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l’Histoire en chantiers A ssociation pour la R estauration et la Sauvegarde du P atrimoine du Pays d’ A ix

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l’Histoire en chantiersAssociation pour la Restauration et la Sauvegarde du Patrimoine du Pays d’A ix

Marie Bels - Architecte IUAVNúria Nin - Conservateur du Patrimoine de la ville d’Aix-en-Provence

l’Histoire en chantiers

Catalogue réalisé à partir de l’exposition présentée lors des Journées du Patrimoine 1997

Palais de Justice - Aix-en-Provence

Culture

Ministère

Direction régionaledes

affaires culturellesProvence-Alpes-

Côte d'Azur

Cet ouvrage a pu être édité grâce à la confiance et au soutien de :

la Direction des Affaires Culturelles de la Ville d’Aix-en-Provencela Cour d’Appel d’Aix-en-Provence

la Direction Régionale des Affaires Culturellesl’entreprise Léon GROSSE

M. Olivier NASLES

Pour les Journées du Patrimoine des 20 et 21 septembre 1997, l’ARPA s’est chargée d’organiser la mise en valeur du Palais de Justice d’Aix-en-Provence et de son quartier au moyen d’une

exposition sur l’histoire du site, d’animations de rues et d’une représentation théâtrale nocturne.

Cette production a bénéficié du soutien financier de :

la Ville d’Aix-en-Provencela Cour d’Appel d’Aix-en-Provence

la Direction Régionale des Affaires Culturellesle Conseil Général des Bouches-du-Rhône

la société TEXENla Fédération du Bâtiment et des Travaux Publics des Bouches-du-Rhône

l’entreprise GIRARDla Société Nouvelle d’Entreprise

la SACIA (commerçants d’Aix-en-Provence)le STOP BAR

et de la participation des Services Techniques de la Ville d’Aix-en-Provence, du personnel de la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, de la Police Nationale, de la Police Municipale et, bien sûr, des

membres de l’ARPA.

Culture

Ministère

Direction régionaledes

affaires culturellesProvence-Alpes-

Côte d'Azur

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Le patrimoine architectural est vivant.

Il est ce que nous avons conservé du passé ; il se transforme au fil des restructurations, et s’étend ou se déplace à chaque nouvelle construction, reflet changeant des individus comme de nos structures sociales.

Le centre d’Aix-en-Provence, et plus spécialement le quartier du Palais, nous offrent une vision particulièrement riche et éloquente de ce caractère fonda-mental de notre environnement urbain.

C’est pourquoi, à l’heure de retrouver l’usage d’un quartier que les travaux du Ministère de la Justice et de la Ville d’Aix-en-Provence transforment une fois encore, l’Association pour la Restauration et la Sauvegarde du Patrimoine du Pays d’Aix se devait de rappeler au plus grand nombre la place que ce lieu tient dans notre mémoire collective.

L’objet de ce catalogue est de résumer l’évolution du site, à partir des images de l’exposition présentée lors des Journées du Patrimoine 1997.

L’intérêt que les institutions publiques, les associations, les entreprises, les commerçants et de nombreux professionnels ont montré en soutenant cette action constitue le plus bel encouragement, sinon la preuve que le Patrimoine bâti est l’affaire de tous, et que les efforts de l’ARPA ne sont pas vains.

Que tous en soient ici remerciés.

Pascal DUVERGERPrésident de l’ARPA

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ne Ville en mouvement”

L’exposition réalisée lors des Journées du Patrimoine 1997 nous a plus que jamais montré l’importance pour notre Ville de cette part d’elle-même qu’est le quartier du Palais.

En 1996, le Musée du Vieil Aix, grâce à son exposition annuelle, nous apprenait ce qu’avait été le Palais Comtal dans notre histoire.Aujourd’hui, par ce catalogue ainsi que par la nouvelle installation au Musée Granet, des vestiges découverts sur le site du Palais Monclar, l’ARPA et le Service Archéologique de la Ville d’Aix-en-Provence nous pro-posent de continuer cette prise de conscience.

Conscience du mouvement continuel qui agite l’espace urbain dans lequel nous vivons, conscience de la marque nécessaire que chaque époque lui imprime, conscience qu’à travers les bouleversements successifs qu’il connaît se fabrique une ville, notre Ville. Une ville vivante dont la mémoire est aussi importante que la part visible qu’elle nous offre.

Ici le quartier du Palais, ailleurs celui des Thermes, demain le Cours Mirabeau ; notre époque a, elle aussi, le devoir de transformer les espaces, de s’approprier la ville, dans une réelle fidélité à son histoire, dans le souci de répon-dre aux besoins d’aujourd’hui, tout en préparant l’ave-nir. Que tous ceux qui ont collaboré à ce travail soient remerciés de nous permettre de mieux lire ici notre Ville.

Jean-François PICHERALMaire d’Aix-en-ProvencePremier Vice-Président du Conseil Général

“U

1- Vue aérienne du centre historique de la ville d’Aix-en-Provence.

4

ans la longue et riche histoire d’Aix-en-Provence, les institutions judiciaires, du parlement à la cour d’appel, ont une place originale. Si les hôtels particuliers des magistrats d’avant la Révolution témoignent encore de ce temps, il ne reste pourtant rien du palais de justice de cette époque. Claude-Nicolas Ledoux, chargé à la fin du XVIIIe siècle de réaliser un palais et une prison, n’a pas réussi à mener à bien son projet, n’allant pas au-delà de la démolition du palais comtal et des fondations des nouveaux bâtiments. Seule une maquette de son œuvre “imaginaire” a été récemment fabriquée. Michel-Robert PENCHAUD construira, lui, dans le pre-mier tiers du XIXe siècle, l’actuel palais et l’ancienne prison. Mais si la justice est enracinée dans le passé, trop même aux yeux de certains, elle sait aussi s’insérer dans le présent et se projeter dans l’avenir. Cette année 1997 voit s’achever la construction, à l’in-térieur du mur d’enceinte de l’ancienne prison, désormais le Palais MONCLAR (Jean-François RIPERT DE MONCLAR fut procureur général de 1732 à 1771), d’un ouvrage alliant harmonieusement souci de modernité et respect de l’histoire. L’Association pour la Restauration et la Sauvegarde du Patrimoine du Pays d’Aix, dont l’action efficace est connue et reconnue, a, pour les Journées du Patrimoine, naturellement porté son regard sur le palais de justice et ses alentours. Les responsables de la cour d’appel ont accueilli avec beaucoup d’intérêt cette idée qui a permis, dans les locaux du Palais VERDUN, de retrouver, à travers la vie du bâtiment, l’histoire judiciaire aixoise qui est intimement mêlée à celle de la ville. Que les co-auteurs et les complices de cette belle expo-sition soient chaleureusement remerciés à la fois de l’avoir conçue et réalisée et d’en vouloir conserver la mémoire à travers ce précieux catalogue.

Jean-Pierre PECHPremier Président de la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence

éalisé à l’occasion des journées du patrimoine 1997 sous forme d’exposition publique et donnant lieu aujourd’hui à une publication, le présent travail de l’A.R.P.A. nous raconte l’histoire d’un morceau de ville durant 2000 ans. De la fondation de la cité romaine jusqu’à l’inauguration du pôle judiciaire, on découvre, toujours fasciné mais jamais certain d’avoir tout compris, les mécanismes éternels qui pro-duisent cet espace familier, presque évident, que l’on nomme la ville historique. Pourtant, ici comme ailleurs, peut-être plus encore, l’histoire ne s’est pas déroulée de façon linéaire. Peut-on réel-lement concevoir aujourd’hui, malgré les explications des archéologues ou l’analyse attentive des documents d’archives, la brutalité de l’intervention du XVIIIe siècle, qui n’hésite pas à rompre radicalement et tout à la fois avec l’échelle, la trame et la typologie des constructions préexistantes ? Et une fois de plus, la qualité de l’ensemble tient autant à la réussite de l’édification -bien que chaotique- des éléments majeurs, qu’à l’inaboutissement du grand plan urbain rêvé par Claude-Nicolas Ledoux. La transformation récente en pôle judiciaire de l’an-cienne prison constitue le dernier acte de cette histoire mou-vementée. Mais cette fois, l’aménagement d’une coquille vide n’est pas là pour satisfaire seulement au goût moderne du compromis : à l’opposé de la détestable pratique du “façadis-me”, le projet ne camoufle pas, il met en scène la violence de l’acte urbain ; pas le nôtre, celui de nos prédécesseurs. Au moment où les services de l’Etat tentent de réconci-lier création architecturale et protection du patrimoine, puisse une telle réalisation offrir un signe d’espoir. Merci au ministère de la Justice de l’avoir menée à bien et à l’A.R.P.A. de nous la faire comprendre.-Novembre 1997-

François GOVENConservateur Régional des Monuments Historiques de PACA

D R

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5- Proposition de restitution des constructions romaines

englobées dans le palais comtal.

Lithographie tirée de l’ouvrage de Roux Alphéran,

“Les rues d’Aix”.

2- Aix-en-Provence durant le Haut Empire

Aix-en-Provence durant le Haut Empire

Première fondation romaine en Gaule (122 av. J.C.), la création de la ville antique d'Aquae Sextiae marque le premier jalon de l’entrée par la force dans l’orbite romaine du pays salyen et, à sa suite, de la Gaule. L’archéologie a livré peu de chose de la genèse de l’agglomération qui nous est en fait surtout connue pour la période du haut Empire (Ier-IIe s. de n.è.).Les éléments de fortification mis au jour et le réseau des nécropoles qui la ceignent laissent voir une ville d'environ 60 à 70 ha, s'étirant d'est en ouest, que sa parure monumentale et le luxe de ses habi-tations désignent comme un centre prospère.Loin d'être central comme aujourd'hui, le quartier du Palais se situait alors à l'entrée sud-est de la ville. A l'emplacement de l'actuel palais de justice Verdun se dressait une porte monumentale, la porte d'Italie, par laquelle la via aurelia pénétrait dans l’agglomération pour en devenir l’artère majeure, le cardo maximus.

3- Aix-en-Provence aux Ve-Xe siècles.

Aix-en-Provence aux Ve-Xe siècles

Suivant une évolution commune à la plupart des villes antiques de Provence, Aquae Sextiae voit, à partir du IIIe s. de n.è., son enveloppe se réduire considérablement. Si le dépérissement urbain est indéniable -en témoigne l’abandon de la plupart des quartiers résidentiels- se sont malgré tout longtemps maintenus plusieurs pôles d'occupation qui préfigurent l'organisation polynucléaire de la ville médiévale. A l'ouest, le quartier de la Seds a peut-être abrité la première cathédrale. Au centre, la vie urbaine a continué autour du forum auquel s’est substitué, vers 500, le groupe épiscopal de l'Eglise métropolitaine, qui marque l'émergence des Christiana Tempora. Autour de la porte d'Italie semble également avoir subsisté un pôle d’occupation ainsi que le suggère l'étonnante conservation des deux tours et du mau-solée antiques, qui ont servi de point d’ancrage au palais comtal.

4- Carte de la Gaule dressée pour l’édition de Ptolémée réalisée à

Ulm en 1482, d’après l’ouvrage de Ch. Goudineau, “César et la

Gaule” . Ed. Errance.

6- Détail indiquant la ville d’Aquae Sextiae.

Aix à travers le temps

6

Aix-en-Provence au XIVe siècle

Si au cours du XIVe s. l’enveloppe urbaine s’accroît -de nouveaux remparts viennent protéger les faubourgs ouest et sud- ces extensions ne reflètent pas le développement réel de l’agglomération durement touchée par les épidémies de peste noire qui déferlent sur la Provence en 1378. En réalité l’espace habité s’est rétréci. Plusieurs bourgs sont démolis, la ville des Tours, trop isolée, est désertée et la plupart des ordres religieux installés hors les murs se replient à l’abri des murailles. Ainsi les Carmes, les Dominicaines et les Clarisses s’établissent aux abords du Palais comtal. A la fin du siècle la superficie urbaine s’est réduite de plus d’un tiers et, dans le périmètre enclos par les fortifications, resteront pour longtemps de larges espaces occupés par des jardins.Moment important de la vie politique et de l’organisation administrative de la ville, la maison com-munale se fixe en 1357 au pied de la tour de l’Horloge, témoignant désormais du poids de l’autorité municipale.

9- Aix-en-Provence au XIVe siècle.

7- Aix-en-Provence aux XIe-XIIe siècles

La topographie de la ville telle que l’on peut l’imaginer pour les XIe et XIIe s. apparaît polynucléaire. Le noyau le plus anciennement formé est le bourg épiscopal constitué autour de la cathédrale et déjà relativement développé à la fin du XIe s., qui prend l’appellation de bourg Saint Sauveur. Parallèlement se développe au sud la ville comtale, qui paraît s’être formée à partir d’une forteresse comtale appuyée sur les deux tours et le mausolée romains. Attestée dès 1153, elle s’étend, peut-être dès la fin du XIe s, entre ce fortin qui va devenir le palais comtal et le bourg Saint Sauveur. Enfin, à l’ouest, apparaît un troisième quartier dont on reconstitue difficilement l’évolution, la ville des Tours. Cette agglomération englobe l’église Notre Dame de la Seds et la “villa” de l’archevê-que.

7- Aix-en-Provence aux XIe-XIIe siècles.

Aix-en-Provence au XIIIe siècle

Dans le premier quart du XIIIe s. Aix devient résidence ordinaire du Prince et siège de sa cour. Cette présence dans la ville du gouverneur et de l’administration naissante lui confère prestige et profit. Elle contribue alors à son essor démographique, qui se traduit par l’urbanisation de la ville des Tours et surtout la dilatation de l’espace urbain. Ainsi, dans le courant du siècle, les enceintes sont débor-dées de toutes parts et de nombreux quartiers éclosent au-delà des murs. La multiplication des fondations religieuses et caritatives rend bien compte de la vitalité de l’agglo-mération : la création de nombreux hôpitaux et couvents des ordres mendiants (Mineurs, Sachets, Carmes, Dominicaines, Augustins) participe en effet d’une importante activité de construction qui va durer jusqu’au milieu du XIVe s. Les Dominicains fondent leur couvent en 1274, hors les murs de la ville comtale, près du Palais Com-tal.

8- Aix-en-Provence au XIIIe siècle.

7

12- Vue de la ville d’Aix pendant le siège du duc d’Epernon

en 1593. Musée Paul Arbaud, Aix-en-Provence.

14- Détail sur le Palais Comtal.

Aix-en-Provence au XVè siècle

Malgré une reprise difficile, la ville retrouve, au XVe. s., le périmètre des faubourgs du XIIIe s. alors fortifiés. Lié à la reconquête d’un vaste terroir où l’élevage tient une place prépondérante, le regain de dyna-misme de l’agglomération se reflète dans la construction religieuse. Métropole religieuse, Aix redevient également ville royale. Le roi René y établit sa résidence en 1471 et réalise plusieurs vastes pro-jets. Il agrandit à l’est le palais comtal par la construction d’une aile où se développe désormais la façade principale. Puis, pour donner à cette façade un cadre digne d’elle, il crée en 1471 la place des Prêcheurs. Cette réalisation qui annonce, toutes proportions gar-dées, les grandes opérations d’urbanisme des XVIe et XVIIe s., est à l’origine d’un renouveau de la construction civile.

10- Aix-en-Provence au XVe siècle.

Aix-en-Provence au XVIe siècle

En dépit des épisodes dramatiques qui en ponctuent l’histoire (conquêtes impériales, guerres religieuses, guerre de la Ligue, peste), l’agglomération connaît un développement continu dont témoigne en premier lieu la reprise démographique. Elle doit cette attraction avant tout à son statut de capitale admi-nistrative liée à l’arrivée, en 1501, du Parlement qui s’installe dans le palais comtal. Son dynamisme se manifeste par une grande activité architecturale tant religieuse que civile, par le développement de la vie intellectuelle et de l’économie. Cet essor général se traduit par un accroissement de l’espace urbain à l’est. La création en 1583 du quartier Villeneuve, à l’emplace-ment de l’ancien jardin du Roy, y prolonge l’agrandissement réalisé en 1471 par le roi René.

11- Détail du plan gravé par Honoré Coussin

en 1749, représentant la ville d’Aix en 1468,

au temps du roi René.

Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.

13- Aix-en-Provence au XVIe siècle.

8

16- Détail du plan géométrique de la ville

d’Aix dressé par Jacques Maretz et gravé en

1623.

Musée Paul Arbaud, Aix-en-Provence.

Aix-en-Provence au XVIIe siècle

Période d’exceptionnel développement, le XVIIe s. voit la réalisation de deux importants programmes d’urbanisme : le quartier Villeneuve en 1605 et le quartier Mazarin en 1646, qui couvre à lui seul 20 ha. Avec l’incorporation du faubourg des Cordeliers, la ville, dont la superficie a doublé, retrouve la taille qu’elle avait dans l’antiquité. C’est sur ce nou-veau périmètre que s’est calqué le Secteur Sauvegardé (voir fig. 1).Toujours enclose, Aix garde un environnement de jardins, de vergers et de champs. L’espace urbain est divisé en quartiers qui conservent leurs particularités. Dominé par le groupe des clercs séculiers que côtoient de nombreux artisans, le bourg Saint Sauveur tient son prestige du groupe cathédral. Très populaire, le quartier des Cordeliers est peuplé d’artisans regroupés en rues spécialisées. Le quartier Mazarin est le beau quartier par excellence. La ville comtale, désormais inscrite au centre de l’agglomération moderne, est au cœur de la vie politique et de la vie économique.

17- Détail du plan de la ville d’Aix dressé en

1646 par Jean Boisseau.

Musée Paul Arbaud, Aix-en-Provence.

15- Aix-en-Provence au XVIIe siècle.

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18- Plan géométrique de la ville d’Aix, capitale de la

Provence par Devoux, 1762.

20- Détail du plan d’Aveline sur le quartier du palais.

Aix-en-Provence au XVIIIe siècle

Le XVIIIe s. apparaît comme une période d’aménagement intérieur. L’espace urbain délimité au XVIIe reste le même et la plupart des travaux concernent sa mise en valeur : aménagement de la perspective du Cours, aération du centre ancien par la création de nouvelles places (Place d’Albertas). Au nombre des programmes édilitaires comptent la construction des Casernes, la reconstruc-tion de l’Université, l’aménagement des boulevards qui ceinturent les lices extérieures et l’ambitieux projet de Claude-Nicolas Ledoux : la construction d’un nouveau palais et d’une prison en plein cœur de la cité. Dans ce contexte, la Révolution marque une étape d’autant plus importante dans l’histoire urbaine d’Aix qu’elle entraîne une forte émigration et la perte de certaines des fonctions administratives qui faisaient vivre la ville, à l’exception toutefois du tribunal finalement maintenu.

19- Aix, ville capitale du comté de Provence, siège d’un achevêché et d’un parlement, par Aveline, fin XVIIe-début XVIIIe s.

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21- Aix-en-Provence vue de l'ouest.

Sur fond de paysage cézannien, on distingue à l'avant du Palais Verdun, la toiture en tuiles

du Palais Monclar, en harmonie avec le paysage urbain.

22- Le Palais Verdun et le futur Palais Monclar.

La première phase de démolition est achevée, et dans l'enceinte

de la prison, entièrement vidée, apparaît la trame des fondations

de Claude-Nicolas Ledoux.

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Le respect du patrimoine urbain

Outre la volonté de regrouper dans un même lieu les locaux nécessaires à la Cour d’Appel, c’est ici surtout le souci de maintenir l’activité judiciaire sur le lieu symbolique de l’exercice de la Justice à Aix-en-Provence, qui a conduit à réhabiliter la maison d’arrêt, désaffectée depuis 1991. Les impératifs techniques et patri-moniaux ont ainsi abouti à la conception d’un projet qui fait une heureuse synthèse entre l’histoire architecturale et urbaine de ce secteur d’Aix et la nécessaire moderni-sation des institutions que la ville abrite.

Le patrimoine de cette zone réside moins ici dans l’architecture que dans l’his-toire de son évolution urbaine contrariée et dans la continuité de la fonction judiciaire.Le choix de conserver l’enceinte de la maison d’arrêt a ainsi tenu à la volonté de pérenniser la mémoire de l’ambitieux projet d’urbanisme de Claude Nicolas Ledoux, présent à travers les bâtiments et les alignements réalisés.

La restructuration nécessitait toute-fois que soient réunis les 6500 m2 de bureaux et de salle d’audience préconisés par les études du schéma directeur des besoins des juridictions d’Aix-en-Provence. Ainsi, contrainte dans l’ancien parcel-laire (2500 m2) et tributaire de la réglemen-tation du Secteur Sauvegardé, l’assiette du nouvel édifice imposait d’accroître ses capacités par la création d’un sous-sol environ 4 m plus bas que le sol de circula-tion alentour.

24/25- L’ouverture d’un accés au chantier a entraîné le démontage d’une partie du mur d’enceinte dont les

éléments architecturaux, ici une baie, ont été soigneusement démontés pour être réinsérés ultérieurement.

27- Maison d’arrêt, décembre 1995.

Le chantier a été restitué depuis plusieurs mois à l’en-

treprise de gros œuvre et, une fois le mur d’enceinte

entièrement conforté, le mur intérieur de la galerie

périmétrale a été démoli, révélant l’emprise définitive

du bâtiment à constuire.

26- Maison d’arrêt, janvier 1995.

Sur cette vue prise depuis le palais Verdun, la galerie

périmétrale de la maison d’arrêt est encore présente.

Les saignées qui rythment son mur intérieur réservent

l’installation des butons destinés au maintien du mur

d’enceinte.

23- Maison d’arrêt, décembre 1996.

Quelques archéologues travaillent en

priorité à l’emplacement d’un buton

pour libérer le terrain nécessaire à son

installation.

L’opération archéologique du Palais Monclar

12

Le respect du patrimoine archéologique

En raison du potentiel archéologi-que du site -la parcelle se trouve au cœur de la ville ancienne, dans un secteur qui a de surcroît connu une occupation quasi-ment continue depuis l’époque antique- et suivant une procédure tout à fait cou-rante, le Service Régional de l’Archéologie de PACA a mis en place, bien en amont des travaux, une campagne de diagnostic archéologique destinée à déterminer l’im-portance des vestiges, leur état de conser-vation et surtout la puissance du dépôt ancien conservé. C’est en effet avant tout de l’épaisseur de la sédimentation archéo-logique que dépendent le coût et la durée d’une fouille archéologique. Réalisée en juillet 1992, cette enquête préliminaire entraînait par ses résultats, la programmation d’une fouille extensive sur l’ensemble des terrains concernés par le projet, à savoir le site de la maison d’arrêt et la salle projetée sous la rue Peiresc pour relier le palais Verdun au futur palais Monclar. Dans le même temps, le Service de l’Inventaire réalisait une campagne de relevés et de photographies du bâtiment édifié par M. Penchaud, voué à une pro-chaine disparition. Initiées en novembre 1994 par le calepinage des fondations de Ledoux, les fouilles de la maison d’arrêt se sont achevées en mai 1995 avec le démontage de la noria médiévale. Les recherches devaient reprendre durant l’été 1996 dans la rue Peiresc.

29- Maison d’arrêt, Janvier 1995.

Pour que le calendrier du chantier soit respecté, qu’il neige ou qu’il

pleuve, les fouilles archéologiques continuent, offrant ainsi des ima-

ges singulières.

28- Maison d’arrêt, février 1995.

30/31- Maison d’arrêt, mars 1995.

Le dégagement de la noria médiévale est bien avancé… et, quel-

ques 2,50 m plus bas, au fond du puits, découverte des godets en

céramique par le fouilleur, certes fatigué et boueux, mais ô com-

bien heureux.!

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L’AntiquitéRéalisées avec une importante équipe d’archéologues de l’AFAN et des stagiaires de l’Université de Provence, sous la direction scientifique du Service archéologique de la Ville d’Aix-en-Provence, ces recherches ne se sont pas voulues seulement une entreprise scientifique. En mettant en œuvre un programme d’insertion judiciaire et sociale, elles ont également été l’occasion d’affirmer la dimension humaine et d’intégration que peut avoir une telle action patrimoniale.

32- Sur ce plan d'Aquae

Sextiae durant le haut empire ont été colorés en rouge les ves-

tiges antiques découverts dans le quartier du Palais et en bleu,

le forum mis au jour sous la cathédrale. Si les limites de la ville

sont encore hypothétiques, son organisation apparaît

aujourd'hui clairement grâce aux nombreuses fouilles réalisées

ces quinze dernières années.

33- La tour du Trésor par

A.E. Gibelin, 1787. Le per-

sonnage brossé au pied de

la tour se dresse sur une

ligne indiquant le niveau

de sol antique et donne

l'échelle de l'édifice. La

partie supérieure de la tour

et son couronnement sont

à l'évidence restaurés mais

nous ignorons si la restau-

ration correspond à l’élé-

vation antique.

34- Le mausolée par

A.E. Gibelin, 1787.

37- Tour du Chaperon gravée par Devoux en

annexe de son plan d’Aix, 1753.

36- Plan anonyme du palais comtal conservé à la

bibliothèque Méjanes (Est A10). La légende dési-

gne également la tour antique du Chaperon.

“Du haut de la Tour de l’Horloge, nous avons

considéré la situation des deux (autres tours), à

sçavoir, de celle du Chaperon, qui est au coin

des prisons, et celle du Trésor, où sont les

Chartes du Roy Comte de Provence, laquelle est

près de la Chapelle Saint-Mitre”.

Jean Scholastique Pitton.

35- Vue de la tour du Trésor et

d’une partie du palais comtal.

Anonyme fin XVIIIe s.

Bibliothèque Méjanes,

Aix-en-Provence.

Parce que toute enquête archéologique est avant tout

œuvre collective, nous associons ici pleinement tous

ceux qui ont participé à ces recherches.

En premier lieu, l’ensemble des archéologues qui ont

permis la réalisation des fouilles : Jean Paul Jacob et

Xavier Gutherz, Conservateurs Régionaux de l’Archéo-

logie de PACA qui nous ont donné toute leur confiance

et leur soutien, ainsi que toute l’équipe de fouille :

Stéphane Barbey, Hammou Bendada, Agnès Bergeret,

Eric Bertomeu, Serge Bonnaud, Mamdoul Boulghalegh,

Olivier Boudry, Corinne Bouttevin, Laurent Casanova,

Jean-Louis Charlot, Sandrine Claude, Francis Cognard,

Laurent Cordier, Brigitte De Luca, Margot Derain, Jean-

Jacques Donato, Laurent Duflot, Jean-Jacques Dufraigne,

Elisabeth Emery, Thomas Garel, Eric Guillet, Maura

Kaene, Emilie Leal, Jean-Luc Lopez, Marie Lutti,

Laurence Mahiques, Jean-Claude Matheron, Denis

Michel, Xavier Milhand, Anne-Christine Nalin, Andreas

Nicolaïdes, Noële Nin, Frédéric Parent, Marie-Thérèse

Pesty, Nora Rehala, Abbes Rahou, Nathalie Roncaglia,

Patrick Rubini, Oueded Senoune, Robert Thernot,

Muriel Vecchione, Eric Yebdri.et Denis Delpalillo

Enfin, tous ceux qui ont accompagné le chantier et

l'ont soutenu :

Pour le Ministère de la Justice, Maître d'Ouvrage :

Madame Marie Claire Bozonnet et Monsieur

Guyomard

Pour la Maîtrise d’Œuvre, Jean-Michel Battesti, Bernard

Raquet et Nicolas Ostermann

Pour l’Entreprise Générale Léon Grosse : Messieurs

G. Chapeaux, R. Billet et G. Moretti

ainsi que tous les autres collaborateurs…

A tous, encore merci.

14

La démolition du palais comtal ne fut pas une perte irréparable pour la seule histoire médiévale de la ville. Elle le fut aussi pour son antiquité. Dans la partie la plus ancien-ne du palais comtal se trouvaient en effet trois construc-tions gallo-romaines englobées dans la masse de l’édifice. Elles étaient alors désignées sous le nom de Tour du Trésor, Tour du Chaperon et Tour de l’Horloge. On ignore l’inter-prétation que fit le Moyen-Age de ces vestiges mais dès le XVe s. leur antiquité est reconnue et, en 1666, Jean Scholastique Pitton en fait une relation détaillée. Cachés en grande partie par les autres bâtiments, ces édifices ont donné lieu, au moment de leur destruc-tion, à une abondante documentation qui, aussi riche qu’elle fût, laisse, sans doute pour toujours, bien des questions sans réponse. Leur identification ne fait toute-fois pas de doute. Il s’agit là de l’une des portes principa-les de la ville antique, désignée sous le nom de porte d’Italie parce qu’ouverte sur la voie aurélienne, et d’un mausolée bâti quelques mètres en avant d’elle.

La porte d’Italie

Si la monumentalité de la façade de cette porte ressort bien des dimensions des tours du Chaperon et du Trésor -elles mesurent 9 m de diamètre et 24 m d’éléva-tion environ- son plan reste toutefois imprécis. Les obser-vations de Pitton et de Gibelin tout comme les plans du palais comtal indiquent que ces deux tours étaient liées par un mur en demi-lune dont le franchissement a pu com-porter trois ouvertures destinées à la circulation charretière au centre et piétonne de part et d'autre de la chaussée.La présence, à l’arrière des tours, d’un “massif construit” longtemps interprété comme un prétoire, évoque plutôt une cour intérieure située intra-muros et en arrière de la porte, selon un modèle très répandu dans le monde romain pour les portes dites à "cavaedium". Malheureusement rien ne permet de préciser la datation de cet ensemble.

Aucune des restitutions propo-

sées pour la porte d’Italie n’est

satisfaisante. Les deux documents

suivants montrent l’évolution des

hypothèses.

42- La restitution que proposait

R. Ambard en 1977 est inexacte

sur plusieurs points mais elle offre

l’avantage de donner une idée

générale de la porte antique en

montrant le mur en demi-lune

percé de trois portes.

D’après l’ouvrage de R. Ambard,

“Aix Romaine”.

41- Le palais Comtal restitué par

Pierre Joseph Laurent Gaillard de

Lonjumeau (1709-1766).

Musée Paul Arbaud, Aix-en-

Provence.

Exemples de portes antiques reliées par

un mur en demi-lune.

D’après G. Duby (dir.) “La France

Urbaine : 1. La ville antique”.

40- Fréjus :

porte des Gaules

39- Arles

38- Proposition de

reconstitution d’une porte

antique à “cavaedium”, la

“porta Leoni” de Verone.

Dessin tiré de l’ouvrage de P. Gros,

“L’Architecture Romaine” Ed. Picard.

15

Le mausolée

La Tour de l’Horloge était, quant-à elle, un mausolée que ses dimensions, analogues à celles des tours, désignent comme le monu-ment funéraire le plus important connu à Aix. Reposant sur un socle carré, l’édifice comportait deux éta-ges. Sa position par rapport à la porte rappelle celle du mausolée des Julii à Glanum, également édi-fié à côté d’un arc, et répond à la même volonté manifeste d’osten-tation qu’explique la qualité des destinataires : trois patrons de la colonie romaine dont les urnes funéraires en marbre avaient été enchâssées dans la maçonnerie du mausolée daté au plus tôt des der-nières décennies du IIe s. de n.è.Ce monument marquait en tout cas, dès l’entrée de la ville, le début de la plus riche des nécropoles aixoi-ses, dont les découvertes ont mon-tré qu’elle s’étirait sur 1,5 km le long de la voie aurélienne.

45- Peinture anonyme (fin du XVIIIe-début

XIXe) représentant plusieurs monuments d'Aix-

en-Provence et d'ailleurs.

A gauche, le mausolée aixois avec ses 3 urnes,

au 1er plan à droite celui de Glanum, à l'arrière

duquel le peintre a représenté la Tour du

Chaperon en cours de démolition. On devine à

l'arrière-plan un aqueduc et 2 rotondes.

Collection du Musée Granet, Aix-en-Provence.

44- Représentation du tombeau

romain publiée dans un texte

de Fauris de Saint Vincent. Les

lettres indiquent l’emplacement

des trois tombes découvertes à

l’intérieur de l’édifice. En D, la

bulla d’or trouvée dans l’une

des tombes.

43- La Tour de l’Horloge par

un anonyme de la fin du XVIIIe

s.

Bibliothèque Méjanes,

Aix-en-Provence.

16

Si les vestiges observés jadis dans le Palais comtal permettent de brosser à grands traits le paysage des abords d'Aix antique, -une voie et tout son charroi se dirigeant vers une entrée de ville monumentale après avoir traversé un paysa-ge de nécropole-, à l'intérieur même de l’agglo-mération, le décor du quartier du Palais n'apparaît en revanche que par touches. C'est ici la voirie qui est la mieux connue. Prolongeant intra-muros la voie aurélienne, le cardo maximus traversait le site en diagonale. Partout où elle a été observée -en 1787 par Gibelin à la hauteur des portes ou en 1966 dans la pois-sonnerie de la rue Chabrier- cette artère majeure de la ville est apparue pavée de grandes dalles de pierre froide, épaisses et sillonnées d'ornières. Les fouilles conduites tout récemment sous l'ancienne maison d'arrêt et la rue Peiresc n'ont pas permis de retrouver cette rue, définitivement détruite par les travaux de fondation de Claude Nicolas Ledoux, mais elles ont livré quelques indi-ces permettant de camper le cadre dans lequel elle s'inscrivait. Véritable avenue, le cardo, qui mesure ici plus de 10 m de large, apparaît bordé de deux portiques latéraux qui participent pleinement à la monumentalité du décor urbain. Les quelques ves-tiges d'insulae mis au jour en façade de rue laissent, quant à eux, deviner la présence de boutiques qui finissent d'évoquer l'ambiance colorée et animée d'un quartier que l'on devine très achalandé. C'est dans les rues transversales, telle la voie décumane découverte en 1995, loin du bruit et des activités de négoce, que devaient s'ouvrir les habita-tions plus cossues qu'évoquent les observations faites par Fauris de Saint Vincens dans la rue des Bagniers.

46- Plan des vestiges archéologiques découverts à

l’emplacement du palais Monclar et dans la rue

Peiresc.

Le tracé des deux rues, le cardo maximus et le decu-

manus secondaire qui se greffe sur lui, est indiqué

en grisé. De part et d’autre de ces voies se dévelop-

paient des îlots dont les parties sur rue étaient sans

doute occupées par des échoppes ou des ateliers.

49- Le dallage visible au premier plan appartient au

fond de l’égout commun au cardo et au decuma-

nus. Nous nous situons là précisément au carrrefour

des deux rues. Le brunissement des dalles résulte

d’un phénomène de stagnation des eaux usées au

moment où les collecteurs, mal entretenus, ont com-

mencé à se comalter (fin IIIe-début IVe s. de n.è.).

48- Traversant l’aire de

fouille en diagonale, le

collecteur du cardo

maximus atteste bien

le passage de la rue.

Sur la droite on distin-

gue quatre maçonneries

de plan carré. Ces dés

de fondation sont les

ultimes témoins du por-

tique qui bordait la rue.

Leur espacement -3

m- indique le rythme

de la colonnade.

47- On distingue l’emprise du decumanus perforé

par les fondations de Cl. N. Ledoux. Le tracé en est

rendu perceptible par le collecteur public construit

sous la chaussée et les fondations des murs de

façade des immeubles riverains.

17

53- C’est en bordure d’un large fossé d’orientation nord-sud qu’a

été établie la noria médiévale. La présence de ce fossé, dans une

zone où s’étend la ville comtale au début du XIIIe s., suppose que

sa phase d’utilisation est forcément antérieure à cette date et

soulève la question de son statut -élément naturel ou aménage-

ment volontaire- et de sa destination.

Sur le site même du palais Monclar ont sub-sisté peu de vestiges de l’habitat du haut empire si bien que la morphologie interne des îlots nous échappe pour beaucoup. Leur organisation apparaît cependant très tributaire des rues le long desquelles se développent des parcelles allongées où l’on res-tituerait volontiers des échoppes. En cœur d’îlot les rares éléments préservés renvoient à une occupa-tion en sous-sol : caves, cuves, bassins ou encore puits.

L’antiquité tardive

Pour l’antiquité tardive, ce sont les égouts publics qui ont livré les seules traces d’une occupa-tion du site, qui apparaît contrastée. Si les dépôts qui comblaient ces collecteurs témoignent bien de l’intensité de leur utilisation au moins jusqu’à la fin du IVe s. indiquant du même coup la permanence de l’occupation des îlots riverains, ils trahissent aussi l’absence d’entretien du réseau public qu’un lent colmatage a dû à terme conduire à abandonner.Un autre argument plaide en faveur d’un maintien d’une occupation du site : la survie des construc-tions monumentales enchâssées dans le palais com-tal. Sans permettre d’évoquer l’existence d’un noyau urbain, à l’image de celui qui s‘est maintenu autour de la cathédrale au delà du VIe s., leur remarquable conservation ne laisse pas de surpren-dre à Aix-en-Provence où les édifices, tant publics que privés, ont été si systématiquement démante-lés. Pour avoir été préservées, ces constructions ont dû continuer d’être utilisées. Par qui et sous quelle forme ? La question reste entière. Leur insertion au sein de la forteresse ne peut en tout cas à elle seule suffire à justifier leur sauvegarde car cette dernière n’est attestée qu’à partir de 1153.

50- Chantier archéologique

du palais Monclar, février

1995.

Radier en céramique et en

pierre d’un foyer découvert

dans la cave d’une maison

antique, Ier s. de n.è.

52- Dans le courant du IIIe s. les

collecteurs publics ont fait l’objet

d’un entretien moins régulier ainsi

que l’attestent les dépôts qui se

sont constitués dans leurs canaux.

Ces égouts sont toutefois restés en

activité jusqu’à la fin du IVe s. au

moins.

51- Une maison antique a conser-

vé certains de ses aménagements.

Ici, un puits dont le chemisage

bien appareillé témoigne de la

qualité des constructions.

Y étaient restés ensevelis plusieurs

cruches ainsi que quelques objets

domestiques évoquant une occupa-

tion entre le Ier s. et le IIIe s. de n.è.

18

Une noria de l’an mil

Parmi les rares vestiges médiévaux décou-verts lors des fouilles archéologiques du palais Monclar compte une noria datée des Xe-XIe s. Pour anecdotique que cet aménagement hydrauli-que paraisse au regard de la connaissance de la ville médiévale, il a au moins le mérite de rendre sa part au jardin médiéval en recomposant un peu de cette “auréole de jardinage” qui ceignait alors les agglomérations ou aérait leur espace urbanisé. Construit en bordure d’un fossé, ce puits à roue a également été établi dans la trajectoire des égouts antiques, alors démantelés mais toujours drainants, position volontaire qui révèle le souci des constructeurs de recueillir toutes les eaux disponibles sur le site. N’en étaient conservées que la partie basse du puits ainsi qu’une fosse de surverse. Creusé dans le sol naturel, le puits, ovale, mesure 3,50 m de long par 1,30 m de large. Ses parois ont été partiellement construites à l’aide de blocs de pierre froide retaillés dans les dalles du cardo maximus et assemblés sans liant. Sa profondeur conservée -à peine 2,50 m- suppose la destruction de sa partie supérieure sur au moins 3 à 4 m de hauteur. A la suite d’un effondrement de la paroi occidentale du fossé, qui mettait en péril l’usage de la noria, a été maçonné un mur de soutène-ment destiné tout à la fois à conforter le terrain et à restituer la superficie nécessaire à l’aire de cir-culation de l’animal tractant l’arbre horizontal. De la charpente de la noria ne subsistait rien hormis quelques godets de noria en cérami-que, qui appartiennent à un registre typologique très classique.

54- Vue générale, prise depuis l’est, de la noria miraculeusement épargnée par les fondations de Cl. N.

Ledoux. Au premier plan se trouve le fossé en bordure duquel a été construite la “pousaraque”, terme

provençal par lequel on désigne ces puits à roue et dont la toponymie locale garde encore le souvenir.

19

La reconstitution de la noria

Nous savons par les textes que les norias étaient fréquentes à Aix-en-Provence, même dans les jardins situés intra-muros. L’un des textes les plus précis est un prix-fait daté de 1428 établi par un “fustier” (charpentier) à la demande de l’"ortolan" (jardinier), Hugues Just pour la construction d’une “poauraca” (puits à roue). Limité à la fabrication du système de puisage, ce contrat ne permet pas plus de res-tituer le dispositif hydraulique qu’il ne laisse découvrir son mode d’entraînement dont on peut supposer qu’il était mû par “le lent manè-

ge d’une mule aveuglée”. Nous savons simple-ment qu’outre la roue en bois de chêne ont été commandés un “corredor”, canal en bois ser-vant à l’acheminement de l’eau vers les jardins à irriguer, et surtout la “pila”, c’est à dire l’auge de fuste dans laquelle devait se déverser l’eau des godets au sortir du puits. A défaut de connaître précisément les dimensions de l’appareillage en bois et, ce fai-sant, du mode de fonctionnement de la noria aixoise, nous nous sommes fondés, pour sa reconstitution, sur des éléments de comparai-son ethnographiques et tout particulièrement sur des exemplaires de noria plus récents, issus du pourtour méditerranéen. Sur la base des quelques éléments architecturaux connus, nous avons ainsi choisi de restituer un mécanisme simple, fondé sur l’association lanterne/rouet.Il ne s’agit là que d’une proposition possible parmi d’autres, qui vise plus à illustrer un concept général de fonctionnement qu’à défi-nir précisément le système utilisé pour la noria médiévale aixoise.

57- Vue prise depuis le nord-ouest du mur de soutènement

construit dans le fossé après l’effondrement de sa paroi occi-

dentale. Sa forme arrondie s’explique sans doute par la néces-

sité de restituer à l’aire de circulation supérieure (ici disparue)

la superficie indispensable à la traction du mécanisme.

56- Vue générale du puits de la noria, au

fond duquel apparaissent les fragments

des godets en céramique.

55- Détail du mur ouest du puits de la noria, construit à l’aide

de blocs en pierre froide débités dans les dalles de la chaussée

du cardo antique. Ce mur obture, en partie basse, le chenal

creusé naturellement par l’écoulement des eaux toujours drai-

nées par l’égout cardinal.

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59- Maquette de la noria réalisée à partir d’exemples

actuels et sub-actuels de Syrie et du Maroc.

Cette maquette a été réalisée par Denis Delpalillo.

58- Etude réalisée pour un projet d’insertion de la noria médiévale dans le

"Jardin des Vestiges" du Palais Monclar. L’animal est ici destiné à donner l’échelle.

21

Le Palais Comtal

“La ville comtale d’Aix n’a pas de centre, pas de haut-lieu. A travers sa

belle ordonnance, on ne découvre pas l’acropole, le monument où bat le cœur

d’une ville, où s’incarnent ses souvenirs, où s’inscrit et se symbolise son histoire.

Elle le possédait, cependant. C’était son Palais Comtal” La profonde nostalgie, voire le regret, qu’exprime ici Joseph d’Arbaud suffit à évoquer la valeur, à la fois historique, symbolique et sentimentale, qui était attachée à cet édifice composé “d’un ensemble assez disparate de bâti-

ments construits à différentes époques, qui étaient venus s’articuler autour d’un

noyau primitif constitué par une porte fortifiée de l’enceinte gallo-romaine.... en

avant de laquelle se dressait un mausolée....”

Dans l’étude qu’il en a fait, l’historien Jean Boyer a bien montré combien l’his-toire du palais comtal était indissociable de celles de la ville d’Aix et de la Provence : “ce vénérable monument, auquel chaque siècle avait en quelque

sorte apporté sa pierre, constituait à lui seul un véritable répertoire de l’art de

construire dans l’ancienne capitale de la Provence depuis l’antiquité romaine

jusqu’à la fin du XVIIIe siècle”.

Civitas Aquensis. Est sua propria et caput Provinciae ubi habet palatium

“Il y a là son palais”. L’histoire du palais Comtal commence en fait avec les comtes de Provence de la famille de Barcelone. Ils ont, dès le XIIe s. et sans doute bien plus tôt, établi leur résidence dans une forteresse ancrée sur les bâti-ments romains et dont la présence impérieuse exprimait l’autorité qu’ils exer-çaient sur la ville et sur le comté. Au début du XIIIe s., cet édifice fortifié, jusque là résidence provisoire d’un comte itinérant, devient un palais régulièrement habité par le maître de la Provence et les officiers de sa cour. Aménagé en 1227 par Raymond Bérenger V qui en fait le siège de son gouvernement, il est encore agrandi par Charles II d’Anjou en 1300. La désaffectation de la partie orientale du rempart auquel était alors adossé le palais, permet la construction, à la fin du XVe s. par René d’An-jou, de l’aile orientale qui devient le corps principal de l’édifice et où se déve-loppe désormais la façade principale en avant de laquelle il crée la vaste place des Prêcheurs, destinée à lui servir d’écrin.

60- Plan du rez-de-chaussée du Palais Comtal, relevé par

Claude-Nicolas Ledoux,

Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.

Ce document a été inséré sur la restitution du parcellaire

vers 1786, proposée à partir de l’étude des confins

menée par Sandrine Claude.

Le plan relevé par Claude Nicolas-Ledoux en

1775 montre comment le Parlement, la Cour des

Comptes, le Bureau des Finances de la Généralité et les

autres services administratifs s’étaient partagés les

locaux. Au rez-de-chaussée, l’aile donnant à l’est sur la

place des Prêcheurs abritait le Parlement et le Bureau des

Finances. L’aile sud, sur la rue Palais, était en grande

partie occupée par la Cour des Comptes. Vers l’arrière se

trouvaient les locaux de la Conciergerie, les prisons, les

écuries et autres annexes donnant sur des cours intérieu-

res.

Une répartition à peu près identique se retrou-

vait au premier étage où le Parlement occupait la totalité

de l’aile orientale avec la salle des pas perdus, la grande

chambre et la chapelle. L’angle sud-ouest était affecté au

logement des gouverneurs.

22

Après la réunion du comté de Provence au royaume de France, le palais, qui ne cesse d’être modifié et embelli, accueille les nouvelles administrations de la province : le Parlement et la Cour des Comptes. A travers la description qu’il donne dans son ouvrage sur “Les curiosités les plus remarquables de la ville d’Aix”, Pierre Joseph de Haitze évoque avec une grande admiration la richesse de la décoration intérieure des salles. "Le palais est divisé en plusieurs

beaux appartements, dont les deux plus

bas sont occupés par Mrs. des Coptes et

du Sénéchal, qui sont à main droite en

entrant, et celui d'en haut par Mrs. du

Parlement, où l'on monte, premièrement

dans une grande salle (qui n'a sans doute

pas sa pareille dans toute la Province)

appelée communément des pas perdus,

et qui le sont bien souvent effectivement.

Au fond de laquelle il y a la petite Chapelle

du Parlement, dédiée à la Sainte Vierge,

où l'on ne voit qu'or & que peintures.

De cette Salle l'on entre dans celle de

l'Audience, où l'on voit en haut des por-

traits de tous les Roys de France dans des

compartiments quarrés. (...) Toute cette

Salle est peinte d'azur, parsemé de fleurs

de lys. (...) A plein pied de cette Salle on

va dans une autre encore plus belle, qu'on

appelle la grande Chambre, où la magnifi-

cence ordinaire des Messieurs du

Parlement, éclate de toutes parts, par des

dorures & des peintures, qui n'y laissent

aucun vuide."

61- Le Palais des Comtes de

Provence à Aix.

Essai de restitution par

M. Honoré Gibert, fin XIXe.

Musée Paul Arbaud, Aix-en-Provence.

62- Vue sur la ville d’Aix pendant le

siège du duc d’Epernon en 1593.

Détail.

Musée Paul Arbaud, Aix-en-Provence.

23

65- Maquette du Palais Comtal.

Détail de la porte créée par René d’An-

jou.

Réalisation :

Pierre Vallauri, Musée du Vieil Aix.

63/64- La porte monumentale qui ornait

la façade principale du Palais Comtal a

été une source d’inspiration féconde.

A gauche, représentation par Esprit

Devoux (1762) ;

à droite, dessin de Jacques Gabriel

Pouillard (1751-1823).

24

67- De l’église Sainte Catherine pourtant attes-

tée à la fin du XIIe s. et toujours présente sur

les plans cavaliers de la ville du XVIIIe s. (mais

est-ce toujours le même édifice ?), les seuls

témoins encore présents sur le site en 1995

étaient les quelques tombes post médiévales

et modernes tronquées par les fondations de

la prison construite par Cl. N. Ledoux.

66- Détail du plan de la ville d’Aix-en-Provence

dressé par Belleforest (1575).

Derrière la masse du palais comtal caractéristi-

que par ses trois tours antiques (légende P), se

détache l’église Sainte Catherine notée en 15.

Autour du palais : la ville comtale

La présence de cet édifice fortifié a pu très tôt cristalliser un habitat et, dès la fin du XIIe s., un faubourg méridional s’étend peut-être jusqu’au bourg Saint Sauveur. A la fin du XIIe s. sont en tout cas attestés dans son périmè-tre, l’église Sainte Catherine dépen-dant de l’ordre du Temple, et l’éta-blissement hospitalier de la Maison du Temple. La ville comtale, dont les limites ne sont connues qu’au XIIIe s., est pourvue d’un rempart avant 1227, et, à partir de cette date, la majeure partie du quartier du Palais se situe dans le corps de la ville, à l’abri de ses remparts. De cette période les fouilles n’ont à peu près rien livré. Cette absence n’est pas seulement impu-table aux travaux de CL. N. Ledoux, elle l’est aussi aux réaménage-ments successifs du quartier moder-ne et notamment aux caves des immeubles modernes dont l’édifi-cation systématique a presque par-tout fait disparaître les construc-tions médiévales.

25

69- Rue des Chaudronniers.

Les fondations de la maison d’arrêt n’ont

préservé aucun sol de rue. Pourtant,

celle-ci est bien présente. Parfois per-

ceptible grâce aux fondations des murs

de façade, la rue l’est aussi grâce à ses

aménagements enterrés. Ici c’est la par-

tie basse de son aqueduc et la conduite

de bourneaux qu’il protégeait, qui a

permis de repérer la rue des

Chaudronniers.

Cette conduite de bourneaux alimentait en

eau chaude la fontaine des Bagniers depuis

le puits de la maison du Sr Boufillon, sise

rue Palamard (actuelle rue Granet).

68- Ce plan dressé par Jean Paul Coste resti-

tue l’état du quartier du Palais avant 1778,

date à laquelle a commencé la démolition

du palais comtal noté en A et des immeu-

bles riverains.

D’après l’ouvrage de J. P. Coste, “La ville

d’Aix en 1695. Structure urbaine et société”.

C. Couvent de Sainte Claire ; D. Eglise Sainte Catherine ; F. Les grands Trinitaires ; K. Eglise Sainte Madeleine ; L. Les grands Carmes.27 : isle de Sainte Claire ; 28 : isle du Sieur Roubaud ; 29 : isle d’Achard ; 34 : isle du Palais ; 35 : isle de Sainte Catherine ; 36 : isle Rouard-Boulanger ; 37 : isle du Sieur Rencurel ; 38 : isle du Sieur d’Olivary ; 39 : isle de la paroisse de Sainte Magdailene ; 40 : isle de M. le conseiller de Mouriez ; 41 : isle de Monsieur le conseiller du Bourguet.

Le site à l'époque moderne (XVIe-XVIIIe s.)

Au milieu du XVIIIe s., à en croire la plainte d'un assesseur d’Aix, le quartier de Sainte Catherine "est pres-

que le seul où la ville n’ait point fait d’agrandissement et

celuy où les rues sont plus étroites, plus incommodes et

moins propres”. Ce propos s'accorde bien avec l’image qu'a restituée du quartier Jean Paul Coste, où se dessine un réseau de rues étroites et sinueuses, hérité en grande partie de l’urbanisme médiéval. Ce relatif figement de la structure urbaine est confirmé par les délibérations consulaires touchant la voirie qui n'est frappée d'alignement que très tardive-ment, la grande majorité des travaux n'intervenant pas avant la seconde moitié du XVIIIe s. Elle est patente enfin dans le découpage parcellaire très serré des îlots qui ont conservé leur morphologie médiévale. Evoquant une foule de petits métiers disparus, la toponymie des rues réfléchit, de son côté, directe-ment la composition socio-professionnelle du quartier. Ainsi la rue des Chaudronniers accueillait principale-ment des artisans du métal : fondeurs, chaudronniers et serruriers mais aussi verguetiers (fabricants de balances romaines), cloutiers et faiseurs d'épingles. Les rues des Marchands, des Gantiers et des Chapeliers, les métiers de l'habillement : drapiers, tailleurs, cor-donniers, gantiers, chapeliers, boutonniers et mar-chands pelletiers. Celle de la Boucherie, les bouchers et charcutiers. Autour du Palais comtal, dans les îles Sainte Claire et Sainte Catherine, se concentraient robins et fonctionnaires (huissiers, greffiers) mais aussi bour-geois et notables. Quelques belles maisons particuliè-res donnaient sur la place des Prêcheurs et dans la petite rue Saint Jean.

70- Cette photographie des vestiges de l’habitat

moderne fait prendre la mesure des destructions

engendrées par les travaux de Cl. N. Ledoux. Pour

construire les fondations, il a fallu épuiser les eaux

souterraines, mais surtout déblayer le rocher et “quan-

tité d’ancien décombre, et vieille et mauvaise bâtisse”

…à l’explosif !

26

L'ancienne maison d'arrêt a été édifiée à l'emplacement de quatre rues (rues du Temple ou de Sainte Catherine, Rifle-Rafle, des Chaudronniers et des Courcoussons) et de qua-tre îlots qui ont gardé leur masse médiévale et qu'oppose leur structure interne. Les îles de Sainte Catherine et de Sainte Claire sont aérées par deux établissements religieux médiévaux et leurs dépendances. Apparentés professionnel-lement, les îles d'Achard et de Rouard-Boulanger sont plus modestes. Les vestiges archéologiques et l'en-quête d'archive qu'ils ont suscitée, ont fourni la matière d'une étude de l'habitat moderne aixois. Avec ou sans cour, petites ou grandes, les maisons ont toutes des traits communs. L'accès depuis la rue se fait par un corridor qui conduit à la cour lorsqu'il y en a une, et dans lequel un escalier dessert tous les niveaux de l'habitation. Le rez-de-chaussée est réservé aux boutiques, ouvertes sur la rue, aux espaces artisanaux ou encore aux communs, tels la cuisine. Aux étages, au nombre de quatre ou cinq, se répartissent appartements, chambres et bureaux. En sous-sol, se trouve parfois une cave construite en sous-œuvre longtemps après l'immeuble et voûtée. D'une maison à l'autre s'y rencontrent les mêmes aménagements : sols caladés, carrelés ou simplement chaulés, cuves, "pila". Car la cave est souvent une cave à vin. Autre élément bien présent, le puits, qui, même privé, reste communautaire. C'est généralement dans une cour qu'il prend place, dans un angle ou contre un mur, situa-tion dont les fouilles ont bien montré la caractéristique.

72- N’ont subsisté de l’habitat moderne que les struc-

tures enterrées : les fondations des murs de maisons,

les sols de cave ainsi que les dispositifs maçonnés qui

s‘y trouvaient. Ces vestiges rendent surtout compte

d’une occupation de sous-sol dont l’organisation ne

réflète pas toujours celle de l’espace cadastré. Malgré

tout, le rythme de ce dernier est en maints endroits

perceptible grâce à la disposition des puits et aux

techniques de mise en œuvre des murs-maîtres.

71- La cave de l'une des maisons de l'Ile Sainte

Catherine donnant sur la rue Rifle-Rafle, a conservé son

sol caladé que traverse un fil d'eau ainsi que plusieurs

aménagements dont une cuve maçonnée.

73- Présente dans l’habitat aixois dès la seconde moitié

du XVe s. la “tine” ou cuve à vin est très fréquente

dans la cave de la maison. De plan quadrangulaire,

voûtée et généralement placée dans un angle, elle est

entièrement recouverte de carreaux vernissés. Une

trappe de visite, généralement située à l’étage, en

permet le remplissage ainsi que l’accés pour le net-

toyage ou la réfection. Elle est ici associée à une petite

cuve de réception et de puisage. 74- Détail d’un puits moderne.

27

La démolition du Palais Comtal

Pour la démolition du palais comtal, on donne souvent comme date, 1785-1786, année des lettres patentes de Louis XVI ordonnant la reconstruction. En réalité sa destruction a commencé dès 1778. Trois ans auparavant la chute d’une pierre d’un balcon central avait “cassé la cuisse d’un porteur de

chaise”. Cet accident, peut-être provoqué, fut exploi-té par les Parlementaires dont la grande majorité ne pouvait plus souffrir un édifice aux bâtiments dispa-rates et compliqués, qui remontaient à “des épo-

ques d’obscurantisme où l’on ignorait la noble archi-

tecture et les règles de la symétrie”. Il suffit pour s’en convaincre d’entendre le premier président en personne qui, le 29 mars 1776, revenait sur cette question : “ Le palais où la

Cour et la Sénéchaussée tiennent leurs séances menace

une ruine prochaine, ses principaux murs et arceaux

étant étançonnés depuis quelques temps ... il résulte du

rapport dressé par le Sr Brun architecte qu’on ne peut

plus l’habiter sans être exposé au plus grand danger ...”

Ces Messieurs du Parlement s’en allèrent donc tenir séance dans le couvent des Dominicains. La Cour des Comptes se réfugia aux Grands Carmes tandis que l’Administration se dispersait aux quatre coins de la ville. Avant de décider entre restauration et démoli-tion, on consulta deux architectes, Joseph-Esprit Brun et Claude-Nicolas Ledoux, Architecte de la Ferme, qui déclarèrent......toute restauration impossible. Il fallait donc reconstruire depuis les fondations. Les démolitions s’échelonnèrent sur huit années, durée qui explique les incertitudes des observations et des représentations des édifices romains inclus dans l’édifice, les témoins n’en ayant jamais vu que des fragments.

75- La démolition du palais comtal. On assiste ici à la destruction du cachot Saint Mitre

qui n’est autre que l’une des deux tours romaines. A gauche, on aperçoit la tour antique

du Trésor, également en cours de démantèlement. Anonyme du XVIIIe s.

Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.

28

Perte irréparable pour le patrimoine architectural, cette destruction le fut aussi pour le patrimoine artisti-que de la ville. Véritable musée de l’art décoratif à Aix depuis le Moyen-Age jusqu’à la fin du XVIIIe s., l’inté-rieur de l’édifice abondait en effet en tableaux, tapisse-ries et mobilier d’apparat mais aussi en boiseries, gypse-ries et plafonds peints. Aucun de ces décors intérieurs n’a été conservé.

La question des expropriations

Si la valeur architecturale et historique de l’ancien palais des Comtes de Provence a concentré sur ce seul édifice tous les regrets, on ne peut aborder cet événe-ment sans évoquer aussi ses conséquences tant humai-nes et sociales que urbaines. Bien que revu à la baisse, le projet de Claude-Nicolas Ledoux n’en a en effet pas moins nécessité la démolition de 114 habitations. C’est dire ici l’ampleur des expropriations et des déplacements de familles qu’il a entraînés. Les procès verbaux d’estimation de ces mai-sons, dressés avant leur alignement pour la construction des prisons et du palais et en vue de leur “délaissement

au Roi et Etats de Provence”, sont autant de témoignages des conflits qui ont alors opposé les propriétaires à l’ad-ministration sur la délicate question des indemnités d’ex-propriation. Au détour des enquêtes d’archives menées sur la ville, la question du relogement des habitants du quar-tier a également été effleurée, ici ou là. Les travaux menés sur les aires communales de Saint Roch par exemple ont ainsi permis de voir combien le réaména-gement du quartier du Palais avait contribué au lotisse-ment de certains faubourgs, en l’occurence le secteur de l’ancienne route royale d’Avignon. Y furent alors surtout établis des locaux utilitaires, déplacés aux marges de la ville soit à cause des nuisances liées aux activités qu’ils accueillaient, soit tout simplement par commodité.

76- Lorsque Constantin a des-

siné cette tour, à son retour

d’Italie, en 1787, il ne reste

plus d’intact dans le Palais,

parmi les ruines environnantes,

que le quartier des prisons. Le

croquis exécuté en regardant

vers l’ouest, montre un chantier

abandonné où la végétation

commence à envahir les vesti-

ges restant à abattre. La tour,

dont seuls les deux étages

supérieurs sont visibles, appa-

raît très dégradée.

77/78- La démolition du

palais comtal a fourni la

matière d’une ample icono-

graphie. C’est ici la destruc-

tion de la porte de la cour du

Gouverneur, vue du côté de

la place de la Madeleine, qui

a inspiré Jean Antoine

Constantin (en bas) et Jacques

Gabriel Pouillard (en haut).

Musée Granet et Bibliothèque

Méjanes, Aix-en-Provence.

29

79- Claude-Nicolas Ledoux, Palais de justice d'Aix-en-Provence.

Projet au bas du Cours, (1777-1778). Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.

81- Claude-Nicolas Ledoux,

Palais de justice d'Aix-en-Provence.

Projet derrière les Prêcheurs,

(1777-1778).

Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.

80- Claude-Nicolas Ledoux,

Palais de justice d'Aix-en-Provence.

Deuxième projet au bas du Cours,

(1779-1782).

Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.

Ledoux urbaniste

Avant de décider du sort du vieux Palais des Comtes de Provence, l'Intendant et Premier Président du Parlement, Fauris de Saint Vincent, écrit à Versailles pour obtenir l'avis d'un architecte parisien à qui l'on puisse se fier. Claude-Nicolas Ledoux fait alors le voyage à Aix, en octobre 1776, accompagné d'une lettre de recommandation le présentant comme "un artiste distingué qui a

fait de beaux ouvrages". Il confir-me le diagnostic de Esprit Joseph Brun, l'architecte de la ville, en déclarant les fondations du Palais Comtal "hors d'état de supporter

aucune restauration utile" et pro-fite de l'occasion pour présenter aux aixois plusieurs projets pour un nouveau palais de justice. Les deux premiers projets de Ledoux sont situés en bordu-re de l'agglomération, sur des terres agricoles. Associés à de grands travaux d'urbanisme, ils auraient modifié la physionomie de la ville, et permis de faire financer une partie de l'opération par une société d'hommes d'af-faires, à laquelle on aurait laissé, en contrepartie, le lotissement du vaste quartier créé autour du monument.

30

82- Plan d'Aix-en-Provence, par Esprit Devoux, 1741, avec la localisation des trois projets de Claude-Nicolas Ledoux.

Le plus spectaculaire, le projet dit "au bas du Cours", pla-çait le palais au centre d'une vaste place, dans l'axe du Cours Mirabeau, au-delà de la Rotonde, qui à l'époque n'existait pas encore. Grand visionnaire de l'architecture, Ledoux prolon-geait alors le Cours jusqu'aux remparts, redoublant ainsi sa longueur. Les magistrats et les délé-gués de l'assemblée des Communautés de Provence sont effrayés par de telles proposi-tions. Ils insistent pour que le palais soit reconstruit sur l'em-placement exact de l'ancien, au cœur de la cité comtale, position à la fois plus pratique et haute-ment symbolique.

Un troisième projet extra-muros de Ledoux, élaboré pen-dant l'interruption de la guerre d'Indépendance américaine (1778-1783), est refusé comme les précédents. En contrebas du Cours, et plus mesuré dans sa dimension urbanistique, il sépa-re pour la première fois les deux fonctions de justice et de puni-tion jusque-là regroupées dans un seul édifice. Palais et prison sont deux bâtiments distincts. Cette disposition sera conservée in situ.

31

83 à 86- Claude-Nicolas Ledoux,

Etudes pour la localisation du Palais de justice et de la prison d'Aix-en-Provence, sur le site du Palais Comtal,

(1784).

Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.

83 84

85 86

32

Ledoux in situ

La reconstruction en lieu et place du Palais Comtal est très contraignante. Une série d'études conservées à la bibliothèque Méjanes d'Aix-en-Provence, témoigne de la recherche de Ledoux en 1784-1785, pour intégrer les deux bâtiments du palais et de la prison, tels qu'il les avait prévus hors les murs. Il renoncera à ses projets de grandes percées et calculera au plus juste en tenant compte des perspectives urbaines préexistantes, des bâtiments et espaces publics à préserver et du coût des maisons à exproprier. La séparation fonctionnelle proposée dans le der-nier des projets urbanistiques n'est pas remise en cause malgré toute la difficulté qu'aura Ledoux à intégrer la pri-son dans le tissu très dense du quartier. Cette distinction va lui permettre de traiter séparément les formes et les caractères architecturaux de ses bâtiments, et d'exploiter spatialement et réthoriquement la dialectique entre justice et punition. De fait, Ledoux transpose intégralement le double plan masse qu'il avait précédemment proposé au bas du cours. Alors que le palais trouve naturellement sa place sur les ruines de l'ancien, sa façade bien calée dans l'axe de la rue de la Plateforme, aujourd'hui rue Emeric David, il fau-dra dégager l'emplacement nécessaire à la prison. Aussi Ledoux examine plusieurs cas de figure. Il commence par sacrifier la place des Prêcheurs, le seul espace libre du quartier, mais, ainsi positionnée, la prison aurait devancé le palais sans dégagements intéressants. Il en réduit donc légèrement la surface et la fait glisser aux côtés du palais. Enfin, dans le dispositif arrêté, celui en vigueur aujourd'hui, la prison est placée derrière le palais mais décalée dans l'axe de la rue du Collège, aujourd'hui rue Manuel. Elle reste spatialement subordonnée au palais tout en présen-tant de loin son imposant portique d'entrée selon toute la largeur de la rue nouvellement créée.

87- Insertion du projet de Cl. N. Ledoux sur le cadastre anté-

rieur à 1776, tel qu’il a été restitué par les archéologues à partir

de l’étude des confins réalisée par Sandrine Claude.

33

88- "Plan général du palais de justice et des pri-

sons de la ville d'Aix."

Planche de "L'Architecture" de Ledoux, vol. 2,

édité de manière posthume par Ramée en 1846.

L’alignement autour du Palais et de la prison

Autour des deux monuments, Ledoux impose un alignement de façades, dont il dessine même les élévations, d’une grande régularité. Comme le chantier des bâtiments, cet alignement sera interrompu en 1792, sans être jamais repris.Abouti de part et d’autre du palais, il se perd progressivement aux abords de la pri-son.Aussi a-t-il été rétabli, dans la mesure du possible, dans la maquette du projet Ledoux réalisée pour les Journées du Patrimoine (voir figure n°99).

Lettre de Ledoux à Mignard (son chargé d'affaires aixois)

vers le 19 mai 1787

"J'ai tardé à vous répondre, mon cher

ami, parce que je n'avais rien à vous dire.

Les affaires sont stagnantes depuis plus de

deux mois, et je n'ai pu encore faire rien

décider. Cependant je me propose de voir

M. de La Tour, quand son assemblée sera

finie.

En attendant, j'ai remis les élévations

(des maisons de l'alignement) avec les

détails en grand des corniches, croisées,

refends, etc.... Les mesures des hauteurs

totales (des façades) sont telles qu'elles ne

peuvent nuire au palais ni aux prisons, qui

doivent dominer tout ce qui les approchera."

90- Etude d'implantation in situ.

Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.

En rouge : l’alignement réalisé rue Rifle-Rafle, rue

Peiresc.

89- Extrapolation de l'alignement prévu par

Claude-Nicolas Ledoux autour du palais de jus-

tice et des prisons d'Aix-en-Provence, sur le

cadastre contemporain.

Les différences notables du réseau urbain, selon

les plans masse parvenus jusqu'à nous et les

études in-situ montrent que certaines liaisons

avec les rues avoisinantes n'étaient pas réso-

lues. Les propos de Vallon, l'entrepreneur aixois

du chantier, infirment l'idée que peu de temps

avant l'arrêt des travaux, d'autres variantes

étaient encore envisagées.

alignement réalisé ■ ilôts non détruits

■ ilôts non construits

34

91- "Plan de l'Emplacement de la Ville d'Aix sur

lequel on construit le Nouveau Palais et les Prisons,

d'après les dessins du Sr. Ledoux, en 1786."

Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.

Lettre de Mignard à Ledoux, automne 1787

"Tous les avant-corps et arrière-corps du palais

sont faits ; plus de la moitié ont déjà reçu le socle en

pierre froide blanche. Nous travaillons aux fondations

des caves et à enlever les terres de force.(...)

Je m'occuperai cet hiver à faire démolir les

maisons où les prisons doivent être construites. J'ai

toute la peine et l'embarras dans cette affaire, et par

surcroît M. l'Intendant m'a chargé de la liquidation

de toutes les maisons. Quand vous êtes parti d'ici,

j'ai été obligé, pour le bien de la paix de réduire

mon intérêt, ainsi que l'on fait les autres, d'une par-

tie. J'espère que vous ferez coopérer la personne de

Paris qui a une portion tout entière."

Rapport de Vallon, Juin 1790

"Les opérations, ou les travaux faits jusqu'à

ce jour à Aix, aux palais et prisons projetés, et que

l'on exécute d'après les plans et devis de M. Le

Doux Architecte du Roi, sont très considérables. Le

précis de ces travaux consiste aux détails ci-après.

La position des deux édifices, le lieu ou local

où ils ont été plantés, ont nécessité des coupements

nombreux de maisons dont la quantité excède cent

quatorze. Nous ne donnerons point exactement

cette énumération, attendu plusieurs réclamations

qui sont faites, qui obligeront peut-être, après la

décision de donner des débouchés plus grands et

plus considérables aux rues attenantes à celles qui

sont projetées autour de ces édifices. Déjà plus de

cent maisons ont été prises, abattues, et consé-

quemment payées aux propriétaires. (...) et les

fonds, qui seront annuellement appliqués à ces

ouvrages, seront en entier employés à la suite de

leur construction."

92- Photo aérienne de la prison

vue de l’ouest.

93- Photo aérienne du Palais Verdun et du futur Palais Monclar, vue de l’est. En rouge, les alignements

réalisés.

35

95 à 98- Claude-Nicolas Ledoux,

palais de justice et prison

d'Aix-en-Provence.

Plan du rez-de-chaussée du

palais et plan du premier étage

de la prison, coupes longitudi-

nales et façades principales

(1784).

Bibliothèque Méjanes,

Aix-en-Provence.

De Ledoux à Penchaud

"Ce qui aurait le plus contri-

bué à faire valoir mon ouvrage

n'a pas été achevé. La suspension

du palais de justice, des prisons

de la ville d'Aix a excité mes

regrets. Le seul palais contenait

un arpent superficiel sans cour ;

l'exécution commencée, les étu-

des faites en grand, les modèles,

tout pouvait assurer la pureté de

la recherche," écrit Cl. N. Ledoux dans "L'Architecture", en 1804. En effet, les fondations du palais de justice d'Aix-en-Proven-ce sortaient de terre lorsqu'éclata la Révolution Française. Le palais et les prisons seront achevés qua-rante ans plus tard, mais par un autre architecte et selon des plans bien différents.

Après la destruction en 1774 du vieux palais des Comtes de Provence, siège du Parlement depuis trois siècles, Claude-Nicolas Ledoux avait obtenu la commission du nouveau palais de justice en 1784, grâce à l'appui de Calonne, Contrôleur Général des Finances de Louis XVI. Pour la capitale de la Provence, où rien n'avait succédé aux innovations du Baroque, il concevra un palais

94

95

96

97

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36

de justice moderne, en plein cœur de la cité comtale, à une époque où il n'existait aucun modèle d'édifice conçu précisé-ment pour cet usage. Ce sera sa dernière commande.

Ledoux réalisa un plan si ramassé que le palais de 60 mètres au carré est dépourvu de cour intérieure. Le centre de l'édifice est occupé par deux grandes salles des pas perdus superposées, celle des Comtes au rez-de-chaussée et celle du Parlement à l'étage noble. Tout autour, les bureaux et les salles d'audience rayonnent sur la base d'une géométrie à la rigueur pal-ladienne. Un grand escalier tra-verse le bâtiment de part en part. A l'extérieur, depuis les quatre avant-corps jusqu'au tem-pietto, la composition pyrami-dale reprend le thème de la combinaison de l’axialité et de la centralité. Le fronton toscan de la façade principale confirme le caractère public du bâtiment.

99- Maquette du projet Ledoux réalisée par Jean Paul Roche.

37

Le chantier de Ledoux ayant été arrêté lorsque les murs sortaient de terre, le plan du sous-sol du palais de justice correspond à l'état actuel. En effet, en juin 1790, "toutes

les fondations du palais sont perfectionnées, elles sont

bâties avec la plus grande solidité et à la satisfaction

générale, toutes les voûtes des caves sont faites, et arra-

sées, le massif sous les colonnes en avant du mur de la

principale façade est monté jusqu'au niveau du sol, enfin

le socle à former sur les quatre façades du dit palais est

monté à la hauteur prescrite."

Rapport de Vallon, juin 1790, Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.

L'affaire est reprise en 1809, sous les auspices du Conseil des Bâtiments civils, organe de contrôle de toute la production architecturale, créé en 1791 au sein du ministère de l'Intérieur. Michel Robert Penchaud, l'archi-tecte du département est naturellement chargé, par ses fonctions, d'achever le palais de justice commencé par Ledoux en utilisant au mieux les fondations, restées à l'état de "ruines neuves" depuis dix sept ans. Les temps ont changé, Aix-en-Provence, mainte-nant sous-préfecture des Bouches du Rhône, a conservé ses fonctions judiciaires traditionnelles. Mais la nouvelle Constitution a radicalement modifié la conception et l'exercice de la justice et l'Etat Français prône l'utilité et l'économie en matière d'architecture publique. A partir de 1810, jusqu'à leur approbation définitive en 1823, une succession de recommandations et de croquis qui "fassent naître des idées plus heureuses et par consé-

quent préférables à l'architecte", obligeront Penchaud à retravailler sans cesse les plans et les façades du palais de justice. Ainsi, celui-ci deviendra progressivement de plus en plus simple et régulier.

Commencée en septembre 1822, la construction du Palais de justice et des prisons d’Aix-en-Provence sera achevée en avril 1832.

102- Claude-Nicolas Ledoux, Palais de justi-

ce et prison d'Aix-en-Provence.

Plan du sous-sol du palais et trame des fon-

dations de la prison, (1784).

Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.

101- Détail des sous-sols.

100- Chantier archéologique du Palais

Monclar. Novembre 1994.

Apparition des fondations de Cl. N. Ledoux.

38

103/104/105/106/107- Robert Michel Penchaud,

Palais de justice et prison d'Aix-en-Provence.

Plans du rez-de-chaussée, coupes longitudinales et façades principales.

Statistique départementale des Bouches du Rhône, Marseille, 1821.

103 104

105 106

107

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La salle des pas perdus

"Ah ! donnez nous des modèles qui par-

lent aux yeux, s'écriait Claude-Nicolas Ledoux. Ils

frapperont plus que les préceptes, que les écrits

multiples qui chargent la pensée et l'embarras-

sent." Pour son "temple éclairé de la justice", il emploiera toutes les ressources de l'éclairage zénithal, traditionnellement réservé à l'archi-tecture religieuse. "La salle publique du

Parlement (et) celle des Comptes sont éclairées

à l'italienne ; il n'y a que les artistes qui peu-

vent se figurer par l'habitude l'avantage que

ces jours ont sur les autres, qui sont presque

toujours dominés par des corps destructifs qui

altèrent l'effet ou la pureté de la lumière." Associé à la majesté de la colonnade corin-thienne des pas perdus du Parlement, "la

beauté du jour pris d'en haut" participe à l'évo-cation de la basilique, l'édifice judiciaire de l'Antiquité. Au rez-de-chaussée, la profusion de colonnes doriques d'un temple plus primitif est éclairée en second jour. En 1810, "le ministre craignant, sans

doute, que le jeune architecte qui succédait à

Mr Le Doux ne se laissât trop aller à la vivacité

de son imagination, voulut la régler ; et il trans-

mit à Mr le préfet un programme pour la dis-

tribution intérieure de l'édifice."

La directive essentielle de ce program-me consiste à remplacer la double salle des pas perdus de Ledoux par "une cour entourée de

portiques" et de déplacer la salle des pas per-dus à l'avant du bâtiment, là où partait le grand escalier.

108- Détail de la coupe longitudinale

du palais de justice de Ledoux mon-

trant les deux salles.superposées du

projet Ledoux.

2 sallesdes

pas perdussuperposées

Salle

des

pas

perd

us Salledes

pas perdus

La salle des pas perdus du palais de justice. 111/112- Actuelle.109- Projet Ledoux (1784).

110- Projet Penchaud (1821).

40

Non seulement cette mesure détruit tous les bénéfices du plan massé mais elle a "pour vice

essentiel" selon Michel Robert Penchaud, qui n'y voit qu'une mesure d'économie, "de ne pas rem-

plir les données fondamentales d'un palais de

justice ; car en faisant une cour au lieu de la salle

des pas perdus du premier projet, il n'y a plus de

communication directe de l'endroit où se réunis-

sent les plaideurs aux principales pièces du

Palais, et cette cour donne à l'ensemble de l'édi-

fice l'aspect d'un grand Hôtel destiné au loge-

ment d'un officier public."

La cour livrée aux intempéries est couverte à la demande des magistrats dans les années 1860, créant heureusement la grande salle des pas perdus que l'on connaît aujourd'hui. Parmi les très nombreux palais de justice construits pen-dant la première moitié du XIXe siècle, c'est une des rares à être ainsi carrée et centrale. Il est évi-dent que nous devons cette particularité à la force de la géométrie de base de Ledoux, à laquelle les architectes du Conseil des Bâtiments civils ont fini par rendre justice. Penchaud avait déjà suggéré cette modifi-cation en 1827, au cours du chantier. Non seule-ment elle doublerait l'emplacement des archives, toujours trop exigu, mais surtout elle formerait "une belle salle de pas perdus bien close et à

deux étages de galeries, ce qui remplirait fort

dignement l'objet des grandes salles des

Basiliques antiques".

(Les citations sont extraites de la correspondance et des procès-

verbaux du Conseil des Bâtiments civils qui se trouvent aux

Archives Départementales des Bouches du Rhône et aux Archives

Nationales, ainsi que de la "Statistique départementale des

Bouches du Rhône", Marseille, 1821.et de "L'Architecture" de Cl. N.

Ledoux, Paris, 1804)

115- La couverture de la salle des pas perdus par Martin en 1859, Archives départementales des

Bouches du Rhône.

113- Le modèle de l’architecture judiciaire depuis la

fin du XVIIIe siècle : la Basilique de Vitruve.

Pl. XXXVIII des “Dix Livres d’Architecture de

Vitruve”, traduit par Perrault, Paris 1673. 114- Détail sur la verrière actuelle.

41

118- Coupe longitudinale du palais Monclar - Rendu de concours, mars 1993.

117- Maquette du fronton de l'entrée du palais Monclar, réalisée par M. Ortet.

Aujourd’hui, après la restau-ration de l’entrée du palais Verdun par Pascal Duverger à la suite de l’attentat du 24 novembre 1992, l’affaire se poursuit avec l’agrandis-sement du palais de justice dans l’enceinte toute proche de la prison, dans le cadre d’un vaste program-me d’équipement lancé en 1991 par le ministère de la justice. Ainsi les services judiciai-res dont une partie, à l’étroit dans le palais XIXe, s’était dispersée dans la ville, sont regroupés dans le nouvel ensemble constitué par les deux palais, Verdun et Monclar, reliés par un vaste souterrain. Un concours d’architecture a désigné en mars 1993, Jean-Loup Roubert et Jean-Michel Battesti, pour la réalisation du palais Monclar. Elle a démarré au printemps 1995 après six mois de fouilles archéologiques, pour s’achever en octobre 1997.

116- Enceinte restaurée du palais Monclar.

42

Le Palais MonclarJean-Loup Roubert & Jean-Michel Battesti

Le site de l'ancienne prison a été retenu tant pour des raisons pratiques que symboliques. Mais il est soumis à une règlementation très contraignante pour les architectes. Le palais de justice doit en effet être construit à l’inté-rieur du mur d’enceinte de la prison, intégralement conservé, et la toiture, recouverte de tuiles, doit adopter une pente de 30% à partir de la corniche périphérique. Par ailleurs, le maître d'ouvrage souhaite qu'ils donnent de la Justice une image qui concilie une dimension de souverai-neté avec la transparence d'un service public essentiel dans la société démocratique. Aussi la monumentalité du palais de jus-tice du XIXe avec ses frontons et ses colonnades classiques, est-elle mise à l'index et plus encore, l'appareil décoratif de la prison, expression métaphorique d'un imaginaire cœrcitif. "Curieux rappel d'histoire que ce réusage de cette

enceinte de prison”, commente Jean-Michel Battesti. “Longtemps dans l'histoire des édifices judiciaires, le Palais de

Justice a été posé sur un soubassement contenant cachots et

cellules de prisonniers, permettant ainsi de donner une "assise"

à la Justice de l'ordre du "repoussoir”. Etonnant respect qui se superpose au retour d'une

demande accrue et renouvelée d'expression symbolique pour

la réalisation d'édifices judiciaires.

Etrange retournement de situation qui, à bien y faire

attention, n'est pas dénué de sens aujourd'hui dans notre

société. Situation non innocente, et encore moins gratuite,

mais inconsciemment assurée collectivement”. Dans cet écrin d'histoire, les architectes ont recomposé le palais de justice à l'intérieur de lui-même. Tel un décor de théâ-tre, une grande plaque de pierre ajourée descend jusqu'au niveau du jardin des vestiges. Epure du fronton devenu impos-sible, elle associe mise à distance, matière et transparence, jeux d'ombre et de lumière propres au Midi pour une monumentalité contemporaine toujours empreinte de classicisme.

119- Entrée du palais Verdun restaurée en 1994. 120- Surélévation du palais Verdun,

dans le cadre de la restructuration dûe

à Gaston Castel, milieu XXe.

121- Maquette du projet Battesti réalisée par M. Ortet.

43

C’est dans la salle des Pas Perdus du Palais de Justice d’Aix-en-Provence que furent présentées, samedi 20 et dimanche 21 septem-bre 1997, l’exposition retraçant l’histoire du site du “Palais d’Aix” et les maquettes des états caractéristi-ques de son occupation et du projet qu’avait imaginé l’architecte Claude-Nicolas LEDOUX.

Près de 10 000 visiteurs purent ainsi comprendre l’impor-tance que le quartier du Palais revêt depuis les origines de la Ville, et redécouvrir les espaces publics que trois années de travaux avaient occultés du quotidien aixois.

Les documents d’exposition ont été réalisés par :

le Service Archéologique de la Ville d’Aix-en-Provence Mme Marie BELS, Architecte IUAVPascal DUVERGER, Architecte ENSAISl’Atelier Photo Gilbert THOMANN

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Les maquettes :

Noria découverte lors des fouilles archéo-logiques Réalisation : Denis DelpalilloVille d’Aix-en-Provence

Palais ComtalRéalisation : Pierre VallauriMusée du Vieil Aix

Projet LedouxRéalisation : Jean Paul RocheCour d’Appel d’Aix-en-Provence

Projet Roubert - Battesti Réalisation : M. Ortet

Cour d’Appel d’Aix-en-Provence

Création de l’animation du quartier du Palais de Justice :Association culturelle PROMISTHOTA Emmanuel ROULANDDidier RAGOT - Comédien

Costumes et figurants :Association HISTOIRES D’AIX ET DE

PROVENCE - Anne DAURES

Jongleurs et acrobates :Association L’ETRE OUVERT

Bertrand BARILLEC

Sonorisation :Services Techniques de la Ville d’Aix-en-ProvenceSociété TEXEN

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“L’Histoire en chantier”

...Et puisqu’il devait y être question d’Histoire et d’Architecture, nous nous sommes d’abord interrogés sur la théâtralité du

site et du monument ainsi que sur les personnages qui devaient y figurer prioritairement.

Une première dramatisation s’imposa à nous : celle qui mettait aux prises les deux architectes responsables de la construction

du palais de justice, Claude-Nicolas Ledoux et Michel Robert Penchaud. Au prix d’un léger anachronisme nous décidâmes de les

faire se confronter. Déception de Ledoux, argumentaire de Penchaud, cela permettrait d’éclairer un public non spécialiste sur les

tenants et les aboutissants de ce fameux et problématique chantier.

Ce chantier interrompu par la Grande Révolution alors que les fondations étaient achevées et que les murs sortaient de terre

fournissait une superbe métaphore du décalage entre les ambitions des pères fondateurs et les réalisations des héritiers nécessaire-

ment réformistes puisque confrontés à une autre réalité.

En extrapolant cette image, nous arrivâmes tout naturellement à mettre en relation

Mirabeau, citoyen d’honneur de la ville et son discours de la Déclaration des Droits de l’Hom-

me et les tribuns de la Révolution, Danton et Robespierre.

Leur antagonisme idéologique nous ramena en fait aux querelles de pouvoir qui avaient

entouré la désignation de Ledoux comme architecte - d’où la scène entre Mgr de Boisgelin,

l’archevêque d’Aix, et le Premier Président Fauris de Saint Vincent, homme des Lumières.

Il ne restait plus qu’à conclure selon un mode mi-tragique mi-burlesque cette déconvenue

de l’utopie en faisant revenir Ledoux et ses plans grandioses, quitte à le sortir contre son gré.

L’idée de la scène finale, où Sade donne lecture de son plaidoyer contre la peine de mort,

ramenait quant à elle l’attention sur le problème de la justice et nous permettait de rendre un

hommage tardif à un autre grand homme provençal, contemporain et double, une sorte de

négatif de Mirabeau, longtemps pris à partie par la justice de plusieurs régimes politiques.

L’instauration d’une vraie problématique théâtrale nous paraissait indispensable pour

échapper à l’effet son et lumière ou portrait historique, l’écueil de ce type de commande, la

recherche détaillée de Marie Bels sur les circontances de la construction du Palais et les remous

historiques et culturels qui l’entourèrent nous y a puissamment aidés.

Philippe Granarolo et Caroline Giacalone de la compagnie marseillaise Bleu Marine ont

su conférer à ce texte la tonalité “grand public” et l’impact spectaculaire désirés, avec le sou-

tien technique des éclairagistes de Texen.

Enfin, les deux acteurs se seraient senti bien seuls sur le vaste emmarchement du Palais de justice d’Aix sans le soutien des

six jeunes gens et jeunes filles de la section théâtre du lycée Marselleveyre qui soulignaient les temps forts de l’action et sans la

grâce d’une figure féminine chargée d’évoquer musicalement l’héritage permanent des chansons populaires qui accompagnent tout

bouleversement social, en la personne de Marie Bels.

Bernard Miluy.

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Réalisation :

Compagnie BLEU MARINE SPECTACLE

Création :

Philippe GRANAROLO, Bernard MILUY et Marie BELS

Mise en scène :

Philippe GRANAROLO, Bernard MILUY et Caroline GIACALONE

Comédiens :

Marie BELS, Philippe GRANAROLO, Bernard MILUYLes élèves de la section Théâtre du lycée Marseilleveyre (Marseille)

Régie son et lumière :

Société TEXEN - David GARAND

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Ce catalogue a été imprimé sur les presses de l’Imprimerie de Toscane à Niced’après les maquettes de l’Atelier G. Thomann à Meyrargues

Dépot légal : Décembre 1997© ARPA -Aix-en-Provence

ISBN - 2-9507248-2-5

BIBLIOGRAPHIE

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A paraître en 1998

- Bels (M.).- Sur les traces de Ledoux, Ed. Parenthèse, Marseille.- Guyon (J.), Nin (N.) et Rivet (L.).- Aquae Sextiae. Atlas topographique des villes de Gaule Narbonnaise, Supplément à la Revue Archéologique de Narbonnaise.

Crédits photographiques

Agence Battesti : 117-118Marie Bels : 88-89Ville d’Aix-en-Provence/Carbonne : 123-124-127-130-132Jean-Paul Coste : 68DDE : 92Denis Delpalillo : 58Entreprise Léon Grosse : 24-25-26-27DRAC/Marc Heller : 1-2-3-7-8-9-10-13-15-21-22-60-79-80-81-83-84-85-86-88-90-91-93-94-95-96-97-98-101-102-103-104-105-106-107-108-109-110-112Anne-Christine Nalin : 47-60-72-87Núria Nin : 2-3-7-8-9-10-13-15-32-46-48-54Frédéric Parent : 23-28-29-30-31-49-50-51-52-53-55-56-57-67-69-70-71-73-74-100Bernard Terlay : 5-11-12-14-16-17-18-19-20-33-34-35-36-37-41-42-43-44-45-61-62-63-64-66-75-76-77-78-82Gilbert Thomann : 59-65-99-111-114-115-116-119-121-122-125-126-128-129-131-133et photomontage : 1-2-3-7-8-9-10-13-

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Les illustrations : 4-6-38-39-40-42-68-113 ont leur origine indiquée dans la légende.

Illustration 1ere de couverture :Gilbert Thomann d’après photo Bernard Terlay.

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Table des Matières

• Aix à travers le temps 6

• L’opération archéologique du Palais Monclar 12

• L’antiquité 14

• Une noria de l’an mil 19

• Le Palais Comtal 22

• Autour du palais : la ville comtale 25

• Le site à l’époque moderne (XVIe - XVIIIe s.) 26

• La démolition du Palais Comtal 28

• Ledoux urbaniste 30

• Ledoux in situ 33

• L’alignement autour du palais et de la prison 34

• De Ledoux à Penchaud 36

• La salle des pas perdus 40

• Le Palais Monclar : Jean-Loup Robert & Jean-Michel Battesti 43

• Les Journées du Patrimoine 1997 44

• Bibliographie/crédit photographique 48

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