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Vivre en Morvan UN OUVRAGE CONÇU ET RÉALISÉ PAR LE MAGAZINE ASSOCIATIF VENTS DU MORVAN. COORDINATION : EVELYNE BRETIN (PRÉSIDENTE DU GLACEM), CLAUDE LEMMEL (CONCEPTION ÉDITORIALE), JÉROME LEQUIME (DIRECTEUR DE PUBLICATION), YVON LETRANGE (PRODUCTION), VÉRONIQUE POCZOBUT (ICONOGRAPHIE). AVEC LA PARTICIPATION DE : THEO BAART, JANINE BARDONNET, PASCAL BELLIER, FRANÇOISE BOUCHÉ, ALEXANDRA BOURSE, EVELYNE BRETIN, DIDIER CORNAILLE, JEAN-CHARLES COUGNY, CAROLINE DARROUX, MATHILDE DEHAYES, RENO DITTE, JEAN-FRANÇOIS DORMOIS, MARIA GALIANA, TOM GALORBE, CHRISTIANE GRUAZ DUMONT, RÉMI GUILLAUMEAU, CLAUDIE HÉLINE, LAURENT JEANNIN, PIERRE LÉGER, CLAUDE LEMMEL, JÉROME LEQUIME, PATRICIA LETRANGE, YVON LETRANGE, THIERRY LEUTREAU, SANDRINE LOISEAU, ROBERT MICHOT, GAËLLE MONSIEUR, SABINE NIVOT, YVES NIVOT, HÉLÈNE PURCELL, VÉRONIQUE POCZOBUT, SYLVIE ROCHE, MARC ROZANSKI, ANNICK SCHMIDT, MIRIAM STERN, STEPHAN SYGIEL, DANIELLE THÉVENIN, FRANCIS TRAULLÉ, DANIEL VENTARD, LILY WANAT. PHOTO PATRICIA LETRANGE

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Vivre en MorvanUN OUVRAGE CONÇU ET RÉALISÉ PAR LE MAGAZINE ASSOCIATIF VENTS DU MORVAN.

COORDINATION : EVELYNE BRETIN (PRÉSIDENTE DU GLACEM), CLAUDE LEMMEL (CONCEPTION ÉDITORIALE), JÉROME LEQUIME (DIRECTEUR DE PUBLICATION), YVON LETRANGE (PRODUCTION), VÉRONIQUE POCZOBUT (ICONOGRAPHIE).

AVEC LA PARTICIPATION DE : THEO BAART, JANINE BARDONNET, PASCAL BELLIER, FRANÇOISE BOUCHÉ, ALEXANDRA BOURSE, EVELYNE BRETIN, DIDIER CORNAILLE, JEAN-CHARLES COUGNY, CAROLINE DARROUX, MATHILDE DEHAYES, RENO DITTE,

JEAN-FRANÇOIS DORMOIS, MARIA GALIANA, TOM GALORBE, CHRISTIANE GRUAZ DUMONT, RÉMI GUILLAUMEAU, CLAUDIE HÉLINE, LAURENT JEANNIN, PIERRE LÉGER, CLAUDE LEMMEL, JÉROME LEQUIME, PATRICIA LETRANGE, YVON LETRANGE, THIERRY LEUTREAU, SANDRINE LOISEAU,

ROBERT MICHOT, GAËLLE MONSIEUR, SABINE NIVOT, YVES NIVOT, HÉLÈNE PURCELL, VÉRONIQUE POCZOBUT, SYLVIE ROCHE, MARC ROZANSKI, ANNICK SCHMIDT, MIRIAM STERN, STEPHAN SYGIEL, DANIELLE THÉVENIN, FRANCIS TRAULLÉ, DANIEL VENTARD, LILY WANAT.

PHOTO PATRICIA LETRANGE

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Thierry - Planchez

PHOTO SYLVIE ROCHE

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Avant-propos

« Vivre en Morvan », à la vue de ce titre on pourrait croire à un inventaire de ce qu’on peut faire dans le Morvan, mais non, « Vivre en Morvan », n’est pas un mode d’emploi pour s’installer dans le Morvan. Parc naturel régional, offices de tourisme, mairies, communautés de communes… les institutions ne manquent pas pour conseiller les nouveaux arrivants.

« Vivre en Morvan », c’est plutôt un livre d’images qui s’ouvre sur le Morvan, un Morvan pluriel, décliné en autant de fois qu’il y a de photographes et d’écrivains qui ont osé mettre en commun leur approche personnelle du Morvan.

Chacun derrière ces deux mots « vivre » et « Morvan », y met son ressenti, son vécu, son Morvan mais aussi sa propre vie. Dans le Morvan on y vit. On y vit comme partout ailleurs, on y vit pas mieux qu’ailleurs, on y vit pas plus mal qu’ailleurs. Ce vieux massif, îlot granitique, cœur de la Bourgogne, ne se laisse pas apprivoiser aussi facilement qu’on pourrait le croire, mais il est tout à fait possible de vivre en Morvan tout au long de l’année, pas uniquement pendant les vacances d’été lorsque le soleil brille. Certains n’ont pas résisté à son côté sauvage, pourtant beaucoup l’ont aimé, y sont restés et ne le regrettent pas.

« Vivre en Morvan », ça veut dire y grandir, y travailler, y vieillir mais aussi s’y distraire et y côtoyer tous les aléas de la vie.

« Vivre en Morvan » ose la rencontre, ose le mélange, mélange des genres, mélange des sujets, certains abordés plus profondément que d’autres, certains survolés, d’autres en filigrane, tranches de vie, passions, un livre pour rappeler la diversité des habitants du Morvan, qui ont tous un point commun leur amour pour ce pays au rude passé, au présent pas toujours facile mais combien passionnant et agréable à vivre.

Evelyne BretinPrésidente du Groupe de liaison des associationsculturelles, économiques et environnementalesdu Morvan

Patrice JolyPrésident du Parcnaturel régionaldu Morvan

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PHOTOS THEO BAART

Le hameau des Marceaux à Villapourçon

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Sommaire6 Bruissements des saisons

Janine Bardonnet - Reno Ditte

12 Vivre dans le paysage

Marc Rozanski

14 Une enfance en plein air

Pierre Léger - Véronique Poczobut

22 Former aux métiers de la forêt

Evelyne Bretin

30 Elevage aux quatre saisons

JC Cougny - Claude Lemmel

34 Bêtes de race

Evelyne Bretin

38 Un pays de granite

Yvon Letrange

42 Une longère, lonlaire et lonla

Pierre Léger

44 Tourisme vert

Yvon Letrange

52 Entre ciels et bons vents

Francis Traullé - Danielle Thévenin

54 Chasse et convivialité

Evelyne Bretin

58 Petites passions quotidiennes

Sylvie Roche

68 Le jardin de mon voisin

JF Dormois - Hélène Purcell

70 Elu rural

Laurent Jeannin

76 Travailler en Morvan ?

Didier Cornaille

78 Sapeurs-pompiers

Evelyne Bretin

82 Chargée de mission

Maria Galiana - V. Poczobut

84 Les années et la vie...

Sabine & Yves Nivot

88 Pratiques de soins au village

Claude Lemmel

96 Le corps et l’esprit au repos

Gaëlle Monsieur

104 Un espace pour l’âme

Annick Schmidt - Claude Lemmel

108 Coteaux de Tannay

Claudie Héline

114 Le brandevignier

Bernard Périé - Yvon Letrange

116 La Foline

Stephan Sygiel - M. Dehayes

122 Artisan boulanger

Françoise Bouché

126 Au four et au moulin

Janine Bardonnet - Reno Ditte

130 La fête de la vielle

P. Léger - D. Ventard - Y. Letrange

136 Un ballet de bénévoles

Thierry Leutreau - Claude Lemmel

142 La philharmonie d’Avallon

Sandrine Loiseau - C. Lemmel

146 L’art en extérieur

Miriam Stern

152 Vagabondage

Lily Wanat

154 Sculpteur en Morvan

Pascal Bellier - Yvon Letrange

158 Territoire de parole

Caroline Darroux

160 Pas l’temps de vieillir

Robert Michot - Mathilde Dehayes

166 Cicis, passeur de mémoire

Caroline Darroux - M. Dehayes

170 Portraits au nid

Claudie Héline

174 L’école

Janine Bardonnet - Tom Galorbe

184 De mon enfance

Alexandra Bourse

186 Jeux d’enfants

J. Lequime - Véronique Poczobut

192 Grandir en Morvan

Christiane Gruaz Dumont

202 Les cordes de la mémoire

Rémi Guillaumeau

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Bruissements des saisons

TEXTE JANINE BARDONNET - PHOTOS RENO DITTE

Il est des lieux d’été que le vacarme emplit, éclatant dans l’azur d’un ciel bleu sans nuages.

Rien de tel au lac des Settons.

Quand le ciel s’ensoleille et que l’eau lui répond, quand un ciel tourmenté se fond dans son miroir, la grâce silencieuse de ces jeux de reflets et de lumières semble absorber les bruits du tourisme.

Attentives aux ébats des enfants dans une eau qui suggère la prudence, les familles échangent paisiblement... Même les radios et les téléphones portables semblent limiter d’eux-mêmes leur nuisance sonore.

On pourrait croire que la quiétude se trouble quand le jet-ski vrombit et que le hors-bord frappe la surface de l’eau à coups secs et répétés. Mais voiliers et catamarans imposent leur doux chuintement, les barques effleurent l’eau.

Seuls les cols verts et les grèbes s’entêtent à rappeler très fort qu’ils existent là, chez eux et que le reste – baignades, sports nautiques, bateaux à moteur – n’est que bruit de fond en mode mineur, bruit que fera cesser le silence automnal assourdissant de couleurs.

Alors on entendra plonger la carpe muette, venue s’argenter dans un saut fulgurant aux rayons du soleil d’un été finissant.

Ce qu’attend cependant le beau ténébreux que novembre enveloppe de brouillards, c’est le moment magique où, somptueusement vêtu des blancheurs étincelantes de l’hiver, il plaira en silence aux amoureux des givres et de la méditation.

Quand la glace aura cédé en sinistres craquements qui s’en vont réveiller la faune endormie sous les eaux et dans les roseaux, le printemps reviendra. Dans le silence des allées désertées exploseront en mode majeur les multitudes des verts, des ors, des blancs et des violets dont se parent les rivages richement boisés et fleuris.

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bruissements des saisons

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Ils sentent s’égoutter

les neiges de l’hiver

Et le siècle couler...

(Baudelaire)

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« Les arbres se passent l’un à l’autre le vent qui est leur âme »(Jules Renard)

bruissements des saisons

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Vivre dans le paysage

Le paysage, c’est le temps. Pas mon temps personnel qui va, de découverte en découverte, de surprise en surprise, de bonheur en bonheur, de la naissance à la mort… Mais un temps autre, cyclique, paisiblement recommencé, identique à chaque saison et différent par mon regard lourd ou léger d’une année de plus. Un temps rassurant par la promesse d’une nouvelle saison, d’un printemps après l’hiver.

Le temps trop court lorsque j’ai un rendez-vous et que la neige me retarde. Le temps trop long lorsqu’à la fin de l’hiver, un soir, en rentrant chez moi, je me surprends à songer « J’ai soif de printemps ». Le temps parfaitement ajusté à mon âme, hier soir, lorsqu’assis face à la vallée, je contemplais le soleil s’effacer derrière la colline de Bazoches, les ombres noyer les fonds, et les sons peu à peu s’étaler, sans forces, en couches paisibles, épuisés par la chaleur d’une journée d’été.

Le paysage, c’est la très longue durée, où les montagnes et les collines gambadent, montent, descendent, jouent à saute-mouton, où les torrents se découvrent une voie dans l’entre-cuisses des monts à la peau de gneiss et de granite. La très longue durée qui écrit un livre aux pleins et aux déliés de roches et d’eaux. Un livre dont on déchiffre laborieusement l’alphabet géologique.

C’est aussi la courte durée, livre plus intime, dont la lecture est le fruit d’une autre expérience, celle des branches rongées par les chevreuils, des coulées de blaireaux, des récits de fuites et de combats dans la neige, des traces dans la boue fraiche, des poils restés accrochés aux barbelés…

Le paysage, c’est l’espace. Grand, si grand lorsqu’on sort de l’église de Lormes et que l’esprit fuit par-dessus les croix du cimetière jusqu’aux confins du Nivernais. Si long lorsque, sous la statue de Notre-Dame de Lumière, on suit le cours de la Cure lovée au creux de sa vallée boisée.

C’est un espace minuscule lorsque j’observe les ébats amoureux de deux insectes sur une ombellifère, lorsque je sauve une mouche malencontreusement tombée dans la source, lorsqu’une guêpe, posée sur la porte de la grange, en arrache des fragments pour bâtir son nid.

C’est l’espace large lorsqu’il s’emplit du miaulement de la buse retentissant dans la vallée, ou intime lorsque le troglodyte pousse un bref trille dans la haie.

C’est l’espace des champs où, le soir, les renards virevoltent entre les meules rondes, des forêts où s’égarent les gouttes de soleil ou de pluie, des prés dans lesquels des vaches contemplatives méditent en mastiquant, des routes en détours dont les virages en forme de sourire ironisent sur les prévisions du temps de trajet…

Le paysage, c’est un goût. D’abord celui, souverain, des mûres. Celles qui emplissent le panier au même titre que la sueur de l’été et les éraflures infligées par les ronces. C’est aussi le goût de la neige fondant sur la langue. Celui de la bière mise au frais dans la source et sirotée le soir, face à la vallée. Celui de l’Irancy bu autour du feu de bois où cuisent les pommes de terre, dans le crépuscule, avant l’obscurité qui, allié à l’ivresse, rend difficile la découverte des dites pommes de terre sous la cendre.

PAR MARC ROZANSKI

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On a écrit de doctes ouvrages sur l’alliance des mets et des vins, mais qui écrira l’encyclopédie de l’alliance des mets avec les paysages ? A l’aube brumeuse d’hiver, plutôt croissants ou pain au chocolat ? Dans la chaleur d’un midi d’été, à l’ombre du noisetier, plutôt blanc ou rosé ? Dans les senteurs humides de l’automne, au retour de la cueillette des champignons, grapiaux ou omelettes aux pommes de terre ? Au somptueux coucher du soleil, Epoisses ou Citeaux ?

Le paysage, c’est un parfum. Celui de l’impératrice des fleurs morvandelles : le chèvrefeuille, chaque fois humé avec étonnement et émerveillement. Puis, différent mais aussi corsé, celui des bouses laissées par le troupeau passé sur la route. Et, une fois passée la porte de la carrée, celui des confitures dans la large bassine. Confitures de mûres, bien sûr, où se mélangent le fruit, le sucre, la sueur et les éraflures citées plus haut, mais aussi l’amour qui lui donne tout son goût.

« L’homme a modelé le paysage » Baliverne répandue dans le langage commun. L’homme a-t-il, d’un coup de fourche-bêche, décollé le mont Beuvray pour aller le déposer dans la Terre-Plaine parce que cela faisait joli ? A-t-il su retirer toutes les forêts comme on tire un drap d’un lit pour en faire un ballot et les envoyer en Chine ? A-t-il su, en bouchant du doigt les sources du Chalaux, faire baisser le niveau de l’eau à Paris ?

A force de travail, de sueur, de douleurs dorsales, de bœufs soufflants, de haies piéchées et de charrues tressautant dans les sillons, il n’a pu que modifier la surface du paysage, renouvelant sans cesse son travail cosmétique. Si l’exode rural, allié à une crise du tourisme, chasse les Morvandiaux, les Parisiens, les Hollandais et les Anglais, combien de temps le paysage mettra-t-il à reprendre son aspect d’avant les Gaulois ? Moins de cinquante ans. Un clignement d’œil à l’échelle géologique.

Le paysage du Morvan, on ne le modèle pas comme un pot de terre glaise. On oriente tant bien que mal, dans des espaces restreints, l’explosion de la vie. Prés, champs, vergers, hameaux, îlots au sein desquels l’homme peut croire qu’il contrôle quelque chose.

J’ai été élevé à la ville. Je sais le plaisir de la vitesse, des événements qui se succèdent, du temps oublié, des saisons rendues discrètes par le chauffage central et la climatisation.

Mais je sais aussi me faire humble, assis dans le paysage, découvrant les durées des jours, des saisons, des années. Au soleil couchant le ballet des insectes dorés, puis le vol des chauves-souris au crépuscule puis, si j’ai de la chance, le glissement de l’ombre d’un rapace nocturne.

Je contemple, j’apprends, je grandis, au rythme du paysage, avec lui, à l’exacte place qui est la mienne.

D’autres s’efforcent d’abolir la durée, la distance, l’histoire et la géographie. Ils transforment le monde en une ville instantanée. Ils font pousser l’herbe en tirant dessus. Ils trouvent que neuf mois, c’est quand même long pour concevoir un être humain. Leur paysage est carré, branché sur un réseau d’information.

Et moi, assis dans le pré, je regarde pousser l’herbe, et je sais que je suis un révolutionnaire. n

Champs des Teurlées, Août 2012

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Une enfance en plein air

TEXTE PIERRE LÉGERPHOTOS VÉRONIQUE POCZOBUT

«... Les enfants ont un privilège : on ne leur demande pas de justifier leur existence. On ne demande pas à un enfant ce qu’il fait dans la vie. On le sait bien : il joue, il pleure, il rit. Il vit – et ça suffit pour vivre... »

Christian Bobin, La merveille et l’obscur

- Ma sauterelle, cette année pour ta fête nous t’offrons ce pré, cet arbre et cette haie dans leur paquet cadeau de ciel et de vent.

- Fallait pas, papa ! Fallait pas, maman ! C’est trop bien ! Si, si ! Trop, trop ! Si, si ! Trop, trop !

Ainsi grésille le peuple de l’herbe.

Sorti de son bocal, l’enfant du bocage a de la sauterelle, le cœur, la cuisse et cette folie de s’éparpiller. De la grenouille, itou, je crois.

De trois fois rien d’herbe, de feuilles et de sureau il vous fait piailler toute une volière d’oiseaux.

Très tôt, adoubé par le couteau qu’il serre dans sa poche, le prince des grillons s’éloigne du foyer.

Elle saute dans la joie à pieds joints, à cloche-pied entre ciel et terre.

Il sait l’art de rire dans l’air et l’art de rien dans l’eau.

Elle va dans sa vie comme une vaste éclaboussure traversant les anneaux du soleil.

Il pêche à main nue, au vif, l’acier trempé de l’eau vive.

Elle avance à découvert sous les balles sifflantes des guêpes et des mouches de nacre.

Ils gigotent comme des asticots avec – déjà ! – le monde entier qui leur fourmille dans les jambes.

Elle saute, elle.

Ils jouent, volent et nous vengent de la lourdeur des jours, des jougs, des glaises et des sabots.

Un bouquet pour toi, Maman ! La Maison du Parc, Saint-Brisson.Photographe-iconographe pour Studio Negativo et la revue PRIVATE

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C’est toi le loup ! Montsauche.

Les rires des enfants. Gouloux.

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Partie de pêche aux Corniaux. Saint-Brisson.

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Jeux : les anneaux olympiques ! Cour de l’école de Saint-Brisson.

Enfants jouant à la corde à sauter dans la cour de la Mairie à Saint-Brisson.

Petite fille aux nattes sur la balançoire à la salle des fêtes de Gouloux.

La Marelle. Marrault.

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Alexis et Florian grimpent aux arbres.

Saint-Brisson.

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Jeu de la tomate. Saint-Brisson

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Former aux métiers de la forêt

TEXTE & PHOTOS EVELYNE BRETIN

Le Morvandiau et sa forêt, relation profonde, relation vitale devenue histoire d’amour et qui suscite, ô combien de discus-sions et de controverses.

Depuis des siècles la forêt morvandelle apporte à l’homme de quoi vivre et l’homme la transforme et la malmène au gré de ses besoins. Un certain équilibre existait à l’époque où le bois était utilisé pour tous les usages de la vie rurale (charpentes, outils, bardages de roues, sabots, bois de chauffage, droits de pacages, droit de chasse etc.). On aime parler avec un rien de nostalgie de l’époque où le Morvan chauffait Paris. Pourtant le furetage lié à cette exploitation intensive l’a particu-lièrement abîmé. L’enrésinement parut à une période la seule solution économique. Les douglas qui se plaisent si bien dans le Morvan arrivent à maturité, les camions de grumes font partie intégrante du paysage morvandiau actuel. Le tourisme vert a fait son apparition et représente un poids important dans la balance économique.Exploitations forestières et randonnées peuvent-elles s’entendre ? Certains se battent pour une exploitation durable et raisonnée d’autres continuent la coupe à blanc. Le projet d’implantation d’impor-tantes unités de sciages et de fabrication de pellets bois-énergie inquiète. La forêt morvandelle va-t-elle résister ?

Sans aucun doute Morvan et forêt sont bien synonymes.

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La forêt morvandelle est devenue un lieu de travaux pratiques pour les élèves du lycée forestier de Velet près d’Étang sur Arroux où on parle de sylviculture raisonnable, de futaie irrégulière et de gestion durable.

Des élèves de seconde découvrent le travail en forêt en préparant du bois de chauffage.

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les métiers de la forêt

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Des élèves de terminale du lycée forestier de Velet font l’apprentissage du débardage.