perspectives globales sur le diabète volume 58 – avril 2013

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Volume 58 – Avril 2013 Vers de nouveaux sommets PERSPECTIVES GLOBALES SUR LE DIABÈTE

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Page 1: PersPectiVes globAles sur le diAbète Volume 58 – Avril 2013

V o l u m e 5 8 – A v r i l 2 0 1 3

Vers de nouveaux sommets

P e r s P e c t i V e s g l o b A l e s s u r l e d i A b è t e

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DiabetesVoice

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DiabetesVoiceAvril 2013 • Volume 58 • Numéro 1 3

Fédération internationale du diabètePromouvoir la qualité des soins, la prévention et la guérison du diabète à travers le monde

Diabetes Voice est publié trimestriellement et est également disponible en ligne à www.diabetesvoice.org Cette publication est également disponible en Anglais, et en Espagnol.

Rédacteur en chef : Rhys Williams, RU Responsable de la rédaction : Isabella Platon, [email protected] Rédacteur : Tim Nolan, [email protected] Comité de consultation : Pablo Aschner (Colombie) Ruth Colagiuri (Australie), Patricia Fokumlah (Cameroun), Attila József (Hongrie), Viswanathan Mohan (Inde) Mise en page et impression : Ex Nihilo, Belgique, www.exnihilo.be

Toute correspondance doit être adressée au responsable de la rédaction : Fédération internationale du diabète, Chaussée de La Hulpe 166, 1170 Bruxelles – Belgique Tel : +32-2-5431626 – Fax : +32-2-5385114 – [email protected] © Fédération internationale du diabète, 2013 – Tous droits réservés. Aucun extrait de cette publication ne peut être reproduit ou transmis sous quelque forme que ce soit ou par n’importe quel moyen sans l’autorisation écrite préalable de la Fédération internationale du diabète (FID). Les demandes de reproduction ou de traduction des publications de la FID doivent être adressées à : FID, Département Communications, Chaussée de La Hulpe 166, B-1170 Bruxelles, par fax au numéro +32-2-5385114, ou par courriel à [email protected]

Les informations contenues dans ce magazine sont uniquement fournies à titre informatif. La FID décline toute responsabilité quant à la précision et à la fiabilité du contenu de ce magazine. Les avis exprimés sont ceux de leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de la FID. La FID décline toute responsabilité en cas de pertes ou de dommages liés à l'utilisation de ce magazine. Ce magazine peut vous renvoyer vers des sites web tiers qui ne sont en aucun cas sous le contrôle de la FID. L'inclusion de ces liens ne signifie en aucun cas que la FID recommande ou approuve le matériel, les informations, les produits et les services proposés sur ces sites tiers et la FID décline toute responsabilité concernant la consultation de ces sites web et l'utilisation des produits ou services proposés dessus. Si certaines informations de Diabetes Voice concernent des problèmes médicaux, elles ne constituent nullement des conseils médicaux et ne doivent en aucun cas être considérées comme telles.

ISSN: 1437-4064Photo de couverture : © Danny Warren

sommaire

P o i n t d e V u e 4

n o u V e l l e s e n b r e f 6

l A c A m P A g n e m o n d i A l een route vers 2015, année déterminante pour le diabète et le développement 8Lucy Hadley et Mandana Kooijmans

Association éthiopienne du diabète – lutter contre le diabète contre vents et marées 11Ahmed Reja et Misrak Tarekegn

l'influence des médias sociaux sur le traitement et les soins autonomes du diabète 14 Claudia Labate

un avant-goût de melbourne 16Paul Zimmet

impact du diabète sur les populations indigènes – mettre un terme à la spirale du mal 18Alex Brown

la recherche sur le diabète au 20e siècle : perspective historique 20Pierre Lefèbvre

s o i n s d e s A n t éle théâtre communautaire pour promouvoir l'éducation et la prévention du diabète dans les îles fidji 22 Philip Szmedra

surmonter les obstacles culturels et améliorer l'éducation au diabète – récit d'une expérience vécue au liban 26Claudia Matta

test d'une nouvelle approche pour traduire les résultats des recherches en amélioration de la qualité des soins dans le monde 29Juan José Gagliardino

P r A t i q u e c l i n i q u einhibiteurs de sglt2 – un ajout utile au traitement ? 33Rhys Williams et Jeff Stephens

Prévention des amputations liées au diabète dans un pays en développement – des avancées dans la bonne direction 36Abdul Basit et Asmat Nawaz

d i A b è t e e t s o c i é t éle monde ne suffit pas 40Interview de Josu Feijoo

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DiabetesVoice Avril 2013 • Volume 58 • Numéro 14

michael HirstPrésident de la fédération internationale du diabète

L'engagement que j'ai pris en devenant président de la Fédération internationale du diabète (FID) est similaire à celui pris avant moi par chacun des présidents depuis la création de notre Fédération, il y a plus de soixante ans – y compris des figures illustres comme Maria de Alva, Sir George Alberti, Pierre Lefèbvre, Martin Silink et, mon prédécesseur immédiat, Jean Claude Mbanya. Je reprends toutefois le flambeau dans des circonstances extraordinaires, que n'a encore jamais connu la Fédération. Nous sommes à un moment de l'histoire qui sème le trouble dans notre esprit et fait saigner nos cœurs. Jamais encore le diabète n'avait gangréné la vie d'autant de millions de personnes à travers le monde : d'après nos estimations, 371 millions de personnes sont affectées au moment où j'écris ces mots et des millions d'autres présentent une intolérance au glucose, signe de pré-diabète. À chaque minute passée à lire cet article, entre huit et dix personnes meurent des complications du diabète.

Ces maladies sont sans pitié, qu'il s'agisse du diabète de type 1, qui touche principalement les jeunes et exige un traitement médicamenteux d'urgence pour maintenir les personnes atteintes en vie ; du diabète de type 2, dont les facteurs de risque insidieux et les effets dévastateurs n'épargnent aucune société, handicapant des millions de personnes et paralysant des économies déjà en proie à des difficultés ; ou du diabète gestationnel, qui s'en prend au lien même entre la mère et le fœtus et laisse derrière lui un héritage de préjudices à vie chez ces êtres humains qui ont le plus besoin de protection.

Par conséquent, bien qu'il s'agisse de mon premier éditorial en tant que président pour Diabetes Voice, je voudrais entrer en contact avec vous, mes amis de la communauté du diabète, où que vous soyez – pas au travers d'un discours inaugural ou d'un communiqué officiel, mais d'une petite conversation entre amis. Et j'ai bien l'intention que ce soit le premier contact d'une longue série.

Je suis bien conscient que c'est un effet du hasard de notre processus démocratique qui m'a conduit à ce poste, et que très peu d'entre vous ont participé à mon élection à la présidence de la FID. Je vous demande dès lors de me soutenir en tant que président par vos bons vœux, vos prières et votre soutien continu à la cause du diabète. À l'heure où je reprends cette fonction à la fois difficile et extraordinaire, je ne suis redevable à personne, hormis à une femme, ma chère épouse, qui m'a prouvé toute l'étendue du dévouement d'un proche à l'égard d'un jeune atteint de diabète.

Je n'ai pas cherché à endosser cette énorme responsabilité, mais je ne m'y soustrairai pas. À ceux qui m'ont désigné et confirmé en tant que président élu à Montréal en 2009, j'ai déclaré que je représenterais du mieux possible les personnes atteintes de diabète et ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que la Fédération soit efficace et tournée vers l'avenir. Je n'oublierai jamais que notre raison d'être est d'améliorer la vie des personnes atteintes de diabète, et tel sera notre principe directeur tout au long de ce triennat et au-delà.

Au cours des années qui ont précédé ma présidence, j'ai participé à l'élaboration d'une Charte internationale des droits et responsabilités des personnes

atteintes de diabète – car, à l'instar de tout membre de la société, les personnes atteintes de diabète ont des responsabilités, de même que des droits. En tant que représentant des personnes atteintes de diabète, l'une

de mes responsabilités est de collaborer avec les gens qui les soignent afin d'optimiser les résultats en matière de santé. Je vous invite tous à redoubler d'efforts pour faire de même. Le célèbre slogan de la FID n'a rien perdu de son pouvoir et de

son authenticité avec le passage des années : ensemble, nous sommes plus forts.

Malgré les statistiques terrifiantes – car, croyez-moi, la situation socio-économique actuelle qui alimente l'épidémie mondiale du diabète et des maladies chroniques associées fait que ces conditions empireront avant d'enregistrer un mieux – je suis convaincu qu'aucun d'entre nous n'échangerait sa place avec d'autres ou avec une autre génération. Il y a quelques années d'ici, alors que j'étais président de Diabetes UK, j'ai pris part à la campagne de la FID en faveur d'une résolution de l'ONU sur le diabète. Pour parler franchement, nous avons "défoncé" les portes des missions de l'ONU à New York et persuadé des gouvernements sceptiques de soutenir la résolution. On nous avait dit que notre entreprise était vouée à l'échec. Nous avons pourtant réussi ! (Lisez l'éditorial de votre rédacteur en chef pour en savoir plus.) Cela a confirmé qu'un groupe de personnes très engagées avec un objectif très clair peut, de fait, faire changer l'opinion mondiale.

Plus récemment, en septembre 2011, la FID a joué un rôle déterminant lors de la réunion de haut niveau de l'ONU en encourageant les gouvernements nationaux à promettre d'entreprendre des actions au profit des personnes atteintes de diabète. Le défi consiste à présent à s'assurer que ces gouvernements respectent leurs engagements et s'efforcent d'atteindre les objectifs à même de contribuer à l'amélioration de la vie des personnes atteintes de diabète. La FID entend surveiller de près le flambeau qui nous guidera dans notre combat pour atteindre nos objectifs stratégiques suprêmes : améliorer la santé des personnes atteintes de diabète ; stopper progressivement le développement du diabète de type 2 ; et mettre fin à la discrimination à l'encontre des personnes atteintes de diabète. L'énergie, la foi et le dévouement que nous mettrons dans cet effort illumineront notre communauté et tous ceux qui la servent. Et l'éclat de cette flamme a réellement le pouvoir d'illuminer le monde.

EntrEtEnir la flammE

Point de vue

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DiabetesVoiceAvril 2013 • Volume 58 • Numéro 1 5

de soins de santé à donner la priorité à la prévention du diabète et de ses complications. La persistance de ces lacunes et la nécessité de lancer un tel appel dans notre petit coin de l'univers du diabète est une honte, ni plus ni moins.

Que faire donc ? Agir à l'échelon international le plus élevé, bien sûr, avec le rétablissement et le maintien de normes professionnelles, mais également au niveau local, au travers d'une action continue et énergique de la part des associations membres de la FID. Les écarts au niveau de la qualité des soins du diabète sont sans doute aussi importants, voire plus, au sein d'un pays donné qu'entre les pays. La sensibilisation locale a un rôle à jouer.

L’amélioration de la qualité des soins des pieds était l’un des défis mentionné à maintes reprises dans les numéros de Diabetes Voice de 2005. Le pied diabétique et les soins des pieds étaient en effet au centre du thème de la campagne de la Journée mondiale du diabète cette année-là. D’énormes défis subsistent en la matière mais maintenant nous avons plus de solutions potentielles. Une partie des progrès effectués est résumée dans l’article d’Abdul Basit et d’Asmat Nawaz dans ce numéro. Par ailleurs, les « Nouvelles en bref » mettent en lumière la nouvelle initiative DAFI (Diabetes Africa Foot Initiative). Ces dernières font de la prévention des problèmes de pieds un but lointain mais atteignable !

Permettez-moi de conclure en saluant la contribution professionnelle remarquable à Diabetes Voice de mon prédécesseur au poste de rédacteur en chef, le Professeur Stephanie Amiel. Stephanie, je ferai de mon mieux pour continuer à faire tourner cette roue bien particulière ! C'est également avec plaisir que je voudrais saluer le travail multilingue et enthousiaste de Tim Nolan, éditeur de ce magazine depuis 10 ans. Merci beaucoup, Tim.

Une dernière chose : je me suis laissé dire que si vous pointez votre "smartphone" sur cet étrange carré (apparemment appelé code "QR"), vous recevrez un lien vers une courte vidéo. Essayez donc !

rhys Williams est professeur émérite d'épidémiologie clinique à l'université

de swansea, au royaume-uni, et rédacteur en chef de Diabetes Voice.

C'est bon d'être de retour ! Ma dernière contribution (2005-2007) en tant que rédacteur en chef de Diabetes Voice me semble tellement loin – beaucoup plus qu'elle ne l'est en réalité. C'est sans doute parce que ma vie professionnelle a été riche en événements ces derniers temps. Les dix dernières années ont vu la création d'une nouvelle école de médecine dans ma ville natale de Swansea, au Royaume-Uni. Et aujourd'hui, nos nouveaux médecins diplômés entament leur carrière dans la médecine, avec pour certains, je l'espère, l'envie de jouer un rôle sur la scène mondiale du diabète de demain.

Beaucoup de choses se sont également produites sur cette scène mondiale. Le dernier éditorial de Diabetes Voice que j'ai rédigé (en décembre 2007) revenait sur la résolution 61/225 du Conseil général de l'ONU, un formidable succès engrangé un an et quelque plus tôt. Ce succès a ouvert la voie à une série d'événements mondiaux, dont la réunion de haut niveau de l'ONU sur les maladies non transmissibles (MNT) en 2011 et l'adoption de la Déclaration politique sur les MNT. Grâce au Plan mondial pour le diabète 2011-2021, préparé en prélude au sommet, nous disposons désormais d'un cadre d'action de 10 ans aux niveaux les plus hauts des gouvernements, des services de santé et de la société en vue de renforcer la vision de la Fédération internationale du diabète (FID) d'un monde sans diabète et de poursuivre sa mission de promotion des soins, de la prévention et de ce remède qui ne cesse de nous échapper – nous devrions avoir un tas de remèdes le moment venu, et il viendra ! La Charte internationale des droits et responsabilités des personnes atteintes de diabète publiée récemment nous rappelle que l'accès à des soins de santé de qualité est un droit de l'homme fondamental, qui ne devrait être refusé nulle part et à personne.

Ces déclarations et plans de haut niveau sont essentiels en vue de la fixation de l'agenda et des priorités pour la concrétisation de ce droit fondamental. Les progrès au niveau local sont-ils toutefois suffisants pour garantir l'accès à des soins de qualité aux personnes atteintes de diabète ? "Soins du diabète pour tous", "Accent sur les personnes vulnérables" et "Inégaux face à la santé et aux risques", tels étaient les trois slogans de la Journée mondiale du diabète de 2006. Où en sommes-nous aujourd'hui sur la voie de soins de qualité et accessibles à tous ?

De nombreux pays progressent sur la voie d'une couverture universelle des soins de santé, laquelle ne garantit cependant pas un accès universel à des soins de qualité. Ainsi, le jour de mon retour à Bruxelles en décembre dernier, un de nos journaux nationaux titrait "Diabetes crisis to cripple National Health Service" (Le service national de santé paralysé par la crise du diabète). Certes, si l'on en croit nos médias, le National Health Service est la plupart du temps "sur les genoux" ou "au bord de la paralysie". Ce titre a toutefois retenu mon attention davantage que d'autres. Le journal parlait de "milliers de décès par an dus à des soins de mauvaise qualité". Le UK National Diabetes Audit, sur lequel s'appuyaient ces articles, a néanmoins conclu sur une note optimiste : "il existe une possibilité réelle de réduire ces risques". Et c'est vrai.

Pas plus tard qu'hier (27 janvier), les lacunes au niveau des soins du diabète faisaient à nouveau les gros titres de nos journaux. "Des milliers de personnes atteintes de diabète [sic] ont subi une amputation du pied à cause des déficiences des soins". Diabetes UK appelle le gouvernement et le système

Où En sOmmE-nOus ?

Point de vue

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DiabetesVoice Avril 2013 • Volume 58 • Numéro 16

DIABETESAFRICAFOOT INITIATIVEA programme led by the International Diabetes Federation

nouvelles en bref

La Fédération internationale du diabète (FID) et ses partenaires ont lancé un nouveau programme visant à prévenir les amputations des extrémités inférieures en Afrique sub-saharienne. L'initiative Diabetes Africa Foot Initiative (DAFI) est un partenariat multipartite dont le but est de développer un programme de dépistage du pied complet, abordable et durable pour la région.

Le pied diabétique est une complication du diabète associée à un taux de morbidité et de mortalité élevé en Afrique, et qui augmente à mesure que le fardeau du diabète devient croissant. Les amputations demeurent nombreuses, malgré une formation intensive du personnel de santé aux méthodes de prévention traditionnelles. DAFI vise à répondre à l'absence d'une approche commune, durable, complète et acceptée au niveau régional de soins du pied diabétique dans la région.

Le programme sera mis en œuvre dans 10 pays : Cameroun, Ghana, Guinée, Kenya, Madagascar, République du Congo, Rwanda, Sénégal, Tanzanie et Ouganda. La première phase de DAFI consistera à dévelop-per et à mettre en œuvre un outil d'intervention et de stratification des risques et le protocole associé dans 10 centres du diabète sélectionnés. Les membres du personnel de santé de ces institutions seront formés aux soins du pied du diabète et certifiés assistants en soins du pied diabétique. En collaboration avec les autorités sanitaires nationales et les communautés locales, les associations membres de la FID lanceront des activités d'information.

DAFI est un programme dirigé par la FID en collaboration avec la région Afrique de la FID, l'Université de Johannesburg, l'Uni-versité Senghor, l'Université Numérique Francophone Mondiale et Sanofi Diabetes.

la fiD et ses partenaires lancent un nouveau programme pour réduire le fardeau des amputations des membres inférieurs en Afrique sub-saharienne

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DiabetesVoiceAvril 2013 • Volume 58 • Numéro 1 7

nouvelles en bref

du comité exécutif de BRIDGES), qui a présidé l'atelier organisé à Dubaï.

Organisé autour de discussions interac-tives, de sessions de groupe et de présen-tations, ces ateliers de deux jours sont conçus de façon à couvrir l'ensemble des besoins et des questions des participants qui souhaitent rédiger un résumé pour un congrès international ou un article pour des revues destinées à des pairs. L'atelier de Dubaï a été qualifié de "concis, accro-

cheur et conforme à mes objectifs" par un des participants à l'atelier.

BRIDGES est un programme de la FID soutenu par une bourse éducative accor-dée par Lilly Diabetes.

Dans le cadre de sa mission de soutien des meilleures pratiques en matière de dif-fusion à travers le monde, la Fédération internationale du diabète (FID) a lancé, au travers de son programme BRIDGES, une série d'ate-liers dédiés à l'amélioration de l'écriture de résumés et de publications.

Deux ateliers ont été organi-sés à Dubaï (9-10 février) et à Miami (16-17 mars), dans le cadre desquels des projets soutenus par BRIDGES et des associations membres de la FID ont bénéficié d'un parrainage total.

"La mise sur pied d'inter-ventions et de projets in-novants pour prévenir le diabète et ses complications est une mission essentielle de la FID. L'étape suivante consiste tout naturellement à encourager et à soutenir la diffusion de méthodolo-gies et de résultats. Ces ateliers offrent aux participants une occasion unique d'améliorer leurs compétences et leurs connaissances sur la façon de faire pas-ser leurs messages au reste du monde", a commenté le Professeur Ayesha Motala (chef du département de diabète et d'endocrinologie, faculté de médecine clinique de l'université de KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud, et membre

BRIDGES pour soutenir l'excellence dans l'écriture scientifique

Participants à l'atelier lors de l'événement BriDGEs de la fiD organisé à Dubaï.

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Avril 2013 • Volume 58 • Numéro 18 DiabetesVoice

Lucy Hadley et Mandana Kooijmans

Le cadre de huit objectifs, 21 cibles et 48 indicateurs a négligé la principale cause de décès au monde – le diabète et les MNT. Cette exclusion et l'interprétation au pied de la lettre des OMD par de nombreux pays donateurs ont entravé l'obtention de res-sources et d'un engagement politique en faveur du diabète.

Un problème de pauvreté urgentLe diabète est étroitement associé à la pau-vreté et à la privation. Non seulement le coût du traitement et des soins du diabète plonge de nombreuses personnes et leur famille dans la pauvreté, mais une situation socio-économique défavorable accroît encore la vulnérabilité au diabète. Quatre personnes sur cinq atteintes de diabète dans le monde vivent dans un pays en développement, et cette condition (diabète de type 1 et de type 2 et diabète gestationnel) est responsable de plus de 4 millions de décès par an. La majo-rité des personnes atteintes de diabète dans

une situation socio-économique défavorable accroît la vulnérabilité au diabète.

Lors du Sommet du millénaire de l'ONU de 2000, les dirigeants de la planète ont fait une

promesse historique : débarrasser les peuples de la pauvreté extrême et de la privation. Cet

engagement a donné naissance aux objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui

visent notamment à enrayer la propagation du VIH/sida et à fournir une éducation primaire

de base d'ici la date butoir de 2015. Ce contrat universel en faveur de l'éradication de la pauvreté a permis de sensibiliser le public et les dirigeants

politiques, et généré des flux record d'aide pour la santé et le développement. Mais alors que

l'échéance de 2015 se rapproche, quels progrès ont été réellement faits ? Des inégalités et des

problèmes négligés demeurent-ils sans réponse ? Si oui, lesquels ? Par ailleurs, qu'est-ce qui

remplacera les OMD après 2015 ? À l'heure où l'Organisation mondiale de la santé et l'UNICEF

organisent une consultation mondiale pour définir les futures priorités de santé mondiales, les auteurs de cet article expliquent pourquoi le

diabète et les maladies non transmissibles (MNT) doivent être au cœur de l'agenda après 2015.

la camPagne mondiale

En route vers 2015, année déterminante pour le diabète et le développement

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DiabetesVoiceAvril 2013 • Volume 58 • Numéro 1 9

les pays pauvres ont moins de 60 ans et sont dans leurs années les plus productives. Dans les pays pauvres, le diabète tue les soutiens de famille et réduit la productivité natio-nale, ce qui exacerbe les inégalités entre les pays et au sein des populations. Le diabète partage en outre des facteurs de risque, des comorbidités et des besoins en termes de traitement avec une série de priorités sani-taires des pays pauvres, dont le VIH/sida, la tuberculose, le paludisme, la santé de la mère et du nouveau-né et l'alimentation.

Malgré ces données probantes, les ressources mondiales à destination des systèmes de santé des pays en développement sont essentielle-ment affectées aux priorités sanitaires des OMD, financent des programmes de lutte contre les maladies infectieuses et donnent la priorité aux soins aigus. De ce fait, les sys-tèmes sanitaires sont mal équipés pour faire face au double fardeau des maladies transmis-sibles et non transmissibles – et incapables de fournir un traitement et des soins essentiels du diabète. Ainsi, plus de 80 % des personnes atteintes de diabète en Afrique demeurent non diagnostiquées et à risque de développer des complications potentiellement mortelles.

En outre, il est beaucoup plus difficile de se procurer des médicaments essentiels pour le diabète et les MNT que pour les maladies infectieuses dans les pays à faible revenu.1,2 Au lieu de promouvoir des systèmes de santé globaux qui soignent à la fois les patients et les maladies, les OMD ont conduit à des programmes verticaux qui négligent de nom-breux problèmes pressants, dont le diabète.

L'opportunitéCes six dernières années, nous avons fait des progrès significatifs en renforçant la reconnaissance du diabète et des MNT en tant que problème de pauvreté par les res-ponsables politiques. La résolution 61/225 de l'ONU sur la Journée mondiale du diabète, la Déclaration politique de l'ONU adoptée à l'occasion de la réunion de haut niveau de l'ONU sur les MNT en 2011 et la Conférence de l'ONU sur le développement durable (Rio+20) l'année dernière ont toutes souligné que le diabète et les autres MNT constituent des menaces majeures pour le développe-ment au 21e siècle et affectent la réalisation des OMD.3,4,5 Alors que l'échéance de 2015 des OMD se rapproche, une opportunité sans précédent s'offre à nous de faire en sorte

que le diabète et les MNT soient pleinement intégrés dans le prochain agenda mondial pour le développement. Nous ne devons pas laisser les mêmes erreurs se reproduire.

La Fédération internationale du diabète (FID) et ses fédérations sœurs au sein de l'Alliance de lutte contre les MNT ont lancé une cam-pagne mondiale pour s'assurer que la santé, le diabète et les MNT restent au cœur de l'agen-da pour le développement après 2015. Nous développons des alliances stratégiques avec les gouvernements et les agences de l'ONU, ainsi qu'avec la communauté plus large de la santé et du développement, et participons à des débats mondiaux sur la définition de la santé après 2015. Il est désormais généralement accepté qu'un objectif global est nécessaire en matière de santé après 2015. Un débat intense fait toutefois rage sur la formulation de cet ob-jectif de santé complet. Visera-t-il à réduire les taux mondiaux de mortalité et d'invalidité ? Fixera-t-il un niveau de référence mondial

une bonne santé est un des résultats du développement et un indicateur clé de progrès.

la camPagne mondiale

En route vers 2015, année déterminante pour le diabète et le développement

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DiabetesVoice10 Avril 2013 • Volume 58 • numéro 1

pour l'espérance de vie ? Le cès à des services de santé sans mettre en péril ses finances – fait également son chemin en tant qu'opportunité majeure.

Une double stratégieAvant toute chose, nous réclamons une cible au sein de l'objectif de santé global qui garan-tisse une action en faveur du diabète et des MNT. En vue d'enregistrer de réels progrès pour les personnes atteintes de diabète du monde entier, la FID demande que cet objec-tif de santé donne naissance à un nouveau type de système de santé – un système de prévention à même d'assurer des soins tout au long de la vie, et qui soigne les gens et pas uniquement les maladies. Deuxièmement, nous demandons l'intégration de la santé dans tous les secteurs – social, économique et environnemental. Le diabète est un problème plurisectoriel, qui nécessite que la santé soit intégrée dans toutes les politiques. L'inclusion d'indicateurs de santé pour tous les objectifs après 2015 permettra de s'assurer que les progrès au niveau du développement mondial affectent de manière positive la santé des gens.

Une conversation mondialeCes six derniers mois, le processus officiel de l'ONU de définition des priorités et de la structure de l'agenda pour le développement après 2015 a pris de la vitesse. Contrairement au processus de définition des OMD de 2000, le processus après 2015 est inclusif et par-ticipatif, offrant à la FID et à ses associa-tions membres de nombreuses opportunités d'influencer les discussions et les décisions.

Un groupe de personnalités éminentes de l'ONU (co-présidé par la Présidente libé-rienne Ellen Johnson-Sirleaf, le Président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono et le Premier ministre britannique David Cameron) a été créé afin de préparer des recommandations à l'adresse du Secrétaire général de l'ONU d'ici mai 2013. Trois réu-nions du groupe sont prévues dans les trois capitales et chacune inclura une composante

de la société civile – ce qui permettra de faire entendre la voix du diabète et des MNT.

Au niveau mondial, une série de 11 consul-tations thématiques sur les problèmes de développement a débuté. La priorité pre-mière de la FID est de s'assurer que le diabète est pleinement représenté dans la consulta-tion sur la santé. Cette série culminera avec une réunion de haut niveau de l'OMS et de l'UNICEF au Botswana en mars de cette année afin de formuler des recommanda-tions à l'attention du Groupe de haut niveau de l'ONU sur les priorités futures de la santé.

Au niveau national, l'ONU soutient actuel-lement plus de 50 consultations nationales dans les différentes régions, toutes ouvertes à la société civile. Et au cours des deux pro-chaines années, qui seront marquées par la révision de haut niveau des OMD par l'ONU en septembre 2013 et le processus intergouvernemental qui débutera en 2014, les gouvernements développeront leur posi-tion nationale et négocieront pour finaliser le cadre après 2015.

Avec la FID qui montre la voie à suivre au niveau mondial, un engagement ferme de la part des associations nationales du diabète sera essentiel pour élaborer les positions des gouvernements et maintenir le diabète au cœur du dialogue. Il est capital que l'ensemble des associations membres de la FID main-tiennent la visibilité du diabète en tant que problème de pauvreté – dans les pays à faible et moyen revenu, où l'épidémie est la plus dévastatrice ; et dans les pays à revenu élevé afin de faire évoluer les politiques d'aide au développement et des donateurs. Il est pri-mordial de faire entendre la voix du diabète à tous les niveaux sur la route qui mène à 2015.

il est primordial de faire entendre la voix du diabète à tous les niveaux sur la route qui mène à 2015.

lucy Hadley et mandana KooijmansLucy Hadley est responsable de la gestion des politiques et des activités de sensibilisation au sein de la FID.Mandana Kooijmans est responsable de la gestion des politiques et des activités de sensibilisation au sein de l'Alliance de lutte contre les MNT.

références1 International Diabetes Federation, Diabetes

Atlas - Fifth Edition: 2012 Update. International Diabetes Federation. Brussels, 2012.

2 United Nations. UN Millennium Development Goal 8 – the Global Partnership for Development at a Critical Juncture. MDG Gap Task Force Report. United Nations. New York, 2010.

3. United Nations Resolution A/Res/61/225: World Diabetes Day. United Nations. New York, 2007.

4. United Nations. A/66/L1: Political declaration of the High-level Meeting of the General Assembly on the Prevention and Control of Non-communicable Diseases. New York, 2011.

5. United Nations. A/CONF.216/L.1, The Future We Want – United Nations Conference on Sustainable Development (Rio+20). United Nations. New York, 2012.

Appel à l'actionDans un monde toujours plus complexe, au sein duquel de multiples menaces – de l'économie à l'environnement – affectent la sécurité mondiale, des progrès en termes de développement ne seront réalisés qu'au tra-vers d'efforts collectifs pour assurer la santé et la productivité des gens. La FID travaille de concert avec la communauté plus large de la santé pour amener des progrès au niveau de la santé pour tous, et s'assurer que la menace très grave que fait peser le diabète est pleine-ment prise en compte. Il existe un mandat épidémiologique, politique et humanitaire clair en faveur de l'intégration du diabète dans le futur agenda pour le développement. Alors que les spéculations vont croissants concer-nant l'état et le visage du monde après 2015, nous exhortons la communauté mondiale du diabète à rejoindre notre campagne, afin de garantir un avenir en bonne santé.

la camPagne mondiale

Page 11: PersPectiVes globAles sur le diAbète Volume 58 – Avril 2013

DiabetesVoiceAvril 2013 • Volume 58 • Numéro 1 11

ASSOCIATION éTHIOPIENNE DU

DIABèTE – lutter contre le diabète contre vents et marées

Ahmed Reja et Misrak Tarekegn

l'association éthiopienne du diabète (EDa) a vu le jour en janvier 1984 en réponse au pro-blème croissant du diabète dans le pays. l'association médicale éthiopienne a joué un rôle fon-damental dans la création de l'EDa. Bien que l'EDa soit une organisation caritative enregis-trée légalement, qui s'efforce d'améliorer la vie des personnes atteintes de diabète, elle est parrainée par le ministère de la santé. il s'agit en effet de la seule organisation à œuvrer pour améliorer la vie des per-sonnes atteintes de diabète en Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé du continent africain avec plus de 92 millions d'habitants.

Depuis sa création, l'EDA est restée à la pointe des efforts de sensibilisation des per-sonnes atteintes de diabète, quel que soit leur situation socio-économique. L'EDA est la première association d'Éthiopie axée sur les patients et compte actuellement 39 succursales régionales. 99 % de nos 15 000 membres et plus à travers le pays sont des personnes atteintes de diabète. L'Association est gouvernée par une Assemblée Générale, composée de représentants des succursales régionales. Les membres du comité sont élus pour une période de quatre ans confor-mément aux statuts de l'Association, qui stipulent également que le président ou le vice-président (ou les deux) doit être un pro-fessionnel des soins de santé. Nos activités au quotidien sont assurées par les employés de l'Association, actuellement au nombre de cinq travailleurs permanents et deux béné-voles à temps plein.

Début 2009, l'Association s'est lancée dans des activités de sensibilisation visant à ame-ner des changements significatifs dans la vie des personnes atteintes de diabète. Elle a endossé un rôle de plus en plus impor-tant au sein de la Fédération internationale du diabète (FID) pour la région Afrique et a entrepris des actions pour introduire des améliorations durables dans les do-maines du diabète et d'autres maladies non transmissibles (MNT). Nous participons désormais activement à la formation des professionnels de la santé et à l'éducation thérapeutique aux personnes atteintes de diabète, ainsi qu'au travail de sensibilisation aux droits de l'homme. L'EDA soutient éga-lement activement des programmes visant à aider les enfants défavorisés atteints de diabète, comme les programmes Life for a Child de la FID et Changing Diabetes in Children de Novo Nordisk. Deux pro-

la camPagne mondiale

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12 DiabetesVoice

jets collaboratifs sont en cours avec la Fondation mondiale du diabète afin de renforcer les capacités dans 12 hôpitaux et d'améliorer les soins des yeux liés au diabète dans cinq hôpitaux universitaires.

L'Association travaille en étroite association avec le ministère de la santé et a joué, il y a cinq ans, un rôle actif dans la mise sur pied d'un groupe de travail de lutte contre les MNT en collaboration avec le ministère de la santé, avec le soutien de l'Organisation mondiale de la santé (le bureau éthiopien de l'Organisation a désigné un secrétaire pour le groupe de travail). L'EDA est représentée au sein de ce groupe de travail par son président et son directeur de programme.

L'OMS a engagé un consultant afin d'aider le groupe à procéder à une analyse situa-tionnelle du diabète et des autres MNT dans

le pays. Sur la base des résultats de cette analyse, une série de réunions et d'ateliers ont été organisés afin d'encourager toutes les parties prenantes actives dans le secteur de la santé et de souligner la nécessité d'une intervention urgente pour juguler la vague des MNT. Ces activités se sont traduites par la publication par le ministère de la santé d'un document stratégique sur les MNT. Notre contribution active nous a permis de constituer un comité directeur du diabète auquel participe le ministère. La Directive mondiale pour le diabète de type 2 de la FID a été approuvée en tant que support de for-mation des professionnels de la santé.

L'Association était un membre important d'un consortium d'organisations actives dans le domaine des MNT, qui au début de son existence, a organisé des événements de sen-sibilisation de grande envergure en vue de la réunion de haut niveau de l'ONU sur les MNT à New York. En 2011, le nouveau consortium a tenu sa première assemblée générale, spon-sorisée par le Management Sciences for Health, une ONG qui vise à renforcer les systèmes de santé. Compte tenu de son engagement à ce jour et de son partenariat étroit avec le

ministère éthiopien de la santé, l'EDA a été choisie pour présider le consortium.

Le gouvernement a à nouveau témoigné de son soutien à l'occasion du sixième cours postuniversitaire clinique avancé sur la gestion du diabète et de ses complications, organisé conjointement par l'Association européenne pour l'étude du diabète, l'Asso-ciation américaine du diabète et la FID à Addis-Abeba en novembre 2011. Le discours d'ouverture a été délivré par Hailemariam Desalegn, alors vice-Premier ministre et aujourd'hui Premier ministre. Le ministre était par ailleurs présent au dîner organisé au Grand Palace le deuxième jour. Il s'agis-sait d'une opportunité unique pour les 300 participants et plus à la formation.

L'Association a eu des discussions avec des fonctionnaires de haut niveau, dont le

l'EDa a joué un rôle actif dans la mise sur pied d'un groupe de travail de lutte contre les mnt en collaboration avec le ministère de la santé.

il existe un terrain propice pour l'amélioration de la vie des personnes atteintes de diabète, en particulier, et de mnt, en général.

la camPagne mondiale

De gauche à droite : Dr ahmed reja (Président de l’EDa), Berhan Ejigu et atsede Gidey (infirmières spécialisées en diabétologie), misrak tarekegn (responsable de programme à l’EDa), Dr. Demeke mekonnen (pédiatre)

Avril 2013 • Volume 58 • numéro 1

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ministre du commerce et de l'industrie, le ministre de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme, le ministre adjoint des affaires étrangères et le ministre du tourisme. La réponse reçue par l'Association est positive et nous conduit à affirmer qu'il existe un terrain propice pour l'amélioration de la vie des personnes atteintes de diabète, en particulier, et de MNT, en général.

Mais malgré ces succès, nous travaillons "contre vents et marées" car les maladies transmissibles demeurent la priorité du ministère de la santé. En fait, notre pays est confronté à un triple fardeau : les maladies transmissibles, la pauvreté et les MNT. En dépit de la participation de nos associations nationales et de nos succursales à des ses-sions éducatives mensuelles à l'intention du public et des personnes atteintes de diabète, la sensibilisation à l'ampleur et à la gravité de la menace du diabète est insuffisante. Le diabète et les autres MNT ne constituent pas une priorité sur l'agenda de bon nombre de nos partenaires. L'EDA est par ailleurs confrontée à des contraintes importantes en termes de ressources humaines et de budget.

Notre système de soins de santé est organisé pour lutter contre les maladies transmissibles

ahmed reja et misrak tarekegnAhmed Reja est vice-président de la faculté des sciences de la santé de l'Université d'Addis-Abeba et président de l'Association éthiopienne du diabète.Misrak Tarekegn est directeur de programme de l'Association éthiopienne du diabète.

et n'a pas la capacité nécessaire pour s'attaquer aux MNT. Malgré l'existence de plusieurs ONG, aucune ne se consacre exclusivement au diabète et aux autres MNT. Le manque de professionnels de la santé formés à la prise en charge des MNT constitue un obstacle majeur à nos efforts pour améliorer la vie des personnes atteintes de diabète. L'éducation thérapeutique est absente des programmes de suivi des hôpitaux destinés aux personnes atteintes de diabète ; les rendez-vous sont sporadiques ; et la gestion autonome de la glycémie est quasiment inexistante. Les personnes doivent choisir entre acheter de la nourriture ou les médicaments onéreux nécessaires à leur survie.

L'EDA a pu discuter avec l'Ethiopian Pharmaceutical Fund and Supply Agency, qui assure l'approvisionnement de l'en-semble des institutions de santé publique en médicaments. D'après ces fonctionnaires, même si l'agence est disposée à fournir des

médicaments aux institutions, celles-ci ne veulent pas acheter tous les médicaments oraux ou l'insuline requis car ceux-ci ab-sorbent l'essentiel de leur budget. Les hôpitaux n'ont tout simplement pas la capacité pour fournir tous les médicaments requis, une situation qui pose problème à l'Association.

Nous considérons toutefois nos succès comme autant de témoignages de notre force et veillerons à conserver notre entrain et nos pensées positives. Il existe des possibi-lités d'amélioration de la vie des personnes atteintes de diabète et d'autres MNT. Des opportunités s'offrent à nous, comme la réso-lution de l'ONU sur le diabète, la Déclaration politique de l'Assemblée générale de l'ONU sur les MNT, la décision de l'Assemblée géné-rale de l'ONU concernant la prévention des MNT, la Déclaration africaine sur le diabète, l'intérêt émergent accordé par le ministère de la santé aux MNT et aux soins de santé tertiaires et la formation du Consortium éthiopien sur les MNT.

Il est important pour nous d'obtenir le soutien de divers partenaires afin de souligner les problèmes économiques, sociaux et de santé publique importants engendrés par le diabète et d'autres MNT. Ce n'est qu'au travers d'ef-forts concertés que nous pourrons prévenir les effets dévastateurs du diabète. L'EDA est plus que jamais déterminée à collaborer avec ses partenaires pour atténuer les souffrances des personnes atteintes de diabète.

la camPagne mondiale

marche en groupe pour sensibiliser aux mnts à addis-abeba.

nous travaillons "contre vents et marées" car les maladies transmissibles demeurent la priorité du ministère de la santé.

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DiabetesVoice Avril 2013 • Volume 58 • Numéro 114

la camPagne mondiale

L'influence des médias sociaux sur le traitement et les soins autonomes du diabèteClaudia Labate

les progrès technologiques dans le domaine de la

communication encouragent l'idée d'un village mondial,

en étendant la capacité d'un individu à "être" partout ou

tout moment, et en favorisant de liens forts instantanés entre des internautes du

monde entier. l'auteure se penche ici sur le pouvoir

des médias sociaux en tant que clé d'accès à des connaissances collectives

et, au final, d'amélioration des soins et de la gestion

autonome du diabète.

Nous assistons aujourd'hui à un changement de paradigme dans la confiance des consom-mateurs à l'égard des canaux de communi-cation. Les consommateurs se fient de plus en plus aux recommandations d'amis et aux avis qu'ils lisent en ligne au détriment des messages traditionnels vus à la télévision ou dans des revues papier. Si l'on en croit les spécialistes en marketing mondiaux, les grandes entreprises non représentées sur les médias sociaux en ligne perdent d'impor-tantes sommes d'argent à chaque seconde qui passe. Les bloggeurs anonymes rédigeant des blogs "indépendants" ou écrivant sur des pages Facebook personnelles détiennent tout à coup un pouvoir de persuasion très grand sur les consommateurs devenus méfiants à l'égard des messages de marketing d'entre-prise présentés de façon traditionnelle.

Des médias sociaux pour les ONGLes médias sociaux peuvent également pré-senter une grande valeur pour la société civile et les ONG, même si la liste des fonctions est probablement différente. Les ONG ne visent pas les ventes, mais des objectifs ou des résul-tats – collecte d'insuline ou de fournitures du diabète utilisables pour les 8 000 enfants dans le besoin à travers le monde comme dans le cas du programme Life for a Child de la FID ; campagne de la Juvenile Diabetes Research Foundation (JDRF) afin de réunir des millions de dollars pour soutenir la recherche d'un

remède au diabète de type 1 (elle a recueilli 1,6 milliard de dollars depuis 1970) ; ou campagne lancée en 2012 par la Fédération internationale du diabète (FID) et ciblée sur les donateurs bilatéraux et multilatéraux afin de pallier le manque de fonds pour le diabète et les mala-dies non transmissibles.

Pour atteindre ces résultats, une des solutions serait de recruter de nouveaux membres, qui pourraient être amenés à faire don d'argent ou de leur temps, à diffuser les messages de la campagne, à écrire des courriers, à partici-per à des manifestations ou à exécuter toute tâche nécessaire à la réalisation des objectifs de la campagne. À cet égard, l'utilisation des médias sociaux pour recruter de nouveaux membres et mobiliser et encourager ceux exis-tants pourrait s'avérer bien plus efficace que les modes de communication traditionnels.

Les réseaux sociaux sont l'environnement idéal pour lancer un mouvement et rallier des gens à une cause. Les pages Facebook, les chats sur Twitter, les blogs et les vidéos publiées sur YouTube ou d'autres sites peuvent en effet accroître considérablement la présence d'une organisation sur le Web à faible coût.

Quelques exemples de réussiteTudiabetes.org est un réseau social créé pour parler uniquement de problèmes liés aux

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différents types de diabète. La communauté soutient également les actions de la Journée mondiale du diabète en appuyée par la FID. Cette communauté compte des membres de la Californie jusqu'au Brésil.

Já Mediu ? ("Avez-vous mesuré ?") est le pre-mier réseau social brésilien dédié au diabète.

Facebook compte de nombreux groupes actifs dans le domaine du diabète. Jóvenes con Diabetes – América Central y Sul (Jeunes atteints de diabète – Amérique du Sud et cen-trale) a récemment vu le jour dans le but de partager des expériences personnelles, d'encou-rager des échanges professionnels et d'entre-prendre des actions conjointes via Internet.

Les Young Leaders in Diabetes (Jeunes lea-ders du diabète) de la FID est une commu-nauté qui réunit des jeunes du monde entier et encourage des discussions sur tous les aspects du diabète, de A à Z – des projets locaux auxquels ces leaders participent aux publications, en passant par des événements, les nouvelles technologies et idées et les ques-tions liées à leur traitement.

C'est avec le proverbe "Une image en dit plus que de longs discours" à l'esprit qu'une image a été publiée sur Facebook (sur la page Blue Power Diabetes). L'effet de contagion a été immédiat puisqu'elle a été vue par plus de 10 000 utilisateurs uniques en à peine deux jours. La légende suivante l'accompagne : Le diabète n'est pas contagieux, montrer le bon exemple oui. Croyez-le ou non, certaines personnes continuent de croire que le dia-bète peut être contagieux !

Un processus d'apprentissageDe nos jours, il est courant pour une per-sonne qui a récemment pris conscience d'un problème de chercher une communauté en ligne à ce sujet et de parcourir les com-mentaires des utilisateurs qui ont partagé leurs expériences. Grâce à cette banque de connaissances collectives, la personne peut

réfléchir à son problème, explorer les infor-mations disponibles et trouver la force d'agir. Ces connaissances peuvent en outre engen-drer une spirale d'apprentissage continue.

Cependant, contrairement à la croyance populaire, toutes les communautés ne pro-posent pas des formations en ligne indépen-dantes à leurs utilisateurs. L'une des hypo-thèses serait que les communautés ont besoin de meneurs, de leaders d'opinion, qui soient des protagonistes et contribuent à la gestion des connaissances. Étant mieux informés, ils se chargeraient de communiquer leur savoir aux autres utilisateurs.

Cela ne signifie cependant pas que les com-munautés ont besoin de médiateurs pour pouvoir assurer l'apprentissage. Des études indiquent que les informations parfois inexactes publiées dans les communautés sont "autogérées" par les utilisateurs, et qu'il s'agit là d'un élément clé du processus d'apprentissage collectif.

ConclusionLes communautés en ligne servent de cata-lyseur dans le processus d'apprentissage de

la personne atteinte de diabète, en accélé-rant les changements de comportement et l'adoption de nouvelles habitudes. Le fait d'échanger des expériences avec des per-sonnes confrontées à des situations simi-laires peut aider les gens à se sentir plus à l'aise au moment de poser des questions à leur prestataire de soins – ayant davantage analysé leurs doutes et à leurs sentiments, ce qui leur permet d'être mieux en mesure de prendre des décisions informées.

Le "patient" peut "s'approprier" son diabète et être moins passif vis-à-vis de son propre traitement, en acquérant la confiance néces-saire pour remettre en question et adapter les connaissances médicales scientifiques à la réalité vécue par son propre organisme – et maintenir ainsi son diabète sous contrôle.

Claudia labateClaudia Labate est conseillère et représentante de la région Amérique du sud et centrale et du Brésil pour le projet des Young Leaders in Diabetes de la FID.

8%92%Recommandations de personnes que je connais

Contenu rédactionnel tel qu'articles de journaux 58% 42%

Avis de consommateurs publiés en ligne 70% 30%

Sites web de marques 58% 42%E-mails auxquels je me suis inscrit 50% 50%

Publicités télévisées 47% 53%Sponsoring par des marques 47% 53%

Publicités dans des magazines 47% 53%Panneaux d'affichage et autres publicités extérieures 47% 53%

Publicités dans les journaux 46% 54%Publicités à la radio 42% 58%

Publicités précédant la diffusion de films 41% 59%Placements de produits dans des programmes télévisés 40% 60%

Publicités proposées dans les résultats de moteurs de recherche 40% 60%

Vidéos publicitaires en ligne 36% 64%Publicités sur les réseaux sociaux 36% 64%

Bannières publicitaires en ligne 33% 67%Images publicitaires via des appareils mobiles 33% 67%

Textes publicitaires via des téléphones mobiles 29% 71%

Confiance totale /Confiance relative

Dans quelle mesure faites-vous confiance aux formes suivantes de publicité ? (Moyenne mondiale) Peu de confiance /

Aucune confiance

Source : Nielsen Global Trust in Advertising Survey, Q3 2011

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DiabetesVoice Avril 2013 • Volume 58 • Numéro 116

la camPagne mondiale

Un avant-goût de MelbournePaul Zimmet

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DiabetesVoiceAvril 2013 • Volume 58 • Numéro 1 17

la camPagne mondiale

Histoire de vous mettre en appétit, Diabetes Voice vous proposera dans les prochains numéros des informations en avant-première sur le programme du Congrès mondial du diabète 2013, qui se déroulera à Melbourne, en Australie, du 2 au 6 décembre. Au cours des prochains mois, les responsables des différents thèmes du con-grès (voir ci-dessous) vous donneront un avant-goût du contenu de leurs programmes.

Le programme scientifique du congrès compte sept thèmes, dont cinq "traditionnels" :■ Science clinique et fondamentale (Professeur Mark Cooper)■ Éducation et soins intégrés (Professeur Angus Forbes)■ Les défis sanitaires mondiaux (Professeur Linong Ji)■ Vivre avec le diabète (Professeur João Manuel Valente Nabais)■ Santé publique et épidémiologie (Professeur Jonathan Shaw)

Quant aux deux autres thèmes, il s'agit de sujets nouveaux, introduits pour la première fois à Melbourne, à savoir :■ Le diabète au sein des populations indigènes (Professeur Alex Brown)■ La recherche sur le diabète au 20e siècle : perspective historique

(Professeur Pierre Lefèbvre)

Paul ZimmetLe Professeur Zimmet est président du Comité du programme pour le Congrès mondial du diabète de 2013.

Le fardeau croissant du diabète au sein des populations indigènes nous a poussés à introduire le thème Indigènes. Les taux de préva-lence très élevés signalés il y a près de 50 ans parmi les Indiens Pima d'Amérique et les Micronésiens de Nauru touchent désormais de nombreux autres groupes indigènes de la planète. Ce thème proposera une vue d'ensemble des problèmes sociaux, de la prévalence, des comorbidités associées et des stratégies de prévention pertinentes sur le plan ethnique et culturel.

Peut-être vous demandez-vous pourquoi nous avons introduit un thème en apparence "tourné vers le passé" – l'histoire du diabète au 20e siècle ? La raison pourrait paraître irrespectueuse aux yeux des nouveaux et jeunes chercheurs dans le domaine du diabète ! Le Professeur Pierre Lefèbvre, responsable du thème, et moi-même avons toutefois estimé qu'il était essentiel de couvrir ce sujet. Il semble qu'avec l'avènement de PubMed et autres bases de données similaires, des découvertes antérieures essentielles dans le domaine du diabète ne soient généralement pas référencées dans les publications contemporaines. À titre d'exemple, permettez-moi de citer le récent article publié dans Nature. Celui-ci détaillait les mécanismes liés à l'action du récepteur de l'insuline. Aucune mention n'était faite de l'article, pourtant historique en termes de recherche sur le diabète et sur le système endocrinien, rédigé à la fin des années 1970 par Jesse Roth et traitant de la découverte du récepteur de l'insuline. Le thème Histoire inclura des conférences de sommités dans la recherche sur le diabète telles que Jesse Roth, Jørn Nerup, Pierre Lefèbvre et George Alberti.

J'espère que ces nouveaux thèmes rencontreront un vif succès et renforceront l'intérêt et les discussions autour de la recherche, des soins et de la prévention du diabète. Pour faire suite à la nouveauté introduite avec les conférences de remise de prix de la FID de Dubaï – qui ont remplacé les présentations de remise de prix régionales lors des Congrès de la FID, nous organiserons, pour chaque thème, une conférence de remise de prix présidée par une personnalité éminente de la recherche ou des activités liées au diabète en rapport avec le thème en question.

En tant que président du Comité du programme, je me réjouis de savoir que Diabetes Voice vous tiendra informé très tôt du programme et de ses objectifs. J'attends avec impatience de vous accueillir à Melbourne – récemment désignée comme étant la ville la plus agréable à vivre de la planète – sous notre merveilleux climat estival !

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la camPagne mondiale

Les communautés indigènes représentent près de 5 % de la population mondiale – soit pas loin de 400 millions de personnes. L'intérêt international accru à l'égard des be-soins sanitaires et sociopolitiques des peuples indigènes s'est reflété dans la Déclaration de l'ONU sur les droits des personnes indi-gènes de 2007. Celle-ci reconnaît notam-ment que les peuples indigènes représentent quelques-unes des communautés les plus

impact du diabète sur les populations indigènes – mettre un terme à la spirale du malAlex Brown

pauvres et marginalisées des États-nations. Le Congrès international du diabète 2013 de la Fédération internationale du diabète (FID) à Melbourne, en Australie, proposera pour la première fois un thème dédié à des discussions approfondies sur les problèmes indigènes. Derrière ce thème, l'objectif est de promouvoir des actions pour surmonter le fardeau effroyable du diabète sur les peuples indigènes.

Malgré les liens importants qui nous unissent à travers le monde, l'hétérogénéité demeure la caractéristique la plus tenace de l'expé-rience indigène – que ce soit au sein ou à travers les groupes culturels. Il n'existe pas de réalité "pan-indigène". Que du contraire : il existe des différences énormes au sein des populations indigènes et entre celles-ci en termes de contexte, d'histoire, d'impact de la colonisation et de progrès dans la lutte pour la préservation de la culture, les droits légaux, sociaux et institutionnels et l'accès aux terres et aux territoires.

La représentation la plus pressante et constante est celle d'un désavantage commun en matière de santé et de statut social. Dans de nombreux pays, les populations indigènes affichent une

le Congrès mondial du diabète 2013 mettra l'accent sur le défi du diabète au sein des communautés indigènes.

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espérance de vie plus courte et un taux de mor-talité infantile et prématurée des adultes supé-rieur, en plus d'occuper les couches sociales les plus basses. Parmi la liste de préoccupations critiques, les maladies non transmissibles sont la cause principale, ou l'une des principales causes, des décès prématurés, des handicaps et des disparités en matière de santé. Ce n'est pas uniquement la célébration de périodes de sagesse et la capacité à nouer des contacts les uns avec les autres et avec le monde qui nous entourent qui nous unissent, mais notre expérience commune de la maladie.

Le diabète est une épidémie mondiale, à laquelle les peuples indigènes paient bien souvent un tribut disproportionné. En Australie, par exemple, jusqu'à 30 % des populations aborigènes et indigènes du dé-troit de Torres sont atteintes de diabète de type 2. Dans certaines communautés, plus de la moitié des adultes de plus de 50 ans sont affectés. Le diabète est également la cause la plus fréquente d'insuffisance rénale terminale. La rétinopathie diabétique est la principale cause de cécité au sein de la population en âge de travailler et le diabète est une condition comorbide chez plus d'un tiers des personnes souffrant d'insuffisance cardiaque. Le diabète est un facteur déclen-cheur majeur de maladies cardiovasculaires, lesquelles demeurent la principale cause de décès et d'handicaps chez les personnes atteintes de diabète. Pour les Australiens in-digènes, le diabète, les maladies cardiaques et l'insuffisance rénale chronique contribuent pour plus de moitié à l'écart constaté au niveau de l'espérance de vie.

Le thème innovant visant à mettre en lumière les problèmes indigènes est passionnant de par son ampleur et l'expertise scientifique, politique et clinique des orateurs invités. Le programme inclut des discussions étendues sur les travaux historiques menés chez les Indiens Pima d'Amérique du Nord, qui ont contribué à notre compréhension de l'impact étendu et préoccupant du diabète sur les communautés vulnérables. L'amélioration des modèles cliniques de soins et des appro-ches de prévention communautaires demeu-reront un objectif central tout au long des sessions de ce thème. Un vaste débat sera organisé afin d'améliorer notre compréhen-sion et les solutions qui peuvent nous aider à surmonter les déterminants complexes du diabète au sein des populations indi-gènes – et le rôle des États-nations dans la création et, partant, la réduction des dispa-rités. Des symposiums dédiés se pencheront sur l'impact du diabète sur les femmes, les jeunes et les enfants issus de communautés indigènes. Nous pourrons en outre compter sur la présence de guérisseurs traditionnels du monde entier, qui nous feront partager leur expérience du diabète au sein de leurs communautés, et les approches de lutte con-tre celui-ci, d'un point de vue culturel.

La réduction des disparités au niveau des taux et de l'impact du diabète grâce à des réformes sociales et des soins de santé appropriées re-présente un défi majeur, qu'il sera difficile de surmonter – en particulier dans la mesure où ces réformes exigent une action coordonnée au sein de, et entre, les institutions de soins de santé et sociales liées à la santé, ainsi qu'à travers une série de structures de financement gouvernementales complexes. Quoi qu'il en soit, la FID et le Congrès mondial du diabè-te constituent un point de départ essentiel en vue de coordonner les efforts cliniques, politiques et de recherche des principaux experts de la planète en vue d'améliorer la santé et le bien-être de nos citoyens les plus vulnérables. Peut-être que si nous nous ap-puyions sur la sagesse des anciens indigènes

alex BrownLe Professer Brown est chef de l'institut Aboriginal Health, South Australian Health and Medical Research Institute, à Adelaïde, en Australie. Il dirige le thème consacré à la santé indigène du Congrès mondial du diabète de la FID à Melbourne, en 2013.

référence1 William Tilmouth. Coercive Reconciliation:

Stabilise, Normalise, Exit Aboriginal Australia. Eds: Altman J, Hinkson M. Arena Publications. Melbourne, 2007.

Pour les australiens indigènes, le diabète, les maladies cardiaques et l'insuffisance rénale chronique contribuent pour plus de moitié à l'écart constaté au niveau de l'espérance de vie.

en guise de point de départ, nous serions à même de créer un avenir meilleur pour tous. Dans un essai daté de 2007,1 William Tilmouth, ancien directeur général du conseil de Tangentyere (Alice Springs), met en garde contre l'association entre le mal et la santé pendant la période coloniale, et compte sur les piliers de la vie aborigène pour reconstruire et consolider les bases d'une vie saine.

"Cette absence de reconnaissance du savoir-faire, des connaissances et de la sagesse des peuples aborigènes ne fait qu'accroître le mal qui est fait. Elle est l'essence même de la bles-sure laissée par la colonisation, vécue et revé-cue à travers des générations successives. La cible première de tout ce mal est le fondement même de la vie aborigène : notre loi, notre famille, notre pays et l'obligation de veiller les uns sur les autres. Ces différents principes guident chaque aspect de la vie aborigène. Ils créent et soutiennent l'harmonie avec toute chose et toute personne à travers le temps. Ils guident notre survie face à toute cette adver-sité. Ils gouvernent nos relations, nos obliga-tions et nos responsabilités les uns envers les autres et toutes les choses qu'offre la nature. Ils empêchent l'épuisement des ressources et garantissent au contraire leur durabilité à tout jamais. Ils soutiennent des environnements, une alimentation et un style de vie sains, tant sur le plan spirituel qu'émotionnel ou encore physique et mental. Ils sont les fondements d'une vie saine."1

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DiabetesVoice Avril 2013 • Volume 58 • Numéro 120

Lorsque les dinosaures vivaient sur Terre…

La recherche sur le diabète au 20e siècle : perspective historiquePierre Lefèbvre

C'est à mao tsé-toung que l'on doit le fameux adage intemporel

"Connaître le passé pour comprendre le présent et préparer l'avenir". Ces

mots avisés ont été repris en guise de devise d'un nouveau thème du Congrès mondial du diabète de la

fédération internationale du diabète (fiD) qui se tiendra à melbourne plus

tard cette année – la recherche sur le diabète au 20e siècle : perspective

historique. En dépit du titre de cet article, ne comptez pas vous retrouver dans un Jurassic Park

de l'endocrinologie, qui vous ferait découvrir les origines préhistoriques

du diabète – sur la base de millions d'années de fossiles de dinosaures

et d'insectes préservés dans des gouttes d'ambre anciennes...

si seulement nous avions pu ! Quoi qu'il en soit, ce thème vous

révélera les origines d'une grande partie de nos connaissances

actuelles en matière de diabète – et il y aura des dinosaures.

la camPagne mondiale

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DiabetesVoiceAvril 2013 • Volume 58 • Numéro 1 21

Cette perspective historique inclura plu-sieurs sessions scientifiques exceptionnelles dirigées par les pionniers mêmes qui ont remis en cause les premières connaissances scientifiques et ont formulé les positions actuelles dans des domaines clés du diabète.

Les dix sessions d'une heure qui constituent le thème emmèneront le public dans un voyage, qui aurait semblé inconcevable au cours du précédent millénaire. Chacune des conférences sera dirigée par un des in-novateurs qui, à l'époque, ont joué un rôle crucial dans l'élaboration de connaissances susceptibles de préserver la vie, et sont restés à l'avant-garde de leur domaine – malgré le passage des années !

Dans le cadre de ce thème, peut-être plus que dans beaucoup d'autres, il sera intéressant d'écouter les discussions entre le président de chaque session et le conférencier à l'honneur. Et pour bon nombre de participants, ces ses-sions seront une occasion unique de discuter avec une légende vivante de la recherche sur le diabète. En guise de mise en bouche, vous trouverez ci-dessous une sélection de sujets qui seront couverts dans le cadre de ce nouveau thème.■ La recherche sur l'insuline – un domaine

central pour comprendre les hormones et leur fonctionnement

■ L'interaction entre l'auto-immunité et la génétique dans le diabète de type 1

■ L'étrange histoire du glucagon – spectateur occasionnel ou acteur majeur du diabète ?

■ L'évolution de l'insulinothérapie, depuis les extraits pancréatiques utilisés à Toronto en 1921 aux insulines de pointe d'aujourd'hui

■ Évolution de la gestion du diabète de type 2 – perspectives passées, présentes et futures

■ Le diabète chez les enfants – le parcours long et difficile depuis la sentence de mort initiale à une espérance de vie normale

■ Le point sur les progrès de la génétique – du "cauchemar des généticiens" d'hier à la réalité d'aujourd'hui

■ Gros plan sur la boîte à outils du diabète – depuis le test de l'urine, notamment en la goûtant, à la surveillance continue de la glycémie, en passant par le piquage du doigt et l'HbA1c

■ La riche histoire du diabète gestationnel■ La saga de l'alimentation au cours des 100

dernières années : d'un régime draconien aux composantes d'un style de vie sain

L'idée originale de ce thème ne pouvait naître que dans l'esprit d'un homme qui a lui-même une longue perspective historique du diabète : Paul Zimmet, le président du Comité du pro-gramme. À l'instar du maître Kanbei dans Les sept Samouraïs de Kurosawa, le Professeur Zimmet a fait appel à moi et à d'autres ex-perts aguerris aux techniques de laboratoire – George Alberti, JJ Gagliardino, Anant Nigam,

la camPagne mondiale

Pierre lefèbvrePierre Lefèbvre est responsable du thème "La recherche sur le diabète au 20e siècle : perspective historique" au Congrès mondial du diabète à Melbourne.

Jesse Roth, Samad Shera et John Turtle – et, loin d'être las de faire campagne, nous avons sauté sur l'occasion de partager les connais-sances engrangées au fil des décennies au travers de notre modeste contribution à ces recherches révolutionnaires.

En réponse à notre invitation à participer à ce thème, un de nos conférenciers a confirmé qu'il serait plus que ravi de collaborer en qualité de "dinosaure vivant". Ainsi en sera-t-il donc, chers participants au congrès de la FID à Melbourne : vous aurez l'occasion de rencontrer plusieurs dinosaures bien vivants de la recherche sur le diabète ! Plaisanterie à part, notre liste de conférenciers s'apparente au bottin mondain de la recherche sur le dia-bète du 20e siècle. Ils vous diront quels étaient les défis au moment où ils ont apporté leur pierre à l'édifice – les jeunes chercheurs pou-rraient tirer des enseignements de notre travail – et je ne doute pas un instant que leur enthousiasme implacable, leur immense talent et leur générosité vous surprendront. Je vous invite à ne pas rater cette opportunité en or d'entendre ces personnalités qui ont écrit l'histoire du diabète.

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DiabetesVoice Avril 2013 • Volume 58 • Numéro 122

soins de santé

le théâtre communautaire pour promouvoir l'éducation et la prévention du diabète dans les îles fidjiPhilip Szmedra

"Ce que nous entendons, nous l'oublions ; ce que nous voyons, nous le retenons ; ce

que nous faisons, nous le comprenons."

De nombreuses nations des îles du Pacifique sont confrontées à une épidémie de diabète : 40 % de la population adulte de Nauru sont affectés par la condition, de même que 26 % des adultes des îles Samoa, et 25% des groupes indigènes fidjiens et indo-fidjiens des îles Fidji.1 Ces taux de prévalence élevés ont été imputés à l'urbanisation croissante, aux changements d'alimentation et aux styles de vie de plus en plus sédentaires. Des re-cherches épidémiologiques ont clairement établi le lien entre les conséquences de ces niveaux de vie supérieurs et la détérioration de la santé.2 Les populations de la région pourraient également présenter une pré-disposition génétique au diabète de type 2 et à l'obésité – ladite hypothèse du "gène d'épargne" (Thrifty Gene) –, qui fait que la capacité à stocker de la graisse, autrefois bé-néfique pour les premiers colons des îles du Pacifique, est depuis lors devenue néfaste.3 Ainsi que l'a commenté Paul Zimmet, un éminent chercheur australien en diabète, "Le diabète sera au 20 premières années de

un groupe de chercheurs américains s'est appuyé sur la déclaration anonyme ci-dessus pour formuler une hypothèse destinée à amé-liorer les résultats du diabète – qui incarne toute la puissance du théâtre communautaire. le principe de base consiste à impliquer les gens dans le processus éducatif, à instaurer des relations dans lesquelles ils se sentent à l'aise, sont divertis et ont le sentiment de pouvoir accepter facilement et, surtout, intégrer dans leur quotidien le message qui leur est transmis. les tentatives des ministères de la santé de la région des îles du Pacifique pour encourager un change-ment de comportement afin de prévenir le diabète et/ou d'améliorer sa gestion et le bien-être général se sont avérées infructueuses. l'auteur de cet article est convaincu qu'un programme de théâtre communautaire de qualité peut contribuer à améliorer la vie des habitants des îles du Pacifique affectés par le diabète.

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DiabetesVoice 23Avril 2013 • Volume 58 • numéro 1

soins de santé

a tenté de mesurer l'impact des maladies liées au style de vie sur le développement économique. Force a été de constater que les méthodes éducatives utilisées par les ministères de la santé, telles que les bro-chures, les posters, les conférences et les publicités du service public dans les médias locaux, n'avaient pas d'impact réel sur les populations cibles. Les habitants de ces îles ne percevaient pas ces sources d'informa-tion comme des outils importants pour la gestion ou l'amélioration de leur condition physique et leur bien-être. Mais surtout, nos travaux ont montré que la lecture des

ce siècle ce que le SIDA a été au 20 dernières années du 20e siècle. Il déferle actuellement sur Nauru, les îles Marshall et Tonga. Quelle que soit l'île, le diabète constitue la principale menace sanitaire."

Cela n'a pas toujours été le cas. Avant que l'influence occidentale ne se fasse lourdement ressentir dans la région du Pacifique, à partir du19e siècle, mais surtout après la deuxième Guerre mondiale, le régime alimentaire des habitants des îles du Pacifique se composait de racines, de fruits et de légumes tropicaux, de poisson et de gibier – autant d'aliments riches en nutriments et pauvres en glucides et lipides transformés. L'incidence de l'obésité ou des maladies caractérisées par un surpoids majeur, dont le diabète de type 2, était faible.

Peu avant la naissance du mouvement d'in-dépendance dans la région dans les années 1960, l'économie salariale a commencé à s'imposer et la population a pu, pour la pre-mière fois, se permettre d'importer de la

nourriture plutôt que d'élever des animaux, pêcher ou chasser. Les aliments importés étaient, et continuent d'être, beaucoup plus riches en glucides, en sel, en lipides et en cholestérol que les aliments traditionnels des îles. Cette transformation économique s'est traduite par une "transition de la mortalité", et les habitants ont commencé à développer des maladies non transmissibles (MNT) et infectieuses et à en mourir.

Problèmes de communicationLors de précédents travaux menés dans les îles Fidji, à Kiribati et à Nauru, notre équipe

Les aliments importés étaient, et continuent d'être, beaucoup

plus riches en glucides, en sel, en lipides et en cholestérol que les aliments traditionnels des îles.

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soins de santé

brochures éducatives et la participation aux programmes d'information concernant la responsabilité en matière de santé ou la ges-tion des maladies suscitaient peu d'intérêt.4

Théâtre communautaireUne autre étape de notre travail consistait à améliorer les modes de diffusion des mes-sages concernant la gestion et la prévention du diabète. Lors de nos travaux précédents, nous avions été impressionnés par la dignité tranquille des personnes patientant de lon-gues heures au centre de soins ambulatoires pour ne passer qu'un court instant avec un médecin ou un infirmier (pour des pro-blèmes de diabète, d'hypertension et/ou de maladie cardiaque).

Nous avons eu l'idée d'utiliser le théâtre communautaire pour attirer l'attention sur des méthodes permettant de mieux gérer la condition et d'améliorer la vie des habitants. Nous pensions que l'utilisation du théâtre communautaire dans ce contexte pourrait être un moyen d'éducation efficace en plus de divertir.

Mesure des résultatsNotre but est de répondre à la question de recherche suivante : les adultes atteints de diabète qui reçoivent une éducation à la condition par le biais du théâtre com-munautaire ont-ils enregistré une amélio-ration de leur taux d' HbA1c à la suite de cette expérience par rapport à avant ? Par

ailleurs, les personnes atteintes de diabète assistant à une représentation du théâtre communautaire affichent-elles des scores Health Promoting Lifestyle Profile II5 et EQ-5D6 supérieurs au groupe de contrôle ayant reçu une éducation au diabète par le biais de sources plus traditionnelles – posters, brochures et conférences de santé publique données par des professionnels de la santé ? Nous avons également décidé d'évaluer dans quelle mesure la détresse liée au diabète peut être affectée par divers degrés d'exposition au théâtre communautaire.

Participation de la communautéBien que le programme initial de théâtre communautaire fasse appel à des acteurs professionnels, la clé pour garantir un impact durable consiste à confier les rôles princi-paux à des membres de la communauté. La formation des membres de la communauté en vue de la sélection des rôles à interpréter, de la préparation des pièces et de la partici-pation aux représentations en tant qu'acteur jouera un rôle déterminant dans le succès de notre initiative.

Ces troupes se rendront dans d'autres villes et villages de l'île pour promouvoir la ges-tion et la prévention du diabète et créer un réseau de "cellules" de théâtre communau-taire dans toutes les îles Fidji. Les membres de ces cellules joueront des variations des principaux thèmes présentés par la troupe professionnelle toutes les deux semaines pen-dant la période de recherche de 24 mois. Nous espérons que cela contribuera à garantir

nous avons été impressionnés par la dignité tranquille des personnes patientant de longues heures au centre de soins ambulatoires pour ne passer qu'un court instant avec un médecin ou un infirmier.

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DiabetesVoice 25

Philip szmedraPhilip Szmedra est professeur d'économie au sein de l'Université d'État de Georgia Southwestern, Americus (Géorgie), aux États-Unis.

remerciementsL'auteur est le chercheur principal de ce projet, soutenu par BRIDGES. BRIDGES est un programme de la Fédération internationale du diabète financé par une bourse éducative accordée par Lilly Diabetes.

références1 South Pacific Commission. Lifestyle Diseases

in Pacific Communities. SPC. Noumea, 2000.

2 Kromhout D, Menotti A, Blackburn H. Prevention of Coronary Heart Disease. Diet, Lifestyle, and Risk Factors in the Seven Countries Study. Kluwer Academic Publishers. New York, 2002.

3. Keating J. Why do the world’s fattest people live on islands? Foreign Policy 4 February 2011.

4. Szmedra PI, Sharma KL, Rozmus CL. Differences in Health Promotion Behavior among the Chronically Ill in Three South Pacific Island Countries. Development in Practice 2007; 17: 291-300.

5. Walker SN, Sechrist KR, Pender NJ. The health promoting lifestyle profile: Development and psychometric characteristics. Nursing Research 1987; 36; 76-81.

6. EuroQol Group, Rotterdam, The Netherlands. http://www.iom.edu/Object.File/Master/23/863/EQ-5D.pdf.

soins de santé

la continuité et la durabilité à long terme du projet. Les troupes d'amateurs recevront un capital initial pour assurer les activités au cours des intervalles de six mois durant les-quels les acteurs professionnels sont absents.

La formation des membres de la commu-nauté permettra de créer un réseau régional informel d'acteurs au potentiel immense, que ce soit pour faire du bien sur le plan social et pour fournir des outils essentiels pour amener un changement social. Nous sommes convaincus que le recours à des citoyens locaux renforcera la sensibilisation et la participation de la communauté, de même que la probabilité d'avoir des effets à long terme positifs et durables.

Plan d'actionNotre plan d'action consiste à nouer des contacts avec la communauté locale et à apprendre de celle-ci. Pour ce faire, nous comptons discuter avec les dirigeants de la communauté et les chefs spirituels, ainsi qu'avec les ONG impliquées dans la santé de la communauté. L'implication de per-sonnes participant aux arts visuels et dra-matiques, ainsi que de personnes éminentes représentant le mélange générationnel de la communauté sera essentielle. Nous voulons développer un outil éducatif à la fois dyna-mique et efficace, tant aujourd'hui que dans le futur – car nous nous attendons malheu-reusement à voir le diabète accabler la région au cours des années à venir.

La troupe de théâtre proposera des repré-sentations mettant l'accent sur la prévention et la gestion du diabète, ainsi que sur des styles de vie sains. Les parodies et les sketchs couvriront les différents thèmes des normes en matière d'éducation à la gestion autonome du diabète de l'Association américaine du diabète, à savoir :■ Le processus de développement du diabète

et les options de traitement■ L'intégration de la gestion de l'alimentation

dans le style de vie

■ L'utilisation des médicaments de manière sûre et de façon à garantir une efficacité thérapeutique maximale

■ La surveillance de la glycémie et la prise de décisions en matière de gestion autonome

■ La prévention, la détection et le traitement des complications aiguës

■ La prévention, la détection et le traitement des complications chroniques

■ Le développement de stratégies person-nelles en réponse aux problèmes et pré-occupations d'ordre psychosocial

■ Le développement de stratégies person-nelles pour promouvoir la santé et des changements de comportement

Nous entretenons de bonnes relations de travail avec le ministère fidjien de la santé et avons reçu l'aval personnel du ministre actuel de la santé. Notre groupe de recherche cherche à impliquer un maxi-mum de médecins et autres professionnels de la santé fidjiens afin de développer un contenu adapté au contexte culturel. Les parodies seront développées sur la base des meilleures pratiques en termes d'éducation au diabète et, surtout, des sensibilités cultu-relles des Fidjiens.

Lieu initialNous concentrerons nos efforts initiaux sur la ville de Labasa, sur l'île de Vanua Levu, deuxième plus grande île des îles Fidji. Labasa a une population d'environ 28 000 habitants et l'hôpital de Labasa est le centre de référence du diabète pour toutes les cliniques de l'île. Nous espérons que les possibilités limitées de divertissements qui s'offrent aux habitants de Labasa contribue-ront à renforcer l'intérêt à l'égard du théâtre communautaire, en comparaison avec les centres urbains de plus grande taille, comme Suva, la capitale des îles Fidji, ou Lautoka, la deuxième plus grande ville du pays.

DurabilitéEnfin, en cas de succès du projet de théâtre communautaire, nous demanderons au

ministère fidjien de la santé un finance-ment à long terme des troupes d'amateurs constituées dans le cadre du projet. Nos pré-cédents travaux de mesure de l'impact du diabète et d'autres maladies liées au style de vie sur le développement économique dans les îles Fidji ont fait l'objet d'une grande attention de la part du gouvernement et des médias. Nous espérons que ce projet sera suivi de près par les fonctionnaires du ministère de la santé à la recherche de solutions économiques pour lutter contre l'épidémie de diabète dans les îles Fidji.

Avril 2013 • Volume 58 • numéro 1

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soins de santé

surmonter les obstacles culturels et améliorer l'éducation au diabète – récit d'une expérience vécue au LibanClaudia Matta

Le Liban est un petit pays dont la géographie a contribué à la diversité culturelle de la société. Situé sur la côte est de la Médi-terranée, le Liban est à l'intersection de l'Afrique, de l'Europe et du Moyen-Orient. Au fil des siècles, les vagues de voyageurs, de colons et d'envahisseurs ont renforcé la diversité culturelle et religieuse des Libanais – dont 4 millions vivent au Liban, et 6 millions aux quatre coins du monde, où ils forment la vaste diaspora libanaise. En fait, le Liban demeure une mosaïque de groupes ethniques et religieux. Face à ce contexte pluriethnique, les efforts pour améliorer la qualité de l'éducation au diabète doivent prendre en compte de multiples sensibilités sociales et culturelles. Dans cet article, Claudia Matta, éducatrice au Liban, nous relate son expérience des outils éducatifs développés en partenariat avec la Fédération internationale du diabète (FID).

La guerre civile prolongée qui a sévi entre 1975 et 1990 a dévasté le pays, ce qui n'a pas empêché le Liban de reconstruire ses infrastructures et ses institutions depuis lors – malgré les périodes d'instabilité politique entre 2005 et 2008 et la guerre de juillet 2006. Des problèmes majeurs subsistent toutefois sur le plan de la consolidation de la fourni-ture de services médicaux et d'autres services sociaux dans le pays.

Notre localisation à l'est de la Méditerranée a fait du Liban une porte historique du Moyen-Orient. La société libanaise reflète une constellation de cultures amenées ici par des vagues de voyageurs, de colons et d'envahisseurs au fil des siècles.

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soins de santésoins de santé

Les activités ont permis aux participants

d'explorer leurs convictions personnelles

concernant le diabète.27DiabetesVoiceAvril 2013 • Volume 58 • numéro 1

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C'est précisément l'environnement plurieth-nique du Liban, avec sa richesse de traditions et de langues, qui rend l'éducation au diabète aussi fascinante et enrichissante. Nous avons notamment connu des expériences très po-sitives grâce à un outil éducatif de pointe développé dans le cadre d'un partenariat entre la FID et la société Healthy Interactions (avec le soutien de Lilly Diabetes). Il y a un an et demi, un programme national de sou-tien des personnes atteintes de diabète a été lancé et consistait notamment à utiliser les Diabetes Conversation MapTM – avec l'aval de la société libanaise d'endocrinologie, du diabète et des lipides. La FID a déployé cet outil dans le monde entier dans le cadre d'un accord tripartite avec Healthy Interactions et Lilly Diabetes.

Le contenu de l'outil est spécifique au diabète et ciblé sur le travail de groupe thérapeutique et, fait très important, ne promeut en aucune façon des produits. Actuellement utilisé dans plus de 100 pays, l'outil est disponible dans 35 langues environ. Malgré l'aval des autorités sanitaires du Moyen-Orient, la mise en œuvre de l'outil ne s'est pas faite sans problème.

Prise en compte de la diversité culturelleLorsque l'outil Diabetes Conversation MapTM est utilisé au sein de sessions éducatives de groupe, les gens sont toujours debout ! Regroupés autour de la carte, les partici-pants issus de différents milieux sociaux et culturels ont tendance à participer assez facilement à des discussions sur leur diabète. Les échanges qui s'ensuivent font souvent apparaître des différences culturelles dif-ficiles à surmonter. Par exemple, dans de nombreux pays à faible et moyen revenu, l'utilisation de médicaments traditionnels est répandue, en particulier dans les zones

rurales – et le Liban ne fait pas exception à la règle. Dans un tel contexte, l'éducation au diabète peut constituer un défi particulier.

Dans le cadre de ces outils basés sur des dis-cussions, des activités sont organisées afin de permettre aux participants d'explorer leurs convictions personnelles, voire leurs idées fausses, concernant le diabète. Leur examen d'un point de vue scientifique permet de mieux comprendre le problème et de dégager un consensus quant aux solutions possibles.

Efficacité et avantagesUne base de données de plus en plus vaste vient renforcer le sentiment selon lequel l'éducation thérapeutique au diabète consti-tue la pierre angulaire des soins – en amé-liorant la gestion autonome, en prévenant les complications et en réduisant le coût des soins. Un dialogue interpersonnel guidé peut offrir un environnement favorable et non menaçant pour l'examen de problèmes complexes. Il n'est pas rare de voir un parti-cipant parvenir à une conclusion essentielle concernant son diabète et/ou les croyances ou les attitudes profondément ancrées qui affectent sa perception de la condition et qui influencent dans une large mesure sa capacité à gérer lui-même son diabète.

Si l'on en croit un dicton populaire, "un problème partagé est à moitié résolu". Les sessions d'éducation en groupe doivent être empreintes d'empathie et de solidarité. Le fait de pouvoir compter sur la compréhension d'un groupe de pairs peut aider un individu à développer la confiance nécessaire pour gérer sa condition de manière efficace.

Les éducateurs en diabète qui travaillent au Liban sont confrontés à de nombreux défis. Il n'est pas toujours facile de trouver le temps

d'organiser et de préparer des sessions de groupe en raison de l'absence de soutien en faveur de l'éducation au diabète de la part des autorités hospitalières. Dans ces cas-là, une des options a consisté à inviter des médecins à prendre part aux sessions de négociation afin de souligner l'importance et l'efficacité potentielle de l'éducation thérapeutique en tant qu'approche d'excellence en matière de gestion des soins de santé.

Informer et inspirerLe programme de soutien aux personnes atteintes de diabète a été déployé dans tout le pays. D'un centre de diabète unique en août 2011, on est passé à 22 institutions dans tout le Liban. Le succès rencontré par le pro-gramme a encouragé plusieurs institutions à l'intégrer dans le programme de formation de leur personnel infirmier.

Une prestataire de soins a récemment indi-qué avoir constaté une différence énorme dans l'attitude d'un de ses patients à l'égard de son diabète après trois sessions. Ces témoignages m'inspirent et me rappellent l'importance de mon travail et la différence qu'il peut – et que je peux – faire dans la vie d'une personne.l'examen des problèmes

d'un point de vue scientifique peut conduire à un consensus sur les solutions possibles.

les sessions d'éducation en groupe doivent être empreintes d'empathie et de solidarité.

Claudia mattaClaudia Matta est éducatrice en diabète au Liban.

Déclaration de conflit d'intérêtL'auteure est employée en tant qu'éducatrice en diabète par Lilly Lebanon. Les outils décrits dans cet article ont été développé par Healthy Interactions Inc. et la FID avec le soutien de Lilly Diabetes.

soins de santé

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DiabetesVoiceAvril 2013 • Volume 58 • Numéro 1 29

BRIDGES Research Net

test d'une nouvelle approche pour

traduire les résultats des recherches en

amélioration de la qualité des soins dans le monde

Juan José Gagliardino

L'intégration des progrès scientifiques dans la pratique clinique jour-nalière est un processus logique et pratique qui permet d'améliorer

la qualité des soins prodigués aux personnes atteintes de diabète. Pourtant, cette approche potentiellement bénéfique demeure un problème en grande partie non résolu de la médecine contempo-

raine. La recherche translationnelle a permis de faire d'importants progrès en termes de transposition des avantages de la recherche

"du banc d'essai au chevet du patient" ou, plus précisément dans ce cas-ci, "du laboratoire au style de vie", au bénéfice des personnes

atteintes de diabète ou à risque. Des problèmes subsistent toutefois, ainsi que le souligne l'auteur. Dans cet article, Juan José Gagliar-

dino nous décrit une approche innovante adoptée par la FID via son programme BRIDGES pour optimiser et disséminer les avantages pour la santé publique de l'application de l'approche translation-

nelle à des projets de recherche en cours à travers le monde.

Il existe un intérêt certain pour les partena-riats entre la communauté et les universités en tant que moyen d'améliorer la santé de la population au travers de la recherche clinique,1,2 intérêt auquel s'efforce de ré-pondre la recherche translationnelle, qui vise à combler le fossé entre recherche et soins quotidiens.3 Pour faciliter ce proces-sus, les Instituts nationaux américains de la santé ont mis sur pied le programme Clinical and Translational Science Award (CTSA) en 2006.4

Dans le même temps, les réseaux Practice-Based Research Networks (PBRN) pour les soins primaires – une autre stratégie pour

soins de santé

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DiabetesVoice Avril 2013 • Volume 58 • Numéro 130

soins de santé

l'efficacité des projets communautaires de recherche translationnelle en termes de lutte contre l'épidémie de diabète, ainsi que de renforcement des partenariats au sein de et entre les communautés locales et les autorités sanitaires nationales.7 BRIDGES a favorisé la mise en place d'un réseau scientifique international d'experts en diabète, et a été le catalyseur d'un processus de promotion de pratiques et de procédures de qualité fondées sur des données probantes.

L'ampleur de l'expérience acquise ces der-nières années nous a permis de constater que, malgré le succès des mécanismes tradi-tionnels de soutien des projets, de nouvelles stratégies sont requises pour renforcer le pouvoir de la recherche translationnelle. C'est en ayant cela à l'esprit que la FID a commencé à tester une nouvelle initiative, "BRIDGES Research Net". Il convient de noter que BRIDGES Research Net utilise

combler le fossé entre les progrès scien-tifiques et leur intégration dans les soins quotidiens – ont découvert que l'applica-tion de la recherche à la pratique requiert moins de translation, et non plus, lorsque les médecins sont impliqués dans les déci-sions concernant les sujets à étudier, la méthodologie d'étude et l'évaluation et la présentation des résultats.

Défis translationnelsLe processus consistant à marier recherche et pratique quotidienne n'est pas toujours sans heurts. Il exige souvent un changement de paradigme au niveau des relations, des cadres conceptuels et même des langues utilisées par les différents partenaires pour communiquer. La relation entre les PBRN et le programme CTSA en est à la phase de "prise de connais-sance" et les participants sont en pleine négo-ciation par rapport à leurs attentes.5 Il est possible que, ainsi que suggéré par divers auteurs, les PBRN évoluent progressivement des laboratoires cliniques vers des commu-nautés d'apprentissage collaboratives utilisant des méthodes à la fois traditionnelles et non

traditionnelles pour identifier, disséminer et intégrer de nouvelles connaissances, de façon à améliorer les procédures de soins primaires et les résultats pour les patients.6

En 2007, sur la base de ce principe collaboratif, la FID et Lilly Diabetes ont convenu d'endosser un rôle actif dans la recherche translationnelle au travers du programme BRIDGES (Building Research in Diabetes Global Environments and Systems) de la FID. Géré de manière indépen-dante par la FID, BRIDGES est soutenu finan-cièrement par une bourse éducative de 10 millions de dollars fournie par Lilly Diabetes. Les objectifs ultimes de BRIDGES sont de réduire le risque de développer le diabète de type 2 et ses complications chroniques, ainsi que d'améliorer l'accès à une pratique fondée sur des données probantes aux personnes qui ont développé la condition partout dans le monde.

Les résultats des activités BRIDGES – terminées ou en cours – sur les six continents ont démontré

BriDGEs vise à réduire le risque de développer le diabète de type 2 et ses complications, ainsi qu'à améliorer l'accès à une pratique fondée sur des données probantes aux personnes affectées partout dans le monde.

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soins de santé

des fonds non dépensés alloué au 4e cycle de financement de BRIDGES. Le but de cette initiative est de renforcer la durabi-lité des projets actuels et de répliquer les stratégies efficaces à d'autres endroits – en disséminant les résultats positifs du projet et en mettant en œuvre des interventions fructueuses à travers le monde avec (dès le départ) la participation de chercheurs locaux et l'implication directe des autorités locales.

Une condition essentielle de cette initiative sera l'implication des autorités sanitaires locales, dont les ministères de la santé, des chercheurs et des associations membres de la FID en vue de leur déléguer la respon-sabilité de toutes les activités et de garantir leur autosuffisance à long terme. En outre, la participation de ces acteurs clés permettra de faire un bon de géant sur le plan de la sen-sibilisation au diabète, ainsi que d'améliorer considérablement la prévention primaire et secondaire et le traitement – avec, au bout du

Les cercles bleus indiquent les sites des projets de recherche soutenus par BRIDGES.

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DiabetesVoice Avril 2013 • Volume 58 • Numéro 132

soins de santé

compte, une optimisation de la qualité des soins prodigués et de la vie des personnes atteintes de diabète et à risque.

Aux fins de la sélection des résultats positifs obtenus à ce jour, le comité exécutif et le comité de révision de BRIDGES se concen-treront sur 38 projets (34 pays) qui ont déjà bénéficié d'une subvention et se dédient à la prévention primaire et secondaire. Les interventions (et méthodologies) choisies seront ensuite répliquées en d'autres endroits de la planète à la suite d'un appel d'offres lancé cette année.

Dans une tentative pour garantir le succès de cette initiative, nous utiliserons le modèle développé pour D-START, ce qui implique la participation d'experts internationaux, l'organisation d'ateliers de formation et le suivi continu durant la phase d'intervention. (Visitez le site www.idf.org/d-start pour en savoir plus sur D-START.)

BRIDGES Research Net à l'actionBRIDGES Research Net sera testé sur un projet en cours à Alexandrie, en Égypte, qui évalue l'impact d'un centre de soins du pied éducatif et préventif pour personnes atteintes de diabète. Ce projet a enregistré des résultats impressionnants au niveau de la gestion du pied diabétique en Égypte, et ce avec un investissement financier raisonnable et sur une période relativement courte :■ Éducation aux soins autonomes de 3 600

personnes atteintes de diabète et formation de 2 700 professionnels

■ Réduction de la prévalence des lésions/infections des ongles liées au diabète de 65 % à 27 %

■ Réduction de la prévalence des ulcères actifs du pied diabétique de 11 % à 3 %

■ Mise sur pied d'équipes de soins du pied diabétique dans huit universités égyptiennes

Un appel d'offres basé sur cette intervention fructueuse est en cours d'élaboration. Pour garantir l'autosuffisance future, le rôle actif

Juan José GagliardinoJuan José Gagliardino est membre du comité exécutif de BRIDGES. Il est directeur du CENEXA (Centro de Endocrinología Experimental y Aplicada), à La Plata, en Argentine, qui dépend de l'Universidad Nacional de La Plata et du Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas La Plata ; CENEXA est également un centre du diabète collaborant avec l'OPS/OMS.

remerciementsBRIDGES est un programme de la Fédération internationale du diabète financé par une bourse éducative accordée par Lilly Diabetes. Pour en savoir plus sur le programme BRIDGES de la FID, visitez le site www.idf.org/bridges.

références1 Roper WL, Newton WP. The role of academic

health centers in improving health. Ann Fam Med 2006; 4(suppl 1): S55-S57.

2 Schwenk TL, Green LA. The Michigan Clinical Research Collaboratory: Following the NIH Roadmap to the community. Ann Fam Med 2006; 4(suppl 1): S49-S54.

3. Keramaris NC, Kanakaris NK, Tzioupis C, et al. Translational research: From benchside to bedside. Injury 2008; 39: 643-50.

4. National Center for Research Resources. Clinical and Translational Science Awards. National Institutes of Health. Available at: www.ncrr.nih.gov/clinical_research_resources/clinical_and_translational_science_awards/index.asp

5. Fagnan LJ, Davis M, Deyo RA, et al. Linking Practice-Based Research Networks and Clinical and Translational Science Awards: New Opportunities for Community Engagement by Academic Health Centers. Acad Med 2010; 85: 476-83.

6. Mold JW, Peterson KA. Primary Care Practice-Based Research Networks: Working at the Interface Between Research and Quality Improvement. Ann Fam Med 2005; 3(Suppl 1): S12-S20.

7. BRIDGES. A world guide to IDF BRIDGES 2012. International Diabetes Federation. Brussels, 2012. Available at www.idf.org/bridges/world-guide-2012

des autorités locales sera souligné dans les conditions de l'appel et clairement exposé dans le processus d'appel à candidatures.

Les candidats sélectionnés participeront à un atelier sur site de trois à quatre jours, sous la direction du chercheur principal du projet égyptien, de façon à garantir la reproduction de la qualité de l'intervention originale. Des évaluations de routine auront lieu durant la phase de mise en œuvre afin de s'assurer du bon déroulement de l'intervention et de son adéquation aux besoins locaux, ainsi que pour vérifier que les résultats prédéfinis sont mesurés et restent réalisables.

Nous sommes convaincus que BRIDGES Research Net contribuera à combler le fossé entre les résultats de la recherche clinique et de base et leur intégration dans les soins au quotidien, tout en renforçant les rela-tions entre chercheurs locaux, ministères de la santé, organisations universitaires et FID. L'interaction de plusieurs parties contribuera à améliorer la qualité des soins fournis aux personnes atteintes de diabète, ainsi que l'intégration de stratégies de pré-vention efficaces dans la pratique quoti-dienne à tous les niveaux. Ces mesures et l'approche générale de l'initiative joueront un rôle déterminant dans la prévention du développement et de la progression des complications chroniques. Ces résultats contribueront à réduire le fardeau du dia-bète sur la société en général, mais surtout à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de diabète.

Contactez-nous à l'adresse [email protected] pour plus d'informations sur cette nouvelle initiative.

l'interaction de plusieurs parties contribuera à améliorer la qualité des soins fournis aux personnes atteintes de diabète.

Page 33: PersPectiVes globAles sur le diAbète Volume 58 – Avril 2013

DiabetesVoice 33

Inhibiteurs de SGLT2 – un ajout utile

au traitement ?Rhys Williams et Jeff Stephens

L'idée de traiter le diabète en augmentant la perte de glucose dans l'urine peut paraître étrange, pour ne pas dire absurde. La pré-sence de glucose dans l'urine des personnes atteintes de diabète a toujours été considérée comme anormale et est l'un des symptômes classiques associés à la condition. Pourtant, le principe de cette classe de médicament consiste à accentuer cette anomalie afin de diminuer la concentration de glucose dans le sang. Il est clair que la diminution de la glycémie, ainsi que la réduction de la pression artérielle et des lipides sanguins, sont bénéfiques, puisqu'elles réduisent, ou au moins retardent les problèmes à long terme associés au diabète. Mais un taux de glucose élevé dans l'urine pourrait-il avoir des effets indésirables ?

Une série d'avantagesLa dapagliflozine, qui appartient à cette classe de médicament, a été testée dans le cadre d'essais en Phase 3 en tant que monothéra-pie et que complément à un traitement oral existant1,2,3 et à l'insuline4 chez des personnes

Le SGLT2, ou transporteur sodium-glucose de type 2, est une protéine des tubules rénaux qui régule la réabsorption du glucose

dans les reins. Il existe également une protéine SGLT1, présente à la fois dans les reins et l'intestin. Dans des conditions normales,

la quasi-totalité du glucose qui passe du sang dans l'urine est réabsorbée par l'action du SGLT2 dans les reins. En cas de diabète, les concentrations anormalement élevées de glucose dans le sang

font que ce mécanisme de réabsorption est submergé, de sorte que du glucose passe dans l'urine, et provoque une glycosurie

(glucose dans l'urine), l'une des caractéristiques fondamentales du diabète (et souvent le moyen permettant de le détecter

pour la première fois). Une nouvelle classe de médicaments – les inhibiteurs de SGLT2 – commence à s'imposer en

tant qu'antidiabétique oral pouvant être utilisé seul ou en combinaison avec d'autres médicaments

oraux (metformine ou sulfonylurées, par exemple)

ou l'insuline chez les personnes atteintes de

diabète de type 2.

Pratique clinique

Avril 2013 • Volume 58 • numéro 1

Page 34: PersPectiVes globAles sur le diAbète Volume 58 – Avril 2013

DiabetesVoice Avril 2013 • Volume 58 • Numéro 134

PrAtique clinique

ENCADRé 1 : LES DIFFéRENTES PHASES DES ESSAIS CLINIqUES

Les essais de Phase 1 correspondent au pre-mier test d'un nouveau médicament sur des personnes. Il s'agit d'essais de petite envergure (généralement de 30 personnes au maximum) dans le cadre desquels les participants sont surveillés de très près, généralement dans un environnement de laboratoire. Ils visent principalement à établir la dose la plus active du médicament et à identifier les effets in-désirables à court terme (effets secondaires) susceptibles d'affecter la sécurité.

Les essais de Phase 2 impliquent un plus grand nombre de participants et visent principale-ment à établir l'efficacité du nouveau médica-ment : remplit-il le rôle que l'on attend de lui dans les meilleures conditions possibles (sur-veillance stricte du dosage et de l'adhérence, ainsi que poursuite de la surveillance des effets indésirables et de la tolérance) ?

Les essais de Phase 3 sont des essais en-core plus importants visant à confirmer l'efficacité du nouveau médicament : a-t-il les effets requis en cas d'utilisation dans des conditions proches de la vie réelle ? Souvent, le médicament est comparé avec un traite-ment existant ou un placebo. Les aspects économiques du nouveau traitement sont également étudiés, et la surveillance des effets indésirables à plus long terme, par rapport aux essais de Phase 1 et Phase 2, se poursuit.

Les essais de Phase 4 sont parfois connus sous le nom d'"essais post-marketing". Ils se déroulent après l'autorisation d'un nouveau médicament et se concentrent principale-ment sur les effets indésirables, en particulier lorsque ceux-ci sont rares (d'où la nécessité de recruter de très nombreux participants) ou à long terme (ces essais peuvent durer des années).

atteintes de diabète de type 2. (Pour une explication des phases des essais cliniques, voir l'encadré 1.) Aucun essai n'a encore été rapporté sur l'utilisation de cette classe de médicament pour le diabète de type 1. Ces essais ont mis en évidence une amélioration du contrôle de la glycémie, ainsi qu'une perte

modeste de poids. Un léger effet bénéfique sur la pression artérielle a par ailleurs été constaté, tandis qu'aucun risque appréciable d'hypo-glycémie, par rapport au traitement à base de sulfonylurées, n'a été enregistré. La dapagliflo-zine est autorisée en Australie, au Danemark, en Allemagne et au Royaume-Uni. Son prix varie d'un pays à l'autre mais devrait être comparable (voire légèrement inférieur) à celui des gliptines – ou inhibiteurs de DPP-IV. Les essais cliniques en Phase 3 ont toutefois fait apparaître une réduction significative du dosage d'insuline en cas d'association avec la dapagliflozine, ce qui pourrait conduire à des économies considérables. En outre, compte tenu de la diminution de la fréquence des hypoglycémies associée à ce produit, il pour-rait également y avoir des avantages pour le patient et des économies concomitantes sur les coûts des soins de santé. Aux États-Unis, un autre médicament de la classe des inhibi-teurs de SGLT2, la canaglifozine, a récemment été recommandé à des fins d'autorisation, mais n'est pas encore disponible.

La perte de glucose dans l'urine entraîne une perte d'énergie par l'organisme (évaluée à l'équivalent de deux cannettes de coca de 330 ml par jour). Ce phénomène est évi-demment associé à une perte de poids – quoique modeste, ainsi que précisé ci-avant. La réduction du risque d'hypoglycémie est le résultat de la diminution de la glycémie par le médicament "en fonction du glucose". En d'autres termes, l'effet est maximum lorsque la glycémie est élevée et s'estompe à mesure que la glycémie diminue.

Ces effets sont bénéfiques et contrastent de façon marquée avec d'autres traitements. Tant les traitements oraux (sulfonylurées et

pioglitazone, par exemple) que l'insulino-thérapie entraînent généralement un gain de poids, de sorte que toute thérapie com-plémentaire associée à une perte de poids, même modeste, se doit d'être prise en consi-dération. De même, les traitements à base de sulfonylurées et d'insuline peuvent accroître le risque d'hypoglycémie. L'inhibiteur de SGLT2 peut lui aussi être associé à un risque d'hypoglycémie en cas d'utilisation en com-binaison avec des sulfonylurées ou de l'insu-line. Ce problème peut toutefois être évité en réduisant les dosages de sulfonylurées ou d'insuline. L'encadre 2 propose le profil d'une personne type susceptible de bénéficier de l'ajout d'un inhibiteur de SGLT2 à son trai-tement antidiabétique actuel.

Des avantages sans contrepartie ?Où est donc le piège ? Tout se paie, si l'on en croit le dicton. Quels sont les effets indési-rables du traitement et disposons-nous de preuves suffisantes de son innocuité ?

On pourrait s'attendre à ce que l'augmen-tation de l'excrétion de glucose dans l'urine provoque une hausse de la fréquence de miction et des infections des voies urinaires et des organes génitaux. À ce jour, aucune augmentation de la fréquence de miction n'a pas été signalée dans les essais publiés en tant qu'effet secondaire majeur – en tout cas pas au point de voir des participants sou-haiter interrompre le traitement. En ce qui concerne les infections des voies urinaires et génitales fongiques, une augmentation de leur fréquence a été constatée chez les participants (en particulier chez les femmes pour ce qui est des infections fongiques). Un traitement standard permet toutefois de les traiter. Les interruptions de traite-ment à cause de ces infections ont été rares dans les essais. Il est par ailleurs apparu que les infections génitales fongiques ne réapparaissent pas après le traitement ini-tial. Reste à voir si ces effets indésirables s'avéreront plus pénibles dans la pratique de tous les jours.

toute thérapie complémentaire associée à une perte de poids, même modeste, se doit d'être prise en considération.

Page 35: PersPectiVes globAles sur le diAbète Volume 58 – Avril 2013

DiabetesVoiceAvril 2013 • Volume 58 • Numéro 1 35

rhys Williams et Jeff stephensRhys Williams est professeur émérite d'épidémiologie clinique à l'Université de Swansea, au Royaume-Uni, et rédacteur en chef de Diabetes Voice.Jeff Stephens est professeur de médecine (diabète et métabolisme) à l'Université de Swansea et consultant en diabète et en endocrinologie à l'hôpital Morriston, Abertawe Bro Morgannwg Health Board, dans le Sud du pays de Galles, au Royaume-Uni.

références1 Bailey CJ, Gross JL, Pieters A, et al. Effect of

dapagliflozin in patients with type 2 diabetes who have inadequate glycaemic control with metformin: a randomised, double-blind, placebo-controlled trial. Lancet 2010; 375: 2223-33.

2 Nauck MA, Del Prato S, Meier JJ, et al. Dapagliflozin versus glipizide as add-on therapy in patients with type 2 diabetes who have inadequate glycaemic control with metformin: a randomised, 52-week, double-blind, active controlled noninferiority trial. Diabetes Care 2011; 34: 2015-22.

3. Strojek K, Yoon K, Hruba V, et al. Effect of dapagliflozin in patients with type 2 diabetes who have inadequate glycaemic control with glimepride: a randomised 24-week, double-blind, placebo-controlled trial. Diabeets Obes Metab 2011; 13: 928-38.

4. Wilding JPH, Woo V, Norman G, et al., for the Dapagliflozin 006 Study Group. Long-term efficacy of dapagliflozin in patients with type 2 diabetes mellitus receiving high doses of insulin: a randomised trial. Ann Intern Med 2012; 156: 405-15.

Pratique clinique

ENCADRé 2 : PERSONNE SUSCEPTIBLE DE BéNéFICIER D'UN INHIBI-TEUR DE SGLT2 EN COMPLéMENT DE SON TRAITEMENT ExISTANT

M. A est un homme de 45 ans dont le diabète de type 2 a été diagnostiqué il y a 10 ans et auquel s'ajoutent des problèmes d'obésité et de pression artérielle et de cholestérol élevés. Durant les trois premiers mois, il a suivi un régime et reçu des conseils en matière de style de vie, mais est rapidement passé à un traitement à base de metformine et de sulfonylurées. Ces 12 derniers mois, il n'a pas réussi à contrôler correctement sa glycémie et a pris du poids. Pour améliorer sa glycémie, de l'insuline lui a été prescrite, en plus de la metformine. Malgré des hausses régulières de sa dose d'insuline, il y a eu peu d'effets sur sa glycémie. Par contre, il a pris beaucoup de poids. Lors de sa dernière visite de contrôle, sa glycémie aléatoire était de 14,9 mmol/l (269 mg/dl) ; son HbA1c de 8,0 % ; sa pression artérielle de 140/70 et son cholestérol de 3,9 mmol/l (150 mg/dl).

En quoi l'ajout d'un inhibiteur de SGLT2 à son traitement existant pourrait-il être profitable à M. A ?

■ Il a été démontré4 qu'une réduction supplémentaire de l'HbA1c de 0,6 % pouvait être obtenue par l'ajout d'un médicament de cette classe à l'insulinothérapie.

■ Cette combinaison est associée à des doses d'insuline inférieures et à des hausses moins fré-quentes de la dose d'insuline.

■ Une diminution de la pression artérielle est par ailleurs parfois constatée.

■ L'excrétion de l'excès de glucose dans l'urine peut conduire à une perte de poids.

Les hypoglycémies ont été plus fréquentes chez les participants traités avec l'inhibiteur de SGLT2 dans le cadre de ces essais, mais, ainsi que mentionné ci-dessus, cela pourrait s'expliquer par le fait que les dosages d'insu-line et/ou de médicaments oraux n'ont pas été diminués suffisamment rapidement pour compenser la chute de glycémie provoquée. Soit dit en passant, la chute moyenne de la glycémie de 0,6 % de l'HbA1c indiquée dans l'encadré 2 peut paraître peu importante. Il s'agit toutefois d'une moyenne et les per-sonnes affichant des taux de glycémie supé-rieurs au début du traitement sont celles qui ont le plus de chances d'en profiter. D'un autre côté, il s'agit d'une diminution moyenne, ce qui signifie que tout le monde n'en bénéficie pas. Certaines personnes n'ont enregistré aucune diminution – et une hausse a même été observée dans certains cas.

L'utilisation de cette classe de médicaments est déconseillée chez certaines personnes. C'est notamment le cas des personnes souffrant d'un dysfonctionnement rénal majeur. Par ailleurs, si une personne est

à l'éventail actuellement disponible de médi-caments pour le diabète, le plus souvent en complément d'un traitement oral ou à base d'insuline existant. Il ne s'agit cependant pas de médicaments miracles et davantage d'informations sur la sécurité à long terme sont requises. Par ailleurs, les personnes trai-tées doivent comprendre que, contrairement à ce qu'elles ont appris, un peu de glucose dans l'urine n'est pas nécessairement une mauvaise chose.

sous diurétique pour le traitement de sa pression artérielle (furosémide ou bendro-fluméthazide, par exemple), elle doit savoir que ces médicaments peuvent interagir et provoquer une perte d'eau excessive et une possible déshydratation. Ces dernières an-nées, les risques cardiovasculaires (crise car-diaque ou accident cérébrovasculaire lié à de nouveaux traitements pour le diabète) ont suscité une vive inquiétude. Aucun risque cardiovasculaire n'a toutefois été observé à ce jour avec ce groupe de médicaments, ce qui est rassurant. Il faudra toutefois attendre les résultats d'essais en Phase 4 (voir l'enca-dré 1) pour apporter une réponse définitive à ces questions.

La réponse est...Quelle est donc la réponse à la question posée dans le titre ? Oui, les inhibiteurs de SGLT2 pourraient constituer un apport utile

aucun risque cardiovasculaire n'a été observé à ce jour avec ce groupe de médicaments.

Page 36: PersPectiVes globAles sur le diAbète Volume 58 – Avril 2013

Abdul Basit et Asmat Nawaz

Prévention des amputations liées au diabète dans un pays en développement – des avancées dans la bonne direction

Page 37: PersPectiVes globAles sur le diAbète Volume 58 – Avril 2013

DiabetesVoiceAvril 2013 • Volume 58 • Numéro 1 37

au Pakistan, entre 4 et 10 % des personnes atteintes de diabète développent des ulcères du pied qui, dans plus de 10 % des cas

conduisent à l'amputation. le "pied diabétique" fait peser un fardeau financier énorme et croissant sur l'économie pakistanaise, alors que ses ressources sont déjà limitées. la prévention des ulcères du pied

liés au diabète et l'amélioration des soins des pieds dans le pays ont enregistré des progrès significatifs, grâce notamment à la mise

sur pied du programme extrêmement efficace "Step by Step", qui permet de former des médecins, des éducateurs en diabète et des

assistants en soins des pieds. C'est ainsi que de nombreuses équipes de soins des pieds ont pu être formées. la mise en place d'un réseau

national de cliniques du pied est l'un des principaux résultats de l'approche Step by Step. Entre autres résultats majeurs à ce jour, le pays a enregistré une réduction significative du taux d'amputation.

D'autres stratégies de prévention et de traitement sont toutefois nécessaires, ainsi que le souligne les auteurs dans cet article.

Page 38: PersPectiVes globAles sur le diAbète Volume 58 – Avril 2013

Akram est un homme d'âge moyen atteint de diabète qui vit dans une communauté rurale éloignée. En l'absence de services du diabète dans la région, Akram a développé un ulcère au niveau du pied droit, qui s'est aggravé en quelques mois. Lorsqu'il s'est finalement rendu dans notre clinique du pied à Karachi – au terme d'un voyage atroce de deux jours – le seul traitement possible était une amputation en dessous du genou. Le pied de ce travailleur agricole aurait pu être sauvé s'il y avait eu une clinique du pied à dis-tance raisonnable de son village.

Malgré le contexte urbain, le récit suivant n'en est pas moins tra-gique. Bano, une habi-tante de Karachi atteinte de diabète, a perdu sa jambe gauche à cause du diabète il y a deux ans. Il y a quelques mois, elle a développé un ulcère du pied droit, mais comme un seul membre de sa famille travaille, elle n'a pas pu s'offrir le traitement rapide qui aurait per-mis de sauver sa jambe restante. Bano a donc subi une amputation au-dessus du genou, qui la laisse gravement handicapée pour le restant de ses jours.

Les Akrams et les Banos se comptent par centaines de milliers dans les pays en développement et, malheureusement, le Pakistan n'échappe pas à la règle. Avec une population de 178 millions d'habitants, dont 6,6 millions environ ont le diabète, le Pakistan figure parmi les 10 premiers pays au monde en termes de préva-lence du diabète. Et la population atteinte de diabète risque fort d'approcher les 11,5 millions d'ici 2030. On estime que, à l'heure actuelle, près de 10 % des personnes atteintes de diabète développent des ulcères du pied1 et qu'environ 40 000 Pakistanais par an sont amputés d'une jambe.

Le pied diabétique représente un terrible fardeau financier pour les personnes affectées et leur famille, mais aussi pour l'économie nationale et la société en général. Le constat est le même dans tous les pays en développement aux ressources limitées. Au Pakistan, le coût direct moyen du traitement du moindre ulcère est de 24 euros, soit plus de dix fois les dépenses de santé annuelles moyennes par habitant, qui s'élèvent à 2 euros par an.2

Il y a seulement 15 ans d'ici, en l'absence de podologues ou d'éduca-teurs en diabète formés, aucun service de pied diabétique n'existait au Pakistan, pas plus d'ailleurs que le concept d'équipe pluridisciplinaire

PrAtique clinique

de soins des pieds. Lorsque l'Institut de diabétologie et d'endocrino-logie de Baqai (BIDE) a vu le jour en 1996, la gravité de la situation est presque immédiatement devenue apparente. Soutenu par une base de connaissances établie et croissante confirmant l'efficacité des traitements de prévention des ulcères du pied, puisqu'il est possible de réduire le taux d'amputation de jusqu'à 85 %, le travail à long

terme de l'institut en vue de fournir des soins complets des pieds a rapide-ment démarré.

Premiers progrèsLa première cli-nique du pied dia-bétique du pays a vu le jour au sein de l'institut. Nous

avons commencé par recevoir en priorité des personnes présentant des complications du pied liées au diabète. Le pied diabétique était considéré comme une condition urgente et les personnes souffrant de tels problèmes étaient accueillies 24 heures sur 24, sans forcément avoir de rendez-vous.

Nous avons mis plus particulièrement l'accent sur la formation et la constitution d'équipes de soins du pied diabétique. Notre faculté dispensait une formation à des éducateurs et à des assistants en soins des pieds. Certains médecins ont été envoyés à l'étranger, principalement au Royaume-Uni, pour y suivre une spécialisation. Au vu du coût élevé des interventions chirurgicales et de la faible priorité accordée par les chirurgiens au pied diabétique, nous avons commencé à former nos propres médecins à la chirurgie du pied diabétique, de façon à rendre ces interventions plus efficaces en termes de coûts et de délais.

Des dispositifs de décharge de la pression à faible coût ont été développés au niveau local, ce qui les a rendus presque universel-lement abordables. Un logiciel spécial a été développé, des données recueillies et des recherches sur le pied diabétique initiées. Grâce à ces efforts, le taux d'amputation de notre centre a chuté, passant de 27,5 % pour la période 1997-2003 à 13,6 % en 2004-2009.

Des avancées plus importantesUne importante conférence internationale sur le diabète a été organisée au Pakistan en 2006. Ce méga-événement a pu compter sur la présence de figures éminentes du diabète du monde entier, dont Karel Bakker, Andrew Boulton, Rayaz Malik, Rhys Williams, Margaret McGill et d'autres. Le pied diabétique a été l'un des principaux thèmes et l'objet

Aucun service de pied diabétique n'existait au Pakistan, pas

plus que le concept d'équipe pluridisciplinaire de soins des pieds.

Avril 2013 • Volume 58 • numéro 138 DiabetesVoice

Page 39: PersPectiVes globAles sur le diAbète Volume 58 – Avril 2013

Pratique clinique

abdul Basit et asmat nawazAbdul Basit est professeur de médecine à l'université de médecine de Baqai, à Karachi, au Pakistan. Il est directeur de l'Institut de diabétologie et d'endocrinologie de Baqai (centre d'éducation de la Fédération internationale du diabète), également à Karachi, et représentant national au sein du groupe de travail international sur le pied diabétique ([email protected]).Asmat Nawaz est chef du projet sur le diabète gestationnel du programme de prévention et de contrôle, au Pakistan, un projet conjoint de la Fondation mondiale du diabète et de l'Institut de diabétologie et d'endocrinologie de Baqai.

références 1 Basit A, Hydrie MZ, Hakeem R, et al. Frequency of chronic complications

of type 2 diabetes. J Coll Physicians Surg Pak 2004; 14: 79-83.

2 Ali SM, Fareed A, Humail SM, et al. The personal cost of diabetic foot diseases in the developing world – a study from Pakistan. Diabet Med 2008; 25: 1231-3.

3. Abbas ZG, Lutale JK, Bakker K, et al. The ‘Step by Step’ Diabetic Foot Project in Tanzania: a model for improving patient outcomes in less-developed countries. Int Wound J 2011; 8: 169-5.

4. Miyan Z, Ahmed J, Zaidi SI, et al. Use of locally made off loading techniques for diabetic plantar foot ulcer in Karachi - Pakistan. Int Wound J; accepted for publication.

de nombreuses discussions lors de l'événement. Au lendemain de cette conférence, et en réponse au besoin émergent de coordination au niveau national, le groupe de travail pakistanais sur le pied diabétique a été créé et compte de diabétologues notoires du pays tout entier.

Un développement majeur est intervenu en 2007, avec le lancement d'un programme de soins des pieds Step by Step au Pakistan sous le nom de Programme national du diabète et du pied diabétique, après le succès notable enregistré dans d'autres pays en développement, dont l'Inde et la Tanzanie.3 Ce projet de trois ans destiné à chan-ger la donne a été financé par la Fondation mondiale du diabète. Sensibiliser la population au diabète et au pied diabétique était l'un des principaux objectifs. C'est ainsi que plus de 5 700 personnes ont reçu une éducation au diabète et à ses complications au travers de programmes de sensibilisation du public et que quelque 6 000 écoliers ont été éduqués à des styles de vie sains.

La formation des professionnels de la santé – qui trouve son origine dans le concept d'approche d'équipe – a peut-être été la composante la plus notable du projet. Plus de 170 équipes de soins des pieds, constituées chacune d'un médecin et d'un auxiliaire médicale, ont été créées via les cours de formation en soins des pieds de base et avancés.

Pour améliorer l'accessibilité des soins des pieds, un réseau national de 115 cliniques du pied diabétique a été créé avec la participation des équipes ayant suivi les formations de base et avancées. Notre logiciel informatique a été perfectionné de façon à stocker de gros volumes de données et à améliorer la gestion générale des cliniques. Les résultats en provenance des cliniques montrent que le taux d'amputation a connu une baisse significative (de 11,5 % à 6,6 %) entre 2008 et 2010.

Les principales étapes à venirLes résultats à ce jour sont encourageants, mais le travail est très loin d'être fini. On estime que, au Pakistan – un pays d'une superficie de 796 095 km2 –, plus de 1 700 nouvelles cliniques du pied diabé-tique sont nécessaires. Les mesures que nous prenons aujourd'hui tendent vers cet objectif. Des cours de base pour les équipes de soins des pieds sont actuellement dispensés à l'aide de ressources locales uniquement.

À ce jour, 600 équipes ont été formées et 600 autres le seront cette année – ce qui permettra de créer de nombreuses autres cliniques grandement nécessaires. Nous comptons en outre développer un réseau électronique entre 12 grands centres de soins des pieds à travers le pays. Des données précises et fiables sont essentielles pour fournir des services appropriés. À cette fin, des registres complets des pieds diabétiques et des amputations seront tenus.

Point très important également, la fabrication et la distribution en gros de dispositifs de décharge de la pression bon marché fabriqués avec des matériaux locaux jouent un rôle clé dans la réduction de l'impact du pied diabétique au Pakistan. Le port de chaussures sur mesure peut contribuer à prévenir les ulcérations du pied.4 Nous projetons de dispenser une formation à nos techniciens en chaussures sous la supervision d'experts internationaux. Les techniciens ainsi formés proposeront des programmes de formation des formateurs et mettront sur pied des unités de fabrication de chaussures théra-peutiques bon marché.

Les initiatives de sensibilisation et les campagnes éducatives axées sur le pied diabétique doivent être intensifiées. Des discussions sont en cours avec des collègues de tout le pays pour organiser un cours pour la mise en œuvre rapide de ces activités dans tout le pays.

Malgré les ressources limitées, des progrès significatifs ont été faits pour améliorer les soins du pied diabétique au Pakistan. D'autres efforts concertés au niveau national sont toutefois nécessaires. Lorsque toutes les parties prenantes seront motivées, impliquées et équipées, les avantages déjà considérables pour la société seront encore multipliés.

Des techniciens formés proposeront des programmes de formation des formateurs et mettront sur pied des unités de fabrication de chaussures thérapeutiques bon marché.

39DiabetesVoiceAvril 2013 • Volume 58 • numéro 1

Page 40: PersPectiVes globAles sur le diAbète Volume 58 – Avril 2013

DiabetesVoice Avril 2013 • Volume 58 • Numéro 140

diAbète et société

Le monde ne suffit pasInterview de Josu Feijoo

La vie de Josu Feijoo, un montagnard de 47 ans originaire de Vitoria, dans le Pays basque, n'a rien d'ordinaire – à l'exception peut-être du fait que, à l'instar de millions de personnes à travers le monde, il souffre de diabète de type 1. Il mène sa vie selon sa propre maxime : l'avenir appartient à ceux qui croient en la beauté de leurs rêves. Un coup d'œil sur son curriculum vitae nous montre que Josu a eu de nombreux rêves et a suffisamment cru en eux pour les transformer en réalité. Peuple excessivement fier, les Basques ne sont pas réputés pour leur modestie. Ils sont par contre admirés et respectés dans le monde entier pour leur force – tant physique qu'émotionnelle – et, à cet égard, Josu ne fait pas exception à la rège et est un vasco pur et dur. Mais il est également un athlète extraordinaire, qui s'est rendu dans des endroits que la plupart d'entre nous ne verront jamais que sur écran, en plus d'atteindre des limites physiques et émotionnelles in-croyables et dangereuses. Il s'est fait une place parmi l'élite montagnarde mondiale et est reconnu comme l'un des aventuriers les plus endurcis de la planète. Et aujourd'hui, il veut aller encore plus loin.

Page 41: PersPectiVes globAles sur le diAbète Volume 58 – Avril 2013

41DiabetesVoice

diabète et société

DV : Parlez-nous du jour où votre diabète de type 1 a été diagnostiqué. Si vous pou-viez remonter le temps, que diriez-vous à Josu Feijoo ce jour-là ? Qu'avez-vous appris sur le diabète que vous ignoriez à l'époque ?JF : Ca a été un coup ter-rible. J'avais 24 ans et je n'avais aucune idée de ce qu'était le diabète. Je venais de terminer mes études d'ingénieur, je tra-vaillais et tout ce que je voulais, c'était escalader des montagnes et profiter de la vie nocturne ! Si je pouvais remonter le temps, je me dirais pour me calmer : "Ta qualité de vie va s'améliorer [je prends soin de moi]. Tu feras l'ascension de l'Everest, tu deviendras astronaute et tu iras dans l'espace. Tu vivras à la NASA et recevra une formation au Centre spatial Youri Gagarine. Tu te ma-rieras et tu auras une fille merveilleuse. Ne t'inquiète pas ! La vie continue et le diabète n'est qu'un compagnon de voyage de plus."

DV : Vous vous préparez pour un voyage absolument incroyable. Avez-vous suivi une formation spéciale pour vous préparer physiquement ? Dites-nous ce que cela fait de se retrouver dans un environnement sans gravité.JF : À vrai dire, l'entraînement physique a été très dur. J'ai parfois eu l'impression que je n'y arriverais pas, mais je fais ce que j'aime faire. La centrifugeuse, à laquelle j'ai été soumis à 11 reprises, vous fait atteindre 5,4 Gs. Votre tête pèse alors 80 kg et chacun de vos bras 48 kg ! Vous devez supporter huit fois le poids normal de votre corps et, si vous bougez d'un millimètre, vous risquez de vous briser la colonne vertébrale et de rester tétraplégique. C'est un exercice très dangereux.

Le fait de ne plus avoir de gravité est un sen-timent étonnant. Vous flottez vraiment ! Mais

votre estomac se noue et il faut s'attendre à passer les jours suivants à vomir – mais flotter est tout simplement fantastique. J'ai toujours voulu être pilote d'avion et, aujourd'hui, je pilote un MiG-29 – l'avion de combat le plus évolué au monde. Je n'arrive toujours pas à y croire ! J'effectue des manœuvres de façon à atteindre 4 ou 5 Gs afin que mon organisme sache comment répondre lors de mon voyage dans l'espace.

Ensuite, il y a le laboratoire hydrologique. Après avoir revêtu une combinaison spa-tiale de 135 kg, je suis immergé à une pro-fondeur de 12 m dans une réplique de la Station spatiale internationale. Là, j'effectue des exercices que seules 59 personnes ont jamais réalisés. J'avais vu cela dans des films (comme Armageddon et Space Cowboys) et, pour l'avoir vécu moi-même, je peux vous dire que c'est hallucinant. On peut voir des vidéos de moi en train de faire ces exercices sur mon site web (www.josufeijoo.com).

DV : Devrez-vous effectuer des expériences liées au contrôle de la glycémie pendant votre voyage dans l'espace ? J'ai cru com-prendre que vous alliez tester un nouvel équipement et de l'insuline artificielle. Que ferez-vous exactement lorsque vous serez en orbite ?

Diabetes Voice : Qu'est-ce que les "sept som-mets" ? Que signifie pour vous le fait d'être la première personne atteinte de diabète à les avoir tous conquis ?Josu Feijoo : Les sept sommets sont un projet international qui consiste à faire l'ascension de la plus haute montagne sur chaque conti-nent. Je suis la 288e personne à l'avoir fait et, comme vous l'avez dit, la première atteinte de diabète. Il est clair que c'est un exploit. Mais j'ai également fait le "Grand Slam", qui, outre la conquête des sept sommets, m'a amené à conduire un traîneau de 125 kg au pôle Nord et au pôle Sud. Ces expéditions ont été difficiles. Elles m'ont demandé deux semaines chacune et j'ai atteint les pôles sans l'aide de personne. Nous ne sommes que 21 à travers le monde à l'avoir fait.

DV : Vous avez bouclé ce Grand Slam en 10 ans seulement, en ce compris bien évi-demment l'Everest et l'Aconcagua, et votre exploit a été salué partout dans le monde. Qu'est-ce qui vous pousse de l'avant ? Est-ce un désir de récompenses internationales qui vous motive ?JF : Pas du tout ! Ces prix sont fabuleux – on ne s'en lasse pas ! Mais ces récom-penses ne font que reconnaître le travail acharné et les sacrifices d'une personne et servent d'encouragement pour d'autres personnes atteintes de diabète de par le monde… mais ce n'est pas ce qui me pousse à aller de l'avant. Je le fais parce que je veux repousser mes propres limites. Je suis un montagnard et je suis ambitieux – et, après tout, si d'autres personnes le font, pourquoi pas moi ?

DV : Quels étaient vos rêves avant que votre diabète de type 1 ne soit diagnostiqué ?JF : Quasiment les mêmes que maintenant. J'avais toujours rêvé de faire l'ascension de l'Everest et d'être astronaute. En fait, lorsque je m'exprime lors de conférences, je commence toujours par demander à l'audience Et si les rêves devenaient vrai-ment réalité ?…

Avril 2013 • Volume 58 • numéro 1

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DiabetesVoice Avril 2013 • Volume 58 • Numéro 142

diAbète et société

JF : Je testerai une insuline à action lente qui a une durée d'action de trois jours. Cette insuline est déjà commercialisée dans cer-tains pays d'Europe du nord. Ici, en Espagne, les choses bougent un peu plus lentement et cela fait maintenant sept ans que je travaille sur ce projet.

Les "recherches phares" porteront sur les cytokines. Les scientifiques avec qui je tra-vaille ont déjà "guéri" le diabète chez des sou-ris génétiquement modifiées – les modèles de souris modifiées développés par Pedro Herrera à l'Université de Genève. Ils ont démontré que, dans le pire des scénarios (absence totale d'insuline en raison de la destruction des cellules bêta du pancréas), les souris avaient pu récupérer une partie de leur masse de cellules bêta et survivre sans injections d'insuline.

L'un des principaux points de cette décou-verte est que, pour la première fois, un mo-dèle animal ne présentant pas de lésions inflammatoires a été mis au point. Mais le plus intéressant est que la masse de cellules bêta est réapparue grâce à un processus de "transdifférenciation" des cellules alpha – des cellules présentes sur les îlots du pancréas, à côté des cellules bêta, et qui sont connues pour produire le glucagon. En d'autres termes, des parties des cellules alpha se transforment en cellules bêta et produisent de l'insuline à la place de glucagon. La pro-chaine grande étape consistera à tester ce processus chez l'être humain – et c'est là que j'entre en jeu !

DV : Au-delà de vos objectifs scientifiques, que recherchez-vous au travers de cette nou-velle aventure ?JF : Tout d'abord, je veux aller dans l'espace – j'en ai rêvé toute ma vie. Ensuite, je veux contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de diabète et, qui sait, à trouver un remède. Je veux également prouver qu'une personne avec un diabète bien géré peut s'attaquer à n'importe quel

défi. Vous croyez qu'il a été facile de subir tous ces tests, de piloter un MiG-29 et de faire l'ascension de l'Everest ? Je peux vous dire que cela n'a pas été le cas. J'ai souffert comme tout le monde dans ces cas-là, et j'ai dépassé mes limites, comme n'importe qui d'autre. La société continue toutefois à mettre des obstacles en travers de la route de personnes atteintes de ma condition. Je ne veux pas montrer au monde que les per-sonnes atteintes de diabète sont comme les autres ; je veux montrer que nous pouvons être meilleurs – ha ha !

DV : La question à un million de dollars à présent : avez-vous des projets prévus une fois de retour de l'espace ?JF : Après cette dernière série de tests et de défis, que j'ai passés haut la main, l'Agence spatiale russe m'a invité à "vivre" dans la Station spatiale internationale – afin de pour-suivre les expériences sur mon propre corps et avec des cellules souches embryonnaires dans le but ultime de trouver un remède.

Mais ce voyage coûte aux alentours de 40 millions d'euros. Je suis donc actuellement à la recherche de fonds – un philanthrope mul-timillionnaire, peut-être, ou une fondation consciente de la nécessité pressante de guérir le diabète. Toute aide sera la bienvenue !

ne t'inquiète pas ! la vie continue et le diabète n'est qu'un compagnon de voyage de plus.

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