permières nouvelles #3 // journal du festival

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SOMMAIRE PORTRAIT D’AUTEUR Page 2 Péter Závada, slameur dramaturge PREMIèRES | RETOURS Ode an die Übung PREMIèRES RENCONTRES Page 3 Thom Luz A PREMIèRES VUES En chaque homme… DRUMHERUM Page 4 Die Energie im Raum J’irai bruncher avec vous Opa übt T 1 A l’occasion de cette 9 e édition du festival Premières, la question des frontières entre musique et théâtre est soulevée à plusieurs reprises jusqu’à interroger la nature même du spectacle présenté. Peut-on encore parler de « théâtre » quand la musique est vraiment au centre du spectacle, que ce soit sur le fond du propos ou dans sa forme ? Le festival Premières fait la part belle à un genre prisé par certains metteurs en scène, essentiellement ceux de culture germanique : le théâtre musical. Thom Luz, metteur en scène suisse de When I Die, est également musicien et chanteur du groupe pop My heart belongs to Cecilia Winter. Dans son spectacle, les influences de son compatriote suisse Christoph Marthaler ou bien celles de David Marton, tous deux figures du théâtre musical en Europe et bien connus du public strasbourgeois, sont palpables. Sur le plateau, trois musiciens pour deux comédiens. La musique est à elle seule un personnage. C’est elle qui habite cette vieille femme visitée par des fantômes de compositeurs : Mozart, Bach, Beethoven, Liszt… C’est elle qui fait le pont entre la vie et la mort. La musique n’est pas envisagée comme un simple matériau du spectacle. Elle en est son point de départ, son moteur et son aboutissement. Le spectacle du collectif allemand FUX s’inscrit également dans cette forme de théâtre musical. Rappelons que l’origine du spectacle Opa Übt est un opéra qui n’a été présenté qu’une seule fois au moment de la célébration des 20 ans de la RDA. Cet opéra historique était alors dirigé par Paul Dessau et Heiner Müller en a signé le livret. Des 400 personnes présentes sur le plateau au moment de la création, il ne reste que les trois performers (musiciens, chanteurs, danseurs) qui s’attèlent non pas à reconstituer cet événement (la tâche serait d’ailleurs impossible) mais à déconstruire de manière radicale le genre opéra lyrique par une proposition décalée, minimaliste et singulière. Le collectif interroge ici les conventions classiques de l’opéra en proposant un langage musical et théâtral nouveau. Enfin, bien que le spectacle En chaque hommene se revendique pas comme appartenant au théâtre musical, la place de la musique (et de la danse) y est très présente. Il s’agit cette fois d’interroger les codes du ballet classique de Tchaïkovski, Le Lac des cygnes, de les détourner, voire de les distordre au contact du texte contemporain Oxygène d’Ivan Viripaev. Tous les mediums se faisant écho les uns aux autres ont été travaillés de manière équivalente. Il ne s’agit donc pas de catégoriser ou de cloisonner dans tel ou tel genre les spectacles des jeunes metteurs en scène. Premières permet au contraire de montrer à quel point les frontières entre genres sont poreuses. Chaque metteur en scène cherche et propose sa propre voie dans cet entrelacs toujours à redéfinir. Inès Beroual, Ameline Baudoin Über zusammen Tanzen Ich bin Französin. Das französische Publikum müsste ich also verstehen. Irgendwie klappt das aber nicht ganz. Gerade sitze ich in einer Ecke auf der ersten Party von Premières. Vor mir steht eine Band auf der Bühne. Auf der riesigen Leinwand sind Smileys und Pacman- Bilder zu sehen. Die Spots blitzen, die Bässe krachen. Eine richtige berliner Party-Atmosphäre. Ich hatte es nicht erwartet: Die Musik ist gut. Richtig gut. Dies ist genau ein Konzert, wie ich es in Berlin besuchen würde. Also: alles perfekt. Oder nicht. Etwas fehlt: das Publikum. Es ist nicht als wäre niemand auf der Party. Nur: Das Publikum steht draußen und ignoriert die Band. Liegt es am Wetter? Bestimmt. Natürlich ist es angenehm, einer der ersten warmen Abende des Jahres mit einem Bierchen draußen zu genießen. Das kann ich verstehen. Aber ganz ehrlich: Wenn man auf eine Party geht, will man doch auch die Band hören und sehen. Oder? Meiner Meinung nach fehlt hier irgendwas. Eine Art Neugierde. Jemand sagte gerade, die Musik sei zu laut und zu brutal. Wie können Leute das denn behaupten, die nicht im Saal waren? Es ist tatsächlich nicht die gewöhnlichste und einfachste Musik, die man sich vorstellen kann. Ich kann verstehen, dass man sie nicht mag. Was ich aber nicht verstehen kann, ist dass so wenig Leute sich getraut haben oder sich dafür interessiert haben, in den Saal hereinzukommen. Und wäre es nur aus reiner Neugier. Leute, ihr habt gerade etwas verpasst. Wenn nicht die Musik an sich, dann die Gelegenheit, etwas anderes zu entdecken. Ich kann es euch nur empfehlen: Traut euch heute Abend auf den Dancefloor. Und versucht mal, die Musik zu genießen. Vielleicht können wir ja zusammen tanzen. Marie Gutbub © Susanna Drescher #9 FESTIVAL PREMIèRES NOUVELLES Samedi | Samstag 07. 06. 2014 Strasbourg Le théâtre… le théâtre… Où il était le théâtre ? Muss es sein, es muss sein ? « Heinrich, die Kuh muss, keine Ahnung, von A nach B auf jeden Fall»

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Au sommaire rencontre avec Thom Luz, portrait du dramaturge Peter Zavada, retour sur OPA Ubt le spectacle allemand, zoom sur le spectacle francais En chaque homme il y en a deux qui dansent, et rappel du brunch à ne pas manquer ! http://www.festivalpremieres.eu/

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Page 1: Permières Nouvelles #3 // Journal du Festival

SOMMAIRE

PoRtRait D’autEuR Page 2

Péter Závada, slameur dramaturgePREmièRES | REtouRS

ode an die Übung

PREmièRES REncontRES Page 3

thom Luza PREmièRES VuES

En chaque homme…

DRumhERum Page 4

Die Energie im Raum J’irai bruncher avec vous

Opa übt

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1A l’occasion de cette 9e édition du festival Premières, la question des frontières entre musique et théâtre est soulevée à plusieurs reprises jusqu’à interroger la nature même du spectacle présenté. Peut-on encore parler de « théâtre » quand la musique est vraiment au centre du spectacle, que ce soit sur le fond du propos ou dans sa forme ? Le festival Premières fait la part belle à un genre prisé par certains metteurs en scène, essentiellement ceux de culture germanique : le théâtre musical.

Thom Luz, metteur en scène suisse de When I Die, est également musicien et chanteur du groupe pop My heart belongs to Cecilia Winter. Dans son spectacle, les influences de son compatriote suisse Christoph Marthaler ou bien celles de David Marton, tous deux figures du théâtre musical en Europe et bien connus du public strasbourgeois, sont palpables. Sur le plateau, trois musiciens pour deux comédiens. La musique est à elle seule un personnage. C’est elle qui habite cette vieille femme visitée par des fantômes de compositeurs : Mozart, Bach, Beethoven, Liszt… C’est elle qui fait le pont entre la vie et la mort. La musique n’est pas envisagée comme un simple matériau du spectacle. Elle en est son point de départ, son moteur et son aboutissement.

Le spectacle du collectif allemand FUX s’inscrit également dans cette forme de théâtre musical. Rappelons que l’origine du spectacle Opa Übt est un opéra qui n’a été présenté qu’une seule fois

au moment de la célébration des 20 ans de la RDA. Cet opéra historique était alors dirigé par Paul Dessau et Heiner Müller en a signé le livret. Des 400 personnes présentes sur le plateau au moment de la création, il ne reste que les trois performers (musiciens, chanteurs, danseurs) qui s’attèlent non pas à reconstituer cet événement (la tâche serait d’ailleurs impossible) mais à déconstruire de manière radicale le genre opéra lyrique par une proposition décalée, minimaliste et singulière. Le collectif interroge ici les conventions classiques de l’opéra en proposant un langage musical et théâtral nouveau.

Enfin, bien que le spectacle En chaque homme… ne se revendique pas comme appartenant au théâtre musical, la place de la musique (et de la danse) y est très présente. Il s’agit cette fois d’interroger les codes du ballet classique de Tchaïkovski, Le Lac des cygnes, de les détourner, voire de les distordre au contact du texte contemporain Oxygène d’Ivan Viripaev. Tous les mediums se faisant écho les uns aux autres ont été travaillés de manière équivalente.

Il ne s’agit donc pas de catégoriser ou de cloisonner dans tel ou tel genre les spectacles des jeunes metteurs en scène. Premières permet au contraire de montrer à quel point les frontières entre genres sont poreuses. Chaque metteur en scène cherche et propose sa propre voie dans cet entrelacs toujours à redéfinir.

Inès Beroual, Ameline Baudoin

Über zusammen tanzenIch bin Französin. Das französische Publikum müsste ich also verstehen. Irgendwie klappt das aber nicht ganz.Gerade sitze ich in einer Ecke auf der ersten Party von Premières. Vor mir steht eine Band auf der Bühne. Auf der riesigen Leinwand sind Smileys und Pacman-Bilder zu sehen. Die Spots blitzen, die Bässe krachen. Eine richtige berliner Party-Atmosphäre.Ich hatte es nicht erwartet: Die Musik ist gut. Richtig gut. Dies ist genau ein Konzert, wie ich es in Berlin besuchen würde.Also: alles perfekt.Oder nicht.Etwas fehlt: das Publikum.Es ist nicht als wäre niemand auf der Party. Nur: Das Publikum steht draußen und ignoriert die Band.Liegt es am Wetter? Bestimmt. Natürlich ist es angenehm, einer der ersten warmen Abende des Jahres mit einem Bierchen draußen zu genießen. Das kann ich verstehen.Aber ganz ehrlich: Wenn man auf eine Party geht, will man doch auch die Band hören und sehen. Oder?Meiner Meinung nach fehlt hier irgendwas. Eine Art Neugierde. Jemand sagte gerade, die Musik sei zu laut und zu brutal. Wie können Leute das denn behaupten, die nicht im Saal waren?Es ist tatsächlich nicht die gewöhnlichste und einfachste Musik, die man sich vorstellen kann. Ich kann verstehen, dass man sie nicht mag. Was ich aber nicht verstehen kann, ist dass so wenig Leute sich getraut haben oder sich dafür interessiert haben, in den Saal hereinzukommen. Und wäre es nur aus reiner Neugier.Leute, ihr habt gerade etwas verpasst. Wenn nicht die Musik an sich, dann die Gelegenheit, etwas anderes zu entdecken.Ich kann es euch nur empfehlen: Traut euch heute Abend auf den Dancefloor. Und versucht mal, die Musik zu genießen.Vielleicht können wir ja zusammen tanzen.

Marie Gutbub

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Le théâtre… le théâtre… où il était le théâtre ? muss es sein, es muss sein ?

« Heinrich, die Kuh muss, keine Ahnung, von A nach B auf jeden Fall »

Page 2: Permières Nouvelles #3 // Journal du Festival

Dehors

2FUX möchte üben. Für ihr Stück Opa übt hat sich das Kollektiv um Nele Stuhler, Stephan Dorn und Falk Rößler eine Monumentaloper vorgenommen, von der es kaum Originalmaterial gibt. Lanzelot von Paul Dessau – keine leichte Übung. Dessau hat für seine Oper mehrere Chöre und Orchester auf die Bühne gebracht, 270 Mitwirkende sind es 1969 bei der Uraufführung gewesen, sagt FUX. Der Klavierauszug hatte an die hundert Seiten und die Proben dauerten ewig. Nele, Stephan und Falk haben als Ausgangsmaterial nicht viel. Den Klavierauszug sind sie zusammen mit einem Musiker durchgegangen, sie haben mit Zeitzeugen gesprochen, Kritiken gelesen. Allerdings sei die Oper kaum bekannt. Manche behaupteten sogar, FUX hätte sich die Oper ausgedacht und in echt hätte es sie nie gegeben, sagt das Kollektiv im Gespräch.

Paul Dessau hatte sich damals zusammen mit Heiner Müller, der das Libretto schrieb, die Frage gestellt, wie Oper die Welt verändern kann. Es sei eine Oper gewesen, die damals schon sehr viel wollte, sagt Nele. Dessau habe diesem Genre viel zugetraut. Das Kollektiv FUX steht diesem Genre nicht ohne Skepsis gegenüber. Die Oper habe ein riesen Potential, schon allein durch das Orchester. Aber:

„Warum singen die Sänger so komisch? Warum spielen die so schlecht? Warum können wir mit dem Genre nichts anfangen, so, wie es ist?“ Sie seien selten in der Oper gewesen und hätten es toll gefunden, sagen Nele, Stephan und Falk. Also haben sie sich die Frage gestellt: Wie können wir zu dritt Oper machen?

Vielleicht traut sich FUX viel zu, wenn es heute wagt, diese Oper zu dritt auf die Bühne zu hieven. Aber Opa übt sei keinesfalls eine Pop- oder Rockoper, auch wenn zwei der FUX-Mitglieder früher in Bands gespielt haben. Trotzdem, so FUX, müssen sie ihr „eigenes Ungenügen kompensieren“. Ohne Orchester, ohne Dirigent, ohne Sänger lässt sich ja nicht einfach so eine Oper machen. An dieser offensichtlichen Überforderung muss FUX „halt üben“. Als Orientierung hat sich das Kollektiv an die Takte aus dem Klavierauszug gehalten und diese mit ihren eigenen Sounds gefüllt. Dass sie Musik damit nicht neu erfinden, ist allen dreien klar. Aber Opa übt übt eben – Scheitern sei eine mögliche Konsequenz davon.

Aber wer ist denn jetzt eigentlich Opa?

Marie Gutbub, Valerie Schaub

Péter Závada est un jeune auteur hongrois au talent varié : il développe sa plume entre rap, slam, poèmes et pièces de théâtre.

D’abord poète, P. Závada publie de nombreux textes dans des revues littéraires hongroises reconnues. Son premier recueil de poésie paraît en Hongrie en 2012.Il est membre également d’un groupe de slam, Akkezdet Phiai et travaille avec le rappeur Márk Süveg. Ils composent ensemble leurs textes autour d’un style musical rap/hiphop alternatif et participent à plusieurs événements internationaux de slam poetry.

Grand voyageur, mettant à profit ses études en anglais et en italien, P. Závada parcourt le monde : Californie, Italie, France... En novembre 2010, il s’arrête à Nantes pour le projet Nantes Europe Express. Ce dernier consiste à créer un orchestre itinérant axé sur la jeunesse, les musiques actuelles, la citoyenneté et le dialogue interculturel. Avec d’autres artistes français, ils voyagent en bus à travers la Roumanie, la Hongrie et la Bulgarie. De là naissent des spectacles et performances présentés à Nantes.

Côté théâtre, Péter Závada se rapproche d’un groupe de théâtre alternatif de Budapest pour lequel il écrit sous le pseudonyme Újonc L’Atelier Spidron.

Il rencontre le metteur en scène Daniel D. Kovács, à l’Université de théâtre et de cinéma de Budapest. Dans leur premier spectacle, ils adaptent L’Impromptu de Versailles de Molière. La pièce est très bien reçue par la critique. Leur collaboration se poursuit et Péter Závada écrit alors le texte du spectacle Reflex. Partant d’un fait historique, l’enfermement à l’asile d’un homme scientifique en 1956, il s’interroge sur les raisons (pathologiques ? politiques ?) de cette hospitalisation organisée dans un climat oppressant de surveillance qui n’est sans doute pas sans rappeler la Hongrie actuelle de Viktor Orbán.

Alizée Lambert, Ruirui Liu, Yue Zhang

1, 2, 1, 2, 1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9: Es wird wieder an Opa geübt, wie das Kollektiv FUX seine Arbeit liebevoll nennt. Opa übt war zuerst nur der Arbeitstitel des Stücks. Die Gruppe aus Gießen versucht sich damit am Genre Oper. Dass der Titel ein ironisches Wortspiel sei, geben die drei zu. Aber mit der Zeit der Proben werde dieser Titel immer richtiger.

FUX: Nele Stuhler, Falk Rößler und Stephan Dorn heute, wie Ruth Berghaus (Regie), Paul Dessau (Komposition) und Heiner Müller (Libretto) damals.

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Premières | rETourSode an die Übung

Péter Závada, slameur dramaturge

PorTraiT d’auTEur

Page 3: Permières Nouvelles #3 // Journal du Festival

« Avez-vous déjà invité ou songé à inviter un clochard chez vous,

pour la nuit ou la journée ? »

3Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?Je ne suis pas acteur bien que j’ai suivi une courte formation de deux ans en jeu. J’ai surtout fait de la musique sur scène au théâtre. C’est un peu par hasard que j’ai commencé la mise en scène il y a quelques années à Bâle avec un projet qui a très bien marché. C’est là que tout a basculé pour moi. Je me suis aperçu que le fait de ne pas être sur scène, de disparaître, me procure un sentiment de liberté extraordinaire. Par ailleurs, je joue dans un groupe pop, c’est aussi ma passion. J’aime mélanger le théâtre et la musique afin de trouver le bon équilibre : mes spectacles sont des compositions.

Du coup, quelle place donnez-vous au texte dans votre travail ?La découverte de Christoph Marthaler a été pour moi comme une naissance au théâtre. C’est lui qui m’a permis de trouver mon propre langage. Alors que l’on m’avait appris qu’au théâtre, il fallait créer des situations conflictuelles, chez Marthaler, ni conflit ni grimace. Tout est simple comme dans un rêve. Je n’aime pas le drame évident, visuel, explicite. J’aime le drame caché, sous-jacent, celui que tu peux seulement entendre et ne pas voir. Pour moi, la question du texte s’est vraiment posée au moment où l’on nous a demandé de faire des surtitres. Du coup, on s’est dit : « ce soir, on arrive à l’hôtel, on boit et on fait les surtitres » (rire). Blague à part,

dans le théâtre, je n’aime pas trop le langage. Pour moi, le théâtre, c’est comme la chanson. Dans une chanson en langue étrangère, tu comprends peut-être juste quelques mots mais tu ressens quand même des choses. Dans une chanson dans ta propre langue, le texte attire toute l’attention. Et tu es tout de suite beaucoup plus critique. Ça sonne moins vrai.

Dans When I Die, vous revenez sur l’histoire de Rosemary Brown, vieille veuve anglaise qui reçoit la visite de grands compositeurs morts depuis longtemps. Pourquoi ce choix ?Un ami m’a fait découvrir cette histoire qui m’a tout de suite fasciné. J’aime les histoires de fantômes. Dans le cas de Rosemary, la musique sert de connexion avec les morts et j’ai trouvé cela très touchant. Dans ses partitions musicales, Rosemary fait résonner sa solitude. Au début du spectacle, Rosemary est au piano, les musiciens sont invisibles. Le décor présente quelques éléments un peu dispersés, comme dans un rêve. Je voulais brouiller la frontière entre le réel et l’irréel et faire douter le spectateur. Les fantômes sont-ils vivants ? Rosemary n’est-elle pas morte ? Et nous d’ailleurs, sommes-nous vraiment vivants ?

Jeanne Jégou, Sarah Moudakkir

Théâtre, danse : deux matériaux aussi différents que complémentaires util-sés par Vilma Pitrinaite et Thomas Pondevie, élèves des groupes 40 et 41 du TNS, dans En chaque homme, il y en a deux qui dansent.

La WE Cie, fondée en 2013 par Vilma Pitrinaite, chorégraphe, et Thomas Pondevie, dramaturge, rassemble deux œuvres a priori très opposées : Le Lac des cygnes, ballet classique de Tchaïkovski et Oxygène, texte contemporain du jeune auteur russe Ivan Viripaev. Ce rapprochement est né d’une intuition de Vilma. Elle y a vu une thématique commune : amour, oppression et liberté reposant sur un triangle amoureux.

Le Lac des cygnes est une histoire d’amour entre un prince et un cygne blanc. Amour rendu impossible par la malédiction d’un sorcier qui trompe le prince en le mariant à un cygne noir, poussant ainsi au désespoir et à la mort le cygne blanc. Oxygène est construit sur un schéma similaire : un jeune couple, Sacha homme venu de Serpoukhov (province russe) et Sacha femme moderne de Moscou, tombe amoureux. Pour vivre cette histoire, Sacha homme tue sa première femme. Trois comédiens se partagent à la fois les rôles de Sacha de Serpoukhov, Sacha de Moscou et celui d’un narrateur pour Oxygène et ceux du prince et des deux cygnes pour le ballet. Thomas Pondevie fonde sa réécriture sur des allers-retours entre texte et danse et crée une atmosphère énergique, vivante, frisant la schizophrénie.

Cette intention est également portée par la scénographie. Le plateau parsemé d’étoiles symbolise les reflets du lac, le triangle, dessiné au sol, devient une aire de jeu pour les comédiens dont chaque angle détermine le rôle qui est à prendre. Oxygène et Le Lac des cygnes sont ainsi transformés, distordus pour ne garder que le caractère essentiellement vivant des corps.

Alizée Lambert, Ameline Baudoin

DR

DR

En chaque homme…

a Premières | VuES

thom Luz, metteur en scène autodidacte suisse de When I die

Premières | rENcoNTrES

« Dans mes spectacles, ce qu’on entend est

plus important que ce que l’on voit »

Page 4: Permières Nouvelles #3 // Journal du Festival

4Après une soirée festive, Premières propose de mettre vos papilles et votre curiosité en éveil autour d’un brunch convivial. L’occasion est à saisir : vous pourrez rencontrer et échanger avec les jeunes artistes européens invités, en dégustant un grand bol de café salvateur, lové dans un des fauteuils moelleux du hall du Maillon… Beau programme pour soigner une nuit (sans doute) trop courte, n’est-ce pas ?

Cette rencontre, animée par Thomas Flagel, journaliste chevronné du magazine Poly, sera l’occasion d’une pause dans la frénésie du festival. Cela permettra d’aborder, à travers les différents points de vue des artistes présents, la question du processus de création et celle de la formation dans leur pays d’origine. Mais aussi d’apporter quelques clefs sur les spectacles ou tout simplement de vous donner envie de les voir (ou revoir) ! Bien que tous les artistes ne soient pas présents à ce brunch (certains ayant dû quitter ce marathon théâtral prématurément), vous aurez le plaisir d’entendre les artistes français de En chaque homme…, italiens de What the hell..., hongrois de Reflex, allemands de Opa Übt, belges de Dehors et suisses de When I die. Tant de langues étrangères que vous (et votre cerveau embué) avez peur de ne rien comprendre ? Pas de panique, des traducteurs seront là pour faire le lien. Alors n’hésitez plus et venez rendre vivant ce moment de rencontre du festival, à la découverte des énergies créatrices d’aujourd’hui ! Rendez-vous demain dimanche au Maillon à… 11h.

Yili Jin et Odile Kieffer

Samedi | Samstag | 7.6 | Programme TNS > 19.30 - 20.55 Reflex 21.30 - 22.50 When I Die

Maillon - Wacken > 19.00 - 20.45 Dehors 22.00 - 23.15 En chaque homme... 23.30 - 3.30 Soirée / Party

TNS Espace Grüber > 17.00 - 18.10 Opa übt

TJP Petite scène > 15.00 - 16.00 What the Hell is Hapiness ?

Die Energie im Raum

2010 hat die Kostümbildnerin Geraldine Arnold zum ersten Mal bei Premières mitgemacht. Jetzt ist sie zurück – aber diesmal hinter dem Mischpult, als DJ Gerry Tale.

Hallo Geraldine, schön dass Du bei Premières zurück bist! Diesmal werden wir Dich also als DJ kennenlerenen. Wo legst Du normalerweise auf?Ich lege meistens auf Premierenfeiern im Deutschen Theater in Berlin auf. Daneben auch viel auf Geburtstagen und in diesem Sommer sogar auf einer Hochzeit. Das klingt zwar ein bisschen uncool für einen DJ aber es macht richtig Spaß.

Kannst Du uns erzählen, wie Du angefangen hast, Musik zu machen?Ich bin im Musikstudio des Veranstalters der Leverkusener Jazztage aufgewachsen. Als Kind habe ich Klavier gespielt, und danach Saxofon. Später, als ich 18 war, musste ich immer nach Köln, um Party zu machen. In Leverkusen war nichts los. Deswegen habe ich mit drei Freunden entschieden, selbst eine Partyreihe zu organisieren. So haben wir Boogie 3 000 gegründet und sind zu Partyveranstaltern geworden. Dort habe ich viel von den DJs gelernt. Als ich später nach Hamburg gezogen bin, habe ich angefangen, selbst aufzulegen, und das mache ich jetzt in Berlin weiter.

Was legst Du am liebsten auf?Ich höre selbst ganz verschiedene Musikstile. Als DJ lege ich relativ viel Hip Hop auf, versuche aber auch elektronische Musik zu spielen und allgemein Hits mit unbekannteren Liedern abzuwechseln. Wichtig ist, die Energie im Raum zu spüren, wonach das Publikum schreit, und darauf zu reagieren. Auflegen ist ein Zusammenspiel mit dem Publikum.

Das Gespräch führte Marie Gutbub

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Promis ! J’irai bruncher avec vous !

Journal conçu et rédigé par les étudiants en Master Arts du Spectacle de l’Université de Strasbourg, une étudiante en Master Journalisme culturel à la Universität der Künste de Berlin et des étudiantes en Master Journalisme franco-allemand de l’Université de Freiburg. En collaboration avec le TNS, Le-Maillon et le Badisches Staatstheater Karlsruhe.Wandy Anguila, Elena Fernandez, Marie-Camille Bardet, Ameline Baudoin, Inès Beroual, Jeanne Jegou, Sarah Justin, Odile Kieffer, Alizée Lambert, Noémie Lang, Ruirui Lui, Sarah Moudakkir, Jie Mu, Nestor Gahe, Juliette Petitjean, Marilyne Rouhier, Laurie Wendenbaum, Shuai Wang, Jin Yili, Yue Zhang, Bettina Baumann, Elisa Brinai, Marie Gutlub, Valérie SchaubCoordination : Lorédane Besnier assistée de Quentin Bonnell, Kim Boehler, Milena Bas et Eléonore Zaun. Mise en page : Jacques Lombard, Jessica GriesRemerciements : Thomas Flagel, Geoffrey Holzinger, Michèle Lafosse, Alex Landa-Aguirreche, Romain Le Déaut, Stéphane Michels, Jens Peter

Drumherum