pierre ardouvin exposition 13 juin « la foule » / 23 août

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F D V I É E C C R H O T E U E PIERRE ARDOUVIN « LA FOULE » FRAC ALSACE / SÉLESTAT EXPOSITION 13 JUIN / 23 AOÛT 2009

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Pierre Ardouvin« La fouLe »frAc AlsAce / sélestAt

exposition13 juin / 23 août 2009

des questions Pour comPrendre

1. Comment Pierre Ardouvin occupe-t-il l’espace du Frac Alsace ?

2. Pierre Ardouvin se sert de références issues de la culture populaire. Citez quelques exemples.

3. Comment Pierre Ardouvin nous fait-il participer à son dispositif ?

4. Dans quel état d’esprit l’artiste nous plonge-t-il ? Et comment s’y prend–t-il ?

5. Quelles sont les oppositions, les tensions, perceptibles dans la salle d’exposition ?

6. Yann Géraud (artiste qui présente son exposition Expression-Janus à la Chapelle Saint-Quirin à Sélestat jusqu’au 16 août) propose une installation qui, comme celle de Pierre Ardouvin, se développe par les références qui la composent et auxquelles elles font appel dans l’esprit du visiteur. De quelles références se sert Yann Géraud et comment les organise – t- il dans l’espace de la Chapelle Saint-Quirin ?

réPonses

1. Pierre Ardouvin a choisi de présenter une installation intitulée « La Foule ». Cette installation surprenante occupe tout l’espace de la salle d’exposition du Frac Alsace. Il intervient également à l’extérieur, sur la façade vitrée, où il déploie une bâche inscrite d’un message qui interpelle le passant. Dans la salle d’exposition, différents éléments sont mis en scène. Ils créent un environnement qui peut être regardé comme un décor. Ces éléments peuvent être classés en :

/ / / Objets/ matériaux : la caravane, le bois

/ / / éléments créateurs d’ambiance : la couleur du mur, la lumière, le son

/ / / Une pratique de type scénographique : un parcours fait de différents chemins empruntables, la surélévation de la caravane, l’agencement des planches de bois

2. Que ce soient les mots inscrits sur la bâche à l’extérieur ou les paroles de la chanson diffusée dans la salle d’exposition, Pierre Ardouvin nous renvoie aux titres et textes de chansons célèbres, « La foule » d’Edith Piaf d’une part, et la chanson de Léo Ferré « Tu ne dis jamais rien » d’autre part. Il y a d’autres références à la culture populaire, qui peuvent fusionner les unes avec les autres, comme le remix électro de la chanson « La foule » qui emmène le visiteur vers une autre sphère musicale. L’ensemble de la mise en scène de Pierre Ardouvin fait également allusion à des clichés photographiques ou à des décors de cinéma. Sans oublier cette caravane, typique des années 60-70, tout droit sortie du f in fond d’un garage et sentant « bon » l’odeur de naphtaline.

3. Pierre Ardouvin fait participer le visiteur de différentes manières. Tout d’abord, c’est une participation physique. Le public est invité à cheminer dans la salle en empruntant l’un ou l’autre des chemins aménagés entre les planches de bois. Avancer, s’arrêter pour f inalement devoir faire demi-tour… autant de possibilités, de choix, de contraintes et de points de vue différents pour découvrir l’installation et pour s’imprégner de l’ambiance alentour. Dans ce même temps de découverte, l’artiste stimule également une participation mentale. Les objets, l’ambiance (son, lumière…) et les images qui en découlent interpellent la mémoire collective et des souvenirs plus intimes. Chacun d’entre nous se retrouve avec ses émotions, ses rêves ou ses cauchemars.

Pierre ArdouvinLa foule, 2009Dessin préparatoire© Pierre Ardouvin

4. Pierre Ardouvin place le visiteur au centre de son installation. Nous devenons pour un temps les acteurs d’un décor à notre échelle. Nous y découvrons une caravane perchée sur un amas de planches, comme une sorte de bûcher. Nous ne savons pas comment cette caravane est arrivée là, ni pourquoi, et nous ne savons pas ce qui vient à peine de se jouer. Tout est possible, l’artiste nous met face à une énigme où chacun peut se raconter sa propre histoire ou se remémorer ses propres souvenirs. Les objets qu’il met en scène dans ses installations sont choisis pour leur capacité à déclencher des émotions et des affects. Ici, cette caravane mise en scène au centre de l’espace d’exposition peut tout autant renvoyer à des images et souvenirs de vacances teintés de saveurs, d’odeurs et de senteurs, que renvoyer à l’image de la cabane que nous nous fabriquions, étant petits, pour vivre la grande aventure au fond d’un jardin grillagé. Robinson Crusoé sur son île fait aussi partie du voyage… Mais, il pourrait également s’agir d’un décor de catastrophe ! Catastrophe naturelle : tempête, tornade, tsunami… ou accident de la route. Pourtant, au cœur de la tourmente, il y a encore âme qui vive : la musique continue et l’électricité n’est pas coupée… Les histoires que l’on se raconte rencontrent celles que l’on a pu vivre, la mémoire collective se mêle aux souvenirs personnels. Tout est lié, la réalité rejoint la f iction et vice versa. Nous voilà pris au piège d’une ambiance ou d’une histoire éventuellement partagée entre une violence sourde et l’idée d’un bonheur stéréotypé. La phrase sur la bâche placée sur la façade vitrée du Frac Alsace active le même processus d’approche et joue sur les mêmes mises en relation. « Tu ne dis jamais rien » : reproche ou constat, messages personnels qu’on adresse à l’autre ou message qui nous est adressé ? Qui parle à qui ? Ou plutôt qui ne dit jamais rien ? Toi ? Moi ? Eux ? La foule ? On parle de silence, alors que la musique est omniprésente, par le son, les paroles ou les titres des chansons. On est interpellé, des images nous viennent à l’esprit, guidées par les mots, les rythmes musicaux, les objets présentés… et nous f inissons happés par l’environnement artistique déclencheur de réminiscences, ou point d’ancrage pour de multiples f ictions.

5. La lecture de l’œuvre comme la perception que l’on a de l’installation restent instable. Le visiteur est tiraillé entre différents ressentis et impressions. Que ce soit au niveau formel, scénographique, ou au niveau des sensations que l’œuvre provoque, des notions contradictoires se bousculent et dynamisent notre relation à l’œuvre.

Voici quelques exemples :

/ / / mémoire collective / souvenirs personnels / / / mélancolie, nostalgie / humour / / / illusion/désillusion, désenchantement / / / facéties de l’enfance / réalités d’adultes / / / rêves/cauchemars / / / ludique/inquiétant / / / ridicule / tragique / / / organisation / chaos / / / f iction / réalité / / / nature / culture / / / intérieur/extérieur / / / son / silence / / / absence/présence / / / individuel/collectif

L’installation présentée au Frac place le visiteur dans un monde qui est loin de lui être étranger. L’ensemble du dispositif artistique repose sur du « déjà-vu », du connu, du « déjà senti »…à l’image de la chanson de variété qui peut nous faire sourire mais qui ne nous laisse jamais indifférents : elle parle forcément de nous, de sentiments déjà éprouvés, de fantasmes déjà fabriqués et de souvenirs qui nous habitent. Dans l’œuvre de Pierre Ardouvin, le passé, un passé ou notre passé, est remis au présent. Mais pour quel avenir ?

6. Les deux artistes nous font entrer dans des ambiances différentes, mais qui placent à chaque fois le visiteur en face et au centre d’un espace qui se compose de références et surtout qui en appellent d’autres. Si Pierre Ardouvin propose une image appréhendable directement dans sa globalité, comme au cinéma, Yann Géraud joue, lui, sur une répartition et un enchaînement complexe de formes et d’objets dans l’espace. L’installation Expression-Janus se découvre et se comprend petit à petit. Le visiteur au fur et à mesure de son parcours dans l’espace de la Chapelle Saint-Quirin, établit des possibles relations entre les éléments qui composent les différentes parties de l’œuvre. Le titre Expression-Janus, la disposition des formes et des objets tout comme les zones de tension perceptibles dans l’espace, font entrer le visiteur dans une installation où l’idée de combat, de force destructrice, présente de différentes manières, structure l’ensemble du dispositif. Force naturelle / force humaine (actions militaires, stratégies, …) ; zone de lumière / zone d’ombre ; formes aux lignes droites / formes aux lignes courbes,… , sont quelques unes des oppositions qui structurent et rythment l’installation. Entre ces espaces de tension, une zone placée au centre du dispositif équilibre l’ensemble. Passé, présent, futur s’entrechoquent, images et références multiples se bousculent. Janus, dieu romain au double visage, gardien des portes, est un symbole de dualité. Dualité que Yann Géraud ne cesse d’explorer dans son installation. Dans la mythologie romaine, il est noté également qu’en temps de guerre, les portes du sanctuaire de Janus étaient ouvertes et à l’inverse, les portes du sanctuaire étaient fermées en temps de paix… qu’en est-il des portes de la Chapelle Saint-Quirin durant le temps de l’exposition ? Une fois ouvertes, le visiteur ne pénètre-t-il pas dans un espace et un temps de « guerre » ?

Yann GéraudExpression-Janus, 2009Photomontage préparatoire Yann Géraud©

des sensAtions Pour exPérimenter

/ / / Imaginez un nouveau titre à donner à l’exposition de Pierre Ardouvin et expliquez votre choix.

/ / / Vous êtes au centre de l’installation, exprimez vos ressentis actuels en choisissant :

/ Un sentiment / Une couleur / Un mot (verbe, adjectif…) / …

/ / / Dans cette exposition, Pierre Ardouvin nous plonge dans une époque passée. Les années 60-70, voire 80, sont des périodes que l’artiste aime réactiver par le biais de ses œuvres et surtout par les références dont il se sert. Pour vous, qu’évoquent ces années là ? Pouvez vous citer un souvenir, une actualité, une musique, une mode, une personnalité…, ayant un lien avec ces décennies ?

/ / / Cheminez dans la salle d’exposition, sortez de la salle d’exposition. Prenez conscience des différents points de vue que l’on peut avoir sur l’installation de Pierre Ardouvin. Choisissez celui que vous préférez, et expliquez pourquoi ?

/ / / Au regard de cette œuvre, imaginez une histoire qui pourrait expliquer la scène que vous avez sous les yeux. D’où vient la caravane ? Qui habite cette caravane ? Pourquoi et comment est-elle arrivée là ? …

des mots clés Pour résumer

/ / / Mise en scène, décor (objet, matériau, lumière, son)/ / / Image(s) aux résonances multiples/ / / Fiction / / / Histoire collective et histoires personnelles/ / / Mémoire, souvenirs/ / / Humour, poésie, mélancolie

des ProblémAtiques d’Art contemPorAin Pour Aller Plus loin

/ / / L’installation comme espace d’expérience et de participation. Environnements artistiques réalisés avec différents éléments (lumières, sons, odeurs, textures, mouvements …) qui permettent de créer une ambiance et qui placent le visiteur dans un espace-temps propre à l’œuvre. Non seulement regardeur, le visiteur devient acteur. Ses sens (vue, ouïe, odorat, goût, équilibre…) sont stimulés. Sa présence est nécessaire pour parachever le dispositif artistique./ / / L’objet déclencheur d’imaginaire, d’émotions, de souvenirs… (dans la collection du Frac Alsace, se reporter à l’Expomobile « histoire d’A. »)/ / / Les artistes contemporains et leurs facultés à toucher le visiteur dans ce qu’il a de plus intime : ses sentiments. La rencontre avec ces œuvres déclenche quelque chose d’impalpable, d’incalculable. L’objet, l’ambiance, la référence nous renvoient à une intériorité toute personnelle. L’approche de ces œuvres échappe totalement aux critères esthétiques ou formels. L’œuvre nous attire, nous surprend, nous satisfait, nous émeut car elle fait émerger en nous des émotions qui peuvent aller du rire aux larmes mais qui d’une manière ou d’une autre nous constituent.

des références Pour comPléter ses connAissAnces

exemPles d’Autres œuvres de Pierre Ardouvin

/ / / Œuvres bidimensionnelles

Couché de soleil, 2005Aquarelle sur papier100 x 74 cmParis, Galerie Chez Valentin© Tous droits réservés

Paysage 3 D, 2007Photographie couleur contrecollée sur aluminium75 x 55 x 21 cmParis, Galerie Chez Valentin© Tous droits réservés

Temps de chien, 2007Tirage lambda contrecollé sur aluminium59 x 43 cmParis, Galerie Chez Valentin© Tous droits réservés

Bambi, 2006Aquarelle sur papier encadrée bois98 x 131 cmParis, Galerie Chez Valentin© Tous droits réservés

/ / / Sculpture-Installation

Love me tender, 2001Auto tamponneuse, système électrique, guirlande lumineuse, piste, bande sonore400 x 300 x 270 cmParis, Galerie Chez Valentin© Tous droits réservés

Station service, 2005Pompe à essence et peinture muraleDimensions variablesParis, Galerie Chez Valentin© Tous droits réservés

Au théâtre ce soir, 2006Bois, métal, peinture, velours, moquette, 24 fauteuils, éclairage sur applique555 (P) x 525 (L) x 305 (H) cm 55Paris, Galerie Chez Valentin© Tous droits réservés

Soupe de têtes de fantômes, (détail), 200912 éléments, dimensions variables, vêtements, polystyrèneVue de l’exposition « Soupe de têtes de fantômes », Paris, Fondation d’entreprise Ricard, 2009Paris, Galerie Chez Valentin© Tous droits réservés

des références Pour comPléter ses connAissAnces

à noter que cette liste de références n’est pas exhaustive. Les œuvres et artistes cités ne sont que quelques exemples choisis dans l’histoire de l’art. De nombreuses autres références auraient pu être citées.

exemPles d’œuvres d’Autres Artistes

l’œuvre comme disPositif fictionnel

Dans ces œuvres, l’ensemble des éléments constitutifs de la composition est mis en scène de manière à placer le regardeur en situation de voyeur. Son regard fouille l’espace. Une atmosphère à chaque fois singulière lui fait face. C’est un décor au sein duquel le spectateur peut se projeter. Les détails, traces ou indices visibles, lui permettent d’eff leurer des intimités recréées. La scène qui se déroule sous ses yeux l’entraîne à imaginer des scénarios possibles.

/ / / Installation

/ / / Marcel Duchamp (1887-1968)

Etant donné 1) la chute d’eau 2) le gaz d’éclairage, 1946-1968Velours, bois, cuir sur armature de métal, brindilles, verre, Plexiglas, bec de gaz, 242,5 X 177,8 X 124,5 cmMusée d’art de Philadelphie© Tous droits réservés

à travers un trou pratiqué dans une vieille porte de grange le spectateur-voyeur est invité à regarder la mise en scène suivante : une jeune femme nue est étendue sur des brindilles et des feuilles. Elle tient une lampe. Dans le fond, une chute d’eau, et un paysage de collines et de bois. De qui s’agit-il ? Que se passe-t-il ? Les questions sont nombreuses, et l’artiste a pris soin de ne donner aucune réponse. Le spectateur est à la fois surpris, choqué et désarmé. Il est impuissant mais témoin de quelque chose qui perdure derrière la porte vétuste.

/ / / Edward Kienholz (1927-1994)

Back Seat Dodge ’38, 1964Voiture Dodge de 1938, résine, polyester, peinture, f ibre de verre, vêtement, gazon artif iciel, bouteille de bière, moulages en plâtre, musique enregistrée…Dimensions variablesLos Angeles, County Museum of ArtPhoto © 2005 Museum Associates/LACMA

Artiste américain, identif ié dans le mouvement du Pop Art, connu surtout pour ses assemblages d’objets trouvés. Il crée souvent des tableaux aux multiples facettes et des environnements complets. Ces œuvres témoignent du regard critique qu’il porte sur la société américaine.

/ / / Ilya Kabakov (né en 1933)

L’Homme qui s’est envolé dans l’espace, 1981-1988Installation. Env. 280 x 610 x 244 cmParis, Centre Georges Pompidou, Musée National d’Art Moderne© Tous droits réservés

L’homme qui s’est envolé dans l’espace. Impossible d’y accéder : l’installation est fermée par des planches, mais de larges fentes permettent de voir ce qui se passe à l’intérieur. L’Homme qui s’est envolé dans l’espace relate une histoire, une utopie à la manière d’un conte russe, dont le texte présenté à l’entrée rédigé par l’artiste, livre les minutieux commentaires des « anciens voisins » de celui qui « s’est envolé dans l’espace ».

Dans le cadre de l’exposition Silences, présentée jusqu’au 23 août 2009 au Musée d’art Moderne et Contemporain de strasbourg, vous pouvez découvrir une installation d’ilya et emilia Kabakov qui date de 1990 et qui s’intitule : Labyrinth (My Mother’s Album).

/ / / Photographie

/ / / Jeff Wall (né en 1946)

La chambre détruite, 1978Diachromie Cibachrome, plexiglas, tubes fluorescentslightbox: 169 x 258,4 x 7 cm; image: 152,4 x 203,2 cmMusée des beaux-arts du Canada© Tous droits réservés

La chambre détruite est le premier transparent géant rétro-éclairé publiquement exposé dans une boîte à éclairage f luorescent. L’œuvre montre un décor similaire à ceux créés pour le cinéma ou le théâtre, mais détruit pour la seule f in de la mise en scène photographique. Les trous dans le mur, le mobilier renversé et les objets lancés sur le plancher ressemblent à un pillage désordonné. Toutefois, la f igurine de porcelaine toujours debout sur le dessus de la commode éventrée rappelle la disposition soigneuse de chaque élément dans la photographie. Wall nous laisse imaginer les événements qui ont conduit à cette scène. à noter, que cette photographie s’inspire du célèbre tableau d’Eugène Delacroix, La mort de Sardanapale, réalisé en 1827.

/ / / Peinture

/ / / Edward Hopper (1882-1967)

Fenêtres la nuit, 1928Huile sur toile, 73,7 x 86,4 cmNew York, MOMA© Tous droits réservés

Edward Hopper est le peintre d’une Amérique profonde qui s’interroge sur les mutations du monde moderne et sur les angoisses des hommes de son époque. Il représente des images de la solitude et de l’absence, du silence et de l’attente, comme autant d’énigmes de l’existence et du désir, du temps et de la mort. L’art très personnel de Hopper fait souvent usage d’éléments provenant de la culture populaire. Certains tableaux montrent une inf luence directe ou indirecte du théâtre, du cinéma ou des arts graphiques.

/ / / David Hockney (né en 1937)

Mr. and Mrs. Clark and Percy, 1970-1971Acrylique sur toile 213,5 x 305 cm Londres, Tate Gallery © Tous droits réservés

Dans ce tableau, David Hockney a peint ses amis Celia et Ossie Clark, accompagnés de leur chat Percy, dans leur appartement de Londres. Le peintre a voulu saisir l’atmosphère typique des années soixante-dix. La chaise de style Bauhaus, le tapis, la petite lampe, le coloris, la coupe, les vêtements de Celia et Ossie sont, avec le temps, devenus des emblèmes du goût de cette époque. L’image n’est pas qu’un document, dans son étrangeté réside la puissance de la fascination qu’elle exerce. alexandra Kapp traduit de l’allemand par Miguel Couffon

des références Pour comPléter ses connAissAnces

exemPles d’œuvres d’Autres Artistes

mémoire collective et souvenirs Personnels

Objets, textes, sons, images, …, les artistes usent de différents moyens pour nous faire replonger dans des souvenirs passés où se mêlent références partagées et émotions personnelles. à partir du dispositif artistique, le public est amené à se souvenir mais aussi à ressentir des émotions déjà vécues. Entre réalité et f iction, l’artiste fait appel à la mémoire et aux sensations. Plaisir, joie, peur, violence, nostalgie…, le large éventail des émotions humaines est activé par l’artiste, qui n’a de cesse de jongler avec les clichés, les héros en tous genres et les objets souvenirs…

/ / / Scupture / installation

/ / / Daniel Spoerri (né en 1930)

Tableau-piège, 1967Verres, assiettes, chiffons, couverts, bouteilles de bière, mégots, boite de conserve… sur panneau de bois70 x 90 x 17 cmMusée des Beaux-Arts de Dole© Adagp

Les « Tableaux-pièges » de Daniel Spoerri, où il colle des restes de repas témoins d’un moment passé, permettent la mise en question presque immédiate du tableau considéré alors comme la f ixation d’un moment précis. Cette présentation, ces traces, entraînent toute une suite de spéculations qui débouchent sur des variations optiques ou imaginaires.

/ / / Jean-Pierre Raynaud (né en 1939)

Psycho-objet Chaussons, 1966© Tous droits réservés

Avec la série des « psycho-objets, » le travail de Jean-Pierre Raynaud gravite autour de données qui mettent en jeu l’émotionnel et l’affectif au sein d’un environnement souvent paradoxal. Psycho-objet Chaussons montre deux petites chaussures d’enfant solidement lestée de ciment coloré en camaïeu de rouge, enfermées dans un tapis aux pointes dressées agressives. Le monde de l’enfance n’est pas un paradis de lait et de miel.

/ / / Cildo Meireles (né en 1948)

Marulho (laHoule), 1992-1997Techniques mixtesPhoto: Wilton Montenegro© Tous droits réservés

L’eau qui vient jusqu’au niveau de la jetée est faite d’un patchwork d’images de la mer qui s’étend jusqu’au bleu du mur. Cildo Meireles, pionnier des installations dans les années 60, est connu pour son art environnemental qui invite le spectateur à intégrer l’œuvre. Il ajoute à l’esthétique visuelle, le son, l’odorat ou le toucher. Ici, on entend le ressac des vagues qui n’est autre que 80 personnes qui chuchotent le mot « mer » dans 30 langues différentes. L’artiste est d’ailleurs connu pour sadérision poétique de la société de consommation, du monde de l’art et de la politique.

/ / / Zoe Léonard (née en 1961)

Mouth open, teeth showing, 2000162 poupées, dimensions variables© Tous droits réservés

Dans cette œuvre, l’artiste organise une parade menaçante à l’aide de 162 poupées posées directement au sol. Différentes approches comme l’idée de la collection, la mémoire, le retour à une anthropologie sociale se superposent ici. L’aspect humain très immédiat de cette armée de poupées aux cils battants et aux lèvres entrouvertes est encore renforcé par une démarche apparemment chaloupée. Zoe Léonard met en scène une sorte de « thriller artistique », arrangement spatial suggestif dans lequel se déploie une atmosphère contradictoire faite de passivité et d’agression. anke Kempkes

/ / / Olaf Breuning (né en 1970)

Hello Darkness, 2002Installation, dimensions variablesBerlin, Arndt & Partner© Tous droits réservés

Sous formes de photographies, de projections vidéos ou d’installations, l’œuvre d’Olaf Breuning détourne et fusionne, depuis le milieu des années 90, un certain nombre de codes culturels puisés dans des champs aussi divers que l’art contemporain, la musique (pop, heavy metal, techno, etc.), le cinéma, la télévision, ou encore la publicité, les magazines de mode, le vidéo-clip, le jeu vidéo. Fort de ce vocabulaire existant et surdéterminé, l’artiste élabore un univers esthétique personnelet indépendant, marqué avant tout par l’hybridation et l’indétermination, brouillant toutes sortes de limites et de frontières entre les genres et les sexes, entre le réel et la f iction.

/ / / Annette Messager (née en 1943)

En trois actes, Annette Messager imagine une allégorie, dont Pinocchio est le point de départ. Après avoir soulevé les grands rideaux blancs qui masquent l’entrée, imprimant une ambiance mystérieuse, on découvre dans la pénombre de la première salle le petit bonhomme de bois allongé sur un polochon, traîné par un mécanisme dans les galeries souterraines d’une montagne de polochons assemblés entre eux par des liens noirs, qui retiennent également d’étranges animaux, peluches ou jouets. C’est dans de lointains souvenirs que nous plonge ce premier tableau, période de la vie où peur et jeu ne font parfois qu’un. N’est ce pas ce sentiment particulier que l’on tente de retrouver en jouant son argent ? Au casino ? […] Dans les salles qui suivent Annette Messager continue de jouer avec son spec-tateur. Mais comme dans la vie, le jeu peut basculer…Cf. http://www.creativtv.net/artistes/messager.html

Dehors, 2004-2005, Traversins, bois, objets divers, tissus, enclos motorisé, drisses, projecteurs asservis, dimensions variables (détail) © courtesy galerie Mariane Goodman, Paris/New-York

Dedans, 2004-2005,Pongés de soie, tissus, éléments divers, f ibres optiques, f luos, drisses, système piloté par ordinateur, 4 x 16 x 12 m (détail) © courtesy galerie Mariane Goodman, Paris/New-York

Dessus, 2004-2005, tapis de saut, f ilets, drisses, matériaux divers, système pneumatique automatisé, 5 x 6 x 6 m (détail) © courtesy galerie Mariane Goodman, Paris/New-York

Casino, Pavillon français, Biennale de Venise, 2005

/ / / Katter Attia (né en 1970)

Flying Rats, 2005Biennale de LyonPhoto : Blaise Adilon© Tous droits réservés

Le spectateur se trouve face à une volière contenant 150 pigeons et 45 enfants constitués de mousse et d’un mélange très compact de graines pour oiseaux.. Dans ce qui est une cour de récréation, f illes et garçons jouent aux billes ou se chamaillent, tandis que les pigeons les dévorent peu à peu. […]Au-delà de la cruauté de la scène, Kader Attia souhaite rappeler que l’enfance est probablement la période de la vie qu’on voit s’éloigner avec le plus de nostalgie. Dans un monde de plus en plus aseptisé et sécurisé, l’enfance est certainement le seul âge où l’on croit que, comme les oiseaux, il est possible de voler…

/ / / Arnaud Maguet (né en 1975)

LDRR’s Jukejoint + guest… 2004-2006Technique multiple, dimensions variablesVue de l’exposition d’Arnaud Maguet dans l’Espace expérimental du Plateau, Paris, 2007Photographie Sandrine Aubry© Tous droits réservés

Recourant à l’esthétique pop présente des années 1950 aux années 1970, Maguet a échangé le divan et la parole contre le lounge et la stéréophonie, mais a conservé les traumatismes d’enfance, une enfance d’autant plus marquante qu’elle serait fantasmée. L’artiste avouant avec plaisir une seule nostalgie : « la nostalgie de ce que je n’ai pas connu ». Ce sentiment ambigu rappelle la « nostalgie imaginée » cultivée ici sur une mémoire collective, amplif iée et déformée par des strates de subculture (punk, rock-garage, hip-hop, psychédélisme, easy-listening) qui ont f inalement toutes poussé sur un terreau fertile : l’âge d’or du rock’n’roll. Une époque sans limites puisqu’elle n’est qu’une longue survivance et agonie, une histoire qui ne demande qu’à se prolonger à rebondir pour qui veut y croire encore. Regroupé sous le titre In Elvis We Trust, le corpus elvisien d’Arnaud Maguet n’a rien d’une parodie morbide, il se contente de faire sienne la logique de survivance du fan toujours prompt à se frotter à des reliques, éteintes comme des enseignes à la gloire du King, abandonnées dans une décharge de Las Vegas. olivier Michelon

/ / / Photographie

/ / / Christian Boltanski (né en 1944)

La naissance de Christian, provenant de la série Saynètes comiques n°4, 1974Montage : 4 photos noir et blanc, épreuves au sel d’argent, texte à l’encre blanche sur carton ; 37 x 92 cmParis, Centre Georges Pompidou, Musée National d’Art ModernePhoto : Philippe Migeat© Adagp

Pour Christian Boltanski, la mémoire est un théâtre au répertoire contrasté. Fiction et réalité s’y entremêlent, et constituent une sorte d’autobiographie bouffonne et grave.

/ / / Peinture

La Figuration Narrative

Les artistes de la Figuration narrative, tendance apparue en France au début des années 60, prêtent attention aux scènes de la vie quotidienne et aux mythologies politiques, sociales, morales qui en découlent. Leurs sources sont la bande dessinée, le cinéma, la photographie, les images à la fois modernes et quotidiennes ; ils réalisent des peintures f iguratives, volontairement froides et distanciées, qui cherchent à maintenir continuellement en éveil notre rapport critique aux images de la réalité.

Un exemple de peintre faisant partie de cette tendance :

/ / / Gérard Fromanger (né en 1939)

Le cercle rouge, 1971Huile sur toile130 x 97 cmMusée des Beaux-Arts de Dole© Tous droits réservés

/ / / Références cinématographiques

/ / / Jacques Tati (1908-1982)

Mon oncle, 1956

Tati est le cinéaste de la lenteur, de l’approfondissement. Le spectateur amateur de Tati sait aussi qu’il doit prendre son temps : regarder, observer, revoir. Il nous donne à voir une société qui est bien la nôtre. Dans Mon Oncle, la maison de Hulot est délibérément fausse. Au marché du vieux Saint-Maur, il ne manque pas un personnage (agent de police, boucher à la nuque rasée de frais, Français moyen et baguette de pain, facteur, concierge, marchand de laitues défraîchies... On joue au marché. Mon Oncle énonce avec vigueur ce qui deviendra le thème central des f ilms ultérieurs : L’opposition de deux mondes, l’ancien et le nouveau, le moderne fonctionnel et froid contre le désuet déglingué mais chaleureux. D’un côté le vieux quartier où tout le monde trouve son compte (y compris les chiens dans les poubelles cabossées), de l’autre, dans le quartier résidentiel ou dans l’usine moderne, des objets inutiles, des systèmes électroniques qui enferment les gens dans leur garage.Cf: http://analysef ilmique.free.fr/analyse/o/oncle.php

des références Pour comPléter ses connAissAnces

œuvres de lA collection du frAc AlsAce en résonAnce Avec les ProblémAtiques qui sous-tendent l’exPosition

/ / / Installation

collection Claude Lévêque (né en 1953)

Claude Lévêque présente souvent des lits inquiétants dans ses installations. L’œuvre du Frac Alsace en est un bon exemple. Le lit d’enfant de Sans titre est un lit en forme de cage. Les lattes du sommier portent l’inscription « Le trou dans la tête ». En jouant avec l’aliénation et l’enfermement, Claude Lévêque confronte le visiteur à sa propre histoire et aux échos de la culture dans une exploration qui dépasse les souvenirs personnels de l’artiste. Passés les moments d’enchantement, de plaisir, de curiosité ou d’angoisse, le visiteur peut redevenir actif et laisser libre cours au jeu des émotions. éliane Burnet

Sans titre, 1987Bois, crayon de couleur, ampoule électrique et moteur80 x 70 x 130 cmCollection Frac Alsace, Sélestat© Adagp

collection Françoise Quardon (née en 1961)

Objets, sculptures, vidéos, céramiques, broderies : c’est par une diversité de médiums que Françoise Quardon construit un travail où s’entremêlent fragilité et raff inement, références mythologiques ou littéraires et iconographie populaire. Une œuvre qui oscille entre le féerique et le sordide.

Désir, 19905 lits f ixés au mur formant un demi-cercle surmonté d’une silhouette de Pégase et projection d’une diapositive. Sur chacun des lits une lettre en néon. L’ensemble des lettres écrivant le mot « Désir »Matériaux divers770 x 550 x 330 cmCollection Frac Alsace, Sélestat© Adagp

collection Naji Kamouche (né en 1968)

« Cette pièce je l’ai réalisée de façon à ce qu’elle soit la plus ouverte possible; qu’elle puisse s’identif ier en chacun de nous. Le spectateur tient une place importante dans la compréhension de la pièce ; en effet, face aux chaussures inhabitée, « l’absence / présence », revêt une autre forme. Lorsqu’une personne se confronte à une autre, elle abandonne son propre corps et laisse place à une conscience collective. L’intimité de la pièce, nous invite à nous abandonner dans les profondeurs d’un « moi ». C’est comme si l’on racontait au travers de la pièce le début d’une histoire et qu’elle se prolonge dans le regard de l’autre ». naji Kamouche

Caresser l’errance d’un pas oublié, 2005200 x 135 cmcollection Frac Alsace© Tous droits réservés

/ / / Vidéo

collection Fikret Atay (né en 1976)

Dans cette vidéo, la réalité se mêle à la f iction pour créer une scène que l’on pense familière mais que l’on découvre tragiquement connotée par la situation politique, économique et sociale de la ville de Batman, ville d’origine de l’artiste, en Turquie, comme le laissent deviner ces trains de transport de soldats ou d’acheminement du pétrole vers l’Occident. Ils sont le terrain de jeu des quatre garçons, un décor bien réel pour une guerre d’enfants qui se voudrait symbolique ! anne-Virginie Diez

Bang ! Bang !, 2003Vidéo, durée 2’17’’Collection Frac Alsace, Sélestat© Tous droits réservés

collection Maïder Fortuné (née en 1973)

Dans un espace sombre aux contours indéf inis apparaissent des masses noires. Au fur et à mesure de leur marche lente vers le fond de l’image, leurs silhouettes se précisent. On découvre qu’elles sont celles des personnages des dessins animés de l’enfance. Leur marche est un dernier passage, elles disparaissent au loin, happées par une lumière diaphane dont elles ne reviendront plus. Blanche-Neige, Mary Poppins, Alice, le Lapin, la Reine et les Loueurs de cartes, Peter Pan… voici donc la dernière grande parade des ombres, dernier passage de ceux qui étaient nés ombres lumineuses projetées, enveloppes vides dont la seule consistance résidait dans le désir d’identif ication propre à la magie cinématographique. Enveloppes dont les corps se sont construits de la projection de fantasmes et de puissance imaginative. Leurs couleurs acidulées ont disparu, leurs traits ont été happés par le noir de ces silhouettes qui n’en dévoilent que les contours, l’essence du dessin originaire, acte de leur naissance, rappel des premiers spectacles de lanternes magiques (…) Maïder fortuné

Curtain !, 2007Vidéo sonore. Durée 17’Collection Frac Alsace, Sélestat© Tous droits réservés

/ / / Desssin

collection Marc Bauer (né en 1975)

Dans son travail, Marc Bauer met en jeu sa propre vie, celle de sa famille et des épisodes de l’Histoire. Il puise dans ses souvenirs d’enfance et dans des récits ou des documents laissés par des membres de sa famille ; il se réfère en même temps à des faits historiques et à des œuvres littéraires et philosophiques, explorant des images d’archives concernant des dirigeants politiques extrémistes (Mussolini, Pinochet), des f igures intellectuelles controversées (Heidegger) ou qui ont eu un destin tragique (Celan). […] Il emploie le crayon noir, la graphite qu’il étend parfois avec les doigts, créant ainsi des scènes en parfaite adéquation avec la mémoire qu’elles convoquent, en partie précise et en partie f loue. […] Dans chaque dessin plane une menace, accompagnée de textes par fois explicites. olivier Kaeser

Dread, 2004Crayon gris et crayon noir sur papier lisse 200 grammes32 x 45 cmDessin faisant partie d’une série de 10 dessins indissociablesCollection Frac Alsace, Sélestat© Tous droits réservés