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) Participer ( Magazine des sociétés coopératives et participatives Décembre 2014 . Janvier . Février 2015 . Numéro 653 )International( Retour sur le second Sommet des coopératives de Québec )Ouverture( La Scop, une réponse pour le développement des Biocoop Scic, le projet coopératif au service des territoires

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Le dossier de ce numéro est consacré aux Scic et collectivités locales. Le modèle Scic : un outil qui associe les parties prenantes dans des objectifs de développement économique, de maintien d'activités, de création de filières nouvelles ou d'appui à des zones en rénovation. A découvrir également : les enjeux de la RSE, le développement des CJS et plusieurs portraits de Scop et co-entrepreneurs

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)Participer(Magazine des sociétés coopératives et participatives

Décembre 2014 . Janvier . Février 2015 . Numéro 653)In

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Retour sur le second Sommet des coopératives de Québec

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La Scop, une réponse pour le développement des Biocoop

Scic, le projet coopératif au service

des territoires

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MUTUELLE ASSURANCE DES COMMERÇANTS ET INDUSTRIELS DE FRANCE ET DES CADRES ET SALARIÉS DE L’INDUSTRIE ET DU COMMERCE. Société d’assurance mutuelle à cotisations variables. Entreprise régie par le Code des assurances. Siège social : 2 et 4, rue Pied de Fond 79000 Niort. Intermédiaire en opérations de banque pour le compte exclusif de Socram Banque. N°ORIAS 13005670 (www.orias.fr).

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À la Macif, l’accès à la complémentaire santé se doit d’être vraiment pour tous. engagée pour la défense de l’accès aux soins, la Macif place la santé au cœur de sa vision mutualiste.

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Patrick LenanckerPrésident de la Confédération générale des Scop

Participer. Magazine des Sociétés coopératives et participatives 37, rue Jean Leclaire 75017 Paris - tél. : 01 44 85 47 00, fax : 01 44 85 47 10 • www.les-scop.coopRéalisation : Scopedit, 37, rue Jean-Leclaire 75017 Paris. Gérant : Patrick Lenancker. Rédacteur en chef : Pierre Liret. Secrétariat de rédaction : Corinne Lefaucheux, Carine Dieu-Romastin. Conception, réalisation, appui éditorial : Philem Despiney, Scop In Studio 4, Bruno Chambrillon. Impression : Chevillon Imprimeurs. Dépôt légal : 4e trimestre 2014. CPPAP 1115 T 87741 . ISSN 1264-949X. Abonnement : 1 à 3 abonnements souscrits : 26 € par abonnement, à partir de 4 abonnements 22 € par abonnement. Contact abonnement : 03 80 48 95 37

PARTICIPER Décembre 2014 • Janvier • Février 2015 3

Sommaire

p.4 Média Scopp.6 Vie du réseaup.10 Btpp.13 Communicationp.14 Actualités

p.24 Zoom : Coopératives jeunesse de services

p.32 Secmmi, de la chaudronnerie aux chantiers d’exception

p.38 Lectures

p.16 Scic et collectivités locales : la construction d’une évidence

)Dossier(

)Scop en action(

)International(

L’ouverture, levier de développemente numéro de Participer en témoigne : le Mouvement Scop s’ouvre de plus en plus à son environnement depuis quelques années. Le dossier consacré aux Sociétés coopératives d’intérêt collectif traduit l’enjeu pour le projet coopératif de prendre en compte - y compris dans les statuts - toutes les parties prenantes d’un projet au-delà des seuls salariés. La démarche entreprise par le Mouvement pour confronter les pratiques des coopératives aux enjeux de la RSE, responsabilité sociale des entreprises, illustre la volonté des Sociétés coopératives et participatives de montrer que la RSE est aussi l’aff aire des PME et TPE et peut leur permettre de revisiter leur projet stratégique.

Le développement du réseau Biocoop et sa volonté d’accroître le nombre de magasins à statut coopératif, notamment à la faveur de la transmission d’entreprises, est l’expression par excellence des synergies de valeurs et de projets entre coopératives de producteurs, de consommateurs et de salariés.

L’émergence des coopératives jeunesse de services et la publication du manifeste des jeunes leaders de coopératives lors du récent Sommet international des coopératives à Québec témoignent de l’attractivité que savent susciter les coopératives et leurs instances auprès des générations montantes. Et, bien sûr, l’affi rmation de la transmission d’entreprises comme l’enjeu prioritaire de développement des Scop depuis quelques années témoigne lui aussi d’une ouverture croissante du Mouvement à son environnement économique et de la prise de conscience d’enjeux partagés avec l’ensemble des PME et TPE attachées à pérenniser leurs activités et leurs emplois.Cette démarche résolue d’ouverture contribue sans nul doute à expliquer la progression régulière du nombre de Sociétés coopératives et participatives depuis près de vingt ans et davantage encore depuis 2010. Dans un contexte économique toujours plus incertain, voire totalement grippé dans certains secteurs d’activité, la démarche d’ouverture va s’imposer plus que jamais pour pouvoir poursuivre et amplifi er cette dynamique.

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)Ouvertures(

p.28 Biocoop : coopération et équité de la fourche à la fourchette

coopératives et participatives depuis près de vingt ans et davantage encore depuis 2010. Dans un contexte économique

totalement grippé dans certains secteurs d’activité, la démarche d’ouverture va s’imposer plus que jamais pour pouvoir poursuivre et

p.36 Parcours

p.26 Sommet international des coopératives 2014Une célébration de la communauté coopérative

p.30 Pratique : Le compte personnel de formation peut-il aider les salariés à mieux se former ?

p.22 Scop et Scic sous les feux de la RSE

)Enjeux Scop(

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)Dossier(

Près de la moitié des quelques

400 Sociétés coopératives d’intérêt

collectif compterait au moins une

collectivité dans son capital.

Les Scic ont trouvé leur place dans l’arsenal économique des collectivités locales. Les territoires ont compris l’intérêt de cet outil qui associe de nombreuses parties prenantes, dans des objectifs de développement économique, de maintien d’activités, de création de filières nouvelles ou d’appui à des zones en rénovation.

Scic et collectivités locales : la construction d’une évidence

taire, mais attentif dans l’accompagnement. Nous encourageons en particulier celles qui s’engagent dans les politiques territoriales, comme la transition énergétique ». Depuis 2009, le conseil régional est ainsi présent dans la Scic Poitou-Charentes Energies Renouvelables, aux côtés d’EDF, d’ins-tallateurs et de particuliers. Comme les autres Scic investies par la Région, elle est auditée tous les mois par le comité de suivi des SEM et des Scic. « Parvenir à rassembler des gens d’univers différents, les faire dialoguer et construire des projets d’intérêt local dans une logique de circuits courts, sont les grands atouts des Scic pour les collectivités », conclut Jean-François Macaire.

Un outil incontournableAlix Margado, animateur de l’Inter-ré-seaux des Scic, confirme cette montée en puissance des coopératives auprès des col-lectivités publiques, avec 32 créations en 2010, 85 en 2013 et presque autant cette année : « dans les démarches de développe-ment économique, portées principalement par les communautés de communes et les

l a fallu du temps pour s’apprivoiser mutuellement. Alors qu’elles participent depuis leur naissance en 2001 au déve-loppement des territoires, les Scic ont longtemps été méconnues par les collec-tivités locales. En quelques années, les choses ont bien changé. Près de la moitié des quelques 400 Sociétés coopératives d’intérêt collectif compterait au moins une collectivité dans son capital et l’implica-tion des collectivités prend également les formes les plus diversifiées, au-delà de la simple participation au capital. Il aura suf-fi sans doute d’une meilleure notoriété du statut et d’une acculturation progressive des techniciens et des élus, plus habitués jusque-là à des formes plus anciennes de partenariats public-privé, comme les SEM (Société d’économie mixte).Pour Jean-François Macaire, président de la Région Poitou-Charentes, il n’y a plus de doute, comme ces autres structures juridiques, les coopératives sont bien un outil de développement économique : « la région a aidé une dizaine de Scic à se mon-ter et elle est au capital de la moitié d’entre elles. Nous sommes un partenaire minori-

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)Dossier(

conseils régionaux, la Scic est devenue incon-tournable. De plus en plus d’élus connaissent les services qu’elles rendent localement. La loi sur l’économie sociale et solidaire, avec la possibilité ouverte aux collectivités d’aller jusqu’à 50 % du capital, contre 20 % aupara-vant, devrait confi rmer cet engouement. Cela permettra à des projets en manque de fonds propres de démarrer plus sereinement ».Les collectivités se comportent comme des partenaires bienveillants, avec le plus sou-vent l’achat d’une seule part sociale, pour activer leur soutien. Cependant, ce ne sont pas des « sleeping partners », notamment dans les cas où la création d’une Scic per-met la sauvegarde d’activités et d’emplois locaux. Plusieurs fi lières économiques bé-néfi cient ainsi fortement d’appuis locaux. Si l’ensemble des collectivités sur place a participé à la transformation de cinq abat-toirs en Scic, c’est pour préserver une acti-vité en chute libre. Dans la fi lière du bois énergie, les mairies ont donné un coup de pouce à une dizaine de Scic en équipant leurs bâtiments municipaux de chaudières, pour trouver là de premiers débouchés. Pour Alix Margado, « c’est la preuve que les collectivités ont compris que les Scic étaient

des acteurs économiques à part entière et qu’elles encourageaient leur démarche entre-preneuriale ». Parmi les autres raisons qui expliquent cet engouement récent, il y a aussi la suppression de l’agrément préfec-

toral en 2012. Aujourd’hui, sur le terrain, il est peu de Scic qui ne se félicitent pas de leur partenariat avec des collectivités, qui, sont elles-mêmes contentes, de voir sur leur territoire se développer des entre-prises non délocalisables. Vous avez dit gagnant-gagnant ?

Développement des secteurs d’avenirDans certaines fi lières régionales, les so-ciétés multi-parties prenantes deviennent même le modèle dominant, comme le bois énergie, la culture ou les énergies renouvelables. Dans ce dernier secteur, il y a trois ans, la Scic Enercoop a pris le parti de construire des Scic régionales, pour op-timiser les potentiels locaux en énergies renouvelables et mobiliser les citoyens sur les économies d’énergie. Les régions voient cela d’un bon œil, mais il a fallu attendre mars 2013 pour voir l’une d’entre elles, le Conseil régional de Bretagne, de-venir sociétaire d’une Scic Enercoop, après avoir été membre du comité de pilotage de l’association de préfi guration. « Locale-ment, le vice-président à l’énergie est favo-rable aux énergies renouvelables et il existe

 

Poitou-CharentesLes cinémas du Bocage maintiennent une off re culturelle de proximité

Des salles obscures en milieu rural : ça sem-blait impossible à faire vivre et pourtant la Scic Les cinémas du Bocage y parvient depuis 2002, au carrefour de la Vendée et des Deux-Sèvres. « L’aventure a démarré en 1985 à Cerizay, sous forme associative, ex-plique Frédéric Arnaud, l’actuel gérant de la Scic. Nous étions des cinéphiles qui pou-

vaient compter sur des bénévoles pour l’ani-mation locale. Depuis, la Scic s’est développée en obtenant la gestion de nouveaux cinémas, jusqu’à 7 sites aujourd’hui. « Parfois des maires, quelles que soient leurs étiquettes, nous appellent ; en d’autres occasions, nous reprenons des salles qui s’essouffl ent » pour-suit Frédéric Arnaud. Les salles restent la propriété des villes, qui payent l’eau et l’électricité. Les collectivités aident aussi, par leurs garanties, Les cinémas du Bocage à obtenir des prêts auprès des banques. Cela s’est avéré indispensable pour le com-plexe de 5 salles de Bressuire, d’un coût d’1,3 million d’euros l’an dernier. La Scic signe aussi des conventions avec les villes pour organiser des événements cinémato-graphiques en direction des publics sco-laires et seniors.

BourgogneLa Péniche Cancale fédère les acteurs d’un quartier en développement Créer une animation culturelle originale de quartier est devenu au fi l de l’eau l’ob-jectif de la Scic L’Autre Bout du Monde à Dijon. Car au départ, en 2007, Benjamin Magnen, l’actuel PDG, et quelques amis venant du spectacle et de l’animation culturelle, veulent simplement ouvrir un

La culture fait partie des grandes fi lières pour lesquelles le modèle des Scic apporte une bonne réponse aux territoires. La preuve par l’exemple.

La fi lière bois énergie en expansion

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un réseau, Taranis, qui soutient les projets citoyens », explique Nicolas Debray, direc-teur d’Enercoop Bretagne. Parmi leurs 450 sociétaires, qui sont aussi des clients, on compte encore la petite commune de Tremorgat, pour l’alimentation de ses bâtiments municipaux, la Ville de Cesson pour une épicerie sociale et Lorient, tou-jours pour des équipements locaux. « Les sources d’énergies délocalisées intéressent les élus, poursuit Nicolas Debray. Ce sont des activités avec une gestion de proximité, qui ont un impact sur l’emploi et créent des retombées commerciales pour des arti-sans et commerçants locaux. » Pour mieux se faire connaître, Enercoop organise, à côté de ses actions pédagogiques vers le grand public, des sessions de formation sur l’énergie à destination des élus et des techniciens.Le secteur de l’auto-partage est une autre fi lière fortement coopérative. Parmi les 15 structures du réseau Citiz fondé l’an der-nier, onze sont des Scic. En île-de-France, Auto-2 détient sans doute le record de collectivités présentes au capital, avec 8  mairies plus le Syndicat mixte du Parc en Vexin ! « Nous souhaitons qu’elles soient

 

sociétaires et qu’elles utilisent nos véhicules, souligne le gérant Julien Besnard. Pour Auto 2, cela procure du chiff re d’aff aires et pour elles, cela réduit le parc automobile. Les relations commerciales avec elles nous aident à consolider notre développement. Elles uti-lisent les véhicules dans la journée pour leurs

Plusieurs Scic régionales sont nées dans le secteur des énergies renouvelables

personnels  ; elles nous associent à leur ré-fl exion sur la création de stations d’autopar-tage dans des quartiers en rénovation. Enfi n, nous répondons à des marchés publics sur des métiers proches du nôtre. » Sans vouloir devenir sociétaires, la région île-de-France et l’Agglo de Cergy-Pontoise ont apporté

café culturel. Mais l’opportunité de mon-ter ce projet dans une péniche, installée dans le quartier du Port, en pleine réno-vation urbaine, donne un coup d’accé-lérateur à leur idée. « Grâce à l’agrément du maire de Dijon, nous avons obtenu les autorisations pour amarrer le bateau dans le Port du Canal, explique Benja-min Magnen. Nous avons fait travailler une entreprise locale pour le transformer en bar et salle de spectacle. En parallèle, notre association a été transformée en Scic en 2009. La Péniche Cancale est inaugurée dans la foulée, accueillant sur scène des groupes artistiques régionaux et dans la salle des habitants du quartier et du Grand Dijon. Sur 192 sociétaires, une cinquantaine sont des associations à qui on a off ert de nouveaux débouchés ». Désormais, la Scic, avec 200 événements et pas loin de 24  000 spectateurs cette année, a atteint son équilibre et le maximum de son exploitation.

AquitaineCulture et santé invite les artistes dans les hôpitaux A l’hôpital, tout ce qui peut favoriser le bien-être des personnes malades est bien-venu ; des activités de chant, de théâtre ou de cirque y ont désormais leur entrée. Le lien entre culture et santé est même devenu une politique publique depuis 2006. Chargées de l’animation de ces pôles Culture et Santé, les régions ont toute latitude pour les mettre en œuvre, mais aucune n’a été aussi loin que la Ré-gion Aquitaine avec la création d’une Scic,

pour agréger les compétences des milieux culturel et sanitaire. « A l’origine du pôle en 2011, il y a le centre régional de lutte contre le cancer et l’association culturelle Script, dé-taille Jean-Paul Rathier, gérant de la Scic. A nos côtés, on trouve aussi le Conseil régional Aquitaine, la Direction régionale des Aff aires culturelles et l’Agence régionale de Santé. Depuis, parmi les sociétaires, nous ont rejoint le Département des Landes et les villes de Gradignan et de Pessac. » La Scic se veut un outil d’aide pour le montage de projets et la formation aussi bien des acteurs cultu-rels que des personnels hospitaliers. Elle vient par exemple d’être retenue dans un appel à manifestation d’intérêt du conseil régional, pour aider les acteurs locaux dans les Landes à bâtir des projets pour lutter contre l’isolement des personnes âgées par des actions culturelles. « En-dehors des deux salariés de la coopérative, nous créons aussi de l’activité pour les artistes et les opé-rateurs culturels. »

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des subventions. Avec la volonté de réduire la place de la voiture en ville, l’autopar-tage intéresse de plus en plus. Le Conseil régional de Bourgogne appuie depuis l’an dernier la création de Scic Citiz sur tout son territoire ; celle de Dijon est déjà née, Mâcon et Châlon devraient suivre.

Soutenir la filière agricoleSi certains secteurs ont le vent en poupe, c’est parfois pour aider des secteurs en difficulté ponctuelle que la Scic peut apporter une réponse. Il y a deux ans, le Syndicat mixte du port de la Rochelle a ini-tié la création de la Scic Filière Pêche La Rochelle pour soutenir l’activité de la criée du port. Sans se substituer aux pêcheurs, ni aux mareyeurs, qui ont la priorité des achats de poissons, mais en les associant, la coopérative garantit les prix à la criée dans une logique de commerce équitable. « La Scic est le bras armé de la criée du port, affirme Jean-Paul Coffre, PDG de la coopé-rative, non rémunéré, puisqu’il est aussi président du syndicat mixte. Nous offrons des débouchés aux pêcheurs, à la fois en acquérant les pêches qui n’ont pas trouvé d’acheteurs et en innovant dans la valorisa-tion de nouveaux produits, comme les petits crustacés ou la pulpe de poisson avec l’aide du CRITT (Centre régional d’innovation et de transfert de technologie) de La Rochelle.  » Dans l’esprit d’intérêt collectif des coopé-

ratives, tous les bénéfices sont replacés dans les réserves ; le chiffre d’affaires était de 565 000 euros l’an dernier, avec quatre emplois-tremplins aidés par la Région Poi-tou-Charentes. « On a additionné des inté-rêts particuliers pour faire de l’intérêt géné-ral », conclut Jean-Paul Coffre.Un choix identique a présidé à la naissance de la Scic Haras régional de Rosières-aux-Salines, en butte au désengagement de l’État de la filière de reproduction des chevaux, à la suite de la révision générale des politiques publiques. Le Conseil régio-nal de Lorraine et le Conseil général de Meurthe-et-Moselle ont choisi d’accompa-gner il y a deux ans la transformation en Scic d’un haras qui date de 1783. « Nous avons préféré cette solution qui permettait d’associer éleveurs, vétérinaires et collecti-vités locales, indique Alain Lehmann, le gérant à l’origine du projet. Notre objectif est d’en faire un site rentable, en développant l’activité d’étalonnage, en accueillant de nouveaux éleveurs locaux, et en développant d’autres activités, comme l’organisation de concours. » Depuis, deux autres haras en France ont choisi la forme coopérative. La naissance d’une nouvelle filière ?

Rénovation urbaineDans un autre domaine, les collectivi-tés territoriales peuvent aussi faciliter la création de Scic dans des zones en

Le port de la Rochelle a initié la création de la Scic filière Pêche

rénovation urbaine. C’est par exemple le cas à Saint-Etienne, où un bailleur social, la Scic HLM Le Toit forézien, a suscité la création d’un centre d’affaires en pied d’immeubles dans le quartier de Montreynaud : la Scic Les Bureaux de Montreynaud venait de naître ! « Notre vocation est d’accueillir ou de domicilier les entrepreneurs du quartier, mais au-delà, nous devons remplir nos locaux avec des services aux entreprises, précise Jean-Fla-vien Rénard, l’actuel PDG. La condition pour créer la coopérative était le soutien de la Ville, que nous avons obtenu. Par ailleurs, nous avons eu le soutien IDClic solidaire de la Région Rhône-Alpes pour le démarrage. » Depuis 2009, deux autres pieds d’immeuble sont venus renforcer les activités de la Scic, qui est bénéficiaire depuis deux ans et qui, d’après son PDG, participe à la tranquillité du quartier. Récemment, Les Bureaux de Montrey-naud ont été sollicités pour dupliquer le modèle de centre d’affaires de quartier dans d’autres villes. Encore une preuve de la coopération efficace entre Scic et collectivités locales. Il reste à espérer que les réformes territoriales prévues et la hiérarchie mouvante des collectivités locales n’altèrent pas dans les prochains mois ces relations d’évidence.

Eric Larpin

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Trois questions à François de Mazières, député-maire DVD de Versailles (78)

Trois questions à Olivier Klein, maire PS de Clichy-sous-Bois (93)

Dans un contexte économique tendu et de besoins toujours croissants, la gouvernance coopérative multi-partenariale de la Scic apporte une solution innovante à la gestion d’établissements du secteur sanitaire et social. Exemples en région parisienne avec les villes de Clichy-sous-Bois et de Versailles.

Quelle est l’origine du projet de la Scic Solidarité Versailles Grand Age  ? Quels étaient les besoins identifiés localement et pourquoi la création de la Scic en 2012 ?

François de Mazières : La ville de Versailles, au travers de son CCAS, qui gère un EHPAD et un SSIAD1, souhaitait créer une plateforme réunissant différents services et développant de nouvelles prestations (accueil de jour, hébergement

Quelle est l’origine de la Scic Med Clichy ? Pourquoi avoir décidé d’engager votre collectivité dans ce projet inauguré en octobre dernier ?

Olivier Klein : Quand nous avons choisi d’installer un groupe médical dans le château de La Terrasse, un site connu de tous les Clichois, nous avons en même temps émis le souhait d’en confier la gestion

temporaire) pour les personnes âgées. Pour atteindre cet objectif, la Ville a choisi la Scic qui permet de conserver la maîtrise conjointe du projet, tout en mobilisant financièrement l’ensemble des acteurs locaux, y compris les Versaillais. Solidarité Versailles Grand Age est l’outil juridique et financier qui rend possible la réalisation de la plateforme de services Lépine Providence.

Comment la collectivité suit-elle le développement du projet ? Quels sont les objectifs que vous lui avez assignés ? Comment évaluez-vous les résultats ?

FdM : Sous la coordination de Corinne Bebin, adjointe aux Affaires sociales et présidente du CCAS, tous les partenaires du territoire qui s’investissent dans la prise en charge des personnes âgées ont participé en amont à l’identification des besoins du territoire et de l’offre de services à développer ; la Préfecture, par son contrôle de légalité, les principaux financeurs (conseil général, CNSA, conseil régional) ont validé le projet. La Scic a été créée par le CCAS et EHD comme membres fondateurs, associant

le Centre hospitalier de Versailles, l’Hôpital gériatrique de la Porte Verte, la Coordination gérontologique, les usagers et les salariés. Un projet de recherche sur trois ans, porté par l’Institut de recherche en gestion et la CG Scop, est en cours de montage afin d’évaluer la gouvernance de ce nouvel outil juridique.

Quels sont les avantages de la Scic comme outil de développement économique et de cohésion sociale ?

FdM : La Scic répond à des objectifs de cohésion sociale : constituer des fonds propres conséquents à partir de placement solidaires non rémunérés permet de diminuer le recours à l’emprunt et de maîtriser le prix de journée payé par les personnes âgées, tout en mettant à leur disposition des services innovants. La Scic permet aussi d’anticiper des réponses nécessaires au maintien des personnes âgées à domicile, notamment via la signature à venir de conventions avec des centres de recherche et d’innovation.

déléguée à une Scic. Avec l’Agence régionale de santé, qui participe à l’élaboration de notre contrat local de santé, il est vite apparu qu’une maison médicale regroupant aujourd’hui 20 professionnels libéraux de santé, pouvait aussi répondre à des objectifs d’accès aux soins pour tous. Comme la Ville souhaitait être partenaire de cette gestion collective, la Scic était bien adaptée, d’autant que nous ne pouvions pas la subventionner, pour ne pas concurrencer les autres offres médicales.

Comment la Ville va-t-elle suivre le développement du projet ? Quelles sont les objectifs assignés ?

OK : Nous avons pour objectif de lutter contre les déserts médicaux qui s’installent en ban-lieue, comme ici entre Clichy et Montfermeil, où il y a moitié moins de professionnels de santé que dans le reste du département, lui-même déficitaire… Une place leur est bien

sûr réservée dans une des dix catégories d’associés, aux côtés de celui des salariés techniques (six embauches ont eu lieu loca-lement), des instituts de recherche et des collectivités. La Scic est responsable de la logistique de la maison médicale, à laquelle les médecins et infirmières versent une re-devance mensuelle.

Quels sont les avantages de la Scic comme outil de développement ?

OK : La Scic correspond aux enjeux de notre territoire, avec des besoins forts de développement économique, et pourtant peu de foncier et peu de financements, même si le Feder (Fonds européen de développement régional) nous a aidés dans le cas présent. Dans le cas de Clichy, elle est aussi un outil de cohésion sociale.

Olivier Klein

François de Mazières

1 CCAS : Centre communal d’action sociale. EHPAD – Établissement hospitalier pour les personnes âgées dépendantes – SSIAD : Service de soins infirmiers à domicile

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)Enjeux Scop(

Scop et Scic sous les feux de la RSEAu Congrès de Marseille en 2012, le Mouvement des Scop a marqué la volonté de traduire les pratiques des Scop et des Scic dans le langage de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), un concept qui s’impose dans l’opinion et conduit de plus en plus d’entreprises à faire valoir leurs pratiques sociales et environnementales. Après avoir réalisé une plaquette de sensibilisation à la RSE, la Commission RSE du Mouvement a lancé une enquête auprès des Scop et des Scic pour dresser un état des lieux et permettre une comparaison avec l’ensemble des entreprises françaises. L’enjeu pour le Mouvement est de rendre plus lisibles les Sociétés coopératives et participatives pour tout un chacun. Il offre aussi à chacune des coopératives l’opportunité d’identifier les points de progrès et d’améliorer ses pratiques dans une perspective de développement durable.

e prime abord, les principes coopératifs ont à l’évidence une résonance « sociale-ment responsable » : la gouvernance par-tagée (55 % des sala-riés des Scop associés

aux décisions stratégiques de leur entreprise  ; multisociétariat des Scic), le partage équitable des richesses (plus de 40 % du résultat net conso-lidé de toutes les Scop distribués aux salariés sous forme de participation) et l’ancrage territorial des activités et des emplois sont autant d’indicateurs significatifs. Rien d’étonnant que pour près de 70 % des Scop et Scic sensibi-lisées à la RSE, ce concept soit d’abord une affaire de conviction, loin devant la possibilité d’être un axe de commu-nication (14 %) ou une opportunité (13 %).

Selon l’enquête réalisée, plus de la moitié des Sociétés coopératives et participatives déclarent avoir entendu parler de RSE et 42 % sont à la fois sensibilisées au concept et mènent des actions dans cette perspective. L’implication croît avec la taille des entreprises et est relativement plus forte dans le Mouvement que pour les entreprises françaises en général : pour les entreprises de 50 salariés et

plus, celles qui connaissent la RSE et déclarent agir concrètement en ce sens sont 62 % dans le Mouvement, contre 52 % en France.Les coopératives du secteur de l’éner-gie et de l’environnement sont de loin les plus sensibilisées à la RSE et les plus actives, suivies par celles du secteur des services aux entreprises. A l’oppo-

sé, les coopératives de l’industrie sont les moins averties et les moins actives en ce domaine.

En termes de résultats attendus des démarches RSE menées au sein des Scop et des Scic, le respect de l’envi-ronnement est une attente majeure, tout comme la motivation des salariés.

Sensibilisation à la RSE et implication par secteur dans le Mouvement

Ensemble

Énergie et environnement

Services aux entreprises

Éducation, santé, action…

Information et communication

Construction

Services aux ménages

Commerce

Transport

Industrie

Connaissent la RSE et mène des actions

Connaissent la RSE mais ne mènent pas d’actions

Ne connaissent pas la RSE

42 % 12 %

0 %

13 %

17 %

16 %

0 %

7 %

8 %

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Toutefois, les considérations de gestion des risques ou de réduction des coûts sont très peu mentionnées. Par consé-quent, il reste à convaincre les Scop et les Scic de l’utilité de cette démarche de progrès dans le cadre de leur straté-gie d’entreprise, en particulier dans sa dimension économique. Plus précisément, l’enquête réalisée auprès des Scop et des Scic témoigne aussi de leurs pratiques dans toutes les dimensions de la RSE, tant sociale, envi-ronnementale que sociétale.

Bien-être au travail et formation des salariésLes trois quarts des coopératives se révèlent favorables à des aménage-ments du temps de travail en fonction des contraintes familiales, pour mieux concilier vie professionnelle et vie per-sonnelle. Les coopératives de moins de 10 salariés sont les plus disposées à aménager le temps de travail de leurs salariés, 79 % y sont favorables, contre 65 % des coopératives de plus de 50 salariés. Côté formation, deux coo-pératives sur trois évaluent les futurs besoins de qualifi cations et de com-pétences, sur base régulière ou ponc-tuelle. Les Scop et les Scic octroient éga-lement des fi nancements relativement signifi catifs aux programmes de forma-tion, tout particulièrement lorsqu’elles atteignent des eff ectifs importants : un quart des coopératives de 50 salariés et plus allouent plus de 4 % de leur masse salariale à la formation, contre 11 % des entreprises françaises de même taille.

Proximité avec les acteurs économiques et locauxScop et Scic développent des relations responsables avec leurs clients et four-nisseurs. Six coopératives sur dix dé-clarent informer leurs clients pour les sensibiliser aux impacts de leurs choix de biens ou services sur l’environne-ment et leur bien-être. En matière d’achats, la quasi-totalité des coopératives répondantes et sensi-bilisées à la RSE déclare privilégier les fournisseurs locaux à prestations égales (96 %), et ce quel que soit leur secteur d’activité.

Relations avec la société civile (entreprises de 10 salariés et plus)

Scop et Scic mettent en pratique le sep-tième et dernier principe coopératif de l’Alliance coopérative internationale : l’engagement envers la communauté. Elles sont en lien régulier avec la société civile et près d’une sur deux notamment s’implique dans le système éducatif.

L’environnement, un enjeu important pour les coopératives36 % des Scop et des Scic déclarent être engagées dans une démarche de management environnemental. Celles-ci appliquent des méthodes de gestion visant à prendre en compte l’impact en-vironnemental de leurs activités, à éva-luer cet impact et à le réduire. Dans ces démarches, les Scic sont plus engagées que les Scop, 48 % contre 35 %. Cet engagement concerne à 60 % des coo-pératives de 50 salariés et plus, contre 46 % pour les entreprises françaises équivalentes.La gestion des déchets est perçue comme l’une des priorités en matière d’environnement. Près de la moitié des coopératives estime que ceux-ci engendrent les impacts environnemen-taux négatifs les plus forts pour leur entreprise.

41 % des coopératives déclarent par ail-leurs développer des écoproduits, à sa-voir des biens et des services davantage respectueux de l’environnement, les Scic étant encore plus orientées vers ce type de production. Dans les entreprises de 50 salariés et plus, 60 % des coo-pératives produisent des écoproduits, contre 33 % des entreprises françaises de même taille.

Au-delà de ces bonnes pratiques en ma-tière de RSE, l’enquête conduite auprès des Scop et des Scic pointe plusieurs axes d’amélioration, notamment dans la relation avec les fournisseurs, la ges-tion des risques professionnels, la lutte contre les discriminations ou encore en matière de changement climatique et de biodiversité. L’évaluation et la communication des performances des Scop et Scic en ma-tière de RSE font également partie des enjeux à développer, grâce auxquels la démarche RSE peut devenir un véritable levier pour faire prospérer les entre-prises et diff user nos modèles coopéra-tifs.

Catherine Friedrich

Relation avec des établissementsd’enseignement

Participation à la réinsertionprofessionnelle

Partenariat avec une association

Sponsoring ou mécénat

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(coopératives, logement social, médico-social…)

* Sur la base des encours de crédits cumulés au 31/12/2013, hors concours accordés aux particuliers.Créd

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Coopératives jeunesse de services : les jeunes s’initient à l’entrepreneuriat coopératif

Nées au Québec il y a plus de 25 ans, les CJS sensibilisent chaque année 2 500 jeunes québécois à l’entrepreneuriat coo-pératif et c’est seulement en 2011 que le concept a été importé en France. Après avoir assisté à une présentation des CJS au Forum international de l’économie sociale et solidaire de Montréal, une délégation bretonne cherche à son retour à l’expé-rimenter sur son territoire. « Nous avons inscrit les CJS dans notre stratégie régionale de développement de l’ESS et avons établi, fi n 2012, une convention avec le Québec pour reproduire le modèle en France  », raconte Emmanuelle Rousset, coordinatrice CJS France. Formation, transfert de savoirs, de compétences et d’outils pédagogiques, le réseau coopératif québécois appuie alors le développement des premières CJS en France porté par le réseau de CAE Coopé-rer pour entreprendre.

Apprendre aux jeunes à identifi er les besoins du territoireA l’été 2013, trois CJS voient le jour en Bre-tagne. L’année suivante, l’expérimentation se développe en Pays de la Loire et huit CJS se créent. En deux ans, ce sont plus de 110 jeunes qui ont organisé en collectif leur propre job d’été rémunéré, proposant divers services à la population : entretien paysager, déménagement, travaux de peinture… Chaque groupe de jeunes, accompagné par deux animateurs (eux-mêmes appuyés par un comité local), prennent en charge l’ensemble des tâches de la coopérative et se répartissent en trois pôles : ressources humaines (organisation de la gouvernance et du travail, conditions de rémunération), fi nancier (comptabilité, gestion des devis et factures) et marketing (communication, activités de promotion et d’autofi nance-ment). Pendant deux mois, les jeunes se forment et se confrontent à la réalité de la

vie d’une entreprise coopérative impliquée sur son territoire. « Le territoire est impor-tant, insiste Emmanuelle Rousset. Première-ment, parce que les CJS s’implantent souvent dans des zones urbaines, rurales et même diffi ciles, dont les jeunes doivent apprendre à identifi er les acteurs et les besoins. Deuxième-ment, parce que le tissu local s’engage aussi dans le développement des CJS et participe à leur succès  ». En eff et, les comités locaux des CJS sont composés de membres de col-lectivités locales, mouvements jeunesse, pôles de développement de l’ESS et coo-pératives d’activités et d’emploi. En France, l’activité économique de la CJS est portée par une CAE. Les jeunes coopérants ont le statut d’entrepreneurs salariés.

Encourager la culture de l’innovation et de l’entrepreneuriatA travers la coopérative, la plupart des jeunes souhaitent découvrir le monde du travail et développer leur esprit d’équipe. « C’est rare d’avoir la chance de pouvoir diri-ger nous-même notre entreprise, qu’on nous conseille tout en nous laissant faire ». Si pour Naomie, l’expérience off re une certaine émancipation, pour Vinita, c’est « un trem-

Les coopératives jeunesse de services (CJS) permettent à des jeunes de 16 à 18 ans de goûter, le temps d’un été, au fonctionnement et à la gestion démocratique d’une entreprise. Originaires du Québec, elles sont expérimentées depuis 2013 dans l’Ouest de la France. Focus.

plin pour ses prochaines études en BTS assis-tant manager ». La CJS permet donc de développer les com-pétences entrepreneuriales des jeunes et de favoriser leur insertion professionnelle. Elle est un outil éducatif qui s’inscrit dans la dynamique nationale de rapprocher l’école de l’entreprise, et dont la dimension coopérative correspond aux valeurs de so-lidarité et de collectif portées par le monde de l’enseignement.  

Fanny Dive

n Appel à EnvieLe réseau de CAE Coopérer pour entre-prendre porte l’essaimage des CJS en France et envisage d’en développer une centaine à horizon 2020.Collectivités territoriales, acteurs lo-caux, structures d’accompagnement, dirigeants de coopératives…Vous sou-haitez accompagner le développement d’une CJS dans votre ville ?

Contact : [email protected] www.reseau.coop/cjs

)Zoom(

Les jeunes coopérateurs proposent, entre autres, aux particuliers un services d’entretien de voiture

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)Scop en action(

Créé en 2005 par l’association Alter-mondes Informations, le trimestriel Altermondes, qui s’intéresse aux ques-tions internationales sous l’angle de la solidarité, du développement durable, des droits humains et de l’environne-ment, est devenu le 29 mars 2014 le 1er titre de presse généraliste édité par une Société coopérative d’intérêt col-lectif. Un statut en parfaite cohérence avec sa politique éditoriale et sa vo-lonté de co-construire une information citoyenne. « Pour nous l’idée, quand on a lancé le projet, c’était de contrebalan-cer le traitement partiel qu’il y avait dans les médias et de proposer un autre regard sur le monde, en partant du point de vue de la société civile », raconte David Eloy, son rédacteur en chef. La coopéra-tive réunit un sociétariat à la diversité unique dans le monde de la presse  :

MÉDIA CITOYEN

RECYCLAGE INFORMATIQUE

Altermondes : donner un autre regard sur le monde

une trentaine de professionnels de l’information, une quarantaine d’orga-nisations de la société civile (associa-tions et syndicats), près d’une centaine de lecteurs (trices) ainsi que l’équipe salariée composée de trois personnes. Altermondes veut apporter la preuve que le rassemblement coopératif mili-tant peut constituer une alternative. « C’est le choix personnel d’Altermondes, cela peut en inspirer d’autres ou pas, cela peut être reproduit par d’autres ou pas, mais la question, c’est ce qu’on expéri-mente pour avancer dans ce qui nous importe. On considère que l’information est un bien commun et l’existence de mé-dias indépendants de qualité relève d’une responsabilité collective ». Dans la lignée de cette récente mutation, le magazine, tiré à 25 000 exemplaires (dont 20 000 en kiosque) a lancé le 18 septembre sa

nouvelle formule papier (nouveaux for-mat, maquette et rubriquage) et sur le web pour en faire « un véritable espace participatif et collaboratif ».http://altermondes.org

Corinne Lefaucheux

Réduire la fracture numérique et favori-ser l’accès aux logiciels libres à bas coût sont les objectifs de la Scop Cévennes libres, née d’un projet associatif en 2008 dans le Gard. Etape intermédiaire avant le recyclage, la Scop collecte et réem-ploie du matériel informatique auprès

des grands comptes publics et privés. « 60 % des ordinateurs que nous collectons ont encore une durée de vie importante », explique Benjamin Deceuninck, gérant de la Scop. Son équipe, composée de cinq salariés, dont trois en insertion, s’occupe de supprimer les données des ordinateurs

en bon état et de les reconditionner avec des logiciels open source, dont certains développés par leur soin. Redistribuées en France et en Europe, Cévennes libres adapte les machines aux usages des éta-blissements scolaires, TPE ou autoentre-preneurs, associations ou bien collecti-vités territoriales. Gestion des métiers publics, régie de l’eau, liste électorale… la Scop livre un ordinateur clés en main adapté aux besoins de chaque domaine d’activité.Un an et demi après sa transformation en Scop, motivée par le développement économique de la structure, l’entreprise d’insertion poursuit son activité dans une bonne dynamique enregistrant en 2013 une hausse de ses ventes de près de 20 %. « En 2013, nous avons récolté 8 000 ma-chines et en avons redistribué 3 000 pour un chiff re d’aff aires de 160 000 euros ». Et pour répondre au développement de son off re, la Scop a déménagé dans de nou-veaux locaux d’une superfi cie de 1 500 m² à Saint Florent-sur-Auzonnet. www.cevenneslibres.net

Fanny Dive

Cévennes libres concilie développement durable, insertion et plus-values sociales

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Il y a 50 ans, le monde nourrissait l’espoir d’une société plus juste et plus solidaire. Créé en 1964 et sous forme coopérative, le Groupe Chèque Déjeuner est animé par ce même état d’esprit.

A 50 ans, reconnu des acteurs économiques et politiques, il reste fidèle à ses valeurs qui continuent d’irriguer le Groupe, orientent ses actions et participent à son développement. A toutes les étapes de ses choix stratégiques, il y a des Hommes, des coopérateurs, qui sont associés aux décisions de l’entreprise.

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50 ANSET TOUJOURSCOLLECTIF

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