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51 RUE DE VIVIENNE75095 PARIS CEDEX 02 - 01 44 88 55 00

JUIN/SEPT 13Parution irrégulière

Surface approx. (cm²) : 3825N° de page : 54-61

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BARRAL2390966300503/CLA/OTO/2

Eléments de recherche : XAVIER BARRAL ou EDITIONS XAVIER BARRAL : toutes citations

Rieter Hugo, Pieter Hugo 2011 serie There's a place in hell forme and my fnends (©RIETER HUGO couRTESY STEVENSON GAL_ERY CAPETOWN ETJCTANNESBURG)




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A LA RECHERCHED'UNE IDENTITÉSUD-AFRICAINELa photographie tient une large part dans les manifestations dè

la Saison sud-africaine en France. L'occasion de revenir sur l'histoirede la photographie de ce pays et d'en faire l'état des lieux.

Texte MYRIAM BOUTOULLE

Santu Mofokeng, Cartes postales du Karoo, une habitation traditionnelle près du CarnavonMuséum et une vieille pompe à pétrole Shell, 2012 (©SANTU MOFOKENG/RENCONTRES o ARLES)

L ongtemps la photographie intro-duite en Afrique au xixe siècle a étéperçue comme l'instrument et le

langage du colonialisme européen. Lesphotographies prises des Noirs « étaientofficiellement décrites dans le même langagevisuel que celui de la faune et de la flore »,rappelle le photographe sud-africain SantuMofokeng dans The Black Photo Album(1997), classées en fonction de types indi-

gènes par les ethnologues. Cette imageriecoloniale kitsch, lartiste Candice Breitz néeà Johannesburg l'a détournée au milieu desannées 1990 dans la série Ghost où elles'amuse à blanchir les corps pour mettre àmal les stéréotypes. « Les filtres de la figu-ration, à savoir l'ethnographie, le documen-taire, les portraits, continuent de hanter lespratiques contemporaines », analyse TamarGarb dans le livre Figures 6- fictions,

contemporary South African photographe/.Rappelons que la photographie do-

cumentaire en Afrique du Sud a été la prin-cipale forme d'art à rendre compte des évé-nements durant le régime de l'Apartheid(1948-1991) grâce à des oeuvres ouverte-ment politiques illustrant la répression et larésistance. David Goldblatt est, avec LeonLevson, Ernest Cole et Peter Magubane, l'undes pionniers de cette photographie engagée




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David Goldblatt, Sleeping man.Joubert Park, Johannesburg,1975, tirage gélatmo-argentiquesur papier fibre, 40 x 40 cm (CSDAVIDGOLDBLATT COURTESY GOODMAN GALLERY)

DAVID GOLDBLATT,PERE DE LA PHOTODOCUMENTAIRESUD-AFRICAINE

David Goldblatt né en 1930à Randfontein, petite villede la banlieue de Johannesburg,documente depuis soixante ansles conflits et les mutations del'Afrique du Sud, sa terre natale.Inlassable témoin des années del'Apartheid depuis le début desannées I960 jusqu'à son abolitionen 1991, il s'est concentrésur l'existence des gens ordinaireset les détails de la vie quotidiennequi révèlent la ségrégation.« Pour moi, le photographeest un observateur passionnémentdépassionné qui doit être ouvertà la réalité qui se trouve devantlui », déclare le lauréat du LucieAward Lifetime Achievement 2010.Depuis, il explore les différentsaspects de la société post-Apartheid à travers des sériesen noir et blanc et en couleursdepuis 1999. Les photographiesde David Goldblatt « exprimentle lien viscéral qu'il entretientavec sa terre, ses habitants,et l'intensité unique dè la lumièredu Highveld », résume LesleyLawson dans un ouvrage surle photographe. Mentor d'unejeune génération d'artistes, il afondé le Market Photo Workshopà Johannesburg en 1989.

En haut Guy Tilhm, Comptroller Bay, Nuku Hiva, 2011 (CQGUY TILLIM COURTESY STEVENSON GALLERYCAPETOWN ET JOHANNESBURG) Ci-dessus Mikhael Subotzky, Kw allie and Yaovi Ahotor, 2007(©MIKHAEL SUBOTZKY COURTES^ GOODMAN GALLERY)

qui perdure aujourd'hui avec des photo-journalistes comme Guy Tilhm Reporter neen 1962 à Johannesburg, Guy Tilhm a prisconscience dans les années 1980 que la pho-tographie pouvait être un moyen de luttercontre le gouffre racial que l'Apartheid avaitcreuse dans son pays. Depuis les années1990, il documente les transformationsurbaines radicales du centre de Johannes-burg qui a été déserté par les Blancs depuis

la fin de l'Apartheid (série Jo'burg, 2004)Un travail qui s'apparente à Ponte City

(2009) de Mikhael Subotzky et PatrickWaterhouse, exposes eux aussi dans « MyJoburg » a la Maison rouge à Paris « En 1994,l'arrivée de la démocratie a entraîné un exodedes Blancs vers les banlieues du nord, censé-ment plus sûres La zone abandonnée devientvite synonyme de crime, de décrépitude ur-baine, et surtout de I'arrivée d'une population




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David Coldblatt On Freedom Square Kliptown Soweto Johannesburg 2003 tirage numerique sur papier pur chiffon IOU % coton 119 x 84 cm(ODAVID GOLDBLATT COURTESY GOODMAN GALLERY)

d'immigrés des pays africain!» voisins Ponte(une tour de cinquante quatre étages) allaitrapidement devenir le symbole du déclin ducentre-ville de Johannesburg », expliquentils Photographe de I agence Magnum etPrix de la decouverte des Rencontres d'Arles2011, Mikhael Subotzky mené depuis plusieurs annees un important travail d'investigation autour du crime, de la margmalisation sociale et de la securite en Afrique duSud Dans Retinol shift (2012) presente alexposition « Commitment » a Strasbourg,il combine photographie, archives historiques, objets trouves et videos pour questionner les processus de la vision et de lasurveillance II mêle ainsi preoccupationspolitiques et sociales avec une reflexion surl'image et la perception

Du paysage socialAutre héritière de cette tradition documentaire engagée la photographe « contesta-taire » Jo Ratcliffe est partie en 2009 et 2010avec un groupe d'ex-soldats sud africains etangolais revisiter les lieux importants de laguerre des frontieres entre l'Afrique du Sudet le South West Africa Peoples Organisation(SWAPO) qui s'est déroulée entre 1966 et1989 Son photoreportage As terras dofimdo mundo (2010) témoigne des repercussions de ce conflit dans lequel plus d'un million de personnes ont peri « Ces œuvres examinent et autopsient l'influence symboliqueou non des traumatismes passes dans le paysage du present », dit elle Ses photographiestentent de mettre au jour les traces des minesterrestres qui, silencieuses et dissimulées,

sont toujours une menace quotidienne pourla vie des Angolais

Pour Santu Mofokeng, le paysage est aussi« le témoin muet des histoires et des récits » IIest avec Pieter Hugo, Zanele Muhoh, CedricNunn, Jo Ratcliffe et Thabiso Sekgala l'un desphotographes sud africains missionnes parles Rencontres dArles et le Market PhotoWorkshop pour photographier les tracessociales dans le paysage d'Afrique du SudEntre 1991 et 2006, le photographe et chercheur avait déjà réalise un travail sur les pan-neaux daffichage dans les townships (Town-ship billboards Beauty, sex and cellphones)qui résument l'idéologie, le climat social, economique et politique du pays « Lhpprectalion d'un paysage est façonnée par l'expériencepersonnelle le mythe et la memoire, entre




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autres choses. Inutile de dire qu'elle se nourritaussi d'idéologie, depropagande, de.projectionset de préjugés », déclarait Santu Mofokenglors de son exposition « Rethinking land-scape » (« Repenser le paysage »). L'artisteexposé au Jeu de paume en 2011 est l'auteurde nombreux essais photographiques, dontle superbe Chasing shadow* (depuis 1996)sur les rituels religieux dans les grottes deMotouleng et de Mautse en Afrique du Sudoù il questionne la relation entre paysage,spiritualité et mémoire.

Les Blancs, personnes de couleurCette mémoire est au coeur de l'œuvre de laphotographe et vidéaste Berni Searle, quiinterroge les composantes de sa propre iden-tité issue de brassages successifs : « identitécomposite » à la base de la « créolisation »chère à Édouard Glissant. L'artiste qui se meten scène dans des performances filmées estexposée à la Galerie particulière à Paris oùelle montre le caractère arbitraire des classi-fications raciales, religieuses et sexuelles. Untravail qui rejoint celui de Pieter Hugo, There'sa place in hellfor me and myfriend (2011 -2012) exposé aux Rencontres d'Arles. Danscette série, le photographe rassemble des por-traits de lui-même et dè ses amis résidant en




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Page de gauche, en haut Jo Ratcliffe,série Fram the Riemvasmaak, 2012,SS X 66 Cm (0)3 RATCLIFFE)Au centre Délio lasse Sans titre, 2011,tirage sur papier baryte 70 x 100 cm(CDELIOJASSE)En bas Sammy Baloji, serie Kolwezi,2009-2011, tirage jet d'encre sur papierbaryte, 80 x 241,88 cm IOÏAMMY BALOJDEn haut, à gauche Zanele Muholi, AyandaMsiza, KwaThema Comnwnity Hall, Spnngs,

Johannesburg, 2011, tirage argentique,86 5 x 60 5 cm (O/ANELE MUHOLI LUURTESYSTEVENSON GALLERY CAPE TOWN ET JOHANNESBURG)En haut, à droite Zanele Muholi, Sons titre,tirage argentique sur papier baryte, 2012(©ZANELE MUHOLI COURTES*! STEVENSON GALLERY

PAPE TDWN ET JD1 lANNFSBURG/RFNrONTRFS D ARI CS)Ci-dessus Thabiso Sekgala, Sons titre,tirage argentique sur papier baryte, 2012©THABISO rEKGALA EOURTESY GOODMAN

GALLERY/RENCONTRES D ARLES)

LE MARKET PHOTOWORKSHOPDEJOBURG

En 1989, le photographe DavidGoldblatt fondait le Market PhotoWorkshop à Johannesburg, outild'alphabétisation et de pratiquephotographique pour les étudiantsdéfavorisés par le régimede l'Apartheid. Depuis plus devingt ans, le lieu aujourd'huidirigé par john Fleetwood joueun rôle essentiel dans la formationdes photographes sud-africains.Des photographes réputésy ont étudié : Zanele Muholi,Jodi Bieber, Sabelo Mlangeni,tout comme le jeune MackMagagane. École doubléed'une galerie d'exposition,c'est aussi un espace ouvertde projets et de débats quiencourage une pensée critiqueet engagée autour dela photographie documentaire.Le Market Photo Workshop,en collaboration avecles Rencontres d'Arles, està l'initiative de deux missionsphotographiques menées enAfrique du Sud par douzephotographes sud-africains,français et belges sur le « paysagesocial ». Les images de ce projetsont exposées à Arles, tandisque la Maison rouge à Paris etle Théâtre du maillon à Strasbourgprésentent les œuvres desphotographes issus de l'école.www.marketphotoworkshop.co.za




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Ci-contre : Berni Searle,Parched, 2008, série SeekingRefuge, C-Prmt, 112 x 154 cm(©BERN1 SEARLE CCURTESY

LA GALERIE PARTICULIERE)

En bas : Cedric Nunn,Les ruines de la fermehistorique des Prinslooà Somerset East, 2012(©CEDRIC IMUNN/RENCONTRES D ARLES)

Afrique du Sud. Par un processus numériqueet en convertissant la couleur en noir etblanc, Hugo fait ressortir le pigment de lapeau et met en avant les contradictions desdistinctions raciales, faisant des Blancs des« personnes de couleur ». Depuis 2003, lephotographe né à Johannesburg dépeint unegrande fresque humaine peuplée d'aveugleset de Noirs albinos (Lookmg aside, 2003-2006), de dresseurs de hyènes (The Hyena &other men, 2005) et d'habitants des bidon-villes du Ghana brûlant du matériel infor-matique pour en extraire le cuivre afin desurvivre (Permanent error, 2009).

Si rieter Hugo documente une identitécollective des habitants de l'Afrique sub-saharienne, Zanele Muholi axe son travailsur l'identité sexuelle, photographiant les les-biennes noires pour leur donner davantagede visibilité et dè légitimité. Militante de lacause gay, la photographe née à Durban en1972 est issue du Market Photo Workshop,laboratoire d'une photographie critique etengagée, tout comme le jeune Mack Maga-gane. À 23 ans, le photographe né à Soweto,remarqué en 2011 à Photoquai pour son tra-vail sur le suicide des adolescents en Afriquedu Sud, est l'un des nouveaux talents exposésà la Maison rouge et à « Present Tense » à laFondation Calouste Gulbenkian. •

A VOIR (PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE)

- « BERN! SEARLE », à la Galerieparticulière, 16, rue du Perche,75003 Paris OI 48 74 28 40www.lagalerieparticuliere.comdu 6 juin au IS août.- « MY JOBURG », à la Maison rougeFondation Antoine de Colbert,IQ, boulevard de la Bastille,75012 Paris OI 40 OI OS Slwww.lamaisonrouge.orgdu 20 juin au 22 septembre.- « PIETER HUGOJHERE'S A PLACEIN HELL FOR ME AND MY FRIENDS »et « TRANSITION, PAYSAGE SOCIAL »,aux Rencontres d'Arles, atelier dechaudronnerie et atelier de mécanique.

parc des ateliers, 13200 Arleswww.rencontres-arles.comdu 1er juillet au 22 septembre.- « COMMITMENT MIKHAEL SUBOTZKY.DAVID GOLDBLATT ET LES JEUNESPHOTOGRAPHES DU MARKET PHOTOWORKSHOP », à La Chambre,4, place d'Austerlitz, 67000 Strasbourg03 88 36 65 38 www.la-chambre.orgdu 6 septembre au 1er décembre.- « PRESENT TENSE », à la FondationCalouste Gulbenkian, 39, bd dela Tour-Maubourg, 75007 ParisOI 53 85 93 93 www.gulbenkian-paris.orgdu 17 septembre au 14 décembre.- « YOUR DREAMS DISTURB USAVEC MIKHAEL SUBOTZKY », au parc

de la Villette, pavillon Paul Delouvrier,211, avenue Jean-Jaurès, 75019 Pariswww.pavillon-delouvrier.frdu 25 septembre au 15 décembre.

ALIKE- My Joburg, Guide cle la scène artistique,par Sean O'Toole, Bettina Malcomess,John Fleetwood, Molemo Moiloa, NechamaBrodie. éd. Fage, 192 pp.,bilingue français-anglais, 25 €.- Transition, co-édition Xavier Barrai/Les Rencontres d'Arles/Market PhotoWorkshop.- Tamar Garb, Figures ( fictions,contemporary South African photography,éd. Steidl, 312 pp., 48 €.




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li Bieber Neighbourhood Fnends Diepkloof EXT, 2009 tirage numerique sur papier coton 112 x 91 cm (©JDD BILBER COUKTESY GOOUMAN GALLERY CARL TUWN JUHANNESBURG)

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