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A 27 ans, Nikola Karabatic incarne l’insolente réussite du handball français. Champion olympique, du monde et d’Europe avec les Bleus, il vise désormais avec son club de Montpellier la Ligue des champions qui débute dimanche 2 octobre par un match face aux Espagnols de Leon. Considéré par ses pairs comme le meilleur joueur du monde, Nikola Karabatic se félicite de l’évolution de son sport en France dont le championnat est pour la première fois, cette saison, retransmis sur une grande chaîne, Canal+. « Ce qui a toujours manqué au handball français, c’est un bon diffuseur, une bonne mise en avant de notre championnat », explique-t-il dans un entre- tien au Monde. Mais il met aussi en garde les futures générations contre les dérives qui pourraient guetter le hand : « Plus il y a de gens qui te regardent, plus il y a de sponsors, plus il y a d’argent, plus il faut être intelligent. » p PAGE8 Le capitaine des champions de France, lors d’une séance d’entraînement à Montpellier. DAVID RICHARD POUR « LE MONDE » Photo finish pour l’arrivée du Prix de l’Arc de triomphe 2010. DESBRIEL VALENTIN SCOOPDYGA. CO « L’important, c’est de ne pas devenir con à cause de l’argent » Confidences de la star mondiale du hand, Nikola Karabatic Surfeurs en herbe Sur les plages de la côte aquitaine, l’associa- tion bordelaise Surf Insertion initie les gamins des villes et des champs aux joies de la glisse. Certains découvrent aussi l’Océan et tous apprennent à devenir de bons petits écocitoyens. PAGE6 A la conquête de l’Arc Dimanche 2 octobre, les meilleurs pur-sang sont réunis à Longchamp pour participer à la plus grande course au monde. L’occasion d’admirer une dernière fois la « jument du siècle », Goldikova, et de découvrir sa petite sœur, Galikova PAGES 4-5 Un Kiwi chez les Wallabies Robbie Deans, l’entraîneur des Australiens, est néo-zélandais. Il veut remporter la Coupe du monde de rugby. Il fera tout pour y parvenir, explique-t-il au« Monde ». Même battre les All Blacks chez eux. PAGE 3 Tout schuss sur l’asphalte Le rollerski, vous connaissez ? Devançant l’ouverture des stations de sports d’hiver, notre reporter a testé cette discipline qui permet de faire du ski… à roulettes. PAGE7 Cahier du « Monde » N˚ 20744 daté Samedi 1 er octobre 2011 - Ne peut être vendu séparément

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Page 1: PAGE7 PAGE 3 Alaconquêtedel’Arc€¦ · d’Europe avec les Bleus, il vise désormais avec son club de Montpellier la Ligue des champions qui débute dimanche 2octobre par un match

A27 ans, Nikola Karabatic incarne l’insolente réussite duhandball français. Champion olympique, du monde etd’Europe avec les Bleus, il vise désormais avec son clubde Montpellier la Ligue des champions qui débute

dimanche 2 octobre par un match face aux Espagnols de Leon.Considéré par ses pairs comme le meilleur joueur du monde,

Nikola Karabatic se félicite de l’évolution de son sport en Francedont le championnat est pour la première fois, cette saison,

retransmis sur une grande chaîne, Canal+. « Ce qui a toujoursmanqué au handball français, c’est un bon diffuseur, une bonnemise en avant de notre championnat », explique-t-il dans un entre-tien au Monde. Mais il met aussi en garde les futures générationscontre les dérives qui pourraient guetter le hand : « Plus il y a de gensqui te regardent, plus il y a de sponsors, plus il y a d’argent, plus il fautêtre intelligent. »p

P A G E 8

Le capitaine

des champions

de France, lors

d’une séance

d’entraînement

à Montpellier.

DAVID RICHARD

POUR « LE MONDE »

Photo finish

pour l’arrivée

du Prix de l’Arc

de triomphe 2010.

DESBRIEL VALENTIN SCOOPDYGA. CO

« L’important,c’est de nepas devenirconàcause de l’argent »

Confidences de la star mondiale du hand, Nikola Karabatic

Surfeurs en herbeSur les plages de la côte aquitaine, l’associa-tion bordelaise Surf Insertion initie lesgamins des villes et des champs aux joiesde la glisse. Certains découvrent aussil’Océan et tous apprennent à devenir debons petits écocitoyens. P A G E 6

A la conquête de l’ArcDimanche 2 octobre,

les meilleurs pur-sangsont réunis à Longchamppour participer à la plus

grandecourse au monde.L’occasiond’admirer

une dernière fois la «jumentdu siècle », Goldikova,

et de découvrir sa petitesœur, Galikova

P A G E S 4 - 5

Un Kiwi chez les WallabiesRobbie Deans, l’entraîneur des Australiens,

est néo-zélandais. Il veut remporterla Coupe du monde de rugby. Il fera

tout pour y parvenir, explique-t-ilau« Monde ». Même battre les All Blacks

chez eux. P A G E 3

Tout schuss sur l’asphalteLe rollerski, vous connaissez ?Devançant l’ouverture desstations de sports d’hiver, notrereporter a testé cette disciplinequi permet de faire du ski…à roulettes. P A G E 7

Cahier du « Monde » N˚ 20744 daté Samedi 1er octobre 2011 - Ne peut être vendu séparément

Page 2: PAGE7 PAGE 3 Alaconquêtedel’Arc€¦ · d’Europe avec les Bleus, il vise désormais avec son club de Montpellier la Ligue des champions qui débute dimanche 2octobre par un match

Samedi11 heures du matin. Un employémunicipal en sueur pousse le volumed’une mauvaise sono dans le but ina-voué de couvrir les cris d’adolescents

prépubères en manque de sport. Le zouk qu’el-le diffuse prend alors des allures de heavymetal dont les vibrations viennent de décro-cher la banderole du Forum des associations.Elle pendouille bêtement dans l’air surchaufféde ce gymnase dont la climatisation sembleavoir rendu l’âme.

Putain de forum ! Mais on n’a pas le choix.

Faut bien qu’il fasse du sport. Ça fait pratique-ment un an que j’attends ce rendez-vous pourinscrire mon fils à un sport. N’importe lequel,mais pas du foot.

Le foot, on a arrêté, il y a près d’un an juste-ment. A la fin du premier entraînement, jel’avais retrouvé dépité, assis seul sur le bancde touche. Je me précipite vers lui et luidemande ce qui ne va pas. Il me répond : « Ilss’entraînent aux têtes, et tu m’as interdit d’enfaire. »

Je suis donc la seule mère à faire le lienentre le fait de se taper la tête dans un ballongonflé à bloc et l’incapacité de certains footbal-leurs à établir les connexions neuronales suffi-santes pour répondre aux questions de journa-listes sportifs ayant eux-mêmes subi quel-ques entraînements de tête ? Dois-je attendreque mon fils s’exprime avec la syntaxe d’unRibéry?

Je me calme un instant, le temps d’écoutermon garçon me décrire son embarras quand ila dû expliquer à son coach, qui n’avait visible-ment rien contre les têtes, qu’il ne voulait pasdevenir débile à son tour.

En voyant l’œil noir de l’entraîneur, j’ai com-pris que mon fils n’avait certainement pas sutrouver les mots.

On est restés là, sur ce banc mouillé, à atten-dre la fin de l’entraînement. A côté de nous,un papa nous a confié son envie de voir sonfils entrer au PSG. Je me souviens de la lueur

d’espoir qui brillait dans ses yeux en imagi-nant que sa progéniture puisse un jour réali-ser pour lui son rêve le plus fou : jouer à laconsole vidéo dans une voiture de sport en pal-pant les tétons siliconés d’une blonde trèsbien refaite.

Je tente une ultime médiation avec l’entraî-neur. Mais j’ai beau citer Thuram et lui parlerde mes amis footballeurs, rien n’apaisera ladouleur de ce serviteur blessé dans l’exercicede sa mission « éducative-au-service-des-valeurs-du-sport ». Après la génuflexion quiconvient devant l’évocation de Pierre de Cou-bertin, nous nous sommes éclipsés en nousdemandant si le baron aurait été pour oucontre les entraînements au jeu de tête. Vastedébat…

C’est là qu’on a décidé d’arrêter le foot et dese lancer à la recherche d’un sport qui laisseune chance à mon enfant de prononcer unephrase avec sujet, verbe et complément sansavoir à se tourner vers un attaché de presseayant lui-même arrêté ses études en fin de 5e.

Nous voilà donc coincés devant le clubcolombophile, que mon fils s’obstine à igno-rer, en espérant avoir une chance d’atteindrele stand basket. Va pour le basket. Je remplis lafiche d’inscription…

Au moment de signer, je marque un tempsd’hésitation. Mon fils lève les yeux vers moi etme dit mécaniquement : « Oui, je sais, pas deballon sur la tête. » p

C H R O N I Q U E

Sophia AramHumoriste

Guillaume Perrier

Istanbul, correspondant

R arement un match de football du cham-pionnat turc n’avait fait couler autantd’encre et de salive. L’intérêt de la ren-

contre qui opposait, le 20 septembre, la grandeéquipe stambouliote de Fenerbahçe au modes-te club de Manisaspor n’était pourtant pas surla pelouse. Ce soir-là, le spectacle était ailleurs.Tous les regards, sauf peut-être ceux de l’arbi-tre, étaient tournés vers les travées.

Parmi les 41 000 supporteurs jaune et bleude Fenerbahçe, pas un homme ! L’accès au sta-de leur était interdit. A leur place, on avait invi-té plus de 40 000 femmes et enfants de moinsde 12 ans, qui ont encouragé leur équipe com-me un seul homme. Les images de ces suppor-trices bariolées ont fait le tour du monde et laplupart des commentateurs, enivrés par ce« parfum de femme », ont annoncé « la fin del’hégémonie masculine dans les stades», voireun remède miracle contre la violence qui gan-grène les stades turcs. L’opération séduction afonctionné au-delà des espérances pour Fener-bahçe, qui patauge dans une affaire de mat-ches truqués et dont le président est en prison.

On en aurait presque oublié que le clubétait sous le coup d’une sanction. Les Canarisdevaient, à l’origine, jouer à huis clos. En juillet,les supporteurs en furie avaient envahi le ter-rain en plein match, mais la fédération turque aaccepté de commuer la peine en un match sanshommes – enfin presque, car quelques petitsmalins travestis, coiffés d’une perruque oud’un voile, avaient réussi à s’infiltrer dans ceharem footballistique. 40000 femmes autourdu terrain constituent une peine suffisante,devaient penser les hautes instances.

« Nous ne sommes pas des femmes,nous sommes des supporteurs »

Ce Fenerbahçe-Manisa a pourtant été toutsauf un « match de gonzesses ». Sur le terrain,d’abord, où les joueurs ont été à la hauteur deleur réputation hormonale. Un défenseur deManisa a reçu un carton rouge pour avoir fau-ché son adversaire, quelques minutes aprèslui avoir jeté le ballon en pleine figure. « Nousprenons notre tour de garde, messieurs»,annonçait, très martial, un écriteau brandidans les tribunes par une jeune Turque.« Nous ne sommes pas des femmes, nous som-mes des supporteurs », affichait même unebanderole dans le virage. Dans la Turquie

d’Atatürk, le football est tellement enracinédans la culture que les femmes ne sont pasmoins supporteurs que leurs congénères del’autre sexe. Chauvinisme, mauvaise foi etquolibets font aussi partie de leur panoplie. Ilsuffisait pour s’en convaincre de voir lesregards mauvais lancés à une spectatrice quiavait eu le mauvais goût de venir avec unmaillot de Galatasaray, le grand rival d’Is-tanbul. Au cours de la seconde mi-temps, lesmêmes supportrices de charme ont entonnédes ritournelles à base de noms d’oiseauxcontre l’équipe de Trabzonspor, ce qui, ironiede l’histoire, pourrait valoir au club une nou-velle sanction de la fédération.

L’exclusion des hommes ne règle en rien laviolence dans les stades. « C’est contre-produc-tif, estime Ahmet Talimciler, sociologue dusport à l’université d’Izmir. Vous supprimez lasanction, mais vous continuez à punir ceux quin’y sont pour rien.» On peut aussi se demanderce qui empêcherait des femmes de se livrer àdes actes de hooliganisme, de jeter des piles etdes bouteilles sur les arbitres ou de préjugerdes mœurs sexuelles du gardien de but adver-se. Il y a un an, la police turque avait trouvé descouteaux dans les soutiens-gorge de supportri-ces avant un match de deuxième division. p

Mirage dansla baie des Anges

Coup detête

Samedi 1er octobreRugby Le rugby est parfois bien prévisible. En Coupe dumonde, l’Australie va battre la Russie (4 h30, France 2 etCanal+); la France, les Tonga (7heures, France 2 et Canal+) ; etl’Angleterre, l’Ecosse (9 h30, TF1). Mais le rugby est parfoisbien indécis. On attendra donc la fin de Toulouse (champion2011)- Clermont (champion 2010), en clôture de la 6e journéedu Top14, pour vous en donner le résultat (16 heures, Canal+Sport).Football Le Havre-Nantes (14h30, Cfoot) ; Dijon-AC Ajaccio(19heures, Foot+). Attention, un match de Ligue2 se cache par-mi ces deux affiches. Lequel est-ce? (PHOTO : AFP)

Handball Coup d’envoi de la Ligue des champions pourChambéry face au FC Barcelone. Malheureusement pour lesSavoyards, à Barcelone, les handballeurs sont aussi agiles avecleurs mains que les footballeurs avec leurs pieds : les Catalanssont les tenants du titre (16 h15, Sport+).

Dimanche 2Rugby La Lune sera ovale dans la nuit de samedi à diman-che, et les mordus de rugby vont devoir ingurgiter des jarresde café: Argentine-Géorgie (2heures, France 2 et Canal+), Nou-velle-Zélande - Canada (4 h30, France 2 et Canal+), Pays de Gal-les-Fidji (7heures, TF1), Irlande-Italie (9 h30, TF1).Football S’il vous reste un peu de forces après tant demêlées nocturnes, ces chocs footballistiques devraient vousachever: Tottenham-Arsenal (17heures, Canal+ Sport), Juven-tus-AC Milan (20h 45, Canal+ Sport), ou PSG-Lyon (21heures,Canal+).Handball Montpellier lance son offensive européenne enLigue des champions. Première victime: l’équipe espagnolede Leon (17heures, Sport+).Hippisme S’il ne faut regarder qu’une course de chevauxpar an, c’est celle-ci : le 90e Qatar Prix de l’Arc de triomphe àl’hippodrome de Longchamp, qui ne s’appelle pas encore leQatar hippodrome de Longchamp (15 h50, France 3).

Lundi 3Tennis Début du Tournoi de Pékin.

Mercredi 5Cyclisme Début du Tour de Pékin.

Jeudi 6Handball «Charpy »: c’est le nom de la salle dans laquelleIvry accueille Montpellier (4e journée de D1). C’est aussi l’étatdans lequel les Ivryens devraient finir le match face à l’ogredu championnat (20 h45, Canal+ Sport).

Vendredi 7Football France-Kazakhstan chez les Espoirs, qui songent àl’Euro 2013 (16 h45, Direct 8), avant France-Albanie chez leursaînés, qui rêvent d’Euro 2012 (20 h45, TF1).

Basket Après l’euphorie de l’Euro, retourà l’ordinaire. Premiers entre-deux de laProA : Dijon-Nancy (20heures, Sport+) etHyères-Toulon- Pau-Lacq-Orthez. (PHOTO :

GETTY IMAGES/AFP)Hockey sur glace Les joutes noc-

turnes du Mondial de rugby vousmanquent ? Compensez avec cellesde la NHL, le championnat nord-américain de hockey sur glace,dont la saison démarre. Le cham-pion en titre, Boston, accueillePhiladelphie. La meilleure équi-pe de tous les temps, Mon-tréal, reçoit Toronto (Internet,

1 heure).

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SPORT & FORME À V O S M A R Q U E S

Les touristes qui profitent de l’été indien, dansla baie des Anges à Nice, n’ont pas rêvé. C’estbien un catamaran de course qui naviguaittout près de la cité azuréenne, le 29 septembre.Et pas pour n’importe quelle régate : une com-pétition en 9 actes réunissant sur des Extreme

40 (longs de 12 m) les meilleurs marins de laplanète, dont Terry Hutchinson, spécialiste del’America’s Cup, à bord d’Artemis Racing, ouJérémie Beyou, vainqueur de la Solitaire duFigaro 2011. Ils font escale sur la Côte d’Azurjusqu’au 2 octobre.p PHOTO : MARK LLOYD/LLOYD IMAGES

C’est le nombre de victoires d’affilée, sans

encaisser de buts, du Bayern Munich.

Dernière victime en date, Manchester City, le

leader du championnat anglais, terrassé 2-0

à l’Allianz Arena, le 27 septembre, en Ligue

des champions. Samedi 1er octobre, en

Bundesliga, Franck Ribéry et ses coéquipiers

tenteront, sur le terrain d’Hoffenheim,

d’obtenir un 11e succès et de conserver

leur cage inviolée.

L ’ H I S T O I R E

Tout sauf un match de gonzesses

Agenda

2 0123Samedi 1er octobre 2011

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Dates

The Longines Column-Wheel Chronograph www.long

ines.fr

CHRONOMETREUR OFFICIEL

RobbieDeans, le All Black passé à l’ennemiR U G B Y | L’entraîneurde l’équiped’Australien’a qu’uneambition: remporter le Mondial organisé dansson paysnatal,

laNouvelle-Zélande. Samedi1er octobre, les Wallabiesaffrontent la Russiepourune place enquarts definale

P O R T R A I T SPORT & FORME

Le coach des Wallabies,

Robbie Deans, lors d’une séance

d’entraînement avec ses joueurs,

le 27 septembre à Hanmer Springs.

GREG WOOD/AFP

Bruno Lesprit,Marie-Morgane Le Moël

Sydney (Australie),Wellington (Nouvelle-Zélande),envoyés spéciaux

Même à 52 ans, RobbieDeans a conservéune allure de gendreidéal: cheveux enco-re bruns, costumetiré à quatre épingles

recouvrant ses larges épaules, poigned’acier et sourire joyeux. Et alors que lesélectionneur de l’Australie demande desnouvelles des uns et des autres, en atten-dant que les journalistes autour de luisoient prêts, on en oublierait presque qu’ila une Coupe du monde de rugby à gagneren Nouvelle-Zélande. Au fond, RobbieDeans illustre l’image de ce sport commeon l’aime : loin des paillettes, et toujourspratiqué par des gentlemen.

En trois ans, l’entraîneur des Wallabies apresque fait oublier son arrivée controver-sée à ce poste. Pourtant, ce n’était pasgagné : Robbie Deans est néo-zélandais.Début 2008, il est devenu le premier coachétranger du XV australien grâce à uncontrat en or massif, renouvelé avant laCoupe du monde jusqu’à la fin 2013. « Jen’ai pas de problème lorsqu’on joue contreles Néo-Zélandais. J’ai fait mon choix »,expliquait-il au Monde juste avant ledébut du Mondial. Si, au début, les Austra-liens pouvaient craindre que le nouveautechnicien ne puisse totalement sedévouer àune équipe qui fut longtemps sarivale, il a été depuis presque totalementadopté. Son épouse et ses trois enfantsl’ont rejoint en Australie, où il a mêmegagné un surnom typiquement aussy :«Dingo Deans».

Avant de faire faux bond aux Kiwis enfilant chez les Wallabies, Deans s’étaitd’abord illustré sur l’île du sud de la Nou-velle-Zélande, dans la région de Christ-church, terre de rugby privée de matchesde Coupe du monde en raison du tremble-ment de terre de février. Son grand-oncle,Bob Deans, mort à l’âge de 24 ans, avait étéun All Black au début du XXe siècle et unjoueur de la province de Canterbury. Lui-même portera ces couleurs de 1979 à 1990etjouera cinq test-matchessous le fameuxmaillot noir entre 1983 et 1985. RobbieDeans a par ailleurs pris part, en 1986, à latournée des Cavaliers en Afrique du Sud,ces All Blacks qui passèrent outre l’avis deleur fédération leur demandant de ne pasaller jouer dans le pays de l’apartheid.

C’est aussi en dehors du terrain que cetarrière allait donner la mesure de sontalent. « Il savait déjà s’y prendre pour orga-niser la vie de l’équipe, par exemple organi-sernostransportsaveclessponsors»,sesou-vient John Ashworth, ancien All Black, quia joué avec Robbie Deans à une époque oùle rugby n’était pas encore professionnel.

Après avoir raccroché ses crampons,Robbie Deansdevint logiquement l’entraî-neur de Canterbury puis, à partir de 2000,celui des Crusaders, le XVd’élite de la pro-vince, pourvoyeur de All Blacks, dont l’ac-tuel capitaine, Richie McCaw. Sous sonautorité, l’équipe a remporté pas moins decinq titres de Super Rugby – la compéti-tion opposant les meilleurs clubs de Nou-velle-Zélande, d’Australie et d’Afrique duSud –, ce qu’aucun autre entraîneurn’avait accompli avant lui. Il a ensuite étél’assistant, à partir de 2001, du sélection-neur des All Blacks, John Mitchell, aveclequel il remporte deux tournois des Tri-Nations. Mais à la suite de la défaite contreles Wallabies lors des demi-finales de laCoupe du monde 2003, le tandem perd saplace au profit de Graham Henry, toujoursen poste.

Malgré ses glorieux faits d’armes, Rob-

bie Deans n’a en effet pas été choisi en2007 par la fédération néo-zélandaise, quiremet en jeu le mandat d’Henry après letraumatisant quart de finale perdu contrela France à Cardiff. Le titulaire est finale-ment reconduit, et les Australiens profi-tent de l’aubaine. « Il n’a pas été choisi pourdes raisons de politique maison, commen-te Spiro Zavos, spécialiste du rugby au Syd-ney Morning Herald. Deans était un ancienAll Black et un grand coach. C’est idiot de lapart des Néo-Zélandais de laisser partirchez leurs rivaux ce qu’on pourrait appelerleur “propriété intellectuelle”.»

« On pourrait croire qu’avoir été coachdes Crusaders allait me donner un avanta-ge sur les All Blacks, mais ce n’est pas le cas.Avec les vidéos, tout le monde peut voircomment une autre équipe joue, de toutefaçon», constate Robbie Deans.

A peine arrivé, il a considérablementrajeuni le XV australien. Une générationexceptionnelle s’est épanouie, incarnéepar les demis Quade Cooper et Will Genia.« Ce sont de jeunes joueurs mais ils jouentbien, et ils sont en train d’amasser beau-coup d’expérience », se félicite Deans, trèsattentif au comportement en dehors duterrain. Le brillant James O’Connor, quiavait omis d’apparaître lors d’une annon-ce officielle de l’équipe, l’a appris à sesdépens: il s’est retrouvé suspendu lors dela «finale » du Tri-Nations fin août.

Après deux années difficiles, marquéespar la pire raclée subie par le rugby austra-lien(un53-8 contrelesSpringboks, àJohan-nesburg), les succès ont été au rendez-vous. La conquête du tournoi des Tri-Nations, qui échappait aux Wallabiesdepuis une décennie, les a même placés enfavorispourla Coupedumonde.« L’impor-tant, c’est la consistance, insiste le prudent

Robbie Deans. Toutes les équipes sont dan-gereuses. Lorsqu’on commence à regarderun adversaire de haut, c’est là qu’on perd. »On ignore si les Australiens ont toisé lesIrlandais, mais ils ont bel et bien étébattus,à la surprise générale, le 17 septembre àAuckland.

Leur cote a subitement pâli, même s’ilsdevraient se qualifier pour les quarts definale après leur dernier match face à lamodeste Russie, samedi 1er octobre. Et

Deans, qui rêvait secrètement de prendresa revanche sur Graham Henry en finale,pourrait rencontrer les All Blacks plus tôtqueprévu, dès les demies –à conditionqueles Wallabies se débarrassent préalable-ment des Springboks. « Je n’aurai aucunpincement au cœur, affirme, quoi qu’il ensoit, « Dingo Deans ». Si les All Blacks per-daientfaceauxWallabies, jepensequejeris-que de ne plus être le bienvenu en Nouvelle-Zélande. Mais c’est pour le jeu. » p

Enpèlerinage àChristchurch

« C’est idiot de la part

des Néo-Zélandais de laisser

partir chez leurs rivaux

ce qu’on pourrait appeler leur

“propriété intellectuelle” »

SPIRO ZAVOSjournaliste au « Sydney Morning Herald »

Avant d’affronter la Russie, samedi 1er octobre, Robbie Deans a emmené ses joueurs,mercredi 28septembre, en pèlerinage à Christchurch, le berceau du rugby allblacks. Le 22 février, la deuxième ville de Nouvelle-Zélande, sur l’île du sud, avait étéravagée par un séisme tuant 181 personnes. En raison des dommages matériels,notamment sur les infrastructures hôtelières, la ville a dû renoncer à accueillir desmatches de la Coupe du monde. L’entraîneur néo-zélandais de l’Australie entretientune relation particulière avec Christchurch où réside toujours une partie de safamille. Robbie Deans étudiait au Christ’s College de la ville avant de jouer, puisd’entraîner, quelques années plus tard, les Canterbury Crusaders, le club phare de laville et de la région. « C’est une marque de respect», a déclaré Robbie Deans pourexpliquer la visite des Wallabies à Christchurch.

1959Naissance le 4 septembreà Cheviot, en Nouvelle-Zélande.

1979Arrière de l’équipe de la provin-ce de Canterbury jusqu’en 1990.

1983Premier match avec lesAll Blacks, contre l’Ecosse.

1997Entraîne le XV de la province deCanterbury jusqu’en 2000.

2000Entraîne l’équipe des Crusadersjusqu’en 2008.

2008Entraîneur de l’équipe nationa-le d’Australie.

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Christophe Donner

Pour mériter le titre de « jument du siè-cle», Goldikova a remporté ce qu’aucunpur-sang au monde n’a jamais rempor-té: 17 victoires, parmi lesquelles, exploitimpensable, trois fois la Breeders’ CupMile, la plus grande course américaine.

Dimanche 2 octobre, dans le Prix de la Forêt, elle feraprobablement ses adieux au public français, à 6ans etaprès une carrière exceptionnellement longue. Défai-te ou victoire, ce qu’on attend surtout c’est de savoir sisa petite demi-sœur Galikova est capable de rempor-ter, quarante-cinq minutes plus tard le Prix de l’Arc deTriomphe. Cette course mythique, Goldikova ne l’ajamais courue, la distance de 2 400 m étant trop lon-guepourelle.Lameilleure jumentdu mondene dispu-tera jamais la plus grande course du monde.

En revanche, totalement différente de sa grandesœur, morphologiquement et mentalement, Galiko-va a les moyens de remporter cette course dès sa pre-mière participation. Mais il faudra qu’elle coure enco-

re longtemps pour égaler le palmarès de Goldikova,véritable légende vivante du turf.

Goldikova a rapporté plus de 4,6 millions d’euros,ce qui ne représente guère plus d’un millième de lafortune de ses propriétaires, les frères Alain et GérardWertheimer. Nous aurions bien aimé en savoir plussureux, mais, tenus àun devoir de réservepar les mar-ques de leur empire (Chanel, Eres, Rauzan-Ségla, LaMartinière), les Dupont et Dupond du turf ne parlentjamais de leur passion commune, les courses. Depuistrente ans, la huitième et la huitième fortune de Fran-ce traversent les pesages du monde entier, tels des clo-nes inséparables, inabordables et silencieux, interdi-sant aussi à la presse d’approcher leurs chevaux.

Et quand, par extraordinaire, transportés de joiepar la victoire, ils retirent leurs identiques chapeauxpour ouvrir la bouche, on n’est guère plus avancé :« Nous sommes ravis, c’est une pouliche exceptionnel-le, nous remercions toute l’équipe. » Je dirais mêmeplus, cher frangin : c’est une jument exceptionnelle.

Cette langue de bois qui confine à l’autisme, cegoût du secret qui vire à la paranoïa, cette supersti-tion qui fleure l’arrogance sont autant de symptômesde la mauvaise réputation que les courses ont gagnéeces dernières années. Une pudibonderie bien françai-se, en l’occurrence très injuste et oublieuse car c’estsur l’hippodrome de Deauville, en août 1923, que Pier-re Wertheimer est présenté à une certaine Gabrielle,dite Coco, Chanel, folle de courses elle aussi. Neufmois plus tard, ils créent les parfums Chanel.

Certes, le N˚ 5 de Mademoiselle existe déjà, maisson succès outre-Atlantique, la maison Chanel le doiten grande partie au premier crack de l’écurie : Epi-nard. L’animal est tellement impressionnant que leprésident du Jockey Club de New York lance un défi àses propriétaires : que leur Epinard vienne se frotteraux Popeyes du turf américain.

Il débarque en juillet 1924. Notre pur-sang de ban-de dessinée ne gagnera pas une seule des trois cour-ses du défi, mais il les perdra avec tant de panachequ’il deviendra le vecteur principal de promotionpour le parfum de la maison Chanel. Ce que Zidane,avec ou sans coup de tête, fut à l’eau de Volvic : unechance.

La saga de l’écurie Wertheimer commence en 1911,quand les deux frères, Pierre et Paul, déclarent leurscouleurs à la société des courses : casaque bleue, cou-tures, manches et toque blanche. C’est donc un sièclede passion hippique qui attend d’être couronnédimanche par les victoires de Goldikova et de Galiko-va, les deux filles de Born Gold.

Précisons, au risque de violer la vie privée dessœurs Wertheimer, qu’elles n’ont pas le même père.Celui de Goldikova, Anabaa, appartenait à Alec Head,et il était entraîné par sa fille Christiane Head, qui setrouve être la sœur de Freddy Head, lequel entraîneaujourd’hui Goldikova et Galikova.

C’est en 1949 que le destin de l’écurie Wertheimercroise celui de la famille Head, entraîneurs et jockeysde père en fils et filles depuis la nuit des temps hippi-ques. Ce croisement ne produira pas d’enfants maisdes poulains, des pouliches, avec une quantité fabu-leuse de victoires. Soixante ans de collaboration quin’ont pas été sans heurts et ont même connu quel-ques ruptures. La dernière en date avec ChristianeHead, il y a une dizaine d’années. « Criquette », com-me on l’appelle, est alors en désaccord avec le jockeymaison, Olivier Peslier. Elle n’aime pas sa façon demonter et encore moins l’autorité qu’il croit pouvoirexercer sur l’écurie : « C’est lui ou moi », menace-t-elle.

A la surprise générale, les Wertheimer décidentque le jockey restera. Il leur convient trop bien. Sansesbroufe, sans génie apparent, son style est sans dou-te le plus efficace du monde : celui qui consiste à ne

pas en avoir. Olivier Peslier ne monte pas à cheval, ilse glisse dans chacune des foulées de l’animal com-me une peau de chamois sur un meuble d’ébène. S’il aperdu des courses, c’est par douceur, et toutes cellesqu’il a gagnées ne semblent rien lui devoir. Modesteet gagneur, aujourd’hui âgé de 37 ans, il s’est finale-ment imposé comme le digne successeur de FreddyHead, qui fut le jockey de la maison pendant plus detrente ans.

Grand rival d’Yves Saint-Martin, Freddy Headprend sa retraite de jockey en 1997 pour devenirentraîneur, comme il y était prédestiné. Il remplacedonc sa sœur fâchée au pied levé et entraîne les che-vaux dont il a monté et fait triompher les arrière-grands-parents. Il les connaît mieux que personnepuisqu’il les a faits. C’est un avantage dont il lui suffit

de se montrer digne. Mais si dans ce métier on peutpartir avec toutes les chances de son côté, à un certainmoment il faut aussi faire ses preuves. La premièrepreuve, c’est Goldikova. La seconde pourrait êtreGalikova.

Tout avait bien commencé pour elle. En 2007, âgéede 2 ans, elle remporte deux victoires à Chantilly.Mais après l’hiver, alors qu’on est certain dans l’écu-rie de tenir en elle une championne, Goldikova tom-be sur un os : Zarkava. L’implacable phénomène del’Aga Khan lui rend deux longueurs dans la Poule desPouliches et quatre dans le Prix de Diane. Du coup,elle ne l’affrontera plus, mais remportera ce qu’il y ade mieux sur 1 600 m. Laissant à sa rivale le Prix de

l’Arc de triomphe 2008, Goldikova triomphe à SantaAnita (Californie) dans la Breeder’s Cup.

2009 est une année de rêve pour Goldikova, aveclesFalmouth Stakes àNewmarket, une seconde victoi-re dans la Breeder’s Cup, aux Etats-Unis, et cetteannonce inespérée : Goldikova restera à l’entraîne-ment l’année suivante.

D’ordinaire, une jument d’une telle valeur auraitdéjà donné naissance à une créature vendue plu-sieurs millions d’euros à Deauville. Mais les Werthei-mer ne sont pas des gens ordinaires. Comme encontrepoint à leur obsessionnelle discrétion, leurchampionne devient une star internationale, unsujet de fierté patriotique. Aidés par une presse hippi-que attendrie, les propriétaires réussissent à fairepasser leur soif de victoires pour un acte de générosi-té envers le public. Il est vrai que prolonger la carrièrede cette jument historique représente un pari fou,comme les turfistes les aiment, surtout quand ilssont gagnés.

Seulement voilà, devenue une diva, elle en a aussiles caprices : elle ne veut plus entrer dans les boîtesde départ. On lui met un bonnet, elle devient folle,elle éjecte son jockey, ça devient dangereux, les cos-tauds pousseurs doivent littéralement la porter dansla stalle.

Reclus dans ce domaine de Chantilly qui ressembleplus à un couvent qu’à un centre d’entraînement, lespur-sang surprotégés développent des phobies à toutet n’importe quoi. Ils ont peur des feuilles qui ne tom-bent pas au bon endroit, des hommes de piste qui segrattent le nez à contretemps.

On a beau aimer Goldikova, il ne faudrait pas queles faveurs qu’on lui accorde constituent une impoli-tesse à l’égard de ses adversaires. Et puis, à force des’énerver, elle risque de perdre des forces.

On fait alors venir l’exorciste de Saumur, NicolasBlondeau, un dresseur de chevaux habile qui, en quel-ques minutes, règle le problème. Et les victoires s’en-chaînent, de plus en plus stupéfiantes. Jusqu’à l’ex-ploit de sa carrière, cette 3e Breeder’s Cup, remportéeen 2010devant les 70000spectateurs ahuris de Chur-chill Downs (Kentucky). Ils seront presque aussi nom-breux à Longchamp dimanche, pour voir une derniè-re fois celle dont le palmarès ne sera probablementjamais égalé. p

SPORT & FORME R É C I T

HautsgalopsGoldikova, la «jument dusiècle»,a une petite sœur

qui veutl’imiter, Galikova. Dimanche2octobre, lacadette courtsonpremier Arcdetriomphe quandson aînéedispute sansdoutesondernier Prix de laForêt. Un couronnement pour

l’écurieWertheimer qui célèbre centans depassion hippique

Olivier Peslier

ne monte pas à cheval,

il se glisse dans chacune

des foulées de l’animal

comme une peau de chamois

sur un meuble d’ébène

Goldikova

h i p p i s m e

Père Anabaa.

Mère Born Gold.

Naissance Le 15 mai 2005.

Courses 25.

Victoires 17.

Gains 4 837 120 euros.

Entraîneur Freddy Head.

2007 Première victoire à Chantilly,dans le Prix de Toutevoie, montéepar Olivier Peslier.

2008 Remporte le Prix Rothschild,à Deauville, montée par Olivier Pes-lier, et la Breeders’ Cup, à Santa Anita(Californie), avec le même jockey.Sacrée meilleur cheval d’âged’Europe.

2009 Remporte les Falmouth Sta-kes à Newmarket (Grande-Bretagne),le lendemain de la mort de son père,Anabaa.

2010 Remporte les Queen AnneStakes à Ascot et bat le record des13victoires, et s’offre sa 3e Breeders’Cup, à Churchills Downs (Kentucky).

2011 Remporte son 4e PrixRothschild à Deauville, toujoursmontée par Olivier Peslier.

4 0123Samedi 1er octobre 2011

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Galikova

R É C I T SPORT & FORME

j

Goldikova à l’entraînement,

mardi 27 septembre.

k

Les sœurs Wertheimer, Goldikova

avec son licol bleu, la jeune Galikova

et son lad en arrière-plan.

K

Olivier Peslier doit monter Galikova

dans le Prix de l’Arc de triomphe.

PHOTOS VINCENT LELOUP/FEDEPHOTO POUR « LE MONDE »

LE QATAR n’investit pas seule-ment dans le football (40millionsd’euros pour le rachat du Paris-Saint-Germain, cet été). Le petitémirat du golf persique s’impli-que aussi dans les courses (50mil-lions d’euros sur les dix prochainsPrix de l’Arc de triomphe).

Le Prix de l’Arc de triomphe,créé en 1920, doit son titre de plusgrande course du monde en par-tie grâce au sponsoring qui lui apermis d’en faire une des épreu-ves les plus richement dotée. En1935, c’est la Loterie nationale quifinance et organise un tirage spé-cial, un sweepstake. La participa-tion de la Loterie nationale s’ame-nuise au fil des ans, et la réputa-tion de la course suit le déclin.Mais en 1982 la chaîne hôtelière

Trusthouse Forte, alors propriétai-re du Plaza Athénée et du Geor-ge-V, s’engage pour six ans etredonne du lustre à l’épreuve. Ellepasse le relais en 1988 à la chaîned’hôtels de luxe Ciga, qui inaugu-re une singulière forme de finan-cement: le sponsor accorde à lasociété des courses ce que sonactionnaire, l’Aga Khan, est sus-ceptible de récupérer en cas de vic-toire de son cheval.

A partir de 1999 et pendantprès de dix ans, Lucien Barrière etses casinos vont assurer le finance-ment de la course, qui est deve-nue un must médiatique: plus de1milliard de téléspectateurs.

Depuis 2008, c’est le Qatar qui apermis au Prix de l’Arc de triom-phe de revenir en bonne place par-

mi les courses les mieux dotéesdu globe. En offrant 4millionsd’euros d’allocations, dont 2,3mil-lions d’euros au vainqueur, leQatar a largement contribué à atti-rer à Longchamp les meilleurs spé-cialistes mondiaux de la distance,qu’ils soient japonais, allemandsou, bien sûr, anglais.

Il est par ailleurs question queles Qataris financent en partie lestravaux de reconstruction de l’hip-podrome de Longchamp (75mil-lions d’euros, début des travauxprévu en 2013). Les rumeurs lesplus folles ont couru à ce sujet etles protestations s’élèvent à l’avan-ce contre ce projet qui, selon cer-tains, aliénerait le patrimoinefrançais. A suivre. p

C. D.

LesQataris misentdes millionssurlePrix del’Arc detriomphePère Galileo.

Mère Born Gold.

Naissance 21 mai 2008dans le Calvados.

Courses 7.

Victoires 5.

Gains 499 890 euros.

Entraîneur Freddy Head.

2010 Remporte le Prixde la Cascade à Longchamp,montée par Olivier Peslier.

2011 Deuxième du Prixde Diane à Chantilly,victorieuse au PrixVermeille à Longchamp.

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Rémi Dupré

Lorsque, le 12 mai, ses pro-ches lui rapportent qu’ilest le premier sportif fran-çais à s’être qualifié pour

les Jeux olympiques de Londres,Adrien Mattenet s’en amuse. « Aumoins, je savais que je ne serais pasle dernier à valider mon billet», iro-nise-t-il aujourd’hui. En se hissanten quarts de finale des Mondiauxde tennis de table à Rotterdam(Pays-Bas), le pongiste de 23ans apourtant réussi le pari d’intégrerle Top 30 de sa discipline. « Un anavant ma qualification, j’évoluaisà la 80e place du classement mon-dial», confie le Valdoisien.

A l’origine de cette impression-nante progression se camouflechez le jeune athlète un goût pro-noncé pour les séances d’entraîne-ment. Depuis quatre ans, AdrienMattenet s’échine quotidienne-ment dans les salles de l’Institutnational du sport et de l’éducationphysique (Insep), à Paris. « Travailde main, renforcement musculai-re, endurance, gestion psychologi-que des rencontres : je ne m’arrêtepas de la journée, décline-t-il.J’aime le jeu. Au point que mesentraîneurs m’interdisent de fairedes abdos supplémentaires. Ledimanche soir, il n’est pas rare queje profite clandestinement deslocaux de l’Insep. »

En s’infligeant ce rythme stakha-noviste, Adrien Mattenet s’est rapi-dement imposé comme la princi-pale figure du ping-pong français.Actuellement classé au 25e rangmondial, il estime être passé dustatut de « constructeur» à celui de«finisseur». «Avant, j’avais tendan-ce à faire durer l’échange au lieu detuer le point, explique-t-il. Désormais, je fais de meilleurs choix.»Cette transition s’est opérée depuis son arrivée à l’Insep. En quit-tant Beauchamp (Val-d’Oise), le club qu’il fréquente depuis l’âgede 6 ans, le pongiste a épousé les contraintes du haut niveau. Ilabandonne alors ses études de mathématiques pour se « consa-crer pleinement» à sa discipline. Sélectionné en équipe de Fran-ce depuis 2007, Adrien Mattenet multiplie par ailleurs les com-pétitions avec le club de Pontoise-Cergy. «J’ai choisi de taper àl’année dans cette balle blanche, sourit-il. C’est mon métier.» Surle chemin du professionnalisme, Adrien Mattenet s’est égale-ment doté d’une «team ». «Agent, sponsors, entraîneurs: je veuxdéléguer au maximum », se justifie le jeune homme.

Le Valdoisien, qui se souvient avoir tenu ses premières raquet-tes du temps des trophées olympiques de Jean-Philippe Gatien,se délecte de l’échéance londonienne. «Devant mon téléviseur,j’encourageais les pongistes tricolores lors du tournoi d’Atlanta [àl’été 1996] », se rappelle-t-il. « La France n’a jamais remporté demédaille d’or olympique en tennis de table. Pour les Jeux, je n’aipas d’objectif précis»,poursuit le Français, qui, en dépit de sa pro-gression, aura du mal à rivaliser avec les favoris asiatiques.Adrien Mattenet reconnaît être « fasciné» par le concept olympi-que. «L’esprit de l’épreuve me plaît. A Londres, chaque disciplineaura la même valeur.» A onze mois de la compétition, il ne son-ge qu’à « travailler ses revers et effets». Animé par l’obsessionquotidienne du jeu, de la table et de ses recoins. p

Adrien Mattenet,l’obsessionde la balle blanche

Le pongiste valdoisien de 23 ans, inconnudu grand public, est le premier sportiffrançais qualifié pour les Jeux de 2012

Claudia Courtois

Lège-Cap-Ferret (Gironde), envoyée spéciale

Sur la plage du Grand-Crohot, lespot bien connu des surfeursgirondins et des physalies – cesespèces de grosses méduses quiont effrayé les touristes cet été –,une quinzaine de gamins

essaient de prendre la vague. En cette mati-née de fin septembre, le soleil a décidé defaire le beau, le thermomètre hisse son mer-cure vers les 26 ˚C et les vagues se font despermanentes de couleur vert émeraude.Pour une partie de ces enfants, venus de lapetite école privée de Saint-Michel,un quar-tier populaire de Bordeaux, le surf est unegrande première. « Chaque année, nous fai-sons découvrir à certains gosses l’océan,pourtant si familier pour nous, à seulement50 km de Bordeaux, explique Coralie Lur-cin, la directrice de ce groupe scolaire quiaccueille de nombreux enfants en difficul-té. C’est toujours une grande émotion. »

Ce mercredi, Sarah, 12 ans, sa sœur Méga-ne, 10 ans, et son frère Chris, 11 ans, arrivésen catastrophe de Côte d’Ivoire, décou-vrent l’océan Atlantique et le surf avec unmoniteur de l’école du Cap-Ferret. « Je vou-drais bien revenir », dit Mégane, encore tou-te mouillée et émue, dans sa combinaison.

Un peu plus loin, une vingtaine d’autresenfants s’égaillent comme des poussinssur la plage autour de Benoît Rambeau, unanimateur hors pair pour attirer l’atten-tion des plus jeunes et faire passer des mes-sages essentiels. Pendant une heure trente,avec Nicolas Harriet, un guide naturalisted’une association de défense de l’environ-nement local (Cap Termer), les jeunes vontapprendre la vie et les secrets de l’océan,des dunes et de la forêt, le triptyquegagnant mais fragile du littoral aquitain.

Au total, 36 enfants, de la grande sectionde maternelle au CM2, sont venus passer la

journée au bord de l’océan, sous la houlet-te de leurs institutrices et de Surf Inser-tion. « C’est la seule association en Francequi propose le surf aux enfants démunisdes villes et des campagnes n’ayant pasaccès à ce sport », explique Jean-Luc Aras-sus, le président de la Fédération françaisede surf (FFS). Reconnue depuis dix ans parl’Agence pour l’éducation par le sport, SurfInsertion fait aussi dans l’écocitoyenneté.« Tu prends la vague, tu donnes à la natu-re », aime rappeler la petite équipe (troispersonnes).

A chaque sortie surf, les jeunes doiventainsi participer à des ateliers de sensibilisa-tion à l’environnement. C’est le ramassagedes déchets sur le sable ou l’opération« mégots des plages » avec distribution decendriers, en fait des emballages de filmsd’appareils photo. C’est aussi le nettoyagede la réserve naturelle d’Arès envahie par lebaccharis, une plante buissonnante invasi-ve. C’est encore la création par des collé-giens de panneaux d’affichage sur la fragili-té des dunes. Ces panneaux sont désormaisplantés sur neuf plages d’Aquitaine, dont leGrand-Crohot. Les jeunes s’investissentaussi dans la création de nichoirs à mésan-ges ou la rénovation de vieux bateaux.

Depuis quatorze ans, Hassan El-Houlali,la cinquantaine, président-fondateur deSurf Insertion et membre du comité direc-

teur de la FFS, a fait sienne cette philoso-phie : « Ne pas faire que de la performancesportive mais aussi créer du lien social, duplaisir et montrer que ce pays et ce patrimoi-ne sont aussi ceux de ces gamins, même si50% d’entre eux n’ont jamaisgoûté une huî-tre de leur vie. » Des conventions ont étésignées avec tous les clubs de surf de la côteaquitaine, et l’équipe de Surf Insertion tra-vaille avec d’autres associations ou structu-res comme Cap Termer, l’Office nationaldes forêts ou encore l’Office national de lachasse et de la faune sauvage. « Au départ,les clubs nous regardaient avec de grandsyeux, craignant de voir débarquer des jeu-nes sauvages des cités et de la campagne, sesouvient Benoît Rambeau, dit « BenBeach», le responsable des projets à l’asso-ciation. Aujourd’hui, ils les trouventmeilleurs que leurs élèves. »

Surf Insertion fait aussi découvrirl’océan à des structures d’animations socio-culturelles, à des établissements spéciali-sés type centre éducatif renforcé, institutséducatifs, thérapeutiques et pédagogiques(ITEP) ou des foyers de la protection judi-ciaire de la jeunesse. Malgré un manque desoutien pérenne des pouvoirs publics, autotal 3 000 enfants prennent chaque annéela vague, d’avril à novembre, de Soulac, enGironde, à Hendaye, dans le Pays basque. Ladémarche a été exposée à la Fédérationinternationale de surf. Et des clubs à la Réu-nion et en Australie, notamment, ont déjàrepris le concept, assure Hassan El-Houlali.

Lestés de coquillages, d’algues séchées etde petits bouts de bois flotté dans lespoches, les élèves de Saint-Michel repren-nent, eux, le car, l’océan et la leçon bien entête. Comme le dit Youna, « même si on nesait pas le nom des plantes, au moins on saitqu’il ne faut pas les arracher ». p

Si vous voulez recevoir le soutien de l’Agencepour l’éducation par le sport, déposez votreprojet sur le site : www.apels.org

SPORT & FORME A V I S A U X A M A T E U R S

e n r o u t e p o u r l o n d r e s

« Montrer que ce pays

et ce patrimoine

sont aussi

ceux de ces gamins »HASSAN EL-HOULALI

président-fondateur de Surf Insertion

Surfattitudesur la plagedu Grand-Crohot

Le long de la côte aquitaine, une association bordelaise transmetà ses jeunes apprentis surfeurs les gestes du bon écocitoyen

Au Cap-Ferret,

des enfants

s’initient

au surf

et sont sensibilisés

au tri

des déchets.

RODOLPHE ESCHER

POUR « LE MONDE »

6 0123Samedi 1er octobre 2011

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À M O I D E J O U E R SPORT & FORME

Simon Roger

Tout acommencé parune discussionmatutinale, après le bouclage duquotidien. Quelques mots échan-gés avec un collègue sur les discipli-nes sportives émergentes. Et cettequestion désarçonnante : « Le rol-

lerski, tu connais pas ?» J’avais déjà entendu par-ler de streetsurf, de foot-tennis et d’autres curio-sités, mais le rollerski, non, je ne connaissaispas ! Et l’interrogation venant d’un journalistequi,commemoi,avaitbasculédanslaquarantai-ne, je ne pouvais me réfugier derrière un quel-conque argument générationnel, du genre :«C’est sûrement un truc de jeunes.»

Lelendemainmatin,unepairede skisàroulet-tes (on parle aussi de ski roues), de chaussures etde bâtons trônent près de mon bureau, tel uncadeau au pied du sapin de Noël. J’apprécie ladélicate attention mais informe mon collèguequ’une séance d’initiation ne figure pas parmimes priorités de la journée. « Pas de souci, lematériel est à moi. Essaye quand tu auras unmoment, à l’étage ou dans le parking du jour-nal.» Je lui fais remarquer que la moquette de larédaction n’est pas la surface la plus appropriéepour glisser en rollerski, pas plus d’ailleurs queles allées passantes où se garent les collabora-teurs du Monde. « Dans ce cas, fais-en ailleurs, tuverras, c’est super.»

Quelques matinées plus tard, me voici au siè-ge de la Fédération française de ski (FFS), à Anne-cy. J’ai rendez-vous avec Christophe Deloche,conseiller technique sportif et chef de l’équipede ski de fond à la FFS. « Le rollerski est un excel-lent moyen d’entraînement pour le ski de fond etle combiné nordique, explique le Savoyard. Unegrande majorité des pratiquants s’y adonnent enattendantl’hiver. »Dehors, le soleildeseptembredarde ses rayons sur le lac. La journée s’annoncelumineuse. Il n’en faudrait pas beaucoup pluspour me sentir en vacances et non en route pourun cours de ski à roulettes. Christophe inter-romptmesdivagations :« Tiens,enfiletout cela.»

Lapanopliecomprenddes chaussuresspécifi-ques, des genouillères, des gants et un casque.Alorsque jemechangedansleslocauxdelafédé-ration, sous le portrait du champion du mondede ski de bosses Edgar Grospiron, j’entendsqu’un athlète du groupe entraîné par Christo-phe Deloche s’est cassé le bras. C’est si dange-reux, le rollerski ? Il est lourdement tombé… àmoto, précise le technicien.

A peine rassuré, j’accompagne mon profes-

seur jusqu’à la piste cyclable toute proche. Unegrande boucle de 40 km qui borde le lac. Mais iln’est question ce matin que de quelques lon-gueursde bitume. Deux séances de trente minu-tes: un « bon début » selon Christophe. « Les pis-tes cyclables sont très appropriées pour pratiquerle week-end. De manière plus générale, il faut

choisir un terrain plat ou légèrement en pentepour travailler les cuisses, argumente le profes-sionnel. On peut débuter aussi sur un parking ety disposer de petits plots pour se familiariser avecles changements de direction.»

Chaque chose en son temps. J’en suis pour lemoment à mesurer la difficulté de chausser desrollerskis. La chaussure ne se clipse à la fixationdu ski que lorsque l’inclinaison du pied est cor-recte (45˚ environ). L’affaire se complique lors-

qu’on passe au second ski. Le plus simple est dedemander l’aide de quelqu’un ou de s’adosser àun muret ou à un arbre, pour ne pas finir sur lesfesses avant d’avoir esquissé son premier pas.

Autre subtilité de ce sport : il regroupe deuxtypes de skis à roulettes – ce qui suppose l’ap-prentissage de deux techniques distinctes – les« classiques » et les « skating ». Les premiers,munis de petites roues et d’un système anti-recul, sont plus stables et moins rapides que lesskating, qui présentent de grandes roues. Le par-fait néophyte se familiarisera sans doute plusvite avec des skis classiques, les modèles skatingconvenant en revanche mieux aux habitués duroller. Ce n’est pas mon cas. Je démarre donc parquelques longueurs de classique. La sensationde glisse est agréable. « Ce n’est pas trop casse-gueule ? », lance un passant intrigué par mesmouvements saccadés. « Vous ne portez pas decoudières? », insiste-t-il. La réponse à la premiè-re question ne tarde pas. Après avoir poussé unpeu fort sur les bâtons, je chute sur les fesses.

«C’est l’une des erreurs les plus courantes. Il nefaut ni chercher de grandes amplitudes ni troppousser sur les bâtons, intervient Christophe. Ilsrisquent de t’emporter alors qu’ils sont là pouréquilibrer le mouvement.» Vous auriez pu me ledire plus tôt ! « Le rollerski classique est une mar-che glissée, une jambe après l’autre, le haut ducorps légèrement penché en avant. Ce sont lesjambes qui doivent te propulser. »

L’arrière-train endolori, j’interroge le spécia-liste sur les bienfaits de cette discipline casse-

cou. « C’est très bon sur le plan cardio-vasculairepuisque cela développe l’endurance, s’efforce-t-ildemeconvaincre.C’estparfaitaussipoursemus-cler la ceinture abdominale et travailler l’équili-bre.» A condition bien sûr de chausser régulière-mentles rollerskis.«Deuxfoisparsemainesipos-sible, sans dépasser les quarante minutes audébut. » Un enfant peut s’y mettre à partir de10-12ans. Reste à trouver un club. « Le plus sim-ple est de contacter le comité régional de la FFS leplus proche », conseille le technicien.

« La pratique du skating est différente. Ellerepose sur un travail latéral qui se rapproche duroller ou du patin à glace», prévient Christophe,cette fois avant que je ne chausse les skis. Pas depitié pour celui qui ne maîtrise aucune de cesdeux disciplines (j’en fais partie). Il est impératifde mettre les pieds en canard pour espérer tenirdebout. Ensuite, il faut « entamer un mouve-mentdebalancier,d’une jambesur l’autre,enpre-nant au fur et à mesure un peu de vitesse ».

«Comment freine-t-on sur ces engins? », apos-trophe une passante, en route vers le lac. Ques-tion pertinente. Comme au ski, le plus efficaceest de freiner par un mouvement de carre, unefois les fondamentaux assimilés. En compéti-tion, les athlètes peuvent filer à 40 km/h sur leplat, jusqu’à 60 km/h en descente. « La Francecompte quelques belles pistes de ski à roulettes :Bessans, Arçons ou encore Premanon », confiemon professeur. Les pistes cyclables convien-nent aussi très bien. La prochaine fois, je viensau journal en skis.p

p r a t i q u e

RollerskisPlutôt petitesou grandes roues ?Plus discrets qu’une planche desnowboard, plus légers qu’unepaire de skis de piste, les rollerskissont faciles à transporter. Pasévident en revanche de s’enprocurer dans n’importe quelmagasin de sport. Vous trouverezvotre bonheur dans les enseignesspécialisées dans les pratiques demontagne. Il est égalementpossible de faire son shopping surle Web. Internet recèle des sitespour les accros du ski à roulettes :glissenordic.com,sportetneige.com, rollerski.fr…Dans ce cas, il faudra se munird’une boîte à outils à l’arrivée ducolis, pour percer le métal des skiset y visser les fixations. Le

fabricant One Way propose desskis classiques (petites roues) àpartir de 145 ¤, skating (grandesroues) à partir de 135 ¤. Compter340 ¤ pour une paire de skimontée (avec fixations) chezMarwe, environ 200 ¤ pour uneentrée de gamme d’une autremarque. Les fixations seulesnécessitent un budget d’unecinquantaine d’euros.

« Entamer un mouvement

de balancier, d’une jambe

sur l’autre, en prenant

au fur et à mesure

un peu de vitesse »CHRISTOPHE DELOCHE

conseiller technique sportif

Genouillères, gants et casquepour amortir les chocsLes chutes ne sont pas recommandées : l’asphalte risque de faireplus de dégâts (fesses, genoux, mains) qu’un tapis de neige toutefraîche. Mais elles ne sont toutefois pas à exclure. Alors mieux

vaut s’en prémunir en adoptant la tenue du parfait débutant.L’attirail sera variable selon votre budget et votre part detémérité. Les genouillères sont utiles mais peuvent gêner laprogression lors de longues sorties à rollerskis. Les

coudières sont facultatives elles aussi. Il est imprudent enrevanche de se passer de gants, d’autant que les

lanières des poignées de bâtons irritentsouvent la peau. Le port du casque est, lui,

indispensable. Mais inutile de casser satirelire pour arborer le modèle le plus

hype. Un casque de vélo standard feratrès bien l’affaire. Gants Barnett19,90 ¤ (en vente surbarnettsports.com). CoudièresPowerslide (Decathlon) 9,95 ¤.Casque Airwalk (Go Sport) 19,99 ¤.

ChaussuresUn bon maintienet un peu de souplesseLe rollerski se pratique avec deschaussures de ski de fond. Et,comme au ski de fond, une partiedu matériel dépend du choix de latechnique adoptée. Autrementdit, si vous optez pour le rollerski«classique », il vous faudra desskiroues, des fixations et deschaussures adaptés à cettepratique. Si vous penchez pour laversion « skating », vos skis,fixations et chaussures devrontêtre estampillés skating.Les chaussures classiques sontsouples pour favoriser lesmouvements du piedavant-arrière. Les modèles skatingsont plus rigides et pluscouvrants. Il existe aussi des

chaussures polyvalentes,compatibles pour les deux typesde glisse. Modèle Pro Combi Pilotde la marque Salomon : 160 ¤ ;chaussures X10 Skate del’équipementier Rossignol :199,95¤.

BâtonsUne affaire de pointeLa particularité des bâtons derollerskis? Ils se terminent parune pointe métallique, bienaiguisée, afin d’accrocher legoudron de la piste. Il estd’ailleurs conseillé de vérifierrégulièrement l’état de cespointes et de les changer en casd’usure excessive. Autre conseil :mieux vaut éviter de prendre desbâtons trop grands qui risquentd’entraver les mouvements, leurfonction principale étantd’accompagner le geste du skieur.Un homme de 1,80 m choisira unetaille de bâtons de l’ordre de1,52m en skating, d’environ 1,57 men classique. Bâtons de skinordique autour de 20 ¤.(PHOTOS : DR)

Un skieur dans lavilleImpatient de renouer avec les plaisirs

de la glisse, notre reporter a chaussé des rollerskis.Idéal pour travailler les cuisses et l’endurance.

Mais gare aux chutes!

ILLUSTRATION : JEAN-MANUEL DUVIVIER

Coupe du monde de rollerski,

le 26 septembre 2010, sur

le port de Thessalonique.

NIKOLAS GIAKOUMIDIS/AP

70123Samedi 1er octobre 2011

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SPORT & FORME E N T R E T I E N

Propos recueillis parHenri Seckel

Considérécomme lemeilleur joueur du mon-de, Nikola Karabatic, 27 ans, incarne la muta-tion du handball français : un sport plus fort,plus riche, plus professionnel. A la veille dupremier match de Ligue des championscontre les Espagnols de Leon, dimanche

2octobre, le capitaine de Montpellier et meneur de jeu del’équipe de France se confie au Monde.

Champion de France depuis 2008, Montpellier n’a en

revanche remporté qu’une fois la Ligue des champions,

en 2003. Cette année, votre équipe a-t-elle les moyens

de rééditer cette performance?

Cesdeuxdernièresannées, sinousn’avionspasétéhan-dicapéspardesblessures,nousaurionsaumoinsdûtermi-nerdanslederniercarré. Onpeaufinel’équipe,onl’amélio-re chaque année. On ne veut pas seulement aller au FinalFour, on veut gagner la Ligue des champions. Et si nous n’yparvenons pas cette saison, nous y arriverons la suivante.

En championnat, on ne se demande plus si vous serez

champions, mais plutôt si vous perdrez un match…

Si on peut ne pas perdre un seul match, on le fera. Maisle championnat de France, ce n’est pas le championnat deSlovénie. On se méfie de tout le monde. Chambéry estnotre concurrent direct, mais Saint-Raphaël, Dunkerque,Nantes et Ivry se sont renforcés. Montpellier est attendupartout et ça devient dur de gagner à l’extérieur. Mainte-nant, notre objectif est bien sûr d’être champion.

Quand on a gagné des finales mondiales avec l’équipe

de France devant 15000 spectateurs, est-ce une corvée

de jouer devant 1200 personnes à Ivry ou à Cesson ?

Non, jamais. Depuis deux ans, en France, je n’ai pas jouéune seule fois dans une salle qui n’était pas pleine. Certes,certaines salles sont plus petites que d’autres. Quand tuvas à Cesson, il fait froid dans les vestiaires, le terrain estcrade, tu glisses. C’est sûr que tu te dis : « Merde, c’est paspareilqu’il ya trois jours à Kiel enLigue des champions.» Leproblème, c’est qu’on manque de belles salles en France.Mais les spectateurs sont là.

Le championnat de France susciterait-il plus d’intérêt

si Montpellier avait plus de concurrence?

Je ne pense pas que le problème soit là. En Allemagne,sur les sept dernières années, Kiel a gagné six fois le cham-pionnat, et les gens ne se désintéressent pas du handball.

Pendantdesannées,Lyonagagnéle championnatdeFran-ce de foot, les gens n’ont pas arrêté de regarder pourautant. Ce qui a toujours manqué au handball français,c’est un bon diffuseur, une bonne mise en avant de notrechampionnat. Etre diffusé par Canal+ cette année, c’estgénial, ça va beaucoup nous aider.

Canal+ dit vouloir faire avec le handball ce qu’il a fait

avec le football et le rugby. Est-il possible de se dévelop-

per comme ces deux sports sans être victime de leurs

dérives?

Il y a tellement d’argent dans le foot, cela pourrit beau-coup de choses, ça change le comportement des gens, desdirigeants, des joueurs. Ces jeunes qui touchent déjà10000eurosparmoissont déphasés.Personne nesouhai-te cela pour son sport. Le handball, avec la génération dejoueurs d’aujourd’hui, peut éviter ça. On sait d’où onvient, on a tous débuté avec juste de quoi payer notreappartement et manger. Pour nous, il n’y a pas de problè-

mes. Après, pour les générations qui arrivent… Plus il y ade gens qui te regardent, plus il y a de sponsors, plus il y ad’argent, et plus il faut être intelligent.

Avec la médiatisation, le rugby a gagné en visibilité et

en puissance économique, mais il a perdu un peu de

son âme…

C’est sûr qu’on ne peut plus demander aux rugbymende faire la troisième mi-temps après chaque match. Ilsjouent plus, ils doivent être beaucoup plus pro, avoir unemeilleurehygiène devie. L’important,c’estdenepasdeve-nir con à cause de l’argent. Mais tu es obligé de changer. Tuas une image pour les sponsors, on te demande de la per-formance. Voir plus de hand à la télé, les meilleurs joueursen championnat de France, des salles pleines, des clubs

avec de gros budgets qui peuvent gagner la Ligue deschampions, c’est formidable.Ne regrettez-vous pas l’insouciance de l’époque des

«Barjots», premiers médaillés olympiques en 1992 et

champions du monde en 1995 ?

Je ne me pose pas la question. Ces gars m’ont donnéenvie de faire ce que je fais aujourd’hui, mais à cette épo-que, les joueurs ne gagnaient pas beaucoup d’argent. Ilsavaient des boulots à côté, galéraient un peu et n’avaientaucunereconnaissance.Aujourd’hui,onpeutvraimentfai-re du hand son métier. C’est sûr qu’ils faisaient plus la fêteque nous. Mais j’ai le temps l’été pour faire la fête, et puisnous ne sommes pas des robots, on sait bien vivre aussi.

Avez-vous le sentiment d’être en mission permanente

pour le développement du handball ?

Depuis les Jeux de Pékin, on est entrés dans une autredimension. Avec le championnat du monde en Suède,encore plus. On est sortis du cadre du hand. Désormais, lesgens savent qui je suis. Bien sûr que je suis en mission per-manente. Tout ce que je fais hors de chez moi a valeurd’exemple, donc je dois faire attention, mais je le fais avecplaisir. C’est un bonheur d’aider mon sport etde lui appor-ter de la plus-value.

Vous êtes le handballeur le plus mis en avant. Devez-

vous parfois faire des efforts pour ne pas prendre trop

de place vis-à-vis de vos coéquipiers ?

Je n’ai pas voulu faire du hand pour être une star, maispour gagner des titres et être le meilleur. Je ne ferai jamaisexprès de me mettre en valeur par rapport aux autres. Çame gêne parfois plus qu’autre chose que l’attention soitportée sur moi, mais je ne vais pas cracher dessus, c’estbien pour moi et pour mon sport. Et puis tout le monden’est pas prêt à écourter ses vacances pour répondre auxsollicitations, tout le monde ne serait pas heureux de faireune heure d’autographes ou de photos avec les petitsaprès les matches. Parfois, quand on rentre aux vestiaires,mes coéquipiers me demandent de passer devant pourqu’eux puissent s’échapper, ça les arrange bien aussi.

En 2012, l’équipe de France parviendra-t-elle à conser-

ver ses titres olympique et européen ?

Avantchaquecompétition, on sedemande quandon vas’arrêter. Depuis les JO de Pékin, nous n’avons plus perdu,mais nous sommes conscients que la série aura bien unefin un jour. On ne va pas tout gagner pendant encore vingtans, mais nous voulons repousser le plus loin possible lemoment où on nous dira : « Vous avez perdu, mais ce n’estpas grave, ce que vous avez fait avant est tellement bien.» p

Dates

« Quand tu vas à Cesson,

il fait froid dans les vestiaires,

le terrain est crade, tu glisses.

Tu te dis :

“Merde, c’est pas pareil

qu’en Ligue des champions” »

«Je ne fais pas du hand pourêtre unestarmais pourgagner des titres»

H a n d b a l l | Champion deFrance, d’Europe, dumonde, olympique…Nikola Karabatic a toutremporté,avec sonclubdeMontpellier et l’équipe deFrance. Jamais rassasié, il viselaLigue deschampions, qui commence dimanche 2octobre

Nikola Karabatic

s’entraîne,

le 23 septembre,

au Palais des sports

René-Bougnol

de Montpellier, son

club.

DAVID RICHARD POUR « LE MONDE »

1984Naissance le 11avril à Nis (ex-Yougoslavie, Serbie).

1988Arrivée en France, à Strasbourg.

2001Débuts à Montpellier.

2002Première de ses 165 sélectionsen équipe de France.

2003Remporte la Ligue des cham-pions avec Montpellier.

2005Champion d’Allemagne avecKiel.

2006Remporte l’Euro avec l’équipede France.

2007Désigné meilleur joueur dumonde.

2008Champion olympique.

2009Champion du monde.

2010Remporte son deuxième Euroavec les Bleus.

8 0123Samedi 1er octobre 2011