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SOCIOLOGIE POLITIQUE La Sociologie Politique La Sociologie Politique dont l’Etude est au Programme de la 1 ère année du DEUG de Droit est pour reprendre l’expression du Professeur Leclerc, je cite : « la plus ancienne et la plus neuve des disciplines Scientifique et Morale ». Nous allons démarrer notre ensemble de cours sur cette discipline par un chapitre préliminaire de présentation. 1 — Définition liminaire. Chapitre Préliminaire : introduction épistémologique à la Sociologie Politique. L’objet de la Sociologie Politique, comme toute première approche c’est la Société dans toute sa dimension Politique et partant de ce postulat de base, qui demandera bien entendu à être précisé, la Sociologie Politique peut être considérée, et c’est le parti prit de cet enseignement comme l’Approche Sociologique des phénomènes Politiques. Autrement dit, comme l’ensemble des Conceptions et des Méthodes d’Analyse dégagé par la Sociologie générale, pour l’étude des Rapports Sociaux. L’on va user ces Conceptions et ces Méthodes, dans le cadre de notre Discipline pour tenter d’expliquer parmi l’ensemble des Rapports Sociaux, comment fonctionnent les seules relations Spécifiques qui présentent un caractère Politique. Affiner cette définition liminaire qui tient de l’évidence n’est pas sans poser à partir de la, quelques difficultés étymologiques, et à conditionner la nature même de la Sociologie Politique. Chaque Politologue en effet étant enclin à user de cet outil Scientifique à partir de la conception qu’il s’en fait. 2 — Contenu du terme Politique. Première difficulté donc, elle a trait au contenu même du terme Politique dont l’emploi dans l’expression en Sociologie Politique devrait être accepté par tous les Politologues car, de sa signification dépend évidemment la fixation même du domaine de la discipline. Or, et c’est ce qui pose problème, le Concept est si ambigu, sa polysémie si difficile à cerner et si fluctuante que la délimitation même de l’Univers Politique c’est-à-dire du champ d’Investigation que la Science Politique est amenée à embrasser, varie suivant les auteurs comme on le verra dans un instant, un certain secret d’arbitraire dans le choix entre les notions de référence d’Etat et de Pouvoir. C’est que le mot Politique est parfaitement équivoque, sauf à remarquer que son étymologie Grecque, fait référence à ce qui touche à la Cité et par extension au Gouvernement du Groupe. Substantif du genre féminin, LA Politique désigne plutôt l’espace symbolique de compétitions entre les Hommes et la manière que les Gouvernants ont de gérer la Société qui les a porté à sa tête. Au masculin LE Politique renvoie généralement à une réflexion objective sur le Pouvoir réflexion dégagée des contingences du quotidien. Et c’est évidemment à cette dernière acception que l’on se réfère pour l’emploi

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SOCIOLOGIE POLITIQUE

La Sociologie Politique

La Sociologie Politique dont l’Etude est au Programme de la 1ère année du DEUG de Droit est pour reprendre l’expression du Professeur Leclerc, je cite : « la plus ancienne et la plus neuve des disciplines Scientifique et Morale ». Nous allons démarrer notre ensemble de cours sur cette discipline par un chapitre préliminaire de présentation.

1 — Définition liminaire.Chapitre Préliminaire : introduction épistémologique à la Sociologie Politique.L’objet de la Sociologie Politique, comme toute première approche c’est la Société dans toute sa dimension Politique et partant de ce postulat de base, qui demandera bien entendu à être précisé, la Sociologie Politique peut être considérée, et c’est le parti prit de cet enseignement comme l’Approche Sociologique des phénomènes Politiques. Autrement dit, comme l’ensemble des Conceptions et des Méthodes d’Analyse dégagé par la Sociologie générale, pour l’étude des Rapports Sociaux.L’on va user ces Conceptions et ces Méthodes, dans le cadre de notre Discipline pour tenter d’expliquer parmi l’ensemble des Rapports Sociaux, comment fonctionnent les seules relations Spécifiques qui présentent un caractère Politique. Affiner cette définition liminaire qui tient de l’évidence n’est pas sans poser à partir de la, quelques difficultés étymologiques, et à conditionner la nature même de la Sociologie Politique. Chaque Politologue en effet étant enclin à user de cet outil Scientifique à partir de la conception qu’il s’en fait.

2 — Contenu du terme Politique.Première difficulté donc, elle a trait au contenu même du terme Politique dont l’emploi dans l’expression en Sociologie Politique devrait être accepté par tous les Politologues car, de sa signification dépend évidemment la fixation même du domaine de la discipline.Or, et c’est ce qui pose problème, le Concept est si ambigu, sa polysémie si difficile à cerner et si fluctuante que la délimitation même de l’Univers Politique c’est-à-dire du champ d’Investigation que la Science Politique est amenée à embrasser, varie suivant les auteurs comme on le verra dans un instant, un certain secret d’arbitraire dans le choix entre les notions de référence d’Etat et de Pouvoir.C’est que le mot Politique est parfaitement équivoque, sauf à remarquer que son étymologie Grecque, fait référence à ce qui touche à la Cité et par extension au Gouvernement du Groupe.Substantif du genre féminin, LA Politique désigne plutôt l’espace symbolique de compétitions entre les Hommes et la manière que les Gouvernants ont de gérer la Société qui les a porté à sa tête.Au masculin LE Politique renvoie généralement à une réflexion objective sur le Pouvoir réflexion dégagée des contingences du quotidien. Et c’est évidemment à cette dernière acception que l’on se réfère pour l’emploi de l’adjectif Politique dans le cadre des études de Sociologie Politique.Pour autant, toute ambiguïté n’est pas levée dans la mesure ou d’une part, l’opposition entre les utilisations masculines ou féminines du mot Politique, ne peut être réduite à l’opposition de deux domaines séparés.Celui de LA Politique au sens d’art Politique, comme dans l’expression faire de la Politique. Domaine des rivalités et de la Gestion au jour le jour, qui seraient impropres à l’examen Scientifique et celui Du Politique, notre domaine d’Etude. Parce que ce dernier serait de l’ordre de l’essence même, c’est-à-dire des conditions immuables du Jeu Politique quel qu’il soit, partout et en tout temps et que de la sorte abstraction immuable, il constituerait le seul cadre de réflexion possible, suffisamment général pour livrer les clefs explicatives de toutes les Manifestations politiques particulières.Or les choses ne sont pas aussi tranchées et aussi simples. En fait, le Politique ne peut ignorer ce qui est contingent et la Politique ne saurait se concevoir sans une réflexion sur elle-même.

3 — Notion de Sociologie Politique.D’autre part et par ailleurs la notion de Sociologie Politique est encore obscurcie, par le fait que certains auteurs comme Jean-marie Denquin, dans son ouvrage Politique de 1992, penche plutôt pour faire de la discipline, la Science de la Politique de préférence à celle du Politique.

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Aussi sans entrer dans des querelles sémantiques infinis, ces diverses conceptions sur le fondement même de la matière, incitent et c’est la un faiblesse à rester dans une certaine imprécision quand aux limites de l’étendue de la Recherche. Ce que reconnaît volontiers Jean-marie Denquin qui écrit page 76, de son ouvrage précité, je cite : « le but recherché est seulement d’avancer dans la compréhension de ce qu’est la Politique Réelle, par l’élucidation de ce qu’elle ne peut pas, ne pas être. C’est pourquoi nous utiliserons l’expression vague mais commode d’Univers Politique. L’UNIVERS POLITIQUE, c’est ce qui englobe toute Politique et la conditionne, c’est-à-dire, la détermine non point positivement, mais négativement ». Fin de citation.

Deuxième difficulté à présent qui concerne la qualité de la Recherche. C’est poser la question du caractère Scientifique de la Sociologie Politique et celle connexe de sa spécificité dans l’Approche des Faits Politiques. Autrement dit, est-il pertinent de définir notre discipline, comme une Science. En mesurer les apports mais aussi les limites, comme l’on fait dans le N° 158 de la collection « Domino » chez Flammarion, des auteurs comme Béatrice Mabilon-Bonfils, et Bruno Etienne. Sue cette deuxième interrogation la encore, les certitudes ne vont pas sans quelques points faibles.Ainsi en est-il de l’intitulé même de la Discipline. En effet, l’Action Politique étant d’abord une Activité Sociale et le Fait Politique un Fait Social. La Sociologie Politique est d’abord une sociologie, et l’expression même de Sociologie Politique symbolise l’intention de replacer les phénomènes Politiques, dans l’ensemble des phénomènes Sociaux. Cette démarche largement répandue chez un grand nombre de Professeurs, comme notamment Maurice Duverger, Roger-Gérard Schwartzenberg ou encore Claude Leclerc que nous avons cité il y a un instant. Cette démarche disais-je traduit en toute logique, d’une part le souci de supprimer les frontières entre ces deux disciplines, à savoir Sociologie Générale et Sociologie Politique, dans la mesure ou ils estiment qu’il y a une unité profonde entre ces deux Sciences Sociales, et d’autre part celui connexe d’utiliser la Méthode Sociologie pour l’approche Politique.Il faut dire que leur argument ne manque pas de pertinence. Ne serait-ce qu’au seul Rappel de la naissance de la Sociologie Politique au rang de Sciences. A l’Etat Civil épistémologique, le terme Sociologie appliqué au traitement de la Constitution et du Développement des Sociétés Humaines apparaît tardivement, puisque c’est Auguste Comte, qui dans le volume 4 de son cours de Philosophie Positive le forge en 1839, et cela pour concrétiser une véritable discipline Scientifique, l’intention objective et positive qui va guider sa recherche.C’est ainsi qu’il précise d’ailleurs le caractère Scientifique de cette nouvelle Science Sociale qu’il ébauchait en écrivant, je cite : « quelle sera l’étude positive de l’ensemble des Lois Fondamentales propres au phénomène Sociaux ». En ce qu’il a affirmé et consacré une Méthodologie, la Sociologie Moderne doit par conséquent beaucoup à l’Héritage qu’on tient. C’est ainsi que Raymond Aron qualifie la Sociologie de, je cite encore : « l’Etude qui se veut Scientifique du Social en tant que tel ». Et cela dans un ouvrage de 1967, intitulé « Les étapes de la Pensée Sociologique ».De la même façon dans son manuel de Sociologie de 1958, un autre Sociologie Français Armand Cuvillier définit cette Science comme la Science Positive des Faits Sociaux.C’est sur cette base Méthodologique que la Sociologie Politique dont on a dit qu’elle traitait de la Constitution et du Développement des Sociétés Politiques s’est constituée dans les années 50.

4 — La Sociologie Politique considérée comme une des branches de la Sociologie Générale.

Caractérisé comme l’une des branches de la Sociologie Générale tout comme ces autres branches Sociales particulières nées de l’éclatement de cette dernière que sont par exemple la Sociologie Economique, la Sociologie Juridique, la Sociologie Criminelle ou encore la Sociologie Religieuse, et bien la Sociologie Politique emprunte nombre de Concepts et de Théories à la discipline mère, la Sociologie Générale.A vrai dire, à plus d’un titre là encore des incertitudes subsistent et cela sur l’Intitulé même de la Matière et sur son Contenu. Ainsi en ce qui concerne le premier point, il est à relever que des chercheurs comme Jean-marie Denquin ou encore Dominique Chagnollaud préfèrent l’expression Sciences Politiques, pour caractériser des recherches empreintes davantage de connotation Juridique dans l’esprit de la somme que le Professeur de Droit Constitutionnel Georges Burdeau publia en 1966/1967 sous le titre « Traité de Sciences Politiques en sept volumes ». Certains par

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ailleurs compliquent la filiation Sociologie Générale, Sociologie Politique, en affirmant soit comme Dominique Chagnollaud et Philippe Braud que la Sociologie Politique, n’est pas une simple dimension de la Sociologie, mais une branche particulière de la Science Politique. Soit selon les représentants de tout un courant de recherche après la Seconde Guerre Mondiale, qu’il y aurait une division Institutionnelle entre Sciences Politiques et Sociologie, comme si le remarque le Sociologie Pierre Ansard dans un ouvrage de 1990 « Les Sociologies contemporaines », je cite l’auteur : « l’on pouvait dissocier les relations de pouvoir, des attitudes et des représentations, séparer le fonctionnement de l’Etat, des structures Sociales »Cette controverse et ses ambiguïtés devaient être signalés. Aujourd’hui disons que pour simplifier les choses, l’on préfère considérer les deux formules comme synonymiques et parler plutôt de Sociologie Politique à propos de laquelle Raymond Aron, pouvait si justement écrire en 1965, dans le N°1 de la Revue de l’Enseignement Supérieur, c’était pages 21 et suivantes, je le cite :

5 — Définition des expressions   : Sociologie Politique et Science Politique   : « à la limite, on pourrait dire que la Science Politique, considéré globalement se confond avec la Sociologie Politique. Elle est le chapitre Politique de la Sociologie ». Cela posé, le contenu de la Discipline présente aussi des zones d’ombre. Certes le développement de la Sociologie est-il lié à l’idée que les phénomènes Sociaux peuvent être étudiés par les mêmes Méthodes Scientifiques qu’emploient les Sciences de la Nature. Et que la Sociologie est une Science dans la mesure ou comme dans les Sciences de la Nature, elle décrit ces phénomènes tels qu’ils existent en formulant dans un Discours cohérent, positif et hétérogène à son objet, des jugements de Réalité en adéquation avec les Faits observés et non pas de simples jugements de valeur.Il n’en resta pas moins que le savoir à prétention Scientifique, que la Sociologie Politique construit ne peut être que relatif et révisable. A cela il y a au moins trois raisons.D’abord parce que le Discours Scientifique s’appliquant à l’examen concret de ce qui est réel, c’est-à-dire palpable, tangible s’agissant du cas particulier de notre discipline, il est difficile en l’occurrence de concevoir et de définir la Réalité des Faits Sociaux Politiques.Par exemple qu’est-ce qu’un Parti Politique sinon l’idée que chacun s’en fait.Deuxième raison ensuite, parce que si la Science en général et la Sociologie Politique en particulier est dans la recherche de l’Explication, construit une Vérité, celle-ci ne peut jamais être Absolue, quand il s’agit d’analyser de mettre en équation et de prédire les comportements Humains et cela dans la mesure en effet ou l’Homme est un Etre Libre, voire imprévisible par excellence. Autrement dit, la Liberté de l’Homme peut-être ne saurait être enfermée dans un Déterminisme quelconque. La notion de Lois Sociologiques par conséquent est une notion absurde, puisque incompatible avec cette Liberté même.Tout au plus pourra-t-on, exprimer des comportements d’ensemble en termes de probabilité, et tenant compte de la Liberté possible des individus, constituant ces ensembles. C’est ce que l’on fait notamment, avec les sondages et les prévisions Electorales.Enfin une dernière raison, à la lumière de ce qui vient d’être exposé. Que pouvons-nous attendre d’autre de la Sociologie Politique, que, faute de formulations de Lois, l’Etablissement de Typologie c’est-à-dire de classement ordonnant les Connaissances et de Modèles, c’est-à-dire d’hypothèses qui rendent Intelligibles des Processus.Mais la encore, il faudrait naviguer entre deux écueils.A savoir, le Simple Empirisme, qui se limite à la simple accumulation des Faits, sans horizon, et la Spéculation Abstraite dans des Théories Partielles, jamais complètement exactes ou définitives. Théorisation à cent lieues des Théories Générales des Sciences de la Nature en tout cas qui s’appliquent à des Faits Objectifs essentiellement.Alors que les Théories Sociaux Politiques concernent des Faits mais aussi des Valeurs dont la perception par le Chercheur est toujours subjective.Dernière difficulté que nous ne faisons qu’évoquer à la suite de l’ouvrage « Politics and the Social Sciences », publié à Londres en 1969, sous la Direction de Seymour Martin Lipset. C’est sur le constat que la Sociologie a emprunté un certain nombre de méthodes et de techniques de recherche des disciplines voisines et que d’autre part, l’interprétation des phénomènes Politiques ne peut que s’enrichir d’une approche Pluridisciplinaire, que se pose le double problème de la définition du champ exact de la Science et celui de son autonomie véritable.Voilà présenté sans complaisance, ni concession, notre discipline. Et si l’accent semble avoir été

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mis sur ses faiblesses, c’est d’abord pour en prendre la juste mesure, et ensuite avant même que d’aborder les apports de la Sociologie Politique à la Connaissance, pour inciter tous ceux qui sont amenés à la pratiquer, à faire preuve de modestie d’une part et de ne rien admettre de définitivement acquis d’autre part. Mais il est temps à présent d’entrer dans le cœur des certitudes et de consacrer la suite de ce chapitre préliminaire donné, en premier lieu un contenu à notre Matière et à mettre en relief sa spécificité et en second lieu à aborder les Règles de la Méthode qu’elle développe.

SECTION 1   : DELIMITATION DU CHAMP DE L’ETUDE Par cette expression, nous entendons examiner deux choses.D’abord l’Objet global de notre Matière, ensuite les Limites de son Champ d’Investigation, par comparaison avec ceux de Sciences contiguës.

Paragraphe 1.OBJET ET DELIMITATION DE L’ETUDELe concept de Société Politique. Nous avons dit, il y a un instant que la Sociologie Politique est la Science de l’Univers Politique, ou encore de la Société Politique. Sur cet Objet même de la discipline, deux grandes conceptions se sont succédées.

A — Première conception.La Sociologie Politique devrait se consacrer à l’Etude de l’Etat. Il s’agit là de la Doctrine Classique, la plus ancienne, celle qui associe la discipline à l’analyse exclusive d’une certaine forme d’Organisation Juridique et Politique. Au XIXème siècle ce sont surtout les juristes Germaniques autour de Gelinek qui ont popularisé cette conception, obsédés qu’ils étaient par les problèmes de la formation de l’Unité Allemande. Pour ces juristes, l’Etat est en somme un idéal à atteindre et ils leur paraissaient normale que la Science Politique, se consacra à définir et à Théoriser ce qui était pour eux la Forme la plus noble la plus désirable d’Organisation Politique.En France ce point de vue a trouvé ces défenseurs. Notamment avec le Doyen Davy, dans le volume 1 de ces éléments de Sociologie parus en 1924, ainsi que chez le Recteur Prélot dans un cours qu’il professait en 1956/1957 à la Faculté de Droit de Paris intitulé « La conception Française de la Science Politique ». De la même veine, on peut citer également le Dictionnaire Littré qui définit la Politique comme je cite, «  la Science du Gouvernement des Etats ».Très vite cependant, dès le début du XXème siècle, le Professeur Duguy éminent Constitutionaliste et Georges Scelle, Spécialiste de Droit International remet en cause cette position en considérant que l’Etat n’est qu’une Forme parmi d’autres d’Organisation Politique. Et que le phénomène Fondamental caractéristique d’une Société Politique donnée, ne se réduit pas dans une Forme Particulière d’Organisation, mais tout simplement dans la différentiation Objective entre Gouvernants d’une part et Gouvernés d’autre part.

B — deuxième conception de notre discipline, de son champ d’investigation.La doctrine moderne abandonne le critère de l’Etat et elle fait de l’Objet de la Sociologie Politique l’étude du Pouvoir en général.Autrement dit, la Sociologie Politique travaille sur le Commandement, l’Autorité, les Modes de Gouvernement dans quelques Sociétés Humaines que ce soit et pas seulement dans la Société Etatique. Cette conception précisée dans les années 30 par Charles Mériam Georges Kathleen et Harold Laswell aux Etats-Unis a été popularisée en France, notamment par Raymond Aron et par les Professeurs Georges Burdeau, Georges Vedel et Maurice Duverger.Cela reconnu, certains se sont demandés si donner à la Sociologie Politique l’étude du Pouvoir, n’était pas lui assigner une tâche démesurément étendue.Devrait-elle par exemple, se pencher sur l’analyse de l’Autorité d’un Père de Famille sur ces Enfants, sur celle d’un Chef d’Entreprise sur ces Employés ou encore aborder le Système de Pouvoir jusque dans les Sociétés Animales.Face à ce problème, la Sociologie Politique moderne se subdivise en deux branches.Certains auteurs, comme le regretté Bertrand de Jouvenel, sont partisans d’admettre qu’à chaque fois qu’il y a Pouvoir, il y a Matière à Etude de Sciences Politiques. Ces auteurs sont aujourd’hui Minoritaires. Pour la grande Majorité si la Discipline ne doit pas ignorer les phénomènes de Pouvoir à un niveau inférieur à celui de l’Etat, ni ceux qui se situent au-dessus dans l’Ordre des Relations Internationales, ces deux types d’élément pouvant avoir au reste une influence sur les

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Relations au niveau Etatique. Il n’en reste pas moins pensent-t-ils que son terrain d’Election doit concerner les phénomènes du Pouvoir, qui se manifeste de la manière la plus évidente dans le cadre Etatique. Quitte à invoquer alors à l’appui de ces démonstrations, l’apport des enseignements d’autres Sciences Sociales. Et c’est, participant de ce même courant d’idée, et faute d’un critère de délimitation bénéficiant d’un accord unanime, que les experts de l’Unesco en 1950, ont choisi d’une Manière Pragmatique de définir la Sociologie Politique par la nomenclature des thèmes qu’elle traite plutôt que par une réflexion de son essence même. Selon eux, son champ d’Etude devrait comprendre, quatre grandes Rubriques.A savoir :1) La Théorie Politique2) Les Institutions Politiques3) Troisième Rubrique, les Partis Politiques, les Groupes et l’Opinion Publique4) Quatrième Rubrique, les Relations InternationalesPour leur part, Reynolds, Bendix et Seymour Martin Lipset, donnaient en 1957 une liste de Thèmes plus concentrée qui clos le débat. Ils écrivaient je les cite :« la Sociologie Politique comprend les études sur : 1) le comportement Electoral et la Recherche des attitudes et des opinions2) le processus de prise des Décisions Politiques3) les Idéologies des Mouvements Politiques et des Groupes d’Intérêt4) les Partis Politiques, les Groupements volontaires et le problème de l’oligarchie5) le Gouvernement et les Problèmes d’Administration

Paragraphe 2.CARACTÉRISER LA SPHÉRE DE LA SOCIOLOGIE POLITIQUESans aller jusqu’à traiter de la place de la Discipline par Rapport à l’Histoire ou à la Science Economique par exemple, tant la différence d’Objets est évidente. Il n’est pas sans intérêt de mettre en relief par comparaison, ce qui distingue la Sociologie Politique, du Droit et spécialement, du Droit Constitutionnel et de la Philosophie Politique.Car ce sont deux Sciences de l’Homme avec lesquelles elle s’est longtemps confondue sur l’approche de l’Etat et du Pouvoir.

A — SOCIOLOGIE POLITIQUE ET DROIT L’optique Juridique en ce qui la concerne est essentiellement Normative. En ce sens qu’elle est à la base de la Distinction de ce qui est licite, par rapport à ce qui est illicite, compte tenu d’un ensemble de Règles, que des Autorités Politiques et Administratives ont façonnées et pour la méconnaissance desquelles elles ont organisées tout un arsenal de Sanctions.C’est ainsi que le Droit vise à produire des Résultats.C’est une part d’imaginaire, qui ne se limite pas à la mise en conformité des Lois établies des Institutions, avec l’état de la Société dans laquelle il s’applique, mais c’est aussi une projection dans l’avenir de tout un système de comportements et de valeurs qui acquièrent dans la pratique Sociale une présence aussi Réelle que les Faits naturels.En revanche, la Sociologie Politique n’est pas Normative, elle ne fait qu’explorer ce qui est, et non ce qui devrait être, elle a notamment en ce sens pour finalité, l’analyse de tous les phénomènes informels et non juridiques, mais qui sous-tendent, informent, dépassent ou contredisent les cadres Juridiques Institutionnels. Le Droit et la Science Politique ont donc deux domaines d’investigations clairement séparés. Même si ces deux approches Scientifiques sont complémentaires, dans l’analyse des situations concrètes.Prenons le Droit Constitutionnel pour illustrer ce propos.La Constitution d’un Etat donné, qu’elle soit écrite ou informelle comme en Grande-Bretagne, se présente comme un document solennel, relatif à la mise en place de la Réglementation pour le futur des Institutions dont se pourvoit un Régime Politique qui prend le Pouvoir et compte l’exercer longtemps. Mais la Constitution ne peut jamais tout prévoir pour l’immédiat et encore moins pour l’avenir.Autrement dit, l’Acte Fondamental et Initial d’un Régime Politique quel qu’il soit ne peut suffire à lui seul à rendre compte de tout le Droit Constitutionnel, et ce dernier, s’appuya-t-il sur un Conseil Constitutionnel prévu comme en France, pour réaliser l’adéquation entre les choix Institutionnels

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et l’Evolution de la Société ne veut pas tout résoudre.C’est qu’en effet, la réflexion Constitutionnelle proprement dite, n’a pour mission pour reprendre les termes utilisés par le Conseil Constitutionnel Français dans une décision du 23 septembre 1992, relative à la Loi autorisant la Ratification du Traité sur l’Union Européenne que d’évoquer, je cite : « l’équilibre des Pouvoirs établis par la Constitution ».Ce qui signifie que même étendue au Libertés Publiques, le Droit Constitutionnel n’est pas adapté pour expliquer le maintien ou l’abandon du consensus qui lie une Population à ses InstitutionsIl n’est pas armé pour analyser notamment les paramètres de l’opinion Publique, Elément Fondateur à même de contrôler l’action des Gouvernants que les Citoyens se sont choisis et qui agissent pour leur compte. Et c’est là, que la Sociologie Politique en ce quelle étudie par exemple les Partis Politiques juste mentionnés dans la Constitution du 04 octobre 1958 en France, mais portant élément Constitutif de l’Opinion Publique, que la Sociologie Politique disais-je enserre le Droit Constitutionnel, voire exerce sa Suprématie sur lui comme Matière d’Environnement Explicatif.

B — COMMENT DISTINGUER LA SOCIOLOGIE POLITIQUE DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUELa encore, il s’agit de deux Disciplines très proches l’une de l’autre et longtemps confondues sur le même champ d’Etude, mais comme le Droit, cette branche Individualisée de la Philosophie que constitue la Philosophie, dite Politique, est une Discipline Normative qui prétend dégager les principes et les recettes d’un bon Gouvernement, c’est-à-dire d’un Gouvernement qui sache ce faire accepter.Certes les œuvres de cette catégorie recoupent évidemment les préoccupations de la Sociologie Politique, ne serait-ce par la place qu’elles accordent aux analyses de la Réalité Politique, mais elles s’en écartent par leur finalités qui sont moins de Connaissances que d’Actions, ainsi que par leur Mode de Raisonnement axiomatique. Et si, comme le remarque Jean-marie Denquin dans son manuel, je cite : « la Science Politique trouve dans ces œuvres géniales, une foule de suggestions, il serait toutefois aussi incongru de prétendre bâtir une Science Politique sur elle que de fonder la Physique sur la Critique de la Raison Pure ».

SECTION 2   : LA MÉTHODOLOGIE SCIENTIFIQUE EN USAGE EN SOCIOLOGIE POLITIQUECorollaire Méthodologique de l’affirmation de l’Unité de la Société globale, il est non moins évident que la Société Politique étant d’abord une Sociologie. Ces Investigations dans l’Univers Politique sont soumises aux Règles propres de la Méthode Sociologique.En conséquence, à l’encontre de la Démarche confuse qui consisterait à considérer la Sociologie Politique comme une Science carrefour, faîte de briques et de brocs, d’un amalgame de données historiques, juridiques, psychologique, que sais-je encore, sur le Thème récurrent du Pouvoir. La rigueur impose de traiter les Faits Politiques comme une catégorie de Faits Sociaux et de préférer à la Diversité d’Approche ou de Traitements des phénomènes Politique, l’Unité de la Démarche Sociologique. Au moins dans un premier temps.Libre au Chercheur s’il le juge utile par la suite, d’enrichir ces explications Sociaux Politiques, par l’apport d’arguments puisés dans d’autres Disciplines, ce que font d’ailleurs tous les Politologues, comme il apparaîtra dans la suite de cet enseignement. Cela posé, expliquer en Sociologie comment toutes Sciences, écrit ce Père Fondateur de la Sociologie qu’était Marcel Mauss, c’est donc découvrir des Lois, plus ou moins fragmentaires, c’est-à-dire lier des Faits définis suivant des Rapports définis. Et c’est sur l’esquisse de ce canevas que nous poserons les bases de la Démarche Sociologique en examinant tour à tour les pièges du sens commun et les illusions de l’Empirisme, puis en précisant les notions de Théories Scientifiques et de Vérifications par confrontation entre Théorie et Observation de la Réalité.

Paragraphe 1.LES PIEGES DU SENS COMMUN ET LES ILLUSIONS DE L’EMPIRISMEAborder un Thème d’Etude sur le Champ du Politique, c’est d’abord abstraire par le langage, parmi toutes les Institutions Sociales, les valeurs, les actions, les comportements que la conceptualisation même intègre dans le domaine Politique.Autrement dit, Objectivant des Concepts largement Virtuels, faut-il commencer par les construire mentalement sous Forme d’Objets Sociologiques.

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C’est la première étape déterminante de laquelle dépendra la Qualité d’une Recherche qui consistera à partir de là, à leur Appliquer les Outils nécessaires à leur Observation, à leur Classement, ainsi que ceux qui permettrons, éventuellement de les sélectionner dans des Théories Explicatives qui leurs donnent un sens. Cela dit, ce premier contact entre le Chercheur et la Matière de son Etude est souvent délicat parce que tout Homme fut-il Politologue a l’illusion d’un Savoir Immédiat.

A — LES PIEGES DU SENS COMMUNCe sont pour reprendre une expression de Durkheim, figure emblématique s’il en est de la Sociologie Française, des distorsions entre le Réel et ce que l’on croit être la Réalité. Autrement dit, c’est la confusion qui peut apparaître entre l’illusion d’un savoir immédiat, sur ce que nous ne connaissons pas, mais que nous imaginons de comprendre, pour nous sentir en Harmonie avec le Monde qui nous entoure et le Véritable Déterminisme, parfois malaisé à découvrir.Ainsi, de la même façon, que jusqu’à la Renaissance, les hommes croyaient que la Terre était une galette ronde parce qu’il la voyait plate et l’horizon circulaire, de la même façon le Sociologue immergé dans un même Réseau de Relations Sociales, est le savant avant tout, de sa propre Pratique. Un Sociologue, père de Famille Spécialiste des Relations Familiales, peut être de la sorte enclin à transposer dans sa recherche savante, l’idée même qu’il se fait chez lui de son rôle de Chef de Famille. Et le Politologue par ailleurs engagé dans le combat Politique, faire une Sociologie Politique de Droite ou de Gauche, dans tous les cas une Sociologie Politique aux antipodes de ce que devrait être une Recherche Neutre.Dans le même ordre d’idée, à cet égard, l’un des travers les plus répandus qui guette le Scientifique et le conduit à l’erreur, c’est la propension relativement fréquente, à juger par rapport aux Normes et aux Comportements du Groupe Social auquel on appartient.C’est ce qu’on appelle l’Ethnocentrisme, qui comme l’Egocentrisme est ce penchant Naturel à tout rapporter à soi, et à troubler une réflexion qui devrait être Objective d’à priori et de lieux communs infondés.Ce peut être un Ethnocentrisme de Civilisations lorsque par exemple, l’on applique le Concept de Démocratie, à l’atteinte de Périclès ou à certaines Sociétés Africaines, par une analyse inconséquente, avec la pratique Démocratique dans l’Europe du XXIème siècle.Ce peut être aussi un Ethnocentrisme de Classe qui consiste à prétendre connaître les autres Groupes Sociaux de sa propre Société, à partir des présupposés du Groupe d’appartenance de l’Observateur.

B — AUTRES SOURCES D’ERREUR dans LA CONSTRUCTION de L’OBJET ETUDIE .L’hyperempirisme, l’on désigne par là, ce travers qui guette le politologue qui consiste à accumuler les Recherches de Détails, les Quantifications d’un grand nombre d’éléments, en étant convaincu après Paul Lazarsfeld et les tenants de l’Ecole Empiriste Américain dans les années 20, que seuls les Objets d’Etude mesurables pouvaient être qualifiés de Scientifique. Et que dès lors qu’avait été employé un instrument rigoureux de méthode, sondage, enquête, quantification Mathématique, et bien point n’était besoin de les soumettre à la réflexion.En fait, en rester à cette étape qui est celle de la Description savante, ni plus, ni moins, risque comme l’avait dénoncé Reitmils en son temps, d’orienter inconsciemment les Résultats de l’Etude en fonction de l’Idéologie Dominante.Aussi venons-en à l’exposé de ce qui doit être une Entreprise Scientifique aboutie, c’est-à-dire à la Recherche de Théories Scientifiques et à leurs Vérifications Empiriques.

Paragraphe 2.LES THEORIES SCIENTIFIQUES ET LA VERIFICATION EMPIRIQUELa faiblesse d’accumulations de Données Empiriques est d’isoler de dissocier les Actes de la Recherche, alors que ceux-ci n’ont de sens que s’il sont insérés dans une Démarche Unitaire qui doit passer dans un Mouvement Dialectique de la rupture d’avec le Sens Commun, à la Vérification de l’Hypothèse en passant par la Construction de l’Objet.C’est tout ce cheminement qui doit dans une Interaction permanente et recadrage si nécessaire entre les Faits Observés et la Théorie permettrent d’abandonner le fétichisme de la Méthode de la Technique pour laisser libre cours à l’imagination Sociologique. Vertu qui distingue le Sociologue du véritable Technicien. Pour illustrer ce processus qui relie intimement construction de l’Objet d’Etude et Théories à lui appliquer, les Travaux de Goffman sont riches d’Enseignement.

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A — « L’OUVRAGE ASILE » D’ERWIN GOFFMANQue l’on peut trouver aux Editions de Minuit, paru en 1974. Cet auteur cherchait à comprendre, qu’elle était la place et la fonction des Asiles Psychiatriques dans lesquels sont enfermés et gardés des Hommes, qui échappent d’une manière plus ou moins évidente aux Normes Communes, par rapport au Corps Social tout entier. S’agissant d’une Etude d’Impact purement Sociologique, Goffman commence donc par Conceptualiser l’Objet de sa Recherche, d’abord à tâtons, en procédant à une Rupture avec la Recherche Psychologique et Médicale, qui concernent l’Etude des Symptômes et la Folie, et ces remèdes éventuels.Ensuite en éliminant la question de l’Ordre Social peut opérationnelle, car elle ne porte que sur l’existence de ce type d’Etablissement particulier et non sur leur Fonctionnement.

Enfin Goffman en arrive par induction à bâtir dans le même mouvement, une Théorie strictement Sociologique, en l’occurrence la Théorie des Fonctions Sociales caractéristiques d’une classe d’Institutions particulière qu’il appelle « Les Institutions Totalitaires », et à construire précisément ce Concept Générique d’Institutions Totalitaires, qui à partir du modèle des Hôpitaux Psychiatriques va regrouper tous les milieux spécialisés dans le gardiennage des Hommes. Comme les prisons, les casernes, les internats, les couvents, dès l’instant qu’ils présentent la double caractéristique, de couper les sujets en garde, du Monde Extérieur, et de prendre en charge tous leurs Besoins à l’Intérieur des Murs.

De la découverte du Concept à la Théorie, le fruit et l’intérêt de cette analyse, dépasse après Vérification Empirique, c’est-à-dire sur le Terrain, le Cadre Strict des Maisons d’Aliénés, car il fait apparaître dans toutes les catégories d’Etablissements Totalitaires, les mêmes comportements, qui tous traduisent une Manière de Riposte à une situation carcérale qui est imposée.

A partir de là, à partir de cette Démarche Sociologique, il est désormais aisé de comprendre, certains comportements aberrants, comme ce que l’on appelle le « Mauvais Esprit de certains » que l’on rencontre aussi bien parmi certains malades dans les Hôpitaux, que certains Militaires ou encore dans les Prisons, les Internats ou les Fabriques, et qui sont autant de marques de refus contre l’Unilatéralité des Idéologies dominantes.

La mise en relief de ce problème permettant éventuellement aux Autorités Compétentes de le prévenir ou d’y remédier. Voilà donc à quoi doit tendre une Démarche Sociologique bien menée qui est aussi celle de la Sociologie Politique.

B — AUSSI POUR FAIRE UN RÉSUMÉ SYNTHÉTIQUE DE LA MÉTHODE EMPLOYÉEDans les analyses de Sociologie Politique, convient-il rappeler qu’au départ, une Formulation au moins Hypothétique du problème étudié doit guider la Conceptualisation et la Collecte des Faits  , sinon sans cadre d’analyse, sans esquisse de Théorie pour Fil Directeur, on aboutira seulement à accumuler une Masse de Données qui resteront opaques. A l’arrivée, la systématisation Théorique est le But Normal de la Recherche Scientifique.Le progrès d’une Science résidant dans l’Elaboration de Théories de plus en plus Générales.

En ce qui concerne la Sociologie Politique toutefois, il semble que l’on soit revenu des Cadres Conceptuels Globaux comme le Marxisme ou la Théorie des Elites, depuis quelque temps, et que l’accent soit mis aujourd’hui sur des Théories plus limitées, fondées sur des Hypothèses de Travail réduites,mais aux Formulations compréhensives, plus Opérationnelles. ----Voilà pour la présentation globale de notre Discipline de Sociologie Politique, dans ce chapitre préliminaire.

SECTION 3   : LES GRANDES ARTICULATIONS DU COURS Qui seront distribuées en trois Titres, comportant chacun trois Chapitres.

LE TITRE 1, traitera de la Notion de Pouvoir Politique. Le Pouvoir Politique par le caractère Global et Fondateur de son Objet, s’impose en premier lieu en effet la Réflexion. Sur sa Définition, son Exercice, sa Transmission, son Evolution, seront tour à tour examiné, l’apport des Auteurs du

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Passé, les grandes Cosmogonies Explicatives des dernières années du XIXème siècle et des premiers temps du XXème siècle, puis les Outils et les Théories Modernes pour son Etude aujourd’hui.

LE TITRE 2, abordera la Notion de Système Politique et celle connexe de Développement Politique, plus récente, plus vaste, mais plus vague que la précédente, elles en constituent le Complément Nécessaire. Il sera démontré notamment en Théorie Pure d’abord, puis à travers les exemples contraires, des Pays développés d’une part et du Tiers Monde d’autre part, que le Pouvoir ne peut se concevoir et se comprendre que par Rapport à un Environnement qui le conditionne.

LE TITRE 3, sera consacré à ce que l’on pourrait appeler la Participation Politique, autrement dit, il s’agira des différentes Formes d’Influence que les Gouvernés peuvent avoir sur les Gouvernants. Comme le Vote ou encore la Violence, le Jeu des Partis ou encore celui des Groupes de Pression.

Voilà très succinctement exposé, le Plan de notre Enseignement.Qu’il nous soit permis enfin de délivrer deux Conseils, dans l’optique du passage de l’épreuve d’examen dans notre Discipline de Sociologie Politique.

1 — Bien apprendre ce Cours en premier lieu, la Lecture d’un Manuel de Complément n’intervenant à mon sens, qu’en appoint, s’il est jugé que telle ou telle question appelle des Développements plus circonstanciés. Cela dit, chaque Enseignant traitant à sa manière le Programme, aucun ouvrage du commerce ne démarque totalement le présent Enseignement.

Nous nous permettons toutefois de recommander plus particulièrement Trois Ouvrages :

« Sociologie Politique » de Claude Leclerc, aux Editions Economica, paru en 1998.« Sociologie Politique » de Philippe Braud, paru à la LGDJ, également en 1998.« Science Politique » de Dominique Chagnollaud, aux Editions Dalloz de 1999.

2 — Préparer les Sujets de Réflexion, mentionnés en fin du Dossier de Travaux Dirigés qui est distribué aux étudiants du Centre audio-visuel. Après l’Etude complète du Cours, ceux-ci doivent y consacrer environ une heure par Thème et ils seront interrogés principalement sur ces différentes questions, qui leurs sont proposées.

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Les précurseurs de la Sociologie Politique Contemporaine et les grandes directions

de la Pensée Politique Moderne.----------Titre 1LES APPROCHES SCIENTIFIQUES DES PHÉNOMÈNES DE POUVOIR

Les relations de Pouvoir propres à toute collectivité humaine, et spécialement dans l'Etat étant au coeur de l'Univers Politique, c'est-à-dire du Champ de l'Etude de la Société Politique, celles-ci sont désormais isolées, décrites et expliquées Scientifiquement, grâce à une batterie de plus en plus performante d'outils techniques, mis progressivement au point, pour leurs observations et leurs classifications et de Théories explicatives plus ou moins larges. Mais avant même cet avènement Scientifique relativement récent, la Réflexion sur le Pouvoir a nourri les travaux de générations de penseurs.

Trois chapitres composeront ce TITRE 1CHAPITRE 1

Ce sera l'objet de ce chapitre que de parcourir à travers les oeuvres majeures des grands auteurs, les premières analyses qui ont pu être menées sur les Mécanismes du Pouvoir. Certes, il ne s'agit pas encore avant le tournant des années 1900, d'Etudes Scientifiques à proprement parler, mais d'un mélange intime de Sciences Politiques et de considération tout autre, Géographique, Anthropologique, Démographique, voire Climatique, et surtout Philosophique. Qui méconnaissait la profonde différence aujourd'hui évidente, entre les Logiques Intellectuelles d’un discours axé principalement sur les jugements de valeur, et celles d'un discours orienté au contraire vers l'élucidation des Processus Politiques effectifs.

Sans doute est-il juste de relever toutefois et c'est pourquoi nous commencerons par parcourir cette galerie de portraits, que certains ouvrages de la Tradition Philosophique, outre le Rapport à la Culture en général, et à la Réflexion Politique en particulier, recèlent aussi des éléments d'analyse Scientifique au sens moderne. L'accent portera sur ces différentes bribes d'avancées Scientifiques. Après quoi seront évoquées les années cruciales pour la Formation des Sciences Sociales, ou des auteurs comme Max Weber, qui écrit « Le savant et le Politique » ou encore Emile Durkheim, qui fait paraître en 1895, ses « Règles de la Méthode Sociologique » se nourrissent d'une forte ambition d'examen empirique des Réalités observables, et rompant avec la Tradition Philosophique, développent une vision très aiguë des conditions auxquelles doit se plier l'investigation savante. Après eux l'école systémique Américaine insufflera de nouvelles perspectives à ce qui constitue la Sociologie Politique Moderne.

CHAPITRE 2Ce chapitre sera plus spécialement consacré à deux Grandes Théories concernant la

nature du Pouvoir dans toutes Sociétés Etatiques, et les changements qui l’affectent immanquablement. Parmi les modèles de systèmes Théoriques, c'est en l'occurrence, le Marxisme et la Théorie Elitiste, bien qu'un peu oublié aujourd'hui, que nous étudierons. Alors que tous les auteurs antérieurs que nous aurons vus dans le précédent chapitre, ne faisaient que décrire et classer les Etats en fonction de leurs différents Régimes Politiques, sans imaginer leur transformation autrement que sur la base d'observation comparative, les Théories Marxistes et Elitistes c'est leur intérêt, constitue les premières cosmogonies Socio-Politiques qui cherchent à expliquer la dynamique du Pouvoir d'Etat, à partir de construction de l'esprit basé sur l'expérience. Longtemps un modèle d'analyse de référence, ces Théories trop générales, gardent une fraîcheur intellectuelle indéniable. Mais reflétant les structures d'une Société Occidentale d'il y a 100 à 150 ans, elles ont perdu aujourd'hui une partie de leur séduction Scientifique. Parce que les Sociétés Etatiques sont d'une part plus complexes, que par le passé, et parce que d'autres part, l'échec d'une expérience Marxiste dans les années 90 après 7 décennies de mise en oeuvre en Europe de l'Est, a montré toute la part d'utopie et d'irrationnelle, que cette Doctrine longtemps dominante chez les Politologues recelait.

CHAPITRE 3Aussi ce chapitre, sera-t-il consacré à l'Examen de l'Etat de la Sociologie Politique actuelle.

Qui à l'inverse des généralisations du passé, incapables de donner un sens définitif au phénomène du Pouvoir Etatique, se caractérise plutôt par de multiples approches, de la notion de Pouvoir, pour de proche en proche, en arriver à éclairer celle de Pouvoir dans l'Etat, comme il a

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été dit précédemment en Introduction. Plus modeste, mais se voulant plus opérationnelle et plus pertinente, la Recherche Socio-Politique actuelle a deux priorités.

D'abord, elle est un laboratoire où l'on affine les outils d'observation et de classement des faits sociaux. Ceux-là mêmes, que la Sociologie Générale d'après-guerre a perfectionné comme les sondages ou les analyses de contenu. Ensuite, elle développe des modèles formels, plus restreints que les modèles Théoriques précédents, plus éloignés de l'expérience, et aussi plus dominés par le Raisonnement pur, modèle qu'elle construit à propos de toute Relation de Pouvoir recensée, afin de pouvoir l’expliquer et d'agir sur elle. L'objectif ultime étant, la découverte d'un modèle explicatif général du Pouvoir, par la formulation de plusieurs types d'architectures virtuelles des différentes forces en interaction qui le produise.

Autrement dit, la Sociologie Politique cherche actuellement à parfaire pour son propre Champ d'Etude, le Raisonnement Systémique qui est un outil désormais utilisé dans toutes les disciplines Scientifiques, en remplacement des modèles Théoriques Sociaux Etatiques des Ecoles Marxistes et Elitistes antérieures. CHAPITRE 4

Les précurseurs de la Sociologie Politique contemporaine et les grandes lignes de la Pensée Politique Moderne.Avant que la Sociologie ne devienne une Science à part entière, empruntant sa méthode à la Sociologie Générale, existait une réflexion Socio-Politique innomée, mal dégagée longtemps de Réflexion Ethique, Philosophique, ou de Préceptes Religieux, et encombrée de pré-notions Scientifiques, mais qui commence à dessiner un champ d'investigation autonome sous la plume d'une pléiade de Penseurs.

Le socle de notre discipline est donc fait de tout cet héritage Philosophique, Humaniste et Chrétien, qui couvre depuis Hérodote au Ve siècle avant Jésus-Christ, une longue période qui va de l'Antiquité au XVIIIe siècle. Il s'agissait alors d'une Réflexion Philosophique, c'est-à-dire d'une Pensée qui de l'Antiquité aux 15 premiers siècles de l'ère Chrétienne ne savait interpréter le destin de l'homme que d'abord, par référence aux Dieux, puis à une seule Puissance Divine.

Au XVIe siècle l'apparition du courant Humanisme marginalise le Créateur, on ne se préoccupe plus seulement de gagner le Ciel, mais également de bien vivre, sur terre. Avec la Philosophie des Lumières à partir du XVIIe siècle, la Pensée se laïcise. La Philosophie se dégage de la Religion, l'esprit positif l'emporte peu à peu sur la méditation déductive, et la conséquence en est une contestation de plus en plus radicale de la formule Monarchique du Gouvernement des Hommes, élaborée au cours des siècles, avec la collaboration de l'Eglise et une réintroduction parallèlement à sa place, de la Démocratie Antique que l'on redécouvre.Une Section 1 couvrira cette période en quatre paragraphes.La Philosophie Antique sera ainsi examinée en premier lieu, puis dans l'ordre chronologique , le Christianisme, l'Humanisme de la Renaissance, puis celui des Lumières. Avec la Section 2, sera abordé en deux paragraphes, L'essor de la Pensée Politique Moderne au XIXe siècle, et nous finirons par un regard rapide sur la Sociologie Politique actuelle.

SECTION 1Les pères fondateurs de la Science Politique et la classification des Régimes Politiques.

A travers sa Constitution, tout Etat exprime un Régime Politique donné, que ce soit à travers le Pouvoir d'un seul homme, c'est la Monarchie ou la Dictature.

De quelques-uns, c’est l'Oligarchie ou l'Aristocratie, si l'on considère que ce sont les meilleurs, ou encore du Peuple, dont les institutions issues de lui, peuvent être Démocratiques si elles sont respectueuses des Libertés de chacun, ou Démagogiques dans le cas contraire. En fait, un Gouvernement quel qu'il soit, et tous ces avatars n'est jamais Pur. La Monarchie par exemple, pouvant comme en Espagne aujourd'hui, s'accommoder de la Démocratie marquant par là le caractère Mixte du Régime. C'est ce qu'ont compris les auteurs et les acteurs de la vie Politique des époques que nous allons traverser, dont nous allons pour chacun isoler les idées touchant à ce qui fait l'objet de la Sociologie Politique, à savoir, l'Organisation Sociale, la nature du Pouvoir d'Etat et sa légitimité, ainsi que, le jeu des comportements Sociaux et Politiques.

Paragraphe 1LES PENSEURS DE L'ANTIQUITÉ GRECO LATINE.HERODOTE   :

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A l'origine, il y a Hérodote. Né à Halicarnasse, Colonie Panathénaïque d'Italie du Sud, il peut à juste titre être considéré comme le père de l'Histoire et de la Sociologie. Dans les neuf livres de ces histoires, qui sont autant d'enquête sur les civilisations qu'il a rencontré au cours de ces voyages, il est en effet le premier à avoir distingué les différentes formes de Gouvernement qu'il observait, et en établir une typologie, non sans en affirmer ses préférences. Ainsi dans le livre trois, après avoir fait exposer par le Mage Otanès, les avantages de la Démocratie et ceux de l'Oligarchie par Mégabyze, fait-il dire par le Mage Darius, je cite. « Trois formes de Gouvernement s'offrent à nous, supposons les parfaites toutes les trois. Démocratie, Oligarchie, Monarchie. Je déclare que ce dernier Régime l'emporte nettement sur les autres.

Un seul homme est au Pouvoir, s'il a toutes les vertus requises, on ne saurait trouver de Régime meilleur. Et l'auteur de poursuivre par la démonstration, maintes fois reprise, depuis Aristote jusqu'à David Easton selon laquelle, lorsqu’un système Politique ne correspond plus à son environnement, il se transforme en un autre modèle. Et c'est ainsi, pense Hérodote que les dissensions parmi les Oligarques, ou la corruption dans la Démocratie ne peuvent que conduire au rétablissement d'un Chef Unique, preuve s'il en est, de l'excellence du Régime Monarchique. Après Hérodote la construction la plus complète est sans conteste, celle de Platon, indissociable de celle de Socrate, dont il suit l'enseignement qu'il retranscrira durant huit ans, de 407 à 399 avant Jésus-Christ.

B - PLATONPlaton de son vrai nom Aristocle, né en 427 avant Jésus-Christ. A la mort de Socrate, il

espère installer au Pouvoir en Sicile, un Roi Philosophe. Il échoue, il revient à Athènes où il fonde une Ecole destinée à former les Hommes d'Etat, c’est l'Académie. Hommes Politiques raté, Platon est un auteur majeur par ses 28 dialogues, qui retracent les entretiens de Socrate avec ses disciples. Trois d'entre eux retiennent plus particulièrement le Politologue, il s'agit de celui qui est connu sous le titre de « La république », et qui s'intitule plus exactement « de la Constitution », et parmi les derniers dialogues il y a les Lois d'une part, et d'autre part le Politique qui nous retiendrons.

Tout à la fois Théoricien de la Société et du Pouvoir mais également utopiste, puisqu'il imagine un modèle Socio-Politique d'une République idéale, Platon conduit une triple Réflexion sur la Société Humaine dans son ensemble, sur la Cité et sur le Pouvoir Politique. Chacune de ces Réflexions étant indissociable des autres. Ainsi, en ce qui concerne la Société des Hommes, l'auteur développe dans le livre sept de la République, la métaphore du Mythe de la Caverne, selon laquelle, de la même façon qu'un homme enchaîné, et le dos tourné à l'entrée d'une caverne d'où vient la lumière, ne voit projeter sur la paroi du fond que les ombres des choses et non les choses elles-mêmes, de la même façon nous avons de la Réalité, qu’une Connaissance incomplète. Autrement dit qu'un reflet. Sur la Société Civile, Platon est Organiciste, comme le sera Spencer, bien plus tard au XIXe siècle.

Platon en effet, compare la société, à un corps humain. Avec une tête les Gouvernants, les Juges, un coeur ce serait la Police et l'Armée, et un ventre les Agriculteurs et les Commerçants. On peut voir déjà la, l'amorce de la Théorie des Classes Sociales. Mais c'est surtout sur le Pouvoir que l'apport de Platon à la réflexion Scientifique est important. Sur le Pouvoir en effet, il sera maintes fois copié, par tous les auteurs qui vont lui succéder. Ayant une inversion marquée pour la Démocratie qu'il identifie à cette forme dégénérée de la Politique qu’est la Démagogie, il développe en effet la Pensée d'Hérodote, sur les trois formes principales de Régime Politique et sur leur forme dénaturées, qui glisseraient progressivement de l'une à l'autre suivant des cycles.

Sa Pensée en fait, va évoluer d'ouvrages en ouvrage sur ce Thème. C'est ainsi que, dans la République, où il prône l'abolition de la propriété de la famille, tout à la fois en même temps que la communauté et des biens et des femmes, au moins pour l'éclat supérieur des Philosophes, Gouvernants et des Guerriers, le Gouvernement qu'il juge comme étant le meilleur est le Totalitarisme Aristocratique de la Monarchie. Mais la décadence menace, ce qu'il appelle la Timocratie, c'est-à-dire l'ambition et l'amour des Honneurs, est amené à le supplanter. Vient ensuite l'Oligarchie, qui est une dégénérescence de la Timocratie. C'est le Régime du Commandement par les gens riches sur des pauvres qui n'ont aucune autorité. A ce régime, succédera immanquablement pense Platon, la Démocratie, lorsque les pauvres massacres ou bannissent les Aristocrates en place, et fondent avec ce qui reste, écrit-il dans le livre de huit de la République, je cite, « un Gouvernement agréable, anarchique et bigarrée, qui dispense une sorte d'égalité, aussi bien sur ce qui est inégal qu'à ce qui est égal ».

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Enfin, cette Démocratie, va mener d'un excès de Liberté et de Servitude c'est-à-dire à la Tyrannie, où tout le monde est malheureux, y compris le Tyran lui-même, réduit à flatter les hommes les plus méchants, pour se maintenir. Alors que rappelons-le, le Gouvernement qui à l'opposé est celui du bonheur pour tous, est celui de l'Etat royal, celui-là même de la cité idéale. Dans « le Politique », son oeuvre de jeunesse, dont beaucoup d'observations se retrouveront dans les Lois, Platon découvre que ce qui fait la différence, entre un bon et un mauvais Régime, qu'il soit celui du Gouvernement, d'un seul, de plusieurs, ou de tout le Peuple, c'est en fait, la soumission aux Lois, ou au contraire le dédain des Lois.

Dans « les Lois » précisément, sa dernière oeuvre importante, l'auteur nous livre une autre réflexion intéressante, comparant le Despotisme Perse et la Démocratie Athénienne, il en vient à penser que toutes les autres formes de Régime n'en sont que des adaptations. Et qu'en définitive le meilleur Régime, celui qui dure est toujours celui qui combine des éléments Monarchiques et des éléments Démocratiques.

Sa Cité des Lois est la meilleure Cité possible, que Platon envisage donc après observations et déductions. Entre cette dernière configuration et la Cité idéale de la République purement utopiste, l'on peut mesurer tout le cheminement Scientifique de cet auteur majeur, et apprécier certain fulgurant Sociologique comme notamment la Théorie des climats, que reprendra particulièrement Montesquieu au XVIIIe siècle.

C – ARISTOTE384-322 avant Jésus-Christ, élève de Platon, Aristote, qui sera abondamment traduit,

commenté, popularisé en Occident, notamment par les auteurs Cordouens, comme Avicenne et Averroès au XIIe siècle, est le troisième auteur majeur de l'Antiquité Grecque, notamment avec son oeuvre capitale, « Les Politiques ». La Société est pour Aristote, inhérente à l'homme, dans la mesure où l'homme ne peut se suffire à lui-même. La Société existe donc par elle-même, comme une exacte sensation d’une choses réelle, et ses fondements en sont, la Famille est la Propriété. Point n’est donc besoin de l'imaginer idéalement, comme le faisait Platon dans son Mythe de la Caverne. Quant au Pouvoir Politique, si Aristote partage avec Platon l'idée que seul la pratique du Bien et de la Justice assure le bonheur individuel et social, et c'est là que nous touchons à l'Etat, cette pratique ne peut être assurée, que par un Ordre juste, qui prend racine dans la Constitution et dans la Loi.

Mais Aristote se sépare encore de Platon dans la mesure où, affirmant que la Politique n'est pas une Science Théorique mais une Science pratique, il va étudier et comparer tous les Régimes Politiques de son époque. Et s'il distingue trois Régimes essentiels comme son prédécesseur et leur évolution en trois formes corrompues, la Tyrannie succédant à la Royauté, l'Oligarchie à l'Aristocratie et la Démocratie qu'il assimile à la Démagogie au Gouvernement Constitutionnel qu’il nomme Politis. C’est non pas, par une construction Théorique, mais par une approche comparative des systèmes, qu'il en vient à se poser cette réflexion.

Ainsi découvre-t-il, que les Lois d'Evolution des Cycles Politiques, dépendent de la Géographie Physique Humaine et Sociale de chaque contrée considérée. De même, que la vitesse des changements. Avec Aristote la grande innovation c'est que, pour la première fois, est employée une méthode d'analyse, non pas abstraite et déductive mais comparative et inductive.

D - LES AUTEURS LATINSAvec Polybe en 205-125 avant Jésus-Christ, et Cicéron 106-43 avant Jésus-Christ, il s'agit principalement de transcripteur d'Aristote. Certes, la Pensée Grecque, avec Anaxagore Thucydide, Démocrite, Solon et tous les cyniques autour de Diogène de Sinope et riche de découvreur de la Rationalité, mais c'est encore les deux auteurs que nous venons d'étudier, qui servent de Maître à Penser, à Rome. C’est Polybe le premier semble-t-il, qui les introduit dans la Capitale de l'Empire Romain. Grec latinisé, il se lie d'amitié avec la famille de Scipion l'Africain, après avoir subi un temps le sort d'otage. Il admire ces Romains qui ont imposé leur domination au reste du Monde, et il l’écrit dès le livre un de son ouvrage intitulé « Histoire ». En notant que par comparaison, c'est dans le livre six, je cite, « le Peuple Athénien a toujours ressemblé à l’équipage d'un navire privé de capitaine ».

De ces prédécesseurs, Polybe reprend la Théorie des Cycles des Régimes Politiques. A la forme primitive et naturelle du Gouvernement d’un Seul, dérive pense-t-il après quelques perfectionnements, la Royauté, laquelle se dénature à son tour en Despotisme. Puis sur les ruines de l'une et de l'autre s'instaure l'Aristocratie qui se transforme à son tour en Oligarchie, puis en

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Démocratie, laquelle évoluera à son tour pour se faire Démagogie, où Gouvernement de la Populace qu’il nomme Ochlocratie. Partant de ces lieux désormais communs, Polybe découvre la Séparation des Pouvoirs et ses avantages. Pour lui en effet, les Institutions de la République Romaine atteignent l'excellence parce que leurs Constitutions étaient tout à la fois Monarchiques en raison de la présence des Consuls, Aristocratiques par l'instauration du Sénat, et Démocratique par l'existence notamment des Comices.

Il s'agit donc d'un Régime Mixte, qui puise sa force dans l'équilibre de ces trois Pouvoirs. Analyse identique, que redécouvrira Montesquieu en 1748, pour louer les institutions britanniques, analyse que par ailleurs les pères fondateurs de la Constitution Américaine de 1787 mettront en pratique. Il reste à mentionner parmi les auteurs de la Rome ancienne, le Cicéron du De Republica et du De Legibus, qui sous les mêmes intitulés que les deux œuvres majeures de Platon, reprend grosso modo, son analyse du Pouvoir, suivant une Méthode identique, c'est-à-dire sous forme de Dialogue. Détestant comme ses Maîtres Grecs la Démocratie en laquelle il voit un Régime non pas de Liberté mais de Licence, Cicéron admet également, comme eux, qu'il existe trois formes de Gouvernement, qui alternent dans les Etats, suivant des cycles. Et il se prononce nettement pour un Gouvernement Mixte, celui qui résulte de la combinaison des trois formes pures, à savoir, Royauté, Autorité de l'Elite et Autorité du Peuple.Paragraphe 2

L'Humanisme Chrétien au Moyen-Age et l'insertion de la Pensée Aristotélicienne, dans le message de l'Eglise. « Mon Royaume n'est pas de ce Monde, et rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », enseignait le Christ. C’est sur ces deux messages très succincts que les premiers Théoriciens du Christianisme vont s'attacher à bien séparer les deux Mondes, celui de l'au-delà et le Monde terrestre. Mais également enseigner que la destinée Humaine n'a de sens que dans la quête de l'au-delà.

SAINT AUGUSTIN   : Ainsi parmi ce qu'il est commun d'appeler les pères de l'église, Saint-Augustin, l'évêque

d'Hippone actuellement Annaba en Algérie, peut-il écrire dans l’épître de Saint-Pierre, que les Chrétiens, je cite. « Ont l’ordre de supporter s'il le faut, même le pire, la plus avilie des Républiques ».

Ce qui signifie qu'en tout lieu, le Chrétien, doit se soumettre aux Pouvoirs en place, quels qu'ils soient. Nous sommes loin avec cette Philosophie du Martyr, qui refuse tout jugement, de l'analyse comparative Grecque des Régimes Politiques à la recherche du Mieux adapté à sa Société. A mesure pourtant de la montée en influence de l'Eglise, en Occident, de nouvelles Réflexions Socio-Politiques redéfinissent la notion de Légitimité. Ainsi, dès le IXe siècle la Religion qui intervient dans le rituel de l'adoubement du Chevalier Féodal, va-t-elle moraliser les moeurs et donner tout son sens au mot et à la classe des nobles, c'est-à-dire, à ceux qui sont connus pour s'incliner devant Dieu et pourfendre les méchants.

Et en ce qui concerne le Gouvernement du premier des nobles précisément, autrement dit du Roi, la contribution la plus aboutie sur la meilleure formule envisageable, est sans conteste le fait d'un Moine Dominicain au XIIIe siècle qui vit à Paris sous Saint-Louis, je veux parler de Saint-Thomas d'Aquin. Auteur d'une Somme Théologique qui est un véritable résumé du savoir de son temps.

SAINT THOMAS   : L'apport de Saint- Thomas d'Aquin à la Pensée Chrétienne, c'est d'avoir combiné l'analyse

Politique Aristotélicienne et la Loi Divine, qui conditionne dans la Loi Chrétienne, l'Ordre Politique. C'est ainsi que, reprenant à son compte, l'essentiel de la distinction Antique entre les trois

types de Gouvernement purs, Monarchie, Aristocratie, Démocratie, et les trois formes altérées qui suivent, à savoir, la Tyrannie, l'Oligarchie et la Démagogie qui contrairement aux premières ne vise pas le bien commun, mais l'intérêt particulier. Il se prononce finalement en faveur d’une Monarchie Constitutionnelle, au sens où elle doit réserver une part du Pouvoir au Peuple, sorte de mélange entre Monarchie, Aristocratie, et Démocratie dans lequel l'élection permet de pallier l'hérédité, quand le Monarque est indigne.Paragraphe troisArrivons-en à l'Etude de l'Humanisme de la Renaissance.La Pensée Politique de la Renaissance est marquée à la fois par le pessimisme, engendré par des guerres cruelles et incessantes que l'on pense notamment aux campagnes d'Italie menées

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par les Rois de France et également par la redécouverte des Textes Antiques par ailleurs, qui replacent l'Homme, au centre de toute méditation. Pour simplifier, on peut dire qu'à l'inverse de la période précédente, qui était axée sur le salut de l'Homme par la Foi et sur l'élan vers le Dieu de l'idéal Chrétien, la Renaissance est caractérisée notamment à partir des découvertes de Christophe Colomb, par une certaine ouverture d'esprit, voir une certaine tolérance, et une Foi dans le progrès, qui sont autant de marques dans la recherche du bonheur individuel et social avant toute chose. C'est en un mot, ce que l'on qualifie d'Humanisme.

En Italie, Dante et Machiavel sous le Gouvernement des Médicis, illustrent ce courant. En Angleterre, c'est Thomas More, en France il faut citer Guillaume Budé, qui crée le Collège de France avec François Ier, ainsi que Montaigne, Du Bellay ou encore Rabelais. En Hollande enfin, la figure emblématique et celle du très Chrétien Erasme, qui redécouvre le passage de l’Hellénisme au Christianisme, et qui va jusqu’à élever Socrate au rang de Saint. Parmi cette pléiade de Penseurs, Machiavel et Erasme retiennent plus particulièrement l'attention.

A - NICOLAS MACHIAVEL, 1469 -- 1527Homme d'action, excellent diplomate, Machiavel assiste à la fin de Savonarole, fréquente

des Médicis, le Pape Boniface et l'Empereur Maximilien. Le retour des Médicis à Florence le chasse du Pouvoir. Il écrira outre « De la République et l'Art de la Guerre » le petit opuscule qui fera sa renommée « Le Prince », qu'il va dédicacer à Laurent de Médicis, mais ce livre ne sera pas publié de son vivant et Machiavel ne reviendra pas au Pouvoir.

Machiavel doit beaucoup au positivisme d'Aristote et de Polybe, dont il reprend l'analyse des trois formes de Gouvernement et de leur succession, et dont il épouse leur préférence pour un Gouvernement Mixte.

Mais il se sépare d’eux, par le fait qu'avec « Le Prince », il apparaît comme le lointain fondateur de la Science Politique, Science du Pouvoir et de l'Etat. Avec cette oeuvre en effet, il n'y a plus de jugements de valeur mais de simples constatations sur la manière d'acquérir et de conserver le Pouvoir, à partir desquels, le Florentin expose des sortes de Lois Sociologiques susceptibles de régir les faits sociaux sans aucune prétention morale. Ces deux postulats de base, c'est que, d'une part,  « l'Homme est un Loup pour l'Homme », et que d'autre part, la violence peut être justifiée. Ainsi écrira-t-il, je cite, « on peut combattre de deux manières, ou avec les Lois ou avec la Force. La première est propre à l'Homme, la seconde est celle des Bêtes. Un Prince doit avoir en quelque sorte ces deux natures, il écrira plus loin que je cite encore, « convient-il que le Prince soit aimé ou craint, il serait préférable qu'il soit à la fois craint et aimé, mais en toute hypothèse, il vaut mieux être craint, qu’être aimé ». Citation qui résume tout Machiavel et l'Ecole dont il sera le Maître, l'Ecole du Machiavélisme. Le mot est passé dans le langage courant.

B - ÉRASMENé à Rotterdam en 1469, étudiant en Théologie à Paris, ami de Thomas More, Erasme publie notamment, un « Eloge de la folie », et en 1500 « Les Adages », qui se présente sous la forme d'un recueil de 800 proverbes. Plutôt qu'un Machiavel, Catherine Rouvier qui lui consacre plusieurs pages de développement, dans son manuel de Sociologie Politique, lui accorde volontiers le titre de Premier Sociologue, dès lors que ces Adages véhiculent dans le Discours de son temps, comme dans celui d'aujourd'hui, des représentations Mentales, Morales, Politiques, Religieuses ou encore Sociales, qui sont autant de représentations sociales concourant à la construction d'une Réalité Commune à un Ensemble Social. Cela dit, la réflexion la plus pertinente d'Erasme, a trait à la guerre, qu'il considère comme contraire à la nature. Contraire au bon sens, et à toute prudence Politique, et ce plaidoyer pour la Paix est bien la marque de l'Humanisme de la Renaissance tout à la fois Chrétien mais également marquée par le Droit naturel. Paragraphe 4

Cet Humanisme ouvre précisément sur l'Humanisme des Lumières.L'Humanisme de la Renaissance en effet avait recentré la Pensée sur l'homme. Celui du Siècle des Lumières, va privilégier en l'homme, la partie la plus noble. Celle qui le hisse à hauteur d'un Dieu auquel on ne croit plus beaucoup, je veux parler de la Raison, à laquelle désormais on mettra respectueusement une majuscule. John Locke, dans son essai sur le Fonctionnement Civil paru en 1690, semblait être le promoteur de cette nouvelle tendance. Il écrit, je cite, « Dieu, qui a donné le Monde aux Hommes, en commun lieu à donner la Raison, pour qu'ils s'en servent au mieux des intérêts de leur vie et des circonstances ».

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Béconne, Descartes, Fénelon, Fontenelle, alors confrontés à l'essor du Protestantisme qui a familiarisé l'époque avec la notion de Libre Arbitre, défendront chacun leur tour ensuite, et suivant des cheminements différents, le Droit pour chaque homme, a déterminer sa conduite, sans référence obligée à une Religion, une Morale ou une Idéologie. Ils ouvriront la voie aux auteurs majeurs du XVIIIe siècle, encore appelé le Siècle des Lumières, Montesquieu, Rousseau, Voltaire, Diderot et Condillac en France, Kant et Ficht en Allemagne. Parmi tous ces auteurs, John Locke et Montesquieu retiendront notre attention tout particulièrement, dans la mesure où leurs réflexions respectives, relève de notre discipline.

A - JOHN LOCKE, 1632 -- 1704John Locke était Anglais, anti-Absolutiste, anti-Stuart et anti-Catholique, tout comme son

père un partisan de Cromwell. Si son « Essai sur le Gouvernement Civil », qui paraît un an après le Bill of Right, limitant le Pouvoir du Roi d'Angleterre au profit de celui du Parlement retient l'attention, c'est qu'il établit les Règles de toute Démocratie Libérale digne de ce nom.

Premier principe, le Pouvoir Politique reposant sur un Contrat Social, le Peuple en est le dépositaire. Le Peuple gouverne donc soit directement, soit par ses représentants, au sein du Corps Législatif.

Deuxième principe, le Corps Législatif vote les Lois que tous doivent connaître.Troisième principe, c'est normalement la Loi de la Majorité qui joue, sauf stipulation

contraire expresse, exigeant une Majorité qualifiée.Quatrième principe, l'Exécutif veille à l'exécution des Lois et sanctionne par des mesures

de Police ou de Justice, leur inexécution. Hiérarchiquement l'Exécutif est moins important que le Pouvoir Législatif.

Cinquième principe, certaines matières toutefois, hors du domaine de la Loi peuvent être réservées à l'Exécutif.

Sixième principe, l'Exécutif peut parfois agir discrétionnairement en vue du bien Public, en l'absence de toute disposition générale. Montesquieu reprendra en tout point cette analyse, en ajoutant toutefois un Pouvoir Judiciaire à l'édifice.

B – CHARLES-LOUIS DE SECONDAT DE MONTESQUIEU, 1689 -- 1755Montesquieu est le Penseur phare de cette époque, avec notamment « Les lettres Persanes », publiées en 1721. « Les considérations sur les causes de la grandeur des Romain et de leur décadence », datée de 1734, et surtout avec « L'esprit des Lois », qu'il fait paraître en 1748.

Montesquieu va mettre au goût Français, la Séparation des Pouvoirs, mais surtout et c'est son originalité, il va entreprendre une véritable Etude Sociologique de la Loi, sa réflexion portant moins sur les caractéristiques proprement Juridiques de la Règle de Droit, que sur son utilité, sa légitimité, sa conformité à la morale et à la justice, et sur la possibilité ou non de lui obéir, voire de la changer. L'idée nouvelle majeure est que, chaque Loi Juridique fut telle d’apparence Arbitraire, n'est pas due au hasard, dans quelques Sociétés que ce soit. Mais qu’elle dérive suivant l'expression même, je cite, « de la nature des choses ».

Dans ces étapes de « La Pensée Sociologique », éditée en 1967, le Sociologue Raymond Aron affirme ainsi, que Montesquieu, je cite Raymond Aron, « s'efforce de saisir tous les secteurs du tout social et de dégager les relations multiples entre variables ».

Ce qui veut dire que si les Lois, se réfèrent toutes aux principes de Justice et de Raison, elle n'en varient pas moins en fonction de la nature du Gouvernement qui les établit, en fonction également de la Géographie du Pays, et notamment du Climat, voire de la Psychologie des Peuples, de la Religion, du genre de Vie, etc…

Par cette démarche, Montesquieu s'efforce, sans toujours éviter les préjugés d'ailleurs, de dire ce qui est, et non ce qui devrait être.Deux apports importants sont apportés ainsi à son crédit.

En premier lieu, les Lois apparaissent désormais comme l'expression des enjeux du Pouvoir, se traduisant en lien objectif, qui relie les faits sociaux. Montesquieu, initie à la découverte et à la vérification de ces Lois, qui sont Juridiques, mais à connotation également Politique et Sociale. Et il contribue à faire de la Science Politique, une Science nomothétique.

En second lieu, considérant l'Etat comme une Totalité, c'est-à-dire un ensemble Réel, structuré, dont les Lois ne font que refléter l'Unité interne, Montesquieu apparaît comme le premier Théoricien des Systèmes, qui étudie les Partis par le tout et non l'inverse, comme cela se faisait précédemment.

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SECTION 2Elle concerne la Pensée Politique Moderne. Après le triomphe de la Raison les années

précédentes, le XIXe siècle apparaît comme celui de la Liberté. Liberté Ontologique, Philosophique, Politique et également Economique, sous la forme de Liberté d'Entreprendre que revendiquera le courant Libéral, et que combattra l'autre grand courant de Pensée, le Marxisme. C'est d'ailleurs, sous l'inspiration du Marxisme, que la Sociologie Moderne, au moins pour ce qui est de la Sociologie Générale, se développera sous la forme d'une Pensée globalisante.

Au XXe siècle, alors que les Juristes Léon Duguit, Maurice Hauriou, Gabriel Le Bras commencèrent à l’enseigner sous le nom de Sciences Politiques, la Sociologie commence par être inculquée dans les Faculté de Lettres en 1920, avant d'être introduite dans les Universités Juridiques, sous la forme que nous lui connaissons, par un Décret du 10 juillet 1962 qui emploie la dénomination Sociologie Politique.Paragraphe 1

L'essor de la Sociologie vers la fin du XIXe siècle. Tocqueville avec deux ouvrages, le premier c’est « De la Démocratie à l'Amérique », paru en 1840, le second c’est « l'Ancien Régime et la Révolution » de 1856, Tocqueville, inaugure la période. Il y amorce la découverte du lien aujourd'hui admis, entre l'Etat du développement Socio-Economique et ses implications Politiques. Dans le même temps, la Réflexion Socialiste, représentée par Claude Henri de Saint-Simon, Fourier, et Proudhon, apparaît dans l'ensemble, en deçà de la Scientificité, dans la mesure où elle est reconstruction Théorique du Réel, dans l'optique de la justification d'une Doctrine.

Karl Marx, qui édite « Le Capital » en 1867, et avec son ami Engels « L'idéologie Allemande » en 1846, et également entre autres ouvrages célèbres, « Le petit manifeste du Parti communiste » dès 1848, Karl Marx ne s'y est pas trompé. Il taxe les auteurs précédents, d'utopistes, alors que lui-même se réclame, du Socialisme Scientifique puisque, en prenant en considération trois paramètres, à savoir, l'Etat des Techniques, l'Economie et la Configuration Sociale, il construit synthétiquement une Réalité Sociale à partir de ces observations, ce qui va lui permettre d'expliquer l'Agencement même des Sociétés par leurs activités, mais nous reviendrons bien évidemment sur cette oeuvre majeure.

Pour l'heure, bornons-nous à remarquer que Marx d'une part, et Auguste Comte d'autre part, lui aussi à l'écoute de la Réalité Sociale avec une autre méthode d'approche, amène un souffle nouveau dans les Etudes Sociologiques, mais qu'en même temps ils sont à l'origine du clivage qui domine toujours la Recherche, entre les Théoriciens qui proposent des hypothèses qu'ils s'efforcent de vérifier, et les Empiristes qui en restent au stade des monographies savantes.

Durkheim, d'aussi l'élève d'Auguste Comte, ne désignait-il pas à ce propos la Sociologie comme étant simplement, je cite, « Une Etude Statistique des Faits Sociaux ». Mais penchons-nous, un peu plus en détail sur ces deux Ecoles.

D'abord sur l’Ecole Empiriste. Les Empiristes sont représentés en France, avant tout précisément par Emile Durkheim. Tout au long d’une productions impressionnante, donc il faut notamment citer, « De la division du Travail Social » qui a été publié en 1893, «  Les Règles de la Méthode Sociologique » publié en 1895, et encore « Le Suicide », Durkheim démontre l'efficacité des Méthodes Empiriques. A l'encontre d'un auteur quelque peu oublié aujourd'hui Gabriel Tarde, qui considérait qu'il n'y avait pas de Faits Sociaux, mais simplement des ensembles de Faits Individuels s'imitant les uns les autres, Durkheim suivi en cela par Marcel Mauss et Paul Fauconnet, établit le postulat selon lequel, les Faits Sociaux sont indépendants des individus qui composent la Société. Autrement dit, le Fait Social, est un pur produit de la Société qu'il considère comme un tout significatif, différent de l'addition des Psychologies individuelles. Aux Etats-Unis, cette Ecole qui annonce les Sciences du comportement ou « Behavioral Sciences » est défendue par Coulet, 1864-1929, et Margareth Mead 1863 -- 1932.

Deuxième Ecole, celle des Théoriciens. Ils se remarquent quant à eux, plutôt en Angleterre autour de Herbert Spencer disparu en 1903. Sa Théorie évolutionniste consiste à considérer toute Société comme un être vivant, qui évolue en complexifiant sa structure, tout comme Darwin l'avait démontré peu avant, en ce qui concerne les organismes biologiques.

En Italie, la figure dominante est celle de Wilfredo Pareto, qui suivi par Gaetano Mosca, souligne dans la Théorie des Elites sur laquelle nous reviendrons, l'importance des facteurs Politiques dans la vie Sociale, au contraire de Marx qui privilégiait lui, les facteurs Economiques.

En Allemagne ce sont les travaux de Max Weber qui retiennent l'attention. Sa perception Sociale, qu'il expose tout particulièrement, dans son oeuvre magistrale, « Le Savant et le Politique », est fondée sur des types Idéaux, comme les types de Pouvoir par

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exemple, qui ne sont en rien le reflet de l'observation, mais des instruments de modélisation logique et rationnelle de la réalité ambiante.

Paragraphe 2La Sociologie Politique à partir des années 1900.

L'Histoire récente de la Sociologie Politique est foisonnante, notamment en France aujourd'hui, avec des auteurs comme Michèle Crozier, Alain Touraine, ou Pierre Bourdieu.

Mais cette Histoire est avant tout, celle de la Sociologie Politique Américaine, à partir du Centre de Réflexion, fondé en 1903, « l'American Political Science Association », dans ce laboratoire d'idées, l'on commence avec Lord Bryce, à procéder à des Recherches Factuelles, à base de descriptions Constitutionnelles. Ensuite né le Concept de processus Politique, envisagé comme l'interaction des Institutions Publiques et des Groupes Sociaux, et ce concept enrichi la Méthode ouvrant de la sorte à l'analyse béhavioriste ou comportementale, à partir des années 1920, autour de Charles Merian, et de Harold Laswell.

Leur Champ d'Etude n'est plus la Société entière, mais des groupes restreints d'individus, dont il décrivent les interactions à partir de l'observation de leurs comportements.

Autrement dit, l'Objet même de la Science est limité par les Statistiques, l'Analyse de Contenu et les Mathématiques, à la recherche des Uniformités, des Régularités et des Evolutions, et cet Objet concerne des domaines où il est possible de quantifier, comme par exemple, l'Etude des Partis Politiques, des Groupes d'Intérêts, le Vote ou l’Opinion Publique.

Par ailleurs, les instruments d'observation se perfectionnent dans cette optique, notamment les sondages, enquêtes et interviews. Cet hyper factualisme toutefois est rapidement critiqué cependant malgré ces avancées, par des auteurs comme Kaplan, qui souhaite réorienter la Recherche, vers la Théorisation. Et c'est ainsi, qu’inspiré par le travail de Talcott Parsons en Sociologie Générale, David Easton publie en 1953, un ouvrage qui sera très remarqué, « The Political System an Inquiry into the state of Political Science », ouvrage qui marque la naissance en Sociologie Politique, de l'Analyse dite Systémique. S'illustreront notamment Karl Deutsch, Gabriel Allemands, Anthony Downs et bien d’autres, qui comme Marx l'avait fait en son temps, vise à présenter une nouvelle Théorie Générale de la société, grâce à la construction d'une image virtuelle de celle-ci, sous la forme d'un modèle de système en fonctionnement, nous y reviendrons.

Précisément dans les deux chapitres prochains de ce titre, nous verrons plus en détail, les différentes approches du Pouvoir parmi lesquels les Théories Systémiques ont une grande place, ainsi que des outils d'observation et de quantification, qui auront fait évoluer la compréhension des Mécanismes du Pouvoir.

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LES ANALYSES SOCIOLOGIQUES TRADITIONNELLES DE L'ETAT, l'approche de Karl Marxet celle de l'Ecole Elitiste.

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TITRE I

CHAPITRE IIAvec ce chapitre, nous abordons les analyses sociologiques traditionnelles de l'Etat, et

avec ce type de recherche, nous rentrons au coeur de l'étude de ce pouvoir particulier qu’est le Pouvoir dans l'Etat, dont nous avons dit précédemment, qu’il constituait le premier champ d'analyse de la discipline. Et si nous retenons ces deux conceptions de l'Etat considérées dans une perspective dynamique, parmi bien d'autres bien entendus, que sont l'approche de Karl Marx d'une part, et celle de l'Ecole Elitiste d'autre part, c'est au moins pour deux raisons.

Première raisonD'abord parce que ces deux analyses ont pris naissance dans une période, le XIXe siècle,

où les Sociétés Etatiques se cherchent, se découvrent, se constituent, où éclatent dans un contexte trouble de lutte d'indépendance, de mouvements révolutionnaires, au gré d’alliance ou de divorce, entre les principes contraires que sont, le Nationalisme et le Libéralisme.

Le pouvoir des gouvernants n'étant plus mythifié comme dans la période précédente, les Théories des Cycles ou des climats, apanage des anciens penseurs qui ne faisaient que constater les conditions de son évolution, dès lors que l'observation révélait son inadéquation avec la Société, et bien ces Théories n'étaient plus satisfaisantes. L'on avait désormais besoin d'expliquer les changements en profondeur, essentiellement pour pouvoir les accélérer ou au contraire s'y opposer.

Et l'on pouvait alors logiquement penser, à partir du moment où l'Ancien Régime avait sombré, et avec lui tous les carcans qui enserraient étroitement la Société dans des liens convenus, comme les relations personnelles, Vassal Seigneur, ou encore les structures sociales comme les ordres, compagnonnages, jurandes et autres corporations, qu’il pouvait y avoir entre les ressorts de la Société et le Pouvoir, des combinaisons autres, que l'honneur à la base de la Monarchie, la crainte à celle du Despotisme, où la vertu accompagnant la Démocratie, ainsi que l'avait établi notamment Montesquieu.

Dès lors, l'on commença à concevoir que la Liberté recouvrait, Liberté individuelle et collective des Déclarations des Droits, Liberté d'entreprendre, Libre répartition des richesses en fonction du Capital, mais aussi du travail personnel et de la volonté de chacun, que cette Liberté protéiforme même, pouvait être considéré comme la clé expliquant les différents types d'agencement des rapports entre le Social et le Politique.

C'est ainsi que Marx, le premier, a vu dans la Liberté, dans sa configuration Libérale et Capitalistique, l'origine non seulement de l'Etat du développement économique des communautés qui l’observaient, mais également, leur répartition suivant des critères économico-juridiques, et cela jusqu'à la nature de l'Etat lui-même, dont il estime qu'il est intimement lié à la Société, qui est son support, par la situation de l'économie.

C'est au contraire, d'abord dans la Liberté sous sa forme de Liberté psychologique, c'est-à-dire de facteurs personnels, puis dans une Liberté de type organisationnel, celle,pour tout un chacun de choisir sa place dans la Société, que les tenants de l'Ecole Elitiste trouveront la base explicative de la dynamique politique en échafaudant des Théories selon lesquelles la participation ou la non-participation au Gouvernement d'un pays, et les changements qui peuvent l'affecter, résulte de choix individuels et non comme avec les Marxistes, de situations objectives.

Le premier parti pris dans le choix de l'étude du Marxisme et de la Théorie des Elites, en ce qui nous concerne, se justifie par conséquent, par le fait que ces deux approches de l’Univers Politique marquent une rupture avec les périodes précédentes, en ce sens qu'elles proposent chacune à sa manière, bien entendu, une analyse scientifique des Sociétés et des Etats.

Deuxième raisonLa deuxième raison pour laquelle nous avons choisi de parler de ces approches, c'est

parce que tout Politologue doit connaître aussi bien le Marxisme que l'Ecole Elitiste, dans la

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mesure où il s'agit d'auteurs, qui sont les précurseurs de la Sociologie moderne, celle dont les méthodes seront analysées dans le prochain chapitre, et cela à trois titres.

1)— En premier lieu, Marx et les Elitistes donnent ses bases à la Sociologie Politique, et cela de deux manières.

a) En la laïcisant d'une part, et c'est ainsi que Marx a pu écrire dans la préface de « La contribution à la critique de l'économie politique », je cite, « Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience » fin de citation.

b) Deuxième manière, c'est en lui donnant d'autre part son vocabulaire, et ses thèmes de réflexion, avec des notions comme, Classe sociale, rapports de production, prise de conscience, rapports sociaux et politiques, statut des gouvernants et gouvernés, etc..

2)— En second lieu, ces deux Ecoles sont à l'origine du clivage, toujours présent en Sociologie Politique, entre ceux qui tentent de comprendre le Pouvoir et sa dévolution, en le confrontant à des événements extérieurs à lui, et ceux qui ne débordent pas de son strict champ d'étude. L'analyse Marxiste ainsi comme on le verra en détail, n'envisage le Pouvoir que, comme la conséquence de l'organisation de rapports entre les hommes, conditionné par l'histoire. Notamment celle des techniques et par l'économie autrement dit, elle aborde des domaines qui se situent hors du champ du Politique, alors que se réclamant de la Pensée de Machiavel, les Théoriciens Elitistes mettent quant à eux, l'accent sur la Primauté du Politique par rapport à l'Economique, en reniant toute croyance, en l'inéluctabilité du sens de l'Histoire.

La Sociologie Politique aujourd'hui, en particulier à travers les Théories Développementalistes que nous aborderons dans le Titre II, reste toujours marquée par cette démarcation méthodologique.

3)— En troisième lieu, Marxisme et Elitisme marquent une étape de la Pensée Scientifique moderne dans notre discipline, en ce sens que ce sont des Systèmes d'Explication des Sociétés et des Gouvernements des Etats, à l'origine, des plus récentes Théories. Comme elle, ce sont des constructions de l'esprit, tendant à faire comprendre le fonctionnement social du point de vue sémantique cependant, et encore que la distinction ne soit pas toujours évidente, on l'a vu précédemment par certaines confusions lorsque l'on parle de Théorie Marxiste, plutôt que d'Idéologie Marxiste, disons que Marxisme et Elitisme entrent plutôt, dans la catégorie dite des Idéologies.

Elle se distingue en effet des Théories sur deux pointsa) D'une part, la Théorie Scientifique stricto sensu ne comporte pas de jugement de

valeurs, alors que l'Idéologie, contient un système de valeurs de référence. D'autre part la Théorie Scientifique repose sur des faits déjà observés et vérifiés par la Science, alors que l'Idéologie tout en intégrant ceux-ci en principe, les dépassent et reposent largement sur des impressions subjectives des observations superficielles, et des interprétations partiales.

A notre sens, c'est à cause de ces faiblesses mêmes que leurs critiques permettra par la suite leur amendement, ou leur remplacement, par des Théories de moins en moins subjectives.

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SECTION I

Mais venons-en à l'étude de l’œuvre de Karl Marx et du Marxisme. Nous mènerons cette étude en trois paragraphes. De la genèse de la pensée de Marx, aux grandes lignes de sa conception de l'agencement de la Société, puis enfin, nous procéderons à l'examen critique de l'analyse Marxiste.

PARAGRAPHE I LES SOURCES DU MARXISME

Karl Marx, 1818-1883, et son acolyte Friedrich Engels, par de multiples ouvrages dont je peux citer, « L'idéologie allemande », « Le manifeste du Parti Communiste », « Contribution à la critique de l'économie politique », « Le Capital », parmi les plus connu, Karl Marx donc, estime que la Dynamique Politique n‘est que l'expression de la Dynamique Sociale. La

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Lutte des Classes qui résulte elle-même de la base économique, et dans cette perspective, la dynamique du changement des équipes gouvernementales est évidemment intégrée dans une conception beaucoup plus large, qui dépasse le champ d’études de la Science Politique.

Pour Marx en effet, le mouvement de l'Histoire est actionné par différents types de rapports de production des biens, biens de subsistance, biens matériels, ces rapports étant eux-mêmes conditionnés par l'Etat éminemment évolutif des techniques, et cela sert de support à divers modèles de Société. Dans ce schéma, quelque soit l'époque et le cas de figure social, les hommes sont regroupés nécessairement en deux Classes principales antagonistes, parce que leurs intérêts sont opposés.

Il y a d'une part, les propriétaires des moyens de production, et d'autre part ceux qui n'ont rien d'autre que leur force de travail, et qui sont en état d'appauvrissement croissant, puisque, toujours selon Marx, l'essentiel du profit dans le coût des marchandises, va au premier par le jeu de la plus-value, alors que le salaire qui rémunère les seconds, c'est-à-dire les Prolétaires, ne peut jamais dépasser le minimum nécessaire à la conservation de leur force de travail.

La Bourgeoisie du XIXe siècle échappe d'autant moins à cette règle, qu’à un mode de production individuelle de type artisanal, a succédé, la production collective des grandes entreprises et cela sous l'évolution des techniques, alors que la propriété elle-même est restée individuelle, par le fait d'un rapport de force archaïque et dépassé.

En conséquence l'organisation sociale est en porte-à-faux, sur le mode de production, et cela développe l'inégalité entre les Classes. C'est donc au Prolétariat à inverser la tendance, d'abord en s'organisant, en renversant l'appareil d'Etat Capitaliste sur lesquels s'appuient les possédants, ensuite en organisant l'intermède d'une Période de Dictature, pour enfin réaliser la Société Communiste idéale, un nouvel âge d'or. Voilà grossièrement balayé, l'essentiel de l'analyse Marxiste.

Théories pluridisciplinaires de la Société, et en même temps, Philosophie de la praxis, autrement dit de l'action, car Marx, émet un certain nombre de propositions destinées à remédier aux injustices, avant même que le temps n'en vienne à bout. En ce sens, ce n'est plus un Théoricien c'est aussi un Idéologue.

Pour autant la pensée de Marx, il faudrait dire de Marx et d'Engels, ne s'est pas formée in abstracto, elle est la mise en ordre sous la forme d'une vision cohérente et critique, d’un ensemble de Théories partielles antérieures. Lénine successeur de Marx écrira d'ailleurs à ce propos dans un article intitulé, « Les trois sources en trois parties du Marxisme », je le cite. «  Au contraire, Marx a ceci de génial, dit Lénine, qu’il a répondu aux questions que l'humanité avancée avait déjà soulevées, sa doctrine naquit comme la continuation directe et immédiate des doctrines des représentants les plus éminents, de la Philosophie, de l'Economie Politique et du Socialisme », fin de citation.

Reprenons donc certains traits de cette filiation de la pensée Marxiste, et d'abord en Philosophie.

Le Marxisme se réfère à ce qu'il est convenu d'appeler le Matérialisme Dialectique. Expression riche de contenu s'il en est. La Philosophie Matérialiste avait déjà inspiré les Encyclopédistes Français du XVIIIe siècle, qui percevaient la nature comme une réalité objective, explicable par la logique. En ce qui concerne la dialectique, c'est dans le langage courant une méthode de discussion qui, par la recherche des contraires et leurs oppositions, permet de cerner la vérité.

Au début, du XIXe siècle, le Philosophe Allemand Hegel, fait de cette Méthode Intellectuelle, la base de sa conception d'un Monde considéré comme peu harmonieux. A leurs tours, Marx et Engels, vont faire leurs, cette conception de Hegel, qui est en définitive une analyse dynamique des phénomènes, en ce sens que tout mouvement peut se décomposer en deux éléments contradictoires essentiels, la Thèse d'une part, l'Antithèse de l'autre, mouvements qui finissent par s'annihiler en donnant naissance à un nouveau phénomène, la Synthèse.

La Synthèse, c'est un centre de contradictions à son tour, entre une autre Thèse et une autre Antithèse, et ainsi de suite.

Par la dialectique appliquée à la société qu'il observe, Hegel a découvert qu'il y avait contradiction entre les intérêts particuliers et l'intérêt général. Et que le dépassement de cette

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contradiction, ne peut que se réaliser que dans l'Etat, dont il dit qu’il est, je cite « La sphère de conciliations de l'Universel et du Particulier », et de fil en aiguille, Hegel en vient à penser que, l'aboutissement du mouvement dialectique des forces sociales, n'est rien d'autre que l'Etat Prussien du début du XIXe siècle, dans lequel, il voit un idéal d'organisation, et dont il magnifie le rôle de la Bureaucratie.

C'est pour cela que, Philosophe du Mouvement, Hegel est aussi considéré comme un Philosophe Conservateur, idéologiquement classé à droite.

Quant à lui, Marx conserve le schéma explicatif de Hegel et son « Actium premier », suivant lequel, c’est l’idée qui crée la réalité des choses et qui impulse l'action. Pour Marx, nous le redisons, le moteur de l'histoire ce sont les rapports de production, nés de l'Etat des techniques Voilà très schématiquement, exposés les points de filiation, mais aussi toute l’originalité de la pensée philosophique de Marx.

Originalité également dans le domaine de l'histoire.Lointain précurseur de l'Ecole des Annales, Marx en effet s'est livré à une analyse très poussée de l'Histoire. Envisagées non plus, comme par le passé à la manière d’une galerie de portraits et une succession de hauts faits, mais comme une suite ininterrompue des luttes pour le Pouvoir de grandes masses d'hommes, les Classes Sociales.

A la vérité Marx n’a fait que reprendre en l'espèce, les écrits d'Augustin Thierry, le père de la « Lutte des Classes » comme il le reconnaît lui-même, et de Guizot, deux auteurs Français mais, à la différence de ces penseurs qui n'envisagent pas que la Lutte des Classes se perpétue après la Révolution de 1789, Marx au nom du Matérialisme Dialectique refuse cette limite chronologique.

Et il fait de l'Histoire, le moteur Général et Universel de l’avancée des Sociétés. Ce principe étant étayé par ailleurs par sa réflexion économique, et par l'apport en ce sens plutôt de son ami Engels, qui observant le Capitalisme de son époque, écrit par exemple je le cite, « Je m'étais rendu compte de la façon la plus nette, que l’effet économique auquel les Historiens ont jusqu'à nos jours attribué qu'un rôle secondaire, quand ils leur en attribuaient un, constitue au moins dans le Monde moderne une force décisive», fin de citation.

Avant Marx, les Economistes et spécialement les Anglais, Adam Smith et Ricardo, faisaient l'apologie de la Société Capitaliste dans laquelle ils vivaient. Dans tous ses écrits, Marx fera référence à ces deux auteurs, mais pour les critiquer. Et démontrer que le Système Capitaliste n'est qu'un moment de l'Histoire, que malgré les Systèmes de Régulation des Marchés qui le caractérise, porte en lui-même ses contradictions, et qu’il ne peut que conduire à plus ou moins longue échéance, qu'au Socialisme.

PARAGRAPHE IILE MATÉRIALISME HISTORIQUE ET DIALECTIQUE

Tentons donc à présent de clarifier un certain nombre de concepts Marxistes essentiels, certes très vulgarisés, mais peut-être pas toujours, avec le degré de précision nécessaire. Et nous examinerons tour à tour, les composants sociaux et la Lutte des Classes, dans la Théorie ou l'idéologie Marxiste.

A — Chez Marx et Engels, toute Société donnée est caractéristique à trois points de vue. A savoir, un certain développement technologique, une certaine structure économique, et partant, un certain paysage social.

Reprenons ces trois points. 1 — D'abord le développement technologique au sens large.

C'est le mode de production, et lui-même est constitué par la combinaison de trois éléments, les forces productives qui sont, les instruments de production, c'est-à-dire les instruments techniques plus ou moins perfectionnés, grâce auxquels les hommes produisent des biens matériels. Il faut distinguer ces instruments de production, d'un deuxième élément, les objets du travail, c'est-à-dire, la matière transformée pour devenir objet, qui est pour l'homme une occasion de travail. Enfin dernier élément, élément fondamental dans la production, les hommes.

Les Marxistes sur ce point ont adopté cette maxime de certains Libéraux, selon laquelle, il

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n'est de richesses que d'hommes, l'homme est en effet au centre de la Théorie Marxiste. Il dispose d'une certaine force de travail, physique et intellectuelle, qui appliquée aux objets du travail par le moyen des instruments de production permet la production des biens matériels.

2 — Après le développement technologique, voyons au point de vue économique,, l'apport de la Théorie Marxiste.A ce point de vue, les rapports de l'homme avec la nature que nous venons de dégager, caractérisent la société où ils vivent. Mais contrairement à ce que pensent certains auteurs comme Raymond Aron, pour Marx et les Marxistes, ce ne sont pas les seuls qu'il faut prendre en compte, il y a aussi les rapports que les hommes entretiennent entre eux. Rapports qui sont indépendants de leur type de rapport avec la nature.

Les rapports économiques de production, ces rapports de production chez Marx, c'est l'ensemble de ces deux éléments. Relisant Marx à ce propos, il écrit dans « Travail salarié Capital », je cite « Dans la production, les hommes n’agissent pas seulement sur la nature, mais aussi les uns sur les autres. Ils ne produisent qu’en collaborant d’une manière déterminée et en échangeant entre eux leur activité », fin de citation. Conséquence des rapports que les hommes nouent entret eux et avec la nature, sur le plan Social c'est l'existence de Classe Sociale.

A la vérité Marx lui-même, n'a pas donné de définition précise des Classes sociales à proprement parlé. En revanche, Lénine en a conçu une, très claire et très profonde. On appelle Classe Sociale, dit-il, « De grands groupements humains se distinguant, par leur place dans un Système Historique déterminé de production sociale, par leur rapport le plus souvent fixé par la Loi avec les moyens de production, par leur rôle dans leur manière de recevoir leur part de la richesse sociale, ainsi que par la grandeur de leur part. Les Classes Sociales sont des groupements humains dont l'un peut s'approprier le travail de l'autre, par suite, de la place qu'il occupe dans un Régime Economique donné », fin de citation.

Autrement dit, c'est parce qu'une Classe peut s'approprier le travail de l'autre, que pour en revenir à une célèbre phrase de Marx dans « Le manifeste du Parti Communiste » je cite, « L’Histoire de toute Société jusqu'à nos jours, c'est l'Histoire de la Lutte des Classes ».

Ce schéma d'explications, hormis certaines sociétés primitives irréductibles à la compréhension par l'antagonisme de Classes, s'applique aux Sociétés préindustrielles. Mais il est vrai, qu'il est particulièrement opérationnel pour l'étude de notre Société, c'est-à-dire de la Société Capitaliste où s'opposent deux Classes antagonistes fondamentales, les Bourgeois et les Prolétaires, avec, altérant quelque peu leur antagonisme majeur, survivance de la Société Préindustrielle, les Classes Moyennes de petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tels que Marx les recensent dans « Le manifeste du Parti Communiste », Classe généralement réactionnaire et en voie de Prolétarisation.

B — Mais attachons-nous à présent, d'un peu plus près, à l'explication Marxiste de la Dynamique Sociale par la Lutte des Classes.

Les deux Classes fondamentales de la Société Capitaliste sont donc, la Bourgeoisie, dont Marx ne nie pas certains mérites dont notamment, d'avoir détruit la Société Féodale, obscurantiste. Et le Prolétariat de Classe qui n'existe que l'une par l'autre, en un complexe économico-social caractérisé par une lutte des contraires, laquelle ne peut déboucher que sur la dislocation de l'ensemble et sur son dépassement.

Il y a en effet Lutte des Classes, parce que la production dans de grandes unités économiques étant sociale, et la propriété des moyens de production restant privée, l'équilibre est impossible dans la Dialectique Marxienne, entre les forces productives et les rapports de production, laquelle contradiction ne peut être dépassée que dans la synthèse de ces deux réalités, c'est-à-dire dans la Socialisation des moyens de production, nouvelle formation économico-socialiste qui caractérise enfin, l'étape de la Société définitive, à laquelle aspire les Communistes, c'est-à-dire à la Société Socialiste.

Certes le temps, comme par le passé, devrait arriver à résorber l'illogisme de cet agencement. Ne serait-ce que, par le mécanisme bien connu des Economistes, de la Concentration Capitaliste. Processus aux termes duquel la Classe des possédants ne devrait plus être que résiduelle. Cependant et là on entre de plain-pied dans l'Idéologie Marxiste, les rapports entre les Classes ne sont pas simplement déterminés mécaniquement, par les seules forces productives, et les seuls rapports de production, ce que Marx nomme l'infrastructure, ils sont aussi

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conditionnés, codifiés, par tout un arsenal de Lois, de règlements, ainsi que par des règles morales, religieuses et autres préceptes idéologiques, garantis par l'Organisation Etatique, et subtilement imposés par l'agencement de tout un Système de valeurs, aux mains de la Classe possédante.

C'est ce que Marx appelle la superstructure, par opposition au mode de production lui-même dont elle en constitue le reflet. Hors, par et dans, cette superstructure, se manifeste comme une force active pénétrant largement la Classe antagoniste, l'idéologie la Classe dominante qui, grâce à elle, œuvre à maintenir en l'Etat le mode de production. La force des idées, des mœurs, des valeurs, est-elle pour les Marxistes, quelle persiste, alors même que les conditions objectives de la production, celles-là même qui fondaient leur existence, ont disparu. On dit alors, qu’il y a survivance, c'est-à-dire retard de la conscience sur la situation objective, dont tire bénéfice la seule Bourgeoisie propriétaire des moyens de production, en conséquence Marx et ses successeurs proposent de mettre fin le plus tôt possible à cet Etat de choses néfastes au plus grand nombre.

Et cela en activant l'Idéologie Révolutionnaire, qui se trouve à l'Etat embryonnaire dans la Classe dominée, en perpétuelle opposition larvée, vis-à-vis de l'idéologie dominante. Et cela, ce sera en faisant la Révolution Prolétarienne, c'est-à-dire en mettant fin à cette situation et à l'antagonisme Idéologique et aux contradictions existantes dans le mode de production, pour réaliser enfin une Société sans Classe.

Cet acte final doit se jouer en trois tableaux successifs. A savoir, la Révolution tout d'abord, qui constitue l'événement rétablissant l'ordre, entre l'infrastructure et la superstructure, ensuite la Dictature du Prolétariat, dont le rôle est de briser les dernières résistances de la Bourgeoisie, enfin l'avènement de la Société sans Classe proprement dite, creusée d'un homme nouveau, altruiste et libre de toute contrainte dans laquelle toute structure Etatique aura disparu puisque désormais sans objet.

PARAGRAPHE IIIPORTÉE DE L'ANALYSE MARXISTE DE LA DYNAMIQUE SOCIALEET QUESTION DU PRIMAT DU POLITIQUE

Nous l'avons vu le Marxisme révèle les Lois de la Lutte des Classes, autrement dit, il fait dépendre la mécanique politique, de l'infrastructure économique, en posant que les facteurs déterminant de la dynamique politique ne sont pas des facteurs politiques.

A leur manière, Platon et Aristote développaient en leur temps, la même Doctrine, tant il paraît évident ainsi que le notent, Mattei Dogan et Dominique Pelassy à la page huit, de leur « Sociologie Politique comparative », ouvrage paru aux Editions Economiques en 1982, que les conflits sociaux animent l'Histoire, comme ils disent.

Cependant dès la fin du XIXe siècle, cette Théorie suscite de nombreuses réfutations. Par exemple Max Weber, assimilant la notion de Politique à celle d’Etat, considère dans son ouvrage majeur, « Le savant et le politique », que dans tout Etat existe un rapport de domination de l'homme sur l'homme. Rapports fondés non sur les moyens de production mais sur des moyens spécifiques de Gouvernement, d'ordre historico psychologique, lesquels se manifestent par l'exercice de la violence légitime, c'est-à-dire par la violence, qui est une contrainte administrative aux pouvoirs de police ou autre, reconnu comme légitime par les Gouvernés au profit des Gouvernants.

Autre réfutations par ailleurs, pour beaucoup en effet, la Révolution Bolchevique de 1917, réussie dans une Russie largement sous-développée, peu industrialisée, agricole, et par conséquent peu concerné par les luttes sociales intenses, était bien le signe évident, d'une autonomie jugée par certains absolue, du domaine politique par rapport aux conditions socio-économique du moment. Le concept de situation exceptionnelle, surdéterminant les contradictions de Classe, que dans un article intitulé « Contradictions et surdéterminations », Louis Althusser, a tenté d’accréditer à cet égard, pour justifier malgré tout le bien-fondé de la logique Marxiste, est sujet à caution.

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Et les Neomarxistes, Roger Garaudy, Nicos Poulantzas, qui fait paraître en 1968, « Pouvoirs Politiques et Classes Sociales de l'Etat Capitaliste », ou encore un autre auteur, Henri Claude, qui publie en 1965, « La concentration Capitaliste, Pouvoir Economique et Pouvoir Gaulliste », sans oublier d'autres auteurs, comme Ralph Miliband, et bien tous ces auteurs ont été contraints, bien que Marxistes à l'origine, d'admettre que dans les Sociétés Occidentales Capitalistes modernes, le Pouvoir n'était pas détenu obligatoirement par la Bourgeoisie possédante. Mais c'est sans doute le Politologue Français aujourd'hui décédé, Raymond Aron, que l'on retrouvera dans la suite de notre enseignement, qui a le plus clairement démontré à l'encontre de Marx, le rôle primordial du politique sur l'économie et qui a le mieux cerné le concept de Pouvoir en l'isolant de tous déterminants socio-économiques. Aussi pour aller un peu plus loin à présent, dans l'explication des phénomènes de Pouvoir, et cela sans sortir de ces manifestations propres et de l'analyse de la Classe Politique, il nous faut rendre compte des travaux, d’une école de pensée Politique, dite l'Ecole Elitiste.

L'Ecole Elitiste a abordé la question de savoir, pourquoi certains individus gouvernent plutôt que d'autres, par la Lutte des Elites, contrairement à la Théorie ou l'Idéologie de Marx qui lui y voyait la Lutte des Classes.

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SECTION II

L'ECOLE DES MACHIAVELIENS, ET LE PRIMAT DU POLITIQUE, envisagée à travers les notions d'Elite et de Circulation des Elites.Sans rendre compte de l'ensemble des travaux de l'Ecole Elitiste, nous essaierons de fixer quelques points de repère, sur ce qu'il est convenu d'appeler, l’Elite Politique, avant d'examiner le problème qui est plus spécifiquement le nôtre ici à savoir, comment ces auteurs expliquent la Dynamique Politique par la Lutte des Elites.

Leur réflexion part d'une vision réaliste toute empreinte de pessimisme, voire de cynisme, du Monde Politique. Selon eux en effet partout et toujours, le Pouvoir est exercé par une petite minorité, qui s'impose aux masses, c'est-à-dire à la Majorité qui regroupe par définition les Gouvernés.

PARAGRAPHE ILES DÉFINITIONS DE L'ELITE

Pour s'en tenir au père fondateur de la Théorie, Pareto et Mosca, l'on retrouve à peu de choses près, les mêmes termes, et une même conception d'ensemble chez chacun d’eux. Mais il est néanmoins évident que l'on peut déceler entre eux des variations sur un thème commun. L’un ayant une approche de l'Elite que l'on peut qualifier de psychologique, l'autre ayant dégagé un concept d'ordre organisationnel.

A — L'approche psychologique de Wilfredo Pareto.Pareto discerne des constantes psychologiques, qu'il nomme des résidus. Véritable force motrice de l'Histoire, derrière ce qu'il appelle les dérivations, autrement dit, les Doctrines et Idéologies Politiques Sociales Economiques, qui ne représentent que des traductions fugaces. Les résidus se ramènent à des instincts, qui constituent le fond éternel, immuable de toute civilisation, quelles que soient les dérivations du moment. Voilà donc récusée la thèse Marxiste de la Lutte des Classes, engendrée par l’infrastructure socio-économique.

Et poussant plus avant son analyse de l'Histoire des Sociétés, Pareto en arrive à l'explication du phénomène du Pouvoir proprement dit. A cet égard, il constate, et l'observation n'a rien d'original en soi, que c'est toujours un petit nombre d'individus qui tient les rênes de l'Etat. Ce qui est nouveau c'est qu'il détecte comme dénominateur commun à tous ces noyaux de dirigeants, à toutes ces Elites, des qualités psychologiques particulières. Des qualités viriles, pour reprendre son expression. Ce que l'on peut traduire, par référence au mot latin, « virtus », par qualité de combativité.

Pour Pareto, l’Elite c’est donc l'ensemble des hommes qui manifestent des qualités

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exceptionnelles, dans quelque domaine où quelque activité que ce soit. Supposons écrit-il, qu’en toutes les branches de l'activité humaine on attribue à chaque individu un indice, qui indique ses capacités à peu près de la même manière dont on donne des points aux examens, dans les différentes matières qu’enseignent les Ecoles.

« Par exemple, à celui qui excelle dans sa profession, nous donnerons 10, à celui qui ne réussit pas avoir un seul client, nous donnerons un, de façon à pouvoir donner zéro à celui qui est vraiment un crétin.

A celui qui a su gagner des millions, que ce soit bien ou mal, nous donnerons 10, à celui qui gagne des milliers de francs, nous donnerons six, à celui qui arrive tout juste à ne pas mourir de faim, nous donnerons un, à celui qui est hospitalisé dans un asile d'indigents, nous donnerons zéro, et ainsi de suite, pour toutes les branches de l'activité humaine. Formons donc une Classe de ceux qui ont les indices les plus élevés dans la branche où ils déploient leur activité, et donnons à cette Classe le nom d’Elite », fin de citation.

Mais Pareto ajoute aussi, je cite encore « Pour l'étude à laquelle nous nous livrons, qui est celle de l'équilibre social, il est bon de diviser en deux cette Classe. Nous mettrons à part ceux qui directement ou indirectement jouent un rôle notable dans le Gouvernement, ils constituent l'élite gouvernementale. Le reste forme l'élite non-gouvernementale. »

Et plus loin Pareto écrit encore, « nous avons donc deux couches dans la population, — premièrement la couche inférieure, la classe étrangère à l'Elite, nous ne rechercherons pas pour le moment l'influence qu'elle peut exercer dans le Gouvernement,

— deuxièmement, la couche supérieure, l'élite qui se divise en deux, l'Elite gouvernementale, l'élite non-gouvernementale », fin de citation.

Par conséquent, par élite gouvernementale, l'auteur désigne ceux qui ont les capacités individuelles les plus élevées, mais aussi, et là il y a une ambiguïté, que notamment le Professeur Duverger a pu relever dans la Pensée de Pareto : en effet il définit également l’élite gouvernementale par la nature des rôles sociaux de ceux qui en font partie. Et le Professeur Duverger dans son manuel de « Sociologie de la Politique », qui est paru au P.U.F. (Presse Universitaire de France) en 1973, remarque je le cite, consciemment ou non cette confusion aboutit à laisser croire que les titulaires des rôles de dirigeants, de gouvernants, de chefs, sont les individus les plus capables, en ce sens le concept d’élite est directement opposé à celui de classe au sens Marxiste », fin de citation.

B — Cette ambiguïté est levée par la conception de l'Elite de Gaetano Mosca.Dans ces « Elementi di Scianza politica », paru en 1896, Gaetano Mosca impose l'idée de Classe Dirigeante. Chez cet auteur, l'approche de la notion d'Elite est de caractère organisationnel. Sa Théorie est simple, à savoir que le Pouvoir ne peut-être exercer que par une minorité, la Classe dirigeante ou Classe politique.

Et il écrit à ce propos, je le cite, « La domination sur la majorité inorganisée d'une minorité organisée, obéissant à une impulsion unique est inévitable, et plus loin, 100 hommes agissants de concert uniformément, triompheront de 1000 hommes qui ne sont pas d'accord. Il est plus facile de s'entendre et d'agir de concert quand on est 100, que lorsqu'on est 1000.

Il s'ensuit que, plus la Communauté Politique est grande, plus la Minorité Gouvernante sera petite par rapport à elle, et plus sera difficile à la Majorité d'organiser sa résistance à la Minorité », fin de citation.

Cette Théorie, Mosca l'applique à tout Régime, quel que soit le caractère de la légitimité qui dissimule la domination du petit nombre. Affinant son analyse, l'auteur découvre par ailleurs, que la Classe Dirigeante elle-même se décompose en deux groupes.

Un premier ensemble, très restreint, de chefs supérieurs, et un groupe plus nombreux de chefs secondaires. Elle peut être, soit Démocratique, c'est-à-dire ouverte à la masse soit Aristocratique, autrement dit, repliée sur elle-même. Et cette distinction quant à l'accès à la Classe Dirigeante est indépendante souligne l'auteur, de la distinction opposant Systèmes Libéraux et Systèmes Autocratiques, si bien que, toujours selon Mosca, il peut exister des Régimes Libéraux Aristocratiques et des Autocraties Démocratiques, comme par exemple, l'Eglise Catholique.

C — D'autres définitions de la notion d'Elite.A la même époque, la définition de l'Elite par le « status » au sens Wébérien de ses composantes,

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apparaît également dans l'œuvre d'un Professeur à Bâle, puis à Florence, Roberto Michels, notamment dans un ouvrage de 1911, intitulé, « Les Partis Politiques », et c'est sur les tendances oligarchiques des Démocraties ».

S'attachant surtout à l'étude du Parti Social-démocrate et des Syndicats Allemands, Michels s'attache à montrer combien la suprématie des masses est illusoire. « Quand un conflit se produit entre les dirigeants et les masses, écrit-il ainsi, les premiers sont toujours victorieux s'ils restent unis », fin de citation.

On retrouve bien là, la même démarche que chez Mosca, Michels rattache en effet l'Etude des Gouvernements et des Partis Politiques à une Théorie générale des organisations. Or, toute organisation requérant une spécialisation, une professionnalisation dans les tâches, c'est là que réside la Loi d’Airain de l'Oligarchie, ce que l'auteur traduit par cette formule célèbre, emblématique de l'Ecole Elitiste, à savoir je cite, « Qui dit organisation, dit Oligarchie ».

La même conception renouvelée, après avoir vu celle du Hiérarque du Fascisme Michels, se retrouve également chez un autre auteur Américain cette fois, « Passer du Trotskisme à la Droite Radicale », James Burnham. James Burnham publie en 1940, un livre qui sera traduit sous le titre d’« Ere des organisateurs ». Burnham remarque que la Bourgeoisie Capitaliste au XIXe siècle, du temps de Marx, a vécu, tout simplement parce que la propriété s'est effritée entre des milliers d'actionnaires. Aussi le Pouvoir ne peut-il plus appartenir à des Propriétaires de moyenne production, individualisée, mais aux Dirigeants des grandes entreprises modernes, ces techniciens, qu'il appelle d’un terme, qu’utilisera à son tour l'Economiste Johns Galbraith, les Managers.

Les Managers, ce sont les organisateurs, ceux qui savent organiser, gérer au plus haut niveau. Ce sont donc eux les nouveaux Dépositaires du Pouvoir moderne et c'est leur fonction, et plus généralement leur Status, qui les définis et les caractérise. Ce en quoi Burnham se rattache à l'Ecole Elitiste, à la manière de Gaetano Mosca. Mais terminons ce rapide tour d'horizon des auteurs Elitistes, par l'évocation de ceux qui à partir des premiers travaux sur la notion d'élite, l’ont précisés, redéterminés, contestés, voire niés, comme l'a fait notamment David Riesman, qui a écrit, « The Lonely Crowd », (La foule solitaire).

Selon cet auteur en effet, on ne doit pas parler d'Elite permanente, mais d'Elite conjoncturelle. Chaque problème en Politique, notamment, étant résolu par une Elite, il y aurait donc autant d'Elite que de problèmes, c'est-à-dire des Elites en miettes, et c'est également là l'approche que Robert Dahl développe dans un livre de 1961, « Who Governs ». paru à New Haven. Certains de ces penseurs estiment que chaque Société donnée connaît non pas une, mais plusieurs Elites dominantes, tel est l'approche de l'Américain Wright Mills, qui dans son livre, « The Power Elite» de 1956, discerne non pas une, mais trois Elites du Pouvoir aux Etats-Unis. A savoir, l'Armée, véritable Etat dans l'Etat, l'Institution Industrielle qui regroupe les dirigeants des grandes entreprises, dont la puissance dépasse souvent le cadre Américain, et l'Institution Politique qui comprend une partie seulement des Politiciens professionnels, en l'occurrence les Leaders du Congrès et les Membres de l'Exécutif.

Wright Mills admet cependant, que des relations fortes lient les participants de cette triologie des Elites, et que derrière un apparent émiettement, l'Elite au Pouvoir est un conglomérat, en réalité réduit à l'unanimité. Cette thèse a semblé séduire les Politologues Français, Pierre Birnbaum, qui publie en 1975, « Le Pouvoir Politique », à la librairie Dalloz, et Roger Gérard Schwarzenberg.

D'autres penseurs enfin se sont efforcés de mieux cibler ce que l'on pourrait qualifier de sur élite ou de super synergie, notamment Ferdinand Lundberg, dans « The rich and the super rich », croit déceler cette élite dans le Monde des Grands Industriels et des Grands Financiers, tandis que l'un des chefs de file de la nouvelle Gauche Américaine.

Noam Chomsky dans un livre publié aux Editions du Seuil, en traduction Française de 1969, sous le titre, « L'Amérique et ses nouveaux mandarins », voit quant à lui, c'est assez amusant, dans les Universitaires, la portion la mieux organisée de l'Elite Intellectuelle, autrement dit la catégorie dominante en passe de dominer toutes les autres.

PARAGRAPHE IILA CIRCULATION DES ELITES

L'intérêt de la Théorie des Elites, envisagé sous son aspect dynamique, apparaît en ce

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qu'elle réduit l'Histoire des Sociétés, non plus à la Lutte des Classes, comme pour Marx, mais à la Lutte des Elites pour le Pouvoir. Par conséquent la Dynamique Politique n'est plus le reflet de la Dynamique Sociale, la proposition est inversée. C'est la Dynamique Sociale qui est réduite à la Dynamique Politique. Reprenons ce thème de la circulation des Elites, tour à tour chez Pareto, Mosca, puis chez les Néoélitistes Américains.

A— Pareto d'abord.Il a systématisé sous cette expression, le processus de changement politique, désignant par là le remplacement continuel d'une Elite par une autre. Et il l’explique de la manière suivante, à savoir, que l'appartenance à l'Elite étant fondée sur les qualités individuelles, elle n'est pas héréditaire par principe. Les enfants n’héritant pas nécessairement des qualités de leurs parents.

Redisons le, page 1427 de son Traité de Sociologie Générale. « La Classe Gouvernante écrit-il, est entretenue non seulement en nombre, mais ce qui

importe davantage en qualité, par les familles qui viennent des Classes inférieures, ainsi dans la couche supérieure, les résidus de la deuxième Classe affaiblissent peu à peu, jusqu'à ce qu'une marée montante de la couche inférieure vienne de temps en temps la renforcer », fin de citation.

C'est en quelque sorte la transcription du « Heur Millénaire » entre la ruse et la force. Dans

toute Société, une circulation des Elites relativement libre existe donc. Lorsque l'Elite au Pouvoir, en revanche se ferme, à certaines périodes de l'Histoire, la Société tout entière est menacée de Révolution, soit de l'intérieur, soit de l'extérieur, autrement dit, l'auteur voit dans le blocage de la circulation des Elites, au bout de son analyse, l'explication des Révolutions.

B — La circulation des Elites, vu par Mosca.Mosca voit à peu près la même Théorie, il distingue en effet les Sociétés immobiles dans lesquelles la circulation des Elites se fait mal, et les Sociétés mobiles, où elle se déroule sans à coup. Les Sociétés Démocratiques modernes lui semblent à cet égard très mobiles, ce qui n'était pas le sentiment de Pareto. Mosca voit ainsi dans nos Sociétés Occidentales, un important mouvement, entre les différents groupes sociaux, ce qu'il exprime notamment dans la citation suivante, tirée de son ouvrage « Eléments de Science Politique » je cite, « Les rangs des Classes Dirigeantes sont restés ouverts. Les barrières qui empêchaient les individus des Classes inférieures d'y accéder ont été supprimées, ou tout au moins abaissées. Et la transformation de l'ancien Etat absolutiste en l'Etat représentatif moderne a permis à presque toutes les forces politiques, à presque toutes les valeurs sociales, de participer à la direction politique de la Société », fin de citation.

C — La Dynamique Sociale telle que l'exprime les Néoélitistes.Lowell Field, John Higley, Michael Burton, ont mis en évidence cette idée que la Démocratie constitue un système de règles particulièrement adaptées, à la participation de tous les citoyens, à l'élaboration des règles d'intérêt général et des choix collectifs les plus déterminants. Ces règles, qui concernent notamment les critères de sélection aux emplois d'autorité, tant administratif, que judiciaire, ou encore politique, ne pouvant prospérer et s'étendre que dans les pays où le renouvellement des Elites fait l'objet du plus large consensus.

Ainsi l'analyse de ses auteurs, associe étroitement Elite, circulation des Elites, et Démocratie, ce qui n'a pas toujours été le cas des premiers penseurs Elitistes. Dans les Sociétés Occidentales en effet, Nord-américaines et Européennes, aujourd'hui principalement, auxquelles on peut associer le Japon, le recrutement aux postes de Direction tend à échoir à ceux qui ont une instruction supérieure à la moyenne, et il est admis par tout un chacun que les grandes Ecoles participent de la sélection des Elites. Le processus même de concurrence, entre les candidats pour accéder aux Positions d'autorité, contribue en lui-même à former les dirigeants pour beaucoup des compétences exigées par le système.

Autrement dit, il ressort des recherches les plus récentes, ainsi que le souligne le Professeur Leclerc en page 66 de son manuel de Sociologie Politique, que le problème des Elites ne se pose pas de la même façon dans les Sociétés du Tiers-monde et dans les Sociétés Postindustrielles. Dans la mesure où, dans les premières, les Elites en voie de création ne parviennent pas à être des acteurs du changement social, et le cas est flagrant précise-t-il sur le Continent Africain et spécialement en Afrique Noire.

Dans le second groupe de pays, en revanche, il remarque que le problème des Elites se

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confond avec celui de l'élargissement de la Démocratie, des formes stables de gouvernement, des rapports enfin entre majorité et minorité. Dans le même sens, on peut lire en page 111 de, « Elites et Elitisme » de Giovanni Busino, un ouvrage récent, publié aux Cités Universitaires de France en 1992, je cite, « Une démocratie sans élite, ne peut réaliser aucun programme de Société juste, les élites sans Démocratie ne produisent que déchirement, conflits, tensions violentes, révoltes, ordre social arbitraire, instabilité et despotisme » fin de citation.

Ce qui signifie que le fonctionnement cohérent de la Démocratie avec ses contres Pouvoir se confond avec celui de la circulation des Elites, que la Démocratie à notre époque ne peut prospérer que par des Elites ouvertes se renouvelant sans cesse et favorisant la transparence, mais qu’elle devient fragile dès que la circulation des Elites est déformée ou ralentie. Une remarque pour en terminer avec les Néoélitistes et démontrer l'extension de la Théorie Elitiste, jusqu'à la contradiction.

En effet alors même que Pareto et Mosca estiment que l'accès aux Classes Dirigeantes est réservé à une Elite, ce qui exclut la Démocratie, les auteurs Américains, Dahl et les pluralistes après lui, affirment que le recrutement politique à base de l’Elitocratie, serait en revanche le seul apanage de la Démocratie.

PARAGRAPHE IIILA CRITIQUE DE LA THÉORIE ELITISTE,Ces contradictions nous amènent à une réflexion à partir de l'examen de la Dynamique Politique des Régimes de type Occidental, sur le degré d'autonomie du champ du politique.

A — Critique théorique et empirique de l'Ecole Elitiste.Toutes les études montrent, plutôt l'existence et la permanence de Classes Sociales stables, dont il est difficile de s'extraire. Certes, les individus très doués des Classes inférieures peuvent toujours comme le pensent les Elitistes, se hisser au premier rang, théoriquement acquérir notamment des responsabilités politiques, mais il est vrai que de tels exemples d'ascension, comme du reste d’ailleurs les exemples de régression sociale, restent limités, pour ne pas dire exceptionnels, et ils s'étendent généralement sur plusieurs générations.

A ce propos on peut lire utilement sur cette question, les ouvrages de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, notamment un ouvrage qu'ils ont intitulé, « Les Héritiers » édité en 1964, et l’autre ouvrage tout aussi intéressant qui s'appelle « La Reproduction », aux Editions de Minuit en 1970.

Plus spécifiquement et d'une manière empirique, si l'excellence des Grandes Ecoles est généralement saluée, c'est le cas en France de Polytechnique, de l'ENA, de HEC, et de quelques autres établissements de prestige, il leurs est non moins notablement reprochés, de perpétuer la main mise sur l'Etat, d'une Haute Classe Dirigeante, au détriment de la Petite Bourgeoisie et des Classes Populaires. Et de ne plus diffuser qu'un enseignement désuet et inadapté, considéré d'ailleurs par beaucoup comme de moindre importance que le réseau relationnel que permet l'intégration à l'Ecole.

Nombreuses ont été les prises de position en ce sens, de Pierre Birnbaum dans son ouvrage, « La Classe Dirigeante Française » éditée au P.U.F en 1978 à Yves Mesny qui publie chez Fayard en 1992, « La corruption de la République » en passant par Ezra Süleyman, page 41 et suivant de son ouvrage, « Les Hauts Fonctionnaires et la Politique » éditée au Seuil en 1976, ou encore entre autres par Jacques Lagroix, page 423 et suivant de son manuel de « Sociologie Politique », chez Dalloz en 1991.

A noter également dans la nombreuse littérature qui périodiquement dénonce dans l’E.N.A, la matrice de la Pensée Unique, un article de l'hebdomadaire l'Express du 13 février 1997, qui sous le titre « Faut-il brûler l'ENA », révèle l'existence d'une toute nouvelle association créée à l'initiative d'un fonctionnaire aux affaires étrangères, sous une appellation qui est tout un programme, l'O.C.N.E.N.A., organisation contre le Système E.N.A.

B — La dynamique politique dans les Régimes Constitutionnels Pluralistes, de type Occidental.

C’est Raymond Aron qu’il faut évoquer ici. Selon cet auteur en effet qui réintroduit dans sa réflexion la notion de Classe, ces Régimes Constitutionnels Pluralistes ont quatre sortes d’ennemis.

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Les Traditionalistes ou Réactionnaires, les Privilégiés Economiques du Système qui se sentent menacés par les Réformes Sociales, le Sous-prolétariat et les Masses Populaires, ces deux derniers groupes étant aux antipodes de l’Elite. Or, estime l'auteur reprenant des accents de Montesquieu, lorsque la vertu se délite, ces forces antagonistes peuvent entraîner la déliquescence de ces Régimes, soit par un excès de compromis, sorte de consensus mou qui conduit à la paralysie du Système, soit par un excès de passions partisanes également source de blocages. Telle que l’a connu, et c’est l’exemple qu'il donne, la fin de la République de Weimar, qui s'est traduite en manière de solutions à ces difficultés Sociales et Institutionnelles, et à la montée des intolérances, par la Remise du Pouvoir au Chef de l'une des oppositions, Hitler.

Voilà donc une explication intéressante de la Dynamique Sociale, entreprise à partir de la Théorie des Elites. Mais en partie seulement, dans la mesure où pas plus que le Marxisme, la Théorie Elitiste ne suffit à rendre compte d'une manière satisfaisante de la complexité des rapports entre le Système Social et le Système Politique.

C — Cela amène à poser, la question du degré d'autonomie du Champ Politique, dans la Société globale.Certes le Système Politique correspond à une certaine réalité Sociale donnée, à notre

observation, c'est-à-dire à une structure politique composée d'un ensemble de rôles en interaction, et à une culture commune aux titulaires de ces rôles, mais c'est aussi une abstraction intellectuelle arbitraire. Par conséquent, il est évident qu'autant la vision Marxiste que la vision Elitiste, sont l'une comme l'autre réductrices, et que cette dernière notamment ne saurait isoler le Système Politique du Système Social.

Occulter les fonctions que remplit le Système Politique dans la Lutte des Classes, et ramener la vie politique à une compétition entre individus assoiffés de pouvoir, sans trahir la réalité des rapports sociaux. Aussi le Sociologue aujourd'hui doit-il s'efforcer de se contenter d'aucun Monisme explicatif, mais de tenter de surmonter pour une meilleure compréhension de son objet d'étude, les oppositions, voire les contradictions théoriques de chacune d'elles, eut-elle des prétentions à l'exhaustivité.

C'est cette démarche que nous poursuivrons dans le prochain chapitre.

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LES OUTILS DE LA SCIENCE POUR UNE APPROCHE SAVANTE DU POUVOIR AUJOURD'HUI------------------

TITRE I

CHAPITRE IIILES OUTILS DE LA SCIENCE

Poursuivons notre exploration épistémologique de la Science Politique, avec les outils de la science. Ceux-ci peuvent être regroupés en deux grandes catégories, à savoir :Les Techniques d'une part et les Méthodes d'autre part.

Nous allons les examiner en deux sections, après quelques mots de présentation générale sur leurs caractéristiques respectives et leurs places dans le Processus de la Recherche. Toutes investigations de caractère scientifique en effet, doit comporter l'utilisation de procédés opératoires rigoureux, susceptibles d'être appliqués à nouveau dans les mêmes conditions, et qui doivent être adaptés au type de problèmes de phénomènes en cause.

Ce sont là des Techniques, dont le choix dépend de l'objectif poursuivi, qui dépend lui-même de la Méthode de travail retenue. Encore est-il nécessaire de commencer par bien distinguer les unes et l’autre.

Les Techniques en premier lieu.Ce sont les moyens de résoudre les problèmes posés, lorsque ceux-ci sont précisés.

Limitées en nombre et communes à la plupart des Sciences Sociales, elles se situent au niveau des faits et organisent les étapes pratiques de l'observation, de la description, de la comparaison et de l'expérimentation.

Autrement dit, ce sont des outils, que l'on empLoie pour mener à bien chacune des opérations limitées, susceptibles d'aboutir à l'explication terminale.

La Méthode quant à elle, c'est la stratégie d'ensemble, que l'on juge être la plus efficace pour organiser la recherche,

et que l'on croit susceptible de donner une réponse, si possible à un pourquoi, et tout au moins, à un comment.

En ce sens, les Méthodes d'Approche des faits sociaux, comme des faits sociopolitiques, sont liées à la poursuite d'un schéma explicatif, celui-ci pouvant être plus ou moins étendu et se situer à des niveaux différents de profondeur.

Roger Pinto et Madeleine Gravitz dans leur « Méthode des Sciences Sociales », un ouvrage paru chez Dalloz, y voient ainsi je le cite, « Un ensemble de normes, permettant de sélectionner et coordonner des Techniques, ou encore écrivent-ils, elle constitue de façon plus ou moins abstraite concrète, précise ou vague, un plan de travail en fonction d’un but ».

Ce distinguo ayant été clarifié, encore est-il nécessaire avant de commencer à proprement parler, à présenter Techniques et Méthodes, de remarquer qu'il s'agit en l'espèce des armes du savoir, dont le maniement conjugué peut se révéler délicat.

En effet, dans la mesure où les Sciences Sociales en général, et la Sociologie en particulier sont à la fois Nomothétiques, c'est-à-dire qu'elles permettent, à défaut de Lois, du moins la généralisation et parfois la prévoyance des phénomènes à partir d'une étude globale de leur caractère régulier et récurrent. Et qu'elles sont également idéographiques, c'est-à-dire comportant l'examen d'un certain nombre de faits particuliers, le Progrès Scientifique lié au développement de la Technique et de la Méthodologie, ne peut se traduire en dernière analyse que par la prise de conscience d'un conflit endémique entre elles, et par la nécessité d'innover, autrement dit, par leur remise en cause, en permanence.

C'est ainsi qu'en ce qui concerne les Techniques elles-mêmes, l’on a assisté plutôt à un développement des recherches, qu'à l'amélioration quasi définitive d'une Technique particulière. A titre d'exemple, si le procédé des échelles et la conduite des tests a pu être améliorée, c'est au prix d'un certain nombre de tâtonnements et de l'abandon de plusieurs pratiques d'échelle et de tests. Quant aux Méthodes, de la même manière, les avancées n’ont pu être obtenues que par des discussions et des compromis sur l'existant, plutôt que par la suprématie d'une seule tendance, que l'on aurait considéré comme incontestable. Aussi, pour caractériser l'utilisation du

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couple, Techniques, Méthodes, sans cesse évolutifs, convient-il peut-être de l'envisager sous la dénomination d'Approche. Tout à la fois démarche intellectuelle et attitude faite de prudence et de souplesse dont le chercheur doit faire preuve face aux objets de l'Etude.

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SECTION I

Les Techniques en usage dans les Sciences Politiques. La division artificielle du Processus de l'Explication, suivant les étapes bien connues de

l'observation puis de l'hypothèse, enfin de l'expérimentation, apparaît quelque peu arbitraire en Sociologie, étant donné les difficultés et souvent l'impossibilité d'expérimenter. Aussi l'observation n'est-elle, le moment primordial, au point que systématiser en description, laquelle servant de base à son tour à la classification des éléments observés et à la construction des typologies, elle peut constituer à elle seule, l'objectif même de la recherche en l'absence de la découverte d'une Théorie Explicative pertinente.

La Monographie d'une petite ville de même que d'une manière plus élaborée, la typologie des caractéristiques idéales du Pouvoir, mise au point par Max Weber dans son ouvrage, «   Le Savant et le Politique », déjà cité, constitue à ce titre, autant d'exemples, où faute de la mise en évidence d’une causalité certaine, un niveau acceptable dans la compréhension des mécanismes sociaux et tout au moins atteint.

Encore faut-il, savoir organiser la perception des choses, guider l'observation et prévoir les faits nouveaux éventuellement. A cette triple préoccupation scientifique, le chercheur répond d'abord par la sélection des outils de l'observation, au premier rang desquels est-il besoin de le rappeler, il y a l'adoption de concepts significatifs dont on peut considérer le choix comme la première des Techniques pour opérer un premier tri dans le flot d'impressions qui assaillent le Sociologue, et une première façon d'organiser, de ne retenir que certains éléments de la réalité.

L'objet sociologique une fois construit, encore le chercheur doit-il armer son observation, l'orienter sur des facteurs précis, et pour cela faire appel à une batterie de Techniques, tests, sondages, analyses de contenu, etc. Parmi ces Techniques, il y a les Mathématiques, dont il est impératif de dire quelques mots en premier lieu.

PARAGRAPHE IL'UTILISATION DES MATHÉMATIQUES DANS LES SCIENCES SOCIALES

Cette utilisation est relativement récente, longtemps en effet il a été jugé que l'outil mathématique était inadapté aux sciences humaines trop complexes, d'autant que n'y étant pas familier, nombreux Sociologues y étaient hostiles par principe, ou répugnaient de les inclure dans leurs recherches. Cette position n'est plus de mise aujourd'hui, les Sciences Sociales ne sauraient plus se passer de cet outil, dès lors qu'il est apparu d'une part, que c'était les mêmes principes de la logique, le même art de raisonner qui constituerait la base de toutes les Sciences, et d'autre part que l'évaluation des phénomènes sociaux, passait par leur quantification grâce notamment aux Statistiques.

A — Reprenons tour à tour, chacune de ces applications des mathématiques, et d’abord dans le cas d'éléments directement quantifiables.En ce qui touche ceci, il apparaît immédiatement que certaines Sciences Sociales, et plus

particulièrement certains Secteurs Techniques de ces Sciences se prêtent mieux que d'autres, à une quantification. Ceci provient de la nature même des matériaux qu'elles permettent de recueillir.

C'est ainsi que, la Démographie et la Science Economique, sont susceptibles de quantification directe, sous la forme la plus simple, celle du comptage des unités. Par exemple, le dénombrement des naissances et des morts en Démographie.

En Sciences Politiques, c’est certains secteurs comme l'étude des élections, qui se prête d'emblée à une numération, elle-même, à la source de comparaisons entre différents ordres de grandeur. L'on comptabilisera par exemple, les voix obtenues dans une ou plusieurs circonscriptions, par tel Parti par rapport à tel autre, pour prendre la mesure de son implantation. Autrement dit, la Technique Mathématique ici présente l'avantage qu’en passant de l'empLoi de

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symboles verbaux à celui de symboles numériques, l'on dépasse la simple description énumérative des objets étudiés, pour en arriver à des comparaisons sur des échelles de référence. A cet égard plus particulièrement, statistiques et sondages, permettent de traiter les chiffres recueillis et aident à découvrir leur signification.

STATISTIQUES EN PREMIER LIEUElles offrent la possibilité, en effet, de substituer un élément de précision à de simples

impressions. C'est ce qui explique en France tout particulièrement, compte tenu du fait, que le vote constitue un indice utile parce que précis et mesurable de l'attitude politique de l'électeur, la Statistique Electorale ait été à l'origine de nombreuses études scientifiques.

Toutefois, même s'il a contribué à mettre en évidence divers déterminants dans les motivations électorales et certaines influences comme la pratique religieuse ou encore le régime foncier de telle ou telle région, il faut lire à ce sujet, la remarquable étude du Sociologue André Siegfried, qui a été publié en 1913 sous le titre, « Tableau politique de la France de l'Ouest sous la IIIe République ». Cet outil statistique n'est qu'un outil en ce sens qu'à lui seul, il ne permet pas d'expliquer pourquoi, par quel ressort psychologique profond, tel groupe d'électeurs vote de telle manière, plutôt que de telle autre.

LES SONDAGES EN SECOND LIEU que nous traiterons plus un détail dans un instant, constituent quant à eux, une autre

Technique issue de la Statistique, qui traduit une autre forme d'application des mathématiques à la Sociologie. En effet, grâce à l'application du calcul de probabilité, ils autorisent à partir d'une mesure partielle des phénomènes recensés, d'en déduire des résultats pouvant s'appliquer à la totalité. Il reste que la encore pour opérationnelle qu'elle soit, la Technique a ses limites, dans la mesure où, pour prendre deux exemples d’applications, les résultats statistiques d'un sondage sont liés à la façon de recueillir les données par le questionnaire ou encore deuxième exemple, si par sondage, il est possible de mesurer le degré de Nationalisme dans un groupe, encore faut-il en déterminer préalablement les critères.

B — On touche là aux problèmes, du cas d’éléments qualitatifs qu'il est possible de quantifier à condition toutefois de leurs faire subir un certain traitement.Pour arriver en effet sans les appauvrir, a ordonner les éléments qualitatifs les plus

intéressants dans une recherche, pour saisir un peu plus de l'essentiel de la Vie Politique et Sociale que l'on tente de comprendre, deux démarches, qui concernent l'outil mathématique sont à entreprendre.

L'une en direction des mathématiques elle-même, que l'on va s'efforcer de rendre qualitatives, l'autre en direction des données à recueillir, qu'il sera nécessaire de modéliser.

Reprenons ces deux points• Les mathématiques qualitatives en premier lieu, c’est pour reprendre en peu de mots une

formule des Professeurs Pinto et Gravitz dans leur, « Méthode des Sciences Sociales » je les cite, « Au-delà du donné, d'explorer le domaine du possible, d'envisager tous les

systèmes, même ceux qui n'existent pas dans la réalité, et de permettre alors de se demander, pourquoi », fin de citation.

Ce qui signifie qu'à partir de la constatation de combinaisons régulières entre les phénomènes observés, les mathématiques et plus spécifiquement l'algèbre est à même de prévoir l'évolution des systèmes et de mettre en évidence les facteurs qui permettent la transformation éventuelle de ces systèmes.

• En ce qui concerne le deuxième point, les éléments qualitatifs que l'on désire quantifier, il faut pour cela les organiser sous la forme de modèle. Un modèle est un, ou un ensemble, de schémas, qui implique la mise en formule de relations entre certains facteurs autrement dit, la sélection des variables et leur mise en place respective de manière à traduire sous une forme simplifiée, la complexité des relations dans leur réalité.

Laswell, par exemple en Sciences Politiques, a tenté ainsi d'expliquer le comportement de l'Homme Politique, par des motifs personnels se transformant en objectif d'intérêt public qu’il s'efforce de rationaliser en termes généraux.

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En 1953, Karl Deutsch, dans « Nationalism and Social Communication, An Inquiry Into The Foundation Of Nationality », de la même façon a pu formuler par ce procédé, une Théorie Quantitative de l'intégration Nationale, et cela grâce à la construction de tout un ensemble de variables et d'un jeu d'indices permettant de systématiser les données, de les mesurer et de les vérifier.

Après eux, c'est surtout l'information que l'on s’est efforcé de mettre en paramètre, ainsi que les problèmes de la décision politique que l'on peut essayer d'approcher grâce à la Théorie des Jeux. C'est une Technique Mathématique propre à éliminer autant que faire se peut le hasard et l'irrationnel. Mais venons-en maintenant toujours dans l'ordre des Techniques Scientifiques à l'examen des Documents et des Techniques que l'on pourrait qualifier de vivantes. A savoir, les sondages et les Tests.

PARAGRAPHE IILES TECHNIQUES LES PLUS COURANTES AU SERVICE DES SCIENCES SOCIALES

La Science Politique plus particulièrement travaille à la fois sur des documents statistiques, à savoir, sur les suffrages électoraux par exemple, sur des documents officiels, comme les comptes-rendus des séances d’assemblées, les statuts de Partis Politiques ou de Syndicats, et bien évidemment sur les Constitutions. Egalement sur des documents de sources privées, comme le courrier des électeurs et plus généralement sur la correspondance. Parfois, il est fait appel aux études de presse, parfois encore le Sociologue est amené à préparer certains matériaux et il réalise des sondages, pour connaître l'état de l'opinion publique, il interview des électeurs ou des hommes politiques, il peut procéder encore à des études sur le terrain.

Dans un souci de classification, distinguons en deux temps, les Techniques utilisées pour l’étude de documents, puis les Techniques d'entretiens.

A— Les Techniques documentaires.Après avoir rapidement passé en revue les diverses sources documentaires et les problèmes qu'elles soulèvent, nous dirons quelques mots sur l'analyste de contenu.

Les sources de documentation tout d'abord.C’est les documents officiels et les documents privés, dont il s'agit principalement. Le

Journal Officiel est à cet égard une mine de renseignements, mais il faut mentionner également les Archives Publiques, Centrales ou Locales, qui permettent par exemple, l'accès à la compréhension de la genèse des Textes de Loi ou de Décret.

L'on peut citer aussi le Cadastre parmi les sources publiques, ainsi que les statistiques dont l'archétype reste les recensements. De telles sources ne sont pas toujours d'une approche facile, et cela pour de multiples raisons. En France notamment, malgré un décret du 21 juillet 1936, toutes les administrations Loin s'en faut, ne sauvegardent pas systématiquement leurs archives, et par ailleurs la Loi du 3 janvier 1979, et ses décrets d'application, ne permettent la communication des documents administratifs communs, qu'au bout de 30 ans. Mais il faut attendre 60 ans pour pouvoir consulter ce qui intéresse la Sûreté et la Défense nationale, 100 ans pour les renseignements individuels, 120 ans pour les dossiers de personnels, relatifs aux Carrières Administratives, et cela jusqu'à 150 ans pour les Informations Médicales.

C'est ce qui explique que malgré quelques dérogations, concernant la Seconde Guerre Mondiale ou la Crise Algérienne, et bien par exemple le Régime de Vichy, n'a pas encore livré tous ses secrets. Cette situation est à ce point fâcheuse que le Premier Ministre s'en est ému le 20 juillet 1997, et qu'il a promis et cela à plusieurs reprises, une réforme de la Loi de 1979.

Quant aux statistiques, cette forme perfectionnée du mensonge, comme on a pu le dire par boutade, elles sont

quant à elles à l'origine d'innombrables erreurs. C'est ainsi que les morts non rayés sur les listes électorales peuvent faire faussement croire à une augmentation du taux des abstentionnistes parmi les vieillards. Autre exemple, si l'on modifie les tranches de revenus imposables, le nombre d'individus soustrait à l'impôt variera d'une façon erratique d'une période sur l'autre.

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En ce qui concerne les archives privées, autant sinon plus que les documents publics, elles opposent aux chercheurs, l'obstacle du triple secret de la politique, des affaires et des familles, à supposer encore qu'elles n'aient pas été détruites ou édulcorées par leurs auteurs ou leurs descendances qui les auraient jugées compromettantes, à supposer également qu'elles soient déchiffrables, et qu'elles traduisent des témoignages sincères.

Cela dit à quel aulne peut-on juger de leur fidélité et de leur validité. Que l'on songe par exemple aux déclarations du Président Mitterrand, niant jusqu'au bout la gravité du mal qui devait l'emporter.

L'étude de la presse, non plus n'est pas dépourvue de chausse-trapes. Certes la grande Loi du 29 juillet 1881 dans notre pays, affirme bien dans son article premier que l'Imprimerie et la Librairie sont Libres. Il n'en reste pas moins que les Entreprises de Presse, suivant en cela une logique toute Commerciale et Capitaliste ont une propension certaine à se regrouper, autrement dit, quitte à s'auto censurer, à livrer une information insipide qui satisfasse le plus grand nombre, à la plus grande satisfaction des Firmes Publicitaires, et cela n'est pas sans conséquences, sur la validité de ce matériau de la recherche.

Il reste à espérer que la décision du Conseil Constitutionnel du 29 juillet 1986, rappelant que le respect du pluralisme est une des conditions de la Démocratie, ne restera pas lettre morte, car des journaux de grande diffusion monocolore ne sauraient traduire toute la richesse de la Vie Politique et Sociale. L'investigation Sociologique se nourrit aussi heureusement de la différence de ton que l'on rencontre par exemple dans le Figaro, Libération, Paris-Match, l'Express, et tout autre publication que les étudiants connaissent bien.

Les mêmes remarques, qu’en ce qui concerne la Presse, pourraient également être formulées pour la Radio et la Télévision, où le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel mis en place par la Loi du 17 janvier 1989, a pour mission de maintenir l'expression du pluralisme des courants socioculturels.

Sans s'arrêter sur la documentation matérialisée par les Objets, Films, Photographies et autres enregistrements, attachons-nous à présent, à expliciter rapidement le concept d'analyse de contenu.

L'Analyse de Contenu, c'est une Technique qui consiste à substituer à l'impression subjective que laissent des paroles ou des écrits sur l'observateur. Des procédés plus standardisés tendant parfois à quantifier, en tout cas à convertir les matériaux bruts en données pouvant être traitées scientifiquement, et pour cela le texte va être découpé, c'est-à-dire étudié en fonction des idées ou des mots qu'il contient, ceux-ci étant choisis et recensés en liaison avec l'objectif recherché.Berelson donne cette définition de l'analyse de contenu dans, « Handbook Of Social Psychology » de l'INSEE, page 488 et suivantes, je cite, « C'est une Technique de recherche, pour la description objective systématique et quantitative du contenu manifeste des communications, ayant pour but de les interpréter », fin de citation.Un bon exemple peut en être donné par Gérard Miller, qui dans « Les Pousse-au-jouir du Maréchal Pétain », paru au seuil en 1975, a analysé les thèmes mobilisateurs du Régime de Vichy, à travers les discours du Maréchal.

B— Mais venons-en maintenant, aux Techniques vivantes.L'idée de faire des enquêtes, c'est-à-dire de chercher dans la réalité des éléments plus précis et objectifs que de simples impressions, est fort ancienne, puisque Hérodote signale déjà un recensement de la population et des revenus du Peuple Egyptien en 3000 avant Jésus-Christ. Les premières enquêtes sur le terrain remontent pour l'Epoque Moderne, aux travaux de Villermé en France avec une étude de 1846 sur la situation des travailleurs, et à une enquête de Charles Booth en Grande-Bretagne avec un travail également sur les ouvriers de Londres cette fois en 1886. Mais c'est surtout les Américains qui à partir de 1920 dirigeront leurs recherches dans un but plus spécifiquement Scientifique. Les Techniques vivantes peuvent se caractériser finalement par la mise en pratique de deux moyens de recherche.

A savoir, l'interrogation et l'observation

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En fonction de cette constatation, nous pouvons en distinguer deux grands groupes, —les Techniques individuelles d'une part, —et les Techniques de groupes d'autre part.

Les Techniques individuelles sont appliquées à des individus.Dans un rapport, enquêteur, enquêté, plus ou moins complexe, elles consistent en des interrogations suivant différentes modalités. Les Techniques de groupes ont pour but d'observer les individus agissants et réagissants les uns sur les autres dans un groupe.

Il s'agit ici d'une classification fonctionnelle commandée, et par le but de l'enquête, et par la population à laquelle ces Techniques s'appliquent. Ce qui signifie que les Techniques de rapports individuels concernent, soit des individus en tant que tel, un Premier Ministre par exemple, soit des individus en tant que Membres d'un groupe, il s'agira en l'espèce d'interviewer l'un ou l'autre des Ministres en qualité de Membre de Cabinet Ministérielle. Soit au contraire des individus, désignés par sondage, en tant que représentant d'une population plus étendue. Les recherches, visant un groupe quant à elles peuvent utiliser les Techniques de rapports individuels lorsqu’elles s’appliquent comme dans l'exemple précédent à l'étude de tel ou tel personnage considéré comme Membre du groupe et en tant que tel, mais en revanche, elles ne sont pas applicables à des individus isolés. Pour plus de clarté, considérons donc à présent, en premier lieu l'interview, l'archétype des techniques de rapports individuels, et en second lieu le procédé du sondage qui n'est rien d'autre qu'une collection organisée d'interviews.

Et d'abord l'interview. Encore appelé entretien, ou entrevue, c'est au sens Technique un procédé d'investigation scientifique utilisant un processus de communication verbale pour recueillir des informations en relation avec un but fixé, une enquête s'organise sur une idée de départ, et elle a pour objectif, triple, de permettre la formulation d'hypothèses vérifiables, de recueillir suffisamment de données et enfin d'obtenir des résultats généralisables. Cela dit, deux éléments essentiels permettent de différencier et de classifier les interviews. Il s'agit d'une part, du Degré de Liberté, que la forme du questionnaire laisse aux interlocuteurs, et d'autre part, du niveau de profondeur de l'information, que l'enquêteur cherche à obtenir, information qui va de la simple récapitulation statistique de variables à l'étude de motivation particulièrement utilisée en Sociologie Electorale.Aussi cet outil de l'interview est-il protéiforme et adaptable à toutes sortes d'investigations, des plus simples, aux plus complexes, suivant que la liste des questions posées est courte ou longue et que les questions elles-mêmes, celles que l'on appelle fermées, ne laissent qu'un choix limité de réponse, OUI ou NON, ou au contraire, il s'agira en l'espèce de questions ouvertes permettant à l'enquêteur de répondre comme il le désire. Et entre questions fermées et questions ouvertes, on distingue une troisième espèce de questions, les questions dites « Cafétéria », où il est possible de répondre, OUI, NON, ou PEUT-ÊTRE. Encore faut-il que l'interview soit un bon outil, c'est-à-dire qu'il permette d'obtenir un contenu vrai par rapport à l'enquêté, et significatif par rapport aux problèmes, de manière à ce que les questions par le choix des mots simples et non ambigus, par la syntaxe aussi claire que possible, de manière donc à ce que ces questions bien comprises par l'enquêté, traduisent néanmoins pour l'enquêteur toutes les complexités de la réalité analysée. En un mot, cela signifie que, pour donner des résultats fidèles, c'est-à-dire sans distorsion, dans les rapports entre les enquêteurs est valide c'est-à-dire l’adéquation avec les réalités, les sources d'erreurs doivent autant que faire se peut être réduites, tant au niveau des questionnaires que dans l'exploitation des résultats

Le sondage quant à lui est né d'une impossibilité pratique.A savoir, l'interrogation de toute une population individuellement à laquelle on s'adresse. Il est né également d'une possibilité statistique, à savoir la description du tout par la partie, autrement dit, les enquêtes par sondage sont adaptées à l'étude de populations nombreuses et suffisamment fractionnées. Les Politologues sont très friands de cette Technique, au point que Jérôme Jaffré, dans le numéro

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33 de la revue « Pouvoir », a pu parler de « sondomanie ». Il est vrai que le sondage présente l'avantage pratique de recueillir une masse d'informations autrement inaccessibles, principalement en matière d'opinion, à titre d'exemple, le Droit Français, interdisant la comptabilisation séparée du vote des hommes et de celui des femmes, seul le sondage permet de connaître les différentes attitudes éventuelles entre les sexes, dans les isoloirs. Cela dit, au risque d'erreur inhérent aux interviews individuelles, que la Technique du sondage démultiplie, se surajoutent d'autres sources occasionnant une interprétation erronée. Jacques Antoine dans son ouvrage intitulé, « L'Opinion, Techniques d'Enquête par Sondage », paru aux Editions Dunod, en collection Sygma n°19 en 1969, les a répertorié en page 177 et suivantes, notamment, la Méthode de Sélection de l'échantillon représentatif des personnes interrogées, conditionne le taux d’incertitudes statistiques, du résultat final. A cet égard, les grands Instituts de Sondage en France la Sofres, l'IFOP, ou encore Louis Harris, préfèrent pour des échantillons de 1000 personnes, chiffre régulièrement retenu pour les enquêtes à la Technique du Sondage aléatoire qui consiste à interroger des personnes au hasard, la construction d'un modèle réduit de la Société de référence, c'est-à-dire une reproduction proportionnelle de celle-ci, à base de certaines variables tenues pour significatives. Le sexe, l'âge, les répartitions géographiques et professionnelles etc.C'est une Technique que l'on appelle encore Méthode des Quotas, qui est jugée plus fiable.

Signalons pour en terminer avec ce Chapitre des Sondages, la Législation Française du 19 juillet 1977 qui a pour objet d'instituer une Déontologie en direction des organismes diffusant des sondages par la création d'une Commission des Sondages d'une part, et par également, l'interdiction de la publication, de la diffusion, et du commentaire de tout sondage électoral, pendant la semaine qui précède chaque tour de scrutin, ainsi que pendant le déroulement de celui-ci. Cette dernière mesure de prévention des manipulations de l'Opinion de dernière heure s'avère au demeurant relativement inefficace, parce que contournée lors de chaque élection, et sévèrement critiquée au nom de la Liberté d'Information. Bien entendu, d'autres Techniques que les sondages permettent aussi l'étude des collectivités, encore qu'elles soient d'une utilisation plus limitée. Il s'agit de l'enquête sur le terrain, qui consiste à observer un groupe dans son contexte social habituel et la valeur scientifique de ce procédé dépend naturellement des données recueillies, mais elle dépend également du degré d'intégration du chercheur dans le groupe. Il s'agit aussi de l'expérimentation, par laquelle le Sociologue intervient pour manipuler les facteurs qui l'intéressent, de manière à se donner les moyens d'analyser les interactions, qu’il aura suscité. C'est là un outil au maniement délicat, car il ne peut manquer de perturber plus ou moins, les comportements des individus auxquels on l'applique, et partant, son application est relativement exceptionnelle.

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SECTION II

Venons-en à présent à la Méthode même de l'Approche Scientifique, c'est-à-dire à la Théorisation des données Sociologiques pour une compréhension des phénomènes du Pouvoir, par l'étude des relations existantes entre ceux qui le détiennent, et l'ensemble de l’environnement Social où il s'exerce. Suivant les objectifs de la recherche, il sera fait appel à l'Analyse Fonctionnelle, à l'Analyse Structurale, ou encore à la Méthode Systémique ou à l'Approche Cybernétique, chacun de ces apports Théoriques à la Méthodologie Scientifique, utilisés à bon escient, ouvrant sur une compréhension en profondeur de tel ou tel aspect de la Réalité Politique.

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SECTION III

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Les Théories Explicatives dans l'Analyse Sociopolitique du Pouvoir.Théoriser, autrement dit, développer un système cohérent et global d'interprétation des phénomènes politiques, comportant l'identification des variables principales, c’est doter la Sociologie Politique, d'un cadre général d'analyse fait de concepts propres à guider les recherches et interpréter le résultat. Dans cette optique, quelle que soit l'approche retenue, la Méthode suivie par delà les dissemblances de ces types d'analyse, présuppose une double démarche intellectuelle fondamentale. En premier lieu, il s'agit de concevoir le Groupe Social plus ou moins vaste qui fait l'objet de l'étude, comme une totalité dont les éléments sont liés et interdépendants, de telle manière que l'explication du jeu de chacune des parties de l'ensemble ne saurait découler autrement, que du contexte global qui l'enveloppe. Pour saisir l'ensemble, la Méthode consiste donc, à expliquer les parties par le tout, à commencer par envisager un ensemble pour tenter d’en comprendre chaque élément. En second lieu, il s'agit de traduire cet effet de Formalisation Théorique, dans la construction de modèles formels plus ou moins vastes qui sont autant de reconstructions mentales de la réalité, les uns privilégiant le concept de fonctions, les autres celui de structures, d'autres encore celui de systèmes ou encore celui de communications. Rappelons à cet égard la définition que Guy Rocher, au tome II, pages 154, 155 de son « Introduction à la Sociologie Générale », parue dans la collection Point, en 1968, donne de la Notion de Modèle, je cite, « Il est véritablement de l’ordre de l'abstraction écrit-il, parce qu'il construit en extrayant de la réalité étudiée, certaines propriétés qui, une fois représentées par des signes, des concepts, peuvent servir à donner de cette réalité, une interprétation et une explication de caractère logique », fin de citation.

PARAGRAPHE IL'ANALYSE FONCTIONNELLE ET LE FONCTIONNALISME EN SCIENCES POLITIQUES

En Sociologie, le terme Fonction, revêt au moins trois significations discernables. C'est la profession, les activités imparties aux bénéficiaires d'un Statut Social déterminé, auquel cas, le mot fait partie du langage courant et ne nous intéresse pas directement ici, mais c'est aussi deuxième acception d'ordre mathématique, la relation existant entre deux ou plusieurs éléments, tel que tout changement introduit en l'un, provoque une modification dans l'autre, où les autres, et entraîne de leur part une adaptation. C'est à partir de ce concept, que s'est développée, l'Analyse des Variables Sociales ou Analyses Fonctionnelles, que l'on retrouve par exemple dans l'étude de Durkheim sur le suicide. Mais l'influence du fonctionnalisme en Sciences Sociales, procède d'un troisième sens du terme fonction, qui a été dégagé sous l'influence du Sociologue Anglais Herbert Spencer à la fin du siècle dernier, du modèle des organismes vivants. L'idée sous-jacente du Fonctionnalisme proprement dit, consiste en conséquence à considérer toute Société, à l'image d'un organisme vivant qui se maintient en vie grâce aux fonctions respiratoires, digestives et autres, comme un Corps Social, autrement dit une totalité, dont les éléments constituants, interdépendants, assument certaines fonctions qui répondent à ces besoins fondamentaux. Penchons-nous plus avant sur les caractères de cette Théorie, après quoi, nous essaierons d'évaluer son apport à la Science Politique.

A— Définition du FonctionnalismeAprès Spencer, le chantre du Fonctionnalisme dit Absolu est un ethnologue Anglais, Bronislaw Malinowski, disparu en 1942.Premier chercheur moderne à partager la vie des peuples qu'il étudiait, il considère que chaque culture forme un tout cohérent et que chacun de ces éléments ne peut se comprendre que par référence à ce tout. A partir de ce constat, il en déduit un principe général d'organisation harmonieuse des Sociétés ou tout élément, chaque objet matériel, chaque institution, chaque trait de culture, est à la fois utile et nécessaire. Dans un ouvrage traduit en Français sous le titre, « Eléments de Théorie et de Méthode Sociologique », qui est paru à Paris en 1965, l'Américain Robert King Merton va dénoncer en

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Sociologie, les excès de l’hyper fonctionnalisme de Malinowski. Il le juge inadapté aux Sociétés Modernes, sauf à le relativiser. C'est ainsi que Merton critique les trois postulats du Fonctionnalisme Absolu de son prédécesseur, et en revanche, il propose de les remplacer par trois nouveaux concepts fonctionnels jugés plus opératoires et notamment, à nos Sociétés Modernes.Au postulat de l'unité Fonctionnelle de la Société, selon lequel pour Malinowski, tout élément, toute activité remplit une fonction pour la Société dans son ensemble, Merton propose en remplacement, la Notion d'Equivalent Fonctionnel. Ce qui signifie qu'un seul élément peut avoir plusieurs fonctions, de même qu'une seule fonction peut, être remplie par des éléments interchangeables. Et pour illustrer cette idée, on peut donner l'exemple d'un Club Politique, qui peut se révéler tout à fait en mesure dans certaines circonstances d'exercer la fonction programmatique d'un Parti Politique. De la même manière, au postulat du Fonctionnalisme Universel, selon lequel aucun élément Culturel ou Social ne subsiste, s'il ne répond à un besoin absolu, Merton oppose la Notion de Dysfonction qui gêne l'adaptation ou l'ajustement du système à certains moments.A titre d'exemple, telle croyance religieuse, comme celle qui consiste à reconnaître un caractère sacré aux vaches dans l'hindouisme est fonctionnel, dans la mesure où elle participe au ciment Culturel du Sous-continent, mais elle est dysfonctionnelle dans la mesure où elle est susceptible d'entraver son Développement Economique. Enfin, opposé au postulat de la nécessité fonctionnelle, selon lequel tout élément Culturel ou Social est indispensable, Merton propose de distinguer les fonctions manifestes, celles qui contribuants à l'ajustement du système sont comprises et voulues par les participants du système, et les fonctions latentes qui elles, ne sont ni comprises ni voulues.

B— Fonctionnalisme et Sciences SocialesSous ses différentes formes précisément, le Fonctionnalisme a inspiré de nombreux spécialistes de la Science Politique. Notamment, Gabriel Almond et Bingham Powell, ces deux auteurs dans un ouvrage paru à Boston en 1966, « Comparative Politics and Development Approche », expliquent que tout Système Politique se rattache à la Société globale qui constitue son environnement. Et que tout Système Politique, ne peut perdurer dans un rapport d'échange avec son milieu qu'en répondant aux attentes et aux différents intérêts de ce milieu qu'il doit réguler, et en développant des structures adaptées à ses fonctions. Et de la sorte, il démontre qu'un Gouvernement est d'autant plus Fonctionnel, autrement dit accepté comme légitime, qu'il est structurellement en phase, avec la Culture Politique de la Société qu’il régente. Ainsi ces deux auteurs distinguent la Culture Paroissiale, dans laquelle les individus sont peu sensibles à l'ensemble National et qui convient plutôt à une Structure Politique Traditionnelle et Décentralisée, la Culture dite de Suggestions, dans laquelle le Système Politique est ressenti comme extérieur et qui conviendrait particulièrement à une Structure Autoritaire et Centralisée, enfin la Culture de Participation, celle des individus citoyens, qui s'accordent, à une Structure Démocratique. Ce type d'analyse donc, à une réelle valeur heuristique, car elle facilite grandement la comparaison entre les Régimes Politiques.

PARAGRAPHE IIL'ÉTUDE DU STRUCTURALISME

A— Définition du Structuralisme.Ici encore, il s'agit d'une Méthode d'Analyse, par laquelle on ne se contente pas de décrire, c'est-à-dire à la manière de ce qu'avait entrepris l'anthropologue Anglais Radcliffe-Brown, à l'origine de la Théorie de Recueillir et de Classer les Données de l'Observation, mais d’y puiser un principe d’explication. L'idée de départ, c'est de considérer que les Sociétés Humaines choisissent dans la richesse des agencements potentiels que leur offrent la biologie et la psychologie, un ensemble d'éléments, qui sont ordonnés d'une certaine manière. En rechercher la structure, ce n'est donc pas simplement établir un Modèle Théorique à partir d'éléments significatifs de la réalité empirique, ce que faisait Radcliffe-Brown, qui en construisait la structure apparente et la décrivait, telles les relations du Roi et du Sujet, les relations du mari et de la femme, et cætera, c'est avec Lévi-Strauss, découvrir la

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structure latente cachée, qui permet d'expliquer les relations apparentes, c'est-à-dire qui permet de dégager la structure non consciente du réel concret et l'exprimer sous la forme d'un modèle vérifiable. Dans « Tristes Tropiques », paru aux Editions Plon en 1955, Lévi-Strauss racontant son séjour Amazonien dans deux tribus Nambikwara, a ainsi pu mettre en relief le rôle caché que la polygamie réservée exclusivement aux Chefs de Clan pouvait jouer dans l'affirmation de son Pouvoir et comment cet élément anodin était au principe même, de l'organisation politique de ces Indiens.

B—Apport du Structuralisme à la Science Politique.Il revient au Sociologue Allemand Max Weber, d'avoir particulièrement mis en relief les ressorts de l'Autorité Politique en montrant comment, la recherche de l’efficacité Gouvernementale a nécessité l’apparition d'une Classe Politique, et son Organisation Hiérarchisée. Et c'est par conséquent grâce à l'analyse structurale, par la découverte de la différenciation des rôles Sociaux, que Max Weber, a pu déterminer les Fondements Théoriques de l'Autorité Politique. Et pour celle-ci, il distingue trois types idéaux de légitimation devenus célèbres. Et c'est ainsi selon lui, certains Etats connaissent une Structure du Pouvoir de type traditionnel. Dans cette structure, l’obéissance repose sur la tradition, tandis que dans d'autres, l'Autorité est dite Charismatique, parce que la soumission au Chef trouve son origine dans le prestige personnel de celui-ci, enfin il distingue ce qu'il appelle l'Autorité Légale Rationnelle, qui correspondrait approximativement à la situation de la plupart des Etats Modernes. La légitimité y serait fondée structurellement, sur un Corps de Règles Légales, logiquement agencé, dans tous ces cas ainsi d'ailleurs que dans les combinaisons possibles entre ces différents types d'autorités c'est la notion de croyance en telle ou telle espèce de légitimité, qui constitue l'assise structurale, largement inconsciente du Pouvoir.

PARAGRAPHE IIIL'ANALYSE SYSTÉMIQUE.

Après quelques notions générales d'Analyse Systémique, nous verrons plus en détail, l'Analyse Systémique de la Vie Politique.A— Quelques notions générales de Système.Certes la Notion de Système, qui n'est rien d'autre qu'une matrice abstraite, de celle de totalité des gens rencontrés dans les théories précédentes, n'est pas d'une grande nouveauté en soi. En revanche, alors que le Structuralisme, comme le Fonctionnalisme s'attache à l'étude des Transformations dans le Système, et dans une optique relativement statique, la Théorie Générale des Systèmes a pour objet l'évolution du Système dans ses rapports avec l'environnement, c'est-à-dire avec d'autres Systèmes.C'est ainsi que l'on observera par exemple tel ou tel Système Politique, un Parlement ou un Parti Politique dans ses interactions avec le Système Economique ou Religieux ou International, qui lui sont contemporains, mais qu'il ne s'agira pas de se livrer à son analyse interne. Il va de soi dans ce type d'approche qui prétend saisir n'importe quelles relations, eut égard au fait que la Société est une réalité si complexe qu'on ne peut l'appréhender en même temps dans tous ces éléments, et qu'il faut en quelque sorte sérier les problèmes, c'est-à-dire extraire arbitrairement de la totalité Sociale, un ensemble d'éléments choisis en vertu d'une définition préalable et arbitraire de Système que l’on veut étudier. C'est ce que Durkheim appelait déjà avec une autre formulation, la construction de l’Objet Sociologique.Voyons à présent plus spécifiquement en ce qui concerne la Sociologie Générale, quelle est la conception des Systèmes par un Sociologue très connu aux Etats-Unis qui s'appelait Talcott Parsons. L'ambition de ce Professeur de Harvard, à travers une œuvre considérable dont, « The Structur of Social Action », publié en 1937, et « The Social System » en 1951, a été de construire un schéma général d'analyse applicable à tous les Systèmes d’actions, afin de comprendre, pourquoi les gens agissent comme ils le font. Parsons prend en considération leurs désirs et leurs décisions, les moyens dont ils disposent et leurs croyances relatives à la manière

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dont ils peuvent parvenir aux effets recherchés, autrement dit, toutes leurs actions prend place dans un Système d'actions que l'auteur divise en quatre sphères essentielles, à savoir le contexte biologique, le contexte psychique, le contexte social, et le contexte culturel. Ces quatre ensembles constituant quatre sous-systèmes du Système Général de l'Action. Chacun d'eux, puisant dans les autres sous-systèmes, ce qu'il lui est nécessaire et offrant de la même manière aux autres sous-systèmes ses propres produits. C'est ainsi que pour le Système Social, comme pour chacun des autres sous-systèmes de l'action, les trois autres constituent son environnement. Mais on peut aussi changer de niveau d'analyse et considérer le Système Social non plus, comme un sous- système, mais comme un Système d'Action en lui-même, contenant à son tour quatre sous- systèmes, à savoir selon Parsons, l'économie, le politique, le réseau de socialisation, et quatrième sous-système, les institutions, comme le droit où l'appareil judiciaire, qui maintiennent la solidarité. Dans ce dernier contexte, le Politique est un sous-système de la Société. Il comprend la définition de but collectif, la mobilisation des ressources, et la prise des décisions nécessaires à l'obtention de ces buts. Et son élément essentiel c'est le Pouvoir, que Parsons définit comme la capacité d'obliger les acteurs sociaux à remplir les obligations que leur imposent les buts collectifs, de manière à pouvoir mobiliser les ressources de la Société, en vue d'atteindre les fins proposées. Le Pouvoir autrement dit comme la Monnaie en Sciences Economiques et démythifié par l'auteur. Ce n'est plus une institution, mais un simple instrument d'échange en circulation.

B—L'adaptation à la Sociologie Politique de ce Modèle, c’est le Modèle d'Analyse Systémique de David Easton en Sociologie Politique. Ce professeur à l'Université de Chicago d'origine Canadienne a introduit la Notion de Système dans l'Analyse Politique et spécialement dans un ouvrage, « The Political System », paru en 1953, et dans un autre livre, « A Systems Analysis of Political Life », en 1965. Pour le résumer, disons qu'un Système Politique se définit chez lui comme l'ensemble des interactions politiques constatées dans une Société donnée. Easton propose de le considérer comme ce qu'il appelle une boîte noire, en négligeant ce qui se passe à l'intérieur, il se focalise sur son environnement qu’il qualifie d’intra sociétal pour désigner les autres Systèmes de la même Société, à savoir les Systèmes Biologiques, Economiques, Ecologiques, Psychologiques et autres Systèmes Sociaux, et d'extra sociétal, pour caractériser les Systèmes Politiques, Ecologiques et Sociaux Internationaux. Tout Système Politique dans la Théorie d'Easton, dispose d'une capacité variable pour réagir à l'environnement dans lequel il baigne. Deux catégories de forces s’exercent sur lui, que l'auteur baptise « Inputs », à savoir les exigences, c'est-à-dire les demandes d'avantages ou de services, une diminution d'impôt par exemple, ou une augmentation de salaire, qui peuvent être si pressantes et si importantes qu'elles peuvent en arriver à bloquer le Système. Parmi ces inputs, il y a également les soutiens au Système qui contrebalancent d'une certaine manière les exigences, en permettant au Système d'adapter ses réponses aux demandes formulées. Easton distingue trois sortes de soutiens, à savoir le soutien à la Communauté Politique, celui qui définit le consensus minimum nécessaire au maintien de l'entité politique, le soutien au Régime en deuxième lieu, constitué par le consensus établi sur les règles du jeu politique, enfin en troisième lieu, le soutien aux Autorités Politiques, qui se traduit par une reconnaissance de leur légitimité. Et toujours selon Easton, pour satisfaire les exigences, ou les limiter, ou pour activer les soutiens, tout Système Politique doit sous peine de disparaître produire ce qu'il appelle des «  Outputs » des réponses en quelque sorte, destinées à juguler les menaces à l'équilibre. Et ces réponses prennent la forme de décision, c'est par exemple une nouvelle législation. Elles peuvent prendre également la forme d'actions en direction de ceux qui ont présenté des demandes, et dans la Théorie Systémique d'Easton, les réponses données aux exigences, ne constituent pas un terme, même provisoire à cet ensemble d'inter relations, d’interactions, elles engendrent de nouvelles exigences et de nouveaux soutiens à la manière d'une boucle de rétroaction, ce qu'il appelle la « Feed-back loop », qui revient au Système. C'est grosso modo un moteur d’un cercle sans fin, où les réponses engendrent perpétuellement de nouvelles questions dans un circuit ininterrompu.

PARAGRAPHE IV L'EXAMEN DU MODÈLE CYBERNÉTIQUE DE KARL DEUTSCH.Déjà en germe dans le Modèle Eastonien, l'Analyse Cybernétique peut se définir comme une recherche sur les mécanismes de communication et de contrôle, dans les machines et chez les

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êtres vivants. Pour Karl Deutsch, un Professeur d’Harvard qui publie en 1966, « The Nerves of Government : Models of Political Communication and Control », tout Gouvernement doit être de la même manière, conduit et dirigé, à l'instar d’un navire. Il écrit, je le cite, « Piloter un navire revient à guider son comportement futur à partir d'informations concernant d'une part sa marche dans le passé, et d'autre part la position qu'il occupe dans le présent, par rapport à un certain nombre d'éléments qui lui sont extérieurs, notamment buts ou cibles. Le concept sous-jacent à toutes les opérations de ce genre peut être désigné sous le nom de rétroaction ou feed-back », fin de citation. Autrement dit, Deutsch perfectionne dans une certaine mesure le Système d'Easton, qu’il mécanise davantage, en insistant particulièrement sur les impératifs communicateurs censés animer les comportements humains. C'est ainsi qu'il fait dépendre ceux-ci de quatre éléments.Premier élément, le poids de l'information. En Politique, il s'agit de la fréquence et de l'ampleur des changements auxquels doit faire face tout Gouvernement.

Deuxième élément, c'est le retard de la réponse, autrement dit, du temps que le Système met à réagir à une information nouvelle.

En troisième lieu, Deutsch pense qu'il peut s'agir, autre élément du gain réalisé par les opérations correctives. Ce qui correspond en Politique, à la vitesse et à l’importance de la réaction d'un Système Politique, aux faits nouveaux auxquels il est confronté.

Enfin dernier élément, c'est le décalage, le décalage qui traduit la distance qu'occupera la cible mobile selon les calculs prévisionnels, et la position réelle qu'elle occupait au moment de la réception des derniers signaux, émise par elle. En Politique, cela signifie par exemple, que chaque gouvernement doit anticiper sur les situations nouvelles auxquelles il doit apporter des solutions. Au total, ce Modèle de Karl Deutsch est un Modèle Explicatif conçu pour intégrer le mouvement et il fait une place à l'idée de buts autonomes et de rétroaction aux informations venant de l'extérieur, ce qui présente l'avantage d'exclure tout jugement de valeur, dans l’Analyse des Régimes Politiques pour ne retenir que leur efficacité. Voilà trop brièvement passé en revue dans les deux sections de ce chapitre, les Instruments d'Investigation des chercheurs en Sciences Sociales, ainsi que des Politologues, susceptibles de les adapter à leur discipline. Soit que ces derniers s'attachent à l'étude des mécanismes internes des Systèmes Politiques, soit que les Politologues les replacent dans la Société globale. La caractéristique commune en tout cas de tous ses moyens, c’est de permettre une réflexion Sociologique acceptable sur des Sociétés globales et sur une Notion du Pouvoir Politique, perçue dans l'état où elle se trouve au moment où débute la recherche. Autrement dit, la vision du Pouvoir, que ces moyens contribuent à approfondir par la description ou encore par le démontage de ses rouages, reste essentiellement statique dans la mesure où elle est largement inadapté à rendre compte des évolutions sur une longue période.Ces avancées Méthodologiques récentes, importantes, même si elles sont critiquables en partie, comme l’ont été avant elles, celles qui les ont précédées, elles sont à l’origine des Théories Développementalistes qui aujourd’hui semblent rendre le mieux compte de l’état du Monde.

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LA PROBLÉMATIQUE DU DÉVELOPPEMENT POLITIQUE ET LA TYPOLOGIE DES SYSTÈMES ET DES RÉGIMES POLITIQUES.

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TITRE II

Ce titre porte sur la problématique du Développement Politique et sur la Typologie des Systèmes et des Régimes Politiques. Dans cette partie du cours il convient en effet d'appliquer les Techniques et les divers éléments de Théorie Politique dégagées précédemment, à l'Analyse des Institutions du Pouvoir dans les différents Etats du Monde. Autrement dit, il faut procéder à l'étude des Systèmes Politiques d'aujourd'hui dans leur réalité concrète, et pour se faire, après avoir observé le Pouvoir d'une manière statique et en avoir précisé les contours, la structure, les modes de fonctionnement, ainsi que les procédés d'adaptation à l'environnement, après avoir également examiné les premières ébauches explicatives des transformations Politiques qu’ont connu toutes les Sociétés dont longtemps on avait fait que classer les différents Modes de Gouvernement possible, nous poursuivons notre quête du sens des Systèmes Politiques grâce à une troisième voie, l'Analyse Développementaliste, de manière à compléter voire à synthétiser utilement nos Approches Empiriques et Théoriques précédentes. En réalité il vaudrait mieux utiliser le pluriel et parler des Analyses Développementalistes. Car la problématique du développement peut être entendue de deux façons différentes, poser deux questions distinctes, auquel les Politologues dans les quatre dernières décennies ont tenté de répondre concrètement par deux séries de travaux, qui renouvellent la controverse sur l'autonomie du Politique.

Le premier chapitre de ce titre sera consacré à la présentation et à la critique de ces deux thèses.

— L’une associée en niveau de Développement Socio-économique et Situation Politique pour expliquer comment et pourquoi telle ou telle configuration engendre nécessairement tel ou tel Régime Politique,— L'autre tournée sur l’examen des aspects Juridico-institutionnels des Pouvoirs Publics Constitutionnels, cherchant plutôt à exprimer les règles du jeu définies à ce niveau, règles du jeu suffisamment importantes pour justifier des classements significatifs.

Les deux chapitres suivants illustreront ces propos Théoriques par l'examen empirique des deux grandes familles de Société Politique qui couvrent l'ère Géographique Internationale, à savoir, le Groupe des Démocraties Libérales, et celui des Pays du Tiers-Monde, Pour ne pas compliquer outre mesure l’Exposé, nous ferons l'impasse sur les Pays Socialistes. Principalement la Chine, la Corée du Nord, le Vietnam, et Cuba, qui empruntant aujourd'hui les caractéristiques tant Economiques que Politiques à nos deux types de Sociétés, connaissent des bouleversements à une opacité telle, qu’ils semblent provisoirement constituer une catégorie à part relativement imprévisible, et qui semble échapper, provisoirement en tout cas, à tout essai de Typologies sérieuses, ainsi qu'à toutes prospectives sur leur évolution à moyen et long terme.

CHAPITRE IDIVERSITÉ DES SOCIÉTÉS POLITIQUES ET THEORIES DÉVELOPPEMENTALISTES

L'idée générale de départ est que la Science Politique doit permettre ou tout au moins tenter d'expliquer certains des phénomènes que reflète la Vie Politique. L'une de ses premières tâches étant de rendre compte de cette diversité de la Société Politique. Or si très schématiquement on peut présenter la Vie Politique comme un conflit entre groupes qui recherchent la possession du Pouvoir Politique ou tout au moins d’avantages qui dépendent de ce Pouvoir, et nous avons déjà rendu compte des grandes synthèses qui ont traité de ce mécanisme,

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il est apparu en comparant les exemples Nationaux que, tant la conquête même de l'appareil gouvernemental, que la physionomie des groupes en compétition différait d’un cas à l'autre, en raison de facteurs spécifiques à chaque Etat ou à chaque groupe d'Etats. Certes, ces facteurs n'ont jamais été totalement ignorés par les Philosophes de la Politique, ni par les idéologues Marxistes et Libéraux qui développèrent tous, naturellement, des sens diamétralement opposés. Cette idée de base selon laquelle la structure et l'évolution des Sociétés étaient commandées par l'Etat et le développement des forces productives. Mais c'est grâce à la découverte de la Modélisation Systémique que la compréhension de la nature des différents Régimes Politiques et celles de leurs liens avec la Société globale, a pu être affinée. Désormais en effet, la réalité Politique n’est plus fragmentée et isolée, elle est définie comme un ensemble, lui-même englobé dans un ensemble plus vaste, avec lequel, il y a échange d'influence. Bref, comme le constate Roger Gérard Schwarzenberg, dans son manuel de « Sociologie Politique », je le cite, « il s'agit de considérer le Système Politique, comme la partie d'un tout, comme incorporé dans un ensemble Social, avec lequel il entretient des rapports complexes », fin de citation. Aussi, riche de cette apport Méthodologique déterminant, la Problématique du Développement permet d'observer le processus de mutation qui affecte à la fois le Système et son environnement et cela notamment en période de transformation Sociale. Il permet également de mieux comprendre ce procédé de Développementaliste, après vérification empirique ce qu’est un Système Politique, quelles sont ses fonctions, et à quelles attentes il répond. Autrement dit, à condition de les prendre pour les outils scientifiques qu'elles sont, et d'avoir à l'esprit que la réalité est toujours plus nuancée, les Théories Développementalistes qui ont été conçues à partir principalement des concepts de Développement sont à considérer comme les moyens Méthodologiques les mieux à même de donner un sens aux interconnexions existant entre Sociétés, leurs Univers Politiques respectifs au sens large, et les Régimes Politiques.

Dans cet esprit, on abordera dans une première Section la problématique même du Développement, en ce qu'il s'agit d'une Analyse Moderne nécessaire au Monde Moderne. Parce que plus complète que les explications du passé, mais aussi plus concrète et plus réaliste et plus subtile. Une seconde section sera consacrée aux Théories Développementalistes elles-même.

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SECTION I

LA PROBLÉMATIQUE DU DÉVELOPPEMENT

Pour l'étude des Sociétés Nationales, les Politistes ont jusqu'au Second Conflit Mondial eu sous les yeux des cas concrets relativement stables et uniformes. A partir de 1945 en revanche, les Etats Nationaux perdent en homogénéité ce qu'ils vont gagner en originalité. Une Nouvelle Approche s'imposait, qui réintroduisent dans l’Analyse des Mécanismes Politiques, les facteurs qui semblaient avoir provoqué cette diversité. C'est donc aux circonstances ayant présidées à ce renouveau Méthodologique que nous allons consacrer les deux paragraphes suivants.

PARAGRAPHE IORIGINE ET CONTENU DU DÉVELOPPEMENTALISME

Cette origine relève de deux ordres, elle est historique et elle est conceptuelle

A— Les circonstances conjoncturellesDeux faits historiques ont été à l'origine de ce renouveau de la Science Politique. Ils ont montré les insuffisances d'un certain nombre d'analyses préexistantes et la nécessité de leurs dépassements. Il s'agit dans l'ordre chronologique, de la Révolution Soviétique de 1917 en Russie, puis dans le Centre de l'Europe à partir de 1945, en Chine de la prise de Pouvoir par les

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Communistes en 1949, puis dans certains Pays Asiatiques, Africains et d'Amérique latine, dans les années suivantes. Autant de bouleversements Sociopolitiques de Gauche, qui se surajoutant aux séquelles du Fascisme et du Nazisme de l'entre-deux-guerres, ont brisé l'homogénéité Idéologique du Monde. Celle-ci était caractérisée jusqu'alors par un certain Libéralisme Economique et Politique, est un même substrat Socioculturel. Il s'agit aussi du processus de Décolonisation initié dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale qui s'est développé tout particulièrement dans les années 1960. Le mythe de l'homogénéité Socio-économique entre les différentes Sociétés Etatiques, occultée jusque-là par les relations de subordination entretenues entre l'Europe Coloniale et le reste du Monde, a alors volé en éclats. La Décolonisation est un phénomène important dans l'Histoire des Relations Internationales du XXe siècle. Elle peut être définie, comme l'accession à l'Indépendance et à la pleine Souveraineté des territoires colonisés, et se caractérisait par une égalité de Droits entre l'Etat Colonial, ancienne puissance administrante et le Nouvel Etat anciennement colonisé, dont les rapports sont désormais régis par le Droit International. Sur le plan Historique, René Sedillot dans son ouvrage « Histoire des Colonisations », en a clairement exposé les enjeux et ils sont considérables, dans la mesure où, triplant le nombre des Etats entre 1945 et 1972, la Décolonisation va bouleverser la carte du Monde, tout autant que la perception que l'on en avait jusque-là. Sur les plans Idéologiques et Economiques, ces deux événements que l'on vient de relater, triomphe du Communisme dans un certain nombre de pays d'une part, et décolonisation d'autre part vont se traduire dans la deuxième moitié du XXe siècle par la mise en place d'une nouvelle Société Internationale, largement hétérogène. Le Monde se diversifie, et à la « summa divisio » qui sous le nom de Guerre Froide va radicaliser de 1947 aux années 1960, l'affrontement Est-Ouest entre les deux Superpuissances et leurs alliés respectifs, que sont l'URSS d'une part et les Etats-Unis d'Amérique de l'autre, va se superposer à partir des années de détente et plus encore avec la disparition du Communisme en Russie et en Europe Centrale dans les années 1990, une coupure qui semble s'approfondir chaque jour davantage entre schématiquement, le Nord et le Sud de la Planète. C'est ainsi que depuis notamment la chute du Mur de Berlin, fin 1989, le même type d'Etat Capitaliste relativement développé, caractérise l'Hémisphère Nord, dont les intérêts et surtout depuis l'échec de la Conférence Nord-Sud qui s'est tenue à Paris en juin 1977, apparaissent comme opposés à ceux des Pays du Sud, tels qu'ils ont été exprimés à Alger en 1973 où l'on a accrédité la Thèse de cette Division du Monde, entre Etats riches et Pays pauvres. Pour caricaturale qu'elle soit la prise en compte nouvelle de cette réalité Géostratégique a pu utilement faire redécouvrir le Thème Marxien de la Lutte des Classes dans sa transposition Internationale. Les Sociétés développées pouvant être assimilées à une Classe de Nation dominante, et les Pays Sous-développés aux Nations Prolétaires pour reprendre le titre d’un ouvrage de Pierre Moussa, paru en 1961. Aussi dans ce contexte, une approche renouvelée de l'Univers Politique s'imposait.

B— La genèse du concept DéveloppementalisteAujourd'hui pour étudier les Systèmes du temps présent, les Politistes n'abandonnent certes pas l'Analyse Classique ni l'Analyse Marxiste, mais ils les complètent par l'une des Théories de la Modernisation. En face de la diversité du présent en effet, l'Analyse Classique, qui dans l'étude des rapports Société-Gouvernement, privilégiait le rôle des Règles Juridiques régissant le Pouvoir, son aménagement et son exercice, privilégiait spécialement les Règles Constitutionnelles, et bien ce type d'Analyses formalistes, que propageaient dans les Facultés de Droit Occidental, les Constitutionnalistes, ne pouvaient porter que sur les Institutions et les Normes sans examiner les comportements concrets et leur environnement. La raison en était que les substrats Socioculturels des Etats observés étaient les mêmes partout, stables, homogènes, dans des pays qui avaient en commun la même Civilisation, le même type de Société, le même degré approximatif de Développement Economique et la même Idéologie Libérale. L'Analyste Politique se souciait alors peu, d'étudier les Collectivités sous Administration Coloniale. En revanche, dorénavant l'émergence des Pays non Occidentaux sur la Scène Internationale, impose de tenir compte des discordances idéologiques, socio-économiques et institutionnelles qui

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caractérisent la diversité de leurs situations et de leurs besoins. Cela oblige à élargir le champ de la réflexion, bien au-delà du Droit Constitutionnel, jusqu'à englober des considérations sur les Systèmes Politiques globaux et il s'agit enfin, dans une optique réaliste, de redécouvrir la portée de variables longtemps négligées comme les environnements géographiques, idéologiques, culturels, sociaux etc. Sur un autre registre après avoir vu la portée limitée des Théories Classiques, il est certain que l'Analyse Marxiste, dont nous avons pu déjà souligner les faiblesses Théoriques se révèle à son tour inapte, par-delà les oppositions entre Etats Capitalistes et Etats Socialistes, a exprimer les traits communs et le fort courant vers l'assimilation entre ces deux types de Sociétés. Ainsi certains auteurs ont pu faire remarquer qu’exclusivement basée sur le Régime de Propriété des Moyens de Production, elle n'était plus opératoire en ce qui concernait les Systèmes Politiques contemporains. Par exemple, Herbert Marcuse dans « Le Marxisme Soviétique », un ouvrage publié en Français en 1963, minore le clivage Socialisme, Capitalisme, pour remarquer que dans des contextes différents, les Sociétés Américaines et Soviétiques, présentent des traits communs, caractéristiques d'une même Civilisation Industrielle. Tandis que par ailleurs dans ses 18 leçons sur la Société Industrielle, Raymond Aron va approfondir ce concept de Société Industrielle, caractéristique des Etats économiquement avancés et il va l'opposer aux Etats sous-développés ou en voie de Développement. Autrement dit il y avait donc à mettre au point un appareil Théorique, rénové, plus performant, appelé notamment de ses voeux par le Professeur Duverger dans son manuel de « Sociologie Politique » de 1973, sous la forme d'une esquisse d'un Modèle Théorique général, qui écrit l'auteur en page 361, je cite, « Puisse fournir une approche commune aux Sociologues Occidentaux et Marxistes, en permettant d'intégrer leurs modèles respectifs », fin de citation. Et le Professeur Duverger proposait du même coup de retenir quatre variables à la formation d'un cadre abstrait, servant de schéma de comparaison. A savoir, l'Economie, les Classes Sociales, l'Idéologie, et l'Organisation Politique au sens large.Le modèle construit à partir d'elles qui pourrait être amélioré dit l'auteur, consisterait précisément à définir le sens et la portée de leurs indépendances. Et justement sur l'Echelle Comparative des Sociétés et des Régimes Politiques, un paramètre commun semble apte à donner un sens à ces variables, ainsi qu'à servir d'étalon de référence, c'est la Notion de Modernisation. Cette notion de modernisation relève en effet d'un phénomène universel, à partir du dernier tiers du XXe siècle qui est lié à la Mondialisation Culturelle Economique et Politique, dont on peut remarquer qu'elle est plus ou moins rapide, selon les Etats et les Nations considérées. La Théorie de la Modernisation repose donc sur la constatation que le processus de Développement Economique a des incidences Socio-économiques ou encore que la Modernisation peut aussi affecter le seul Secteur Politique et le faire évoluer de manière plus autonome. Mais avant d'exposer ces Théories, penchons-nous un instant sur deux, parmi ces variables, qui expliquent la pluralité des Sociétés Politiques.

PARAGRAPHE IILES FACTEURS DE LA DIVERSITÉ POLITIQUE

Il nous a paru opportun de sélectionner les facteurs géographiques tout particulièrement influents sur l'économie, et les idéologies, dont dépendent les Régimes Politiques. Nous pourrions naturellement en trouver bien d'autres, mais disons que dans les Théories Développementalistes, ces facteurs sont intéressants parce qu'ils sont revisités c'est-à-dire que l'on a abandonné le déterminisme d'antan, les grandes explications globales des siècles derniers, qui faisaient de chacun le seul élément à prendre en considération pour préférer aujourd'hui une Analyse au cas par cas.

A— Les facteurs géographiques.Montesquieu les a mis à l'honneur, ils étaient suivis par des auteurs comme l’Anglais Toneby, le géographe Ratzel à la fin du XIXe siècle ou encore l'Américain Huntington. Pour eux, les éléments essentiels de la Société Politique peuvent s'expliquer par la géographie. Montesquieu par exemple, estime de façon catégorique que les climats chauds, amollissent les

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hommes en font des lâches et des esclaves, alors que le froid les rend courageux, et libre. Et que par ailleurs les habitants des plaines sont soumis, alors que ceux des montagnes sont des conquérants. Évidemment un tel déterminisme géographique est critiquable et cela au moins pour quatre raisons.

Première critique, il est difficilement concevable que tel ou tel facteur géographique affecte automatiquement tous les membres sans exception d'un groupe. Evidemment si tous les Méditerranéens étaient des lâches, Napoléon dans ce contexte n’aurait jamais dû exister.Deuxième critique, la Géopolitique qui isole généralement un facteur géographique particulier, ce peut être le relief, le climat, l’insularité, etc, est bien entendue trop simpliste.Troisième critique, la Géopolitique semble ne pas tenir compte des réactions de l'homme qui en toute hypothèse sait s'adapter aux environnements les plus extrêmes. Enfin quatrième critique, la Géopolitique sous-estime le Progrès Technique, qui permet de diminuer le poids des facteurs naturels.

Cela remarqué, il n'en reste pas moins que la géographie reste à sa place, dans une approche circonstanciée des Etats. D'abord parce que l'ampleur du territoire, sa situation, la présence ou non de ressources naturelles, sont des éléments qui incluent ou excluent plus ou moins les Etats concernés, de la tendance actuelle à la Mondialisation et à la standardisation des Modes de Vie et des Régimes Politiques, qui revendiquent tous, peu ou prou, leur appartenance, au groupe des Etats Démocratiques. Ensuite, parce que sur le plan interne, la géographie influe sur les attitudes Politiques et sur les Régimes Politiques. — Reprenons ces deux points : en ce qui concerne les attitudes Politiques, André Siegfried dans un livre de 1913, intitulé, « Tableaux de la France de l'Ouest », a notamment remarquablement démontré que la nature des sols Vendéens, conditionnait l'habitat. Là où le sol était imperméable, l'eau était facile à trouver et l'habitat dispersé, alors que dans les sols perméables, les puits étaient rares et l'habitat aggloméré autour d’eux. Avec la traduction Politique de cette situation à savoir que, dans les zones de populations isolées les idées anciennes demeurent et les électeurs sont plutôt conservateurs, alors qu'ils sont plus tournés vers le changement dans les bourgs ou la diffusion des idées est plus rapide. Voilà un bon exemple d'application du facteur géographique dans une des Théories de l'Etat et plus spécifiquement dans une Théorie de la Modernisation.Par ailleurs la géographie peut avoir un impact certain sur le Régime Politique lui-même. L'exemple typique en est fourni par la Suisse, dont le Fédéralisme appliqué à un si petit Pays ne peut s'expliquer que par le relatif isolement de ces vallées.

B— Les facteurs Idéologiques.Comme la géographie, comme la Démographie pourrait-on ajouter, les phénomènes d'acculturation, et bien entendu, de multiples autres facteurs, les Idéologies sont aussi à prendre en considération dans l'Etat des lieux des Sociétés Politiques. Naturellement à condition de sortir de l'optique Marxiste trop étroite, qui les avait étudiés, on peut définir une Idéologie, comme un Système de valeurs qui mobilise tout ou partie d'une Société, ou encore comme un Système d'idées tendues vers le but qui est adopté par un groupe Social, qui en fait le ressort de son action. Et l'on ne peut ignorer l'influence des courants idéologiques précisément à ce sujet dans notamment le déclenchement des Révolutions, 1789 en France, 1917 en Russie, et plus près de nous, dans l'arrêt de l'intervention Américaine au Vietnam ou contre la Mondialisation dans les années 1999, 2000, 2001. Pour Marx, l'Idéologie dans une Société, c'est catégoriquement celle que la Classe des possédants impose aux Prolétaires pour les maintenir en l'Etat de dépendance. Il en va ainsi du Nationalisme, qui privilégiant la solidarité entre Classes d'un même Etat, à coup de propagande, éloigne le danger de la solidarité Prolétarienne Transnationale et les risques de Révolution. Il en va aussi de la Religion, l'opium du peuple, qui détourne les Classes exploitées de toutes revendications terrestres, cette vision est discutable, le Nationalisme en effet n'est pas qu'une Valeur de Droite, pendant l'occupation de la France, durant la dernière guerre, il était par exemple porté par la Gauche. Et l'Eglise qui s'universalise en ce qui concerne la manière dont Marx regardait la Religion, et vient cette Eglise aujourd'hui est souvent à l'avant-garde du Combat Social, notamment dans les Pays Sous-développés, je pense au Brésil avec la Théorie de la Libération. Autrement dit à condition

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de relativiser les choses, les Idéologies ont leur place dans les études Développementalistes aujourd'hui, dans la mesure où, à condition de les prendre pour ce qu'elles sont, elles peuvent être considérées comme un critère de mesure de la cohésion Sociale, mais naturellement tout un ensemble Social ne peut être expliqué par la seule prise en considération des seules Idéologies.

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SECTION II

Problématique du Développement telle que la conçoit la Théorie qui associe Niveau de Développement Socio-économique et situation Politique en premier lieu et telle que l'exprime la Thèse du Développement Politique « sui generis » en second lieu. A l'origine immédiate de l'Ecole Développementaliste, il y a les travaux d'un Conférencier, à l'Université de Cambridge dans le Massachusetts, Walt Rostov, ces travaux ont été publiés en 1960 sous le titre, « The Stages of Economic Growth », et dans la traduction Française de 1963, « Les Etapes de la Croissance Economique ». Voici comment l'auteur lui-même en page 16 résume sa Thèse, je le cite, « A considérer dit-il le degré de Développement de l'Economie, on peut dire de toutes les Sociétés, qu'elles passent par l'une des cinq phases suivantes, la Société Traditionnelle, les Conditions préalables au Démarrage, le Démarrage, la Marche vers la Maturité et l'ère de la Consommation de Masse », fin de citation. Et c'est en partant de là que quelques Sociologues à commencer par Robert Dahl et Bruce Russett, observant que la Société Traditionnelle et la Société de Consommation de Masse ne se gouvernaient pas de la même manière, se sont interrogés sur les effets Politiques du Développement Socio-économique et plus précisément sur les conditions Socio-économiques à l'accès à la Démocratie Libérale. Il y avait là certes une vision Occidentalo-centriste autant que Mono linéaire de l'Histoire, puisque à chaque étape du Développement Economique était accolé un type particulier de Régime Politique, l'idéal à atteindre au niveau de la Consommation de Masse devant être incarné, par la Polyarchie Américaine. Mais la Thèse avait le mérite de réactualiser en le réinterprétant le concept du conditionnement du Politique par l'Economie, un temps délaissé sous les arguments des critiques anti Marxistes. Et puis très vite les tenants de l'Autonomie du Politique ont refait surface, en disjoignant les sphères Economiques et Politiques, comme l'avaient fait avant eux, les Elitistes, et en faisant porter leurs recherches sur les seules mutations des Système Politiques eux-mêmes.

PARAGRAPHE IL’EXAMEN DE LA THÈSE DU CONDITIONNEMENT SOCIO-ÉCONOMIQUE DE LA POLYARCHIE

Sur le Thème du Conditionnement Socio-économique de la Polyarchie, c'est-à-dire répétons-le du Gouvernement qui associe le peuple aux choix Politiques fondamentaux, détaillons donc les éléments du constat puis l'argumentation de la Thèse et enfin nous verrons les critiques que l'on peut lui apporter.

A— Le constat.Ce constat peut être dressé, tant sur les plans Historique que Géographique et Statique. — En premier lieu, l'Analyse Historique, démontre en effet que l'essor du Parlementarisme coïncide en Europe avec l'avènement progressif du Capitalisme Industriel. C'est la Grande-Bretagne, premier Pays à expérimenter la Révolution Industrielle, qui en invente les Règles, suivie par la France à partir de la Restauration en 1815 ou le Développement Economique est moins ancien. Suivi ensuite par les autres Pays à l'Ouest et au Nord du Continent à partir du moment où le processus d'industrialisation s'accélère. C'est l'Italie par exemple à partir de 1850, et les Pays Scandinaves peu avant 1914. Dans les Etats à l'infrastructure économique demeurée archaïque en revanche, l'Espagne, les Pays d'Europe Centrale et Orientale, le Système Politique demeurera autoritaire jusqu'à une époque récente.

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— L'observation géographique confirme ce premier constat, dans la mesure où la carte des Pays économiquement développés recouvre très largement celle des Systèmes Libéraux comme celle des zones de Sous-développements économiques, telles que l'Amérique Latine, l’Asie, l'Afrique, recoupent quant à elle celle des Régimes Autoritaires. Dans son manuel de « Sociologie Politique », Roger Gérard Schwarzenberg, qui a proposé la Thèse en France, remarque même, qu'en descendant davantage dans le détail, la Démocratie Libérale est plus stable dans les Pays Anglo-saxons et Nordiques, économiquement plus avancés, que dans les Pays Latins plus à la traîne sur ce plan, et que de la même façon, l'autoritarisme est plus rigoureux dans les Pays très sous-développés que dans les Régions en voie de développement. — Sur le plan Statistique, en troisième lieu, plusieurs recherches ont dégagé des indicateurs susceptibles de corroborer une Analyse Comparative plus précise. Sur ce sujet dans la masse de publications qui sont parues, distinguons-en par exemple 4.1) Dès 1959, Seymour Martin Lipset utilise plusieurs indices de développement socio-économique, comme le revenu, le taux d'industrialisation, le degré de scolarisation, l'amplitude de l'urbanisation, etc., pour comparer les Régimes d'Europe Occidentale et ceux d'Amérique Latine. Ce qui va l'amener à conclure, suivant cette phrase rapportée par Jacques Lacroix, page 152 de son « Manuel de Sociologie Politique », je cite Jacques Lacroix, « La richesse d'une Nation la rend plus accessible aux Idéaux Démocratiques, plus un pays est pauvre, plus il se trouve exposé au Népotisme, au Régime des Recommandations et des Faveurs et il lui sera difficile alors de disposer d'une Administration efficace, indispensable dans les Etats Démocratiques modernes », fin de citation.2) Deuxième exemple de Statisticiens, dans la même voie Arthur Banks et Robert Textor classaient en 1963, 115 pays, selon le caractère plus ou moins compétitif de leur Système Electoral, et cela en quatre groupes. Et ils démontraient que la Concurrence Politique croissait avec le Développement Socio-économique, lequel se traduisait par une part de la population de plus en plus restreinte employée dans l'agriculture, pas une alphabétisation et une urbanisation de plus en plus large et par une meilleure diffusion de la presse et l'on pourrait ajouter d'autres critères. En 1965, dans « Trends in World Politics » le Politologue Bruce Russett combinait quant à lui plusieurs indices Socio-économiques et indices Politiques, comme notamment les effectifs militaires, le chiffre de la dépense publique ou encore la participation électorale. Et il définissait la même année où Kenneth Organski en délimitait quatre, il définissait Bruce Russett cinq Etapes du Développement Politique correspondant à cinq Stades de la Croissance Economique à savoir, les Sociétés Traditionnelles Primitives, en deuxième lieu les Civilisations Traditionnelles, puis les Sociétés Transitoires, quatrième stade les Sociétés à Révolution Industrielle et enfin cinquième étape les Sociétés à Haute Consommation de Masse. Un peu plus tard, avec un livre publié en 1973, dans sa traduction Française sous le titre, « l'Analyse Politique Contemporaine », Robert Dahl, inspiré par Bruce Russett, dénombrait à son tour cinq Etapes du Développement Economique et Politique et 32 Polyarchies sur 107 Pays étudiés. Et il concluait, je cite, « Statistiquement parlant dit-il, il y a une forte corrélation entre le niveau Socio-économique des différents Pays et la fréquence d'un Jeu Politique Concurrentiel en général et de la Polyarchie en particulier », fin de citation.

B— L'argumentation de la thèse.Trois séries d'arguments sont avancées en manière de démonstration.1— En premier lieu, l'accroissement des richesses diminuerait les occasions de Conflits Politiques, les Sociétés relativement Modernes enregistrant un taux de violence révolutionnaire nettement inférieure à celui des Sociétés Transitoires et des Sociétés Traditionnelles. L'explication en tombe sous le sens. Avec la fin de l'état de rareté des besoins satisfaits en effet, la lutte pour une répartition plus égalitaire des maigres ressources existantes endémique dans les Etats pauvres perd de sa virulence, et l'alternance bien connue entre violence des privilégiés et violence des masses, laisserait la place avec l'apaisement des tensions Sociales à une compétition, qui de Sociale devient strictement Politique et non violente. Autrement dit, devenant riche, une Société passe de l'Etat Conflictuel à l'Etat Consensuel, seul cadre possible pour une Démocratie Libérale fondée sur le principe de l'alternance au Pouvoir sur la base d'Elections Libres.

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2— Deuxième série d'arguments, le Développement Socio-économique permettrait une meilleure distribution des Ressources Politiques. Le concept de Ressources Politiques imaginé par Robert Dahl désigne les moyens de l’influence Politique disponible à plus ou moins forte dose par tout un chacun, ce qui inclut le savoir, les relations, la position Sociale, la fortune, le temps, l'accès au vote etc. Or précisément remarque Robert Dahl, lorsque la répartition de ses ressources et très inégalitaire, autrement dit lorsqu’elles sont concentrées dans les mains d'une minorité qui ne tient pas à s'en départir, et bien le Jeu Démocratique est impossible. En revanche, après les trois premières étapes de Russett, les inégalités en Ressources Politiques se font moins cumulatives et par là-même chaque ressource correspondant désormais à une élite particulière, le savoir et la presse, et l’administration par exemple, l'argent et les capitaines d'industrie etc., et bien les relations entre ces élites différentes, se contrebalancent et les Sociétés Modernes en acquièrent immanquablement une base pluraliste.

3— Enfin, le Développement Socio-économique, autre argument agirait sur le niveau de culture des citoyens. La Démocratie est une mécanique délicate et son bon fonctionnement dépend largement de l'attitude et de l'aptitude des citoyens à comprendre et à évaluer les enjeux Politiques auxquels ils sont confrontés ainsi qu'à réagir en conséquence d'une manière rationnelle, en s'aidant de moins en moins à la Démagogie Idéologique pure. De ce point de vue, il est évident que les progrès des moyens d'éducation et d'information, rendent plus efficaces la Socialisation Politique et qu'ils contribuent à résorber les zones de fracture du Consensus Social.Cela dit, la Thèse recèle des faiblesses, dont il nous faut à présent rendre compte.

C— Les exceptions à la thèse.Incontestablement c'est l'exemple Soviétique qui illustre le plus mal la Thèse de la Coïncidence entre le Développement Economique et la Libéralisation Politique. Dès la mise en route, les Plans Quinquennaux Staliniens en 1928 donneront la priorité à l'Industrie lourde à l’Infrastructure et à l'Armement sur la production des biens de consommation. On se situe dans l'Etape Rospovienne de la Marche vers la Maturité Economique, qui loin de se caractériser par une plus grande Libéralisation de la Vie Politique, continuera sous Khrouchtchev, Brejnev, Andropov et Tchernenko, c'est-à-dire jusqu'à l'arrivée de Gorbatchev en 1985 à revêtir l'aspect d'une Gérontocratie Autoritaire. Bien sûr on peut discuter cet exemple, mais en tout cas moins discutables deux catégories d'exemple contrarient à l'évidence la Thèse liant Polyarchie et Développement Socio-économique, de manière plus pertinente.D'abord des Sociétés non développées connaissent dans certains cas des Institutions Démocratiques. Si le doute est permis en ce qui concerne les Sociétés sans écriture, l'Histoire en effet révèle de multiples exemples de Micro Démocratie dans l’Antiquité Grecques et Romaine, ainsi que dans certaines cités du Moyen-âge et plus près de nous, dans certaines régions d'Amérique Latine ou d'Afrique. L'arbre à palabres en constitue un symbole, de même que la Djemaâ, l'Assemblée Gouvernementale Traditionnelle des Tribus Berbères. Et que dire de ce qui est généralement qualifié de la plus grande Démocratie au Monde, l'Inde, où le PNB par tête ne dépasse pas quelques dizaines de dollars. Mais l'alliance Démocratie/Sous-développement a particulièrement été mise en évidence par les Etats-Unis d'Amérique, qui s'émancipant de la tutelle Britannique au XVIIIe siècle, vont adopter une Constitution plus Libérale que ne l'étaient les pratiques Anglaises prisent pourtant à l'époque comme un Modèle de Gouvernement Démocratique. Alors que si l'on considère les indices utilisés pour mesurer le Degré de Modernisation Socio-économique, avec un secteur agricole prééminent et une urbanisation embryonnaire notamment, la Confédération avait alors le visage d'un pays neuf par rapport à l'ancienne métropole. Dans l'autre sens, on peut également constater qu'il y a des Institutions Autoritaires, parfois, dans des Sociétés développées. Il peut arriver que en effet le sur développement économique engendre une certaine forme de dictature. Un grand nombre d'exemples est fourni à cet égard parce que l'on appelle les Moyennes Puissances, au Développement Economique récent ou fragile. Parfois dans ces Etats existe une tradition de Coup d'Etat. La Dictature généralement originaire d'une fraction de l'Armée est exercée par le groupe qui a réussi à s'emparer du Pouvoir et qui cherche à s'y maintenir pour son seul profit. Ces Dictatures le Professeur Duverger dans un ouvrage de 1961, intitulé précisément, « De la Dictature », les appellent Techniques car elles ne correspondent en rien d'autre qu'à l'ambition d'un groupe, d'un clan qui a su se doter des Moyens

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Techniques propres à la capture du Pouvoir. Les Etats Latino-américains nourrissent la chronique épisodique de ses « Golpes », dont sont également coutumiers certains Pays d'Afrique et d'Asie du Sud-Est, et sans aller si loin, dans des Sociétés hautement développées comme la France de 1958 à 1962, ou dans l'Espagne du début de la Monarchie de Juan Carlos, il s'en est fallu de peu qu’un Putsch Militaire ne réussisse.

A d'autres époques, ce que Maurice Duverger qualifie de Dictature Sociologique, la capture violente du Pouvoir, apparaît comme le seul moyen propre à apporter un remède efficace à une Crise Sociale grave, qui semble mettre en jeu l'existence même de l'Etat. Auquel cas, elle trouve un large soutien dans le Pays. Ainsi s'explique le Nazisme Allemand, issu de la dépression de 1929, et d'une réaction désespérée des Classes Moyennes, petits exploitants, petits commerçants, petits fonctionnaires et autres artisans, en voie de Prolétarisation. De la même manière, c'est l'isolement Politique de l'Italie après le Traité de Versailles et une Crise de Civilisation qui ont conditionné le Fascisme Italien. Toutes ces aberrations, même accidentelles, même exceptionnelles obligent bien évidemment à reconsidérer la Thèse du Déterminisme Economique des phénomènes Politiques, et cela réactive par la mise en évidence de l'importance contemporaine des facteurs exclusivement Politiques, le concept d'Autonomie du Politique.

Aussi sans revenir sur l'Ecole Elitiste et sur ces mérites épistémologiques, comparés à ceux du Marxisme, il faut néanmoins redire qu'il faut se garder de prétendre expliquer à tout prix, tout phénomène Politique par un facteur économique. En revanche, il faut plutôt adopter la position de James Coleman, qui en 1960 concluait son ouvrage « The Politics of The Developing Areas », par cette phrase, je le cite, « La Modernisation Economique constitue seulement, a souligné seulement, une dimension de l'ensemble des déterminants façonnant les Institutions et les comportements Politiques » fin de citation.

PARAGRAPHE IIL'APPROCHE DÉVELOPPEMENTALISTE

Les Recherches Développementalistes inscrites dans un courant de recherche très productif de la Sociologie Américaine des années 1960, 1970, s'inspirent quant à elles, à l'origine, des données du structuro- fonctionnalisme tels qu'ils ont été dégagés au sein du « Social Science Research Council », par les animateurs du Comity of Comparatif Politics, dont Gabriel Almond et Lucian Pye, James Coleman, Herbert Hyman, Joseph La Palombara, Sydney Verba et Myron Weiner, étaient les Chefs de file.

L'idée de décalquer les Modèles du Développement Economique et de les transposer au Monde Politique, repose sur deux postulats.A savoir qu'il s'agit d'une part, de donner en matière Politique un contenu à la notion de Développement, et d'autre part de concevoir que ce Développement suit des phases successives nécessaires, et individualisables. Autrement dit, d'externe comme il a été vu précédemment dans une première série de travaux, l'approche devient interne, pour considérer enfin le Système Politique moins dans son environnement qu'en lui-même.Nous examinerons tour à tour, les composantes qui permettent de mesurer le Développement Politique, ensuite nous verrons deux parmi les plus marquantes typologies qui ont été établies sur ces bases. Et enfin nous procéderons à la critique de cette Thèse comme nous avons fait précédemment pour la Thèse qui associe Développement Economique et Système Politique.

A— Les paramètres d'évaluation du degré de Modernité Politique.Après Roger Gérard Schwarzenberg, reprenons les trois critères envisagés par Lucian Pye, dans le numéro de mars 1965, des « Annals of the American Academy of Political and Social Science », il s'agit de ce qu'il appelle la Différenciation Structurelle, la Capacité du Système, et enfin la Tendance à l'Egalité.1—Premier paramètre de Lucian Pye, la Différenciation Structurelle. La Différenciation Structurelle réside dans le degré de Différenciation des Fonctions Politiques, indispensables à toute vie Sociale et de spécialisation des structures. Laquelle différenciation s’affine lorsque le Système se complexifie, autrement dit, lorsqu'il se Modernise. Cela signifie que

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la multiplication des organes, jalonnent les progrès de la Démocratie, nécessairement. Ces progrès se remarquent à l'apparition et au développement d'un Parlement, d'Institutions Judiciaires spécialisées, d'une Administration Moderne, de Partis Politiques, de Syndicats, de Mass media, etc.2— Deuxième paramètre, la Capacité du Système.Elle constitue en soi selon Lucian Pye un triple élément de mesure. Un Régime Politique développé, selon lui réagirait mieux aux situations imprévues qu’un Système Archaïque, cette flexibilité, l'auteur la qualifie de Capacité d'Innovation. Mais la Capacité d'un Système c'est aussi la capacité à mobiliser les ressources matérielles et humaines indispensables à la réalisation des projets collectifs. Cette mobilisation qui requiert une véritable Autorité et des Institutions Publiques stables serait d'autant plus efficace qu'elle maximiserait la participation des Gouvernés à la détermination d'un avenir commun. Enfin par capacité, l'on entendrait la propension d'un Système Politique à assurer sa survie dans les difficultés et les bouleversements qu'il doit affronter. Autrement dit un Régime Politique, pour être précis, et sans tomber dans le truisme facile, est de mieux en mieux accepté dans la mesure où ses Institutions sont stables. Par voie de conséquence, la rapide succession des Révolutions et la vitesse de leur implantation seraient les caractéristiques évidentes des Système Politiques, en voie de développement.

3— Troisième paramètre de mesure du Développement Politique, toujours selon Lucian Pye, la Tendance à l'Egalité.Cette Tendance à l'Egalité se décompose elle-même en trois traits majeurs, à savoir

d'abord, l'ampleur de la participation populaire aux activités Politiques. Un Système Politique suivant ce critère est d'autant mieux développé, que les sujets du Souverain se sont mués en Citoyen et qu'ils s'impliquent de plus en plus dans l'Action Politique. Ensuite, la Tendance à l'Egalité se manifeste également suivant les étapes du développement par le degré d'Universalité des Lois, qui lorsqu'elles deviennent totalement impersonnelles, évitent bien évidemment le Népotisme et les Passe-droits. Enfin dernier trait de ce paramètre, le recrutement au Poste Public, lequel évolue du clientélisme ou de la voie héréditaire au stade d'une intégration dans la Fonction Publique, fondée sur les seules compétentes des postulants et sur leurs formations.

Voilà donc répertoriées les trois variables du Développement Politique, dont l'expérience historique montre que leur évolution n'est pas forcément simultanée dans la mesure où la progression de l'une peut provoquer un retard dans l'évolution d'une autre ou des deux autres. Par exemple la Tendance à l'Egalité peut diminuer la Capacité du Système Politique, mais à quelques variantes près, ces variables assoient les différents Typologies du Système Politique parmi lesquels nous avons sélectionné, celle d'Edward Schils, et celle d'Almond et Powell.

B— Quelques-unes parmi les grandes Typologies DéveloppementalistesCommençons par examiner la Classification des Systèmes Politiques, qu’Edward Schils rend publique en 1960 sous le titre, « Political Development in the New States and Comparative Studies in Society and History », l'auteur y distingue cinq types principaux. 1—Les Démocraties Politiques, celles-ci pratiquent la différenciation et la spécialisation des structures, pour Schils, il s'agit, n'oublions pas que l'auteur écrit en 1960, de l'Occident, mais aussi du Japon, de la Turquie d'alors, d'Israël et du Chili. 2—Deuxième type, les Démocraties Tutélaires, dans lesquels le Législatif a peu de Pouvoir et où l'Indépendance du Judiciaire est embryonnaire. Le Ghana d’Nkrumah en serait pour l'auteur la meilleure illustration. 3—Le troisième type serait caractérisé par les Oligarchies Modernisatrices, dans lesquelles des Oligarchies s'efforceraient de manière autoritaire, à la manière des Gouvernements d'Atatürk par exemple ou de Reza Pahlavi en Iran de pousser les feux de la Modernisation Economique fusse au détriment de toute autre considération d'ordre Social ou Politique. 4—Les Oligarchies Totalitaires se distingueraient pour leur part qu'elles soient de Gauche comme en Corée du Nord et au Vietnam ou de Droite, comme dans l'Italie Fasciste ou l'Allemagne nazie, par une forte pénétration de l'idéologie dominante dans la Société et par le degré élevé de concentration du Pouvoir dans l'Elite dirigeante. 5—Enfin dernier type, les Oligarchies Traditionnelles incarnées en 1960 par l'Arabie Saoudite, le Yémen, ou encore le Népal, dans ce type de Système, le Pouvoir à une origine Dynastique et une forme Monarchique.

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Avec la Typologie de Gabriel Almond et Bingham Powell, publiée en 1966 sous le titre « Comparative Politics : a Developmental Approach », la Classification entreprise met davantage l'accent sur la Différenciation Structurelle et sur la Sécularisation Culturelle. Cette dernière variable affinant les concepts de Lucian Pye rend compte du processus par lequel les individus deviennent de plus en plus rationnels, analytiques et empiriques dans leur Action Politique. En gros cela signifie que dans un Système Moderne, le débat Politique est plus technique et les négociations plus pragmatiques et idéologiques. Dans cette optique, Almond et Powell, individualisent trois groupes de Systèmes qu'ils subdivisent à leur tour en sous catégorie, ainsi ils distinguent, les Systèmes Primitifs dans un premier ensemble, telles les Sociétés Esquimaudes ou Bédouines que caractériseraient un minimum de différenciation structurelle et une culture diffuse et fermée sur elle-même, ces Systèmes recouvrent comme les autres d'ailleurs plusieurs configurations que nous n'allons pas développer. Un deuxième ensemble regrouperait les Systèmes Traditionnels dans lesquels on commencerait à trouver des Structures Gouvernementales Différenciées, enfin des Systèmes Modernes troisième groupe, connaîtrait dans cette Typologie des Infrastructures Politiques Différenciées une prise de conscience par les Citoyens de leur capacité d'action sur le Pouvoir.

C— La critique de l'Approche Développementaliste.En fait celle-ci est en partie double, elle se résume à considérer d'abord qu'il n'y a pas en Politique l'équivalent des critères objectifs et intelligibles du Développement Economique, et en second lieu, le Postulat Développementaliste selon lequel toutes les Sociétés évolueraient dans le même sens de la Dictature à la Démocratie, apparaît naturellement comme largement une utopie. Aussi convient-il de remarquer pour que les Théories Développementalistes répondent aux attentes mises en elles, qu'elles soient encore perfectionnées et qu'elles fassent l'objet de vérification empirique, ce que l'on entreprendra dans les prochains chapitres.

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SOUS-DÉVELOPPEMENT ET SUR-POUVOIR

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1 — Introduction2 — Les caractéristiques Economiques et Sociales des Sociétés Sous-développées3 — Ce que les Sociétés Sous-développées ne sont pas4 — Sémiologie du Sous-développement5 — Le Tiers-Monde est pluriel6 — Facteurs Démographiques dans l'explication du Sous-développement7 — Le Facteur Géographique8 — Serait un Facteur Racial qui serait à l'origine du Sous-développement ?9 — La Pauvreté Endémique 10— La Société Duale11— Des nations en quête d'Identité Collective12— L'éphémère Cycle Parlementaire13— Le Cycle Présidentialiste14— Autoritarisme et totalitarisme15— Le Rôle Instrumental du Parti Unique16— Seconde caractéristique Politique dans les pays du Tiers-Monde : la Personnalisation de Pouvoir

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TITRE II

CHAPITRE IISOUS-DÉVELOPPEMENT ET SUR-POUVOIRAvec cet intitulé particulièrement évocateur que nous empruntons au professeur

Schwartzenberg, nous entreprenons la vérification empirique, des Théories Développementalistes, exposée dans le Chapitre précédent.Quand il s'agit de les appliquer aux Sociétés dites Sous-développées ou en Voie de Développement, par opposition aux Sociétés Industrielles qui seront analysées dans le prochain Chapitre.Une première Section s'attachera à mettre en évidence les traits Economiques et Sociaux des pays qui entrent dans cette catégorie, et une seconde Section sera consacrée aux Institutions et à la Vie Politique, à condition bien entendue d'avoir à l'esprit que cette présentation des Systèmes Sociaux en Développement ne peut être que schématique, et qu'elle demande à être nuancée. L'examen de ce Système a pour objectif de montrer la pertinence du lien qui associe Pauvreté et Régime Autoritaire ou Dictatorial.

Encore faut-il commencer par définir ce que l'on entend par Société Sous-développée, ou Société en Voie de Développement.

SECTION ILes caractéristiques Economiques et Sociales des Sociétés Sous-développées.

Dans un ouvrage déjà ancien, « Sociologie de la Politique », publié aux Presses Universitaires de France en 1973, le professeur Duverger remarquait que dans les Sociétés contemporaines en Développement, et contrairement aux Civilisations du passé, l'idée de Développement Technique et Economique y occupe une position centrale. Et ajoutait Maurice Duverger, je le cite, « cette idée

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est dominante dans les Sociétés Industrielles où la croissance tend à devenir la base du Système de Valeur et des Activités Matérielles. Son influence est plus restreinte dans les Sociétés Sous-développées ou Semi-développées où les valeurs et les activités traditionnelles occupent encore de larges zones. Elle oriente néanmoins les préoccupations et les décisions des groupes dirigeants, et commande ainsi l'évolution Sociale », fin de citation.

De ce critère typologique, l'auteur juge qu'il est opératoire, en ce sens qu'il délimite assez bien les deux concepts de Société Développée et de Société Sous-développée. Mais il voit aussi dans cette distinction même, une faiblesse conceptuelle d'une part, et des implications idéologiques péjoratives d'autre part. Faiblesse conceptuelle en effet, puisque si la notion de Société Développée recouvre des situations qui ont une certaine homogénéité, la seconde englobe des types d'Etats très différents, ayant chacun un Système Social et Politique propre.

Par ailleurs classer les pays par leur niveau de Développement sous-entend que les Nations Développées Industrialisées constituent en quelque sorte un modèle supérieur, réservé à une élite, dont les Sociétés Sous-développées ou Semi-développées sont conviées à se rapprocher, ce qu'elles ne paraissent pas capables de faire. Autrement dit, c’est transposer d'une certaine façon, l'opposition des civilisés et des barbares. Aussi importe-t-il de se garder de tout Ethnocentrisme a priori, et de ne considérer cette problématique comme légitime, que dans la mesure où le politologue s'abstient d'assimiler différences et infériorités. Dans cette perspective, le Sous-développement désigne seulement un retard par rapport aux pays avancés et nullement une infériorité en soi.

En d'autres mots, si l'appréciation toute relative de situations différentes permet de comparer deux types de Sociétés, elle ne doit en aucun cas se confondre avec des jugements subjectifs. Sur ces bases, pour se faire une image plus précise des Nations concernées, il faut commencer par en donner par un Paragraphe I, une définition.

PARAGRAPHE I

Celle-ci peut être conjuguée sur trois modes. En effet, il faut bien isoler le phénomène du Sous-développement et le distinguer de

configuration Socio-Economique caractéristique d’autres Systèmes Sociaux, il faut ensuite en prendre la mesure objective sur la Scène Internationale notamment, et enfin évoquer les facteurs qui le favorisent.

A - Ce que les Sociétés dites en Voie de Développement ne sont pas.Une précision de vocabulaire tout d'abord. Toutes les Sociétés contemporaines sont en

développement, dans la mesure où comme on l'a dit précédemment la croissance Technique et Economique constituent leur objectif fondamental. En ce sens le terme Société en Voie de Développement ou Système en Voie de Développement est plutôt employé dans le langage courant, que celui de Société Sous-développée, considérée comme relativement péjorative, encore que, par commodité verbale, les deux expressions indifféremment utilisées soient propres à rendre compte essentiellement du retard de ces Populations par rapport aux Sociétés avancées. Quoiqu'il en soit, les Sociétés en Développement qui nous occupent ici, ne doivent pas être confondues avec les Sociétés Hors Développement où la croissance économique ne constitue ni l'objectif, ni même le Système de valeur principale.

En général les Sociétés en question, les Sociétés Hors Développement par conséquent sont stables, où elles connaissent une évolution très lente. Autrement dit, or les cas de guerre, de conquête ou d'expansion maritime, leur niveau Technique les confine dans un niveau de vie assez où très bas. Ce qui les distingue des Sociétés Sous-développées actuelles, c'est que leur Système Culturel définissant un niveau de besoins matériels peu élevé, les sentiments de privations et de frustrations y sont généralement méconnus ou embryonnaires, et ses Sociétés Hors Développement peuvent sur cette base être classées en deux catégories, si l'on veut affiner l'analyse.

On peut distinguer en effet les Systèmes sans écriture, et les Sociétés historiques.Si l'on se penche en premier lieu sur les Sociétés sans écriture, en remarquant qu'il y a

celles de la Préhistoire et quelques groupes d'aujourd'hui qui vivent de chasse et de cueillette dans certaines forêts profondes, comme à Bornéo ou en Amazonie. Il apparaît que les traits

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dominants de ces groupes relativement restreints sont avec l'absence de propriété privée qui limite les possibilités d'organisation et d'action, la segmentation des groupements humains en famille, ou en clans territoriaux d'une part, et d'autre part l'immobilisme de la vie au quotidien, figé dans des rites magiques perpétuant à l'infini le rappel du mythe fondateur.

Avec l'écriture, le Système Social va changer de nature, par la prise de conscience de l'écoulement du temps et de la notion d'évolution. Ce Système va se complexifier par l'apparition de la propriété et des classes, et donner corps au concept d'Etat progressivement.

Relèvent de cet ensemble les Cités et Empires Antiques d'une part, les Féodalités et les Monarchies d'autre part. Ainsi les Cités Antiques, la Grèce, Rome, ont probablement constitué la première forme d'Etat. L'économie est principalement agraire, le niveau de vie acceptable, la vie politique relativement égalitaire, mise à part les esclaves. On y trouve des Institutions qui sont fondées sur la Démocratie directe diversifiée, puisque en face de l'Assemblée Populaire aux sessions fréquentes, c'est le cas en Grèce, c’est sur bien plus rare à Rome, se trouvent deux autres organes, à savoir, les Magistrats qui assurent collectivement et pour de courtes périodes la direction de l'Administration et du Gouvernement, et le Conseil assemblé de quelques centaines de Membres qui est chargé de la surveillance des Magistrats.

C'est ce que l'on appelait la Boulée à Athènes, ou encore à Rome le Sénat. Cette même forme d'organisation Socio-Politique se retrouvera également tout au long du Moyen Âge dans le cas des grandes villes commerçantes comme Venise ou Florence. Mais en parallèle, dès les exemples Perses et Egyptiens, d'autres Systèmes se développent, les Empires, qui sont nés de la conjonction d'une personnalité exceptionnelle généralement, et d'un instrument militaire nouveau, surclassant les autres armées de l'époque.

Outre leurs étendues très vastes, qui est leur dénominateur commun, les Empires présentent quatre traits distinctifs. Il s'agit d’Etats fondés sur la conquête, conquête militaire mais aussi conquête idéologique,

ce sont des ensembles multinationaux, dont l'un des éléments constituants domine les autres. Leur durée, et troisième trait, dépend de la qualité de leur Bureaucratie en grande partie, enfin les Empires sont en général, éphémères.

Avec les Systèmes Féodaux et Monarchiques, tels que l'Occident les a connus du Xe au XIXe siècle, l'on se rapproche un peu plus de notre temps, mais l'on est quand même encore loin des Nations Sous-développées que l'on côtoie aujourd'hui. Essentiellement agricole, la production dans ses systèmes anciens repose sur des Techniques Rudimentaires et reste très faible. Elle est essentiellement consacrée à la subsistance, et puis les progrès des Techniques et la Croissance Démographique vont progressivement changer quelque peu la donne, l'on va voir des villes renaîtrent autour des marchés et des corporations, les communications et les échanges se développer avec l'essor de l'Artisanat, des Manufactures et du Commerce.

L'Idéologie Féodale basée sur la fidélité personnelle de proximité, évolue sensiblement du même coup, à mesure que changent les rapports à la religion, avec l'apparition du Protestantisme et que les relations entre les ordres se complexifient.

La forme de Gouvernement Monarchique remplace peu à peu le Système Féodal avec des modalités différentes. En Grande-Bretagne, le Parlement représentant l'alliance, Bourgeoisie, Aristocratie, limite les Pouvoirs du Souverain et invente la Monarchie Parlementaire.

En France, contre les Seigneurs, les Bourgeois aident à l'installation d'une Monarchie Absolue.

Ailleurs enfin comme en Pologne le couple, Bourgeoisie Aristocratie, est à l'origine d'une République Nobiliaire, alors que c'est une République Démocratique qui est directement instituée aux Pays-Bas.

B - La sémiologie du Sous-développementAborder maintenant l'étude des Nations Sous-développées ou en Voie de Développement

que nous côtoyons, consiste à examiner ce que l'on appelle encore le Tiers-Monde, selon l'expression forgée en 1956 par le Sociologue Georges Balandier et l'économiste Alfred Sauvy. Il s'agit de la grande majorité des Etats d'Afrique, d'Amérique Latine et d'Asie qui forment une espèce de Tiers-Etats, dans l'Ordre International.

Statistiquement, on prend souvent la mesure du Sous-développement en considérant la production annuelle ou le revenu annuel par habitant. Ainsi face au G20, le nouveau forum inauguré le 15 décembre 1999, qui complète le G7, c'est-à-dire le groupe des sept pays les plus

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riches, par un espace de dialogue entre pays riches et certains pays émergeants, comme l'Argentine, le Brésil, la Chine, l'Inde, l’Indonésie ou encore l'Arabie Saoudite, face donc à ces groupes, la pauvreté dans le monde n'a jamais été aussi criante qu’en l’an 2000.

C'est ce qui ressort d'une enquête menée par la Banque Mondiale dans 60 pays, dont le premier volume paru le 14 mars 2000 sous le titre, « La voix des pauvres », donne la parole à plus de 60 000 laissés-pour-compte de la Mondialisation. Et l'on y lit notamment que 56 % de la Population Mondiale vit actuellement dans la pauvreté. Un milliard deux, de personnes avec moins de un dollar par jour, et 2 milliards huit avec environ deux dollars quotidiens.

Outre ce trait commun aux Nations Prolétaires, d'autres caractères d'ordre Economique Social et Politique, étroitement imbriqués ont été également relevés dès les années 1960 par Yves Lacoste, dans son ouvrage « Les pays Sous-développés », et ce sont les mêmes caractéristiques que l'on retrouve dans l'enquête de la Banque Mondiale de mars 2000.

Il s'agit de l'insuffisance alimentaire, de la prédominance de l'agriculture dans des structures archaïques et avec des rendements faibles, d'une Industrialisation réduite, d'un Revenu National bas. D'une situation de dépendance Economique par rapport aux pays développés, de l'hypertrophie du Secteur Commercial, également de structures Sociales arriérées. De la faiblesse numérique des classes moyennes, de l'insuffisance de l'intégration Nationale, de l'importance du sous-emploi, de la faiblesse du niveau d'instruction, de la forte natalité, d'un état sanitaire défectueux, et enfin de la prise de conscience de ces phénomènes constitutifs du Sous-développement.

C'est aujourd'hui sur cet ensemble de données relativement complexes que se reconnaît le Tiers-Monde qui représente la grande majorité des 6 milliards d'êtres humains à la surface de la planète, face aux 2 milliards d'habitants regroupés dans une petite trentaine de Nations Occidentales Industrialisées et dans les ex Pays Communistes Européens.

Aux Nations-Unies, le groupe du Tiers-Monde domine en ayant la Majorité réglementaire des deux tiers pour l'adoption de toute mesure importante par l'Assemblée Générale. On le voit bien légalement à la Conférence des Nations-Unies pour le Commerce et le Développement, la Cnuced, cet organe subsidiaire de l'ONU créé en 1964, traditionnellement proche du groupe dit des 77, c'est-à-dire des Pays en Développement au nombre aujourd'hui de 130, organisés sur une ligne commune, en opposition aux Pays Riches.

Après avoir été dans les années 1970 un haut lieu de l'affrontement Nord-Sud, notamment sur la question de la stabilisation du cours des matières premières, principales rentrées de devises des Pays Pauvres, la Cnuced aujourd'hui, tente ainsi notamment sous l'influence de son Secrétaire Général le Brésilien Rubens RICUPERO, de changer les règles actuelles de la Mondialisation pour plus d'équité en faveur du Sud. Et c'est dans cet esprit que lancé en juin 1999, le programme de Diplomatie Commerciale de la Cnuced est dessiné à aider les pays en développement, à défendre leurs intérêts, contre les pays riches dans les négociations du Commerce Mondial. Sur le plan Régional, c'est en Afrique et en Amérique du Sud, que les Etats en Voie de Développement ont cherché à se regrouper. L'Asie et l'Australe-Asie étant trop scindées pour leur part entre Etat de Civilisation Européenne, et Pays liés au Tiers-Monde.

L'Organisation de l'Unité Africaine, l'OUA, pour autant, peine à réaliser un compromis satisfaisant entre les multiples Afrique et elle se réfugie dans un certain immobilisme, tout d'ailleurs comme l'Organisation des Etats Américains, l’OEA, parcourue de multiples courants auxquels adhèrent circonstanciellement les Pays Latins trop divisés, face aux Etats-Unis.

C'est que derrière une apparente unité de façade, qui n'est réelle que sur un certain nombre de problèmes, le Tiers-Monde n'est pas UN mais PLURIEL.

La crise du pétrole notamment à l'automne 1973 a été à l'origine de la création d'au moins deux groupes de Nations au sein du Tiers-Monde. Les Nations Rentières qui profitent de la rente pétrolière ou des recettes de matières premières rares, quand elles ont su s'organiser, et les Nations Prolétaires, en appauvrissement constant, qui doivent importer à des prix de plus en plus élevés, leur carburant, et en grande partie leurs produits alimentaires et agricoles, et qui s'endettent par conséquent de plus en plus.

Pierre Moussa dans une Conférence devant la Chambre de Commerce et d'Industrie Française de Bruxelles le 28 mai 1974, soulignait ainsi la division du Tiers-Monde en trois catégories, à savoir.

— Les Nations opulentes, qui grâce au pétrole, ont accédé à un niveau de revenu très élevé, c'est le cas des Pays Arabes du Golfe et du Venezuela, soit à peine 1 % du Tiers-

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Monde. — Les Nations émergentes, petites comme Singapour ou grandes comme le Brésil, le Mexique, voire la Chine, qui commencent à sortir du Sous-développement mais cette catégorie est très instable

— et des Pays comme la Côte d'Ivoire ou le Nigeria qui y figuraient il y a une dizaine d'années, ont régressé depuis dans le troisième groupe, celui des Nations demeurés Prolétaires. C'est-à-dire des 49 PMA, Pays les Moins Avancés. Les Pays les Moins Avancés recensés par la Cnuced, cette sorte de quart-monde, pour lesquels l'ONU a consacré spécialement une grande Conférence en mai 2001, pour tenter précisément de les sortir de l’ornière et constitue la troisième catégorie de Pierre Moussa.

Mais il est temps de se pencher à présent sur les facteurs du Sous-développement.

C - Les facteurs du Sous-développementIl font par-delà les différences, de l'ensemble du Tiers-Monde, une Communauté spécifique.

Ce sont ces mêmes facteurs à l'origine des Théories Développementalistes qui expliquent en partie tout au moins, l'Etat du Sous-développement. Ainsi en est-il du facteur démographique dont nous ne retiendrons que les chiffres essentiels. Selon les projections mathématiques les plus sérieuses, la population mondiale sera de 7 milliards en 2010, elle est de 6 milliards aujourd'hui en 2000, et elle sera de 10 milliards en 2080. Et la prédominance démographique du Tiers-Monde y sera écrasante, puisque la proportion des Pays Industrialisés, y compris la Russie, qui était de un tiers en 1950, n'en sera plus que le septième en 2050.

Dans ce contexte la Thèse que Thomas Robert Malthus exprimait au XVIIIe siècle, selon laquelle la population tend à s'accroître de manière géométrique, alors que les subsistances ne progressent que dans une proportion arithmétique, cette Thèse redevient d'actualité, malgré quelques essais de contrôle des naissances, comme en Chine ou en Inde, contrôles qui n'ont pas comblé tous les espoirs mis en eux.

Sur le plan International, la surpopulation du Tiers-Monde fait craindre de la part des pays nantis, un regain de frustration et d'agressivité à leur endroit. C'est ce qui semble d'ailleurs se dessiner actuellement entre la Chine et les Etats-Unis. Sur le plan interne, la pression démographique focalise les efforts des Etats Pauvres sur la production des biens de consommation courante, et cela retarde d'autant le décollage de leur Industrie, les efforts en matière d'instruction, de résorption des bidonvilles, de développement de la santé etc..

Le facteur géographique, quant à lui, selon lequel le Monde Sous-développé coïnciderait avec les zones tropicales et subtropicales, prête davantage à discussions et il ne semble pas qu'on puisse parler sérieusement de déterminisme géographique. D'une part en effet, il est à remarquer que de Hautes Civilisations sont nées dans des contrées au climat difficile, et que s'il a pu jouer un rôle par le passé, le climat est aujourd'hui partout dompté par le chauffage et la climatisation.

D'autre part il est également remarquable, que contrairement aux idées reçues, la géographie loin de désavantager les Pays du Sud, les a dotés de la plus grande part des ressources en matières premières, tandis que par ailleurs, les méthodes modernes d'irrigation et d'amendement des terres, lorsqu’elles sont tentées, font entrevoir l'autosuffisance alimentaire pour ces Pays.

Serait-ce alors un Facteur Racial, qui serait à l'origine du Sous-développement. L'histoire de l'expansion Européenne, à partir des grandes découvertes, l’a laissé croire un temps, d'autant que des Théories Racistes pour justifier l'oppression et l'exploitation du reste du Monde par l’Homme Blanc, militairement dominant, ont accrédité l'idée que les races auraient des aptitudes intellectuelles et sociales inégales, et que certaines plus que d'autres étaient capables d'édifier des Civilisations brillantes.

Bien entendu il est évident que cette Thèse ne repose sur aucune base scientifique sérieuse. Et que la notion même, de Race Humaine, n'a aucune signification génétique. Il n'est qu'à remarquer par ailleurs que ce sont des nons Blancs qui font du Japon la troisième Puissance du Monde. Et que pour prendre un autre exemple, les migrations révèlent le dynamisme de Populations réputées inaptes au Développement dans leur contexte d'origine, quand elles sont transplantées ailleurs. Mais plutôt que de multiplier les recherches sur les causes du Sous-développement dont on vient de mesurer rapidement combien pour chacune d'elles, la portée était sujette à caution, observons à présent les principaux aspects du Sous-développement. Car s'il s'explique mal ce Sous-développement, il se constate aisément, tant il confère des traits originaux

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à l'Economie, à la Société, et à la Nation dans les Etats concernés.

PARAGRAPHE II

LES ASPECTS SOCIO-ECONOMIQUES DU SOUS-DÉVELOPPEMENT.Grosso modo dans cette direction d'étude, l'on relève les signes d'une grande pauvreté permanente, ceux d'une Structure Sociale désarticulée, et ceux d'une Nation en quête d'identité.

A - La pauvreté endémiqueComme le remarque la Banque Mondiale en mars 2000, c’est un phénomène

pluridimensionnel, car être Pauvre, ce n'est pas seulement avoir faim, c'est aussi être confronté à la difficulté de se loger, de se soigner, ou d'éduquer ses enfants. Les dimensions psychologiques de la pauvreté sont importantes, car dans leurs rapports avec les Institutions de l'Etat ou les détenteurs du Pouvoir, les Pauvres font l'expérience de la Dépendance, de la Honte et de l'Humiliation, dans la mesure où ils se retrouvent sans protection d'aucune nature.

Une telle situation que d'aucuns attribuent aux séquelles de la Colonisation, trouve en fait son origine principalement dans ce que Maurice Guernier, dans un ouvrage déjà ancien, intitulé « La dernière chance du Tiers-Monde », appelle les quatre fautes, mères.

Première faute d'abord :Elle réside dans le désordre de l'organisation de l'aide bilatérale toujours fluctuante et

conditionnée aux circonstances Economiques et Politiques du moment. Mais à supposer même que, comme c'est le cas avec la Cinquième Convention de Lomé, de mai 2000, qui établit des relations privilégiées entre les 15 de l'Union Européenne et 71 partenaires d'Afrique, des Caraïbes, et du Pacifique pour une durée de 20 ans, la coopération des Etats Riches au développement soit institutionnalisée, il faut remarquer même dans ce cas, que cette manne, bénéfique pour certains Pays Pauvres, ne peut parce qu'elle est ciblée, qu’en pénaliser d'autres.

Deuxième faute relevée par Maurice Guernier :C’est l'inefficacité de l'aide des grandes Organisations Universelles, à l'Administration à la

fois trop lourde et trop spécialisée.

La troisième faute, tient à l'étroitesse Economique de chacune des Nations du Tiers-Monde, c'est une faute qui soit dit en passant est en train d’être partiellement corrigée par la constitution de zones de libre échange, entre Pays Sous-développés du type Mercosur pour l'Amérique Latine.

Enfin dernière faute :L'Occidentalisation de l'Enseignement, mal adapté, qui produit trop de Mandarins et de

Fonctionnaires au détriment d'Animateurs, de Techniciens et autres Cadres de terrain. Et l'on comprend dans cet environnement défavorable l'attrait de certains Etats Sous-développés pour le mode de Développement Socialiste. D'abord parce qu'à l'époque des Indépendances, le bloc Communiste soutenait les Nouveaux Etats contre les anciennes Puissances Administrantes. Ensuite, parce que la voie Capitaliste de la Croissance, est d'autant plus malaisée à suivre, qu'il n'y a, à la base dans les Pays en Voie de Développement, ni accumulation suffisante de Capitaux, ni compétences satisfaisantes et que en revanche la planification autoritaire pour assurer le démarrage économique, est mieux adaptée aux Cadres de Régime Dirigiste, aptes à imposer des sacrifices à la Population, à mobiliser les énergies, à discipliner la production, et aussi à faire taire les revendications.

Cela dit, le Socialisme du Tiers-Monde est largement un mythe, un mythe généreux certes, mais aux antipodes du Marxisme Orthodoxe. Et c'est souvent le prétexte à une Dictature, et dans tous les cas, c'est toujours une sorte de camouflage des structures communautaires traditionnelles, comme dans la Tanzanie de Nyeréré, ou dans le Kenya de Jorno Kenyatta. Ce peut être un paravent à l'Arabisme, comme dans l'exemple du Néo-Destour Tunisien ou de la Politique Algérienne, ou encore c’est parfois une création sui generis, tel le Socialo-Arabo Islamisme du Colonel Libyen Kadhafi.

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B - Une Société DualeToutes les Sociétés en Voie de Développement se caractérisent par la coexistence de deux

catégories de Population correspondant à deux secteurs économiques, à deux systèmes de valeur, à deux types de comportement, et enfin à deux niveaux de vie. Une minorité d'abord, qui ressemble à la Haute Bourgeoisie des Pays Développés. Souvent formée dans les Universités Occidentales, elle a le même niveau Intellectuel et Technique, les mêmes idéaux, le même genre d'existence, et elle souhaite développer au maximum cette homologie avec la Bourgeoisie Occidentale. Cette minorité est exiguë, généralement, elle estime par ailleurs avoir une vocation naturelle, faute de contre-pouvoirs suffisants, à exercer le commandement, à tirer de son pouvoir des avantages matériels et de prestige, et elle exerce sur la grande masse de la population un Paternalisme plus ou moins Autoritaire.

Toutefois cette minorité moderne reste imprégnée aussi par la Culture Traditionnelle. Politiquement d’ailleurs, elle y est particulièrement attachée, car c'est par elle qu'elle conserve le contact avec les masses imprégnées des valeurs ancestrales. Ainsi le concept de négritude, élaboré par Léopold Senghor, ancien Normalien Français, et Premier Président de la République du Sénégal, exprime-t-elle bien ce besoin qu'éprouve la minorité modernisée, de ne pas se couper de ses racines. Souvent au demeurant, la Classe Dirigeante actuelle, aux rênes de l'Etat, se confond largement avec les grands propriétaires terriens, installés depuis des époques immémoriales et avec selon les cas, les familles des castes supérieures ou des tribus dominantes.

Face à cette minorité, la grande masse de la Population par ailleurs, survit à 80 % du travail de la terre. Encore que dans les Pays Semi-développés, l'embryon de couches moyennes faites de petits Fonctionnaires, de Techniciens et Ouvriers de l'Industrie, donne l'impression parfois d'une certaine modernité, ne serait-ce que par l'accélération extraordinaire de l'Urbanisation, et avec elle la mise en vitrine de la Société de Consommation de Masse, qui entre en contact avec la grande partie laissée pour compte de la Population. L'idée de changement et l'idée de développement pénètrent ainsi partout, et ces deux idées ont en général un attrait puissant, surtout chez les jeunes.

Mais du coup, à l'intérieur même des Classes Economiques que nous venons de décrire, le moderne et le traditionnel en se dévoilant et en s'opposant, créent des clivages supplémentaires qui disloquent encore davantage une Société qui perd ses repères. C'est ainsi que la grande famille patriarcale traditionnelle, à la fois unité affective, unité de production, unité de consommation, d'éducation, lieu de culte, instrument de sécurité Sociale, cette grande famille a tendance à éclater dans l'anonymat des bidonvilles, pour laisser la voie ouverte à la misère des enfants des rues, et à la délinquance. C'est ainsi également, que la course au développement dans le Tiers-Monde, n’est trop souvent qu'un faux-semblant, sensiblement limité à une Economie Commerciale illégale ou marginale.

Comme le remarquait Jean-Marie Lebenray et Charles Vallée dans un polycopié de Sociologie Politique de 1973, déjà ancien par conséquent mais toujours d'actualité, la Société Traditionnelle des Etats du Sud est une Société à mentalité unique, elle ne repose pas comme dans les Civilisations Industrielles sur l'effort et sur la compétition entre individus et groupes, mais elle repose sur le principe de conformité. Conformité avec l'ordre de la nature, également avec une certaine indifférence à la notion de temps. Que surgisse alors une incitation comme l'irruption de la Civilisation Européenne sous la forme de la Colonisation, ou du Néocolonialisme actuel, et le bouleversement apporté ne peut qu'entraîner bricolage, caricaturant le modèle Occidental original et réflexe Identitaire.

D - Le Tiers-MondeC'est aussi des Nations en quête d'identité collective. La Décolonisation inscrite dans

l'histoire, mais rarement bien préparée a fait accéder les Sociétés Sous-développées ou peu développées au statut d'Etat, brutalement. Sauf quelques rares exceptions, comme l'Ethiopie qui n'a jamais été colonisée. Il en reste bien souvent pour ces Pays nouveaux, émergeants, à construire leurs Unités Nationales tout autant que leur identité collective, car on l'a compris, les différences sont si grandes entre les élites Occidentalisées et le secteur traditionnel, que leur seul point commun, semble être parfois leur Nationalité.

En ce qui concerne la réalisation de l'Unité Nationale, rendue difficile par l'existence de

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frontières artificielles, comme c'est le cas pour la quasi-totalité du Continent Africain, et donc par la diversité ethnique, religieuse, linguistique, c'est par des réactions Nationalistes que les Nouveaux Etats continuent à s'affirmer. Dressé contre l'extérieur, ce Nationalisme militant sert de ciment à ces Sociétés plurales. Il joue comme un Facteur d'Intégration Nationale, non sans paradoxe d’ailleurs, parce que le Nationalisme y forge la Nation, autrement dit, les faits dans ces Pays précèdent la cause.

C'est encore le Nationalisme qui permet la réappropriation par la population Décolonisée, de sa spécificité culturelle et de son identité collective. On pourrait citer ici la redécouverte par l'Algérie de son passé Arabo-Musulman, après 1962, ou encore citer la résolution adoptée à la Conférence des Pays non-alignés de septembre 1973, précisant qu'il s'agit pour les Peuples du Tiers-Monde de sauvegarder leur personnalité propre. Dans cet environnement difficile, tous ces pays sont confrontés à un processus de Développement Politique qui marque le passage d'un Système Traditionnel à un Système Politique Moderne. Il s'agit bien d'un processus, ce qui explique que l'accès à la modernité ne saurait être immédiat, et par conséquent qu'il y a un écart entre la vie politique réelle et les modèles institutionnels primitivement inspirés des Régimes Occidentaux.

SECTION II

Les Institutions et la Vie Politique du Tiers-Monde.Tout dans le Tiers-Monde se fait à partir de l'Etat. En Afrique notamment les Etats se sont trouvés là, avant les Nations, et c'est le rôle du Chef de l'Etat que de développer une conscience Nationale, l'Etat est pacificateur, il est planificateur. C'est le Gouvernement, c’est l’Hymne National, c'est le drapeau, et ce qui fonctionne le mieux en matière de services pour le public. Mais l'Etat y est aussi fragile dans ces pays, parce que c'est la proie des ambitieux en mal de reconnaissance et des groupes de pressions internes ou externes qui visent sa conquête, parce que c'est par celle-ci qu'ils peuvent mettre par la suite le Pays en coupe réglée. Résultante de ce bouillonnement chaotique, le Système Politique des Sociétés en Voie de Développement, se caractérise généralement par des Régimes Autoritaires, voire Totalitaires. Après l'échec de l'adaptation des modèles Occidentaux, il se caractérise également par une vie politique qui se signale par le phénomène de personnalisation du pouvoir, et par celui de parti unique.

PARAGRAPHE UN

La dénaturation des Modèles Occidentaux, et la confusion des Fonctions dans la Dictature.

Pour connaître un Système Politique réellement, par-delà les règles Constitutionnelles, il faut comme nous l'avons vu dans le Chapitre précédent, intégrer trois variables, qui permettent de prendre une mesure plus exacte du degré de Développement Politique atteint par tel ou tel des Etats considérés. Ces trois variables essentielles sont, l'autonomie des sous-systèmes, la sécularisation culturelle, et la différenciation culturelle.

A leur niveau supérieur, ces variables correspondent à la Démocratie Parlementaire, à l'Etat de traces, elles expliquent la marche vers l'Autoritarisme et le Totalitarisme.

A - L'éphémère Cycle Parlementaire.Après les Indépendances dans les années qui suivent la Seconde Guerre Mondiale, les

nouvelles élites s'inspirant des Institutions Parlementaires des anciennes Puissances Coloniales, Modèle Britannique dans le cas des Etats Anglophones, Modèle de la IVe puis de la Ve République dans celui des Anciennes Colonies Françaises d'Afrique et d'Asie, sauf le Vietnam du Sud Présidentialiste dès 1956, ces élites commencent donc par adopter des Institutions de type Parlementaire.

La greffe prend au Liban, ancien Protectorat Français à l'élite Economique et Politique très clairvoyante, car elles permettent au moins provisoirement de régler le problème confessionnel. Et

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c'est aussi une réussite en Inde, grâce à trois atouts majeurs, à savoir une Classe de Fonctionnaire compétente et nombreuse, formée à l'Anglaise, l'ascendant personnel des premiers Premiers Ministres, à l'instar du Pandit Nehru et d’Indira Gandhi, enfin l'existence d'un parti dominant s’identifiant à l'ensemble de la Nation, le Parti du Congrès d’abord, auquel a succédé le Janata Dal. En revanche partout ailleurs dans le Tiers-Monde les Institutions Parlementaires n'ont pas réussi à s'acclimater et cela pour trois raisons.

1) D'abord parce que le Système Parlementaire est trop subtil, et donc trop fragile, dans un environnement largement analphabète ou de faible culture politique. Quand la grande masse du corps électoral perçoit mal la signification du vote, ou encore la distinction entre Chef de l'Etat et Chef du Gouvernement.

2) Ensuite parce que le Régime Parlementaire en reconnaissant l'existence d'une opposition officielle, institutionnalise les divisions, met sur le même plan d’honorabilité les Pouvoirs en place et les adversaires politiques, et risque de nuire en conséquence à la consolidation d'une Unité Nationale souvent imparfaite.

3) Enfin parce que le Parlementarisme est mal adapté à un encadrement Autoritaire du Développement Economique, lequel dans la phase de mobilisation des énergies pour faire décoller l'Industrialisation requiert un Exécutif ayant les coudées franches.

Pour toutes ces raisons, les Constitutions inspirées du Parlementarisme Occidental ont été très rapidement mises en sommeil par des Dictatures, ou bien elles ont été remplacées par des Lois Fondamentales de type Présidentielles, ou plutôt Présidentialistes.

B - Le cycle Présidentialiste.Dans ce type de Démocratie Représentative que constitue le Régime Présidentiel est

instaurée l'autonomie réciproque du Pouvoir Gouvernemental et des Assemblées délibératives. Le critère principal est négatif, à savoir que le Chef de l'Exécutif ne peut dissoudre le Parlement et celui-ci ne peut renverser le Gouvernement. Encore trop sophistiqué, ce type de Régime va vite évoluer vers le Présidentialisme, sans doute sous l'inspiration au moins partielle de la pratique Gaulliste des Institutions de la Ve République et sous celles encore de beaucoup de Constitutions Sud-Américaines ou Africaines qui consacrant l'élection au Suffrage Universel du Chef de l'Exécutif, l'ont par ailleurs doté de compétences juridiques extrêmement étendues.

Comme notamment le contrôle de l'Ordre du Jour des Assemblées, le Droit de Dissolution, la possibilité de Légiférer par Décret sans véritable restriction politique, et toutes ces mesures vont aboutir à instaurer autant de copies déséquilibrées au détriment du Parlement, du modèle Présidentiel et cela va révéler sous un pluralisme politique de pure façade, le véritable manteau ordinaire qui habille les Régimes de Pouvoir Personnel.

Il faut noter cependant que la confiscation des Pouvoirs par le Président est plus ou moins étendue selon les Etats considérés. Ainsi, en Amérique Latine, sauf exception, le pluripartisme est très vivace et pour être une zone de Régime de Prépondérance Présidentielle, la clause de non rééligibilité immédiate inscrite dans de nombreuses Constitutions, empêche généralement l'organisation de Dynastie Présidentielle, en garantissant le caractère temporaire du Mandat du Président.

Aujourd'hui pratiquement tous les Pays d'Amérique du Sud vivent en Démocratie depuis la fin de la Dictature Stroessner au Paraguay en 1989, et celle du Général Pinochet au Chili en 1990. Mais la qualité même de la Démocratie Sud-Américaine est encore fluctuante et dépend largement des personnalités qui briguent les Suffrages. C'est ainsi qu'au Pérou après les errements et abus de l’ancien Président Alberto Fujimori, le Nouveau Président Valentin Paniagua, et son Chef du Gouvernement l'ancien Secrétaire Général de l'ONU, Javier Pérez de Cuellar se sont engagés depuis novembre 2000, dans une grande entreprise de nettoyage et de restauration Démocratique.

Au Mexique, à la même époque, le Nouveau Président, Vicente Fox, qui a pris ses fonctions le 1er décembre 2000, manifestait clairement de son côté, son intention de transformer un Pays qui en 71 ans avait connu la domination sans partage du Parti Révolutionnaire Institutionnel, et cela grâce notablement à la Fraude Electorale.

En Afrique, en revanche, et spécialement en Afrique Francophone, le Parlementarisme et le Pluripartisme ont été souvent rejetés ensemble, pour laisser généralement la place à une forme accentuée de Présidentialisme dans le cadre d'un Système de Parti Unique. Système plus ou moins dissimulé à partir des années 1990, sous l'apparence d'un Multipartisme.

La Constitution de la Côte d'Ivoire, dès novembre 1960, en a fourni le modèle, suivi par le

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Dahomey, le Niger, la Haute-Volta, le Congo Brazzaville, la Mauritanie, et par la suite bien d'autres Etats. Cependant ce Présidentialisme renforcé, renforcé notamment par la possibilité qu’à le Président d'être rééligible indéfiniment, n'a jamais empêché loin de là, la survenance de multiples Coups d'Etat. Ce qui a fait dire à un Politologue du nom de Calvez, auteur d’ « Aspects Politiques et Sociaux des Pays en Voie de Développement », que la force et la stabilité des Régimes dépendaient en Afrique étroitement de la personnalité installée à la barre. Aussi peut-on sans trop s'avancer, inclure sauf exception, la quasi-totalité des Régimes Politiques du Tiers-Monde sous le double label de l'Autoritarisme ou du Totalitarisme, suivant l'interprétation que les hommes au Pouvoir font des rédactions Constitutionnelles.

C - Autoritarisme et Totalitarisme.D'une certaine manière les Régimes du Tiers-Monde marquent la Nationalisation de la non

différenciation structurelle et fonctionnelle qui se trouve transposée du plan Local et Tribal, au plan National. Autrement dit, la tradition y porte déjà les dirigeants, à la confusion des Pouvoirs.

Reste que, selon que la Gestion Monocratique concerne le seul Etat où toute la Société, il s'agira d'Autoritarisme ou de Totalitarisme. C'est-à-dire, de la prise en charge totale des Citoyens, par un contrôle de tous les moyens de pouvoir et de persuasion, et par la mise en place d'un Système Policier et Concentrationnaire. Dès lors il suffit de remarquer que sous l'une ou l'autre forme, les Dictatures se multiplient en Asie et au Proche-Orient, en Afrique.

Certaines étant Révolutionnaires, d'autres Réactionnaires, les unes Civiles, d’autres Militaires, des Régimes installés Progressistes, d'autres Tyranniques, et que toutes ces Dictatures sont ponctuées d'innombrables Coups d'Etat en plus, certains qui réussissent, Roger Gérard Schwartzenberg en a dénombré ainsi 19 en 13 ans, concernant l'Amérique Latine de 1963 à 1976, et 28 en Afrique, sur la même période.

D'autres Coups d'Etat qui échouent, comme celui tenté en mai 2001, pour tenter de rétablir au Pouvoir l'Ancien Président des Philippines, Estrada, écarté pour corruption.

C'est donc la marque que dans les Sociétés en Voie de Développement, le Pouvoir tend à s'unifier et à se concentrer, comme s'il existait une relation étroite entre le Sous-développement et Sur-pouvoir. Il reste à présent à rechercher l'explication de ce phénomène dans la vie politique même de ces Etats.

PARAGRAPHE II

Les deux caractéristiques majeures de la vie politique réelle des Pays du Tiers-Monde. Il s'agit d'une part, de l'Institutionnalisation proclamée ou déguisée du Système de Parti Unique, très différent de l'exemple Soviétique, et d'autre part de l'apparition quasi générale de manifestations de personnalisation du Pouvoir, quand il ne s'agit pas de Pouvoirs Personnels Institutionnalisés tout court. Ces deux traits se conjuguant pour asseoir sur une durée plus ou moins longue, la Dictature pure et simple d'une oligarchie restreinte.

A - Le rôle instrumental du Parti Unique.Que ce soit sous la forme d'un Parti Dominant comme en Inde ou à Madagascar, de Parti

Unifié comme dans l'Ouest Africain, ou de Parti Unique comme dans l'Algérie du FLN ou encore dans une grande partie de l'Afrique Noire Francophone, l'évolution s'est faite rapidement, qui a conduit du Multipartisme ou du Bipartisme des lendemains des Indépendances, au Parti Unique, dans les cas où celui-ci n'était pas institutionnalisé dès le départ.

En ce qui concerne principalement l'Afrique Francophone, les choses ont en apparence évolué depuis les exhortations du Président Mitterrand au sommet Franco-Africain de La Baule, mais la tendance générale n'a pas été inversée pour autant.

Trois raisons sont avancées pour rendre compte de cet Etat de choses et du synchronisme constaté entre l'apparition du Parti Unique et celle du Présidentialisme.

1) La première est que le Parti Unique, fédérant ethnies et religions, apparaît comme un instrument idéal d'Intégration Nationale

2) La seconde est qu'il supplée l'absence de Classe Moyenne, relais pour mobiliser les masses afin qu'elles s'engagent dans la planification Economique.

3) Enfin troisième raison, il camoufle dans une certaine mesure le fossé qui sépare l'élite

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dirigeante de la base. Dans et hors de l'Administration de l'Armée, voire dans certains Pays de la Hiérarchie Religieuse, autre pilier de son Pouvoir, le Parti du Président sert donc de courroie de transmission pour faire passer ses mots d'ordre. Et par ailleurs sorte d’Administration Bis, ayant recueillie avant toutes autres structures les prérogatives de l'Ancien Colonisateur, il apparaît souvent comme une pyramide aux mains d'une élite restreinte, à la dévotion du Président qui en occupe le sommet.

B - Seconde caractéristique Politique dans les Pays du Tiers-Monde, la Personnalisation du Pouvoir.Tous les Etats modernes la connaissent, dans les Systèmes en Développement cependant,

elle a une dimension tout autre, en ce sens qu'elle correspond toujours à un pouvoir charismatique incarné d'abord dans un Leader Indépendantiste, puis dans l'un de ses émules qui va cristalliser sur sa personne les symboles de l'Identité Nationale.

Cela dit, si très vite ce Pouvoir Personnifié a tendance à conduire à une Dictature aussi dure qu'inefficace, c'est que le Chef, seul Juge de ses Actes en l'absence de contre-pouvoirs efficaces, en vient à se décharger rapidement, pour son information, sur une Bureaucratie Clientéliste et sur un petit cénacle de courtisans affairistes. Au point que faute d'échange entre le sommet et la base, la politique en arrive à se limiter à l'attribution de prébendes et au seul désir farouche de la Conservation du Pouvoir.

De la sorte le jeu politique balance entre la crispation des équipes en place, et la violence de celles qui cherchent immanquablement un jour ou l'autre à les supplanter.

SUR-DÉVELOPPEMENT ET SOUS-POUVOIRS

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TITRE II

CHAPITRE IIISUR-DÉVELOPPEMENT ET SOUS-POUVOIR.C'est l'autre versant de la vérification empirique des Théories Développementalistes. Après

l'étude des Etats du Tiers-Monde, il importe en effet d'analyser aussi les Systèmes Economiques et Sociaux et Politiques des Sociétés avancées. Géographiquement, il s'agit de ce qu'on appelle assez improprement les Etats du Nord, dans la mesure où l'on y trouve les pays de l'Europe de l'Ouest et ceux de l'Amérique du Nord, mais aussi la Nouvelle-Zélande et l'Australie dans le Pacifique, et le Japon en Asie, pour ne citer que les plus marquants. On pourrait rattacher également à ce groupe d’ailleurs, Singapour, ou encore Israël.

Politiquement, ce sont des Démocraties Libérales Pluralistes, c'est-à-dire qu'elles admettent le débat politique, la diversité des opinions politiques et que l'on n'y respecte généralement les Forces d'Opposition à qui l'on reconnaît une place plus ou moins grande jusque dans les rouages du Gouvernement.

Leur Régime Politique sous des modalités différentes, respecte ce schéma d'ensemble dans la Théorie sous la plume d'un Montesquieu par exemple remonte au XVIIIe siècle. Et depuis, toutes les Constitutions s'y conforme en faisant de l'élection et de la Séparation des Pouvoirs, les principes cardinaux de l'aménagement du Pouvoir. Du point de vue Economique, les Nations dont on parle sortent ou sont déjà sorties de l’Ere Industrielle, c'est-à-dire d'une époque de leur développement, qui va en gros de la fin du XVIIIe siècle au milieu du XXe siècle, pour laquelle le Modèle Démocratique Classique de direction de l'Etat, avait été créé, ce Modèle qui est toujours celui des Lois Fondamentales.

Or, notre Société actuelle n'est plus la Société Industrielle d'hier, qui avait sa logique de développement et les structures Sociales qui correspondaient à l'Etat des Techniques, et au niveau de production d'alors. L'on constate en effet désormais un changement des règles Economiques par rapport à un passé qui n'est pas si lointain.

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Autrement dit, les Sociétés des Nations avancées d'aujourd'hui ont largement perdu la maîtrise de leur propre développement, par le fait, que pris dans une spirale de Croissance Technique ou Economique incontrôlable, qui n'est plus endiguée par une volonté externe, la pliant aux aspirations collectives, l'essor autonome de la Technique et de l'Economie suit désormais une logique propre de Sur-développement, lequel exerce une forte pression sur les relations Sociales.

Dans ce contexte, l'individualisme prend le pas sur le consensus. La pression du Sur-développement Economique et la réaction de la Société au Sur-développement, dynamite les anciens clivages Sociaux qui servent de base à nos Démocraties et en conséquence celles-ci s'avèrent de plus en plus inadaptées. C'est pour tenter précisément de comprendre la politique dans les Civilisations Industrielles précisément, que seront examinées en deux sections, d'abord les caractéristiques particulières des Sociétés dites Post-industrielles, et les réactions qu'elles suscitent, ensuite nous verrons leur répercussion sur leurs Organisations Politiques.

SECTION I

LES TRAITS COMMUNS AUX SOCIÉTÉS POST-INDUSTRIELLES.Il est relativement aisé de repérer les données principales inhérentes au Système Sur-

développé, mais il est sans doute un peu plus compliqué d'en donner une définition univoque. Pour Rostov par exemple, c'est l'Ere de la Consommation de Masse, la cinquième et dernière étape de la croissance, qu’il décrit ainsi dans son ouvrage de 1958 intitulé « les Etapes de la Croissance Economique ». Je le cite, « Nous en venons maintenant y écrivait-il à l'Ere de la Consommation de Masse, où la production de biens de consommation durable et les services deviennent progressivement les principaux secteurs de l'économie. C'est la période dont les Etats-Unis commencent à sortir, dont l'Europe Occidentale et le Japon commencent à goûter les bienfaits incontestables, et à laquelle la Société Soviétique aspire non sans remords », fin de citation.

C'est encore ce que Galbraith nomme dans « The Affluent Society » qui est un livre majeur traduit en Français en 1961 sous le titre « l'Ere de l'opulence », ce qu'il nomme donc la Société d'abondance, et que Herbert Marcuse dans « L'homme unidimensionnel », traduction Française de 1968, critique sous l'expression de Société Industrielle Avancée.

Un peu plus précis, Daniel Bell, dont on peut trouver l'ouvrage « Vers la Société Post-industrielle » dans une adaptation Française de 1976, en définit ainsi les cinq dimensions, à savoir :

1) il s'agit du développement d'une Economie de Services, 2) de la prédominance de la Classe des Spécialistes et des Techniciens, 3) de l'importance du Savoir Théorique comme source d'innovation et d’élaboration politique dans la Société, 4) il s'agit également de la possibilité d'une Croissance Technologique Autonome, 5) et enfin, de la création dans cette Société Industrielle Avancée d'une nouvelle Technologie Intellectuelle.

Pour Zbigniew Brezinski auteur de «Between two Ages » en 1970, traduction Française de 1971 « La Révolution Technetronique », c'est l'âge de la Technologie et de sa pointe avancée l'Electronique, d'ou par contraction, le néologisme Technetronique.

Brezinski détecte dans la Société Post-industrielle, les mêmes traits dominants que ne l'avait fait Bell, et notamment la Croissance des Secteurs Tertiaire des services, la montée des Classes Moyennes ou encore, le développement des Etudes Universitaires. Fin connaisseur de l'Amérique, il a été conseillé à la Présidence de la République des Etats-Unis, Brezinski analyse l'entrée douloureuse de ce pays dans l'Ere Technetronique, sous la forme d'une véritable Crise de Civilisation. Mais plutôt que de multiplier les approches, dont celles encore du professeur Schwartzenberg, intéressantes, parce qu'il y décèle la naissance d'une Civilisation des Loisirs, il est temps de recenser les traits marquants de la Société Post-industrielle, tout à la fois Technicienne, Dénaturé, et Réactionnaire.

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PARAGRAPHE I

UNE SOCIÉTÉ TECHNICIENNEA - La TechnostructureDe cette Société l'Economiste Galbraith dans un livre de 1967, traduit en 1968, « Le Nouvel

Age Industriel - Essai sur le Système Economique Américain », cet auteur donc, en fait une description saisissante sous le concept de Technostructure. Dans une sorte de conciliation des Ecoles Marxistes et Elitistes, il émet deux propositions. A savoir que les Grandes Firmes Industrielles ont désormais un nouveau mode de direction que le Capitalisme d'une part, et que d'autre part ce changement a occasionné des attitudes nouvelles des consommateurs, nouvelles au point de rendre la Société Moderne irrationnelle et d'influer sur son Gouvernement.

Pour Galbraith en effet, le Pouvoir dans les grandes Sociétés, n'est plus dans les mains des propriétaires du Capital, mais dans celle des Directions Collégiales, ce qu'il appelle la Technostructure. Ces Directions comprennent ingénieur, savant, directeur, chef de marketing et de publicité, juriste, comptable, le lobbyiste etc.. Au point dit-il que les Assemblées Générales d'Actionnaires ne sont que les Chambres d'Enregistrement des rapports qui sont préparés par la Technostructure.

Cette nouvelle oligarchie qui s'est constituée au sein de l'économie, qui ne repose plus par conséquent sur l'hérédité des Titres de Propriété mais sur la cooptation, est plus mobile, moins assurée du lendemain, mais plus Démocratique que par le passé, car elle est ouverte aux non Capitalistes, et aussi pour se maintenir, elle doit à tout prix assurer la Croissance de l'Entreprise fût-ce au détriment des Actionnaires.

En ce sens, dans la défense de ses intérêts, la Technostructure inverse la filière de la demande. Ce n'est plus le Consommateur qui exprime ses préférence pour tel produit ou tel service, c'est l’offre, c'est-à-dire la production qui par la publicité notamment va manipuler et modeler le comportement du Consommateur avec la complicité de certaines Bureaucraties Administratives. Ultérieurement nous verrons que cette analyse peut également être transposée à la gestion de l'Etat, et donner un aspect particulier à tous les Régimes Politiques Occidentaux, mais d'ores et déjà l’on peut procéder à deux remarques.

1— En premier lieu, il semble que l'étude de Galbraith demande à être enrichie, par l'introduction de l'influence des Capitalistes au sein même de la Technostructure. Et cela pour pouvoir utilement rendre compte de toutes ses facettes. En effet, quand les affaires vont bien, les propriétaires lâchent la bride aux Administrateurs et aux Techniciens, en revanche que le minimum de bénéfice escompté ne soit pas atteint, et alors les Actionnaires reprennent leurs prérogatives.

Il faut donc un peu nuancer les Pouvoirs de la Technostructure et prendre en considération également, les gros Actionnaires qui associés aux Experts, aux Conseillers, aux Administrateurs de Firmes géantes, généralement multinationales constitueraient une sorte de Super Technocratie Mondialisée, aussi capable de régenter l'Economie Planétaire que de dicter sa Loi aux Etats.

2 — En second lieu, pour corroborer cet envahissement des Spécialistes et autres Managers dans tous les rouages de la Vie Sociale, il faut arriver à cette interprétation que les milieux d’affaires de la Haute Administration et du Pouvoir Politique sont sous le signe de la Technicité, ce que le Politologue Wright Mills appelait le triangle du Pouvoir. Il est à noter en effet et ce sera notre deuxième remarque, que tous les Gouvernements ouvrent beaucoup plus facilement les crédits, pour la Recherche, pour le Développement Industriel, l'Enseignement et les Infrastructures, que pour les Services Sociaux, l'Hygiène, la Culture, ou l'Instruction Générale. Dans un cas, on sert les intérêts de la Technostructure, dans le second cas, en ce qui concerne l'Hygiène, Culture, Services Sociaux etc… on ne la sert pas

B - Les effets de la Technostructure sur la Société.On l'aura compris dans nos Sociétés Démocratiques Occidentales, ou l'Etat s'est vu

reconnaître le rôle d'assurer le Bien-être Général, se structure une symbiose inter- Bureaucratique des Technostructures Economiques Administratives et Politiques, sortes de Démocratie d'Organisation. L'Organe Démocratie, comme l'appelle Roger Gérard Schwartzenberg, Organe Démocratie qui progresse et se perfectionne et accapare graduellement tous les leviers de l'Etat, en utilisant les Institutions de la Démocratie Libérale.

Dans ce processus d'enveloppement du Pouvoir, la Technostructure veille toujours à se

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concilier les Masses de qui dépendent les Gouvernants par le jeu du Suffrage Universel. Pour ce faire, elle utilise deux moyens, la Diffusion d'une Idéologie dominante Consensuelle et le Développement des moyens de Communication de Masse, ces deux éléments étant intimement liés l'un à l'autre.

Développer le consensus en premier lieu, c'est gommer les différences Sociales pour attacher tous les individus au genre de vie existant. Cela peut prendre la forme de leur implication, dans les discussions à tous les niveaux sur les rémunérations, la durée du travail, les retraites etc. et d'une manière plus détournée, ce que l'on a pu appeler la Dictature de la Mode, universalise des comportements auxquels il est difficile de déroger.

Qu’il s'agisse de consommation de produits alimentaires, vestimentaires, manufacturés ou de loisirs, cela se traduit en politique par la propagation de cette idée que le haut niveau de vie des Sociétés Occidentales, dépend en dernière analyse du maintien des valeurs Démocratiques qui ont fait leurs preuves, et qui rassemblent comme les Libertés Publiques de Réunion, d'Association, de Presse ou de Commerce, même si ces dernières sont plus formelles que réelles.

En un mot, il y aurait bon gré mal gré désormais, une fatalité, de l'Ultralibéralisme dans les Etats avancés, appelés encore d'un terme vague, globalisation que l'écrivain Viviane Forrester, auteur de « Une étrange Dictature » publiée chez Fayard, voit ainsi dans le « Monde » du 22 février 2000.

Je cite, Viviane Forrester, elle parle de la globalisation « Elle couvre dit-elle de son seul nom, réduit à ce seul mot, toutes les données de notre époque et parvient à camoufler indiscernable au sein de cet amalgame l'hégémonie d'un Système Politique, l'Ultralibéralisme qui sans être officiellement au pouvoir, à la mainmise sur l'ensemble de ce que les Pouvoirs ont à gouverner, et détient donc une toute-puissance planétaire », fin de citation.

Autre effet de la Technostructure sur la Société, le développement des Moyens de Communication de Masse, ou Mass Media, Radio, Presse, Télévision, autant de vecteurs qui permettent à la Technostructure de faire passer ses mots d'ordre tout en donnant l'illusion à la population qu'elle a une part de décision, et qu'elle se fonde avec l'élite à égalité de chance et de notoriété dans un creuset commun.

Il y a dans cette explosion des Supports de la Communication, la révélation de deux processus contradictoires.

— D'abord c'est d'une certaine manière la manifestation que l'Autorité, notamment politique, se déshumanise, se bureaucratise, au profit d'une vaste organisation anonyme, dont les journalistes nomment à l'occasion certains rouages, comme l'Administration, le Parlement, la Commission de Bruxelles, où précisément l'Administration de tel ou tel secteur, autant d'Autorités lointaines et diffuses émettant des règles impersonnelles.

Ensuite en contrepoint, c’est l'omniprésence de l'Etat spectacle, pour reprendre le titre d'un ouvrage de Roger Gérard Schwartzenberg, voire de la Société spectacle, où tous les repères sont brouillés. Qui n'a pas vu à la télévision des hommes politiques se commettrent dans des émissions de variétés pour dire qu'ils n'ont pratiquement aucune prise sur les événements. Et qui n'a pas perçu dans les émissions et la presse, dite people, en revanche que dans cette dépersonnalisation généralisée du Pouvoir, tout un chacun, pouvait se voir reconnaître, fusse de manière éphémère, une notoriété, voire un Pouvoir charismatique qui redonne de l'affectivité à des Relations Sociales qui en sont de plus en plus dépourvues, et qui en oublient les équilibres naturels.

PARAGRAPHE II

LA SOCIÉTÉ TECHNICIENNE EST AUSSI UNE SOCIÉTÉ DÉNATURÉE.Depuis son avènement après 1945, le Système Occidental Avancé marque en effet d'une

autre manière que le Système Sous-développé les prémices d'une Ere de grande pénurie, au point que l'homme lui-même s'aliène en vivant dans un monde étranger à la nature.

A - Destruction de la nature.Sous les apparences, d'une Société d'abondance, il y a dans le Mode de Vie Occidental

dévastation accélérée des richesses naturelles. Le problème est trop connu pour nécessiter de longs développements, sauf à rappeler, outre la pression Démographique, ce que Philippe Saint-

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Marc appelle le Peuplement Mécanique, c'est-à-dire le surpeuplement de l'espace par toutes sortes de véhicules mécaniques, stérilise de grandes surfaces sous le bitume, les ballasts ferroviaires, sans compter les friches Industrielles. Pénurie de terres par conséquent, en aggravation constante, avec le développement des voies à grande vitesse mais aussi pénurie d'eau, du fait des besoins de la Consommation Privée et des nécessités Industrielles, Agricoles et Urbaines. Par ailleurs, cette pénurie quantitative de nature qui se traduit sous nos yeux par le mitage des zones encore vierges et notamment du Littoral sous la pression Immobilière des Résidences Secondaires, et bien cette pénurie s'aggrave d’une pénurie qualitative. Celle-ci se traduit par la réduction des richesses biologiques, que le développement des organismes génétiquement modifiés, les OGM tend à accélérer.

Cela se traduit également par le saccage des richesses artistiques et historiques, à telle enseigne que l'Unesco se préoccupe désormais de sauvegarder les plus emblématiques au titre du Patrimoine de l'Humanité. Et cela se traduit également par l'encombrement de déchets plus ou moins dangereux susceptibles comme à Tchernobyl de provoquer des catastrophes majeures ou encore cela peut se traduire enfin par de multiples pollutions, comme celle des océans, du fait du dégazage des navires.

Après le Sommet de Rio en 1992, de nombreuses Conférences Internationales se sont réunies pour tenter de remédier à la fragilisation de la planète. Le refus du Président Bush au printemps 2001 d'appliquer le protocole de Kyoto pour réduire l'effet de serre, démontre bien que pour l’heure, les intérêts de la Technostructure l'emportent sur la sauvegarde de l'environnement.

B - Destruction de l'homme.Ces grandes nuisances dont on vient de citer les plus marquantes, qui sont la conséquence

de l'augmentation du niveau de vie dans les Pays Développés, et de leur enrichissement monétaire, masquent en fait un appauvrissement réel, inconnu avant l'époque récente. Il s'agit d'une paupérisation, ou d’une Néo-paupérisation, par dégradation du milieu de vie qui frappe par ordre de gravité croissante, la Société tout entière.

Les habitants des grandes agglomérations où l'on assiste partout à la montée des périls urbains, que sont les nuisances sonores, le manque de verdure, et la criminalité notamment, sont parmi les plus touchés. Cette paupérisation frappe surtout les plus pauvres, de nos Sociétés d'abondance, ce quart-monde de nos villes, victime au même niveau que celui des Pays Sous-développés de la précarité, pluridimensionnelle, consécutive des agissements Néocolonialistes, des Firmes de la Technostructure.

Dans une chronique du journal l’Express, du 17 mai 2001, Jacques Attali écrivait à ce propos je le cite, « Cela tient à une cause simple, tout se monnaie, et plus loin il disait, peu à peu s'installe ainsi une nouvelle misère héréditaire, une hyper misère, frappant des gens aux handicaps cumulés. Elle touchera bientôt 1/5ème de la population des Pays Développés, et l'auteur de noter enfin, qu’aucune Politique de Marché ne pourra éradiquer l'hyper misère ».Or, c'est précisément en partant de ce constat, qu'un certain nombres de penseurs ont imaginé des alternatives inédites à cet état de choses.

PARAGRAPHE III

LES RÉACTIONS POSSIBLES.Freud le premier, soulignait déjà l’essence répressive de toute Civilisation qui limite

obligatoirement les pulsions, et la Liberté de chacun, pour rendre acceptable la vie en groupe. Pour Freud, le seul échappatoire à la répression Sociale, ne pouvait être que dans la sublimation, c'est-à-dire dans la réorientation des pulsions sexuelles, à des fins Socialement utiles, comme l'Ambition Professionnelle ou la Création Artistique.

L'un de ces épigones, Wilhelm Reich, auteur entre autres de l'« Irruption de la morale sexuelle » est plus radical. Puisque selon lui, seule une transformation radicale de la Société peut mettre fin à la misère psychologique des Masses, autrement dit aux névroses, et par la destruction de l'appareil répressif présent dans toute Société, rendre l'individu à une vie plus libre et plus humaine et faire du bonheur une véritable valeur culturelle.

Plus tard, Herbert Marcuse, après avoir dénoncé l'absurdité des Sociétés Industrielles

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Avancées, engagées dans des courses sans fin entre production et consommation, il a fait cela dans trois ouvrages qui ont longtemps été la Bible de la Génération de 1968. A savoir, « Eros et Civilisations » parue en mai 1955, « L'homme unidimensionnel » de 1964 et « Vers la libération » de 1969, Herbert Marcuse donc en arriva même dans « Contre-révolution et Révolte » un livre de 1972, à prôner une nouvelle manière de faire la Révolution, non plus seulement dans l'Ordre Politique, mais d'une manière totale comme matrice de Nouvelles Valeurs Culturelles, d'un Nouvel Art de Vivre.

A partir du début des années 1970, toute cette maturation critique, radicale de la culture établie, ou s'illustreront encore beaucoup de Penseurs Américains comme Erich Fromm, Norman Brown, Paul Goodman, Noam Chomsky, Chef de file de la Nouvelle Gauche Américaine, ou encore Théodore Roszak, Lewis Mumford, William Braden et Charles Reich, et bien toute cette critique va se doubler d'une Critique de l'Economie.

A - La contestation de l'Economie EtablieL'idée de base est qu'il faut stopper la croissance Economique, parce qu'elle est synonyme

de désordre et de pollution, et qu'il faut par conséquent, ne plus assimiler Elévation du Niveau de Vie, et Produit National Brut. C'est en partant de ces réflexions, qu'à la fin des années 1960 aux Etats-Unis, un fort courant va prôner la Croissance Zéro, l'arrêt du Développement pour le Développement. Il était alors envisagé de remplacer la notion de PNB, Produit National Brut, par le sigle dégagé par le professeur Tinbergen le BNB, le Bonheur National Brut.

Deux organismes se sont distingués à l'origine dans cette direction. En Europe ce fut principalement le Club de Rome, Société Savante d’une centaine de Membres, qui fut créé en 1968 pour réfléchir aux problèmes de notre temps. Aux Etats-Unis, ce fut le « Massachusetts Institut of Technology » ou MIT, qui publiait en 1971 un rapport désormais célèbre, intitulé « Halte à la croissance », et cela sur commande d'ailleurs du Club de Rome, où l'apocalypse était annoncée à un Monde qui ne saurait pas se réformer.

La Crise de l'Energie de 1973 conforta un peu plus tard les contestataires de l'Economie Libérale Traditionnelle. On peut dire cependant qu'à l'heure actuelle, à l'exception de certains milieux écologistes, les analyses fortement malthusiennes du Club de Rome, sont quelque peu passées de mode en raison des risques d'aggravation du chômage, qu'elles véhiculaient. Cela dit, dans les faits, un courant contestataire de la Société Industrielle Avancée s’est fait depuis cette époque, matérialisé dans de nombreuses expériences de rupture. Rupture avec les Modes de Production, mais plus largement aussi, rupture avec un Mode de Vie récusé, considéré comme déshumanisé, robotisé, répressif et désespérément uniforme.

B - Le développement de Contre-valeur CulturelleA la différence des Mouvements Révolutionnaires du XIXe siècle, orchestrés par la masse

nombreuse des travailleurs, désireuse de s'emparer des leviers du Pouvoir, la prise de conscience dans le dernier quart du XXe siècle, qu’il était nécessaire de se soulever contre le Système Irrationnel où l'abondance accroît la dépendance au lieu de la réduire, cette prise de conscience présente la double originalité qui fait sa nouveauté, d'une part : d’émaner de minorité, d'autre part de s'attaquer par-delà les Institutions aux Modes de Vie dans leur ensemble.

Ce que Roger Gérard Schwartzenberg appelle les contre forces à la Culture établie, c’est deux Classes Bi-sociales, les jeunes et les femmes, à qui s'ajoutent les Minorités Nationales, les Communautés notamment les Communautés Ethniques, les Minorités Sexuelles, et les Micros Sociétés comme celles des psychotiques.

Autant de cercles, en quête de reconnaissance. Leur stratégie commune, telle qu'on a pu le voir en mai 1968 en France, et dans le Monde Développé par contagion, consiste toujours, suivant l'analyse de Roger Gérard Schwartzenberg qui n'a pas vieilli sur ce point depuis son expression dans le manuel de Sociologie Politique de 1991, à proposer des contre-valeurs, et à incarner celles-ci dans des contres formes Culturelles.

Le résultat de ce travail de sape, de la Société établie, c'est qu'aujourd'hui il n'y a plus UN SEUL Modèle de Vie à l'Occidentale, mais une multitude de comportements qui ont conquis leur Droit de Cité. Autrement dit, désormais en application des deux slogans soixante-huitards les plus célèbres, « Il est interdit d'interdire » et encore « Sous les pavés la plage », une contre-culture, plutôt jeune, baba cool, et piercing, côtoie dans nos Cités, les costumes trois pièces.

Elles conquièrent chaque jour davantage des franges grandissantes de la Bourgeoisie. Les Bobos ou, Bourgeois, Bohèmes, qui communient dans de nouveaux rites significatifs d'une

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nouvelle Ere, c’est pêle-mêle l'avènement d'une littérature alternative qui par exemple à la suite d'Allen Ginsberg ou William Burroughs fait éclater l'écriture officielle, quant elle ne tord pas franchement le cou à la syntaxe, lorsqu'elle se développe dans la Presse parallèle ou sur Internet. C'est la fréquentation d'un théâtre comme le « Grand Magic Circus » de Jérôme Savary, qui dynamite les règles du bon goût. Celle d'un cinéma d'avant-garde, avec les films de Godard, Marco Ferreri, et un peu plus près de nous Virginie Despentes et autres réalisateurs. Ou encore c’est l’apparition de l'Art Underground, ou se sont illustrés à partir de l'Ecole Américaine des années 1960 avec Andy Warhol, comme figure emblématique, ou Francis Bacon en Angleterre.

Toute une pléiade d'artistes qui délaissent de plus en plus les supports traditionnels, pour les remplacer par des installations, des accumulations d'objets sur un parcours initiatique ou encore par des courtes mises en scène appelées encore « happenys ».

Et l'on pourrait multiplier à l'infini dans tous les domaines, les marques de cette contre-culture qui grosso modo reflète deux tendances majeures des Sociétés Avancées. Il s'agit d'une part, de l'expression de la montée en force de l'Egocentrisme Individuel au détriment de l'Intérêt Général qui se segmente, de la mise en avant d'un Nouveau Rousseauisme en quelque sorte, qui passe par toutes les permissivités, et tout ce qui contribue à l'Epanouissement Personnel.

Le Démographe Louis Chauvel auteur aux Presses Universitaires de France du, « Destin des Générations : Structure Sociale et cohortes en France au XXe siècle » a fait une analyse fine de ce phénomène, à propos duquel on peut lire aussi dans l'Express du 24 mai 2001, l'article édifiant d’Eric Conan intitulé, « Mai 68, la génération gâtée ».

Cette contre-culture d'autre part cherche sa justification dans l'art de la contestation et de la provocation, qui voit du fascisme dans toutes limites, et dans tout dispositif répressif, surtout lorsque ce dernier dispositif défend l'Identité Nationale.

Il n'est qu'à revisiter à ce propos les Thèmes de la chanson protestataire de Boris Vian, « A Manu Chao, de la Mano Negra » du free jazz au rap et au raï par exemple.

Reste à savoir si en définitive cette contre-culture n'oblige pas désormais à repenser la République. Comme l'ont écrit dans « Le Monde » Bruno Latour, Toby Nathan, Philippe Pignard, et Isabelle Stanger, ou encore en faire le ciment de l'Europe Nouvelle, si l'on suit le raisonnement du Ministre Portugais Manuel Maria Carrillo et du Sociologue Dominique Wolton, dans un article du Monde du 30 mars 2000, intitulé « Pour un manifeste de la diversité culturelle ».

En un mot, la contre-culture ambiante débouche-t-elle sur une contre politique.

SECTION II

L'ORGANISATION POLITIQUE DE LA SOCIÉTÉ POST-INDUSTRIELLE.En vérité tout comme la Société Occidentale est protéiforme, l'univers politique actuel est

relativement instable. Que l'on en juge en quelques mots, par l'exemple Français particulièrement significatif d'un nouveau courant aussi inédit qu’aberrant de zapping électoral, qui contrairement à l'esprit de la Constitution maintien d'une part le lustre des Fonctions Présidentielles et Gouvernementales, mais d'autre part, par le Système de la Cohabitation et le basculement rapide des Majorités, attente à leur efficacité réelle.

C'est ainsi que le Président Mitterrand élu en 1980 et 1988 sur un Programme Socialiste, du composer entre 1986 et 1988 et 1993 à 1995 avec Jacques Chirac, puis Edouard Balladur deux Premiers Ministres de l'Opposition de Droite.

En 1995, chaque Chirac à son tour, triomphalement élu Président de la République avec 52,6 % des voix, contre 47,4% à son adversaire de Gauche Lionel Jospin, doit néanmoins nommer ce dernier, Chef du Gouvernement, deux ans après lorsque les Législatives de 1997, donne 319 sièges à la Gauche, contre 257 à la Droite. Plus tard à la faveur des Municipales de mars 2001, c'est la Droite qui redevient Majoritaire en attendant de nouveaux développements.

Autrement dit, la politique aujourd'hui, tend à osciller de façon synchronique et diachronique, totale ou partielle, entre la Révolution plus ou moins violente ou le Réformisme, ce que nous verrons dans un Paragraphe I, après quoi seront examinés les traits communs de l'Organisation Politique des Etats Développés, puis les différents Modèles de Régime Politique.

PARAGRAPHE I

CONTESTATION ET RÉCUPÉRATION

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DE LA POLITIQUE ALTERNATIVE.Comme par le passé, notre époque n'échappe pas bien évidemment à la volonté de

quelques-uns de changer le Pouvoir Politique. Ils s'organisent dans cet objectif en groupe d'attaque frontale. La nouveauté de la situation présente, tient cependant à ce que le Combat Révolutionnaire, autrefois élément moteur de l'engagement politique, cède la place à des manoeuvres plus subversives mais aussi plus pacifiques maintenant, par ailleurs largement récupérées également par les Pouvoirs en place.

A - La Nouvelle Politique, entre Révolte violente et Subversion pacifique.Aucune Société n'échappe à une opposition brutale. L'histoire de chaque pays est ainsi

avant tout celle de ces sursauts révolutionnaires. Cette fatalité semble toutefois disparaître de nos jours, sauf à survivre, à l'état résiduel dans les Pays Avancés quand subsiste un problème Ethnique ou pseudo Colonial, ou encore Social, pour des catégories spécifiques. Et l'on peut citer à cet égard les Terrorismes Irlandais, Basques, Corses, le mouvement des Black Panthers aux Etats-Unis entre 1966 et 1970, mais également la violence des banlieues déshéritées, ou celle des skinheads dans les stades. Autant de réactions aussi violentes, parmi d’autres quet limitées, et marginales par rapport à la Politique.

Quant à la menace des Groupuscules d'Extrême Droite ou d'Extrême Gauche, de renverser par la violence les Institutions, on peut dire qu'elle est encore largement virtuelle quand elle n'est pas réappropriée par les Partis Traditionnels. En revanche, se propage de nos jours, tout un courant qui entend changer d'abord la vie, inculquer de nouvelles valeurs à l'homme pour qu’il conquière son bonheur, autrement que par les vieilles recettes productivistes. La Subversion Pacifique consiste, par conséquent, sur la base des idées développées par exemple par Charles Reich, dans » Le Regain Américain » ou encore par Jean-François Revel dans « Ni Marx, ni Jésus », un ouvrage de 1970, à changer la conscience des hommes de manière à les rendre solidaires et fraternels d'abord. Et à partir de là, à inverser le Processus Révolutionnaire Traditionnel, à savoir partir de l'individu et du quotidien pour n’arriver à la transformation des structures politiques qu'en dernier ressort.

C’est la démarche des Hippies, qui sur les pas de Jack Kerouac, le Pape Américain du Mouvement, auteur de « Sur la route », suscite l'émergence d'une contre-société Communautaire, autarcique, anarchiste, dont l'existence même sous la forme de petites Communautés autogérées, dans le Larzac, à Ibiza, ou en Californie, c'est-à-dire il s'agissait alors de Micros Démocraties à l'échelle humaine, constitue la subversion par la pratique de nos vieilles Démocraties. Il faut lire à ce propos le Journal de Californie, que le Sociologue Edgar Morin a publié en 1970.

B - La récupération de la contestation.Rapidement la Culture Etablie a récupéré, c'est-à-dire qu'elle a pris à son compte, les

éléments de la contre-culture considérés comme inoffensifs ou assimilables. Partout en Europe Occidentale, aux Etats-Unis, où la candidature du Sénateur Mac Govern en 1972 à la Présidence de la République, a gauchi le Parti Démocrate, en France particulièrement, où le Programme de Gouvernement du PS en 1971 s'intitulait symboliquement « Changer la vie », partout disais-je, une Société Post-contestataire depuis une vingtaine d'années a fait coexister les anciennes structures avec de nouveaux modèles.

Du coup, la vie politique globalement décriée a pu reconquérir des niches de Légitimité, lorsqu'elle s'est faite plus proche des gens ou lorsqu'elle s'est réappropriée la Défense de Valeurs un temps occulté, comme l'éducation des jeunes ou la lutte contre le racisme. C'est dans ce sens que l'on peut expliquer le succès, selon les pays, des Politiques Fédéralistes. Des exemples Espagnols Italiens et plus récemment Anglais en témoignent.

C'est ainsi également que l'on peut expliquer les Politiques Décentralisatrices comme en France, depuis les Lois de 1982, 1983, ou encore dans d'autres domaines cette fois, le retentissement d'expériences politico-administratives nouvelles, comme l'Institution du Médiateur de la République, l'Observatoire National contre le Racisme et autre organismes de Défense de l'Environnement.

Autant de traits qui redessinent la sphère du Politique dans les Etapes Post-industrielles, suivant les circonstances et les problèmes locaux. En parallèle, l'Organisation Politique elle-même de ces Etats a évolué, quasi uniformément dans deux directions.

A savoir, dans le sens du Développement de l'Exécutif d'une part, et dans la Construction d'une Technostructure de Gouvernement d'autre part.

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PARAGRAPHE II

LES CARACTÈRES COMMUNS DES ORGANISATIONS POLITIQUES OCCIDENTALES

A - Le Développement de l'ExécutifCe phénomène propre à tous les Pays Développés, s'observe à plusieurs critères. Il s'agit

en premier lieu du corollaire au déclin généralisé du Pouvoir Législatif. Dans toutes les Démocraties Post-industrielles en effet, le Parlement qui a pourtant été le symbole de la Défense des Libertés, contre les prérogatives des Monarques, a dans la période récente perdu l'essentiel de ses compétences. Ce déclin peut être officiellement organisé comme dans l’exemple Français de l'article 34 de la Constitution, qui enferme son Pouvoir Législatif dans des limites étroites. Mais il peut aussi résulter de la pratique, comme dans les cas que l'on appelle le Parlementarisme Rationalisé ou plus généralement encore lorsque l'habitude s'est instaurée, que les Parlementaires discutent à 90 % sur les Projets de Loi Gouvernementaux et seulement à 10 % sur des Propositions Parlementaires.

Cela dit, la dégénérescence du Législatif, n'a pas la même ampleur partout. Avec des nuances, elle semble plus importante dans les Etats Européens ou au Japon, surtout quand les Majorités Gouvernementales sont larges, en revanche elle est moins prononcée aux Etats-Unis, où les Chambres à l'abri de la Dissolution sont traditionnellement respectées.

En deuxième lieu, la Croissance de l'Exécutif est plus que proportionnelle à l'Abaissement du Législatif. Grâce notamment à la Croissance des Services Techniques du type Organisme de Planification qui gravite dans l'orbite des Ministères.

En troisième lieu enfin, il est remarquable que l’extension avérée du domaine de l'Exécutif, n'aboutit pas forcément, loin s'en faut, à le renforcer. Il est notoire en l'occurrence, que la multiplication des Services Publics et que tout un ensemble d'offices à cheval sur le Public et le Privé, rend particulièrement difficile leur contrôle.

D'autant que certaines agences comme la CIA, où le FBI aux Etats-Unis sont suffisamment autonomes et ont assez de moyens pour tenir en respect le Pouvoir Politique de l'Etat.

Dans certains cas, l’on a même pu constater un certain Démembrement de l'Exécutif, voire un abandon de l'Autonomie des Gouvernements au moins dans deux types d'exemple.

— Lorsque les Puissances Financières s'opposent violemment au Gouvernement et dressent contre lui, ce qu'Edouard Herriot qualifiait en 1916 de Mur d'Argent, ou encore lorsque l'Armée dicte sa conduite au Pouvoir Civil dans les périodes troublées.

B - Examinons ce qu’est la Technostructure Politique.Il est pas difficile pour mesurer la portée de cette autre caractéristique des Etats

Développés, de transposer à la gestion même de l'Etat, l'analyse de Galbraith sur la Technostructure envahissant les rouages Sociaux, tant il paraît évident que depuis longtemps des Hauts Fonctionnaires ou des Experts groupés autour de l'Exécutif participent du fait même de leurs compétences au processus décisionnel.

Et c'est un ancien Président du Conseil de la IVe République Edgar Faure, que l'on doit sur ce sujet, l'analyse la plus appropriée qu'il a développé dans le numéro 22 de l'Expansion de septembre 1969, puis en 1970, dans l’âme du combat. Selon Edgar Faure, les Sociétés Industrielles Avancées se caractérisent par un certain dépérissement des problèmes Globaux et par l'irruption des problèmes Techniques, ce qui entraîne une interpénétration, voire une confusion entre les rôles des Administratifs et des Politiques.

C'est ainsi qu'il écrit dans « L'âme du combat », je le cite, « Une structure Gouvernementale, composée de technocrates politisés et d'hommes politiques dotés d'une solide formation technique, devient aisément, selon le terme que M. Galbraith applique aux grandes entreprises, une Technostructure », fin de citation.

De cette analyse Roger Gérard Schwartzenberg dans un article du Monde du 30 septembre 1972, intitulé « Le charme discret de la Démocratie », tirera les conséquences en plaçant la source du Pouvoir dans le savoir, et l'alimentation de cette source dans l'information.

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Allant plus loin avec Edgar Faure, il peut ainsi écrire après avoir identifié le lien entre Information et Technostructure, je le cite, « Le risque écrit-il, c'est alors la Monopolisation de l'Information par l’appareil Techno-bureaucratique, à tous les niveaux. Dans les cabinets, dans les Administrations Centrales, dans les Préfectures, et plus loin il écrit encore, à la limite même le Président de la République ressemblerait à un PDG symbolique, cantonné dans une Fonction d'appareils d'apparence » fin de citation.

Mais arrivons-en maintenant à la typologie des principaux Régimes Politiques qui sont générés dans ce contexte par les Sociétés Post-industrielles, telles que l’on vient de les décrire, étant bien entendu, qu'il ne faut pas trop exagérer leurs différences en raison même des traits communs à toutes ces Sociétés.

PARAGRAPHE III

LES MODÈLES DE RÉGIME POLITIQUE DANS LES SOCIÉTÉS AVANCÉES.Ce sont les formes de Régime Majoritaire, dans les Systèmes Développés, qui inventées, il

y a deux siècles, ont été plus ou moins transformées par l'évolution Techno Structurelle, au point que le principe représentatif qui est à leur origine, n'a plus la même signification qu'au départ. Ainsi en est-il du Néo Parlementarisme actuel, du Régime Présidentiel à la Française, et du Modèle Présidentiel Américain.

A - Le Néo Parlementarisme.Ce sont les Institutions qui se sont le plus transformées. Etablies, au moment où régnait à

Londres une Monarchie Parlementaire, avec un Roi sans Pouvoir, sur une Démocratie Libérale correspondant à de petites et moyennes Entreprises Individuelles ou Familiales, elles expriment après 1945 l'alliance objective entre Grandes Entreprises Collectives Privées et Publiques, Syndicats, Administrations, Services Collectifs et Partis Politiques, réunies dans ce que l'on pourrait appeler une Techno Démocratie.

Les Grands Partis disciplinés plus ou moins réduits à deux, ou enserrés dans des Coalitions Bipolaires, aboutissent à donner une grande stabilité, une grande autorité au Chef du Gouvernement qui est le Leader du Parti Majoritaire ou de la Coalition Majoritaire. En Grande-Bretagne, deux grands Partis essentiellement les Conservateurs et les Travaillistes, alternent au Pouvoir. Leur discipline très forte étant le complément indispensable à leur Dualisme.

Ailleurs, comme dans les Pays du Nord, Danemark, Suède, Norvège, le Néo Parlementarisme repose sur une Bipolarisation de Partis plus nombreux, regroupés en deux coalitions stables.

En Allemagne, cette situation surdimensionne entre la Démocratie Chrétienne la CDU CSU et les Socialistes du SPD, le rôle du petit Parti charnière des Libéraux du FDP, dont l'alliance, circonstancielle avec l'un des deux Grands Partis précités commande généralement la nature d'un Gouvernement, qui sera tantôt de Droite, tantôt de Gauche.

Dans d'autre cas de figure encore, en Inde notamment, ou du Parti du Congrès au Parti du Peuple c'est semble-t-il une Tradition Politique, mais aussi au Japon avec le Parti Libéral-Démocrate, un Parti est en position dominante.

Cela a pour conséquence de stabiliser les Gouvernements issus de lui, hormis les périodes de conflits internes au Parti Hégémonique. Quoiqu'il en soit dans tous les cas, la discipline des Partis et des Alliances, transforme le sens des votes qui ne servent plus seulement comme autrefois à désigner les Députés mais également à nommer les Chefs de Gouvernement.

Le Parlementarisme Moderne et par conséquent un Régime à Gouvernement de Législature, dans lequel le mécanisme classique des Votes de Défiance est tombé en désuétude. Et dans le même temps, le développement de puissantes instances d'une Opposition Extra Parlementaire, constitue la forme la plus visible d'un phénomène plus général, à savoir le transfert de la politique ailleurs sur de nouveaux terrains, qui peuvent s'appeler, Régionalisation, Contractualisation, Expérimentation, etc.

Autant de signes révélateurs de la fin du Monopole de l'Action Politique des Assemblées.

B - Le Régime Présidentiel à la Française.

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Il se présente quant à lui, comme un Régime intermédiaire depuis 1962, entre le Parlementarisme et le Système Américain. La Direction de l'Exécutif y est partagée entre un Premier Ministre que les Députés peuvent obliger à démissionner comme dans le Régime Parlementaire, et un Président de la République élu du Suffrage Universel qui a la Légitimité du Président Américain.

Cela donne à la France l'aspect d'une Monarchie Elective Absolue, ou tout ce qui est important relève de la compétence Présidentielle, hors les cas évidemment de majorité discordante, faisant cohabiter au Sommet de l'Etat deux Leaders Politiques d'horizon différent, ce qui provoque momentanément pour des périodes plus ou moins longues alors, une certaine léthargie du Système.

C - Le Régime Présidentiel à l'Américaine.C'est semble-t-il, le Régime le plus robuste, qui semble avoir, depuis sa fondation, été le

moins modifié par l'Evolution de la Société. Ce qui fait écrire à Maurice Duverger dans son manuel de Sociologie Politique de 1973, je cite « La Nation la plus Moderne de l'Occident au point de vue Industriel, concerne les instruments politiques les plus rétrogrades » fin de citation.

Dans ce Système où le Congrès ne peut mettre en cause le Président et son équipe, et où ce dernier en revanche, n’a aucun moyen de pression sur les Chambres quoiqu'il en soit, la vie politique est faite d'un jeu subtil d'influence qui paraît encore satisfaire le plus grand nombre. Poids et contrepoids, entre une espèce de Monarchie Elective tempérée par un Congrès sourcilleux quant à l'exercice de son Pouvoir de Contrôle, des intérêts croisés entre la Fédération et les Etats Fédérés, des Lobbys puissants, et enfin une Opinion Publique vigilante.

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LA PARTICIPATION POLITIQUE (Définition, plan du titre)

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TITRE III

LES PHÉNOMÈNES DE PARTICIPATION POLITIQUE.

Et nous pouvons sous-titrer par ces différents éléments, à savoir, engagement individuel, Parti Politique et Groupe de pressions.

Après des Etudes Théoriques et Empiriques sur les Systèmes et les Régimes Politiques, ce dernier titre aborde en effet le Thème des conditions et des manifestations, de l'engagement ou du non-engagement des individus, les gouvernés, susceptibles de leur conférer une influence plus ou moins grande sur le Fonctionnement du Système Politique qui les concerne.

En vérité la notion de participation politique, qui relève aussi bien par certains aspects de la Psychologique que de la Sociologie ou de la Sociologie Politique, est particulièrement riche et complexe ne serait-ce qu'en raison de l'amplitude de l'éventail des formes observables de participations politiques, à commencer par le clivage qui détermine d'un côté les engagements individuels et d'un autre côté les mobilisations collectives. Cela dit en ouverture de ce titre est avant même d'en détailler les différentes articulations, il est bon de rappeler les trois manières de concevoir ce qui porte, une ou plusieurs personnes, à s'intéresser à la chose publique.

A la suite de Jean-Jacques Rousseau, la Théorie Politique Classique, celle qui s'est formée sous la Révolution Française, souligne à cet égard qu'il y a pour tout Citoyen une obligation de nature morale à s'impliquer activement dans les affaires publiques.

— Une seconde approche, juridique celle-ci, décline les différents aspects que peut revêtir la participation politique en autant de Droits Civiques, voire d'obligations, attachées à cette prérogative. Cette liste, qu’établie par exemple l'article 34 de la Constitution Française de 1958, comporte notamment le Vote, l'Eligibilité ou encore la possibilité de Servir l'Etat en intégrant l'une de ses Fonctions Publiques. Mais ce qui ,dans certains pays relèvent du Libre Arbitre, c'est le cas du Droit de Vote dans notre pays, peut ailleurs se faire contrainte, comme en Belgique ou l'Abstentionnisme Electoral est passible d'une amende quand il est volontaire. Preuve s'il en est du caractère composite des engagements publics.

— Enfin une troisième approche s'est opérée par les enquêtes empiriques, qui visent à cerner les représentations que les individus se font du Bon Citoyen. Dans un ouvrage de 1983 publié à Chicago sous le titre de « Reconstitution of Patriotism, Education for Civic Consciousness » Maurice Janowitz par exemple, distingue dans toute participation politique trois dimensions majeures. Il peut s'agir selon lui de l'adhésion à un comportement moral, c'est peut-être aussi un sentiment d'allégeance Nationale, il peut s'agir enfin d'une quête de reconnaissance et de valorisation par l'implication dans l'arène politique.

— LE CHAPITRE I, fort de ces précisions, abordera la question de la participation individuelle au jeu politique, par d'abord l'examen des prédispositions aptes à la susciter, ensuite par l'étude des différentes formes de participation, selon qu'elles sont comme le vote notamment, intégrées ou au contraire l'opposition irréductible avec les règles du combat politique légalement ou légitimement admises.

— LE CHAPITRE II traitera du Domaine Partisan, à travers l'Histoire, les Structures, les Typologies, les Fonctions des Partis et leur Positionnement suivant les Régimes Politiques. Avec cet acteur de la vie politique, l'engagement politique change de nature, d'individuel il devient collectif. Les Partis sont en effet des Organisations, des Entreprises, diront Max Weber ou Joseph Schumpeter, relativement stables qui mobilisant des soutiens en vue de participer directement à l'exercice du Pouvoir revêtent un double aspect. D'une part ce sont des démultiplicateurs d'engagement personnel, dans le sens où ce sont des réseaux d'individus Dirigeants, Militants ou simples Adhérents que relient des rapports d'interaction, mais d'autre part au niveau symbolique du langage, les Partis existent aussi en qualité de Réalité Sociale concrète, repérables par leur

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unité et leur cohérence.

— LE CHAPITRE III. Il sera traité de l'Action Collective des groupes d'intérêts. La recherche de biens, au sens le plus large du terme, constitue sans aucun doute, le fil directeur qui permet de comprendre pourquoi des individus s'unissent ou s'organisent, en vue de l'Action. Ce faisant la recherche de biens matériels ou symboliques, suscite des résistances ou provoque des convoitises rivales, de sorte que la notion de conflit apparaît toujours au coeur de la dynamique Sociale. En conflit entre eux, ou avec les Institutions, faibles ou puissants, peu structurés fortement intégrés, il sera analysé comment les groupes de pressions constituent des acteurs à part entière du Système Politique, dont il contribue à façonner les règles effectives de fonctionnement.

CHAPITRE I

LA PARTICIPATION POLITIQUE INDIVIDUELLE.Aucune analyse des Systèmes Sociaux ne peut être qualifiée d'exhaustive, si elle néglige

l'individu, élément fondamental des Systèmes et qui continue à les perpétuer. Il en va de même pour le comportement Politique, reflet du comportement Social, et qui varie avec la Personnalité de chacun. En effet, tous les hommes ne se sentent pas concernés par la politique au même degré. Certains sont profondément engagés dans le combat politique, alors que pour d'autres, il n'y a là, qu’un motif d'indifférence, voire de sarcasmes.

Autrement dit, si tous les individus sont des citoyens, les hommes politiques constituent des exceptions. Pour tenter de comprendre précisément ce passage de l'Homo Civicus à l’Homo Politicus, il faut commencer par se demander comment l'on peut faire sienne toute une culture politique. C'est-à-dire comment, et par quels moyens connaître les conventions qui régissent la vie en Société, acquérir un vocabulaire en partie spécifique qui peut passionner ou rebuter, assimiler enfin des normes et se montrer à l'occasion capable de passer de préoccupations personnelles concrètes à des enjeux locaux et à des programmes et à des débats Nationaux. En un mot, il s'agit en premier lieu, d'aborder les déterminants et l'apprentissage de La Politique.

En une seconde SECTION consacrée à l'expression de la Participation Individuelle à l'univers politique, l'analyse s'attachera particulièrement au Vote, car depuis que la Souveraineté Nationale a remplacé la Souveraineté Divine et Monarchique, les consultations électorales constituent aujourd'hui, même dans des pays où la Liberté de choix des candidats demeure exclue, le moyen d'expression privilégiée de la majorité des citoyens.

Cependant d'autres modalités existent, certaines relevant simplement d'une attention minimale à la chose publique, comme par exemple la lecture de la Presse, d'autres exprimant une volonté plus ou moins intense de peser sur les décisions publiques, voire de contester les règles du jeu institutionnel normal, en tentant d'y substituer d'autres normes.

SECTION ILA SOCIALISATION POLITIQUE.La Socialisation est un Processus d'Inculcation, c'est-à-dire un mécanisme Social à l'issue

duquel les contraintes que des hommes exercent sur d'autres hommes se transforment par intériorisation en auto contrainte. L'arrivée de chaque génération représente en effet comme une invasion de barbares, or, si les Sociétés perdurent, si elles évitent d'être trop rapidement mortelles, c'est qu'elles inculquent à ces barbares ce que le Sociologue Pierre Bourdieu appelle un Code Commun.

Dans son ouvrage, « La reproduction », paru aux Editions de Minuit en 1970, qu'il a coécrit avec Jean-Claude Passeron, Pierre Bourdieu met ainsi en évidence la Force de la Contrainte Sociale, qui s'exerce à différents niveaux de la vie de chaque être humain, pour intégrer l'Individu en lui transmettant le langage et les valeurs établies propres à son environnement Sociétal.

Il s'agit là d'un processus permanent et polymorphe, à propos duquel Norbert Elias, dans « La dynamique de l'Occident » qu'il fit paraître en 1939, a pu dire je cite « Ces autos contraintes, fonction des regards rétrospectifs et prospectifs auxquels on habitue dès l'enfance l'individu,

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inséré dans un ensemble d'enchaînements d'action, en constante extension, se présente sous la forme d'habitude soumise à une sorte d'automatisme », fin de citation.

Elément de la Socialisation, la Socialisation Politique est quant à elle un aspect de ce Processus Général et Continu, d'inculcation des normes, de comportement de valeurs de référence, de savoir perçu enfin comme utile ou valorisant. Autrement dit, c'est un mécanisme qui répond dans le fond à deux exigences.

— Si l'on se place du point de vue des Gouvernants, ceux-ci ont besoin que soient imposées des croyances qui justifient leur Pouvoir et renforcent la cohésion de la Nation qu'ils dirigent, car un Pouvoir qui ne recueille pas l'assentiment de la Population et bien que monopolisant par sa nature même les moyens de coercition, ne peut se maintenir durablement

— Deuxième exigence du côté des Gouvernés cette fois, l'intériorisation des croyances fondatrices de l'Ordre Social et Politique, répond également à une exigence, celle qui facilite psychologiquement l'acceptation des contraintes et qui fait de l'obéissance aux Normes Communes, une vertu cardinale de la vie en Société. Sur ces bases, examinons donc dès à présent, et tour à tour, dans quelle Condition Historique s’est développée l'Apprentissage de la Politique, comment il a été possible d'en donner une explication Théorique, après quoi nous nous arrêterons sur les principaux aspects de la Socialisation Politique, et enfin sur les Vecteurs de l'Inculcation.

PARAGRAPHE I

L'APPRENTISSAGE HISTORIQUE.La Politisation c'est d'abord un Processus Collectif avant d'être une simple affaire

individuelle, car c'est tout le groupe qui doit être au sens propre Politisé, à la suite d'une longue initiation historique. Ce dont on parle ici ce n'est rien d'autre en définitive que de la gestation du sentiment National, à l'origine duquel on peut discerner l'influence progressive de la pratique du Vote et l'action de personnalité charismatique.

A - Les effets de la propagation du Droit de Suffrage.De nombreux Politistes avancent que l’apparition du Suffrage Universel est à l’origine de

l’Unification Nationale du Marché Politique. Maurice Agulhon, par exemple, auteur en 1970 de, « La République au village. La population du Var de la Révolution à la Seconde République  », estime ainsi que le Vote, le Droit de Vote, synonyme de nécessité de débattre des affaires publiques, à familiariser les Campagnes avec un rituel nouveau, qui introduit une dimension politique, notamment dans les fêtes rituelles, patronales, familiales ou religieuses.

Pour Michel Vovel ou Charles Tilly, c'est la diffusion des journaux, concomitante du Développement des Elections, qui a politisé les Campagnes Françaises. Il est vrai que de 1789 à 1800 alors que 1350 journaux faisaient l'opinion, la Participation Electorale s'équilibrait alors entre Urbains et Ruraux. Mais c'est sans doute chez Yves Deloye, qui a écrit en 1997, « Sociologie Historique du Politique », que l'on peut découvrir le mieux page 94, comment les Elections ont pu faire progresser la Démocratie. En effet il démontre que l'extension du Droit de Suffrage, qui de Sensitaire devient Universel à partir de 1848, élève le niveau de la Concurrence Electorale. La conséquence en est du côté de la scène électorale avec la spécialisation de l'activité électorale, l'émergence de Grands Partis, ce qui entraîne une certaine professionnalisation du métier politique, et du côté des électeurs une individualisation du comportement, aboutissant à davantage de Socialisation.

Chacun assimilant peu à peu son destin à celui de la Nation, grâce notamment au secret électoral, aspire de la sorte par ce biais, à la dignité civique et ainsi peut privilégier désormais la confrontation des idées, à la violence Politique. Cela dit la construction de la Démocratie qui recoupe largement, au moins en Occident, le Processus de Socialisation Politique, c'est aussi à mettre au crédit du Personnel Politique lui-même.

B - Les Agents de l'Acculturation Politique.Dans son livre de 1989, « Mobilisation électorale et invention du citoyen. L'exemple du milieu Urbain Français à la fin du XIXe siècle » Michel Offerlé, a notamment montré comment à partir de 1848 et la naissance du Suffrage Universel, les Notables jusque-là seuls sur le Marché Politique

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se font désormais concurrencer par des professionnels du Courtage Politique surtout sur leur Gauche, qui mobilisent les électeurs sous d'autres promesses que les faveurs ou les menaces potentielles du passé, qui tentent d'échanger des biens politiques, comme l'écrit l'auteur en page 152, contre des soutiens actifs ou passifs. Courtiers qui enfin intéressant un plus grand nombre aux enjeux entre entreprises rivales et intérêts des électeurs, travaillent à créer l'accoutumance au vote, selon l'heureuse expression de la page 153 de l'ouvrage. Ajoutons par ailleurs, qu'en dehors du sérail politique, d'autres Agents ont contribué à l'ouverture de la Société, et notamment Rurale sur les intérêts Communautaires. Il s'agit, bien entendu, des Instituteurs, ces hussards noirs de la République, propagateurs de l'alphabétisation et de l'instruction civique.

PARAGRAPHE II

LES ANALYSES DE L'ACCULTURATION POLITIQUE.

Deux perspectives peuvent contribuer à la compréhension de la Socialisation Politique.

A- L'approche de l'Ecole Américaine.A partir d'enquêtes menées dans les années 1950, 1960, les Sociologues Américains de

l’Université du Michigan, autour de Herbert Hyman notamment, ont commencé à considérer que la réflexion politique débutait pour chaque enfant, d'abord au sein de la famille, ou se transmet fortement une préférence partisane généralement pour ou contre la figure tutélaire du Président de la République. Dans « Children in the Political System » paru en 1969, David Easton et Jack Dennis, vont systématiser cette Politisation Infantile, en mettant en relief, quatre phases de l'apprentissage.

1 — D'abord une phase de Sensibilisation à l'univers politique. 2 — Ensuite une phase de Personnalisation, quand l'enfant établi de lien entre cet univers et des personnalités marquantes, 3 — vient ensuite la période d’Idéalisation de ses figures d'autorité perçues comme bienveillantes ou malveillantes, 4 — et enfin la phase d'Institutionnalisation quand la raison l'emporte sur l'émotion.

Plus près de nous, ainsi que l'ont montré les travaux d'Annick Percheron, des analyses plus complètes et plus larges ont cependant montré que la structuration de l'Homme en devenir, en matière politique, par référence à l'image du Chef de l'Etat, était beaucoup plus complexe, d'où une autre approche.

B - La Politisation de l'Individu par l'Origine SocialeC’est du côté de Pierre Bourdieu qu’a été cherché un approfondissement aux approches

précédentes. Sa Thèse, développée en 1979, dans « La distinction, critique sociale du jugement » aux Editions de Minuit, est que l'apprentissage politique est lié au Milieu Social dans lequel se développe l'enfant. La conséquence en est des appétences très différentes, selon la Classe d’origine pour la Politique. D'un côté, l'on enregistrerait une généralisation de l’incompétence statutaire des catégories à faible Capital Culturel et Social, à l'autre bout de l'échelle en revanche, les enfants Socialisés dans les milieux à fort Capital Culturel et Social, seraient une fois devenue adulte et citoyen, susceptibles de participer beaucoup mieux que les premiers à la vie politique, tout en étant politiquement compétents et capables de décoder les discours politiques.

Depuis cette étude, différents sondages ont corroboré la relation entre origine Sociale et intérêts politique, accent étant mis par ailleurs, sur le fait que, l'instruction renforce encore cette corrélation. Ainsi un adolescent d'un niveau Social élevé et doté d'un Diplôme Supérieur a toutes les chances pour devenir une référence en Politique.

Les autres, le plus grand nombre, ne faisant que reprendre sa pensée, quitte à se laisser encore un peu plus dominé. Cela dit, l'achèvement du degré de Socialisation et l'intérêt pour la chose publique, ne constitue pas un engrenage inéluctable. L'individu lui-même, de par sa psychologie propre, ses centres d'intérêt, peut vouloir s'intégrer au groupe et vouloir reproduire le même parcours que ses parents dans leur rapport à la chose publique.

Soit au contraire, il peut rejeter les contraintes du Système, contraintes familiales ou contraintes éducatives, échapper à la Pesanteur Générationnelle et développer ses propres

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opinions et comportements. Arrêtons-nous donc à la suite de cette réflexion, sur les principaux aspects de la Socialisation Politique.

PARAGRAPHE III

DEUX ÉLÉMENTS DE LA SOCIALISATION POLITIQUE.Il s'agit principalement de l'acquisition d'une Culture Politique, processus qui concerne tous

les âges, mais particulièrement l'enfant qui construisant sa personnalité prend en charge la dimension politique de son Identité Sociale, il s'agit aussi plus spécifiquement de la mise en confrontation de l'individu, avec le mythe où l'idéologie, quand il est amené à formaliser sa conception de l'engagement Partisan ou son idée de la Nation.

A - La mesure de l'intérêt des jeunes pour la PolitiqueTrès tôt, vers l'âge de sept ans environ, l'enfant sépare le Monde Politique de son

environnement personnel. Cela s'opère par un double mouvement de sympathie et d'antipathie vis-à-vis des héros, des symboles fondateurs puis des acteurs et des institutions de chaque pays de référence.

Il n'y a pas en effet de Modèle Universel de Socialisation comme tendait à le penser David Easton et Jack Dennis. Annick Percheron, notamment déjà cité, à pu ainsi démontrer dans un article de la Revue Française de Sciences Politiques de 1971 intitulé « La conception de l'autorité chez les enfants », que celle-ci serait perçue comme je cite, « Une autorité forte mais lointaine et abstraite, à l'égard de laquelle il marque une certaine distanciation et un certain détachement affectif ». Or rappelons que dans le Modèle Américain en revanche, le Président de la République a le rôle principal de Catalyseur Affectif, ce qui différencie par conséquent la Culture Américaine de la Culture Européenne et particulièrement Française.

Cela dit à partir du premier âge, l'évolution de chacun se fera entre apolitisme et engagement politique plus ou moins conséquent. La signification de ces deux attitudes opposées a été synthétisée et par Jean-Marie Lebenray et Charles Vallée dans un cours déjà ancien de Sociologie Politique de 1973, dans lequel les auteurs relèvent les différents arguments qui poussent alors dans un sens ou dans l'autre. Ainsi selon eux, si l'on se tient hors du champ du politique, c'est parce que, au choix ou cumulativement on estime :

1) que la politique offre moins d’avantages que d'autres activités, 2) que les perspectives offertes sont illusoires, 3) que son influence personnelle sur les événements serait nulle,4) que l'on se satisfait de la situation politique même sans sa participation personnelle5) que l'on ne s'estime pas assez compétent,6) que faire de la politique est trop dangereux.

En revanche, l'Engagement Politique répondrait à plusieurs mobiles, ce serait par exemple le souci de l'intérêt général ou celui de l'intérêt personnel, ce peut être aussi suivant l'analyse d’Harold Lasswell dans son livre de 1948 «Power and Personnality », une démarche actionnée par l’instinct du Pouvoir, lequel serait une compensation des frustrations subies dans son premier âge.

Quoi qu'il en soit, l'examen de ces différentes causes, ouvre sur deux sortes de réflexions.— D'abord on peut remarquer en effet que certains individus recherchent moins le Pouvoir pour le Pouvoir, que le Pouvoir pour d'autres Pouvoirs, d'autre buts Extra Politiques. — Ensuite que la motivation pour le Pouvoir comporte chez tous les sujets un dosage subtil, entre tendance inconsciente et tendance consciente, sans que la plupart des individus soient en mesure d'en modifier le dosage.

B - Arrivons-en à l'étude de l'Intégration Partisane et de l'Identité NationaleLes généralités sur l'Acculturation Politique qui ont été dégagées précédemment peuvent

trouver une illustration concrète dans la plus ou moins forte adhésion de chaque enfant, puis de chaque homme, à un Programme Partisan, voire à un degré supérieur, à l'idée de Nation. En ce

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qui concerne le développement des préférences partisanes et idéologiques, Annick percheron dans une contribution au Traité de Sciences Politiques de Madeleine Gravitz et Jean Leca de 1985, a pu proposer quatre schémas.

— Premier schéma, l'engagement peut résulter d'une identification déclarée avec un Parti, surtout lorsque les clivages partisans sont nettement tranchés. — Deuxième schéma, il peut y avoir identification partisane en liaison avec des traditions familiales ou ethniques, mais sans aller jusqu'à adhérer un programme.— Autre cas de figure, un niveau de moindre enrôlement, la promixité avec une famille politique peut être ponctuelle seulement sur telle ou telle idée, ou telle ou telle cause.— Enfin dernier cas, l'imprégnation des valeurs et idéologies peut être largement inconsciente et donc très superficielle.

Philippe Guillot qui rend compte des travaux d'Annick Percheron dans une « Introduction à la Sociologie Politique », publié chez Armand Colint en 1998, remarque justement qu'il y a, à cet égard, une similitude certaine entre la formation des préférences idéologiques et l'acculturation religieuse, encore qu'à son avis, cette dernière est en France, tout au moins, plus précoce et plus profonde que la première.

En ce qui concerne le sentiment National cette fois, son acquisition correspond à un besoin de sécurisation qui s'articule au cours de l'adolescence en deux noyaux distincts. Il s'agit d'une part d'identifications spontanées issues du vécu quotidien, lesquelles finissent par prendre un caractère familier évident, il s'agit ensuite de l'adoption d'un petit nombre de symboles abstraits comme l'Hymne National, le Drapeau, la Monnaie etc., qui peu à peu forgent la conscience et suscitent une adhésion plus ou moins forte. Mais il est maintenant temps de voir par quels canaux, s'opère la Socialisation Politique

PARAGRAPHE IV

LA SOCIALISATION POLITIQUE EN PRATIQUE.La Culture et la Culture Politique en particulier se transmet essentiellement par le langage

qui est le principal instrument de son développement et de sa conservation. Il ne faut cependant pas confondre le Système du Langage et le Système Culturel. Le premier est seulement un élément du second, au même titre que l'Ecriture, l'Architecture ou la Musique par exemple, ou encore l'Art Culinaire, le Système Culturel étant encore beaucoup plus large et plus complexe. En matière d'Acculturation Politique, ce qui nous occupe ici, Philippe Braud dans son manuel de Sociologie Politique de 1998, pages 126 et suivantes, distingue trois niveaux de Socialisation.

— Le premier est le niveau constitué par le discours des agents qui détiennent l'autorité, les parents, l'école, les médias, nous allons y revenir.— Le deuxième niveau est fait des Codes effectifs de comportement, c'est-à-dire des situations vécues ou perçues au moment de l'Enseignement et qui peuvent soit, être en adéquation avec lui, soit être en décalage plus ou moins prononcé. Ainsi un homme altruiste fera-t-il mieux adhérer, aux valeurs de partage de la Gauche, que par exemple un usurier.— Le troisième niveau, c'est celui des conditions de transmission de l'Education Politique. Les lieux, le ton avec lequel elle est donnée, ont aussi une part dans la plus ou moins grande réceptivité aux messages qui sont enseignés et diffusés.

A - Examinons la Transmission par les parents de leurs préférences Politiques et le rôle de l'Ecole.Il s'agit dans l'un et l'autre cas, d'une Socialisation spécifique aux enfants et aux

adolescents, dont le succès ou le rejet dépend des conditions précédemment exposées. Ainsi la formation des croyances idéologiques et partisanes des enfants, sera-t-elle d'autant plus forte, que les parents sont d'accord entre eux et avec leur environnement.

En ce qui concerne l'école, dont le rôle est concomitant de celui des ascendants, son influence est triple. Celle-ci dépend en effet en premier lieu du contenu de l'Enseignement, lequel différera immanquablement par exemple, suivant le type d'Etablissement Public ou Privé, en second lieu, l'influence scolaire peut dépendre de l'initiation à certaines formes pratiques de participation sociale, comme les élections des délégués de classe par exemple.

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En dernier lieu, l'école faciliterait l'apprentissage des Relations de Pouvoir, relations horizontales entre élèves, relations verticales entre adultes et enfants. Cela dit, il faut replacer l'éducation dans le contexte Social, et ne pas oublier que le Système Scolaire, reproduit ou renforce les logiques de Discrimination de la Socialisation, y compris celles qui concernent le champ politique.

B - Le Rôle des Médias.Ce rôle inter-générationnel d'intégration Sociale mériterait de plus amples développements,

et l'on ne peut que conseiller à ce propos, la lecture du livre de Jean-Louis Missika et Dominique Wolton, intitulé « La folle du logis , la télévision dans les Sociétés Démocratiques », livre qui a été édité chez Gallimard en 1983. Disons simplement que l'influence médiatique, c’est un truisme, à plus d'impact sur des individus psychologiquement fragiles que sur ceux qui ont une personnalité affirmée.

Deux remarques par ailleurs.D'une part, les Médias construisent des représentations communes de la politique, ne serait-ce que parce qu'ils choisissent de traiter ou de ne pas traiter, ils nous disent en effet à quoi il faut penser quand ils ne nous orientent pas plus ou moins insidieusement, sur ce qu'il faut penser. D'autre part désacralisant la Représentation Politique, les médias et notamment la télévision modifient corrélativement le débat politique au profit des apparences et au détriment des idées. Lorsque la couleur de la cravate est plus déterminante dans les choix électoraux, que le contenu du message, il est évident que l'engagement politique de ceux qui sont sensibles, plus que de raison à la mise en scène télévisuelle est sujet à caution.

SECTION II

L'EXPRESSION DE LA PARTICIPATION INDIVIDUELLE À LA POLITIQUE.Dans tous les Etats, même les Dictatures, l'analyse de Sciences Politiques reconnaît dans

le vote, une Modalité essentielle de Participation. Bien loin d'être un simple choix d'hommes ou d'équipes, le vote s'inscrit dans un processus complexe de Légitimation des Instances du Gouvernement, mais en même temps, et c’est en cela qu'il a une place privilégiée dans les mécanismes impliquant les individus dans la politique. Il intéresse non seulement les citoyens politisés, attentifs et informés, mais aussi il concerne la grande masse des électeurs, c'est-à-dire des gens peu concernés en temps normal par la politique, voire largement indifférent. Après l'étude de l'activité électorale, un deuxième paragraphe sera par la suite consacré aux autres formes de participation aux jeux politiques.

PARAGRAPHE I

LE VOTE. Le Suffrage Universel réactive donc chez les Gouvernés, le sens de leur appartenance au

groupe, grâce à l'exercice collectif d'une prérogative partagée. En ce sens même dans les Gouvernements Autoritaires en mal de reconnaissance, il n'est jamais une simple mascarade mais toujours une manifestation de cohésion Nationale.

Cela dit, cet exercice de la prérogative participante des individus qui deviennent citoyens à cette occasion, à ses règles, et c'est ce que nous allons voir dans un premier temps, en nous inspirant de la démarche de Philippe Braud dans son manuel de 1998, après quoi seront abordées différentes analyses sur la signification du Suffrage.

A - L'encadrement Juridique et Politique du comportement Electoral.Aussi bien l’électeur que l'éligible ne peuvent décider de s'inscrire dans le Processus

Electoral, qu'après avoir pris connaissance des Lois, établissant le Mode de Suffrage retenu et les enjeux politiques.

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— Premier paramètre donc, le Mode de Suffrage.Il peut être de type majoritaire ou de type proportionnel avec des variantes. Le professeur Duverger a pu montrer dans sa Thèse de 1951, à cet égard, que l'option retenue influait sur le nombre des Partis en compétition et donc, sur la participation ou la non-participation au scrutin, suivant que le citoyen lambda se reconnaît dans une formation qui défend ses idées ou non.

— Deuxième paramètre, la Clarté des Enjeux.Il s'agit là, d'un effet tendanciel du Mode de Scrutin retenu, étroitement lié aux circonstances électorales. En clair, le Scrutin Majoritaire Uninominal à un tour, comme en Angleterre, largement associé au Bipartisme selon Maurice Duverger, devrait provoquer les plus fortes participations électorales, parce qu'il est le plus lisible. L'on vote Pour ou Contre.

Alors que la représentation proportionnelle, engendrant le Multipartisme, brouille les Thèmes des Campagnes Electorales et risque de désorienter l’électeur profane qui peut être encouragé par là, à un certain abstentionnisme.

En fait les choses sont moins simples, et il a pu arriver que la saillance d'une question majeure à l'occasion d'une consultation électorale transforme en une sorte d'affrontement Bipolaire, des élections générales à la proportionnelle. Ce fut notamment le cas lors de la question de la paix en Algérie, enjeu des élections du 2 janvier 1956.

— Troisième paramètre, la Liberté de choix de l'électeur.Là encore, il s'agit d'une variable en relation avec le Mode de Scrutin. Ainsi dans un Système à un seul tour, l'électeur vote utile d'emblée. Lorsqu'il y a deux tours, son choix est un peu plus large, puisqu'il peut effectuer un premier Vote de Préférence, ou d'Inclination, avant que ne réapparaisse la logique du Vote Utile au deuxième tour.

— Quatrième paramètre, l'Equité de la Représentation.Cela signifie que le citoyen est d'autant plus enclin à voter, qu'il a le sentiment que le Système Electoral est tout compte fait Légitime, même s'il se rend pertinemment compte qu'il est source de distorsions plus ou moins graves entre le nombre de voix, et celui des sièges. Ainsi peut-on comprendre par exemple l'adhésion des Américains au Mécanisme Electoral pour la Présidentielle, alors même que l'élu comme en 2000 est minoritaire en voie.

— Cinquième paramètre, c'est le sentiment que l'Acte de Vote est efficace.La question ne se pose pas avec les Scrutins Majoritaires, en revanche la Proportionnelle ne permet de dégager qu'exceptionnellement des Majorités de Gouvernement. Aussi les élections de ce type sont-elles généralement suivies d'Alliance Parlementaire, dont le caractère contre nature peut occasionner pour le futur, une désaffectation à l'égard du Suffrage Universel.

— Enfin dernier paramètre, l'on vote d'autant plus volontiers que l'on connaît et que l'on se reconnaît dans les candidats.

C'est pourquoi le taux d'abstention est moins fort aux Municipales et à la Présidentielle que pour les Elections Régionales par exemple. Cela posé, d'autres éléments de nature politique cette fois, interviennent qui conditionnent également l'intensité de l'engagement électoral. Il s'agit de l'Identification des Projets, des Programmes et des Candidats, sur un axe Droite, Gauche, identification qui est le produit de l'histoire, qui n'est pas très précise, mais qui établit les repères par rapport auxquels les électeurs et les candidats sont amenés à se situer lors de chaque consultation électorale. Comme l’écrit Philippe Braud dans son manuel, page 305, je cite «  Alors que les implications pratiques des positionnements sur l'échelle demeurent floues, le Système de connotation émotionnelle reste suffisamment riche pour mobiliser la capacité des individus à se situer », fin de citation.

B - L'analyse Socio-Politique du comportement Electoral.Après avoir vu les incitations à voter, l'analyse savante tente de répondre à présent de

répondre du Déterminisme des Votes, autrement dit, quelles sont les corrélations possibles entre le comportement électoral et les caractéristiques sociologiques des électeurs or sur ce point il existe deux types d'approches, chacune ayant ses qualités explicatives et ses faiblesses.

Le premier ouvrage de référence est celui d'Anthony Downs, intitulé « Economic Theory and Democracy », paru à New York en 1957. Dans la Thèse qui est développéet apparaît le

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concept d'Electeur Rationnel ou encore d’Electeur Stratège. Ce qui signifie que chaque individu qui met son bulletin dans l'urne, le fait par intérêt personnel pour obtenir du futur élu, un gain matériel ou moral. En d'autres termes, chaque électeur chercherait à optimiser sa situation dans chaque contexte électoral, aux Partis donc à adapter leurs offres aux demandes et aux attentes.

L'intérêt de ce Modèle Explicatif est de rendre compte de deux phénomènes, à savoir, l'existence des indécis des débuts de Campagne, et celle de la volativité électorale.

Sa faiblesse est de tout ramener à un ratio, coût-avantage en minimisant la part affective et irrationnelle qui sommeille chez tout électeur.

Aussi un deuxième type d'approche, que l'on pourrait qu'elle fit de Déterminisme, est susceptible d'enrichir cette première analyse. Il s'agit en l'espèce de mesurer empiriquement l'impact de variables Sociogéographique, Sociodémographique Socioéconomique, ou encore Socioculturel sur les orientations électorales.

Après que le précurseur de ces travaux André Siegfried, dans son Tableau Politique de la France de l'Ouest ait démontré, en 1913, que dans les zones granitiques ou l'eau est abondante et donc l'habitat dispersé, le poids du passé faisait que l'on votait à droite. Alors que les sols calcaires, c'est-à-dire les zones d'habitat regroupé en raison de la rareté de l'eau, favorisaient la confrontation des idées et les votes à gauche, cela dans la France de l'Ouest des années 1910, 1913 rappelons le.

Certes ses conclusions méritent à être nuancées, il n'en reste pas moins qu'elles sont prolongées de nos jours dans les travaux d'Yves Lacoste, par exemple, et que d'autres séries d'études ont pu révéler à partir d'enquêtes sur le terrain, que la couleur des votes était déterminée aussi par le sexe, par l'âge, la fortune ou la religion. Certes les corrélations entre toutes ces variables ne sont pas toujours très évidentes, mais il est aujourd'hui à peu près démontré que par exemple, l'engagement à Droite est Majoritaire dans les Campagnes, chez les Femmes, les personnes âgées et les gens aux revenus confortables. Et on pourrait faire la même remarque dans l'autre sens, pour l'engagement à Gauche avec d'autres paramètres.

Abordons à présent d'autres aspects de la Participation Politique Individuelle, laquelle ne se réduit pas qu’à l'activité électorale.

PARAGRAPHE II

LES AUTRES FORMES DE PARTICIPATION.Elles sont de deux ordres.Selon que l'intérêt pour la politique se traduit dans des formes conventionnelles,

engagement civique ou manifestation permise ou tolérée, ou selon que cet engagement prend l'aspect de la violence politique.

A- Les Formes Conventionnelles de Participation à la Politique.Là encore une distinction s'impose, selon que la participation à la politique s'inscrit dans

des pratiques civiques ou non. S'agissant de l'Engagement Citoyen, Dominique Memmi dans sa contribution au « Traité de Sciences Politiques » de Madeleine Gravitz et Jean-Leca, traité de 1985, a pu en pages 328 et suivantes, du Tome II, énumérer les comportements suivants à savoir par ordre d'implication croissante, je cite « L'inscription sur les listes électorales, la recherche de l'information politique notamment par la lecture de la presse ou l'écoute de la radio, la discussion avec l'entourage, l'adhésion à une organisation traitant un problème collectif, syndicats, associations ou groupes d'intérêts, l'adhésion à un parti, l'activisme enfin au sein d'une organisation associative, syndicale ou partisane ».

L'intérêt de cette classification sur des pratiques qui peuvent être très contrastées selon les Cultures Politiques, très différentes, surtout entre les traditions Anglo-Saxonnes et Latines, c'est qu'elle conduit à se poser trois questions, qui toutes débouchent sur un même type d'explication.

— En effet, aux questions, pourquoi une Minorité de la Population refuse t’elle toute Participation Electorale, à commencer par l'inscription sur les Listes Electorales.

— Pourquoi lors du Vote, si peu de monde s'intéresse à la Politique.— Pourquoi enfin, dans un contexte général d'apathie, quelques-uns s'engagent dans la politique.

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A toutes ces questions, les enquêtes ont apporté la même réponse univoque, à savoir que la profondeur de l'engagement dépendait toujours de la Qualité de l'Insertion Sociale.

Ainsi sur la base des travaux d'Alain Lancelot, sur l'Abstentionnisme Electoral, est-il remarquable de constater, que ce sont généralement les électeurs très jeunes, les femmes au foyer ou les divorcés, les habitants des régions isolées ou des banlieues délaissées, ou encore les citoyens d'origine immigrée récente, qui s'inscrivent peu, sur les Listes Electorales et qui votent moins que la moyenne Nationale.

En revanche, dans un contexte de Forte Affirmation Individualiste, depuis une vingtaine d'années, où les anciennes pratiques sont peu à peu laminées, il semble qu’émerge de nouvelles formes de Participation à la chose publique, bien différente de celle de la liste de Dominique Memmi, parce qu’elle se situe à la marge de la sphère Politique. C'est ainsi qu'Anne Muxel, dans son ouvrage « Les jeunes et la Politique » ouvrage qui est paru en 1996, a pu remarquer que cette Classe d'âge notamment a pu développer une nouvelle manière de peser sur les choix de Société, sans obligatoirement revendiquer les étiquettes politiques traditionnelles.

Reste qu'il y a une autre façon de faire de la politique encore, que prisent tout particulièrement les catégories dont on vient de parler mais pas seulement elles, c'est la Participation à des Manifestations. Les rassemblements sur la voie publique, spontanés ou organisés, tolérés ou interdits, se déroulent toujours à la marge des canaux Institutionnels.

Dans un ouvrage qui s'appelle « La manifestation » précisément, ouvrage édité en 1990, Pierre Favre, distingue trois types de manifestations.

— Il y a celles qui imposent sur la scène politique un enjeu, jusque-là occulté par les Pouvoirs publics, c'est l'exemple des Défilés Féministes en faveur de la Contraception.

— Il y a celles qui sont routinières, dont le but, comme les Défilés Syndicaux du 1er Mai, de rappeler les revendications non satisfaites.

— Et enfin il y a les Manifestations Insurrectionnelles comme celles du 6 février 1934, ou du 30 mai 1968 en France, qui ne sont plus spécifiques à certains Groupes Sociaux seulement, mais qui concernent le maintien ou la chute des Pouvoirs Publics dans leur ensemble.

Avec ce dernier cas, l’on déborde de l'expression d'Attente Collective représentée sous la forme de Participation Politique reconnue et l'on considère l'Engagement Politique sous l'angle de la Violence Politique. Arrivons-en précisément à cette étude.

B - Etude de la Violence PolitiqueIl s'agit par la rébellion, les attentats, la lutte armée, d'un moyen d'accéder à l'existence

politique en s'imposant comme interlocuteur, aux différents acteurs du jeu Institutionnel. Et Philippe Braud qui donne comme exemple, la lutte armée contre l'Apartheid en Afrique du Sud, ou les combats de l’ETA Basque ou de l'IRA Irlandaise, remarque justement à ce propos que je cite Philippe Braud, « La violence revêt souvent le visage d'une protestation justifiée ou non, contre l'exclusion ou la marginalisation sur la scène Institutionnelle », fin de citation.

Cela dit, s'il n'est pas facile de définir la Violence Politique, sauf à dire qu'elle résulte du Potentiel de Violence Sociale qui l'alimente, et que cette dernière selon les travaux de Ted Gurr aux Etats-Unis dans les années 1970, serait l'expression d'un ensemble de frustrations individuelles, impossibles à satisfaire. La Violence Politique disais-je, à au moins comme caractéristique commune d'être réputée illégitime.

Encore que cette Notion de Légitimité, dans un contexte trouble, est généralement elle-même sujette à caution, dans la mesure où elle devient rapidement un Enjeu Politique Majeur.

Ainsi la Violence contre l'Etat qui a pu être inscrite dans certaines Constitutions, comme celle de 1793 en France, qui préconisait le Droit de Résistance à l'Oppression, cette violence donne volontiers, comme excuse absolutoire, le devoir de lutter contre l'Asservissement.

Les Pouvoirs Publics quant à eux, qui pratiquent la Violence d'Etat, pour réprimer cette forme musclée de Participation Politique, justifient de leur côté l'emploi de la coercition par le souci double, le museler les Provocations et de défendre l'Ordre Public, c'est-à-dire les Institutions en place.

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Sociologie politique CD 9

Les partis politiques

Introduction

Avec le chapitre deux du titre trois, nous abordons l'étude des partis politiques .Le pouvoir politique que nous avons analysé n'est pas une attraction mais la résultante des forces politiques qui s’ exercent sur l'appareil d'État, lesquels sont très exactement l'extériorisation politique de forces sociales plus ou moins organisées et de force individuelle en quête d'avantages matériels ,moraux ou encore poussés par l'appétit de puissance .Autant dire que les forces politiques sont aussi diffuses que nombreuses et qu’il est parfois difficile de les distinguer des comportements politiques des individus ou des groupes à certains moments.

Au tome 3 page 13 et suivantes de son monumental traité de science politique paru à la AGDJ en 1968, le professeur Georges Burdeau avançait trois critères pour classer ces forces.L'on pouvait selon lui isoler suivant un premier type, les forces individuelles et les forces collectives, les unes exprimant l'action d'un leader charismatique, les autres celle d'un ensemble organisé, syndicat, classe, société etc.Second critère, il recensait les forces spontanées, celles qui surgissent dans tout groupe social pour satisfaire un besoin élémentaire de sécurité ou encore pour exprimer une solidarité et les forces conscientes qui, par opposition précédente, rationnalisent les pulsions d’un groupe en lui proposant une idéologie et un but logique à atteindre.Enfin, selon un troisième critère, Georges Burdeau distinguait les forces diffuses .Ce sont des forces qui traduisent une conscience collective à la différence des forces spontanées mais qui manquent de structure cohérente pour entrer dans un cadre déterminé .Il s'agit par exemple d'une opinion publique dont les effets politiques sont évidents mais qui est généralement difficile à cerner .Et il les mettait en contraste avec les forces organisées, lesquelles se présentant dans un cadre déterminé a priori ,sont facilement isolables et susceptibles d'étude en profondeur avec les méthodes propres aux sciences sociales .Sous cette appellation générique ,il désignait principalement les partis politiques et les groupes de pressions .Et c'est précisément à ces forces politiques essentielles sous leurs formes de partis politiques que nous consacrons les présents développements. Une remarque préliminaire toutefois avant d’ entamer l'examen des partis politiques .Nous ne traiterons pas ici des actes individuels de l'univers politique .En effet, l'exercice du pouvoir par les dirigeants politiques en tant que catégories sociales spécifiques a déjà été abordé de la même façon que le rôle des intellectuels influant sur la chose publique dans le cadre des théories élitistes .Quant aux militants engagés ,ils seront définis ,analysés avec le phénomène partisan .Le cas de l’électeur qui est à sa manière un acteur lors de chaque consultation électorale a également été examiné précédemment .

Mais il est deux questions qu'il importe d'aborder avant toute chose, à savoir pourquoi fait-on de la politique et qui fait de la politique ?

L'interrogation première est donc celle des ressorts de l'engagement politique .Evidente depuis la plus tendre enfance chez beaucoup d'hommes politiques interrogés .Problème de psychologie et spécialement de volontés individuelles ,c’est aussi pour le politiste le résultat d'une certaine disposition sociale .En effet, des études ont montré que le milieu familial jouait un rôle non négligeable dans l'accès au premier mandat politique .Il y ainsi de véritables dynasties d'élus et par ailleurs, il paraît évident que des couches sociales plus que d'autres sont des terrains favorables à la promotion par la politique .Il en est notamment du milieu des enseignants ,des cadres moyens et de certaines professions libérales où il arrive souvent que la réussite professionnelle fasse naître l'opportunité ou le désir d'entamer une seconde carrière .A l'inverse, les agriculteurs, les petits salariés , les cadres supérieurs du secteur privé paraissent moins sensibles aux sirènes politiques .D'autres facteurs entrent en outre en ligne de compte pour aider ou entraver l'ascension politique que cette dernière se fasse dans les instances du parti de soutien où la concurrence est rude ou plus tard dans les pays démocratiques en tout cas à travers les implantations locales puis nationales qui résultent des élections .Dans les pays totalitaires,

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lorsque les impétrants aux postes officiels ont donné des gages de leur loyauté aux hiérarques en place, et bien c'est la marque qu'ils peuvent réussir .Parmi ces facteurs ,l'activité sociale ou professionnelle d'origine ,selon qu'elle permet de disposer de temps, de relations ,d'argent ,offre, comme l’a remarqué le sociologue Lester Milbrach dans un ouvrage de 1977 ,des opportunités plus ou moins larges. Enfin, l'engagement sera d'autant plus intense que l'attrait d'un poste gratifiant d'une notoriété suffisante est susceptible de compenser et au-delà les déceptions d’un métier aléatoire ou il n'y a pas de plan de carrière.

Mais demandons-nous maintenant qui fait de la politique ? Autrement dit ,dans quel milieu se recrute le personnel politique ?Et la question est loin d'être anodine car derrière le mythe républicain du mandat représentatif ,dans la pratique des régimes pluralistes, le Parlement apparaît plutôt comme un champs clos ou s’ajuste par la négociation et le compromis des logiques différentes voire contradictoires entre élus représentant les groupes sociaux, ethniques, religieux, idéologiques ou autres, qui les ont respectivement portés au pouvoir .Ce qui peut poser notamment dans les périodes de crise un problème majeur de légitimité du régime politique considéré lorsque l'on peut constater des surreprésentations de certaines catégories sociales corrélatives bien entendues de sous représentation symétrique .Pour illustrer ce propos par des exemples, il apparaît évident que dans des systèmes de dictature du prolétariat ,il fallait que les dirigeants puissent apparaître issus de la classe populaire ,de la paysannerie ou des intellectuels liés au prolétariat ,alors qu’au contraire, dans les régimes pluralistes ,la sous représentation massive de certaines catégories de population comme les petits salariés ou les femmes et c'était notoirement le cas en France sur ce dernier point jusqu'à la loi sur la parité du 6 juin 2000, cette sous représentation crée donc un certain malaise qui, périodiquement, émerge dans le débat politique .Et l'on pourrait affiner l'analyse en remarquant dans l'histoire récente du parlementarisme que certaines catégories sociales sont sur représentées suivant les époques .Ainsi, après l'aristocratie patricienne ,c’était avec la généralisation du suffrage universel, les professions libérales et les professeurs .Et c’est depuis quelques années la haute fonction publique, tout au moins en France, qui paraît être la classe ou en tous cas le groupe le mieux représenté, le plus représenté en tous cas au parlement.

Mais arrivons en à l’étude proprement dite des partis politiques .Après quelques aperçus sur leurs origines, une première section sera consacrée aux notions fondamentales qui en précisent le concept général, les éléments de la structure, leurs fonctions et enfin, les différentes typologies grâce auxquelles on a pu les caractériser.Une section deux sera ultérieurement vouée à l'étude de leurs agencements respectifs selon les états suivant qu'il s'agit de systèmes compétitifs ou de systèmes non compétitifs.

Section un : le phénomène partisan à commencer par son histoire.

Même s’ils n’ont pas toujours été organisés sous la forme moderne que nous leur connaissons actuellement, les partis politiques ont pratiquement toujours existé .Clientèle des grandes familles dans la Grèce antique, ils s’identifient dans l'ancienne Rome à deux grandes classes sociales  : les plébéiens et les Patriciens. Au Moyen Âge, la lutte des galfes et des gibelins Florence ou celle des Armagnacs et des Bourguignons en France, nous mettra par la suite en présence de forme partisane pré moderne.

Dans la première moitié du XIXe siècle ,quand on parlait de partis, on désignait plutôt les idéologies que les hommes qui s'en réclamaient .Pourtant ,des groupes se structurent progressivement depuis la révolution française sous le nom de club, club des Jacobins, club des Cordeliers , club des girondins etc. Mais c’est avec la disparition de l'absolutisme et le développement des institutions parlementaires qu'apparaissent véritablement les partis politiques modernes .Autant dire qu'ils sont nés en Angleterre ,puisque c'est dans ce pays que le parlementarisme a pris son essor .Historiquement en effet, la révolution de 1688 dans ce pays installe un parlement qui gouverne ,dans lequel les représentants élus par les Land lords se constituent en deux fractions : les Tories qui défendent des intérêts de l'aristocratie foncière et les

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Wings , ceux de la bourgeoisie d'affaires .Le reforme acte de 1832 va favoriser leurs restructurations avec l'accroissement du nombre des électeurs puis les changements décisifs interviendront du fait du reformation people acte de 1867 qui permit aux masses urbaines d'accéder à l'électorat et de l'établissement du suffrage des femmes en 1918 .Aux États-Unis ,c’est à l'époque de Jackson vers 1830 que l'organisation des parties se développe jusqu'à la création de puissantes bases locales appuyées sur de larges couches populaires .En Allemagne, il faudra attendre 1848 pour que les libéraux se regroupent autour d'un programme cohérent après la dislocation de l'absolutisme de la Sainte alliance .Par la suite, le congrès du Gotha en 1875 donnera le jour aux premiers partis socialistes européens avant même le lingot parti britannique né sous le nom de labo representatif commity en 1899. Au Japon, premier pays d'Asie à importer des institutions occidentales, les partis apparaissent avec l'aire Meggi en 1867 .En France, le schéma général du développement des parties tout en étant dans ses grandes lignes analogues à l'origine électorale et parlementaire communes à tous les pays européens, a acquis très rapidement une originalité particulière. Au départ ,en effet, le fonds commun de tous les partis politiques en Europe est l'expression du Grand conflit du XIXe siècle opposant les conservateurs représentant l'aristocratie foncière aux libéraux porte-parole de la bourgeoisie manufacturière commerçante et intellectuelle des villes .Les premiers défendant les anciens régimes monarchistes, les seconds aspirants au nouveau règne de la souveraineté nationale .Dans ce premier clivage, on voit la paysannerie servir généralement de classe de soutien à l'aristocratie .Par la suite, la croissance d’un prolétariat ouvrier entraîne l'apparition d'un troisième type de parti, les partis socialistes à l'idéologie forte qui font éclater les groupes libéraux dans une substitution du conflit capitaliste socialiste à l'ancienne opposition conservateurs et libéraux .Enfin, après la première guerre, trois nouveaux mouvements s'ajoutent aux trois tendances fondamentales précédentes .Il s'agit du mouvement communiste à partir de 1917 qui provoque quelques schismes au sein des partis socialistes orthodoxes .Il s’agit aussi des partis fascistes et enfin, de la démocratie chrétienne, groupe charnière au demeurant assez hétérogène .Voilà pour l'évolution générale que l'on constate à peu près partout en Europe .

Mais alors que dans certains pays comme la Grande-Bretagne, sous l'influence du scrutin majoritaire à un tour, l'apparition de parti nouveau entraînait la disparition de certains partis anciens lorsque leur implantation a réussi, ce qui n'a pas toujours été le cas d'ailleurs .En France, le mouvement de multiplication des partis a été amplifié par le mode de scrutin mais aussi en raison d'une instabilité constitutionnelle chronique par la superposition de positions inconciliables sur la nature même du régime politique .C'est ainsi que suivant la thèse aujourd'hui classique de René Raymond, la droite française actuelle serait formée par la superposition de trois sédiments successifs dont il reste encore des traces tant à l'UDF qu’au RPR quand ce n'est pas au Front National .A savoir la droite dite Ultra de 1814, la droite orléaniste de 1830 et la droite bonapartiste de 1851 .Certes ,cette vision mérite d'être nuancée pour pouvoir rendre compte de toutes les nuances de ce courant .Elle en exprime cependant les deux fractions majeures à savoir la tradition autoritaire, antirépublicaine, monarchiste ,voire dictatoriale d'une certaine droite d'une part et le mouvement libéral d'autre part .Et de la même maniere,il n’y a pas en France une mais quatre gauches, la gauche libérale, la gauche socialiste, la gauche communiste et la gauche chrétienne, ce à quoi l'on pourrait d'ailleurs rajouter l’ultra gauche représentée actuellement par de petits partis comme lutte ouvrière ou la ligue communiste révolutionnaire .Dans les pays du tiers-monde, l'origine des partis, contrairement aux précédents, est généralement extérieure au cadre parlementaire. Maurice Duverger ,le premier, avait découvert cette racine particulière de certains partis modernes dans son maître livre « les partis politiques » qui est paru chez Armand Colin en 1951 .Un peu plus tard, Quenette Jeandin en 1962 ,dans un ouvrage intitulé « information retrivial application to politicals faillence »testant la typologie du professeur Duverger sur les deux modes de création possible des partis parlementaires ou extraparlementaires, a pu démontrer à son tour que dans ces pays ,dans ces pays du tiers-monde tout particulièrement ,les partis politiques voyaient le jour dans une sorte de vide institutionnel quand ils ne précédaient pas la naissance de l'État lui-même.

Paragraphe un : Notion générale sur les partis politiques.

C'est La palombaras et Viener qui, dans un écrit de 1966, « politicals parti and politicals

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développement » ont donné du concept la définition la plus complète .Nous la détaillerons en premier lieu après quoi nous verrons les éléments principaux de la structure des partis.

A-la définition du parti politique

Selon ces auteurs, quatre critères sont à retenir.

Premier critère : un parti est une organisation durable, c'est-à-dire une organisation dont l’espérance de vie est supérieure à celle de ses dirigeants en place et par là, les auteurs différencient le parti politique de la simple coterie, autrement dit de la faction née de l'action d’un individu et qui disparaît avec lui .

Deuxième critère : un parti, c’est une organisation locale bien établie, apparemment durable, entretenant des rapports réguliers et variés à l'échelon national .Ce critère permet de distinguer le parti du club politique et de la société de pensée.

Troisième critère : il s'agit d'une volonté délibérée des dirigeants nationaux et locaux de l'organisation de prendre et d'exercer le pouvoir seul ou avec d'autres et non pas simplement d’influencer le pouvoir .C'est là l'élément essentiel qui définit le parti politique par comparaison notamment avec un simple groupe de pressions.

Quatrième critère : c’est le souci enfin, de rechercher un soutien populaire à travers les élections ou de tout autre manière.

En fonction de ses quatre critères qu’ont dégagé Lapalambaras et Meron Viener, on peut donc dire que le parti politique est une organisation à la fois nationale et locale visant à exercer le pouvoir avec le soutien de tout le peuple ou d'une partie de celui-ci .Reste à en analyser la composition.

B- structure des partis politiques

Examinons en deux points le cadre général d’organisation des partis. Il s'agit ici de faire apparaître les principales caractéristiques des partis, en l’espèce de focaliser notre attention sur les membres qui adhèrent à des degrés divers aux différents programmes qu’il propose d'une part et nous verrons ensuite les organes d'autre part.

D'abord les membres des partis politiques .Quels sont-ils ?

Pour qu’un parti existe, il doit bénéficier de sympathie et d’un certain support dans l’opinion. Autrement dit, il faut qu'il puisse s'appuyer sur un certain nombre de citoyens et qu’un groupe d'entre eux participe activement à son fonctionnement à un niveau d'engagement plus intense .Dans le premier cercle, le plus large ,l'on trouve les électeurs et parmi eux, suivant un degré de motivation croissant ,les sympathisants et des militants .Chiffrer le nombre des électeurs est une entreprise particulièrement délicate parce que les enjeux politiques diffèrent lors de chaque consultation .On peut considérer toutefois que statistiquement chaque partie retrouve à chaque élection sauf naturellement circonstance exceptionnelle, le même comptum de voix à quelque chose près .Aussi sur le plan de la structure des scrutins ,les spécialistes font généralement apparaître des corrélations entre les caractéristiques d'un parti, par exemple son idéologie et les caractéristiques des personnes qui votent pour lui sur une période relativement longue .Suivant cette méthode, c'est ainsi que l'on sait que le parti communiste trouve son soutien électoral régulier dans la classe ouvrière ou encore que ce sont les personnes à petits ou moyens revenus qui constituent le vivier des partis de gauche .Cela dit, ce type d’analyse n'est pertinent

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que dans la mesure où il est précisé et nuancé. Comment comprendre autrement que le Front National ait été le premier parti ouvrier de France au premier tour de la présidentielle de 1995, le deuxième aux législatives de mai juin 1997, juste derrière le parti socialiste avec 24 % de son électorat d'origine ouvrière .Il est donc moins évident par ailleurs que ce qui détermine l'avancée où le recul d'un parti ,c’est le vote flottant de quelque 1 à 2 % d'indécis, un peu plus parfois qui est le cas britannique flagrant à cet égard provoque les changements de majorité au gré de la conjoncture .Le cercle des adhérents plus restreints semble quant à lui un peu plus facile à déterminer dans la mesure où l'adhérent d'un parti étant celui qui paie une cotisation à ce parti et en reçoit une carte d'affiliation, sa qualité juridique suffit à l’identifier et à le comptabiliser .En réalité, les choses sont bien plus compliquées. Car par souci de prestige ou pour dissimuler une perte d'influence, les formations politiques ,d'ailleurs comme les syndicats, ont tendance à surévaluer leurs troupes ,chacune s'efforçant de faire la preuve de son haut degré de popularité .A titre indicatif ,à partir des sources combinées du journal Le Monde du 10 mai 2001 et du Quid de l'année 2000, le PCF où l'adhésion de s'analyser comme une véritable admission par le système, il est vrai, souvent formel du parrainage ,le PCF donc enregistrait 520 000 membres en 1978 ,380 000 en 1984 ,204 000 en 1998 .Le parti socialiste, passait quant à lui de 214 000 membres en 1981 au moment de l'élection du président Mitterrand à 120 000 environ en 1998.Les verts de 5000 en 94 atteignaient 8500 en 1998 .Avec beaucoup de précaution, il apparaît que le CDS comptait 12 500 membres en 1994 et la même année, le RPR paraissait en enregistrer 200 000 .Le FN, le Front National ,50 000, le FN qui verra ses effectifs fondre à partir de 1998 à cause de la scission de Bruno Mégret qui va fonder le MNR au début de 1999. Un petit nombre de ses adhérents ,les militants que deux articles du monde des 16 et 17 septembre 1994, qualifiés de soutier de la politique s'activent quant à eux, bénévolement pour le parti et un plus petit nombre encore ,quelques dizaines ,les permanents, confondent leur vie professionnelle avec celle du parti .Au sommet de la pareil de chaque parti cette fois ci se trouve le cénacle des dirigeants dont Roberto Michels dans un livre édité en français chez Flammarion en 1971 sous le titre « les partis politiques » a pu démontrer qu'il s'agissait généralement d'une oligarchie cooptée et cela même dans les partis qui se disent démocratiques .L’élection n'y ratifie en effet les tractations entre barons ou hiérarques qu'à la manière d'une manifestation rituelle .Notre pays en donne aujourd'hui de multiples exemples à droite comme à gauche, tant pour l'élection des présidents que pour celle des secrétaires généraux .Le plus symptomatique peut être étant celui du PCF où s’est imposée une certaine tradition que le nouveau secrétaire général ait été souvent le secrétaire particulier de l'ancien .Parmi les dirigeants ,les élus du parti ont une place plus ou moins privilégiée .Dans sa thèse publiée à l’Alger DJ en 1979 sous le titre « le rôle du député », Jean-Claude Masclet a pu développer à ce propos en page 77 et suivantes les obligations et prérogatives particulières des élus en fonction des modalités statutaires des grands partis français tout en soulignant que ces dernières dispositions n'ont aucune valeur juridique au regard du mandat représentatif .

Mais arrivons-en à l'étude de la description de l'armature des partis en distinguant les éléments de base et les organes centraux.

Eléments locaux tout d'abord : suivant les cas, la structure partisane repose sur quatre types de regroupement.

Les comités en premier lieu .C'est l'élément propre aux vieux partis politiques, héritiers directs des anciens comités électoraux chers au parti radical français .Le comité local, c’est un groupe peu nombreux ,10 à 15 personnes, choisies parmi les notables du lieu en raison de leur influence .En fait si le comité local est permanent, il manifeste essentiellement son activité dans les périodes électorales pour retomber en sommeil le reste du temps.

Deuxième type de regroupement : les cellules. C'est là une invention que le parti communiste soviétique a imposé à tous les partis communistes à partir de la IIIe internationale .La cellule se présente ordinairement comme un centre d'encadrement et d'éducation politique des adhérents .Forte en moyens, de 15 à 30 membres au PCF, elle est dans cet objectif fondée principalement non pas sur l'appartenance géographique des participants mais sur leur lieu de travail, l'atelier ou l'usine, là en tous cas où il est possible de procéder à des réunions

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fréquentes .Très vite cependant il est vrai ,le parti communiste a dû lui aussi faire une place aux cellules géographiques dans le but d'assurer la solidarité entre les personnes qui travaillent individuellement .Dans les deux cas de figure, le responsable de cellule ou secrétaire doté de pouvoir disciplinaire sur une organisation très hiérarchisée ,voit sa désignation faire l'objet de toute l’attention des responsables de haut niveau du parti .

La section, quant à elle, création des partis socialistes au début du XXe siècle, répondait à deux besoins. A savoir éveiller la conscience politique des masses et réunir suffisamment de cotisations pour faire vivre le parti, ce qui explique qu'aujourd'hui encore, la section reste la base de la structure des partis de gauche et spécialement des partis socialistes ou elles sont regroupées en fédération .

Quatrième type enfin d’organe de base que l'on retrouve tant dans les partis fascistes que dans certains partis du tiers-monde, c'est la milice, groupe restreint d'encadrement autant idéologique que militaire .Cela dit, l'organisation des partis est généralement une pyramide relativement complexe qui, de la base vers le sommet, comprend 3à 4 niveaux hiérarchiques .Autrement dit ,l’organe local au niveau de la ville ou du canton ,l’organe régional en fait au niveau du département et la direction nationale .Le PCF plus centralisé que les autres formations, connaît quant à lui 4 degrés de regroupement hiérarchique : la cellule, la section, la fédération départementale et les organes centraux .Il importe à propos du parti communiste ,même s'il est en pleine évolution actuellement ,d’indiquer par ailleurs que ,pour favoriser le centralisme et le contrôle du sommet sur la base, deux ou plusieurs organes de même niveau hiérarchique ne peuvent en principe établir de rapports directs horizontaux entre eux. Ils doivent passer par le relais de l'échelon supérieur.

Arrivons en à l'agencement des organes centraux eux-mêmes .A ce propos ,il est remarquable de constater que pratiquement tous les partis connaissent la distinction tripartite entre une assemblée plénière, un organe restreint et un secrétariat .L’organe plenier,organe souverain qu'ils appellent congrès comme au RPR ou au PS ou au parti d’un communiste français tel celui qui dresse en 2001 les statuts du nouveau parti communiste, cet organe plénier qui peut s'appeler également assemblée générale ou conférence générale, est un mécanisme nombreux et lourd qui ne se réunit par conséquent que rarement .En règle générale ,c’est tous les trois ans par exemple au parti communiste sauf exception .C’est lui qui fixe les orientations idéologiques et politiques du parti .Dans l'intervalle de ces réunions ,un organe plus restreint, le comité ou le conseil que l'on peut qualifier de directeur ou de national ou de centrale, parfois contrôlé comme dans les statuts du parti socialiste de 1969 par un conseil national encore plus condensé, assure l’administration et la direction du parti ainsi que le contrôle des militants, des élus et de la presse de l’information .Généralement, il délègue ses pouvoirs à son tour à un bureau dit bureau politique dans le RPR et le PC ou bureau exécutif au parti socialiste, issu en tout ou partie de ses rangs. En troisième lieu existe un organe qualifié de secrétariat, organe admiratif mais aussi politique .C'est la formation emblématique du parti dont le premier secrétaire ou secrétaire général en apparaît généralement comme le chef charismatique à moins qu'il ne partage ses compétences avec le président du parti comme c'est le cas actuellement au RPR.

Paragraphe II : les fonctions des partis politiques.

Pour le sociologue Frank Sorof, un parti remplit trois fonctions : la fonction électorale, la fonction de contrôle et d'orientation des organes politiques et la fonction de définition et d'expression de position politique .Le politologue Dance de son côté résume l'action des partis en terme de stratégie politique dans la mesure où le groupe au pouvoir vise bien évidemment à s’y maintenir tandis que le parti d'opposition aspire à y accéder.Une autre approche, celle de Almond et Powell, développée page 99 et suivantes dans l'ouvrage comparative édité à Boston en 1966, consiste à mettre l'accent sur le caractère multifonctionnel des partis politiques modernes et sur leur rôle agrégatif, c'est-à-dire sur leur contribution au maintien et l'adaptation du système politique dans lesquels ils sont immergés. Le professeur Lavo d'ailleurs appliquera cette approche particulière au cas du parti communiste français à partir d'un

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article dans la revue française de science politique de 1968 pages 445 et suivantes et le professeur Lavo démontre que même ce parti à l'époque dont l'idéologie tendait à prôner la destruction du régime avait en fait une fonction tribunitienne. Autrement dit, il représentait l'exutoire pour les masses mal intégrées et en fait, il légitimait ainsi partiellement en tous cas le système.

L'analyse empirique permet de distinguer dans un régime représentatif une action des partis en direction des gouvernants d'une part et en direction de l'opinion d'autre part .Reprenons ces deux points.

A-la fonction des partis à l'égard des gouvernants.

Il s'agit là d'une double fonction .Les partis politiques participent en effet au choix des gouvernants et par ailleurs, ils encadrent et ils contrôlent dans une certaine mesure les élus issus de leur rang.

La sélection des candidats en premier lieu.

Le rôle des partis dans le recrutement politique des personnes proposées aux électeurs apparaît aujourd'hui si naturel que certaines constitutions, comme notamment celle de la France de 1958 article quatre ou un peu plus largement celle de la république fédérale allemande article 21, le mentionne. En effet, si théoriquement, tout citoyen peut briguer les suffrages des électeurs, pratiquement seuls ce qui ont le soutien d'une formation politique ont quelque chance de succès, ne serait-ce que par le fait que toute campagne électorale coûte cher et qu'à moins de s'appeler Rosperot et d'être milliardaire américain, il est impossible de faire face à ces frais sur ses seuls deniers personnels. Cela dit, la désignation des candidats au poste de commandes de l'État se fait en deux temps. Premier temps : le parti sélectionne ses poulains parmi le personnel politique voire dans la société civile, à moins, bien entendu qu'il ne soit choisi comme supports de campagne par une personnalité déjà reconnue .Deux formules sont employées à cette fin qui peuvent coexister comme aux États-Unis ou l’on rencontre dans certains états la formule dite du comité de nos tab ou kaokos chargés d'opérer ce premier tri .Alors que dans d'autres états, ce sont des élections internes au parti, les primaires qui y procèdent. Deuxième temps : le parti participe à l'élection proprement dite, collage des affiches, distribution des programmes, surveillance des bureaux de vote etc. en cherchant autant à faire élire ses candidats qu’à développer son image de marque.

En ce qui concerne maintenant l'encadrement des élus.

Cette fonction partisane , peut se concevoir de deux manières complémentaires sous l'angle des liens que le parti maintient avec ses représentants d'une part, sous l'angle de la fonction d'opposition d'autre part .Les parlementaires sont censés représenter le peuple tout entier .En effet, en vertu du mandat représentatif, nous en avons déjà parlé, voire à cet égard d’ailleurs l’article 27 de notre constitution .Il n’en demeure pas moins qu'il reste tributaire de leur formation à plus d'un titre .Sur le plan pratique parce que c'est le parti qui assure leur logistique, parfois contre la rétro session des indemnités parlementaires comme cela se pratique au parti communiste français et parce que les parties rigides dont l'archétype est représenté par les partis britanniques contrairement aux partis dits souples américains par exemple, exigent de leurs représentants une stricte discipline de vote. Par ailleurs dans toute société politique, l'on remarque une fonction gouvernementale et une fonction d'opposition que cette dernière soit organisée comme dans les démocraties occidentales ou inorganisées comme dans les dictatures de parti unique où elles se situent à l'intérieur même du parti au pouvoir .C'est ainsi que dans les systèmes multipartisants , l'opposition partisane est un véritable contre-pouvoir qui atténue la toute-puissance des autorités en place .Dans le bipartisme anglais par exemple ,elle est même institutionnalisée sous la forme de ce que l'on appelle le Shadow cabinets .Dans les régimes pluralistes multipartisants ,elle est plus diffuse dans la mesure où à l'opposition extérieure aux partis en place ,se surajoutent généralement des mouvements de contestation à l'intérieur même du courant majoritaire ,ce qui

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fut le cas au Parlement français des législatives de 1993 à celles de juin 1997 notamment.

B-Passons à l’examen de la fonction des parties dans la formation et la représentation de l'opinion

C'est grâce aux partis politiques qu'une opinion publique se dégage de la masse des opinions privées et que, synthétisées de la sorte, une représentation politique structurée est rendue possible .Dans le jeu complexe d'interaction entre les influences réciproques des parties de l'opinion, l'objectif majeur des partis est donc de susciter l'émergence d'une majorité électorale en leur faveur .Ce rôle, qui consiste à informer mais aussi à former les citoyens, est essentiel dans une démocratie moderne, c'est ce qu'a souligné Enstein en parlant de fonction programmatique et de structuration du vote. Cela dit, il apparaît tout aussi évident que la transformation des citoyens en sujet du corps politique ne va pas sans une certaine déformation de l'opinion générale et qu'il faille distinguer à cet égard ,je cite Maurice Duverger, l'opinion élaborée de l'opinion brute .La première est le résultat d'un malaxage de la seconde par la propagande partisane et d’un moulage par le système des partis et le régime électoral ,fin de citation .Comment comprendre autrement que par cette donnée par exemple ,que le parti communiste avec 3,76 % des suffrages exprimés aux élections législatives du 1er juin 1997 ait gagné 37 sièges alors que le Front National avec 5,60 % donc largement plus ,n’en ait eu qu’un seul. Autrement dit, le mode de scrutin conditionne l’expression électorale de l'opinion aussi largement que le programme des partis qui , dans la course aux électeurs, déforme, à leur manière, leurs convictions en les valorisant ou les dévalorisant selon les circonstances .Par ailleurs ,il est à remarquer également que les divisions de l'opinion sont généralement moins dues à des séparations naturelles entre les citoyens qu'à leur cristallisation en grande tendance ,déterminées elles-mêmes par le nombre des partis en compétition et que l'amplitude des oppositions dépend aussi de ce nombre .On a remarqué ainsi que les partis ,dans un régime bipartisan, sont très modérés, qu'en dernière analyse, par exemple, il n'y a pas très loin entre un conservateur et un travailliste anglais .En revanche, dans un système de parti multiple et indépendant, il n'y a plus cette course au centre caractéristique du bipartisme .Les rivalités entre partis voisins, au contraire, contribuent globalement à ce que l'on pourrait appeler dans le néologisme une extrêmatisation de l'opinion et à la limite, on pourrait concevoir comme dans la France d'avant 1951, que le jeu politique des partis est complètement déconnecté de la volonté nationale du seul fait des alliances parlementaires sans que le corps électoral n’intervienne.

Hors du système parlementaire occidental cette fois, dans les pays en voie de développement, les partis sont omni fonctionnels .Leurs membres y contrôlent le gouvernement mais ils tracent également l'administration, la justice, l’armée, l’éducation etc. Dans un ouvrage appelé «  politique soft modernisation » publié par l'université de Chicago en 1965, David Apter voit la source de cet omni fonctionnalisme des partis du tiers-monde dans le fait que parti d'opposition au système colonial, il constituait dès avant l'indépendance de véritables états parallèles à eux seuls.

Penchons nous à présent en paragraphe trois sur les différents types de partis que l'on peut recenser.

Au plan de l'analyse et de la structure de la vie interne des partis, un essai de classification s'impose .En fait, l'entreprise est rien moins qu'évidente tant les critères retenus peuvent être différents, contradictoires voire parfois évolutifs. Nous exposerons ici les principales typologies classiques puis nous verrons ce qu'il en est aujourd'hui sous l'effet de ce qu'on appelait la crise des partis politiques.

A- les typologies classiques

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Après les classifications de Léman et de Blondel, nous réserverons une attention plus particulière à la typologie de Maurice Duverger .Dans son livre Modern Political Partys publié par l'université de Chicago en 1956 ,Sigmon Newman traduit l'opposition entre pensée et action par la distinction entre parti d'idéologie et parti pragmatique et l'opposition entre les intérêts individuels et les contraintes de la vie en société par le heurt entre les parties de représentations individuelles et les partis d'intégration et de cette double opposition, il en déduit tout naturellement quatre types différentiés de partis politiques. Jean Blondel de son côté, dans un livre publié à Londres en 1969, introduction to comparative politics, adopte une classification différente plus synthétique que la précédente dans la mesure où elle englobe les cultures politiques du tiers-monde .Sans entrer dans les détails des concepts qui parlent d'eux-mêmes, il a ainsi distingué les partis de clientèles ou tribaux, les partis ethniques comme on peut en trouver aux Etats-Unis, les partis religieux et les partis de classe. Mais parmi tous ses travaux, la typologie que Maurice Duverger a dévoilée dans son ouvrage de 1951 sous le titre « les partis politiques » paraît particulièrement opérationnelle même si aujourd'hui elle est contestée, notamment pour le professeur Lavot sur le plan théorique et aussi elle est contestée par ailleurs par l'apparition de nouveaux types de partis .A la base de sa réflexion ,le professeur Duverger rend compte en effet des différences de structures qui peuvent opposer les formations politiques, ce qui lui permet d'opérer la différenciation fondamentale entre ce qu'il appelle les partis de cadres et les partis de masse .Il donne une traduction en terme politique de la distinction droite gauche en fait et des diverses conceptions de la notion d'adhésion partisane, l'ensemble étant étroitement mêlé .Par parti de cadre, il conçoit des groupements de notables ,tôt apparus sur la scène politique, peu nombreux et plutôt de sensibilité centriste ou de droite à l'image par exemple du centre national des indépendants ou du parti radical de 1901 .Dans ce type de formation faiblement organisée et très décentralisée en comités électoraux locaux , il n'y a comme le proclamait la fédération nationale des républicains indépendants avant sa transformation en partie républicaine en 1977 ,je cite, ni adhésion ,ni carte de parti, ni recrutement organisé .Il n’en va pas de même avec les partis de masse qui nés avec le suffrage universel dans l'orbite socialiste, sont destinés à faire accéder à la politique tous ceux qui en avaient jusque-là été écartés .Il représente un modèle d'organisation très structuré, oligarchique et rigide, c'est-à-dire dans laquelle les élus au Parlement sont par principe ,mais les choses ont pu évoluer sur ce point, subordonner aux dirigeants intérieurs .Dans ce type de partis ,l'idéologie tient une place primordiale et un recrutement massif est une nécessité dans la mesure où il permet un apport de cotisations indispensable à la survie du groupement .Socialistes mais aussi communistes et fascistes ont adopté ce modèle.

B- la crise des partis et la nouvelle typologie

Aujourd'hui, les choses sont remises en question .Dans tous les pays développés ,on assiste à un déclin des partis politiques classiques ,à un degré plus ou moins prononcé et en parallèle , cela suit une certaine crise de confiance dans tous les régimes parlementaires .Cet état de choses, caractéristique des sociétés surdéveloppées ,se traduit plus spécifiquement en ce qui concerne les formations politiques par deux révélateurs, à savoir la professionnalisation de la vie politique d'une part et l'électoralisme d'autre part .La conséquence en est l'émergence d'un nouveau type de partis.

D'abord la crise des partis.

Elle se manifeste de nos jours principalement à cause de l'hyper gonflement des tâches de l'État moderne, lesquelles dépassent singulièrement ses moyens .Aussi voit-on ,se retranchant derrière la technicité des interventions publiques, l'opposition parlementaire user les gouvernements en place par des attaques répétées mais une fois arrivée au pouvoir, les exemples sont nombreux à cet égard ,se couler dans le moule de l’ex majorité pour faire à peu près la même politique .Dès lors se développe une faune spéciale que l'on appelle parfois improprement la classe politique qui regroupe les leaders des partis qui vivent de la politique ,qui se sont crées des intérêts propres et qui se coupent de ceux de leurs électeurs .Dès lors également, chaque formation a tendance à confondre les objectifs et les moyens et à faire passer les grandes manœuvres électorales avant même toute fidélité à une idéologie claire .

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Conséquence de cette évolution électoraliste : tous les partis se transforment peu ou prou et adaptent leur organisation et leur stratégie dans le but de conquérir le maximum d'électeurs et de se procurer le pouvoir. La typologie classique des parties que nous voulons d’examiner ,en perd par conséquent de sa pertinence .Que les partis s’appellent aujourd'hui partis sociétales, partis attrape tout, traduction de l'expression anglo-saxonne « Catch all party » ou encore qu’on les appelle partis d'entreprises, toujours est-il qu'à l'heure actuelle, les grands partis occidentaux, l'exemple en est donné notamment en France par le RPR et le parti socialiste, tendent revêtir une même structure et à développer des idéologies consensuelles par-delà les clivages gauche droite et les intérêts de classe tout en s'attachant à la promotion médiatique de leur leader .

Arrivons en maintenant à une autre approche des partis politiques dans une section deux   : à travers les types de systèmes de partis : systèmes compétitifs et systèmes non compétitifs.

Nous venons en effet d'examiner divers types d'organisation partisane et de la même façon, sur une période plus ou moins longue, il existe en effet dans chaque pays divers types de relations inter partisanes encore appelées système de parti dans lesquelles entre en compte le nombre des groupements, leurs dimensions respectives, leurs alliances et leurs stratégies.

A cet égard, l'ancienne typologie ternaire, parti unique, bipartisme, multipartisme, il est préférable d'opposer les systèmes à parti unique ou toute compétition politique est proscrite au système compétitif bi partisan ou multi partisan tout en ôtant l’existence d’un modèle à parti dominant, sorte de tête de pont entre les systèmes à parti unique et les systèmes pluralistes.

I- les systèmes non compétitifs ou mono partisans

L’existence d’un parti unique caractérise les régimes dictatoriaux et les systèmes totalitaires .Le principe du monopartisme suppose qu'un seul parti bénéficie du monopole de leur représentation nationale même lorsque c’est le cas aujourd'hui en Chine populaire, de petites formations lui sont parfois associées.

Voyons tour à tour les caractéristiques du régime à parti unique, les facteurs qui favorisent la constitution de ce système et enfin, nous dirons quelque mot sur la variante du monopartisme à savoir le parti dominant.

A- les caractères du régime mono partisan

Cette configuration partisane concerne essentiellement les états communistes ou ce qu’il en reste, les états fascistes et les pays en voie de développement. Dans ces trois cas de figure, il y a une symbiose très étroite entre les institutions, c'est-à-dire les organes prévus par la constitution et le parti .Par ailleurs ,être membre d'un parti unique signifie de grandes responsabilités mais aussi de grands avantages car seuls les membres du parti ont la possibilité d'avoir une activité politique et d'accéder à des postes de responsabilité .En revanche, ils sont soumis à une discipline très stricte et leur exclusion du parti a pour eux de graves conséquences tant professionnelles que plus généralement sociales.

B- facteur du monopartisme

Dans tous les exemples recensés, sans aller jusqu'à prophétiser comme Claude Leclerc que les systèmes fondés sur le parti unique ont actuellement leur avenir derrière eux, nous pouvons dire, en schématisant, que ces régimes ont les plus grandes chances de se développer dans les sociétés qui connaissent de très fortes tensions sociales que l'on raisonne à partir des exemples allemands ou staliniens de l'entre-deux-guerres, de l'Espagne, de Franco ou du Portugal de Selazar, de la Turquie ,état turc ou encore de l'URSS avant naturellement 1991.

Variante du parti unique, le parti dominant.

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Dans ce type de régime ,aucun parti ne bénéficie d'un monopole de droit .Cela dit ,si toutes les formations ont la possibilité de briguer les suffrages, l’on remarque qu'une seule d'entre elles a une importance telle qu’en fait elle exclue en pratique toutes les autres du jeu politique et qu'elle se comporte en définitive comme un parti unique allant même jusqu'à s'identifier à l'ensemble de la nation. Maurice Duverger qui a découvert ce type de parti en 1951, prenait comme référence le parti du congrès indien mais également le parti radical français de la IIIe République ou encore les partis sociaux-démocrates scandinaves.

II-Mais venons-en maintenant dans un paragraphe deux, à l'étude des systèmes compétitifs

Suivant une échelle de régression de la concurrence dans les systèmes pluralistes, dans lesquels coexistent au moins deux partis sans qu’aucuns d’eux n'acquiert sur l'autre ou sur les autres une supériorité écrasante et durable, l’on admet de nos jours une distinction fondamentale entre le bipartisme et le multipartisme. Cette distinction est importante dans la mesure où elle différencie les manières de fonctionner des institutions démocratiques encore qu'il ne faille pas en exagérer la portée puisque que la formation d'alliances stables rapproche en fait le multipartisme du système bi partisan alors que l’absence de discipline de vote au Parlement fait que le bipartisme ressemble parfois par certains côtés au système multi partisan.

Mais reprenons en les deux termes.

A- les systèmes multi partisans.

Avec une ampleur variable, la plupart des nations occidentales, excepté quelques pays anglophones pratiquent le multipartisme. Lors des élections législatives des 5 et 6 avril 1992 par exemple ,16 formations politiques ont obtenu des sièges au parlement italien ,9 aux législatives françaises de juin 1997 et sur le continent africain, sous l'inspiration sans doute du discours de la Baule du président Mitterrand en juin 1990 qui conditionnait l’aide de la France au progrès de la démocratie, et bien par exemple, le Togo connaissait fin 1992, 67 formations partisanes.Comment nait le multipartisme ? Quels sont ses effets ?Et d'abord les facteurs : les facteurs de multipartisme. Divers éléments se combinent pour favoriser ou au contraire, pour contrarier l'essor du multipartisme. Nous retiendrons les facteurs sociaux, économiques, idéologiques et religieux en premier lieu. Ensuite on verra les nationaux et enfin le régime électoral.En ce qui concerne les premiers facteurs, il apparaît évident que les clivages partisans sont liés aux antagonismes sociaux pour une grande part .C’est ainsi, nous l’avons appelé au début de cette conférence, qu’au XIXe siècle, l'opposition binaire conservateurs libéraux a pu regrouper d'une part l'aristocratie foncière et d'autre part la bourgeoisie industrielle et commerçante, mais qu’ avec l'évolution sociale, ce clivage s’est compliqué par l'arrivée de nouvelles formations politiques .Les facteurs idéologiques et religieux par ailleurs peuvent aussi aggraver le multipartisme .Ce fut le cas notamment avec les idéologies marxistes, léninistes et fascistes qui ont engendré des groupes aux deux extrêmes de l'échiquier politique .Plus récemment , la sensibilité écologiste a enrichi la palette des formations politiques .Et de la même façon ,l’antagonisme entre protestant et catholique a pu être à l'origine de la création de partis religieux comme notamment aux Pays-Bas ou bien encore c’est plus généralement l'aspiration religieuse qui a engendré l'école de pensée démocrate-chrétienne et des formations particulières comme le MRP en France ou la CDU en Allemagne .Facteurs nationaux du pluralisme partisan en second lieu .Il suffit de remarquer à cet égard que l'existence de parti paysan en Scandinavie, celle des partis nationalistes comme Iba Etarac en Espagne ou Sign fine en Ulster et celle des partis ethniques qui fleurissent aux Etats-Unis, traduisent des clivages particuliers nés dans un certain nombre de pays de circonstances historiques qui leur sont propres.A toutes ces données s'ajoutent enfin un facteur technique, à savoir le régime électoral. Dès 1946, Maurice Duverger, encore lui, souligna à ce sujet l'influence des régimes électoraux sur les systèmes de partis en formulant ce que l'on pourrait qualifier de loi sociologique, à savoir que le scrutin majoritaire à un seul tour tend au bipartisme .Deuxième loi, si l’on veut, la représentation

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proportionnelle tendrait au multipartisme et le scrutin majoritaire à deux tours tendrait à un multipartisme tempéré par des alliances. Naturellement, ses lois entre guillemets, ont été beaucoup discutées mais comme le dit le professeur Duverger lui-même, dans son cours de sociologie politique de 1963-1964, je le cite, le rôle exact dit-il du régime électoral paraît être en définitive celui d'un accélérateur ou d'un frein, simplement, fin de citation.Passons maintenant à l’étude des effets du multipartismeSous l’angle du nombre ,les types de multipartismes sont théoriquement infinis et dans tous les cas, on est en présence d’un multipartisme intégral qui représente dans toutes ses nuances , l'opinion d'un pays .Le problème est de savoir si un tel système permet d'atteindre ou non à l'idéal démocratique et à l'efficacité du gouvernement .En fait ,sur ces deux points, on peut remarquer que le multipartisme pur présente des inconvénients .Effectivement ,si l’électeur y trouve sa nuance politique la plus proche lors du vote, il est soumis par la suite aux combinaisons et alliances parlementaires circonstancielles .Ainsi, le multipartisme intégral conduit-il souvent non à la démocratie directe mais à ce que l'on pourrait appeler une démocratie médiatisée .Par ailleurs, ce système impliquant l'absence de majorité parlementaire stable et cohérente par nature et bien c’est un système qui est à la base d'une instabilité gouvernementale chronique préjudiciable aux intérêts nationaux à moyen et long terme .Aussi est-ce pour pallier ces inconvénients que la plupart des pays qui ont choisi le scrutin proportionnel l’ont tempéré d'un correctif majoritaire .C'est notamment l'exemple de la république fédérale allemande quand ils ne l'ont pas remplacé .

B- Les systèmes bi partisans

Il n'est pas nécessaire ici de revenir sur les facteurs à l'origine du système .Ce sont les mêmes grosso modo que ceux que l'on vient de voir en ce qui concerne les régimes multipolaires .Mais leur effet multiplicateur est ici édulcoré et simplifié pour se cristalliser en deux pôles opposés. Les effets du bipartisme sont bien connus quant à eux .Contrairement à ceux du multipartisme intégral, le système a l'avantage de démédiatiser les options fondamentales des électeurs, en ce sens que le gouvernement sort directement des urnes et non des combinaisons, combinaisons occasionnelles des groupes parlementaires et par ailleurs le bipartisme garantit la stabilité gouvernementale .Encore ces effets varient-ils suivant la nature du bipartisme et à ce sujet, l'on peut faire deux distinctions. D'abord, le système peut être dit parfait ou imparfait selon que deux seuls partis s’opposent ou que d'autres plus marginaux briguent également les suffrages .A cet égard ,on peut dire qu'en réalité, tous les régimes bi partisans sont imparfaits mais alors, que dans le bipartisme parfait il y a deux grands partis qui totalisent grosso modo 90 % des voix, ce qui a pour conséquence que l'un d'eux obtienne nécessairement la majorité parlementaire comme dans le modèle anglais, dans le bipartisme imparfait, le succès électoral des deux partis de tête est moins massif avec 75 à 80 % des voix si bien qu’une majorité électorale ne peut s’établir que grâce à l'alliance qu'elle passe avec un troisième parti marginal. En second lieu ,selon que les partis pratiquent la discipline de vote de leurs élus comme en Grande-Bretagne dans un bipartisme dit rigide ou au contraire ne l’impose pas comme dans le système souple américain ,les effets politiques du bipartisme sont plus ou moins conséquents et peuvent en arriver à être aussi pernicieux en fait que les inconvénients du multipartisme.

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Sociologie Politique CD 10

Groupes de pression et syndicats

I - Introduction

L'expression aux groupes de pressions vient de la science politique américaine « pressure groups », mais on emploie également à leur sujet le terme de « lobbyings ». C'est ainsi que le Harraps Shorter définit la profession qui entend exercer une certaine influence sur les décideurs politiques, soit pour obtenir des avantages particuliers, soit simplement pour faire avancer les dossiers. Autrement dit, contrairement aux partis politiques qui visent à exercer le pouvoir, fussent-ils des organisations clandestines, les groupes de pressions ont des faits autres que politiques et c'est précisément pour les atteindre qu’ils sont amenés à s'occuper de politique. En ce qui concerne leur étude qui intéresse au plus haut point le sociologue, dans la mesure où il participe à des degrés divers la vie politique, c'est d'abord le caractère accessoire de leur activité politique qui rend leur identification délicate. Le phénomène est en effet difficile à appréhender, tant ces groupes sont nombreux et divers, que ce soit dans les sphères locales et nationales que dans l'ordre international. Et la difficulté en est d'autant plus grande que certains d'entre eux agissent de manière occulte ; cela est particulièrement vrai en France ou la mystique de l'intérêt général a longtemps frappé d'une indignité a priori la défense des intérêts particuliers. Difficultés encore qui entravent la dénomination et le recensement des groupes de pressions, c’est le fait que plusieurs d'entre eux sont dépourvus de structures juridiques et qu'ils agissent de manière informelle.Il importe donc dans une première section, de commencer par prendre la mesure du phénomène en essayant de caractériser la notion même de groupes de pressions avant de les répertorier suivant des typologies opérationnelles, et de déterminer les fonctions qu'ils exercent.Une seconde section, résiduelle, sera consacrée à leur action proprement dite qui s'exerce simultanément ou non en direction du pouvoir des partis et de l'opinion publique.

II – Le phénomène des groupes de pression

Claude Leclerc estime que les intérêts catégoriels sont apparus en pleine lumière, particulièrement à partir de 1981, dès lors écrit-il, page 141 de son manuel de sociologie politique, que je cite : « la sacralisation de l’argent et l'internationalisation de l'économie apparaissent de plus en plus comme une évidence allant de soi ». Cependant la pression de groupes plus ou moins organisés dans l'univers politique est aussi ancienne que la vie en société. Et déjà en 1908 dans « The Process of gouvernment, the study of social pressure » Arthur Bentley analysait le processus politique comme la résultante des interactions de groupe. En France, c’est Jean Menaud, qui, dans une étude publiée dans les cahiers de la fondation nationale des sciences politiques en 1962, intitulée « Nouvelles études sur les groupes de pressions en France », subordonne en page 4, l’octroi de la qualité de groupes de pressions à la réunion de trois données qui en précise pour la première fois les contours d'une manière particulièrement nette. Ces facteurs à prendre en considération sont les suivants, à savoir :- Un réseau de relations se développant selon un modèle reconnu ou encore la survenance d'une stabilisation des rapports entre les membres.- Un sentiment d'appartenance donnant aux adhérents l'impression de former une collectivité vis-à-vis de ceux qui restent à l’extérieur.- Une communauté de dessein représentant normalement le point de stabilisation.

C’est en fonction de ces repères que nous entreprenons l'examen du phénomène dans les trois paragraphes qui suivent.La notion de groupes de pressions : suivant la définition liminaire du groupe de pressions, donnée par le Harraps, l'organisation visée est un groupe organisé, il défend des intérêts propres et il pratique l'exercice d'une pression.

III – L’existence d’un groupe organisé

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Un minimum d'organisation est requis pour que l'on puisse parler de groupes de pressions. Autrement dit une manifestation, par essence éphémère, n'entrerait pas dans cette catégorie. En revanche dans la mesure où elle a été programmée par un groupe de pression, elle peut être considérée comme un moyen de pression.C’est tout au moins là, la conception de Jean-Marie Denquin, à la page 403 de son manuel de sociologie politique de 1992. Almond et Powell ont une conception beaucoup plus large de ces critères organisationnels, puisque la page 72 de leur ouvrage déjà cité, « Comparatives Politics : A developmental Approach », ils discernent quatre types de groupes d'intérêts selon leur degré d'organisation et qui vont des groupes anonymes, autrement dit de formation fugace, aux groupes d'intérêts associatifs comme les syndicats, les groupements civiques ou les associations ethniques et religieuses en passant par les groupes d'intérêts non associatifs caractérisés par l’absence de continuité et de véritables structures et les groupes institutionnels à savoir les parties, les admirations ou les églises .L’on mesure à travers les divergences de points de vue entre ces trois auteurs tout l'embarras des scientifiques à s'accorder sur un critère incontestable de définition .Contentons nous de remarquer que ,pour être efficaces, les groupes de pressions doivent en principe faire preuve d’un degré de spécialisation et d'organisation minimum. Encore faut-il, pour aller un peu plus avant dans la signification du concept ,que les organisations en question aient un caractère partisan .Autrement dit ,qu'elles ne soient pas neutres ou indifférentes vis-à-vis de leurs activités de pressions .Et cette précision amène justement à écarter de la catégorie des groupes de pressions les agences de publicité ou les officines de propagandes qui ne font que vendre un certain savoir-faire à n'importe quelle tendance politique sans en épouser pour autant les convictions .De même que certains journaux ou organes d'information qui ,selon Jean-Marie Denquin, suivent l'opinion publique plutôt qu’ils ne la façonnent. Enfin, un dernier critère structurel relevé par le même auteur : les groupes de pressions doivent être autonomes, ce qui exclut a priori les organes d'information qui relèvent soit des partis politiques, soit des groupes de pressions constitués.

IV-La défense d’intérêts

Dans son petit livre de référence de 1960 intitulé « les groupes de pressions », Jean Maynaud écrivait en page 13,je le cite, il semble permis de distinguer deux séries d'organismes :les uns ont comme objectif essentiel la conquête d'avantages matériels pour leurs adhérents ou la protection de situations acquises tendant ainsi à accroître le bien-être de la catégorie représentée .On les désignera ici comme les organisations professionnelles .Les autres trouvent leur raison d'être dans la défense d'esprit des intéressés de position spirituelle ou morale dans la promotion de cause ou l'affirmation de thèse .Nous les classerons sous une formule assez vague mais souple ,celle des groupements à vocation idéologique ,fin de citation. Certes, l'on ne saurait surestimer ,comme le dit Roger Gérard Rosenberg, la portée de cette distinction fondée sur le diptyque action des intéressés, actions intéressées, ne serait-ce que parce que les actions désintéressées nécessitent aussi, pour réussir ,des ressources matérielles .Cependant ,il y a dans la phrase de Jean Maynaud, prétexte à isoler dans le champ des groupes d'intérêts l’étude des syndicats en ce sens qu'ils sont emblématiques de la défense d'intérêts matériels et c’est pour cette raison d'ailleurs que nous avons intitulé le présent chapitre « groupes de pressions et syndicats ».

V-L’existence d’une pression

C’est le troisième élément nécessaire du concept .En effet ,tout groupe humain qui constitue une communauté, fut-elle éphémère ou de hasard, possède des intérêts qu'il s'agisse du patronat ,d'une association de commerçants de quartier ou autres joueurs de boules de village .Et tout groupe peut être conduit à l'occasion à pénétrer l'univers politique d'une façon plus ou moins profonde ,plus ou moins habituelle pour protéger ou étendre ses droits , voire pour obtenir des passe-droits .Autrement dit, tout groupe d’intérêt est virtuellement un groupe de pressions même s'il n'en constitue pas un par nature comme les syndicats par exemple .Et précisément pour se repérer un peu mieux dans la catégorie très hétéroclite ,très hétérogène des groupes de pressions ,un essai de classification s'impose.

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Les typologies des groupes de pression.

La diversité des groupes de pressions n’ayant de limites que la diversité des groupes humains et la pression politique pour être un élément d'unité étant un concept vague étant donnée la multitude de formes qu’elle peut revetir,l'entreprise s'avère difficile et dans tous les cas, largement arbitraire. C'est donc en ayant l'esprit que toute typologie est relative qu’il est cependant possible de ranger les groupes d'intérêts en trois catégories en fonction de leur statut privé ou public, en fonction de leur structure et on distinguera groupes de cadres et groupes de masse ou enfin selon leur but qui peut être plutôt d'ordre idéologique et moral ou plutôt d'ordre matériel.

VI-Première classification : groupes privés et groupes publics

La grande majorité des groupes de pressions sont des groupes privés défendant des intérêts privés .Pour autant la question se pose de savoir s'il n’existerait pas également des groupes d'intérêts publics dans les administrations , les corps de fonctionnaires, au Parlement ou au gouvernement, nonobstant la théorie juridique selon laquelle toutes ces entités se déploient sous couvert d'une personne morale unique qui est l'État dont la finalité exclusive est l'intérêt général .Précisément ,la science politique se démarque des juristes sur cette interrogation puisqu’elle reconnaît l'existence de groupes d'intérêts institutionnels au public que ce soit dans les organisations civiles de l'État ou dans ses rouages militaires .

Dans les administrations civiles en effet, il appert que les collectivités locales en France par exemple, depuis les lois de décentralisation de 1982 -1983 surtout ,ainsi que les entreprises et les établissements publics, possèdent ,chacun en ce qui le concerne ,un intérêt propre et le fait valoir .Mais c'est aussi le cas des parlementaires lorsqu'ils votent leurs propres indemnités de fonction ou encore des ministères défendant leur pré carré voire de chaque service mendiant des emplois et des ressources supplémentaires .Plus généralement ,au niveau de l'ensemble de la fonction publique ,il est connu que certains corps, comme l'inspection des finances ou transversalement ,les hauts fonctionnaires issus des mêmes grandes écoles, développent de véritables féodalités quand, par ailleurs ,les syndicats autonomes et confédérés de fonctionnaires se comportent de la même manière que les groupes d'intérêts privés .

En ce qui concerne l’armée, malgré le principe théorique de la subordination du pouvoir militaire au pouvoir civil, les occasions de pressions sont également patentes, que ce soit en période de paix sociale ou lorsqu'il y a tension ou conflit.Dans le premier cas, l’influence des militaires dans la nation peut s'apprécier à deux points de vue .D’abord, chaque niveau de la hiérarchie, appelés sous-officier, officier, cadre de réserve ou encore anciens combattants, peut en effet être amené à défendre sa spécificité et les avantages qui s'y attachent et par ailleurs, chacun des corps qu’il s'agisse des forces de terre, de mer ou de l'air peut disputer aux autres des crédits et des avantages.Second point de vue , toujours en période de calme social, l'armée est une force de pression en soit lorsque l'on considère cette armée dans sa totalité .Les exemples foisonnent qui mettent en lumière les influences exercées par les militaires .C'est ainsi qu'en direction du pouvoir judiciaire ,l'on se remémorera les circonstances de l'affaire Dreyfus ou encore le procès de Ryon orchestré en 1942 contre les parlementaires de la IIIe République accusée d'avoir perdu la guerre .On peut rappeler également les jugements liés aux événements d'Algérie dans les années 60 .Rôle particulier encore des militaires cette fois ci sur l’administration .Lorsqu'il est fait appel à eux pour des opérations de maintien de l'ordre .Dans de tels cas, il est bien évident que l'armée ayant une toute autre idée que les services civils de la notion d'efficacité dans la lutte contre l'ennemi intérieur, et bien le primat du militaire va l’emporter sur le pouvoir civil .C’est ce que reconnaît d'ailleurs la constitution française dans ses articles consacrés à l'état de siège et à l'état d'urgence .Sur l'opinion publique également ,le comportement de l'armée peut s'apparenter à celui d'un groupe de pressions lorsque notamment ,elle sort de son mutisme traditionnel pour donner d'elle l'image qu'elle voudrait voir accréditer à travers tout le pays et pour faire partager ses choix .D’ou les conférences de ses chefs ,les opérations portes ouvertes ou encore les prises de position de la hiérarchie en faveur de tel ou tel choix budgétaire, en faveur de tel ou tel système de

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défense .La publication des secrets du Pentagone au début des années 70 a mis en lumière de manière significative à cet égard de quel poids le haut état-major américain avait pesé dans le conflit de la guerre froide .Plus criant encore, le rôle de certains cercles militaires dans les relations avec la grande industrie .Certaines firmes privées vivent en effet des énormes commandes de l'armée et leurs meilleurs démarcheurs sont de façon constante d'anciens officiers qui ont gardé des contacts avec l'administration militaire .Il se forme ainsi, écrit le professeur Rosenberg, une communauté d'intérêts et un faisceau de liens qui peuvent peser sur l'orientation de la politique.

Si l’on examine à présent cela dit, le comportement des troupes ,dans le second cas de figure ,c'est-à-dire celui de tension ou de conflit grave, l'on constate qu'il arrive parfois que l'armée dépasse le niveau de la simple pression pour devenir elle-même une force politique .C'est l'hypothèse du coup d'état militaire que l'on vise ici, à propos duquel deux séries de remarques peuvent être faites quant à la forme et quant au fond .Sur la forme des coups d'état militaires, il est à noter que la pression peut être plus ou moins camouflée selon que le pronunciamiento concerne un pays développé ou un État du tiers monde dans lequel seule force constituée, l'armée n'a pas à composer avec les autres pouvoirs .Sur le fond, les modalités de la pression, pour en rester à un niveau élevé de généralités ,varient suivant les cultures .A cet égard, il semble que l'Afrique et l'Asie se distinguent dans le fait que les militaires qui se saisissent brutalement du pouvoir y écartent généralement les civils alors qu'ailleurs ,et les exemples sont nombreux en Amérique latine, ils changent habituellement les équipes en place mais ne se substituent pas à elles.

VII-Deuxième classification : groupes de cadres et groupes de masses.

Comme pour les partis politiques, on peut en effet opposer les groupes de cadres au groupe de masses.

Les groupes de cadres en premier lieu, se caractérisent tout particulièrement par le nombre restreint de leurs adhérents et par une structure interne faiblement articulée et très décentralisée .Le nombre réduit de participants tient tantôt à la nature des choses, tantôt à une volonté délibérée d'élitisme .Dans la première situation ,on peut citer par exemple l'association des préfets qui défend leurs intérêts puisque le droit syndical leur est interdit et cela notamment par un décret du 14 mars 1964 .Dans la seconde situation ,on peut placer les clubs qu'ils soient non exclusivement politiques comme l'automobile club de France, le jockey club, le Rotary ou le lions international, qui pratiquent la section des candidats pour des systèmes de parrainage et de cotisations élevées ou qu’il s’agisse encore des clubs politiques ,lieux de réflexion et d'action de personnalités influentes .On peut évoquer parmi eux à titre d'exemple emblématique ,le club AGIR qui a été créé en février 1995 par Martine Aubry ,actuelle maire de Lille ,dans le but de combattre la fracture sociale et qui regroupe une centaine de personnalités ,chefs d'entreprise intellectuels ou hommes politiques. On peut citer encore sur l'autre versant de l'échiquier politique le club de l’horloge fondée en 1974 par d'anciens élèves de l’ENA dont les 450 membres fondent leur réflexion sur le rejet du socialisme au nom de la défense des valeurs nationales et libérales. Une seconde caractéristique des groupes de cadres, avons-nous dit, tient à une organisation lâche .L'archétype peut en être présenté par le CNPF ou conseil national du patronat français devenu le MEDEF en novembre 1998 et qui assure depuis 1946 la représentativité patronale au niveau interprofessionnel des entreprises de toute taille mais plutôt des grandes firmes ,cela aux côtés de la confédération générale des petites et moyennes entreprises ou CGPME ,organisation créée en 1944 pour précisément les petites et moyennes entreprises et les commerces et services de la même catégorie ,à coté également d’un autre syndicat patronal ,l'union professionnelle artisanale ,l’UPA créée en 1975. Pour en revenir au MEDEF, les organes dirigeants sont l'assemblée générale qui ,élue pour trois ans ,réunit 595 représentants, des 85 organisations professionnelles et des unions interprofessionnelles territoriales et 30 représentants des groupements associés .Elle tient une session annuelle .L'assemblée générale détermine la politique générale du patronat français et élit le président pour cinq ans .Après Jean Gandois élu en décembre 1994, ce président est aujourd'hui depuis 1999 Ernest Antoine Seillière .Deuxième organe, une assemblée dite permanente plus restreinte de 235 membres ,qui se réunit tous les mois et qui assure les

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prérogatives statutaires qu’un comité statutaire précisément de sept membres contrôle .Et c'est le conseil exécutif de 44 membres avec à sa tête le président qui conclut les accords au nom de la confédération .Ce qu'il faut retenir des statuts du MEDEF de 1998 ,c'est qu'il préserve l'indépendance des groupements participants à qui il ne peut imposer aucune décision même si en pratique ,l'autorité morale des présidents successifs a suscité chez eux une discipline largement acceptée.

Quand au groupe de masses, en second lieu, il concerne les groupements dits de conditions ,par exemple, les mouvements de jeunes ou d'étudiants , les sociétés culturelles ,les mouvements d'anciens combattants ou encore les organisations féminines ainsi que ,par ailleurs ,les organisations de classe moyenne, les organisations paysannes et les groupements à objectifs spécialisés comme SOS-Racisme ,les organisations de consommateurs ou encore les associations de luttes pour le désarmement .Mais c’est surtout les syndicats ouvriers qui en représentent le type même avec une organisation forte et hiérarchisée qui encadre une grande masse d'adhérents .Bien que le taux de syndicalisation en France, tout au moins, ne cesse de baisser, il serait passé de 35 % de syndiqués actifs par rapport à la masse des salariés en 1949 à 9,1 % en 1995 ,ce qui souligne ,soit dit en passant, le contraste avec des pays comparables comme la Grande-Bretagne ou ce pourcentage atteignait encore 32,9 % en 1995 et la Suède où il est toujours en 1995 de 91 % ,et bien malgré ces chiffres faibles donc en France, il n'en reste pas moins que les effectifs des syndicats ouvriers soulignent leur caractère d'organisations de masse, tout particulièrement .Ainsi ,les « traits d’unions britanniques » regroupaient 8 900 000 affiliés en 1992 .En France, la CGT est estimée en juin 2000 par le Nouvel Observateur à 630 000 syndiqués et la CFDT à 515 000 .Quant à la troisième grande confédération française ,F. O., qui semble pratiquer plus que d'autres le secret à ce sujet ,on lui reconnaît généralement un peu moins d'adhérents que la CFDT ,soit environ 370000 en l’an 2000 .La CGC par ailleurs enregistrait 110 000 membres et la CFTC 100 000 la même année .

Troisième classification qui nous retiendra davantage : celle qui consiste à différencier les groupes d'idées et les groupes d’intérêts.

Ce clivage regroupe grosso modo certaines organisations non professionnelles d'une part que l'on pourrait encore appeler d'idée à la suite de Roger Georges Rosenberg et les organisations professionnelles ou syndicats plutôt portées sur la défense davantage matérielle. A l'intersection de ces deux types de regroupement ,l'on peut situer les organisations de consommateurs .Très en vogue actuellement dans tous les grands pays occidentaux, ces regroupements sont nés aux États-Unis à l'initiative d'un avocat ,Raf Nader au milieu des années 60, lequel dénonçait pêle-mêle les hausses de prix excessives, la publicité mensongère et plus généralement la mauvaise qualité des produits ou leur nocivité .Leur cible privilégiée encore à l’heure actuelle reste les entreprises polluantes ou encore les fabricants de cigarettes qui ont dû par exemple en 1997 amander leur politique commerciale à la suite de quelques procès retentissants. Par ailleurs, les associations de consommateurs ont mené des actions qui ont réussi d'ordre écologique contre le massacre des animaux à fourrure protégés et le trafic de l'ivoire puisqu'elles ont abouti à la convention de Washington du 3 mars 1973, notamment ,et ses associations actuellement militent particulièrement pour que les pays riches boycottent les articles en provenance plus spécifiquement du tiers-monde lorsqu'ils sont confectionnés dans des conditions inhumaines par des prisonniers et des femmes ou des enfants .En France, les mouvements de consommateurs sont en pleine expansion qu'il s'agisse de l'institut national de la consommation qui publie actuellement « 60 millions de consommateurs », de l’UFC qui édite « que choisir » ou encore de la plus récente association des usagers des services publics.

Passons à l'étude des syndicats professionnels chargés de la défense d'intérêts matériels.

Dans trois grands secteurs socioprofessionnels, l'agriculture, le patronat et le travail salarié, l’influence des organisations professionnelles dont les objectifs sont d’ordre corporatif et spécialement importante, plus grande en tout cas que dans aucune autre profession.

Les organisations paysannes tout d’abord.

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VIII-La défense des intérêts agricoles

Contrairement à un pays comme la Suisse qui connaît un parti des paysans et bourgeois ou à la Scandinavie ou existent des partis « agariens » ( ?)la profession agricole confie la défense de ses intérêts à des institutions particulières comme les chambres d'agriculture et les mutuelles agricoles en France mais également à de puissants syndicats .Bien que marquées par une forte tradition d'individualisme, en effet , 600 000 familles paysannes réunies au sein de 30 000 syndicats locaux et environ 40 associations de producteurs spécialisés par produit adhèrent à la fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, la F. N S. E.A .Ce chiffre est à mettre en perspective avec les 1 403 000 agriculteurs actifs que compte notre pays suivant une estimation de 1997 .Créée en 1946, la FNSEA comme d'ailleurs son homologue allemande ,la Deutscher Bauer Verban a longtemps joui d'un pouvoir considérable bien supérieur au poids numérique des agriculteurs très faibles par rapport aux 25 millions d'actifs que compte notre pays .

Cette influence s'explique par quatre facteurs.

D'abord par la politique même du syndicat qui représente aussi bien les gros agriculteurs prospères que les petits exploitants dont le sort est souvent précaire et qui s'est toujours battu ,que ce soit en cas de catastrophe naturelle ou dans les négociations du marché commun ,pour préserver leurs situations et obtenir des avantages pour l'ensemble de la profession .

Influence ensuite par l'orientation politique modérée que cultive la fédération à l'instar de la plupart des agriculteurs.

Mais il entrait aussi en ligne de compte ,dans la mesure de cette influence ,deux autres facteurs structurels de type sociopolitique que le groupement a longtemps exploité .A savoir d'une part que tous les pouvoirs publics ,toutes tendances confondues, ont de tout temps ménagés les agriculteurs par crainte de leur accès de colère lorsque leur niveau de vie se dégradait .Ne pouvant faire grève comme les autres secteurs économiques en effet ,ces derniers n’ont comme moyens de protestation que les barrages routiers, les destructions de marchandises importées ou les manifestations plus ou moins violentes, autant de désordre gênant et du plus mauvais effet qui ont toujours contraint les gouvernements à écouter les organisations corporatives .

Dernier facteur d'autre part, les agriculteurs étant géographiquement dispersés, leurs voix qui peuvent s'avérer déterminantes dans beaucoup de circonscriptions, sont très convoitées et autant les parties que les pouvoirs en place les ménagent.

Cela dit ici cette analyse n'a pas perdu aujourd'hui toute sa pertinence .Il n’en reste pas moins ,comme le remarque Jean-Marie Danquin en page 422 de son manuel, que l'influence des groupes de pressions agricoles, généralement plutôt à droite ,a subi un net recul depuis 1981. Dans la mesure où le succès de la gauche a été acquis sans que les agriculteurs aient basculé en faveur des partis vainqueurs .Cela dit, il y a une sensibilité moderniste et plutôt nettement à gauche selon les regroupements qui existent bien dans la profession agricole ,à commencer par le centre national des jeunes agriculteurs ,le CNJA .Celui-ci a été créé en 1947 .Il est devenu l'union des syndicats en 1957 et aujourd'hui avec 55 000 membres âgés de 16 à 35 ans ,le CNJA a contribué à détacher le monde agricole de la mouvance conservatrice, à concevoir de nouvelles formes d'agriculture et à investir progressivement la FNSEA comme en témoigne notamment le parcours de François Guillaume ,ancien président du CNJA ,qui va prendre la tête de la FNSEA en 1979 avant d'occuper le ministère de l'agriculture dans le gouvernement Chirac de 1986 .On peut citer également comme syndicat moderniste , plutôt à gauche, le MODEF ou mouvement de défense des exploitants familiaux qui voit le jour en 1959 dans la mouvance communiste ou encore autre groupe dissident de la FNSEA, le mouvement syndical des travailleurs paysans ,le MSTP créé en 1977 qui ,proche des socialistes, a enregistré quelques succès dans les années 80 .On peut citer également la confédération paysanne de José Beauvais, plus récente opposée

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notamment à la mondialisation qui a une place à part dans le monde paysan .

IX-Mais venons à présent à l’examen des syndicats patronaux et des organisations de commerce.

Pour faire contrepoids aux syndicats ouvriers ,ce sont mises en place dans tous les pays des organisations patronales plus ou moins influentes .En France ,après une confédération générale de la production française ou CGPF créée en 1919 à l'initiative du ministre du Commerce Clementele, à la suite également d’un essai du gouvernement de Vichy en 1940 ,essayant de réorganiser la progression dans le cadre d'une économie corporatiste ,la première assemblée générale de ce qui va devenir le CNPF se réunit le 12 juin 1946 ,deux ans après la CGPME de Léon Gingembre qui date elle d'octobre 1944 .Nous ne revenons pas sur la nature de ces groupes qui a déjà été abordée dans la typologie précédente mais nous nous posons ici la question de leur influence réelle sur les choix politiques .Le moins que l’on puisse dire ,c'est que celle-ci est difficile à déterminer dans la mesure où par exemple, la CGPME ,confédération générale des petites et moyennes entreprises ,rappelons le, tant officiellement tout au moins à faire de la surenchère dans les revendications sur le CNPF tout en se faisant déborder par d’autres regroupements à tendance nettement démagogique sur ce terrain comme notamment l'union de défense des commerçants et artisans ,l’UDCA de Pierre Poujade qui, mué en formation partisane, remportera une cinquantaine de sièges aux législatives du 2 janvier 1956 ou comme encore , « le Cid United » de Gérard Nicou qui s'est illustré au début des années 70 par des actions violentes, violentes et payantes puisqu'elles ont contraint le Parlement à voter en 1973 la loi dite d'orientation du commerce et de l'artisanat ou encore « loi Royer » du nom du maire de Tours ,du nom du ministre du Commerce d'alors ,loi qui limite très sérieusement l’implantation des hypermarchés et du même coup la concurrence .C'est là incontestablement un bel exemple de succès à l'actif d'un groupe de pressions .Par ailleurs ,l’influence des syndicats patronaux et de commerçant est également malaisé à apprécier dans la mesure où par-delà les rapports de marchandages quasi institutionnels entre les gouvernements et les patrons, certaines circonstances ou encore des indiscrétions révèlent occasionnellement l'ampleur du pouvoir de ces groupes sur la marche des états mais également des pratiques qui ,la plupart du temps ,restent relativement occultes.

Il est ainsi apparu que les grands capitalistes ont provoqué la chute du cartel des gauches en France en 1925 .Il est également de notoriété publique ,qui les ont aidés, à celle du Front populaire en 1937 .En tous cas plus généralement ,le patronat agit comme bailleur de fonds des partis politiques qui soutiennent ses intérêts et des candidats qui appuient ses thèses même si ,en l'espèce , sa politique est plus discrète, en France tout au moins depuis la loi ordinaire du 11 mars 1988 sur le financement des partis politiques .Et il est bien connu ,grâce à l'emprise qu’il a sur les moyens d’information ,que l’on songe aux liens qui unissent le groupe Bouygues à TF1, ou encore la mainmise des groupe Hersant et Philippe Aki sur une large fraction de la presse écrite, que le patronat orchestre fréquemment des campagnes d'information dans le sens de ses intérêts .Cela s’est vu dans notre pays par exemple en septembre 1992 avant le referendum de ratification du traité de Maastricht ,c'est encore le cas à l'été de 1997 contre la semaine des 35 heures .En sens inverse, les gouvernants dont le rôle politique essentiel consiste à arbitrer entre de multiples catégories de priorités ,ne sont pas démunis face aux prétentions des patrons et de leurs organisations lorsqu'elles risquent de s'avérer excessives. A titre d’exemple, l’on peut citer pêle-mêle, la législation antitrust américaine qui n'a cessé de s'alourdir depuis le Chairman acte de 1890, de même que celle qui notamment par un texte de 1876 est le fédéral regulation of lobbying acte de 1946 réglemente l'action des groupes d’intérêts.En ce qui concerne la France, l'on peut évoquer plus spécifiquement la loi du 1er août 1986 visant à éviter une trop grande concentration des entreprises de presse et la décision du conseil constitutionnel du 29 juillet 1986 qui s'y rapporte ainsi que par ailleurs la loi organique du 11 mars 1988 sur le financement des campagnes électorales et les textes des 15 janvier et 10 mai 1990, 29 janvier 1993 et les trois lois du 19 janvier 1995 qui la complètent.

La leçon à tirer des quelques exemples que l'on vient de donner consiste bien entendu à estimer l'influence des groupes patronaux à son juste pouvoir sans pour autant épouser la thèse d'un

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marxisme vulgaire selon laquelle tout système démocratique ne serait qu'un paravent destiné à cacher la nature capitaliste du régime .

X-Mais il est temps maintenant d'aborder la dernière espèce de groupes défendant des intérêts matériels à savoir les syndicats de salariés

La place et l'action sur la scène politique est conditionnée tant par leur nombre et leur structure d'une part que par leurs rapports avec les partis politiques d’autre part .Reprenons ces deux points à leurs propos à commencer par l'état des forces syndicales dont l'examen renvoie à la question de l'unicité ou de la pluralité des confédérations.

Les syndicats sont en effet par définition pluriels et les modalités de regroupement peuvent être fondées soit sur l'entreprise d’où le ? primordial de l'ouvrier mais particulièrement inféodé au patron, soit sur le métier ,soit sur l'industrie ,cellules de solidarité de plusieurs métiers voisins et de sauvegarde de conscience de classe à travers le territoire ,soit enfin sur chaque niveau de la hiérarchie de l'entreprise ,les ouvriers s’associant entre eux et les employés, les cadres en faisant de même. Tout syndicat est une combinaison de ces différentes structures avec cependant une nette prédominance à l’heure l'actuelle du syndicalisme d'industrie et ce depuis l'adoption de cette formule par la CGT en 1906 .Cela posé, suivant les traditions nationales, les syndicats peuvent être ou non réunis au sein d'une confédération unique .C'est ainsi que l'Allemagne et la Grande-Bretagne ou encore la Suède ,pratique le système de la confédération unique .En France en revanche, il existe cinq grandes centrales syndicales principales ,oppositions souvent divergentes. La CGT , la CGTFO, la CGC , la CFTC et la CFDT et à côté d'elles, un syndicalisme autonome et indépendant où l'on trouve, pour ne citer que quelques formations, la fédération générale autonome des agents de conduite ,le syndicat autonome des agents de l'assemblée nationale , la confédération des syndicats libres ,la FENE, le syndicat de la magistrature, la fédération autonome des syndicats de police ou encore le syndicat national des journalistes .Dix de ces organisations se sont réunies le 10 décembre 1981 pour envisager une concertation et une réflexion sur les problèmes généraux du syndicalisme .C'est la FDSU , dominée par le syndicat Sud ,solidaire unitaire démocratique. Cet éparpillement syndical en France pèse d'un poids très lourd dans notre pays sur les destinées mêmes du syndicalisme car il affaiblit la capacité de négociation de tous les organismes de salariés à un point tel que depuis une dizaine d'années par exemple de grands conflits, à commencer par celui des infirmières dans les années 80, se sont réglés en dehors des syndicats grâce à un système de coordination aussi informel que fugitive. Par ailleurs, cet éparpillement est facteur de surenchère entre les formations et en fin de compte, il accentue leur perte de crédit auprès de beaucoup de travailleurs.

Mais ,pour rester dans le cas français, revenons plus spécialement aux grandes centrales pour prendre la mesure à côté des quelques traits communs qui se trouvent dans chacune d'elles ,de tout se qui peut les différencier .Caractéristiques communes aux cinq grandes confédérations : la structure et la pauvreté des moyens .En ce qui concerne l'organisation, dans toutes ces centrales, une structure verticale composée de fédérations d'industrie qui réunissent au plan national des syndicats d'une même branche et généralement doublé par l'agencement horizontal à base géographique des unions locales, départementales ou régionales qui rassemblent sur un même territoire les syndicats des différentes branches .Dans ce schéma propre à la France, l'agencement des syndicats contrairement à ce qui se pratique aux États-Unis par exemple, est basé principalement sur la localité .La section d'entreprise quand elle existe apparaissant comme une subdivision du syndicat local .

Au sommet de l'édifice, avec des attitudes diverses et sous des formes relativement proches, les centrales comportent 4 types d’instances. Partout ,l’autorité supérieure en est le congrès qui définit la politique à suivre et avalise les actes de la direction .C’est l’organe souverain qui réunit en principe tous les deux ans, tout les trois ans à défaut, les représentants des syndicats affiliés .A ses côtés se trouve une sorte de Sénat syndical ou conseil confédéral ,appelé à la CGT et à défaut, le comité confédéral national où sont représentées les fédérations et les unions

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départementales .Il précise au cours de sessions semestrielles la stratégie mise au point par le congrès .Enfin, l'exécutif se décompose en une commission exécutive également élue, parfois dénommée aussi commission administrative qui détermine chaque mois la conduite à suivre et un bureau confédéral de 12 à 14 membres appelés secrétaires qui est l'organe permanent de direction .L'un de ces secrétaires, le secrétaire général tient en fait tous les pouvoirs qu'il s'agisse de Nicole Notat ,la CFDT et réélue pour trois ans au congrès de mars 1995 ,de Marc Blondel qui a obtenu un troisième mandat au congrès de février mars 1996 ou de Bernard Thibault à la CGT .C'est toujours un personnage très médiatique .

Seconde caractéristique commune à toutes les centrales : la faiblesse des moyens tant en ressources financières en ce qui concerne l'encadrement des hommes .Les budgets en effet alimentés en grande part par les cotisations des adhérents sont très étriqués dans la mesure où celles-ci sont fixées en moyenne à seulement l'équivalent d'une heure de travail par mois .A titre indicatif, le FO déclarait pour 1996 un peu plus de 132 millions de recettes dont 74 millions de cotisations .La CFTC un budget de 25 millions en 1993 dont 50 % de cotisations et la CGT ,70 millions de recettes en 1997 dont 21,2 millions de cotisations mais également des dettes à long terme pour environ 34.5 millions .Tous ces chiffres sont naturellement sujets à caution .Ils traduisent néanmoins la faiblesse des syndicats français qui doivent limiter leur administration à quelques dizaines de membres salariés uniquement .

Cela dit, par delà ces traits communs, c’est depuis la loi du 21 mars 1884 qui autorise les formations syndicales en France et la fondation de la CGT en 1895, principalement les distensions politiques qui caractérisent l'éclatement du syndicalisme français et le fractionnement de la représentativité ouvrière en formations davantage rivales et antagonistes qu'animées par le souci de l'unité d'action .Il est loin en effet le temps ou dans la charte d'Amiens le congrès de la CGT de 1906 proclamait l’apolitisme du mouvement syndical. Dès 1921, peu après la scission socialo communiste qui se produisait au congrès de Tours en 1920, une minorité exclue de la CGT va fonder une seconde centrale, la CGTU. A partir de ce moment, les divisions et les réunifications de la gauche syndicale reproduiront les mésententes et les retrouvailles de la gauche politique .C’est ainsi que la CGT la CGTU se réunifient le 5 mars 36 pour de nouveaux se séparer en septembre 39 avant de se reconstituer en semblant d'unité aux accords du PEREU d'avril 1943 .En avril 48 à la suite d'une nouvelle division du syndicalisme laïque faisant suite à la rupture du tripartisme PCS affilié MRP, les modérés du mouvement fondent la CGT FO et parallèlement le syndicalisme chrétien apparu en 1919 avec la création de la confédération française des travailleurs chrétiens ,la CFTC ,connaît lui aussi un schisme puisque d'abord dans la mouvance démocrate-chrétienne puis se gauchisant, il était décidé au congrès de novembre 1964 que la confédération se déconfessionnaliserait sous le nom de CFDT ou confédération française démocratique du travail ,une minorité refusant alors cette laïcisation et se constituant en CRTC maintenue .

Ajoutons à cela qu’à ces quatre grandes centrales, il faudrait ajouter la confédération générale des cadres, la CGC créée en 1944 qui récuse la lutte des classes mais qui se comporte pratiquement comme une force d’opposition au gouvernement de gauche comme elle l’a démontré de 1981à 1986. Et à l’opposé, il faut mentionner une nébuleuse gauchiste autour de SUD. Ce rapide survol historique du syndicalisme en France pose le problème des rapports qu'il est amené à entretenir avec les autorités politiques et plus spécialement avec les partis .A cet égard, deux traditions s’opposent. La tradition britannique des traits d’unions et du labour parti qui en est l’émanation ou le combat politique apparaît comme le prolongement de l'action syndicale .Et l'usage français fondé depuis la charte d'Amiens en théorie sur le principe de la séparation de deux ordres de lutte et sur l'apolitisme syndical .En réalité , en France ,cette position de principe d'apolitisme syndical ne peut être qu'un rideau de fumée dès lors que l'État a une politique économique qui touche à l'emploi ,aux prix, aux salaires et aux subventions .Tous domaines qui ne peuvent laisser les syndicats indifférents. C'est pourquoi ,par une suite de transitions naturelles et insensibles ,malgré les délégations répétées, la dernière en date étant celle de la CGT qui a déclaré en 1997 s'affranchir des positions du parti communiste français ,tous les syndicats en sont venus à s'engager pleinement en matière politique par des soutiens plus ou moins affichés en faveur de tel ou tel parti ou encore en tolérant la compatibilité des mandats syndicaux et des mandats politiques.

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XI-Mais laissons les syndicats pour en arriver à l'examen à présent des groupes d'idées

Aucune activité humaine ne pouvant par nature être exclue du champ politique, on peut dire que les mouvements de ce genre pour hétérogène qu'ils soient et quel que soit l'équivoque de leurs démarches peuvent se classer en deux catégories .Parfois ,il s'agit en effet de groupes de pressions qui poursuivent des objectifs propres, parfois ce sont des organismes manipulés plus ou moins directement par les partis qui espèrent ,grâce à eux, élargir leur audience en direction de clientèle particulière à capter .

Dans le premier groupe d'organisations ,c'est souvent la similitude de conditions sociodémographiques ou sociales qui réunit les membres .Tels sont pêle-mêle les groupements féminins ,les organisations d'étudiants , celles qui rassemblent les anciens combattants ou bien encore les mouvements d’homosexuels et cette liste n'est pas exhaustive .Ainsi par exemple, les églises ,en tant que corps constitués ,occupent une place à part dans cette catégorie en ce sens que leurs actions et leurs intérêts sont par nature plus larges que ceux des groupes précédents. C’est ainsi que l’on a pu voir le cas limite avec le clergé chiite en Iran d'un groupe confessionnel qui s’est littéralement emparé du pouvoir .Ailleurs, la pression peut être globale pour ou contre un régime politique donné ,pour ,et c’est l’ exemple de la hiérarchie catholique qui soutient dans sa majorité le régime de Vichy, contre ,c’est l’autre exemple l'église de Pologne qui ,en protégeant le syndicat solidarité a contribué à la chute du communisme dans ce pays .Mais il arrive aussi que les églises défendent des intérêts particuliers comme notamment l'aide à l'enseignement privé confessionnel par exemple en France ,comme cela a été le cas en 1984 .

Deuxième catégorie, les clubs politiques. Ils constituent une catégorie à part précisément parmi les groupes d'idées du fait des liens étroits qu'ils entretiennent avec les partis politiques .Sans aller jusqu'à rappeler leur action sous la révolution en France et en ne faisant qu’évoquer l'influence de la franc-maçonnerie, il n’est qu'à remarquer plus près de nous que ce sont des sociétés de pensées qui furent à l'origine de la fondation en 1901 du parti radical .Aujourd'hui, pour rester dans le cas français, on peut dire qu’à droite comme à gauche ,les clubs fleurissent et que leur succès même est à la fois la conséquence et le symptôme d'une crise du système partisan .Comme l'a démontré Jeannine Mossuse dans un ouvrage de 1970 intitulé « les clubs et la politique en France », ce sont les difficultés des partis de gauche des années 1950 à 1981 qui ont suscité l'apparition de clubs comme notamment le club des Jacobins créés en 1951 par Charles Hernu ,sociétés de pensée .Soit ils étaient destinés à regrouper les minoritaires d’un parti, soit et c'était surtout vrai à partir de 1965 ,ils se présentaient comme des filières de parti de manière à attirer des sympathisants vers ses parties sans toutefois exiger d'eux un engagement politique total .En porte-à-faux ,entre la pression et le système partisan ,nombreux parmi eux finiront par intégrer l'univers du combat politique exclusif .C'est ainsi qu'ils jouèrent un rôle important dans l'avènement du parti socialiste au congrès d'Issy-les-Moulineaux en 1969 contribuant du même coup à la restructuration de la gauche française .A partir de 1981, la défaite des partis de droite a produit le même phénomène à son tour. C'est ainsi qu'a été réactivé par exemple le club « perspectives et réalité ». Proche du parti républicain, preuve s’il en est que la formule des clubs avait démontré son efficacité dans une stratégie renouvelée de conquête du pouvoir.

XII-Les fonctions des groupes de pressions

A la différence des partis politiques qui participent à l'expression des suffrages ,des groupes de pressions certes ne participent pas aux élections politiques d'autant qu'ils ne défendent par principe que des intérêts catégoriels .En fait ,derrière les apparences ,étant donné que d'une certaine manière, les partis aussi sont les portes paroles de certaines couches ou parties de la population à un point tel que parfois, comme dans le cas de l'organisation « chasse, pêche, nature et tradition » qui a présenté des candidats aux dernières législatives sous le sigle CPNT, il est difficile de distinguer partis et groupes de pressions .Il apparaît que la différence entre les deux

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types d’ organisation ,partis et groupes de pressions donc, tient moins à leur nature qu’à leur situation sur l'échiquier sociopolitique .On a même vu sous la Ve république de 1958 à 1981 lorsque les partis de droite majoritaires ne parvenaient plus à contrôler réellement un président de la république et un gouvernement omnipotent, les syndicats se posaient comme la seule force politique de substitution capable de jouer les contre-pouvoirs en lieu et place de parti, incapable d'exercer la fonction agrégative des intérêts du corps électoral .

De la même manière, on peut dire aujourd'hui que le MEDEF est une sorte de contre-pouvoir au parti socialiste en place au gouvernement.

C’est pourquoi, pour reprendre la distinction de Merton entre fonction manifeste et fonction latente ,l'on peut dire que les groupes d'intérêts exercent une fonction manifeste de contestation du système politique dans lequel ils sont immergés ,certes ,mais aussi une fonction latente d'intégration à ce même système lorsqu'ils contribuent au maintien de la paix sociale .Les négociations périodiques entre les syndicats ouvriers, le patronat et le gouvernement en constituent à cet égard le révélateur .

L'action des groupes de pressions

Au fil de nos développements, certains aspects de cette action ont été abordés, notamment lorsque nous avons examiné les liens tissés entre les syndicats avec certaines autres organisations comme les clubs et les partis politiques .D'une manière plus synthétique toutefois, il reste à apprécier l'ampleur de cette pression sur le pouvoir lui-même d'une part et sur l'opinion publique d'autre part, laquelle naturellement influence elle-même le pouvoir.

XIII -L'action sur le pouvoir

Selon le contexte ,les groupes feront porter l'essentiel de leurs efforts sur tel ou tel secteur de l'appareil public de la direction d’une commune jusqu'aux instances internationales et dans le choix de leurs tactiques, ils tiendront compte de divers éléments .C'est ainsi que de la quatrième à la Ve république ,le centre de gravité du pouvoir s'étant déplacé du législatif à l'exécutif ,l'intervention des groupes de pressions a délaissé quelque peu l'hémicycle pour courtiser plutôt les ministères et les membres des cabinets .Cela dit, sur la forme ,l'action de la pression peut être ouverte ou au contraire occulte .

L'action ouverte

Elle est plus généralement le fait des groupes de masses et elle peut être de trois types .En premier lieu ,il peut s'agir tout bonnement d'informations par lesquelles un groupe fait connaître ses attentes .Des revues , documentations ou dossiers tout préparés inondent ainsi les casiers des parlementaires ,ceux des commissaires européens et les bureaux des conseillers ministériels quotidiennement .Et ceux-ci sont trop contents ,trop heureux qu'on leur mâche le travail mais cela dit ,il y a pression lorsque cette information d'apparence objective est orientée. En second lieu, l’action des groupes s'exerce aussi dans les multiples consultations institutionnalisées .C'est le cas du conseil économique et social ou de la commission du plan ou occasionnellement, il peut s'agir en l'espèce de l'audition de groupe par notamment les commissions parlementaires .Autant de points de contact officiel entre les groupes et les organismes publics.En troisième lieu, enfin la pression peut être violente et confinée à la menace lorsqu'il s'agit de lettres comminatoires voire de séquestration de fonctionnaires ou d'attentats contre les bâtiments publics.

L'action occulte

La menace ,précisément lorsqu’elle revêt la forme du chantage peut aussi se situer au niveau de l'action occulte .Mais d'une manière plus feutrée , la symbiose élitiste entre le pouvoir politique ,la haute administration et le monde des affaires, accentuée par le rôle des grandes écoles et des universités prestigieuses et la pratique en tous cas en France du pantouflage que l'on retrouve

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peu ou prou d'ailleurs dans tous les pays développés ,et bien cette symbiose est propice à la corruption ,corruption qui soit individuelle ou qu’elle se manifeste par le financement occulte des partis.

XIV -L’action sur l'opinion publique

Il s'agit ici d'un type de pression spécifique au régime démocratique dans lequel influencer l’opinion, c’est également influencer directement le pouvoir .L'action des groupes peut y prendre la forme soit de la persuasion, soit de la contrainte.

La persuasion

En matière d’influence de l'opinion, les groupes d'intérêts utilisent selon les circonstances deux méthodes .Il peut s'agir en premier lieu de la propagande ouverte par laquelle les groupes concernés font valoir leurs besoins et leurs vœux auprès du public ,que ce soit par le canal de la presse spécialisée, syndicale ou corporative, ou encore par la diffusion de communiqués ou de placards publicitaires dans la grande presse .Il peut s'agir également de propagande camouflée lorsque les médias de grande diffusion sont contrôlés par des intérêts particuliers et tout dépend ici de la personnalité plus ou moins autoritaire, plus ou moins habile des véritables maîtres du jeu.

La violence

Certaines formes de pressions enfin agissent sur le public pour mieux contraindre les autorités publiques à composer avec les groupes d'intérêts à leur céder. Soit que l'action porte la sympathie d'une large part de l'opinion, soit que la violence menace de paralyser toute une région ou toute une industrie vitale ou encore de troubler l'ordre public .La grève et les attentats terroristes apparaissent sous ce jour aux yeux de l’observateur comme des procédés sociaux parmi d'autres, utilisés dans le but d'obtenir un certain résultat et par là ,la science politique retrouve la politique.