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Patrick ANDRE. SJMAGES ARCHEOLOGIQUES Kerlano en PLUMELEC. Morbihan. Mars 1974

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Patrick ANDRE.

SJMAGES ARCHEOLOGIQUES

Kerlano

en PLUMELEC. Morbihan.

Mars 1974

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Patrick ANDRE.

L E SITE MEDIEVAL D E

KERLANO , en PLDMELEC .

( MORBIHAN)

Sondages archéologiques

Rapport transmis à la Direction de circonscription

de Bretagne des Antiquités historiques.

Mars 1974

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INTRODUCTION.

Les pages qui suivent constituent le rapport des

sondages archéologiques effectués d'Octobre 1973 à Mars 1974? à Xer-

lano, en Plumelec (Morbihan), sur le site d'un village médiéval.

Ces sondages, autorisés et subventionnés par Mon-

sieur le Directeur de circonscription des Antiquités historiques de

Bretagne, ont été realises en neuf journées de travail, réparties suer

les deux trimestres. Ces recherches ont été faites par deux équipes

d'élèves du C.E.S. Jules Simon à Vannes, accompagnés de professeurs,

parmi lesquels il convient de citer Mr Le Cornée, Correspondant des

antiquités préhistoriques, et Mrs Le Ny, Guillo, Péron et Jan. Sous

la conduite de ces professeurs, et dans le cadre des ".activités 10 %"^B

se sont initiés aux exigences élémentaires d'un chjitier archéologi-

que. Les élèves ont, dans la 6

rande majorité des cas, fait preuve

d'une ardeur peu commune, doublée d'un certain courage pour affron-

ter les intempéries et subir 1'inconfort de longues journées hiverna-les passées en pleine nature et loin de tout abri. Mais, bien évidem-

ment, il nous faut préciser que les conditions dans lesquelles nous

avons réalisé ces sondages ne peuvent en aucun cas servir d'excuses

à des imperfections daiia leur conuuite et entendons être seul respon-

sable de ces dernières.

X

X X

Le site sondé se trouve dans le Morbihan, sur le

territoire de la commune de PLUMELEC, canton de Saint-Jean-Broveluv, à

cin^-cints mètres au S.O. du hameau ue Kerlano. (Pl. I).

Cadastre i Section A 0, parcelles 3 & 4, dites Lande du Pont Tenerion.

Photographie aérienne : I.G.Ii., mission France 61 (0^20- 1220- 012)

Propriétaire; Mr Marcel LE LABOUHIER. Kerlano, PLUMELEC.

Le terrain de nos recherches est situé sur cet alignement de

hauteurs granitiques des L^naes ae Lanvaux, séparant la vallée de la

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Claie, au Nord, de celle de I'Arz, au Sud. Aujourd'hui encore, cette

région est restée pratiquement déserte. Si, à la périphérie de cette

forêt, des zones de défrichement ont progressé, le plus souvent à par-

tir des nombreux châteaux qui l'entourent, l'intérieur au contraire

est resté peu touché. Il est d'ailleurs significatif qu'à l'occasion

de nos recherches, deux sites antiques inédits aient été repérés : L'un,

une sépulture mégalithique de type local, en V, a été immédiatement ex<~

ploité par Mr Le Cornée.

Le village abandonné, auquel appartenaient les

structures dégagées, occupait la partie terminale de l'abrupt versant

d'une colline ; au-delà, vers le Nord, la vue embrasse toute la vallée

de la Claie. Cette colline est aujourd'hui couverte d'une futaie de

châtaigners dominée par quelques grands conifères, et sous les fougè-

res et branchages , on devine, à quelques bombements du sol la présen-

ce de substructions. Le propriétaire, intrigué par ce témoignage d'an-

tiques constructions, dont aucun souvenir n'avait persisté dans la

mémoire des habitants, avait voulu en vérifier la réalité. Ayant dégagé

quelques portions de murs et ramassé des tessons de poteries, il fit

en sorte que la Direction des Antiquités historiques fût alertée.

Lors de notre première intervention, nous avons

décidé de porter notre effort sur les maisons déjà reconnues., et donc

les plus menacées. La nature des lieux a, faut-il le dire, considérable-

ment ralenti nos recherches : d'impressionnantes racines d'arbres ou

de vieilles souches s'enfoncent et serpentent à travers les structures.

A chaque instant, il fallait les dégager, les contourner, souvent les

sectionner.

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- I -

PLAN de SITUATION

Village de KERLANO

en PLUMELEC - Morbihan

500 M

F. <w,

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- I - LES STRUCTURES

Les sondages realises ont permis de dégager

les vestiges de deux édifices, et, par la disposition des carres de

fouilles, de reconnaître l'existence de deux autres.(v.plan hors-texte).

1- L'édifice A se définit par deux façades parallèles rejoin-

tes à chaque extrémité par une abside. La jonction entre les murs rec-

tilignes et les pignons circulaires s'effectue par une rupture, et par-

fois (angle S.O.) au prix d'un léger décalage. La maison, dont le grand

axe est orienté exactement Est-Ouest, mesure 11, 60 mètres sur 5* Les

murs sont faits de moellons granitiques, de taille variée, quoique assez

réduite pour la plupart. Les pierres sont liées par une terre argileu-

se, et reposent directement, sans fondation, sur le sol dont le mur

épouse les irrégularités naturelles. L'épaisseur du mur est de 0, 70m.

Leur état actuel présente une hauteur maxima de 0, 50 m, mais la m^sse

des éboulis qui les recouvraient était considérable.Leur abondance, et

la facilité, ici, de se procurer du granité, permet de supposer que les

murs étaient entièrement en pierres. Aucune trace d'éléments de couver-

ture n'a été retrouvéeè Elle était bien évidemment faite d'éléments

végétaux.(Les quelques fragments d'ardoise retrouvés ne dépassent pas

le mètre-carré).

Cet édifice possédait deux ouvertures : l'une, sur la façade

Sud, donnait accès à la partie Ouest de la maison, réservée semble-t-il

à l'habitation. Le seuil et ses abords ont livré une grande quantité de

tessons de céramiques. L'autre ouverture, tournée vers le Nord, est teaxt

coup plus large i 1,40 mètre. Elle est renforcée par de très grands

blocs qui augmentent l'épaisseur du mur. Cette partie de la maison sem-

ble avoir s.rvi de logement au bétail. En effet, on n'y a trouvé qu'une

u quantité minime de tessons, et il ne paraît pas y avoir existé, en dépit

des sondages antérieurs, de foyer. Le sol de cette partie de la maison

était fait de terre battue recouvrant un blocage de pavés grossiers.Le

sol était concave, son profil se relevant près des murs et atteignant

son point le plus bas au niveau du seuil nord, où la roche est appa-

rente .

La fin de nos recherches devra déterminer l'emplacement du foyer

et étudier le mode de fonction entre la partie à usage d'habitation et

celle réservée au bétail.

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2- Un espace étroit de 0, 80 mètre séparait cette construction A

d'un autre édifice B que nos sondages n'ont fait qu'effleurer : on

devine un plan similaire avec une orientation et des dimensions diffé-

rentes. Cet édifice B masquait une grande partie de la façade Sud de

la grande maison qui ne devait donc pas avoir ici d'ouverture. L'espace

compris entre les deux murs a servi de dépotoir et livré de très nom-

breux fragments de céramique, notamment la presque totalité de la céra-

mique onctueuse (V. Ci-dessous). La densité de la céramique éparse sur

le seuil Sud et le long de cette façade était considérable.. Les allées

et venues des habitants y étaient plus nombreuses que sur la façade

Nord.

3- Cette façade Nord ouvrait sur une aire facilitant l'accès du

bétail. Deux petites constructions la limitaient au Ss5l, et légèrement

en contrebas. On y remarque les mêmes particularités de construction

(le pignon circulaire). L'Edifice C ne subsiste d'ailleurs plus que

par ses deux pignons, de diamètre sensiblement différent : 2, 90 mètres

à l'Est, 2, 60 a l'Ouest. Entre ces deux pignons, un espace de deux

mètres servait d'entrée : il était bouché par les pierres tombées de

la partie supérieure qui devait reposer sur un linteau de bois. Aucun

foyer dans cette construction, et très peu de céramique. Il s'agit ici

de quelque appentis ou atelier.

X

X X

Le plan de ce t,ype de maison n'est pas totalement in-

connu. Dans le même département, à Guidel, la Société archéologique

de Lorient a entrePris,il y a quelques années, des recherches à Pen-Er-

Malo, sur le site d'un village médiéval. Une maison tout à fait sembla-

ble a été dégagée : Même plan; même orientation, mêmes dimensions E-0,

et largeur sensiblement égale (l). Une monnaie et une analyse des char-

bons de bois ont daté l'occupation de l'édifice, dans son état présent,

(1)- R.Bertrand. Un habitat rustique du XII0 siècle à Pen-Er-Malo en

Guidel. Société lorientaise d'archéologie, Travaux, 1971.p. 20 à

^? lusii*]"Documents de l'histoire de la Bretagne, Privât ed.1971

p. 205, La prochaîne revue de la Société Lorientaise d'archéologie doit

publier très prochainement les travaux de 1972-73 sur le même site,

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de la première moitié du XII0 siècle. La similitude de construction est

remarquable, en dépit de quelques différences, et on peut se demander si

d1autres recherches dans la région ne feront pas connaître des maisons

à plan identique. Par ailleurs, nous avons, sur l'indication d'un des

visiteurs de notre chantier, vérifié qu'actuellemènt dans les îles Hébrl

des existent des maisons tout à fait semblables : toit de chaume très

enveloppant, murs épais et presque aveugles, pignons en arcs de cercle

et secteur important réservé au bétail. Le plan II résume ces correspon-

dances.

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- II - LA CERÀIŒQUE.

La céramique trouvée a Kerlano est relativeraent abon-

dante. Plus de quatre-cents tessons ont été trouvés. Parmi ceux-ci fi-

gurent ceux que le propriétaire, lors de sondages antérieurs, avait ra-

massés et dont nous ne connaissons pas la provenance exacte.

On a déjà vu que la plupart des tessons était concentrée près

de la porte Sud de l'édifice À, dans l'espace séparant cette maison de

la construction B, et dans les carrés B4 et C4. Dans presque tous les

cas, il s'agit de tessons très réduits; les plus grands ne dépassent

qu'exceptionnellement cinq centimètres de côté. C'est dire l'extrême

fragmentation de la céramique et les difficultés de reconstituer des

formes.

Dans une proportion de 95 %> la céramique était à usa^e culi-

naire. Les traces de fumée et de suie qui les recouvrent traduisent un

usage prolongé sur le foyer ; les différentes formes reconstituées se

rattachent au t;ype de la marmite, placée en permanence sur le feu. Plu-

sieurs fragments pcutent des traces de réparation au moyen de pièces

métalliques. Enfin, lorsque l'état du récipient était trop dégradé, les

iBorceaus pouvaient servir à fabriquer des pièces variées, notamment des

fusaîoles (pl. V, 16). C'est dire la pauvreté de ces habitats.

Dans cet ensemble céramique, nous étudierons tout d'abord, la

céramique onctueuse, attestée sur d'autres sites bretons.

1)- La céramique onctueuse.

Parmi tous les tessons retrouves à Kerlano,

moins d'une quarantaine sont en céramique onctueuse, soit une proportion

inférieure à l/lO.(V- pl. IV). On sait qu'il s'agit là d'un type de cé-

ramique particulier à la Bretagne, reconnue depuis un siècle, mais qui

n'a été étudiée qu'a partir de 1955• Dénommée tour à tour onctueuse (1871)

puis soyeuse et séricitique après 1955» elle a repris depuis peu sa pre-

mière appellation. Mr P.R.Giot, a qui on en doit l'étude, a récemment

fait le point sur ce type de céramique qui a connu une grande diffusion

au Moyen-âge.(1).

P.R.GIOT. La céramique onctueuse de Cornouaille. Contribution à l'étude

de l'économie "médiévale". Bulletin de la Société archéologique du Finis-

tère, T. XCVII, 1971, p. 109-130. (avec bibliographie).

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La plupart des tessons sont des rebords. Ils sont émoussés,

les cassures très usées. Leur face externe, très noircie, témoigne d'u-

ne utilisation prolongée. C'est la marmite collective placée sur le

foyer au centre des habitations.

Très représentatifs de la céramique onctueuse (l), les rebords

IV & a 5 se définissent par une lèvre à double inflexion (2) et à

marli très marqué. La liaison avec la panse se fait par un brusque chan-

gement de courbure formant un angle très net. La face interne des lèvres

est concave avec un bourrelet central ; la face externe est concave puis

convexe. L'inclinaison relative des faces par rapport à l'axe de la lè-

vre est parallèle ; l'extrémité de la lèvre est concave à inclinaison

verticale. Enfin le rapport largeur hauteur est de 3 à 1. Cinq de ces rebords : IV, 1 à 5 appartiennent avec certitude

a des vases à section horizontale circulaire avec un profil de panse à

une courbure. Quatre d'entre eux :IV, 1 a 4 possèdent une ouverture in-térieure de 27 à 35 centimètres. Le dernier : IV, 5 est le plus large :

44 cm. Ce type de recipÉént est bien connu : c'est la marmite ou le

chaudron, forme la plas fréquemment attestée. R.Bertrand a étudié (3) ce genre de marmite à Guidel. Deux ont pu être reconstituées et pré-

sentent sur la panse des traces d'impressions digitales, ce que l'on

croit remarquer aussi sur notre tesson IV,2. Les marmites de Guidel

sont datées, on l'a vu, de la première moitié du XII0 siècle. C'est

un des rares datations précises de ce genre de céramique (4)-

(1) —La céramique onctueuse se définit par une faible dureté (échelle de Mohs 1-2) et un toucher très caractéristique : savoneux, onctueux, en

raison de la présence dans la pâîede talc qui provient de l'altération

des serpentines de Plovan (Finistère).Ce .sont ces minéraux en feuillets

qui ont servi de véritable 1 dégraissant ;. La couleur lie-de-vin choco-

lat tient à une teneur en oxyde/de fer assez forte. L'un des centres po-

tiers qui a diffusé cette céramique a été celui de Bodérès, ou La Pote-

rie, en Ploneour-Lanvern (Finistère).

(2) - Sel on M.LEENH&RDT : Code pour le classement et l'étude des poteries

médiévales (Nord et Nord-Ouest de l'Europe), Caen, 196"9> il est préféra-

ble de parler ici de double inflexion.

(3) -R.Bertrand : la poterie onctueuse du village médiéval de Pen Er Mulo

en Guidel, Morbihan. Société lorientaise d'archéologie, travaux, 1970, p. 21-22 (2 fig.). (4) - Le site de Saint Clément en Quiberon, Morbihan, a livré des tessons

de céramique onctueuse et a fourni aussi, précisément, une monnaie de

Conan III (Lavenot, Bull. Soc. Polym. du Morb., 1890, p. 177).Les tes-sons ont été trouvés au niveau d'une église des environs du XI0 siècle,

ayant elle-même succédé à une chapelle construite au VII ou VIIIQS."On

peut estimer que l'apparition de la céramique onctueuse sur ce site est

postérieure à l'incendie de la première chapelle par les Normands, et

contemporaine" de la reconstruction de la chapelle au XI0 Siècle "(P.R.

Giot, op. cit. 1971, p. 126.)

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Le tesson IV, 6 est plus original. A la différence des autres

types, bien connus maintenant, il se définit par une inflexion exter-

ne avec une lèvre a face interne convexe, alors qu'elle est , dans ce

typejde céramique, toujours concave. Le problème que pose ce fragment,

très court, est celui de la forme du vase : cylindrique comme les au-

tres marmites si on donne a la face interne de la lèvre un angle de

45 0 Par rapport a la verticale, sphérique au contraire si cette face

se rapproche de l'horizontale.C'est ainsi que nous l'avons représen-

té. Ce tesson s'apparente à deux fragments très réduits trouvés aussi

dans le Morbihan : l'un à Kergolher en PLAUDHEN, (l), l'autre à Saint-

Ciément en Quiberon (2). En tout état de cause, il s'agit d'un type

peu fréquent.

Les tessons de Kerlano témoignent de l'e-

xistence de voies d'échanges unissant cette partie du Morbihan inté-

rieur aux centres potiers du Sud-Finistère. On a là une nouvelle preu-

ve de l'importante diffusion de cette céramique au Moyen-âge. On a pu

remarquer qu'une carte des découvertes de poteries onctueuses mon-

trait une plus forte concentration littorale, et, par la—même, tra-

duisait l'importance du cabotage comme moyen ae diffusion. Kerlano

reflète aussi la realité des voies continentales dans cette diffusion,

et ceci dans une région fort éloignée des centres producteurs.

Il faut aussi signaler qu'à la différence de Guidel, ce

type de céramique tiQ représente qu'une faible part de l'ensemble

recueilli f à Guidel, au contraire, il en constituai^ la quasi tota-

lité. Si on ajoute que la production de Kerlano a été trouvée dans

les dépotoirs situés à l'extérieur des habitations,preuve qu'elle

était hors d'usage lorsque le site fut abandonne, on voit se confirmer

l'impression que le village de Kerlano est légèrement postérieur à

celui de Guidel. D'ailleurs, certains types de céramique paraissent

influencés par cette production onctueuse.

(1) -Y.Coppens. La céramique soyeuse dans le Sud du Morbihan. Annales

de Bretagne, 1956, 63, p. 151 ( n° 14, tïg. 1, p. 144). (2) -Y. Coppens, op. cit. (n° 5, fig. 2, p. 144) . P.R.Giot l'avait

signalé l'année précédente : Un type de céramique antique inédit de

Cornouaille et d'ailleurs. Annales de Bretagne, 1955, 62,.p. 202-13. (v. notamment la fig. 3).

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2)- Les autre types de céramique commune. (Pl. III et V)

Ils représentent, avec une proportion de 9/10, l'es-

sentiel du mobilier recueilli. Mais l'ensemble, extrêmement fragmenté,

n'a permis de reconstituer que quelques formes.

III, 1 et V, 8 . Marmite et fragment de fond du même ensemble. Vase à

section horizontale circulaire. Panse droite, à profil

parallèle a l'axe vertical, plus large que haute. Le

fond est simple, la face externe droite, la face interne

légèrement concave. Le raccord entre la base et la p^nse

se fait par un angle. Traces de feu sur la face interne

du fond, que traverse un morceau de fer.La lèvre est à

double inflexion, avec une face interne concave avec bour-

relet central. Pâte blanche très dure avec particules de

brique. Traces, de fumée a l'extérieur. Fragments métal-

liques traversent la panse.Diamètre a l'ouverture s 24 cm. hauteur : 14 cm.

On remarquera l'étroite parenté unissant

ce type de récipient aux marmites en céramique onctueuse : mêmes dimen-

sions, mêmes formes. Cependant, a la différence de ces dernières, celle

ci a été trouvée dans la zone d'habitation, et non au rebut. Peut-être

s'agit-il d'une production locale s'inspirant des modèles finisté—

riens (l).

III, 2 .Fragment de vase à section horizontale circulaire, panse à conve-

xité marquée. Le profil du col est droit, ses deux côtes

sont sensiblement parallèles. La liaison entre la punse

et le col se fait par un angle bien marqué. Le col est

peu élevé par rapport a la panse. La lèvre est à incli-

naison verticale sans inflexion avec un léger épaississe-

ment vers l'intérieur ; les faces droites sont parallèles,

l'extrémité est droite. Largeur ae la lèvre : 1 cm. La pâte rouge est tout entière recouverte a l'extérieur

de suie et de fumée. Ni enduit, ni engobe.

Il semble, le bas ae la panse ét-nt a la verticale du col,

que seul manque le fond de ce récipient, a usage culinai-re.

III> 3 .Fragment de vase à section horizontale circulaire. Panse à une

seule courbure, de profil convexe, et divergente. La face

externe du fond est droite, la liaison avec la panse se

fait par un angle. Pâte fine, sans enduit, de couleur gris

beige, recouverte de traces de &eu et de fumée à l'exté-rieur'. (2). r

(1) - A Plouguerneau, dans le Finistère, a également été trouvé, a côté

de céramique onctueuse, un récipient aux formes semblables "en céramique

beaucoup plus dure, remarquable par sa richesse en Lamelles de mica

blanc, sans doute une production locale du pays de Léon". (P.R. Giot, Annales de Bretagne, 73, 1966, p. 185-86).

(2) - Un profil semblable est signalé par H. Fauverge : La céramique

caennaise du XIII 0

Siècle, Annales de Normandie,4, 1968 (N° 1, fig. 9 et p. 405).

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V> 1,@, 3, Lèvre avec inflexion externe et saillant interne, a incli-

naison horizontale. Le point d'inflexion externe forme

avec le col un angle bien marqué. Les faces internes et

externes sogt convexes.

Sur les trois fragments, la largeur de la lèvre n'est pas

constante.Y a—t-il ici ouverture polylobée ?

Sur le fragment V,3» on voit un poinçon sur la lèvre: un

cercle(l cm de diamètre) contenant quatre traits grossiè-

rement parallèles deux à deux et dessinant des losanges.

Ce type de rebord est connu au XIII 0 siècle. Le

rebord droit et la saillant interne sont caractéristiques.

La liaison avec la panse se fait par un angle très marqué,

hauteur du col (lèvre comprise) : 3> 5 CP«

Y, 4 & 5» Lèvre a double inflexion, à inclinaison horizontale. Faces

internes et externes convexes avec bourrelet central.

V, 9 Fragment de fond. Face externe droite, face interne concave.

Le raccord-avec la paroi interne de la panse est marqué

par un ressaut.Le raccord extérieur avec la panse se fait

par un saillant (caractéristique semble-t-il du XIII8 S.)

V, 12 et 13. Eléments de panse, avec glaçure à l'extérieur. Vert foncé

(oxyde de cuivre). Les traits,plus foncés,sont disposés

oh diagonales , et par lignes parallèles.-

V, 14 et 15. Eléments de préhension : anse (15) et manche (l4).La sec-

tion du manche est ronde.

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- III — Conclusion.

Les sondages de Kerlano sont, par leur nature

même, incomplets. Ils n'ont livré qu'une partie des renseignements

qu'on peut attendre du site. A ce jour, le seul mobilier découvert

a été la céramique. Aucun reste d'outillage, aucune pièce métallique

n'ont été exhumés dans les structures dégagées. De même aucune monnaie',

et celles-ci sont fréquentes sur les sites postérieurs au XIII 0

siècle,

n'a été trouvée.

Les maisons étudiées font partie d'un village. Sous les broussail-

les de nombreuses traces d^autres habitations sont perceptibles ; elles

sont toutes situées près du sommet de la colline;, et a l'abri des

vents dominants d'Ouest. A proximité coule un ruisseau et les sources

ne manquent pas. L'examen des photographies aériennes et du cadastre

de 1827 révèle la présence d'un vieux shemin abandonné, et une grande

parcelle rectangulaire entourée.-, de talus a pu servir d'exploitation.

Il est remarquable qu'aujourd'hui toute cette zone est revenue à l'état

de friche inexploitée. L'abandon du village parait liée a la grande

pauvreté de cette zone des Landes de Lanvaux.

Les villages médiévaux abandonnes ne sont pas inconnus dans le

Morbihan. Celui de Guidel, on 11 a vu, en est un exemple. D'autres ont

parfois été un peu hâtivement attribués a une époque plus reculée, Ainsi

avons nous pu vérifier certaines analogies de site, de structures et

de céramique entre le village de Kerlano et les villages autrefois

fouillés de Lann-Gouh en MELR11KD, (l), de Mané-Guégan en SEGLIÈN,(2),

de Kervanan à GUEHJï (3). Il nous paraît plus raisonnable de les attribu-

er au Moyen-âge»

X

X X

Parailèl/ement aus recherches effectuées sur le terrain, nous

avons tenu à vérifier si ce village disparu n'avait pas laissé quelques

( 1 )— A. de la Grancière, Bullet. de la Soc. Polym. du Morb.. 1902, P. 389.

(2) - Bullet. de la Soc. Polym. du Morb.V Procès-verbaux, p. 112.

(3) - ii de la Grancière.. id., 1902, p. 141 et 1903, P. 88.

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-1îr

traces dans les archives. Nous avons eu d'abord recours ■ aux sources im-

primées, d'accès aise :

- Le Mené : Histoire des paroisses du diocèse de Vannes,p. 180.

- A.Luco. Pouillé historique de l'ancien diocèse de Vannes.

- H. du Halgouet. Notes archéologiques du département du Mor-

bihan, p. 118 sq.

La terre de Kerlano a longtemps dépendu de la seigneurie de

Callac, en Plumelec. Le château actuel, construit à la fin du XV0

siècle est édifié a proximité d'une motte féodale, appelée le Vieux

château, où l'on signale avoir retrouvé les fondations d'un antique

donjon. En 1645» Ie-1 terre de Caliac fut érigée en baronnic.

Pour avoir des précisions complémentaires, nous avons

remonté le temps, et étudié ainsi :

- Le cadastre de 1827? le plus ancien conservé.

- Le registre des Capitations de Plumelec de 1776 a 1789»

- La carte de Cassini.

Le hameau actuel de Kerlano est mentionné, mais le village an-

tique est alors inconnu.

Restait enfin l'exploration des fonds d'archives.- Ai-

dé par l'archiviste départemental, nous avons pris trois directions

différentes s

- Les fonds de famille de la seigneurie de Callac. Malheu-

reusement, uns grande partie, antérieure semble-t-il à Charles IX a

été détruite. L'autre , plus récente, n'est pas classée.

- L'inventaire des archives de Rohan, récemment dressé, ne

montre pas l'existence d'hommage provenant de Callac. Par contre, les

terres de Cadoudal, très proches de Kerlano, y sont mentionnées.

-On pouvait donc supposer que les seigneurs de Callac ren-

daient directement hommage au Duc de Bretagne. Il pouvait «w^-lors

exister a Nantes, dans le registre de la chambre des Comptes un ren-

tier de l'ensemble des terres ayant appartenu a Callac. Grâce a la

complaisance de Mr le Directeur des Services d'Archives, les dossiers

B. 2001 et E 157/17 ont été examinés, mais en vain.

Il reste une autre voie à explorer ; la commune

de Plumelec a conservé les registres paroissiaux (baptêmes), à partir

de 1578. Mais encore faudrait-il connaître le nom exact du village.

X

X X

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Le problème de la datation, est dans l'état actuel de

nos recherches, difficile à .résoudre- avec certitude. On a remarqué

certaines similitudes avec le village de Guidel, "bien daté de la pre-

mière moitié duXII'Siècle, dans les structures et l'emploi de cer-

tains types de cwrarniques, encore qu'il semble que la ctramique onc-

tueuse ne puisse plus constituer un critèias suffisant de datation.

Hais nous avens noté aussi quelques différences, notamment

le fait qu'à Kerlano la variété de céramique est plus grande. Préci-

sément, certains tessons (V, 1 â 3j 9 e"t surtout la pâte du tesson

12-13) nous invitent à attribuer à Kerlano une date plus basse, qui

a pu être le milieu du XIII0 siècle. Mais faut-il rappeler avec quel-

les reserves nous émettons une telle hypothèse ?

Patrick ANDRE.

Mars 1974.

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.1. 0 int. : 27 c m

12 13 14 15

I6

- n - LA CERAMIQUE -

de 1 à 6 ; rebords de marmites en céramique onctueuse

Village de KERLANO en PLUMELEC - Morbihan

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.1. 0inl.:27 cm

.2. 30

.3. 34cm

.4. 35 cm

44 cm

10 cm

3 6 cm

LA CERAMIQUE

ONCTUEUSE

.T A «A,.'.

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Village de KERLANO en PLUMELEC - Morbihan

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- L'édifice A , vu de l'Ouest.

- Le bâtiment C.

- Espace dépotoir entre la maison A et la maison B.