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forêts privées de la Plaine du Roussillon orientations de gestion Orientations régionales de production Schéma régional de gestion sylvicole 2001 Languedoc-Roussillon tome 2

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forêts privéesde la Plaine du Roussillonorientations de gestion

Orientations régionales de production

Schéma régional de gestion sylvicole

2001

Lang

uedo

c-R

ouss

illon

tome 2

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Sommaire

Présentation de la région

Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 3

Le milieu naturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 4

L’agriculture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 6

La forêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 7

Les forêts privées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 9

Les jeunes boisements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 10

La desserte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 10

L’environnement économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 11

Orientations de gestion

Les objectifs, traitements et méthodes sylvicoles recommandés . . . . . . . . . . . . . . . page 12

- La production de bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 12

- La protection contre l’incendie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 14

- Les aménagements agroforestiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 14

- La protection du milieu naturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 15

- L’agrément . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 15

- Les produits autres que le bois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 16

- Le maintien en l’état . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 17

Boisement et reboisement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 17

Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 19

Cette brochure est un tiré à part de la troisième partie du tome 2des Orientations régionales de production du Languedoc-Roussillon,approuvées par arrêté ministériel du 10 juillet 2001.

Crédit photos : Sylvie Carles, Maurice Cavet, Benoît Lecomte, Thierry Reverbel

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2 L A P L A I N E D U R O U S S I L L O N

LOZÈRE

GARDHÉRAULT

AUDE

PYRÉNÉES-ORIENTALES

Extrait de la carte IGNLanguedoc-Roussillon

Découvertes RégionalesÉchelle 1 : 275 000© IGN-Paris-2001

Autorisation n° 32.026

La Plaine du RoussillonNuméro national et régional : 66.3

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P R É S E N T A T I O N D E L A R É G I O N 3

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Présentation de la région

Le fort de Salsesédifié au 15ème siècle pourgarder la frontière entrela France et l’Espagne.

GénéralitésLa Plaine du Roussillon estsituée à l’est du départementdes Pyrénées-Orientales.Cette vaste plaine littorale estla région économiquementla plus riche du département.L’espace y est partagé entreles vignes, les vergers et, près

de la côte, le maraîchage. Les stations balnéai-res se sont développées sur le littoral. Les forêts,peu présentes, ont été repoussées sur les sols demauvaise qualité (sommets de butte) non exploi-tables par l’agriculture. La Plaine du Roussillondéfinie par l’Inventaire forestier national com-prend une partie du bas Vallespir jusqu’à Céretet une partie du bas Conflent jusqu’à Vinça. Sasurface est de 87 769 hectares : c’est la régionla plus étendue du département.La Plaine du Roussillon est limitée :• à l’ouest par les contreforts des Aspres juste

après Thuir, par le bas Vallespir après Céret (ausud) et par le bas Conflent juste après Vinça(au nord),

• au sud par le massif des Albères dont la limitesuit une ligne passant par Le Boulou, Sorèdeet Argelès,

• à l’est par la mer Méditerranée,• au nord-ouest par la limite avec les Fenouillè-

des qui, d’ouest en est, suit d’abord la Têtjusqu’à Millas puis continue vers le nord-est endirection de Rivesaltes suivant une altitude de150 mètres environ,

• au nord-est par les Corbières méridionales dontl’extrémité sud, depuis Cases-de-Pène et enpassant par le fort de Salses, va rejoindre lalimite entre les Pyrénées-Orientales et l’Aude

• (et entre Catalogne et Languedoc) au bord del’étang de Salses.

La Plaine du Roussillon connaît depuis fort long-temps une occupation humaine, comme leprouve la découverte à quinze kilomètres au nord-ouest de Perpignan de « l’Homme de Tautavel »,le plus vieil européen, qui vivait en ces lieux450 000 ans avant notre ère. Sa situation géo-graphique au bord de la Méditerranée fait decette région un véritable carrefour qui a vu lepassage des grandes civilisations méditerra-néennes. Il semble que le défrichement du Rous-sillon ait commencé très tôt : 900 ans avant notreère, les Ibères, surtout pastoralistes, éradiquentles forêts de toute la plaine. Un peu plus tard,le peuple des Sordons met en valeur par l’agri-culture les basses terres de l’Ampurdan et duRoussillon. Au cours de l’Histoire, la Plaine duRoussillon connaîtra des heures florissantes et despériodes de disette. L’occupation romaine (120avant Jésus-Christ) correspond à une ère de pros-périté. Elle permet le développement de grandsdomaines et de villas (dont la Villa Perpinianumqui serait à l’origine de Perpignan) vivant d’éle-vage et d’agriculture. Les produits sont expor-tés par la voie domitienne qui relie l’Italie à Cadixen Espagne. L’effondrement de l’empire romainau 4ème siècle et les invasions wisigothiques désor-ganisent le commerce. En 720, les Arabes occu-pent à leur tour le Roussillon. Ils apportent destechniques agricoles élaborées (drainage, irriga-tion) qui permettent le développement d’uneagriculture intensive et provoquent l’abandon desterres difficiles à cultiver. Aux 12ème et 13ème siè-cles, le Roussillon fait partie du royaume cata-lano-aragonais puis, de 1276 à 1344, du royaume

Une plainesituée à l’estdes Pyrénées-Orientales,à l’histoireriche etmouvementée

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de Majorque qui regroupe les Baléares, le Rous-sillon, la Cerdagne, la seigneurie de Montpellieret dont la capitale est Perpignan. Au cours decette période féodale, l’éclosion des monastèreset des abbayes dans les montagnes voisines(Aspres, Conflent) provoque un regroupementdes populations autour de ces centres. L’agri-culture se transporte donc de la plaine vers l’ar-rière-pays. En 1344, le Roussillon repasse sousinfluence aragonnaise, devient français sousLouis XI en 1463 avant d’être restitué à l’Espa-gne en 1493. Perpignan est alors puissammentfortifié et le fort de Salses est construit. En 1659,le Traité des Pyrénées rend le Roussillon à laFrance. Au 18ème siècle, la vigne se développedans la plaine et connaîtra son véritable essor àpartir du 19ème siècle. A cette époque, le lin etle chanvre, cultivés pour le tissage des voiles debateaux, occupent une place importante à côtédes céréales. Le maraîchage est déjà bien déve-loppé autour de Perpignan. Les nombreuxcanaux d’irrigation qui sillonnent toute la plaineappartiennent à des associations syndicales et per-mettent l’exploitation intensive des propriétés.Leur utilisation est strictement réglementée.

Aujourd’hui, la Plaine duRoussillon est une régionessentiellement agricole ettouristique. La viticulture,l’arboriculture et le maraî-chage représentent l’essentiel

de l’activité rurale. Une industrie agroalimentaireimportante s’est développée à partir de cette acti-vité. Le littoral est entièrement aménagé et lesstations balnéaires, du Barcarès à Argelès-sur-Mer,reçoivent chaque été des milliers de vacanciers.Le patrimoine historique et culturel est très riche,depuis le fort de Salses jusqu’au Palais des roisde Majorque à Perpignan, en passant par les édi-fices religieux (cathédrale d’Elne et son cloître,

Monastir del Camp à Passa, cathédrale Saint-Jeanet église Saint-Jacques à Perpignan...). Les cavesreçoivent de nombreux visiteurs venus dégusteret acheter les excellents vins qui y sont produits(parmi les meilleurs du Languedoc-Roussillon).La cave de Thuir notamment abrite la plus grandecuve en chêne du monde. La Plaine du Rous-sillon bénéficie également de la réputation dessites des régions voisines : Collioure, Banyuls, LePerthus, Le Boulou, Amélie-les-Bains, Saint-Michel-de-Cuxa, Saint-Martin-du-Canigou, Ville-franche-de-Conflent... Enfin, que serait la plainesans le majestueux massif du Canigou qui ladomine ?

Le milieu naturelLE RELIEF

La Plaine du Roussillons’étend des bords de la merMéditerranée jusqu’aux pre-miers contreforts pyrénéens,à environ 250 mètres d’alti-tude. Elle correspond à unedépression formée à l’ère ter-tiaire, entre 68 et 2 millionsd’années avant notre ère, lorsde la surrection des massifs

cristallins des Pyrénées. C’est une vaste plainedont le relief uniforme est parfois rompu parquelques buttes arrondies.Les trois grands cours d’eau du département,l’Agly, la Têt et le Tech, viennent se jeter dansla Méditerranée après avoir traversé les Pyrénées-Orientales, et la Plaine du Roussillon, d’ouest enest. Le Réart, cours d’eau moins important, prendsa source dans les Aspres et se jette dans l’Etangde Canet, au sud de l’embouchure de la Têt.Malgré les aménagements réalisés à la fois pourréguler le débit capricieux de ces cours d’eau(barrage de Rodès-Vinça sur la Têt et de

Une vasteplaines’étendant desbords de laMéditerranéejusqu’auxpremierscontrefortspyrénéensUne économie

baséeessentiellementsur l’agricultureet le tourisme

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4 L A P L A I N E D U R O U S S I L L O N

Une vaste plainedont le relief uniforme

est parfois rompupar quelques buttes.

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Caramany sur l’Agly), des précipitations parti-culièrement violentes peuvent toujours provoquerdes crues. En septembre 1992, une personne atrouvé la mort dans le Réart et, plus près de nous,les inondations de novembre 1999 ont provo-qué d’importants dégâts. Les lacs de Rodès-Vinça,de Caramany et de Villeneuve-de-la-Raho serventsurtout à l’irrigation des cultures mais aussi à ladétente des populations.

LE CLIMAT

La Plaine du Roussillon béné-ficie d’un climat typiquementméditerranéen, avec deshivers très doux permettantle maintien d’espèces tellesqu’orangers et citronniers,et des étés chauds et secs.

Les températures : la température moyenneannuelle est partout supérieure ou égale à 15°C(15,2°C à Canet-Plage à 2 mètres et au Boulouà 89 mètres, 15,5°C à Perpignan, à Canohès età Millas respectivement à 42, 73 et 103 mètresd’altitude). La moyenne du mois le plus froiddescend rarement en dessous de 8°C.

Les précipitations : la pluviosité annuelle est géné-ralement comprise entre 500 et 600 mm(544 mm à Perpignan à 42 mètres, 583 mm àCanohès à 73 mètres, 605 mm à Vinça à248 mètres et 623 mm à Millas à 103 mètresd’altitude). Elle est de 775 mm à Céret qui subitdéjà les influences du Vallespir. La répartition desprécipitations est irrégulière. L’automne est lasaison la plus arrosée (environ 30% du totalannuel). Le déficit hydrique est fortement marquéen été : à cette saison, les précipitations repré-sentent entre 15 et 20% du total annuel maiselles tombent le plus souvent sous forme de vio-lents orages qui peuvent provoquer des cruesdévastatrices (septembre 1992, novembre 1999).Elles ne profitent pratiquement pas à la végéta-tion car elles ruissellent et ne pénètrent pas dansle sol. En hiver, les précipitations peuvent excep-tionnellement tomber sous forme neigeuse : onpeut alors assister à des chutes de neige brèvesmais impressionnantes (en février 1992, lahauteur de neige variait entre 60 cm et unmètre !).

Les vents : la tramontane est un vent de secteurnord-ouest, violent, froid et sec, qui balaie souventla Plaine du Roussillon. Le marin (ou marinade)est un vent de secteur sud-est qui peut être éga-lement violent et apporte les précipitations. Engénéral, les côtes sont toujours soumises au vent.

GÉOLOGIE ET PÉDOLOGIE

La Plaine du Roussillon estune dépression qui a étécomblée au cours des âgespar des matériaux d’originesdiverses. A la fin de l’ère ter-tiaire (entre 5,5 et 1,8 mil-lions d’années avant notreère), la mer a recouvert le

Roussillon et déposé des argiles et des sables que

l’on retrouve surtout entre les vallées du Réartet du Tech, autour de Perpignan et en borduredes Fenouillèdes. Au début de l’ère quaternaire,les cours d’eau ont déposé des matériaux,formant des terrasses de différents niveaux selonles variations de leur lit. Elles sont formées degalets de schistes, de granites et de gneiss, aux-quels s’ajoute le calcaire au nord de l’Agly, enbordure des Corbières. Enfin, actuellement, cescours d’eau continuent à déposer des alluvions,notamment à leur embouchure. Celles-ci recou-vrent pratiquement tout le littoral sur une bandede 5 à 10 kilomètres de large.

Les caractéristiques des solset leurs qualités dépendentdirectement de ces maté-riaux. Les dépôts marins ou

lacustres du Pliocène (fin de l’ère tertiaire)donnent des sols sablo-argileux, profonds quipeuvent être riches mais présentent de nom-breuses contraintes (forte sécheresse estivale, sen-sibilité au tassement…). Sur les terrasses forméesau début de l’ère quaternaire, les sols sont géné-ralement très chargés en galets. Ils peuvent êtretrès lessivés, donc assez pauvres chimiquement.Leur fertilité est nettement moindre. Enfin, les allu-vions récentes donnent des sols sablo-limoneux,profonds et fertiles. Toutefois, la proximité de lamer induit souvent de fortes remontées salines.

LES ÉTAGES DE VÉGÉTATION

La Plaine du Roussillon estcouverte par deux étages devégétation :• l’étage thermoméditerra-

néen couvre la partie litto-rale. Sa limite occidentale

• est une ligne partant d’Argelès-sur-Mer vers lenord-ouest, passant à l’ouest de Perpignan par

Le Roussillonest partagéentre les étagesthermo et méso-méditerranéen

Des solsgénéralementfertiles

Des matériauxissus dedépôts marins,lacustres oufluviatilesrelativementrécents

Un climattypiquementméditerranéen,très doux enhiver, chaudet sec en été

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Les sols du Roussillonsont constituésde dépôts marins,lacustres ou fluviatiles.

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Toulouges et Saint-Estève, et remontant versle nord-est pour rejoindre le bord de l’étangde Salses en passant par Rivesaltes. Cet étagecorrespond à la « région de l’oranger » définiepar Charles Flahault. Il couvre les secteurs médi-terranéens les plus chauds,

• l’étage mésoméditerranéen inférieur couvre lapartie occidentale de la région. Il correspondaux séries du pin pignon, du chêne-liège et dumicocoulier.

LES STATIONS FORESTIÈRES

La Plaine du Roussillon étant très peu boisée etn’étant pas, a priori, vouée à la production fores-tière, aucun document de typologie des stationsforestières ne couvre la région.

FAUNE, FLORE ET RICHESSE ÉCOLOGIQUE

C’est l’originalité du littoralformé d’un cordon d’étangset de lagunes qui fait larichesse écologique de la

Plaine du Roussillon. Les étangs de Salses et deCanet, et l’embouchure du Tech recèlent deshabitats d’intérêt communautaire (au sens de ladirective « Habitats »), presque tous non boisés :dunes, lagunes et herbiers de zostères, marais etprés salés, prairies humides, salicornes... Les seulshabitats boisés sont des fourrés de Tamaris autourde l’étang de Canet et des ripisylves à l’embou-chure du Tech. Ces milieux abritent des espècesvégétales et animales intéressantes, rares oumenacées. Ainsi, autour de l’étang de Salses, setrouvent la fougère à quatre feuilles, la Coena-grion mercuriale (libellule en danger d’extinction)ainsi que diverses chauve-souris présentes éga-lement dans le château de Salses. Enfin, de nom-breuses espèces d’oiseaux fréquentent cesmilieux. L’étang de Salses abrite le Busard desroseaux, l’Echasse blanche, la Sterne naine, leGravelot à collier interrompu, le Flamant rose,le Grand cormoran, le Canard colvert... Autourde l’étang de Canet et de l’embouchure du Tech,vivent aussi le Butor étoilé, le Blongios nain, le

Héron pourpré, le Rollier d’Europe... De nom-breuses autres espèces ne nichent pas mais sontobservées régulièrement au passage (Cigogneblanche, Balbuzard pêcheur...).Les espèces gibier sont principalement desoiseaux d’eau sur le littoral (canard colvert, pouled’eau), ainsi que des mammifères (sanglier, lièvre,lapin) et des oiseaux (perdrix rouge, grive, merle)dans les terres.

ESPACES PROTÉGÉS RÉGLEMENTAIREMENT

Au sud de l’embouchure duTech, a été créée la réservenaturelle du Mas Larrieupour la protection du cordondunaire. Cette réserve estcitée ici pour mémoire car

elle ne concerne pas de milieux boisés et est pro-priété du Conservatoire du littoral.Plusieurs secteurs (les rochers du Racou àArgelès-sur-Mer, les orgues d’Ille-sur-Têt, lesjardins du bastion Saint-Jacques à Perpignan, lefort de Salses et ses abords) sont classés au titrede la loi de 1930 sur les sites classés. Ils ne concer-nent pas de massifs boisés.Le « complexe lagunaire de Canet » et « l’em-bouchure du Tech et le Grau de la Massane »ont été proposés pour être inclus dans le réseaueuropéen de préservation des habitats « Natura2000 ».

AUTRES PÉRIMÈTRES

N’ENTRAÎNANT PAS L’INSTAURATION

D’UNE RÉGLEMENTATION SPÉCIFIQUE

Les deux sites ci-dessus, l’étang et le château deSalses, ainsi que tous les étangs littoraux fontl’objet d’inventaire au titre des Zones naturellesd’intérêt écologique, faunistique et floristique(ZNIEFF) ou des Zones d’intérêt communautairepour les oiseaux (ZICO).Nota : ZNIEFF et ZICO sont des inventaires etnullement des zones bénéficiant de protectionréglementaire mais ils servent de base à l’éla-boration de nombreux documents (notammentpour la mise en place du réseau Natura 2000).Il peut toujours être intéressant pour les pro-priétaires de prendre connaissance de ces docu-ments avant de prendre une décision de gestion.

L’agricultureEn Plaine du Roussillon,l’agriculture est omniprésente.La vigne est la culture la plusrépandue avec, à la clé, desvins de grande qualité pro-duits sous différentes appel-

lations : principalement Côtes du Roussillon (vinsrouges, rosés et blancs), Côtes du Roussillon-Villa-ges (vins exclusivement rouges) ainsi que Rivesalteset Muscat de Rivesaltes (vins doux naturels, spé-cialité traditionnelle des Pyrénées-Orientales dontles appellations sont une particularité du Roussillon).L’arboriculture est surtout présente dans la valléede la Têt (production de pêches, de nectarines etd’abricots), en Salanque (notamment production

Viticulture,arboricultureet maraîchage,ainsi qu’un peud’élevage ovin

Plusieurs sitesprotégés pourleur beauté ouleur richesseécologique

Une richesseécologique dueà son littoral

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6 L A P L A I N E D U R O U S S I L L O N

Les orgues d’Ille-sur-Têtsont protégés au titredes sites classés.

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d’abricots) et autour de Céret (notamment pro-duction de cerises). Le maraîchage se concentreaux alentours de Perpignan et sur la bande litto-rale qui bénéficie des alluvions fertiles (de laSalanque à Argelès). En hiver, dans certainsvergers, entre les rangées d’arbres, sont égalementproduits des salades et du persil. Les récentesprimes à l’arrachage des vignes et des vergers ontconduit certains propriétaires à abandonner desterres qui se transforment alors en friches et posentdes problèmes d’aménagement du territoire(risques d’incendie, détérioration des paysages,contamination des cultures voisines par desespèces indésirables, etc.). Parmi ces propriétai-res, quelques personnes ont choisi de boiser leurs

propriétés. Ce mouvement a connu une certaineampleur de 1990 à 1995 mais s’est nettementralenti depuis. A signaler également que quelquescentaines d’hectares de friches périurbaines autourde Perpignan ont été récemment transformées enprairies artificielles ou en cultures de céréales parcrainte des incendies qu’elles pouvaient engendrer.Certains secteurs de la Plaine du Roussillon sontparcourus par des troupeaux ovins (productiond’agneaux) qui passent l’hiver en zone basse etcommencent à monter en altitude à partird’avril. Enfin, les agriculteurs essaient de profiterdu développement touristique en créant des struc-tures d’accueil : gîtes, fermes-auberges, campingsà la ferme, etc.

P R É S E N T A T I O N D E L A R É G I O N 7

Aux environs de Céret,l’arboricultureest pratiquéepour la productionde cerises précoces.

Types de formation Surface (ha) %

Terrains agricoles 57 204 65,2

Formations boisées 2 271 2,6

Landes et friches 5 588 6,3

Autres 22 706 25,9

Total 87 769 100

Source : Inventaire forestier national 1990

La forêtLa forêt occupe 2270 hecta-res soit 2,6% de la surfacetotale de la Plaine du Rous-

sillon. C’est de loin la région la moins boisée desPyrénées-Orientales. De 1980 à 1990, la surface

forestière est restée stable. Les espaces verts àbut esthétique ou récréatif, représentent 27% dela surface boisée. La Plaine du Roussillon compteplus de 95% de feuillus (surtout chêne pubes-cent et robinier) et un peu moins de 5% de rési-neux (pin pignon et pin d’Alep).

2,6% duterritoire

Feuillus Résineux

Essences Surface (ha) % Essences Surface (ha) %

Chêne pubescent 475 39,1 Pin pignon 35 2,9

Robinier 314 25,8 Pin d’Alep 23 1,9

Orme 122 10,1

Peuplier 122 10,1

Chêne-liège 122 10,1

Total feuillus 1 155 95,2 Total résineux 58 4,8

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Source : Inventaire forestier national 1990 (ƒormations boisées de production)

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LES PEUPLEMENTS LES PLUS FRÉQUENTS

Il s’agit essentiellement depetits boqueteaux dissémi-nés dans la plaine, compo-sés surtout de chênepubescent ou plus rarementde pins ou de micocoulier,parfois en mélange avec duchêne-liège. Ils sont situés

près des mas, sur les buttes où les sols sont demoindre qualité et où la mise en culture est plus

difficile. En bordure des cours d’eau, certainesparcelles ont été reconquises naturellement pardes peupliers ou des robiniers. Des alignementsde chêne pubescent, parfois en mélange avecdes ormes, des micocouliers, des pin pignon etpin d’Alep longent parfois les parcelles cultivéeset les canaux d’irrigation. En général, ces ali-gnements sont âgés et peu entretenus. Enfin,les vergers et les cultures maraîchères sontpresque toujours entourés par des haies de cyprèsou de peuplier d’Italie, irriguées comme les arbresfruitiers et renouvelées en même temps qu’eux(en général tous les 12 ans). Elles sont consi-dérées comme un élément à part entière de laculture. Ces haies sont parfois dans un état sani-taire douteux mais les agriculteurs continuent àen planter car elles présentent l’avantage depousser très vite, donc d’abriter très rapidementla culture du vent. Elles forment un écran entreles routes et les parcelles cultivées et réduisentdonc les vols de fruits. Depuis 1990, certainesparcelles abandonnées par l’agriculture ont étéreboisées, notamment avec du pin maritime.D’autres se boisent peu à peu naturellement :l’essence qui s’installe alors est surtout le pinpignon.

LES PROBLÈMES PHYTOSANITAIRES

Le principal agent à sur-veiller sur tous les pins estla chenille processionnairedu pin (Thaumetopoea pityo-campa) qui entraîne rare-

ment la mort des arbres. Sur le pin maritime,on observe de fréquentes attaques de pyrale dutronc (Dioryctria sylvestrella), papillon dont lachenille creuse des galeries dans le fût des arbresles plus vigoureux, ce qui les affaiblit et pro-voque souvent des bris de tronc. Les ormes pré-sents dans les alignements ont dépéri suite audéveloppement en France de la graphiose dite

Chenilleprocessionnairedu pin etpyrale du tronc

Essentiellementdes boqueteauxet desalignementscomposésd’essencesfeuillues

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8 L A P L A I N E D U R O U S S I L L O N

Boisement de pin pignon :les peuplements

constituent des petits bois.

La pyrale du troncprovoque des bris

de tronc dansles boisements

de pin maritime.

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« maladie hollandaise de l’orme » (Ceratocystisulmi et Pesotum ulmi). Enfin, les peupliers sontparfois victimes d’attaques de Grande saperde(Saperda carcharias).

LES RISQUES D’INCENDIE

Dans cette région au climat typiquement médi-terranéen, avec des précipitations mal réparties,une sécheresse estivale marquée et des vents vio-lents qui peuvent souffler pendant une longuepériode, la sensibilité au feu est élevée locale-ment mais les risques d’incendies importants sontfaibles du fait de l’omniprésence de l’agricultureet de l’absence de grands massifs forestiers. Sil’abandon des terres cultivées s’intensifiait, alorsle problème deviendrait crucial. Quelques com-munes se sont déjà inquiétées des solutions àapporter à l’enfrichement de certains secteursen raison des risques d’incendie. Mais ceci restetrès local.

LES DÉGÂTS DE GIBIER

Jusqu’à présent, dans la Plaine du Roussillon, lesplantations forestières souffrent peu de dégâtsde gibier sauf dans certains secteurs où les lapinsen surnombre coupent les têtes des jeunesplants. Le sanglier, dont les populations explo-sent littéralement depuis quelques années, pro-voque des dégâts importants dans les parcellesagricoles.

Les forêts privéesCARACTÉRISTIQUES

Dans la Plaine du Roussillon,toute la surface boiséeappartient à des particu-

liers. Le volume de bois sur pied représente unpeu plus de 150 000 m3 et la productionannuelle est de 7600 m3. Le volume et la pro-duction des essences feuillues représentent plusde 95% du total feuillus-résineux.

100% de lasurface boisée

P R É S E N T A T I O N D E L A R É G I O N 9

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Feuillus Résineux Total

Volume Production Volume Production Volume Production(m3) (m3/an) (m3) (m3/an) (m3) (m3/an)

150 100 7 400 1 500 200 151 600 7 600

Source : Inventaire forestier national 1990 (Formations boisées de production)

La surface des parcellesboisées est généralementrestreinte. Les propriétésdont la surface est supé-

rieure à 10 hectares représentent seulement

1% du total en nombre et 31,5% en surface.Elles appartiennent le plus souvent à des agri-culteurs qui habitent sur place ou à des pro-priétaires exerçant une activité dans une villevoisine.

De petitespropriétésforestières

Moins de 4 de 10 de 25 Plus Totalde 4 ha à 10 ha à 25 ha à 100 ha de 100 ha

Nombre 2 501 41 21 6 - 2 569

Surface (ha) 994 54,7% 250 13,8% 336 18,5% 237 13,0% - - 1 817 100%

Source : données cadastrales au 31 décembre 1996

RÉPARTITION DES PROPRIÉTÉS PAR TRANCHES DE SURFACE

En haut :les vignes récemment

abandonnées, envahiespar la bruyère et le pin

pignon, accentuentles risques d’incendie.

Au dessous :le chêne-liège couvre

10% de la surfacedes forêts privées.

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GESTION ACTUELLE

La taille des propriétésboisées étant très réduite,aucune gestion forestièreréelle n’est pratiquée saufdans certains jeunes boise-ments. Il n’existe pas de fo-rêts dotées d’un plan simplede gestion en vigueur. Desprofessionnels (coopérativeforestière…) gèrent actuel-lement de façon suivie 5 pro-

priétés pour 55 hectares (jeunes boisementsréalisés sur terres agricoles abandonnées).Les interventions pratiquées dans les parcellesboisées consistent généralement en coupe destaillis de chêne pubescent pour la productionde bois de chauffage ou exceptionnellementde bois d’œuvre. Les parcelles ou les aligne-ments de micocoulier font parfois l’objet d’unegestion s’apparentant au taillis fureté pour laproduction de brins utilisables pour la fabrica-tion de fouets et de cravaches par le Centred’aide par le travail de Sorède. Les boisementsqui existent le long des cours d’eau et les ali-gnements ne sont généralement pas entrete-nus et ne font l’objet d’aucune intervention saufla ripisylve du Tech, dans le cadre du « contratde rivière ».Les jeunes boisements réalisés depuis unedizaine d’années ont été convenablementdégagés. Dans les plantations les plus âgées, lesarbres commençant à se gêner, certains pro-priétaires procèdent déjà à la première éclair-cie, qui est en fait intermédiaire entre éclaircieet dépressage.

Les jeunes boisementsL’attribution de primes àl’arrachage des vignes (de1988 à 1997) et à l’arra-chage des vergers (depuis

1995) a amené certains propriétaires à boiser desparcelles agricoles. C’est ainsi qu’en un peu moinsde dix ans, 250 hectares environ ont été boisésdans la Plaine du Roussillon. Le choix des essen-ces n’a pas été chose facile car les forestiersn’avaient aucune expérience sur ces terrains. C’estpourquoi, dans près de 80% de ces plantations,l’essence utilisée est le pin maritime. Outre le faitqu’il semble adapté aux conditions de station,on peut penser que cet arbre trouvera tout natu-rellement un débouché sur place, dans les usinesqui transforment le bois pour la fabrication decagettes pour l’emballage des fruits et légumesdu Roussillon. A part le pin maritime, les essen-ces utilisées sont d’autres résineux (notammentcèdre de l’Atlas), des peupliers (notamment leclone I 45 51) dans les terrains maraîchers richeset profonds avec une nappe d’eau à peu de pro-fondeur et, épisodiquement, des feuillus pré-cieux (noyers, merisier) le long des cours d’eau.Pour le moment, ces boisements sont encorejeunes. Les résultats sont inégaux : certainsconnaissent une excellente réussite, d’autres sontdes échecs cuisants. Des bilans sont périodi-quement établis mais les résultats ne pourrontêtre définitifs que dans plusieurs années.

La desserteL’ensemble des boisementsbénéficient de l’excellentedesserte que constituent lesnombreux chemins d’ex-ploitation créés pour accéderaux parcelles agricoles.

Généralement leur état est bon, et le relief facilefait que, la plupart du temps, ils peuvent êtreempruntés par des camions.

Les cheminsd’exploitationagricoleconstituentde bons accès

250 hectaresde jeunesplantations

Etant donnéla petite tailledes propriétés,il n’existe pasréellementde gestionforestière,sauf dansles boisementsrécents

10 L A P L A I N E D U R O U S S I L L O N

Dans les jeunes boisementsde pin maritime, les

interventions sont précoces,intermédiaires entre

éclaircie et dépressage.

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L’environnement économiqueL’industrie du bois dans laPlaine du Roussillon estsurtout représentée par desentreprises de déroulage et desciage pour l’emballage. Ellesutilisent actuellement despeupliers et des pins mariti-mes venant d’autres régions(vallée du Rhône et Sud-ouest). Elles représenteraient

donc a priori un débouché local très intéressantpour les pins maritimes et peupliers introduitsdepuis une dizaine d’années en Roussillon.Le bois d’industrie résineux issu des premièreséclaircies part vers les usines de pâte à papier deSaint-Gaudens en Haute-Garonne et Tarascon

dans les Bouches-du-Rhône (Cellurhône). Etantdonné les conditions faciles d’exploitation et laproximité des grands axes autoroutiers, sa com-mercialisation devrait être assez aisée.Depuis quelques années, l’association « Bois-énergie 66 », qui regroupe des forestiers, des uti-lisateurs et des professionnels du chauffage ainsique des transformateurs du bois a pour but dedévelopper la filière bois-énergie, d’informer lesmaîtres d’ouvrage et de soutenir les actions tech-niques et financières. Plusieurs chaufferies ont étéinstallées, des unités de stockage ont été cons-truites et une déchiqueteuse a été achetée. Cettefilière de chauffage au bois déchiqueté peut fournirun débouché pour les bois que l’on ne parvientpas à commercialiser.

L’industriede l’emballagedevrait fournirà l’avenir undébouché idéalaux bois issusdes jeunesplantationsactuelles

Dans les terrains profonds,avec une nappe d’eauproche de la surface,le peuplier a étéplanté avec succès.

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LA PRODUCTION DE BOISBois de chauffage

Possible dans tous les taillis(chêne pubescent, robinier).

TRAITEMENT EN TAILLIS SIMPLE

Selon la vitesse de croissance des brins et le dia-mètre d’exploitabilité désiré, la coupe de taillisinterviendra entre 30 et 60 ans, âge où la pro-duction est maximale.

TRAITEMENT PAR « ÉCLAIRCIES DE TAILLIS »Selon les mêmes critères que précédemment, les« éclaircies de taillis » interviendront tous les 15à 25 ans et prélèveront un maximum de 50%des brins dans les peuplements dont le couvertest complet. Quand le couvert n’est pas complet,on évitera de pratiquer ce dernier type d’inter-vention. Bien souvent, ce traitement sera choisipour coupler la production de bois de chauffageet la préservation des paysages.A noter : une filière de chauffage au bois déchi-queté se met en place dans les Pyrénées-Orien-tales et plusieurs projets d’installation dechaufferies sont réalisés ou à l’étude à Perpignan,en Conflent et dans les hauts cantons. Ceci peutfournir à l’avenir un débouché pour les petits boisd’éclaircie non commercialisables.

Bois dit « de services »Ce terme désigne tous les bois qui sont com-mercialisés en petite quantité, sur des marchés

locaux et pour lesquels il n’existe pas de filièreétablie. Cet objectif concerne surtout les bois des-tinés à la production de piquets de clôture uti-lisés localement. Il est donc envisageable dansles taillis de robinier. Le traitement à pratiquerpréférentiellement sera le taillis simple, la coupede taillis intervenant entre 15 et 30 ans selonla vitesse de croissance des brins et le diamètred’exploitabilité désiré.

Cas particulierdu bois de micocoulierLa particularité du micocoulier de cette régionréside dans le débouché local offert par le Centred’Aide par le Travail (CAT) de Sorède quifabrique des outils (fourches), des fouets et descravaches commercialisés dans la France entièreet exportés. Les peuplements qui permettent deproduire ces bois s’apparentent à des taillis furetésà rotations très courtes (4 à 6 ans). L’objectif estde récolter périodiquement (tous les 12 ansenviron) des bois d’un diamètre de 12 à 15 cmà 1,30 mètre et de 2,50 mètres à 3 mètres delongueur. Ces bois devront avoir de forts accrois-sements sur le diamètre, seule façon d’obtenirdes brins assez souples pour la fabrication defouets et de cravaches. Les coupes de furetagelaissent en place trois brins sur la souche. Uneintervention essentielle a lieu tous les ans au moisde juin : les rejets de souche de l’année sont sup-primés, les brins d’avenir laissés sur la souche sontélagués et, si nécessaire, taillés pour former unebarre sans nœud ni branche.

Produire du boisde chauffagedans les taillis

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12 L A P L A I N E D U R O U S S I L L O N

Orientations de gestionLes objectifs, traitements et méthodes sylvicolesrecommandésLes objectifs sont choisis par le propriétaire. Il en a souvent plusieurs et, pour assurer unecompatibilité entre eux et une cohérence dans la gestion, les traitements et les interventionsdoivent en tenir compte pour que chaque objectif puisse être atteint. Deux objectifs peuvent êtrepoursuivis simultanément : par exemple, on peut très bien produire du bois en réalisant desinterventions avec un objectif de départ différent. De même, la protection du milieu naturel oudu patrimoine culturel (anciennes terrasses de culture, anciennes bornes, ruines diverses) estsouvent prise en compte automatiquement dans la gestion sans constituer pour autant unobjectif particulier. Enfin, les objectifs du propriétaire ne sont pas toujours seulement forestiersmais peuvent être liés à son activité principale (agriculture, élevage, accueil touristique, etc.).Les objectifs possibles dans les forêts privées de la Plaine du Roussillon ainsi que les traitementset interventions qui leur sont associés sont détaillés ci-dessous.

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Bois d’œuvre• Possible à long terme par

des interventions d’amé-lioration dans les planta-tions résineuses et feuillues,et dans les jeunes boise-

• ments naturels (les peuplements adultes actuels,qu’ils soient résineux ou feuillus, ne semblentpas aptes à produire du bois d’œuvre ou alorstrès exceptionnellement).

• Possible à long terme dans les terrains nus àplanter.

• Possible dans les peupleraies.• Possible par substitution d’essence dans tous

les peuplements, surtout s’ils sont de mauvaisequalité ou non adaptés à la station.

TRAITEMENT EN FUTAIE RÉGULIÈRE

• Les jeunes peuplements peuvent être traités enfutaie régulière. L’âge et le diamètre d’exploi-tabilité dépendront de l’essence, de la vitessede croissance des arbres et des objectifs du pro-priétaire. Les jeunes plantations bénéficierontdes entretiens indispensables (dégagements,tailles de formation). La première éclaircie inter-viendra quand la hauteur dominante desarbres sera comprise entre 12 et 15 mètres. Unélagage artificiel des arbres d’avenir (200 à400/ha pour les résineux, 100 à 200/ha pourles feuillus) pourra être effectué à cette occa-sion. Les éclaircies suivantes interviendront àune rotation telle que la croissance en diamè-tre des arbres ne soit pas ralentie (entre 5 et10 ans pour les résineux et entre 5 et 15 anspour les feuillus, selon l’essence et la vitesse decroissance des arbres). La régénération sera soitnaturelle (par coupes progressives ou parbandes pour les pins), soit artificielle. Dans lesjeunes peuplements, d’une hauteur moyenneinférieure à 6 mètres, on réalisera avantageu-sement un dépressage vigoureux qui pourraitpermettre par la suite de réaliser une premièreéclaircie plus intéressante sur le plan financier.

• Les peupleraies seront traitées en futaie régu-lière. L’âge et le diamètre d’exploitabilitédépendront du clone, de la vitesse de crois-sance des arbres et des objectifs du proprié-taire. On peut les situer entre 15 et 25 ans pourun diamètre de 45 à 55 cm. Les jeunes plan-tations bénéficieront des entretiens indispen-sables (dégagements, tailles de formation).L’élagage de tous les arbres jusqu’à unehauteur de 6 à 8 mètres est vivement recom-mandé pour la valorisation du bois. Le renou-vellement sera réalisé par coupe rase suivie deplantation.

TRAITEMENT EN FUTAIE IRRÉGULIÈRE

Ce traitement est applicable quelle que soit l’es-sence mais il est plus particulièrement adapté auxpeuplements composés d’essences se régénérantbien naturellement (pin pignon). Dans la Plainedu Roussillon, ce traitement pourra être choisipour coupler la production de bois et la préser-vation des paysages. Il faut noter que la présence

Futaie régulièreou irrégulièrepour produiredu bois d’œuvre

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Le CAT de Sorède utilise le micocoulier pour fabriquer des fouetscommercialisés dans toute la France et exportés.

Les peupleraies sont traitées en futaie régulièrepour produire du bois d’œuvre.

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de plusieurs âges et donc d’une gradationd’étages dans les parcelles rendent les peuple-ments plus sensibles aux incendies. Par ailleurs,une parcelle traitée en futaie irrégulière comporteen permanence des zones en régénération. Ellene supporte donc pas la fréquentation des trou-peaux qui empêchent le développement dessemis naturels. Toutefois, si le propriétaire sou-haite tout de même appliquer ce traitement, lescoupes de jardinage interviendront à rotation de8 à 12 ans. Si l’irrégularité des peuplements n’estpas bien marquée (les jeunes classes d’âge sontsouvent absentes), une première coupe d’irré-gularisation devra être pratiquée. Elle aura pourbut de desserrer les arbres et de mettre en lumièreles semis existants ou créer des trouées pour faireapparaître la régénération. Si cette dernière n’ap-paraît pas, on peut planter des essences adap-tées à la station qui apporteront en plus unediversité. Le diamètre d’exploitabilité dépendrade l’essence, de la vitesse de croissance des arbreset des objectifs du propriétaire.A noter : même si leur objectif n’est pas la pro-duction de bois, certaines suberaies (peuplementsde chêne-liège) sont traitées traditionnellementen futaie irrégulière. Lors du passage pour leverle liège (tous les 12 à 15 ans), une coupe estmarquée prélevant les arbres trop vieux et dépé-rissants, et éclaircissant les bouquets de jeunestiges pour favoriser les plus belles et les plus vigou-reuses.

LA PROTECTIONCONTRE L’INCENDIE

Etant donné les risques res-treints, sauf dans des cas trèslocalisés, cet objectif restera

très secondaire. On pourra alors prévoir destravaux adéquats : élagage des arbres ou, si lecouvert est clair et le sous-bois très embroussaillé,débroussaillement mécanique et pâturage de la

parcelle. La même gestion sera appliquée dansles landes si l’on veut leur faire jouer un rôle de« pare-feu ».Ces interventions sont à penser en liaison avecles services forestiers et les sapeurs-pompiers. Ellesdoivent être réalisées aux endroits stratégiqueset couplées le plus souvent avec le pâturage.

LES AMÉNAGEMENTSAGROFORESTIERSLe sylvopastoralisme

Cet objectif est envisageabledans tous les types de peu-plement (sauf en futaie irré-gulière en raison de la per-

manence des zones en régénération), en dehorsdes phases de régénération pendant lesquellesl’avenir des arbres peut être compromis par laprésence d’animaux. Ceux-ci peuvent en effet lespiétiner, les casser ou consommer leurs jeunespousses et leurs feuilles tant qu’elles ne sont pashors d’atteinte. C’est d’ailleurs pourquoi il existeune réglementation stricte quant au pâturage desanimaux en forêt. Souvent il est associé à l’ob-jectif de protection contre les incendies car lesanimaux réduisent fortement le sous-étagebroussailleux et la strate arbustive. Mais il peutaussi constituer un objectif prioritaire de gestionpour des propriétés qui se sont boisées naturel-lement suite à un abandon des cultures, et quiappartiennent ou sont louées à des éleveurs quimanquent de parcours pour leurs troupeaux,notamment en période estivale. Le principe est deconcilier les deux objectifs, sylvicole et pastoral :• en réalisant une éclaircie des peuplements fores-

tiers, plus forte qu’une intervention classique,suivie d’une mise en tas ou d’un broyage desrémanents d’exploitation, pour permettre undéveloppement des herbacées sur le sol mis enlumière et, par conséquent, le pâturage destroupeaux sous les arbres,

• en adaptant et contrôlant la pression pastorale.Mais il ne s’agit pas simplement de faire pâturerdes animaux en forêt. La gestion sylvopastoraledoit être réfléchie, dans le double cadre del’éleveur (place de la forêt dans l’utilisation globaledes parcours et dans le calendrier de pâturage)et du propriétaire forestier (cohérence avecl’aménagement global de la propriété). Uneréflexion devra aussi porter sur les aménagementspastoraux à réaliser éventuellement (pose declôture, sursemis) et sur la charge d’animauxà faire pâturer pour assurer la pérennité de laressource sans nuire à l’avenir des arbres.Des aménagements de ce type existent mais nosconnaissances techniques doivent être appro-fondies par le suivi pastoral et forestier de par-celles expérimentales. A priori, le sylvopastora-lisme présente des avantages paysagers et pourla diversité biologique car il permet d’obtenir desmélanges d’espèces et une alternance entrecouvert dense et couvert clair.

Une allianceentre l’élevageet la forêt

Des risquestrès restreints

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14 L A P L A I N E D U R O U S S I L L O N

Les haies de cyprèset de peuplier d’Italieen bordure des vergerspouraient être remplacéespar des alignementsproductifs.

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L’entretiendes boisements linéairesCet objectif pourra être pris en considération dansl’aménagement global des propriétés compre-nant des parcelles ceinturés par des boisementslinéaires (alignements d’arbres, haies). Leurimportance n’est plus à démontrer pour l’amé-lioration des productions agricoles (protectioncontre le vent, régulation de l’eau). Ici, on peutleur ajouter une valeur pour la conservation dupatrimoine et la qualité des paysages. Certainsalignements constitués d’arbres trop âgés devrontêtre renouvelés par plantation (voir techniquesen page 18, paragraphe « Boisement et reboi-sement »). D’autres où de jeunes arbres sont pré-sents pourront être améliorés par exploitation desarbres âgés, maintien des jeunes arbres et plan-tations complémentaires.

L’agroforesterieCet objectif ne concerne pas la mise en valeurde parcelles déjà boisées. Toutefois, dans cetteplaine où les principaux enjeux sont agricoles,l’agroforesterie propose des solutions alternativesà la déprise. Mais elle représente aussi un systèmeéconomique de production garantissant la péren-nité des milieux. De façon très générale, l’agro-foresterie consiste à associer sur la même parcelledes arbres destinés à produire du bois plantés surdes lignes très espacées les unes des autres, entrelesquelles est mise en place chaque année uneculture intercalaire. Comme pour le sylvopasto-ralisme, il convient de réfléchir à la gestion deces parcelles avec le double objectif agricole etforestier. En Languedoc-Roussillon, des expéri-mentations ont été mises en place dans certai-nes exploitations agricoles par l’Institut nationalde la recherche agronomique (INRA) et le Centrerégional de la propriété forestière (CRPF).

LA PROTECTIONDU MILIEU NATUREL

Dans les espaces protégésréglementairement, certainsobjectifs de préservation dumilieu naturel sont à prendreobligatoirement en considé-ration selon l’objet de ceslégislations et le motif du

classement de chacun de ces espaces (voir 2ème

partie du tome 2, page 54). Ces objectifs sontenvisageables partout ailleurs et dans tous les peu-plements, surtout s’il y a risques de dégradationen raison de la fragilité de certains éléments dumilieu (crues, menaces pour des espèces végé-tales ou animales protégées, sensibilité paysagère,etc.). Les aménagements pourront alors être réali-sés en liaison avec les services compétents (Res-tauration des terrains en montagne, Directionrégionale de l’environnement, etc.), en recher-chant une gestion contractuelle avec l’organismeen charge de la protection.

La protection contre les cruesLe principe est de ne pas laisser dans le lit ducours d’eau ou à sa proximité immédiate(moins d’1 mètre) des bois morts ou dépéris-sants, ou de gros arbres pouvant casser facile-ment (aulne, peuplier). Ceci permet d’éviter laformation, en cas de crue, de barrages végé-taux dont la rupture provoque une vague dévas-tatrice. Les interventions viseront donc à exploi-ter les bois morts ou dépérissants, les gros arbresâgés et tous ceux qui se trouvent dans le lit ducours d’eau ou à moins d’un mètre de celui-ci.Les jeunes arbres et rejets de souche seront pré-servés ainsi que les feuillus précieux qui peuventproduire des bois intéressants économiquement.Si l’on est dans l’obligation de laisser les boissur la berge, on les débitera en petite longueur.

La préservation des paysagesL’essentiel est de prendre, lors de la réalisationd’interventions sylvicoles, des précautions pouréviter que l’œil d’un observateur extérieur soitchoqué bien que, dans une plaine, les coupessoient moins voyantes que sur les versants demontagne. Ces précautions consistent principa-lement :• à respecter l’échelle du paysage concerné (par

exemple, éviter les coupes rases de taille tropimportante mais aussi éviter une coupe à blancde faible superficie dans un peuplement trèsétendu et bien en vue),

• à respecter les lignes dominantes du paysage(par exemple, éviter les coupes aux formes géo-métriques),

• à respecter l’harmonie du paysage en évitantce qui peut représenter une rupture (éviter leslisières trop brutales et essayer de conserverdes feuillus dans les peuplements de résineux -et vice versa - lors de la réalisation des coupeset des travaux, éviter des andains parallèles etconserver de petits bouquets d’arbres sainset bien équilibrés lors de l’exploitation descoupes à blanc).

L’AGRÉMENTLes aménagements particu-liers permettant à des tiersd’exercer des activités deloisir, notamment sportives(chasse, randonnée, prome-nade à cheval, vélo tout-terrain, etc.) peuvent êtreréalisés dans toutes les forêts.Dans la Plaine du Roussillon,cet objectif peut devenir très

important étant donné la vocation touristique dela région, la proximité de nombreux centres trèsfréquentés en été et la faible valeur de produc-tion de bois des forêts. Les propriétaires intéresséspourront examiner la possibilité de conventionsavec les collectivités territoriales pour la prise encharge de certains aménagements.

L’aménagementd’une forêt pourla pratiqued’activités deloisirs doit êtrebien réfléchi,souvent àl’échelle d’unpays d’accueil

Il faut bienconnaîtrel’objet de laprotectionet gérer enconséquence

O R I E N T A T I O N S D E G E S T I O N 15

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L’accueil touristiqueActuellement, l’accueil volontaire de touristes enforêt est souvent une partie seulement d’unedémarche plus générale qui comprend héberge-ment et/ou restauration. La gestion des peuple-ments forestiers pourra alors s’inscrire dans ce cadreet les interventions pratiquées auront un objectifpaysager (voir page précédente « La préservationdes paysages »), surtout pour les parcelles qui sontvisibles depuis les bâtiments. Des aménagementsspécifiques pourront être également conçus,notamment des sentiers pédestres menant à dessites remarquables ou à des points de vue. Ilspeuvent aussi avoir un but pédagogique pourdonner au public des connaissances sur la nature,la forêt, le patrimoine... Dans ce cas, des supportsseront utilement élaborés (panneaux explicatifs,dépliants, topoguides...). D’autres types de sen-tiers (équestres, VTT) peuvent aussi être aména-gés. Les propriétaires qui ont des projets de ce typeont tout intérêt à se rapprocher des structures d’a-nimation pour le développement économique(comité départemental du tourisme, chambre decommerce...) pour s’organiser avec d’autres pres-tataires de services au niveau d’un ou plusieurscantons (notion de « pays »). Bien entendu, desaménagements d’accueil du même type (sentiers,jeux, aire de détente, etc.) peuvent être réalisésmême si le propriétaire ne possède pas d’infras-tructures d’hébergement ou de restauration.

La chasseCet objectif restera accessoire, à concilier avecles objectifs prioritaires donnés à la forêt. S’ildevient lui-même prioritaire, le propriétaireprend le risque de voir classer sa forêt commeterrain d’agrément, ce qui n’est pas sans consé-quence pour la fiscalité. L’objectif « chasse » peutêtre poursuivi par les propriétaires qui veulentchasser eux-mêmes dans leur propriété ou ceuxqui veulent louer des actions de chasse à des tiers.Dans les deux cas, des aménagements spécifiquespour rendre le milieu très favorable au gibier pour-ront être réalisés. Les interventions sont de deuxtypes :• sur le milieu lui-même : le principe est de diver-

sifier au maximum les milieux pour qu’ils puis-sent parfaitement remplir tous leurs rôles vis àvis du gibier (abri, nourriture, etc.) et pour mul-tiplier les effets de lisière très favorables à sondéveloppement. On réalisera donc les coupeset les travaux nécessaires pour obtenir unealternance de haies, de friches, de bois clairs,de bois plus épais, de clairières herbeuses etde cultures à gibier. Toutes les interventionsayant pour but d’ouvrir et d’hétérogénéiser lemilieu (débroussaillement, création d’allées,mise en place de cultures à gibier, etc.) sontfavorables au gibier,

• l’installation d’équipements particuliers ayantpour but le maintien du gibier et l’exercice dela chasse.

LES PRODUITSAUTRES QUE LE BOIS

De telles productions peu-vent être envisagées dans lessituations qui le permettent.Les propriétaires devront tou-tefois s’assurer que la réali-sation des aménagementsqu’ils prévoient pour de tellesproductions n’est pas incom-patible avec d’éventuels en-

gagements fiscaux ou avec la législation sur ledéfrichement, notamment dans le cas d’inter-ventions abaissant nettement la densité des peu-plements forestiers.

La production de liègeCet objectif peut être envisagé (sous certainesconditions de qualité) dans les suberaies existantesou, à plus long terme, dans les jeunes planta-tions de chêne-liège. Les interventions à réaliserpassent la plupart du temps par une remise envaleur des peuplements qui sont le plus souventà l’abandon depuis plusieurs dizaines d’annéeset ont parfois subi le passage d’un ou plusieursincendies. Un débroussaillement peut être réalisésuivi, sauf dans les parcelles à régénérer, d’unentretien pastoral. Les peuplements pourront êtretraités en futaie régulière (réalisation d’éclairciesou renouvellement des peuplements âgés) ou enfutaie irrégulière (éclaircies et régénération par

Les produitscourammentappelés« annexes »peuventreprésenterun revenu nonnégligeable

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Des éclairciessont réalisées dans lespeuplements dans un butpaysager et touristique.

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bouquets). Le liège présent sur les arbres estsouvent de mauvaise qualité (liège mâle, liègebrûlé, liège surépais…). La première levée(démasclage) sera aussi une intervention deremise en valeur. Les levées suivantes intervien-dront à rotation de 12 à 15 ans selon la rapiditéde croissance du liège.

La production de champignonsCet objectif peut être envisagé pour apporter unevaleur supplémentaire à certaines parcelles. Lepropriétaire doit bien maîtriser la cueillette pourne pas subir la pression de ramasseurs incontrô-lés. Le principe est de concilier les deux objec-tifs sylvicole et de production de champignons,en menant des interventions adéquates dans lespeuplements. Celles-ci sont encore expérimen-tales. Il s’agit de la plantation d’arbres mycorhizés(notamment avec des lactaires) et de l’éclairciede peuplements adultes avec des moyens bou-leversant le moins possible le milieu, notammentle sol.

Les essences mellifèresLe principe est de concilier les deux objectifs syl-vicole et mellifère. La plantation d’essences pro-ductrices de nectar (qui donne le miel aprèsrécolte et transformation par les abeilles) ou depollen est actuellement en cours d’expérimen-tation. Elle peut concerner des propriétés où sontinstallées des ruches et où le propriétaire sou-haite accentuer le caractère mellifère de certai-nes parcelles, pour éviter la transhumance parexemple.

La production de feuillagesCet objectif est envisageable pour alimentercertaines filières (alimentation, parfumerie, déco-ration de bouquets...). Il peut permettre de valo-riser des formations peu productives comptant

des essences secondaires intéressantes (buis,arbousier, cistes, fenouil, romarin...). Des plan-tations ayant pour objectif la production defeuillages sont également envisageables avecdes essences dont les feuilles sont recherchées(eucalyptus par exemple).Nota : des plantations d’arbres truffiers sontréalisées mais les secteurs favorables restentextrêmement limités.

LE MAINTIEN EN L’ÉTATObjectif d’attente, il peut parfois se justifier à partirdu moment où il ne met pas la forêt en péril àcourt ou à long terme. Il peut permettre aux pro-priétaires d’améliorer leur forêt progressivementen concentrant les opérations sur certaines par-celles. Toutefois, il convient de le réserver auxpeuplements d’un certain âge. Il faut en effetattirer l’attention des propriétaires sur les risquesinsidieux qu’il comporte pour la plupart des peu-plements : la croissance des arbres en diamètreest très vite ralentie à cause de la forte densité,alors que la croissance en hauteur n’est pas affec-tée. S’ils ne bénéficient pas d’interventions, lespeuplements se trouvent donc rapidement et défi-nitivement fragilisés. Ils sont notamment de plusen plus exposés aux accidents climatiques (neigelourde, vent...).

Boisement et reboisementLES ESSENCES RECONNUES

COMME ÉTANT ADAPTÉES

L’adaptation des essencesdépend essentiellement duclimat et du sol. L’expé-rience acquise dans le boi-sement de parcelles agricolesabandonnées permet de

Choisirles techniqueset les essencesde boisementselon la station

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La production de liègepeut valoriser denombreuses parcellesdu Roussillon.

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donner les conseils suivants(1), en restant prudentquant à l’avenir de tels boisements, le reculn’étant que de dix ans. De plus, les risques phy-tosanitaires existent toujours. Il faut d’ailleurs noterl’importance de la diversité des essences qui estun facteur de bonne santé et de vigueur des peu-plements.

1. Sur terrains alluvionnaires, limoneux oulimono-sableux, profonds (terrains de maraî-chage)• Si absence de sel dans le sol et présence d’une

nappe d’eau permanente à peu de profondeur :peuplier (clones I 45 51, Dorskamp), noyercommun. A tester : platane, micocoulier.

• En l’absence de nappe d’eau : pin maritime,pin pignon.

• Si présence de sel : éviter de planter (pin pignonsi le propriétaire souhaite boiser absolument).

2. Sur les autres terrainsPin maritime, pin pignon.

Avec d’autres objectifs que la production de bois,on pourra introduire des essences moins cou-ramment plantées : le chêne-liège pour la pro-duction de liège, l’eucalyptus pour la productionde feuillages et, avec un objectif paysager, l’ar-bousier, l’olivier, l’amandier, le micocoulier...

A l’avenir, d’autres essences pourront certaine-ment être utilisées pour la production de boisou d’autres fins. Elles sont actuellement testéeset le recul n’est pas encore assez grand pourpouvoir les conseiller.

Les alignements sont situés dans des endroitsriches (combes, bordures de canaux ou de ruis-seaux, talus de chemin). Les essences à plantersont des feuillus avec, comme arbres de haut jet,le chêne pubescent, le micocoulier, le platane,le frêne oxyphylle et, dans les endroits très frais,le peuplier. Les arbres de bourrage seront choisisen fonction des objectifs du propriétaire (pro-duction de petits fruits, abri et nourriture dugibier, etc.).

QUELQUES CONSEILS

SUR LES TECHNIQUES DE PLANTATION

A propos du choix des essencesAvant plantation, il est nécessaire pour ne pasfaire d’erreurs dans le choix des essences, de bienanalyser les stations, les caractéristiques d’un solagricole variant beaucoup, souvent plusieurs foissur une même parcelle. En particulier, il faut se

méfier des remontées salines dans les zones lit-torales. En effet, l’irrigation agricole fait descen-dre le sel en profondeur dans le sol. L’interruptionde cette irrigation en cas de plantation forestièreprovoque une remontée du sel et, à court terme,la mort des arbres. Les seuls arbres tolérant unecertaine dose de sel sont les pins pignon.Sur des sols à très bonne réserve en eau, il estconseillé d’utiliser en priorité des essencesfeuillues.Les plantations de cèdre de l’Atlas réalisées enRoussillon ne donnent pas les résultats attendus.En effet, elles ont une très bonne croissance dansle jeune âge mais, rapidement (vers dix ans), denombreux arbres sèchent en cime sans que cephénomène soit expliqué.

A propos du travail du solLe travail du sol pourra être fait en plein ou defaçon localisée si la densité de plantation est faible(peuplier). Dans le premier cas, on effectuera unsous-solage suivi d’un labour ou d’un disquage.Dans le second cas, on travaillera la terre à chaqueemplacement de plant à l’aide d’une pelle méca-nique.

A propos des densités de plantationPour les plantations classiques, on utilisera unécartement entre les lignes qui permette de laisserpasser un tracteur sans abîmer les plants (3 ou4 mètres). Pour les peupliers, la densité de156 plants à l’hectare (8 mètres sur 8 mètres)pourra être retenue.

A propos des entretiensIl est impératif de bien dégager les plantationspendant les premières années car la végétationadventice se développe rapidement. La concur-rence est d’autant plus forte que les sols sontriches (maraîchage) mais elle existe aussi sur lesparcelles précédemment cultivées en vigne. Lesentretiens ne doivent pas être néfastes aux arbres :en cas d’entretien mécanique, il ne faut pas passertrop près des arbres pour ne pas sectionner leursracines.

Cas particulier des boisements linéairesLa mise en place des haies sera réalisée sur paillageaprès travail du sol, avec un arbre de haut jet tousles 6 mètres et un arbuste de bourrage tous lesmètres. Si la parcelle est pâturée, la jeune haie devraêtre protégée juste après sa plantation à l’aided’une clôture installée à 1,50 mètre au moins,interdisant aux animaux de toucher les plants.

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(1) Les essences conseilléesici ont un caractère indica-tif. Cette liste n’est en aucuncas exhaustive.

De nouvellesplantations expérimentalesde chêne-liège sont misesen place par l’institutméditerranéen du liège.

POUR EN SAVOIR PLUS• Guide technique du forestier méditerranéen - Centre

du machinisme du génie rural des eaux et des forêts -1988-1999

• Résultats du troisième inventaire forestier - Dépar-tement des Pyrénées-Orientales - Inventaire forestiernational - 1990

• Le boisement des terrains agricoles dans les Pyré-nées-Orientales - S. Peyrelade - Centre régional dela propriété forestière - 1992

• Friches et paysages dans une logique de productionforestière - Syndicat des propriétaires forestierssylviculteurs des Pyrénées-Orientales - 1997

• Analyse de l’impact de la friche dans la partiepériphérique ouest de Perpignan et propositionsd’amélioration paysagère - Syndicat des propriétairesforestiers sylviculteurs des Pyrénées-Orientales - 1997

Fiches techniques du Centre régionalde la propriété forestière :• Les travaux du sol avant plantation - 2001• La plantation des arbres forestiers - 2001• Les entretiens de plantation - 2001• L’amélioration des futaies régulières - 2001• La futaie irrégulière ou futaie jardinée - 2001• L’élagage des arbres forestiers - 2001• Les tailles de formation - 2001

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