place par la sfcr pour l’accueil des internes lors du

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View this email in your browser Bonjour à toutes et à tous, Nous profitons de la trêve estivale pour vous partager ce travail de Maxime HUNEIDI(BORDEAUX) intitulé : Rachis ankylosé et lésion de Andersson. Toute l’équipe vous remercie pour votre participation à notre enquête et vous prépare une belle session des jeunes. Nous vous attendons donc nombreux le vendredi 25 septembre à 17H45 à la SFCR. Il reste encore quelques places disponibles pour recevoir l’aide mise en place par la SFCR pour l’accueil des internes lors du congrès de DIJON, si vous n’avez pas de prise en charge n’hésitez pas à contacter Anne CAPELLE ([email protected] ) Quelques informations à partager : Comme vous l’avez remarqué l’AJCR s’est associée à l’AO Spine pour vous proposer des webinars gratuits, les deux premiers ont déjà permis de rassembler de nombreux jeunes chirurgiens du rachis, nous vous attendons nombreux pour les prochains : Seconde édition du DU Pathologie de la moelle épinière Les inscriptions pour la seconde édition du diplôme universitaire (DU) à Bicêtre consacré aux pathologies médico-chirurgicales de la moelle épinière. Ce DU a pour vocation de réunir autour d’une même formation des chirurgiens (neurochirurgiens, orthopédistes) et des cliniciens (neurologues, MPR, radiologues) ayant un intérêt pour la moelle épinière, dans tous ses aspects pathologiques (tumoral, vasculaire, inflammatoire, traumatique, dégénératif, etc…). Pour des jeunes neurochirurgiens, c’est l’occasion d’acquérir des connaissances sur un organe à la frontière entre crâne et rachis, et surtout de rencontrer d’autres jeunes médecins, en particulier hors de votre spécialité. Le programme du DU est réparti sur des séminaires de deux jours (vendredi et samedi) tous les deux mois et a lieu à Bicêtre (affiche ci-joint). Si vous souhaitez vous y inscrire, il suffit d’envoyer avant le 30 août votre CV et une lettre de motivation au secrétariat du DU : [email protected] Programme: https://mcusercontent.com/90d2f43531413f66d8aa084fe/files/b443 408f-7765-4d4f-9d9f-f0401441838c/Programme_DU_Moelle_2021.pdf Prochains ateliers pratiques: Dans le contexte sanitaire notre atelier pratique a été reporté au 18 janvier 2021 toujours dans l’école du Fer à Moulin à Paris. Au programme la chirurgie mini invasive au travers de cours théoriques, séances pratiques et une séance de live surgery. Offre d'installation: La Polyclinique du Maine à Laval, située à moins d'1h de Rennes et d'Angers, 1h10 de Paris, comprenant 160 lits, dotée d'un plateau technique de pointe, et d'un bloc de 8 salles, recherche un chirurgien du rachis. Une aide à l’installation est proposée ainsi qu'un accompagnement dans toutes les démarches administratives. Si vous êtes intéressé, vous pouvez contacter Paule Leray, au 0680265524 ou par mail: [email protected] Et enfin, le travail de Maxime HUNEIDI(BORDEAUX) intitulé : Rachis ankylosé et lésion de Andersson. Rachis ankylosé et lésion de Andersson Newsletter AJCR – Juin 2020 Maxime Huneidi Interne, CHU Bordeaux Cette newsletter se penche sur une lésion rare mais bien connue dans l’évolution des maladies inflammatoires rhumatismales telle la spondylarthrite ankylosante (SPA). L’évolution d’une SPA entraîne classiquement une syndesmophytose puis une fusion progressive des vertèbres entre elles, influençant directement la biomécanique de la colonne vertébrale. Nous partirons d’un cas clinique, puis nous détaillerons l’état des connaissances actuelles sur la prise en charge de la lésion de Andersson. I. Cas clinique : présentation Il s’agit d’un patient de 60 ans, aux antécédents de : ACFA anticoagulée Alcoolisme chronique suivi en addictologie HTA traitée Obésité (Taille 1,98m ; Poids 130 kg ; IMC 33,2) Il consulte son médecin traitant pour des lombalgies modérées depuis plus de 6 mois, d’horaires inflammatoires, avec notion de chute mécanique il y a plusieurs mois. Ces douleurs sont localisées, sans trajet radiculaire ni déficit sensitivomoteur ou vésico-sphinctérien. Le bilan biologique ne retrouve pas de syndrome inflammatoire. Le patient est apyrétique. Un bilan imagerie est réalisé par radiographie et scanner, puis IRM. Le bilan biologique ne retrouve pas de syndrome inflammatoire. Il s’agit d’un tableau typique de lésion de Andersson, ou pseudarthrose aseptique sur rachis ankylosé. II. Lésion de Andersson : Explication et étiologie 1)Caractéristiques Cette lésion, décrite en 1937 par Andersson est une complication disco- vertébrale pouvant survenir dans l’évolution de la spondylarthrite ankylosante. Sa survenue est multi-factorielle et se base sur plusieurs théories. Le processus inflammatoire à la base de l’ankylose rachidienne serait ainsi en cause, la lésion de Andersson étant une extension de cette inflammation au niveau discal. L’inflammation chronique et l’ankylose qui en découle n’est pas uniforme sur tout le rachis. Certaines zones, et notamment au niveau de la jonction thoraco- lombaire, présentent une plus grande inflammation et une fusion plus lente à survenir. Toute la mobilité du rachis se concentre alors sur cette zone, les autres niveaux étant fusionnés, conduisant à un foyer local de pseudarthrose par l’hypermobilité créée. Le point de départ de cette lésion peut être traumatique par fracture, mais ce n’est pas systématique. Elle est favorisée par l’ostéoporose, connue pour être de prévalence plus élevée dans la pathologie ankylosante. 2)Tableau clinique et radiographique A. Présentation clinique Le tableau classique de lésion de Andersson survient généralement chez un sujet d’âge moyen. La symptomatologie peut être discrète comme dans le cas clinique présenté, ou plus bruyante si compression médullaire associée. Les lombalgies ou radiculalgies sont classiquement aggravées par la mise en charge et soulagées par la position allongée, localisée. Sa sémiologie s’oppose à celle de la dorso-lombalgie classiquement rencontrée dans la SPA, plutôt d’horaire inflammatoire s’aggravant avec l’inactivité et s’améliorant à l’effort. Un déséquilibre antérieur peut également survenir par cyphose de la zone pathologique. “ If a bamboo spine starts to bend, something is wrong ” Kaupi B. Imagerie Les caractéristiques radiographiques sont synthétisées dans le tableau ci- dessous. L’examen de référence dans le diagnostic de lésion de Andersson est l’IRM. Celle-ci permet de caractériser la lésion par les différentes séquences et notamment par l’injection, évaluer les rapports nerveux et une éventuelle sténose canalaire. Elle permet d’éliminer les éventuels diagnostics différentiels. A. Diagnostics différentiels La priorité devant ces tableaux, dans l’ordre de probabilité, est d’éliminer : 1. Spondylodiscite infectieuse : Bilan biologique, symptômes infectieux, porte d’entrée 2. Métastase vertébrale : Antécédent de cancer, facteurs de risque 3. Tumeur primitive : Âge, aspect radiographique III. Prise en charge d’une lésion de Andersson 1. Poursuite du cas clinique Le patient est opéré hors CHU. Il est réalisé une arthrodèse T10-L3 avec décompression canalaire devant la menace médullaire. Les suites opératoires sont marquées par une faillite du matériel distal à 3 mois post-opératoire, et progression de la cyphose. 1. Quid dans la littérature ? Plusieurs études se sont penchées sur la prise en charge de ces lésions. Qian, 2012 : Pedicle subtraction osteotomy through pseudarthrosis to correct thoracomlumbar kyphotic deformity in advanced ankylosing spondylitis Design de l’étude : Etude des résultats chirurgicaux sur 7 patients présentant une déformation cyphotique sur lésion de Andersson Niveau atteint : T11-T12 chez 3 patients, T12-L1 chez 4 patients Chirurgie réalisée : Pedicle subtraction osteotomy Ablation du foyer de pseudarthrose par curette et rongeurs Ostéosynthèse 2 ou 3 niveaux au dessus, 2 ou 3 niveaux en dessous Temps antérieur complémentaire à 2 semaines post-opératoire systématique Résultats radiographiques : Moyenne de diminution de la cyphose locale : 36,2° Moyenne d’augmentation de la lordose lombaire : 32,1° Pas de pseudarthrose Shaik, 2018 : Management of Andersson Lesion in Ankylosing Spondylitis using posterior-only approach : a case series of 18 patients Design de l’étude : Etude sur 18 patients traités par voie postérieure uniquement sans ostéotomie ni greffe antérieure Niveau atteint : Jonction thoracolombaire dans 67% des cas Chirurgie réalisée : Arthrodèse entre 2 ou 3 niveaux sus et sous-jacent au niveau lésionnel. Laminectomie en cas de déficit neurologique ou de souffrance médullaire (44,4%). Pas d’ostéotomie. Résultats : Les auteurs décrivent une amélioration significative des scores VAS, ODI. Résultats radiographiques : Les auteurs n’ont malheureusement pas étudié les résultats radiographiques de correction de la déformation. Liang, 2017 : Posterior wedge osteotomy and debridement for Andersson lesion with severe kyphosis in ankylosing spondylitis Design de l’étude : Etude retrospective sur 14 cas consécutifs de patients opérés par ostéotomie postérieure en coin Niveau atteint : T11/T12 (35,7%), T12/L1 (35,7%), L1/L2 (28,6%) Chirurgie réalisée : Vissage pédiculaire, laminectomie du niveau en pseudarthrose, ostéotomie de soustraction pédiculaire Résultats cliniques : Amélioration des scores VAS, ODI Résultats radiographiques : Amélioration moyenne de 44° de la cyphose local, augmentation moyenne de 33,2° de la lordose lombaire 1. Discussion sur la prise en charge optimale d’une lésion de Andersson La prise en charge des lésions de Andersson ne fait pas consensus. En effet, plusieurs options se discutent : Arthrodèse postérieure avec greffe postérolatérale Ostéotomie trans-pédiculaire Temps antérieur complémentaire Les différentes études basées sur des séries de patients traités par temps postérieur seul sans ostéotomie ne donnent pas de résultats clairs sur les résultats de correction de la déformation (Chang 2006, Wang 2017) Dans le traitement de la lésion de Andersson, 2 points semblent importants : Fusion : par le débridement du tissu fibreux de pseudarthrose afin de favoriser la consolidation Correction de la déformation : En cas de forte déformation en cyphose Le vide créé par le débridement du tissu de pseudarthrose peut être corrigé en réalisant une ostéotomie par soustraction pédiculaire et éventuellement par un temps antérieur complémentaire. Le temps antérieur complémentaire a comme rationnel une meilleure résection du foyer de pseudarthrose, permettant d’accélérer la fusion osseuse. Cependant, en cas de curetage par voie postérieure satisfaisant, celui-ci ne semble pas obligatoire d’après les séries de patients opérés sans deuxième temps. 1. Synthèse du cas clinique A ce stade une discussion est engagée avec le patient sur la suite à mener. Plusieurs options sont proposées : Temps antérieur complémentaire, reprise par voie postérieure. Le patient ne souhaitant pas se faire opérer une nouvelle fois, et devant la fragilité de son terrain, un traitement orthopédique par corset rigide est finalement mis en place. Le dernier contrôle à 3 mois ne retrouvait pas de progression de la cyphose, avec sédation des douleurs. Il n’a pas encore été revu à l’heure d’écriture de cette newsletter. Conclusion La lésion de Andersson a vu sa prévalence considérablement diminuer par l’amélioration de la prise en charge médicale de la SPA et se suspecte devant des dorso-lombalgies d’horaires mécaniques associées à un déséquilibre antérieur. Sa prise en charge doit viser 2 objectifs principaux : la fusion osseuse et la correction de la déformation qui peuvent s’obtenir par le biais d’une arthrodèse postérieure étendue plus ou moins associée à une ostéotomie par soustraction pédiculaire. Un temps antérieur complémentaire se discute en cas d’absence de fusion ou de défect important créé sur la colonne antérieure. 1. Zhang, X.et al.Treatment of Andersson lesion-complicating ankylosing spondylitis via transpedicular subtraction and disc resection osteotomy, a retrospective study. European Spine Journal25, 2587–2595 (2016). 2. Yang, E., Cao, L., Zhang, G., Lian, X. & Xu, J. Transpseudarthrosis Osteotomy with Interbody Fusion for Kyphotic Spinal Pseudarthrosis in Ankylosing Spondylitis by a Single Posterior Approach: A Retrospective Study and a Brief Relevant Literature Review. BioMed Research International2017, 1– 8 (2017). 3. Kim, K.-T., Lee, S.-H., Suk, K.-S., Lee, J.-H. & Im, Y.-J. Spinal Pseudarthrosis in Advanced Ankylosing Spondylitis With Sagittal Plane Deformity: Clinical Characteristics and Outcome Analysis. Spine32, 1641–1647 (2007). 4. Liang, Y., Tang, X., Zhao, Y. & Wang, Z. Posterior wedge osteotomy and debridement for Andersson lesion with severe kyphosis in ankylosing spondylitis. Journal of Orthopaedic Surgery and Research12, (2017). 5. Chang, K.-W. et al.Posterior Correction and Fixation Without Anterior Fusion for Pseudoarthrosis With Kyphotic Deformity in Ankylosing Spondylitis: Spine31, E408–E413 (2006). 6. Qian, B. et al.Pedicle subtraction osteotomy through pseudarthrosis to correct thoracolumbar kyphotic deformity in advanced ankylosing spondylitis. European Spine Journal21, 711–718 (2012). 7. Shaik, I.et al.Management of Andersson Lesion in Ankylosing Spondylitis Using the Posterior-Only Approach: A Case Series of 18 Patients. Asian Spine Journal12, 1017–1027 (2018). 8. Wang, T. et al.Evaluating a Posterior Approach for Surgical Treatment of Thoracolumbar Pseudarthrosis in Ankylosing Spondylitis: Clinical Spine Surgery30, E13–E18 (2017). 9. Bron, J. L., de Vries, M. K., Snieders, M. N., van der Horst-Bruinsma, I. E. & van Royen, B. J. Discovertebral (Andersson) lesions of the spine in ankylosing spondylitis revisited. Clinical Rheumatology28, 883–892 (2009). 10. Barman, A., Sinha, M. K. & Rao, P. B. Discovertebral (Andersson) lesion of the Ankylosing Spondylitis, a cause of autonomic dysreflexia in spinal cord injury.Spinal Cord Series and Cases2, (2016). 11. Rajoli, S. R., Kanna, R. M., Aiyer, S. N., Shetty, A. P. & Rajasekaran, S. Circumferential Fusion through All-Posterior Approach in Andersson Lesion. Asian Spine Journal11, 444–453 (2017). 12. Wei, H.-Y. et al.A modified posterior wedge osteotomy with interbody fusion for the treatment of thoracolumbar kyphosis with Andersson lesions in ankylosing spondylitis: a 5-year follow-up study. Chinese Medical Journal133, 165–173 (2020). Copyright © 2020 AJCR, All rights reserved. Want to change how you receive these emails? You can update your preferences or unsubscribe from this list . Subscribe Past Issues RSS Translate

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Page 1: place par la SFCR pour l’accueil des internes lors du

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Bonjour à toutes et à tous, Nous profitons de la trêve estivale pour vous partager ce travail de MaximeHUNEIDI(BORDEAUX) intitulé : Rachis ankylosé et lésion de Andersson.Toute l’équipe vous remercie pour votre participation à notre enquête et vousprépare une belle session des jeunes. Nous vous attendons donc nombreux levendredi 25 septembre à 17H45 à la SFCR.

Il reste encore quelques places disponibles pour recevoir l’aide mise enplace par la SFCR pour l’accueil des internes lors du congrès de DIJON, sivous n’avez pas de prise en charge n’hésitez pas à contacter AnneCAPELLE ([email protected])

Quelques informations à partager : Comme vous l’avez remarqué l’AJCR s’est associée à l’AO Spine pourvous proposer des webinars gratuits, les deux premiers ont déjà permisde rassembler de nombreux jeunes chirurgiens du rachis, nous vousattendons nombreux pour les prochains :

Seconde édition du DU Pathologie de la moelle épinière Les inscriptions pour la seconde édition du diplôme universitaire (DU) à Bicêtreconsacré aux pathologies médico-chirurgicales de la moelle épinière. Ce DU a pour vocation de réunir autour d’une même formation des chirurgiens(neurochirurgiens, orthopédistes) et des cliniciens (neurologues, MPR,radiologues) ayant un intérêt pour la moelle épinière, dans tous ses aspectspathologiques (tumoral, vasculaire, inflammatoire, traumatique, dégénératif,etc…). Pour des jeunes neurochirurgiens, c’est l’occasion d’acquérir desconnaissances sur un organe à la frontière entre crâne et rachis, et surtout derencontrer d’autres jeunes médecins, en particulier hors de votre spécialité. Leprogramme du DU est réparti sur des séminaires de deux jours (vendredi etsamedi) tous les deux mois et a lieu à Bicêtre (affiche ci-joint).Si vous souhaitez vous y inscrire, il suffit d’envoyer avant le 30 août votre CV etune lettre de motivation au secrétariat du DU : [email protected]

Programme: https://mcusercontent.com/90d2f43531413f66d8aa084fe/files/b443408f-7765-4d4f-9d9f-f0401441838c/Programme_DU_Moelle_2021.pdf

Prochains ateliers pratiques:

Dans le contexte sanitaire notre atelier pratique a été reporté au 18 janvier 2021toujours dans l’école du Fer à Moulin à Paris.Au programme la chirurgie mini invasive au travers de cours théoriques,séances pratiques et une séance de live surgery.

Offre d'installation:

La Polyclinique du Maine à Laval, située à moins d'1h de Rennes et d'Angers,1h10 de Paris, comprenant 160 lits, dotée d'un plateau technique de pointe, etd'un bloc de 8 salles, recherche un chirurgien du rachis. Une aide à l’installationest proposée ainsi qu'un accompagnement dans toutes les démarchesadministratives. Si vous êtes intéressé, vous pouvez contacter Paule Leray, au 0680265524 ou par mail: [email protected]

Et enfin, le travail de Maxime HUNEIDI(BORDEAUX) intitulé : Rachis ankyloséet lésion de Andersson.

Rachis ankylosé et lésion de AnderssonNewsletter AJCR – Juin 2020 Maxime HuneidiInterne, CHU Bordeaux Cette newsletter se penche sur une lésion rare mais bien connue dansl’évolution des maladies inflammatoires rhumatismales telle la spondylarthriteankylosante (SPA). L’évolution d’une SPA entraîne classiquement unesyndesmophytose puis une fusion progressive des vertèbres entre elles,influençant directement la biomécanique de la colonne vertébrale. Nous partirons d’un cas clinique, puis nous détaillerons l’état des connaissancesactuelles sur la prise en charge de la lésion de Andersson.

I. Cas clinique : présentation

Il s’agit d’un patient de 60 ans, aux antécédents de :

ACFA anticoaguléeAlcoolisme chronique suivi en addictologieHTA traitéeObésité (Taille 1,98m ; Poids 130 kg ; IMC 33,2)

Il consulte son médecin traitant pour des lombalgies modérées depuis plus de 6mois, d’horaires inflammatoires, avec notion de chute mécanique il y a plusieursmois.Ces douleurs sont localisées, sans trajet radiculaire ni déficit sensitivomoteur ouvésico-sphinctérien.Le bilan biologique ne retrouve pas de syndrome inflammatoire. Le patient estapyrétique.Un bilan imagerie est réalisé par radiographie et scanner, puis IRM.

Le bilan biologique ne retrouve pas de syndrome inflammatoire.Il s’agit d’un tableau typique de lésion de Andersson, ou pseudarthroseaseptique sur rachis ankylosé. II. Lésion de Andersson : Explication et étiologie 1)Caractéristiques Cette lésion, décrite en 1937 par Andersson est une complication disco-vertébrale pouvant survenir dans l’évolution de la spondylarthrite ankylosante.Sa survenue est multi-factorielle et se base sur plusieurs théories. Le processusinflammatoire à la base de l’ankylose rachidienne serait ainsi en cause, la lésionde Andersson étant une extension de cette inflammation au niveau discal. L’inflammation chronique et l’ankylose qui en découle n’est pas uniforme surtout le rachis. Certaines zones, et notamment au niveau de la jonction thoraco-lombaire, présentent une plus grande inflammation et une fusion plus lente àsurvenir. Toute la mobilité du rachis se concentre alors sur cette zone, les autresniveaux étant fusionnés, conduisant à un foyer local de pseudarthrose parl’hypermobilité créée.Le point de départ de cette lésion peut être traumatique par fracture, mais cen’est pas systématique.Elle est favorisée par l’ostéoporose, connue pour être de prévalence plus élevéedans la pathologie ankylosante. 2)Tableau clinique et radiographique

A. Présentation clinique

Le tableau classique de lésion de Andersson survient généralement chez unsujet d’âge moyen. La symptomatologie peut être discrète comme dans le casclinique présenté, ou plus bruyante si compression médullaire associée. Les lombalgies ou radiculalgies sont classiquement aggravées par la mise encharge et soulagées par la position allongée, localisée. Sa sémiologie s’opposeà celle de la dorso-lombalgie classiquement rencontrée dans la SPA, plutôtd’horaire inflammatoire s’aggravant avec l’inactivité et s’améliorant à l’effort. Un déséquilibre antérieur peut également survenir par cyphose de la zonepathologique. “ If a bamboo spine starts to bend, something is wrong ” Kaupi

B. Imagerie

Les caractéristiques radiographiques sont synthétisées dans le tableau ci-dessous.

L’examen de référence dans le diagnostic de lésion de Andersson est l’IRM.Celle-ci permet de caractériser la lésion par les différentes séquences etnotamment par l’injection, évaluer les rapports nerveux et une éventuellesténose canalaire. Elle permet d’éliminer les éventuels diagnostics différentiels.

A. Diagnostics différentiels

La priorité devant ces tableaux, dans l’ordre de probabilité, est d’éliminer :

1. Spondylodiscite infectieuse : Bilan biologique, symptômes infectieux,porte d’entrée

2. Métastase vertébrale : Antécédent de cancer, facteurs de risque3. Tumeur primitive : Âge, aspect radiographique

III. Prise en charge d’une lésion de Andersson

1. Poursuite du cas clinique

Le patient est opéré hors CHU. Il est réalisé une arthrodèse T10-L3 avecdécompression canalaire devant la menace médullaire. Les suites opératoires sont marquées par une faillite du matériel distal à 3 moispost-opératoire, et progression de la cyphose.

1. Quid dans la littérature ?

Plusieurs études se sont penchées sur la prise en charge de ces lésions. Qian, 2012 : Pedicle subtraction osteotomy through pseudarthrosis tocorrect thoracomlumbar kyphotic deformity in advanced ankylosingspondylitis Design de l’étude: Etude des résultats chirurgicaux sur 7 patients présentantune déformation cyphotique sur lésion de AnderssonNiveau atteint : T11-T12 chez 3 patients, T12-L1 chez 4 patientsChirurgie réalisée :

Pedicle subtraction osteotomyAblation du foyer de pseudarthrose par curette et rongeursOstéosynthèse 2 ou 3 niveaux au dessus, 2 ou 3 niveaux en dessousTemps antérieur complémentaire à 2 semaines post-opératoiresystématique

Résultats radiographiques :

Moyenne de diminution de la cyphose locale : 36,2°Moyenne d’augmentation de la lordose lombaire : 32,1°Pas de pseudarthrose

Shaik, 2018 : Management of Andersson Lesion in Ankylosing Spondylitisusing posterior-only approach : a case series of 18 patients Design de l’étude: Etude sur 18 patients traités par voie postérieure uniquementsans ostéotomie ni greffe antérieure Niveau atteint : Jonction thoracolombaire dans 67% des cas Chirurgie réalisée :Arthrodèse entre 2 ou 3 niveaux sus et sous-jacent au niveaulésionnel. Laminectomie en cas de déficit neurologique ou de souffrancemédullaire (44,4%). Pas d’ostéotomie. Résultats : Les auteurs décrivent une amélioration significative des scores VAS,ODI.Résultats radiographiques : Les auteurs n’ont malheureusement pas étudié lesrésultats radiographiques de correction de la déformation.

Liang, 2017 : Posterior wedge osteotomy and debridement for Anderssonlesion with severe kyphosis in ankylosing spondylitis Design de l’étude: Etude retrospective sur 14 cas consécutifs de patients opéréspar ostéotomie postérieure en coin Niveau atteint : T11/T12 (35,7%), T12/L1 (35,7%), L1/L2 (28,6%) Chirurgie réalisée : Vissage pédiculaire, laminectomie du niveau enpseudarthrose, ostéotomie de soustraction pédiculaire Résultats cliniques : Amélioration des scores VAS, ODIRésultats radiographiques : Amélioration moyenne de 44° de la cyphose local,augmentation moyenne de 33,2° de la lordose lombaire

1. Discussion sur la prise en charge optimale d’une lésion de Andersson

La prise en charge des lésions de Andersson ne fait pas consensus. En effet, plusieurs options se discutent :

Arthrodèse postérieure avec greffe postérolatéraleOstéotomie trans-pédiculaire Temps antérieur complémentaire

Les différentes études basées sur des séries de patients traités par tempspostérieur seul sans ostéotomie ne donnent pas de résultats clairs sur lesrésultats de correction de la déformation (Chang 2006, Wang 2017) Dans le traitement de la lésion de Andersson, 2 points semblent importants :

Fusion : par le débridement du tissu fibreux de pseudarthrose afin defavoriser la consolidationCorrection de la déformation : En cas de forte déformation en cyphose

Le vide créé par le débridement du tissu de pseudarthrose peut être corrigé enréalisant une ostéotomie par soustraction pédiculaire et éventuellement par untemps antérieur complémentaire. Le temps antérieur complémentaire a comme rationnel une meilleure résectiondu foyer de pseudarthrose, permettant d’accélérer la fusion osseuse.Cependant, en cas de curetage par voie postérieure satisfaisant, celui-ci nesemble pas obligatoire d’après les séries de patients opérés sans deuxièmetemps.

1. Synthèse du cas clinique

A ce stade une discussion est engagée avec le patient sur la suite à mener.Plusieurs options sont proposées : Temps antérieur complémentaire, reprise parvoie postérieure.Le patient ne souhaitant pas se faire opérer une nouvelle fois, et devant lafragilité de son terrain, un traitement orthopédique par corset rigide estfinalement mis en place.Le dernier contrôle à 3 mois ne retrouvait pas de progression de la cyphose,avec sédation des douleurs. Il n’a pas encore été revu à l’heure d’écriture de cette newsletter. Conclusion La lésion de Andersson a vu sa prévalence considérablement diminuer parl’amélioration de la prise en charge médicale de la SPA et se suspecte devantdes dorso-lombalgies d’horaires mécaniques associées à un déséquilibreantérieur. Sa prise en charge doit viser 2 objectifs principaux : la fusion osseuse et lacorrection de la déformation qui peuvent s’obtenir par le biais d’une arthrodèsepostérieure étendue plus ou moins associée à une ostéotomie par soustractionpédiculaire. Un temps antérieur complémentaire se discute en cas d’absence defusion ou de défect important créé sur la colonne antérieure. 1. Zhang, X.et al.Treatment of Andersson lesion-complicating ankylosingspondylitis via transpedicular subtraction and disc resection osteotomy, aretrospective study. European Spine Journal25, 2587–2595 (2016).2. Yang, E., Cao, L., Zhang, G., Lian, X. & Xu, J. TranspseudarthrosisOsteotomy with Interbody Fusion for Kyphotic Spinal Pseudarthrosis inAnkylosing Spondylitis by a Single Posterior Approach: A Retrospective Studyand a Brief Relevant Literature Review. BioMed Research International2017, 1–8 (2017).3. Kim, K.-T., Lee, S.-H., Suk, K.-S., Lee, J.-H. & Im, Y.-J. SpinalPseudarthrosis in Advanced Ankylosing Spondylitis With Sagittal PlaneDeformity: Clinical Characteristics and Outcome Analysis. Spine32, 1641–1647(2007).4. Liang, Y., Tang, X., Zhao, Y. & Wang, Z. Posterior wedge osteotomy anddebridement for Andersson lesion with severe kyphosis in ankylosingspondylitis. Journal of Orthopaedic Surgery and Research12, (2017).5. Chang, K.-W. et al.Posterior Correction and Fixation Without AnteriorFusion for Pseudoarthrosis With Kyphotic Deformity in AnkylosingSpondylitis: Spine31, E408–E413 (2006).6. Qian, B. et al.Pedicle subtraction osteotomy through pseudarthrosis tocorrect thoracolumbar kyphotic deformity in advanced ankylosingspondylitis. European Spine Journal21, 711–718 (2012).7. Shaik, I.et al.Management of Andersson Lesion in Ankylosing SpondylitisUsing the Posterior-Only Approach: A Case Series of 18 Patients. Asian SpineJournal12, 1017–1027 (2018).8. Wang, T. et al.Evaluating a Posterior Approach for Surgical Treatment ofThoracolumbar Pseudarthrosis in Ankylosing Spondylitis: Clinical SpineSurgery30, E13–E18 (2017).9. Bron, J. L., de Vries, M. K., Snieders, M. N., van der Horst-Bruinsma, I. E.& van Royen, B. J. Discovertebral (Andersson) lesions of the spine in ankylosingspondylitis revisited. Clinical Rheumatology28, 883–892 (2009).10. Barman, A., Sinha, M. K. & Rao, P. B. Discovertebral (Andersson) lesion ofthe Ankylosing Spondylitis, a cause of autonomic dysreflexia in spinal cordinjury.Spinal Cord Series and Cases2, (2016).11. Rajoli, S. R., Kanna, R. M., Aiyer, S. N., Shetty, A. P. & Rajasekaran, S.Circumferential Fusion through All-Posterior Approach in AnderssonLesion. Asian Spine Journal11, 444–453 (2017).12. Wei, H.-Y. et al.A modified posterior wedge osteotomy with interbody fusionfor the treatment of thoracolumbar kyphosis with Andersson lesions inankylosing spondylitis: a 5-year follow-up study. Chinese Medical Journal133,165–173 (2020).

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