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Politique rizicole et impact de la libéralisation de la filière riz en Côte d’Ivoire * Aliou Diagne 1 Miaman Koné 2 Kalilou Sylla 3 Ali Toure 4 (Janvier 2004) Résumé Avec les réformes de politiques économiques et les mesures de libéralisation du commerce intérieur mises en œuvre, depuis 1994, dans le cadre du Programme d’ajustement structurel de la Banque mondiale et du FMI, l’Accord sur l’agriculture (AoA) de l’Organisation mondiale du commerce et la Politique agricole commune de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la filière riz en Côte d’Ivoire a fonctionné dans un contexte économique plus ou moins libre pendant un certain temps, déjà. La présente contribution passe en revue l’évolution des politiques et du développement rizicoles en Côte d’Ivoire depuis l’indépendance et évalue l’impact économique et environnemental des réformes politiques et des mesures de libéralisation adoptées depuis 1994. *Contribution présentée au “Séminaire de formation sur les NERICA” Abidjan, 27-29 janvier 2004. Elle se base sur l’étude “Analyse de l’impact environnemental de l’Accord sur l’agriculture de l’Organisation mondiale du commerce sur la filière rizicole en Côte d’Ivoire” conduite en 2003 par le Réseau d’Etudes d’Impact (REI) sur financement du Programme des Nations-Unies pour l’environnement (PNUE). Les auteurs remercient Aissata Sobia Camara, Binaté Namizata, Dibakala Geoffry, Diallo et Frank Djea du CIRES, Kpan Oulaï Clément de l’ANADER et Arsene Kouame de l’ADRAO pour leurs contributions à l’étude du PNUE. 1 Economiste de l’évaluation de l’impact , Programme politiques et développement rizicoles, ADRAO – Le Centre du riz pour l’Afrique B.P. 320 Bamako, Mali Tel: (223) 222 33 75 Fax: (223) 222 86 83, E-mail: [email protected] (auteur à joindre pour les correspondances) 2 Secrétaire Exécutif du Réseau d’études d’impact, a Côte d’Ivoire (REI) 3 Adjoint au Chef de la Division Macro-économie et Modélisation du Centre ivoirien de recherches économiques et sociales (CIRES) 4 Assistant de recherche, Programme politiques et développement rizicoles, ADRAO – Le Centre du riz pour l’Afrique

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Politique rizicole et impact de la libéralisation de la filière riz en Côte d’Ivoire *

Aliou Diagne1

Miaman Koné2 Kalilou Sylla3

Ali Toure4

(Janvier 2004)

Résumé

Avec les réformes de politiques économiques et les mesures de libéralisation du commerce

intérieur mises en œuvre, depuis 1994, dans le cadre du Programme d’ajustement structurel de la Banque mondiale et du FMI, l’Accord sur l’agriculture (AoA) de l’Organisation mondiale du commerce et la Politique agricole commune de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la filière riz en Côte d’Ivoire a fonctionné dans un contexte économique plus ou moins libre pendant un certain temps, déjà. La présente contribution passe en revue l’évolution des politiques et du développement rizicoles en Côte d’Ivoire depuis l’indépendance et évalue l’impact économique et environnemental des réformes politiques et des mesures de libéralisation adoptées depuis 1994.

*Contribution présentée au “Séminaire de formation sur les NERICA” Abidjan, 27-29 janvier 2004. Elle se base sur l’étude “Analyse de l’impact environnemental de l’Accord sur l’agriculture de l’Organisation mondiale du commerce sur la filière rizicole en Côte d’Ivoire” conduite en 2003 par le Réseau d’Etudes d’Impact (REI) sur financement du Programme des Nations-Unies pour l’environnement (PNUE). Les auteurs remercient Aissata Sobia Camara, Binaté Namizata, Dibakala Geoffry, Diallo et Frank Djea du CIRES, Kpan Oulaï Clément de l’ANADER et Arsene Kouame de l’ADRAO pour leurs contributions à l’étude du PNUE.

1 Economiste de l’évaluation de l’impact , Programme politiques et développement rizicoles, ADRAO – Le Centre du riz pour l’Afrique B.P. 320 Bamako, Mali Tel: (223) 222 33 75 Fax: (223) 222 86 83, E-mail: [email protected] (auteur à joindre pour les correspondances) 2 Secrétaire Exécutif du Réseau d’études d’impact, a Côte d’Ivoire (REI) 3 Adjoint au Chef de la Division Macro-économie et Modélisation du Centre ivoirien de recherches économiques et sociales (CIRES) 4 Assistant de recherche, Programme politiques et développement rizicoles, ADRAO – Le Centre du riz pour l’Afrique

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Politique rizicole et impact de la libéralisation de la filière riz en Côte d’Ivoire

1. INTRODUCTION

Le secteur agricole joue un rôle majeur dans l’économie de la Côte d’Ivoire, représentant environ 30% du Produit intérieur brut (PIB), qui était à U$25,5 milliards en 2002, soit un PIB par habitant de U$1550. Le café et le cacao représentent, à eux seuls, près de 15% du PIB et le riz environ 5%. Selon l’indice de pauvreté humaine du PNUD (année ?), la pauvreté est fondamentalement un problème rural en Côte d’Ivoire où près de 42 pour cent des populations rurales vivent sous le seuil de pauvreté contre 23% des populations urbaines. Le recensement national de l’ANADER en 1996, a estimé le nombre de ménages agricoles en Côte d’Ivoire à 2.300.000 dont environ 476.000 riziculteurs.

La riziculture a une longue histoire en Côte d’Ivoire. Selon Dozon (1985), le riz et

d’autres cultures comme le maïs et le manioc ont été introduits en Côte d’Ivoire par les Portugais au 15ème siècle. Depuis lors, la culture du riz a augmenté en importance, aidée qu’elle était par les conditions agro-climatiques favorables des forêts humides, où elle se confinait jusqu’à la veille de l’ère coloniale (Dozon, 1985). L’introduction des cultures commerciales pérennes, notamment le café et le cacao, par les colonisateurs français en 1880, a ralenti sa progression au reste du pays. Mais, la culture du riz pluvial s’est étendue rapidement au reste de la Côte d’Ivoire entre 1925 et 1935 en parallèle avec le développement des plantations de café et cacao. Cette expansion rapide de la riziculture a été encouragée par l’administration coloniale française qui y voyait un complément des cultures commerciales pérennes et une bonne source de culture vivrière facile à conserver et à transporter pour les besoins de la population urbaine croissante Dozon (1985). A cette fin, l’administration coloniale française a organisé, entre 1940 et 1945, une vaste campagne de promotion du riz à travers le pays. Cette campagne a été soutenue par l’introduction de variétés à haut rendement provenant d’Asie et d’Amérique latine. L’administration française a aussi introduit et promu du matériel génétique amélioré provenant de ses stations de recherche au Sénégal, au Burkina Faso, en Guinée, à Madagascar et en Guyane française (Dozon, 1985; Dalton et Guei, 2003).

La Côte d’Ivoire a de bonnes potentialités pour une production de riz couvrant ses

besoins intérieurs et même pour l’exportation. Il y a, en effet, quelques 17 millions d’hectares de terres cultivables en Côte d’Ivoire (53% des surfaces) et seulement 40% de ces terres sont actuellement cultivé annuellement. La Côte d’Ivoire est aussi relativement bien dotée en ressources en eau et un climat très favorable à la riziculture. Malgré ces grandes potentialités, la production rizicole n’a pas pu suivre la croissance rapide de la demande (figure 1). La demande croissante de riz est alimentée par une combinaison des taux élevés de croissance de la population et une urbanisation rapide5. La production intérieure de riz couvre seulement environ 60% des quelques 1.200.000 tonnes de riz consommé en Côte d’Ivoire, en 2000. En résultante, les importations de riz ont augmenté de manière régulières depuis l’indépendance (de 39.000 tonnes en 1961 à 641.000 tonnes en 2001). La Côte d’Ivoire a été classée cinquième importateur mondial de riz, en 2001, avec plus de 80% de ces importations provenant de seulement cinq pays asiatiques : Thaïlande (26%), Chine (25%), Pakistan (14%), Vietnam (13%) et Japon (10%).

La filière riz en Côte d’Ivoire a fonctionné dans un contexte économique plus ou moins libre depuis les grandes réformes de politique économique et les mesures de libéralisation mises en œuvre, en 1994, dans le cadre du Programme d’ajustement structurel de la Banque mondiale et du FMI, de l’Accord sur l’agriculture (AoA) de l’Organisation mondiale du commerce et de la

5 Matlon, Randolph et Guei, 1996; Reardon, 1993.

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Politique agricole commune de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). L’objectif global de cette étude est d’évaluer l’impact économique et environnementale de ces réformes politiques, de la libéralisation du commerce intérieur et du commerce mondial sur la filière rizicole en Côte d’Ivoire.

Les objectifs spécifiques sont de : 1. Passer en revue la structure de l’économie du riz et l’évolution des politiques de

développement rizicole, notamment les politiques nationales, régionales et internationales qui ont affecté la filière riz en Côte d’Ivoire.

2. Evaluer l’impact des mesures de libéralisation interne et de l’OMC mises en œuvre en 1994 sur a) l’offre et la demande intérieures de riz, b) le bien-être des consommateurs et producteurs locaux de riz et d) la déforestation et la biodiversité du riz.

3. Formuler des recommandations politiques pour minimiser les impacts négatifs de la libéralisation et en maximiser les impacts positifs.

2. STRUCTURE DE L’ECONOMIE DU RIZ EN CÔTE D’IVOIRE

La faible croissance de la production intérieure de riz en Côte d’Ivoire est due à la faiblesse des rendements dans les systèmes de production de riz pluvial de plateau et de bas-fond (1,3 à 1,7 tonne par hectare dans les zones de forêt et 0,75 à 1,5 tonne par hectare en milieu de savane).6 Le riz pluvial occupe jusqu’à 93% de la surface totale cultivée en riz pour les besoins de consommation familiale et il est cultivé selon des pratiques traditionnelles avec des variétés à faible rendement. Les champs de riz pluvial sont très souvent de petite taille et exposés aux aléas climatiques (notamment la sécheresse) avec une main d’œuvre qui se limite généralement aux membres de la famille et une intensification limitée en raison des coûts élevés des engrais et pesticides.

A l’inverse, le riz irrigué, qui occupe seulement 7% des surfaces, atteint des rendements moyens allant jusqu’à 4 tonnes par hectare aussi bien dans les zones de forêts que de savane. Les producteurs de riz irrigué tendent à s’intéresser beaucoup plus à la commercialisation et sont plus disposés à adopter des pratiques modernes, des variétés à haut rendement ainsi que des niveaux d’engrais de pesticides et d’herbicides proches de ceux recommandés par la recherche. Grâce à ses hauts rendements, le riz irrigué tend à être financièrement plus rentable que le riz pluvial, malgré les coûts beaucoup plus élevés des intrants requis. Mais, la multiplication par 2 des coûts des intrants depuis la dévaluation du franc CFA a réduit de façon significative cette rentabilité.

Les systèmes de production de riz pluvial ne sont pas stabilisés et leur expansion n’a eu lieu qu’à travers l’extension des surfaces plutôt que par l’amélioration de la production par unité de surface. Cette extension des surfaces peut se faire soit par le défrichage de nouvelles terres, soit plus vraisemblablement parla réduction des périodes de jachère car les terres arables se trouvent de plus en plus loin des villages et de plus en plus rétrécies. La réduction des périodes de jachère menace la durabilité des systèmes de production de riz pluvial car la fertilité du sol ne peut pas être maintenue avec la faiblesse ou l’inexistence d’utilisation d’engrais qui caractérise ce type de production. On sait aussi que la culture itinérante pratiquée, année après année, par la majorité des riziculteurs accélère la déforestation et l’érosion du sol.

La plupart du riz produit en Côte d’Ivoire est destinée à la consommation familiale. Seulement 43 % de la production était commercialisé en 1994.7 La proportion de riz commercialisé varie d’une région à une autre selon que celle-ci est zone traditionnelle de production ou non. En général, ce sont les paysans des régions de l’Ouest et du Centre qui 6 Matlon, Randolph et Guei, 1996. 7 CIDV 1994.

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produisent des surplus de riz qui sont commercialisés dans leurs régions ou en dehors. La région Nord-Ouest, est en général, déficitaire en riz malgré qu’elle soit une région traditionnellement productrice. En outre, la production de riz pluvial est largement destinée à la consommation familiale dans les zones de forêt tout en constituant une source complémentaire de revenus dans les zones de savane productrices de coton. Pour les travailleurs des plantations de café et cacao, le riz est une source complémentaire de revenus.8

Les surplus de riz local sont commercialisés à travers deux circuits : un circuit traditionnel informel et un circuit moderne. Dans le circuit traditionnel, les négociants en riz achètent les surplus de riz aux producteurs qui transportent leur paddy sur les marchés ruraux hebdomadaires ou les marchés urbains. Le paddy est transformé en riz blanc par les femmes (pilage) ou à l’aide de décortiqueuses ou de petites unités artisanales de transformation appartenant aux négociants (en gros ou détaillants) ou d’autres intermédiaires qui transforment le paddy pour les paysans ou les négociants, moyennant des frais. Les coûts de commercialisation par unité sont relativement élevés parce que le riz est généralement vendu en petites quantités sur une base irrégulière et doit être transporté par des moyens traditionnels (porteurs, ânes, bicyclettes, véhicules de transport et petits camions) des villages de production aux centres de collecte ruraux, aux transformateurs et aux distributeurs en gros, et tout cela, dans un délai très court après la récolte, à un moment où les pistes rurales sont en mauvais état. La politique et la stratégie de développement rizicole du gouvernement a toujours mis l’accent sur le secteur moderne de transformation et ignoré systématiquement la transformation artisanale à petite échelle qui comptait 1900 à 3000 petites décortiqueuses et unités de transformation en 1988.

Dans le circuit moderne, les associations paysannes et les gros producteurs fournissent, sous contrat, de grandes quantités de riz aux unités modernes d’usinage. Des moyens modernes sont utilisés pour transporter le paddy des centres de collecte vers les infrastructures d’usinage comportant une dizaine de complexes industriels de conservation et de transformation et plusieurs opérations de transformation à petite et moyenne échelle (micro et mini “rizeries”). C’est le gouvernement qui a construit et faisait fonctionner les dix complexes industriels de conservation et de transformation dans lesannées 1970, puis ils fonctionnaient avec des opérateurs privés sous contrat avec le gouvernement de 1980 à 1990 avant d’être entièrement privatisés. Avant la libéralisation en 1990, chaque complexe était assigné à une zone de collecte et devait acheter le paddy des paysans à un prix fixé par le gouvernement pour stimuler la production rizicole.

Les quantités de paddy local collectées et transformées à travers le circuit moderne ont toujours été faibles comparativement à la capacité des unités d’usinage estimée à 440.000 tonnes en 1996.9 Les quantités de paddy local collectées et transformées à travers le circuit moderne ont représenté environ 5 % de la quantité totale usinée en 1996. les dix complexes industriels tournaient à environ 4,5% de leur capacité, en moyenne, dans les années 1990 et transformaient seulement environ 3% de la production totale de paddy. En résultante, leur coût d’opération par unité était très élevé (100 CFA par kilogramme de riz usiné en comparaison à 20 à 25 CFA dans les micro et mini “rizeries” et le circuit traditionnel de transformation). Les unités industrielles d’usinage ont été adaptées à l’environnement libéralisé à travers l’augmentation de leur volume de transformation avec du riz cargo importé des Etats-Unis.

Le riz transformé est distribué par des vendeurs en gros agréés à un prix fixé jusqu’en 1994 par le gouvernement. Pour le paddy, le riz usiné et le riz importé, un prix officiel est fixé à l’échelle de tout le pays, malgré les différences de coût de transport. Les mêmes prix officiels à l’échelle nationale sont appliqués, en principe, au riz transformé dans les micro et mini “rizeries”.

8 INRA, 1992. 9 Camara, 1996.

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Un programme de subvention transversale financé par les taxes sur le riz importé était utilisé jusqu’en 1994 pour compenser les transformateurs de riz pour la différence entre le coût du riz transformé localement et le prix officiel de vente (un montant substantiel) selon une formule complexe. Malgré la taxe pour subventionner la production locale de paddy et la transformation du riz local, le prix moyen du riz importé (tous types confondus) était significativement plus bas que celui du riz local aussi bien avant qu’après la libéralisation sauf pour la période entre 1989 et 1993, où tous les prix étaient fixés au même niveau de 160 CFA (Figure 2). La différence moyenne de prix a été plus importante dans la période post-libéralisation. Les prix du riz importé ont rarement fluctué avant la libéralisation comparativement aux prix au consommateur du riz local, qui était pratiquement ajusté chaque année. Les prix du paddy, eux aussi, sont restés généralement stables au fil des ans à quelques exceptions près (Figure 2).

Le riz local commercialisé à travers les circuits traditionnels informels tendait à être de

moins bonne qualité que le riz importé parce que c’est un mélange de grains entiers et de brisures de différentes variétés, tailles et couleurs. Il contient des graines d’adventices, des cailloux, du sable et des résidus d’insectes.10 Seules les machines de transformation des complexes industriels peuvent débarrasser des impuretés et séparer les brisures des grains entiers. Les opérations d’usinage industriel ou semi-industriel menées dans le circuit de commercialisation moderne peuvent permettre d’avoir une qualité de grains similaire à celle du riz importé, mais les coûts de transformation et les pertes sont assez élevés lorsque le paddy est de mauvaise qualité. Le coût élevé de la transformation du riz local et son transport vers les centres de consommation justifient dans une large mesure son prix. Comme les riziculteurs des périmètres irrigués cultivent moins de variétés et ont un meilleur accès aux infrastructures post-récolte de transformation et de conservation des grains comparativement aux producteurs de riz pluvial, ils tendent à produire du riz de meilleure qualité à des coûts de transformation plus faibles. Les contraintes de transport ne sont pas aussi accentuées dans les zones de production de riz irrigué, où les pistes rurales sont souvent plus développées et en bon état toute l’année.

La qualité du paddy peut ne pas être une question importante tant que les paysans assureront le décorticage et la transformation pour leur propre consommation ou pour la vente à d’autres paysans déficitaires habitués à ce riz de faible qualité. Mais, les consommateurs non-paysans, particulièrement ceux des milieux urbains, sont très sensibles à la malpropreté et au mélange entre brisures et grains entiers qui caractérisent le riz local.11 Beaucoup de ces consommateurs préfèrent acheter le riz importé non mélangé et moins coûteux et considéré comme de moindre qualité par rapport à d’autres critères. Beaucoup de variétés de riz local cultivées par les paysans ont des qualités de cuisson et de dégustation égales ou supérieures au riz importé. Mais, le manque de propreté et d’homogénéité des grains du riz transformé à la main ou par les unités artisanales annihile chez les consommateurs toute appréciation de ses attributs intrinsèques de cuisson et de dégustation.

Les acheteurs de brisures de riz importé de basse qualité représentent 70 % des consommateurs de riz selon une étude menée par Camara (1998). Ceux-ci n’ont pas de grandes ressources et sont des personnes retraitées ou avec des familles nombreuses. La justification de leur choix, c’est que ce type de riz est économique (les brisures gonflent bien à la cuisson). Le

10 Lorsque le paddy n’est pas récolté et stocké à temps ou qu’il est séché trop hâtivement, la proportion de brisures est très élevée à la transformation. Les infrastructures et les pratiques des paysans font que les bons grains de paddy se retrouvent mélangés aux grains endommagés, aux graines d’adventices, aux résidus d’insectes, au sable et aux cailloux. 11 En plus de l’apparence, le riz composé de grains entiers et de brisures se digère mal lorsqu’il est préparé comme brisures et collant lorsqu’il est préparé comme grains entiers. En outre, les différentes variétés de riz ont différents temps de cuisson et ne cuisent pas de façon uniforme une fois mélangées tout comme c’est le cas pour le mélange de grains entiers et de brisures.

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groupe à revenu intermédiaire est plus regardant et ne se satisfait pas des brisures importées qui n’ont pas bon goût et dont la propreté et l’homogénéité sont douteuses. Cette catégorie de consommateurs alterne le riz de bonne qualité de grande consommation et le riz de transformation semi-industrielle ou artisanale. Le groupe à revenu élevé achète seulement du riz “de luxe” et du riz usiné par les unités industrielles. Les qualités préférées par ce groupe à revenu élevé sont les types de grains blancs, propres, longs et fins. Le groupe à revenu le plus élevé achète du riz importé Thaï parfumé, qui coûte très cher. Pour la majorité des consommateurs, ce type de riz est consommé seulement à l’occasion de cérémonies et d’évènements sociaux.

3. EVOLUTION DES POLITIQUES ET DU DEVELOPPEMENT RIZICOLE EN CÔTE D’IVOIRE

Augmenter la production intérieure du riz pour en satisfaire la consommation croissante

et réduire les importations a été une priorité pour la Côte d’Ivoire, depuis son indépendance. Les investissements dans la filière rizicole ont rapidement augmenté de 12% des investissements totaux dans l’agriculture en 1960 à 47% en 1966 avant de se stabiliser à environ 40 %, jusqu’à la fin des années 70. Cependant, pratiquement tous les investissements dans la filière rizicole (90%) sont allés dans la construction et la maintenance de périmètres de riz irrigué dans le Nord du pays (jusqu’à 1963) et dans le Sud (à partir de 1967). Et pourtant, le riz irrigué ne contribue que pour seulement 15% à la production nationale comparativement à 85% pour le riz pluvial.12

L’une des principales initiatives politiques sur le riz prises par le gouvernement de Côte d’Ivoire a été la création, en 1970, de la Société de développement de la riziculture (SODERIZ), un organisme para-étatique mis en place pour exploiter les grandes potentialités de production rizicole dans le pays et aider à parvenir à l’autosuffisance en riz. SODERIZ devait s’occuper du développement et de la gestion des périmètres de riz irrigué et de l’assistance à la production de riz pluvial. Ses activités comportent l’organisation des coopératives paysannes et la distribution des intrants (semences, engrais, herbicides), qui a encouragé les paysans à utiliser des niveaux élevés d’intrants (DIOMANDE, 1995). SODERIZ se chargeait aussi de l’achat, de la transformation et de la commercialisation de la production locale. Ainsi, vers 1976, SODERIZ disposait d’infrastructures modernes de transformation d’une capacité installée de 150.000 pour l’usinage du paddy acheté aux paysans à des prix garantis. Au moment de la crise pétrolière et de la flambée des prix sur le marché mondial, SODERIZ a augmenté le prix au producteur, qui est passé de 28 CFA/kg à 65 CFAkg – une augmentation de 132 % (DIOMANDE, 1995). L’augmentation des prix a stimulé les producteurs qui ont augmenté la production de riz local à travers l’exploitation des bas-fonds des zones du Centre-Ouest et du Nord-Ouest du pays. L’offre de paddy aux transformateurs a rapidement monté et atteint 115.000 tonnes, en 1975 (de moins de 15.000 tonnes en 1972), alors que le volume des importations baissait de 150.000 tonnes en 1973 à 2.000 tonnes en 1976. SODERIZ avait donc, au-delà de toute espérance, atteint ses objectifs, qui initialement, étaient considérés comme trop ambitieux (ZOUNGRANA Placide, 1990). La Côte d’Ivoire a même exporté 32.000 tonnes de riz usiné au cours de la période présentée comme “l’âge d’or” de l’économie du riz en Côte d’Ivoire.

Cependant, le coût élevé de l’opération ne permettait pas sa durabilité. Pour couvrir les coûts de collecte et de transport du paddy, de transformation et de distribution du riz, SODERIZ nécessitait une subvention d’au moins 52 CFA/kg sur la base d’un prix en gros fixé à 87 FCFA13. Mais, la subvention totale fournie par la ‘Caisse Générale de Péréquation des Prix’ (CGPP), l’organisme en charge de la gestion du programme national de subvention du riz, ne suffisait pas à couvrir les grandes quantités de paddy proposées par les paysans. Cette situation a entraîné de

12 Estimations fondées sur l’étude à l’échelle nationale conduite par l’ANADER en 1996. 13 WILDE, 1986, cité par Zoungrana, 1990

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grosses difficultés financières pour SODERIZ, qui a accumulé une dette de 26 milliards de FCFA en 1977. En outre, les grossistes du riz entraient en collusion avec les importateurs pour rendre inefficace, le réseau de distribution mis en place par SODERIZ14 au point de créer des pénuries artificielles de riz sur les marchés locaux, malgré la présence d’importants stocks dans les dépôts de la société. SODERIZ a été finalement dissoute en 1977 après avoir été accusée pour les pénuries artificielles de riz.

Avec cette dissolution, l’environnement politique de la production et commercialisation du riz est devenu incertain de 1979 à 1981, sans orientation précise. La production intérieure de riz a commencé à décliner au cours de cette période, ouvrant la voie à des importations massives de riz pour satisfaire une demande toujours croissante. La production a commencé à remonter en 1983 avec l’aide d’un projet financé par la Banque mondiale. Mais, avec la chute des prix du riz sur le marché mondial en 1984, le gouvernement a opté pour l’importation de riz bon marché, abandonnant, ainsi, son objectif de promotion de la production locale (DIOMANDE, 1997). Entre-temps, une nouvelle politique rizicole a été mise en œuvre à partir de 1982 avec la mise en fonction des complexes industriels de transformation du riz sous-traités aux compagnies privées. Selon les termes du contrat, le gouvernement doit payer une prime au delà des coûts fixes et de fonctionnement (y compris l’amortissement et les autres coûts d’investissement) aux opérateurs privés qui prennent en charge toutes les activités de collecte, transport et transformation du paddy, ainsi que la distribution du riz usiné. Les transformateurs industriels étaient aussi autorisés à usiner du riz cargo importé des Etats-Unis dans le but de valoriser leur grande capacité de transformation non-utilisée. La CGPP avait le monopole des importations de riz dans la nouvelle politique.

Confronté à une crise financière croissante, le gouvernement a mis fin aux contrats avec les opérateurs privés en 1990, après avoir accumulé quelques 10 milliards d’arriérés de paiement des primes. Il a aussi aboli les zones de collecte du paddy et libéralisé les prix aux producteurs, en maintenant tout juste un prix plancher. La dévaluation de 50% du CFA en 1994 a rendu encore plus difficile le maintien du prix du riz (local et importé) au consommateur à 160 FCFA/kg parce que ceci nécessitait une subvention d’environ 175 FCFA. La dévaluation du CFA a amélioré la compétitivité du riz local par rapport au riz importé, mais elle a malheureusement aussi augmenté de manière substantielle le coût des intrants commercialisés utilisés dans la production du paddy, le transport et la transformation.

4. LIBERALISATION DE LA FILIERE RIZICOLE EN CÔTE D’IVOIRE

A la lumière de la situation post-dévaluation, la Côte d’Ivoire a commencé, en 1995, à entièrement libéraliser la filière rizicole dans le cadre des programmes du Crédit de relance agricole (CARE) et du Crédit d’ajustement du secteur agricole (CASA) institués par le Programme d’ajustement structurel de la Banque mondiale et du FMI, de l’Accord sur l’agriculture (AoA) de l’Organisation mondiale du commerce et de la Politique agricole commune de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Dans le cadre de l’AoA de l’OMC démarré en 1995, l’agriculture est soumise à des règles

qui régissent l’accès aux marchés (restrictions tarifaires et non-tarifaires d’importations), mesures internes de soutien (soutien aux prix, subvention des intrants, etc.) et subventions aux exportations. Les mesures d’accès aux marchés nécessitent la conversion de toutes les barrières non-tarifaires en leurs équivalents tarifaires, qui sont ensuite réduites de 20% à la fin 2000, avec un minimum de 15% de réduction sur chaque ligne tarifaire (24% de réduction à la fin 2004 pour

14 DOZON 1979, cité par Zoungrana.

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les pays en développement avec un minimum de 10% de réduction sur chaque ligne tarifaire). Les mesures internes de soutien prévoient une réduction de 20% dans les Mesures de soutien globaux (AMS) à la fin 2000 (13,3% à la fin 2004 pour les pays en développement). Les mesures de subventions aux exportations prévoient une réduction de 36% dans les subventions aux exportations et de 21% dans le volume d’exportation subventionné en l’an 2000 (24% et 14%, respectivement à la fin 2004 pour les pays en développement). Le soutien interne aux prix et les subventions aux exportations sont des composantes importantes des politiques agricoles des pays en développement. Pour un pays en développement comme la Côte d’Ivoire, l’accès aux marchés et les mesures de soutien internes sont des plus appropriés en termes d’obligations (Ruffer and Swinbank, 2003).

Les mesures agricoles de l’UEMOA mettent l’accent sur l’harmonisation des impôts et droits de douanes sur les équipements et produits agricoles. En Côte d’Ivoire, cette harmonisation s’est soldée par une réduction des droits de douanes sur les produits venant des autres pays de l’UEMOA et l’application du tarif commun sur les produits extérieurs à l’UEMOA. Le niveau actuel des taxes sur le riz est en adéquation avec le tarif commun mis en œuvre au sein de l’UEMOA variant de 0% à 20% en fonction du type de riz importé (riz cargo, brisures).

Les mesures de libéralisation du commerce de l’OMC et de l’UEMOA ont été mises en

œuvre avec les réformes politiques et institutionnelles des programmes CARE et CASA, qui sont plus significatives. Elles comportent les mesures suivantes :

• Transfert des activités d’importation de riz au secteur privé en juillet 1995 (riz de luxe en août 1994, riz cargo en janvier 1995 et riz de grande consommation en janvier 1996).

• Dissolution de la CGPP en mars 1995. • Libéralisation du prix du riz de grande consommation en mars 1996. • Modification des tarifs de protection sur le riz importé en 1996 (les taux étaient de 10 à

15 % de la valeur CAF). • Mise en place du Projet National Riz (PNR) en juillet 1996 avec le mandat de participer

au développement des politiques et stratégies de production rizicole et d’organiser et gérer un système d’information qui permettra le suivi et l’évaluation de toutes les activités de production, importation, transformation et commercialisation du riz.

• Suppression des quotas annuels d’importations en janvier 1997.

5. Impact économique et environnemental de la libéralisation du commerce intérieur et mondial

Dans les pages qui suivent, nous avons utilisé un modèle d’équilibre partiel pour

quantifier l’impact économique et environnemental de la libéralisation du commerce intérieur et mondial de l’OMC sur la filière riz en Côte d’Ivoire. Ce modèle est basé sur un ensemble de modèles économétriques de déterminants des prix aux consommateurs et aux producteurs de riz local et de déterminants du choix variétal et des superficies utilisées par les producteurs de riz et de café/cacao, ce que nous combinons avec les estimations des élasticités de l’offre et de la demande du riz local et du riz importé. Les modèles d’équilibre partiel et d’équilibre général calculable (EGC) sont les outils les plus fréquemment utilisés pour quantifier les impacts économiques et environnementaux de la libéralisation du commerce (pour des récentes applications, voir par exemple, Diao, Somwaru et Roe (2001); Dimaranan, Hertel et Keeney, 2003; Soledad Bos, 2003).

L’analyse utilise à la fois les données d’enquête et des données chronologiques de

différentes sources dont la direction de la statistique, la douane, le ministère de l’Agriculture, le

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ministère des Finances et la base de données de la FAO. Les données d’enquêtes proviennent de deux sources La première est l’enquête agricole nationale menée en 1996 par l’ANADER. Il s’agit là d’une grande enquête couvrant un échantillon de 10.000 paysans pris au hasard et repartis sur 250 sites à travers tout le pays. Les informations recueillies couvrent tous les aspects des moyens de subsistance des ménages agricoles. Cette base de données a été utilisée dans l’analyse de l’impact de la libéralisation du commerce sur la déforestation. La deuxième source est la base de données issue de l’enquête sur les ménages agricoles menée par l’ADRAO en 2000 et 2001 dans 50 villages de l’Ouest et du Nord de la Côte d’Ivoire, couvrant près de 60% de la superficie rizicole du pays. L’analyse de l’impact de la libéralisation du commerce sur la biodiversité du riz est basée sur cet ensemble de données.

En ce qui concerne les canaux par lesquels les accords de commerce AoA de l’OMC ont

une répercussion sur la filière riz en Côte d’ivoire, deux canaux distincts ont été identifiés. Le premier canal porte sur les mesures de libéralisation du commerce intérieur entreprises par le gouvernement ivoirien depuis 1994, afin de se conformer aux termes de l’accord sur l’agriculture (AoA). Le second canal porte sur la libéralisation du commerce mondial. C’est-à-dire les mesures de libéralisation entreprises par d’autres pays en conformité avec le même accord. Pour estimer l’impact à travers le premier canal, nous avons inclus dans chaque équation estimée une variable dichotomique pour la période post-libéralisation (1994-2000) en plus d’une variable de tendance chronologique et d’un ensemble de variables chronologiques agrégées appropriées. Avec l’inclusion d’une tendance chronologique, le coefficient de la variable dichotomique de la période post-libéralisation mesure l’impact direct des événements politiques et non politiques non observés au cours de la période 1994-2000. Les événements politiques non observés incluent la dévaluation du franc CFA de 1994, les reformes politiques et institutionnelles mises en application sous les programmes CASA et CARE et les mesures de libéralisation du commerce mises en application pour se conformer aux accords AA de l’OMC et de l’UEMOA. Pour des raisons de simplicité, nous allons nous référer à l’impact identifié à travers ce canal comme l’impact direct de la libéralisation du commerce intérieur.

Pour ce qui est de l’impact à travers le deuxième canal, on suppose que la libéralisation

du commerce mondial a un impact sur la filière riz en Côte d’Ivoire uniquement à travers son impact sur les prix du riz sur le marché mondial. Il est généralement impossible d’estimer l’impact réel de la libéralisation du commerce mondial sur les prix mondiaux parce qu’on dispose de peu d’informations sur le niveau de conformité de la plupart des États membres de l’OMC par rapport à l’AoA (OMC, 2002). Cela a amené les chercheurs à admettre différents scénarios de mise en application en vue d’obtenir quelques estimations des impacts des résultats sélectionnés de la libéralisation du commerce mondial sur l’économie et l’environnement. Nous avons obtenu l’impact de la libéralisation du commerce mondial sur les prix du marché mondial à partir de l’étude de Diao, Somwaru et Roe (2001). Cette étude a stimulé l’impact sur les prix du marché mondial de quatre scénarios alternatifs des mises en application de la libéralisation du commerce mondial : élimination complète des distorsions politiques, élimination des tarifs globaux, élimination des subventions globales sur les exportations, et élimination de la subvention sur les exportations de l’OCDE. Les résultats simulés ont fait ressortir une augmentation générale des prix du marché mondial de tous les produits agricoles dans la quasi-totalité des scénarios. Les impacts estimés sur le prix du marché mondial du riz dans les quatre scénarios sont respectivement de 10,1 ; 5,9 ; 2,4 et 1,5 pour cent. Bien sûr qu’aucun des scénarios ne correspond à ce qui a été mis en application par les pays membres de l’OMC. En effet, selon Burfisher (2001) et l’OMC (2002), les barrières commerciales restent élevées et les aides intérieures tout comme les subventions à l’exportation se sont accrues après une baisse initiale. Des progrès significatifs n’ont été faits que dans la conversion des barrières non tarifaires à l’équivalent de leurs tarifs et sur la réduction des taux des tarifs appliqués (OMC, 2002). Néanmoins, les résultats doivent fournir une bonne indication de la gamme des impacts des mesures de libéralisation du commerce

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mondial appliquées depuis 1994, avec l’élimination complète des distorsions politiques ainsi que les scénarios de l’élimination des subventions aux exportations de l’OCDE fournissant respectivement les estimations les plus élevées et les plus faibles de l’impact. Mais, compte tenu du fait que les mesures appliquées de la libéralisation du commerce mondial sont pour la plupart constituées de la réduction des tarifs appliqués, l’impact réel doit être proche de celui du scénario de l’élimination du tarif global.15

Avant de présenter les résultats de l’analyse de l’équilibre partiel, il importe de faire un

rappel de l’interprétation correcte des estimations faites dans une évaluation quantitative de l’impact comme celle-ci. Pour chaque indicateur économique ou environnemental sélectionné, l’impact estimé mesure la différence entre sa valeur sous le régime actuel observé de la libéralisation du commerce et ce qu’aurait été sa valeur s’il n’y avait pas eu libéralisation du commerce, c’est-à-dire sa valeur dans la situation non observée. En d’autres termes, les impacts estimés mesurent les différences des résultats avec ou sans la libéralisation (qui n’est pas la même chose que la différence des résultats avant et après la libéralisation).15 Ainsi, on pourrait trouver par exemple que l’impact de la libéralisation est une réduction des importations de riz même si nous observons un accroissement des importations de riz pendant la période qui coïncide avec la libéralisation du commerce (dans notre cas la période 1994-2000). Dans ce cas, la réduction estimée des importations de riz à cause des mesures de libéralisation signifie que sans la libéralisation du commerce, l’augmentation observée dans les importations de riz au cours de cette période serait beaucoup plus importante (à un montant égal à la réduction estimée, pour être précis).

Impact sur les prix du riz local Les mesures de libéralisation du commerce intérieur et les réformes politiques prises depuis 1994 ont eu un impact significatif sur le prix au consommateur du riz local (+28%) mais statistiquement, elles n’ont eu aucun impact significatif sur le prix au producteur du riz local et le prix au consommateur du riz importé (Tableau 2.1). Ce résultat montre que les importateurs de riz ou les détaillants n’ont pas repercuter au niveau des consommateurs les bénéfices des taxes faibles et l’élimination des restrictions sur le riz importé. Les changements des prix du riz sur le marché mondial (Tableau 2.1) ont eu un impact positif et significatif sur tous les trois prix locaux. La libéralisation locale combinée à la libéralisation du commerce mondial augmentent le prix au consommateur du riz local de 35% (Tableau 2.2). Impact sur la consommation du riz local Les mesures de libéralisation du commerce intérieur et les réformes politiques ont réduit de 28% la consommation du riz local (Tableau 3.1). La réduction de la consommation du riz local augmente constamment d’un niveau bas d’environ 133.000 en 1994 pour attendre un sommet d’environ 244.000 tonnes en 1997 avant de tomber à 220.000 tonnes en 2000. Comparativement, les réductions dans les consommations du riz local et du riz importé dues à la libéralisation du commerce mondial ont été beaucoup plus faibles (au plus 2% et 3% de réductions, respectivement) (Tableau 3.1 et Tableau 3.2). Impact sur la production du paddy local A l’instar du riz importé, c’est seulement la libéralisation du commerce mondial qui a eu un impact sur l’offre de paddy local ; sans cette libéralisation, cette offre aurait été de jusqu’à 4% plus faible par rapport à son niveau actuel au cours de la période 1994-2000 (Tableau 3.1). L’accroissement de l’offre de paddy suit des tendances semblables à celles des consommations du riz local et du riz importé en commençant aux niveaux les plus faibles de 26, 16, 7 et 4 mille tonnes en 1994 pour atteindre respectivement des sommets de 48, 29, 12 et 8 mille tonnes en 1997 dans les quatre scénarios de la libéralisation du commerce mondial (élimination complète

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des distorsions politiques, élimination du tarif global, élimination des subventions locales de l’OCDE, et élimination de la subvention à l’exportation).

Impact sur le bien-être des consommateurs de riz Comme mesurée par la réduction du surplus au consommateur, la libéralisation du commerce mondial a eu le plus grand impact sur le bien-être des consommateurs de riz (Tableau 4.1). Cependant, l’essentiel de l’impact résulte des 28% d’augmentation du prix du riz local dus aux mesures de réformes politiques et à la libéralisation du commerce intérieur. La perte du consommateur (sur le marché du riz local) due aux seules mesures de libéralisation intérieure atteint en moyenne 51 milliards de FCFA par an pour la période 1994-2000. En comparaison, les pertes combinées de bien-être du consommateur résultant de l’impact de la libéralisation du commerce mondial sur les marchés du riz local et du riz importé (dans le scénario de l’élimination complète des distorsions politiques, qui est le plus important) atteignaient en moyenne 9 milliards de FCFA par an pour la période 1994-2000 (Tableau 4.2).

Impact sur le bien-être des producteurs de paddy Le bien-être des producteurs de paddy a été affecté positivement par la libéralisation du commerce (Tableau 4.1). Cependant, le gain en bien-être, qui atteint une moyenne maximale de 4 milliards de CFA par an (dans le scénario de l’élimination complète des distorsions politiques), est beaucoup plus faible par rapport à la perte de bien-être des consommateurs de riz. Cela est dû au fait que les gains de bien-être des producteurs résultent seulement de la libéralisation du commerce mondial puisque les prix du paddy n’ont pas été affectés par les mesures de libéralisation internes.

Impact sur la déforestation et la biodiversité du riz Tandis que l’impact immédiat de la libéralisation du commerce intérieur est nul dans les

deux premières années (1994 et 1995), il a réduit les surfaces de forêts défrichées de 5.573 hectares pendant la troisième année (1996) (Tableau 6.1). L’épargne sur les forêts a été possible grâce aux 4.251 hectares ajoutés aux surfaces rizicoles irriguées pour répondre au 28% d’augmentation du prix au consommateur du riz local. Ces initiatives en faveur du riz irrigué ont été soutenues par l’Etat et des partenaires au développement à travers la mise en œuvre de programmes d’aménagement (projet Guiguidou, projet riz nord, projet riz centre, projet PBF PAM, etc.) La libéralisation du commerce mondial conjuguée à ses initiatives citées précédemment a permis d’épargner des forêts en 1996, bien que dans des proportions plus réduites (moins de 300 hectares). En tout, la combinaison des mesures de libéralisation du commerce intérieur et du commerce mondial a permis à la Côte d’Ivoire d’épargner près de 7.000 hectares de forêts en 1996 (Tableau 6.2). Il n’y a pas eu un impact significatif de la libéralisation du commerce sur la biodiversité.

6. Conclusion

En résumé, on peut conclure à partir de la revue de l’évolution de la politique et du développement rizicoles en Côte d’Ivoire, que la filière a été caractérisée au fil des ans par de fréquentes mutations institutionnelles et un manque de continuité dans les politiques mises en œuvre. Il apparaît aussi que l’attention spéciale accordée à la riziculture irriguée qui a attiré la plupart des investissements dans le secteur du riz n’a pas favorisé la riziculture de plateau qui est le système le plus important. La création des différentes structures para-étatiques pour le développement et la commercialisation du riz CGPP (1955 – 1995), SODERIZ (1971 – 1977), CIDV (1988 –1992) et la dévaluation du CFA (1994) suivie de la libéralisation de la filière du riz en 1995 semblent avoir eu le plus grand impact sur le développement de la filière du riz.

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La libéralisation du commerce intérieur et les mesures de réformes politiques prises depuis 1994 ont eu un impact significatif sur le prix au consommateur du riz local (+28%) mais n’ont eu aucun impact statistiquement significatif sur le prix local au producteur et le prix au consommateur du riz importé. On trouve que les changements des prix du riz sur le marché mondial ont eu un impact positif et significatif sur tous les trois prix locaux. La libéralisation du commerce mondial et les mesures de réformes politiques ont réduit la consommation du riz local de 28%. En comparaison, les réductions dans les consommations du riz local et du riz importé dues à la libéralisation du commerce mondial ont été beaucoup plus faibles (au plus 2% et 3% de réduction, respectivement). A l’instar du riz importé, seule la libéralisation du commerce mondial a eu un impact sur l’offre de paddy local. Sans cette libéralisation, l’offre de paddy local aurait été inférieure de jusqu’à 4%, au cours de la période 1994-2000, par rapport à son niveau actuel. La libéralisation du commerce a été le plus grand impact négatif sur le bien-être des consommateurs de riz. Cependant, l’essentiel de l’impact résulte des 28% de hausse du prix du riz local causée par les réformes politiques et les mesures de libéralisation du commerce intérieur. La perte du consommateur (sur le marché du riz local) due aux seules mesures de libéralisation du commerce intérieur atteint en moyenne 51 milliards de CFA par an pour la période 1994-2000. Le bien-être des producteurs de paddy a été affecté positivement par la libéralisation du commerce. Cependant, le gain en bien-être, qui atteint en moyenne 4 milliards de CFA par an, est beaucoup plus faible par rapport à la perte en bien-être des consommateurs de riz. En tout, la combinaison des mesures de libéralisation du commerce intérieur et du commerce mondial a permis à la Côte d’Ivoire d’épargner environ 7.000 hectares de forêts en 1996. Il n’a pas été observé un impact significatif de la libéralisation du commerce sur la biodiversité.

L’un des impacts les plus remarquables des mesures de libéralisation du commerce du riz

a été la diversification des sources d’approvisionnement. Celle-ci a conduit à l’importation d’un plus grand nombre de types de riz (y compris le riz bon marché de type brisure), ce qui a modifié les préférences des consommateurs de riz. L’accès plus facile au type de riz importé homogène a aussi accru les attentes du consommateur de riz par rapport à la qualité en termes de propreté et d’homogénéité. La libéralisation de la filière riz a aussi résulté en la dislocation des structures para-étatiques de commercialisation, ce qui a donné lieu à une croissance rapide de petites unités de transformation qui ont remplacé les unités industrielles, mais elle a rendu plus difficile l’obtention de débouchés pour le riz local. Ce paradoxe apparent de faible possibilité de la commercialisation du riz local face aux importations croissantes de riz est dû à l’absence de compétitivité du riz local en termes de qualité et de prix comme discuté ci-haut. L’amélioration de la qualité du riz local et la réduction du coût de sa transformation en riz blanc demeurent des conditions préalables pour une plus grande compétitivité du riz local par rapport au riz importé. Les négociants et les transformateurs de riz local et les importateurs semblent avoir été les grands bénéficiaires des mesures de libéralisation ; et les consommateurs de riz en milieu urbain les principaux perdants avec l’augmentation du prix au consommateur. Les producteurs de paddy semblent avoir très peu bénéficié de la hausse limitée du prix au producteur de paddy.

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Source: données USDA (http://worldfood.muses.tottori-u.ac.jp/graph/num.cgi)

Figure 2: Évolution des prix au consommateur et au producteur du riz local

050

100150200250300350400

1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000

CFA

per

Kilo

gram

local rice consumer price imported rice consumer pricePaddy producer price

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1961 1963 1965 1967 1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001

'000 tons

0

10

20

30

40

50

60

70

80

kg/per capita

Importation ( left scale)Production (left scale)Per capita consumption (right scale)Trend in per capita consumption (right scale)

Figure 1: Tendances rizicoles en Côte d'Ivoire

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Tableau 1: Matrice des élasticités des prix intérieurs (déterminés par le gouvernement et le marché)

Equation

Prix au producteur du paddy

Prix au consommateur du riz local

Prix auconsommateur du riz importé

CONSTANTE 3.10 (4.28)**

3.33 (8.46)**

3.32 (9.99)**

Évolution chronologique .06 (3.43)**

.06 (6.79)**

.07 (9.52)**

Période de libéralisation (1994 - 2000) -.07 (-.39)

.25 (2.72)**

.13 (1.67)

Prix du riz sur le marché mondial .48 (4.24)**

.17 (2.76)**

.55 (10.7)**

Evolution de la quantité du paddy produit -.30 (-1.1)

-.39 (-2.6)**

-.47 (-3.8)**

Evolution de la quantité du riz localproduit

-.01 (-.05)

-.01 (-.12)

.02 (.25)

Evolution de la quantité du riz importé -.03 (-.54)

-.04 (-1.2)

-.01 (-.53)

Valeurs moyennes quadratiques ajustées 0.85 0.94 0.97 F-statistiques (6, 36) 34 92 261 a. t-Statistiques entre parenthèses.*Statistiquement significatif au seuil de 5%.**Statistiquement significatifau seuil de 1%.

0 100000 200000 300000 400000 500000 600000 700000

1995 1996 1997 1998 1999 2000

Cargo rice

High quality rice (0 to 15% broken rice)

High consumption rice (!5 to 35% broken grai)

Broken rice more than 35%

Figure 3: Type et quantités de riz importé en Côte d’Ivoire, 1995-2000 (tonnes)

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Tableau 2.1: Impact de la libéralisation du commerce intérieur et mondial sur les prix du riz local (toutes choses étant égales par ailleurs, les différences en pourcentage comparées à la situation sans libéralisation) Impact des mesures de

libéralisation au niveau local

Impact des applications alternatives de la libéralisation du commerce mondial (par les changements des prix du riz sur le marché mondial

Élimination complète des distorsions politiques

Élimination du tarif global

Élimination des subventions locales de l’OCDE

Élimination des subventions globales sur les exportations

Prix au consommateur du riz local

28 1.7 1.0 0.4 0.3

Prix au consommateur du riz importé

0 5.4 3.2 1.3 0.8

Prix au producteur du riz local (paddy)

0 4.7 2.8 1.1 0.7

Tableau 2.2: Impact combiné de la libéralisation du commerce intérieur et mondial sur les prix du riz local (toutes choses étant égales par ailleurs, les différences de pourcentage comparées à la situation sans libéralisation)

Impact des mesures de libéralisation au niveau local combiné aux applications alternatives de la libéralisation du commerce mondial

Élimination complète des distorsions politiques

Élimination du tarif global

Élimination des subventions locales de l’OCDE

Élimination des subventions globales sur les exportations

Impact sur les prix intérieurs (en pourcentage)

Prix au consommateur du riz local

35.0 34.2 33.4 33.2

Prix au consommateur du riz importé

5.4 3.2 1.3 0.9

Prix au producteur du riz local (paddy)

4.7 2.8 1.1 0.7

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Tableau 3. 1: Impact de la libéralisation du commerce intérieur et mondial sur la consommation et l’offre intérieures en riz (en milliers de tonnes par an)

Impact des mesures de libéralisation intérieure

Impact des applications alternatives de la libéralisation du commerce mondial

(par les changements des prix du riz sur le marché national)

Élimination complète des distorsions politiques

Élimination du tarif global

Élimination des subventions locales de l’OCDE

Élimination des subventions globales sur les exportations

Quantité du riz local consommé (milliers de tonnes)

1994 -133 -8 -5 -2 -1 1995 -145 -8 -5 -2 -1 1996 -216 -13 -7 -3 -2 1997 -244 -14 -8 -3 -2 1998 -227 -13 -8 -3 -2 1999 -178 -10 -6 -3 -2 2000 -220 -13 -8 -3 -2 Quantité du riz importé consommé (milliers de tonnes)

1994 0 -9 -5 -2 -1 1995 0 -13 -8 -3 -2 1996 0 -10 -6 -3 -2 1997 0 -17 -10 -4 -3 1998 0 -19 -11 -5 -3 1999 0 -15 -9 -4 -2 2000 0 -16 -9 -4 -2 Quantité de riz paddy produit (milliers de tonnes)

1994 0 26 16 7 4 1995 0 28 17 7 4 1996 0 42 25 11 7 1997 0 48 29 12 8 1998 0 44 27 11 7 1999 0 35 21 9 5 2000 0 43 26 11 7

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Tableau 3. 2: Impact combiné de la libéralisation du commerce intérieur et mondial sur la consommation et l’offre intérieures en riz (en milliers de tonnes par an)

Impact des mesures de libéralisation au niveau national combiné aux applications alternatives de la libéralisation du commerce mondial

Élimination complète des distorsions politiques

Élimination du tarif global

Élimination des subventions locales de l’OCDE

Élimination des subventions globales sur les exportations

Quantité du riz local consommé (milliers de tonnes)

1994 -164 -160 -156 -155 1995 -179 -174 -170 -169 1996 -266 -260 -254 -252 1997 -301 -293 -286 -285 1998 -280 -272 -266 -265 1999 -219 -214 -209 -208 2000 -272 -265 -259 -257 Quantité du riz importé consommé (en milliers de tonnes)

1994 -9 -5 -2 -1 1995 -13 -8 -3 -2 1996 -10 -6 -3 -2 1997 -17 -10 -4 -3 1998 -19 -11 -5 -3 1999 -15 -9 -4 -2 2000 -16 -9 -4 -2 Quantité du riz paddy produit (milliers de tonnes)

1994 26 16 7 4 1995 28 17 7 4 1996 42 25 11 7 1997 48 29 12 8 1998 44 27 11 7 1999 35 21 9 5 2000 43 26 11 7

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Tableau 4. 1: Impact de la libéralisation du commerce intérieur et mondial sur le bien-être des consommateurs et producteurs de riz

Impact des mesures de libéralisation intérieure

Impact des applications alternatives de la libéralisation du commerce mondial

(par les changements des prix du riz sur le marché intérieur)

Élimination complète des distorsions politiques

Élimination du tarif global

Élimination des subventions locales de l’OCDE

Élimination des subventions globales sur les exportations

Surplus aux consommateurs pour les consommateurs de riz local (milliards de CFA)

1994 -27 -2 -1 0 0 1995 -39 -3 -2 -1 0 1996 -59 -4 -2 -1 -1 1997 -65 -4 -3 -1 -1 1998 -67 -4 -3 -1 -1 1999 -47 -3 -2 -1 -1 2000 -55 -4 -2 -1 -1 Surplus aux consommateurs pour les consommateurs de riz importé (milliards de CFA)

1994 0 -3 -2 -1 0 1995 0 -6 -4 -2 -1 1996 0 -4 -3 -1 -1 1997 0 -7 -4 -2 -1 1998 0 -8 -5 -2 -1 1999 0 -7 -4 -2 -1 2000 0 -6 -4 -2 -1 Surplus aux producteurs pour les producteurs de paddy (milliards de CFA)

1994 0 2 1 1 0 1995 0 4 2 1 1 1996 0 5 3 1 1 1997 0 6 4 2 1 1998 0 5 3 1 1 1999 0 4 3 1 1 2000 0 5 3 1 1 Changement total dans le bien-être des consommateurs (milliards de CFA)

1994 -27 -4 -3 -1 -1 1995 -39 -9 -5 -2 -1 1996 -59 -8 -5 -2 -1 1997 -65 -11 -7 -3 -2 1998 -67 -13 -8 -3 -2 1999 -47 -10 -6 -2 -2 2000 -55 -10 -6 -3 -2

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Tableau 4. 2: Impact combiné de la libéralisation du commerce intérieur et mondial sur le bien-être des consommateurs et des producteurs

Impact des mesures de libéralisation intérieures combiné aux applications alternatives de la libéralisation du commerce mondial Élimination

complète des distorsions politiques

Élimination du tarif global

Élimination des subventions locales de l’OCDE

Élimination des subventions globales sur les exportations

Surplus aux consommateurs pour les consommateurs de riz local (milliards de CFA)

1994 -33 -32 -31 -31 1995 -47 -46 -45 -45 1996 -70 -69 -67 -67 1997 -78 -76 -74 -74 1998 -81 -79 -78 -77 1999 -57 -56 -55 -54 2000 -67 -65 -64 -64 Surplus aux consommateurs pour les consommateurs de riz importé (milliards de CFA)

1994 -3 -2 -1 0 1995 -6 -4 -2 -1 1996 -4 -3 -1 -1 1997 -7 -4 -2 -1 1998 -8 -5 -2 -1 1999 -7 -4 -2 -1 2000 -6 -4 -2 -1 Surplus aux producteurs pour les producteurs de riz paddy (milliards de CFA)

1994 2 1 1 0 1995 4 2 1 1 1996 5 3 1 1 1997 6 4 2 1 1998 5 3 1 1 1999 4 3 1 1 2000 5 3 1 1 Changement total dans le bien-être des consommateurs (milliards de CFA)

1994 -35 -33 -32 -31 1995 -53 -49 -46 -46 1996 -75 -71 -69 -68 1997 -85 -80 -76 -75 1998 -89 -84 -80 -79 1999 -63 -59 -56 -55 2000 -73 -69 -65 -65

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Tableau 5: Matrice des élasticités de la demande en terres cultivées

Équation

Superficie totale des forêts défrichées

Surface totale rizicultivée

Superficie de riz irrigué

Superficie totale de Café/Cacao

CONSTANTE 110

(.92) -29 (-1.9)

22.4 (2.31)*

-18 (-1.5)

PERIODE 1.07 (2.09)*

-.11 (-1.4)

.20 (4.23)**

-.05 (-.88)

Période de libéralisation (1994 - 2000) -1.3 (-1.5)

.30 (1.77)

-.13 (-1.2)

.09 (.68)

Evolution des hectares de forêt défrichéepour l’agriculture

-.38 (-3.2)**

-.01 (-.29)

-.02 (-1.6)

-.03 (-1.4)

Evolution de la surface totale en riz 2.42 (1.87)

.64 (2.63)**

-.06 (-.38)

-.05 (-.27)

Evolution de la surface totale en riz irrigué -5.1 (-4.0)**

.06 (.24)

.05 (.33)

-.09 (-.46)

Evolution de la surface totale en café etcacao

.31 (.26)

-.06 (-.29)

-.10 (-.74)

.28 (1.58)

Evolution de la quantité de riz importé -.24 (-2.0)*

-.02 (-.79)

-.01 (-.85)

.00 (.04)

Taux de croissance de la population 31.8 (3.96)**

.18 (.12)

5.46 (5.40)**

1.98 (1.56)

Total de la main-d’œuvre rurale -21 (-1.2)

4.27 (1.88)

-3.9 (-2.7)**

2.74 (1.51)

Evolution du prix au producteur de paddy -1.5 (-1.8)

-.01 (-.08)

-.02 (-.18)

-.07 (-.54)

Evolution du prix au producteur de cacao 1.34 (1.26)

.01 (.04)

-.04 (-.31)

.08 (.51)

Evolution du prix au producteur de café -.53 (-.88)

-.08 (-.78)

.00 (-.01)

.03 (.39)

Evolution du prix au consommateur du rizlocal

1.26 (1.36)

.03 (.20)

.24 (2.15)*

-.05 (-.38)

Evolution du prix au consommateur du rizimporté

.73 (.84)

.11 (.79)

.08 (.83)

.28 (2.51)*

Valeurs moyennes quadratiques ajustées 0.66 0.91 0.99 0.93 F-statistiques (14, 31) 5.7 28 592 33

a. t-Statistiques entre parenthèses.*Statistiquement significatif au seuil de 5%.**Statistiquement significatif au seuil de 1%.

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Tableau 6. 1: Impact de la libéralisation du commerce intérieur et mondial sur les surfaces irriguées et la déforestation (toutes choses étant égales par ailleurs, les différences en hectares par rapport à la situation sans libéralisation)

Impact des mesures de libéralisation intérieures

Impact des applications alternatives de la libéralisation du commerce mondial

Impact direct

Impact par les changements des prix du riz local sur le marché

Élimination complète des distorsions politiques

Élimination du tarif global

Élimination des subventions locales de l’OCDE

Élimination des subventions globales sur les exportations

Changement dans la superficie totale sous irrigation (hectares)

Impact immédiat en 1994 0 0 0 0 0 0 Impact 1995-2000 0 4 251 286 171 71 44 Changement dans la superficie de forêts défrichées pour l’agriculture (hectares)

Impact immédiat en 1994 0 0 0 0 0 0 Impact cumulatif en 1995 0 0 362 212 87 54 Impact cumulatif en 1996 0 -5 573 -241 -144 -60 -37

Tableau 6. 2: Impact combiné de la libéralisation du commerce intérieur et mondial sur la superficie totale sous irrigation et la déforestation (toute choses étant égales par ailleurs, les différences en hectares par rapport à la situation sans libéralisation)

Impact des mesures de libéralisation intérieures combiné aux applications alternatives de la libéralisation du commerce mondial

Élimination complète des distorsions politiques

Élimination du tarif global

Élimination des subventions locales de l’OCDE

Élimination des subventions globales sur les exportations

Changement dans la superficie totale sous irrigation (hectares)

Impact immédiat in 1994 0 0 0 0 Impact entre 1995-2000 5 077 4 970 4 876 4 852 Changement dans la superficie de forêts défrichées pour l’agriculture (hectares)

Impact immédiat en 1994 0 0 0 0 Impact cumulatif en 1995 362 212 87 54 Impact cumulatif en 1996 -6 812 -6 675 -6 556 -6 525

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