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PME Magazine, 31.01.2013

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PME Magazine, 31.01.2013

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entreprises favorisent clairement le cionage

des profils au moment de l'engagement

piutôt que ies profils atypiques», constate

Georges Gasser, directeur de la societe

Move Up, ceiie-la mdme qui a recrute Iandes

cien directeur de lantenne romande de

Swiss pour le groupe immobiher MK. Quespourtant

tion de contexte econornique? ((Question

Changerde vimeBeaucoup aspirent a une nouvelle vie professionnelle,professionnelle, pourtant les reconversions restentrares face aux difficuités a affronter. Certainsl'ont fait. Queiques conseils avant de vous lance r. Par Jennifer Keller et Thierrv Pare] (photos)

entreprise a l'autre? Pendant que les concernés

racontent (lire encadrés), les spécialistesen orientation et ressources humaines

esquissent des elements de reponse, avec

ce premier constat: consideres comme un

phénomene de societe, les changements

de metier restent rares - tres rares - a ce

niveau-la de la hierarchie.

Contrairement aux discours positifsambiants sur le dynamisme ou l'adaptabiute

l'adaptabiute des cadres aux parcours atypiques, les

reconversions tardives a l'image d'un Ivan

Haralambof sont peu communes. «Les

Iisont entre 40 et 50 ans. Un parcours

professionnel sans faule. Tons ont

porte avec passion et conviction

ies couleurs de ieur entreprise,

jusqu'a en devenir au fil des ans

Iandes figures emblematiques. Cadres

connus, respectes et souvent envies, us ont

Quespourtant decide, un jour, de changer de cap

sans crier gare. Loin le glamour de l'aviation,

l'aviation, le clinquant des médias au la grandedistribution auréoiee de convivialité. Place

a des professions plus terre a terre, parfoisdiamétralement opposees. Des virages a

180 degres qui ant provoque la surprisecans leur entourage prive et professionnel.A l'heure on la crise sévit un peu partout,

pourquoi decide-t-on un jour de quitter un

emploi stable et prestigieux? Est-il facile

de changer quand on est cadre? Doit-on

tout recommencer a zero on le bagage

managerial est-il transmissible d'une entreprise

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o de mentalité plutOt. En Suisse, on préfèremiser sur la sécurité que prendre des

risques. On aura en outre la garantie que

la personne engagée sera tout de suite opérationnelle.opérationnelle. » COte cadres, pourtant, ce West

pas l'envie qui manque. Indépendamment

des restructurations d'entreprise, us sont

de plus en plus nombreux a aspirer a une

autre vie a l'approche de la cinquantaine.

Reaction ala Pression économique, lassitude

lassitude dune fonction exercée depuis des

années, désaccord croissant avec les

valeurs de lentreprise ou besoin de nouveaux

nouveaux défis? Ceux qul osent faire le pas se

comptent sur le bout des doigts. Difficile

en effet de »rêver» a une autre vie, quandon s'investit sans compter dans son travail.

»Le réve ne fait pas partie des valeurs des

cadres. On leur deinande plutOt des qualitésqualités d'anticipation, de projection. Ii y a des

valeurs très traditionnelles dans ce mondelà»,

mondelà», souligne en couhsse une observatrice.

Interrociations

De quoi décourager les plus volontaires

alors que le changement reste possible. A

condition de garder en tête que le processus

processus sera long et identitaire. Oui, parce que

«changer» signifie d'abord se remettre en

question, s'interroger sur ses aspirationsreelles. »C'est d'autant plus important que

le désir de reconversion sinscrit souvent

dans une démarche globale, ne visant pas

le seul aspect professionnel, explique Karin

Hehlen, psychologue en orientation professionnelle

professionnelle et directrice du bureau de

conseil en ligne psyForce.ch. Si certains

fonctionnent a l'intuition, les changements

se font rarement sur un coup de tête. Ils

font partie d'un processus sur le plus ou

moms long terme, jalonné d'interrogations

et de réflexions sur son avenir.»

Se confier a des amis peut alors étre

précieux. A condition que les discussions

ne virent pas a l'émotionnel. En parler a

son »conseil de famille» peut devenir une

force, des le moment od lan sent les siens

préts a accepter un rythme et un niveau de

vie différents. Sans oublier de s'informer

et de se documenter, insiste Georges Gasser,

Gasser, qui s'étonne que certains puissent,

en soi), que la remise en question empiétesur tous les domaines (vie privée, sante),le recours a des professionnels de l'accompagnement

l'accompagnement et leur, désormais, incontournable

incontournable bilan de competences, peut être très

utile. «Le bilan portfolio de compétencesn'est pas le passage oblige des reconversions

reconversions professionnelles, precise Karin Hehlen,

Hehlen, en rappelant qu'il existe d'autres outils

mains prenants. Tout depend de ce dont

on a besoin.

Avec un bilan portfolio de competences,on fait le point, on se réapproprie son passé,

passé, en reactivant certaines qualitesanciennes, souvent oubliées. Bref: on

reprend confiance. C'est une démarche

longue, nécessitant un investissement sur

plusieurs semaines.» Gui est cette personne,

personne, que sait-elle faire et que veut-elle

faire? «C'est le dénominateur commun

entre ces trois cercles - personnalite,compétences et valeurs - qui va dormer

de la crédibilité au projet», observe la

aujourd'hui encore, partir en quéte de cette

nouvelle vie lafleuraufusiiQuandlesres

sources privées ont eté réduites a peau de

chagrin (épuisement, perte de confiance

coach et consultante en ressources

humaines Magali Fischer Genin, ala tête

d'un bureau de conseil portant son nom,

rappelant que la démarche premiere sera

de réinsuffler du réve, de sortir du cadre,

pour dormer corps au pro]et.Une fois cette premiere Pierre posée

suivra une periode d'ajustement od les

pistes elaborées seront confrontées aux

réalités du marché. Mon projet est-il viable?

Dois-le acquerir des compétences supplementairessupplementaires via de nouvelles formations?

Ai-je les moyens financiers de mener a

terme mon projet? Suis-je prêt a gagner

moms? «Beaucoup se demandent ce qu'ilsrisquent en partant. Mon role est de leur

demander ce qu'ils risquent en restant»,

ajoute la consultante en RH. Des questionsa se poser le plus honnêtement possible,

réduire ainsi du jour au lendemain, il est

indispensable de mesurer clairement les

((sacrifices a consentir aux gains patentiels)).patentiels)). Ft accepter, le cas échéant, que ce

n'est peut-être pas le ban moment pour

changer.

insistent les spécialistes. Car, malgré lenthousiasme,

lenthousiasme, les freins existent bel et bien:

entre les aides financières hmitées, les

formations difficiles d'accés et, surtout, les

charges familiales qu'on ne pourra pas

Etapes

Rester ou partir? Certains a ce stade-la

optent pour le statu quo. Du mains temporairement.

temporairement. ((Le grand saut est souvent

compose de petits sauts. Le virage se fait

souvent en plusieurs temps, a 90 degrés,

puis de nouveau a 90 at plus rarement en

une seule fois a 180 degres)), poursuitMagali Fischer Genin. Changer par mobilité

mobilité interne semble le plus adequat, car

demandant mains d'efforts aux cadres quiant déjà la confiance de leur employeur.Par ailleurs, cela permet un éventuel retour

en arriére plus facile en cas d'échec. »Avec

des changements par etapes, vous pouvez

ainsi changer de métier, mais pas de secteur.

secteur. Ou changer da secteur, mais pas de

métier. Modifier un seul parametre a la

fois est ce qui ast la plupart du temps

conseillé. »

La mobilité externe? Elle reste peu fréquente,

fréquente, quand ce nest impossible. Lafaute

a un marché qualifie de part et d'autre

d'hermetique. »Siles employeurs se disent

ouverts aux prof ils atypiques, us engagentau final des profils déjà reconnus et éprauyes,

éprauyes, témoigne le spécialisteen recrutement

Georges Gasser.

Engager quelqu'un qui nest pas du

serail, c'est investir du temps dans sa formation.

formation. Or, les entreprises disent souvent

n'avair pas le temps.)) Quand elles ne

craignentpas des jalousies a l'interne. Car,

aui, dérouler le tapis rouge pour une personne

personne qui apparte a court terme une surcharge

surcharge de travail peut provoquer des tensions

tensions au sein d'une equipe.

Les petits miracles existent néanmoins.

Les parcours dIvan Haralambof, PierreAlain

PierreAlain Grichting au Mario Sessa sont lapour

le prouver: ((Ce qui va changer la donne,

c'est la personnalité, son réseau, et son

niveau de responsabilité dans l'entre

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Je faisaispartie de l'equipe gui avait

réussi a transformer l'ancienne Coop

en une entreprise moderne. On était au

sommet dc Ja vague. II y avait en outre

une equipe super et une approche a Ja

clientele qui me convenait totalement.

Et surtout parce que je suis quelqu un

dc très fidele et de tres loyal. En möme

temps, je savais que si je restais, je risquais

risquais dc devoir aller travailler a Zurich

ou a Bale. Et ça, je ne le voulais pas.)) Il

lui faudra prOs d'une année pour faire

Je pas: »Finalement, je me suis décidé

pour des personnes a gui j'ai accordé

ma confiance. J'ai quitte un job sür

pour aller vers J'incertitude. En tant que

passionne dc football, j'ai entrainA des

Oquipes et je sais queles matches on j'aiIc plus appris sont ceux qu'on a perduset non pas ceux qu'on a gagnOs.Apprendre, c'est important dans la vie.

J'ai evidemment eu des doutes: je Jeur

ai d'ailleurs dit que Ja premiere année

ëtait une periode d'essai et pour eux et

pourmoi. Mais unefois sur place, jaiOte accueilli dc manière exceptionnelle.Je peux dire aujourd'hui que c'est un

element dc ma réussite», tient-il a prOdser.prOdser. «J'ai commence dans Je Haut-Valais,

C un moment critique pour UBS. Le fait

quo je sois nouveau dans Ja banque,

que jaw une approche clientele forte

et une vision différente, a etc un atout

considerable. Sans compter mon réseau.

Les gens s'etonncntparfois qu'il soit si

grand. C'cstparce qu'iln'estpas hie

rarchise. Pour moi, tons les clients sont

importants, Jes petits comme les grands,comme c'était Je cas quand je travaillais

dans Je commerce dc detail.;)

Directcur d'UBS Valais depuis 2009,

Pierre-Alain Grichting a su transcender

ses annCes dans Ja grande distribution.

Aujourd'hui, aprOs sept ans dc service

an sein dc Ja grande banque suissc,

landen boucher a dOcidO une nouvelle

lois dc reonentcr sa carriOre en

rejoignant J'cntreprise familiale Zwissig

a Sierre des le 1 cr mai 2013.

A 45 ans, l'actuel directeur TUBS

Valais —poste qu'il va quitter fin avril

2013 pour rejoindrelentreprise familiale

Zwissig a Sion - a

Un parcours pour Je

mains atypique. ((Si

Ion m'avait dit, quand

j'avais 20 ans, que jeserais un jour directeur d'une banque, jene l'aurais pas cru.)p

C'est qua l'époque, le jeune Pierre-Alain

Grichting va decider an terme de son

apprentissage a Ja Banque Cantonale

du Valais de changer complétementde cap pour en tamer une formation

de boucher dans Je commerce de son

grand-pére, couronnée quelque temps

plus tard par une maitrise fédérale. uA

24 ans, j etais Je plus jeune maitre boucher

boucher de Suisse», se souvient-il. Les dix

années qui suivent, il va les passer a

grimper les echelons dans Je commerce

de detail: responsable des produits frais,

puis des ventes a Coop Valais, adjointdu président de la direction dc Coop

Valais, et enfin directeur des ventes

de Coop Berne. Un parcours sans faute

qui aurait pu so terminer a Bale ou a

Zurich. «C'étaitma crainte: jen'avaisaucune envie de travailler davantage en

Suisse alémanique.» Après avoir fait les

trajets entre Je Valais et Berne pendantdes années, ce pere dc quatre enfants,

très attaché a son canton natal, aspire a

37 ans a retravailler en Suisse romande.

C'est a ce moment-16 qu'UBS le

contacte. On est alors en 2006. La

banque souhaite Jul conner une mission:

réorganiser Je réseau de ses agences

en misant sur une approche client.

Pierre-Alain Grichting est alors en

pleine ascension chez Coop. »Quand

fen ai parle autour dc mol, on m'a dit

que j'étais un peu fou dc partir. Surtout

dans une periode oü tout allait bien pour

Coop, un peu moms pour UBS. J'ai mis

du temps a me decider. D'abord, parce

que j'aimais bcaucoup mon travail.

Pierre-Alain Grichting, 45 ans, a commence par un apprentissage deboucher pour devenir directeur d'UBS Valais. Un parcours étonnant.

De la boucherie a la banque

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Audace. A ce stade des cogitations, la plupart d'entre nous renoncent. D'autres pa

Ils osent, us se lancent et us changent de vie. Ils ne sont pas aussi rares que vous

pourriez le penser, comme vous le montre notre dossier en page 28. Avec quelquesparcours vraiment etonnants, comme ce boucher devenu banquier! Des exemplesqui prouvent que changer de vie est vraiment possible. Ti suffit d'être a l'affüt des

propositions les plus inattendues, de mettre a contribution non pas ses réseaux,

souvent limités a son domaine d'activité, mais les réseaux de ses réseaux. Ii suffit

surtout dun peu d'audace.

Changer. Même Si notre emploi nous plait, même avec des collègues agreables,mëme si le succès est au rendez-vous, qui n'a pas un jour rëvé de tout quitter? Dans

une de ces périodes oü rien ne va, dans un moment de découragement devant les

difficultés qui s'accumulent sans cesse, ou tout simplement par lassitude, après des

années au mëme poste, quand notre travail ne nous excite plus autant qu'avant.Tout quitter? Recommencer ailleurs? Bien, la decision est prise, au moms en rêve:

demain, nous allons franchir le pas. D'accord, mais pour faire qual? Voilä quidemande reflexion. Sen aller chez un concurrent? A quoi ban, on va vite se retrouver

a faire la même chose que chez notre employeur actuel? Changer complètementde domaine, alors? Ce serait l'idéal, l'arrivée de nouveaux défis, de nouvelles

motivations, l'occasion de se mettre une nouvelle fois en danger. Maiheureusement

ce nest probablement qu'un rêve. En effet, comment convaincre un nouvel employeurquand on a passé des années a se bâtir une carriére dans un unique secteur, a

accumuler des experiences finalement limitées a son seul domaine d'activité?

Maguette. De l'audace, il nous en fallut un peu (un tout petit peu) pour changer la

maquette de PME Magazine. En effet, pourquoi changer alors que tout va bien, que

les ventes sont a un niveau record, que vous n'avez jamais été aussi nombreux a

nous lire? Et bien, justement, c'est quand tout va bien qu'il faut changer, assure le

dicton. Notre nouvelle maquette se veut plus claire, plus elegante, plus dynamique.

Nous espérons que vous l'apprécierez. Et rassurez-vous, nous n'avons pas touché au

contenu rédactionnel. Vous retrouverez dans ce numéro toutes les rubriques, tous

les articles qui font la reputation de notre magazine. Bonne lecture.

Olivier Toublan.Redacteur en chef

((Commentconvaincre un

nouvel employeurquand on a passé

des années a se

bätir une carrièredans un unique

secteur, a accumulerdes experiences

finaement limitéesa son seul domaine

d'activité? ))

Changer de vie,rêve ou réalité?

LE MOT DU REDACTEUR EN CHEF EDITO

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II a été Fun des piliers de Swiss durant

vingt-sept ans. Celui qui a réussi a

remonter Ja cote de popularité de Ja cornpagnie

cornpagnie aérienne de ce côté-ci de Ja Sarine

ces huit dernières années. L'été passé

pourtant, a J'aube de la cinquantaine,

Ivan HaraJambof a décidé de quitterson poste de directeur pour Ja Suisse

romande ahn de devenir membre do Ja

direction generale du groupe immobilier

MK et directeur do Ja division vente.

Loin le lustre et Je glamour des voyages

au Jong cours, place a une réaJité plusterre a terre, celle des pierres et du

beton. Autant dire que Ja nouvelle a fait

Ivan Haralambof, 50 ans, a passé vingt-sept ans chez Swiss, a Genève.

Avant de se découvrir un intérêt pour I'immobilier.

J'effet dune bombe dans Je monde de

J'aviation. «Beaucoup mont dit: toi, sans

avion, tu ne was pas pouvoir vivre.))

Pourtant, pour ce capitaine a J'arrnée,

d'origine turque, qui affirme avoir été

vaccine au kérosène, l'idée nest pas tornbee

tornbee du ciel.

Après avoir vécu les années fastes de

Swissair, J'expatriation (Bruxelles,Moscou ou encore Ja Turquie, ndlr),Je grounding et enfin le renouveau de

Swiss, »j'avais J'impression d'être arrive

dans une zone de confort. CeJa peut

être dangereux: on risque de ne pas voir

que Jon ne donne plus Je meiJleur de

contre.))

Face a J'émotion que souJève son virage

a 180 degres dans son entourage, Ivan

Haralambof decide de ne plus en par1er:

par1er: «Les reactions étaient plus émotionneJJes

émotionneJJes quo constructives. Alors j'ai

dit stop! C'est ma decision. Dans ces

moments-I&, il faut suivre ses tripes et

son cceur. II faut connaItre ses véritabJos

motivations pour partir. Faire Je point.Oser aussi se remettre en question, surtout

surtout a 50 ans. Suis-je prêt a apprendre

queJque chose de nouveau? On pout

se demander si Ion va se tromper en

partant ou, au contraire, en restant.

Si les discussions avec ma farnille ont

été primordiales, celles avec mon futur

employeur et mon recruteur ont été décisives.

décisives. Tout est une question de feeling.))

Ivan Haralambof quitte Swiss Je vondredi

vondredi 13 juillet, »sans avoir Ja bouJe au

ventre», pour commencer Je 2 aoüt un

nouveau chapitre do sa vie professionnelle.

fessionnelle. «L'avenir me dira si j'ai fait Je bon

choix en entrant dans J'immobilier. Je

suis dans tousles cas content d'avoir

fait Je pas. Ce que je peux Jour apportor?

apportor? Mon experience do manager ayant

travaillé clans une société qui a traverse

des crises. Un regard neutre et different.

Parallèlement, je découvre chaque jour

Jes réalités d'une nouvelle branche.

Aujourd'hui, jene wends plus des billets

d'avion, tout en continuant a faire pJaisir

aux gens en leur vendant des tranches

de vie.))

soi-même», raconte-t-il. L'idée de partir

partir commence a germer. Pour aller oé?

((Changer pour me retrouver a nouveau

dans Je tourisme n'aurait eu aucun sens.

Autant rester chez Swiss. Mais cola

aurait impliqué une nouvelle expatriationexpatriation et je sentais que ma femme et mes

deux enfants n 'en avaient plus envie.

Signe du destin ou coincidence? Le

let mars 2012, Ivan Haralambof glissesur une plaque de glace et se Juxe

J'épauJe. ((Pour Ja premiere lois de ma

camère, jai été mis en arrêt de travail

durant cinq semaines. Cost là que j'aiété approché par un chasseur de tétes,

ainsi que par le patron du groupe MK,

Anthony CoJlé, qui orit su venir avec

les bons arguments au bon moment.

J'ai pris Je temps de peser Je pour et le

De l'aviation a l'immobilier

o. prise. Pour celles-là, les portes restent

ouvertes » confirment en chmur les professionnels.professionnels. »Et cost tant mieux, defend

Georges Gasser. Ce penchant pour la

monoculture me préoccupede plus en plus.

Aujourd'hui, il manque dans les entreprises

entreprises des profils qui amènent de la fralcheur,

fralcheur, qui n'ont pas los mêmes freins, une

vision différonte. Gui osent surtout poser

des questions. Changer ne concerne pas

que les cadres. Ii faut également qu'il y ait

une volonté de changement profonde de la

part de celul qui engage.))

Accessibles

En attendant ce changement de mentalités,

il demeure quelques categories de metiers

plus ouvertes aux evolutions. On retiendra

toutes celles ayant trait a la communication

ou la gestion de personnes. Manager,

consultant, commercial, communicant,

etc. Ne nécessitant pas de connaissances

techniques pointues, elles seralent plusfacilement accessibles a ceux et celles quivoudraient se reconvertir.

Enfin, quand le rejet, La lassitude, los

aspirations ethiques ou le désir d'être son

propre chef deviennent trop forts, la voie

de l'independance peut être une solution,

A l'instar du directeur do la société Alternis,

Alain Giffard, qui a quitte son poste de

responsable do projet dans une multinationale

multinationale pour conquerirle marché du sans

gluten)). Seulement attention: point de

panacée. L'investissement en temps et en

argent est considerable. Les cadres arrives

A la cinquantaine en sont conscients et

lorgnent rarement dans cette direction-IA.

Et apres? Une note positive pour terminor.

terminor. Au final, qu'elles aboutissent a un

changement de métier ou pas, los remises

en question restent éminemmentpositiveset constructives. A court terme, elles permettront

permettront a ceux et a celles qui ont eu le

courage de les prendre a bras-le-corps de

poser les jalons des quinze dernières

années professionnelles de leur vie.

Quant a ceux et cellos qui ont osé changer,

ils le regrettent rarement. Dans ce sens-là,

ils ne sont pas differents do la mai orité des

gens. Selon la dernière enquëte do l'institut

l'institut de sondage francais Ipsos, 64% des

personnes qui ont change do métier parlentd'épanouissement professionnel, 71% dun

nouveau depart... dans la vie.

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Des médias a la formationMario Sessa, 57 ans, a quitte la redaction en chef de «L'Hebdo» pourla direction d'une école. Un choix qu'iI n'a jamais regretté.

Je fonctionne sur Je principe d'opportunale.

nisme. Je suis très intuitif. Le moteur,

dans ma vie, ca na jamais été jamaisl'argent, mais le plaisir.)) Avec Ia bénédiction

bénédiction de son conseil de famille - sa

femme et ses trois enfants -‚ Mario

Sessa démarre ainsi une nouvelle vie

professionnelle. ((Changer de domaine,

ce nest ni reposant ni confortable.

C'est un investissement en temps et en

energie important. Si après trois ans jepeux dire que ca roule, mon arrivée a

d'abord suscité la mOfiance. Je n'étais

pas du serail. Beaucoup se sont dit:

Qui est ce technocrate qui vient nous

faire la leçon? Pour tisser les premiersliens de confiance, j'ai pris Je temps de

rencontrer individuellement Ja centaine

d'enseignants de I'école.))

N'aurait-il pas préféré un emploi moms

prenant? ((Je suis quelqu'un de multitäches.

multitäches. Quand jai fait Je tour de quelquechose, je m'ennuie trés vite. A ce poste,

je n'en ai pas le temps, il se passe toujours

toujours quelque chose.))

COté compétences, 11 s 'est rapidementsenti a sa place: ((Plus l'aspect relationnel

relationnel est fort dans votre métier, plus vous

serez apte a embrasser des carriéres

différentes)), affirme-t-il, en précisant

que l'obtention en 2005 d'un master

en Gestion d 'entreprises de presse de

1 'Ecole supérieure de journalisme de

Lille (F) a ete un atout supplémentaire.Et puls, Je fait d'être issu du privé,d 'avoir traverse des crises, Jui permet

aujourd'hui d'être très réactif et de

savoir a quelles portes frapper pour

trouver des solutions et les moyens

de les concrétiser. Pour ce Chaux-deFonnier,

Chaux-deFonnier, amoureux de I Arc jurassien,aucun doute: il a gagné au change. II

travaille aujourd'hui dans Ja ville ob il

habite et «qualitativement, ma vie

s'est améliorée». Quant au journalisme?I] a garde un pied dans Je métier en

enseignant Je marketing stratégique en

information et communication a JUniversité

JUniversité de Neuchâtel.

II a Iongtemps incarné Ja presse régio-

d'opportunale. Plus exactement celle de l'Arc

Jurassien. Ii y a trois ans, pourtant,l'ancien rédacteur en chef et directeur

general adjoint de L'Express/L'Impartial

decide de changer de cap, après un

passage a Ia redaction en chef de

L'Hebdo: «Je n 'avais plus la flamme,

]'impression surtout d'avoir fait le tour

de la profession. A 54 ans, il me restait

encore dix belles années professionnellesprofessionnelles devant moi. Je me suis dit:

c'est le moment ou jamais.»Le 1er aoüt 2009, Mario Sessa devient

Je directeur de J'Ecole du secteur tertiaire

tertiaire (Ester) du Centre interregional

de formation des Montagnes neuchäteloises

neuchäteloises (Cifom), a La Chaux-de-Fonds.

Quand on s'étonne de ce revirement,

11 rappelie qu'il a commence a exercer

sa plume dans les colonnes de L'Impartial,

partial, dinge alors par Gil Baillod,

parallèlement a ses etudes de Lettres:

«Initialement, je voulais être

enseignant. Avec ce nouveau

poste, je suis revenu en quelquesorte a mes premieres amours»,

souligne-t-il en souriant.

Il lui aura tout de même fallu quelquesannées de «pré-réflexion» avant d'y

revenir. Après avoir cite I 'artisan de Ia

fusion des redactions de L'Express/

L'Impartial, Mario Sessa donne son

congé en 2006, refusant de cautionner

les mesures économiques drastiques

du Groupe francais Hersant. Son passage

passage de deux ans a L'Hebdo va dOfinitivement

dOfinitivement émousser son enthousiasme

pour la profession. 11 decide alors

d'arrêter et de se consacrer entièrement

a I 'enseignement universitaire. «Parallèlement

«Parallèlement a mon travail principal, j'avais

repris goUt a l'enseignement en donnant

des cours au Centre romand de formation

formation des journalistes (CRFJ) ainsi qu 'a

l'Université de Neuchâtel.»

Et puis, il tombe sur l'annonce de

lEster. ((J'ai tout de suite su que

c'était un poste pour mol.

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Quitter une grande inultinationale,

Un paste prestigieux et un salaire important

important pour lancer son entreprise dans un

marché de niche, il fallait oser. Alain

Giffard Ja fait. A 38 ans, 11 a ddcidO de

mettre un ternie a sa carriere dingénieuren qwttant Je pöle Recherche & Développement

Développement de Philip Morris International

(PMI) pour creer Ja societe Alternis, a

Boudry, entiérement dédldc a lahmentation

lahmentation sans gluten. Un changement de

cap radical pour cc Normand gui a ceuvré

dans d'importantes societes francaises

avant dc poursuivre sur Ja méme lancéc

en Suisse. Le détonateur? La maladle.

((J'ai été diagnostique intolerant au

gluten en 2008, apres des années

Alain Giffard, 41 ans, a abandonné son poste chez Philip Morris pourdeer one entreprise spécialisée clans les aliments sans gluten.

d'errances médicales et de douleurs

intestinales)), explique-t-il. Pour se

soigner, Alain Giffard apprend qu'il va

devoir suivre a vie un regime strict

sans gluten, qui s'avére très vite éprouvant

éprouvant pour les papilles. «Les bons produits

qul existent sont maiheureusement

encore rares et onereux. Par Ja force

des choses, jai commence a m'intéresser

a cc marche et J'idOe dc créer une

societe spécialisée dans cc domaine a

germe. Toutefois, quitter PMI ou j'avaisJa sécurité a tous points dc vue na pas

éte une decision facile a prendre.»Mais J'évidence va trés vite s'imposer

a Jul. «CeJa faisait un moment que jen 'avais plus dc plaisir professionnellement,

fessionnellement, du moms dans Je poste que j'occupals

j'occupals alors. J'ai hesité un ban moment,

pese Je pour et Je contre, et je me suis

mer en homme-orchcstre. Il laut tout

faire sei-möme. Cest là quc les nombreuses

nombreuses formations continues dontj'ai

pu bénéficier en cours d'emploi mont

éte utiles. Notamment Ics cours en gestion

gestion dc projcts. Mes années chez PMI,

oil tout était archiréglementé, mont

egalement rendu trés attentif aux

aspects reglcmentaires et quaJité,

cc qui est indispensable dans une

entreprise comine Ia mienne. Jai beaucoup

beaucoup appris sur Je tas et grace a mon

réseau prolessionnel, jai pu bénéficicr

dc précieux conseils, notamment en

matiere dc marketing. On a en fait

transpose les outils d'une grande multinationale

multinationale sur une petite structure)),

precise-t-il en souriant. Ce qul est dif[wile

dif[wile aujourd'hui? ((Je dirais Je manque

dc ressources financiéres pour mener a

bien Jes projets qui sont encore dans Jes

cartons. ChezPMl, cellcs-ci n'étaicntpas

un probleme et tout allait done très vitc.

Aujourd'hui, c'est different. Tout prend

plus dc temps.)) Reste que, petit a petit,sa soclétd Altcrnis a réussi a faire son

nid. En trois ans, eile a su se faire une

place dc choix sur Je marché alimcntaire:

avec environ 600 références, Alain Gillard

Gillard offrc aujourd'hui Je plus grand choix

deproduits sans gluten dc Suisse, qu'ilvend a des détaillants, en Jigne, et égalemeat

égalemeat en vente directe dans dc nouveaux

beaux a Corcelles (NE). Pour Je plus

grand plaisir des personnes souffrant

dc coeliakie.

lance en me disant que cétait Je

moment oO jamais. Quand on prendla decision, c'est un peu comme Jarsqu'ons 'apprete a faire du base jump.On va sauter. sans savoir cc gui va se

passer. J'ai pas mal stresse avant.

Et une lois ma démission donnée,

j'ai etc soulage. C'cst un moment

d'euphoric tres fort, he a un sentiment

dc liberté totale. On fait cc que Jon veut

quand on veut», se rappelle-t-il.Alternis voit Je jour en 2009.

«Créer une entreprise, c'est se transfor

Des cigarettes aux aliments