pisanello et les médailleurs italiens : étude critique / par jean de foville

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  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

    1/129

    LES

    GRANDS

    ARTISTES

    LEUR

    VIE

    LEUR

    UVRE

    PISANELLO

    et

    les

    Mdailleurs

    italiens

    JEAN

    DE

    FOV1LLE

    SOUS-BIBLIOTHCAIRE

    AU

    CABINET

    DES

    MDAILLES

    DE

    LA

    BIBLIOTHQUE NATIONALE

    TUDE

    CRITIQUE

    ILLUSTRE

    DE

    VINGT-QUATRE

    REPRODUCTIONS

    HORS

    TEXTE

    PARIS

    LIBRAIRIE

    RENOUARD

    HENRI

    LAURENS,

    DITEUR

    6,

    RUE

    DE TOURNON

    (VI

    e

    )

    Tous droits de

    traduction

    et

    de

    reproduction

    rservs

    pour tous pays.

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

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    LES

    GR N S RTISTES

    PIS NELLO

    et

    les

    Mdailleurs

    italiens

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

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    PISANELLO

    ET

    LES

    MDAILLEUKS

    ITALIENS

    Bien

    que

    Pisanello ait

    joui,

    de

    son

    vivant

    mme,

    d'une

    grande

    gloire,

    et

    qu'aujourd'hui

    cette

    gloire

    grandisse

    encore

    sa personnalit

    reste

    assez

    mystrieuse pour

    nous.

    Parce

    qu'il

    tait

    de

    Vrone, il

    a moins

    bnfici

    que

    les

    Toscans

    de

    la

    prolixit

    de

    Vasari.

    D'ailleurs ses

    peintures

    sont

    fort

    rares

    :

    nous

    le

    jugeons surtout

    d'aprs

    ses des-

    sins

    et ses

    mdailles.

    Or dessins

    et

    mdailles nous

    rvlent

    un artiste

    extraordinaireinent

    dlicat, vif. pntrant, origi-

    nal : mais son

    art

    fut-il

    le produit presque spontan

    d'un

    gnie heureux?

    ou

    bien

    tout

    fut-il

    chez

    lui

    conscient,

    calcul

    et

    voulu?

    fut-il un intuitif,

    ou

    un

    esprit

    cultiv

    et

    subtil?

    Aucun tmoignage

    prcis ne

    nous

    renseigne

    ce

    sujet. Pourtant

    plus nous

    analysons

    le

    caractre,

    trs

    par-

    ticulier,

    de son

    uvre,

    plus nous

    voudrions

    savoir

    explici-

    tement

    si

    Pisanello,

    qui a

    tant

    influ

    sur

    l'volution

    dfinitive

    de

    la

    Renaissance

    italienne,

    n'a

    suivi

    que

    sa

    pente naturelle

    ou

    s'il

    a raisonn

    son

    gnie.

    Ses

    contemporains,

    parlant de

    ses

    peintures,

    ont

    lou-

    son

    ralisme,

    et surtout

    son

    trs

    rare

    talent d'animalier

    :

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

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    6

    P1SANHLL0.

    pour

    nous

    qui

    mesurons

    son

    rle

    de

    plus

    loin,

    c'est

    comme

    crateur

    de

    la

    mdaille

    moderne

    que

    nous le

    jugeons

    hors

    de

    pair.

    Comme

    peintre,

    il ;i des

    gaux

    ou

    des

    rivaux,

    Gentile da

    Fabriano

    ou

    Masaccio,

    des

    titres diffrents.

    Mais

    comme

    mdailleur,

    il

    n'est

    pas

    seulement

    l'inventeur

    d'un

    art

    appel

    une

    longue

    fortune, il

    en

    reste

    le matre

    ingal.

    Orla

    mdaille,

    telle

    qu'il la

    conut, fut plus

    qu'une

    heureuse

    nouveaut

    :

    ce fut

    encore l'art

    o

    se reconnut le

    mieux

    l'esprit

    de

    la

    Renaissance,

    dont

    l'essence

    est l'indi-

    vidualisme,

    un

    individualisme

    souvent violent,

    parfois

    outrancier

    :

    la

    mdaille de

    Pisanello

    portrait

    d'une

    indi-

    vidualisation

    rigoureuse,

    comment

    par

    une allgorie

    devait

    donc

    sduire

    extrmement

    une socit,

    curieuse

    de

    renouvellement,

    o

    tout

    commenait

    concourir

    l'exal-

    tation de

    l'individu,

    la

    glorification

    du hros.

    Entre

    l'idalisme

    instinctif du

    moyen

    ge

    et

    l'idalisme

    raisonn'

    du \\T

    sicle.

    l'Italie

    traversa au

    temps de Pisa-

    nello une

    crise

    de

    ralisme,

    o

    se

    fixa

    l'art du

    portrait

    ;

    car

    si

    l'on

    trouve

    des

    portraits

    de

    donateurs

    dans

    des

    manus-

    crits du x ni sicle ou

    dans

    des

    vitraux du

    \i\'.

    dans la sta-

    tuaire

    funraire

    et

    jusque

    dans

    les

    fresques

    de

    Giollo.

    il

    n

    y

    a

    d'art du

    portrait

    que

    le jour

    o

    le

    peintre

    y

    veut

    mettre

    une

    vrit

    psychologique

    particulire

    et

    volontairement

    observe

    :

    ce

    fut

    l le parti

    pris

    trs

    net

    de

    Pisanello.

    et

    la

    mdaille

    telle

    qu'il

    la

    renouvela

    en

    dut

    paratre

    la

    formule

    la

    plus

    concise en

    mme

    temps

    que

    la

    plus

    acheve, L in-

    dividualisme

    du

    XV

    e

    sicle

    s'y

    mira

    avec

    complaisance.

    .Mais.

    quelle

    fui,

    dans

    celte

    invention,

    la

    part

    de l'intuition

    el

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

    7/129

    PISANELLO.

    7

    quelle fui

    celle

    de

    la

    volont

    claire

    cl

    consciente,

    en quoi

    Pisanello

    obit-il

    obscurment

    au

    got

    de

    son

    temps,

    el

    en

    quoi le prcda-t-il

    ou

    le prpara-t-il,

    nous

    ne

    le

    mesure-

    rons

    jamais avec

    certitude.

    Notons cependant

    combien la

    mdaille de

    Pisanello est

    chose

    nouvelle

    :

    en

    effet,

    dpouille

    de tout

    caractre

    montaire,

    coule

    dans un

    moule, faite

    gnralement

    de

    bronze

    ou

    de

    plomb,

    ne

    valant

    que

    par

    son

    mrite

    artis-

    tique, elle diffre

    de

    toutes

    les

    mdailles

    qui

    l'ont

    prcde.

    Elle

    n'est

    pas

    directement

    imite

    de

    la mdaille

    antique,

    (jui

    est

    toujours

    une

    monnaie

    .

    les Italiens

    du

    moyen

    ge

    recherchaient

    et

    vnraient

    cependant

    la

    mdaille

    antique

    ;

    les fameuses

    augustales

    de

    Frdric

    II, au

    revers desquelles

    se

    raidit

    un

    aigle

    menaant,

    sont

    copies

    des

    monnaies

    d'or de

    l'Empire

    romain;

    dans

    les mdailles

    o

    Franois II

    de

    Carrara.

    tyran de

    Padoue,

    lit

    frapper

    en 1390

    son

    effigie et

    celle

    de

    son

    pre

    et

    que

    l'on

    considre

    comme

    les

    plus

    anciennes

    mdailles

    italiennes

    l

    I

    ),

    l'imitation

    des

    grands

    bronzes

    de

    Galba,

    de

    Vitellius

    ou

    de

    Vespasien

    se

    combine

    avec

    celle

    des

    monnaies

    de

    Padoue

    du

    \iv'

    sicle;

    on

    trouve

    encore

    des

    copies

    presque

    textuelles

    de

    mdailles

    antiques

    dans

    les

    pices

    graves

    Venise

    en 1393

    et

    1417

    par

    les

    (Il

    Cf.

    Guiffrey,

    Revue

    numismatique,

    1891,

    p.

    17

    :

    J.

    von Schlosser,

    Jahrbuch

    der

    kunsthistorischen

    Sammlungen,

    Wien,

    1S97,

    p.

    75;

    C.

    von

    Fabriczv,

    Medaillen

    der italienischen

    Renaissance,

    p.

    7;

    E.

    Babelon,

    Reue

    de

    Vart

    ancien

    et

    moderne,

    1905,

    p.

    101,

    et

    dans

    l'Histoire

    de Vart publie

    sous

    la

    direction

    d

    .M.

    Andr

    Michel,

    t.

    III.

    2

    partie.

    On

    trouvera

    chez

    ces

    diffrents

    auteurs

    l'tude

    approfondie

    de

    ces

    trs

    curieuses

    mdailles.

    Dans son

    beau

    livre

    sur

    Pisanello,

    cit

    plus bas, M.

    G.

    F.

    Hill

    a

    rsum

    toutes les

    questions

    relatives

    l'origine

    de

    la

    mdaille

    moderne.

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    8/129

    8

    PISANELLO.

    Sesto

    (

    I i.

    famille

    d'artistes

    montaires.

    Quanl aux

    deux

    clbres

    mdailles de

    Constantin

    el

    d'Hraclius

    (2),

    que

    possdait

    le

    duc

    de

    Berry,

    el

    que

    l'on attribue

    gnrale-

    ment

    l'arl italien, ce

    son des

    pices

    d'orfvrerie tra-

    vailles au repouss

    el soudes,

    d'un caractre toul

    l'ail

    gothique,

    H

    d'un

    style

    manir

    (]iii

    contraste

    avec

    la beaut

    large

    el

    noble

    des

    mdailles

    de

    Pisanello. Enfin

    le

    style

    des

    monnaies

    du

    moyen

    ge

    el

    de

    la

    premire

    partie

    du

    w'

    sicle, stylepuremenl

    dcoratif,

    souvent monotone,

    par-

    fois

    d'une

    grce

    dlicieusement

    lgante, n'a

    rien

    de

    com-

    mun

    ni

    avec

    la

    monnaie

    antique,

    ni

    avec

    la

    mdaille

    de

    la

    Renaissance.

    Bref,

    lorsque,

    vers

    1438-

    &39,

    Pisanello

    mo-

    dle el coule

    sa

    premire

    mdaille, il

    fonde

    un

    art

    nouveau

    dont

    nous

    ne

    saurions

    trouver

    avant

    lui

    l'quivalent.

    Par

    quel concours

    de

    circonstances

    et

    d'ides

    ce

    grand

    artiste en vint-il

    imaginer

    et

    raliser

    celte

    forme

    abrge

    du

    portrait,

    comment

    ce

    peintre

    fut-il

    amen

    concevoir

    (lj

    -On a

    mis

    plus d'une fois

    l'hypothse

    que

    le

    graveur des

    mdailles

    des Carrara

    |

    rrail tre un

    membre

    de

    cetle

    famille des Sesto.

    (2)

    Guiffrey,

    Revue

    numismatique,

    1890,

    p.

    87;

    Fabriczy,

    op.

    laud.,

    H

    Babelon,

    loc.

    cit.

    Les

    Inventaires

    de

    Jean

    lu-

    de

    Berry

    dcrivenl

    dj

    ces

    deux curieuses pices qui sonl parvenues

    jusqu' nous,

    el

    permetteni

    do

    1rs

    dater

    de

    la

    lin

    du

    \iv

    sicle.

    Pol

    de

    Limbourg

    s'en

    est

    inspir

    tex-

    tuellement dans

    1rs

    Trs Riches

    Heures du

    duc

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    12/129

    12

    PISANELLO.

    sur

    lui

    marie

    Bartolomeo di

    Andra

    dlia

    Levata,

    fils

    d'un

    riche

    notaire

    de

    Vrone.

    Son

    surnom

    de

    Pisanello,

    qui veul

    dire

    Le

    petil

    Pisan

    . lui

    vint

    donc

    le son ori-

    gine

    toscane.

    Mais,

    autant

    que par

    sa

    mre,

    il

    apparte-

    nait

    Vrone

    par

    son

    ducation

    et

    par sa

    vie

    :

    de

    cette

    ville

    puissante,

    dont

    les

    murs

    rouges,

    le

    pont

    fortifi

    cl

    la

    citadelle

    dominent

    la valle

    de

    l'Adige

    et

    la

    route

    de

    l'Europe

    centrale,

    les

    Scaliger

    avaient

    fait,

    surtoul

    depuis

    Can

    Grande,

    une

    cil*''

    prospre,

    accueillante

    aux

    rudits et

    aux

    artistes;

    malgr

    la

    chute

    d'Antonio

    dlia Scala,

    en

    HX7,

    et

    l'asservissement

    de

    la

    ville

    Jean

    Galas

    Visconti,

    celait pour

    Pisanello

    un berceau

    un

    peu

    farouche et

    pour-

    tant

    magnifique.

    Vrone

    d'ailleurs

    possdait

    la

    fin

    du

    \i\'

    sicle

    une

    cole

    de

    peinture

    d'une

    vitalit

    sin-

    gulire

    :

    le

    voisinage

    de

    Padoue

    el

    de

    Venise

    avail

    contribu

    la

    former;

    les

    divins

    chefs-d'uvre de

    Giotto

    la

    Madonna

    dell'

    Arna de

    Padoue,

    demeuraient

    le

    plus

    attirant

    modle

    de

    ces

    artistes,

    dont

    les

    meilleurs

    sont

    Guariento,

    Altichiero

    et

    Avanzo

    :

    c'est

    videmment

    sous

    leur

    influence

    que

    le

    gnie

    d'Antonio

    Pisano

    s'veilla.

    Sans

    doute

    aussi

    la

    route

    des

    montagnes

    avait

    port

    dans

    Vrone

    l'influence

    des vieux

    matres du

    Nord;

    peut-tre

    est-ce

    eux

    en

    mme

    temps

    qu'aux

    miniaturistes

    du

    \i\

    sicle

    (I),

    que

    Pisanello prit

    ce

    got,

    si

    vif

    chez

    lui.

    des

    dtails

    familiers

    et

    minutieux,

    animaux,

    fleurs et

    feuil-

    ih A

    propos

    des

    affinits

    que

    l'on peul

    dcouvrir

    entre

    certaines

    com-

    positions de

    Pisanello el les

    uvres de Pol de

    Limbourg

    et

    de

    son

    cole,

    v.

    l\

    Durrieu,

    Les

    Trs

    Riches

    Heures du

    duede

    Berry

    el

    les

    Heures

    de

    Turin.

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

    13/129

    Clich

    Istiluio

    Italiai

    Pisanello.

    Portrait

    de

    Lionel

    d'Est.

    (Bergame,

    Acadmie

    Carrara.

    Collection

    Morelli.)

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

    14/129

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

    15/129

    PISANELLO.

    l-j

    lages

    qui

    animent

    et

    gayent

    ses

    tableaux.

    En

    tout

    cas

    l'exemple

    d'Altichiero,

    tel

    que

    nous le

    jugeons

    d'aprs

    ses

    fresques de

    Vrone et

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

    16/129

    Iii

    PISANELLO.

    de

    Gentile

    da

    Fabriano,

    el

    peut-tre

    de

    loul

    l'arl ombrien,

    est

    le

    mlange

    du

    charme

    intime

    H

    du

    luxe

    pittoresque,

    la

    double

    influence

    de

    Gentile

    el de

    Venise

    ne

    pouvail

    qu'ac-

    centuer

    chez

    le

    jeune

    Vronais

    l'amour de

    l'lgance, de la

    couleur

    somptueuse

    el de

    la

    grce.

    Nous retrouvons

    bien

    toutes

    ces

    qualits dans

    I

    Annon-

    ciation

    que

    Pisanello

    peignit,

    entre

    I

    i20

    et

    i

    \'-\\

    sans

    doute,

    au

    dessus

    du

    tombeau

    les

    Brenzoni,

    dans

    I

    glise

    San

    Fermo

    Maggiore

    de

    Vrone,

    el

    o,

    malgr

    les

    injures

    du

    temps,

    nous meuvent

    encorela

    suavit

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

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    PISANELLO.

    19

    ge

    de

    quatre

    ans.

    une

    maison

    de

    la

    rue

    San

    Paolo.

    Vrone,

    maison

    qu'il

    possdait

    encore

    en

    144b.

    Peignit-il

    avant

    1438

    (date

    laquelle

    il

    dut s'exiler

    pour

    quatre

    ans

    au

    moins

    de

    sa

    patrie) l'admirable fresque

    de

    la

    chapelle

    Pellegrini, Sainte-Anastasie

    de

    Vrone

    ?

    ou

    bien

    l'ut-ce

    la

    grande

    uvre

    de

    la

    lin

    de

    sa

    carrire,

    et ne

    doit-on

    pas

    la

    placer

    en 1446 ?

    11

    est

    difficile de

    le

    dcider

    : en

    tout

    cas,

    quoique

    ce

    grand ensemble

    soit

    depuis

    longtemps

    mutil,

    ce

    qui en

    survit

    suffit

    nous

    donner une ide du

    gnie de

    Pisanello comme peintre,

    et

    demeure

    son

    chef-d'uvre

    ;

    ces

    fresques

    comprenaient

    l'histoire

    de

    saint

    Georges et

    un

    Saint

    Eustache

    : il

    ne

    subsiste que le

    Saint Georges

    mon-

    tant

    cheval,

    cot de

    la

    Princesse

    de

    la

    lgende

    et au

    milieu

    de

    soldats

    aux

    physionomies

    et

    aux

    costumes

    bizarres,

    qui le

    peintre a

    donn

    dessein ces mines

    exotiques.

    La

    composition n'a pas ce

    noble

    quilibre et cette

    logique

    dont Masaccio

    avait dj

    fait

    preuve

    au

    Carmin

    de

    Flo-

    rence

    ;

    Pisanello

    se

    laisse trop sduire par

    le

    pittoresque

    o

    il

    excelle

    ;

    mais

    la

    tenue des morceaux,

    les prouesses

    de

    perspective,

    la

    perfection

    des

    chevaux

    et

    des autres

    animaux

    qui

    occupent la

    plus grande

    partie

    de

    la

    scne,

    la

    richesse

    du

    dcor

    et

    des

    costumes,

    la

    beaut

    dlicate

    du

    Saint

    Georg'es et de

    la

    Princesse, le

    model dj

    souple

    des

    visages s'ajoutent

    aux

    dtails

    curieusement

    observs

    pour

    constituer

    un

    chef-d'uvre

    tout

    fait nouveau

    cette

    poque,

    et

    aussi original

    de

    conception

    que

    d'excution.

    Jamais

    on

    n'avait

    vu

    autant de

    fermet

    de

    mtier

    se

    mler

    autant de

    savoureuse

    et piquante

    observation

    ni

    une

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

    20/129

    20

    PISANELLO.

    telle

    somptuosit* de

    dcor.

    En mme

    temps,,

    les

    visages

    taient

    peints

    avec

    une

    dlicatesse

    pntrante

    et

    forte

    qui

    donne

    la

    sensation

    de

    la

    beaut

    H

    de

    la vrit

    la

    lois.

    et

    qui

    annonce un merveilleux portraitiste. Ce

    Vronais

    ioinl

    une

    fantaisie,

    qui

    prlude

    de

    loin

    celle

    de

    Vro-

    nse. une

    prcision raliste

    el

    une

    intime

    posie qui

    caractrisent

    plus

    encore son

    gnie

    propre.

    Le

    temps

    a

    trop

    fltri

    ce

    chef-d'uvre

    pour que nous

    en

    jugions

    la

    couleur.

    .Mais,

    depuis

    qu'on a

    rendu

    Pisanello

    le charmant

    Saint Eustche

    de

    la

    .National

    Gallery

    (o

    du

    reste

    tous

    ces

    animaux

    sems

    plaisir

    dans

    une

    forl

    tontine

    quivalent

    une

    signature),

    nous

    comprenons

    que

    les

    Ions

    vifs,

    chauds

    el

    dors

    de

    ses

    peintures

    aient

    tant

    sduit

    ses

    contemporains.

    On

    retrouve

    ce coloris

    d'une

    qualit

    vrai-,

    ment

    vnitienne

    dans

    un

    portrait

    de

    Lionel

    d'Est

    lgu par

    Morelli l'Acadmie

    Carrara de Bergame.

    et

    il

    faut

    le

    restituer

    en

    pense

    celle

    petite

    Madone

    arec

    saint

    Georges

    et

    saint

    Antoine,

    de

    la

    National

    Gallery,

    o

    le

    lier dessin

    du

    Saint

    Georges est

    digne

    du matre,

    mais

    dont

    tout

    le

    panneau

    a

    t

    compltement

    repeint

    dans

    une

    tona-

    lit

    froide

    qui le

    dnature

    compltement.

    LteSaint

    Eustche,

    plein

    de

    ressouvenirs

    des

    miniatures

    franaises, est

    sans aucun doute de

    beaucoup antrieur

    la

    fresque

    le

    Sinle-Anastasie.

    el

    les

    deux

    autres

    tableaux

    cits

    sont

    probablement

    postrieurs

    1440.

    D'ailleurs

    le

    temps

    ;i

    si

    peu

    mnag

    la

    peinture

    de

    Pisanello, qu'il

    nous

    suffit

    de

    mentionner

    encore

    le

    curieux

    portrait

    de

    Ginevra

    d

    Este,

    au

    Louvre,

    pour

    clore

    la liste

    de ses

    fresques

    et

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

    21/129

    Clich

    Giraudon.

    Pisanello.

    tude

    de

    costumes.

    Dessin

    ;i

    la

    plume

    rehauss

    l'aquarelle.

    (Chantilly,

    Muse

    Gond.)

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

    22/129

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

    23/129

    PISANELLO.

    2.'J

    tableaux

    connus.

    Ce petit

    portrait

    autour duquel Pisanello

    s'est

    plu

    peindre

    minutieusement

    une

    toutie

    d'illets

    el

    d'ancolies

    o se

    posent

    d'admirables

    papillons,

    et

    o

    il

    semble

    bien

    qu'il faille

    reconnatre

    la malheureuse

    femme

    de

    Sigismond

    Pandolphe

    Malatesta,

    vaut

    parla franchise

    d'un

    ralisme

    qui.

    malgr une

    tonnante

    lgret

    de

    pinceau,

    n'a

    rien

    attnu

    de

    la

    blme

    et

    ehtive

    laideur

    de

    celte

    princesse

    disgracie.

    Peint

    dans

    la

    mme

    priode sans

    doute

    et

    avec

    le mme

    talent

    que la

    Princesse

    de la

    fresque

    de

    Sainte-

    Anastasie et

    que cette

    dame en

    grand

    costume

    d'un dessin

    clbre

    du

    Muse

    de

    Chantilly,

    ce

    portrait

    nous

    permet

    de

    mesurer

    l'impitoyable

    vracit' du

    matre,

    comme

    les

    silhouettes des

    deux

    autres

    nous

    racontent

    son idal

    de

    beaut

    hautaine,

    dlicate

    et

    somptueusement

    pare.

    Pisanello

    possdait

    la

    plnitude

    de

    son

    gnie,

    lorsqu'il

    vit

    en

    1438,

    Ferrare.

    o

    venait

    de

    s'ouvrir

    le

    fameux

    concile

    destin

    rconcilier

    l'glise

    romaine et

    l'glise

    grecque,

    l'empereur

    d'Orient,

    Jean

    VII

    Palologue.

    Chass

    de Ferrare

    par la

    peste,

    le

    concile

    se

    transporta

    Florence,

    o

    Jean

    VII

    sjourna

    jusqu'au

    26

    aot

    1439. Est-ce

    Fer-

    rare, est-ce

    Florence

    que

    Pisano

    excuta

    et

    signa

    la

    mdaille

    de cet

    empereur

    au

    lin

    visage et

    qui.

    sans

    ses

    boucles

    soigneusement

    frises

    et

    ce

    bizarre

    chapeau

    la

    grecque

    dont

    s'amusait

    encore

    Paul

    Jove,

    nous

    semblerait

    si

    moderne?

    Ce

    serait

    Florence,

    selon

    Paul

    Jove

    ;

    en tout

    cas,

    tout

    concourt

    prouver

    que

    c'est

    l

    la

    premire

    mdaille

    de

    Pisanello.

    nous

    devrions

    presque

    dire

    :

    la

    premire

    mdaille:

    car ce

    large

    mdaillon

    de

    bronze

    coul.

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

    24/129

    24

    PISANELLO.

    avec

    ce

    portrail

    en

    buste,

    et, au

    revers,

    ce

    sujet

    trait en

    bas-relief:

    l'empereur

    cheval,

    dans un paysage

    rocheux,

    adorant

    la

    croix,

    diffre

    autanl

    des

    monnaies antiques

    que

    des

    mdailles

    d'apparence

    montaire

    ou

    des

    mdail-

    lons

    travaills

    au

    repouss

    que

    des

    orfvres

    du

    xi\

    '

    et

    du

    xv

    e

    sicle

    avaient

    conus

    avant Pisanello.

    Cet

    art

    si

    original

    tait

    la

    cration

    d'un

    peintre

    (l'isa-

    nello

    ne

    manque

    pas

    de

    nous

    en

    avertir

    dans

    sa

    double

    signature

    en

    latin

    et

    en

    grec),

    et

    c'est

    pour

    cela

    sans

    doute

    que

    cette

    uvre

    nous

    sduit

    tout

    de suite

    par

    une

    saveur

    si

    particulire

    : en

    effet,

    outre

    le

    got

    si

    pur

    dont

    tmoi-

    gnent

    l'aspect

    extrieur

    de

    la mdaille,

    la

    lettre

    des

    lgen-

    des,

    la

    composition

    du

    petit

    tableau

    qu'elle

    constitue, nous

    en

    aimons

    ds

    le

    premier

    regard

    le

    model

    trs

    dlicat,

    de

    peu de

    relief,

    o

    les

    plans

    si

    nettement

    tablis

    se fondent

    pourtant

    si

    doucement

    et si

    naturellement

    les uns

    dans

    les

    autres,

    et

    o

    l'artiste

    a

    mis

    tant

    de franchise

    directe

    et

    stricte

    sans

    l'ombre

    le

    violence

    :

    et,

    du

    reste, au

    revers,

    ce

    qui

    nous

    frappe

    dans

    le

    paysage,

    dans

    l'tonnant

    raccourci

    du

    cavalier

    plac derrire

    l'empereur,

    et

    dans

    ce

    dessin

    raliste

    des

    gros

    chevaux

    de

    combat,

    o

    s'affirme avec

    complaisance

    le

    talent

    d'animalier

    du

    matre, c'en

    est

    encore

    le

    caractre

    franchement pictural.

    En

    cela

    Pisanello

    innovait,

    mais il

    ne

    manquait

    pourtant

    pas de

    modles,

    dont

    aucun

    n'tait antique,

    et

    dont

    le

    prin-

    cipal

    tait

    tout

    fait

    contemporain

    :

    parmi

    les

    plus

    anciens

    je

    citerai

    seulement

    les

    admirables

    mdaillons

    du

    Cam-

    panile

    de

    Sainte-Marie-des-Fleurs,

    dus

    la

    collaboration

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    \?v

    \

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    PISANELLO.

    27

    de

    GioKo

    et

    d'Andra

    Pisano;

    quant

    au

    plus

    rcent,

    qui

    naissait,

    Florence,

    au

    moment

    o

    Pisanello

    crait

    la

    premire

    mdaille

    moderne,

    c'taient

    ces

    Portos

    du

    Paradis

    auxquelles

    Lorenzo

    Ghiberti

    travailla

    depuis

    I

    2:\

    et

    donllafonte

    commena

    en

    1440.

    Si

    la

    mdaille

    de

    Jean

    Vil

    Palologue

    fut

    fondue

    Florence

    en

    1439, comme

    l'affirme

    Paul

    Jove,

    Pisanello

    subissait

    certainement

    alors

    l'influence

    directe

    des

    bas-reliefs

    que

    Ghiberti

    (peintre

    comme

    lui,

    au

    dbut

    de

    sa vie)

    achevait

    dans

    un

    style

    qui

    se

    rapproche

    si

    curieusement

    du caractre

    de

    la

    peinture.

    Toutefois,

    mme

    lorsqu'il

    imite

    la

    faon

    dont

    Ghiberti

    pose,

    approfondit

    et

    dgrade

    les

    plans

    dans

    le

    bas-relief.

    Pisanello

    demeure

    intimement

    original

    : rien

    de plus

    diffrent

    que

    la

    manire

    de

    sentir

    de

    ces

    deux

    matres,

    quoiqu'on

    doive

    quelquefois

    les

    louer

    par les

    mmes

    mots.

    Du

    reste,

    ils

    ne

    se

    sont

    rencontrs

    qu'un

    moment

    :

    pendant

    que

    le

    Florentin

    achve

    lentement

    son

    uvre,

    au

    cur

    de

    sa

    patrie,

    le

    Vronais

    errant

    va

    de

    Ferrare

    Milan,

    de

    Milan

    Ferrare.

    de

    Ferrare

    Mantoue.

    La

    mdaille

    du

    Palolog-ue a

    tellement

    sduit

    les

    petites

    cours

    glorieuses

    et raffines

    de

    ces

    cits

    que

    leurs

    princes,

    tous

    protecteurs

    de

    Pisanello,

    veulent

    obtenir

    de

    lui

    leur

    effigie.

    On

    ne

    saurait

    dater

    avec

    prcision

    les

    mdailles

    qui

    suivirent

    celle

    de

    Jean

    VII.

    Toutefois,

    en

    1441,

    le

    matre

    passe

    Milan,

    et

    c'est

    alors

    sans

    doute

    qu'il

    modela les

    mdailles

    de

    Filippo

    Maria

    Visconti,

    de

    Francesco

    Sforza

    et

    du

    Piccinino.

    Filippo

    Maria

    Visconti.

    dont

    l'histoire

    nous

    dcril

    la

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    28

    PISANELLO.

    laideur

    el

    la

    perfidie, n'a

    pas

    permis

    d'autre

    qu'

    Pisanello de

    tracer

    son

    portrait

    :

    sur

    sa

    mdaille,

    son

    profil

    renfrogn

    nVsl

    indiqu

    que

    par de

    larges

    touches,

    el

    son

    grand

    bonnet,

    adroitemenl

    chiffonn,

    ail ire

    assez

    noire

    attention

    pour

    la

    distraire

    de

    situ

    triste

    visage

    :

    l'artiste

    ne

    pouvait

    mler

    plus

    de

    tact

    plus

    de

    sincrit.

    Au

    revers, trois

    cavaliers

    cuirasss

    el

    arms,

    la

    visire

    baisse,

    voluent

    dans

    un

    pre

    paysage

    I

    horizon

    duquel

    pointent

    quelques

    difices

    de

    Milan

    :

    c'esl

    l'art

    mme

    du

    revers

    du

    mdaillon

    de

    Jean

    VII,

    mais

    avec

    plus

    de

    recherche

    encore

    de

    la

    virtuosit;

    sur

    le

    casque

    de

    I un

    des

    cavaliers

    (Filippo

    Maria, videmment),

    la

    guivre

    des

    Visconli

    se convuls

    avec

    colre;

    un

    autre

    cavalier

    s'loigne

    tranquillement,

    et

    son

    cheval

    est

    figur

    dans

    une

    perspec-

    tive

    tonnamment

    observe

    :

    il

    y

    a mme

    quelque

    excs

    en cet emploi

    des

    procds

    de

    la

    peinture,

    cai-

    la mdaille

    appelle

    une

    composition

    plus sobre

    et

    plus

    simple.

    Pisa-

    nello le

    comprit :

    au

    revers

    le

    sa

    mdaille

    de

    Francesco

    Sforza,

    o

    le

    portrait

    du

    condottiere

    nous

    frappe

    par

    sa

    nettet

    simple,

    dlicate

    et

    rigoureusement

    vridique,

    il

    s'est

    content

    de

    nu

    nie 1er

    au-dessus

    d'une

    peet

    de trois

    livres

    un

    buste

    de

    cheval

    d'une

    prcision

    forte et

    vive,

    lequel

    doit

    tre lui

    aussi un

    portrait^

    son

    talent

    d'animalier s'esl

    complu

    et

    o

    le

    grand

    capitaine

    reconnut

    la

    Lte

    d'une

    monture

    favorite.

    La

    belle

    mdaille

    du

    Piccinino

    rappelle

    beaucoup

    celle

    du

    Sforza,

    et

    vaut

    par

    les

    mmes

    qualits.

    Au

    revers,

    une

    magnifique

    bte

    hraldique,

    nui

    lient

    du

    griffon

    et de

    la

    louve,

    el

    qui

    est le symbole

    de

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    PISANELLO.

    M

    Prouse.;

    allaite

    deux

    enfants

    nus, qui

    sont

    nomms

    dans

    l'inscription

    :

    Braccio

    et

    Piccinino,

    le

    matre

    et

    l'lve,

    les

    deux

    grands

    condottires

    de Prouse,

    au

    \V'

    sicle

    ;

    1

    imagination

    de

    l'artiste

    a conu avec

    joie

    et

    cr

    avec

    une

    vigueur superbe

    ce

    beau

    monstre

    frmissant,

    qui

    ressemble

    la

    fois

    la louve

    romaine,

    au

    lion de Saint-Mare

    et

    l'aigle

    de Ferrare.

    La

    sobrit

    de

    ces

    deux

    derniers

    revers

    contraste

    avec

    la

    complication

    de

    ceux

    des

    deux premires

    mdailles

    de

    Pisanello

    :

    maintenant il

    saura

    trouver

    le

    juste milieu,

    et

    concilier son

    got

    l'une

    composition

    vivante,

    traite

    comme

    un

    tableau dans une nette

    et heureuse

    perspective,

    avec

    la

    simplicit

    et

    l'quilibre

    ncessaires

    la

    mdaille.

    C'est

    en

    effet

    cette

    claire

    et

    logique

    perfection

    qui

    nous

    frappe

    dans

    les clbres mdailles des Malatesta et

    dans

    la

    mdaille de

    mariage

    de

    Lionel

    d'Est. Celle-ci est

    date de

    H44 et

    les autres

    appartiennent

    la

    mme

    priode

    (1443-1447).

    De

    Lionel d'Est,

    nous

    connaissons

    plusieurs

    mdailles

    signes

    par

    Pisanello

    avec des

    diffrences

    qui

    ne

    sont

    que

    des

    nuances

    d'expression,

    selon

    que

    le

    prince y

    est montr plus

    belliqueusement

    ou

    plus

    pacifiquement

    chevaleresque;

    toutes

    mettent

    sous

    nos yeux le

    mme

    profil,

    intelligent

    et

    brutal,

    imprieux

    et

    passionn, avec

    cette

    coiffure

    bizarre, en

    forme de

    bonnet

    rejet

    en

    arrire,

    qui ne

    voile rien

    de cette

    laideur osseuse

    et

    terrible.

    La

    plus

    expressive de

    ces

    pices

    celle

    o

    le

    buste

    est

    de

    profil

    droite

    dpasse

    mme

    en intensit

    le

    noble portrait

    de

    Lionel,

    peint

    par

    le

    matre

    en

    des

    tons

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    32

    PISANELLO.

    brillants

    el

    mtalliques,

    H

    conserv

    aujourd

    Imi

    dans

    la

    galerie

    Morelli

    (Bergame).

    Outre

    de

    nouvelles

    recherches

    d'lgance

    dcorative

    dans

    la

    lettre

    des

    lgendes,

    ces

    mdailles

    nous

    montrent,

    dans

    leurs

    diffrents

    revers,

    des

    allgories

    curieuses

    par leur

    subtilit,

    forl

    en

    harmonie

    du

    reste

    avec

    l'espril

    du

    temps et de la

    cour

    de

    Ferrare

    :

    une

    tte d'enfant trois

    visages,

    obscur symbole

    de la

    prudence

    :

    deux

    hommes

    nus

    qui

    s'arrtent

    l'un

    en

    face

    de

    l'autre,

    portanl

    sur

    la

    tte

    de grandes mannesjonches

    de

    rameaux

    d'olivier,

    el

    c'est

    l

    probablement

    une allusion

    la

    paix;

    un

    jeune

    homme cl

    un

    vieillard,

    nus

    encore,

    assis dans

    un

    paysage

    rocheux, prs d'une

    colonne

    laquelle

    pend

    une voile

    que

    gonfle

    inutilement l'orage,

    el

    il

    faut y-voir,

    je

    crois,

    une

    allgorie

    de

    la

    scurit

    que

    donne

    ses

    peuples le

    solide

    gouvernement

    du

    marquis de

    Ferrare;

    un

    lynx

    aux

    veux

    bands accroupi

    sur

    un

    coussin,

    el

    ce

    lynx doit

    tre l'emblme

    de

    la

    clairvoyance

    et de

    la

    dis-

    simulation

    politiques;

    un

    homme

    nu

    couche sur

    un

    rocher,

    prs d'un vase

    auquel

    pendent

    des

    ancres,

    ce

    qui

    constitue,

    peut-tre,

    une

    allusion

    la

    confiance

    des

    sujets

    de

    Lionel

    en

    leur matre,

    allusion

    eu

    tout

    cas

    tnbreuse.

    Les

    nus.

    dans

    ces

    divers

    sujets, sont

    traits avec une

    prcision nerveuse

    el sche,

    trs curieuse

    el

    tout

    fait

    particulire

    Pisanello

    :

    seuls

    Mantegna

    el

    les peintres de

    Ferrare

    en

    garderont le

    souvenir.

    Cette prcision

    volontaire,

    dont

    lematre

    ne

    se

    dpartit

    jamais,

    mais

    qui,

    selon

    son inspiration,

    le conduit

    soit

    la

    svrit, soit

    l'extrme

    dlicatesse,

    mais

    jamais

    la

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    PISANELLO.

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    rudesse

    violente,

    il

    l'adoucit

    un

    peu dans

    le

    revers de

    la

    mdaille

    qui

    commmore

    le

    mariage

    de

    Lionel

    d'Est

    avec-

    Marie

    d'Aragon

    (1448);

    l'allgorie

    mme

    devient

    plus

    claire

    : dans un

    paysage

    encore

    pierreux,

    o

    chante

    pourtant une colombe,

    un

    lion

    (Lionel)

    se

    laisse

    barrer

    le

    chemin

    par

    l'Amour. Cet art reste

    robuste

    ;

    le

    portrait

    de

    l'avers est d'une concision

    rigoureuse; le

    revers,

    d'une

    vrit

    sans

    mollesse,

    o

    Pisanello

    a

    affirm

    une

    fois

    de

    plus

    son talent d'animalier

    :

    mais

    l'ensemble vaut surtout

    par une

    distinction absolument

    pure.

    Cette

    distinction,

    cette

    noblesse

    parent davantage encore

    les

    trois

    splendides mdailles

    des

    Malatesta

    : deux d'entre

    elles

    glorifient

    le fameux

    Sigismond Pandolphe, celui qui

    mit

    sang

    la

    Romagne

    et

    la

    Marche

    et

    le

    Golfe,

    btit

    un

    temple,

    fit

    l'amour

    et

    le

    chanta

    .

    Le

    profil

    anguleux

    et

    m-

    ditatif

    de

    Sigismond ressemble

    quoique

    moins

    brutal

    celui

    de

    Lionel

    :

    plus

    concentr

    sur l'une des

    pices,

    d'une

    gravit

    plus

    sereine

    sur

    l'autre,

    il garde

    dans

    toutes

    les

    deux

    cette

    nettet presque

    dure

    o

    il entre de la

    gran-

    deur.

    En

    de

    tels portraits,

    si

    calmes

    et

    si

    simples,

    pourtant,

    le ralisme

    pntre

    jusqu' l'me.

    Les

    revers

    sont

    rudes et

    superbes :

    ici, nous

    voyons

    le

    Malatesta

    cuirass

    de

    la

    tte

    aux

    pieds,

    le

    visage

    cach

    par son

    heaume,

    debout

    entre les

    emblmes

    d'Isotta,

    joints

    aux

    siens

    ;

    l,

    toujours

    cuirass,

    chevauchant

    un

    lourd

    cheval

    capara-

    onn

    dans

    un

    pre

    paysage

    fortifi,

    il

    lve

    d'un

    geste

    brusque

    et

    raide

    son

    bton de

    condottiere

    :

    n'taient

    ces

    primevres symboliques

    rpandues

    autour

    de

    ce

    guerrier

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    PISANELLO.

    d'allure

    farouche,

    tout

    ici

    nous

    parlerait

    de

    violence;

    pourtant

    le

    souvenir

    d'Isotta

    ajoute

    cette

    violence

    une

    grce

    secrte,

    et

    aussi l'art

    de

    Pisanello,

    dont

    la composi-

    tion et

    le

    dessin

    si vigoureux

    et

    si

    nets

    sont

    adoucis

    par une

    touche qui

    reste

    presque mystrieusement

    dlicate.

    Ds

    son

    enfance. Pisanello

    avait

    vu,

    dans les

    statues

    questres

    des

    Scaliger,

    que

    les

    sculpteurs

    de

    Campione

    ont

    riges

    sur

    les

    cimes

    de

    leurs

    tombeaux,

    des

    modles

    pour

    ces

    types

    farouches

    de

    guerriers bards

    de 1er

    chevauchant

    de

    rudes

    montures

    :

    niais

    la

    dlicatesse

    qu'il

    v

    a

    ajoute,

    sans amollir

    pourtant

    ses modles,

    venail

    bien

    de

    son

    propre

    gnie et

    c'est

    celle mme qui survit

    en

    ses

    peintures

    mutiles

    et dans

    ces

    dessins,

    o

    sons

    sa main la

    vrit

    la

    plus

    rigoureuse

    se

    lait

    toujours

    caressante.

    Dans

    la

    mdaille

    de

    Malalesta .Novello. la

    dlicatesse

    l'emporte

    sur

    la

    grce,

    (le

    frre

    de

    Sigismond

    lui

    ressem-

    blait,

    mais

    avec

    plus

    de

    distinction

    et

    de

    mesure

    :

    son

    portrait,

    moins

    aigu

    que

    celui

    de

    Sigismond,

    vaut

    surtout

    par

    un

    charme

    simple

    et une

    pure

    lgance.

    Le

    revers,

    l'un

    des

    plus

    caractristiques

    de

    tout

    l'uvre

    du

    matre,

    est

    tout

    un

    tableau,

    mais d'une

    composition

    admirablement

    quilibre

    :

    dans

    un de

    ces

    paysages

    montagneux

    qu'ai-

    mail

    Pisanello.

    se dresse

    un

    crucili.x.

    O

    pend

    l'image

    du

    Christ,

    douloureuse

    et

    remue

    de

    piti

    :

    .Malalesta

    Novello,

    arm

    de

    pied

    en

    cap.

    s'est

    arrt

    en la vovant

    :

    il

    a

    attach

    son

    cheval

    un

    arbre,

    et

    s'est

    jet'

    an

    pied

    du

    crucili.x qu'il

    treint

    avec

    une

    dvotion

    ardente

    :

    la

    perspective

    du pay-

    sage

    est

    indique

    de

    la

    faon

    la

    plus

    sobre

    et

    la

    plus

    lieu-

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

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    PISANELLO.

    37

    reuse

    ;

    le

    raccourci

    du

    cheval,

    qui

    regarde

    le

    fond

    du

    tableau,

    est

    une

    merveille

    de

    virtuosit

    : et.

    pourtant,

    au

    premier

    regard, ce

    ne

    sont

    (tas

    ces

    perfections

    de facture

    qui

    frappent,

    car il

    y

    a

    un tel

    sentiment

    dans

    le

    geste par lequel

    le

    condottiere

    agenouill, le visage

    cach

    sous

    son

    casque,

    embrasse les pieds

    sanglants

    du

    Christ,

    qu'il

    absorbe seul

    toute 1

    attention.

    C'est

    ainsi que Pisano a clbr

    le

    vu

    qu'avait

    fait

    ce

    Malatesta,

    serr

    de

    prs

    par

    Francesco

    Sforza la

    bataille

    de Montolmo

    (1444),

    de

    ddier

    un

    hpital

    la

    sainte

    Croix.

    Une telle

    mdaille

    accorde

    l'orgueil humain

    et la

    ferveur

    religieuse

    qui en

    ce

    quattrocento brillant

    et

    ml

    divisaient

    les

    hommes et

    parfois

    luttaient

    dans

    la

    mme

    me. Deux

    autres

    mdailles, certainement

    contemporaines

    l'une de

    l'autre,

    et dont

    l'une est

    date

    de

    1417,

    opposent

    encore

    ces

    deux

    sentiments

    :

    celle de Louis

    de

    Gonzague,

    second

    marquis

    de

    Mantoue.

    et celle de

    sa

    sur,

    la pieuse

    Ccile

    qui alla

    mourir

    dans

    un

    clotre,

    la

    fleur

    de

    l'ge.

    On

    pourrait

    joindre

    d'ailleurs

    celle

    de

    Louis,

    celle

    de

    son

    pre,

    Gian

    Francesco

    :

    toutefois cette

    mdaille,

    probable-

    ment

    posthume, a

    moins

    d'accent

    que

    celle

    de

    Louis,

    el

    le

    revers en

    rappelle,

    sans

    les

    dpasser,

    ceux o

    le

    matre

    s'est

    plu

    figurer des

    cavaliers en

    marche.

    Au

    revers

    du

    beau

    portrait,

    tonnamment

    concis,

    de

    Louis

    de

    Gonzague,

    le

    seul

    sujet

    c'est

    encore

    ce

    prince

    en

    armure

    et

    coiff

    d'un

    casque

    ferm,

    norme

    panache,

    qui,

    arrtant

    le pesant

    cheval

    qu'il

    monte, se

    dresse

    sur

    ses

    triers et

    scrute

    l'horizon

    :

    mais la

    beaut

    fire

    et pr-

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

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    38

    PISANELLO.

    cise

    du

    dessin,

    le

    charme

    et

    la

    vrit

    du

    model atteignent

    ici

    la

    perfection

    mmo,

    et

    doux

    emblmes,

    un

    soleil

    et

    une

    marguerite,

    ajouts

    par

    l'artiste

    dans

    le

    champ

    gayent

    heureusemenl

    ce

    tableau

    svre

    et superbe.

    L'exquise

    mdaille

    de

    Ccile

    do

    Gronzague,

    qui exalte

    uno

    vierge

    dvote

    et

    non

    plus un

    princo

    ambitieux,

    contraste

    avec

    celle

    de

    son

    frre, sans

    nous

    toucher

    moins.

    Cette

    princesse,

    aime

    des humanistes

    et

    qui

    prfra Dieu

    un

    Montefeltre,

    nous apparat

    pourtant

    ici chtive et

    sans

    beaut :

    tout,

    son charme

    rside

    dans sa gracilit

    el

    dans

    l'ternelle

    songerie de

    son

    regard

    demi

    clos.

    Mais,

    au

    revers

    de

    ce portrait

    d'un

    model

    si

    doucement

    caress,

    le

    mdailleur a

    trac

    une

    allgorie

    d'une posie

    infiniment

    tondre

    :

    sous

    le

    croissant

    de

    la

    lune.

    Ccile

    de

    Gonzague,

    demi

    nue comme

    une ombre

    lysenne,

    est assise

    dans

    un

    paysage

    rocailleux et

    dsol,

    et

    elle

    retient, soumise et

    couche

    ses pieds, une

    nigmatique

    licorne,

    dont le

    corps

    est

    celui d'une

    chvre et

    non

    d'un

    cheval.

    C'est

    une

    variante

    de

    l'image

    traditionnelle

    de la

    jeune

    lille

    la licorne.

    la licorne, disait-on, ne trouve

    d'asile

    que

    contre

    le

    sein

    d'une

    vierge,

    el

    c'est

    une

    allgorie

    de

    la

    puret.

    Le

    paysage

    et

    l'animal

    fabuleux

    sont

    ici

    d'un

    virtuose,

    mais

    la

    vierge

    rveuse

    et

    pacifie,

    son

    geste

    tranquille et

    souverain,

    et

    toute

    l'indfinissable

    grce

    rpandue

    dans

    l'ensemble de

    cette composition

    et

    l'inimi-

    table

    souplesse

    de

    ce model

    nous ravissent

    mieux

    encore,

    tel

    point

    qu'on

    se demande,

    en

    face

    de

    celte

    image

    qui

    n'occupe

    qu'un

    troit

    espace,

    si, dans tout

    l'art

    de

    cette

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

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    PISANELLO.

    39

    grande

    priode qui

    a

    vu

    natre

    tant

    de chefs-d'uvre,

    rien

    nous

    sache

    plus

    confusment

    et

    plus

    profondment

    troubler.

    De

    la mme

    anne

    que

    ce chef-d'uvre

    (1447),

    est

    date

    la

    charmante

    mdaille

    de

    Belloto

    Cumario,

    gentilhomme

    padouan

    dont

    cette

    effigie, gracieuse, pure et vivante,

    est

    le

    meilleur titre

    de

    gloire. La

    mdaille du

    fameux Vittorino

    de

    Feltre,

    mort

    en

    1446,

    et

    o

    revit

    ce

    noble

    et

    fin

    profil

    mditatif, est-elle

    posthume?

    La

    lgende

    ne

    le

    dit

    pas;

    le

    tvpe

    du

    revers, ce

    plican qui

    nourrit

    sa

    couve

    de son

    sang,

    fait-il

    allusion

    la fin de

    ce

    matre,

    dvou

    ses

    disciples

    et

    aim

    d'eux? Je

    n'ose

    l'affirmer.

    En

    tout

    cas

    l'uvre

    ne

    saurait

    avoir t

    cre longtemps

    avant la

    mort

    de

    Vittorino.

    C'est

    en

    1448

    que

    Pisanello

    grava

    la

    mdaille

    de Pier

    Candido

    Decembrio.

    mais

    les

    exemplaires

    que

    nous

    en

    connaissons

    nous

    montrent

    une

    uvre si

    peu digne

    de

    l'artiste

    que

    nous

    doutons

    de

    leur

    authenticit.

    On

    a

    de

    mme rvoqu

    souvent

    en

    doute

    l'attribution

    Pisanello

    d'une

    curieuse

    mdaille o

    est

    grav,

    avec

    esprit,

    son

    propre

    portrait

    :

    le

    profil

    souriant,

    le

    bonnet

    si

    adroitement

    chiffonn

    qui

    coiffe

    la

    tte,

    la

    faon

    dont

    est

    indiqu

    le

    buste

    sont,

    dignes

    du

    matre.

    Pourtant

    il

    a

    fait

    mieux

    que

    ce

    spirituel

    portrait,

    qui

    pourrait

    avoir t

    excut

    par un

    de

    ses

    lves

    d'aprs

    un

    dessin ou

    une

    maquette

    de

    lui.

    En

    1448,

    la

    gloire

    de

    Pisanello

    remplissait

    l'Italie.

    De

    Mantoue

    il

    avait

    gagn

    Ferrare.

    DeFerrare,

    il

    gagna

    Naples,

    et

    un

    magnifique

    dessin

    de lui

    (recueil

    Vallardi),

    dat

    de

    I 4

    48,

    nous

    montre

    le

    projet

    d'une

    mdaille

    d'Alphonse

    V

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    40

    PISANELLO.

    d'Aragon.

    Des

    trois

    mdailles

    o

    il

    a

    grav-

    le

    buste

    le

    ce

    roi,

    la

    seule

    date

    l'est

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    PISANELLO.

    43

    nue

    Rome-

    l'automne

    de

    1455.

    Travaillait-il

    encore?

    Nous

    n'en

    savons

    rien.

    Outre

    1rs

    mdailles

    que

    j'ai

    cites,

    certains

    auteurs lui

    en

    attribuent

    d'autres,

    les

    unes

    per-

    dues, les autres

    non

    signes

    :

    en

    ralit,

    ces

    attributions

    restent

    fort

    douteuses,

    et

    ce n'est

    pas

    le

    lieu

    de

    les discuter.

    Au

    reste,

    son

    uvre, tel

    que

    nous

    l'avons dcrit, suffit

    sa gloire.

    Les dessins,

    que

    le recueil

    Vallardi nous

    a

    conservs, soulignent

    davantage

    encore

    la

    noblesse,

    la

    virtuosit

    et l'extrme dlicatesse

    de

    touche

    qui

    ne lui

    manqurent

    jamais,

    mais

    quoi s'ajoutent dans

    toutes

    ses

    mdailles cette

    fermet

    concise et

    ce

    souci d'une

    vrit

    pn-

    trante, puissamment

    observe

    et

    individualise,

    qui font

    de

    lui

    un

    matre

    si robuste.

    Par

    cet accord

    d'un

    ralisme

    solide

    et

    d'une

    grce

    intelligente

    et

    raffine,

    Pisanello

    est

    unique.

    Il l'est aussi, dans son temps, par cet amour

    du

    pit-

    toresque

    dont tmoignent

    ses peintures

    :

    il

    aimait

    l'trange

    et

    le nouveau.

    C'est

    ce got qui

    le

    poussa

    fonder

    cet

    art

    de la

    mdaille,

    o.

    malgr

    lui,

    peut-tre,

    survit

    si

    peu

    le

    souvenir

    de

    la mdaille antique :

    il

    vit

    avant

    de

    mourir

    cet

    ait

    nouveau

    fleurir

    dans

    toute

    l'Italie.

    Mais

    nul

    n'gala

    la

    matrise

    ni

    la

    sduisante

    complexit du

    prcur-

    seur

    :

    il

    se

    connut

    des

    imitateurs,

    et

    non pas

    des

    rivaux.

    Aussi, plus

    on

    analyse ses

    mdailles, plus on prouve

    de

    peine

    le

    rattacher

    aucun

    prdcesseur. Si.

    comme

    je

    l'ai dit, il

    s'est

    inspir, dans ses

    revers,

    du

    paysage

    en

    bas-

    relief

    tel

    que

    l'entendait

    Gbiberti,

    il

    n'a

    pris

    ce

    matre

    qu'une ide, et

    non

    pas

    son

    style.

    Mais,

    vrai

    dire, il

    ne

    demanda

    point de

    modles aux sculpteurs

    :

    il

    n'en demanda

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

    44/129

    44

    PTSANELLO.

    qu'aux

    peintres.

    Dans

    les fresques

    des vieux

    matres

    de

    Vrone

    apparaissent

    des

    visages

    aux

    profils

    prcis

    et

    purs,

    et

    de

    grandes

    silhouettes

    d'hommes

    en

    armures qui s'appa-

    rentent

    aux fires

    crations

    de

    Pisanello.

    Des

    dessins

    de

    Jacopo

    Bellini

    rappellent

    quoique

    d'assez

    loin

    des

    dessins de

    Pisanello.

    sans

    qu'on

    puisse

    drider

    Lequel

    des

    deux

    a imit

    l'autre.

    Si

    Vasari

    lui donne

    tort

    Andra

    del

    Castagno

    pour

    matre,

    Pisanello

    a

    pourtant

    connu

    les

    chevaliers

    bards

    de

    fer

    peints

    par

    ee

    fresquiste

    brutal.

    D'ailleurs,

    au

    moment

    o

    il

    cre

    la mdaille

    italienne,

    la

    Renaissance

    fleurit

    partoul

    el

    toute

    l'Italie

    s'prend

    d'un

    ralisme

    raffin

    :

    toutes

    les

    influences

    s'entre-croisent,

    mais

    Pisanello a

    plus

    donn

    que

    reu.

    De

    sa

    fresque

    de

    Sun

    FermoMaggiore

    ses

    mdailles

    des

    Gonzagueou

    d'Alphonse

    d'Aragon,

    nous

    mesurons

    le

    chemin

    parcouru

    :

    le

    mani-

    risme

    charmant

    et familier

    du

    moyen

    ge

    son

    dclin

    sur-

    vit

    encore

    en

    celte fresque

    pieuse:

    dans

    les

    dernires

    mdailles

    du

    matre

    au

    contraire,

    l'individualisme

    ambi-

    tieux

    de

    la

    Renaissance,

    son

    ralisme

    pntrant et

    dtaill,

    sa

    posie

    complexe

    et

    son

    humanisme

    mme

    ont

    laiss'

    des

    traces

    profondes;

    c'est

    l

    la

    raison du

    succs

    prodigieux

    des

    mdailles

    de Pisanello

    :

    elles

    rsumaient

    sous

    une

    forme

    infiniment

    concise

    tout

    l'esprit

    de

    ce

    temps.

    Et c'est

    bien ce

    qui

    m'empche

    de

    croire

    que

    Pisanello

    n'ait

    pas

    eu

    pleine

    conscience de son

    rle.

    Il

    a trop volu

    lui-mme

    pour

    n'avoir

    suivi

    que

    son

    instinct.

    Les

    allgories

    de

    ses

    mdailles

    sont

    empruntes

    souvent

    aux

    livres

    du

    temps.

    Les

    cours

    o

    il

    vcut

    taient

    des

    foyers

    de

    l'huma-

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    PREMIERS

    IMITATEURS

    DK

    P1SANELL0.

    17

    nisme.

    Les

    princes

    qui

    le

    protgrent

    nous

    paraissent

    aujourd'hui les

    figures

    les

    plus

    complexes

    de

    l'histoire.

    Un

    artiste

    qui

    a travers

    un tel

    milieu

    et

    y

    a jou un tel

    rle dut

    tre,

    n'en

    pas douter,

    non

    seulement

    un

    esprit

    cultiv,

    mais

    encore

    un

    gnie

    volontaire

    plein

    de

    clart,

    d'ides

    nouvelles

    et

    de lucide posie

    II

    Premiers

    imitateurs

    de

    Pisanello.

    Matteo

    de'

    Pasti.

    Les

    premires

    mdailles

    de

    Pisanello

    suscitrent

    de

    toutes

    parts

    des imitations

    : elles

    crrent

    une

    mode.

    La

    mdaille de Lionel

    d'Est,

    au revers

    de

    laquelle

    Pisanello

    avait figur le lynx

    aux

    yeux bands,

    emblme

    de

    ce

    prince, fut copie

    (1)

    la fois

    par un artiste

    sec

    et

    brutal

    qui signe

    Nieholaus

    (Niecl

    Baroncelli)

    et par

    le dlicat

    orfvre de Milan, Amadeo,

    qui donna

    sa

    mdaille

    l'aspect

    d'un sceau :

    cela,

    rien d'tonnant,

    car

    il

    y

    avait

    une

    ressemblance

    vidente

    entre

    les grands

    sceaux

    princiers

    de

    l'poque

    et

    la mdaille fondue,

    et

    les

    orfvres,

    dont

    la

    gravure

    sigllaire tait une des

    spcialits,

    devaient

    tendre

    ncessairement

    rapprocher

    davantage

    encore

    ces

    deux

    arts.

    Toutefois,

    leur conception

    dcorative

    de

    la mdaille

    en

    diminuait la signification. Il fallait

    des artistes d'esprit

    plus

    large

    pour

    continuer l'art

    de

    Pisanello

    : aussi

    le

    premier,

    par le talent, de

    ses

    successeurs

    immdiats

    est

    (1)

    Cf.

    Gruyer,

    L'Art

    ferrarais, t. I,

    p.

    S92,

    sur

    ces

    pices et

    leur

    date.

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    48

    PREMIERS

    IMITATEURS

    DK PISANKLLO.

    un

    artiste

    aux

    dons

    multiples,

    la

    fois

    peintre,

    sculpteur,

    architecte

    et

    ingnieur

    militaire,

    .Malte

    de'

    l'asti,

    le

    Vrone,

    le

    surintendant

    des

    beaux-arts

    le

    Sigismond

    Malatesta,

    Kiinini,

    o

    il

    acheva

    l'uvre

    de

    Lon

    Battisla

    Alberti.

    La vie et

    la

    carrire

    de

    Matte de'

    Pasti

    nous

    sont

    mal

    connues.

    Compatriote

    de Pisanello el

    n

    proba-

    blemenl

    entre lill)

    et

    1420,

    il

    vcut ds

    l'enfance dans

    le

    rayonnement

    de

    ce

    matre. En

    1441

    il

    excutail

    Venise

    des miniatures

    pour

    le

    compte

    de

    Pierre

    de

    Mdicis

    Mis

    de Gosme

    l'ancien.

    En

    1441.

    Sigismond

    Malatesta

    le

    l'ail

    venir

    de

    Vrone

    Rimini

    :

    plus

    de

    la moiti

    de

    ses

    mdailles

    sonl

    dates de

    1446,

    c'est--dire de

    l'poque

    o

    Pisanello vienl

    de

    graver

    celles

    de

    Lionel

    d'Est

    el des

    Malatesta.

    Du

    reste,

    connue

    mdailleur,

    Malien

    imite

    dlibrment

    Pisanello,

    mais

    sans

    atteindre

    jamais

    au

    mme

    accent,

    ni

    la

    mme

    grce

    :

    ses

    mdailles

    sonl des

    uvres plus

    improvises,

    quoique

    un

    peu

    lourdes,

    el

    o

    pourtant

    il

    v

    a

    de

    la

    vrit el de

    la

    vie, en

    mme

    temps

    qu'une gravit

    qui va

    quelquefois

    jusqu'

    la

    noblesse.

    Les

    deux

    premires

    mdailles

    de

    Matteo

    de' Pasti,

    ant-

    rieures

    sa

    venue

    a

    Rimini,

    sont

    celles

    de

    son

    frre

    Benedetto

    el

    celle

    du

    grand

    Guarino de

    Vrone,

    toutes

    deux

    d'un

    ralisme

    un

    peu

    pesant

    mais consciencieux

    :

    le

    visage de Guarino

    respire

    la

    bonhomie, la

    srnit,

    L'intel-

    ligence

    :

    son

    grand

    fronl

    dcouvert,

    son

    regard

    fixe et

    tranquille semblent

    briller,

    el

    l'on

    croirait

    que

    ses

    lvres

    serres

    vont s'ouvrir

    pour

    parler

    :

    enfin

    le

    buste est

    simple-

    ment

    el

    habilement

    plac-

    dans le

    cercle

    de

    la

    mdaille.

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    PREMIERS IMITATEURS

    DE

    P1SANELL0.

    ol

    avec

    plus

    de

    bonheur notamment

    que

    dans

    la

    mdaille

    de

    Timoteo

    Maffei

    de

    Vrone.

    Mais

    c'est

    Rimini.

    o

    il demeura

    de

    1446

    1483

    (sauf

    un

    sjour

    Candie

    suivi

    d'un

    sjour

    Venise,

    de

    1460

    1464),

    que

    Matteo

    conquit

    ses

    meilleurs

    titres

    de

    gloire.

    11 dut

    y

    tre

    appel d'abord comme

    mdailleur,

    puisque

    ses portraits

    de

    Sigismond

    et

    d'Isotta

    sont

    dats

    de

    1446

    (deux

    petites

    pices seules

    portent

    les

    millsimes de

    1447

    et

    1450);

    sa

    mdaille

    sobre,

    nette et

    distingue

    de Lon

    Battista

    Alberti

    fut

    videmment

    excute

    la

    mme

    poque.

    Pendant

    le

    reste

    de

    sa

    carrire,

    il

    dlaissa

    la

    mdaille

    pour

    L'architecture

    et

    la sculpture

    (f

    1491

    Vrone).

    Les

    neuf revers diffrents

    des

    bustes

    de

    Sigismond

    et

    d'Isotta

    nous

    intressent plus

    par

    les

    documents

    qu'ils

    nous

    fournissent qu'ils ne nous

    sduisent par

    leur

    beaut

    :

    c'est

    par eux que

    nous

    connaissons

    l'aspect

    du

    chteau de

    Rimini

    et

    la

    faade

    du

    temple

    malatestien

    tel

    que

    le proje-

    tait

    Lon

    Battista

    Alberti.

    Toutefois la

    desse

    deux

    fois

    rpte qui

    soutient une

    colonne brise, l'cu

    o

    le

    chiffre

    de

    Sigismond

    enlace

    celui

    d'Isotta

    et

    que

    surmonte

    un

    casque

    magnifique,

    ou

    encore le

    clbre lphant qui

    foule

    des

    primevres

    nous

    plaisent par une

    grce

    dcorative

    heureuse et

    simple,

    en

    mme

    temps

    que

    par leur sens

    all-

    gorique

    assez

    compliqu,

    trs

    significatif

    du

    temps

    de

    Sigismond.

    Mais

    le

    buste

    trs

    noble

    et

    trs

    net

    de

    ce

    prince,

    et

    surtout

    celui

    de

    sa

    matresse

    mritent

    mieux

    notre

    admi-

    ration.

    D'ailleurs l'nigmalique

    et

    souriante

    Isotta

    rpand

    un

    charme dont

    on

    ne

    se

    dfend

    point,

    quoique

    sous

    le

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

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    52

    PREMIERS

    IMITATEURS

    DE

    PISANELLO.

    voile,

    qui

    du

    sommet

    de sa haute

    coiffure

    retombe

    sur

    ses

    paules,

    son

    profil,

    trs

    accus

    et

    trs

    nu.

    nous

    agre

    par

    tout autre chose

    que par

    une

    beaut

    rgulire

    :

    presque

    laide,

    sans doute,

    mais

    dlicate,

    trs

    affine,

    l'il petit

    et

    le

    regard

    pntrant,

    la

    bouche

    mince

    serre

    parun

    sourire

    tranquille

    et

    presque

    ironique,

    elle possde,

    cache

    dans

    sa

    grce ambigu,

    une

    force

    vidente,

    tel

    point

    que

    ce

    port

    i'ail

    nous

    aide mieux

    comprendre

    le

    mystrieux

    attrait

    de

    celle

    chtive

    amie

    des

    Muses

    qui

    retint

    en

    sa

    puissance

    le

    plus

    imprieux

    des

    Malatest

    ;

    c'est

    le

    plus

    bel

    loge

    qu'on

    puisse

    faire

    du

    talent

    de

    Matteo

    de'

    Pasti.

    Ds

    qu'elles

    se

    rpandirent

    en

    Italie, de

    telles

    uvres

    crrent

    une

    mode

    :

    vers

    1450-1453

    trois

    mdailleurs

    nouveaux

    huilent

    Pisanello

    et

    Matteo

    :

    Paul

    de

    Raguse,

    Pierre

    de

    Fano el

    .Marescotli.

    Du

    premier,

    nous

    possdons

    un fin

    el

    vivant

    portrait d'Alphonse d'Aragon,

    el

    un

    autre

    du

    duc

    d'Urbin,

    Frdric

    de

    Montefeltre,

    dont

    le

    revers serait

    particulirement intressant,

    si

    ces

    deux

    petites

    mdailles datent

    bien

    de

    l451,commeon

    l'a

    presque

    prouv,

    parce

    qu'il

    est

    videmment imit

    du

    style

    des

    mdaillons

    romains

    de

    l'poque impriale. Pietro

    du

    Fano,

    non moins

    obscur

    que

    Paolo

    da

    Ragusa,

    a sign

    une

    mdaille

    de Louis

    de

    Gonzague,

    portrait

    sobre

    el

    sans

    doute

    fidle,

    au

    revers

    duquel

    une

    bizarre

    allgorie

    est

    grave

    dans un

    style

    pais.

    Antonio

    Marescotti

    est un

    Ferrarais

    :

    il

    subit,

    Ferrare

    sans doute,

    l'influence

    de

    Pisanello.

    Le

    style

    nerveux

    des

    mdailles

    de Lionel

    d'Est

    se

    traduit

    dans

    les uvres de

    Marescotti

    en

    un

    manirisme

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

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    MDAILLEURS

    TOSCANS

    DU

    XV

    e

    SICLE.

    oo

    pre

    et

    anguleux;

    la

    recherche

    de

    l'accent

    le

    mne

    des

    outrances

    dplaisantes

    : le

    dessin

    d'un

    Cosimo

    Tura

    sem-

    blerait

    gracieux

    ct

    de

    celui

    de

    Marescotti

    ;

    d'ailleurs,

    s'il

    a

    imit

    non

    sans

    bonheur

    le

    style

    de

    Pisanello

    dans

    ses

    portraits

    d'Antonio

    et

    de

    Galeazzo

    Marescotti,

    ou

    de

    Borso

    d'Est

    (1),

    il

    a,

    par

    got

    personnel,

    recherch

    des

    modles

    asctiques

    comme

    saint

    Bernardin

    de

    Sienne,

    ou

    Giovanni

    Tavelli,

    vque

    de

    Ferrare,

    dont

    il

    exalte

    le

    brlant

    mysticisme

    1

    1446),

    ou ce

    fra

    Paolo

    Veneziano

    qu'il

    nous

    montre

    mditant

    devant

    une

    tte

    de

    mort

    (1462).

    Ces

    premiers

    mdailleurs

    ne

    fondent

    pas

    encore

    de

    vritables

    coles.

    Mais que

    quelques

    annes

    seulement

    se

    passent, et

    la

    mdaille

    se

    rpandra

    assez

    dans

    toute

    l'Italie

    pour

    que de

    nombreux

    sculpteurs

    ou

    orfvres

    s'essaient

    cel

    art

    concis

    et

    parlant

    : si

    bien

    qu'aux

    environs

    de

    1460

    ces

    mdailleurs

    italiens

    se

    rpartissent

    dj

    en

    groupes

    dfinis,

    qu'il

    faut

    maintenant

    tudier

    un

    un.

    111

    Mdailleurs

    toscans

    m

    xv

    e

    sicle.

    Malgr

    les

    curieux

    et

    mdiocres

    essais

    de

    mdaille

    de

    Filarte,

    Florence

    ne

    possda

    qu'aprs

    Ferrare

    une

    cole

    de

    mdailleurs.

    C'est

    Ferrare

    que

    le

    Florentin

    Petrocini

    grava

    (1)

    Excut

    en

    1460.

    la

    mme

    anne

    qu'une

    autre

    intressante

    mdaille

    du

    mme

    prince,

    signe

    par

    Jacopo

    Lixignolo,

    autre

    Ferrarais

    plus

    obscur

    encore,

    et

    dont

    nous

    ne

    connaissons

    pas

    d'autre

    uvre.

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    56

    MD AILLEURS TOSCANS

    DIT

    XV

    e

    SICLE.

    en

    1460

    son

    lgante mdaille

    de

    Borso

    d'Est

    (qui

    ressemble

    celles

    de Mareseotti

    et

    de

    Lixignolo).

    Un

    mdailleur

    d'un

    talent original

    parat

    en Toscane

    mi

    I

    . ).'*>:

    mais il

    n'est

    pas

    (ils do

    Florence,

    et

    il

    choisit

    pour

    ses

    modles

    des

    papes

    ou

    des

    princes

    napolitains:

    Andra

    Guazzalotti

    de

    Prato, cha-

    noine

    de

    cotte

    ville

    (

    1

    135-4.495),

    est donc

    Je

    premier

    par la

    date

    des

    mdailleurs

    toscans.

    Dans

    les

    dix mdailles

    qu'on

    lui

    attribue

    avec

    certitude,

    le

    souvenir

    de

    Pisanello

    est

    quelquefois

    moins

    sensible

    que

    celui

    les

    mdailles

    antiques

    :

    cet

    artiste,

    plus

    consciencieux

    et plus

    chercheur

    du

    reste

    que

    bien

    dou,

    a progress

    singuliremenl

    de

    ses

    premires

    uvres,

    sches

    et peu

    adroites,

    ses

    dernires,

    o

    les

    portraits

    sont

    solides

    et

    vivants,

    et les

    revers

    imits

    non

    sans

    charme

    des

    mdaillons

    romains

    et

    des

    gemmes

    antiques.

    Son

    effigie

    de

    Sixte

    IV.

    prcise,

    nergique,

    par-

    lante,

    dcorative

    aussi,

    est

    accompagne,

    au

    revers,

    par une

    ligure

    nue

    de

    la

    Constance,

    pose

    avec la

    grce

    un

    peu

    manire

    d'une

    Venus

    Yiclrix

    :

    et

    su

    lis curieuse

    mdaille

    d'Alphonse de

    Calabre

    contient

    l'avers

    un essai de

    buste

    de

    trois

    quarts,

    d'une

    remarquable

    vivacit,

    et

    au

    revers

    la

    reprsentation

    moins

    heureuse

    quoique intressante

    d'une

    grande

    scne

    thtrale:

    l'entre

    triomphale

    du

    prince

    dans

    une

    ville,

    prcd

    d'une

    troupe de

    captifs

    turcs.

    Le

    clbre lve

    de

    Donatello,

    Bertoldo,

    ;i

    sign

    une

    mdaille

    de

    Mahomet

    II, souvent

    cite

    plus

    encore

    pour

    la

    singularit

    du

    modle

    que

    pour

    la

    beaut de

    l'uvre

    :

    plus

    que

    le

    buste

    du sultan,

    d'une

    prcision

    sche,

    le

    revers,

    grav

    en

    mplat,

    attire

    l'attention

    :

    c'est

    un char

    de triomphe

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    MEDAILLEUKS

    TOSCANS

    DU XV

    SIECLE.

    5

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    60

    MDAILLEURS

    TOSCANS

    DU

    XV SICLE.

    sont

    presque

    toujours

    composs

    avec

    une

    grce potique,

    brutalement

    trahie

    par

    une

    excution

    lourde,

    parfois

    vul-

    gaire

    (et

    d'ailleurs

    de

    ses

    lves

    anonymes,

    ou

    groups

    sous

    les

    noms

    de

    Mdalleur

    l'Esprance,

    Mdailleur

    la

    Fortune, Mdailleur

    l'Aigle,

    nous

    devons dire

    la

    mme

    chose)

    :

    qu'elles

    soient

    nes

    de

    son

    imagination

    comme

    celte

    Florence assise sous

    un

    arbre

    et

    respirant

    des

    lis

    (mdaille

    de

    Laurent

    le

    Magnifique),

    ou

    qu'elles

    soient

    imites

    de

    l'antique comme

    cette

    figure

    de

    la

    Religion que

    seul

    un

    encensoir distingue de

    Y

    Abondance

    si

    souvent

    grave

    sur

    les

    monnaies

    romaines

    (mdaille

    de

    Geraldini), ou

    encore

    que

    les

    plis nombreux

    de

    leur

    robe

    flottent

    capri-

    cieusement

    ainsi

    que

    font

    les

    robes

    des

    hrones

    lgantes

    ou

    passionnes

    deBotticelli

    et

    de

    Filippino

    Lippi,

    et

    comme

    on

    le voit

    dans

    ces

    figures de

    la

    Charit

    (

    mdaille

    de Bernardo

    Salviati)

    ou de l'Esprance

    (uvre

    du

    Mdailleur

    l'Esp-

    rance),

    toutes ces

    desses

    sont

    dessines

    en

    traits

    pais,

    et

    cependant,

    si

    maladroites

    qu'elles

    soient, semblent

    tra-

    duites

    d'un

    modle charmant.

    Peut-tre

    ces

    artistes

    ont-ils

    demand

    des

    peintres

    plus

    renomms

    qu'eux

    les

    dessins

    de

    ces

    revers, et

    c'est

    ce

    qui

    expliquerait qu'un

    mme

    mdailleur,

    comme

    Niccol,

    grave

    au

    revers

    de deux de

    ses

    pices des

    compositions

    aussi

    profondment

    dissemblables

    que

    ce

    fougueux

    char

    de

    tri

    phe

    de la

    mdaille d'Alphonse

    d'Est

    et que

    sa

    molle

    Florence

    assise

    l'ombre

    d'un olivier.

    Mais

    cette

    main

    pesante,

    lorsqu'elle trace

    en

    fort

    relief

    le

    portrait

    d'un contemporain,

    fixe

    puissamment

    dans le

    bronze la

    physionomie relle et

    la

    vivante

    vrit.

    La

    suite

  • 7/29/2019 Pisanello et les mdailleurs italiens : tude critique / par Jean de Foville

    61/129

    MDAILLEURS

    TOSCANS

    DU

    XV

    P

    SICLK.

    6i

    des

    effigies

    modeles

    par Niccol

    Fiorentino

    porte

    tout

    entire

    la

    trace

    d'un

    bauchoir

    sans

    finesse

    :

    traits

    larges,

    cheveux

    gros

    comme

    des

    cordes,

    plis

    de

    vtements

    tordus,

    tout

    y

    est

    loin

    del

    touche

    large

    mais

    raffine

    de

    Pisanello.

    Cependant

    on n'y

    songe

    qu'

    la

    rflexion,

    car

    ces

    visages

    vivent;

    si

    leur

    laideur

    est

    trangement

    accentue

    comme

    celle de

    Laurent le

    Magnifique,

    leur

    beaut

    survit

    en dpit

    (1rs

    rudesses

    du

    model,

    comme

    dans

    les

    mdailles

    d'Al-

    phonse

    d'Est

    ou

    de

    Giovanna

    degli

    Albizzi.

    En

    cela,

    les

    lves

    font

    comme

    le

    matre

    :

    quoi

    de

    plus

    parlant

    que

    le

    portrait

    refouill

    de

    Filippo

    Strozzi

    (Mdailleur

    l'Aigle)?

    quoi

    de

    plus

    simplement

    gracieux

    et

    pur que

    celui de

    la

    pensive

    Nonina

    Strozzi

    1

    1

    1

    (Mdailleur

    l'Esprance)?

    Sans

    doute

    l'me

    florentine

    a laiss

    un

    peu

    d'elle-mme

    dans

    une

    telle

    uvre,

    mais

    son

    charme

    est

    surtout

    fait

    de

    venir.

    Toutefois

    dans

    l'art

    florentin

    de

    son

    temps,

    le

    ralisme

    ,1,.

    Niccol

    Fiorentino

    retarde

    :

    celui

    de

    Ghirlandajo.

    qui

    a

    peint

    quelques-uns

    des

    mmes

    modles,

    est

    autrement

    subtil,

    et

    le

    gnie

    de

    Lonard

    qui

    triomphe

    au

    mme

    moment

    semble

    la

    contradiction

    mme

    de

    l'art

    de

    Niccol.

    Mais, dj

    vieux

    lorsqu'il