perceptions du développement durable et comportements sociaux

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Contribution à Perception du développement durable et comportements sociaux : étude sur les représentations et pratiques, actuelles et futures, d'individus de 18 à 30 ans Directeur de mémoire : Frédéric Mollé Tuteur de stage : Gabriel Vitré Claire PÉCOT Mémoire de Master 1 Professions du diagnostic et de l’expertise sociologique 2010 - 2011 Conseil de développement - Tour Bretagne - 44047 Nantes Cedex 1 / 02 40 99 49 36 / [email protected] / www.nantes-citoyennete.com

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Mémoire universitaire (master 1 sociologie) de Claire PECOT pour le compte du Conseil de développement de Nantes métropole : Perceptions du développement durable et comportements sociaux : étude sur les représentations et pratiques, actuelles et futures, d'individus de 18 à 30 ans.

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Contribution à

Perception du développement durable et comportements sociaux :

étude sur les représentations et pratiques, actuelles et futures, d'individus de 18 à 30 ans

Directeur de mémoire : Frédéric MolléTuteur de stage : Gabriel Vitré

Claire PÉCOT

Mémoire de Master 1

Professions du diagnostic etde l’expertise sociologique

2010 - 2011

Conseil de développement - Tour Bretagne - 44047 Nantes Cedex 1 / 02 40 99 49 36 / [email protected] / www.nantes-citoyennete.com

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IntroductionContexte d'interventionLe stage d'une durée de trois mois s'est déroulé au sein du Conseil de Développement de NantesMétropole. La Communauté urbaine de Nantes Métropole comprend 24 communes dont celle deNantes. Le Conseil de Développement, institué depuis la loi Voynet de 1999, est la structure dedémocratie participative de Nantes Métropole. Organe consultatif, ce Conseil est chargé d'assurerl'expression de la société civile auprès de la Communauté urbaine. Composé de 250 personnes(associations, personnes qualifiées, citoyens volontaires…), il organise la participation citoyennedans une logique de prospective territoriale. Philippe Audic est le président du Conseil deDéveloppement.

L'étude réalisée intervient dans le cadre du projet de territoire à l'horizon 2030 initié par laCommunauté Urbaine de Nantes et piloté par l'AURAN (Agence d'urbanisme de la régionnantaise). Le Conseil de Développement a été saisi pour réfléchir sur ce sujet et élaborer despropositions. L'objet de l'étude repose sur les représentations et pratiques actuelles et futuresd'individus âgées de 18 à 30 ans en matière de développement durable. Or, selon Pierre Bourdieu,"la jeunesse n'est qu'un mot". S'intéresser à cette catégorie de population ne signifie pas constaterdes caractéristiques uniquement propres aux moins de 30 ans.

Le développement durable est une notion apparue pour la première fois dans le rapport Bruntlanden 1987. À l'époque, la définition précisait : « un développement qui répond aux besoins desgénérations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs."Progressivement, le développement durable est devenu une préoccupation internationale, nationaleet locale. Cette notion s'entend sous trois piliers : environnemental, social et économique. Àl'échelle de la Communauté Urbaine Nantaise, le Plan Climat et l'Agenda 21 sont des documentsmentionnant les objectifs visés. Nantes Métropole a reçu le label Cit'Ergie cette année. Ce labeleuropéen « récompense les collectivités pour leurs politiques de maîtrise d'énergie et de lutte contrele réchauffement climatique »1 . Elle est aussi désignée capitale verte à l'échelle européenne pour2013. L'enjeu du développement durable pour une collectivité territoriale réside dans plusieursdomaines : l'organisation de l'espace et des bâtiments, la réduction de la consommation énergétiqueet des pollutions (atmosphériques, sonores), la gestion des ressources naturelles et la qualité ducadre de vie des habitants. Cette qualité repose sur l'accès à l'emploi, de bonnes conditions de viepour tous, en lien avec le respect de l'environnement. Ce travail s'élabore en collaboration avecmultiples acteurs (entreprises, associations, Agence d'urbanisme...).

1 "Nantes est récompensée pour sa politique énergitique", in Nantes Passion, n° 215, juin 2011.

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MéthodologieAu cours de l'enquête, la méthode utilisée était triple. Tout d'abord, un questionnaire 2 fut rédigé àl'aide de plusieurs thématiques. Des sujets de la vie actuelle de l'individu apparaissaient d'abord :loisirs, mobilité, achats divers (alimentaires en partie), consommations énergétiques, tri des déchets,projections individuelles et pour le territoire nantais. Également, des questions traitaient despratiques parentales : loisirs, mobilité et consommations énergétiques. Les talons sociologiques del'individu et de ses parents étaient aussi abordés. Ce questionnaire fut transmis auprès de différentespopulations.

En premier lieu, le travail de collaboration du Conseil avec des étudiants ingénieurs de l'ÉcoleCentrale permit de recueillir quinze questionnaires. Ensuite, un projet de travail fut élaboré avec desvolontaires du service civique, investis dans l'association Unis-Cité. Plusieurs séances de travailétaient organisées. Avant chaque séance de travail, le questionnaire était complété et remisdirectement en main (soit trente-deux en tout). Également, un contact fut établit avec des stagiairesde l'École de la Deuxième Chance, structure créée depuis octobre 2010 sur Nantes. Au cours d'unematinée, les stagiaires complétèrent le questionnaire devant moi et me posèrent des questions sibesoin. Au final, vingt-huit questionnaires furent transmis. Enfin, un animateur de la maison dequartier de Dervallières a répondu eu questionnaire. Au préalable de la passation du questionnairemais aussi par contrainte de temps, j'ai réalisé quatre entretiens. Cela a permis de rectifier voiresupprimer certaines questions. A la suite de la transmission de mes questionnaires, j'ai poursuivitd'autres entretiens : j'ai sélectionné quelques personnes de différents milieux sociaux dont le profilme semblait pertinent (soit la personne semblait très intéressée par la notion de développementdurable ou pas du tout). Enfin, le Conseil de développement travaillant en partenariat avec Unis-Cité, j'ai également entrepris quatre observations des travaux de groupe. Au total, soixante-seizequestionnaires ont pu être récoltés et treize entretiens ont été réalisées.

Sociographie des enquêtés 3

Voici plusieurs caractéristiques de la population enquêtée. Tout d'abord, l'échantillon se compose de51 % de garçons et de 48 % de filles. Ensuite, une majorité des individus est âgée de 18 à 20 ans, oude 22 à 24 ans. Ces enquêtés vivent seuls ou chez leurs parents (30 %). Les personnes sont aussiréparties de façon différente géographiquement. Beaucoup ne vivent pas à Nantes même : SaintHerblain, Rezé, Saint Sébastien, Saint Mars du Désert, Le Pellerin... Le centre-ville concerne 24 %des individus et les pourcentages suivant se répartissent entre multiples quartiers. De plus, le niveaude diplôme est source de divergences :

2 Cf annexe3 Cf figures 1 et 2 en annexe.

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Les diplômes des enquêtés (en %) :

Près de 50 % sont très peu diplômés. De même, la répartition selon l'activité professionnelleengendre des distinctions : 42 % sont volontaires au service civique, 37 %, stagiaires au sein del'École de la Deuxième Chance, 20 % sont étudiants à École Centrale et il y a aussi un animateur dela maison de quartier de Dervallières. La position professionnelle des parents des personnes del'échantillon est aussi à relever. 14,5 % des individus n'ont plus de lien avec leurs parents (ou n'enont jamais eu...). Ce ne sont que des stagiaires de l'École de la Deuxième Chance. En résumé, il y aun regroupement de pourcentages dans plusieurs Positions Socio-professionnelles (PCS) : lesCadres et Professions Intellectuelles Supérieures, Professions Intermédiaires, Employés, Ouvriers etl'absence d'activité professionnelle. C'est une répartition plutôt hétérogène :

Position socio-professionnelle des parents des enquêtés (en %) :

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P o s i t i o n S o c i o - P r o f e s s i o n n e l l e / S e x e M è r e P è r eN o n c o n c e r n é ( e ) 1 4 , 4 7 1 4 , 4 7

S a n s a c t i v i t é p r o f e s s i o n n e l l e 1 5 , 7 9 3 , 9 5N e s a i t p a s o u n o n m e n t i o n n é 7 , 8 9 6 , 5 8

A g r i c u l t e u r s 1 , 3 2 3 , 9 5A r t i s a n s , C o m m e r ç a n t s , C h e f s d ' e n t r e p r i s e 0 7 , 8 9

C a d r e s e t P r o f e s s i o n s I n t e l l e c t u e l l e s S u p é r i e u r e s 1 1 , 8 4 2 5 , 0 0P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s 2 1 , 0 5 1 0 , 5 3

E m p l o y é s 2 6 , 3 2 6 , 5 8O u v r i e r s 1 , 3 2 2 1 , 0 5

T o t a l 1 0 0 1 0 0

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De plus, les treize talons sociologiques des enquêtés par entretiens serviront de point de départ ànotre analyse. Des informations seront précisément mentionnées sur l'âge, le sexe, le mode et le lieude vie de l'individu. Également, la position professionnelle de ses parents et frères et/ou sœurs serarenseignée.

Tout d'abord, quatre entretiens se sont déroulés avec des étudiants ingénieurs en troisième année àÉcole Centrale (deux filles et deux garçons). Tous sont titulaires d'un Baccalauréat Scientifique.

Vicky, est une étudiante Erasmus âgée de 26 ans. D'origine espagnole, elle vit en studio, au sein dela résidence universitaire Fresche-Blanc, à Nantes. Ses parents sont mariés. Son père a 56 ans. Il estprofesseur de Latin et de Grec dans un lycée. Sa mère a 53 ans. Elle est professeur de français enlycée. Sa sœur a 24 ans. Elle a obtenu un Baccalauréat Scientifique. Elle a étudié la GénieIndustrielle à Séville, dans la même école d'ingénieurs que sa sœur. En 2009-2010, elle étaitétudiante Erasmus à Milan, en Italie. Elle vit actuellement en Angleterre pour étudier en Master.Son frère a 20 ans, il a lui aussi un Baccalauréat Scientifique. Actuellement, il étudie la GénieChimique à Séville, dans la même école d'ingénieurs que ses sœurs.

Également, Natacha a 23 ans. Elle vit en colocation avec deux autres étudiantes de sa promotion, ausein d'un appartement situé dans le quartier de Saint Mihiel, à Nantes. Ses parents sont divorcésdepuis qu'elle a 3 ans. Sa mère est professeur des écoles. Elle a 51 ans. Son père a 64 ans. Il estretraité, ancien professeur de mathématiques. Sa sœur, de 24 ans, est étudiante à Grenoble enMaster 2 Recherche en Biologie.

Ensuite, Jean-Philippe a 22 ans. Il a vécu avec ses parents, pendant 17 ans, dans une maison, à lapériphérie de Montluçon, en région parisienne. Il est fils unique. Il vit en collocation depuis 2009avec trois autres étudiants de sa promotion, en appartement dans le centre-ville de Nantes. Sesparents sont mariés. Son père est chef d'une entreprise axée sur l'informatique depuis environ quinzeans. Sa mère est actuellement sans emploi (et ce, depuis sa naissance).

Enfin, Axel a aussi 22 ans. Il a vécu avec ses parents, en région parisienne puis sur Nantes (enstudio et en colocation). Il vit actuellement dans un studio, au sein d'une résidence universitaire,située dans le quartier de Saint Mihiel de Nantes. Ses parents sont mariés. Son père a 53 ans. Il estactuellement chercheur-physicien au Centre National de la Recherche Scientifique, à Paris. Sa mèrea 52 ans. Elle est diplômée d'un Baccalauréat Scientifique, du diplôme d'éducatrice spécialisée etd'un autre diplôme dans le même domaine. Actuellement, elle travaille dans le domaine del'handicap, en hôpital. Sa sœur a 21 ans. Elle est diplômé d'un Baccalauréat Scientifique. Elle estactuellement étudiante en deuxième année à l'Institut Supérieur d'Ostéopathie d'Aix en Provence.

Également, six volontaires du service civique (trois filles et trois garçons) ont accepté de réaliserdes entretiens.

Tout d'abord, Chantal a 22 ans. Elle est mariée à un homme d'origine tunisienne âgé de 23 ans. Iltravaille dans le bâtiment (en Contrat à Durée Déterminé). Ils vivent dans le quartier Clos Thoreau,dans un immeuble HLM, à Nantes. Le père de Chantal est décédé quand elle avait 13 ans. Sa mère a47 ans. Elle est cuisinière dans une maison de retraite. Elle vit avec un autre homme. Sa sœur a 27ou 28 ans. Chantal ne semble plus maintenir de relations avec cette personne. Elle tient son propremagasin de vente de fleurs, de bijoux... Elle donne aussi des cours d'art floral. Son frère a 26 ans etil est diplômé d'un Certificat d'Aptitude Professionnelle (CAP) ou d'un Brevet d'ÉtudesProfessionnelles (BEP) dans la chaudronnerie. Il est mécanicien.

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Ensuite, Laure a 21 ans. Elle vit avec ses parents et son frère dans une maison à Nantes, dans lequartier Waldeck-Rousseau. Elle est diplômée d'une Licence en Sciences de La Vie et de la Terre etdu Brevet d'Aptitude aux Fonctions d'Animateur (BAFA). Ses parents sont mariés. Son père, âgé de49 ans, est cadre en informatique dans une entreprise. Sa mère travaille dans une librairie SILOE.Son frère aîné a 24 ans, il vit actuellement sur Nanterre. Il est paysagiste. Il a obtenu un BTS dansce domaine. Son autre frère a 16 ans et il est en Première Littéraire.

De plus, Sophie est âgée de 20 ans. Elle est diplômée d'un Baccalauréat Économique et Social (ES),option anglais renforcé. Elle a aussi étudié pendant un an la sociologie (à l'Université de Nantes).Elle est diplômée du BAFA. Actuellement, elle vit en appartement à Rezé, près du Château, avec samère, son frère et l'amie de son frère. C'est le cas depuis 2009. Ses parents sont divorcés depuisqu'elle a 2 ans. Sa mère est agent d'entretien en hôpital. Son père est chauffeur-livreur pour uneusine de produits pharmaceutiques. Son père vivait et il vit à Vertou depuis environ quinze ans dansune maison située en campagne. Il y vit avec sa nouvelle épouse et leurs deux enfants (le demi-frèreet la demi-soeur de Sophie). Sa belle-mère travaille dans la même usine que son mari. Elle est chefd'équipe. Son frère a 25 ans. Il travaille dans la même usine que son père depuis plusieurs années,en attendant de trouver un autre emploi. Il souhaiterait devenir infographiste. Il est diplômé d'unBaccalauréat Professionnel "Arts Graphiques". L'amie de son frère suit une formation au sein d'unBTS cosmétique. Sa demi-sœur a 18 ans. Elle est en BEP Carrières Sanitaires et Sociales. Ellesouhaite devenir aide-soignante. Son demi-frère a 13 ans. Il est collégien. Également, Nicolas a 19 ans. Il est fils unique. Il est diplômé d'un Baccalauréat Littéraire et duBAFA. Il a toujours vécu à Rezé, dans le quartier du Bois Moulin avec ses parents. Ils sont mariés.Son père a 50 ans. Il est chef cuisinier en maison de retraite. Sa mère a 48 ans. Elle a exercé laprofession d'infirmière pendant environ quinze ans. Elle a ensuite cessé de travailler. Elle a repris letravail en tant qu'agent d'entretien dans une crèche, travail qu'elle exerce depuis deux ans.

David a 25 ans. Il est diplômé d'un BEP et d'un bac Professionnel Commerce obtenu à Nantes enalternance en 2006 au sein de La Maison Familiale Rurale. Il a aussi le BAFA. Depuis octobre2010, il vit seul à Treillières, dans un appartement dont son père est le propriétaire. Ses parents sontdivorcés depuis 1990. Son père a 63 ans. Il est diplômé d'un BTS Agricole et il a réalisé uneformation pour devenir directeur de centre de formation (en 1995) de La Maison Familiale Rurale.Il vit actuellement en région parisienne, dans le centre de formation. Sa mère a aussi 63 ans. Elle estdésormais retraitée mais auparavant, elle était institutrice en école maternelle. David a deux sœurs.L'une a 31 ans. Elle est directrice d'un centre culturel de Hanoï au Viêt Nam. L'autre a 36 ans. Elle aun CAP Menuiserie. Elle est à son compte dans la création et la vente d'objets, de vêtements, demeubles.

Enfin, Mathieu a 21 ans. Il a auparavant vécu à Saint Herblain avec ses parents et son frère jumeau.Il est diplômé d'un baccalauréat STG Communication et Gestion Ressources Humaines. Il a aussison BAFA, dont l'approfondissement était axé sur l'accueil et l'intégration des personnes ensituation de handicap. Il vit actuellement en colocation avec un autre garçon dans un appartement aucentre-ville de Nantes. Ses parents sont mariés. Son père a obtenu un Certificat d'Aptitude auxFonctions d'Encadrement et de Responsabilité d'Unité d'Intervention Sociale (CAREFUIS). Il estdirecteur d'un service social. Sa mère est diplômée d'un Diplôme d'Assistant de Service Social(DEASS). Elle est actuellement agent de développement local. Son frère est actuellement enformation professionnelle d'aide médico-psychologique. L'année dernière, il a aussi réalisé sonservice civique au sein d'Unis-Cité.

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Enfin, j'ai pu interviewé deux stagiaires (filles) de l'École de la Deuxième Chance et une animatricede la maison de quartier de Dervallières.

Tout d'abord, Melody a 21 ans. Elle n'a aucun diplôme mais a réalisé plusieurs stages de part sesformations antérieures. Elle a d'abord vécu dans la région de Seine Et Marne, dans une maison, enmilieu rural, avec sa famille. Elle a aussi beaucoup voyagé en caravane. De ses 6 à ses 19 ans,Melody a eu un mode de vie alternant la vie en maison (entre trois et six mois de l'année) et levoyage en caravane avec ses parents et son frère (décédé quand Melody avait 9 ans). Elle aidait sesparents à vendre des objets sur des marchés (bijoux, rideaux...). Elle vit actuellement dans unechambre, seule, au sein du Foyer de Jeunes Travailleurs (FJT) dans le quartier Souillarderie, àNantes. Ses parents sont mariés. Sa mère a 53 ans. Elle a été infirmière mais en 1988, elle a eu unaccident du travail ce qui lui a donné le statut d'invalide. Elle perçoit des indemnités depuis mais illui était impossible de poursuivre son travail. C'est ainsi qu'avec son mari, ils ont décidé de voyageren France. Son père a 61 ans, c'est un ancien paysagiste. Son frère de 34 ans, il vit à Besançon. Ilenchaîne les "petits boulots" : à Point S, à l'usine Nestlé, en tant que barman... D'après Melody, ilaurait des "tendances alcooliques". Sa sœur de 31 ans, vit en concubinage à Orléans depuis quatreans, elle a trois enfants. Elle est téléconseillère en caisse de retraite. Elle est diplômée d'unBaccalauréat Professionnel en parapharmacie.

Ensuite, Anne a 18 ans. De son enfance à ses 15 ans, elle a vécu avec sa mère mais je n'ai passouhaité en savoir plus sur cette période : elle a été maltraitée pendant toute son enfance. Aucollège, elle a vécu en famille d'accueil pendant trois jours. Puis de ses 15 à ses 17 ans, elle a vécuen foyer. Elle n'a aucun diplôme. Elle a suivit une formation au sein d'un Institut Médico-Educatifpendant trois mois, mais elle n'y retient que de très mauvais souvenirs. Elle vit actuellement àNantes, en appartement HLM dans le quartier Viarme-Talensac avec sa grand-mère (retraitée) et satante en situation de handicap mental. Sa grand-mère a 62 ans. Aline sait seulement que sa grand-mère a travaillé dans L'Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF). Sa tante a 32 ans. Ellene travaille pas mais reste à domicile.

Enfin, Fatima a 23 ans. Elle est diplômée d'un baccalauréat STG. Elle a aussi le BAFA. Elle a étudiéun an en faculté de droit mais n'a pas validé son année. Depuis 2008, elle travaille au sein de lasociété AlloRadioTaxi à Saint Herblain, comme standardiste : elle prend des commandes de taxi etelle répond aux mails. Elle est en Contrat à Durée Déterminée pour trente heures par semaine.Également, pendant les vacances scolaires, depuis 2007, elle est animatrice pour l'ACCOORD ausein du centre socioculturel de Dervallières. Elle a toujours vécu à Nantes, avec ses parents, sesdeux frères et sa sœur, au sein d'un appartement situé en résidence privée, dans le quartier deBellevue. Ses parents sont mariés. Son père a 53 ans. Depuis cinq ou six ans, il est directeur d'uneentreprise dans le bâtiment avec l'oncle de Fatima. Il y a environ dix ou quinze salariés. Sa mère a53 ans. Elle n'a aucun diplôme. Elle est agent de service. Son frère a 25 ans. Il est diplômé d'unBaccalauréat Professionnel de Comptabilité. Il travaille en tant qu'artisan dans le bâtiment depuisses 18 ou 19 ans. Son frère cadet l'accompagne. Il a 21 ans. Il a le même diplôme. Les deux garçonsreprendront la société de leur père à sa retraite. Enfin, sa sœur a 16 ans. Elle est en Première STG.

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Réflexion proposée

Le raisonnement s'établira sous deux aspects.

D'une part, les représentations et pratiques des individus en matière de développement durables'expliquent en partie par des éléments actuels de leur vie. Ces pratiques portent sur les thèmes citésprécédemment (mobilité, achats, consommations énergétiques, tris des déchets, projections). Descontradictions apparaissent entre la manière dont les individus se perçoivent et leurs pratiquesconcrètes en matière de développement durable. Des variables tels que l'âge, le sexe, le niveau dediplôme et les multiples interactions jouent un rôle déterminant dans les distinctions de modes devie. De plus, tout individu est raisonnable et n'agit par en premier lieu vis à vis de l'environnement.

D'autre part, une socialisation primaire et secondaire au développement durable intervient. Lesociologue américain Howard Becker (Outsiders. Études de sociologie de la déviance, 1985)emploie cette notion en traitant d'une carrière de déviant dans les ghettos américains. Il y aurait unecarrière d'écologiste liée aux parcours individuels : nous partirons de l'enfance pour remonterprogressivement dans le temps. Plusieurs variables seront prises en compte. Tout d'abord, descaractéristiques propres à sa famille : les études et la profession de ses parents et de ses frères etsœurs. Les pratiques parentales seront étudiées avec soin : alimentation, tri des déchets, bénévolat...Or, l'effet générationnel intervient aussi : un individu de 18 ans n'a pas forcément les mêmesperceptions du développement durable que ses parents. Ensuite, les multiples équipementsaudiovisuels et numériques sources de transmission d'information (journaux, radio, télévision,internet) enrichissent la façon de pensée et d'agir de l'individu sur le développement durable. Enfin,la scolarité, les expériences professionnelles et les voyages réalisés influent également sur lesreprésentations de la personne en matière de développement durable. Au-delà de ces parcoursindividuels, il convient de s'intéresser au contexte territorial nantais et plus précisément, à l'actionde Nantes Métropole en faveur du développement durable. Cette action joue sur la façon dont leshabitants perçoivent le développement durable. Nantes Métropole propose plusieurs offres decommunication écrites (Agenda 21, journaux locaux...) et participatives. En l'occurrence, le Conseilde Développement est sollicité dans la démarche de concertation citoyenne. Une interrogation seraapprofondie sur cette notion de démocratie participative. Qu'est-ce que la démocratie participative ?Comment fonctionne-t-elle ? En quoi la démocratie participative reproduirait-elle les inégalitéssociales présentes dans notre société ? Cette question sera en parti résolue via les quatreobservations réalisées pendant les séances de travail avec Unis-Cité.

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I- Portrait des donnéesPlusieurs thèmes seront abordés à l'appui de différentes variables : l'âge, le sexe, le niveau dediplôme, l'occupation actuelle (étudiant ou non) et les diverses interactions. Selon le sociologueaméricain Erwin Goffman (La mise en scène de la vie quotidienne, 1973), les interactionsindividuelles influent sur les pratiques et représentations sociales. Une personne établit multiplesinteractions au sein de son logement : ses parents, ses frères et sœurs (ou non), ses amis peuventinfluencer son mode de vie. De même, les interactions interviennent dans le processus deconstruction identitaire de la personne. Selon la société dans laquelle il évolue, l'individu adopte deschoix de modes de vie et de consommation pour s'affirmer et non se marginaliser. Toute personneadopte également des choix raisonnables d'attitudes et n'agit pas toujours en songeant à la protectionde l'environnement.

Tout d'abord, la mobilité, les consommations alimentaires, corporelles et les repas diffèrent selon lesindividus. Il est de même pour l'usage des équipements sources de consommation d'énergie : le typede chauffage, la consommation d'eau, les équipements électroménagers, audiovisuels et numériques.Toutes les personnes n'accordent pas non plus la même importance au tri sélectif. Enfin, unéclairage portera sur les projections : projections personnelles et pour la ville de Nantes.

MobilitéChaque individu adopte un mode de déplacement selon ses propres désirs : un gain de temps voirefinancier, une autonomie plus grande, la volonté d'entretenir sa santé (pour le vélo et la marche àpieds) ou au contraire la fainéantise.

A- Transports en communIls sont utilisés par une majorité des personnes tous les jours (68 %). De même, 42 % les utilisentpour réaliser leurs courses. Dans une agglomération, un réseau de transports en commun étendu etfréquent engendre un gain de temps pour éviter les embouteillages. Il engendre aussi des économiesfinancières vis à vis de l'automobile (stationnement, essence, entretien du véhicule, assurance). Lesautres raisons évoquées tiennent au temps gagné et au stress évité sans les embouteillages :

"Je veux pas aller à l'école en voiture parce que c'est trop long, la circulation à Nantes esthorrible ! Il y a le tram, ça me va !" (Natacha, 23 ans, étudiante à École Centrale)

"C'est bon de marcher : aller à pieds, pas prendre la voiture, toujours. Dans une grande ville, desfois, tu te stresses à cause de ça !" (Vicky, 26 ans, étudiante à École Centrale)

Certes, le réseau de transports en commun de Nantes couvre l'ensemble de l'agglomération mais ilest aussi vivement remis en cause. Les critiques négatives sur ce réseau seront dressées dans lathématique traitant des souhaits individuels s'agissant de la ville de Nantes.

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B- La voiturePour autant, la voiture n'est pas entièrement absente. Les transports en commun, bien entendu, neparcourent pas tout le département de Loire Atlantique. Si le véhicule est peu utilisé tous les jours,17 % des individus l'utilisent plusieurs fois par semaine, notamment pour réaliser leurs courses.L'utilisation quotidienne de l'automobile coïncide avec le phénomène de périurbanisation qui adébuté dans les années 1990 : la tendance des classes moyennes était de fuir le centre-ville del'agglomération en raison de loyers trop élevés. Cette fuite obligeait, c'est toujours le casactuellement, à utiliser quotidiennement le véhicule pour réaliser les trajets domiciles-travail (ouvers le lieu de formation) et donc à consommer davantage de CO2. Même s'ils vivent en périphérie,les individus n'utilisent pas ou peu le covoiturage quotidien. Cette utilisation régulière etindividuelle de la voiture est une pratique féminine (pour 22 % d'entre elles, soit 10 points de plusque les garçons). Nicolas Herpin et Daniel Verger mettent en évidence la féminisation de l'usage dela voiture. En 1982, 47 % de femmes avaient le permis de conduire face à 64 % en 1994. De plus,cette utilisation du véhicule est propre aux étudiants d'École Centrale et aux volontaires du servicecivique (cf graphique ci-dessous). Autrement dit, l'absence d'utilisation de la voiture concernedavantage des personnes issues de milieux situés en bas de l'échelle sociale, ne disposant pas desuffisamment de ressources pour s'acheter et entretenir une voiture.

L'usage de la voiture en fonction de l'activité professionnelle (en %) :

L'utilisation individuelle du véhicule touche également les personnes qui vivent en couple (40 %) etchez leurs parents (28 %). 4 Aucune personne qui vit en colocation n'utilise sa voiture de façonindividuelle. A titre d'exemple, Natacha, étudiante à École Centrale, n'utilise pas sa propre voiture,elle explique l'utilité de connaître des amis qui en possèdent une : "J'ai de la chance d'avoir desamis qui en ont. Ce qui fait que, par exemple, le soir, si tu sors tard et que tu vas plus loin, tu peuxleur emprunter. Ou même quand on va au bord de la mer, quand il fait beau, on y va forcément envoiture."

4 Cf figure 3 en annexe.

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6 6 , 7

1 3 , 3

2 0

0

4 3 , 8

2 1 , 9

2 1 , 9

1 2 , 5

8 2 , 1

3 , 6

1 0 , 7

3 , 6

0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0

J a m a i s

R a r e m e n t

P l u s i e u r s   f o i s   p a r  s e m a i n e

T o u s   l e s   j o u r s

E c o l e   D e u x i è m e   C h a n c e

U n i s-­‐ C i t é

E c o l e   C e n t r a l e

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Pourquoi la voiture n'est-elle pas mise de côté ? Deux personnes utilisent leur voiture tous les jourscar elles sont soumises à des contraintes de temps et de lieu. Fatima, animatrice, a acheté sa voiture,en 2010, en raison des horaires de son emploi. Elle commence parfois tôt le matin (5h30) ou finittrès tard le soir (21h30) et les tramways ne circulent pas ou peu à ce moment là. David, volontairedu service civique, vit à Treillières et les transports en commun ne circulent pas suffisamment pourqu'il les utilise. La voiture est vue comme un plaisir solitaire : il en profite pour écouter son posteradio, au volume qu'il souhaite sans que personne ne vienne lui reprocher quoi que ce soit. Ilenvisagerait d'opter pour le covoiturage dans le but de réaliser des économies d'essence. NicolasHerpin et Daniel Verger soulignent ainsi l'aspect "casanier" de la voiture : l'individu aime l'utiliserseul. Dès les années 1950, la voiture était utilisée dans les deux tiers des kilomètres parcourus pourles déplacements des particuliers.

Se déplacer en utilisant sa voiture permet aussi d'éviter les transports en commun remplis de mondeaux heures de pointe. Dans la voiture, il y aurait presque un sentiment de liberté et d'indépendance.Vincent Kauffman explique aussi que le véhicule permet à chaque individu de se déplacer dans unespace précis et "privé" dans la ville, ce qui n'est pas le cas des transports en commun. Celacoïncide avec le souhait d'un gain de temps précédemment évoqué. Si la personne dispose d'unevoiture et que le trajet lui permet de gagner du temps car elle sait précisément où se rendre, lavoiture sera privilégiée vis à vis des transports en commun. Laure et Sophie, volontaires du servicecivique, sont dans cette situation : elles utilisent toutes les deux la voiture de leurs parents, le soir ensemaine ou le week-end. Quelles sont les raisons évoquées ? Une trop faible fréquence destransports en commun, le souhait de se déplacer librement sans contrainte d'horaires et une part defainéantise :

"J'utilise la voiture, soit quand c'est pas accessible en transports en commun, soit c'est le dimancheet c'est difficile." (Laure, 21 ans, volontaire à Unis-Cité)

« La voiture, je la prends vraiment pour me déplacer quand c'est loin : pour faire les courses, ousur un coup de tête, j'ai pas envie de marcher, je prends la voiture, j'essaie de la prendre le moinspossible. » (Sophie, 20 ans, volontaire à Unis-Cité)

La voiture est aussi utilisée de façon individuelle pour réaliser ses courses (70 % de l'ensemble del'échantillon). Cette pratique lie des personnes d'origine sociale diversifiée. Les centrescommerciaux, souvent situés en périphérie, facilitent l'accès du véhicule. Axel, étudiant ingénieur,et David, volontaires du service civique, utilisent individuellement leur véhicule pour réaliser leurscourses mais ils n'évoquent pas les mêmes raisons : pour l'un, l'obligation, pour l'autre, lafainéantise. David réside dans un milieu rural, la voiture lui est nécessaire pour se déplacer. Axel,tout comme Sophie, évoque la fainéantise : "J'y vais en tram quand je suis motivé et en voiturequand j'ai la flemme." En aucun cas, il n'a évoqué la possibilité de réaliser ses courses parcovoiturage. Aucune personne qui réside en collocation adopte ce type de pratique. Au contraire, lecovoiturage est très utilisé pour faire ses courses (38 % des individus de l'échantillon). Jean-Philippe, camarade de la même promotion qu'Axel, utilise le covoiturage pour réaliser ses courses.Ils se rendent pourtant au même centre commercial.

Ce sont des individus qui vivent en colocation ou en couple (avec ou sans enfants) qui utilisent lavoiture comme moyen de covoiturage pour effectuer leurs achats alimentaires. Cette pratiqueconcerne nettement moins ceux qui vivent seuls ou chez leurs parents :

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Sans être systématiquement avancé, l'argument économique prévaut dans ce choix : le covoituragepermet de réaliser des économies financières. De plus, lorsqu'il s'agit de transporter des sacs, lavoiture est aussi la bienvenue. Le covoiturage est aussi une pratique écologique : plusieurspersonnes se déplacent ensemble au même endroit dans une même voiture, ce qui limite laconsommation de CO2.

C- Perceptions du type de conduite du véhiculeJ'ai cherché à connaître les perceptions individuelles sur la façon de conduire. D'une part, sixpersonnes estiment adopter une "bonne" conduite. Or, la qualification d'une conduite correcte estsubjective. Tout d'abord, Chantal a modifié sa façon de conduire suite à un accident de voiture : elleest vigilante vis à vis de la vitesse mais non dans une optique de réaliser des économies financières.Ensuite, trois filles ont souligné l'importance de la "prudence" à adopter vis à vis d'autrui. Sophieinsiste sur l'importance de ne pas conduire en étant sous l'emprise de l'alcool. En revanche, Jean-Philippe a seulement insisté sur la notion de vitesse. Enfin, David est le seul à souhaiter réaliser deséconomies financières, sans penser en premier lieu à protéger l'environnement : « Ça m'arrivesouvent d'être tamponné par les gens qui sont derrière car je roule lentement. J'aime bien profiteraussi de me dire : "A quoi ça sert d'appuyer sur le champignon ? Car tu vas devoir retourner à lapompe d'ici là, autant que t'appuies pas, tu roules tranquille et que le carburant te fasse pluslongtemps." » . D'autre part, Axel est le seul à avoir avoué dépasser les limitations de vitesse. Iladopte une conduite plus rapide quand il est seul. Il ne se soucie pas d'une économie d'essence : « Quand je suis pas pressé, je conduis calmement, je m'énerve pas. Quand je suis pressé, je deviensun peu infernal : je vais doubler un peu trop n'importe comment. Mais à partir du moment où il y adu monde dans ma voiture, je reste toujours calme parce que j''aime pas qu'on me critique, du coupje fais attention. Quand je suis tout seul, des fois, je suis pas très prudent... ».

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L a   v o i t u r e   c o m m e   m o y e n   d e   c o v o i t u r a g e  p o u r   r é a l i s e r   s e s   c o u r s e s

N o n

O u i

N o n   c o n c e r n é ( e )

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Donc, les filles sont conscientes de la présence d'autrui sur la route et d'une conduite particulière àadopter. L'économie de carburant et/ou financière n'a été mise en avant que par un garçon, issu d'unmilieu défavorisé. Cela l'incite d'autant plus à être vigilant. Ce n'est pas l'environnement qui arriveen première préoccupation.

D- Le vélo

Enfin, l'utilisation du vélo est minoritaire sauf pour réaliser les courses (12 %). Cette pratique estsurtout propre aux volontaires d'Unis-Cité et les stagiaires de l'École de la Deuxième Chance (11%). Le vélo est aussi utilisé dans une optique de liberté, d'indépendance, de gain financier et detemps. Mathieu, volontaire du service civique, se déplace presque exclusivement en vélo surNantes. Il explique que cela lui permet de perdre du poids et il veut éviter les transports encommun. Mathieu n'aime pas les utiliser en raison du prix, de l'inconfort (aux heures de pointe). Levélo serait au contraire synonyme de liberté individuelle : "En vélo, on voit des trucs qu'on ne voitpas forcément en tram, on est plus libres, c'est ça qui m'intéressait, t'as pas trop de contraintes.Même le soir, tu te dis pas : "il n'y a plus de bus !" Non, quand t'as ton vélo... ça m'arrive souventde rentrer à 4h du matin à vélo."

Les transports en commun sont donc omniprésents. La voiture utilisée régulièrement touche desfilles étudiantes à École Centrale et volontaires du service civique. La pratique du vélo concernesurtout les volontaires du service civique et les stagiaires de l'École de la Deuxième. Les raisonsévoquées par chaque individu justifient l'utilisation d'un mode de déplacement plutôt qu'un autre.En aucun cas, la préoccupation environnementale ne semble être la première inquiétudementionnée.

La consommation

A- Des lieux d'achats socialement et sexuellementdivergents

Le centre commercial, les supermarchés et supérettes sont les lieux privilégiés pour réaliser lescourses par plus de 50 % des individus. Les commerces de proximité sont fréquentés par 26 % despersonnes. Les magasins Discount sont moins utilisés que les commerces de proximité (18 %).Enfin, le marché (13 %) et le commerce en ligne (7 %) sont peu évoqués.

Tout d'abord, le centre commercial est majoritairement fréquenté par les filles (presque 80 % d'entreelles soit trente points de plus que les garçons). Cette pratique touche également tous les milieuxsociaux. Nicolas Herpin et Daniel Verger soulignent que le phénomène de périurbanisation s'articuleavec l'implantation de nouveaux centres commerciaux à la périphérie de la ville. Dansl'agglomération nantaise, plusieurs centres commerciaux sont apparus : à Basse Goulaine, SaintSébastien, Orvault... Les centres commerciaux offrent une gamme variée de produits permettant detout acheter sur place, à un coût moins élevé, sans se rendre ailleurs. Cela coïncide avec la volontéindividuelle de gagner du temps.

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Ensuite, les supermarchés et les supérettes sont aussi fréquentés par des filles (écart de dix pointsici). Ces commerces se sont développés depuis les années 2000 dans les centre-villes. Plus unepersonne est diplômée, plus elle a de probabilités de se rendre dans ce type de magasins : si 43 %des individus titulaires du Brevet des Collèges (ou non) s'y rendent, c'est le cas 70 % de ceux ayantréalisé des études supérieures. Les prix proposés dans ce type de magasins sont plus élevés, ce quijustifie la présence d'une clientèle plus spécifique.

En revanche, les commerces de proximité sont moins utilisés. La répartition est homogène selon leniveau de diplôme mais presque 40 % des volontaires d'Unis-cité se rendent dans ces commerces.Cela suppose une pratique quasi routinière : l'achat du pain le midi ou le soir à la boulangerie duquartier pour le ramener au foyer.

Puis, l'activité professionnelle de la personne intervient sur la fréquentation des magasins Discount(cf graphique ci-dessous). En effet, 30 % des stagiaires de l'École de la Deuxième Chance s'yrendent face à moins de 10 % des étudiants ingénieurs. Ce sont surtout les personnes aux faiblesressources qui fréquentent ces magasins. Les prix proposés, nettement moins élevés que dans lesgrandes surfaces, induisent les individus ayant des difficultés financières à s'y rendre. En revanche,la qualité des produits proposés (composition des produits, produits diététiques, biologiques...) estmoindre.

La fréquentation des magasins Discount en fonction de l'activité professionnelle (en %) :

De plus, le marché est un lieu où se rencontrent des individus de diplômes et d'activitésprofessionnelles divergents. Les entretiens révèlent une distinction sociale selon la localisationgéographique du marché. En effet, les parents de Laure, volontaire du service civique, se rendentparfois au marché de Talensac le samedi matin. Son père est cadre en informatique et sa mère,libraire. Le marché de Talensac, situé à proximité des bords de l'Erdre et non loin du quartier SaintFélix, est susceptible de regrouper des personnes d'une origine sociale élevée. En revanche, Chantal,volontaire à Unis-Cité (issue d'un milieu rural) et les parents de Fatima (animatrice) se rendent aumarché de la petite Hollande (sur le parking Gloriette). Le père de Fatima travaille dans le bâtiment

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E c o l e   C e n t r a l e U n i s-­‐ C i t é E c o l e   D e u x i è m e  C h a n c e

N e   s ' y   r e n d   p a s

S ' y   r e n d

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et sa mère est agent d'entretien. Le marché de la petite Hollande serait "populaire". Le marché entreaussi en concurrence avec les Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne (AMAP).Mathieu et Chantal, de part leur projet à Unis-Cité, reçoivent leur panier biologique par une AMAP.De plus, Mathieu ne réalise pas ses courses mais ses parents possèdent leur propre potager et ilsreçoivent des légumes d'un maraîcher local. Mathieu en obtient par cet intermédiaire. Ses parentstravaillent dans la fonction publique (dans le domaine social et local).

Enfin, l'achat en ligne est presque absent (7 %). Il touche des volontaires d'Unis-cité et desstagiaires de l'École de la Deuxième Chance mais en aucun cas les étudiants ingénieurs. En Mars2011, Bruno Durand, enseignant de logistique à l'Université de Nantes, a apporté des éclairages auConseil de Développement sur ces achats. Cet usage d'internet a de fortes probabilités de gagner lavie quotidienne d'un nombre accru d'individus. André-Yves Portnoff approfondit cette réflexion ensoulignant que les individus désirent en effet gagner du temps et ne pas le dépenser dans des tâchesp e u "gratifiantes", à titre d'exemple, les courses. Le commerce en ligne est un enjeu dansl'aménagement du territoire nantais.

B- Quels types d'achats sont effectués ?

a) Achats alimentaires : des distinctions sociales et sexuées.

L'achat de produits en fonction de l'occupation actuelle (en %) :

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E c o l e   C e n t r a l e

U n i s-­‐ C i t é

E c o l e   D e u x i è m e   C h a n c e

A c @ v i t é   P r o f e s s i o n n e l l e

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Tout d'abord, les féculents, les fruits, les légumes frais, les produits surgelés et les boîte de conservesont achetés par une plus grande proportion d'étudiants d'École Centrale (de 30 à 60 % d'entre eux).Les féculents sont des produits nourrissants, rapides à préparer et proposés à un prix abordable. Leriz, les pâtes ou la purée ont été cités. Les produits surgelés et les boites de conserve engendrent ungain de temps de préparation considérable vis à vis des légumes frais : il suffit de les réchauffer,cela ne nécessite pas de compétences particulières en cuisine. Cela peut aller du steak hachésurgelé, en passant par le poisson pané, et les légumes en conserve (haricots verts, petits poiscarottes...). Melody, stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, explique cela. Elle achètede nombreuses boites de conserve et des plats individuels à un prix moins élevé mais aussi dans unsouci de gain de temps : " Généralement, le premier prix, ça me coûte bien moins cher ! (...) Ce queje prends, c'est conserves, c'est vite à chauffer. Au Foyer de Jeunes Travailleurs (FJT), les plaquesmettent très longtemps à chauffer l'eau (...) Je prends des conserves : tout ce qui est gratinsdauphinois, haricots verts, petits pois carottes, ça va plus vite ! (...)"

Ces produits sont aussi consommés par davantage d'individus qui vivent en couple, avec leursenfants et en colocation. Ce type d'aliments permet également un gain de temps en cas de vie àplusieurs. En revanche, 23 % des personnes résidant seules en achètent. 5 Plus précisément, la vie encolocation suppose deux attitudes : un partage des achats alimentaires ou une individualisation decette pratique pour limiter les tensions liées à des désaccords. Natacha et Jean-Philippe réalisentleurs courses avec leurs colocataires. Le partage des achats alimentaires suppose une décisionconsensuelle de la part des membres de la colocation : ils s'accordent sur la décision d'achat. Celapermet aussi des économies financières. Ce n'est pas le cas de Mathieu. Son attitude renvoie auxdécisions d'accommodation : les membres du groupe n'ont pas les mêmes préférences et priorités etne parviennent pas à se mettre d'accord. Ainsi, Mathieu et son colocataire n'adoptent pas les mêmespratiques alimentaires et ne souhaitent pas les harmoniser : "La semaine dernière, il ramène un kgde tomates ! Je lui ai dit : "Tu te fous de ma gueule ? Tu vas pas acheter des tomates en hiver ! J'aitellement intériorisé le projet Média-Terre sur les légumes de saison." Le conflit réside dans ladifférence d'intérêts. Mathieu, très socialisé au développement durable par ses parents et par Unis-Cité applique certaines pratiques au quotidien. A l'inverse, son colocataire n'y est pas sensibilisé etne souhaite pas y être. Mathieu tente d'exercer un pouvoir d'influence sur son colocataire. Il met enavant sa qualité "d'expert" car il dispose de meilleures connaissances sur le développement durableet sur l'alimentation.

A l'inverse, les produits tels que le pain, les biscuits et gâteaux sont davantage consommés par lesstagiaires de l'École de la Deuxième Chance (entre 30 et 40 % d'entre eux). Cela conduit à desgrignotages en dehors des repas.

Enfin, 12,5 % des volontaires du service civique consomment systématiquement des produitsbiologiques et/ou issus du commerce équitable. Ces personnes se méfient du contenu du produit etune sélection précise s'opère. Nicolas s'explique : "(...) Le « Bienvue », ces marques là, je les achèteplus, c'est terminé. Puis, même au goût ! Je préfère acheter un truc qui est quasiment sain... Enfin,on peut pas parler de quelque chose qui est sain quand on achète en centre commercial, c'est rare.Autant acheter quelque chose qui est moins sale que les autres. Mais « Bienvue », les marquescomme ça, je peux plus ! (…) Je regarde pas les marques, je regarde surtout ce qu'il y a dedans : cequi m'intéresse, c'est de savoir les E 105, E 210, des fois il y a une liste pas possible sur lesaliments alors qu'il y a pas nécessité ! (...) Pareil, sur le fromage, c'est un peu plus cher les produitscomme ça mais les coagulants, on prend plus ! On prend des fromages sans coagulant."

5 Cf figures 4 et 5 en annexe.

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Nicolas insiste sur la notion de "saleté" des produits : un produit composé de multiples élémentsserait dit "sale" car malsain pour la santé. Selon la sociologue Magali Pallanca, l'achat de produitsbiologiques se lie à une préoccupation pour la santé personnelle et environnementale : se préserveret préserver son environnement futur. Une personne adepte des produits biologiques s'intéresse aucontenu de chaque produit qu'elle achète : "Ce qui importe, c'est de savoir ce que l'on mange carmanger relève d'un acte intime du fait que l'on incorpore dans notre corps un élément extérieur. Onse méfie de tout ce qui est étrange et un paquet peut être reposé si un élément de la composition estcontre ses convictions ou "douteux" afin d'éviter toute contamination".

En revanche, comment s'explique le refus d'achat de produits biologiques ? Le prix, surtout pour lespersonnes de milieux sociaux modestes. A titre d'exemple, la grand-mère d'Anne, stagiaire à l'Écolede la Deuxième Chance, consomme des yaourts dits "bio" par moments. Cela n'est pas régulier enraison du coût plus élevé de ce type de produits.

De même, une vigilance apparaît vis à vis de ce type de produits dans deux entretiens. Les raisonsévoquées reposent sur leur médiatisation trop importante et la prise de recul en raison d'uneconnaissance sur le sujet : " Pourquoi ? Moi, perso, j'y crois pas tant que ça (aux produitsbiologiques). Oui, il y a moins de pesticides mais la pluie, c'est toujours la même ! C'est un peu unlobbying... (...) Sur ce genre de trucs, j'ai du mal à y croire. L'idée est géniale. Mais est-ce que c'estvraiment équitable ? Il peut y avoir un label mais j'arrive pas à avoir confiance." (Natacha, 23 ans,étudiante).

Les produits biologiques ne sont pas achetés, par des personnes d'origine sociale modeste oudéfavorisée, par manque de confiance envers ces produits, par manque de moyens et par choixfinanciers. Cela n'empêche pas ces personnes de consommer des produits corporels et cosmétiquesde marque.

En revanche, la pratique du don de fruits, de légumes et de plats concerne deux volontaires d'Unis-Cité, soulignant une entraide familiale. A titre d'exemple, la grand-mère de Sophie dispose d'unpotager et elle fournit des légumes, voire des plats préparés à d'autres membres de la famille :

"– Ta grand-mère fait...– Elle nous fait des plats des fois. Vu qu'elle est toute seule, elle a du temps pour nous donner

à manger. Elle nous prépare de la viande avec des carottes. Elle nous fait des petits platsqu'elle nous donne car elle a trop pour elle.

– Tu disais, des légumes en conserve, pas beaucoup de légumes frais alors ?– Ça dépend des fois. Ma grand-mère a un potager donc on en prend chez elle. On achète une

salade, des carottes ou des pommes de terre. On a pas forcément le temps de faire la cuisinedonc se débrouille comme on peut..."

Également, un produit est sexué : les filles sont plus consommatrices de fruits et de légumes fraisque les garçons (écart de plus de 10 points). Les filles seraient plus sensibles à manger sainementque les garçons. Vicky en particulier, étudiante ingénieur, n'achète que des produits frais : fromage,brocolis, aubergines, salade, mandarines, kiwis... Axel, du même statut, n'achète jamais de légumesen conserve. L'explication de cette alimentation sexuée sera aussi à chercher dans le processus desocialisation vis à vis de l'alimentation auquel a été accoutumée la personne.

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Certains aliments sont donc consommés car ils engendrent un gain de temps pour l'individu :produits surgelés, boites de conserve, plats déjà préparés à réchauffer deux minutes au micro-onde...L'individu ne pense pas en premier lieu aux déchets alimentaires lié à son achat. De même, le prixpeut induire à privilégier certains achats à défaut d'autres, tels que les produits biologiques. Ils sontsouvent proposés à un prix plus élevé de un à deux euros vis à vis d'un produit classique. Seules lespersonnes disposant de suffisamment de revenus peuvent être tentées d'en consommer. Enfin, nousl'évoquions précédemment, certains produits sont aussi sexués.

b) Produits corporels et cosmétiques : des choix d'achatsraisonnables ou liés à l'identité.

Trois distinctions apparaissent et elles ne sont pas spécifiques au positionnement social desindividus. Tout d'abord, il y a la reproduction de pratiques parentales. A titre d'exemple, Laure,volontaire du service civique, achète le même savon biologique et le même shampoing que sesparents (Le Petit Marseillais). Ensuite, un produit est choisit en fonction de son prix. Ce terme est àrelativiser car la notion de prix "chers" ou "peu chers" est subjective : un individu qui dispose deressources élevées ne percevra pas l'adjectof "cher" de la même façon qu'une personne vivant dansune situation précaire. Enfin, quelques personnes insistent avant tout sur la qualité du produit(corporel ou cosmétique). Ce terme de "qualité" est aussi entendu différemment selon les individus.C'est un moyen d'affirmation identitaire. L'identité d'un individu n'est pas établie. C'est un tripleprocessus. Tout d'abord, il est différentiel : tout individu cherche à se distinguer d'autrui. Ensuite, ilest dialogique : la négociation de facettes identitaires s'établit avec d'autres acteurs sociaux (dugroupe de pairs en particulier). Enfin, c'est un processus temporel qui est susceptible d'évoluer. Laconsommation s'analyse comme un processus de construction identitaire qui renvoie à uneprésentation de soi dans les interactions.

Sartre, dans L'Être et le néant (1943) souligne que le lien de possession d'un objet est un lien interned'être. Le possédant se rencontre dans et par l'objet qu'il possède. Autrement dit, toute possessionmatérielle peut servir à exprimer ou extérioriser certains traits de caractère ou de personnalité deson propriétaire, comme c'est le cas des produits corporels et cosmétiques. S'agissant des produitscorporels, la qualité du produit acheté est primordial. Cette notion est interprétée différemmentselon les personnes. Pendant des années, Melody, stagiaire au sein de l'École de la DeuxièmeChance, ne se souciait que de consommer de la marque (Bourjois ou Tahiti) pour ses produitscorporels. Désormais, elle achète son shampoing chez Leaderprice : " 79 centimes la bouteille ! Legel douche a la même odeur que le Dove. Quand j'ai remarqué ça, je me suis dit : "Je vais prendrecelui-ci". En plus, il est pas cher et il sent bon ! Par compte, pour les cheveux, c'est que de lamarque." Le désir de réaliser des économies financières est très présent. Or, elle souhaite aussiretrouver une senteur d'un autre produit qu'elle consommait auparavant. Natacha , étudiante, partageses produits corporels avec ses colocataires mais elle a insisté sur l'odeur du produit acheté : "Jefais moins gaffe au prix que sur l'alimentaire, c'est plus si j'aime bien, si ça sent bon, que ce soitagréable." Pour Melody et Natacha, il semble que la qualité d'un produit corporel repose sur sasenteur. L'odeur est une façon d'afficher sa personnalité.

De même, lorsqu'elles achètent leur maquillage, les filles sont sensibles à la qualité du produit. Ceterme de "qualité" est là aussi entendu interprété différemment selon deux personnes. Vicky achèteson maquillage sur des sites internet. Elle me donne l'exemple de le marque Clinique qui fourniraitdes produits lui permettant d'être vigilante vis à vis de ses problèmes de peau (allergies), quitte àéconomiser progressivement. Melody souhaite que le maquillage corresponde à sa peau ("ça, ça meva !") . Une notion d'accoutumance ressort de ses propos :

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"– Là, par compte, je prends pas de premier prix, je prends que des "Gemey Maybelline". C'est

une marque à laquelle je suis habituée depuis des années, depuis que j'ai commencé à memaquiller. De temps en temps, je fais des exceptions avec "Bourgeois".

– Pourquoi est-ce t'as commencé à choisir cette marque là ?– C'est un truc très con : j'ai commencé à regarder leur fard à paupière et ils avaient des

couleurs sympas : ou des couleurs bien trashs, ou des couleurs plus « light », comparé àd'autres marques qui avaient des couleurs assez foncées. Certains produits, leurergonomie... C'est en essayant que je me suis dit : "ça, ça me va !"

Ces personnes sont prêtes à investir davantage d'argent dans les produits cosmétiques et moins dansl'alimentation. La sélection de produits corporels et cosmétiques n'est pas forcément une questionsociale mais aussi identitaire. Selon les filles, une produit de qualité sent "bon", a une bonne texturequi évite notamment les allergies.

Également, Mathieu et Nicolas s'intéressent aux composantes du produit. Ce sont les deux seulsgarçons à être vigilants vis à vis de leurs produits corporels. Nicolas lit attentivement l'étiquettesituée au dos du produit avant de l'acheter. Mathieu achète très rarement ses produits d'hygiène ensupermarché mais il se rend au magasin Chlorophylle à Nantes (magasin biologique). Tout commeNicolas qui lit les étiquettes de produits, Mathieu se méfie de la composition des shampoings : "J'essaie de trouver des trucs un peu naturels (...) Dans les shampoings, il y a des composantesdedans qui sont quasiment du pétrole. J'ai pas trop envie de me mettre du pétrole dans les cheveux !(...)."

Dans tous les cas, le choix de produits corporels et cosmétiques repose sur la qualité ou le prix duproduit. Soit la personne cherche à prendre le produit le moins cher possible (vis à vis de sasituation), ou est au contraire sensible à une meilleure qualité, quitte à dépenser plus d'argent.

Le repas, source de distinction...

A- ... selon le positionnement social de l'individuNicolas Herpin et Daniel Verger estiment que les personnes issues de milieux défavorisés auraienttendance à moins diversifier leur menu. Citons trois exemples. David, volontaire à Unis-Cité, necherche pas à se préparer de véritables repas : " Le soir, ça dépend des soirs. Quand je suis feignant,j'achète une baguette et ça va être pain beurre, pain beurre fromage, pain taramac, boire de l'eau,manger un fruit et puis c'est tout. Hier soir, j'ai mangé des chips, une boite de macros et puis dumais." De même, Fatima et Chantal vivent toutes deux imprégnées de la culture tunisienne. Lesplats dont elles m'ont parlé sont similaires. Fatima serait accoutumée à manger des gâteaux et platsturques (à base de veau, de dinde...) préparés par sa mère. De plus, elles mangent de la viande midiet soir. Chantal a aussi insisté sur cette cuisine : "plein de choses à base de sauces".

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B- ... selon le nombre de personnes dans le foyerL'ethnologue Arnold Van Gennep estime qu'un repas préparé et cuisiné est un repas qui se partage(en vie commune : ici, colocation, ou vie en couple avec des enfants ou chez ses parents) mais encas de vie seule, cette pratique serait moins motivante. Ici, les lieux du repas et les personnes avecqui le repas est partagé diffèrent entre le midi et le soir.

C- Repas du midiChacun des trois groupes interrogés adopte son propre rituel le midi. Tout d'abord, tous lesvolontaires du service civique mangent entre eux, ou avec d'autres personnes dans le cadre de leursprojets. A titre d'exemple, le jour où j'avais réalisé deux entretiens avec Sophie et Nicolas, le repasdu midi se déroulait avec quelques personnes âgées de la maison de retraite. Cette nourriture estparticulièrement variée. Ensuite, les étudiants ingénieurs alternent entre repas à domicile et repas auRestaurant Universitaire (tous m'ont cité Le Tertre dans lequel ils préfèrent la variété des menusproposés). Lorsqu'il a lieu à domicile, ce repas est similaire à celui du soir. Enfin, les stagiaires del'École de la Deuxième Chance sont soumis à une contrainte horaire : une heure pour manger lemidi. Melody et Anne et d'autres camarades se rendent au Carrefour de l'île de Nantes pour acheterun sandwich ou un plat déjà préparé qu'ils mangeront tous ensemble dans la salle de pause. Lacohésion du groupe est omniprésente.

D- Repas du soirLe mode de la vie de la personne intervient également sur la façon dont les repas sont cuisinés. Unepersonne qui vit seule cuisine la plupart du temps de façon individuelle. Cette personne necherchera pas forcément à élaborer des menus diversifiés et variés. Elle pourra également cuisinerce qu'elle souhaite sans devoir s'adapter aux goûts de l'autre. Une exception concerne Melody quiréside en FJT. Cela lui arrive de manger, au cours de la semaine, au sein du service restauration duFJT. Elle a clairement souligné l'importance de l'esprit de groupe : "Mais vu qu'on est tous jeunes ettous dans la même galère, on est encore plus solidaires !". Selon elle, toutes les personnes quivivent dans un FJT éprouvent des difficultés financières. Cela renforcerait les liens entre chacund'eux et la volonté de se serrer les coudes.

En revanche, une personne qui vit à plusieurs : en colocation, en couple ou chez ses parentsadoptera une pratique différente. En effet, l'affirmation de ses goûts personnels s'oppose aux goûtsd'autrui. Plus précisément, l'installation en colocation ou en couple intervient dans un changementde pratiques alimentaires. Après avoir développé un rapport personnel à l'alimentation, l'individudoit désormais partager ses propres pratiques alimentaires avec celles de son conjoint ou de sescolocataires. Ainsi, Natacha, étudiante ingénieure, vit en colocation avec deux filles et l'une d'elleaime beaucoup cuisiner : Natacha n'a donc pas à le faire : " (...) Souvent, ici, c'est ma coloc qui faità manger, elle cuisine pas mal (...) Et puis vu que je suis en coloc, c'est aussi en fonction des goûtsde chacune.". Cela signifie qu'elles mangent toutes ensemble et doivent faire des concessions selonleurs propres goûts. En revanche, Mathieu, qui vit aussi en colocation, ne partage pas ce moment depréparation et le repas avec son colocataire. Ils n'apprécient pas les mêmes aliments mais j'ai aussisenti qu'une tension régnait au sein de la colocation.

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A l'inverse, trois personnes vivent avec l'idée d'un partage de la préparation des repas. Une entraideau sein de la famille est présente. A titre d'exemple, au sein du foyer où réside Laure, volontaire duservice civique, ce n'est jamais la même personne qui cuisine : sa mère, son père, son frère ou elle-même. Elle m'explique que cela dépend des horaires de chacun : « Celui qui a le temps » ou « Celuiqui est disponible ».

En revanche, certains individus vivent avec d'autres personnes mais ne se chargent pas de préparerles repas. Si Fatima, animatrice, réside chez ses parents, elle ne cuisine pas, c'est seulement le casde sa mère. Elle avoue même ne pas savoir cuisiner :"Si je savais, je pense que je pourrais essayermais.... Je sais pas cuisiner !" Chantal est mariée avec un homme d'origine tunisienne qui s'occupede cuisiner. Elle n'avait jamais été accoutumée à manger des repas tunisiens avec sa mère. Elle a dus'y adapter et cela ne semble pas l'importuner. Si la distinction des tâches s'éloigne du modèlepatriarcal (l'épouse à la cuisine), on constate pourtant l'importance de l'homme dans le choix del'alimentation. De plus, il est d'origine tunisienne et ne peut consommer des viandes à base de porc.

Donc, les lieux d'achats, les achats et les repas s'établissent différemment selon le positionnementsocial des personnes et le nombre d'individus vivant dans leur foyer. Tout d'abord, certainsmagasins, dont les prix s'opposent (supermarchés et magasins Discount) ne sont pas fréquentés parles personnes disposant des mêmes ressources financières. Également, tout individu consomme desaliments rapides à préparer (boites de conserve...) et permettant d'économiser de l'argent. Lesproduits biologiques et issus du commerce équitable, en particulier, sont davantage achetés par lespersonnes disposant d'un certain confort de vie. Les fruits et légumes frais sont des alimentsféminins. De même, les produits corporels et cosmétiques sont choisit en fonction de leur prix ou deleur qualité. Autrement dit, un individu achète le produit au prix le moins élevé ou au contraireproposant la meilleure qualité possible (en fonction de ses critères personnels), quitte à dépenserplus. L'individu ne pense pas en premier lieu à l'environnement lors de ses achats. Enfin, il y auraitune moindre diversification et variété des menus pour les personnes vivant seules. En cas de viecollective, l'entraide, le partage des achats et/ou du temps du repas sont des moments structurants dela vie sociale.

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Les équipements consommateurs d'énergieTout d'abord, un intérêt sera porté sur ce qui attrait à l'éclairage, au chauffage et à la consommationd'eau. Ensuite, l'utilisation et la fréquence des équipements électroménagers seront abordées. Enfin,l'usage des équipements audiovisuels puis numériques sera pris en compte.

A- L'éclairage, le chauffage et la consommationd'eau

a) Les lampes basse consommation privilégiées.

Les lampes basse consommation sont utilisées par la majorité des individus (presque 60 %). Au furet à mesure que l'on croît dans l'échelle sociale, la probabilité d'utiliser ce type de lampesaugmente : 40 % des titulaires du Brevet des Collèges (ou moins) sont concernés face à 80 % desindividus ayant réalisé des études supérieures de deux années, voire plus après le baccalauréat. Celas'articule avec un niveau de formation plus élevé : il n'est pas toujours aisé de connaître le type delampes à utiliser dans le logement pour tous. Ce sont aussi en majorité les filles qui ne s'en équipentpas (plus de 54 % face à 33 % de garçons) : « Par exemple, on parlait tout à l'heure des lampes.Tout ce qui est ampoules à basse consommation, je sais même pas, je saurai même pas lesreconnaître, je saurai pas le prix, je saurai pas la condition d'utilisation. J'ai un manqued'informations par rapport à ça. » (Sophie, 21 ans, volontaire à Unis-Cité). Les garçonssembleraient s'intéresser aux aspects techniques et mécaniques du logement.

b) Le chauffage, source de difficultés en hiver

Le chauffage électrique est utilisé par 57 % des individus et le chauffage au gaz, par quasiment 30% d'entre eux. Or, des difficultés au quotidien apparaissent. En effet, des personnes vivent enimmeuble (HLM ou non) où le chauffage peut être trop ou pas assez élevé. La température ne peutêtre modulable :

"Certains soirs, c'est totalement l'inverse ! Tu vas te dire : "Putain il fait chaud ! C'est parce que jeviens de rentrer ou... Non, non, c'est juste, il fait chaud !" Donc t'ouvres la fenêtre, ça part un peu etpuis voilà !" (Melody, 21 ans, École de la Deuxième Chance)

"Même l'hiver, on a toujours les fenêtres ouvertes ! Quand les gens arrivent chez nous, ilshallucinent, il fait hyper chaud, les fenêtres sont tout le temps ouvertes !" (Fatima, 23 ans,animatrice)

Pour autant, aucune n'a mentionné le désir d'indiquer ce problème au syndic de l'immeuble.Natacha, étudiante ingénieure, est dans une situation particulière. Ses colocataires et elle-même ontpossibilité de régler la température mais elles ne le font pas. Selon Natacha, leur logement n'est pascorrectement isolé.

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Le fait d'être locataire induit aussi un comportement différent : des aspects financiers ne sont paspris en compte. Le chauffage est parfois inclus dans le prix du loyer.

A l'inverse, des individus pour lesquels le chauffage est électrique, sont vigilants vis à vis de latempérature utilisée. De façon presque surprenante, ce sont les personnes disposant de plus deressources qui adoptent ce type de pratiques. A titre d'exemple, les parents de Laure, volontaire duservice civique, règlent les radiateurs, qui cessent automatiquement de chauffer lorsque latempérature idéale est atteinte. C'est la formule la plus économique et la plus respectueuse del'environnement. La nuit, le chauffage est coupé. Laure mentionne l'idée de "faire des économiesd'énergie". Pour autant, elle n'était pas capable de quantifier précisément le degré de température.

Donc, le chauffage électrique est majoritairement utilisé. L'impossibilité de régler la températuredans le logement oblige certaines personnes à s'adapter. Pour autant, aucune n'a mis en avant lesouhait que ce problème soit résolu. A l'inverse, les individus qui ont ce choix, sont issus de milieuxsociaux plus élevés et sont vigilants sur leur façon de chauffer leur lie de vie. Ces deux élémentssont contradictoires.

B- Une consommation d'eau pas toujours limitée

a) La machine à laver et le lave-vaisselleLa machine à laver est utilisée par plus de 76 % des individus une à trois fois par semaine. Enrevanche, pour la même fréquence, le lave-vaisselle n'est utilisé que par 20 % des personnes.Autrement dit, 62 % ne l'utilisent jamais (n'en sont pas équipés) :

Utilisation de la machine et du lave-vaisselle (en %) :

b) Douche ou bain ?Tout d'abord, la vie dans un logement sans baignoire limite les consommations d'eau. Les parents deNicolas, volontaire du service civique, ont rénové la salle de bain en 2010 pour installer une doucheà la place de baignoire. Il souligne la nécessité d'économiser de l'argent. En revanche, en cas debaignoire, les bains sont limités avant tout par manque de temps (vie à plusieurs, vieprofessionnelle) ou d'espace (baignoire trop petite) et non pas par volonté stricte de réaliser deséconomies financières ou de respecter l'environnement : "Il faut avoir du temps pour prendre unbain, si t'as pas le temps, ça sert à rien !". (Mathieu 21 ans, Unis-Cité). A l'inverse, quand il n'y apas les contraintes précédemment évoquées, les bains sont pris une à deux fois par semaine, mêmepour les personnes issues d'un milieu situé au bas de l'échelle sociale (Fatima et Chantal).

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F r é q u e n c e / E q u i p e m e n t s M a c h i n e à l a v e r L a v e - v a i s s e l l eJ a m a i s 5 , 2 6 6 1 , 8 4

U n e à t r o i s f o i s p a r s e m a i n e 7 6 , 3 2 1 9 , 7 4Q u a t r e f o i s , v o i r p l u s 5 , 2 6 6 , 5 8

N e s a i t p a s 1 3 , 1 6 1 1 , 8 4T o t a l 1 0 0 1 0 0

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Donc, la machine à laver est l'équipement électroménager omniprésent au sein du foyer. Là encore,personne n'a mentionné un intérêt pour l'environnement. S'agissant de la douche ou du bain, réaliserdes économies au niveau de la consommation d'eau ne semble pas toujours être la préoccupationmajeure des individus. C'est un sujet de paradoxe : diminuer la consommation d'eau permettraitd'économiser de l'argent. La limitation de l'usage des équipements audiovisuels et numériques seraitaussi une façon de diminuer le coût des factures d'électricité. Ces nouvelles technologies, dont laconsommation d'énergie n'est pas toujours visible à l'œil nu, n'induisent pas une consommation plusfaible.

C- L'omniprésence des équipements audiovisuelset numériques 6

Le logement est synonyme d'espace domestique familial et de loisirs via ces équipements. La findes années 1990 est marquée par l'arrivée d'internet. Depuis, les technologies de l'information et lacommunication (TIC) occupent une place évidente dans les foyers français. Selon Jean-EmmanuelRay, sociologue, ces TIC permettent à chacun de gagner du temps et indirectement d'éviter certainsdéplacements. L'explosion des réseaux sociaux intervient à ce sujet : cet usage remplaceprogressivement le face à face individuel. Également, l'utilisation des TIC se confronte avec letemps physiologique (se nourrir, se laver, dormir) : regarder un film, une série ou le JournalTélévisé en mangeant n'est pas une pratique atypique. L'analyse suivante l'illustre : ces TIC sontomniprésentes dans le quotidien des individus, en particulier des filles. Il y a aussi des divergencesselon l'occupation actuelle ou le niveau de diplôme et le nombre de personnes dans le foyer. Enaucun cas, les consommations énergétiques qu'elles engendrent ne semblent préoccuper lesindividus.

J'ai effectué un recodage de variables sur des fréquences d'utilisation de la télévision, de la radio etde l'ordinateur. La modalité "rarement" signifie une fois toutes les deux/trois semaines et une foispar mois. Ensuite, "régulièrement" renvoie à une à trois fois par semaine et "souvent", trois à sixfois par semaine.

D- L'importance de la télévision dans les foyerspopulaires.

54 % des individus la regardent souvent, davantage entre une et trois heures par jour (pour 46 %d'entre eux). Une progression dans la hiérarchie sociale se traduit par une probabilité plus faibled'utilisation régulière de la télévision. En effet, un pourcentage nettement plus fort de stagiaires del'École de la Deuxième Chance a souvent les yeux rivés vers le petit écran : presque 86 % d'entreeux sont concernés. L'animateur la regarde aussi souvent. En revanche, environ 60 % des étudiantsingénieurs ne la regardent jamais. Cet équipement occupe une place importante dans la vied'individus de milieux défavorisés (cf graphiques ci-dessous). Brigitte Le Grignou, sociologuespécialiste des médias, s'est intéressée aux travaux de Michel Souchon (1969). Il a étudié les usagesde la télévision fait par des adolescents scolarisés à Saint-Étienne. Ses résultats mettent en lumièreune forte consommation de la télévision en même temps qu'une faiblesse ou une absence dediplômes, ce qui est clairement le cas ici aussi. On supposerait qu'il est difficile pour les adolescentsissus de milieux modestes ou défavorisés de s'ouvrir à d'autres pratiques culturelles (concerts,

6 Cf figures 6 et 7 en annexe.

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musées...) en raison d'un manque d'intérêts mais aussi d'un manque de moyens financiers. Latélévision demeure au domicile et ne nécessite pas de dépenses supplémentaires strictes, si ce n'estcelle liées à l'électricité.

Fréquence d'utilisation de la télévision en fonction du diplôme (en %) :

Durée d'utilisation de la télévision en fonction de l'activité professionnelle (en %) :

C'est aussi une pratique davantage féminine : 62 % d'entre elles face à 46 % de garçons la regardentsouvent. Enfin, si la fréquence d'utilisation de la télévision est sensiblement importante quelque soitle mode de vie, la durée varie. L'usage régulier de la télévision concerne en majorité les individusqui vivent avec d'autres personnes à savoir en colocation, en couple et avec des enfants, chez unautre membre de leur famille et chez leurs parents (cf graphique ci-dessous). Cela suppose unepratique collective : l'individu regarde la télévision avec ses parents ou frères et sœurs, son ami(e) etses enfants. Au contraire, un individu qui vit seul est plus à même d'être avec des amis (soit chez luiou ailleurs) et donc de moins regarder le petit écran.

James Lull, sociologue américain, distingue plusieurs usages de la télévision. L'usage structurels'entend sous différentes formes. Il y a la notion de "ressource environnementale" à savoir latélévision accompagne les routines et corvées domestiques. Cette pratique, particulièrementconsommatrice d'énergie, touche le foyer de Fatima. Les trois télévisions sont allumées enpermanence même si personne ne les regarde. Lull emploie aussi la notion de "régulateur decomportement" : la télévision structure le temps au cours d'une journée. A titre d'exemple, latélévision est allumée au moment du journal télévisé. Le repas est pris en même temps. Cette

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E c o l e   C e n t r a l e U n i s-­‐ C i t é E c o l e   D e u x i è m e  C h a n c e

J a m a i s

S o u v e n t

A c t i v i t é P r o f e s s i o n n e l l e / F r é q u e n c e J a m a i s U n e h e u r e o u m o i n s U n e à t r o i s h e u r e s T r o i s h e u r e s e t p l u s T o t a lE c o l e C e n t r a l e 6 0 6 , 7 3 3 , 3 0 1 0 0

U n i s - C i t é 2 8 , 1 2 1 , 9 3 7 , 5 1 2 , 5 1 0 0E c o l e D e u x i è m e C h a n c e 0 0 6 0 , 7 3 9 , 3 1 0 0

A c t i v i t é P r o f e s s i o n n e l l e 0 0 1 0 0 0 1 0 0T o t a l 2 3 , 6 8 1 0 , 5 3 4 6 , 0 5 1 9 , 7 4 1 0 0

Page 27: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

pratique concerne les familles de Sophie et de Nicolas. De cette façon, le temps individuel et socialest clairement structuré en fonction des programmes proposés. De même, Anne regarde la télévisionpour combler l'ennui : "(...) Les jours où je m'ennuie carrément, je sais ce que je fais : je regarde latélé. (...)".

Durée d'utilisation de la télévision en fonction du mode de vie (en %) :

E- La présence timide du poste radio.

A l'inverse, le poste radio est nettement moins utilisé que la télévision. En effet, si 34 % l'écoutentsouvent, 26 % ne l'écoutent jamais. 12 % écoutent la radio sur leur ordinateur. La durée d'écoutes'accroît moins un individu est diplômé : environ 11 % des titulaires du Brevet des Collèges (oumoins) l'écoutent quatre heures ou plus face à 4 % des personnes ayant réalisé des étudessupérieures. Or, la radio s'efface de plus en plus pour être écoutée soit dans la voiture, soit via leMP3, le téléphone portable ou l'ordinateur. L'écoute de la musique et/ou la radio sur leur ordinateursemble être l'utilisation la plus économique : un appareil est utilisé à la place de deux. Vicky,étudiante ingénieure, adopte ce raisonnement : " (...) La musique, je préfère mon ordinateur parceque je peux faire des choses... ça regroupe beaucoup de choses. Sur l'ordinateur, je peux avoir unCD, je peux avoir la radio, je peux avoir internet. Je préfère les choses qui regroupent plusieursappareils, que beaucoup d'appareil, partout".

Donc, la radio est davantage écoutée par les personnes à faibles ressources, qui consomment donc làaussi plus d'énergie. Or, elle est aussi présente dans la voiture, et dans la maison par l'ordinateur, leMP3 ou le MP4. Ces usages, surtout propres aux individus disposant de ressources plus élevées,sont consommateurs d'énergie. Deux autres appareils sont aussi très utilisés par les personnes : letéléphone portable et l'ordinateur.

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J a m a i s

U n e   h e u r e   o u   m o i n s

U n e   à   t r o i s   h e u r e s

T r o i s   h e u r e s   e t   p l u s

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F- Le téléphone portable, objet de "compagnie",surtout pour les filles de milieux défavorisés.

Quasiment 70 % des individus possèdent un téléphone portable, 22 % en ont deux et 27 %disposent d'un smartphone. Une difficulté est apparue pour la passation du questionnaire concernantles stagiaires de l'École de la Deuxième Chance : la formulation de ma question sur les usages dutéléphone portable suivait celle sur la possession ou non d'un smartphone. Ceci a entraîné uneconfusion et certains ont du penser que la question ne concernait que ceux qui possédait cet objet (lesmartphone). Les non-réponses représentent 30 % de ces stagiaires. Les propos seront donc ànuancer davantage. Là encore, les filles passent davantage de temps avec leur téléphone portable(27 % d'entre elles face à 10 % de garçons) et elles sont plus nombreuses à en posséder deux.

La possession de deux téléphones portable en fonction du sexe et de l'activité professionnelle(en %) :

Également, plus on descend dans la hiérarchie sociale, plus la durée d'utilisation d'un téléphone et lapossession de deux téléphones et du smartphone croît. A titre d'exemple, 30 % des individustitulaires du Brevet des Collèges (ou moins) passe plus de deux heures quotidiennes les yeux rivésderrière leur portable face à 7 % des individus diplômés. Tout comme cela touche lesconsommations alimentaires et corporels, la possession d'un téléphone portable mufti-fonctionnelest un outil d'affirmation identitaire. Il est toujours présent sur soit, dans la poche. L'individudialogue presque avec cet objet dans les transports en commun ou à la gare en le consultant dès qu'ils'ennuie.

La possession du smartphone en fonction du sexe et de l'activité professionnelle (en %) :

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S e x e / A c t i v i t é P r o f e s s i o n n e l l e E c o l e C e n t r a l e U n i s - C i t é E c o l e D e u x i è m e C h a n c eH o m m e 0 1 3 , 3 1 5 , 4F e m m e 8 0 5 , 9 5 3 , 3

T o t a l 2 6 , 6 7 9 , 3 8 3 5 , 7 1

S e x e / A c t i v i t é P r o f e s s i o n n e l l e E c o l e C e n t r a l e U n i s - C i t é E c o l e D e u x i è m e C h a n c eH o m m e 3 0 4 0 3 0 , 8F e m m e 4 0 1 1 , 8 2 6 , 7

T o t a l 3 3 , 3 3 2 5 2 8 , 5 7

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G- Usages multifonctionnels du téléphone portable

Le téléphone portable remplace plusieurs objets. Les SMS, MMS, appels et usages divers dutéléphone portable (agenda, montre) sont des pratiques propres aux trois groupes et aux deux sexes.Les multiples forfaits avec "SMS illimités" incitent les consommateurs à envoyer autant de SMSqu'ils le souhaitent au cours d'une journée. Si les messages sont utilisés dans un cadre privé (amis etfamilles), une personne au cours d'un entretien a aussi relevé une utilisation professionnelle desSMS. Laure, volontaire du service civique, estime qu'un message rédigé correctement peut êtreenvoyé à son employeur. De façon plus précise, les filles utilisent davantage leur téléphone portable(pour tous les usages). De plus, moins une personne est diplômée, plus elle utilise son téléphonepour prendre des photos et des vidéos et se connecter à internet. 7

L'utilisation du téléphone pour la prise de photos et de vidéos selon le diplôme :

L'usage d'internet via le téléphone est aussi facilité par l'offre des opérateurs : cette utilisation estcomprise dans le forfait et n'engendre pas de coûts supplémentaires. Deux propos de garçonssoulignent une divergence d'interprétation des objets multifonctionnels. D'une part, Nicolas critiqueles smartphones car il préfère le côté "authentique" du téléphone, tel qu'il était à ses débuts (appeleret envoyer des SMS). Voici ses propos :« Tout le monde a des tactiles, trucs comme ça. Après, c'estplus un portable, c'est un truc multi-fonction : photo, vidéo. Je préfère un vieux portable qui sertqu'à envoyer des messages et puis passer des appels. ». D'autre part, David souligne l'intérêt d'untéléphone multifonctionnel par comparaison avec la console PlayStation 3, qui rassemble plusieursutilités en un seul objet. Voici ses termes : "C'est quand même vachement intéressant ce genred'appareil, c'est comme le téléphone, ça fait tout en un ! Tu peux écouter de la musique, regarderdes DVD, jouer et aller sur internet (...)."

7 Cf figure 8 en annexe.

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2 5 , 7

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N o n

O u i

N o n   p r é c i s é

B a c c a l a u r é a t   +   2   a n s ,  v o i r e   p l u s

C A P ,   B E P ,   B a c c a l a u r é a t   o u  B r e v e t   P r o f e s s i o n n e l

B r e v e t   d e s   C o l l è g e s   o u  m o i n s

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H- La possession du téléphone portable, marquageculturel et identitaire

Les individus âgés de moins de 30 ans sont particulièrement friands de nouvelles technologies et deproduits de marques. Selon Jean Baudrillard, sociologue français (La Société de consommation,1970), les individus sont soumis au rythme de la circulation de plus en plus rapide de codes, designes et de nouveaux objets (nouvelles technologies). Les choix de consommation, en terme denouvelles technologies par exemple, sont constitués par la logique du paraître. L'individu estsensible à l'image qu'il dégage de lui-même. D'une part, l'achat et la possession de ces objetss'explique par une volonté de marquage culturel (appartenance à un groupe). D'autre part, l'individumet aussi en avant son identité grâce ces objets (comme pour les produits corporels et cosmétiques).

D'une part, Thorstein Veblen, économiste et sociologue américain, dans la Théorie de la classe deloisir (1899) estime que plus un individu possède de la richesse, plus il est estimé (en termed'honneur). Les individus se comparent les uns vis à vis des autres : ils se classent. La richesse sequantifie avec les objets possédés. Cela servirait à impressionner autrui. Cette théorie, bienqu'ancienne, n'est pas négligeable en particulier pour les nouvelles technologies. Les sociologuesaméricains Mary Douglas et Baron Isherwood (Pour une anthropologie de la consommation, 2008)poursuivent cette idée. La consommation ne se limite pas à l'échange de biens. Elle s'intègre dansune dimension culturelle et économique. Autrement dit, toute possession matérielle induit unefonction sociale de marquage. C'est le cas des nouvelles technologies : leur possession est aussi unefaçon d'affirmer son positionnement social et sa supériorité vis à vis des autres. De plus, Veblen meten avant l'effet "tricke down" c'est-à-dire le fait que les individus reproduisent les modes deconsommation de personnes issues d'un positionnement social plus élevé. Là aussi, on retrouve cetype d'attitude s'agissant des nouvelles technologies. Ces équipements, en particulier, l'ordinateur etle smartphone nécessite un investissement financier. Les individus issus de milieux modestes ensont pourtant équipés.

D'autre part, les choix de possession de certains produits interviennent également dans un processusinteractionnel. Selon Erving Goffman, les pratiques de consommation mettent en jeu un ensembled'interactions. Comme dans un théâtre, l'individu se met en scène. L'identité correspond à uneprésentation de soi dans les interactions. Ces interactions s'inscrivent dans des rôles sociaux.Lorsqu'il achète des produits, l'individu peut faire référence à l'image réelle ou idéale qu'il a de lui-même. Par la possession de nouvelles technologies, l'individu cherche à améliorer l'image de soi,transmise aux autres. De même, Benoît Heilbrunn, professeur de marketing à l'École Supérieure decommerce de Paris, apporte des précisions ce à sujet. Il souligne que le groupe de pairs joue un rôledans l'achat de ces nouvelles technologies. En effet, la valeur d'un bien se définit aussi par rapport àl'approbation de ses pairs, notamment du leader. Certes, cet effet diminue avec l'âge mais lapossession du dernier téléphone portable est un moyen de s'affirmer vis à vis des autres.

La possession du dernier smartphone est donc une façon d'affirmer son appartenance culturelle etson identité, sans songer à l'environnement.

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De façon globale, les personnes à moindres ressources et en particulier les filles sont plusutilisatrices du téléphone portable. Le téléphone multifonctionnel prend de plus en plus la placed'autres objets : montre, agenda, appareil photo numérique voire ordinateur. L'avantage d'un objetqui ne sert qu'à téléphoner est la facilité d'utilisation et l'impact moins élevé en cas de perte duproduit. A l'inverse, la perte d'un téléphone multifonctionnel engendre indirectement la perte deplusieurs appareils : appareil photo numérique, ordinateur... En revanche, comme l'indiquait David,un smartphone présente l'intérêt de réunir plusieurs équipements en un seul, ce qui évite d'êtreéquipé d'une multitude d'appareils. Cela ne sous-entend pas pour autant des économies d'énergie. Atitre d'exemple, un smartphone utilisé tous les jours en tant que MP3 ou appareil photo numériqueconsommera certes de l'énergie mais elle ne concernera qu'un appareil. Pour autant, dans lesentretiens, les personnes m'ont expliqué qu'elles préféraient utiliser un lecteur MP3 en plus dutéléphone portable (ou du smartphone) pour que la batterie dure plus longtemps. Dans tous les cas,ces individus sont de gros consommateurs d'énergie via leur téléphone portable.

Au-delà de cet aspect de consommation énergétique, la sociologue Céline Metton-Gayon souligneque la possession d'un téléphone portable et l'usage d'internet, pour les individus qui résident encorechez leurs parents, sont des moyens d'acquérir une "autonomie relationnelle" notamment vis à visde leur famille. L'ordinateur occupe aussi une place dans la vie de ces jeunes générations. Quelleplace et comment se traduit son usage ?

I- L'ordinateur se substitue à la télévisionTout d'abord, 84 % des personnes se rendent sur leur ordinateur tous les jours ou presque. 42 %passent une à trois heures devant leur écran. Garçons et filles de tout âge passent autant de tempsdevant leur ordinateur. Le mode de vie n'induit pas nécessairement une moindre utilisation del'ordinateur. En revanche, le graphique ci-dessous l'illustre : un peu plus de 70 % des étudiantsd'École Centrale et des volontaires d'Unis-Cité utilisent l'ordinateur entre une heure et trois heures,voire plus sans pour autant le laisser allumé toute la journée. Si la moitié des stagiaires de l'École dela Deuxième Chance sont dans la même situation, presque 20 % d'entre eux n'éteignent pas leurordinateur pendant la journée. Donc, les personnes issues d'un milieu défavorisé consommentdavantage d'énergie via leur ordinateur. Il est disponible dans le domicile. Son utilisation engendredes dépenses présentes sur la facture d'électricité.

La durée d'utilisation de l'ordinateur en fonction de l'activité professionnelle (en %) :

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J a m a i s U n e   h e u r e   o u  m o i n s

U n e   à   t r o i s   h e u r e s T r o i s   h e u r e s   e t   p l u s A l l u m é   t o u t e   l a  j o u r n é e

E c o l e   C e n t r a l e

U n i s-­‐ C i t é

E c o l e   D e u x i è m e   C h a n c e

A n i m a t e u r

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J- Les réseaux sociaux, utilisation majoritaired'internet

Ils sont très fortement utilisés par tous les individus (80 %). J'avais précisé entre parenthèses, sur lequestionnaire, que ces réseaux sociaux se référaient à facebook et MSN. Il y a à nouveau uneprédominance de filles (86 % face à 72 % de garçons). Les individus ayant réalisé deux années ouplus d'études après le baccalauréat sont aussi davantage concernés :

La fréquentation des réseaux sociaux en fonction du diplôme (en %) :

Facebook est utilisé pour la même raison officielle : le désir de garder contact avec des personnesqui vivent loin du domicile. Cette idée, appartenant au registre de la vulgate, est née en même tempsque la création du site. Concrètement, des distinctions s'établissent mais pas toujours selon unpositionnement social en particulier.

Tout d'abord, apparaît une crainte vis à vis de la protection de l'identité et de la confidentialité desinformations sur ce site. Le terme de "danger" a été répété plusieurs fois. Pour autant, toutes cespersonnes sont très assidues sur ces sites. Ceci est contradictoire. Également, facebook présente unintérêt pour communiquer de façon privée avec ses ami(e)s. Cet aspect n'est pas mentionné par lesgarçons. L'utilisation de facebook faite par Vicky, étudiante, et Melody, stagiaire au sein de l'Écolede la Deuxième Chance, illustre cet usage : la conversation virtuelle se substitue à la conversationen face à face. Elles expliquent échanger sur facebook avec des personnes qu'elles côtoient lajournée. Les sociologues Dominique Cardon, Zbigniew Smoreda et Valérie Beaudouin mettent enévidence la notion de "connexion continue" par laquelle les personnes échangent à la fois en face àface mais l'ordinateur deviendrait aussi un lieu de rencontre pour établir des discussions intimes.C'est le cas ici. Cet échange permet en outre de gagner du temps et d'éviter de se déplacer, au seind'un même immeuble. Vicky l'évoque : " (...) Et avec mes copines espagnoles, on habite pas dans lemême étage. J'habite au premier étage et le reste des filles habite au deuxième étage. Des fois, c'estun peu chiant de monter les escaliers pour leur dire quelque chose, donc sur facebook, on parle :"on va manger".

Les réseaux de discussion, ici facebook, seraient un espace de discussion "authentique" au seinduquel il n'y a pas de pression du groupe de pairs : on peut se dévoiler en toute intimité sans qu'uneautre personne du groupe n'interfère. Ainsi, Melody utilise facebook de cette façon pourcommuniquer avec ses camarades de l'École de la Deuxième Chance :" (...) Quand on est ici (àl’École), on rigole, on discute, on échange des trucs ou on a pas le temps, ou on est pas dans lesmêmes cours donc... ou des trucs qu'on veut pas dire ici tout simplement ! On revient chez nous, ona facebook : "Tiens, t'as remarqué ça ! T'as vu machin, machin, ceci !" On parle après les coursd'une façon plus personnelle."

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D i p l ô m e ( s ) / V i s i t e d e s r é s e a u x s o c i a u x N o n O u i N o n c o n c e r n é ( e ) T o t a lB r e v e t d e s C o l l è g e s o u m o i n s 2 0 7 4 , 3 5 , 7 1 0 0

C A P , B E P , B a c c a l a u r é a t o u B r e v e t P r o f e s s i o n n e l 2 8 , 6 7 1 , 4 0 1 0 0B a c c a l a u r é a t + 2 a n s , v o i r e p l u s 1 1 , 1 8 8 , 9 0 1 0 0

T o t a l 1 8 , 4 2 7 8 , 9 5 2 , 6 3 1 0 0

Page 33: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

L'Institut Kervégan effectue une analogie entre l'attitude des personnes sur facebook et en société ense référant à Goffman. Il estime que chaque individu adopte un masque pour se conformer à l'usagequ'il doit donner de lui-même à autrui. Il en serait de même sur facebook : chacun met en avant desinformations sur sa vie (réelles ou fausses) pour que les autres personnes acquièrent une certaineimage de lui. Les discussions instantanées permettent également d'adopter tel ou tel masque selonles personnes avec qui l'échange a lieu.

De plus, deux étudiants ingénieurs (Natacha et Jean-Philippe) établissent une critique portant surl'enjeu économique de facebook, détail non mentionné par d'autres individus, à savoir la crainte dulicenciement abusif. A l'inverse, Laure, volontaire à Unis-Cité, est consciente que les employeursutilisent facebook mais elle imagine ce site utile pour s'établir un réseau professionnel. Cette idéecontre-balance la crainte avancée par les autres personnes :

"– Pour mon projet Unis-cité, j'ai quitté mon association où j'étais avant (inaudible) je

travaillais avec les SDF avant. J'ai deux collègues qui m'ont rentrée en amie sur facebook etavec qui je peux garder contact. Si je veux un stage plus tard, il suffit d'aller sur facebook etde leur demander...

– Du coup, en même temps, tu dois faire vachement gaffe à ce que tu publies...– Oui, voilà. (…) Si tu choisis de faire ça, soit tu bloques tes données, soit tu publies pas de la

merde !"

Ce sont aussi des individus d'un milieu aisé (Natacha et Mathieu, volontaire à Unis-Cité) quiperçoivent facebook comme un outil pour obtenir des informations de sorties sur la ville de Nantesou pour organiser des soirées. Ce site permettrait ainsi de gagner du temps : à défaut d'appeler,d'envoyer un SMS ou un mail, la création d'un événement sur facebook est plus directe et rapide. Enrevanche, cela marginalise les personnes qui ne sont pas inscrites sur le site.

Enfin, environ un quart des individus titulaires d'un CAP, d'un BEP voire d'aucun diplômen'utilisent pas ces sites. Ce choix traduit la volonté d'affirmer son identité : soit pour se protéger ouse distinguer d'autrui. Sophie, sans y être désinscrite, s'y rend de moins en moins. Elle envisage dequitter facebook très prochainement car elle souhaite conserver une confidentialité de sesinformations personnelles. David n'y est pas inscrit pour se distinguer des comportements des autresindividus de son âge qu'il côtoie : "Je veux pas adhérer à un truc international : tout le monde a lamême page, la même couleur, c'est trop mouton pour moi ! C'est dommage car je passe à côté decertaines choses. J'y pense régulièrement à ça. Mais si je me créée un compte, comme pour la TAN,je vais donner un faux nom ou... C'est pas qu'une histoire de vie privée, c'est surtout ne pas se faireattraper par le groupe... J'ai toujours été un petit peu à dépasser la ligne. (...) »

Donc, les réseaux sociaux s'intègrent dans la vie quotidienne juvénile. Ils s'envisagent sous deuxéléments totalement opposés : leur efficacité réside dans la désagrégation de la cohésion socialedans la société, ou au contraire, ils dégradent ce lien en incitant à communiquer virtuellement. Cesdeux configurations opposées se complètent en réalité. La notion de confiance joue un rôle : lacommunication virtuelle permet de "se cacher" derrière son écran et facilite le désir decommuniquer ce que l'on n'oserait dire en face à face. Le problème ne viendrait donc pas d'unedésagrégation sociale mais d'une difficulté d'établir facilement le contact dans la vie réelle.

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Page 34: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

D'après les propos des individus, ce réseau social présente une contradiction : il est vivementcritiqué mais est en même temps nécessaire dans leur vie quotidienne. Tous mettent en avant l'idéeofficielle : reprendre contact avec des personnes qui vivent loin de chez eux. Or, une discussioninstantanée établie avec un ami d'enfance n'aura pas la même ampleur qu'avec un ami de sapromotion. Voici les raisons d'une présence aussi accrue sur facebook. En premier lieu, il apparaîtpresque comme marginalisant de ne pas être inscrit sur facebook lorsqu'on a moins de 25 ans. Cesite permet de lire les plaisanteries des uns des autres et d'échanger en toute intimité avec sa famillemais aussi des membres du groupe de pairs vus quotidiennement. Le temps est optimisé : il n'y apas toujours besoin de se déplacer pour échanger avec la personne. De plus, un individu a aussi misen avant l'utilité de facebook pour son réseau professionnel à venir. Serait-ce un enjeu pour lesAgences d'Emploi : la publication d'offres de travail sur facebook ? 78 % des personnes utilisentleur ordinateur pour réaliser des recherches pour leur avenir professionnel. De même, facebookserait un outil agréable à utiliser dans la recherche d'informations pour sortir dans sa ville.

De façon globale, les nouvelles technologies occupent une place grandissante dans le quotidien desindividus : téléphone portable et ordinateur en particulier. Leurs usages mufti-fonctionnelspermettent de les substituer à d'autres objets. Ces équipements sont d'autant plus présents pour lespersonnes issus de milieux populaires. Ils permettent aussi d'illustrer sa supériorité vis à vis d'autrui.En revanche, là encore, la protection de l'environnement ou les économies d'énergie et financièresne sont pas évoquées. C'est une autre contradiction.

Le tri des déchets, une préoccupationd'individus disposant d'un certain confortde vie

Tout d'abord, le tri du verre est celui auquel les enquêtés semblent davantage concernés (70 %d'entre eux). Les Tri-sacs sont utilisés par 50 % des individus de l'échantillon. Enfin, environ 40 %soit ne réalisent aucun tri, soit déposent leurs déchets électroménagers à la déchetterie et les pilesdans les bornes prévues à cet effet. Le tri du verre intervient en premier lieu. Or, 50 % des individuspeu voir non diplômés ne réalisent pas ce tri. La même fréquence touche les stagiaires de l'École dela Deuxième Chance. Ensuite, 50 % des enquêtés utilisent les sacs bleus et jaunes de façonrégulière. Le niveau de diplôme est à nouveau à relever : environ 40 % des individus non titulairesd'un diplôme ou peu diplômés le font, soit une différence de vingt points avec les personnes ayantréalisé des études supérieures ! Pour autant, ce tri des déchets se traduit-il en achats plus réducteursd'emballages ? Parmi les individus qui font souvent ce tri, 20 % consomment systématiquement desproduits surgelés et des boites de conserve et seulement 8 %, des produits biologiques. Une volontéde trier ne se traduit donc pas forcément en changement d'achats alimentaires. 8 De plus, le tri auquotidien exige de connaître les déchets à déposer dans chaque sac. Or, les personnes issues demilieux modestes ou défavorisés ne savent pas précisément comment trier les déchets. A titred'exemple, Fatima, animatrice, inverse l'utilisation des sacs :

8 Cf figures 9 en annexe.

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Page 35: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

"– Des fois, je t'avoue que quand je suis pressée, je mets dans n'importe quelle poubelle.– Tu sais pas spécifiquement ce que tu peux mettre dans chaque poubelle ?– Si ! Je sais que le bleu, c'est recyclable et le jaune c'est non-recyclable. Tout ce qui est

carton, c 'est recyclable. Je vois à peu prêt."

A l'inverse, Natacha, étudiante ingénieure, est désormais sensibilisée à ce tri via sa formation àÉcole Centrale. Elle sait comment sont transformés les déchets et l'utilité précise du tri. Elle est plusà même de réaliser correctement son tri des déchets.

Enfin, 37 % des individus utilisent un même sac poubelle pour tous les les déchets. La moitié despersonnes peu ou non diplômées ne trient pas les déchets. Ce même pourcentage concerne là encoreles stagiaires de l'École de la Deuxième Chance :

L'absence de tri des déchets en fonction de l'activité professionnelle (en %) :

Sur quoi réside cette absence de tri ? Melody, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance, évoquedeux raisons principales : le manque d'espace dans son logement et surtout le manque d'intérêt. Ellevit dans une situation précaire, avec des difficultés financières quotidiennes à gérer, le tri desdéchets ne fait pas partie de sa priorité : " (...) Puis l'écologie, je vais passer pour la mauvaise fillemais je suis pas dans le "trip" écologique. Par exemple, mes poubelles, je les trie pas ! Beaucoup lefont et puis ça devient obligatoire ! Au FJT, on nous oblige pas encore à les trier, pourvu que çareste comme ça jusqu'en Novembre ! J'aurais une grande maison, j'aurais la place, je le ferais ! Là,dans la chambre, avoir deux poubelles, c'est juste pas possible !" Chantal ne trie pas car elle ne saitpas où trouver les sacs bleus et jaunes. La communication faite par Nantes Métropole à ce sujet seradétaillée ultérieurement.

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E c o l e   C e n t r a l e

U n i s-­‐ C i t é

E c o l e   D e u x i è m e   C h a n c e

A c S v i t é   P r o f e s s i o n n e l l e

S o u v e n t

D e   t e m p s   e n   t e m p s

R a r e m e n t   v o i r e   J a m a i s

Page 36: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Donc, les personnes disposant de faibles ressources sont moins sensibles au tri des déchets car ellesont d'autres préoccupations quotidiennes. Le tri des déchets est une problématique touchant lesindividus disposant d'un certain confort de vie. Or, ce tri est privilégié également en cas de facilitéd'accessibilité aux Tri-sacs et de gestion au quotidien. Il ne faut que cet effort d'accessibilité soittrop coûteux en terme de temps, au point de dissuader la personne.

Les définitions du développement durable,sources de distinctions sociales

A- L'absence de définition propre aux filles peu,voire non diplômées

Tout d'abord, 30 % des individus n'ont pas fourni de définition du développement durable ou ontsouligné l'importance de protéger la nature et/ou l'environnement. Les personnes n'ayant pasexpliqué cette notion sont en majorité des filles (cf diagrammes circulaires ci-dessous) peu ou nondiplômées et issues de l'École de la Deuxième Chance. En effet, si 54 % des stagiaires de l'École dela Deuxième n'ont pas précisé le concept de développement durable, ce n'est le cas que de 20 % desétudiants ingénieurs.

Dans les entretiens, le vocabulaire utilisé souligne l'imprécision et la conscience de l'enjeu collectifde cette notion : "un ou des trucs", "quelque chose" "tout ce qui", "tout ça" ou "plein de choses".Anne, à titre d'exemple, stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, est la seule à avoirindiqué ne pas connaître le concept de développement durable. J'ai cherché à tester sa connaissancedans le domaine de l'environnement. Mon erreur a été ici de trop induire sa réponse. Elle évoque leterme de "pollution", qui, pour elle, renvoie aux ordures. La distinction entre le "je" et "ils" sous-entend que Anne ne s'inclut pas dans les personnes susceptibles de modifier l'avenir de la planète.Elle estimerait presque que le changement environnemental se traduit par les prises de décision dechefs d'entreprise ("ceux qui sont dans les entreprises".) Elle ne semble donc pas consciente queson attitude est aussi importante :

"– (...) Alors le tri des déchets, ça renvoie à quoi pour toi ?– C'est pour moins de pollution dans la Terre...– Qu'est-ce qui se cache derrière ce mot "pollution" pour toi : c'est que les déchets ?– Pour moi, la pollution, c'est les gens qui jettent des boissons, du verre, du plastique, du

carton, de tout ! Je trouve pas ça super pour la Terre. Même s'ils essaient de changer toutça, la Terre, en ce moment, est en train de se détruire.

– Quand tu dis "ils", c'est-à-dire ?– Ceux qui sont dans les entreprises, qui font du tri..."

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Page 37: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

B- L'environnement, la nature et la société, despréoccupations masculines

La conception environnementale dans la définition du développement durable est principalementcelle mise en avant dans les médias. Cette définition touche les garçons (41 % d'entre eux avec iciaussi un écart de 25 points avec les filles) diplômés d'un CAP, d'un BEP ou d'un Baccalauréat (57%). Voici quelques extraits de définition : " prendre soin des richesses sur Terre", "protéger lanature" ," le respect de l'environnement, de la planète" ," sauvegarder notre planète", " faireattention à l'environnement"... De plus, 17 % des enquêtés définissent le développement durable ensoulignant l'aspect social et environnemental. Ici encore, les garçons sont légèrement plusnombreux à avoir abordé ces notions (20,5 % face à 13,5 % de filles). L'importance accordée àl'aspect social et environnemental n'est propre qu'aux individus titulaires d'un diplôme de niveaumoyen ou supérieur. Ici aussi, des exemples de définition sont pertinents : "mettre en place desfacteurs qui maintiennent la planète et la société actuelle en bonne santé (écologie et population)","Développement qui ne nuit pas à l'environnement et à mes concitoyens"...

C- Les "générations futures" à préserver17 % des personnes perçoivent dans le développement durable l'importance de l'avenir et des"générations futures". Ici, les expressions telles que "développement qui dure" ou "les générationsfutures" ont été abordées par des individus de différents milieux sociaux. La conceptionenvironnementale était citée par une majorité de diplômés d'un CAP, d'un BEP ou d'unBaccalauréat, c'est le cas ici aussi (43 %). C'est la première définition où garçons et filles sontrépartis de façon équitable. Des définitions plus précises peuvent être citées : "développement pourla société et qui est respectueux de l'environnement tout en pensant aux générations futures","préserver la planète sur le long terme en pensant aux futures générations"... Axel, étudiantingénieur, à titre d'exemple, propose cette définition : "En gros, c'est : agir en faisant attention auxgénérations futures pour pas compromettre leur avenir. Je sais plus les mots exacts...". Cetteexpression : "Je sais plus les mots exacts" illustre la référence aux discours médiatiques mais aussiaux définitions entendues dans le cadre de sa formation d'étudiant ingénieur. Or, en lui faisantprécisément sa définition, des termes plus concrets apparaissent.

D- Le développement durable sous ses troispiliers, une définition d'individus diplômés

10,5 % des enquêtés définissent le développement durable sous les trois piliers : l'économie, lasociété et l'environnement. Cela concernerait davantage les filles (13,5 % soit un écart de 6 pointsavec les garçons). Ces personnes sont aussi titulaires d'un diplôme de niveau moyen et élevé,comme l'illustre le graphique ci-dessous :

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La référence aux trois piliers du développement durable en fonction du diplôme (en %) :

L'environnement doit être protégé et tout individu doit pouvoir vivre et se nourrir dans une sociétéégalitaire. D'une part, Vicky, étudiante ingénieure et Mathieu, volontaire du service civique ontinsisté sur l'accès universel à l'emploi. D'autre part, Natacha, étudiante et Sophie, investie au seind'Unis-Cité, ont souligné le bien-vivre collectif. Une hésitation apparaît sur les termes à utiliserdans la définition de Sophie :" (...) Comme je disais dans le questionnaire, ça touche à plein dechoses je sais que c'est lié à l'environnement, lié à une politique commune, à des gestes. Je penseque c'est un bien-vivre collectif. C'est lié à la planète et au bien-être de chacun. C'est un peu flou àdéfinir. (...)". En précisant sa définition, elle aborde les trois piliers du développement durable eninsistant sur une gouvernance à appliquer. Dans tous les cas, ce ne sont que des personnes issuesd'un milieu social modeste et aisé qui ont songé à aborder ces trois notions.

E- Le développement durable : le recyclage, laconsommation locale ou le tri des déchets, selonles individus diplômés

Enfin, 9 % des individus ont cité des termes concrets tels que le tri des déchets, le recyclage ou laconsommation locale. Si le tri des déchets est davantage abordé par les garçons (13 % avec un écartde 8 points vis à vis des filles), le fait de consommer localement est souligné par les deux sexes. Demême, le tri des déchets est une notion évoquée par les personnes titulaires d'un diplôme de niveaumoyen et supérieur (plus de 11 %, soit moitié plus des individus peu ou non diplômés). Consommerlocalement est une pratique sociale divergente : 15 % des volontaires d'Unis-Cité se disentconcernés face à moins de 7 % des individus des autres groupes. A titre d'exemple, David,volontaire à Unis-Cité, aborde cette notion dans une optique de conservation et de ré-utilisation desdéchets et du CO2. Autrement dit, il n'imagine pas un monde sans voiture mais dans lequel laconsommation de CO2 serait diminuée : "Ce serait consommer de manière durable. C'est-à-dire

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B r e v e t   d e s  C o l l è g e s   o u  

m o i n s

C A P ,   B E P ,  B a c c a l a u r é a t   o u  

B r e v e t  P r o f e s s i o n n e l

B a c c a l a u r é a t   +   2  a n s ,   v o i r e   p l u s

N o n   m e n S o n n é s

L e s   t r o i s   p i l l i e r s  m e n S o n n é s

Page 39: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

aujourd'hui je consomme un truc mais demain, il faut pas que ça aille à la poubelle, il faut que çaresserve. Par exemple, je vais à la pompe chercher mon essence, je prends ma voiture, je polluedonc je dégage du CO2 dans l'atmosphère. Il faudrait qu'il y ait une espèce de bonbonne derrièrema voiture qui récupère le CO2 pour qu'il serve à autre chose. Ou par exemple, je fume ma clope,je jette mon mégot, au lieu de le jeter dans une poubelle, il sert à... Les mégots pourraient servir àfaire des cloisons, je sais pas !"

Donc, une ascension dans l'échelle sociale se traduit par une meilleure connaissance dudéveloppement durable sous ses trois piliers. L'aspect environnemental est aussi très prégnant,surtout pour les garçons d'une origine sociale moyenne, voir défavorisée. De même, l'absence dedéfinition s'accentue au fur et à mesure que l'on descend de cette échelle. Les filles sont moinsspécialistes que les garçons.

Projections

A- Des projections personnelles propres à chacundes groupes

La question posée était la suivante : " De façon plus générale, comment te vois-tu personnellementd'ici vingt ans ? Où ? Pourquoi ?". Malgré une diversité de formulations selon les individus, desthèmes similaires sont redondants. J'ai aussi clairement remarqué la difficulté pour les personnes derépondre à cette question : entre 20 et 25 ans, il semble complexe de savoir où, comment, avec quila vie sera d'ici trente ans. Au cours des entretiens, je n'ai pas souhaité guider la personne dans saréponse, je l'ai laissée aborder ses propres thèmes pour les lui faire approfondir ensuite. Unetypologie a été établit à partir des similarités de réponses. Il aurait été intéressant de mesurerl'impact de l'activité professionnelle des parents sur l'ambition professionnelle de la personne. Enrevanche, les pourcentages sont trop restreints et les effectifs trop faibles pour avancer quelqueconclusion que ce soit. Les trois groupes auxquels nous nous sommes intéressées au cours del'enquête présentent des projections divergentes.

Les trois principales projections propres à chaque occupation actuelle (en %) :

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S e   p r o j e 2 e   a v e c  u n e   f a m i l l e

S o u h a i t e  t r a v a i l l e r   d a n s  

l e   s e c t e u r  s c i e n @ fi q u e

A u c u n e  p r o j e c @ o n  

p e r s o n n e l l e

E c o l e   C e n t r a l e

U n i s-­‐ C i t é

E c o l e   D e u x i è m e   C h a n c e

Page 40: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

a) Unis-Cité

Tout d'abord, les volontaires du service civique sont les plus nombreux à se projeter en couple avecdes enfants (44 % d'entre eux). Ce souhait s'accroît avec l'âge : 23 % des 16-20 ans y ont répondufavorablement face à 37,5 % des plus de 24 ans. Les individus plus âgés sont plus enclins de serapprocher de la vie active et de la vie privée qui l'accompagne. Cette préoccupation est clairementsexuée. En effet, cela touche 50 % des filles face à 14 % de garçons. De plus, la situationmatrimoniale des parents de la personne intervient sur la projection familiale. A titre d'exemple,aucune personne dont les parents sont séparés ne s'imagine mariée et avec des enfants. De plus, unemajorité de volontaires du service civique désire vivre à la campagne (34 %) ou en ville (12 %).Curieusement, les personnes accoutumées à vivre au sein d'une maison en campagne ne sont pas lesplus à même de désirer cela ultérieurement. En revanche, les individus ayant vécu en immeuble ouen maison dans un milieu urbain souhaitent découvrir d'autres milieux. Les graphiques ci-dessousl'illustrent. Parmi les personnes ayant mentionné un type d'habitat à proprement parlé, aucune n'aévoqué le désir de vivre dans un appartement : 12 % s'imaginent vivre dans une maison.

La projection en milieu urbain en fonction des lieux de vie passés (en %) :

La projection en milieu rural en fonction des lieux de vie passés (en %) :

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L i e u x d e v i e / P é r i o d e s E n f a n c e A d o l e s c e n c e A c t u e l l e m e n tM a i s o n s i t u é e e n v i l l e 0 4 , 3 0

M a i s o n / s t u d i o s i t u é ( e ) e n m i l i e u r u r a l 6 , 9 7 , 7 0A p p a r t e m e n t a u s e i n d ' u n i m m e u b l e 1 6 , 7 8 , 7 1 0 , 6

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e n f a n c e a d o l e s c e n c e a c t u e l l e m e n t

M a i s o n   s i t u é e   e n   v i l l e

M a i s o n     /   s t u d i o  s i t u é ( e )   e n   m i l i e u   r u r a l

A p p a r t e m e n t   a u   s e i n  d ' u n   i m m e u b l e

Page 41: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Le milieu rural ferait-il partie d'une utopie rêvé par ces individus ? Ils s'imaginent vivre à lacampagne d'ici plusieurs années, avec une famille et un travail stable. En revanche, un attachementà Nantes touche les personnes dont la famille réside dans le territoire, en particulier pour les filles.La remarque de Sophie, volontaire à Unis-Cité, illustre l'attachement avant tout affectif à la ville deNantes : "Nantes, ça me tient à cœur car j'ai toute ma famille qui est là et toute mon histoire aussi.Mais d'un côté... Si l'autre ville me plaît, pourquoi pas ! Mais je sais que Nantes, je reviendrai, quoiqu'il arrive. Que j'y habite ou pas, je serai amenée à revenir ici".

b) École Centrale

Ensuite, 40 % des étudiants ingénieurs souhaitent travailler dans le domaine scientifique. Seul Axelse détache par son envie dans s'investir dans le domaine humanitaire. Il a certes réalisé des étudesscientifiques mais prend conscience de son erreur. Cet individu souhaite réaliser un voyagehumanitaire en Amérique Latine une fois ses études d'ingénieur terminées.

Également, parmi les personnes qui ne souhaitent pas rester en France (12 % face à 7 % qui sontattachés à notre pays), 20 % sont des étudiants ingénieurs. L'enfance et l'adolescence vécues surNantes éveillent chez la personne l'envie de quitter cette ville et de découvrir de nouveaux horizons.L'exception concerne Anne, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance plus jeune (18 ans), trèsattachée à sa famille.

c) École de la Deuxième Chance

Également, beaucoup de stagiaires de l'École Deuxième Chance ne parviennent pas à se projeter (60%). Ce sont donc surtout les plus jeunes (moins de 20 ans) et des garçons qui éprouvent desdifficultés à ce sujet (31 % d'entre eux face à 24 % de filles). 9 Là encore, ces individus peu ou nondiplômés tentent au quotidien de vivre de la meilleure façon possible, ce qui justifie la difficulté deconnaître le métier précis vers lequel ils se dirigeront.

Donc, un garçon vivant dans une situation précaire éprouve davantage de difficultés à réfléchir surson avenir. Il y a clairement des projections personnelles divergentes selon les groupesprofessionnels de chacun et selon le sexe. Il en est de même pour la façon de percevoir ledéveloppement durable au quotidien d'ici plusieurs années.

9 Cf figures 10 en annexe.

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Page 42: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

B- Des projections en matière de développementdurable liées au niveau de diplôme

a) Une absence de projections pour les personnes peudiplômées

Tout d'abord, une part conséquente de l'échantillon ne se sent pas concernée à l'avenir sur ledomaine du développement durable (40 %). Cette difficulté semble prégnante pour les moins de 20ans (presque 60 % d'entre eux), peu ou non diplômés. Plus jeune, ils sont moins à même d'avoir étéinformés sur ce sujet. De même, 71 % des stagiaires de l'École de la Deuxième Chance n'ont pasrépondu à cette question. Cela illustre le manque d'intérêt pour le développement durable s'agissantdes personnes disposant de faibles ressources. Ce sont des éléments que nous avons déjà évoqués. Ilen est de même pour les filles (50 % d'entre elles). Cette absence de réponse signifie un manqued'intérêt ou un refus de changer son comportement à l'avenir en matière de développement durable.A titre d'exemple, voici les propos de Laure, volontaire à Unis-Cité et d'Axel, étudiant ingénieur :

"Parce que j'ai pas envie que ça devienne prise de tête ! J'ai pas envie de calculer combien detemps je passe sous ma douche car si je passe plus de sept minutes trente, ça ne va pas du tout !".(Laure)

"Je fais attention dans chacun de mes gestes, mais je vais pas réfléchir à « qu'est-ce que je pourraifaire en plus pour que ce soit encore mieux ? »... Je vais pas... Comment expliquer ? J'arrive pas àtrouver mes mots... Disons que... Je vais pas gâcher l'énergie, je vais pas gaspiller, je vais paspolluer sans faire attention, ça, je pense que ce sera toujours vrai dans le futur. Mais je vais pasnon plus rechercher à tout prix : « Qu'est-ce qu'il faudrait que je fasse pour être idéal ? ». Je saispas comment expliquer..." (Axel)

Une personne non contrainte ne changera pas sa façon de vivre au quotidien. L'un des enjeux dudéveloppement durable intervient à ce titre. Cette notion est trop axée sur la responsabilitéindividuelle en termes moraux (il est bien ou mal d'agir ainsi). Concrètement, peu de personnes sontprêtes à investir un changement radical de mode de vie sans contraintes.

b) Réaliser des "efforts", un désir d'individus diplômés

Ensuite, 30 % des individus supposent une réalisation éventuelle "d'efforts" sans pour autantpréciser lesquels. Cette réponse ne traduit en réalité aucun aspect concret. Au contraire, celarejoindrait le registre du discours convenu et se formulerait ainsi : "Je suis conscient que j'ai desefforts à faire mais je repousse cette action à plus tard par manque de volonté et d'intérêt". Lediplôme de l'individu joue un rôle : plus une personne est diplômée, plus elle affirme être conscientede devoir modifier son comportement (cf tableau ci-dessous). Cela ne signifie en aucun cas qu'elleenvisage un changement certain. Voici quelques exemples d'expressions relevées dans lesquestionnaires : "des efforts à faire", "tout le monde doit faire des efforts", "un comportement pluscorrect à l’avenir", "faire attention tous les jours, faire des efforts", "trop laxiste : des efforts à faireplus tard", "faire des efforts mais il me reste encore beaucoup à apprendre"...

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Le souhait de réaliser des efforts en fonction du diplôme (en %) :

c) Des projections, en terme de pratiques concrètes, citées pardes personnes diplômées 10

Entre 10 et 17 % des personnes citent des pratiques concrètes au quotidien. 17 % insistent sur lanécessite de trier les déchets, la consommation d'eau et d'électricité. De même, 14,5 % souhaitentpoursuivre l'utilisation des transports en commun. Également, 10,5 % s'affirment sensibles à leursachats alimentaires. Le diplôme, davantage que l'activité professionnelle illustre aussi cettedivergence d'opinion : plus une personne a réalisé des études longtemps, plus elle cite des modesd'application concrets d'une attitude à favoriser. Si, en moyenne, 5 % des personnes peu ou nondiplômées en citent, c'est le cas de 22 % des individus ayant réalisé des études supérieures. Cettepersonne a été "conscientisée" (terme de Wallenborn et Dozzi) au développement durable. En revanche, une contradiction concerne le tri sélectif : personne n'a mentionné la moindremodification des achats alimentaires. Autrement dit, l'inquiétude se centre sur la ré-utilisation desemballages et pas forcément dans la réduction de l'emballage au moment des achats.

Également, Natacha, étudiante ingénieur, remet en cause l'usage répété des appareils électroniques(elle-même en est pourtant très forte consommatrice). Elle estime que la ré-utilisation de ce typed'appareils est intéressante. Elle critique négativement le fait de trop consommer alors que lesfabricants industriels proposeraient des produits d'une durée de plus en plus courte : " (...) Des fois,c'est abusé ! Nous et même les constructeurs, ils font n'importe quoi ! Dans une imprimante, c'estce qu'il nous avait expliqué, ils comptent le nombre de feuilles que t'as imprimé et au bout d'unmoment, ton imprimante va être foutue ! Ah ! Ça a fait trop de cycles, l'imprimante est foutue, c'estle constructeur qui l'a fait pour que tu en rachètes une autre !". Il est curieux de constater ce typede critiques alors que Natacha elle-même est "victime" de cette société de consommation(possession d'un smartphone par lequel elle se connecte à internet). Un questionnement émerge ici.A-t-elle mentionné cela pour me satisfaire, en tant que sociologue, afin de mettre en avant sacapacité à adopter une prise de position critique sur notre société ? Ou bien cette idée est-elle sonopinion réelle ? Ce type de propos a aussi été tenu par des volontaires du service civique au coursd'observations. Ce sont surtout les individus davantage diplômés qui établissent ce type de critiques.Ils ont été plus facilement été socialisés à la présence de ces équipements par leur positionnementsocial et ils sont les premiers à les remettre en cause.

10 Cf figure 11 en annexe.

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D i p l ô m e / E f f o r t s à r é a l i s e r N o n m e n t i o n n é D e s e f f o r t s à f a i r e T o t a lB r e v e t d e s C o l l è g e s o u m o i n s 8 2 , 9 1 7 1 0 0

C A P , B E P , B a c c a l a u r é a t o u B r e v e t P r o f e s s i o n n e l 5 0 5 0 1 0 0B a c c a l a u r é a t + 2 a n s , v o i r e p l u s 6 3 3 7 1 0 0

T o t a l 6 9 , 7 4 3 0 , 2 6 1 0 0

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d) Aspects sociaux, économiques, éducatifs ou politiques

Enfin, 7 % des enquêtés insistent sur l'aspect social et éducatif, associatif ou politique en terme deprojections sur le développement durable. Voici des exemples sur l'aspect social et éducatif :"sensibiliser mes proches", "passer par l'humain pour faire changer les mentalités", "une aideauprès des personnes dans le besoin aussi bien financièrement que moralement.", "aider lesautres"... Une socialisation au développement s'établit dès la petite enfance. De même, desexemples sur l'aspect politique et associatif peuvent être mis en avant :"engagement politique àl'échelle locale dans le domaine du développement durable.", "Engagement seulement auprèsd'acteurs (économiques, politiques, médiatiques) respectueux de l'homme et de la planète", "estimey être sensibilisée (encore plus via Unis-cité), envisage de s'investir dans une association."...

De façon globale, plus un individu est diplômé, plus la probabilité d'être "conscientisé" (terme deWallenborn et Dozzi) sur le développement durable croît. Cet individu sera aussi plus à même defournir des exemples concrets d'efforts à réaliser (trier les déchets, sa consommation...). Enrevanche, de nombreuses contradictions apparaissent. Tout d'abord, le souhait de vivre à lacampagne rend complexe l'utilisation des transports en commun. Dans le cas de Nantes, les villestelles que Saint Mars du Désert ou Le Pellerin ne sont pas accessibles en tramway. La voiture seranécessaire au moins pour se rendre jusqu'aux parkings relais situés à plusieurs entrées de Nantes.Ensuite, nous l'avions déjà mentionné sur le tri des déchets : une focalisation porte sur la volonté detrier et non pas sur celle de réduire l'achat d'emballages alimentaires. Les constats avancés sur lesconsommations alimentaires illustrent une préoccupation très minoritaire accordée aux produitsbiologiques. Au contraire, les produits surgelés et boites de conserve occupent globalement lequotidien des individus. De plus, les individus de l'échantillon sont très consommateursd'équipements audiovisuels et numériques et notamment de l'ordinateur. Pour certains d'entre eux, ledésir de réduire l'utilisation de ces équipements serait difficilement envisageable au vue del'évolution de la société.

C- Projections personnelles et pour le territoireparfois en contradiction

Seulement les pourcentages supérieurs à 10 % seront étudiés à l'aide de plusieurs variables.

a) Aucune projection pour le territoire pour les filles, peudiplômées

Tout d'abord, une part accrue d'individus ne s'intéresse pas à l'avenir de Nantes Métropole ou n'estpas capable de proposer des idées (36 %). Un effet d'âge intervient car presque 50 % sont âgés demoins de 20 ans : ils ont d'autres préoccupations que l'avenir de leur ville. De plus, l'avenir d'autruidépend avant tout de sa situation personnelle : moins une personne est diplômée, moins elle est àmême de s'informer sur sa ville et donc de proposer des idées pour en améliorer le fonctionnement(cf graphique ci-dessous). Les filles sont légèrement plus nombreuses (40 %) que les garçons (30%) à ne pas s'intéresser non plus à ce domaine.

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La proposition d'améliorations pour la ville de Nantes en fonction du diplôme ( en %) :

b) La mobilité, source de contradictions

Ensuite, la mobilité occupe une place dans les préoccupations individuelles. Tout d'abord, un intérêtrepose sur les transports en commun (34 %). Jean Marc Ayrault, maire de Nantes, le vendredi 7avril dans le cadre de la journée bilan sur l'Agenda 21, avait proclamé un discours illustrant la fiertéde Nantes d'être promue capitale verte à l'échelle européenne pour 2013. Il soulignait l'obtentiond'un "maximum de points pour le réseau de transports". Or, si les pouvoirs publics sont satisfaits deleur offre, au quotidien, cet élément n'est pas partagé par les usagers. La gratuité des transports encommun est souhaitée de façon universelle. Actuellement, le billet mensuel pour les personnes demoins de 26 ans est de 30,8O euros. L'abonnement annuel est de 230 euros. L'élargissement duréseau de transport est aussi un thème abordé.

De même, des individus souhaitent une fréquence plus élevée notamment la nuit pour rentrer chezsoit en toute sécurité ou profiter plus longtemps de sa soirée : "Tout ce qui est transports encommun, c'est bien de le garder. Le tram, ça m'aide beaucoup pour me déplacer. Par compte,niveau horaires, c'est un peu compliqué. Le soir, des fois, je vais en ville avec mes amis, quand ledernier tram est à 0h30, ça m'embête parce que je suis limitée niveau temps, je peux pas profiter unpeu plus de la ville. Ou alors 2h30 le samedi. Niveau horaires, il faudrait élargir un peu." (Sophie,21 ans, Unis-Cité). Rentrer chez soit, seul(e), à pieds accroît aussi le risque d'agressions nocturnes.

Également, les individus désirent que soit résolu le problème des transports remplis de personnes lematin entre 8h et 9h et le soir entre 17h et 18h, par exemple en proposant des tramways plus grands.Un garçon a proposé la ré-intégration des tickets diversifiés tels que les tickets duo ou les ticketssept jours. Enfin, certaines personnes souhaiteraient voir la naissance du métro à Nantes.

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01 02 03 04 05 06 07 08 09 0

B r e v e t   d e s  C o l l è g e s   o u  

m o i n s

C A P ,   B E P ,  B a c c a l a u r é a t   o u  

B r e v e t  P r o f e s s i o n n e l

B a c c a l a u r é a t   +   2  a n s ,   v o i r e   p l u s

A   m e n S o n n é   u n e  e x i g e n c e

A u c u n e   e x i g e n c e  m e n S o n n é e

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L'ensemble de ces exigences est davantage mis en avant par les volontaires du service civique (60%). Or, parmi les personnes souhaitant vivre dans un milieu rural, 75 % d'entre elles désirent aussiune amélioration des transports en commun. Cela traduirait la volonté de vivre dans une commune,en milieu rural, desservie par les transports en commun :

Exigences particulières pour les transports en commun en fonction du lieu de vie souhaité (en%) :

80 % des personnes qui utilisent la voiture tous les jours souhaitent aussi que les transports encommun soient améliorés. Cela touche 32 % des utilisateurs quotidiens du réseau. Cela sous-entenddeux idées. Est-ce là aussi une façon de mettre en évidence un discours convenu selon lequel levéhicule doit être de moins en moins utilisé ? Ou bien, cela traduit-il une réelle volonté deprivilégier les transports en commun pour abandonner la voiture ?

Même si les pouvoirs publics investissent dans les transports en commun, les individus restentacteurs dans le souhait d'utiliser ou non leur véhicule. 13 % des individus ont mentionné desexigences particulières s'agissant de la voiture : "gratuité des parkings", "modifier le périphérique","mieux gérer les flux de voitures"... Vincent Kauffman, professeur de sociologie urbaine et d'analysede la mobilité, souligne que l'investissement des pouvoirs publics dans les infrastructures detransports en commun ne va pas forcément de pair avec une volonté citoyenne de réduction del'usage de l'automobile. Le désir d'une amélioration de la circulation à Nantes est surtout mis enévidence par les personnes titulaires d'un diplôme de niveau moyen ou élevé (13 % en moyenne).Ces personnes seront bientôt en recherche d'emploi, ce qui justifie la nécessité de se déplacerlibrement pour aller travailler. La voiture est pratique pour se déplacer. Pour autant, deux idéescontradictoires s'entrelacent : un rejet de la voiture pour l'intérêt collectif mais une nécessitéindividuelle afin de répondre à ses propres désirs.

Les individus seront enclins à ne plus utiliser l'automobile si des enjeux légaux et/ou de gains detemps entrent en ligne de compte. Plus précisément, dans les entretiens, les raisons évoquées sontprofessionnelles et personnelles. On souhaite se déplacer rapidement sur son lieu de stage parexemple mais il y a aussi la crainte d'un accident pour les personnes âgées et handicapées quiutilisent les transports en commun. Anne, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance, est la seule àenvisager l'achat d'une voiture pour aider sa grand-mère et sa tante (handicapée) à se déplacer. Elleestime même que les personnes différentes sont marginalisées dans les transports en commun :

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L i e u d e v i e s o u h a i t é / E x i g e n c e s p o u r l e r é s e a u d e t r a n s p o r t s e n c o m m u n N o n m e n t i o n n é e s M e n t i o n n é e s T o t a lN o n m e n t i o n n é 7 4 , 6 2 5 , 4 1 0 0

V i e e n m i l i e u r u r a l 2 5 7 5 1 0 0V i e e n m i l i e u u r b a i n 6 0 4 0 1 0 0

T o t a l 6 5 , 7 9 3 4 , 2 1 1 0 0

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"– Je trouve que c'est nul. Beaucoup de personnes sont aveugles ou handicapées. Quand je

vois les personnes âgées ou handicapées rentrer dans le tram, et que les gens par l'arrièreles poussent pour rentrer, désolé mais je trouve pas ça super sympa de leur part ! C'est unmanque de respect envers la personne ! Ça m'est déjà arrivé de crier sur une personne carelle poussait une handicapée, moi ça m'a énervée ! Je supporte pas !

– Tu m'as souvent dit ce mot "respect des autres". C'est quoi pour toi le respect ?– Le respect, c'est ne pas insulter les autres, ne pas les blesser en disant quelque chose. "

Cela illustre clairement les efforts de Nantes à réaliser dans ce domaine. De plus, David, volontairedu service civique, est le seul à avoir proposé une utilisation du covoiturage au sein de NantesMétropole grâce aux nouvelles technologies. Il s'agirait d'investir dans les bornes électroniques quicommuniquent les sorties culturelles sur Nantes (concerts, cinémas...) pour les remplacer par desbornes dites de covoiturage. Autrement dit, il faudrait numériser cet usage via une pré-inscriptionpar internet selon le lieu de départ et d'arrivée. Nantes ne sensibilise pas assez ses citoyens à utiliserce type de moyens de déplacement, qui pourtant faciliterait la vie de personnes vivant à lapériphérie de Nantes. Cela réduirait aussi la consommation de CO2.

Enfin, l'amélioration de la prise en compte du vélo et du Bicloo à Nantes a aussi été évoquée (par10,5 % des enquêtes). Cette idée est uniquement propre aux volontaires du service civique (un quartd'entre eux). Cette amélioration se traduit sous deux aspects : une extension du réseau Bicloo et unesécurisation des locaux aménagés pour les vélos, en particulier au centre-ville. Le réseau Bicloooccupe un large éventail : 790 vélos en libre service sur 89 stations. Une amélioration du réseau estdéjà envisagée par Nantes Métropole. Or, aucun projet n'aborde suffisamment la sécurisation desabris-vélos (dans le centre-ville). Nicolas, volontaire à Unis-Cité, critique négativement leséquipements proposés pour utiliser son propre vélo : il n'y aurait pas suffisamment de locauxsécurisés. Il donne l'exemple de Pont Rousseau : "J'en connais qu'un, il est à Pont Rousseau. Moi jemets mon vélo là, après je prends le tram. J'aimerais bien faire un peu plus de vélo. Partir et puisêtre sûr que quand tu mets ton vélo, il y a pas un mec qui passe, qui te le démonte, comme ça sepasse régulièrement ! Ce serait mieux. Je sais pas si ça coûterait très cher... »

c) La propreté, un souhait d'individus diplômés

De plus, la propreté de la ville est un autre élément souligné par les individus (12 %), uniquementpar ceux diplômés. Cette propreté se décline sous trois aspects. Tout d'abord, il n'y aurait passuffisamment de poubelles dans le centre-ville nantais : elles sont trop rapidement remplies. Soitcela viendrait d'un problème de taille (les agrandir) ou d'un manque de personnel pour les vider.Ensuite, nous l'avons déjà mentionné : le tri des déchets est une préoccupation de personnes aisés, ilen est de même pour son amélioration. Pour autant, ce souhait ne coïncide pas avec des pratiquesalimentaires réductrices d'emballages. Ce tri est problématique, en particulier s'agissant del'accessibilité aux sacs bleus et jaunes. Les points de distribution se répartissent dans plusieursquartiers de Nantes sauf dans le centre-ville. Leur utilisation est possible malgré tout. De plus, desproblèmes se posent même en cas d'accès aux sacs. En effet, Natacha, étudiante ingénieure, résidedans le quartier Saint Mihiel mais elle met en évidence la difficulté de connaître la date précise dedistribution des sacs :

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"Mais je trouve que c'est pas assez clair : où est-ce qu'on peut les récupérer en dehors desdistributions qu'il y a ? Même les distributions ne sont pas assez régulières, c'est dommage ! Alorsque le principe, il est génial ! (...) Nous ici, on a la chance qu'il y ait la distribution, elle se fait aubout de la rue ! Quand elle a eu lieu, on l'a vue et il y en a une qui est allée en chercher. On a peut-être reçu un papier... Mais tu le reçois deux semaines à l'avance, moi j'avais zappé !". Dans notrepartie propre à la sensibilisation de Nantes Métropole en matière de développement durable, noustraiterons de la façon dont elle informe ses citoyens sur le lieu où prendre ses Tri-sacs et sur la façonde trier.

Deux volontaires du service civique, David et Mathieu, proposent la mise en place d'une taxe sur lesménages qui refusent de trier les déchets. Mathieu donne l'exemple de la Chine où une taxeconcerne les mégots de cigarettes non mis à la poubelle. En revanche, David et il est le seul à cesujet, s'intéresse aussi à la production des déchets en elle-même. Il évoque l'idée d'une taxe à l'achatet au tri. Il se réfère au Danemark : "(...) Au Danemark, il y a 65 % de déchets en moins deplastique car il est taxé ! (...) Certaines choses en plastique qui ne sont pas recyclables, au lieu demettre une TVA à 19,6 %, tu rajoutes à 20,30, des gros pourcentages ! Comme ça, les gensn'achètent pas ça, ils achètent autre chose ! (...)" . Enfin, certains individus souhaitent voirdavantage de verdure dans la ville, au cour Saint André à titre exemple.

d) L'urbanisme

L'urbanisme appartient également aux problématiques du développement durable. Cette idée esttrès peu présente dans l'esprit des individus de notre échantillon (5 %). Ils ont surtout évoqué ledésir d'un développement de commerces dans le centre-ville : magasins biologiques, hammans... Undéveloppement durable de l'environnement s'articule avec un développement économique et unecréation appropriée d'emplois. De plus, Sophie, volontaire à Unis-Cité, est la seule à avoir mis enévidence l'importance d'une intégration des personnes handicapés dans la ville : que ce soit sur lavoie publique ou l'urbanisme. Elle souhaite aussi l'apparition d'immeubles colorés : "(...) Pourquoipas faire des immeubles en lien avec l'environnement : créer une sorte d'immeuble avec une formeen arbre, pourquoi pas jouer là-dessus, ça peut être marrant aussi ! (...) Non mais j'imagine uneville très agréable, très colorée, très attractive." Ces immeubles doivent aussi comporter desbalcons. Autrement dit, c'est l'idée d'une "ville-village" avec des habitats innovants : une ville avecde la verdure, des bâtiments conçus aux normes environnementales, dont les couleurs attirent leregard et un refus de marginalisation des personnes aux faibles ressources. Or, une contradictionapparaît. Si les projections personnelles portent sur la maison rurale, les propositions pour la villede Nantes ne touchent qu'à l'habitat collectif.

e) Aspects sociaux, éducatifs, culturels et politiques

Enfin, les aspects sociaux, éducatifs, culturels et politiques sont des thèmes-far du développementdurable. La notion d'entraide auprès des personnes les plus démunies a notamment été mise enavant : une aide sociale et une aide pour s'intégrer sur le marché du travail. 13 % des individus ontsouligné ces aspects : "plus d'aides pour les personnes en difficulté","plus d'accessibilité pour lespersonnes en difficulté", "des aides pour les personnes à la retraite et aux faibles ressources","faire plus de choses pour les jeunes"... Ces exigences sont mises en avant par 22 % des volontairesdu service civique. Une répartition est homogène s'agissant du niveau de diplôme.

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Le développement durable s'intègre aussi par une sensibilisation dès l'enfance. Sophie propose lamise en place de journées particulières, comme cela s'applique déjà dans certaines villes françaises.De plus, l'école joue un facteur déterminant dans la construction des façons de pensée et d'agir de lapersonne : "A l'école, apprendre aux enfants. C'est tout bête mais quand on est enfant, on aime bienapprendre ! Ce serait bien d'expliquer ça aux enfants. Ça peut être un an, un peu plus tard, surplusieurs périodes. Passer par l'école, ça peut être bien. Les enfants, quand ils rentrent chez eux, ilsexpliquent aux parents ce qu'ils ont fait à l'école, donc les enfants pourraient eux-mêmes apprendreà leurs parents (...)" (Sophie, 21 ans, Unis-Cité)

De plus, la culture est un sujet qui tient aussi à cœur (14,5 %). Cette préoccupation touche un quartdes volontaires du service civique. Cela se justifie par leurs centres d'intérêts actuels : appartenance(ou souhait) associative, passion pour la musique... Ce souhait comprends trois aspects principaux :un accès gratuit à la culture pour tout individu, la promotion d’événements culturels pour lesgroupes amateurs et une remise en question du Hangar à Bananes. Son accès est difficile entransports en commun et le lieu n'est pas suffisamment sécurisé (chute d'individus dans la Loire)...

La démarche de concertation avec les citoyens, également thématique importante du développementdurable a été soulevée pas très peu de personnes de notre échantillon (5 %). Ici aussi, le souhaitserait de rassembler des individus d'origine sociale différente pour débattre sur des thèmes publics.En revanche, il paraît très complexe d'inciter des personnes issues de milieux défavorisés à sejoindre, de façon bénévole, au sein d'un Conseil de Développement. Les personnes se sentirontdavantage concernées si leur propre intérêt personnel est remis en cause : que ce soit au niveau ducadre de vie ou d'une perte monétaire.

f) Ouverture internationale de Nantes

Deux personnes, au cours des entretiens, ont abordé l'ouverture de Nantes à l'échelle internationalepour favoriser les partenariats avec des villes d'autres pays. Cela faciliterait la création de projets,notamment en mobilisant des personnes qui vivent dans des quartiers aux faibles ressources : "Qu'ilse mette partenaire avec... Il y a plein de pays qui font plein de trucs, je sais que la Turquie, c'estplein d'organisations... Non, qu'ils se mettent partenaires dès qu'il y a une chose qui change de laFrance. Un truc que Nantes ne fait pas, ça peut être n'importe quoi, et que par exemple enEspagne, ils font : ils se mettent partenaires pour que les jeunes de l'Espagne, les jeunes de laFrance puissent partir et revenir facilement. L'Union Européenne, le fait qu'on ait le droit d'yaccéder juste avec la carte d'identité, je trouve que c'est une opportunité énorme ! Il faut quel'Union Européenne devienne un seul pays et qu'on y accède comme si on allait dans une ville àcôté, qu'ils deviennent partenaires pour tout ! Je suis sûre qu'il y a plein d'enseignes qu'il y a passur Nantes ou en France et qu'il y a dans les autres pays, qu'on puisse y accéder." (Fatima, 23 ans,animatrice)

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g) Aspects non mentionnés

Enfin, il est intéressant de mentionner les éléments non-cités par les individus de l'échantillon. Lesproblématiques trop éloignées du quotidien de la personne ne l'intéressent pas forcément. Toutd'abord, la gouvernance n'a pas été abordée, autrement dit, la place des femmes dans la politique.Ce type de préoccupation est un enjeu national. Puis, si l'handicap est une préoccupation s'agissantde l'aménagement de l'espace, il ne l'a pas été pour l'accès à l'emploi. Ensuite, le recours auxénergies renouvelables n'a pas été évoqué, à savoir l'utilisation de l'énergie hydrolienne, éolienne etsolaire. La pollution atmosphérique est mise en avant, mais non celle sonore. Cela vient peut-être del'âge des enquêtés : le soir, ils sont producteurs de ce type de pollution lors de fêtes avec leurs amis.Également, aucune personne n'a parlé de la qualité de l'eau à Nantes, de la notion de biodiversité etde l'utilisation des ressources naturelles. Peut-être voient-ils l'eau comme un bien auquel ils auronttoujours accès et ne se posent pas la question de possibles pénuries. La France est un paysindustrialisé dans lequel les pénuries d'eau, qui apparaissent en cas de catastrophes naturelles ou desécheresse, sont rares. Enfin, si l'ouverture à l'échelle européenne et internationale de Nantes estévoquée, personne n'a abordé les aides au développement dans les pays pauvres, en Afriquenotamment. Ces aides traduisent la volonté de réduire la pauvreté et les inégalités de richesse entreles pays. Le commerce équitable intervient dans ce sens.

Conclusion de la première partieTout d'abord, s'agissant de la mobilité, certains groupes consomment davantage de CO2 en utilisantleur voiture (École Centrale et Unis-Cité). Pour autant, chaque individu adopte un mode dedéplacement plutôt qu'un autre selon son propre raisonnement (gain financier, fainéantise...).L'environnement comme justification d'un mode de déplacement plutôt qu'un autre n'est pasprioritaire. Ensuite, les lieux d'achats et les consommations alimentaires varient selon lepositionnement social des individus, ou le nombre de personnes dans le foyer : à titre d'exemple, lespersonnes vivant seules, disposant de moindres ressources se rendent davantage aux magasinsDiscount et diversifient moins leur alimentation. Leurs achats alimentaires ne s'établissent pas vis àvis du respect de l'environnement. Un processus identitaire et culturel intervient également dans lechoix de possession de certains objets (produits cosmétiques et nouvelles technologies). Cesnouvelles technologies occupent une place importante dans le quotidien des individus, d'autant pluslorsqu'ils sont peu diplômés, ce qui consomme plus d'énergie. En revanche, le prix des factures deconsommations d'eau et du chauffage ne semblent pas encore préoccuper tous les individus. Enfin,les personnes, surtout diplômées, se soucient de trier leurs déchets (sans pour autant veiller à leursachats alimentaires). Ces mêmes personnes sont aussi plus à même de connaître avec précision lanotion de développement durable et de parvenir à s'y projeter.

Donc, un individu davantage diplômé adoptera certaines pratiques illustrant une sensibilité audéveloppement durable (consommations, tri des déchets...). Il est "conscientisé" (terme deWallenborn et Dozzi). D'autres pratiques sont aussi contradictoires : l'utilisation de la voiture parexemple. En revanche, les personnes issues de milieux défavorisés sont moins sensibles audéveloppement durable : elles ont d'autres préoccupations. Les nouvelles technologies, imprégnéesdans le quotidien de chacun des individus, ne semblent pas perçues comme consommatricesd'énergie (personne n'a mentionné le désir de moins les utiliser).

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II- Socialisation au développementdurable

Cette socialisation s'étudie sous deux aspects : la socialisation propre à chaque individu et celle liéeà Nantes. Cette socialisation de l'enfance jusqu'à maintenant s'étudie sous différents aspects. Toutd'abord, le milieu familial de l'individu joue un rôle considérable sur plusieurs éléments (tri desdéchets, alimentation, investissement associatif...). Le positionnement social de la famille intervientégalement à ce titre. Ensuite, le traitement médiatique du développement durable et sa réceptioninduisent une perception particulière de ce concept. De même, toutes les instances éducatives quesont l'école, les centres de loisirs et de vacances ainsi que les multiples expériences professionnellesinduisent une vision du développement durable. Enfin, les voyages que l'individu a pu réaliser aucours de sa vie lui ont permis de connaître des pratiques d'autres pays, en particulier en matière dedéveloppement durable.

Socialisation individuelle

A- Le milieu familial"Le développement durable, c'est une mentalité que mes parents m'ont montré avant de partir deSéville. (...)" (Vicky, 26 ans, étudiante à École Centrale).

Si les pratiques parentales n'influent pas toujours sur les lieux d'achats alimentaires actuels, ce n'estpas le cas pour les menus. En revanche, le souhait des parents d'effectuer (ou non) le tri des déchetsinduit l'individu à reproduire cette pratique. L'investissement associatif ou militant des parents joueaussi un rôle. De même, les pratiques familiales vis à vis des médias sensibilisent la personne audéveloppement durable. Or, un effet générationnel intervient également : l'individu adopte despratiques divergentes vis à vis de ses parents. L'ensemble de ces comportements s'étudie à l'aide dela position socio-professionnelle (PCS) familiale.

a) Lieu de réalisation des courses 11

Tout d'abord, le marché, touchait 34 % de l'ensemble des PCS. En revanche, presque 50 % des pèresappartenant aux Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures se rendaient dans ce type de lieu.Cette pratique serait donc davantage propre aux milieux aisés. A titre d'exemple, Vicky, étudianteingénieure, a vécu cette situation. Elle vient de Séville. Pendant son enfance et son adolescence, samère s'occupait des courses, le samedi. Or, elle oubliait souvent des produits. Son père devaitretourner en semaine effectuer d'autres achats dans une supérette située à proximité ou au marché.

11 Cf figures 12 à 15 en annexe.

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Ensuite, le centre commercial et les commerces de proximité étaient fréquentés par des parentsd'horizons sociaux divers. Le centre commercial était privilégié par 82 % d'entre eux. De même, lescommerces de proximité (43 %) liaient des personnes issues de différentes PCS. En effet, cettepratique touchait des parents appartenant aux Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures (plusde 55 %), aux Employés (50 %) et ceux n'exerçant aucune activité professionnelle (environ 40 %).

Enfin, deux autres types de commerces sont surtout propres aux parents issus de milieux modestesou défavorisés. D'une part, les supermarchés et supérettes étaient fréquentés par des parentsEmployés (65 %) ou sans activité professionnelle (75 %). Le choix de ce type de magasin peuts'expliquer par leur localisation et leur accessibilité plus aisée qu'une galerie commerciale. Leurapparition est aussi plus récente. Les parents d'une origine sociale plus élevée étaient moins à mêmede se rendre dans ce type de commerces. C'est l'inverse du constat actuel. D'autre part, les parentsde classes moyennes fréquentaient les magasins Discount :

La fréquentation des magasins Discount en fonction de la PCS de la mère (en %) :

La fréquentation des magasins Discount en fonction de la PCS du père (en %) :

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0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é  …

N e   s a i t   p a s   o u   n o n  …

A g r i c u l t e u r s

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

S ' y   r e n d a i e n t

N e   s ' y   r e n d a i e n t   p a s

0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é  …

N o n   m e n 4 o n n é

A g r i c u l t e u r s

A r 4 s a n s ,   C o m m e r ç a n t s ,   …

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

S ' y   r e n d a i e n t

N e   s ' y   r e n d a i e n t   p a s

Page 53: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Ce sont des parents soit sans activité professionnelle (plus de 50 %), appartenant aux ProfessionsIntermédiaires et aux Employés (30 %). A titre d'exemple, les parents de Melody, stagiaire au seinde l'École de la Deuxième Chance, qui ont alterné entre une vie au sein d'une maison et encaravane, se rendaient plusieurs fois par semaine dans ce type de magasins. De même, la mère deChantal, volontaire du service civique, souhaitait réaliser des économies financières. Cuisinière enmaison de retraite, elle amenait souvent les restes du midi pour ses enfants : "Les trop grandesquantités, elle les ramenait à la maison ! Les fins de mois étaient plus faciles".

Il est délicat d'aborder la notion de reproduction quant à la fréquentation d'un type de commerce enparticulier. En effet, les personnes de l'échantillon vivent une situation temporaire, en recherche deleur avenir professionnel. Elles résident aussi dans différents endroits sur Nantes et doivents'adapter aux contraintes d'accessibilité et de coûts. Pour autant, plus de 60 % reproduisent lespratiques parentales s'agissant du centre commercial et des supermarchés. Plus que le type decommerce fréquenté, les pratiques alimentaires et les repas participent à la socialisation del'individu au développement durable.

b) La consommation alimentaire et les repas

Deux principaux aspects entrent en ligne de compte. D'une part, des consommations étaientsocialement différenciées. D'autre part, l'alimentation est un processus de construction identitairedes acteurs sociaux de l'enfance à l'entrée dans l'âge adulte.

Les produits biologiques consommés par les ménages aisés

Les consommations étaient très peu socialement différenciées. Un focus portera uniquement sur lesconsommations dominantes. Tout d'abord, le pain (66 %) était l'aliment systématiquement achetépour tous les milieux sociaux. Il en est de même pour les fruits et légumes (47 %), la viande fraîche(41 %), les biscuits et les gâteaux (26 %) et les produits surgelés (22 %). En revanche, un quart desArtisans, Commerçants, Chefs d'Entreprise et les Cadres et Professions Intellectuelles Supérieuresconsommaient des produits biologiques et/ou issus du commerce équitable (cf tableaux ci-dessous).Un individu issu d'un milieu aisé est donc plus accoutumé à manger des produits biologiques.

L'achat passé de produits biologiques selon la PCS de la mère (en %) :

51/148

P C S d e l a m è r e / F r é q u e n c e J a m a i s R a r e m e n t D e t e m p s e n t e m p s S o u v e n t S y s t é m a t i q u e m e n t N e s a i t p a s T o t a lN o n c o n c e r n é ( e ) 1 8 , 2 9 , 1 2 7 , 3 2 7 , 3 9 , 1 9 , 1 1 0 0

S a n s a c t i v i t é p r o f e s s i o n n e l l e 2 5 1 6 , 7 8 , 3 1 6 , 7 1 6 , 7 1 6 , 7 1 0 0N e s a i t p a s o u n o n m e n t i o n n é 3 3 , 3 0 1 6 , 7 1 6 , 7 0 3 3 , 3 1 0 0

A g r i c u l t e u r s 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 0C a d r e s e t P r o f e s s i o n s I n t e l l e c t u e l l e s S u p é r i e u r e s 1 1 , 1 2 2 , 2 3 3 , 3 1 1 , 1 2 2 , 2 0 1 0 0

P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s 1 8 , 8 1 8 , 8 3 7 , 5 1 2 , 5 1 2 , 5 0 1 0 0E m p l o y é s 3 5 2 5 2 5 5 5 5 1 0 0

O u v r i e r s 1 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0T o t a l 2 5 1 7 , 1 1 2 6 , 3 2 1 3 , 1 6 1 0 , 5 3 7 , 8 9 1 0 0

Page 54: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

L'achat passé de produits biologiques selon la PCS du père (en %) :

Des achats et repas divergents selon la grandeur de la famille

La grandeur de la famille influait aussi sur le type de consommation : une famille nombreuse étaitplus encline d'acheter des produits surgelés et des boites de conserve pour faciliter la préparation durepas. De même, les interactions au sein de la famille dans laquelle l'individu a évolué joue un rôle.Tout d'abord, deux garçons (Nicolas et Jean-Philippe) sont enfant unique. Tous deux ont étéaccoutumés à manger leurs repas uniquement avec leurs parents. Ensuite, sauf Anne, stagiaire ausein de l'École de la Deuxième de la Chance, toutes les personnes ont au moins un frère ou unesœur. Sophie a notamment le souvenir que son père achetait des quantités importantes de boites deconserve pour nourrir toute la famille. De même, le repas pris avec d'autres personnes pouvait êtresource de conflits : l'adoption de stratégies d'évitement pour ne pas aider dans les tâches liées aurepas, ou des disputes à table... Ces éléments n'ont pas été abordés. Enfin, la situation de Anne estparticulière : je dispose seulement d'informations sur son adolescence : elle a vécu en FJT.

L'alimentation, processus de construction identitaire

L'alimentation se présente tel une processus de construction identitaire. Tout d'abord, l'enfance estune étape fondamentale. L’adolescence et la vie de jeune adulte sont aussi des marqueurs importantsdans ce processus. L'ethnologue Arnold Van Gennep distingue trois phases dans ce processus. Nousen retiendrons deux et en ajouterons une troisième. Selon Van Gennep, la phase de séparationmarque le passage de l'enfance à l'adolescence. Ensuite, il souligne que la phase d'intégrationconcerne les personnes qui ne vivent plus avec leurs parents mais qui, sans forcément en prendreconscience, reproduisent leurs pratiques alimentaires. Pour autant, quitter le logement familial setraduit aussi par l'adoption de ses propres pratiques individuelles.

L'enfance, première phase de socialisation

L'enfance de l'individu intervient en premier lieu dans cette socialisation. C’est en observant et enparticipant que l’enfant construit son goût vis à vis de l’alimentation. Il apprend aussi à distinguersocialement les aliments : les produits sains, au contraire les produits gourmands.

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P C S d u p è r e / F r é q u e n c e J a m a i s R a r e m e n t D e t e m p s e n t e m p s S o u v e n t S y s t é m a t i q u e m e n t N e s a i t p a s T o t a lN o n c o n c e r n é ( e ) 3 6 , 4 9 , 1 1 8 , 2 1 8 , 2 9 , 1 9 , 1 1 0 0

S a n s a c t i v i t é p r o f e s s i o n n e l l e 3 3 , 3 3 3 , 3 0 0 0 3 3 , 3 1 0 0N o n m e n t i o n n é 2 0 0 2 0 2 0 0 4 0 1 0 0

A g r i c u l t e u r s 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 0A r t i s a n s , C o m m e r ç a n t s , C h e f s d ' e n t r e p r i s e 5 0 0 0 1 6 , 7 3 3 , 3 0 1 0 0

C a d r e s e t P r o f e s s i o n s I n t e l l e c t u e l l e s S u p é r i e u r e s 1 0 , 5 3 1 , 6 1 5 , 8 1 5 , 8 2 1 , 1 5 , 3 1 0 0P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s 1 2 , 5 2 5 5 0 1 2 , 5 0 0 1 0 0

E m p l o y é s 0 2 0 2 0 4 0 0 2 0 1 0 0O u v r i e r s 4 3 , 8 1 2 , 5 3 7 , 5 0 6 , 3 0 1 0 0

T o t a l 2 5 1 7 , 1 1 2 6 , 3 2 1 3 , 1 6 1 0 , 5 3 7 , 8 9 1 0 0

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D’une part, les personnes accoutumées à manger de la nourriture saine, à base de produits nonsurgelés, sont toutes issues d’un milieu aisé : "J'ai jamais habituée aux surgelés." (Laure, 23 ans,Unis-Cité). De plus, Axel, étudiant ingénieur, a expliqué que sa mère prenait le temps le week-endde préparer des repas pour quinze jours et elle les congelait pour les réchauffer le restant de lasemaine. La viande aussi était achetée fraîche. Le gain de temps était omniprésent. L'attitude de lamère de Vicky, étudiante également, se rapproche d'une coutume espagnole selon laquelle les mèreset les grand-mères sont derrière les fourneaux. Vicky a vécu dans une famille où la nourritureoccupait une place particulièrement importante. Les repas étaient planifiés selon les jours de lasemaine. Des aliments étaient régulièrement préparés, d’autres moins : "(…) Au niveau des menus,on dit des "potaje" : des lentilles avec des petits pois, c'est trois fois par semaine. Par semaine, unefois de la viande, des fois du poisson...(…) On mangeait du fromage, avec un peu de jambon, desfruits, des yaourts, de la salade, des choses un peu plus légères. Le mardi, on avait du poisson, avecdes légumes. Mercredi, on avait de la viande cuisinée, par exemple un filet de porc, le jeudi, despâtes Ma mère choisissait beaucoup... Presque tous les dîners se ressemblaient."

D’autre part, des individus ont été socialisés à une nourriture alternant plat surgelés ou en conserveet repas plus élaborés, en particulier le week-end. La semaine est contrainte par les horaires detravail qui rendent difficile un temps long consacré à une préparation de repas. En revanche, leweek-end reste un moment où la cuisine est possible. Cette pratique touche des personnes dedifférents milieux sociaux. Trois situations plus spécifiques sont pertinentes. Tout d'abord, à partirde ses 13 ans, Chantal, volontaire à Unis-Cité, a été élevée par sa mère (son père est décédé). Elleest la seule à mentionner l'absence d'obligation de terminer son assiette à table : " Et puis si t'as pasfaim, tu manges pas ! T'es pas obligé(e) de finir ton assiette, c'est pas grave !". Ceci joue sur uneouverture culinaire : le choix de ne pas devoir tout manger restreint la variété des aliments connus etl’envie d’en découvrir d’autres. Ensuite, Nicolas, volontaire à Unis-Cité, a été confronté à unealimentation différente selon la personne qui préparait les repas. Sa mère n’était pas été accoutuméeà manger des légumes, au cours de son enfance et de son adolescence, elle reproduit désormais cettepratique. En revanche, le père de Nicolas, cuisinier de métier, était davantage ouvert sur d’autresplats. Enfin, Melody, stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, a connu une socialisationà l’alimentation axée sur l’économie financière. La viande était présentée comme un produit de luxequi n’était pas systématiquement consommé. Une vigilance apparaissait sur les aliments achetésafin de ne pas dépenser trop d’argent : "(…) On achetait de la nourriture là où on la trouvait lamoins cher : si elle se dit : "Les tomates sont à tant, est-ce que je les prends là ou est-ce que je vaisà Carrefour, il faut que je prenne la voiture, machin, autant les prendre là !". Si tu comptes le tempsde trajet, le gazole, autant les prendre directement au marché."

De même, la socialisation intervient dans la préparation du repas. L’enfant apprend des manières defaire et une organisation particulières des tâches. Sauf dans le cas de Laure, volontaire du servicecivique et Anne, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance, la mère et/ou la belle-mère reste lafigure emblématique dans la cuisine. Chantal et Sophie, toutes deux volontaires à Unis-Cité,perçoivent aussi leur grand-mère comme une personne importante. Elles ont des souvenirs trèsprécis de repas vécus chez leur grand-mère : le hachis parmentier semblait particulièrementapprécié. Les repas mangés au sein du foyer familial ou chez la grand-mère étaient différents. Lesdeux filles insistent sur le choix de leur grand-mère de préparer des plats appréciés des enfants :

"les bons plats de la campagne (...) Le hachis parmentier, des tomates farcies, des trucs simples queles enfants mangent." (Chantal, 21 ans, Unis-Cité)

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"Je me souviens d'un plat qu'on aimait bien : de la purée avec de la viande hachée mélangée.Sinon, pareil, des légumes du jardin. Des frites aussi, ça dépendait.“ (Sophie, 21 ans, Unis-Cité)

Une socialisation différente à la nourriture s'établit aussi entre les enfants issus de parents mariés etde parents divorcés. Les enfants issus de parents divorcés à garde partagée n'adoptaient pas le mêmerapport à l'alimentation selon la personne avec laquelle ils vivaient. Sophie était accoutumée àmanger des aliments en conserve chez sa mère. En revanche, sa belle-mère, la nouvelle épouse deson père, préparait des plats différents et passait du temps derrière les fourneaux. Également, lamère de Natacha sensibilisait ses enfants à une nourriture variée : légumes et féculents. Enrevanche, les repas chez son père étaient synonymes de liberté car les aliments refusés par sa mèreétaient achetés :

"- (…) On mangeait n'importe quoi : des pâtes, des cordons bleus, on mangeait des trucs assezrapides à faire.- Tu faisais les courses avec ton père ?- Oui.- Et il achetait quoi ?- Il achetait ce qu'on voulait ! (rires) Les trucs qu'on mangeait pas chez ma mère : des nuggets, descordons bleus, des pâtes, du riz. Même les yaourts ! Chez ma mère, on mangeait pas mal de yaourtsaux fruits mais tu sais les yaourts...- Les liégeois, non ?- Oui, il y avait des liégeois ! Mais les yaourts où tu mets des petites graines dedans...- Les Danettes, non ?- Voilà, c'est ça ! On en achetait que des trucs comme ça ! Les fruits et les légumes, on en achetaitpas, c'est clair et net."

Sa mère ne souhaitait pas que ses enfants soient accoutumés à manger des aliments gras. Davidsouligne aussi cette idée sur les choix alimentaires de sa mère : elle n'achetait jamais de"cochonneries" : de Snickers et de bonbons. En revanche, à ses 20 ans, David a vécu seulementavec son père et notamment le week-end, il a élaboré son propre rapport à l’alimentation.

L'adolescence, phase de séparation

Ensuite, l’adolescence participe au processus de construction alimentaire. La phase de séparationtouche l’adolescent qui souhaite affirmer ses pratiques culinaires pour découvrir de nouveaux goûts.Cela intervient aussi dans l’optique de libérer sa mère de tâches contraignantes et de s'autonomiserde sa famille. Tous les individus cités sont des volontaires du service civique et davantage issus d'unmilieu aisé. Tout d'abord, Nicolas a commencé à préparer à manger pour aider sa mère dans cettetâche. Il poursuit cela actuellement car il apprécie cuisiner et il est conscient qu'il quittera bientôt lelogement familial : "C'est un plaisir de pouvoir cuisiner. Puis, je me prépare à partir donc il fautcommencer à savoir cuisiner, pas forcément des trucs tout simples comme les pâtes. Moi, jerecherche l'originalité." Le point de vue de Nicolas s'oppose radicalement à celui de Fatima,animatrice : elle quittera aussi le logement familial mais ne songe pas encore à savoir cuisiner.Ensuite, Mathieu a lui aussi commencé à cuisiner pendant son adolescence pour les mêmes raisonsque Nicolas. Il préparait des gratins, de la soupe, des galettes... David n'a pas eu le choix à ses 20ans : il a rejoint son père en région parisienne. Le midi et le soir, il mangeait avec lui au sein de lacantine du centre de formation (La Maison Familiale Rurale). Le week-end, David a du apprendre à se débrouiller seul. Son père était parfois absent. Il se contentait alors de se préparer des plats à cuisiner au micro-onde. Laure et Sophie tentent aussi de cuisiner pour aider leurs parents :

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"Maman a tout le temps eu l'habitude de préparer à manger. Mais plus ça va, plus on essaie departiciper un peu plus à la vie de famille : soit mon frère, soit moi, soit Maria (amie de son frère,prénom modifié). Moi je fais des tartes au thon, aux légumes. Mon frère aime bien les pâtes, lescrêpes." (Sophie, 21 ans, Unis-Cité).

La vie de jeune adulte, phase d'intégration...

Cette phrase caractérise une partie des individus qui ne vivent plus chez leurs parents mais dans leurpropre appartement, soit seul ou en colocation mais ils mangent de façon individuel. Ce sont despersonnes d'une origine sociale aisée. Cette phase renvoie à une imitation des attitudes alimentairesde ses parents. Toutes citent des achats, des menus et des façons de cuisiner qu'elles ont connuespendant leur enfance et leur adolescence. A titre d'exemple, Vicky, étudiante ingénieure, reproduitcette planification alimentaire en adaptant ces menus au cours de la semaine : « Je mange au RU, jemange presque tous les jours de la viande là-bas. Je mange beaucoup de viande dans la semaine.Le week-end, j'essaie de manger plus des légumes, ou par exemple des pâtes, quelque chose que jene mange pas facilement la semaine."

... ou de changement d'habitudes alimentaires

La vie sans les parents modifie aussi les habitudes alimentaires. Les aliments rapides à préparer sontprivilégiés tels que les boites de conserve, les pâtes et le riz. Les individus qui ne dépendent plusfinancièrement de leurs parents sont confrontés à la limitation du budget dans les courses. David,volontaire du service civique et Melody, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance, ont tous deuxmis en avant cet aspect. En revanche, il y aurait désormais une liberté alimentaire : on choisit oùfaire ses courses, quand, sa façon de préparer le repas et de manger. Melody, Anne et Davidmangent parfois, en dehors des repas, chips et gâteaux. David insiste sur l'absence de désir de secréer ses repas, il adapte selon ses envies :"C'est là que j'ai commencé à faire des mélanges,j'achetais des salades, salades composées... Des chips, je mange beaucoup ce genre de trucs, jetrouve ça pratique quand t'as pas envie de te faire à manger, tu manges un paquet de chips, deux-trois conneries à côté et voilà t'as fait ton repas quoi. A la débrouille quoi ! Boîtes de conserve...J'ai jamais vraiment cuisiné." Cela peut conduire jusqu'à l'absence de repas, c'est le cas d'Axel,étudiant ingénieur :

"- (…) Il y a des fois où je mange pas le midi...- Tu manges pas le midi ?- Ça arrive, oui. Quand je suis un peu décalé... Je sais pas, des fois, j'ai pas faim donc je tiens dumatin au soir, j'ai toujours pas faim."

De même, les produits biologiques et/ou issus du commerce équitable sont systématiquementconsommés par des individus qui vivent seuls ou en colocation. Autrement dit, en quittant lelogement familial, l'individu découvre de lui-même d'autres habitudes alimentaires. Le tableau ci-dessous l'illustre :

Achat de produits biologiques et/ou issus du commerce équitable en fonction du mode de vie(en %) :

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Donc, l'alimentation de chaque individu se construit de son enfance, son adolescence jusqu'à sa viede jeune adulte. Cette pratique est susceptible d'évoluer au cours de sa vie : vie seul(e), vie encouple, puis avec des enfants. La façon dont l'individu a été socialisé à certains aliments influe surla façon de cuisiner actuellement. Le milieu familial joue aussi un rôle s'agissant de l'apprentissageau tri des déchets.

c) La socialisation au tri des déchets

Tout individu accoutumé à trier les déchets depuis son enfance et son adolescence sera plus à mêmede reproduire cette pratique dans sa vie adulte. Nous l'avons déjà évoqué : le niveau de diplômed'une personne joue un rôle déterminant dans le fait d'être "conscientisé" au développement durable.Les ressources économiques sont aussi à prendre en compte. Plus un ménage dispose de ressourcesélevés, plus il est enclin à trier les déchets. Nous nous intéresserons au tri du verre, à l'utilisation decompartiments pour trier le carton et le papier et à l'absence totale de tri. Ces pratiques sont-ellesreconduites par les enfants ? Anne présente là encore un cas particulier : quand elle a vécu en foyer,aucun tri ne leur était permis. En revanche, depuis qu'elle vit avec sa grand-mère, elle utilise lessacs bleus et jaunes.

Tout d'abord, le tri du verre concernait 60,5 % des parents de l'échantillon. Elle est reconduite par70 % des enfants. Ensuite, le tri du carton et du papier touchait 39,5 % des parents. Seulement 43 %des individus dont les parents triaient le carton et le papier utilisent désormais les sacs bleus etjaunes. Les familles de Fatima, animatrice, et de Chantal, volontaire du service civique (issue d'unmilieu rural) présentent deux situations particulières. D'une part, la famille de Fatima a étécontrainte de réaliser ce tri. Ses parents ne l'effectuaient pas auparavant. Or, en 2009, leur sac noirest resté dans le compartiment à poubelles sans être ramassé. Une voisine a du faire la remarque àsa mère. D'autre part, Chantal a vécu une partie de son enfance sans son père. Sa mère n'était enaucun cas sensible au tri des déchets. A partir du moment où un nouvel homme est arrivé dans savie, il a clairement obligé Chantal et ses sœurs à réaliser le tri : "On savait qu'on se faisaitengueuler si on mettait pas les déchets là où il fallait donc on triait !" . Ces deux exemplessoulignent qu'une contrainte exercée par la ville et par le milieu familial oblige les individus àréaliser leur tri correctement.

En revanche, l'absence systématique de tri concernait 20 % des parents, en particulier ceux sans

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M o d e d e v i e / F r é q u e n c e R a r e m e n t , v o i r J a m a i s P a r m o m e n t s S y s t é m a t i q u e m e n t N o n c o n c e r n é ( e ) T o t a lS e u l ( e ) 5 0 3 6 , 4 1 3 , 6 0 1 0 0

E n c o l o c a t i o n 5 0 3 3 , 3 1 6 , 7 0 1 0 0C h e z s e s p a r e n t s 2 4 4 0 0 3 6 1 0 0

C h e z u n a u t r e m e m b r e d e s a f a m i l l e 6 6 , 7 3 3 , 3 0 0 1 0 0E n c o u p l e 7 0 2 0 0 1 0 1 0 0

A v e c d e s e n f a n t s 5 0 5 0 0 0 1 0 0T o t a l 4 4 , 7 4 3 5 , 5 3 6 , 5 8 1 3 , 1 6 1 0 0

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activité professionnelle, Employés et Ouvriers (30 %). 12 Ce sont clairement les PCS qui disposentde revenus plus faibles. Plus de 50 % des personnes reproduisent la pratique de leurs parents.Stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, Melody a vécu une partie de son enfance et deson adolescence en caravane et elle n'a jamais été accoutumée à effectuer ce tri : "A l'époque, le trides déchets, c'était très rare qu'on en parle, c'était dans les années 1997-98, c'était pas encoremédiatisé comme maintenant. C'était aussi par manque de temps, mes parents bossaient toute lajournée (...)." Elle met en évidence le manque de temps dont ses parents disposaient. Or, un manqued'intérêt était aussi présent. Ses parents étaient tournés vers d'autres priorités. Ainsi, Melody neréalise pas ce tri actuellement.

Mais l'effet inverse intervient. En effet, des enfants trient les déchets même s'ils n'ont pas étéaccoutumés à cette pratique :

L'utilisation actuelle des Tri-sacs en fonction de l'absence de tri fait par les parents :

Un exemple dans les entretiens illustre cette situation : Nicolas, volontaire du service civique, résidechez ses parents. Il a importé le tri des déchets dans sa maison :

"– J'ai jamais été repris par mes parents. Mes parents n'ont pas trop l'habitude de faire le tri

sélectif. Ils m'ont jamais repris si je jette du papier ou du carton dans la poubelle bleue...Avant, je jetais tout dans la poubelle jaune, jusqu'à 14-15 ans ! On m'a jamais sensibilisélà-dessus, je savais pas ce que c'était poubelle bleue, poubelle jaune, je connaissais pas ladifférence, je m'y suis jamais intéressé !

– C'est toi qui a amené ça chez tes parents ? – Oui...– C'est toi qui leur a expliqué...– Oui, c'était plus dans ce sens là. "

Le milieu familial joue donc un rôle sur la socialisation au tri des déchets mais il y a aussi un effetgénérationnel. Plus que le milieu familial, le positionnement social des parents a un effet particulier.Plus un parent est diplômé, plus il appartient à une PCS située en haut de l'échelle sociale, plus ilsera informé sur le tri des déchets et incitera les membres de sa famille à effectuer ce tri. Leraisonnement inverse s'établit pour les personnes issues de milieux moins aisés. Elles ont d'autrespréoccupations que le tri des déchets (financières notamment). Il en est de même pourl'investissement associatif.

12 Cf figures 16 en annexe.

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A b s e n c e d e t r i d e s p a r e n t s / U t i l i s a t i o n a c t u e l l e d e s t r i s a c s J a m a i s R a r e m e n t D e t e m p s e n t e m p s S o u v e n t S y s t é m a t i q u e m e n t N o n c o n c e r n é ( e ) T o t a lJ a m a i s 1 0 , 5 2 1 , 1 5 , 3 1 0 , 5 5 2 , 6 0 1 0 0

R a r e m e n t 4 2 , 9 2 1 , 4 0 0 3 5 , 7 0 1 0 0D e t e m p s e n t e m p s 1 4 , 3 1 4 , 3 0 2 8 , 6 4 2 , 9 0 1 0 0

S o u v e n t 2 6 , 7 0 1 3 , 3 2 0 4 0 0 1 0 0S y s t é m a t i q u e m e n t 6 0 0 6 , 7 6 , 7 2 6 , 7 0 1 0 0

N e s a i t p a s 6 6 , 7 0 0 0 1 6 , 7 1 6 , 7 1 0 0T o t a l 3 4 , 2 1 1 0 , 5 3 5 , 2 6 1 0 , 5 3 3 8 , 1 6 1 , 3 2 1 0 0

Page 60: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

d) Bénévolat et militantisme familial

Le bénévolat, une pratique d'individus aisés

Le mouvement associatif touchait et/ou touche toujours actuellement 9 % des mères et 7,5 % despères de l'échantillon. Nous retiendrons plus particulièrement deux types d'investissement :humanitaire et au sein d'une structure de démocratie participative.

D'une part, 10 % des parents appartenaient ou appartiennent à une association humanitaire,caritative ou sociale, en particulier les mères, issues des Professions Intermédiaires (40 %) et desCadres et Professions Intellectuelles Supérieures (20 %). S'investir dans l'humanitaire est unepratique spécifique aux personnes ayant déjà une vie sans difficultés, ce qui les incite à s'intéresser àautrui. A titre d'exemple, les parents de Laure, volontaire du service civique, et son frère de 16 anssont investis dans une association de scoutisme. Quand elle était plus jeune, ses parents étaienttrésoriers de ce groupe. Désormais, leur rôle diffère. Dans le cadre de scoutisme, certains jeunesmontent des projets à l'étranger. Un couple d'adultes accompagne les équipes. C'est l'activitéactuelle de ses parents. De plus, environ 50 % des individus dont les parents appartiennent à uneassociation humanitaire et sociale reproduisent cette pratique. Il est même fréquent que les enfantsdécident d'appartenir à la même association que leurs parents.

D'autre part, 6,5 % des parents se sont investis au sein d'un Conseil de Développement ou d'unConseil de quartier. Ils sont issus de Professions Intermédiaires (15 %) et de Cadres et ProfessionsIntellectuelles Supérieures (26 %). 13 Ce sont là aussi des individus issus de milieux aisés pour lesmêmes raisons que nous évoquions précédemment. Les parents de Mathieu et de Laureappartiennent ou ont appartenu au Conseil de leur quartier. Plus précisément, le père de Mathieu afait partie du Conseil de quartier de Saint Herblain. Or, il a cessé d'y participer car il estimait que ceConseil regroupait les personnes de mêmes milieux sociaux. Il ne voyait pas l'intérêt de s'investirdans une démarche participative excluant des individus vivant dans des conditions difficiles. Lesparents de Laure s'investissent depuis octobre 2010 au sein du Conseil de quartier de Waldeck-Rousseau dans l'optique de donner leurs points de vue sur leur quartier.

Actuellement, aucun individu n'appartient à un Conseil de quartier ou au Conseil de Développementde Nantes Métropole. En revanche, le mouvement associatif touche 14 % des personnes. Un quartappartient à une association sportive, 20 % s'investissent dans une association sociale, humanitaireou caritative et 12 %, dans une association culturelle (musique, danse...). Les volontaires du servicecivique représentent une proportion importante d'investissement associatif. Cela s'explique aussi parleur démarche : leur activité professionnelle repose sur la mise en place de projet sociaux divers etnombreux sont ceux qui souhaitent travailler dans une association. Comme nous l'expliquionsprécédemment, l'investissement associatif est plus prégnant en cas de confort de vie déjà présent.Seulement 4 % des stagiaires de l'École de la Deuxième Chance se soucient de la situation d'autrui :

13 Cf figures 17 en annexe.

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Page 61: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Appartenance associative selon l'activité professionnelle :

Reprenons l'exemple de Laure. Elle appartient aussi à une association de scoutisme. Elle s'y investitpleinement depuis ses 16 ans. Titulaire du BAFA, elle a déjà travaillé avec plusieurs publics(handicapés ou non). De plus, elle est animatrice avec des enfants âgés de 8 à 11 ans et deshandicapés mentaux le week-end. Il était intéressant de savoir les valeurs qu'elle essaie de leurtransmettre : "On a des priorités : le vivre-ensemble. Apprendre aux enfants à rendre service, pastaper, la collectivité quoi ! Vivre à trente pendant une semaine 24 heures sur 24, c'est pas forcémentfacile et c'est ça qu'on essaie de transmettre. (...)." Sans axer ses valeurs sur le développementdurable, la cohésion de groupe est privilégiée. Cela sous-entend le respect d'autrui et l'apprentissagede la vie à plusieurs.

Au-delà de cet investissement associatif, il y a un enfermement dans le groupe de pairs. Lesvolontaires du service civique organisent souvent des sorties culturelles dans Nantes (bars,concerts...) pour s'y rendre tous ensemble. J'ai clairement ressenti l'effet de cohésion du groupe. Ausein de l'École de la Deuxième Chance, des groupes d'affinités se sont créés et des invitations chezles uns ou les autres "pour boire l'apéro" sont fréquentes. De même, École Centrale dispose de sespropres associations. Axel et Natacha font partie d'associations de l'École. Les étudiants sontenfermés dans ce milieu et ne cherchent pas nécessairement à connaître d'autres personnes :

"

- Pourquoi tu dis "une petite bulle" ? A l'école, tu veux dire ?- Oui, on a notre petit trajet, on est toujours avec notre petit groupe (...)" (Natacha, 23 ans,étudiante à École Centrale)

Les politiques publiques mettent en avant la mixité sociale dans l'aménagement urbain. Or, il n'estpas certain que cette mixité s'établisse au vue des intérêts individuels divergents. De plus, si lebénévolat induit une préoccupation pour autrui, il ne touche que les personnes disposant d'un certainconfort de vie. En revanche, le militantisme est fédérateur de plusieurs horizons sociaux.

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S p o r S v e H u m a n i t a i r e ,  s o c i a l e

C u l t u r e l l e

E c o l e   C e n t r a l e

U n i s-­‐ C i t é

E c o l e   D e u x i è m e   C h a n c e

A n i m a t e u r

Page 62: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Le militantisme est presque absent

Cette pratique touche très peu de parents dans l'échantillon. 4 % des mères et 5 % des pèresappartiennent à un syndicat situé à gauche politiquement : Confédération Générale du Travail(CGT), Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT)... Ils sont tous issus de PCSdifférentes. Tout d'abord, le père de David s'est investit dans un syndicat agricole (méconnaissancedu nom.). Ensuite, la mère de Mathieu, agent de développement local, est syndiquée au sein de laCFDT depuis environ quinze ans. Mathieu ne s'intéresse pas à l'activité syndicale de sa mère car iln'adhère pas aux idées de ce syndicat. Il n'y a pas été socialisé. Enfin, le père de Sophie, chauffeur-livreur pour une usine de produits pharmaceutiques, est syndiqué à la Force Ouvrière (FO). Il faitpartie du bureau au sein de l'entreprise. Pour autant, Sophie ne voit pas souvent son père, il est donccomplexe de savoir ce qu'il y fait précisément. Elle n'a pas non plus été socialisée aux idéespolitiques de son père.

De plus, 4 % des pères appartiennent à un parti politique de gauche (Parti Socialiste notamment).Un père ouvrier appartient au Front National. Le père de Mathieu, actuellement directeur au seind'un service social, a fait partie du Parti Socialiste Unifié dans les années 1970. De plus, le frèreaîné de Laure est engagé politiquement mais elle n'a pas souhaité que je divulgue son engagement.Également, si les parents de Vicky ne font pas partie d'un syndicat, ni d'un parti politique, elle saitque ses parents se rapprochent des idées politiques du parti populaire espagnol. En Espagne, ce partiest situé à droite politiquement. Vicky ne s'intéresse pas à la politique et il ne semble pas que lesidées politiques de ses parents influent sur sa vision de la politique.

Actuellement, seulement trois personnes sont investies dans un parti politique : l'un dans le FrontNational (comme son père), une autre au sein d'Europe Écologie (ses parents n'étaient pas militants)et la dernière personne n'a pas précisé le nom du parti.

Le militantisme traduit un investissement fédérateur d'horizons sociaux différents mais il ne semblepas socialiser véritablement la façon de penser et de voir la politique de la personne ici. Lebénévolat, davantage que le militantisme, joue un rôle sur la socialisation de l'individu et unepossible reproduction des pratiques familiales. L'investissement associatif privilégie la cohésion degroupe. Pour autant, les associations fédèrent souvent des personnes issues d'un milieu socialsuffisamment confortable pour songer à penser à autrui.

e) La socialisation familiale aux médias et nouvellestechnologies

Tout individu est socialisé par les médias et les nouvelles technologies depuis son enfance jusqu'àmaintenant. Cette socialisation s'entend sous trois aspects : la presse écrite, la presse uniquementauditive (la radio) et la presse audiovisuelle (télévision et ordinateur). Ces trois types de médias neproposent pas le même traitement de l'actualité et ne sont pas réceptionnés de la même façon. Ilsengendrent une connaissance sur la politique et le développement durable variable. Ce sont aussides pratiques liant une double perspective : la reproduction ou au contraire l'émancipation desindividus vis à vis des parents.

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Page 63: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

La presse écrite et numérique

Cinq types de presse se distinguent : presse gratuite, locale, nationale, hebdomadaire et axée sur ledéveloppement durable. La presse locale comprend les journaux tels que Ouest-France, Presse-Océans... La presse nationale inclut Le Monde, Le Figaro, Libération... La presse hebdomadairecomporte Le Nouvel Observateur, Le Courrier International... Enfin, la presse axée sur ledéveloppement durable correspond aux revues de Terraéco, Développement Durable et Territoires...Des distinctions sociales selon les journaux lus apparaissent. Des journaux sont davantage lusactuellement mais ce n'était pas forcément le cas des parents. L'enfant, l'adolescent puis le jeuneadulte a vu ses parents lire différents journaux, élément qui participe à sa socialisation. Ceciexplique des connaissances divergentes sur le développement durable.

Plusieurs journaux étaient fréquemment lus. Tout d'abord, 50 % des parents achetaient les journauxlocaux. Le journal a une place dans les souvenirs individuels et en particulier le journal Ouest-France. Cela pouvait même devenir une pratique transmise de générations en générations : "Mesgrands-parents prenaient le Ouest-France. Ma grand-mère le prend toujours. C'est le Ouest-Francequi prime sur le reste." (Sophie, 21 ans, Unis-Cité). Les parents de Melody, stagiaire au sein del'École de la Deuxième Chance, vivaient en caravane. Pendant leurs voyages, ils achetaient lesjournaux locaux des endroits où ils se rendaient : La République Du Centre, La République DeSeine et Marne... Melody a le souvenir d'avoir vu différents journaux. L'achat du journal était unrituel quotidien : " (...) Le matin, sur le marché, t'arrives, le premier truc que tu vas faire, c'estt'acheter des cigarettes, prendre ton café et acheter le journal... et les croissants. C'est vraimentpour l'information. Les journaux, j'en ai toujours vus toute ma vie. " Actuellement, 50 % desindividus lisent aussi les journaux locaux (comme leurs parents). 80 % des lecteurs sont titulairesd'un CAP, d'un BEP, d'un Baccalauréat ou d'un Brevet Professionnel.

Ensuite, 20 % des parents lisaient la presse nationale. C'était le cas de plus de 30 % des Artisans,Commerçants, Chefs d'Entreprise, des Professions Intermédiaires et des Cadres et ProfessionsIntellectuelles Supérieures. C'était donc une pratique de personnes issues de milieux sociaux aisés :

Lecture de la presse nationale en fonction de la PCS (en %)- de la mère :

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S a n s   a c 4 v i t é  …

N e   s a i t   p a s   o u   n o n  …

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P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

P r e s s e   n a 4 o n a l e   L u e

N o n   l u e

Page 64: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

- du père :

Désormais, 34 % des individus achètent la presse nationale. 60 % sont des étudiants d'ÉcoleCentrale. Là aussi, la presse nationale intéresse davantage les personnes ayant acquis un certainniveau d'études.

Puis, le quart des parents des personnes de l'échantillon ne lisait aucune presse écrite. Ces parentsétaient Ouvriers ou Employés donc de milieux sociaux modestes ou défavorisés. 14 Actuellement, 13% des individus ne lisent aucune presse écrite, en particulier ceux peu ou non diplômés (20 %). Cerefus de s'intéresser à l'actualité se lie à des difficultés quotidiennes déjà omniprésentes, qui limitentle désir de se tourner vers l'extérieur.

Également, 12 % des parents achetaient la presse hebdomadaire. La faiblesse des effectifscomplexifie toute analyse selon la PCS. Le père de Mathieu lisait et lit toujours Le CanardEnchaîné et les parents de Laure, Le Courrier International. Aujourd'hui, 17 % des individuss'intéressent à la presse hebdomadaire. Volontaires du service civique, Mathieu et David lisent lapresse d'extrême gauche telle que Le Canard Enchaîné o u Charlie Hebdomadaire mais Laures'intéresse au Courrier International, comme ses parents.

De même, seulement 7 % des parents lisaient la presse gratuite, apparue en 2005. En revanche,désormais, c'est le 66 % des personnes. Ces personnes sont en majorité peu, voire non diplômées :70 % des titulaires du Brevet des Collèges (cf graphique ci-dessous). On suppose une lecture rapidedans le tramway ou dans le bus, pour ne pas s'ennuyer le temps du trajet. La gratuité évite aussitoute dépense financière.

14 Cf figures 18 en annexe.

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C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

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O u v r i e r s

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N o n   l u e

Page 65: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Lecture de la presse gratuite en fonction du diplôme (en %) :

Enfin, la presse axée sur le développement durable, peu développée dans les années 1990-2000,intéressaient 4 % des parents. Aujourd'hui, elle est lue par 8 % des individus, uniquement desvolontaires du service civique. Plus une personne est diplômée, plus elle a des probabilités de lire cetype de presse : 6 % des titulaires du Brevet des collèges (ou moins) la lisent face à 12 %d'individus ayant réalisé des études supérieures. Natacha, étudiante ingénieur, a expliqué que sonpère lisait une revue scientifique : Sciences Et Vie. Elle a ainsi pu se documenter sur ce sujet : " (...)des fois je relisais, ça m'arrivait de lire quelques articles."

60 % des individus dont les parents lisaient la presse nationale, hebdomadaire et locale reproduisentla même pratique. Pour autant, 40 % s'intéressent à un autre type de presse désormais. Un effetgénérationnel intervient à ce titre : 82 % des personnes dont les parents ne lisaient pas la presse lefont désormais. Cela traduirait une envie plus forte de s'informer. L'individu est plus enclin de lire lapresse pour enrichir sa pensée, sa compréhension de l'actualité et donc sa perception dudéveloppement durable. D'autres presses non citées dans les questionnaires sont ainsi lues. Melody,stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, lit la presse russe (Le Courrier de La Russie)pour enrichir son vocabulaire (elle apprend cette langue). De plus, Nicolas et Mathieu, volontairesdu service civique, s'intéressent au journal numérique Rue89. Mathieu lit aussi La Lettre à Lulu,journal satirique nantais. Il apprécie l'esprit participatif et le degré d'information apportés par cesjournaux. Enfin, pour se documenter sur l'actualité, Jean-Philippe, étudiant ingénieur, se renseignedirectement sur « Google actualité », et en fonction des sujets, il sera conduit sur certains sites dejournaux : « L'Express par exemple ». Cet étudiant est amené à lire des journaux différents.

De plus, internet réduit l'achat de journaux et facilite l'accès à l'information pour toute personneayant un ordinateur et un forfait internet. Les diplômes obtenus et l'activité professionnelle actuellejouent un rôle important : plus une personne est diplômée, plus la probabilité d'utiliser internet decette façon croît. Cette envie de s'informer participe aussi à une socialisation particulière audéveloppement durable. Le graphique ci-dessous est particulièrement significatif :

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P r e s s e   g r a t u i t e   n o n   l u e

P r e s s e   g r a t u i t e   l u e

Page 66: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

L'utilisation de l'ordinateur pour s'informer sur l'actualité en fonction du diplôme (en %) :

Au-delà de la lecture sur internet, trois personnes ont mis en avant un véritable apprentissagescolaire via l'outil informatique. Si Melody et Natacha ont joué au jeu éducatif "Adi et Adibou",Vicky a été formée, dès l'école primaire à l'utilisation de cet outil.

Donc, une personne ayant réalisé des études longues a davantage de probabilités de lire desjournaux apportant un traitement riche de l'actualité (journaux nationaux, hebdomadaires...). ClaudeChabrol, sociologue français, définit les compétences psycho-socio-pragmatiques comme lacapacité à définir et sélectionner des éléments dans un journal. Ces compétences nécessitent unapprentissage et une aisance avec la langue française. Les individus ayant réalisé des études pluslongues seront plus enclins de lire des journaux diversifiés. De plus, selon Emmanuel Pierru,sociologue, il y aurait une corrélation entre une sensibilité à l'actualité locale ou nationale et ledegré de politisation : "Plus un individu s'intéresse à la politique, plus il est attentif à un typed'information déconnectée de ses préoccupations immédiates, c'est-à-dire plus proches des formesde traitement les plus légitimes de la politique." (Pierri, 2003). Autrement dit, les personnesintéressées par la politique, le développement durable sont plus à même de s'intéresser à la presseécrite. Là aussi, ce sont les personnes ayant étudié plus longtemps qui sont davantage concernées.Dans notre étude, Mathieu et David, adeptes d'une presse écrite diversifiée, sont aussi les deux seulsà avoir adopté un discours très concret sur la politique de développement durable nantaise.

Les radios écoutées

Tout d'abord, les radios dites "culturelles" regroupent Nova, TSF Jazz, Nostalgie, RTL, RTL 2,Chérie FM, MFM et Radio classique. Ce sont des radios où la musique est diffusée, plus quel'actualité. Ensuite, les radios "jeunes" regroupent Skyrock, NRJ, Fun Radio, HitWest, Alouette,Virgin et Prun'. Ce sont des radios pour lesquelles le traitement de l'actualité n'est pas prioritaire : lebut étant de diffuser de la musique commerciale et notamment appréciée en discothèques. Enfin, lesradios d'information regroupent tout ce qui attrait à France Inter : France Info, France Culture etFrance Musique. Ici, le traitement de l'actualité et la diffusion d'informations est prédominant.

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N o n   u s a g e   p o u r  l ' a c t u a l i t é

U s a g e   p o u r   l ' a c t u a l i t é

N o n   c o n c e r n é ( e )

B a c c a l a u r é a t   +   2   a n s ,  v o i r e   p l u s

C A P ,   B E P ,   B a c c a l a u r é a t   o u  B r e v e t   P r o f e s s i o n n e l

B r e v e t   d e s   C o l l è g e s   o u  m o i n s

Page 67: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Y-a-t-il une reproduction de l'écoute de la radio des parents ? Seulement deux cas touchent nosentretiens. D'une part, Jean-Philippe, lorsqu'il a quitté le "cocon familial", lors de son année deClasse Préparatoire à Clermont-Ferrand, a lui aussi écoute la radio RTL tous les matins, comme sesparents le faisaient depuis des années. Il était accoutumé à cela. Cela pouvait aussi lui permettred'avoir un repère car il venait de quitter ses parents. D'autre part, Laure, vivant toujours chez sesparents, écoute tous les matins avec eux France Inter. Or, l'écoute de la radio ne se traduit pasvéritablement par une reproduction familiale : des individus se distinguent de l'attitude de leursparents. Si David n'a jamais évoqué l'écoute de la radio par ses parents, il l'écoute dans sa voiture.Pour autant, la radio ne semble pas être un moyen, pour lui, de s'informer sur l'actualité : "J'ai unposte qui est un peu galère à utiliser, qui a plein d'options mais je sais même pas comment m'enservir... Donc je zappe, je zappe, je zappe. C'est en fonction de la musique, en fonction de l'humeur.Je vais écouter Nostalgie car je veux de la musique un peu funk. Ça peut être France Inter, RMC,du sport... (...)".

Actuellement, les radios sont écoutées différemment. Les radios "jeunes" arrivent en premièreposition avec 60 % d'auditeurs. Les radios "culturelles" sont aussi très fortement écoutées (45 %).La fréquence d'écoute des radios d'information comme de l'absence totale d'écoute de radios estsimilaire : environ 21 %. Les radios "jeunes" et les radios d'information ne sont pas écoutées par lesmêmes personnes. Les filles sont plus nombreuses à écouter les radios "jeunes" (65 % face à 51 %de garçons). A l'inverse, les garçons sont des auditeurs des radios d'information (26 % face à 19 %de filles). Plus une personne est diplômée, plus elle a de probabilités d'écouter les radiosd'information et d'être un garçon. Inversement, moins elle est diplômée, plus elle aurait tendance àécouter des radios "jeunes" et à être une fille.

L'écoute des radios "jeunes" en fonction du diplôme (en %) :

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C A P ,   B E P ,  B a c c a l a u r é a t   o u  

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B a c c a l a u r é a t   +   2  a n s ,   v o i r e   p l u s

R a d i o s   " j e u n e s "

N o n   é c o u t é e s

Page 68: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

L'écoute des radios d'information en fonction du diplôme (en %) :

La télévision

Les films et les séries sont regardés en majorité (83 %) ainsi que le Journal Télévisé (51 %). Desprogrammes plus spécifiquement propres à la thématique du développement durable sont moinsfréquents : les programmes de découverte du monde (31 %), de la nature (25 %), scientifiques etbiologiques (21 %) et politiques (18 %). Ces quatre programmes diffèrent socialement. Nousl'avions déjà évoqué : les filles passent davantage de temps devant le petit écran vis à vis desgarçons. Aucune personne n'a évoqué les chaînes locales (Nantes 7 Télévision). John Dewey,philosophe américain, met en évidence que l'accroissement des divertissements proposés à latélévision constitue un obstacle pour le choix des programmes politiques. Les programmes dedivertissement ne favorisent pas une socialisation particulière de l'individu aux problématiques dudéveloppement durable.

D'une part, apparaît une reproduction de pratiques familiales pour trois personnes. Laure et Sophievivant toujours chez leurs parents et regardent le même journal télévisé qu'eux (TF1). De même, lepère de Fatima s'intéresse aux programmes politiques à la télévision. Sans que son père ne lui enparle véritablement, elle l'a déjà vu regarder ce type de programme : " Toute la journée, il regardela politique. Des fois, je me lève la nuit, vers 3-4h du mat', il regarde de la politique, il fait que ça !(...) Il en parle, j'entends mais... Il regarde beaucoup la politique de la télé turque. Il s'intéresseaussi à la politique de la France mais.... Mon père est super cultivé dans tout ce qui est géographie,l'histoire, la politique." Désormais, elle apprécie notamment la chaîne 13 de la TNT (Public Sénat)sur laquelle des débats politiques sont diffusés. Chaque débat présente deux personnalités opposéessur la même idée pour aider l'individu à se forger sa propre idée sur le sujet. De plus, l'informationest diffusée quasiment en continu. Fatima s'intéresse aussi aux programmes proposant des débatstels que C'est Ma Vie ou Confessions Intimes.

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B r e v e t   d e s  C o l l è g e s   o u  

m o i n s

C A P ,   B E P ,  B a c c a l a u r é a t   o u  

B r e v e t  P r o f e s s i o n n e l

B a c c a l a u r é a t   +   2  a n s ,   v o i r   p l u s

R a d i o s   d ' i n f o r m a K o n

N o n   é c o u t é e s

Page 69: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

D'autre part, les documentaires de découverte sur le monde et la nature sont moins regardés par lespersonnes ayant réalisé des études supérieures (18 % face à 34 % des titulaires du Brevet desCollèges). Les programmes politiques sont également choisit par des individus moins diplômés. 15

Le Journal Télévisé est synonyme de rituel : souvent le soir, il accompagne le repas. La télévisionapparaît alors comme un objet qui structure le temps domestique et le temps social. Martin Segalen,dans Rites et rituels contemporains (1998) définit le rite comme "un ensemble de conduitesindividuelles ou collectives relativement codifiées, ayant un support corporel (verbal, gestuel, deposture), à caractère répétitif et doté d'une forte charge symbolique pour les acteurs et les témoins".A l'inverse, les programmes scientifiques et biologiques sont regardés par 33 % des étudiantsingénieurs. Ces programmes nécessitent certaines compétences sur ces sujets. Mathieu,volontairedu service civique, regarde des documentaires, notamment ceux de Pierre Carles et d'autresmilitants sur le développement durable.

Le choix des programmes scientifiques et biologiques en fonction de l'occupation actuelle (en%) :

L'effet générationnel joue aussi un rôle prépondérant dans l'utilisation de la télévision. Troisportraits différents s'établissent. Anne, la plus jeune des enquêtés, met clairement en avant le désirde ne pas s'informer ni sur l'actualité, ni via des documentaires particuliers, à l'inverse de sa grand-mère. Cela souligne l'écart d'intérêt selon l'âge :

"– J'ai pas vraiment le choix vu que je mange avec ma grand-mère et ma tante, tous les soirs,

c'est le Journal Télé ! (exaspération)– (rires) Tu t'en passerais bien ?– Oui, ça, c'est sûr ! (rires)– (...) De la documentation, qu'est-ce t'appelles de la documentation ?– Alors là, faut pas le demander, j'en sais rien du tout !– En gros, quand elle regarde ça, tu te bars dans ta chambre ? (rires)– (rires) Voilà ! Exactement !"

En revanche, Melody et Nicolas étaient tous les deux d'accord pour critiquer la chaîne de TF1, qu'ilsont regardés pendant leur enfance et leur adolescence. En grandissant, chacun a adopté un espritcritique. Ils essaient de sensibiliser leurs parents à leurs points de vue. Nous y reviendrons. Enfin,David, Natacha et Mathieu ont fait le choix de ne pas avoir de télévision même s'ils avaient étéaccoutumés à en avoir une.

15 Cf figures 19 et 20 en annexe.

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D i p l ô m e / P r o g r a m m e s s c i e n t i f i q u e s e t b i o l o g i q u e s r e g a r d é s N o n O u i T o t a lE c o l e C e n t r a l e 6 6 , 7 3 3 , 3 1 0 0

U n i s - C i t é 8 1 , 3 1 8 , 8 1 0 0E c o l e D e u x i è m e C h a n c e 8 2 , 1 1 7 , 9 1 0 0

A c t i v i t é P r o f e s s i o n n e l l e 1 0 0 0 1 0 0T o t a l 7 9 2 1 , 0 5 1 0 0

Page 70: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

L'ordinateur

La majorité des individus a mis en évidence une connaissance de l'informatique acquise par leursparents, notamment via leur profession. Pour autant, une distinction sur le degré de connaissance decette technologie entre la génération des parents et des enfants s'établit. D'une part, une socialisationde l'enfant vers l'adulte sur cette nouvelle technologie a été évoquée à deux reprises. Autrement dit,les parents ne savent pas s'en servir : leurs enfants leur apprennent. Sophie et Melody ont toutes lesdeux aidé leurs parents à comprendre comment utiliser l'ordinateur et internet. Le père de Melody,au moment de l'entretien, suivait une formation pour séniors sur l'informatique. Les propos deSophie illustre un écart générationnel sur la connaissance d'utilisation de l'ordinateur :

" – Elle (sa mère) ne sait pas l'utiliser. Il faut qu'on lui montre avec la souris de temps en temps

comment on clique, les programmes qu'il y a. Mais faudrait qu'on lui fasse une session"formation". Déjà, elle sait allumer l'imprimante !" (...) Quand on l'a eu (l'ordinateur), il(son père) n'y connaissait rien, on lui a appris au fur et à mesure...

– C'est vous qui lui avez appris ?– Mon petit frère et ma petite sœur, car ils sont plus présents que nous chez mon père. Au

début, ils n'y connaissaient rien ! C'était plus nous que pour eux."

D'autre part, cela se traduit par un refus des parents d'utiliser cet équipement. La grand-mèred'Anne, les parents de Fatima et la mère de Vicky n'utilisent pas internet, mais ne souhaitent paspour autant savoir comment faire. Les parents de Vicky travaillent avec leur ordinateur mais samère ne sait pas se servir d'internet :

"

– Ils (ses parents) s'en servent uniquement pour le travail ou pour d'autres choses aussi ?– Ma mère, seulement pour le travail, elle est un peu nulle avec internet (rires)"

Tout individu a grandit dans un contexte familial où les médias et les nouvelles technologies étaientplus ou moins présents. Un individu diplômé et issu d'un positionnement social aisé est plus enclinde connaître une offre diversifiée de médias et d'accroître sa connaissance sur le développementdurable. Tous les individus ne reproduisent pas les attitudes parentales. Les enfants apprennentaussi à leurs parents comment utiliser les nouvelles technologies. Personne n'a mentionné le fait queles parents étaient vigilants vis à vis des consommations importantes d'énergie liées à ces médias etnouvelles technologies. Nicolas est le seul à inciter ses parents à restreindre leur consommationd'énergie car eux n'y sont pas accoutumés : " Ce qui se passe, c'est que mon père regarde la télé, ilpart chercher ma mère en voiture, elle s'arrête à un arrêt de tram et il revient. Pendant ce laps detemps qui dure un quart d'heure, il laisse la télé allumée, ce qui sert à rien ! Même des fois, lalumière allumée alors que ça sert à rien ! Moi, à chaque fois que je passe derrière, j'éteins tout.Hop, il fait noir ! Ils aiment pas ça, ils aiment pas revenir et que tout soit éteint, que tout soit noir.Ça coûte rien d'éteindre la lumière et d'éteindre la télé ! Moi je le fais tout le temps. Ils adoptentpas ça, c'est pas clair."

La question suivante apparaît désormais : comment ces médias traitent-ils de la thématique dudéveloppement durable et comment ce traitement est-il reçu par les individus ?

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B- Le traitement médiatique du développementdurable et sa réception

L'ensemble des médias insiste sur cette thématique du développement durable. Lorsqu’unévénement apparaît à l'échelle nationale ou internationale, il est diffusé médiatiquement (exemplerécent de Fukushima). Ces événements maintiennent la nature comme une puissance qui dominel'homme ou ils présentent l'activité humaine comme responsable de la dégradation de la nature.Cette dramatisation est volontaire pour attirer le regard de l'individu, l'apeurer et le faire réagir. Tousles individus interviewés par entretien ont souligné cette crainte vis à vis de l'avenir. Au-delà desinformations politiques transmises par les médias, la publicité joue aussi son rôle dans lasocialisation au développement durable. Tout produit alimentaire est accompagné du slogan :"Mangez cinq fruits et légumes par jour" pour inciter à une hygiène de vie saine. Pour autant,nombreuses sont les publicités sur les nouvelles technologies (dernier écran plat, dernier téléphoneportable...) toujours plus consommatrices d'énergie. Les médias sont donc contradictoires. Il nes'agira pas d'étudier leur réception par des individus "naïfs" dépourvus de tout esprit critique, aucontraire.

a) Presse écrite

Journaux écrits et numériques construisent la façon de penser de la personne sur le développementdurable. Il convient d'aller au-delà des distinctions sociales de lecture de la presse présentéeprécédemment. Le travail journalistique est considérable. De même, sa réception est vécuedifféremment selon les individus. La lecture du journal est individuelle mais elle conduit à deséchanges collectifs. Nous nous appuierons en grande partie sur les travaux des sociologues EliséoVeron et Claude Chabrol. Nous l'avons évoqué : l'ensemble des médias présente l'environnement defaçon dramatique (réchauffement climatique, catastrophe naturelle...). Les médias écrits sedifférencient via le travail journalistique en amont. Ce travail ne s'établit pas sans stratégie. Un titrede presse est le fruit d'un triple processus.

Tout d'abord, des caractéristiques définissent le travail journalistique. Le journaliste adapte sonvocabulaire en fonction du quotidien pour lequel il travaille. Il emprunte aussi d'autres discours(scientifiques...) pour souligner la légitimité de l'information transmise au lecteur. Un même journaladopte ainsi des registres de langue variés : informatif, didactique (discours d'expert) ou de récit(témoignage). L'utilisation de ces registres diffère aussi selon les journaux. De même, le placementet le traitement des informations s'agissant de l'environnement ou du développement durable ne sontpas les mêmes. Pour prendre deux exemples radicaux : selon des journaux tels que le Ouest-Franceou Le Monde, le titre mis en avant, le vocabulaire utilisé, la longueur de l'article et son contenu surun même thème sont divergents.

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Ensuite, Eliséo Veron met en avant la notion de "contrat de lecture" établit entre le lecteur et lejournal. Le journaliste construit un lien avec son lecteur. Autrement dit, s'il veut conserver lafidélité de son lectorat, le journaliste doit être vigilant vis à vis du contenu de l'article rédigé. Lelectorat d'un journal articule des personnes d'horizons sociaux et d'âges différents. Pour reprendrenos deux exemples opposés, un lecteur du Ouest-France s'attend à lire davantage d'informationssituées au niveau de Nantes Métropole qu'un lecteur du quotidien national Le Monde. Il en résulteun degré de connaissance différent de l'information pour l'individu. Dans le cas du développementdurable, les journaux nationaux insistent sur les événements et mesures prises en France, en Europeet dans le monde. Un fossé se créée entre les informations transmises et la réalité quotidienne dechacun. Le Monde ne détaillera pas des mesures axées sur le développement durable prises à laChapelle sur Erdre ou à Rezé. En revanche, une personne qui s'informe localement serait plus àmême de se sentir concernée par le développement durable dans sa ville : le journal se réfère à despratiques locales. Cette personne est supposée davantage connaître la politique des pouvoirs publicslocaux sur cette problématique.

Le type de presse lu engendre donc une connaissance différente du développement durable. Lapresse locale permet de connaître les pratiques établies sur Nantes et son agglomération, et de sesentir plus proche de cette thématique. Inversement, la presse nationale met l'accent sur une autreéchelle. Cela induirait une plus grande complexité pour l'individu de se sentir sensibilisé par laproblématique du développement durable, à partir du moment où cela n'altère pas son quotidien.Dans tous les cas, la presse écrite met aussi en avant des événements nationaux ou internationaux(ex : catastrophes naturelles, réchauffement climatique...) pour alerter tout individu sur unchangement urgent d'attitudes.

b) La radio

La divergence sociale d'écoute induit une sensibilisation différente à l'actualité et donc audéveloppement durable. Tout comme les journaux, les radios insistent sur la dramatisation del'environnement et les mesures politiques prises en matière de développement durable. Or, pourreprendre nos deux exemples opposés : radios "jeunes" et radios d'information, le traitement del'actualité diffère. Les radios "jeunes" ne proposent que des "flashs infos" pendant lesquelsl'ensemble de l'actualité est traité en cinq minutes. Plusieurs sujets sont abordés de façon trèssynthétique. A l'inverse, les radios d'information proposent des débats, opposant des personnes nepartageant pas la même opinion. Ces débats aident l'individu à se forger son propre avis sur unsujet, notamment politique ou sur le développement durable. Une personne qui écoute davantage lesradios d'information est plus encline d'adopter un esprit critique sur la thématique dudéveloppement durable.

Enfin, élément qui n'a pas véritablement été abordé au cours de l'étude mais la publicité participeaussi à cette socialisation au développement durable. Depuis quelques années, le slogan " Mangezcinq fruits et légumes par jour " est diffusé à la radio et apparaît en bas de chaque spot publicitaire àla télévision. Le but étant de sensibiliser tout individu à adopter une hygiène alimentaire saine. Iln'est pas certain que ce type de message soit systématiquement lu, ni entendu. La mère de Fatima apourtant du être sensibilisée. Elle prépare des plats turques mais moins "gras" désormais : " Ce sontdes plats hyper gras, enfin maintenant beaucoup moins car elle a vu que c'était pas bon pour lasanté. "

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Une hypothèse ici serait que les médias interviennent dans cette perception de l'alimentation et surla conception du gras. En revanche, la radio et la télévision incitent aussi à acheter toujours plus deproduits. Plusieurs publicités mettent en avant l'avantage de nouvelles technologies (dernier écranplat, dernier téléphone portable...) toujours plus consommatrices d'énergie.

c) La télévision

Les propos ci-dessous viennent en partie du site "http://www.sircome.fr"sur lequel est présentée uneenquête réalisée par Suzanne de Cheveigné, directrice de recherche au Centre National de laRecherche Scientifique (CNRS), en 2004 et en 2006 avec l’Agence de l’Environnement et de laMaîtrise de l’Énergie et de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et duTravail. Trois éléments sont à souligner s'agissant du traitement de l'information par les journauxtélévisés. Tout d'abord, les journaux établissent des choix d'information à présenter à leur auditoire.Ils puisent dans un ensemble d'informations plus nombreuses que celles qu'ils retiennent. Les sujetsprésentés se différencient selon les journaux. Ensuite, le choix établit, la façon de présenterl'actualité n'obéit pas à une logique stricte : il n'y a pas de rubrique particulière comme dans lesjournaux écrits. Il n'y a pas non plus un ordre dans la présentation de l'actualité nationale,internationale, économique... Autrement dit, l'environnement et le développement durable setrouvent parfois à n'importe quel moment dans le journal. L'auditoire ne se souviendra pas de lamême façon d'un élément placé au début ou au milieu du journal télévisé. Enfin, nous l'avions déjàévoqué : les nouvelles liées à l'environnement seraient davantage négatives (décès, dégradations dela nature....) que positives (nouvelles mesures politiques...). Les sujets liés à l'environnementoccupent davantage de place dans les journaux télévisés en 2004 qu’en 1994, comme l'illustre legraphique ci-dessous, extrait du site :

Fréquence des reportages traitant de l'environnement sur TF1 et France 2 :

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Dans son étude réalisée en 1994, la chercheuse au CNRS soulignait le vocabulaire utilisé par cesjournaux télévisés vis à vis de l'environnement avec l'emploi des adjectifs "protégé" et "respecté".Malgré l'ancienneté de l'étude, une corrélation significative s'établit avec le vocabulaire utilisé aucours de mon enquête pour définir le développement durable. ("protéger la nature", "aiderl'environnement"...). Cette mise en relation souligne une incorporation de la définition médiatiquepar les individus. De même, dans les journaux télévisés, une parole plus grande serait accordée auxexperts, notamment scientifiques sur un sujet lié au développement durable et moins aux"profanes", supposés moins spécialistes en la matière. De Cheveigné distingue quatre sujets axéssur l'environnement tels que la faune ou la flore, les événements concernant la météo ou lesséismes. Il y a également les sujets traitant de la politique environnementale, des aspects juridiquesou économiques. Enfin, la pollution, serait souvent le résultat d’actions humaines.

Au-delà des journaux télévisés, les programmes de découverte de la nature et du monde (typeUshuaïa Nature...) traitent de sujets sur les animaux et les végétaux sous le mode de lacontemplation. Donc, le développement durable et l'environnement sont approchés de façondramatique (catastrophes naturelles) ou contemplative s'agissant de la nature.

Il convient désormais de s'intéresser à la réception des programmes politiques et axés sur ledéveloppement durable par l'individu. Cécile Méadel, sociologue française, définit la réception sousdeux aspects : "la capacité des médias à prescrire (des thèmes de débat, de faire des interprétations)"autrement dit à transmettre de l'information analysée et d'autre part "les capacités interprétatives desmembres du public". Un individu reçoit l'information en cherchant plus ou moins à la critiquer.S'agissant des problèmes politiques et notamment axés sur le développement durable, nous l'avionsdéjà évoqué, cet intérêt diffère selon le niveau de diplôme et le positionnement social de l'individu.Mais il conviendra de se distancier d'une opposition trop simpliste entre spectateur "actif" et"passif" face au petit écran. Un individu adopte ces deux comportements selon les programmesregardés. Le sociologue britannique Richard Hoggart, dans son ouvrage intitulé La culture dupauvre. Étude sur le style de vie des classes populaires en Angleterre (1991), s'éloigne des pré-notions selon lesquelles tout individu issu d'un milieu défavorisé serait "victime" des programmesregardés à la télévision. Au contraire, toute personne adopte une attitude critique vis à vis du petitécran.

Dans News that Matters (1987), Shanto Iyengar et Donald Kinder, sociologues américains, ontétudié la façon dont les journaux télévisés guideraient l'individu sur ce à quoi il doit penser. Ils ontconstaté que les gros titres des journaux télévisés sont retenus comme étant les sujets les plusimportants. Ces titres exercent une " influence puissante sur ce que les téléspectateurs considèrentcomme les problèmes les plus graves de la nation ". Il convient aussi de nuancer leurs propos. ToddGitlin, autre sociologue américain, estime que ces gros titres sont interprétés différemment selon lesindividus. Cela ne signifie pas non plus que toute personne adhère à ce qu'elle voit ou entend. Deplus, le sociologue américain Paul Lazarfeld remet aussi en cause l'idée d'une influence totale desmédias sur la perception du monde des individus. La notion de "Two Step Flow" signifie laprésence de leaders d'opinion dans le groupe de pairs qui transmettent l'information aux membresde leur famille, à leurs amis...

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Dans les entretiens, la chaîne de TF1 a été vivement critiquée par deux personnes alors que troisautres ne regardent jamais la télévision. D'une part, Melody et Nicolas remettent en cause le journaltélévisé de TF1 en évoquant des raisons divergentes. Nicolas critique des aspects concrets de ceJournal (la neige sur les routes en hiver), prouvant qu'il accorde tout de même une attention à cettechaîne. Il retient les gros titres évoqués au début du journal. En revanche, Melody remet en cause lemanque d'informations régionales et nationales sur TF1. Seules les informations touchant sonenvironnement quotidien seraient à privilégier. Voici les extraits d'entretien :

"Moi, je leur (à ses parents) ai dit : ça sert à rien ! Pour moi, le JT de TF1 est pas complet. Çatraite beaucoup de divertissements, d'artistes, de trucs du monde mais tout ce qui se passe enFrance, on est pas au courant ! Autant regarder France 2 ou France 3, les éditions régionales, leséditions nationales, au moins, on est sûr de savoir ce qu'il se passe ici. Si une dame a disparu àtreize kms de Nantes, t'es presque sûre que le soir, sur TF1, tu le sauras pas ! Sur France 3, éditionrégionale, on va directement t'indiquer que quelqu'un a disparu à treize kilomètres, c'est plusintéressant !" (Melody, 21 ans, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance)

« Moi, je suis un peu obligé étant donné qu'on mange à cette heure-là mais je prête pas attention, jepréfère pas ! C'est insupportable (rires) ! Surtout en hiver, Évelyne Délia qu'arrive pendant vingtminutes et qui te sort : « il neige aussi sur la route » mais c'est génial, c'est super ! (ironique)Qu'est-ce qu'il y a à apprendre sur TF1 ? Mais rien ! » (Nicolas, 19 ans, Unis-Cité)

D'autre part, David, Natacha et Mathieu ne disposent pas de télévision. Ils préfèrent se documenteren utilisant les journaux écrits ou internet. Mathieu estime presque être jugé par les médiastélévisés, il préfère les fuir : "Aujourd'hui, les médias nous prennent beaucoup pour des cons . Il y apas tellement de trucs intéressants."

Certains individus regardent aussi les programmes de découverte sur la nature et le monde.Seulement Melody détaille la façon dont elle reçoit et interprète ces programmes. Ils sont perçuscomme révélateurs de coutumes pratiquées ailleurs. Elles regardent ces programmes pour s'instruireet s'ouvrir sur le monde :"(...) Je me souviens de ça, c'était il y a quatre-cinq ans, j'avais vu undocumentaire sur les populations en forêt amazonienne. Là, c'est hyper intéressant car tu découvrescomment ces gens là y vivent...(...) Tu découvres un truc dont t'as déjà entendu quand t'étais gosse,quand t'étais au collège : "Ouais L'Amazonie, c'est loin...". Mais là, ça te fait découvrir commentils vivent, c'est quoi leur quotidien. Du manioc, c'est quoi du manioc ? C'est un bout de bois et eux,ils le mangent ! C'est une plante à la base mais assez bizarre, autant pas se mentir. Eux arrivent àfaire de la cuisine avec ça, alors que nous, on serait là : « Du manioc ? », on s'en servirait commebâton. Ça m'apporte ça : de découvrir d'autres choses que je suis intéressée de savoir." De plus,elle apprécie les programmes qui traitent des animaux là aussi pour comprendre la façon dont ilsvivent. Ce regard ne coïncide pas avec une crainte du réchauffement climatique sur l'existence oul'extermination des animaux.

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Les médias participent donc à cette socialisation au développement durable, notamment endramatisant les dommages causés à l'environnement. Or, cette dramatisation aurait deux effetsnégatifs. D'une part, le sociologue Olivier Borraz élabore la théorie des risques sanitaires. Ilsouligne qu'une moindre familiarité d'un individu sur un sujet dit à "risque" accroît son inquiétude àce sujet. Le réchauffement climatique est vu sous deux approches contradictoire : l'une accusel'homme de ce réchauffement, l'autre considère cette hausse des températures inévitable (quelquesoit l'activité humaine). Cet incertitude accroît l'inquiétude des individus à ce sujet. D'autre part,l'utilisation de ce discours dramatique pour changer les comportements peut au contraire produirel'effet inverse. Cela induit une crainte tellement forte qu'on ne sait pas comment combattre ceréchauffement. Il conviendrait au contraire de mettre en avant les effets positifs qu'engendreraientdes changements de comportements. Également, le développement durable, plus que leréchauffement climatique se traduit souvent en terme de jugements moraux dans les médias. Il yaurait des attitudes "bonnes" ou "mauvaises" à adopter pour modifier les comportements. Ilsinsistent aussi sur l'importance des "générations futures" or cela concerne des personnes qui ne sontpas encore nées. Cela ne touche pas le quotidien des individus.

Deux sociologues américains ont réalisé des études sur les réactions des individus face à lapolitique : Nina Eliasoph (1990) et David Buckingham (2000) ont mis en avant trois types deréactions. Ces réactions sont aussi propres à la connaissance du développement durable. Toutd'abord, les "citoyens concernés" sont les personnes compétentes sur le domaine, qui adoptent desjugements politiques particuliers. On suppose un niveau de diplôme plus élevé. On reconnaît enparticulier les analyses faites par Mathieu et David sur le développement durable. Pour autant, ils neregardent pas la télévision. Ensuite, le style "timide" renverrait aux personnes qui abordent surtoutles clichés diffusés médiatiquement. On retrouve davantage l'attitude de sept personnes. Ledéveloppement durable est souvent évoqué s'agissant des "générations futures", terme ré-utilisé parles individus sans pour autant savoir à qui renvoient précisément ces générations. Cesreprésentations sont encore floues car éloignées de la réalité quotidienne de chacun. Issus demilieux sociaux variés, ces individus s'informent via différents supports médiatiques mais leursdiscours suivent le registre de la vulgate, notamment dans leur définition du développementdurable. Enfin, le style "irrévérencieux" concerne les personnes qui pratiquent le "cynical chic"autrement dit elles exagèrent leur ignorance et leur désintérêt vis à vis de la politique et dudéveloppement durable (ou les affichent comme un choix). Ce "cynical chic" est une façondéfensive de lutter contre des accusations d'ignorance ou de paresse. Chantal, Melody, Anne etFatima sont particulièrement concernées. Issues de milieux sociaux défavorisés, elles ne se sontjamais véritablement intéressées au développement durable. Ce manque d'intérêt pour ledéveloppement durable se justifie par des conditions de vie difficiles au quotidien : l'intérêt est portéailleurs.

Donc, le positionnement social de l'individu influe sur le degré de connaissance du développementdurable (au niveau local et/ou national). Mais, pour atteindre concrètement les personnes, letraitement médiatique devrait progressivement évoluer. Les médias devraient insister sur l'impactpositif de changements de modes de vie (et non dramatiser la situation). Il s'agirait aussi d'insistersur le quotidien des personnes. A titre d'exemple, l'utilisation des transports en commun permet deréaliser des économies financières grâce à l'absence d'utilisation de la voiture.

Les médias jouent donc un rôle dans cette socialisation au développement durable. Il en est demême pour toutes les instances éducatives que nous allons présenter ci-dessous.

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C- Socialisation éducative au développementdurable

Cette socialisation s'établit sous trois principaux aspects. Tout d'abord, la scolarité de l'individu (del'école aux études supérieures) est une source de socialisation aux problématiques dudéveloppement durable. Ensuite, la fréquentation de centres de loisirs et de centres de vacancesparticipe aussi à cette sensibilisation. Enfin, les expériences professionnelles (stages, emplois) de lapersonne sont aussi à prendre en compte. Ici encore, il était très délicat d'aborder les années del'enfance d'Anne au vue de la maltraitance qu'elle a subie. De plus, elle n'est quasiment pas allée aucollège.

a) Scolarité (école, collège, lycée)

Tout d'abord, la scolarité de l'enfant intervient dans sa socialisation au développement durable. LaCharte d’Éducation à l’environnement de 1977 stipule que l’éducation à l’environnement doitpermettre aux élèves "de s’abstenir de toute destruction, de toute perturbation inutile du milieunaturel et d’éviter le gaspillage." Cette préoccupation est apparue très tôt, même avant le concept dedéveloppement durable en tant que tel. Les personnes interrogées dans les entretiens étaientscolarisées à l'école et au collège dans les années 1990. Certaines sont aussi allées au lycée dans lesannées 2000. A l'aide de quelques programmes scolaires des années 1990, nous verrons ce que lesindividus ont visiblement retenu. Six personnes se souviennent de certains thèmes abordés del'école au lycée. Si toutes étaient capables de m'expliquer ce qu'elles avaient retenues, cela ne s'estpas pour autant traduit par un changement fondamental dans la vie quotidienne.

Tout d'abord, il y a des souvenirs de journées axées sur l'environnement à l'école primaire. Cessorties coïncident avec deux notions abordées par les sciences et technologie durant le cycle 3 : ladiversité du monde vivant (faune et flore) et la matière : le tri des déchets, le recyclage, le cycle et laqualité de l'eau. Voici quelques compétences supposées acquises sur ces notions :

"

– Être capable d'identifier des matériaux différents pour les trier.

– Prendre conscience de l'importance des déchets dans la vie quotidienne.

– Intégrer un comportement raisonnable.

– Être rigoureux dans son action de tri.

– (...) Intégrer un comportement responsable et civique par rapport à la gestion de la ressourceen eau. "

Un manuel scolaire explique qu'il faut trier les déchets, ils "encombrent notre société (...) Quelcadeau empoisonné pour l'environnement !" ou encore "Il faut purifier l'eau pour la rendre potable."Le manuel n'explique pas la source de déchets mais se concentre sur l'action du tri. Les individusinterrogés en ont fait de même.

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Présentons désormais précisément ce que les individus ont retenu. Sophie a visité une ferme avec saclasse et Mathieu est parti en classe verte dans les montagnes. Il se souvient qu'on lui ait expliquéclairement comment protéger un milieu (surtout au niveau des roches). Quand il avait 10 ans,Nicolas a passé une journée « verte » dans un parc, à Rezé pour constituer un herbier. Puis, Sophieet Chantal ont visité des stations d'épuration. Les professionnels ont expliqué aux enfants le cyclede l'eau et en particulier la façon dont l'eau polluée était traitée pour arriver potable dans lesrobinets. Chantal se souvient aussi d'un aparté sur le tri des déchets. Mais, cela n'a en aucun casmodifié son comportement à la maison :

"– Station d'épuration... Tu vas aller visiter des déchetteries...– Et qu'est-ce que t'en as retiré de ça ?– Que l'eau pouvait être super polluée et qu'il fallait beaucoup de traitements pour la

dépolluer. Pour les déchets, qu'ils étaient trop stockés et qu'ils avaient des gros soucis aprèsavec ça, donc c'est pour ça qu'il fallait trier.

– C'est ce qu'on vous disait ?– Oui. Autrement, on nous aurait pas montrer la déchetterie...– Quand t'as entendu ça, ça t'a fait réfléchir ou t'es rentrée ou.... (signe d'exaspération)– Ah non ! Je suis rentrée et puis j'en avais rien à foutre ! Ça a pas changé grand chose !"

De vagues souvenirs demeurent à l'esprit de l'individu mais cela ne se traduit pas forcément par unchangement fondamental de comportements.

Ensuite, trois individus ont insisté sur l'approche de la nourriture (produits locaux ou biologiques)pendant leur scolarité. Tout d'abord, par l'intermédiaire de l'école primaire, Sophie est partiequelques jours visiter une ferme. Ses camarades et elle-même ont appris à fabriquer des produitslocaux et en particulier le beurre. Désormais, elle ne s'y intéresse plus et n'aurait pas le temps defabriquer du beurre par elle-même. Les programmes "Découverte du Monde " de cycle 2 de 1995,dans le thème de la matière, soulignent la nécessité de savoir la transformer mais ce, davantage dansl'optique de comprendre comment fabriquer un produit (ordre logique) que dans l'optique de mangersainement. Voici des exemples de compétences : "Discerner des analogies et des différences ; Lireune fiche technique ; Émettre des hypothèses et les vérifier". Il n'y avait pas encore la préoccupationde manger sainement. Ensuite, Fatima, au collège, a le souvenir que son professeur de Sciences dela Vie et de la Terre lui ai parlé de la nourriture biologique et de ses bienfaits pour la santé. Pourautant, elle n'en a pas parlé à sa mère. Enfin, David a suivi une formation intitulée "Techniques deVente, Conseil Qualité Alimentaire" dans le cadre de son Baccalauréat Professionnel de Commerce.Il était formé sur la vigilance à adopter vis à vis de la nourriture : "On a eu des formations sur lebio, sur les produits... Les "bons" produits. Bien manger, bien se nourrir, pourquoi tel produit, faireattention comment tu congèles, faire attention aux bactéries quand tu manges.". Nous l'avons vu :ses habitudes alimentaires quotidiennes n'illustrent pas un véritable souci pour une alimentationsaine et variée (chips...).

Également, Nicolas et Melody se souviennent de l'éducation civique. Scolarisée par le CentreNational d'Enseignement à Distance (CNED), Melody n'a pas suivi une formation scolaire commed'autres individus. Elle n'a pas cité d'exemples concrets, seulement de vagues notions d'éducationcivique : "Le respect des personnes, la politique.". En revanche, Nicolas a des souvenirs plus précis,en Seconde, il était âgé de 16 ans donc plus âgé et plus à même de comprendre certainesproblématiques. L'exercice était centré sur la façon de chauffer un logement. Il est le seul àmentionner une véritable sensibilisation au cours de sa scolarité sur le développement durable :

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«– Pour nous parler des différentes façons de chauffer une maison, des différents

aménagements, c'était des questions qu'ils nous posaient : « Qu'est-ce que toi tu fais ? Est-ce que toi, tu chauffes ta maison au gaz, à l'électricité, au fioul ? ». On a fait un exercice là-dessus et on a dit : « ça, c'est pas bien, ça c'est bien, ça c'est mieux.

– (…) T'en as retiré quelque chose de cet exercice ?– Oui, oui ! J'avais déjà entendu parlé de ces choses là avant, je savais qu'il y avait des gestes

à adopter. Ça faisait une piqure de rappel qu'était bonne pour tout le monde, même pourmoi : ça m'a donné encore plus envie d'adopter de nouveaux gestes. »

Les programmes de Seconde de 2002 de la matière "Éducation Civique, juridique et sociale"indiquent les termes suivants : "De la vie en société à la citoyenneté" qui s'entend comme étant "Ladécouverte de la citoyenneté (...) à partir de l'étude de la vie sociale que l'élève peut comprendrepour remonter, par analyse, à sa source politique et à sa construction dans le temps. Des objetsd'étude, choisis dans la vie sociale, servent de base à ce travail et permettent de faire découvrir parles élèves une ou plusieurs dimensions de la citoyenneté. (...) ." Quatre thèmes far appartiennent àcette matière : Citoyenneté et civilité, Citoyenneté et intégration, Citoyenneté et travail, Citoyennetéet transformation des liens familiaux. Les conseils fournis à Nicolas et ses camarades sur la façonde chauffer une maison se situent probablement dans le thème "citoyenneté et intégration". Letraitement de l'un de ces thèmes se traduit ensuite par la mise en place d'un débat, choisit par lesélèves et le professeur, à partir de l'actualité (le développement durable en faisant partie). Nicolas nesemblait pas se souvenir du débat en tant que tel mais davantage des questions posées. En revanche,les échanges ayant lieu en cours semblent l'avoir marqué.

De même, deux étudiants ingénieurs, Axel et Natacha, ainsi que Laure se souviennent uniquementde l'étude de la géologie au lycée ou à l'université en Sciences de la Vie et de la Terre (SVT). Nousnous référerons aux programmes du début des années 2000. La deuxième partie des programmes deSVT de 1ère S s'intitule "Structure, composition et dynamique de la Terre" et elle ne présente quedes caractéristiques de la planète : "Structure et composition chimique de la terre interne", "Lalithosphère et la tectonique des plaques"... En aucun cas, la protection de l'environnement ou leréchauffement climatique n'apparaît. On comprend pourquoi Axel, Natacha et Laure ontuniquement retenu ces éléments. Laure a aussi étudié en Licence de SVT. Elle a reçu deux aviscontradictoires sur le réchauffement climatique. Elle n'a pas su et ne sait toujours pas comment sesituer sur ce sujet. Si un professeur lui a inculqué que ce réchauffement était lié à l'activité humaine,un autre a souligné le contraire. Ce type de contradiction s'entend en écho avec l'attitude desmédias.

Même si les programmes scolaires des années 1990-2000 abordent le thème de l'environnement(pas forcément du développement durable), ils ne se traduisent pas véritablement pas deschangements fondamentaux de modes de vie. Ils participent cependant à la façon de penser del'individu : toutes les personnes interrogées se souviennent de sujets abordés.

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b) Centre de loisirs et de vacances

Ensuite, la fréquentation de centres de loisirs et de centres de vacances participe à la socialisation del'individu. Un centre de vacances peut être pris en charge par une association. En revanche, toutcentre de loisirs travaille en collaboration avec les élus d'une ville. Un projet éducatif ressort de ceséchanges. L'équipe d'animation (la direction et/ou les animateurs) élaborent ensuite un projetpédagogique qui déclinent des objectifs plus précis. Tout centre de vacances dispose également deson projet pédagogique. Le projet d'animation, véritable guide des activités, doit répondre auxobjectifs du projet pédagogique. A titre d'exemple, l'objectif d'un projet pédagogique peut être lesuivant : "Poursuivre des actions de sensibilisation à l'environnement". Dans le projet d'animation,cela se traduirait par des activités axées sur la fabrication d'objets à partir d'éléments naturels (petitmoulin à vent), l'apprentissage de la plantation, la découverte de la biodiversité ect. Dans lesentretiens, la satisfaction des activités au centre de loisirs ou de vacances est partagée par tous. Or,l'apprentissage sur le respect des autres, de l'environnement ou du patrimoine l'est nettement moins.En effet, sur les six individus ayant été accoutumés aux centres de loisirs ou de vacances, seulementdeux se souviennent d'une socialisation plus précise.

D'une part, David est parti en centre de vacances dans le centre de la France, en montagne. Lethème du séjour était axé sur "Découverte du patrimoine". Ce séjour a accru sa curiosité sur lepatrimoine et l'architecture des bâtiments. D'autre part, quand elle partait en vacances chez son père,tous les étés, Sophie se rendait au centre de loisirs (de ses 8 à ses 12 ans). Sans avoir été sensible aupatrimoine comme David, elle se souvient de rituels propres à l'hygiène, à l'entraide, au rangementdu matériel et au fait de placer les déchets à la poubelle :

"– T'as des souvenirs qu'ils aient pu te sensibiliser à respecter l'environnement, à respecter la

nature ?– Les papiers, il fallait tout le temps les mettre dans la poubelle. Quand on faisait une activité,

il fallait tout ranger, tout remettre à sa place. Se laver les mains avant de manger. C'était lerituel : on met son manteau, on se lave les mains puis on va manger. On débarrasse aussi,on sert les autres. Par rapport à l'environnement, je me souviens que des déchets à mettre àla poubelle."

Cette fréquentation régulière du centre de loisirs développe chez tout enfant l'apprentissage del'entraide, du savoir-vivre ensemble, du respect de l'autre, du matériel et de l'environnement. Lesautres individus n'ont pas parlé de ces notions. Pour autant, ces éléments devront davantage être prisen compte par les villes au vue de l'enjeu que représente le développement durable.

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c) Expériences professionnelles diverses

Enfin, les expériences professionnelles (stages, emplois) de l'individu participent aussi à sasocialisation au développement durable. Des socialisations différentes apparaissent selon lesgroupes professionnels.

Tout d'abord, les quatre étudiants ingénieurs d'École Centrale reçoivent une formation spécifiqueaxée sur le développement durable. Ils visitent des entreprises et reçoivent des professionnels de cedomaine. Les étudiants ont aussi réalisé des stages dans le cadre de leur formation. Ces stages leurpermettent d'obtenir une vision concrète du travail d'ingénieur axé sur le développement durable. Atitre d'exemple, Jean-Philippe, en 2009, a réalisé un stage dans une entreprise de conseil. Iltravaillait dans la cellule "Développement Durable" de l'entreprise. Il a réalisé une évaluation deperformances environnementales de bâtiments.

Ensuite, trois volontaires du service civique et Fatima sont animateurs pendant les vacancesscolaires. Les interroger sur les valeurs qu'ils transmettent aux enfants était aussi une façon deconnaître leurs priorités. Fatima est la seule à insister sur les informations à transmettre auxadolescents sur l'ouverture européenne et internationale de Nantes. Sophie et Nicolas soulignent enpriorité l'apprentissage des règles de vie en collectivité tels que le respect d'autrui, l'entraide... Lerespect de l'environnement se traduit par l'obligation de jeter ses papiers à la poubelle : "Sur laquestion du tri, on a fait des trucs simples. Mais sinon, c'était surtout à nous de leur remarquer leschoses lorsqu'il y a un truc qui nous convenait pas, ou ils font un truc qu'est pas normal : un papierde gâteau, il le jette par terre, hop tu reprends l'enfant, tu lui expliques. C'était pas un gros truc axésur l'écologie" (Nicolas, 19 ans, Unis-Cité). David a travaillé en tant qu'animateur dans un centre devacances au Canada. Il insiste sur plusieurs valeurs : la vie en collectivité, "la débrouille" entenduecomme la vie dans la nature accompagnée d'un matériel très rudimentaire, l'auto-gestion et lerespect de la nature.

Également, Mathieu et Chantal interviennent dans le projet Média-Terre à Unis-Cité, qui lessocialise sur des éco-gestes à adopter. Le projet se base sur le porte à porte auprès de personnesissues de quartiers défavorisés (type Bellevue) pour leur expliquer comment adopter ces gestes. Cesvolontaires sont plus enclins que d'autres à privilégier ces pratiques au quotidien.

Depuis 2008, Fatima travaille au sein de la société « AlloRadioTaxi » à Saint Herblain, commestandardiste. La société réalise le tri des déchets, elle est donc contrainte de l'effectuer. De même, unéchange avec une collègue l'a induit à réfléchir sur les produits biologiques. Cet exemple illustreque sans recevoir une formation sur le développement durable, les échanges informels participent àla socialisation : « Avant hier, on en parlait au travail, et j'ai une collègue qui ne prend que desproduits bio. Elle expliquait que c'était plus sain, peut-être plus cher mais ça valait le coup, car il ya plein de pesticides sur les autres. Ça m'a fait un peu réfléchir, je l'ai expliqué à ma mère. Elle m'adit qu'elle fera attention la prochaine fois. »

Enfin, Melody et Anne, stagiaires au sein de l'École de la Deuxième Chance, apprennent la vie degroupe, apprentissage quasiment nouveau pour certains d'entre eux.

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Donc, le parcours scolaire de chaque individu (étudiant, volontaire du service civique...) induisentune sensibilité particulière à l'environnement et au vivre-ensemble. Les voyages qu'un individu a puréaliser au cours de sa vie jouent aussi un rôle.

D- Perception du développement durable grâceaux voyages réalisés

Les voyages réalisés par les individus sont également des sources de socialisation. Ces voyages nesont pas perçus de la même façon selon les personnes et selon la durée du séjour. Ils engendrentaussi des points de vue divergents. Sauf Anne, tous ont connu d'autres villes que Nantes. Nous netraiterons que des voyages ayant été significatifs dans la vie de la personne. La question que je leurposais était récurrente : "Qu'est-ce qui t'aurait marqué ?". Là aussi, je ne souhaitais pas guider lapersonne dans sa réponse. Des intérêts divergents apparaissent sans similarités sociales et sexuéesprécises. Tout d'abord, le fonctionnement du pays est souligné. Ensuite, est mis en avant lecomportement des individus dans le pays (individus stressés ou chaleureux). Enfin, le fait d'avoirvu, voire vécu des situations de pauvreté au cours d'un voyage, permet de relativiser sur la vie enFrance.

Tout d'abord, plusieurs thèmes sont liés au fonctionnement d'une ville : l'absence de voitures, lavalorisation des transports en commun, " l'organisation " de la ville et le respect de l'environnementsont appréciés. Fatima, animatrice, a souligné l'absence de voitures dans le centre-ville deStrasbourg et Nicolas, volontaire du service civique, à Munich. Ils ont apprécié de se déplacer dansun centre-ville sans véhicules et souhaitent que cela se produise aussi à Nantes. De plus, à laToussaint 2010, Jean-Philippe, étudiant ingénieur, est parti trois jours à Stockholm (en Suède) ettrois jours à Copenhague (au Danemark) pour rendre visite à des amis. Le fonctionnement de laville de Stockholm renverrait à un « modèle scandinave »: cette ville serait propre, sans pollution etplus "organisée" que les villes françaises. Il apprécie aussi l'architecture en bois, assez peudéveloppée en France et notamment à Nantes.

De même, Vicky, étudiante, a vécu à Séville jusqu'à ses 26 ans et oppose radicalement cette ville àNantes du point de vue de son "organisation". Il aurait été intéressant d'approfondir ce que chacunentendait par cette notion : « A Séville, toutes les choses sont très chaotiques, tous les transports,c'est... Par exemple, les chantiers, c'est très chaotique. Quand t'arrives ici, c'est tout : très ordonné,très structuré, tout fonctionne bien ! (…) » . De plus, l'été 2008, David, volontaire du servicecivique, est parti travailler au Canada où il a constaté la propreté et le respect de l'environnement. Ila fourni des critiques très précises de Nantes. Enfin, Natacha et Jean-Philippe se sont rendus enAngleterre dans le cadre de leurs études (stage). Si Jean-Philippe se souvient de la tarification pouraccéder au centre-ville (idée qu'il a d'ailleurs proposé pour Nantes), Natacha a mis en avant d'autreséléments. L'importance du réseau de transports en commun (en car) et la faiblesse du prix proposélui ont permis de se déplacer facilement : " En Angleterre, le réseau de cars est beaucoup plusdéveloppé qu'en France. Ici, moi, j'ai découvert récemment où était la gare routière à Nantes. EnFrance, t'as pas le réflexe de prendre le bus alors qu'en Angleterre, ils le prennent plus parce quec'est moins cher." Elle avait clairement mentionné le souhait d'un développement du réseau detransport en commun, à Nantes.

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Ensuite, les attitudes individuelles selon les pays ne sont pas les mêmes. Des perceptions différentesen ressortent. Axel et Mathieu ont voyagé dans plusieurs pays avec leur famille. Ils étaient tous lesdeux sensibles à l'ouverture d'esprit et l'attitude chaleureuse des personnes. Axel est allé enNorvège, au Brésil, en Grèce et au Pérou. Il souhaite s'engager dans l'humanitaire en AmériqueLatine. A titre d'exemple, la Norvège l'a marqué s'agissant de l'honnêteté des personnes et del'absence de craintes de vols : « Ce qui m'a marqué, c'est la mentalité des Norvégiens. Ils laissentles clés sur la voiture à un parking, si jamais elle dérange, que les gens puissent la bouger. (…) Ilsont des routes en terre qu'ils doivent entretenir. Ils mettent des petits péages à l'entrée de ces routeslà. Il y a personne qui garde le péage. T'arrives, tu mets de l'argent et tu pars mais personne vérifiece que t'a mis et tu pourrais rien mettre, personne le verrait ! Sauf qu'ils le font tous, ils mettenttous de l'argent. Ça, ça m'a vraiment marqué. ». De même, Mathieu a voyagé en Crète et enIrlande. En Irlande, il a véritablement apprécié l'absence de barrières sociales dans les pubs où toutle monde s'y réunit pour boire une bière. Il a souvent remis en cause les catégories sociales de notresociété, notamment en remettant en cause la démocratie participative qui rassemble des individusissus de mêmes groupes sociaux.

Enfin, la pauvreté au cours de voyages a aussi pu marquer les souvenirs individuels : au Sénégal, auMaroc, en Hongrie et en République Dominicaine mais aussi en France. Melody, stagiaire à l'Écolede la Deuxième Chance, a vécu en caravane avec sa famille. Ils ont voyagé dans la France entière etmême à l'étranger (Maroc et Hollande). Ayant vécu dans une situation précaire, elle expliqueclairement avoir appris à se débrouiller malgré les difficultés du quotidien :"Oui, des sacréssouvenirs de paysages, de personnes que j'ai rencontrées là-bas. Des souvenirs de prudence, tudeviens plus prudent car tu connais plus de choses que d'autres personnes. (...)". David a lui aussivécu dans des conditions difficiles à Luçon. Son appartement n'était pas correctement isolé et il a duaffronter l'hiver malgré tout: " Quand tu vis ce genre de choses, je suis contente de les avoir vécues,ça permet de relativiser sur plein de choses et c'est bien. (…) J'ai passé l'hiver à dormir habillé ouavec des grosses couvertures, tu te débrouilles ! (…) ». David et Melody ont tous les deux mis enavant la nécessité de veiller à son argent désormais et pas forcément à l'environnement.

Donc, les différents endroits vus et vécus par les personnes forgent leurs façon de penser sur ledéveloppement durable. Les voyages dans des pays situés en Afrique permettent, un instant dumoins, de relativiser sur la richesse et le confort de vie propre à la France et à Nantes. De même, lefait d'avoir vécu dans des conditions matérielles particulières (caravane par exemple) permet derelativiser sur sa situation actuelle. Cela permet aussi de comprendre où réside l'absence depréoccupation pour l'environnement pour certains individus. En revanche, les pays du Nord sont desexemples d'ouverture d'esprit, de chaleur humaine et d'avancées en matière de développementdurable qui ne se retrouvent pas en France, et là encore à Nantes. Les individus, sensibles auxmentalités dans d'autres pays, sous-entendent que les français sont moins ouverts d'esprit, moinssensibles à l'entraide, la solidarité et à la cohésion. Ces notions, sous-jacentes au développementdurable, sont complexes à élaborer. Elles sont liées à la culture du pays. Tout pays évolue selon sapropre histoire. La notion de mixité sociale, prônée depuis les années 2000 par les pouvoirs publicsest donc complexe à envisager. Même si des aménagements favorisent cette mixité, cela ne signifiepas un changement des mentalités au quotidien. Une évolution des mentalités se réalise au fur et àmesure des années.

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Le développement durable s'entend aussi comme une notion par laquelle l'individu est socialisédepuis son enfance jusqu'à maintenant par différents milieux : la famille, l'école, les médias... Plusun individu est issu d'un positionnement social élevé, plus il est conscient de l'enjeu dudéveloppement durable. L'action de Nantes Métropole pour sensibiliser ses habitants audéveloppement durable est aussi à prendre en compte.

Socialisation au développement durable parle territoire

A- Comment transmettre l'information auxhabitants ?

Nantes Métropole intervient dans la socialisation de ses habitants au développement durable. Plus ladémarche de concertation dans une collectivité est présente, plus elle communiquerait ses mesuresaux individus et plus elle les sensibiliserait vis à vis du développement durable. La décentralisation,loi votée en 1982 en France, a transféré des compétences auparavant propres à l'État auxcollectivités territoriales. Un enjeu réside à partir de ce transfert : les collectivités doivent saisircette opportunité pour favoriser une communication de proximité, permettant l'échange entre lecitoyen et la ville. Or, un individu est surtout informé de façon unilatérale (sans possibilitéd'échanges) à travers multiples supports que nous expliquerons. En revanche, le Conseil deDéveloppement et les Conseils de quartier sont des instances permettant un échange réciproque. Deplus, le Conseil de développement, structure de démocratie participative, intervient dans le cadre dela problématique du développement durable. Certes, structure de démocratie participative maiscomment cela se traduit-il concrètement ? Tout individu dispose-t-il d'autant de probabilitésd'affirmer son opinion pour améliorer le fonctionnement de sa ville ? Nous nous appuierons sur lesquatre observations réalisées lors des séances de travail avec les volontaires du service civique.

D'une part, Nantes Métropole transmet des informations sur le développement durable à seshabitants via plusieurs dispositifs. Tout d'abord, le courrier reçu par chaque habitant comporte desinformations locales : Nantes Passion à titre d'exemple. Le questionnaire de "Ma Ville Demain"propre à la démarche du projet de territoire était diffusé dans le journal de Nantes Métropole (aussisur internet). Trop souvent glissé entre deux courriers, il termine à la poubelle. Ce questionnaireintitulé "Ma Ville Demain" servirait de base aux élus pour élaborer le projet de territoire. De même,la carte de Tri-sacs qui permet de prendre ses sacs gratuitement est envoyé par courrier. Enrevanche, cette carte se glisse parmi les multiples publicités et finit là aussi à la poubelle, sansmême que l'habitant ne la remarque : " On a peut-être reçu un papier... Mais tu le reçois deuxsemaines à l'avance, moi j'avais zappé !" (Natacha, 22 ans, étudiante à École Centrale)

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Ensuite, de nombreuses entrées d'immeubles disposent d'un affichage sur le tri des déchets (où seles procurer, quand, comment ?). En revanche, les habitants de pavillons ne disposent pas de ce typed'informations. Pendant la semaine du développement durable en 2011, nombreux affichages enville ont été diffusées. Ils étaient axées sur les économies financières. Le message suivant étaitinscrit :"Le développement durable, pour le fric, c'est déjà bien" accompagné d'une photographied'un homme d'une trentaine d'années, le visage neutre, sans expression. Ce type de slogan ouvre unenouvelle façon de sensibiliser au développement durable pour toucher le quotidien des personnes.Pour autant, cette campagne ne fut pas prônée lors de la journée de l'Agenda 21. Également, desévénements culturels socialisent au développement durable, à titre d'exemple le festival Ecolo'tidieneut lieu du 28 mars au 9 avril 2011, à Nantes. Diverses actions étaient organisées : concerts, petitdéjeuner biologique, défilé de vêtements fabriqués à partir de produits biologiques...

Les sites internet de la ville de Nantes et de Nantes Métropole sont aussi des sources d'informationtrès enrichissantes sur le développement durable. Mais ils nécessitent un effort de la part du citoyen.Multiples informations sont communiquées allant d'une cartographique du réseau Bicloo à la mise àdisposition de fiches-pratique sur la façon de favoriser la biodiversité dans son jardin, de sedéplacer... Ce sont des fiches "éco-gestes". A titre d'exemple, l'une s'intitule : " L'alternative à lavoiture, les transports en commun". Elle illustre une cartographie du nombre de kilomètresparcourus des communes de l'agglomération au centre-ville nantais. Or, tout individu ne réalise pasforcément ce trajet tous les jours. De même, la personne est amenée à calculer le coût financier deson trajet en voiture à l'aide d'un "écocalculateur". Or, il aurait été judicieux d'insister également surle gain de temps permis selon les moyens de déplacement. Sur le site internet, un numéro detéléphone est aussi à disposition des citoyens pour appeler le service "AlloClimat" et obtenir desinformations sur la façon de réaliser des économies d'énergie. De même, fin 2011, la ville de Nantess'ouvrira à l'open data : c'est l'accès pour tout citoyen aux données publiques. Les trois premierschamps de données retenus sont la mobilité, l’environnement et la culture. Le Plan Climat etl'Agenda 21 sont également mis à disposition sur internet. Or, ils ne sont pas aussi détaillés que surleur support papier. Ces documents sont présents au Conseil de Développement, autre instanceéducative du développement durable. Cette structure s'inscrit aussi dans la démarche de cettethématique : la démocratie participative.

B- Le Conseil de Développement

a) Présentation générale de la structure.Le Conseil de Développement, institué depuis la loi Voynet de 1999, est la structure de démocratieparticipative de Nantes Métropole. Cette organisation était présente depuis 1996 sous un autreappellation : la Conférence Consultative d'Agglomération. Cette structure est composée de sixdélégations : Ambition et attractivité, Économie, Emploi et Développement, Modes de vie,comportements sociaux, Territoires de vie quotidienne (Déplacements, Urbanisme, Habitat,Prévention des risques, Déchets...), Enjeux du développement durable (économiques, sociaux etenvironnementaux), Nouveaux médias, nouveaux réseaux numériques et le Pôle de réflexionterritoriale sur le sport. Chaque délégation est dirigée par deux ou trois personnes qualifiées dans ledomaine. Le Conseil de Développement organise des assemblées consultatives où tout citoyen estconvié à émettre son avis et à débattre sur un sujet. Des rencontres sont aussi organisées avec despersonnalités économiques, politiques... telles que le Directeur Général des Services de Nantes, leVice-Président de Nantes Métropole, chargé des déplacements, des enseignants de sociologie, ledirecteur de publication de la revue Alternatives Économiques...

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Mr Audic est le président du Conseil de Développement et de multiples autres structures. CeConseil est aussi composé de deux permanents : Gabriel Vitré et Brigitte Simon. Mr Vitré s'occupedavantage de la rédaction de multiples comptes-rendus et des discours de Mr Audic. Ainsi, lors desréunions, il accompagne le président mais ne prend pas la parole au début des assemblées. MmeSimon s'occupe du budget du Conseil, de la partie secrétariat (téléphone, réponse aux mails...).Avant les réunions au Centre de Communication de l'Ouest (CCO), elle prépare les salles. Pendantles réunions, elle a le micro en main pour permettre aux citoyens de s'exprimer. A la fin d'uneséance, elle s'occupe du don de tickets et de cartes de stationnement. Toute personne membre duConseil qui se déplace a droit à deux tickets pour utiliser les transports en commun et un bon destationnement pour ne pas payer. C'est une façon d'inciter l'individu à se rendre gratuitement auxassemblées organisées.

b) Séances de travail avec Unis-CitéAvant le début de mon stage, Mr Vitré m'avait expliqué que plusieurs séances de travail avec legroupe Unis-Cité auraient lieu. Deux réunions s'étaient tenues en décembre 2010 et en janvier 2011pour expliquer l'organisation des séances de travail. Ne connaissant pas encore le positionnementsocial des individus, ni le déroulement d'une séance, il m'était complexe de réaliser deuxobservations. Par la suite, plusieurs réunions ont été planifiées. Chaque séance de travailrassemblait entre cinq et huit volontaires du service civique pour débattre sur un thème particulier :Habitat, Développement durable, Mobilité, Rapport à la loi... Avant chaque séance, Mr Vitrérédigeait un guide du travail à réaliser par chacun. Il m'a très souvent consultée pour que je luifournisse mon avis. L'ensemble des observations a eu lieu entre février et mars. Les volontaires duservice civique se connaissent depuis septembre 2010, soit car ils travaillent dans la même équipeou car ils ont pu échanger plusieurs fois lors des soirées organisées.

Les quatre séances se sont déroulées de la même façon. Au début, Mr Vitré prenait la parole et unou deux membres du Conseil l'accompagnaient. Il présentait le déroulement de la soirée : pendanttrente minutes, les volontaires restaient avec moi pour débattre librement. Le guide fourni présentaitun jeu de rôles. A titre d'exemple, la séance de travail axée sur l'habitat plaçait les volontairescomme des urbanistes chargés de construire une ville (Edenland). Pendant une demie-heure, jerestais avec les volontaires soit en essayant de conduire le débat ou au contraire de les laissers'exprimer librement. J'essayais aussi de distribuer la parole aux personnes qui ne la prenaient pasou peu d'elles-même. Après ces échanges libres, Mr Vitré et les autres membres du Conseilrevenaient dans la salle. Un compte-rendu des idées essentielles était présenté et s'en suivait undébat plus approfondi d'une heure. A la fin, un sandwich et une boisson étaient proposés auxvolontaires du service civique. Comme disait Mr Vitré, "tout travail mérite salaire". Cette fin deréunion permettait de poursuivre quelques échanges dans un cadre moins formel. C'est aussi aucours de ces fins de réunions que quelques individus confessaient la joie de participer à ce typed'expérience (être consultés).

D'une part, des facteurs sociaux influent sur la capacité et la volonté de chacun de s'exprimer enpublic : le niveau d'études, l'investissement associatif et parfois le sexe jouent un rôle. Plusieurstableaux seront présentés selon les séances de travail. Dit autrement, le point de vue des individusissus d'un positionnement social élevé est accepté, ce qui inciterait les personnes issues d'un statutinférieur à se taire. D'autre part, sans se centrer sur chaque séance en particulier, le processusinteractionnel est à étudier : la peur de s'exprimer devant autrui, le débat en lui-même avec sesformes de leadership et les décisions finales retenues.

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Facteurs sociaux

Séance "Modes de vie, transports"

Le guide rédigé par Mr Vitré expliquait que les volontaires devaient se glisser dans la peau d'éluspour élaborer la politique de transports de Nantes en tenant compte de certaines contraintes(environnementales notamment). Le guide proposait une opposition entre deux groupes sur les idéesà proposer. En revanche, cette opposition n'a duré que cinq minutes. Rapidement, chaque individus'est conformé à ses idées et a réalisé la complexité de défendre un jugement qui n'est pas forcémentle sien. Il y avait quatre garçons et trois filles. Tout d'abord, les garçons sont plus nombreux àutiliser régulièrement leur vélo, ce qui justifie une attente précise sur ce sujet. En revanche, les fillessont les premières à penser à autrui et en particulier aux personnes âgées et handicapées dansl'utilisation des transports en commun. Ensuite, la répartition de la durée de parole et des thèmesabordés selon le niveau de diplôme montre clairement que plus une personne est diplômée, plus elleest à même de s'exprimer longtemps sur un sujet. La seule personne qui n'est pas diplômée a pris laparole pendant moins de trente secondes. A l'inverse, les personnes ayant réalisé des étudessupérieures ont parlé pendant plus de douze minutes ! La pertinence des idées proposées est assezbien répartie entre les titulaires de diplômes d'un niveau moyen et ceux d'un niveau supérieur.Enfin, l'investissement associatif humanitaire et social joue aussi un rôle, davantage sur la durée deparole que sur le contenu abordé. Les trois tableaux ci-dessous soulignent les idées évoquées.

Temps de parole et contenus abordés selon le sexe :

Sexe Thèmes abordés DuréeGarçon - Absence de voitures, en réglementant progressivement le centre-ville, par

l'implantation de zones. - Implantation massive de parkings sur la périphérie et utiliser l'auto-partage(avec d'autres voitures). Il serait complexe de créer un nombre trop importantde parkings car cela impliquerait une hausse des impôts.- Gratuité des transports.- Sécurisation d'abris pour les vélos en particulier dans le centre-ville.- Sensibiliser les conducteurs à adapter leurs conduites en cas de présence depersonnes âgées dans le bus (suite à la proposition des filles)

7 minutes

Fille - Des tramways et des bus en circulation toute la journée.- Ré-utilisation d'un ticket qui n'est pas totalement "consommé" par une autrepersonne : le don de ticket. Cette pratique se fait à Rennes mais elle n'est pasimposée par la ville : solidarité. - Il faut faciliter l'accès de toute personne au tramway : aux personneshandicapées et aux personnes âgées.- Mise en place à l'année de "taxi-vélos" (comme en Chine)- Étendre le réseau des bicloo en dehors du centre-ville- Financer des recherches dans les voitures qui polluent moins.

10minutes

et 25secondes

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Temps de parole selon l'investissement associatif :

Investissement associatif Durée de paroleAssociation humanitaire ou sociale 15 minutes

Association culturelle (musique) 50 secondesAucun investissement associatif 25 secondes

Temps de parole et contenus abordés selon le niveau de diplôme :

Niveau de diplôme Thèmes abordés DuréeBrevet des Collèges ou

moinsPas de crainte d'utiliser le plus possible sa voiture car

proximité avec autrui non agréable dans les transports encommun.

25secondes

CAP, BEP, BrevetProfessionnel ou

Baccalauréat

- Absence de voitures en réglementant progressivement lecentre-ville, par l'implantation de zones.- Augmentation des impôts avec la création de parkings enpériphérie.- Ré-utilisation d'un ticket qui n'est pas totalement"consommé" par une autre personne : le don de ticket, commec'est le cas à Rennes. - Il faut faciliter l'accès de toute personne au tramway : auxpersonnes handicapées et aux personnes âgées. Sensibiliser lesconducteurs à adapter leurs conduites en cas de présence depersonnes âgées dans le bus.- Des tramways et des bus en circulation toute la journée.- Mise en place à l'année de "taxi-vélos" (comme en Chine)

3minutes

et 10secondes

Baccalauréat + 2 ans,voire plus

- Absence de voitures.- Il faut contraindre les individus pour qu'ils changent leurcomportement.- Étendre le réseau des bicloo en dehors du centre-ville- Implantation massive de parkings sur la périphérie et utiliserl'auto-partage (avec d'autres voitures). - Gratuité des transports- Sécurisation d'abris pour les vélos en particulier dans lecentre-ville- Financer des recherches dans les voitures qui polluent moins.

12minutes

et 35secondes

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Séance "Projection, Modes de vie"

Il y avait quatre garçons et quatre filles. Les volontaires du service civique étaient placés dans unesituation d'interview, par groupe de deux : l'un était journaliste, l'autre, la personne interviewée surdifférents sujets (lieu de vie, emploi...). Les rôles étaient ensuite inversés. Je n'ai pas observé leséchanges réalisés par deux car je m'intéressais uniquement au débat. Je me suis en revancheconcentré sur le débat instauré par Mr Vitré : ce débat partait des réponses aux différentes questions.Trois tableaux seront également présentés pour souligner que le sexe, le niveau de diplôme etl'investissement associatif influent sur la prise de parole. La séance se focalisant sur les projectionspersonnelles, quelques thèmes abordés sont retenus. Les volontaires du service civique dressent unportrait assez noir de la société française sous plusieurs aspects : la société et les personnes aupouvoir, la société de consommation et le monde de l'entreprise. Ces volontaires ayant fait le choixde s'investir dans le monde associatif, ceci explique la remise en cause de ce secteur.

Tout d'abord, si cette dénonciation est commune aux deux sexes, des constats différentsapparaissent sur certains domaines. Selon les garçons, la société est individualiste. Les fillesinsistent sur le développement des classes moyennes dans la société. Autrement dit, elles évoquentl'aspect collectif. Selon un garçon, les personnes au pouvoir, issues de milieux aisés, ne sont pas àmême de comprendre les classes populaires. Or, une fille pointe l'accent ailleurs : elle estime qu'unepersonne est au pouvoir pour afficher sa puissance, et pas forcément dans l'optique de défendre lebien-être général. C'est une façon totalement opposée de considérer le pouvoir. Ensuite, les garçonsrevendiquent les licenciements abusifs en entreprise et le manque de relations en son sein. La notionde productivité effraie les filles. Enfin, l'un des garçons souhaite partir de la France pour ne pasvivre dans un pays dépendant des nouvelles technologies. Ces nouvelles technologiesengendreraient une aliénation de l'homme à la machine. Les filles critiquent le fonctionnementactuel de la société de consommation (acheter toujours plus) qui ne satisfait pas pour autantl'amélioration des conditions de vie.

Puis, plus le niveau de diplôme s'accroît, plus le temps de parole augmente. De même, les contenusabordés diffèrent. Tout d'abord, les critiques de la société et du pouvoir se fondent à deux niveauxde diplômes radicalement opposés : l'individu très peu diplômé critique l'injustice du pouvoir et lapersonne davantage diplômée insiste sur le faux souhait de protéger les citoyens français. Cettepersonne a réalisé des études en sociologie et adopte un regard différent vis à vis des autres.Ensuite, la vision du monde de l'entreprise diffère. Parmi les personnes ayant réalisé deux annéesd'études supérieures après le baccalauréat, deux ont étudié dans le domaine du commerce. Ellesfuient ce domaine. A l'inverse des autres personnes, elles ont pu donner des exemples concretsauxquels elles ont été confrontés pendant leurs stages. Le garçon qui n'a pas de diplôme critique laperte d'emploi liée à l'entreprise alors que les autres personnes insistent sur les conditions de travail.Enfin, de façon assez contradictoire, plus une personne est diplômée, plus elle critique les nouvellestechnologies alors qu'elle en est dépendante.

Enfin, l'investissement associatif joue aussi un rôle sur le temps de parole. C'est surtoutl'investissement dans une association humanitaire ou sociale qui influe sur la durée de parole del'individu. Les trois tableaux ci-dessous soulignent les idées précédemment évoquées.

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Temps de parole en fonction de l'investissement associatif :

Investissement associatif Durée de paroleAssociation humanitaire ou sociale 4 minutes

Association culturelle (musique) 2 minutesAssociation sportive 2 minutes et 40 secondes

Aucun investissement associatif 2 minutes et 35 secondes

Temps de parole et contenus abordés en fonction du sexe :

Sexe Thèmes abordés Durée deparole

Garçon - Souhaits : vivre correctement sans "entuber" les gens, aider les autres, nepas vivre en HLM ou vivre dans un village, en Afrique. - Salaire exigé à l'avenir : 1500 euros. - Dénonciation de la société et du pouvoir : La société est plus individualiste.Il y a beaucoup de divorces. Les personnes au pouvoir sont issues de milieuxfavorisés et ne peuvent pas comprendre les personnes vivant dans desmilieux défavorisées : peuvent -ils savoir ce dont le peuple a besoin ?- Dénonciation de la société de consommation : aliénation de l'homme à lamachine. L'un des garçons fuit les pays avec les avancées technologiques,c'est là il envisage d'aller, dans un village- Critique du monde de l'entreprise : Moins d'aspects relationnels dans uneentreprise. Licenciements abusifs en entreprise. - Avant, c'était plus normal de reprendre le métier de ses parents, maismaintenant, on peut évoluer personnellement.

5 minuteset 30

secondes

Fille - Souhaits : -Vivre en milieu rural (elle vient de la campagne) pas enappartement :"oppressée, je me sentirai pas bien du tout !") - un travail qui demande du mouvement "envie de bouger sur leterrain, de rencontrer du monde, de partager, ne pas être à un bureau faire dela compta" - participer au bien-être de la collectivité

- Salaire exigé : un peu plus que le SMIC

- Critique de la société et du pouvoir : Les personnes au pouvoir n'ont pasforcément de valeurs, cela vient plus de leur volonté d'être dirigeant. Il y a deplus en plus de classes moyennes

- Critique de la société de consommation : on parle de développementdurable mais on arrête pas de créer, de faire des objets qui durent de moinsen moins longtemps. Ce n'est pas par la consommation qu'on améliore lesconditions de vie

- Critique du monde de l'entreprise : la notion de productivité n'est pasappréciée. Une entreprise parle "commerce".

4 minutes

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Temps de parole et contenus abordés en fonction de niveau de diplôme :

Niveau de diplôme Thèmes abordés Durée deparole

Brevet desCollèges ou moins

Souhaits : ne plus vivre en HLM et un salaire de 1500 euros.

Critiques très radicales sur la société et le pouvoir : la sociétéest plus individualiste et les gens au pouvoir sont issus demilieux favorisés et ne peuvent pas comprendre les personnesvivant dans des milieux défavorisées : comment ils peuventsavoir ce dont le peuple a besoin ?

Licenciements abusifs en entreprise.

Une minuteet 5O

secondes

CAP, BEP, BrevetProfessionnel ou

Baccalauréat

Souhaits : -Vivre en milieu rural (elle vient de la campagne)pas en appartement :"oppressée, je me sentirai pas bien dutout !") - un travail qui demande du mouvement "envie debouger sur le terrain, de rencontrer du monde, de partager, nepas être à un bureau faire de la compta" - aider les autres ou vivre dans un village, enAfrique. - salaire un peu plus élevé que le SMIC

Critique de la société de consommation : fuir cette société

Critiques du monde de l'entreprise : moins d'aspectsrelationnels

Avant, c'était plus normal de reprendre le métier de sesparents, mais maintenant, on peut évoluer personnellement.

3 minutes

Baccalauréat + 2ans, voire plus

Souhaits : - Vivre correctement sans entuber les gens. - participer au bien-être de la collectivité

Critiques de la société et du pouvoir : il y a de plus en plus declasses moyennes, les personnes au pouvoir n'ont pasforcément de valeurs, cela vient plus de leur volonté d'êtredirigeant

Critique de la société de consommation : aliénation del'homme. De plus, on parle de développement durable mais onarrête pas de créer, de faire des objets qui durent de moins enmoins longtemps. Ce n'est pas par la consommation qu'onaméliore les conditions de vie

Critiques du monde de l'entreprise : la notion de productivitédans l'entreprise. Une entreprise parle "commerce".

4 minutes et30 secondes

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Séance "Développement Durable – Indicateurs de richesse"

A l'inverse des deux autres séances, ici, des questions plus larges étaient posées aux volontaires duservice civique. Ces questions les ont conduit à mobiliser des idées issues du discours commun etdes médias, davantage que les autres groupes. Voici les questions qui étaient posées :

« Pour vous, qu'est-ce qu'une vie réussie ?Que signifie le mot "valeurs" ? Quelles sont celles que vous aimeriez transmettre à vos enfants ?Qu'est-ce qui vous rend heureux aujourd'hui ? Et pour demain ?A l'inverse, qu'est-ce qui vous rend malheureux ?Qu'est-ce que vous inquiète le plus aujourd'hui ? »

Tout d'abord, il y a des intérêts divergents selon le sexe. Seul un garçon a définit précisément leconcept de valeur, qui a ensuite été retenu par tous. Les filles insistent sur l'aide à apporter auxpersonnes dépourvues de ressources (bénévolat), le fait d'être heureux au travail, sans que le tempsprofessionnel n'occulte trop celui passé avec sa famille. Les garçons abordent des idées plusgénérales : les valeurs de la République ou liées à la nature mais sans citer d'exemples concrets.Ensuite, le bonheur est vu différemment. Les filles centrent davantage leur définition sur le bonheurlié au rapport à autrui alors que les garçons insistent sur le bonheur personnel (ses propresexpériences). Enfin, les critiques de la société actuelle sont là aussi opposées. Les garçons remettenten cause des aspects beaucoup plus techniques et scientifiques que les filles (nouvellestechnologies, clonage...). Les filles ont mis en avant l'inquiétude vis à vis de l'individualisme et dela pauvreté en France. Ensuite, ici aussi, un niveau de diplôme plus élevé induit un temps departicipation plus conséquent. Les individus titulaires d'un CAP, d'un BEP ou ayant réalisé desétudes supérieures ont très largement abordé plus d'éléments sur leurs valeurs, le fonctionnementactuel de la société et leurs craintes. Enfin, l'investissement associatif intervient en moindre mesureici.

Temps de parole en fonction de l'investissement associatif :

Investissement associatif Durée de paroleAssociation humanitaire ou sociale 45

Association culturelle (musique) 4 minutes et 15 secondesAssociation sportive 5 minutes

Aucun investissement associatif 18 minutes et 20 secondes

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Temps de parole et contenus abordés en fonction du sexe :

Sexe Thèmes abordés Durée deparole

Garçon Définition précise du terme de valeur fournie par un garçon : «Valeur : compétences qui permettent de bien vivre en société et de garder sadignité. On peut s'y accrocher pour grimper ou faire un point sur sonparcours. Elles sont des aides au développement intérieur et extérieur. »

Valeurs : respect des autres, de la nature, des valeurs de la République et lasolidarité

Bonheur : s'amuser, vivre l'instant présent, accumuler des expériencessimples, les initiatives qui vont à l'encontre du capitalisme, être contentd'aller travailler le matin, la liberté (en France), la démocratie participative,la prise de conscience des personnes vis à vis du développement durable etimportance des associations.

Revendications : - Rejet des appareils électroniques (notamment des réseauxsociaux) par crainte d'une société trop dépendante à ces appareils - Remise en cause du clonage et des OGM - le dérèglement climatique et l'individualisme de la société.

L'avenir : Tous les garçons n'ont pas su fournir un métier précis. L'un ainsisté sur la notion de liberté au travail, de pouvoir travailler la journée ou lanuit.

19minutes et

30secondes

Fille Valeurs : Voyager, avoir un boulot dans lequel on s'épanouit, être libre,l'indépendance : savoir être libre, le sens critique, l'intégrité, lier vie privée etprofessionnelle, la solidarité à savoir apporter quelque chose, par lebénévolat et le don, protéger la planète

Bonheur : être en accord avec soit-même, ses valeurs, avoir une vie socialeépanouie et des projets d'avenir. Les projets mis en avant sont associatifs.

Crainte : la société de consommation (sans préciser quoi ?), l'obsession pourl'argent alors que d'autres vivent dans la misère et l'individualisme de lasociété

8 minuteset 40

secondes

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Temps de parole et contenus abordés en fonction de niveau de diplôme :

Niveau de diplôme Thèmes abordés Durée deparole

Brevet desCollèges ou moins

Valeurs : respect des autres, solidarité (sans exemple)

Bonheur : prise de conscience des personnes vis à vis dudéveloppement durable, être content d'aller travailler le matinet importance des associations.

Craintes : société individualiste.

3 minutes

CAP, BEP, BrevetProfessionnel ou

Baccalauréat

Définition précise du terme de valeur fournie par un garçon : «Valeur : compétences qui permettent de bien vivre en sociétéet de garder sa dignité. On peut s'y accrocher pour grimper oufaire un point sur son parcours. Elles sont des aides audéveloppement intérieur et extérieur. »

Valeurs : respect des valeurs de la République

Bonheur : la liberté (en France), la démocratie participative

Critique : - les réseaux sociaux (facebook) - Remise en cause du clonage et des OGMdérèglement climatique

Avenir : Il a insisté sur la notion de liberté au travail, depouvoir travailler la journée ou la nuit.

5 minutes

Baccalauréat + 2ans, voire plus

Valeurs : Voyager, avoir un boulot dans lequel on s'épanouit,être libre, savoir être libre, le sens critique, l'intégrité, lier vieprivée et professionnelle, la solidarité à savoir apporterquelque chose, par le bénévolat et le don, protéger la planète(sujet de controverse)., respect des autres, de la nature

Bonheur : s'amuser, vivre l'instant présent (sujet decontroverse), accumuler des expériences simples, lesinitiatives qui vont à l'encontre du capitalisme, être en accordavec soit-même, ses valeurs, avoir une vie sociale épanouie etdes projets d'avenir. Les projets mis en avant sont associatifs.

Craintes : - Rejet des appareils électroniques par crainte d'unesociété trop dépendante à ces appareils - Remise en cause du clonage et des OGM - le dérèglement climatique et l'individualisme de lasociété.

Crainte : l'obsession pour l'argent alors que d'autres viventdans la misère et l'individualisme de la société.

20 minutes

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Séance "Habitat – Urbanisme"

Les volontaires du service civique étaient placés dans la situation d'élus, chargés de l'aménagementd'une ville (Edenland) en tenant compte de contraintes telles que le réchauffement climatique,l'exigence des habitants ou la limitation de l'étalement urbain. Des idées variées sont apparuesnotamment sur la présence (ou non) d'un centre-ville, la localisation des commerces et l'absence (ounon) de voitures dans la ville. Trois thèmes communs ressortent des débats : les services proposés,l'habitat dans la ville et la mobilité.

Il y a des divergences selon les sexes. Tout d'abord, s'agissant des services proposés dans la ville, lesgarçons ont insisté sur une répartition de commerces (concentrés dans les quartiers ou situés à lapériphérie) alors que les filles ont mis en avant la présence d'équipements culturels. Une fille aenvisagé la question de la ségrégation de certains quartiers en fonction de l'offre culturelle proposéedans l'un et pas dans l'autre. Les filles sont aussi en désaccord sur la présence ou l'absence d'uncentre-ville. Ensuite, sur l'habitat, les garçons ont davantage relevé des aspects techniques etscientifiques (inondations, économie d'énergie, architecture...) alors que les filles ont songé àl'habitat à plusieurs : la mixité et le partage d'équipements. S'agissant de la mobilité, les garçons ontabordé l'interdiction ou non de la voitures dans la ville. Les filles se sont opposées sur la questiondu métro. Ensuite, le niveau de diplôme influe aussi le débat : plus une personne est diplômée, pluselle est à même de s'exprimer longuement. Beaucoup d'idées ont été proposées par les personnesdavantage diplômées. Enfin, l'investissement associatif influent sur le temps de parole de l'individu.Les trois tableaux présentés ci-dessous illustrent la situation.

Temps de parole en fonction de l'investissement associatif :

Investissement associatif Durée de paroleAssociation humanitaire ou sociale 6 minutes

Association culturelle (musique) 7 minutesAssociation sportive 6 minutes et 30 secondes

Non 4 minutes

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Temps de parole et contenus abordés en fonction du sexe :

Sexe Thèmes abordés Durée deparole

Garçon Quartiers répartis dans la ville, pas de centre-ville.

Habitat :

- Résidences de six étages maximum. - Référence au « principe allemand » : mettre de la verdure sur les toits, surles maisons pour que ce soit moins gris. Implanter des parcs. - Habitations basse consommation.- Variété des immeubles (anciens / neufs)-Solidarité de voisinage : aide auprès des personnes handicapées et âgéespour faire ses courses.- « on casse les stéréotypes » Mixité dans la ville partout (sans précisercomment)- Attention au fleuve, vis à vis des inondations : attention aux constructionsprès du fleuve, l'exemple de Rezé d'un parking souterrain de neuf étagesconstruit près de l'eau.

Services :

- Commerces soit en périphérie ou proposés dans chaque quartier. Pour avoirle temps de faire ses courses dans plusieurs boutiques différentes, il faudraitmoins travailler donc réduire le temps de travail... - Solidarité entre commerçants : des coopératives. A titre d'exemple, quinzebouchers achètent leur viande au même traiteur et ils divisent leur prix.Privilégier des commerces où tout bénéfice est partagé de façon équitableentre les salariés (« il faut pas que le patron garde ses tunes)- Entreprises à l'extérieur de la ville, en périphérie.

Mobilité :

- Transports en commun partout (tramways, bus, et fluvial)- Centre-ville entièrement piéton ou partiellement : voitures possibles maistaxées si des personnes extérieures au centre-ville veulent y venir ou non-commerçantes. - Ticket de transports obtenu grâce à un stationnement. - Proposer des vélos sous caution pour tout le monde. Privilégier les pistescyclables partout dans la ville, pour pouvoir circuler n'importe où. Des abrissécurisés pour les vélos.

Énergie : réduire le nombre de lampadaires.

10minutes

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Page 97: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Fille Deux idées opposées :

- Ville construite par quartiers, des commerces par quartiers. Chaque quartierdispose de ses propres commerces et ses propres équipements culturels. Or,apparaît aussi une méfiance : si chaque quartier a son propre équipementculturel, cela pourrait regrouper seulement une même population liée à cettespécialisation. De plus, la construction de quartiers créée de la« ségrégation » mais limite le lien entre les personnes. Il s'agirait deconstruire des quartiers proches pour favoriser ce lien.

- Une ville construite en étoile : un centre et des quartiers autour. Un centre-ville est important pour la cohésion pour la ville.

Services : - Rejet de la grande surface.- Essor des commerces de proximité.- Des services à disposition des individus pour les aider dans le port descourses ? (« Un Monsieur Cadis »)- Méfiance vis à vis du commerce en ligne qui empêche tout face à face avecle commerçant.- les petits services tels qu'une poste, une banque : dans la ville.- Entreprises à l'extérieur de la ville. Mettre en place du covoiturage ou descars pour que les personnes se déplacent, comme à Lyon. A Lyon, unevingtaine de cars part du centre-ville (des cars de 50 places) pour emmenerles personnes au travail.- Plus de structures pour trouver un emploi.

Habitat :- les immeubles en escaliers : un appartement au RDC avec un toit, et le toitde cet appartement sera la terrasse de l'autre avec son potager. - la mixité de l'habitat et sociale : personnes de différents âges, de différentesressources, et lier habitat et bureaux dans un même immeuble.- référence à Angers, un quartier pavillonnaire dans lequel une mêmeexpérience de partage d'équipements collectifs a été mise en place.- Des immeubles où des équipements collectifs sont partagés, types machinesà laver

Mobilité :- Transports en commun. Les transports limitent les longs trajets : des petitstrajets accumulés qui passent de quartier en quartier. - Le métro ? (sujet de controverse)- Pour le fleuve : des ponts pour piétons, comme à Lyon. Utiliser le Navibusentre chaque quartier, aménager les quais pour les pistes cyclables oupermettre le déplacement à pieds.

15minutes et

45secondes

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Page 98: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Temps de parole et contenus abordés en fonction de niveau de diplôme :

Niveau dediplôme

Thèmes abordés Durée deparole

Brevet desCollèges ou

moins

Oppositions : - Ville construite par quartiers, des commerces par quartiers. Chaquequartier dispose de ses propres commerces.- Un grand centre-ville.

plus de végétation, de parcs, réduire le nombre de lampadaires.

Services : - Commerces proposés dans chaque quartier. Pour avoir le temps defaire ses courses dans plusieurs boutiques différentes, il faudrait moinstravailler donc réduire le temps de travail... - Solidarité entre commerçants : des coopératives. A titre d'exemple,quinze bouchers achètent leur viande au même traiteur et ils divisentleur prix. Privilégier des commerces où tout bénéfice est partagé defaçon équitable entre les salariés (« il faut pas que le patron garde sestunes)

Habitat :- Solidarité de voisinage : aide auprès des personnes handicapées etâgées pour faire ses courses.

Mobilité : - Transports en commun partout (tramways, bus, et fluvial)- Favoriser le métro : il y a de l'espace, et il y a moins de bruit.- Tickets de transports obtenu grâce à un stationnement. - Proposer des vélos sous caution pour tout le monde. Privilégier lespistes cyclables partout dans la ville, pour pouvoir circuler n'importeoù.

7minutes

CAP, BEP,Brevet

Professionnelou

Baccalauréat

« on casse les stéréotypes » : mixité dans la ville partout sans précisercomment.

Habitat :- Attention au fleuve, vis à vis des inondations : attention auxconstructions près du fleuve, l'exemple de Rezé d'un parking souterrainde neuf étages construit près de l'eau.- Référence au « principe allemand » : mettre de la verdure sur lestoits, sur les maisons pour que ce soit moins gris,

Mobilité :- Transports en commun partout (tramways, bus, et fluvial)- Des abris sécurisés pour les vélos.

50secondes

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Baccalauréat+ 2 ans, voire

plus

Deux idées opposées :

- Ville construite par quartiers, des commerces par quartiers. Chaquequartier dispose de ses propres commerces et ses propres équipementsculturels. Or, apparaît aussi une méfiance : si chaque quartier a sonpropre équipement culturel, cela pourrait regrouper seulement unemême population liée à cette spécialisation. De plus, la construction dequartiers créée de la « ségrégation » mais limite le lien entre lespersonnes. Il s'agirait de construire des quartiers proches pour favoriserce lien.

- Une ville construite en étoile : un centre et des quartiers autour. Uncentre-ville est important pour la cohésion pour la ville.

Services : - Commerces soit en périphérie ou proposés dans chaque quartier.- Rejet de la grande surface.- Essor des commerces de proximité.- Des services à disposition des individus pour les aider dans le port descourses ? (« Un Monsieur Cadis »)- Méfiance vis à vis du commerce en ligne qui empêche tout face à faceavec le commerçant.- les petits services tels qu'une poste, une banque : dans la ville.- Entreprises à l'extérieur de la ville. Mettre en place du covoiturage oudes cars pour que les personnes se déplacent, comme à Lyon. A Lyon,une vingtaine de cars part du centre-ville (des cars de 50 places) pouremmener les personnes au travail.

Habitat : - Résidences de six étages maximum. - Habitations basse consommation.- Variété des immeubles (anciens / neufs)- les immeubles en escaliers : un appartement au RDC avec un toit, etle toit de cet appartement sera la terrasse de l'autre avec son potager. - la mixité de l'habitat et sociale : personnes de différents âges, dedifférentes ressources, et lier habitat et bureaux dans un mêmeimmeuble.- référence à Angers, un quartier pavillonnaire dans lequel une mêmeexpérience de partage d'équipements collectifs a été mise en place.- Des immeubles où des équipements collectifs sont partagés, typesmachines à laver

Mobilité :- Transports en commun partout. - Pour le fleuve : des ponts pour piétons, comme à Lyon. Utiliser leNavibus entre chaque quartier, aménager les quais pour les pistescyclables ou permettre le déplacement à pieds.- Centre-ville entièrement piéton ou partiellement : voitures possiblesmais taxées si des personnes extérieures au centre-ville veulent y venirou non-commerçantes.

15minutes

et 45secondes

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En conclusion, les trois graphiques ci-dessous illustrent le temps de parole selon le sexe, le diplômeet l'investissement associatif. Il est difficile de tirer une conclusion particulière propre au sexe ou àl'investissement associatif. En revanche, le niveau de diplôme joue un rôle sur le temps de parole :

Temps de parole selon le sexe :

Temps de parole selon le niveau de diplôme (en %) :

Temps de parole selon l'investissement associatif (en %) :

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S e x e D u r é e d e p a r o l e sG a r ç o n s 4 2 m i n

F i l l e s 3 8 m i n 3 0 s

I n v e s t i s s e m e n t a s s o c i a t i f T e m p s d e p a r o l e ( % )A s s o c i a t i o n h u m a n i t a i r e

o u s o c i a l e 3 2 , 7 0A s s o c i a t i o n c u l t u r e l l e

( m u s i q u e ) 1 7 , 7 8A s s o c i a t i o n s p o r t i v e

1 7 , 7 8A u c u n i n v e s t i s s e m e n t

a s s o c i a t i f 3 1 , 7 5T o t a l 1 0 0

Page 101: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Processus interactionnel

Au-delà de facteurs sociaux, plusieurs éléments justifient le souhait de prendre la parole devantautrui. Philippe Breton, sociologue français, définit les "compétences démocratiques". Tout d'abord,la promotion d'une norme oratoire de symétrie dans l'interaction est la capacité à prendre la paroledevant autrui. Or, certains individus disposent d'une peur de s'exprimer en public. Cette peur sejustifiant par la difficulté d'organiser ses arguments, une timidité ou la crainte du jugement d'autrui(d'où le refus de mettre en avant ses idées). Cette peur traduit une inégalité devant la parole. Lanorme oratoire renvoie aussi à la capacité à écouter autrui et à anticiper la prise de parole (pourrépondre aussitôt). De même, le contexte spécifique des séances de travail complexifiait toute prisede parole : les réunions ayant lieu au Conseil de Développement et non dans un bar, en ville. Deplus, je plaçais moi-même les individus en fonction de l'endroit où j'avais posé le questionnaire (auxpremières séances, le questionnaire était d'abord complété). La table étant de forme rectangulaire, jeplaçais le nombre équitable de questionnaires d'un côté et de l'autre, face à face. Cette dispositionme semblait la plus appropriée pour débattre. Peut-être aurais-je pu laisser les individus s'asseoir oùils le souhaitaient autour de la table pour ensuite distribuer les questionnaires.

Ensuite, "l'objectivation" est la capacité individuelle d'écarter toute pulsion ou émotion particulièreen s'exprimant en public (colère, tristesse...). Tous les volontaires du service civique, au cours deséchanges, ont su adopter cette capacité. Cela s'explique par le processus de socialisation voire decivilisation (Norbert Elias) auquel tout individu est confronté depuis son enfance. A l'école parexemple, l'enfant apprend à maîtriser ses émotions devant autrui. Accoutumé très tôt à cettepratique, tout acteur social est enclin de la reproduire ultérieurement. Enfin, il est plus aisé des'exprimer en s'étant forgé une opinion précise sur un sujet en question. Cette compétence nécessited'examiner et de s'approprier les arguments en faveur de tel ou tel point de vue. Ces explicationsbasées sur les interactions s'articulent avec le niveau d'études et l'investissement associatif. Cela nesignifie en aucun cas qu'une personne moins diplômée n'a pas d'idées et est incapable de lesdéfendre. Les interactions sont aussi à étudier de façon plus précise : le leadership et la prise dedécisions.

Le leadership

D'une part, au cours des quatre observations, un, deux ou trois leaders se sont imposés face auxautres pour monopoliser le temps de parole. J'ai retenu huit leaders pour les quatre observations :quatre garçons et quatre filles, six ayant réalisé des études supérieures, l'un titulaire du baccalauréatet le dernier sans diplôme. Le leader n'a jamais été choisit par tirage au sort ou par citation oraleclaire et précise. Cela sous-entend une acceptation de son rôle de la part des autres acteurs. Lespropos du leader jouent un rôle déterminant (ou non) dans la prise de décision finale. Ce leader secaractérise par une aisance orale (sa capacité à s'exprimer clairement), un contrôle émotionnel(refouler les pulsions), la confiance en soi et la conviction de son point de vue pour légitimer sesarguments. Deux types de leadership se dessinent dans les quatre observations. Les termes ont étéchoisit en écho aux propos de Seth Godin, enseignant américain de marketing et suite au visionnagedu film Douze Hommes en Colère (de Sidney Lumet, sorti en 1957). Le leadership charismatique secaractérise par la vivacité de son attitude mais des propos généraux, sans fondements concrets. Cetype de leadership serait presque une façon d'afficher sa supériorité face à autrui. On retrouve icil'attitude de trois garçons et d'une fille. Le leadership persuasif renvoie à la mobilisationd'arguments concrets pour convaincre. Trois filles et un garçon adopteraient ce type d'attitude.

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Tout acteur adopte des stratégies visant à influencer le point de vue des autres. La psychologuefrançaise Germaine de Montmollin définit l'influence comme une " action exercée par une personnesur une autre personne et entraînant un changement d'attitude, d'opinion ou de façon d'agir ". Si desstratégies sont adoptées par tout individu, certaines caractéristiques se différencient selon le type deleadership. Germaine de Montmollin insiste sur la persuasion c'est-à-dire la mise en œuvreconsciente de comportements : l'attitude et le langage. La gestuelle adoptée est aussi une façond'attirer le regard d'autrui : on s'aide des mains pour transmettre son message. A chaque fois qu'ilss'exprimaient, les volontaires évitaient aussi de laisser des silences trop longs dans l'optique deprononcer l'ensemble de leur propos sans qu'on leur coupe la parole : c'est la "continuitécommunicationnelle" (Philippe Breton).

Les propos abordés par un individu jouent aussi un rôle important. Le sociologue américain WilliamGamson (1992) a étudié les échanges entre individus issus de milieux populaires (employés,ouvriers, salariés des services...) sur des thèmes politiques qu'il leur a proposés. Il a discerné troisstratégies qui nous intéressent particulièrement dans le cadre de notre étude. Tout d'abord, la"sagesse populaire" est la référence à des expressions médiatiques, des proverbes, en particulierpour les sujets éloignés du quotidien des personnes. Cette stratégie est surtout adoptée par leleadership dit charismatique. Ensuite, la "stratégie culturelle" renvoie à l'expérience personnelle,sous forme d'anecdotes, lorsque ce sont des sujets qui touchent le quotidien des acteurs sociaux. Ici,cette "sagesse culturelle" se caractérise également par des contenus de cours et d'expériencesprofessionnelles connus par l'individu. Le leadership persuasif est plus à même d'utiliser cettestratégie pour légitimer son propos. Enfin, la "stratégie combinée" est un mélange des deux autresstratégies. Nous nous concentrerons surtout sur les deux premières.

D'une part, la "sagesse populaire" se réfère aux médias et/ou à un style oratoire particulier visant àconstruire un discours séduisant dans sa forme mais pas toujours dans son contenu. Voici quelquesexemples qui ont été abordés dans les séances de travail. S'agissant des transports en commun et del'urbanisme, les médias mettent surtout en avant les villes, tels Strasbourg, qui restreignent lafréquence de voitures dans le centre-ville. Cette idée a été évoquée par les leaders. Ensuite, au coursde la séance de travail portant sur les projections personnelles, plusieurs idées relevées sontprésentes dans les médias : l'allusion à l'individualisme de la société, la société de consommationcomme responsable d'une aliénation de l'homme à la machine et le rejet du monde de l'entreprise.Les médias mettent en avant nombreux licenciements dans le monde de l'entreprise ainsi que lestress lié au travail (suicides à France Télécom...). Ces idées limitent tout désir de s'investir dans cesecteur. Ces trois idées ont été citées par les leaders pour légitimer leur argumentation. Enfin, lorsde la séance de travail sur le développement durable, le leader s'est beaucoup appuyé, lui aussi, surla "sagesse populaire" : crainte du réchauffement climatique, critique des nouvelles technologies,solidarité...

D'autre part, la "stratégie culturelle" permet de se référer à des exemples concrets (du quotidien ouappris lors de sa formation) pour appuyer son propos. La référence aux avantages de l'utilisationpersonnelle de la voiture apparaît dans ce type de stratégie (gains de temps...). De même, l'une desleaders, investie dans un projet Unis-Cité où elle se tourne vers les personnes âgées, cite leurspropos pour renforcer l'idée d'une amélioration des transports en commun pour tous. La référence àRennes est aussi mise en avant comme anecdote par les personnes qui se sont déjà rendues danscette ville. Ensuite, les trois principales idées évoquées lors de la séance de travail sur lesprojections personnelles ont été illustrées concrètement par deux leaders, ayant réalisé des études decommerce. Leur statut leur confère une légitimité pour critiquer ce domaine. Le leader moinsdiplômé ne s'est pas reposé sur la "stratégie culturelle" : sans diplôme, il n'a pas d'exemples concrets

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à relever. Il cherche davantage à se mettre en avant, quitte à élaborer des phrases dénouées decontenu concret. Cette stratégie a aussi été adoptée par le leader de la séance du travail portant surle développement durable. Il travaille au sein du projet Média-Terre, projet par lequel il tente deconvaincre des personnes vivant dans des quartiers défavorisés (Bellevue...) de trier les déchets. Il aaussi réalisé des études de sociologie, lui permettant de mobiliser des éléments abordés en cours.Enfin, la leader de la séance de travail sur l'habitat et l'urbanisme a mobilisé cette stratégie. En effet,elle a réalisé des études dans le domaine du développement social urbain, dont des stages, ce quirenforce sa légitimité vis à vis des autres individus.

Le phénomène de leadership clairement définit, la question suivante apparaît : comment ladélibération pour une décision s'établit ? Le consensus est-il unanime ?

La délibération, produit d'un échange entre un nombre limité d'individus

Les séances de travail avaient lieu de 17h30 à 19h30 environ. La contrainte de temps obligeait tousles individus à trouver un terrain d'entente rapidement. Tous les volontaires avaient aussi travailléavant de venir au Conseil de Développement, la fatigue complexifiait le souhait de creuser laréflexion. Daniel Mothé, sociologue français, explique aussi que l'organisation de ces réunions surle temps personnel de l'individu, sans être rémunéré, induit le souhait de délibérer au plus vite. Lecollectif joue aussi un rôle important dans la délibération. Le groupe forme souvent un seul et mêmedispositif de parole, qui dicte quoi dire et comment le dire aux membres, sous peine d'impureté oud'exclusion. Autrement dit, on se force à se plier à la règle collective pour ne pas s'exclure dugroupe. Le psychologue français Gabriel Mugny emploie à ce titre la notion "d'influencemanifeste". Il met aussi en avant la notion "d'influence latente" : un individu change d'avis au coursdu débat (quelques minutes) à force d'écouter les autres défendre leur point de vue. Ce typed'influence, plus difficile à observer, s'est révélée pour une personne lors de la séance de travailportant sur la mobilité. Au début de la séance, Marion soutenait l'importance d'accroître lafréquence des transports en commun dans la ville. Cet hausse se traduirait aussi par uneaugmentation des usagers. Or, son avis évoluera suite aux propos de la leader sur la difficulté despersonnes âgées et handicapées à utiliser les transports en commun. Marion évoquera en effet lacomplexité de se déplacer en cas de pieds dans le plâtre. Cette idée ne suit pas son premierargument. Cet exemple illustre l'influence "manifeste" qui peut apparaître au cours de débats.Certes, le groupe joue un rôle mais se caractérise-t-il par l'ensemble des membres ?

En réalité, sur huit ou six personnes, seulement l'accord de deux ou trois légitimise le consensuscollectif. Les autres acteurs sociaux approuvent l'avis des leaders ou se taisent. Les types deleadership ne provoquent pas les mêmes réactions collectives. Si le leadership charismatique estécouté, son absence d'idées concrètes ne fait pas avancer la réflexion, ce qui n'est pas le cas duleadership persuasif. Il s'agit donc de sacrifier des opinions pour les dissoudre dans un ensemble.On évite les conflits.

Voyons en effet comment les conflits ont été gérés. En cas d'opposition d'intérêts, seulement deuxou trois personnes s'exprimaient. Les autres acteurs sociaux se taisaient. Un conflit non résolun'engendrait pas de délibération.

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Voici un exemple de conflit apparu lors d'une séance de travail : Benoît et Morgane s'opposaient surplusieurs sujets liés au développement durable. Ils sont tous deux issus d'un positionnement socialélevé. Dès que Benoît avançait une idée trop générale, Morgane contre-argumentait en citant desexemples de la vie quotidienne. A titre d'exemple, Benoît a prôné un "retour aux sources" pour toutindividu, à savoir le souhait que chacun vive en "harmonie avec la nature" sans pour autantexpliciter ses propos. Morgane l'a contredit. Elle estime que les personnes d'un milieu socialdéfavorisé ne s'intéressent pas à la nature mais pensent avant tout à subvenir à leurs besoinsphysiologiques. Elle pense que c'est complexe d'adopter cet état d'esprit : "Une personne qui vit enHLM, je lui parle de mettre un jardin sur son toit, je pense qu'il s'en fout." De même, Benoît a misen avant ses valeurs en souhaitant convaincre les autres du fait de "vivre l'instant présent". Or, làaussi, Morgane a formulé cette idée dans un sens différent : "Il y a des gens qui préfèrent seprojeter loin dans le futur, d'autres non, c'est personnel." Plusieurs oppositions sont apparues maisces deux exemples illustrent que les autres individus ne sont pas exprimés à ce sujet. Qu'était-ildécidé au final ? Aucun consensus, chacun restait sur ses positions. Cela souligne donc qu'on essaied'éviter les conflits en raison de la difficulté d'être d'accord au final (l'un doit céder).

Donc, la démocratie participative ne se traduit pas une unanimité d'expressions. En effet, desfacteurs sociaux expliquent le souhait de s'exprimer devant autrui : plus un individu est diplômé,plus il est investit dans une association (depuis plusieurs années), plus il aura l'envie de parlerdevant les autres. Des facteurs psychologiques influent également sur ce souhait : la timidité,l'aisance orale, la formulation de phrases simples à comprendre, le phénomène de leadership(charismatique ou persuasif) et les interactions qu'il engendre, la force du groupe dans ladélibération... L'ensemble des facteurs psychosociaux justifient la volonté de s'exprimer devantautrui.

Conclusion de la deuxième partieLa socialisation au développement durable se lie aux parcours de chaque individu. Une personneissue d'un positionnement social élevé, ayant vécu sans difficultés financières, est plus sensible audéveloppement durable. En effet, elle a davantage de probabilités d'y être sensibilisée par lespratiques parentales, l'école, le centre de loisirs, l'investissement associatif, ses expériencesprofessionnelles et ses voyages. Au sein d'une structure de démocratie participative, ce mêmeindividu est plus à même de prendre la parole, qui est aussi légitimée par l'assentiment d'autrui.Inversement, un individu issu d'une famille aux faibles ressources est accoutumé à d'autresproblématiques au quotidien. Il ne se soucie pas de l'avenir de la planète ou des "générationsfutures". Les médias interviennent également dans cette sensibilisation au développement durablemais ils dramatisent la situation pour inciter au changement d'attitudes, ce qui n'est pas la meilleuredémarche à adopter. Au contraire, la mise en avant de conséquences positives dans le présent etl'avenir serait appropriée. De même, l'action du territoire nantais vis à vis du développement durablen'est pas anodine pour ouvrir les yeux des individus sur l'urgence d'un changement de modes de vie.Une campagne de communication intensive et une démarche de concertation plus largesensibiliseront les habitants.

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ConclusionDes perceptions et pratiques socialement et

sexuellement divergentes...Le développement durable est une problématique qui touche différemment les individus. Toutd'abord, les transports en commun sont majoritairement utilisés par tous. Cependant, la voiture n'estpas non plus absente des pratiques quotidiennes, surtout pour les personnes disposant d'un certainconfort de vie, qui consomment donc davantage de CO2. Chaque mode de déplacement est utilisépar les individus selon leur propre intérêt (gain de temps, gain financier...).

Ensuite, la consommation (alimentaire et de produits corporels) n'est pas toujours la même selon lepositionnement social de la personne, son lieu de vie et son sexe. Une fille issue d'un milieu socialaisé mange plus sainement mais pas forcément de façon plus respectueuse de l'environnement. Or,les achats alimentaires traduisent aussi le souhait de réaliser des gains de temps et/ou financiers.

De plus, le tri des déchets est une préoccupation d'individus diplômés. Également, la définition dudéveloppement durable varie socialement. Une ascension dans la hiérarchie sociale se traduit parune meilleure connaissance de cette notion sous les trois piliers. Plus un individu est diplômé, plusla probabilité d'être "conscientisé" (terme de Wallenborn et Dozzi) sur le développement durablecroît.

Pour autant, les équipements consommateurs d'énergie occupent le quotidien des personnes. Ellesne cherchent pas toujours à réduire leurs factures d'eau ou de chauffage même quand le logementn'est pas correctement isolé. Les équipements audiovisuels (télévision, ordinateur, téléphoneportable) sont omniprésents d'autant plus pour les individus peu diplômés, ce qui induit uneconsommation énergétique plus élevée. Le manque de ressources financières contraindrait cesindividus à ne pas avoir beaucoup de pratiques culturelles (concerts, musées...). Cela vient aussid'un manque d'intérêts. De même, la possession de nouvelles technologies ou de certains produitscosmétiques de marque est une façon pour l'individu d'affirmer son identité et son appartenanceculturelle.

En revanche, des nombreuses contradictions apparaissent. Tout d'abord, si les individus diplôméssont "conscientisés" au développement durable, cela ne se traduit pas forcément dans leurs pratiques(utilisation de la voiture...). Ensuite, le souhait de vivre à la campagne et de vouloir en même tempsutiliser les transports en commun est une idée complexe à mettre en œuvre. Également, nousl'avions déjà mentionné sur le tri des déchets : une focalisation porte sur la volonté de trier et nonpas sur celle de réduire l'achat d'emballages alimentaires. Enfin, les individus de l'échantillon sonttrès consommateurs d'équipements audiovisuels et numériques. Pour certains d'entre eux, le désir deréduire l'utilisation de ces équipements serait difficilement envisageable au vue de l'évolution de lasociété.

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... liées à des socialisations individuelles La socialisation justifie cette sensibilité divergente sur le développement durable. Tout d'abord, lepositionnement social des parents de l'individu est un facteur déterminant. Les préoccupationsenvironnementales touchent davantage les personnes issues de milieux sociaux élevés. Ensuite, lespratiques parentales en matière d'alimentation ou de tri de déchets induisent, en partie, l'individu àreproduire ce qu'il a vu pendant son enfance et son adolescence. Il ne faut pas non plus négligerl'effet générationnel qui intervient à ce titre : un individu âgé de 20 à 25 ans est issu d'unegénération différente vis à vis de celle de ses parents et il adopte des pratiques auxquels ces derniersn'ont pas été accoutumés. De plus, la formation scolaire, professionnelle, le bénévolat et les voyagesréalisés jouent aussi un rôle dans cette socialisation. Les médias sensibilisent également toutepersonne au développement durable soit en dramatisant la situation ou en soulignant l'impactnégatif du comportement de l'homme. Si les médias insistaient sur les effets positifs engendrés parun changement de modes de vie, les individus seraient plus enclins de changer leur regard sur ledéveloppement durable. Enfin, Nantes Métropole sensibilise ses citoyens au développement durableà l'aide de différents dispositifs (affiches publiques, site internet...) et notamment via le Conseil deDéveloppement. Or, la démocratie participative reproduit les inégalités présentes dans notresociété : des variables sociales et psychologiques interviennent à ce titre.

Les principaux enjeux de Nantes Métropolevis à vis du développement durable

A- La mobilité

Tout d'abord, la gestion de la mobilité doit permettre, et c'est déjà le cas, d'utiliser les transports encommun. La gratuité quasi universelle de ces infrastructures est très complexe à appliquer. Lors deson intervention au Conseil de Développement, Benoit Pavageau, Directeur Général des Services(DGS) à la fois de la ville de Nantes et de Nantes Métropole avait expliqué que le prix du titre detransports serait susceptible d'augmenter de 2 à 3 % par an. Un investissement financier dans uneextension du réseau de transport en commun n'est pas envisagé. La raison évoquée ? L'entretien deslignes et des équipements. Également, le manque de fréquence des tramways et des bus sera enpartie résolue par quelques dispositifs. Le réseau sera étendu avec la mise en place des lignesChronobus d'ici 2012. De même, une hausse de fréquence des tramways de la ligne 1 et du buswayà certains horaires facilitera la circulation des individus sortant de la gare. Or, si Nantes Métropolesouhaite limiter la circulation en automobile, la fréquence des tramways (pas forcément l'extensiondu réseau) sera à privilégier. En effet, l'individu aura davantage de probabilités d'utiliser lestransports en commun si cela lui permet un gain de temps vis à vis du véhicule.

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Un travail de coopération entre Nantes Métropole et diverses entreprises peut aussi s'établir. Lamise à disposition de bus partant de Nantes pour se rendre en périphérie ou l'inverse permettrait àplusieurs individus d'emprunter les transports en commun au lieu d'utiliser leur voiture. De plus,cela est déjà le cas actuellement : l'application et l'extension des plans de mobilité d'entreprise.Certaines entreprises offrent en effet à leurs employés leurs titres de transports en commun pour lesinciter à ne plus utiliser la voiture. Dans le même esprit, la Zenius Expérience 16 est une démarchepar lequel un individu laisse sa voiture personnelle dans un garage pendant huit semaines pourn’utiliser que les modes de déplacement doux. Pourquoi ne pas étendre la démarche aux motos etscooters ? Également, certaines villes organisent des journées sans voitures, pendant lesquelles toutindividu découvre un centre-ville entièrement absent de véhicules. Cette démarche peut s'envisagerà Nantes.

De plus, le confort dans les transports en commun n'est pas à négliger, en particulier pour lespersonnes âgées, de plus en plus nombreuses dans les années à venir, et pour les personneshandicapées. Des prescriptions sont formulées sur le site de Nantes Métropole telles que le « Guided'aménagement des arrêts de bus accessibles à tous ». De même, dans les transports en commun,des sièges spéciaux sont propres à certaines personnes : « Des places assises sont réservées enpriorité aux mutilés de guerre et mutilés militaires, aveugles, invalides civils titulaires de la carted'invalidité ou carte de priorité, femmes enceintes, personnes accompagnées d'enfants de moins de 4ans et personnes âgées ». Cette démarche reste officielle et personne, sauf les contrôleurs lors deleurs présences ponctuelles, ne peut clairement vérifier l'application de cette prescription auquotidien. Des dispositifs de contrôle devraient se renforcer pour inciter les individus à laisser leursplaces aux personnes dans le besoin.

Les individus seront enclins à ne plus utiliser l'automobile si des enjeux légaux et/ou de gains detemps entrent en ligne de compte. Une expérimentation touchera huit villes françaises d'ici 2012(Bordeaux, Paris, Lyon...) mais elle sera limitée à certains types de véhicules. Des efforts sont aussien cours à ce sujet sur Nantes, avec par exemple la piétonnisation de rues pour l'été 2011 : les ruesCrébillon, Santeuil, et Boileau. De même, des sens de circulation seront modifiées dans le centre-ville. Pour autant, la piétonniation et l'extension du réseau de transports en commun ne pourrontoccuper toute l'agglomération. A titre d'exemple, le pont Eric-Tabarly, inauguré le 19 juin 2011,relie le quai de Malakoff aux tours Vulcain sur l'île de Nantes, et ce, dans l'optique de limiter lesembouteillages. Cela illustre la complexité d'une ville : se diriger vers un centre-ville piéton pourlequel l'accès est rendu possible via l'automobile. La restriction de l'accès du véhicule au centre-ville s'entend aussi par un aménagement de parkings à proximité de ce centre (sur l'île de Nantes ?).L'intérêt peut aussi émerger ailleurs : pourquoi ne pas réduire le coût du stationnement pour lesvéhicules moins polluants ? Cette idée suppose une réflexion car les ménages les plus défavorisésseront marginalisés sauf si la ville met en place des aides à l'achat de véhicules plus respectueux del'environnement (uniquement pour certains individus).

16 http://www.nantesmetropole.fr/actualite/l-actualite-thematique/vivez-la-zenius-experience-transport-et-deplacements-39547.kjsp?RH=ALL_ACTUALITES

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Nantes Métropole aborde également très peu le covoiturage, pratique pourtant réductrice deconsommation de CO2. Multiples périurbains effectuent le trajet tous les jours. Des sensibilisationsparticulières pourraient être accentuées sur l'économie financière qu'engendre le covoiturage. Desplaces spécifiques pourraient être aménagées dans la ville, pourquoi pas, à l'aide de bornesélectroniques. Ces bornes indiqueraient les horaires de covoiturage et le lieu de destination. Un siteinternet pourrait également faciliter l'échange de particuliers qui souhaitent réaliser leurs courses àplusieurs personnes. Le forum de l'université de Nantes affiche souvent ce type de sujets. Celapourrait même conduire jusqu'à l'auto-partage, par exemple entre plus jeunes et plus âgés (ayantdavantage de difficultés à se déplacer).

Le vélo et le Bicloo à Nantes sont aussi des moyens de déplacement doux. Le réseau Bicloo occupeun large éventail : 790 vélos en libre service sur 89 stations. En outre, sur Nantes, des pistescyclables sont aménagées dans de nombreuses rues du centre-ville. Une amélioration du Bicloo estenvisagée avec l'apparition de neuf stations et 80 vélos de plus. Treize nouvelles stations verraientle jour au Nord (Facultés, Procé, rond-point de Paris, Malakoff…) et au Sud-Loire (Pirmil,Grèneraie, 8-Mai…). En revanche, si la ville envisage d'accroître le nombre d'appuis vélos dans lecentre-ville, le souhait de les sécuriser n'a pas été assez mis en avant. Cela n'induira pas forcémentles individus à se déplacer avec leur vélo. De plus, la démarche "Vélobus-Pédibus" incite à utiliserle vélo et la marche à pieds pour les trajets scolaires. Or, sur la ville de Nantes, cette démarche n'estpas assez communiquée sur internet et sur support papier. Des aménagements sont envisageables. Atitre d'exemple, la ville de Changé (département de la Mayenne) propose des arrêts par quartier avecdes heures de passage de parents pour emmener les enfants à l'école.

Enfin, les voies ferroviaires, aériennes et maritimes sont d'autres modes de déplacement. L'aérien,en particulier avec le projet d'aménagement d'un aéroport à Notre-Dame-de-Landes, contredit lesouhait de réduction de CO2. Or, dans un avion, plusieurs individus, qui se seraient déplacés à l'aidede véhicules différents, sont rassemblés. Cet aéroport intervient aussi dans une logique d'attractivitéterritoriale. Les individus de l'échantillon ont mis l'accent sur la pollution atmosphérique (liée enparticulier aux véhicules) mais pas celle sonore. A ce titre, le projet de l'aéroport de Notre Dame deLandes se complexifie. S'agissant des transports en commun, une fréquence en continue serait unesource de plaintes des riverains vivant à proximité des lignes de tramways et de bus. NantesMétropole a élaboré des cartes de bruits (véhicules, avions...) disponibles sur son site internet. Or,l'enjeu à venir de la mobilité, des pollutions atmosphériques et sonores résident aussi dansl'émergence du télétravail et du commerce en ligne. Le commerce en ligne sous-entend unaménagement particulier de la voirie pour faciliter le stationnement des véhicules de livraison. Lasensibilisation au télétravail peut s'établir en lien avec des entreprises et sociétés nantaises.

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B- Secteur économiqueDans notre échantillon, le secteur économique a été mis en avant uniquement vis à vis del'émergence de magasins biologiques et d'hammans. L'implantation d'hammans favoriseraitl'expansion économique de Nantes. L'un des objectifs de l'Agenda 21 de Nantes Métropole estcelui-ci : "Faire de l'agglomération nantaise un site phare pour le développement du commerceinternational éthique et équitable". La Quinzaine du commerce équitable (du 14 au 29 mai 2011)souligne cet effort. L'implantation de magasins proposant des produits biologiques et issus ducommerce équitable poursuivrait cet investissement. De plus, nombreux sont les étudiants surNantes (47 000) qui sont enclins de quitter la ville en cas d'absence d'offres d'emploi. La collectivitése centre sur quelques domaines : tertiaire, biotechnologies, santé... Or, tous les secteurs ne sont pasprivilégiés. L'handicap intervient également dans l'accès à l'emploi pour tous. Le territoire établitdéjà des projets à ce sujet qu'il faut poursuivre. Un développement durable de l'environnements'articule avec un développement économique et une création appropriée d'emplois pour toutindividu.

C- Énergies renouvelablesSi le recours aux énergies renouvelables n'a pas été évoqué lors de mon enquête, il est pourtant unenjeu à venir, en particulier l'énergie solaire, hydrolienne et éolienne. Des coopérations avec lesentreprises du département sont déjà en cours et sont à poursuivre : les mises aux normes de deuxusines d'incinérations d’ordures ménagères, l'installation de panneaux solaires sur le toit du centrecommercial Carrefour de l'île Beaulieu... Multiples réglementations nationales jouent aussi un rôle(ex : Programme national de réduction des émissions polluantes, publié au Journal Officiel le 30octobre 2003). Or, la question des énergies renouvelables inclut aussi celle de l'éclairage public. Deslampadaires sont éclairés par énergie solaire. Des feux de route pourraient aussi être équipésd'ampoules basse consommation. Le centre-ville de Nantes, et notamment le cours des CinquanteOtages sont éclairés toute la nuit. En revanche, de nombreux magasins ont un éclairage si élevéqu'un doute émerge sur une possible ouverture nocturne. Sans pour autant éteindre l'éclairage ducentre-ville, un magasin sur deux pourrait être éclairé. Il y aurait un changement selon les soirs de lasemaine afin de ne pas jouer sur la concurrence. Cet élément permettrait de diminuer fortement ladépense énergétique de Nantes dans l'éclairage.

D- Propreté de la villeLa propreté de la ville est un autre enjeu du développement durable, sur Nantes Métropole, sousquatre aspects : la propreté sur la voie publique, le tri quotidien des déchets par les individus, lapropreté et la gestion de l'eau et de la nature. Tout d'abord, l'aménagement de poubelles de couleur,dans les lieux publiques, inciterait les personnes à trier les déchets. Dans la ville de Dublin, enIrlande, multiples poubelles de couleur apparaissent dans les galeries commerciales. Sur chaquepoubelle, des logos illustrent les déchets à déposer. Cela ne signifie pas que tous les individus trientcorrectement mais ils y sont incités. Cette idée peut s'expérimenter dans certaines galeriescommerciales (Carrefour de Beaulieu, Atlantis...).

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Ensuite, les sacs bleus et jaunes ne sont pas facilement accessibles, notamment au centre-ville. Or, ilserait possible d'étendre l'accès à ces sacs. A titre d'exemple, les locaux ménagers des concierges,dans les immeubles, pourraient être équipés en sacs. Également, les éboueurs pourraient jouer unrôle : en ramassant les ordures, ils déposent des Tri-sacs chaque semaine dans un compartimentprévu à cet effet. De plus, cela est déjà le cas dans certaines communes de l'agglomération nantaise :l'aménagement de bacs de couleur (bleu et jaune) devant chaque immeuble ou dans deslotissements. Les personnes seraient contraintes à utiliser tel ou tel bac en fonction des déchetsproduits. Ces bacs présupposent un tri correctement réalisé. D'où une dernière idée, qui repose surla mise en place d'un impôt soit sur l'achat de produits sources d'emballages alimentaires ou sur untri incorrect. Ici aussi, les éboueurs seraient des acteurs dans la gestion de cette taxe.

La qualité et la gestion de l'eau à Nantes, thématique importante de l'Agenda 21, ne sont pasnégligeables. Or, la ville devrait davantage sensibiliser ses habitants sur les économies financièresdécoulant de la consommation d'eau (ex : récupération d'eau de pluie). Également, certainsindividus utilisent du composte. Or, les déchets organiques et les eaux usées pourraient aussiproduire du biogaz, utilisé ensuite comme biocarburant.

Enfin, la protection de la nature inclut la notion de biodiversité et de l'utilisation des ressourcesnaturelles. Dans la ville de Loos-en-Gohelle, le programme "fifty-fifty" incite les habitants à planterdans leur jardin grâce à des aides financières. De même, l'entraide entre voisins serait envisageablepour jardiner chez les uns ou chez les autres. Certains individus pourraient même aider lespersonnes âgées. Des associations nantaises proposent déjà ce type de démarches : une parcelle dejardin est réservé à des familles qui résident en appartement. Elles peuvent ainsi entretenir leurpropre jardin. Le jardinage inclut également le recours (ou non) aux pesticides. La ville d'Aalbord,au Danemark, a banni les pesticides des terrains municipaux en sensibilisant les individus à relayerces pratiques. Le non-recours aux pesticides est critiquable car l'eau de pluie demeure la même pourtous.

E- Urbanisme et mixité socialeL'urbanisme appartient également aux problématiques du développement durable. Tout d'abord,l'étalement urbain se traduit par l'obligation de construire des bâtiments verticaux. De même,l'expansion démographique de Nantes Métropole dans les années à venir n'est pas négligeable.Vincent Kauffman estime que les collectivités devront faire face à un double enjeu : l'étalementurbain et l'aménagement de nouvelles formes d'habitat individuel moins dépendantes du véhicule.Cet étalement urbain justifie une volonté de fuir le centre-ville (dont les loyers sont trop élevés)pour vivre dans une maison entourée de verdure. Or, il est possible d'aménager des immeublescomposés de logements plus grands (duplex ?) avec des terrasses favorisant le jardinage. L'auto-partage interviendrait à nouveau. Également, le partage d'équipements collectifs (machines à laver,outils de bricolage...) dans certains logements limiterait les déplacements individuels. C'est déjà lecas dans certaines résidences étudiantes ou foyers de jeunes de travailleurs. Cet aménagementpourrait s'étendre. Or, ce partage sera surtout apprécié par les étudiants mais moins par les famillesavec plusieurs enfants. La colocation favorise aussi ce type de partage.

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La mixité sociale se joue également dans l'aménagement de l'habitat : l'accès au logement pour lespersonnes handicapées, âgées et à faibles revenus. Divers projets urbains de démolitions et deréhabilitations concerne les quartiers de Chantenay, de Malakoff ou encore de Breil-Malville. Lalogique d'un accès à ces habitats pour les personnes aux faibles ressources et aux personnes âgéesest clairement indiquée. De même, l'accès à l'habitat pour les personnes handicapées seraobligatoirement facilité dans les nouvelles constructions d'immeubles. Apparaît alors une autreidée : la mixité dans l'habitat liant différentes populations (horizons sociaux et âges divers). Or, lamixité intervient aussi dans les pratiques quotidiennes (travail, loisirs, sorties, groupes de pairs...). Ilest difficile d'obliger les individus à côtoyer des personnes n'ayant pas les mêmes centres d'intérêt.

Enfin, quelques logements actuels, en particulier en résidences HLM, posent un problème dechauffage. En effet, un défaut de construction ou un état d'usure des immeubles conduit à devoirénormément (ou pas assez) chauffer le logement. Cette problématique devra être étudiée avec soin.Les logements construits devront aussi répondre aux normes environnementales. L'architecturebioclimatique devrait répondre à trois objectifs : capter l'énergie solaire, la stocker et la répartir.

F- La cultureLa culture est une autre thématique du développement durable. Tout d'abord, l'accès gratuit à laculture se réalise par le biais de multiples concerts organisés dans les bars nantais le jeudi soir et leweek-end. Ce type d’événements, sans être exclusivement gratuits, facilite une ouverture culturellepour tous. La promotion d’événements culturels se réalise déjà par la publication de plusieursmagazines à disposition dans l'Université, dans des bars et sur internet (Pulsomatic). En dehors deces publications, il y a peu d'affichages en ville sur des concerts gratuits. Également, unesensibilisation au développement durable interviendrait grâce à la culture. L'exemple du festival"Ecolo'tidien" qui a massivement rassemblé des personnes de différents horizons est une autredémarche. Plusieurs villes développent ce type de festivals. Prise en charge par Nantes, la cultureinclut la musique, le théâtre, le cinéma, les musées et les expositions. Dans le cadre d'un festival,des ateliers d'apprentissage du jardinage seraient une façon de sensibiliser les individus à cettedémarche. Multiples festivals de cinéma sont organisés au cinéma d'art et essai le Katorza :pourquoi ne pas proposer un festival de films et documentaires liés au développement durable ? Lapolitique culturelle de Nantes Métropole devrait favoriser une émergence accrue d’événements axéssur le développement durable.

En revanche, un problème touche le Hangar à Bananes. Ce lieu était créé pour regrouper, au seind'un même endroit, l'ivresse collective et favoriser la "tranquillité publique" dans le centre-ville. LeHangar à Bananes n'a peut-être pas été suffisamment réfléchit lors de son implantation. Lors d'uneséance de travail avec Unis-Cité, une personne avait notamment expliqué que l'un de ses amis estdécédé car il était ivre et il s'était noyé dans la Loire. Ce n'est pas le premier incident de ce type quise déroule. Si le Hangar à Bananes est un lieu difficile à déplacer, il convient de le sécuriserdavantage afin d'éviter que ce type d'accidents ne se reproduise. L'éclairage devrait être amélioré.Des barrières pourraient également être ajoutées pour limiter le risque de chute dans la Loire. Sonaccessibilité devrait aussi être étudiée (aménagement d'arrêts de bus ?).

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G- Rôle des centres de loisirsLa socialisation au développement durable intervient aussi dans les centres de loisirs et halte-garderies, gérés par la ville. Agnès Florin, enseignante de psychologie à l'Université de Nantes, aparticulièrement insisté, lors d'une conférence donnée au Conseil de Développement, sur l'enjeu quereprésente l'enfance. Avant 6 ans, un enfant acquiert une pléthore de compétences à la foislangagières mais aussi sur le savoir-vivre en société. Au cours d'un entretien, Sophie expliquait cettelogique pour l'école : l'enfant apprend, rentre à la maison et explique à ses parents ce qu'il appris. Ilen est de même pour le centre de loisirs. L'enfant peut aussi montrer à ses parents les activitésréalisées. Des soirées parents peuvent être organisées, réunissant ainsi des personnes de différentsmilieux sociaux, socialisées au développement durable d'une autre façon. L'organisation de mini-camps à la ferme permettrait également aux enfants d'apprendre à fabriquer des produits locaux. Iln'est pas certain que ce projet fonctionne pour tous. Or, le centre de loisirs est une instancearticulant démarche éducative et ludique. Avec ses centres de loisirs, Nantes Métropole devraitélaborer des projets éducatifs et pédagogiques axés sur la sensibilisation au développement durable.

H- La démocratie participativeLa démocratie participative est un autre enjeu du développement durable. La sollicitation de pointsde vue individuels est une démarche utilisé par d'autres villes pour aider les pouvoirs publics àmettre en œuvre leurs politiques de développement durable. Des Agendas 21 sont mêmes élaborésavec des habitants et des agents municipaux. De plus, la forte adhésion à une décision collectiveengendre une légitimité et une appropriation individuelle d'une politique publique, en particulier enmatière de développement durable. Or, la démarche de démocratie participative est complexe sousdeux aspects.

D'une part, la façon de rassembler les citoyens pose problème. Certes, le Conseil de développementcommunique ses informations sur le site internet mais aucune campagne spécifique n'intervientdans le centre-ville nantais. Cela explique (en partie) pourquoi ce sont souvent les mêmes individusqui se rendent aux réunions organisées. Il semble difficile d'inciter des personnes issues de milieuxdéfavorisés à se joindre, de façon bénévole, au sein d'un Conseil de Développement. Les personnesse sentiront davantage concernées si leur propre intérêt personnel est remis en cause : que ce soit auniveau du cadre de vie ou d'une perte monétaire. Certaines mairies, plutôt que d'avancer unedémarche incitative, réalisent un tirage au sort des personnes à mobiliser. Au-delà de cetteparticipation incitative ou obligatoire, il y a la démarche que j'ai entreprise : les questionnaires et lesentretiens sont d'excellentes méthodes pour récolter des avis personnels. Son inconvénient reposesur l'absence de débats collectifs.

D'autre part, le fonctionnement de la démocratie participative est un sujet de discordes. Ce sont làaussi souvent les mêmes personnes qui prennent la parole. Multiples facteurs sociaux (niveau dediplômes...) et psychologiques justifient la complexité de s'exprimer devant autrui. Un temps deparole devrait-il être strictement imposé ? De plus, la démocratie participative ne s'exprime pasuniquement au sein d'un Conseil de quartier ou de développement. A titre d'exemple, les repas enfamille peuvent parfois être plus producteurs d'arguments. Il s'agirait d'organiser des débats ens'adaptant au citoyen. Le lieu et l'heure des débats peuvent aussi évoluer. Pourquoi ne pas proposer

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des débats dans les halls d'immeubles autour d'une tasse de thé ou de café ? Les individus setrouveraient alors dans un environnement familier et s'exprimeraient plus facilement sur lesproblématiques liées à leur quartier ou leur ville.

I- Ouverture à l'échelle internationale

Enfin, l'ouverture de Nantes à l'international favoriserait les partenariats avec d'autres pays. Nousl'avions déjà évoqué, le commerce équitable est une notion de l'Agenda 21. De plus, en France, laloi du 6 février 1992 relative à l'administration territoriale de la République, reconnaîtjuridiquement dans son titre IV intitulé "de la coopération décentralisée", le droit aux collectivitéslocales françaises de "conclure des conventions avec des collectivités territoriales étrangères et leursgroupements, dans les limites de leurs compétences et dans le respect des engagementsinternationaux de la France". Nantes Métropole organise des événements en coopération avecl'Europe. Il y le soutien d'associations européennes (Maison de L'Europe par exemple) et le Forum"Nantes Créative Générations". L'objectif est de fédérer des personnes de multiples nationalitéseuropéennes. De même, EuradioNantes permet à tout citoyen nantais d'écouter une radio en françaiset en anglais traitant de multiples sujets d'actualité. Nantes est aussi bénéficiaire de fondsstructurels, preuve d'un dynamisme à l'échelle européenne. Ces différents projet européens pour lesindividus de moins de 25 ans sont indiqués dans des structures pour la jeunesse telles que le CentreRégionale d'Information Jeunesse (CRIJ) ou sur internet. Des campagnes de sensibilisation dans lescollèges, lycées ou centres de loisirs sont envisageables.

Donc, les préoccupations majeures qui apparaissent dans l'enquête sont celles liées directement auquotidien des personnes. Les problématiques plus scientifiques et axées sur une échelle nationalevoire internationale sont nettement moins évoquées. Un décalage s'exprime sur l'action des pouvoirspublics et la façon dont les personnes la perçoivent ce quotidien. Enfin, le développement durablen'atteindra la vie des personnes que si trois éléments entrent en ligne de compte. Tout d'abord, toutindividu est raisonnable et si la façon de se déplacer, de réaliser ses courses, tout simplement devivre lui permet de gagner du temps et de l'argent, il choisira un mode de vie plutôt qu'un autre.Ensuite, toute contrainte financière, légale et d'aménagement de l'espace public obligera lespersonnes à modifier leurs attitudes. Enfin, une socialisation au développement durable intervientaussi dans le changement des mentalités. Les inégalités sociales sont au fondement de cettesocialisation divergente. C'est la problématique la plus complexe à résoudre par les pouvoirspublics. Ces trois éléments sous-entendent une coopération entre pléthore d'acteurs à la fois locauxet nationaux : les pouvoirs publics (internationaux, nationaux, régionaux et locaux), les centres deloisirs et de vacances, les écoles, collèges, lycées, les universités, les associations, les bailleurssociaux, les agences d'urbanisme, les fournisseurs d'énergie, les entreprises... Toute politiquepublique suppose aussi une évaluation de son efficacité. Lors de son intervention au Conseil deDéveloppement, le DGS de Nantes Métropole avait souligné cette intention sans préciser commentla réaliser. Quelques villes établissent des indicateurs accompagnés de stocks de capitaux (selon lesthématiques du développement durable).

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115/148

Page 118: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

AnnexesLe questionnaire 17

Actuellement

Ton âge :

□ 16-18 ans □ 18-20 ans □ 20-22 ans □ 22-24 ans □ Plus de 24 ans : précise ton âge : ….....................................

Ton sexe : □ Homme □ Femme

Ta situation matrimoniale :

□ Célibataire □ En concubinage □ En couple □ Marié(e) □ Pacsé(e) □ Divorcé(e) □ Séparé(e) □ Veuf(ve) □ Autre : ...............................................................................................................................................................................

Vis-tu...

□ Seul(e)□ En colocation□ Chez tes parents□ Chez un membre de ta famille□ En couple□ Autre : ...............................................................................................................................................................

Le type de logement que tu occupes ?

□ Maison située en ville □ Maison située en campagne □ Appartement dans un immeuble □ Studio ou chambre dans une résidence, □ Studio ou chambre en foyer.... □Ailleurs : ..........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

17 Les espaces pour les réponses libres (dans certaines questions) ont été réduits vis à vis du questionnaire original.

116/148

Page 119: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Ta ville de résidence, et ton quartier plus précisément ?..............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

As-tu un/des diplôme(s) ?

□ Non □ Brevet des collèges □ CAP, BEP ou équivalent □ Baccalauréat ou brevet professionnel □ Baccalauréat + 2 ans □ Baccalauréat + 3 ans et plus □ Ne souhaite pas le mentionner

Précise le domaine : .........................................................................................................................................

Quelle est ton activité principale actuelle ?

□ Ne travaillepas

actuellement

□ Étudiant □ Étudiant avec unemploi

□ Exerce une activitéprofessionnelle

□ Autre

Domaine :..........................................................................................................................................

□ ... à temps plein□ ... à temps partiel□ Autres : ....................................................................................................................................

Type d'emploi occupé :

□ Agriculteurs□ Artisans, Commerçants etChefs d'entreprise□ Cadres et ProfessionsIntellectuelles Supérieures□ P r o f e s s i o n sIntermédiaires□ Employés□ Ouvriers

Précise l'intitulé précis del'emploi que tu occupes :

............................................

............................................

............................................

............................................

............................................

............................................

............................................

............................................

Type de contrat□ Contrat A Durée Déterminée□ C o n t r a t A D u r é eIndéterminée□ Contrat A Temps Partiel□ Contrat Unique d'Insertion□ Contrat Nouvelle Embauche□ Contratd'apprentissage/alternance□ Autres : ....................................................................................................

Type d'emploi occupé :

□ Agriculteurs□ Artisans, Commerçants etChefs d'entreprise□ Cadres et ProfessionsIntellectuelles Supérieures□ Professions Intermédiaires□ Employés□ Ouvriers

Précise l'intitulé précis del'emploi que tu occupes :

..................................................

..................................................

..................................................

..................................................

P r é c i s e t asituation :..............................................................................................................

117/148

Page 120: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Tes loisirs

Quels sont tes principaux loisirs ?

□ Lecture□ Cinéma□ Sorties (bars, concerts, discothèques...)□ Théâtre□ Expositions□ Musée□ Opéra□ Ordinateur□ Autre : ...............................................................................................................................................................

Appartiens-tu à....

Appartenance

Oui Non Pourquoi ? Si oui, lequel/laquelle ? Depuis quand ?

Une association(sportive,culturelle,

caritative...)

..................................

..................................

..................................

...............................

.........................................

.........................................

.........................................

.........................................

......................................

......................................

......................................

.....................................

Un syndicat .................................. ......................................... ......................................

Un partipolitique

..................................

...................................................................................................................

......................................

......................................

Une structure dedémocratie

participative(type Conseil dedéveloppement,de quartier...)

..................................

..................................

..................................

..................................

..................................

...........................

.........................................

.........................................

.........................................

.........................................

.........................................

........................................

......................................

......................................

......................................

......................................

......................................

.....................................

Lis-tu le journal...

□ Jamais□ Une fois toutes les deux/trois semaines□ Une fois par mois□ Une à trois fois par semaine□ Quatre à six fois par semaine□ Tous les jours□ Autres : .............................................................................................................................................................

Quel(s) journal/journaux écrit(s) lis-tu ?

□ Aucun□ Presse gratuite (2O minutes, Métro, Direct Soir....)□ Presse locale (Ouest-France, Presse-Océan....)□ Presse nationale (Le Monde, Le Figaro...)□ Presse hebdomadaire (Le Nouvel Observateur, L'Express...)□ Presse axée sur le développement durable (Développement Durable et Territoires, Terraeco...)□ Autres : .............................................................................................................................................................

118/148

Page 121: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Quelle type de presse numérique lis-tu (sur ton ordinateur, ton téléphone portable....) ?

□ Aucune□ Presse gratuite (2O minutes, Métro, Direct Soir....)□ Presse locale (Ouest-France, Presse-Océan....)□ Presse nationale (Le Monde, Le Figaro...)□ Presse hebdomadaire (Le Nouvel Observateur, L'Express...)□ Presse axée sur le développement durable (Développement Durable et Territoires, Terraeco...)□ Autres : .............................................................................................................................................................

Tes déplacements : Comment te déplaces-tu....

Quand ?

M o d e d edéplacement

Jamais(en

possèdeun(e) )

Jamais(n'en

possèdepas)

Une foistoutes lesdeux/troissemaines

Une foispar mois

Une à troisfois parsemaine

Quatre àsix fois

parsemaine

Tousles

jours

Autre,précise

Ta voiture ...............

Covoiturage ...............

Ton vélo ...............

Le bus /tramway

...............

...............

Le Navibus ...............

A pieds ...............

Autre,précise : ......

...............

...............

Tes achats

Comment vas-tu faire tes courses ? □ Je ne fais pas les courses □ Bus et tramway □ A pieds □ En vélo □ En voiture : □ seul(e)

□ avec ton/tes parents □ avec ton/ta concubin(e) □ avec ton/ta colocataire/colocatrice □ en covoiturage

□ autres : ...................................................................................................................................□Autres : .............................................................................................................................................. ................

Quand vas-tu faire tes courses ?

□ Une fois par mois □ Une fois toutes les deux semaines □ Une fois par semaine □ Deux à trois fois semaine □ Non concerné(e) □ Autres : ...............................................................................................................................................

119/148

Page 122: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Où vas-tu faire tes courses ?

□ Centre commercial (type Carrefour, Auchan, Leclerc...) □ Supermarché, Supérette (Hypermarché U, Casino, Monoprix...) □ Magasins Discount (Lidl, LeaderPrice, Netto...) □ Au marché □ Sur internet (chez soit) □ Commerces de proximité (Boucherie, Boulangerie...) □ Non concerné(e) □Autres : .............................................................................................................................................. ...............

Quel(s) type(s) de produits achètes-tu et quand ?

Quand ?

Type de Produits

Systématiquement Souvent De temps entemps

Rarement Autres : dans ce cas,précise

Fruits, légumes frais ......................................................................

Bouteilles d'eau ......................................................................

Boissons sucréestype Coca-Cola, jus

d'orange...

...................................

...................................

...................................

Féculents (pâtes,riz...)

...................................

...................................

Biscuits, gâteaux ......................................................................

Pain ......................................................................

Produits surgelés(viande, poisson,

légumes...)

...................................

...................................

...................................

Boîtes de conserve(légumes, raviolis...)

...................................

...................................

Viande fraîche ......................................................................

Produits bio et / ouissus du commerceéquitable tels que

des fruits frais(banane, mangue..),

secs (datte,mangue...) du

quinoa, des épices....

...................................

...................................

...................................

...................................

...................................

...................................

...................................

...................................

Autres, précise : ........................................................................

...................................

...................................

...................................

Non concerné(e)

120/148

Page 123: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Chez toi : tes équipements

Quand utilises-tu ton ordinateur ?

□ Jamais (en possède un)□ Jamais (n'en possède pas)□ Une fois par mois□ Une fois toutes les deux/trois semaines□ Une à trois fois par semaine□ Quatre à six fois par semaine□ Tous les jours□ Autres : ..............................................................................................................................................................................

Pendant combien de temps ?

□ Moins d'une heure□ Une heure□ Une heure à deux heures□ Deux à trois heures□ Trois à quatre heures□ Quatre heures et plus : précise la durée approximative : ..............................................................................□ Allumé toute la journée

Quel(s) usage(s) en fais-tu ?

□ Usage(s) professionnel(s) (pour tes études, ton emploi...)□ Obtenir des idées de sorties (des bars, des concerts...)□ Les réseaux sociaux (Facebook, MSN...)□ Se documenter sur l'actualité□ Recherches de vidéos, textes humoristiques (VDM...)□ Visionnage de vidéos, de photos□ Jeux en réseau□ Jeux divers (jeux de rôle, d'aventure, de sport...)□ Autres : ..............................................................................................................................................................

Quand allumes-tu ta télévision ?

□ Jamais (n'en possède pas)□ Jamais (en possède une)□ Une fois toutes les deux/trois semaines□ Une fois par mois□ Une à trois fois par semaine□ Quatre à six fois par semaine□ Tous les jours□ Autres : ..............................................................................................................................................................

Pendant combien de temps ?

□ Moins d'une heure□ Une heure□ Une heure à deux heures□ Deux à trois heures□ Trois à quatre heures□ Quatre heures et plus : précise la durée approximative : ................................................................................

121/148

Page 124: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Quel(s) type(s) de programme regardes-tu ?

□ Films□ Dessin(s) animé(s)□ Séries□ Journal Télévisé □ Politique□ International□ Musical□ Documentaires :

□ Scientifique / Biologique (Arte)□ Monde (découverte d'autres cultures)□ Nature (type Ushuia Nature, Yann Arthus Bertrand...)□ autres........................................................................................................................................

.............................................................................................................................................................................. □ Autres : .............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Combien de fois par semaine allumes-tu ton poste radio ?

□ Jamais (en possède un)□ Jamais (n'en possède pas)□ Une fois toutes les deux/trois semaines□ Une fois par mois□ Une à trois fois par semaine□ Quatre à six fois par semaine□ Tous les jours□ Autres : ...........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Pendant combien de temps ?

□ Moins d'une heure□ Une heure□ Une heure à deux heures□ Deux à trois heures□ Trois à quatre heures□ Quatre heures et plus : précise la durée approximative : .................................................................................

Quelle(s) radio(s) écoutes-tu ?

□ Nova, TSF Jazz□ Nostalgie□ Skyrock□ NRJ , Fun Radio□ HitWest, Alouette, Virgin□ RTL, RTL 2□ Chérie FM, MFM□ France Inter, France Info, France Culture, France Bleu, France Musique□ Radio classique□ Prun'□ Aucune□ Autres : ...........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

122/148

Page 125: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

De combien de téléphone(s) portable disposes-tu ?

□ Aucun□ Un□ Deux□ Plus de deux, précise : ....................................................................................................................................

Disposes-tu d'un Smartphone ?

□ Aucun□ Un□ Deux□ Plus de deux, précise : ....................................................................................................................................□ Ne sait pas

Pour quelles utilités ?

□ En tant qu'agenda□ Consulter l'heure□ Des jeux divers□ En tant que lecteur MP3□ Envoyer de SMS, MMS□ Passer des appels□ Prendre des photos et /ou des vidéos□ Se relier à internet□ Autres : .............................................................................................................................................................

Quelle est la durée moyenne d'utilisation de ton/tes téléphone(s) portable par jour ?

□ Moins de 30 min□ de 30 min à 1h□ De 1h à 2h□ Plus de 2h, précise : ..............................................................................................................................

Utilises-tu....

Quand ?

Équipement

Une fois àdeux fois par

semaine

Trois fois parsemaine

Quatre foispar semaine

Plus dequatre fois,

précise

Ne sait pas Nonconcerné(e)

Une machineà laver

.......................

.......................

Le sèche-linge

.......................

.......................

Un fer àrepasser

.......................

.......................

Le lave-vaisselle

.......................

.......................

Autre,précise :..............................................

.......................

.......................

.......................

.......................

123/148

Page 126: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Quel type de chauffage utilises-tu ?

□ Électrique□ Au gaz□ Au fioul□ Au bois : cheminée□ Solaire□ Géothermie□ Ne sait pas□Autre : ................................................................................................................................................................

Quel(s) type(s) de lampes utilises-tu ?

□ Lampe à incandescence □ Lampe à fluorescence ou dite à basse consommation ou néon□ La diode électro-luminescente ou LED□ Lampe à induction □ Ne sait pas□Autres : ...............................................................................................................................................................

Comment gères-tu tes déchets ?

Quand ?

L a g e s t i o n d e sdéchets

Systématiquement Souvent De temps entemps

Rarement Autres :dans ce cas,

précise

Tous dans unemême poubelle

......................

......................

L'utilisation dessacs bleus et jaunes

......................

......................

Le verre dans lescontenaires prévus

à cet effet

......................

......................

......................

Les déchetsencombrants (typeélectroménagers)

posés sur le bord dutrottoir

......................

......................

......................

......................

......................

Les déchetsencombrants (typeélectroménagers)

déposés à ladéchetterie

......................

......................

......................

......................

......................

Les piles dans lesbornes prévues à cet

usage

......................

......................

......................

□ Ne sait pasAutres :......................................................................................................

......................

......................

......................

......................

124/148

Page 127: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Ton enfance et ton adolescence

Vivais-tu...

Pendant ton...

Où ?

Enfance Adolescence

Dans quelle ville et quartier ? ........................................................ ........................................................

Chez tes parentsChez d'autres membres de ta

familleEn foyer

Autres : .........................................

Dans quel type de logement était-ce ?

Pendant ton...

Où ?

Enfance Adolescence

Maison située en villeMaison située en campagne

Appartement dans un immeubleChambre dans une résidence

Chambre dans un foyerAutres : ......................................... ........................................................ ........................................................

Les déplacements

Comment te rendais-tu à l'école / collège / lycée ?

□ Bus et tramway□ En car□ A pieds□ En vélo□ En voiture : □ avec ton/tes parents □ autres : .................................................................................................................................□ Autres : .............................................................................................................................................................

Comment ton père se déplaçait dans la semaine (pour se rendre au travail, loisirs....) ?

□ Bus et tramway □ A pieds □ En vélo □ En voiture : □ seul

□ en covoiturage □ autres : ..................................................................................................................................□ Autres : ............................................................................................................................................................. □ Ne sait pas □ Non concerné(e) (exemple : parent décédé)

125/148

Page 128: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Comment ta mère se déplaçait dans la semaine (pour se rendre au travail, loisirs....) ?

□ Bus et tramway □ A pieds □ En vélo □ En voiture : □ seule

□ en covoiturage □ autres : .................................................................................................................................□ Autres : ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................... □ Ne sait pas □ Non concerné(e) (exemple : parent décédé)

Les achats

Comment ton/tes parent(s) allai(en)t faire leurs courses ?

□ Bus et tramway □ A pieds □ En vélo □ En voiture : □ Autres : ...........................................................................................................................................................□ Ne sait pas□ Non concerné(e) (exemple : parents décédés)

Où faisai(en)t-il(s) leurs courses ? □ Centre commercial (type Carrefour, Auchan, Leclerc...) □ Supermarché, Supérette (Hypermarché U, Casino, Monoprix...) □ Magasins Discount (Lidl, LeaderPrice, Netto...) □ Au marché □ Sur internet (chez soit) □ Commerces de proximité (Boucherie, Boulangerie...) □ Non concerné(e) (exemple : parent décédé) □ Ne sait pas□Autres : .............................................................................................................................................. ................

Quand allai(en)t-il(s) faire leurs courses ?

□ Une fois par mois □ Une fois toutes les deux semaines □ Une fois par semaine □ Deux à trois fois semaine □ Autres : ..............................................................................................................................................................................□ Ne sait pas□ Non concerné(e) (exemple : parent décédé)

126/148

Page 129: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Pour quel(s) type(s) d'achats ?

Quand ?

Type de Produits

Systématiquement Souvent De tempsen temps

Rarement Autres :dans ce

cas,précise

Ne saitpas

□ Nonconcerné(e)(exemple :

parentdécédé)

Fruits, légumesfrais

...............

...............

Bouteilles d'eau ...............

Boissons sucréestype Coca-Cola,jus d'orange...

...............

...............

...............

Féculents (riz,pâtes...)

...............

...............

Biscuits, gâteaux ...............

Pain ...............

Produits surgelés(viande,

poisson...)

...............

...............

...............

Boîtes deconserve

(légumes...)

...............

...............

..............

Viande fraîche ...............

Produits bio et /ou issus ducommerce

équitable tels quedes fruits frais

(banane,mangue..), secs

(datte, mangue...)du quinoa....

...............

...............

...............

...............

...............

...............

...............

...............

...............

Autres, précise : ..........................................................

...............

...............

...............

□ Ne sait pas

Quels étaient les équipements et quand étaient-ils utilisés ?

127/148

Page 130: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Quand ?

Leséquipements

Oui Non Utilisé(s)tous lesjours

Souvent Occasionnellement Rarement Jamais Autre :précise ?

Nesaitpas

Machine àlaver

................

................

Sèche-linge ................

Fer àrepasser

................

................

Lave-vaisselle

................

................

Ordinateur ................

Télévision ................

Poste radio ................

Autres : ............................

................

................

De combien de téléphone(s) portable disposait ton père ?

□ Aucun□ Un□ Deux□ Plus de deux : ..................................................................................................................□ Ne sait pas□ Non concerné(e) (exemple : parent décédé)

De combien de téléphone(s) portable disposait ta mère ?

□ Aucun□ Un□ Deux□ Plus de deux : .................................................................................................................□ Ne sait pas□ Non concerné(e) (exemple : parent décédé)

Comment les déchets étaient-ils gérés ?

128/148

Page 131: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Quand ?

L a g e s t i o n d e sdéchets

Systématiquement Souvent De temps entemps

Rarement Autres : dansce cas,

précise

Tous dans unemême poubelle

......................

......................

L'utilisation debacs/compartiments

pour séparer lecarton et le papier

......................

......................

......................

......................

Le verre dans lescontenaires prévus à

cet effet

......................

......................

......................

Les déchetsencombrants (typeélectroménagers)

posés sur le bord dutrottoir

......................

......................

......................

......................

......................

Les déchetsencombrants (typeélectroménagers)

déposés à ladéchetterie

......................

......................

......................

......................

......................

Les piles dans lesbornes prévues à cet

usage

......................

......................

......................

□ Ne sait pasAutres :...................................

......................

......................

Te souviens-tu du/des journal/journaux que ton/tes parent(s) lisai(en)t ?

□ Presse gratuite (2O minutes, Métro, Direct Soir....)□ Presse locale (Ouest-France, Presse-Océan....)□ Presse nationale (Le Monde, Le Figaro...)□ Presse hebdomadaire (Le Nouvel Observateur, L'Express...)□ Presse axée sur le développement durable (Développement Durable et Territoires, Terraeco...)□ Ne sait pas□ Non concerné(e) (exemple : parents décédés)□ Autres : ..........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

La situation de ton/tes parents

129/148

Page 132: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

□ Mariés □ En concubinage □ Divorcés □ Séparés □ Pacsés □ Veuf (ve) □ Non concerné(e) (exemple : parents décédés) □ Autres :..............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Ton/tes parent(s) a/ont-il(s) un/des diplôme(s) ?

Parent

Diplôme(s)

Mère Père □ Nonconcerné(e) (ex :parents décédés)

NonCertificatd'ÉtudesPrimaires

BEPCCAP, BEP Domaine :.................................

.................................................

.................................................

.................................................

Domaine :...............................................................................................................................................................................................................................

Baccalauréat ouBrevet

professionnel

Domaine :....................................................................................................................................................................................

Domaine :...............................................................................................................................................................................................................................

Baccalauréat +2 ans

Domaine :....................................................................................................................................................................................

Domaine :...............................................................................................................................................................................................................................

Baccalauréat +3 ans et plus

Domaine :....................................................................................................................................................................................

Domaine :...............................................................................................................................................................................................................................

Autres,précise :

Domaine :....................................................................................................................................................................................

Domaine :...............................................................................................................................................................................................................................

Ne sait pas

Quelle est et/ou était l'activité principale de ton/tes parents ?

130/148

Page 133: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Parent

P o s i t i o n S o c i o -professionnelle

Mère Père □ Nonconcerné(e)(ex : parents

décédés)Sans activité

professionnelle (enrecherche d'emploi, au

foyer...)Retraités : dans ce cas,précise aussi l'emploi

occupé avant la retraiteAgriculteurs Précise l'emploi occupé :

..................................................Précise l'emploi occupé :................................................

Artisans, commerçants etchefs d'entreprises

Précise l'emploi occupé :..................................................

Précise l'emploi occupé :................................................

Cadres et professions intellectuelles supérieures

Précise l'emploi occupé :..................................................

Précise l'emploi occupé :................................................

Professions intermédiaires Précise l'emploi occupé :..................................................

Précise l'emploi occupé :................................................

Employés Précise l'emploi occupé :.................................................

Précise l'emploi occupé :................................................

Ouvriers Précise l'emploi occupé :..................................................

Précise l'emploi occupé :................................................

Ne sait pas

Ton/tes parents appartenai(ent)-ils(s) à...... ?

Parent

Appartenance à...

Mère Père □ Nonconcerné(e)(ex : parents

décédés)Une association (sportive,

culturelle, caritative...)□ Oui □ NonSi oui, laquelle/lesquelles ?..................................................

□ Oui □ NonSi oui, laquelle/lesquelles ?................................................

Un syndicat □ Oui □ NonSi oui, lequel/lesquels ?..................................................

□ Oui □ NonSi oui, lequel/lesquels ?................................................

Un parti politique □ Oui □ NonSi oui, lequel/lesquels ?..................................................

□ Oui □ NonSi oui, lequel/lesquels ?................................................

Une structure dedémocratie participative

(type le Conseil deDéveloppement, Conseil

de quartiers...)

□ Oui □ NonSi oui, laquelle/lesquelles ?......................................................................................................................................................

□ Oui □ NonSi oui, laquelle/lesquelles ?................................................................................................................................................

Ne sait pas

131/148

Page 134: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

L'avenir

Pourquoi as-tu choisi de t'investir au sein d'Unis-Cité / de l'École de la deuxième chance / de l'ÉcoleCentrale ?.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Quelle est TA définition du développement durable ?.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Comment vois-tu ton comportement vis à vis du développement durable à l'avenir ?

...............................................................................................................................................................................

...............................................................................................................................................................................

...............................................................................................................................................................................

De façon plus générale, comment te vois-tu personnellement d'ici vingt ans ? Où ? Pourquoi ?

...............................................................................................................................................................................

...............................................................................................................................................................................

...............................................................................................................................................................................

As-tu des souhaits particuliers concernant la ville de Nantes ? (pas uniquement en matière dedéveloppement durable)

...............................................................................................................................................................................

...............................................................................................................................................................................

...............................................................................................................................................................................

...............................................................................................................................................................................

...............................................................................................................................................................................

...............................................................................................................................................................................

...............................................................................................................................................................................

...............................................................................................................................................................................

...............................................................................................................................................................................

Dans le cadre de mon étude pour le Conseil de Développement, je réalise également quelquesentretiens avec des jeunes. Accepterais-tu de me laisser tes coordonnées pour que je puisse terecontacter si besoin ?

Ton prénom :.......................................................................................................................................................

Ton numéro de téléphone :................................................................................................................................

Ton adresse e mail : ...........................................................................................................................................

Merci !

132/148

Page 135: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Graphiques et tableaux cités au cours del'analyse.

Figure 1.

31,58 % des individus sont âgés de 22 à 24 ans.

Figure 2. Type d'habitat (en %) :

32,89 % des individus résident chez leurs parents.

133/148

T y p e d ' H a b i t a t F r é q u e n c e sS e u l ( e ) 2 8 , 9 5

E n c o l o c a t i o n 1 5 , 7 9C h e z s e s p a r e n t s 3 2 , 8 9

C h e z u n a u t r e m e m b r e d e s a f a m i l l e 3 , 9 5E n c o u p l e 1 3 , 1 6

A u t r e s i t u a t i o n 5 , 2 6T o t a l 1 0 0

Page 136: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Figure 3. Utilisation du véhicule en fonction du mode de vie (en %) :

16,7 % des personnes vivant en colocation utilisent leur véhicule plusieurs fois par semaine.

Figure 4. Achat de produits surgelés en fonction du mode de vie (en %) :

50 % des enquêtés résidant en colocation consomment systématiquement des produits surgelés.

Figure 5. Achat de boites de conserve en fonction du mode de vie (en %) :

50 % des individus qui vivent avec leurs enfants achètent systématiquement des boites de conserve.

134/148

M o d e s d e v i e / F r é q u e n c e s J a m a i s R a r e m e n t P l u s i e u r s f o i s p a r s e m a i n e T o u s l e s j o u r s T o t a lS e u l ( e ) 6 3 , 6 1 8 , 2 1 3 , 6 4 , 5 1 0 0

E n c o l o c a t i o n 5 0 3 3 , 3 1 6 , 7 0 1 0 0C h e z s e s p a r e n t s 6 0 4 2 0 1 6 1 0 0

C h e z u n a u t r e m e m b r e d e s a f a m i l l e 1 0 0 0 0 0 1 0 0E n c o u p l e 6 0 2 0 2 0 0 1 0 0

A u t r e 7 5 0 2 5 0 1 0 0T o t a l 6 1 , 8 4 1 4 , 4 7 1 7 , 1 1 6 , 5 8 1 0 0

0

2 04 0

6 0

8 0

1 0 0

1 2 0

R a r e m e n t ,   v o i r e   j a m a i s

P a r   m o m e n t s

S y s t é m a 9 q u e m e n t

0

2 04 0

6 0

8 0

1 0 0

1 2 0

R a r e m e n t ,   v o i r e   j a m a i s

P a r   m o m e n t s

S y s t é m a 9 q u e m e n t

Page 137: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Figure 6. Répartition de la fréquence d'utilisation de la télévision, du poste radio et del'ordinateur (en %) :

84,21 % des enquêtés utilisent souvent leur ordinateur.

Figure 7. Durée d'utilisation de la télévision et de l'ordinateur (en %) :

21,05 % des individus utilisent leur ordinateur trois heures voire plus au cours d'une journée.

135/148

F r é q u e n c e / E q u i p e m e n t s T é l é v i s i o n P o s t e r a d i o O r d i n a t e u rJ a m a i s 2 6 , 3 2 2 6 , 3 2 3 , 9 5

R a r e m e n t 7 , 8 9 6 , 5 8 2 , 6 3R é g u l i è r e m e n t 1 0 , 5 3 1 5 , 7 9 6 , 5 8

S o u v e n t 5 3 , 9 5 3 4 , 2 1 8 4 , 2 1A u t r e 1 , 3 2 0 2 , 6 3

S u r l ' o r d i n a t e u r 0 1 1 , 8 4 0D a n s l a v o i t u r e 5 , 2 6 0

T o t a l 1 0 0 1 0 0 1 0 0

D u r é e d ' u t i l i s a t i o n / E q u i p e m e n t s T é l é v i s i o n O r d i n a t e u rJ a m a i s 2 3 , 6 8 2 , 6 3

U n e h e u r e o u m o i n s 1 0 , 5 3 2 5U n e à t r o i s h e u r e s 4 6 , 0 5 4 2 , 1 1

T r o i s h e u r e s e t p l u s 1 9 , 7 4 2 1 , 0 5A l l u m é t o u t e l a j o u r n é e 0 9 , 2 1

T o t a l 1 0 0 1 0 0

Page 138: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Figure 8. L'utilisation du téléphone pour se connecter à internet en fonction du niveau dediplôme (en %) :

37,1 % des individus titulaires du brevet des collèges (ou moins) se connectent à internet avec leurtéléphone portable (ou leur smartphone)

Figures 9. Le tri des déchets en fonction des achats alimentaires :

Tri sélectif en fonction de l'achat de boites de conserve (en %) :

21,6 % des individus qui réalisent souvent leur tri des déchets (en utilisant les sacs bleus et jaunes)n'achètent quasiment jamais de boites de conserve.

Tri sélectif en fonction de l'achat de produits surgelés (en %) :

136/148

4 0

3 7 , 1

2 2 , 9

7 1 , 4

2 8 , 6

0

7 4 , 1

2 5 , 9

0

0 2 0 4 0 6 0 8 0

N o n

O u i

N o n   p r é c i s é

B a c c a l a u r é a t   +   2   a n s ,  v o i r e   p l u s

C A P ,   B E P ,   B a c c a l a u r é a t   o u  B r e v e t   P r o f e s s i o n n e l

B r e v e t   d e s   C o l l è g e s   o u  m o i n s

U t i l i s a t i o n s a c s b l e u s e t j a u n e s / a c h a t s d e b o i t e d e c o n s e r v e R a r e m e n t , v o i r J a m a i s P a r m o m e n t s S y s t é m a t i q u e m e n t N o n c o n c e r n é ( e ) T o t a lR a r e m e n t 2 0 , 6 3 8 , 2 2 3 , 5 1 7 , 6 1 0 0

D e t e m p s e n t e m p s 2 5 5 0 2 5 0 1 0 0S o u v e n t 2 1 , 6 5 1 , 4 1 8 , 9 8 , 1 1 0 0

S y s t é m a t i q u e m e n t 0 0 0 1 0 0 1 0 0T o t a l 2 1 , 0 5 4 4 , 7 4 2 1 , 0 5 1 3 , 1 6 1 0 0

U t i l i s a t i o n s a c s b l e u s e t j a u n e s / a c h a t s d e p r o d u i t s s u r g e l é s R a r e m e n t , v o i r J a m a i s P a r m o m e n t s S y s t é m a t i q u e m e n t A u t r e N o n c o n c e r n é ( e ) T o t a lR a r e m e n t 3 2 , 4 2 0 , 6 2 6 , 5 2 , 9 1 7 , 6 1 0 0

D e t e m p s e n t e m p s 0 7 5 2 5 0 0 1 0 0S o u v e n t 2 4 , 3 4 8 , 6 1 8 , 9 0 8 , 1 1 0 0

S y s t é m a t i q u e m e n t 0 0 0 0 1 0 0 1 0 0T o t a l 2 6 , 3 2 3 6 , 8 4 2 2 , 3 7 1 , 3 2 1 3 , 1 6 1 0 0

Page 139: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Tri sélectif en fonction de l'achat de produits biologiques et/ou issus du commerce équitable(en %) :

Figures 10. L'absence de projections personnelles en fonction de l'âge et du sexe (en %)

– pour les garçons :

75 % des garçons âgés de plus de 24 ans se projettent personnellement.

– pour les filles :

Figure 11. La référence à des pratiques concrètes à l'avenir en fonction du diplôme (en %) :

2,9 % des titulaires du brevet des collèges (ou moins) traitent de leur façon de se déplacer à l'avenir.

137/148

U t i l i s a t i o n d e s s a c s b l e u s e t j a u n e s / A c h a t s d e p r o d u i t s b i o l o g i q u e s R a r e m e n t , v o i r J a m a i s P a r m o m e n t s S y s t é m a t i q u e m e n t N o n c o n c e r n é ( e ) T o t a lR a r e m e n t 5 2 , 9 2 3 , 5 5 , 9 1 7 , 6 1 0 0

D e t e m p s e n t e m p s 5 0 5 0 0 0 1 0 0S o u v e n t 3 7 , 8 4 5 , 9 8 , 1 8 , 1 1 0 0

S y s t é m a t i q u e m e n t 0 0 0 1 0 0 1 0 0T o t a l 4 4 , 7 4 3 5 , 5 3 6 , 5 8 1 3 , 1 6 1 0 0

A g e / P r o j e c t i o n s p e r s o n n e l l e s S e p r o j e t t e p e r s o n n e l l e m e n t A u c u n e p r o j e c t i o n p e r s o n n e l l e T o t a l1 6 - 2 0 a n s 5 6 , 3 4 3 , 8 1 0 02 0 - 2 4 a n s 7 8 , 9 2 1 , 1 1 0 0

P l u s d e 2 4 a n s 7 5 2 5 1 0 0T o t a l 6 9 , 2 3 3 0 , 7 7 1 0 0

A g e / P r o j e c t i o n s p e r s o n n e l l e s S e p r o j e t t e p e r s o n n e l l e m e n t A u c u n e p r o j e c t i o n p e r s o n n e l l e T o t a l1 6 - 2 0 a n s 8 0 2 0 1 0 02 0 - 2 4 a n s 7 3 , 9 2 6 , 1 1 0 0

P l u s d e 2 4 a n s 7 5 2 5 1 0 0T o t a l 7 5 , 6 8 2 4 , 3 2 1 0 0

8 , 65 , 7

2 , 9

2 1 , 4

1 4 , 3

2 1 , 4

2 5 , 9

1 4 , 8

2 5 , 9

0

5

1 0

1 5

2 0

2 5

3 0

T r i   d e s  d é c h e t s ,  

é c o n o m i e s  d ' e a u   e t  

d ' é n e r g i e

L a  c o n s o m m a ? o n  

a l i m e n t a i r e

L e s   m o d e s   d e  d é p l a c e m e n t

B r e v e t   d e s   C o l l è g e s   o u  m o i n s

C A P ,   B E P ,   B a c c a l a u r é a t   o u  B r e v e t   P r o f e s s i o n n e l

B a c c a l a u r é a t   +   2   a n s ,  v o i r e   p l u s

Page 140: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Figures 12. Fréquentation du marché en fonction de la PCS (en %)

– de la mère :

33 % des mères appartenant aux Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures fréquentaient lemarché.

– du père :

138/148

0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é   p r o f e s s i o n n e l l e

N e   s a i t   p a s   o u   n o n  …

A g r i c u l t e u r s

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

N o n   c o n c e r n é ( e )

O u i

N o n

0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é   p r o f e s s i o n n e l l e

N o n   m e n 4 o n n é

A g r i c u l t e u r s

A r 4 s a n s ,   C o m m e r ç a n t s ,   …

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

N o n   c o n c e r n é ( e )

O u i

N o n

Page 141: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Figures 13. Fréquentation des commerces de proximité en fonction de la PCS (en %)

– de la mère :

40 % des mères Employés fréquentaient les commerces de proximité.

– du père :

Figures 14. Fréquentation du centre commercial en fonction de la PCS (en %)

139/148

0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é   p r o f e s s i o n n e l l e

N e   s a i t   p a s   o u   n o n  …

A g r i c u l t e u r s

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

N o n   c o n c e r n é ( e )

O u i

N o n

0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é   p r o f e s s i o n n e l l e

N o n   m e n 4 o n n é

A g r i c u l t e u r s

A r 4 s a n s ,   C o m m e r ç a n t s ,   …

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

N o n   c o n c e r n é ( e )

O u i

N o n

Page 142: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

– de la mère :

80 % des mères sans activité professionnelle fréquentaient le centre commercial.

– du père :

Figures 15. Fréquentations des supermarchés et supérettes en fonction de la PCS (en %)

140/148

0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é   p r o f e s s i o n n e l l e

N e   s a i t   p a s   o u   n o n  …

A g r i c u l t e u r s

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

N o n   c o n c e r n é ( e )

O u i

N o n

0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é   p r o f e s s i o n n e l l e

N o n   m e n 4 o n n é

A g r i c u l t e u r s

A r 4 s a n s ,   C o m m e r ç a n t s ,   …

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

N o n   c o n c e r n é ( e )

O u i

N o n

Page 143: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

– de la mère :

44 % des mères appartenant aux Professions Intermédiaires se rendaient aux supermarchés etsupérettes.

– du père :

Figures 16. Absence de tri des déchets en fonction de la PCS (en %)

– de la mère :

141/148

0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é   p r o f e s s i o n n e l l e

N e   s a i t   p a s   o u   n o n  …

A g r i c u l t e u r s

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

N o n   c o n c e r n é ( e )

O u i

N o n

0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é   p r o f e s s i o n n e l l e

N o n   m e n 4 o n n é

A g r i c u l t e u r s

A r 4 s a n s ,   C o m m e r ç a n t s ,   …

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

N o n   c o n c e r n é ( e )

O u i

N o n

Page 144: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

30 % des mères Employés ne faisaient pas le tri des déchets.

– du père :

Figures 17. Investissement dans une structure de démocratie participative en fonction de laPCS (en %)

142/148

0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é  …

N e   s a i t   p a s   o u   n o n  …

A g r i c u l t e u r s

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

N e   s a i t   p a s

S y s t é m a 4 q u e m e n t

S o u v e n t

D e   t e m p s   e n   t e m p s

R a r e m e n t

J a m a i s

0 2 0 4 0 6 0 8 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é  …

N o n   m e n 4 o n n é

A g r i c u l t e u r s

A r 4 s a n s ,   C o m m e r ç a n t s ,   …

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

N e   s a i t   p a s

S y s t é m a 4 q u e m e n t

S o u v e n t

D e   t e m p s   e n   t e m p s

R a r e m e n t

J a m a i s

Page 145: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

– de la mère :

18,8 % des mères appartenant aux Professions Intermédiaires se sont aussi investies (ou c'esttoujours le cas actuellement) au sein d'une structure de démocratie participative.

– du père :

Figures 18. Absence de lecture de la presse en fonction de la PCS (en %)

143/148

8 1 , 3

1 8 , 8

9 5

5

0

2 0

4 0

6 0

8 0

1 0 0

1 2 0

1 4 0

1 6 0

1 8 0

2 0 0

N ' y   a p p a r 2 e n t   p a s A p p a r 2 e n t   à   u n e   s t r u c t u r e  d e   d é m o c r a 2 e   p a r 2 c i p a 2 v e

E m p l o y é s

P r o f e s s i o n s  I n t e r m é d i a i r e s

7 3 , 7

2 6 , 3

8 7 , 5

1 2 , 5

0

2 0

4 0

6 0

8 0

1 0 0

1 2 0

1 4 0

1 6 0

1 8 0

N ' y   a p p a r 2 e n t   p a s A p p a r 2 e n t   à   u n e  s t r u c t u r e   d e   d é m o c r a 2 e  

p a r 2 c i p a 2 v e

P r o f e s s i o n s  I n t e r m é d i a i r e s

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  I n t e l l e c t u e l l e s  S u p é r i e u r e s

Page 146: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

– de la mère :

30 % des mères Employées ne lisaient ou ne lisent pas la presse.

– du père :

Figure 19. Le choix du Journal Télévisé en fonction du diplôme (en %) :

144/148

0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é   p r o f e s s i o n n e l l e

N e   s a i t   p a s   o u   n o n  …

A g r i c u l t e u r s

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  …

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

E m p l o y é s

O u v r i e r s

P r e s s e   n o n   l u e

P r e s s e   l u e

0 2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

N o n   c o n c e r n é ( e )

S a n s   a c 4 v i t é   p r o f e s s i o n n e l l e

N o n   m e n 4 o n n é e

A g r i c u l t e u r s

A r 4 s a n s ,   C o m m e r ç a n t s ,   C h e f s  d ' e n t r e p r i s e

C a d r e s   e t   P r o f e s s i o n s  I n t e l l e c t u e l l e s   S u p é r i e u r e s

P r o f e s s i o n s   I n t e r m é d i a i r e s

P r e s s e   n o n   l u e

P r e s s e   l u e

Page 147: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

50 % des titulaires d'un CAP, BEP, Baccalauréat ou Brevet Professionnel choisissent de regarder leJournal Télévisé.

Figure 20. Le choix des programmes politiques en fonction de l'occupation actuelle (en %) :

13,3 % des étudiants ingénieurs regardent ce type de programmes.

145/148

4 0

5 0

5 9 , 36 0

5 0

4 0 , 7

0

1 0

2 0

3 0

4 0

5 0

6 0

7 0

B r e v e t   d e s   C o l l è g e s  o u   m o i n s

C A P ,   B E P ,  B a c c a l a u r é a t   o u  

B r e v e t  P r o f e s s i o n n e l

B a c c a l a u r é a t   +   2  a n s ,   v o i r e   p l u s

N o n   r e g a r d é

R e g a r d é

O c c u p a t i o n a c t u e l l e / P r o g r a m m e s p o l i t i q u e s r e g a r d é s N o n O u i T o t a lE c o l e C e n t r a l e 8 6 , 7 1 3 , 3 1 0 0

U n i s - C i t é 8 1 , 3 1 8 , 8 1 0 0E c o l e D e u x i è m e C h a n c e 8 2 , 1 1 7 , 9 1 0 0

A c t i v i t é P r o f e s s i o n n e l l e 0 1 0 0 1 0 0T o t a l 8 1 , 6 1 8 , 4 1 0 0

Page 148: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

Table des matièresIntroduction..........................................................................................................................................1

Contexte d'intervention....................................................................................................................1Méthodologie...................................................................................................................................2Sociographie des enquêtés ..............................................................................................................2Réflexion proposée..........................................................................................................................7

I- Portrait des données..........................................................................................................................8Mobilité............................................................................................................................................8

A-Transports en commun............................................................................................................8B-La voiture................................................................................................................................9C-Perceptions du type de conduite du véhicule........................................................................11D-Le vélo..................................................................................................................................12

La consommation...........................................................................................................................12A-Des lieux d'achats socialement et sexuellement divergents..................................................12B-Quels types d'achats sont effectués ?....................................................................................14

a)Achats alimentaires : des distinctions sociales et sexuées................................................14b)Produits corporels et cosmétiques : des choix d'achats raisonnables ou liés à l'identité...17

Le repas, source de distinction... ...................................................................................................18A-... selon le positionnement social de l'individu.....................................................................18B-... selon le nombre de personnes dans le foyer......................................................................19C-Repas du midi........................................................................................................................19D-Repas du soir.........................................................................................................................19

Les équipements consommateurs d'énergie...................................................................................21A-L'éclairage, le chauffage et la consommation d'eau..............................................................21

a)Les lampes basse consommation privilégiées...................................................................21b)Le chauffage, source de difficultés en hiver.....................................................................21

B-Une consommation d'eau pas toujours limitée......................................................................22a)La machine à laver et le lave-vaisselle..............................................................................22b)Douche ou bain ?...............................................................................................................22

C-L'omniprésence des équipements audiovisuels et numériques ............................................23D-L'importance de la télévision dans les foyers populaires......................................................23E-La présence timide du poste radio.........................................................................................25F-Le téléphone portable, objet de "compagnie", surtout pour les filles de milieux défavorisés....................................................................................................................................................26G-Usages multifonctionnels du téléphone portable..................................................................27H-La possession du téléphone portable, marquage culturel et identitaire................................28I-L'ordinateur se substitue à la télévision..................................................................................29J-Les réseaux sociaux, utilisation majoritaire d'internet...........................................................30

Le tri des déchets, une préoccupation d'individus disposant d'un certain confort de vie..............32Les définitions du développement durable, sources de distinctions sociales................................34

A-L'absence de définition propre aux filles peu, voire non diplômées.....................................34B-L'environnement, la nature et la société, des préoccupations masculines............................35C-Les "générations futures" à préserver...................................................................................36D-Le développement durable sous ses trois piliers, une définition d'individus diplômés........36E-Le développement durable : le recyclage, la consommation locale ou le tri des déchets,selon les individus diplômés.....................................................................................................37

Projections.....................................................................................................................................38A-Des projections personnelles propres à chacun des groupes................................................38

a)Unis-Cité...........................................................................................................................39

146/148

Page 149: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

b)École Centrale...................................................................................................................40c)École de la Deuxième Chance...........................................................................................40

B-Des projections en matière de développement durable liées au niveau de diplôme.............41a)Une absence de projections pour les personnes peu diplômées........................................41b)Réaliser des "efforts", un désir d'individus diplômés........................................................41c)Des projections, en terme de pratiques concrètes, citées par des personnes diplômées . 42d)Aspects sociaux, économiques, éducatifs ou politiques...................................................43

C-Projections personnelles et pour le territoire parfois en contradiction..................................43a)Aucune projection pour le territoire pour les filles, peu diplômées..................................43b)La mobilité, source de contradictions...............................................................................44c)La propreté, un souhait d'individus diplômés...................................................................46d)L'urbanisme.......................................................................................................................47e)Aspects sociaux, éducatifs, culturels et politiques............................................................47f)Ouverture internationale de Nantes...................................................................................48g)Aspects non mentionnés....................................................................................................49

Conclusion de la première partie...................................................................................................49II- Socialisation au développement durable.......................................................................................50

Socialisation individuelle...............................................................................................................50A-Le milieu familial..................................................................................................................50

a)Lieu de réalisation des courses .........................................................................................50b)La consommation alimentaire et les repas........................................................................52

Les produits biologiques consommés par les ménages aisés..........................................52Des achats et repas divergents selon la grandeur de la famille........................................53L'alimentation, processus de construction identitaire......................................................53

L'enfance, première phase de socialisation.................................................................53L'adolescence, phase de séparation.............................................................................55La vie de jeune adulte, phase d'intégration.................................................................56... ou de changement d'habitudes alimentaires............................................................56

c)La socialisation au tri des déchets.....................................................................................57d)Bénévolat et militantisme familial....................................................................................59

Le bénévolat, une pratique d'individus aisés...................................................................59Le militantisme est presque absent..................................................................................61

e)La socialisation familiale aux médias et nouvelles technologies......................................61La presse écrite et numérique..........................................................................................62Les radios écoutées..........................................................................................................65La télévision....................................................................................................................67L'ordinateur......................................................................................................................69

B-Le traitement médiatique du développement durable et sa réception...................................70a)Presse écrite.......................................................................................................................70b)La radio.............................................................................................................................71c)La télévision......................................................................................................................72

C-Socialisation éducative au développement durable..............................................................76a)Scolarité (école, collège, lycée).........................................................................................76b)Centre de loisirs et de vacances........................................................................................79c)Expériences professionnelles diverses..............................................................................80

D-Perception du développement durable grâce aux voyages réalisés......................................81Socialisation au développement durable par le territoire...............................................................83

A-Comment transmettre l'information aux habitants ?.............................................................83B-Le Conseil de Développement..............................................................................................84

a)Présentation générale de la structure.................................................................................84

147/148

Page 150: Perceptions du développement durable et comportements sociaux

b)Séances de travail avec Unis-Cité.....................................................................................85Facteurs sociaux..............................................................................................................86

Séance "Modes de vie, transports"..............................................................................86Séance "Projection, Modes de vie".............................................................................88Séance "Développement Durable – Indicateurs de richesse".....................................91Séance "Habitat – Urbanisme"....................................................................................94

Processus interactionnel................................................................................................100Le leadership.............................................................................................................100La délibération, produit d'un échange entre un nombre limité d'individus...............102

Conclusion de la deuxième partie................................................................................................103Conclusion........................................................................................................................................104

Des perceptions et pratiques socialement et sexuellement divergentes.......................................104... liées à des socialisations individuelles ....................................................................................105Les principaux enjeux de Nantes Métropole vis à vis du développement durable......................105

A-La mobilité..........................................................................................................................105B-Secteur économique............................................................................................................108C-Énergies renouvelables........................................................................................................108D-Propreté de la ville..............................................................................................................108E-Urbanisme et mixité sociale................................................................................................109F-La culture.............................................................................................................................110G-Rôle des centres de loisirs...................................................................................................111H-La démocratie participative.................................................................................................111I-Ouverture à l'échelle internationale......................................................................................112

Bibliographie....................................................................................................................................113Ouvrages......................................................................................................................................113Documents juridiques..................................................................................................................115Références audiovisuelles............................................................................................................116

Annexes............................................................................................................................................117Le questionnaire ..........................................................................................................................117Graphiques et tableaux cités au cours de l'analyse......................................................................134

148/148