent atteindre jusqu’à 30 mètres pour unelargeur de 4 mètres.Mais toutes les for-mes accessibles peu-vent être polies soitmécaniquement enutilisant du matérieladapté soit manuelle-ment pour les cas lesplus complexes.

Béton grésé

À l’origine, le grésage se pratiquait sur la pierrepour éliminer les traits de sciages. Ce travail dedégrossissage effectué à la meule diamant donnele béton grésé qui laisse apparaître plus ou moinsl’ensemble de ses composants et lui donne unesurface rugueuse. Les rayures laissées par la meulesont d’autant plus visibles que les granulats choisissont de couleur sombre. Une seconde passe avecune meule à grain 60 ou 120 permet d’atténuer lesrayures trop présentes. Cette première opérationest suivie d’un bouchonnage léger en appliquantun enduit de surface pour combler les imperfec-tions comme les bulles d’air ou les déchausse-ments de granulats sous l’effet de la meule. Cebéton est relativement plus poreux que les autresbétons polis et donc plus sensible notamment auxremontées d’efflorescences.

Béton poli

Après le grésage, on utilise des meules à grains deplus en plus fins qui lissent, passe après passe, latexture de la surface. Le béton adouci s’obtientavec deux ou trois passes de meules à grains 120,220 et 320 (selon que les granulats sont de couleurclaire ou foncée) suivi d’un bouchonnage ou d’unmasticage avant l’application d’un produit de pro-tection. Pour le béton poli, une passe supplémen-taire de meule à grains fins, 400 ou 600 estnécessaire. La surface est alors lisse. Tous les com-posants du matériau sont visibles et leur sélectiondoit être extrêmement rigoureuse pour obtenirl’effet recherché. Le béton poli crée des surfacesnouvelles qui, sans être mimétiques ont des carac-téristiques et des qualités proches de celles de lapierre. Au ministère des finances à Paris, PaulChemetov et Borja Huidobro ont associé le bétonpoli à la pierre agrafée. La similitude des couleurset des textures donne une grande homogénéitéaux parties pleines des façades, alors que les cale-pinages et le travail sur les joints exploitent les pos-sibilités de chacun des matériaux et font percevoirdeux échelles complémentaires de lecture.

Béton poli marbrier

On obtient le béton poli marbrier lorsqu’on prolongele polissage de quatre à six passes de meule de plusen plus fines selon la nature des granulats (meules àpierre tendre de grain 800), suivi d’un lustrage en find’opération, pour donner au béton son aspectbrillant. Pour obtenir un béton poli de qualité, lesmortiers qui entrent dans sa composition doivent

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Banc de polissage.

Ministère des finances, Paris, P. Chemetov et B. Huidobro.


être de bonne compacité, résistant à l’action de lameule et non poreux. Le moule doit être rigide,d’une planéité et d’une étanchéité parfaite et lamise en œuvre doit être très soignée.

L’immeuble réalisé par l’architecte Catherine Furetau cœur de la ZAC Masséna dans le 13e arrondis-sement de Paris, abrite une vingtaine de logementsallant du 2 au 5 pièces. Du fait de la situation dubâtiment, en front de Seine, la plupart des appar-tements bénéficient d’une vue privilégiée sur lefleuve. L’immeuble s’élève sur sept étages au-des-sus du rez-de-chaussée. Sous forme de panneaux,de vêture, de poteaux cylindriques, les élémentspréfabriqués en béton poli dessinent les façades del’édifice et lui donnent toute son élégance dans lepaysage urbain. Au rez-de-chaussée de la façadesur le quai, une généreuse vitrine est disposée enretrait d’une série de poteaux en béton poli de gra-nite d’une teinte brun clair. Au-dessus, une alter-nance de fenêtres verticales et de persiennes en

bois prolonge l’effet de piédestal produit par l’ali-gnement des poteaux. Les quatre étages suivantsdéclinent une composition, associant dans unemême trame quadrillée baies vitrées et calepinagede la vêture en béton poli. Les deux derniersniveaux abritent des logements en duplex. Ils sontdotés de grands bow-windows entièrement vitrésencadrés par des poteaux ronds en béton poli deteinte beige clair, intégrant dans leur compositiondes granulats de marbre des Pyrénées. Un acrotèrede même nature couronne l’ensemble. Sur la

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Logements, ZAC Massena,Paris, C. Furet.

Béton poli marbrier. Détail.


gauche de cette façade, de grands panneaux (deuxhauteurs d’étages) composent une manière d’é-cran, qui protège les balcons du bruit provenant duquai, tout en aménageant une agréable intimitéaux habitants.

L’intérêt du béton poli est qu’il propose à la foisune lecture proche et lointaine. De près, il donne àobserver la diversité des granulats sectionnés par lameule mettant en valeur leur taille, le jeu de leurimbrication, leur forme, leur densité. De loin, ils’appréhende par les masses ou les nuances decouleurs qu’il établit et que révèle la lumière.

Transformer l’image du Palais des Congrès de Paris,créer 45000 m2 de surfaces supplémentaires debureaux, de salles de réunions, d’espaces d’expo-sitions et trois nouvelles salles de conférences, telsont été les contraintes programmatiques à résou-dre par Christian de Portzamparc dans son projetd’extension. La réponse se manifeste par unegigantesque façade inclinée, en béton poli bico-lore, qui s’ouvre sur la porte Maillot. En fait, la nou-velle image du bâtiment est issue d’unecomposition volumétrique simple née du croise-ment de deux grands plans : la façade principaleinclinée d’une part et l’immense balcon flottant à12 m de hauteur d’autre part. Le plan incliné de lafaçade principale avance en dévers de 8 m sur laplace. Il fabrique ainsi le parvis d’entrée et le pro-tège. Son inclinaison permet de libérer des espacesde plus en plus vastes, plus on s’élève dans lesétages. Il est percé par un porche qui marque l’ou-verture du Palais des Congrès. Ce porche abriteaussi un cône inversé, où trois salles de conférences

sont aménagées. Le grand balcon permet d’éva-cuer une partie des occupants, vers le terre-pleincentral du carrefour, en cas d’incendie. Les pan-neaux de la façade inclinée et du cône inversé ontété fabriqués selon le même procédé dans des cof-frages spécifiques. Un béton architectonique estdisposé à la truelle, en fond de table coffrante, surenviron 6 cm d’épaisseur. Les panneaux de 4,05 mx 2,88 m sont redivisés par un rythme de jointscreux tous les 72 cm. Dans la partie supérieure dechaque alvéole du panneau, ainsi obtenue, le bétonest blanc, dans le tiers inférieur, il est coloré (gris ouorangé). L’armature est ensuite mise en placeavant le coulage du béton gris structurel.L’ensemble du panneau, de 14 cm d’épaisseur, estensuite vibré très brièvement, afin d’obtenir uneligne ondulante entre 2 teintes de béton, tout enévitant le mélange de 2 couleurs. Le béton clair despanneaux est constitué de ciment blanc et de sableblanc de Norvège. Un mixte de ciment blanc et griset des granulats blancs entrent dans la compositiondes parties de teinte grise. Enfin pour les partiesorangées ce sont des granulats orangés qui sontmélangés avec du ciment blanc.

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Extension du Palaisdes Congrès, Paris,C. de Portzamparc.


Pour la Pacific Tower à laDéfense, Kisho Kurokawaexploite ce contraste entreles deux lectures d’un bâti-ment. De loin, la surfacede la grande façade galbéeest homogène et brillante, la trame régulière desvitrages au nu extérieur accroche la lumière demanière uniforme. Mais de près, les panneaux enbéton de marbre et de ciment gris clair sont tache-tés par des inclusions de béton gris sombre accen-tuant la lecture de la composition de la matière.Dans les premiers projets, le contraste était encorerenforcé par des inserts de marbre noir dans duciment blanc.

Les éléments en béton préfabriqués en général eten béton poli en particulier présentent une grandequalité et perfection de parement, ainsi qu’unegrande précision dimensionnelle, qui permettentde répondre aux dessins de volumes et de façadesles plus innovants comme les plus rigoureux.

La géode du lycée Jean Monnet à Montpellier,conçue par François Fontes illustre parfaitementl’utilisation imaginative et précise que l’on peut

faire d’éléments d’habillage préfabriqués en bétonpoli. Cette sphère en béton poli abrite un amphi-théâtre de 300 places. L’ouvrage est composéd’une première sphère de 20 m de diamètre, cons-tituée par une paroi de béton de 10 cm d’épais-seur, coulée par levées successives. Une foisréalisée, elle est étanchée et isolée par l’extérieur,puis habillée d’une peau constituée d’écailles enbéton poli. Les écailles sont des triangles équilaté-raux curvilignes, provenant de la décompositionde l’icosaèdre sphérique, en 9 pièces de deuxtypes. La largeur des joints entre les pièces a été

déterminée en prenant en compte les variationsdimensionnelles, dues aux écarts thermiques (-30°à +40°), ainsi que les tolérances d’exécution desmoules. Les 160 pièces d’habillage ont été préfa-briquées en usine et polies de façon manuelle et àsec sur le chantier. Chaque écaille est posée sur lasphère en béton coulé, par l’intermédiaire d’uneplatine métallique fixée dans le béton. Chaqueextrémité des écailles triangulaires est fixée à laplatine par un boulon haute résistance. Une libertéde déplacement triangle/boulon est rendue possi-ble par l’intermédiaire d’une rotule mécanique. Laqualité de la réalisation des écailles et la précisionde leur mise en œuvre participent à l’image par-faite de cette géode.

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Pacific Tower, La-Défense,K. Kurokawa.

Lycée Jean-Monnet, Montpellier, F. Fontes.


Dans l’esprit du public, le béton est gris. En faitl’emploi de peintures, de lasures et de cimentsblanc permet de donner au béton une paletteextrêmement riche et variée de teintes issues soitd’une application en surface plus ou moinstransparente soit des composants du béton. Dansce dernier cas, la couleur est déterminée par lesconstituants les plus fins du matériau, ciments,fines et pigments, si le béton est directement issudu moule et par les granulats plus importants si lasurface subit un traitement.

La peinture

La peinture dissimule la peau du matériau permet-tant en particulier de masquer les ragréages. Elleoffre une large palette colorée. Le Corbusier ren-force le caractère sacré de l’espace de la crypte ducouvent de la Tourette en peignant le béton brut debleu, de rouge et de jaune qu’il illumine par unelumière zénithale. Dans certains cas, la peinturejoue le rôle de révélateur de tel ou tel élément del’écriture architecturale.

La Salle Polyvalente de Plélan-le-Petit, signée par lesarchitectes David Cras, Benoit Robert et Nicolas Sur,se caractérise par ses lignes pures exprimées par lerythme régulier de ses portiques de structure imma-culés. Implanté au cœur de la nature, dans unecommune rurale, l’édifice est conçu pour accueillirtoutes sortes de manifestations. Le bâtiment est

principalement construit en béton coulé en place.Le volume principal est enduit dans une couleur enharmonie avec le sol naturel. La structure est com-posée d’un système poteaux-poutres classique,réglé sur un pas de trame de 4,80 m. Elle dessinede grands portiques en béton armé. Peints enblanc, ces portiques affirment leur présence dansl’espace, scandent les élévations, englobent leparvis et la terrasse. Ils participent pleinement del’architecture contemporaine de cet équipementinscrit dans son paysage.

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3. La couleur

Vue intérieure,Couvent SainteMarie de laTourette,Le Corbusier.

Salle Polyvalente,Plélan-le-Petit.

D. Cras, B. Robertet N. Sur.


L’usine Flip Technologie, à Villeurbanne, présentel’aspect étonnant d’une coque au fini impeccable,qui s’apparente à celui d’une carrosserie d’auto-mobile. Pour les nouveaux locaux de cette entre-prise fabriquant des équipements électroniquespour camions, l’architecte Raphaël Pistilli dessineun bâtiment dont les lignes s’inspirent fortementdu design des carrosseries automobiles. Pour res-ter dans l’esprit de la référence initiale, l’architectea souhaité des façades lisses et brillantes commeune carrosserie métallisée. Le choix de réaliserl’ouvrage entièrement en béton répond à la fois àla volonté de conserver l’unité des volumes dessi-nés et à la volonté de profiter de l’inertie ther-mique du matériau, garante de températuresintérieures maîtrisées dans ce bâtiment industriel(contrairement à ce qui se passait dans l’ancienbâtiment de la société). La finition « peinture métal-lisée » des façades renforce les effets de formes etde volumes. La brillance et l’impression de profon-deur donnée par cette peinture accrochent le refletmobile et changeant du ciel. Les parois extérieuresdu bâtiment ont été coulées dans des banchesmétalliques. Cintres et mannequins en bois per-mettent d’obtenir les ouvertures et les lignes spé-cifiques de cette architecture. Une fois décoffrées,ces parois font l’objet de plusieurs traitements suc-cessifs. Elles sont d’abord ragréées, puis poncées.Ensuite une résine Epoxy est appliquée au pistoletsur le béton. Cela est suivi par un masticage desdéfauts avec une résine. Une résine d’apprêt est

alors appliquée, afin d’uniformiser la teinte de sur-face. Les dernières étapes consistent à effectuer unponçage de la première couche de la résine d’ap-prêt, puis à passer une seconde couche de lamême résine, vient ensuite l’application de la pein-ture mate métallisée à paillette et enfin le vernis-sage pour faire briller la peau du bâtiment.

La lasure

Comme les peintures, les lasu-res assurent un traitementchromatique des parois debéton. Elles apportent unecoloration, tout en étant transparentes, ainsi lamatière du béton est-elle respectée. Les lasuresprotègent le béton, facilitant le ruissellement del’eau, évitant les salissures et protégeant del’agression du gaz carbonique et des sulfates.L’application au rouleau est très simple. Elle doitêtre effectuée hors poussière, après brossage de lasurface du béton. Les lasures, qui supposent unbéton de qualité, autorisent certains nuançages quifont jouer la lumière. Si les défauts de surface sont

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Siège de Flip technologies, Vileurbanne, R. Pistilli.

Groupescolaire, Bailly-Romainvilliers,M. et P. Boudry.


trop importants, un régulateur de fond pourra êtreutilisé avant l’application de la lasure. Comme pourl’enduit ou la peinture, il faut tenir compte de lamise en œuvre dans le dessin du projet. Ainsi, ilest préférable de se limiter à des panneaux d’envi-ron 10 m2 pour ne pas avoir de traces de reprise.

Œuvre de Marjolin et Pierre Bouydry, le groupescolaire (12 classes) de Bailly-Romainvilliers met enscène avec maîtrise le jeu du plein et du vide, del’ombre et de la lumière, à travers sa peau de bétonrecouverte d’une lasure brun orangé. À quelques pasdes constructions pastiches et pittoresques bordant« EuroDisney », la composition de cet édifice tire sonexpressivité de l’enchaînement continu des paroisverticales et horizontales, du rythme des volumessoulevés ou ancrés, des transparences et des opaci-tés. La force sculpturale du volume général tient à laqualité de son dessin et à la puissance de ce bétonlasuré qui sert tout autant l’échelle de la masse quecelle de l’émotion. Elle traduit, aussi, la présencetranquille d’un équipement à vocation éducative,qui affirme son architecture contemporaine.

Dans un quartier populaire en devenir de la péri-phérie Rouennaise, un ruban de béton marron glacé

dessine un univers paisible pour la petite enfance.Il cultive un véritable esprit de carapace, tout enouvrant largement l’espace sur l’extérieur.

Baptisé « Terre des enfants » ce nouvel équipement,construit par les architectes Hamonic et Masson,abrite une crèche, une halte-garderie et un relaispour les assistantes maternelles. Pensée commeune coque protectrice, l’enveloppe en béton auto-plaçant lasuré dessine le volume et affirme la pré-sence de l’équipement public dans l’espace urbain.À l’intérieur, les couleurs vives qui animent lesespaces jouent du contraste avec la peau mono-chrome de l’extérieur.

Le groupe Architecture Studio a souvent utilisécette technique de coloration pour mettre envaleur des volumes ou des surfaces. Porte deChatillon à Paris, l’Institut national du judo présentesur le boulevard périphérique une façade quasi-ment aveugle faisant office de mur antibruit.Entièrement réalisée en béton coulé en place, cettefaçade est simplement animée par un jeu de ner-vures et l’incrustation de briques de verre. Sur leparement brut du béton est appliqué une lasuregris anthracite, elle-même protégée par un vernisà base de résine polyuréthane.

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Crèche « Terre des enfants », Rouen, Masson & Hamonic.

Institut national duJudo, Paris,Architecture Studio.


Le terrain sur lequel se dresse la Résidence univer-sitaire Croisset, porte de Clignancourt à Paris,(Architecture Studio) est bordé sur sa limite nordpar le boulevard périphérique dont le trafic intensegénère d’importantes nuisances sonores (prochede 90 dBA) et visuelles, ainsi qu’une forte pollutiondue aux gaz d’échappement. Architecture Studio aconçu son projet de façon à ce que les 351 cham-bres de la résidence soient intégralement proté-gées de ces nuisances. Ce résultat remarquableest obtenu grâce à un imposant ouvrage en bétonnoir qui se dresse entre le boulevard périphériqueet les trois plots de logements. Cette paroi courbeconstitue un bouclier protecteur de 100 m de longet 30 m de haut. Ce mur courbe d’une épaisseur de30 cm est construit avec panneaux préfabriqués enbéton strié de cannelures horizontales. Ces pan-neaux d’un noir intense sont teintés dans la masseet recouverts d’une lasure noire brillante, qui leurdonne densité et brillance.

La teinte dans la masse

Outre les applications en surface plus ou moinstransparentes, la couleur peut être recherchée dansl’épaisseur du matériau. Plusieurs techniques demise en œuvre permettent de donner en surface la

couleur choisie sans nécessairement teinter toute lamasse du béton. Dans les bétons bi-couches, lesconstituants sélectionnés pour leur teinte ou leuraspect sont dans la couche visible alors que le sup-port est constitué d’un béton ordinaire. En proje-tant à la volée sur le béton encore frais un mélangesec de sable, de ciment et de colorant on peut enteinter la surface en profondeur.

La nature composite du matériau permet d’obtenirune grande variété de couleurs en choisissant cel-les de chacun de ses constituants. Le premier d’en-tre eux, le ciment sera essentiel pour la définitionde la teinte. S’il est gris, il définit une valeur debase de couleur du matériau, alors que s’il estblanc, le béton prend la teinte de ses autres cons-tituants, sables ou granulats. La teinte naturelle duciment est due aux minéraux colorants contenusdans ses matières premières. Selon la provenancede ces matières premières, le ciment aura des tein-tes variant du blanc pur au gris soutenu. Dans le casdes éléments préfabriqués, une échelle de valeurdes teintes de ciments a été établie par le CIB (voirle cahier des charges pour les éléments architectu-raux préfabriqués en usine édité par la FIB en sep-tembre 1996). Les sept teintes référencées ainsique les degrés de tolérance donnés permettentaux maîtres d’œuvre de définir précisément leursexigences. Cependant, la régularité de la teintedépend autant de la couleur du ciment sec que desconditions dans lesquelles le béton est coulé. La

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Résidence universitaire Croisset, Paris, Architecture Studio.


porosité du coffrage, lesconditions de vibration, ledélai de démoulage,comme les conditionsatmosphériques sont descritères essentiels. Ainsi,plus le ciment est blanc,plus la teinte peut êtredéfinie avec précision.

De même, la couleur du sable utilisé est d’autantplus déterminante pour celle du béton que leciment est clair surtout sur les surfaces brutes dedécoffrage. L’ajout de colorants, oxydes métal-liques ou pigments de synthèse, permet d’aug-menter considérablement l’échelle de teintes, bienqu’il soit limité à environ 3 % du poids du ciment

sec. Si certains colorants sont courants et peu oné-reux – l’oxyde de fer teinte naturellement et gra-tuitement le ciment gris – d’autres peuvent fairevarier le coût du béton dans des proportionsimportantes. D’autre part, sous l’effet du soleil, dela pollution ou des intempéries, les couleurs peu-vent varier ou passer avec le temps, surtout dans lecas des pigments de synthèse. Suivant ces deuxcritères, les teintes ocre sont à privilégier, alors queles bleus seront dans bien des cas à l’origine de

surcoûts importants pour une faible fiabilité dans letemps. Les bétons teintés dans la masse offrentaux architectes un large éventail de solution plas-tiques et esthétiques.

« La Carène » la salle de musiques actuelles deBrest, conçue par l’architecte Jacques Ripault sedresse au pied des remparts de Vauban dans lazone du port de commerce. Telle une nef arriméeaux fortifications, elle se présente sous la formed’un volume de béton brut de couleur rouille,teinté dans la masse. Sa volumétrie décline un jeude pans brisés, de lignes inclinées, de pentes quisemblent prolonger le dessin des remparts et s’enfaire l’écho. « La présence de cet équipement sou-lignée par sa volumétrie correspond à l’expressiondes musiques actuelles. Son volume en bétonteinté dans la masse affirme l’idée de socle et dedensité de matière en correspondance avec la tex-ture des remparts », souligne Jacques Ripault. Danssa composition, le volume exprime à la fois l’an-crage au sol et la façon de soulever la matière cons-truite jusqu’à lui donner un côté aérien dans lerapport au ciel, au paysage lointain et à la villehaute. Les qualités expressives du béton brutteinté dans la masse affirment la présence de l’édi-fice dans son site. Cette nef de musique afficheainsi son caractère insolite et nous invite à voyagersur les rives de l’imaginaire et du rêve, portés parles musiques actuelles.

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Pigments.

Salle des musiquesactuelles “La Carène”,Brest, J. Ripault.


Le projet de 48 logements sociaux, conçu parAlbéric Beckmann et Françoise N’Thépé, fait partidu nouveau quartier Masséna, dans le XIe arrondis-sement de Paris. Les architectes proposent un bâti-ment-sculpture. La base de l’immeuble est àl’alignement sur les rues existantes, et occupée pardes activités ouvertes sur l’espace public ; elle secreuse en intérieur d’îlot et abrite les accès auxlogements. Au-dessus de cette base, trois « tours »d’appartements s’élancent à la verticale. Sur le toitdes commerces, un jardin suspendu est ouvert àtous les locataires et offre la possibilité de regrou-pements conviviaux. L’utilisation d’un béton auto-plaçant brut de couleur brune (teinté dans lamasse) renforce l’aspect sculptural de l’édifice et sadimension verticale. Le béton est coulé en unelevée sur deux hauteurs d’étages. Il offre une sur-face lisse percée par la composition plastique desfenêtres. La lecture des onze étages s’efface ainsiau profit de la volumétrie. Les façades se dévelop-pent alors comme une grande composition gra-phique, généreuse et sans échelle. Un ruban delasure dorée souligne le mouvement des volumes.

Le bâtiment du siège social de BNP Paribas, desarchitectes Bruno-Jean Hubert et Michel Roy, àMontreuil développe un concept de panneaux enbéton préfabriqués colorés par des ocres naturel-les. L’ensemble est conçu comme un bâtiment

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48 logements, ZAC Masséna, Paris,C. Beckmann et F. N’Thépé.

Bureaux, Montreuil,B-J. Hubert et M. Roy.


homogène, une superposition de plateaux libres etflexibles, présentant deux façades sur rue, les aut-res donnant sur le cœur de l’îlot. Les façades lisseset continues constituent l’enveloppe de l’édifice.Elles offrent une alternance de baies vitrées et depanneaux préfabriqués en béton, soit gris, soitcolorés de façon aléatoire. Avec l’entreprise depréfabrication, les architectes ont mis au point unprocédé de coloration des panneaux très particu-lier. Au niveau du banc de préfabrication, sur lefond huilé de chaque banche des ocres naturellesrouges et jaunes ont été jetées au hasard à la mainpar les compagnons, puis le béton gris coulé dansla banche. Ce procédé permet d’assurer un effetaléatoire. Ainsi, les couleurs sont-elles uniques pourchaque panneau. Elles varient de la saturationtotale en pigment jusqu’à une certaine « transpa-rence » où le gris du béton apparaît en harmonieavec le reste de la couleur. Les couleurs des pig-ments choisis sont en harmonie avec les couleursdominantes de l’environnement faubourien.

Lorsque le béton est traité en surface, les granulatsse montrent et selon leurs provenances, ils propo-sent des couleurs variées, comme par exemple, lenoir ou le vert des Alpes, le bleu de l’Espéra et duSaint-Béat bleu turquin, le rouge du porphyre deMontaucé, l’ocre avec le comblanchien, l’Ecuelle,le Hauteville, le Belleroche et le Pouzillac, le blanc,

enfin, avec le rose de Brignoles, le rose marbre desPyrénées, le veiné gris marbre de Carrare, le pur de« Grèce » et le quartz de Vendée. En les combinant,il est possible d’obtenir de nombreuses nuancesqui peuvent être encore modifiées par l’ajout decolorants au ciment. Notons cependant qu’uncomposant ne doit pas être choisi seulement poursa couleur car le critère le plus important est sadureté pour qu’il soit adapté au traitement qui estréalisé à la surface du béton.

Les sables participent à la coloration du béton. ÀSaint Fortunat dans les Monts d’Or, la maison des-sinée par Clément Vergely est fortement liée à sonenvironnement et propose à ses habitants uneimmersion dans le paysage. Le projet prend appuisur un chemin existant en créant un mur en bétonqui le longe. Cette paroi devient l’épine dorsale duprojet à partir de laquelle l’ensemble de la maisons’organise et se construit. Cette paroi pleinegénère toute une série de voiles parallèles enbéton brut qui délimitent les différents espaces dela vie familiale. Le choix du béton comme matièredes façades et le travail effectué sur son parement

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Villa, Saint Fortunat, C. Vergely.

Échantillons de béton poli.


participent pleinement à l’écriture architecturaletrès moderne et épurée de la maison, ainsi qu’àson intégration dans le paysage. Les parois exté-rieures en béton brut sont rythmées par l’empreintedes planchettes en sapin de haute montagne de lapeau des coffrages. Ces planchettes ont été choi-sies pour leur résistance et leurs veines très mar-quées, accentuées par un brossage. Cela génère untrès beau parement, en harmonie avec les pierresconstituant les murs existants alentour. À cela s’a-joute la teinte dorée du béton composé à base deciment blanc et de sable jaune du Mont-d’Or, dosépour obtenir une teinte approchant celle des pier-res naturelles de la région.

Le béton blanc

Grâce au ciment blanc, il est possible d’obtenir desparois et des volumes dont la blancheur immacu-lée met en valeur toute la plastique des projetsimaginés par les architectes.

L’église « Dives in misericordia » réalisée par RichardMeier dans le quartier de Tor Tre Teste à 10 km ducentre de Rome devait être inaugurée en 2000

pour le jubilé de l’Église catholique. Livrée en2003, elle a été dédiée au 25e anniversaire du pon-tificat du pape Jean-Paul II. L’église forme uneseule nef éclairée zénithalement composée de troisgrands voiles courbes en béton blanc qui semblentlancés en équilibre dans l’espace. Ces trois coquesimmaculées, dont la plus haute fait 26 mètres, sontréalisées en panneaux préfabriqués en béton blancà l’oxyde de titane (béton autonettoyant).

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Église du Jubilé,Tor Tre Teste, Rome,Richard Meier & Partners.


Le Centre Dramatique National de Montreuil (CDN)projeté par l’architecte Dominique Coulon, répondtotalement au contexte dans lequel il s’insère et auvisage que présentera le site dans l’avenir, une foisl’ensemble du projet urbain « Cœur de Ville »achevé. Les déhanchements, les torsions, les chan-gements de hauteurs des toitures-terrasses témoi-gnent de la recherche d’un dialogue constant avecle plan urbain d’Alvaro Siza. Dans son travail à mi-chemin entre architecture et urbanisme, l’archi-tecte a défini une série de masses et de volumesstructurant l’énorme terre-plein au pied des toursURSSAF. Le volume du théâtre vient aussi répon-dre en contrepoint au jeu de pleins et de videscréés par les opérations de logements récemmentréalisées. Les déhanchements et désaxementsvolumétriques du théâtre proposent une lecturedynamique de l’édifice au passant descendant larue Franklin depuis le Haut-Montreuil, le site setrouvant à un point charnière de la commune par-tagée entre le plateau des Malassis et la plaine deVincennes. Ils jouent aussi un rôle à l’échelle dubâtiment qui se situe à l’articulation entre les pla-ces Jean Jaurès et Guernica. Les décalages de hau-teurs prolongent quant à eux les lignes deconstructions encore à venir. La couleur blanchedes parois signale au passant le statut public del’édifice, conformément aux indications du projeturbain défini par Alvaro Siza, qui proposed’établir une hiérarchie public et privé à travers les

matériaux, la brique étant plutôt réservée au loge-ment, les bâtiments appartenant à la collectivitéutilisant quand à eux des matériaux plus excep-tionnels. Le béton mis en œuvre ici est un bétonbrut de ciment blanc à l’oxyde de titane (bétonautonettoyant) coulé en place. La matière et laluminosité de ce béton mettent en valeur le jeu desmasses et des volumes sculptés par l’architectepour structurer l’espace urbain et renforcent lecaractère exceptionnel de cet équipement.

L’éventail des possibilités de traitement de surfaceest donc très vaste. Le béton est encore un maté-riau jeune et les techniques de mise en œuvre évo-luent en permanence. Les architectes ont amorcéles pistes de réflexion sur le traitement du béton.En les développant et en les combinant, il est pos-sible aujourd’hui de trouver de nouvelles textures,de nouvelles associations de matière, des gammesde couleurs répondant aux enjeux esthétiques et àla sensibilité de l’époque contemporaine et du futur.

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Centre DramatiqueNational,Montreuil,D. Coulon.


Crédit photographiqueH. Abbadie [9HD, 14 G, 21, 25H, 25B,28B] – S. Andrei [12H] – T. Ando [6M, 6D]

N. Borel [16M, 21] – C. Bourgeois [17H] – D. Boy de la Tour [20G, 20HD]L. Casals [6BG] – S. Chalmeau [23B] – H. Chapon [22G] – Darugar [21] – S. Demailly [12B]B. Fougeirol [9M] – A. Jemolo [30BG] – A. Karchmer-Esto [30BD] – J-M. Landecy [24BD]

S. Lucas [28HD, 28MD] – D-O. Mandrelli [11] – G. Maucuit-Lecomte [14D, 24BG]M. Moch [26] – J-M. Monthiers [10BD, 13, 15 H, 27H, 31] – P. Ruault [29B]

E. Saillet [29B] – DR [6HG, 7HG, 7HD, 7BG, 7BD, 8H, 8B, 9HG, 9HM, 10H, 15B, 16G,16H, 17M, 18, 19, 20B,22D, 23HD, 24M, 27B, 30MD].

CouvertureOBÉA Communication

Mise en pageet réalisation

Amprincipe ParisR.C.S. Paris B 389 103 805

Édition décembre 2009


ÉCOLE FRANÇAISE DU BÉTON

7, place de La Défense

92974 Paris-La-Défense CEDEX

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pour les écoles d’architecture - infociments : la base ... ·...

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