potager tropical chapitre 3 les sols tropicaux pratiques culturales irrigation
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Chapitre 3
LES SOLS TROPICAUX
PRATIQUES CULTURALES,
IRRIGATION
I - INTRODUCTION - PRINCIPAUX TYPES DE SOL
Rien de fondamental ne distingue les sols tropicaux de ceux des régions tempérées, si ce
n'est peut-être, surtout dans les régions les plus arrosées, la rapidité de leur évolution.
Les sols climatomorphiques, c'est-à-dire dont les qualités sont avant tout déterminées par
le climat et la végétation, occupent sous les tropiques de très vastes zones. On y
rencontrera cependant aussi des sols jeunes, dont les qualités sont surtout déterminées par
la roche-mère, principalement dans le cas de dépôts volcaniques récents, de pentes
soumises à l'érosion, ou d'alluvions récentes près des rivières.
Les sols évolués, si l'on excepte les cas particuliers où l'eau stagnante conduit à une très
grande richesse en matière organique accompagnée d'une forte acidité (sols hydromorphes
de marécages ou de mangrove), forment une série presque continue, suivant l'état de
saturation des argiles par les éléments basiques (calcium, magnésium, potassium,
sodium). Les deux extrêmes de cette série sont les vertisols ou sols noirs tropicaux (black
cotton sons) et les sols ferrallitiques ou latosols (oxysoils pour la classification
américaine).
Les vertisols prennent naissance sous des climats où la saison sèche est bien marquée,
totalisant moins de 1500 m de pluie annuelle, sur des substrats riches en bases (calcaire ou
roche volcanique basique). Ils sont de couleur noire, très
riches en cations (suivant la nature de la roche-mère le calcium ou le magnésium domine).
L'argile s'y trouve sous forme de smectites (dont fait partie la •montmorillonite), leur pH
est égal ou supérieur à 7. Les vertisols deviennent collants et difficiles à travailler quand
ils sont saturés d'eau. Il faut les cultiver lorsqu'ils sont juste ressuyés et que leur surface se
soulève en petites écailles. En effet, si on les laisse sécher, ils se divisent en masses
polygonales très dures séparées par des fentes de retrait. Mais ces inconvénients sont
compensés par une très grande fertilité naturelle et une importante capacité en eau.
Les sols ferrallitiques, qui prennent naissance sous des climats très arrosés : 2 m d'eau ou
plus, que ce soit actuellement ou dans le passé (il existe des sols ferrallitiques fossiles)
sont très appauvris en éléments basiques et, de plus, en silice.
On y trouve associées des argiles de type «halloysite» (dont fait partie la Kaolinite) et de
l'alumine libre. Ils sont colorés en rouge par des complexes d'alumine et d'oxyde de fer.
Lorsqu'ils se sont formés sur des roches volcaniques riches en manganèse, il peut s'y
différencier des concrétions d'oxyde ferro-manganique appelées «cacacabrit» aux Antilles.
Plus ils sont lessivés, plus leur pH est bas et leur
«capacité d'échange en cations» (CEC) faible.
Quand le pH est inférieur à 5, il y est impossible d'implanter la plupart des cultures
maraîchères sans apport de calcaire broyé, de phosphates insolubles, et surtout de matière
organique, au départ, ce qui permet de relever le pH, d'augmenter la CEC (fonction de la
qualité des argiles et de la teneur en matière organique) et d'atténuer les toxicités de
l'alumine, et éventuellement du manganèse.
Si leur pH est de l'ordre de 6 ils peuvent être directement utilisés à condition d'apporter les
fumures de façon très complète, et surtout très échelonnée.
En effet, leur structure poreuse alliée à l'abondance des pluies ou à l'irrigation peuvent
entraîner un lessivage des éléments fertilisants. Par contre, leur dessèchement après la
pluie est très rapide, et l'irrigation pourra devenir nécessaire après seulement 3 à 4 jours
ensoleillés.
Le potager tropical 35
Lorsque l'évolution ferrallitique est très poussée, ces sols peuvent être très minces, et
recouvrir un sous-sol très riche en oxydes d'aluminium et de fer, souvent désigné sous le
nom de «latérite». Le terme extrême de l'évolution est la bauxite, minerai d'aluminium
très abondant dans les Grandes Antilles. Quand ce sous-sol est mis à nu par l'érosion ou
par un nivellement, il manifeste une stérilité totale et durcit sous l'action du soleil.
Même dans le cas d'une évolution moins poussée, les sous-sols ferrallitiques mis en
surface par nivellement ou labours trop profonds se montrent impropres aux cultures
maraîchères ; seule la Canne à sucre est capable de pousser sur ces «horizons B» mis à nu,
et de les transformer en sol cultivable après quelques années.
Entre ces deux extrêmes se place toute une série de sols intermédiaires : basisols, sols
eutrophiques, sols ferrugineux tropicaux, ochrosols, diversement nommés suivant les
classifications.
D'autres types de sols, enfin, se forment dans des conditions particulières : podzols, sols
lessivés se formant sur substrat sableux, de couleur claire avec des concrétions ferru-
gineuses en profondeur, presque stériles (Guyane française, côtes africaines) ; sols à
allophanes, de très faible densité apparente, riches en substances amorphes, qui retiennent
plus que leur poids d'eau, formés sur des dépôts volcaniques filtrants sous fortes pluies, et
qui perdent leurs propriétés hydriques une fois desséchés, etc.
Nous retiendrons de tout ce qui précède que moyennant des possibilités d'irrigation
(nécessaire si la pluviométrie est de moins de 1500 m avec une saison sèche de plus de
trois mois, ou sur sol très filtrant sous climat irrégulier — complémentaire pour les
cultures délicates dans le cas contraire) la culture maraîchère est possible dans une gamme
de sols très étendue, allant des sols ferrallitiques moyens à pH 5,5 aux vertisols à pH 8 et
comprenant également les sols volcaniques récents et les sols alluviaux.
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II — PRINCIPES FONDAMENTAUX DE CONSERVATION DE LA FERTILITÉ
Une fois le jardin défriché et mis en culture, on devra se rappeler que, contrairement à ce
qui se passe dans les climats tempérés :
Les phénomènes liés à la microflore du sol ne connaissent pas de repos au cours de
l'année, en particulier dans un jardin maraîcher arrosé pendant la saison sèche. La
minéralisation des amendements organiques ou résidus de culture peut être deux ou trois
fois plus rapide qu'en climat tempéré. La nitrification est également ininterrompue, si l'on
pratique l'irrigation (elle peut cependant en sol ferrallitique épargner une partie des ions
NH4, captés par l'argile désaturée en cations minéraux).
Si on laisse reposer le terrain en saison sèche, on observe un retour de l'azote à l'état
organique (réorganisation) et une reminéralisation très rapide au retour des pluies.
Il sera difficile de maintenir des teneurs en humus et en azote organique comparables à
celles qu'on observe dans les meilleurs sols maraîchers des régions tempérées.
Une grande richesse en humus dans un sol tropical est d'ailleurs un mauvais signe : en
général il s'agit de sols très acides, où l'activité de la microflore du sol est insuffisante, et
dont il faut élever le pH avant d'envisager de les soumettre à l'horticulture, à moins qu'il
s'agisse d'un excès d'eau qu'il faut éliminer.
La violence des pluies tropicales est susceptible de provoquer le lessivage des
éléments minéraux solubles (nitrates, phosphates solubles, sels de potasse) et l'érosion.
Par bonheur les sols tropicaux (au moins quand ils sont argileux) sont en général pourvus
d'une structure beaucoup plus stable que les sols tempérés. La formation d'agrégats stables
(particules de l'ordre du mm) étroitement liée à la présence d'humus dans les pays
tempérés, semble une propriété fondamentale de beaucoup de sols tropicaux, même en
présence de doses très faibles d'humus.
Cela explique la réussite de cultures sur de très fortes pentes, où l'érosion aurait tôt fait
d'emporter le sol en climat
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méditerranéen. Bien entendu, il faut aider la nature : un sol tropical dénudé et laissé sans
végétation ni apport de matière organique est rendu stérile en peu de temps par l'action
conjuguée de la minéralisation, du lessivage et de l'érosion.
Pour obtenir un sol qui soit un support favorable pour le jardinage, il faudra en climat
tropical s'inspirer des principes suivants :
Amener le pH au-dessus de 5,5, si possible jusqu'à 6,5, soit par des apports fréquents
de chaux éteinte (hydroxyde de calcium), soit par apport massif de calcaire broyé
(carbonate de calcium). Ces apports seront combinés avec ceux de phosphates insolubles
(phosphate tricalcique finement broyé, scories Thomas). Si l'on n'en dispose pas, on
n'hésitera pas à mélanger superphosphate triple (1/10) et calcaire broyé (9/10).
On se trouvera alors, à condition que le sol soit bien drainé, dans des conditions de
fonctionnement optimal de la microflore du sol. Sans chercher à accumuler l'humus, on
maintiendra cette microflore en condition d'activité par des apports fréquents de matière
organique, enfouie superficiellement (10-20 cm) et bien mélangée au sol.
On évitera de ramener en surface, par des labours trop profonds, des couches de sol
biologiquement inertes : on n'approfondira le travail du sol que très progressivement.
Par le travail du sol en billons ou en planches, on évitera que les fortes pluies ne créent
au niveau des racines des conditions asphyxiques. On devra donc assurer à ces billons ou
ces planches une pente qui soit un compromis entre le minimum nécessaire pour évacuer
les eaux et le maximum où commencent les risques d'érosion.
Ces conseils concernent surtout les sols ayant subi une
évolution ferrallitique. Dans le cas des sols «vertiques», leur
utilisation maraîchère est possible «tels quels», à condition
qu'ils présentent une légère pente évitant les risques
d'asphyxie, et encore mieux s'ils sont riches en petits cailloux.
Dans le cas contraire (vertisols horizontaux épais) on
commencera par établir des ados permettant un drainage, on
essaiera de les alléger par apport de matière organique
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de consistance grossière (ex. : bagasse de distillerie) et de petits cailloux, ou mieux encore
de pouzzolane.
III - COMMENT APPORTER ET VALORISER LA MATIÈRE ORGANIQUE
Conseiller, comme beaucoup de traités d'horticulture, même tropicaux, d'apporter chaque
année 50 à 100 t de «fumier de ferme» (stable manure) n'est guère qu'un voeu pieux ! La
difficulté est grande de s'en procurer de telles quantités, les animaux couchant le plus
souvent dehors sans litière.
On peut essayer de le remplacer par les engrais verts, les composts, ou les déchets
industriels ou urbains.
1. Engrais verts
Deux familles végétales sont capables de fournir au sol de grandes quantités de matière
organique et sont intéressantes à deux points de vue différents :
– Les Légumineuses, soit à cycle relativement court (Lablab piger, Vigna unguiculata, 4
mois environ), ou de plus longue durée (le «kudzu», Pueraria phaseoloides ou le «Velvet
bean» Mucuna pruriens var. utilis, semés en début d'hivernage, 6 à 8 mois). Elles ont
l'intérêt d'apporter au sol grâce à leurs Rhizobium une quantité d'azote gratuite (15 à 20
unités par mois de couverture du sol).
Par contre, leur enfouissement stimule dans le sol les Pythium, Rhizoctonia solani et
Sclerotium rolfsii nuisibles aux plantes maraîchères, leurs racines hébergent la plupart des
Nématodes nuisibles aux dicotylédones.
Elles seront à leur place dans les exploitations où une céréale alterne avec les cultures
maraîchères (Maïs, Sorgho-grain), placées juste avant la céréale.
— Les Graminées, dans le cas où la rotation est exempte de céréales, constituent la
meilleure alternance avec les plantes maraîchères, et l'un des meilleurs moyens d'apporter
au sol d'importantes quantités de matière organique à condition de leur fournir une fumure
azotée.
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On peut en particulier conseiller les sorghos fourragers (F1 sorgho x sudan grass), coupés
à plusieurs reprises, le produit de la coupe étant laissé à la surface du sol et le tout enfoui
en fin d'opération au bout de 4 à 6 mois.
2. Composts
Alors que dans les régions tempérées il faut deux à trois ans pour obtenir un bon terreau
de feuilles, quelques semaines suffisent en conditions tropicales pour transformer en
compost les déchets végétaux.
On utilisera les résidus de culture maraîchère, tiges de Solanées et Cucurbitacées,
trognons de choux, verdure de légumineuses à rames, tiges et feuilles d'Igname, en se rési-
gnant aux risques de transmission de maladies que leur usage implique.
Ces risques sont d'ailleurs d'autant plus réduits que la fermentation du tas de compost sera
plus rapide, et s'accompagnera d'échauffement.
Les déchets de culture n'apportent cependant guère plus du tiers de ce qu'il faut pour
assurer au sol une teneur en humus optimale.
On pourra donc être amené à ajouter à la parcelle maraîchère une parcelle productrice de
«biomasse pour compost».
Dans le cas d'un jardin familial elle pourra être constituée par la pelouse régulièrement
tondue, arrosée et fertilisée, de la partie ornementale du jardin. A l'herbe coupée
s'ajouteront les feuilles mortes ratissées pendant le carême, les brindilles d'Hibiscus à la
taille des haies. Une pelouse d'Axonopus compressus de surface égale à celle du jardin
potager conviendra parfaitement.
Dans le cas d'un jardin plus important on pourra installer une parcelle de « Merker»
(Pennisetum purpureum), de superficie égale au 1/3 de la surface maraîchère.
Régulièrement fertilisée, elle pourra donner l'équivalent de 250 t de matière verte/ha/an.
La fermentation des composts en conditions tropicales comporte une microflore
thermophile peu différente de celle qui a été décrite en conditions tempérées :
thermoactinomy-
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cètes, Bacillus spp. et champignons thermophiles, auxquels peut s'ajouter, en fin de
fermentation Aspergillus fumigatus. Les spores de ce dernier champignon, ainsi que celles
des thermoactinomycètes (qui apparaissent comme une moisissure grise) peuvent être
nocives pour les poumons. On évitera de préparer des composts trop secs, qui libèrent
facilement ces spores.
A partir d'herbe de tonte de gazon, ou de Merker broyé à l'ensileuse, on constituera des tas
en superposant des couches de 40 cm d'épaisseur, que l'on saupoudrera avec de l'engrais
complet (par exemple 15-10-20 à raison de 10 kg par tonne d'herbe fraîche), si l'on veut
obtenir un compost riche en azote, ou avec 12 kg de cendre de bois et 3 kg de
superphosphate/tonne de matière verte, pour un compost plus pauvre.
Chaque couche sera arrosée avec 400 litres d'eau par tonne de matière verte, et le tas,
constitué de 3 ou 4 couches, recouvert d'une bâche plastique ne descendant pas sur les
côtés, maintenu par des piquets et éventuellement un grillage.
L'échauffement sera très rapide, il atteindra 55° pour les composts riches en azote et
culminera à 45° pour les formules sans azote ajouté. A partir de 1000 kg d'herbe broyée,
on obtiendra 250 kg de compost riche en azote, 350 à 400 kg de compost sans azote
ajouté. Les composts seront utilisables 3 semaines après leur mise en route pour les
plantes tolérantes à l'ammoniaque (ex. : Cucurbitacées, choux chinois, épinards
tropicaux). On attendra 45 jours pour la plupart des cultures maraîchères, 3 mois pour les
légumineuses et les Allium.
3. Paillage (ou mulching)
On peut utiliser d'une autre manière les débris végétaux : en les laissant d'abord se faner
en couche mince, puis en se servant du «foin» obtenu pour recouvrir les planches
maraîchères. Ce «mulch» empêche la dégradation du sol par les grosses gouttes de pluie et
réduit son échauffement en milieu de journée. Il y a cependant un risque d'envahissement
de ce mulch par Sclerotium rolfsii. On se servira de préférence de déchets végétaux peu
favorables à son développement::
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feuilles de graminées (tonte de pelouse, sorgho broyé, feuilles de canne à sucre...), ou
feuilles d'arbres riches en tanins.
Le mulch est enfoui en fin de culture et contribue à enrichir le sol en matière organique.
Beaucoup plus moderne, le paillage plastique (ou mulch plastique), sans apporter au sol
de matière organique, permet de protéger sa structure et d'éviter le développement des
mauvaises herbes.
On recouvre le sol, manuellement ou avec un appareil tracté, d'une feuille de plastique
dont les côtés sont enterrés.
En climat tropical, le plastique transparent risque d'entraîner des échauffements du sol
allant à plus de 50°, incompatibles avec la vie des plantes. On choisira de préférence du
plastique noir, translucide foncé, mieux encore blanc opaque ou gris-argent, que l'on
appliquera sur le sol après l'avoir convenablement humidifié. Les plantes seront plantées
dans des trous pratiqués dans le plastique.
4. Déchets industriels
L'écume de sucrerie contient environ 30% de matière organique, 60% d'eau, 0,5 à 1% de
potasse et 8% de chaux. C'est un très bon amendement organique, on en apportera 15 à 30
t/ha avant une culture. Il est traditionnel aux Antilles de laisser fermenter 15 jours à 3
semaines le tas d'écume avant de l'utiliser. Pendant ce temps, après un échauffement
initial s'y développent diverses espèces de Coprins (champignons dont le chapeau se
liquéfie en donnant une sorte d'encre noire). Quand les Coprins ont disparu, l'écume peut
être utilisée.
La bagasse de sucrerie, ou de distillerie (le plus souvent plus grossière), est au contraire
un produit très pauvre en éléments fertilisants, et d'un rapport C/N très élevé (plus de
100). Apportée au sol à l'état brut elle risque de nuire à la croissance des plantes par
«rétrogradation de l'azote» : les microorganismes du sol, pour arriver à décomposer la
bagasse enfouie, puisent dans les réserves d'azote minéral du sol.
42 Le potager tropical
On l'utilisera de préférence compostée, et l'addition de sulfate d'ammoniaque ne suffit pas
à assurer une évolution suffisante (à cause du manque de phosphore).
Nous avons obtenu de bonnes fermentations de bagasses de sucrerie ou de distillerie en
apportant suffisamment d'eau pour amener la masse à 75% d'humidité (au départ la
bagasse de distillerie titre 50%, celle de sucrerie 25 à 30%), et en ajoutant 80 kg d'engrais
composé 12-12-24 par tonne de matière sèche.
On procède par lits superposés de 20 cm en ajoutant successivement bagasse, engrais et
eau. On couvre le dessus du tas d'une bâche plastique. La température monte à 55° dans
les 10 jours qui suivent, puis baisse lentement. Au bout de 40 jours on obtient un produit
dont la valeur fertilisante est égale ou supérieure à celle d'un bon fumier de ferme (v. fig.
9).
Bien entendu, si l'on dispose à la fois de bagasse et d'écume, on pourra obtenir un très bon
compost en faisant fermenter des mélanges 2/3 bagasse, 1/3 écume.
Dans les pays où se pratique l'exploitation forestière on peut préparer des composts
suivant les mêmes principes avec des écorces concassées. La fermentation sera plus lente,
et on laissera intervenir les Coprins avant utilisation. Contrairement à la bagasse, les
écorces sont riches en potasse et en acide phosphorique.
Les boues de station d'épuration, dont l'action a été tout particulièrement étudiée en
Guadeloupe par M. CLAIRON, peuvent se révéler extrêmement intéressantes, à condition
qu'elles proviennent d'une station pratiquant une méthode de fermentation très aérobie,
fonctionnant de façon régulière (ce qui est beaucoup plus facile en conditions tropicales
de température toujours élevée dans les bassins) et drainant des effluents en majorité
domestiques, pauvres en métaux lourds (cadmium, mercure, plomb). Constituées en
majeure partie de corps bactériens, les boues peuvent être incorporées au sol, soit de façon
échelonnée (10 tonnes de boues séchées à l'air, une ou deux fois par an), soit de façon
massive (100 tonnes). Dans ce dernier cas, en sol ferrallitique, elles induisent
Fig. 9 - Bénéfices complémentaires, symbolisés par un essai en pots, sur Amarante-
épinard, de la fumure organique et de la fumure minérale (poids en g d'une plante de 35
jours, en pot de 16 cm avec 10% en volume d'amendement organique et/ou 4 g d'engrais
12.12.24 par pot. On observe avec la Bagasse non compostée la rétrogradation de l'azote.
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une considérable augmentation de la fertilité, qui peut dispen-
ser de tout apport d'engrais pendant les trois ou quatre années
qui suivent.
On peut distinguer dans l'effet des boues une forte élévation initiale de la teneur du sol en
azote soluble, liée à la décomposition des protéines bactériennes, avec émission
d'ammoniaque qui peut nuire à certaines plantes.
Après quelques semaines, cet effet initial est relayé par la
décomposition lente des parois bactériennes.
Les composts d'ordures ménagères sont rarement satisfaisants, car, dès que le niveau de
développement d'une municipalité permet de concevoir une usine de fabrication, la
proportion de plastique et déchets métalliques dans les ordures
devient le plus souvent intolérable.
Dans certaines villes d'Afrique (ex : Brazzaville), les ordures ménagères sont cependant
une des principales sources de fertilisation pour les maraîchers périurbains : on y voit des
malheureux gagner leur vie à trier dans les tas tout ce qui est plastique ou métallique avant
que le compost ainsi purifié soit revendu aux maraîchers.
IV - COMMENT APPORTER LES ENGRAIS CHIMIQUES
Peu de pays tropicaux possèdent actuellement des usines d'engrais, et le prix du transport
maritime entraîne à rechercher l'utilisation de formules assez riches en éléments
fertilisants. Parmi les engrais simples classiques, les plus concentrés sont l'urée, le nitrate
d'ammoniaque, le superphosphate triple et le sulfate de potasse.
Nous avons vu cependant plus haut l'intérêt des phosphates insolubles (de type «Scories
Thomas» ou «phosphate tricalcique naturel broyé») pour les sols ferrallitiques. Leur faible
teneur en P2O5 augmente cependant les frais de transport. Dans ce type de sol on
n'hésitera donc pas à apporter en même temps superphosphate triple et calcaire broyé.
Le commerce des engrais fournit surtout des formules composées dont on étudiera
soigneusement les éléments : azote nitrique ou ammoniacal, acide phosphorique soluble
dans l'eau ou l'acide citrique, potasse du sulfate ou du chlorure.
Le potager tropical 45
Les espèces végétales diffèrent entre elles par l'équilibre qu'elles requièrent entre les
éléments fertilisants majeurs N.P.K. (azote, acide phosphorique, potasse). En culture
maraîchère, on considère traditionnellement que les légumes-feuilles (épinards, choux,
salades, cives et poireaux) sont les plus exigeants en azote, et les légumes-racines gros
consommateurs de potasse. On peut conseiller des formules de type :
16-8-8 pour les légumes-feuilles
12-12-12 pour les légumes-fruits (Tomate, Aubergine, Cucurbitacées)
4-12-20 pour les légumes-racines (Carotte, Navet, Patate-douce).
En conditions tropicales, pour les cultures dont le cycle excède 50 jours, il vaut mieux ne
pas apporter tout l'azote au départ, étant donné son lessivage rapide par les pluies ou par
les arrosages nécessaires en saison sèche.
Pour les cultures à long cycle on apportera de préférence au départ un engrais purement
phosphopotassique, ou de type 412-20. En cours de végétation on pratiquera des apports
d'urée ou d'ammonitrate. Le nitrate de calcium, particulièrement indiqué en sol
ferrallitique, et pour la fertilisation de la Tomate, est malheureusement devenu rare dans le
commerce.
Pour les cultures à cycle court on pourra aussi se contenter d'appliquer des engrais
concentrés solubles (type 16-18-24) en cours de végétation.
Au total, au cours d'une année, si on réalise une culture à long cycle (Tomate, Aubergine)
et deux ou trois cultures à cycle court (Salades, Epinards, Haricots), on ne devra pas
trouver excessif d'avoir appliqué :
70 t de fumier ou compost, ou 30 t d'écume
2 t d'engrais complet de type 5-8-12 ou 4-12-20
500 kg d'engrais soluble de type 12-12-24, 16-18-24 ou
16-8-8
300 kg de nitrate d'ammoniaque ou d'urée, ou 800 kg de
sulfate d'ammoniaque ou nitrate de calcium.
Bien entendu, ces conseils sont valables pour des sols ne présentant pas de déséquilibres
nutritifs ou de carences particulières en oligo-éléments. Bornons-nous rappeler :
46 Le potager tropical
— que les sols acides manquent souvent à la fois de magnésie et de chaux ;
— que les sols d'origine granitique montrent souvent des carences en manganèse,
surtout après chaulage, alors que les sols d'origine volcanique en contiennent souvent en
excès ;
— que les carences en zinc, en cuivre, en bore, sont possibles dans divers types de sol ;
— et que les sols rouges peuvent être carencés en molybdène.
Si l'on a la chance de pouvoir faire appel aux conseils d'un laboratoire d'agronomie, on
fera analyser le sol et les plantes, et on dirigera les fumures suivant les instructions reçues.
Dans le cas contraire, si l'on observe des chloroses, des colorations anormales ou des
rabougrissements apparaissant par zones ou uniformément (et non de façon aléatoire,
comme dans le cas des virus), on appliquera empiriquement des formulations
commerciales d'oligo-éléments ou d'engrais enrichis en oligo-éléments.
V - COMMENT IRRIGUER ET DRAINER
Si l'on ne se borne pas à quelques espèces rustiques, le maraîchage en pays tropical
nécessite absolument des moyens d'irrigation.
L'évapotranspiration potentielle (ou ETP), que mesurent ou calculent les
bioclimatologistes, est la quantité d'eau qu'évapore chaque jour une végétation puissante
et bien adaptée, couvrant complètement le sol et ne souffrant jamais de manque d'eau
(prairie de Digitaria irriguée, p. ex.). Les besoins en eau des cultures maraîchères varient
entre 60 et 100% de l'ETP.
Les mesures d'ETP réalisées par FOUGEROUZE et SCHOCH en Guadeloupe vont de 3,5
mm d'eau par jour en décembre à 5 à 6 mm en juin pour une belle journée ensoleillée. On
sera donc amené à combler le déficit en eau des sols, après un certain nombre de jours
sans pluie ou insuffisamment pluvieux, à une cadence d'autant plus rapide que les sols
(ferrallitiques ou sableux) ont une capacité de réserve en eau plus faible : une irrigation de
l'ordre de 15 mm serait nécessaire en sol filtrant après 4 à 5 jours sans pluie en saison
Le potager tropical 47
fraîche (moyennes de l'ordre de 22°), 2 à 3 jours en saison plus chaude (moyennes de
l'ordre de 26°). En sol argileux à forte capacité en eau, on peut en principe adopter des
intervalles plus longs, mais on évitera d'essayer de faire absorber au sol en peu de temps
plus de 30 mm d'eau, sous peine de transformer en boue la couche superficielle.
Comment choisir entre les trois méthodes les plus courantes d'irrigation : irrigation à la
rigole, irrigation par aspersion, irrigation au goutte à goutte ?
La première méthode, traditionnelle dans la plupart des pays méditerranéens, réclame de
très gros investissements au départ, puisque le terrain doit être nivelé et présenter une
pente très régulière comprise entre 1 et 2%. Cette pente peut être insuffisante pour
permettre l'évacuation rapide des eaux de fortes pluies, et le nivellement peut mettre à nu
des plaques de sous-sol difficiles à transformer en sol cultivable.
Ce n'est donc que dans des cas très particuliers : plaines alluviales à sol de limon épais et
perméable, presque horizontales, disponibilités abondantes en eau, qu'on pourra avoir
recours à l'irrigation à la rigole (on peut citer comme exemple le district maraîcher
d'Aranguez à Trinidad). Par ailleurs, des considérations d'hygiène conduisent à renoncer à
ce type d'irrigation dans les régions infestées par les Bilharzioses (v. chap. 8).
Dans la plupart des cas on aura recours à l'irrigation par aspersion, associée à la culture en
planches ou en billons pour évacuer les eaux pluviales. Lorsque la pente générale du
jardin sera inférieure à 10%, on disposera les planches ou les billons dans le sens de la
pente et on creusera à la partie inférieure un canal d'évacuation des eaux.
Si la pente est au contraire supérieure à 10%, on tracera les planches ou billons
parallèlement à la pente, de façon que les eaux de pluie suivent un trajet en chicane.
L'irrigation au goutte à goutte combine les avantages des deux méthodes précédentes : elle
consiste à faire courir le long des lignes des tuyaux plastiques perforés délivrant l'eau
goutte à goutte au pied des plantes. On évite ainsi le lessivage et l'érosion qu'entraîne
l'arrosage à la rigole. Le nivellement n'est pas nécessaire.
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Le drainage au moyen de drains de terre cuite ou de plastique perforé n'est guère à
conseiller en conditions tropicales, non plus que les drains en pierre sèche, étant donné
leur colmatage très rapide par l'argile et les racines. On utilisera, si besoin est, un drainage
par fossés ouverts à l'air libre délimitant des parcelles de taille convenable.
En agriculture traditionnelle, on arrive à utiliser même des mangroves d'eau douce, soit en
y plantant uniquement des Madères (Colocasia), soit en les travaillant en très gros billons
de 3 m de large et 1 m de hauteur au-dessus de l'eau.
Des Colocasia sont plantés en bordure au niveau de l'eau, des cultures «sèches» sur les
flancs et au sommet des billons (v. fig. 10). Les peuples orientaux ajoutent à ce type de
culture des ipomées aquatiques dans les parties inondées.
Fig. 10 - Culture en «billons géants» pour tirer parti d'une plaine marécageuse (Petite
Rivière de Nippes, Haïti). Association Bananiers -Canne à sucre - Patate douce, et Madère
au niveau de l'eau.
VI - LES CULTURES HYDROPONIQUES
Ce type de culture, consistant à faire pousser les plantes sur des substrats inertes imbibés
de solution nutritive, intéresse ceux qui, par choix ou par obligation, veulent se
Le potager tropical 49
passer du sol naturel. Celui-ci peut être inapte aux cultures maraîchères : sable des déserts,
sols ferralitiques très acides, très carencés, très toxiques, contaminés par des souches très
virulentes de Pseudomonas solanacearum (Guyane française, Gabon), ou trop contaminés
par des germes de maladies humaines pour qu'on en fasse consommer les produits frais à
des communautés artificiellement implantées et exigeantes du point de vue hygiénique.
Ce fut le cas, au tout début des cultures hydroponiques, des troupes américaines
d'occupation
au Japon.
1. Substrats et bacs de culture
Le substrat optimal est granuleux, avec une porosité de 70% : fins graviers de 2 à 6 mm de
dimension moyenne (le grain de riz représente la forme idéale), contenant moins de 20%
de calcaire. Dans les régions volcaniques la pouzzolane (fragments de 3 à 5 mm)
représente un substrat idéal. Un sable plus fin (fragments de 0,4 à 0,8 mm) demande à être
allégé par une matière fibreuse augmentant la porosité. On utilise la tourbe dans les pays
tempérés. Si l'on ne peut s'en procurer, qu'elle soit importée ou locale (tourbières
d'altitude), on peut essayer de la remplacer avec de la bagasse compostée sans excès
d'azote, ou du compost d'écorce, à raison de 15 à 20% du volume du sable.
Des substrats purement organiques peuvent être utilisés, mais ils doivent être relativement
inertes pour ne pas déclencher de fermentation excessive au contact des solutions nutri-
tives, et très poreux pour éviter l'anaérobiose. On peut essayer l'usage de bagasse
longuement exposée aux intempéries.
Ces divers substrats peuvent être employés pour remplir des bacs creusés dans le sol, de 1
à 3 m de large, de 20 à 30 cm de profondeur, habillés de plastique étanche.
Pour des raisons phytosanitaires (v. ci-dessous), on a de plus en plus tendance à les
remplacer, soit par des conteneurs de plastique cylindriques, de 25 à 40 cm de diamètre,
contenant une ou deux plantes, soit par des sacs plastiques horizontaux, ouverts à la partie
supérieure, que l'on peut
50 Le potager tropical
confectionner avec des portions de 1 à 2 m de gaine plastique noire (ou mieux blanche,
opaque) liées aux deux extrémités.
2. Solutions nutritives et leur gestion
Les formules de solutions nutritives sont très variées. Une des plus anciennes, dont la
formule est facile à retenir, reste toujours valable :
Solution de KNOP : pour 100 litres d'eau
(NO3)2Ca (nitrate de calcium) 100 grammes
NO3K (nitrate de potassium) 25
PO4KH2 (phosphate monopotassique) 25
SO4Mg 7H20 (sulfate de magnésium) 25
Si nous comparons la composition élémentaire de cette solution à ce que conseillent des
ouvrages techniques récents, pour la Tomate et le Concombre, on aboutit au tableau
suivant :
N P K Ca Mg
KNOP 181 57 166 208 25
Solutions Tomate 130 à 180 37 à 55 186 à 232 I l 1 à 180 48 à 63
Solutions Concombre 175 à 230 40 à 50 130 à 220 120 40
(en mg/litre et suivant les stades de végétation)
Les publications scientifiques traitant de culture hydroponique indiquent la composition
des solutions en milliéquivalents, certains manuels techniques modernes en mg/litre de N,
P, K, Ca, Mg, ou de N, P205, K20, CaO, MgO suivant les cas. Il faut ensuite arriver à
reconstituer les solutions exprimées avec ces différents systèmes avec des sels minéraux
réels, qu'il s'agisse de sels minéraux purs (ne pas oublier l'eau de constitution que peuvent
contenir leurs molécules, comme celle de sulfate de magnésium), soit à partir d'engrais
solubles du commerce, simples ou composés. Le phosphate monopotassique du «KNOP»
est trop coûteux pour un usage agricole. On peut par contre trouver à des prix
Le potager tropical 51
raisonnables, dans le commerce des engrais, du nitrate de potasse, du phosphate
d'ammonium, des engrais solubles renfermant des proportions variables de nitrates, sels
ammoniacaux et phosphates solubles.
On évitera cependant que l'azote ammoniacal ne dépasse plus de 30% du total azoté,
même pour une plante comme le Concombre, relativement tolérante à l'ammoniaque. On
évitera par ailleurs une salinité excessive liée à l'usage des chlorures et sels de sodium
dans la solution.
Il faut enfin tenir compte des éléments utiles, indifférents ou nocifs que peut renfermer
l'eau qu'on utilise, qui doit obligatoirement être analysée avant toute entreprise hydropo-
nique, de préférence à deux saisons différentes (fin de saison des pluies, fin de saison
sèche). Un excès de calcium (sous forme de bicarbonate) pourra conduire à une
neutralisation avec de l'acide sulfurique, phosphorique ou nitrique.
Dans les installations les plus perfectionnées de culture hydroponique, la solution nutritive
traverse le substrat, est récupérée, remontée par une pompe, et utilisée à nouveau. On la
réajuste périodiquement, et on ne la change que tous les 8 à 15 jours. Dans ces conditions,
le substrat peut être réduit à un minimum (mince épaisseur de «tissu capillaire» au fond
d'une gouttière : c'est la technique du «film nutritif»). De telles installations exigent des
bacs tout à fait étanches, horizontaux, des pompes automatiques, et des moyens d'analyse.
Elles sont difficiles à réaliser dans la plupart des pays tropicaux.
Il est plus facile de réaliser des installations à solution perdue. Qu'il s'agisse de bacs
continus, de sacs à substrat ou de conteneurs cylindriques, ces récipients sont drainés, et la
solution délivrée en léger excès au pied de chaque plante par un système de tubes
capillaires.
On utilise en général des solutions-mères concentrées. Il est le plus souvent nécessaire
d'en préparer au moins deux, en séparant la source de calcium-magnésium et celle de
phosphates, pour éviter des précipitations.
Ces solutions-mères sont soit injectées en continu, soit ajoutées à un bac surélevé
contenant l'eau d'alimentation. Pour éviter une accumulation saline éventuelle, on
apportera de façon périodique de l'eau pure. On tiendra compte des
52 Le potager tropical
données théoriques sur l'ETP (40% de l'ETP sur jeunes plantes venant d'être repiquées, 80
à 100% sur plantes adultes), et du comportement des plantes pour régler le volume de
l'alimentation en solution, sans s'alarmer outre mesure d'un flétrissement transitoire en
milieu de journée.
Une protection vis-à-vis de la pluie est indispensable au bon fonctionnement de
l'ensemble.
3. Protection phytosanitaire
A première vue les cultures hydroponiques devraient échapper aux ennuis de «fatigue des
sols». Elles se prêtent cependant fort bien à la propagation de larves ou germes mobiles,
grâce à la porosité des substrats : larves de nématodes, zoospores de Pythium,
Phytophthora, bactéries mobiles (Pseudomonas solanacearum). C'est pour cette raison
qu'il faudra :
éviter de placer dans des substrats hydroponiques des plants élevés sur terre non
stérilisée ;
éviter tout apport de terre à la surface des bacs ou conteneurs (ce qui condamne les
bacs au ras du sol que piétine l'opérateur) ;
désinfecter les substrats au formol entre chaque culture.
Les parties aériennes des plantes, à l'abri de la pluie, seront peu attaquées par les maladies
propagées par l'eau rejaillissante (ex. : anthracnoses). Par contre, cette situation peut
permettre la propagation de maladies contaminant les plantes à la faveur de l'humidité
nocturne (Fulvia fulva sur Tomate, Pseudoperonospora cubensis sur Cucurbitacées), et
favorisera les Oïdiums, les Acarioses, les Pucerons, les Aleurodes.
Toute erreur ou variation brusque dans la composition des solutions favorisera les
maladies physiologiques (nécrose apicale de la Tomate, nécrose marginale des Laitues,
etc.).
le potager tropical
4. Conclusion
Ce paragraphe "culture hydroponique" avant seulement pour but de donner des principes
généraux et ne dispensera surtout pas de l'achat d'un ou plusieurs manuels détaillés.
Le candidat à la culture hydroponique représentera un type social particulier : qu'il soit
jeune diplômé ou autodidacte, il devra posséder parfaitement les notions de chimie du
niveau baccalauréat, pour maîtriser les calculs faisant intervenir poids atomiques et
milliéquivalents. Pour réaliser et maintenir son installation il devra être bricoleur en
plomberie plastique et régulation électronique. Il est évident que la «propreté» de cc type
d'occupation pourra faciliter une vocation horticole à ceux auxquels répugnent les
contraintes traditionnelles de l'agriculture.