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1 PARIS… C’EST FOU ! Recueil de sketchs de Jean-Paul Cantineaux MISE EN SCENE DE PLUSIEURS SKETCHS : Ces sketchs ont en commun de se dérouler chacun dans un lieu différent et emblématique de Paris ou de son agglomération. Deux possibilités s’offrent à vous : - 1 = Relier chaque sketch par des intermèdes mettant en scène Adèle et Fernande, 2 touristes (façon “les Vamps“), ainsi que cela est proposé ci-dessous en bleu (durée totale = environ 1h30). Le rôle de Fernande peut être aisément adapté au masculin (Fernand) : nous avons alors un couple de retraités. - 2 = Jouer les sketchs de façon séquencée avec une courte présentation formelle entre chaque (lieu, contexte…) Vous avez toute liberté de présenter le nombre de sketchs de votre choix et dans l’ordre qui vous plaît. Et n’oubliez-pas la déclaration à la SACD pour toute production en public. Merci.

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PARIS… C’EST FOU !

Recueil de sketchs de Jean-Paul Cantineaux

MISE EN SCENE DE PLUSIEURS SKETCHS : Ces sketchs ont en commun de se dérouler chacun dans un lieu différent et emblématique de Paris ou de son agglomération. Deux possibilités s’offrent à vous : - 1 = Relier chaque sketch par des intermèdes mettant en scène Adèle et Fernande, 2 touristes (façon “les Vamps“), ainsi que cela est proposé ci-dessous en bleu (durée totale = environ 1h30). Le rôle de Fernande peut être aisément adapté au masculin (Fernand) : nous avons alors un couple de retraités. - 2 = Jouer les sketchs de façon séquencée avec une courte présentation formelle entre chaque (lieu, contexte…) Vous avez toute liberté de présenter le nombre de sketchs de votre choix et dans l’ordre qui vous plaît.

Et n’oubliez-pas la déclaration à la SACD pour toute production en public. Merci.

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(Possible en ligne sur : www.sacd.fr/)

Adèle et Fernande arrivent en tenues paysannes (celles du dimanche). Chacune porte une valise. Celle de Fernande semble très lourde à porter. Adèle a aussi un sac à dos. Elles avancent et posent leurs valises à terre.

ADELE – Bon et ben te vois, nous-y v’là ben rendues à Paris. FERNANDE – Ouais, mais j’ te l’ dis ma sœur, ça va tellement vite avec le TGV que j’ai l’impression d’être point vraiment partie. ADELE – Plains-toi ! Rappelles-toi donc la charrette avant le TGV. FERNANDE – Charrette peut-être mais au moins on avait l’impression de voyager loin. ADELE – On avait surtout la certitude de voyager longtemps ! FERNANDE – N’empêche que là, c’est comme si j’avais juste quitté ………. (village de votre choix) pour aller en autobus à ………. (ville voisine). … Elles se remettent péniblement en route vers la sortie à l’opposé sur la scène. FERNANDE – Et c’est quoi ton hôtel ? ADELE – L’hôtel des Invalides. FERNANDE – Ben ça commence mal ! T’aurais point pu réserver à l’hôtel des “bien portants“ ? ADELE – Attention hein : l’hôtel des Invalides, c’est un “4 étoiles“. FERNANDE – T’as réservé dans un “4 étoiles“ ? Toi ? ADELE – Ben oui, y-avait des promos sur internet. FERNANDE – Je m’disais aussi…

Elles sortent. ADELE (off) – Te te disais quoi ? FERNANDE (off) – Rien rien… Juste que quand y vont nous voir arriver, toutes cahotantes avec nos valises, y vont déjà perdre une étoile. ADELE (off) - Bon allez ! On va s’installer. Et aussitôt après : tourisme ! FERNANDE (off) – Quoique t’as prévu ma sœur ? ADELE (off et fort) – La Tour Eiffel. FERNANDE (off) – Chouette !

“ LA LECON DE SUICIDE “ Lieu : Sous la tour Eiffel Durée : 7 / 8 minutes Personnages : 3 acteurs H ou F indifféremment (dont 1 très petit rôle à la fin). Décor : Néant Accessoires : 1 trousseau de clés dans les mains du personnage B. Costumes : aucune exigence. Contexte : Les protagonistes sont supposés être dans la file d’attente des guichets de la Tour Eiffel. On peut donc former un début de file avec d’autres acteurs et/ou inviter quelques spectateurs en renfort les acteurs. Deux comédiens A et B se glissent, l’un derrière l’autre dans la file d’attente. Quelques instants de silence, puis, B laisse tomber ses clés. A les ramasse et tape sur l’épaule de B et lui rend ses clés. La conversation s’engage. … A – Hé, monsieur, vos clés. B – Je ne les avais pas entendues tomber. Merci beaucoup. … B – Vous verrez le panorama est splendide, surtout le matin par un temps comme aujourd’hui. A – Bof, vous savez, moi, le panorama…

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B – Vous ne montez pas pour voir le panorama ? A – Non. Je monte pour euh… Moi c’est spécial. B – Spécial ? Ah bon ! A - (il se rapproche pour se confier) – Oui, c’est seulement pour me suicider B - Seulement… Seulement… C’est déjà pas mal. … B - Il est vrai que sauter seulement du 1° étage… La couverture médiatique dépendra de l’actualité du jour. Imaginez que le “Canard Enchaîné“ vienne à révéler que Johnny a des hémorroïdes… Que le Ministre Suisse du budget soit surpris à placer sa fortune en France… A - Ou que le dernier vainqueur du tour de France soit contrôlé négatif… B – Ce serait mal barré... C’est important pour vous qu’on en parle ? A - Ben… Oui quand même. Je me suis durement entraîné, (il montre ses bras et jambes couverts de longues cicatrices ou plaies) et c’est ma première en public. B - Première et… Dernière à la fois ! A - Je l’espère ! B - Hein ? Qu’avez-vous dit là, à l’instant ? A - Euh… J’ai dit : « je l’espère ». B - Comment ça vous espérez ? A - Ben oui je l’espère ! B - Mais, mais… Si vous espérez, c’est inquiétant, c’est que vous n’êtes pas vraiment désespéré. A - Vous croyez ? B - Je ne crois pas, je suis sûr… Il y a là lapsus oh combien révélateur ! A - Ben, on fait quoi ? B - En tout cas, ça change la donne et ça demande au moins réflexion. Mais j’y pense… Vous avez votre licence au moins ? A - Ma licence ? B - Ben oui votre licence dans un club fédéral de suicide ! A - Mais, mais… Un club de suicide…Ça existe ? B - Mais vous sortez d’où vous ? A – De ………. (village, département ou région de votre choix) … B - Vous voyez la file là-bas ? (Il montre du doigt.)… Celle avec des barrières, là où les gens sont en survêts. Et bien c’est la file que vous auriez dû prendre, la file “spécial suicides“. C’est pour ça qu’il y a des cameramen. A - Oui je vois. Et c’est quoi les cameramen ? B - C’est pour la nouvelle émission de télé-réalité. Ils sélectionnent un groupe de 10 candidats amateurs au suicide. Ils les mettent en pension dans un château, et ils leurs donnent des cours pour en faire des pros. Et puis vous connaissez le principe, chaque semaine… A - Ils en éliminent un, jusqu’à la finale. B - Exact ! Et le dernier a le droit de sauter un samedi soir, en direct du 3° étage, car il va sans dire que la finale a lieu ici même. La chute, l’atterrissage, les pompiers, la police scientifique… Tout est filmé avec un éclairage spécial, sur un air d’opéra chanté par Mireille Mathieu … Je vous dis pas l’audimat ! A - Pourquoi Mireille Mathieu ? B - Ça aide à sauter ! A - Je suis déconcerté par tant d’organisation, je débarque…

Fernande et Adèle reviennent sur scène avec cette fois leurs sacs à main. FERNANDE – Ben dis donc c’était drôlement haut ! ADELE – Et ça a coûté drôlement cher ! FERNANDE – T’avais qu’à monter à pied, t’aurais économisé des sous.

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ADELE – Ouais, mais c’est qu’on a plus 20 ans… FERNANDE – Depuis longtemps ! … FERNANDE – Dis-voir, Adèle, not’ visite à Paris, ça tombe à pic : y-a le salon de l’agriculture. ADELE - Pas question ! FERNANDE – Comment ça : pas question ? ADELE – On n’est point venues pour voir du bétail, on en voit déjà toute l’année à .......... (leur village). … ADELE – Aujourd’hui on va continuer par le musée Grévin. FERNANDE – Quoiqu’c’est donc que ça ? ADELE – C’est un musée de cire. FERNANDE – T’as rien d’autre à proposer que d’aller contempler des bougies ? ADELE – C’est un musée avec des statues en cire des hommes célèbres. FERNANDE – Ah ! Et qui qui y a comme hommes célèbres ? ADELE – Ben… Des hommes historiques, politiques, des acteurs, des chanteurs, des sportifs… Et aussi des femmes célèbres. FERNANDE – Y’a Johnny Halliday ? ADELE – Ben je crois oui. FERNANDE – Tu crois ou t’es sûre ? ADELE – Je suis sûre ! FERNANDE – Bon ! Ah que si y-a Johnny, je veux bien. ADELE (prenant le public à témoin) – Comme vous voyez, ça vole point haut ! FERNANDE – Quoi ? ADELE – Rien ! Allez en route Fernande.

Elles sortent.

“TRISTES CIRES “

Lieu : Le musée Grévin (musée de cire). Durée : 7/8 minutes Personnages : 5 = 2 femmes qui visitent en touriste, le directeur du musée (ou la directrice) et 2 ministres (H ou F indifféremment, adapter le texte en conséquence). Décor : 1 table basse – 3 ou 4 chaises. Accessoires : 1 appareil photo – quelques journaux dont Canard Enchainé - 1 téléphone mobile Costumes : 2 Ministres et 1 directeur en tenue avec cravate. Contexte : Un personnage réel (Ministre des Armées) est assis totalement immobile lisant le «Figaro». Le directeur du musée et le Ministre de l’agriculture entrent…. … LE MINISTRE (apercevant tout à coup le personnage assis à l’autre bout de la pièce) – Tiens ! Il est là lui ? LE DIRECTEUR – Ah oui, j’avais oublié de vous dire, votre collègue, figure lui aussi au programme de notre musée de cire. LE MINISTRE – Non, je rêve ! Une statue pour mon prédécesseur au ministère de l’agriculture ? LE DIRECTEUR – Votre prédécesseur ? Ah je ne savais pas. Notez que vu de l’extérieur, il est parfois difficile de suivre tous ces remaniements. LE MINISTRE – Entre nous, je ne vous dis pas le bordel qu’il m’a laissé à l’agriculture ! LE DIRECTEUR – Pas si fort, Monsieur le Ministre, il pourrait vous entendre. LE MINISTRE – Nous entendre ?... Déjà que l’original est sourd comme un pot, alors là... Quand je pense qu’ils l’ont nommé Ministre des Armées ! Un ancien réformé !

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LE DIRECTEUR (s’esquivant visiblement gêné) – Bien, bien… Vous pouvez attendre ici, je vais prévenir notre photographe et nos maquettistes de votre arrivée. LE MINISTRE – Très bien. Sortie du directeur. Le Ministre s’approche de la statue assise et l’examine de près. LE MINISTRE – Incroyable ! Plus vrai que nature ! Sauf qu’il a l’air moins con que le vrai !

Il flanque une petite gifle, tire les cheveux de la statue puis prend une revue et s’assoit sur le banc. Arrivée de deux visiteuses, provinciales à l’accent du terroir. L’une, Fernande, porte en bandoulière un appareil photo, l’autre, Adèle, a en main le « canard enchaîné » et lit le guide du musée.

FERNANDE – Oh regarde ça, la Fernande ! En v’là encore deux beaux spécimens ! ADELE – Te peux le dire. Tiens v’la not’ tout nouveau ministre d’ l’agriculture.

Lequel Ministre de l’agriculture reste figé, bien décidé à jouer la statue. FERNANDE – Et c’est qui donc cet autre zèbre là avec son journal ? ADELE – Te sais bien, Adèle, celui-ci, c’est cet autre qu’était justement à l’agriculture avant celui-là, je sais plus son nom… Ils l’ont viré parce qu’il avait mis toute la paysannerie sans dessus dessous : manifs, barrages de tracteurs sur les autoroutes, fumier déversé devant les préfectures et tout le tralala habituel. Ils viennent de le nommer Ministre des armées. FERNANDE – Et ben ! Si qu’on a des manifs de mirages supersoniques et de sous-marin atomiques sur les autoroutes faudra point s‘étonner ! ... ADELE (dévisageant le ministre des armées et en consultant son « Canard enchaîné ») – C’est ben lui, y-a point de doute possible ! FERNANDE – Qui lui ? ADELE – C’est lui là, le ministre des armées, dans le journal FERNANDE – Ah bon ? Et quek qu’y disent ? ADELE – D’après c’ que j’ai lu tout à l’heure dans le train, l’aurait un chapelet de casseroles accroché au derrière ! … ADELE – … Dans le « Canard » y disent qu’avec l’argent détourné, l’ancien ministre de l’agriculture l’a ouvert un compte en Suisse. Y publient même des copies de documents. FERNANDE – Mais comment qu’y peuvent savoir tout ça ? ADELE (montrant le nouveau ministre de l’agriculture) – C’est cet autre qui se serait arrangé pour faire tout balancer en découvrant le pot aux roses à son arrivée au Ministère. FERNANDE – Encore sûrement des amis de 30 ans ! ADELE – Et l’autre balance et ben y serait point clair non plus à c’ qu’y disent dans le canard. Comme maire de sa ville il aurait même détourné des fonds pour s’acheter à lui tout seul l’île de Plouquerolle, au large de Saint-Tropez. … LE MINISTRE – Nom de dieu… « Le Canard… » On est mercredi… Vite acheter « Le Canard » et endiguer le scandale au plus vite ! LE DIRECTEUR (off) – Monsieur le Ministre, Monsieur le ministre !... Mais où allez-vous ? Notre photographe vous attend ! Et nos maquettistes… LE MINISTRE (off) – Plus tard, une autre fois… Désolé, une urgence ! Appelez mon cabinet, on vous fixera un autre rendez-vous.

Une porte claque. Calme et silence. Reste sur scène la statue du nouveau Ministre des Armées. Soudain la statue s’anime, toujours assise, sort de sa poche son téléphone mobile et numérote.

LE MINISTRE DES ARMEES – Allô ?... Oui… C’est bien moi…. Vous allez bien Amiral ?... Et madame votre charmante épouse ?... Oui tant mieux... Transmettez-lui mes hommages.

(Il se lève et déambule dans la pièce.) Je vous appelais au sujet de vos prochaines manœuvres en Méditerranée… Oui du 18 au 25, c’est cela… Et bien figurez-vous que je vous ai arrangé le coup pour vos tirs de missiles balistiques de

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nouvelle génération…. Si, si… Vous pourrez pilonner en toute liberté… Si je vous dis : le jour et la nuit… Incroyable ? Mais non, mais non, Amiral, ne me remerciez pas… Une opportunité s’est présentée, c’est tout !... Oui alors, il s’agit d’une île … Plouquerolle, entièrement déserte au large de Saint-Tropez… Je vous envoie les plans… Bruit d’explosion atomique !

Retour d’Adèle et Fernande sur la scène. Elles sont en chemises de nuit. … ADELE – Bon… On va se prendre un bon petit-déjeuner et ensuite on va visiter… FERNANDE – Le salon de l’agriculture ! ADELE – Non ! Montmartre ! FERNANDE – Le salon de l’agriculture ! ADELE – Pour voir des vaches, des chèvres et des cochons ?... Non merci. On va à Montmartre ! FERNANDE – Au salon de l’agriculture ! ADELE – A Montmartre, je te dis. FERNANDE – D’abord c’est quoi ton martre ? ADELE – C’est un village au cœur de Paris. FERNANDE – Un village ? Y-a des champs ? Des pâtures ? Des vaches ? ADELE – Non ! Des artistes, des peintres, des endroits célèbres, le Sacré Cœur… FERNANDE – Ah… C’est point vraiment un village alors. ADELE – Tu verras bien une fois arrivée.

Elle va vers la sortie, suivie par Fernande. …

“ PORTRAIT AU VITRIOL “ Lieu : la place du Tertre à Montmartre. Durée : 10 à 12 minutes. Personnages : 2 hommes / 2 femmes (dont 1 rôle à une seule réplique). Décor : Aucun Accessoires : un chevalet, un cadre avec tendu au milieu une feuille de papier blanc (format minimum A3), quelques crayons gras ou pinceaux, quelques portraits quelconques (ou feuilles blanches : le public n’en voit que le dos) servant de vitrine au peintre. Un portefeuille. Costumes : à vous de juger. Mise en scène : durant le portrait, les trois personnages sont de ¾ par rapport au public. Les deux hommes d’un côté et Juliette de l’autre perpendiculairement à eux. La gestuelle et les regards sont au moins aussi importants que les dialogues. Les séquences sans dialogue (15 à 20 secondes) sont indiquées dans le texte. On y voit :

- Le peintre, sérieux, qui penche la tête, scrute, trace sur la toile. - Roméo, qui observe la progression du portrait avec des mimiques alternant inquiétude, désapprobation, satisfaction, surprise, hilarité... Le peintre est assis près de son chevalet avec son matériel. Il a exposé ou montre quelques portraits. Le couple s’approche, regarde…

… LE PEINTRE – C’est 50€ pour un seul portrait… Allez… Je vous fais 90€ les deux. ROMEO – Bon les deux, c’est d’accord, mais toi d’abord, Juliette. …

Elle s’assoit, se repositionne, se recoiffe, essaie diverses expressions. Le peintre l’observe et prend un crayon gras, ou un pinceau.

LE PEINTRE – Voilà comme cela… Ne bougez plus !

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SEQUENCE SANS DIALOGUE ROMEO – Le menton… LE PEINTRE – Hein ? ROMEO – Je dis le menton… Il n’est pas comme ça, aussi carré. LE PEINTRE (il regarde le menton de madame) – Mais si… Regardez vous-même. ROMEO – Mais… Vous lui faites un menton en galoche ! LE PEINTRE – Je le fais comme je le vois et je le vois comme il est. ROMEO (regardant à nouveau le menton de sa femme) – Ah… Il est… Ben oui. : c’est vrai que si on… … ROMEO – Je ne voudrais pas… Enfin… Mais les oreilles là, ce n’est pas un peu exagéré ? LE PEINTRE – Exagéré ? Exagéré en quoi ? ROMEO – Ben… ma femme n’a pas les oreilles décollées. LE PEINTRE – Ah ? (Il pointe son regard sur Juliette)... Regardez vous-même ! ROMEO (regard attentif) – Ah… C’est vrai que… Enfin, quand même… pas autant que ça quoi ! JULIETTE – Je peux voir ? LE PEINTRE – Vous ne quittez pas la pose… S’il vous plaît ! … LE PEINTRE – Soyez franc : regardez le nez de votre femme et dites moi !

Roméo scrute le visage de Juliette. LE PEINTRE – Alors ? ROMEO – Ben oui, c’est bien ça ! Nez long… LE PEINTRE – Très long. ROMEO – Trop long en tout cas. Et pointu. LE PEINTRE – Très pointu. ROMEO – Trop pointu en tout cas. Et crochu. LE PEINTRE – Très crochu. ROMEO – Trop cr… JULIETTE (ton et regard sévères) – Roméo ! Stop ! ROMEO – Oh… Euh oui chérie. … ROMEO – Sa bouche, il suffit que vous la dessiniez et je m’aperçois que ma femme a la bouche comme ça. JULETTE (énervée) – La bouche comme ça… Comment ? ROMEO – Et ben tu sais chérie… Comme celle du petit bonhomme qui s’allume quand tu entres dans un village au dessus de 50km/h. … ROMEO – Mais voyons chérie, c’est pas ta faute. C’est… C’est… Génétique, voilà c’est ça : génétique. T’as hérité ça de ta mère. Et encore… (Au peintre.) Vous verriez sa mère ! LE PEINTRE – Ah ? ROMEO – Pire encore sa mère ! Les oreilles de Babar, le nez de Cyrano, le menton des frères Bogdanov… Et les seins, j’ose même pas… …

Juliette furibarde s’approche des deux hommes, saisit son portrait sur le chevalet, le brandit et l’abat sur son mari dont la tête passe à travers.

JULIETTE – T’es qu’un salaud Roméo ! ROMEO – Mais… Mais Juliette… JULIETTE – Un week-end en amoureux pour sauver notre couple, tu parles !... Cette fois, c’est décidé : je te quitte et je divorce ! Elle s’éloigne et sort. ROMEO – Juliette ! Mais Juliette enfin… Reviens quoi ! JULIETTE (off, en coulisses) – Salaud !

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LE PEINTRE – Eh ben ! 10 secondes de silence. Roméo s’assure du regard que Juliette est bien sortie. ROMEO (Tout à coup rayonnant et jubilant) – Ça a marché ! Il enlève le cadre qu’il a toujours autour du coup. …

Retour d’Adèle et Fernande (en tenue de ville). … FERNANDE – … Ton peintre, il fait pas de cadeau hein ! ADELE – Tu parles ! 50€ la caricature. FERNANDE – Mais non ma sœur, t’y es point ! Quand je dis “pas de cadeau“, je veux dire qu’il a pas cherché à t’arranger pour que tu ressembles à Brigitte Bardot… Enfin Brigitte Bardot jeune. ADELE – Continue… FERNANDE – Là, c’est toi tout crachée, il a rien zappé : les lèvres pendantes, les rides creusées, les valoches sous les yeux, le regard austère, les oreilles décollées, les cheveux gras… … FERNANDE – …Moi j’ préférais l’autre, le peintre impressionnant. ADELE – Impressionniste ! FERNANDE – Pas besoin d’inventer des mots pour me déstabiliser. Je sais bien qu’on dit impressionnant et non pas impressionniste. ADELE – On peut dire les deux et chaque mot a sens différent. FERNANDE – T’as beau être en retraite, t’es toujours instit dans ta tête. ADELE – Bon, je te donne un autre exemple : on peut dire communiant et communiste. Les deux mots existent. D’accord ? FERNANDE – Ben…. Oui. ADELE – Et pourtant communiant et communiste : c’est pas la même chose ? FERNANDE – Ben… Pas vraiment non. ADELE – Et ben pour impressionnant et impressionniste c’est pareil. FERNANDE – J’ai compris, le tableau du peintre, c’est impressionniste et ton obstination à toujours avoir raison, c’est impressionnant. … ADELE – On va au Louvre. FERNANDE – Au Louvre ? ADELE – Ouais ! Tu vas pouvoir admirer la Joconde, et… En vrai. FERNANDE – Ah !... Et tu crois qu’on aura une chance de voir Belphégor ? ADELE – Non mais je rêve ! Je te dis qu’on va voir la Joconde et toi tu me parles de Belphégor…

Elle se dirige vers la sortie. Fernande ne bouge pas. … FERNANDE – Sauf que t’as pas pensé à un truc : on est dimanche. ADELE (off) – Tu voudrais point que le musée du Louvre soit fermé le dimanche. FERNANDE – Ben… Et si des fois, c’est fermé quand même ? Adèle sort de scène. ADELE (off) – Et ben… Si c’est fermé… On l’ouvre ! FERNANDE (au public et se dirigeant à son tour vers la sortie) – Et vous, ça vous fait rire ?

Elle sort en maugréant.

“ LEONARDO, le retour ! “ Lieu : Musé du Louvre Durée : 6/7 minutes

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Personnages : 3H ou 2h1F Décor : Néant Accessoires : 1 chevalet - 1 escabeau – 1 seau - 1 rouleau à peinture – 1 pinceau - 1 copie de la Joconde (ou un faux tableau posé en biais de façon que le public ne puisse en voir que le dos. Costumes : une tenue de peintre. Contexte : Ce jour là, le Louvres est en travaux. La Joconde est provisoirement posée sur un chevalet. Leonardo, peintre (en bâtiment) italien, monté sur un escabeau, rénove le mur juste derrière le chevalet. Deux visiteurs arrivent devant le célèbre tableau : un professeur de beaux-arts (H ou F), admiratif, et un « beauf » parfait (H) que nous appellerons Pignon. LE PROFESSEUR (sous le coup de l’émotion, il lui vient même quelques larmes… Mouchoir !) - Admirable, somptueux, exceptionnel. PIGNON - Ah, vous trouvez ?... Je ne la voyais pas comme ça…A force d’en entendre parler je m’attendais à un truc bien plus extraor… LE PROF - Un truc ! Il a dit un truc en parlant de la Joconde… Mais enfin, regardez, regardez… … PIGNON - Essayons de tout près. (Il avance vers le tableau et heurte au passage le pied de l’escabeau sur lequel travaille Leonardo ou le seau de peinture.) LEONARDO - Ma qué… Mais faites donc attenzione !... Vous allez abîmer ma peintoure. PIGNON - Votre peinture ?... Mais… Qui êtes-vous ? LEONARDO - Jé souis Léonardo. PIGNON - Ça alors ! Comment est-ce possible ? LEONARDO - C’est possiblé dépouis qué mama m’a baptisé Leonardo à l’église dé San Benedetto. … LE PROF (ton méprisant) - Et bien oui, monsieur Leonardo, dites-moi, quel est votre style de peinture préféré ? L’impressionnisme ? Le cubisme ? Le figuratif ?... LEONARDO - Ma non, jé crois qué cé qué jé préfère par-dessous tout, c’est lé crépi roustique. … LE PROF (agacé et vexé) - Bon, bon… Soit, puisque votre avis est si attendu, dites-nous ce que vous pensez ce cette admirable toile. LEONARDO (il descend quelques barreaux de son échelle pour mieux voir la Joconde) - Jé dois dire qué c’est ploutôt très bien fait. LE PROF - Très bien fait ? Seulement. PIGNON - Ah non ! Vous ne devez pas l’influencer. … LEONARDO - C’est très intéressant. Cetté jeune femme est vraiment merveilleusement belle… LE PROF (ragaillardi) - Toute la grâce de Mona Lisa ! … LEONARDO - C’est courieux, ma femme aussi s’appellé Mona Lisa dé ses prénoms. PIGNON - Non, mais c’est fou ! LE PROF - Je dois reconnaître que oui. Mais le tableau… Continuez. LEONARDO (pris au jeu malgré lui par l’intérêt qu’on lui porte, il redescend sur le sol et se plante devant la Joconde, fier comme l’expert qui va rendre son verdict) - C’est soublime !... Pourtant… LE PROF (soudain inquiet) - Pourtant ? PIGNON – Ah… Il a dit « pourtant » ! … Pourtant quoi ? LEONARDO (le nez collé à la toile) - Jé n’aimé pas lé décor derrière Mona Lisa. … LE PROF - Le décor, allons donc… Alors là… Alors là… Expliquez-vous ! LEONARDO - Régardez là à gauche il y a ouné chémin dé terre… Eh bien moi j’aurai ajouté un 4x4 pour faire plou vivant. LE PROF - Un quoi ?

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PIGNON - Un 4x4, une voiture tout terrain. LE PROF (totalement dépassé) - Une voiture… Tout terrain… Mais c’est un cauchemar… … PIGNON - Bon je veux bien admettre la qualité de l’oeuvre mais pour moi il y a un problème essentiel que personne n’a encore évoqué… LE PROF - Au point où nous en sommes, je suis prêt à tout entendre… PIGNON - Je préfère les blondes ! (Le prof s’évanouit, le rideau tombe.)

Retour sur scène d’Adèle et Fernande. … FERNANDE – Et ben, Belphégor devait être dans la partie qu’on a point visitée. ADELE – Tu me lâches avec ton Belphégor. FERNANDE – Et toi avec ta Joconde ! Parce que je dois te dire qu’elle est coiffée comme une tarte et que même à la “Star’Ac“, et dieu sait si y-en pourtant des explosées de la tignasse, elle passerait même pas les éliminatoires ta Mamie Mosa. ADELE – Mona Lisa. FERNANDE – Mona Lisa ?... Ouais, pourquoi pas ? … ADELE (autoritaire) – C’est comme ça ! Et maintenant on va continuer à s’instruire, on va au Panthéon. FERNANDE – T’en a pas marre à force de t’instruire ? Et c’est qui ce Panthéon ? Connais point ! ADELE – Le Panthéon, c’est un monument de Paris où reposent parmi les Français les plus célèbres. … FERNANDE – Ah d’accord… Comme qui ? ADELE – Le plus célèbre des Corses. FERNANDE – Tino Rossi ! ADELE – Napoléon, bougre d’ânesse ! FERNANDE – Napoléon… Tino Rossi… C’est juste une question d’appréciation. ADELE – Napoléon a remporté les plus grandes victoires ! FERNANDE – Tino Rossi n’a jamais connu la plus petite défaite. ADELE (hors d’elle) – Bon… Allez, en route ! FERNANDE (restée en plan) – Mais, mais… Attends-moi donc, c’est moi qui ai le plan et les tickets de métro ! Elle fonce rattraper sa sœur.

“ NAPOLEON revisité “ Lieu : Le Panthéon. Durée : 8/9 minutes 6 Personnages : 1 guide – Nos deux touriste Adèle et Fernande – 1 couple avec leur fils (enfant 8/10 ans ou ado/adulte simplet) Décor : Néant Accessoires : 1 carnet (guide) – 1 téléphone portable (guide) Costumes : non (guide ? facultatif) Contexte : Visite guidée du Panthéon. On arrive devant le tombeau de Napoléon. LE GUIDE – Mesdames et monsieur, nous voici maintenant devant le tombeau le plus somptueux du Panthéon dans lequel repose l’Empereur Napoléon 1er. GEORGES (il se met à chanter) – Napoléon est mort à Sainte-Hélène, son fils Léon… Gérard, Adèle et Fernande pouffent de rire.

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GISELE (autoritaire) – Georges ! (Au guide.) Euh… Pour ce tombeau, Napoléon… Vous êtes certain ? LE GUIDE – Comment ça si je suis certain ? GISELE – Ben… Il m’avait semblé que le corps de l’empereur avait été déposé aux Invalides. LE GUIDE – Semblé ! Eh oui : semblé ! N’oublions pas que Napoléon en grand stratège militaire a toujours surgi là où l’ennemi ne l’attendait pas. On l’attend par la droite, il arrive par l’arrière, on l’attend aux Invalides, il repose au Panthéon. GISELE – C’est inouï ! Enfin… Pour moi, un doute subsiste. LE GUIDE – Napoléon est né en 1769 à l’île d’Ouessant d’un père… ADELE – Euh… Ouessant ! Vous êtes certain ? LE GUIDE – Voyons madame. GISELE – Je suis comme cette dame, j’ai un doute. … LE GUIDE – Donc très vite (surveillant Georges du coin de l’œil.)… Le jeune Napoléon… travaille aux travaux de la ferme familiale dans le village de Domrémy. GISELE – Oh la la ! J’ai un nouveau doute ! GERARD – Pour tout avouer… Moi aussi, mais bon… LE GUIDE (consultant ses fiches) – C’est écrit noir sur blanc là. … LE GUIDE – Euh… Où en étais-je ?... Ah oui, Domrémy. Un jour, le portable du jeune Napoléon sonne. Une voix inconnue lui dit, alors qu’il garde les boutons, « Moutons les Anglais hors de France ! » FERNANDE – Ça veut dire quoi “moutons les Anglais“ ? GERARD (hilare) – Rien la laine vient toujours d’Ecosse. ADELE – Monsieur a voulu dire “boutons les Anglais hors de France“ FERNANDE – Ah d’accord … (Un silence.) Et ça veut dire quoi “boutons les Anglais ?“ ADELE – Bon, tu sais pas ?... Laisse tomber c’est du vieux français. GISELE – Pour ma part, je ne suis pas très sûre non plus pour la voix au téléphone portable… LE GUIDE (un peu énervé) – Le jeune homme décide alors de se rendre auprès du roi de France pour lever une armée. Il se rend donc à Vichy en zone libre où la cour de France est en exil à cause de l’occupation anglaise. GISELE – A Vichy ? La cour de France ? ADELE – Je suis comme vous, j’ai un doute ! GERARD (philosophe et amusé) – J’adore cette histoire revisitée. FERNANDE – En tous cas, c’est drôlement instructif ! LE GUIDE – Mais le lendemain de la rencontre avec le roi Henri IV, celui-ci est assassiné à Sarajevo par un anarchiste américain du nom de Lee Oswald. ADELE (Elle a un malaise et doit s’asseoir, Gisèle la ventile avec son mouchoir) – C’est un cauchemar. … LE GUIDE – Et bien justement. Après les funérailles d’Henri IV, Napoléon prend la tête de l’armée et délivre Orléans. Là il prend le TGV et fonce sur Paris. Il arrive directement gare d’Austerlitz…. GISELE – Ah là quand même, il y a un lien… ADELE – Oui bon, Austerlitz : oui ! Mais la gare… … LE GUIDE – Les Austro-prussiens sont repoussés. Paris est sauvé. Napoléon remporte de nouvelles victoires à Gergovie, à Marignane, à Verdun, à Roland-Garros. GERARD et FERNANDE (sur l’air de lampions) – Napo ! Napo ! Napo ! Napo ! ADELE et GISELE (toutes deux les yeux au ciel) – Mon dieu ! GEORGES (Profitant de l’état de sa mère) – Napoléon est mort à Sainte-Hélène, son fils Léon lui a crevé l’bidon, on l’a… GISELE (exaspérée, à son mari) – Gérard, je t’en supplie fais quelque chose !

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Gérard fait signe à son fils de cesser… Sans conviction. LE GUIDE – Napoléon poursuit les Austro-Prussiens. Dans son élan, il les dépasse dans la montée de l’Alpes d’Huez, tourne légèrement à gauche et se retrouve devant Moscou. Après 3 mois de siège, la ville capitule. Napoléon y installe comme Tsar : Gérard Depardieu. FERNANDE – Je savais point. GERARD – A vrai dire, moi non plus.

Gisèle et Adèle sont quasi-agonisantes. LE GUIDE - Lui-même repart vers la France. Contrairement aux idées reçues, il ne passe pas par la Bérésina, car cet itinéraire enneigé lui avait été déconseillé par Bison Futé. GISELE et ADELE – Aaaaahhhh ! … LE GUIDE (Il hurle pour faire taire Georges) – … à Sainte-Hélène donc, où il meurt après 11 ans d’exil, malencontreusement électrocuté dans son bain. Mesdames, monsieur, c’est ici que se termine la visite du Panthéon. Je vous remercie de votre attention. N’oubliez pas le guide ! ADELE (exténuée) – Ça risque point !

Gérard aide son épouse à se relever et à se diriger vers la sortie. Même chose pour Fernande qui soutient Adèle. Georges se remet à chanter, suivi par Fernande, puis un peu plus tard par Gérard.

GEORGES et FERNANDE – Napoléon est mort à Sainte-Hélène, son fils Léon lui a crevé l’bidon, on l’a r’touvé assis sur une baleine, en train d’bouffer des arêtes de poissons (bis, ter… jusqu’en coulisses.) LE GUIDE (seul, il sort un enregistreur de sous sa veste et numérote sur son portable) – Allô la régie ?... Pour le son ça a été ?... Et la caméra cachée ?... OK C’est dans la boîte ! Retour sur la scène de Fernande et Adèle à nouveau en nuisettes. ... FERNANDE – Parce que t’as prévu quoi ce matin ? ADELE – Les Champs Elysées et l’Arc de Triomphe. FERNANDE (intéressé) –Ah… … ADELE – Tu t’intéresses à ça toi… La tombe du soldat inconnu. FERNANDE –Ben oui. Je me suis toujours demandé comment qu’il s’appelait. Et ben là, je vais enfin pouvoir le lire sur sa tombe. ADELE – J’hallucine ! FERNANDE – Quoi encore ? ADELE – Oh non rien. Ça ne sert vraiment à rien de corriger la copie. T’es incurable Fernande. FERNANDE – Je vois, je vois… Ça te gêne que j’m’intéresse ? Ça a été institutrice et une fois en retraite, ça veut plus partager le savoir… Ah, elle est belle la fonction publique ! ADELE (au public) – Vous êtes tous témoins que je ne réponds pas aux provocations de cette déchetterie intellectuelle ambulante. … ADELE (off et se précipitant pour rattraper sa sœur) – Faut que j’la rattrape sinon cette écervelée va encore ben s’perdre dans l’métro.

Elle sort.

“ L’ARRIERE PETIT-FILS DU SOLDAT INCONNU “

Lieu : sous l’Arc de Triomphe. Durée : 10 à 12 minutes

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Personnages : 2 acteurs H ou F – Préférence H pour le rôle de l’agent de police Décor : Néant Accessoires : 1 chapeau – un carnet – un stylo Costumes : un uniforme de policier municipal + 1 mendiant. Contexte : Un(e) SDF est debout sous l’arc de triomphe, tenant à la main son chapeau. Un(e) agent de police s’approche… … AGENT – Je note donc (Il écrit et parle au rythme de sa prise de notes.)… Individu de sexe masculin (ou féminin.), de race européenne, surpris sous l’Arc de triomphe, sis à Paris, 8ème arrondissement… SDF – 17ème ! AGENT – Vous dites ? SDF – Je dis que nous sommes dans le 17° arrondissement. AGENT – Je note avec objectivité : l’individu tente de faire DISgression… SDF – DI-gression ou DI-version ! AGENT – Comment ? SDF – On peut dire « DI-gression» ou « DI-version », et non DIS-gression, mot qui n’existe pas. AGENT (Continuant de ânonner en prenant des notes) – Donc, le susdit individu persiste avec obstination à gêner dans la rédaction objective de son procès verbal le représentant de la loi. SDF – Si j’étais vous, je barrerais « avec obstination ». Persister contient déjà l’idée d’obstination, si l’on écrit « persiste avec obstination », cela fait double emploi… On frôle le pléonasme ! AGENT – Veuillez épeler s’il vous plaît ? SDF – Pléonasme : P-L-E-O-N-A-S-M-E. AGENT (notant avec difficulté) - P-L-E-O-N-A-S-M-E… Donc, j’écris… L’individu utilise des mots grossiers à l’encontre de l’agent de l’autorité publique… Veuillez noter, je vous prie, que je reste toujours objectif et d’un calme Olympique. SDF – Olympien, un calme olympien. … AGENT – Continuons : l’agent de la force publique conservant son calme olymp… Euh… conservant sa sérénitude… SDF – Sérénité. AGENT – Sérénitude. SDF – Sérénité. AGENT (montrant sa matraque) – Vous avez remarqué que je suis armé ? SDF – Sérénité, sérénitude… Bof, après-tout, je n’ai aucune certité ! AGENT – Certité ? Etes-vous certain ? Il me semble que le mot certitude serait plus exact. SDF – Ah la bonne heure ! Une lueur d’espoir sous la casquette réglementaire. AGENT – Qu’entendez-vous par là ? SDF – J’entends que la certité est à la certitude ce que la sérénitude est à la sérénité. … AGENT - Donc, constatant que l’individu se livre à l’activité interdite de mendicité dans un lieu hautement touristique… SDF – Hautement, hautement… AGENT – Vous contestez ? SDF – C’est que nous sommes en bas… Sous l’Arc de Triomphe… Donc le « hautement » ne se justifie peut-être pas… (Levant la tête.) Là haut, encore j’aurais compris… AGENT – Soit… Je condescends à ne pas noter « hautement »… SDF – Vous ne condescendez pas, vous consentez… AGENT – Je condescends… SDF – Mais non ! Une fois encore vous voulez descendre alors que, objectivement, nous sommes en bas ! Donc vous ne pouvez ni descendre, ni condescendre… Pas même descendre comme un… AGENT – Comme un… ? SDF – Non rien !

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… AGENT (cette fois, il hausse le ton) – Votre nom !... (Réalisant qu’il s’est laissé aller.) Euh… S’il vous plaît… SDF – « INCONNU » ! AGENT – Quoi « inconnu » ? SDF – « INCONNU » c’est mon nom… AGENT – Je vois… On monte d’un cran dans l’humour anti- républicain. SDF – Je vous assure que… AGENT (Colère retenue avec difficulté) – Papiers ! … AGENT – Tout ça est bien gentil, mais « INCONNU » ou pas je dois vous donner votre procès verbal pour mendicité…. Et un conseil : faites les démarches pour changer votre nom. SDF – Pour moi ce ne sera jamais accepté. Toute ma vie je dois porter le nom du héros. AGENT – Un héros… Quel héros ? SDF (montrant la tombe à leurs pieds) – Et bien lui… là ! AGENT – Attendez… Je réfléchis… SDF (en aparté) – Tout arrive ! AGENT - Vous voulez dire que vous êtes de la famille de… de… SDF – Eh oui ! Je suis le petit fils du soldat INCONNU. … AGENT – Je ne m’explique pas : pourquoi vous mendiez sur la tombe de votre grand-père ? SDF – Je ne mendie pas, je retire mon chapeau pour saluer mon aïeul, héros de la France courageuse, patriote et éternelle. AGENT (il s’est mis au garde à vous et salue militairement) – Ah bravo ! Mais… Ah monsieur, je suis gêné… Cette contravention est du coup injustifiée… Mais notez que je n’ai fait qu’appliquer l’arrêté municipal n° 23456… du 10 décembre 2006… Mairie du 8ème arrondissement… SDF – C’est que… nous nous trouvons présentement sur le territoire du 17ème arrondissement… Donc les arrêtés du maire du 8ème ne sont pas applicables à l’ombre de ce monument historique. AGENT – Là, votre aplomb me surprend ! Un doute me titille… Si c’est une entourloupe pour mieux vous tirer de ce mauvais pas, ça peut vous coûter un max, tout petit-fils de héros que vous êtes !... On va en avoir le cœur net ! (Il sort un plan de Paris de sa poche.) Voyons… Voyons… Les Champs Elysées ici… (Triomphateur.) Ah, ah : 8ème arrondissement ! Et là… L’Arc de Triomphe… (Stupéfait.)… 17ème !... Mais qui a fait ça ? SDF – Fait ça… Quoi ? AGENT – Mais le découpage des arrondissements ? SDF – Je ne sais pas moi… Napoléon 1°, Louis X le Hutin, François le plaisantin, Henri le Fantaisiste, ou bien encore … Marcel le débonnaire. AGENT (paniqué) – Je suis dans le 17ème !... Dans le 17ème… et donc pas dans mon secteur. Je suis dans l’illégalité. Moi ! Le représentant de la loi !... Rendez-moi votre procès verbal !... SDF – En plus de votre infraction, vous cherchez maintenant à faire disparaître les preuves… Bon allez… Le voilà votre papier… L’agent s’éloigne rassuré et commence à traverser la place de l’Etoile.

Désormais, ils hurlent pour se faire entendre à cause du flot automobile qui les sépare. SDF – Mais, mais… Vous allez vous faire écraser ! Prenez donc les passages souterrains ! Ouille, ouille, ouille… Ouf ! Ça y est vous êtes de l’autre côté sain et sauf ? AGENT – Quoi ?... SDF – Rien. C’est dingue ce bruit des bagnoles ! AGENT – Merci encore… SDF – Eh ! Je voulais vous dire, mes papiers… Mes papiers… Ce sont des faux. AGENT – J’entends pas. SDF – Tant pis, c’est pas grave ! (En aparté au public.) De toute façon il pourrait plus rien y faire… (Soupir.) Je suis dans le 17ème ! Puis, il tend son chapeau et se tourne vers les spectateurs.

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SDF – A vot’ bon cœur, m’sieurs, dames ! Retour d’Adèle et Fernande (tenue de ville). ADELE – Alors le nom du soldat inconnu ? FERNANDE – Inconnu. ADELE – Tu vois, il n’a pas de nom : je te l’avais bien dit. FERNANDE – Alors t’as rien compris ? ADELE – Compris quoi ? FERNANDE – Compris qu’il s’appelle Inconnu… (Adèle la regarde effarée.) Inconnu, qu’il s’appelle… Du nom de son papa et de son grand-père… Comme toi tu t’appelles Pierrat parce que ton papa s’appelait Pierrat, lui, il s’appelle Inconnu, parce que son papa s’appelait Inconnu… Tu comprends Adèle ? ADELE– Oh putain ! ... (Elle prend le public à témoin.) C’est pas vrai !... Elle a mordu à toute cette histoire… J’y crois pas. … FERNANDE – Ah ! Et quoi que tu proposes ? ADELE – Notre-Dame. FERNANDE – Notre-Dame de Paris ? ADELE – Ben oui, parce que Notre Dame de Tataouine, c’est trop loin et ça doit plutôt ressembler à une mosquée. … ADELE – …Je vais aller brûler quelques cierges, ça me fera le plus grand bien. FERNANDE – Eh mais attends moi nom d’une pipe ! Notre Dame va point s’envoler.

Fernande court et sort derrière sa sœur.

“ QUASIMODO, le retour ! “ Lieu : Notre-Dame Durée : 10 minutes environ Personnages : 3 femmes + 1homme (2 répliques) Décor : Néant Accessoires : 1 table - 5 ou 6 cierges – 2 pièces de 2€ - (1 agenouilloir facultatif). Costumes : Toile de jute (sac à patates) pour Quasimodo. Contexte : Nos deux provinciales entrent dans la cathédrale…Suffoquées par l’immensité du lieu. Agenouillée, à quelques pas, une paroissienne est en train de prier. …

Fernande prend son téléphone portable à la main, le pointe dans diverses directions, regarde l’écran, pianote sur le clavier…

ADELE – Quék-tu calcules donc ? FERNANDE – Ma sœur, je calcule combien qu’on pourrait entreposer de bottes de foins… ADELE – J’hallucine !... T’imagines du foin, en plein Paris et dans un édifice religieux… FERNANDE – Jésus est bien né dans une étable entre un boeuf et un âne non ? … LA PAROISSIENNE – Mesdames, s’il vous plait c’est un lieu de silence. ADELE – Pardonnez-nous… FERNANDE - … Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensées. ADELE – Et si on faisait une prière nous aussi ? FERNANDE – Ben… Vas-y toi… Moi je visite… Tiens je vais monter par là… ADELE – Par là ? Mais… C’est marqué « Interdit aux étrangers » …

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ADELE – Notre père qui êtes aux cieux… Pourquoi que vous y restez si bien planqué et qu’on vous voit jamais… Pourtant, je vous jure qu’ici bas y-a du boulot en pagaille… Vot’ fiston a fait ce qu’il a pu mais s’est tiré juste après les fondations et il a laissé derrière lui un sacré chantier. LA PAROISSIENNE (sidérée, bouche bée) – Mais, c’est quoi cette prière ? ADELE – C’est de l’impro ! LA PAROISSIENNE – De quoi ? ADELE – C’est une prière improvisée. Je fais ça parfois quand je visite une belle église comme celle-ci. C’est plus profond que de réciter comme un mouton toujours les mêmes phrases qu’on réfléchit même plus à c’qu’on dit. Vous voulez essayer ? LA PAROISSIENNE (horrifiée) – Mon dieu ! … ADELE – Bon… Notre père, qu’est-ce que je te disais donc ?… Ah oui ! Le chantier du fiston. Et ben ses 12 associés ont bien bossé, on peut pas leur en vouloir hein, mais ça a pas suffi. ! Bref ! Ça fait plus de 2000 ans qu’on a plus vu personne… Bonjour le SAV ! Si tu voyais dans quelle merde qu’on est !

La paroissienne se signe à nouveau. Adèle continue imperturbable, les yeux levés au ciel, absorbée par sa “prière“.

Pour te dire ! On a même eu droit y-a pas longtemps à un pape allemand ! Oui, allemand t’as bien entendu. Un général d’armée, un ballon d’or ou un pilote de course allemand d’accord… Mais un pape allemand ! Tu te rends compte ! Ça t’a pas fait drôle à toi… dont le fils est juif ? … ADELE – … Bon, je cause, je cause, mais vous pourriez me répondre… Je sais pas moi… Faire un signe, comme à Fernandel dans « Don Camillo »…

Elle attend, scrute autour d’elle et soudain, une voix se fait entendre, celle de Fernande depuis une travée supérieure. Voix qui résonne, surnaturelle.

… Retour soudain de Fernande, effrayée. FERNANDE – Ouh la la ! ADELE - Ben qu’est-ce qui t’arrive ? T’es encore plus ébouriffée qu’au naturel ! On croirait que t’as vu le diable ! FERNANDE – Le diable ?... Je crois pas, mais une créature bizarre, ça oui ! Que j’en ai descendu les escaliers aussi vite que Lance Armstrong montait l’Alpe d’Huez ! LA PAROISSIENNE – Ah ! Vous avez rencontré Quasimodo. FERNANDE – Hein ? LA PAROISSIENNE – La créature là haut… C’est Quasimodo ! FERNANDE – Je sais pas s’il est quasi-modo… Mais en tout cas il est plus que quasi-affreux. LA PAROISSIENNE – Il est totalement inoffensif. ADELE – Attendez ! Vous êtes en train de dire que Quasimodo vit encore dans cette tour ? FERNANDE – Ah bon ! Tu le connais toi ce type ? … LA PAROISSIENNE – (A Fernande.) Victor Hugo… Ça vous dit quand même bien quelque chose ? FERNANDE – Quoi que je gagne si que je trouve ? ADELE – Le droit d’avoir l’air moins conne ! (La paroissienne se signe.) LA PAROISSIENNE (à Adèle) – Surveillez-vous un peu, je vous en prie… Donc Victor Hugo, ça vous dit quoi ? FERNANDE – C’est quoi le prénom ?... Victor ou Hugo. LA PAROISSIENNE (prenant Adèle à témoin) – C’est pas possible ? ADELE – Eh si ! Mais je vous rassure c’est un exemplaire absolument unique et elle n’a pas de descendants : la lignée des idiotes incurables des hautes Vosges disparaitra avec elle. FERNANDE – Sauf si te meurs après moi… Et toc ! …

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LA PAROISSIENNE – C’est 2 euros le cierge. FERNANDE – T’entends ça Adèle ? 2€ le cierge ! ADELE – Là j’suis comme toi ma sœur : sur le cul ! Pour ce prix là chez nous on en a des bien plus grands…Et même sculptés par un artisan local. FERNANDE – Avec un ruban rouge autour. ADELE – J’suis pas certaine du ruban… C’est inflammable. FERNANDE (tripotant son téléphone) – Attends voir un peu… PAROISSIENNE (à Adèle) – Qu’est-ce qu’elle fait ? ADELE – Je sais point, mais comme d’hab… ça craint ! FERNANDE – Je cherche… Silence et attente… FERNANDE – Ça y’est je les ai ! ADELE – T’as quoi ? FERNANDE – Les cierges là ! Exactement les mêmes : 3,99€ le paquet de 10 sur Amazone ! …

Entrée sur scène de Quasimodo : il avance péniblement, en grognant, genoux pliés. Bossu, vêtu d’une toile de jute qui touche le sol (style sac à patates avec capuchon).

FERNANDE (elle saute dans les bras d’Adèle) – Aaah ! C’est lui là… Vot’ Quasiclodo… LA PAROISSIENNE – Surtout, ne le contrariez pas et il n’arrivera rien ! …

Les deux paysannes totalement paniquées prennent la fuite en hurlant. Quasimodo se met à rire, d’un rire clair, à gorge déployée… LA PAROISSIENNE – Voyons mon père… Vous… Un serviteur de Dieu !... QUASIMODO (l’air amusé, il se redresse, enlève son capuchon) - Je sais, mais c’est plus fort que moi ! Et puis en les voyant chipoter sur le prix du cierge… LA PAROISSIENNE - Croyez-vous que notre Seigneur trouve votre attitude bien charitable… ? QUASIMODO – Bah… Je fais revivre l’un des héros les plus populaires de Victor Hugo. LA PAROISSIENNE – A propos, mon père… A cause de ces deux femmes, je suis prise d’un petit doute… Le prénom c’est Victor ou Hugo ? Retour de nos deux touristes sur la scène. ADELE – Même à Notre-Dame, il a fallu que tu provoques un scandale ! FERNANDE – Ben si tu crois que t’as fait mieux… En écoutant tes prières loufoques, notre Seigneur a dû s’ retourner sur sa croix ! … FERNANDE – Je veux voir des avions ! ADELE – Le musée de l’aviation ou de l’armée ? FERNANDE – Ah non ! Ras le bol de tous tes musées ! Moi je veux voir des vrais avions, qui atterrissent, qui décollent… ADELE – Orly ou Roissy. FERNANDE – C’est ça. ADELE – Ouais. Mais… Y-a un problème. FERNANDE – Et c’est quoi le problème ? ADELE – Tu sais bien : ce volcan en Islande, qu’a un nom à coucher dehors … FERNANDE – Ah c’est vrai ! Et il fume toujours ce grand con ? ADELE – Aux dernières nouvelles : oui. Il n’y a presque aucun avion qui décolle. FERNANDE – Mais que fait le gouvernement ? ADELE – Le gouvernement ? Mais… Que veux-tu qu’il fasse le gouvernement ? FERNANDE – Etendre l’interdiction de fumer en terrasses et même au-delà ! ADELE (ahurie) – Etendre l’interd… L’interdiction de, de… …

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FERNANDE – Bon alors ? Orsy ou Roily? ADELE – Où tu veux mais tais-toi ! FERNANDE – Bon alors Roily.

Fernande sort la première guillerette. Adèle la suit très en retrait, la démarche avachie la mine dépitée.

En hommage à monsieur Raymond DEVOS “ Y-A UN VOL QUAND ? “

Lieu : l’aéroport de Roissy – Charles de Gaulle. Durée : 5 minutes environ Personnages : 2 Rôles H ou F + 1 phrase à la fin par un figurant (H ou F). Décor : un bureau ou pupitre servant de guichet. Accessoires : 1 valise Costumes : employée en tenue de sa compagnie aérienne (haut seulement – Bas caché) Contexte : l’éruption d’un volcan islandais perturbe le trafic aérien. Dans la foule, un voyageur (V) s’approche du comptoir d’embarquement et aborde l’employé (E). V - Monsieur (ou madame), ça fait plus de 30 heures que je suis coincé dans cet aéroport. J’ai besoin de savoir, dites-moi : il y a un vol quand ? E - Il y a un volcan. V - Pardon ? E - Je dis : oui, il y a un volcan. V - Je vois, je vois… Je vous ai dit « Dites-moi : il y a un vol quand ? », alors vous vous me dites « il y a un vol quand ? ». … V - Si je vous demande : « dites-moi l’heure »… Vous allez me répondre « l’heure » ? E - Non, je vous donnerai l’heure, enfin… Je vous la donnerais volontiers si on ne m’avait pas volé ma montre. V - Ça ne vous empêche pas de me donner l’heure du vol. E - Aucunement… Mais sincèrement, je ne vois pas en quoi ça peut vous intéresser. … E - Il ne peut pas y avoir de prochain vol, je n’ai plus de montre. V - Ah bon ! Le trafic s’arrête à cause de votre montre ? E - Au contraire, le trafic continue avec ma montre et toutes les autres envolées… Mais je vous le répète, nous attendons que les conditions de sécurité soient réunies pour qu’un avion décolle. V - Ah ! Parce qu’en plus lorsqu’il y en aura enfin un, ce sera un avion d’école ? Et vous me parlez de sécurité… avec un pilote pas même confirmé. E - Je vous garantis que la sécurité est vérifiée avec rigueur avant qu’un avion s’envole. V - Un avion sans vol, c’est déjà ça s’il n’y a pas de vol à bord. E - Pourquoi voulez-vous qu’il y ait un vol à bord d’un avion en vol ? V - On vous a bien volé votre montre ! … E - Mais vous devez enfin comprendre le danger : dans de telles conditions : imaginez-vous des cendres dans un réacteur ? V - Je ne veux pas descendre dans un réacteur, je veux monter dans la cabine, m’asseoir gentiment à la place que j’ai réservée, fermer les yeux et me réveiller 4 heures plus tard à Reykjavik. … E - Reykjavik est à l’ouest… V - Elle est pas la seule si vous voulez mon avis… E - Et comme le vent souffle du nord- ouest vers le sud-est, Reykjavik est épargnée.

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V - On ne peut pas en dire autant de tout le monde. … Le voyageur s’empare nerveusement De son billet et s’éloigne rapidement. Un autre voyageur approche et s’adresse à l’employé : - Euh… Bonjour, s’il vous plaît monsieur… Il y a un vol quand pour Caen ?

Retour sur scène d’Adèle et Fernande. ADELE – Bon alors… T’es contente ? Te les a vus tes avions ! FERNANDE – Ouais mais vissés au sol, les avions. ADELE – Vissés ? Cloués au sol. On dit cloués au sol ! FERNANDE – C’est moi qu’ai eu l’idée, c’est mes avions ! Je les visse, je les cloue, je les colle, je les agrafe : je dis comme je veux ! ADELE (au public) – C’est reparti ! L’expression “ça vole pas haut“ prend ici tout son sens. … ADELE – On va aller voir les beaux quartiers. FERNANDE – Le paleron, l’échine, l’onglet, la bavette… ADELE – Non le XVIème ! FERNANDE – Le XVIème quoi ? ADELE – Le XVIème arrondissement, là où qu’y a tous les gros rupins. FERNANDE – Ah § ADELE – Les riches ils habitent dans le XVIème ou juste à côté, à Neuilly, FERNANDE – Neuilly… Le patelin à Nicolas ? ADELE – Mais, ma sœur : il est plus le maire de Neuilly le Nicolas : il est maire de l’UMP. Enfin… Il essaie parce que (s’adressant au public.), mon dieu donc, que c’est point facile. … Elle se dirigent toutes deux vers la sortie. ADELE – Ça, ça risque point. Déjà qu’il n’y a pas de logements sociaux… Trop bien fréquenté : que des gens de “la Haute“ : des gens bien comme il faut. FERNANDE –Bien comme il faut ? Ben moi, j’en suis point si sûre. ADELE – Et quék t’en sais donc toi, Fernande ? FERNANDE – Ben attendons de voir la suite ! Elles sortent.

XVIéme DESSOUS ! Lieu : 2 balcons d’immeubles cossus du XVIème ARRONDISSEMENT Durée approximative : 8 minutes 3 Personnages : 1H1F + 1 petit rôle final F.

- PHILIBERT SAINT-FIACRE : Catholique, coincé. - CHANTAL JOURDAIN : madame sans-gêne. - CLOTILDE SAINT-FIACRE, mêmes caractéristiques que son mari (4 répliques)

Décor : De chaque côté de la scène, face au public, deux balcons matérialisés chacun par une rambarde (panneau carton ou bois) : - Sur le balcon de Philibert, une petite table et sur cette table un pot de fleur. - Derrière la courte rambarde de Chantal est posé un transat. La rambarde de Philibert est plus en retrait sur la scène de façon à ce qu’il puisse voir Chantal, sans tourner le dos au public. Autres accessoires

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● Un petit arrosoir ou une bouteille à défaut. ● Une crucifix.

● Une paire de jumelles (ou une longue vue). Costumes : pas d’exigence… Sauf Chantal ! Entrée en scène : Dès l’ouverture du rideau, Chantal Jourdain est allongée (nue) sur le dos sur un transat, on ne voit que ses jambes nues et sa tête qui dépassent de chaque côté de sa rambarde. Philibert Saint-Fiacre, lui, est dans son appartement (coulisses). Il vient sur son balcon et constate que son géranium a besoin d’eau. Il repart en coulisses et revient en chantant ou sifflotant avec un petit arrosoir. Il commence à arroser et laisse négligemment son regard balayer les alentours. Soudain il se fige, fait le signe de croix et pousse un cri d’horreur. PHILIBERT - Ahhhh !... Non mais… Non mais ça alors… Entièrement nue ! Ça recommence !

Il essaie d’attirer l’attention de Chantal en parlant fort… Hé !... Hé ! Hé vous là !... Ohé !...

Elle ne réagit pas. Il se met à parler plus fort puis à hurler. Hep ! Hep ! Madame… (Elle a bougé) Oui… Vous là. CHANTAL - C’est à moi que vous parlez ? PHILIBERT - Oui, oui. C’est à vous. … PHILIBERT - Eh bien, me dire que vous êtes navrée, aussi navrée que nue d’ailleurs, et que vous n’aviez pas pensé que malgré votre rambarde, je puisse… Enfin : on puisse vous observer… CHANTAL - Ah !… On peut m’observer ? PHILIBERT - Oui enfin, je voulais dire : “on peut vous voir“. CHANTAL - Oui mais vous avez dit : “observer“. PHILIBERT - “Voir“, “observer“… C’est pareil ! CHANTAL - Vous savez bien que non. …

Philibert revient sur le balcon, tenant une croix dans sa main. CHANTAL - Alors, c’est quoi votre prénom ?... Moi c’est Chantal… PHILIBERT (Rêveur) - Chantal !... Moi … Moi, c’est Philibert. CHANTAL - Philibert ?... Ah ! Original. PHILIBERT (au public) - Mais pourquoi je lui ai donné mon prénom ? Résister. C’est une épreuve que notre seigneur m’envoie. C’est ça : je dois ré-sis-ter. CHANTAL - Allô ? Vous êtes là Philibert ? PHILIBERT (détournant son regard et pointant la croix vers Chantal) - Vade retro satanas ! CHANTAL - Philibert… Attention ! Je vais me retourner. Vous allez voir la face cachée ! On la voit se retourner sur le ventre. PHILIBERT - Souffle court, bouche bée, Il contemple tout en essayant de résister. La chair est faible mais la foi sera la plus forte…

Il fait 2 pas vers son appartement… Puis se retourne et s’adresse au public. Enfin… Peut-être ! …

Il revient sur le balcon, sa croix toujours dans une main, mais portant dans l’autre main une paire de jumelles.

CHANTAL - Alors ? Qu’en pensez-vous Philibert ? PHILIBERT - Résister ! (Il pointe sa croix vers Chantal) Résister ! Il faut ré-sis-ter !... Oh et puis merde !

Il pose sa croix près du géranium et pointe les jumelles vers sa voisine. Mon dieu, mon dieu ! Pourquoi m’avez-vous abandonné ? CHANTAL - Alors Philibert ? Vous en dites quoi ?

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PHILIBERT - Hallucinant ! Féérique, harmonieux, somptueux, magique… CHANTAL - Ah ! Vous voyez, vous en connaissez des adjectifs quand vous vous laissez un peu aller mon p’tit Philibert. PHILIBERT - Ah Chantal ! J’ai le feu en moi… (Au public.) Le feu de l’enfer, mais je m’en tape ! … CHANTAL - 6235, c’est le code en bas de mon immeuble. Chantal Jourdain, appartement 406. PHILIBERT - Vous voulez pas dire que… CHANTAL - Si… Je vous attends. …

Il fonce vers la sortie et, croix et jumelles toujours en mains, tombe nez à nez sur sa femme qui rentre. Il dissimule aussitôt les jumelles, les gardant derrière son dos jusqu’au dénouement.

CLOTILDE - Ben… Philibert, te voilà drôlement pressé. Pressé et… Un peu énervé, non ? PHILIBERT - Euh… Bonsoir Clotilde. Tu rentres bien tôt ma chérie… …

Adèle et Fernande sont de retour sur la scène. FERNANDE – Le pauvre homme ce Philibert ! ADELE – Oui bon… C’est toujours pareil avec les bonshommes ! Ils ont la quéquette qui commande le cerveau ! FERNANDE – Faut dire qu’en matière de bonshommes, t’es la référence ma sœur ! … FERNANDE – Comment ça “ça me regarde point“ ? Ma sœur se dévergonde avec un inconnu et… ADELE – C’est point un inconnu. FERNANDE – Bien sûr que si puisque je sais pas qui c’est ! ADELE – Et tu sauras point. FERNANDE – Adèle, si tu souilles l’honneur de la famille, je préfère tout apprendre par toi que par la rumeur. … FERNANDE – T’es pas enceinte au moins ? ADELE – A mon âge ! Non mais t’es folle Fernande. FERNANDE – On sait jamais… Les vieux tonneaux renferment parfois de surprises. … ADELE – Allez viens, la station de métro est par là. …

“ QUAND LA SCIENCE INFUSE…“ Lieu : La “Cité des Sciences et de l’Industrie“ (porte de la Villette). Durée : 10 minutes environ Personnages : 5 acteurs dont au moins 1F et 1H

- Le professeur conférencier - Un couple de touristes - Deux autres personnes, A et B, assistant à la conférence - Des figurants (nombre à votre convenance, ils peuvent aussi se partager les dialogues avec A et B).

NB : Pour ceux qui jouent d’autres sketchs du recueil « Paris c’est fou » : Mimile et Georgette peuvent être les deux personnages conducteurs : Fernande et Adèle. J’ai créé ces deux nouveaux personnages, Mimile et Georgette, pour soulager un peu les deux rôles principaux. Vous faites comme vous le sentez ! Décor : Néant Accessoires : 6 à 10 chaises dans une partie obscure de la scène, face à une petite estrade (ou escabeau) et (facultatif) un micro sur pied.

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Costumes : aucune exigence. Contexte : deux touristes insupportables viennent assister à une conférence sur la dérive des continents. Leur comportement va évidemment semer la perturbation… … SONO – Mesdames et messieurs, chers visiteurs de la Cité des Sciences, votre attention : dernier appel pour les personnes intéressées par la conférence « Dérive des continents : le bouleversement perpétuel »… … GEORGETTE – La dérive des continents. MIMILE – Quoi que c’est-y donc ? GEORGETTE – Ben, si qu’on savait que ça s’rait point la peine d’y aller. MIMILE – D’où l’intérêt de point trop en savoir si on veut que la vie reste intéressante. … GEORGETTE – Salle Paul-Emile Victor, nous y v’là ! MIMILE – Paul-Emile Victor ! Comme moi ! GEORGETTE – Comme toi… Quoi ? MIMILE – Ben Paul-Emile… Comme moi le prénom : Emile. GEORGETTE – La comparaison s’arrête là. Lui c’était un explorateur. Il a découvert des tas de choses. C’est pour ça que cette salle porte son nom. MIMILE – C’est lui qui a découvert cette salle ? GEORGETTE (interloquée) – J’en suis point sûr du tout, mais s’il est surtout célèbre, c’est parce qu’il est allé dans l’Antarquetique. MIMILE – L’Antarquetique ? C’est où ça ? GEORGETTE – Euh… Loin, très loin. MIMILE – Rien que le nom : Antarquetique, ça donne point envie d’y aller. GEORGETTE - Il y fait froid, très très froid. MIMILE – Ouais ! Le genre d’endroit où qui suffit d’y aller pour devenir célèbre. … GEORGETTE (à une ou quelques personnes assises) – Vous pourriez point avoir la gentillesse de vous décaler un peu que mon Emile et moi on puisse s’asseoir côte à côte ?... Voila merci bien.

Nos deux compères bousculent au passage et s’excusent pour accéder à deux places assises libres voisines. Petit silence, Mimile et Georgette gesticulent sur leurs sièges, se grattent, se mouchent, dévisagent l’assistance…

… LE PROF – Mesdames et messieurs, permettez moi de me présenter : professeur Alexander Altschmurtz… MIMILE – A vos souhaits !... … LE PROF – Euh… Donc, par exemple, ce n’est plus un secret pour personne que le sous continent indien remonte vers le nord et bouscule la plaque Himalayenne. MIMILE – Si c’est point malheureux d’ voir ça ! GEORGETTE – Emile ! MIMILE – Ben quoi ? … C’est quand même point d’ma faute si l’autre indien remonte vers le nord en bousculant “je sais pas qui“ qu’a un nom à coucher dehors et en s’excusant même pas ! LE PROF - … Lorsque j'ai commencé ma carrière de chercheur en 1995, nous connaissions… MIMILE – 1995 ! C’est-y point l’année où c’qu’on a été en cure à La Bourboule ? GEORGETTE – Euh… J’crois bien qu’si mais j’vois point le rapport. MIMILE – C’était quand même bien hein La Bourboule ? PERSONNAGE ASSIS B – Vous pourriez éviter d’interrompre la conférence ? GEORGETTE (à Mimile) – Te vois ! Te nous fait remarquer. …

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LE PROF – Donc euh…. Ah oui ! La dorsale médio-océanique, la plus grande structure de notre planète puisqu'elle fait 60 000 kilomètres de long. MIMILE – Ah quand même ! A – Silence ! MIMILE – On peut exprimer ses émotions non ? Parce qu’une épine dorsale de 60.000km c’est quand même point tous les jours ! … LE PROF - … Nos connaissances sur la partie de la Terre recouverte par l'eau étaient donc embryonnaires. C'est l'explo… MIMILE - Georgette, quoi que ça veut dire embryonnaire ? GEORGETTE – J’sais point. On regardera dans wikipedia à l’hôtel. MIMILE - Ouais enfin… Si qu’on a du réseau parce que t’as vu hier soir… A – Mais c’est pas un peu fini non ? B – C’est vrai quoi, c’est impossible de suivre une conférence si vous interrompez le conférencier à tout bout d’champ. MIMILE – Nous on interrompt ! Alors elle est bonne celle-là ! T’entends ça Georgette ? … LE PROF (furieux, il parle plus vite pour ne pas être coupé) - …et qui se traduisent par l'activité sismique. On atteint ainsi une compréhension bien meilleure du cycle sismique qui amène le retour périodique des très grands séismes. MIMILE – Ouais ! Et ça s’accélère grave. Avant c’était tous les sept ans. Et ben maintenant, c’est tous les cinq ans qu’on a les présidentielles. … LE PROF (colère retenue) – Je vous parlais au début de ma conférence du mouvement de la plaque indienne. Mais plus près de nous, l’Afrique remonte elle aussi vers le nord, donc vers l’Europe… La Méditerranée va par conséquent progressivement se refermer. MIMILE – Tu vois Georgette, on a eu raison d’attendre. Malgré la trouille de l’avion, on va quand même pouvoir visiter les Pyramides. GEORGETTE – D’accord mais je te préviens, pas question de prendre la Twingo pour tirer la caravane, parce que la dernière fois… A – Mais c’est pas un peu fini non ? … MIMILE – C’est vrai quoi on vient tranquillement à une conférence et on se fait agresser… B – Tranquillement ? Parce que votre façon de sortir autant de conneries à la minute, vous trouvez ça tranquille vous ? GEORGETTE – Mais on est en république madame. La liberté d’expression, ça vous parle ? A – Mais ouvrez d’abord un dictionnaire et vous verrez que c’est français “tectonique“. MIMILE – Tectonique ? Tectonique ? Mais tectonique ta mère toi d’abord. …

Rideau