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L'EXPRESS REUSSIR Date : SEPT / OCT 16 Périodicité : Bimestriel Page de l'article : p.64-69 Journaliste : Sophie Viguier- Vinson Page 1/6 BETTENCOURT2 5669398400509 Tous droits réservés à l'éditeur du sens dans mon job Envie de changer le monde ? A n'importe quel moment de sa vie, le besoin de concilier carrière professionnelle et engagement citoyen peut se faire sentir. Et que l'on soit jeune diplôme ou en préretraite, il existe mille façons de mettre ses compétences au service des autres. PAR SOPHIE V1GUIER-V1NSON « De la sortie de l'école a la retraite, nous ne voulons plus de clivage entre nos leviers d'action professionnels, les urgences societales et nos valeurs », observe Patrick Bertrand, fondateur et president de l'association Passerelles & Competences qui met en lien béné- voles et structures associatives Dans un contexte economique difficile, cette quête de cohérence personnelle devient centrale « L'engagement citoyen s'est impose comme une alternative a un systeme capitaliste qui coupe trop sou- vent le salarie de la finalité globale de l'entreprise » analyse Amandine Bar- thelemy, entrepreneur, expert associe a l'ESSEC et maître de conferences a Sciences Po Heureusement, les moyens se sont multiplies pour reconnecter l'humain a la performance economique Pour comprendre la tendance a l'oeuvre, voici dix temoignages inspirants Ages de la vingtaine a la soixantaine passée, ces hommes et ces femmes travaillent pour une association, se sont lances dans l'entrepreneuriat ou l'intrapreneunat social, le benevolat ou le mecenat de competences, s'investissent pour le developpement dans le public, portent les valeurs de la RSE dans le prive ou encore pilotent un grand groupe de l'économie sociale et solidaire Chacun donne la pleine mesure de ses talents a un moment cle de son parcours Même si, bien sûr, il n'y a pas d'âge pour s'impli- quer au service de l'intérêt general AVANT 30 ANS une evmence immédiate Vingt sept ans, et déjà secretaire gene- rale de Global Compact France une asso ciation issue de l'initiative de l'ONU encourageant la responsabilite societale des entreprises Dans des locaux situes pres de la Porte de Clichy, a deux pas du peripherique Charlotte Frérot évoque seremement son parcours « J'ai ete recru- tee pour un stage de fin d'études, i y suis restée et l'on m'a propose ce poste moins de trois ans apres » Bingo 1 Pour autant, pas de hasard La jeune femme tenait a exercer un métier riche de sens et s'y est préparée en obtenant un double diplôme en gestion et developpement durable de l'ESC Tours Poitiers et de l'université de Sherbrooke (Canada) Depuis, Charlotte Frérot et son equipe portent des projets pour la bonne gouvernance l'égalité, l'environnement, toutes les facettes de la RSE qui rendent les entreprises plus per- formantes « Je vois la sphère econo- mique pousser les Etats a prendre des mesures pour encourager le change- ment de nos societes, comme lors du Business & Climate Summit que nous avons organise en 2015 en preparation de la CDP 21 », raconte-t-elle Et apres ce succes' « Relever, pourquoi pas, de nou- veaux defis en Amerique du Sud, un continent qui a beaucoup de potentiel » Opter pour l'entrepreneuriat social A l'instar de Charlotte Frérot, « beau coup de jeunes veulent concilier leur vie professionnelle naissante et leur soif d'engagement, constate Amandme Barthelemy Les deux tiers de mes elu diants sont tentes par l'entrepreneuriat social apres avoir assiste a mon cours sur le sujet » Le sursaut peut aussi venir apres une premiere experience ou bien accompagner celle-ci et, avant 30 ans, on se sent vite pousser des ailes Ruben Chaumont 28 ans, a vécu cette prise de conscience des son master en gestion des ressources humaines a Sciences Po effectue en alternance a France Tele- com, au moment de la vague de sui- cides « Je me suis demande comment une culture d'entreprise pouvait générer

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L'EXPRESS REUSSIRDate : SEPT / OCT 16Périodicité : BimestrielPage de l'article : p.64-69Journaliste : Sophie Viguier-Vinson

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du sens dans mon job

Envie de changer le monde ? A n'importe quel momentde sa vie, le besoin de concilier carrière professionnelleet engagement citoyen peut se faire sentir. Et que l'onsoit jeune diplôme ou en préretraite, il existe millefaçons de mettre ses compétences au service des autres.

PAR SOPHIE V1GUIER-V1NSON

« De la sortie de l'école a la retraite,nous ne voulons plus de clivage entrenos leviers d'action professionnels, lesurgences societales et nos valeurs »,observe Patrick Bertrand, fondateur etpresident de l'association Passerelles& Competences qui met en lien béné-voles et structures associatives Dansun contexte economique difficile, cettequête de cohérence personnelle devientcentrale « L'engagement citoyen s'estimpose comme une alternative a unsysteme capitaliste qui coupe trop sou-vent le salarie de la finalité globale del'entreprise » analyse Amandine Bar-thelemy, entrepreneur, expert associea l'ESSEC et maître de conferences aSciences Po Heureusement, les moyensse sont multiplies pour reconnecterl'humain a la performance economiquePour comprendre la tendance a l'œuvre,voici dix temoignages inspirants Agesde la vingtaine a la soixantaine passée,ces hommes et ces femmes travaillentpour une association, se sont lances dansl'entrepreneuriat ou l'intrapreneunatsocial, le benevolat ou le mecenat de

competences, s'investissent pour ledeveloppement dans le public, portentles valeurs de la RSE dans le prive ouencore pilotent un grand groupe del'économie sociale et solidaire Chacundonne la pleine mesure de ses talentsa un moment cle de son parcours Mêmesi, bien sûr, il n'y a pas d'âge pour s'impli-quer au service de l'intérêt general

AVANT 30 ANSune evmence immédiateVingt sept ans, et déjà secretaire gene-rale de Global Compact France une association issue de l'initiative de l'ONUencourageant la responsabilite societaledes entreprises Dans des locaux situespres de la Porte de Clichy, a deux pas duperipherique Charlotte Frérot évoqueseremement son parcours « J'ai ete recru-tee pour un stage de fin d'études, i y suisrestée et l'on m'a propose ce poste moinsde trois ans apres » Bingo1 Pour autant,pas de hasard La jeune femme tenait aexercer un métier riche de sens et s'y est

préparée en obtenant un double diplômeen gestion et developpement durable del'ESC Tours Poitiers et de l'université deSherbrooke (Canada) Depuis, CharlotteFrérot et son equipe portent des projetspour la bonne gouvernance l'égalité,l'environnement, toutes les facettes de laRSE qui rendent les entreprises plus per-formantes « Je vois la sphère econo-mique pousser les Etats a prendre desmesures pour encourager le change-ment de nos societes, comme lors duBusiness & Climate Summit que nousavons organise en 2015 en preparation dela CDP 21 », raconte-t-elle Et apres cesucces' « Relever, pourquoi pas, de nou-veaux defis en Amerique du Sud, uncontinent qui a beaucoup de potentiel »

Opter pour l'entrepreneuriat socialA l'instar de Charlotte Frérot, « beaucoup de jeunes veulent concilier leurvie professionnelle naissante et leursoif d'engagement, constate AmandmeBarthelemy Les deux tiers de mes eludiants sont tentes par l'entrepreneuriatsocial apres avoir assiste a mon courssur le sujet » Le sursaut peut aussi venirapres une premiere experience ou bienaccompagner celle-ci et, avant 30 ans,on se sent vite pousser des ailes RubenChaumont 28 ans, a vécu cette prisede conscience des son master en gestiondes ressources humaines a SciencesPo effectue en alternance a France Tele-com, au moment de la vague de sui-cides « Je me suis demande commentune culture d'entreprise pouvait générer

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une telle souffrance au travail. » II com-mence alors une thèse sur la question,tout en intégrant un cabinet spécialisésur les risques psychosociaux. Sonconstat: « Rien ne bouge tant que ladirection n'intègre pas la psychologiepositive au cœur des méthodes de mana-gement, afin de concilier bien-êtreau travail et performance. » En 2012,il découvre l'ONG philippine GawadKalinga, qui vient de sortir un millionde personnes de la pauvreté par laculture de la communauté, du partage

entielle f

et de la solidarité. Le jeune hommedémissionne de son job en 2013 et selance dans le volontariat, avec une mis-sion de service civique au profit de l'orga-nisation. Conquis par le pays, il décided'y rester. Depuis 2015, Ruben Chaumontgère sa jeune entreprise - InternationalWork Communities - et développe unaxe « non-profit » pour aider les entre-prises sociales locales à libérer le po-tentiel de leurs salariés situés à la basede la pyramide par la psychologie posi-tive. « Enthousiasmant, comme beaucoup

Un sursaut quipeut venir aprèsunepremièreexperience ou bienaccompagnercelle-cide choses dans l'Hexagone! » assureAmandine Barthélémy, qui a vu explo-ser et évoluer en dix ans l'entrepreneu-riat social. « Un nouveau phénomèned'hybridation entre privé, public, petiteset grandes structures permet à des pro-jets sociaux de changer d'échelle et detrouver des solutions inédites sur unterritoire », commente-t-elle. Et, par rico-chet, les salariés ont envie de faire bou-ger les lignes au sein de leur entreprise.

DE 30 A 45 ANSLheure des transitions positivesOn peut avoir une furieuse envie dechanger le monde sans tout quitter etdevenir l'un de ces nouveaux « intra-preneurs sociaux » décrits par Emma-nuel de Lutzel, chargé de mission SocialBusiness à BNP Paribas, dans son ouvrageTransformez votre entreprise de l'inté-rieur! (Rue de l'Echiquier, 2015). « Ceux-ci initient des projets internes à voca-tion sociale en cohérence avec l'objectiféconomique de leur entreprise », expli-que l'auteur, qui identifie un viragevers le management de la responsabi-lité. Cependant, « ces pionniers doiventproposer un business model crédibleet avoir assez d'expérience pour s'impo-ser », prévient-il.C'est le cas de Sabrina Murphy-Gaulay,37 ans, également de BNP Paribas.Issue des RH et de la communication,elle a lancé le People's Lab, un incuba-teur d'intrapreneuriat. Après avoir portédiverses initiatives créatives, ce

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iispositit va davantage encouragerles actions solidaires, et donc un intra-preneuriat plus social. « L'exemplemontre que les conteurs de cette formed'engagement sont en cours de défi-nition », précise Alexandre Chervet,cofondateur du programme Corporatefor Change, qui aide les salariés à pré-ciser leur projet et à définir une straté-gie. Attention, cet accompagnementest payant - il coûte 15000 € - et lesentreprises doivent en financer unepartie, preuve de leur volonté de sou-tenir leur salarié.

Veronique Zehnacker, 33 ans, ingé-nieur chez Valrhona, suit justementce programme. Son déclic? Entendreson directeur général Jean-Luc Grisotlancer: « Comment allons-nous chan-ger le monde? » Alors qu'elle envisa-geait peut-être de quitter son postepour mieux agir à l'extérieur, elle sedit qu'elle peut le faire de l'intérieur.Et, avec l'aide de Corporate for Change,elle a su convaincre sa directiond'ouvrir prochainement l'Ecole Val-rhona à un public éloigné de l'emploi.D'un côté, ses clients manquent de

Véronique Zehnacker,33 ans, intrapreneur social

••• chez Valrhona.

main-d'œuvre. De l'autre, l'entreprisegagne à former des professionnelsqui lui seront fidèles demain. Et c'esttout bénéfice pour les jeunes qui sor-tiront de la précarité en devenantpâtissiers.

Oser le bénévolat de compétencesLe mitan de la vie est aussi le momentdes grands questionnements et le viragede la quarantaine a été un électrochocpour Simon Liddiard, 44 ans, ancienpublicitaire d'origine britannique:« J'avais fait le tour d'un business sansréelle valeur ajoutée, où l'on se senttrès vite vieux. » II tourne alors la pageet entreprend un master en gérancehôtelière et tourisme avec option handi-manager. Il s'engage également dansle bénévolat en proposant ses servicesà Passerelles & Compétences, choseimpossible jusqu'ici avec un job prenantet des enfants petits.Tout s'est joué en même temps : mis-sion pour l'association Taramana, quisoutient les enfants d'un bidonvillecambodgien afin de développer sonbusiness plan, déménagement à Bor-deaux et nouveau job dans les vignes.Heureux comme un Anglais en France !« En quinze ans, le bénévolat de com-pétences a explosé, note Patrick Ber-trand. « Et celui qui met son expériencehardskill (savoir-faire) au service d'au-trui a toutes les chances de développerdes compétences softskill (savoir-être). » Une belle occasion de croissancepersonnelle et sociétale pour voir plusloin ensuite.

Initier des projetsinternes à vocationsociale encohérence avecl'objectif économiquede son entreprise

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DE45À55ANSLes rênes en mainDe l'expérience, du recul... Ce sont ausside beaux atouts à valoriser au coursd'une troisième phase de la vie profes-sionnelle qui laisse le temps de lanceret de suivre de nouveaux projets. C'estcette fusée à trois étages qu'Ange Ansour,45 ans, a construite pour porter loin sesidées innovantes en matière d'éducationet de formation scolaire. Après une pre-mière étape au Quai d'Orsay commetraductrice, elle devient professeurdes écoles, dans le but de transmettredes connaissances et d'éveiller la géné-ration de demain. « J'ai voulu conce-voir des méthodes d'apprentissage parla recherche en organisant, notamment,toute une classe autour d'une fourmi-lière géante dans mon école classée ZEP.Les élèves étaient en contact avec deschercheurs en myrmécologie... qui sesont piqués au jeu et qui ont eux aussibeaucoup appris ! Tous étaient passion-nés et donc prêts à développer leurstalents », se souvient-elle. L'expérienceest si belle qu'Ange Ansour intègre leCentre de Recherche Interdisciplinaire(CRI). Avec François Taddéi, elle met enplace Les Savanturiers - Ecole de recher-che, pour qu'un maximum d'enfantspuissent profiter de ce programmerécompensé par le dispositif présiden-tiel La France s'engage. Le principe estaujourd'hui dupliqué dans des atelierspériscolaires en climatologie, neuro-sciences, astrophysique, biodiversité et,bientôt, dans les sciences humaines,en droit, histoire... Plus de 10500 élèves- 6 000 autres l'an prochain - en ont béné-ficié depuis 2013 dans 58 villes. « La for-mation que nous dispensons aux ensei-gnants et notre recherche en éducationpour faire bouger les apprentissages enprofondeur sont aussi au cœur de notreprojet », conclut-elle. Et elle y parvientavec une conviction inébranlable.Toujours côté service public, Sarah Mar-niesse, 45 ans, directrice de départementà l'IRD, linstitut de Recherche pour le

Sortir du cadreclassique de saf onction pour lancerdes opërationssolidairesDéveloppement, savoure cette périodede maturation. « J'ai toujours travaillédans l'aide aux pays en développement,mais je n'ai jamais pensé que je pouvaissauver le monde! Ce qui m'intéresse,c'est de chercher les bons leviers pourrenforcer l'efficacité des politiques etl'utilité de nos actions », déclare-t-elle.Une réflexion engagée lors de sa thèsesur l'essor des micro-entreprises du« secteur informel » - terme qu'elle n'aimepas. Comment aider? Quel est le sensdu don? Quel est l'impact d'un projetlocal quand les défis sont de plus enplus globaux? Ces questions ne l'ontjamais quittée depuis ses années passéesà l'Agence française du Développement,en mission à Madagascar, en Colombieou au Tchad, au ministère des Affairesétrangères et, récemment, à l'IRD. « J'aifinalement compris que l'essentiel était

d'inventer collectivement de nouvellesmanières de vivre, de produire, deconsommer, en impliquant toujours lespopulations sur place et les acteursqui ont un impact sur les territoires. Larecherche de ces modèles a réorientéma vie professionnelle. » Sarah Marniesseavance en articulant l'aide publique,les ressources de la RSE pour transfor-mer les modes de production et les tra-vaux de recherche pour comprendre etinventer des solutions. « Tout prend sensaujourd'hui », reconnaît-elle, heureused'avoir persévéré.

Transformer les mots en actesDe l'autre côté de la chaîne de solidarité,dans le privé, le souffle de la RSE porteaussi Sophie Jayet, directrice de lacommunication d'Unilever. Et, à Sl ans,elle pousse les murs pour faire circulerl'esprit d'entraide. Vous cherchez sonbureau? Elle n'en a pas sur le site orga-nisé en postes partagés. Elle a d'ailleursoeuvre pour sa conception décloisonnée,le respect des normes écoresponsableset l'installation de ruches sur le toitdéjà équipé de panneaux solaires. « Lesurgences environnementales galvani-sent complètement mon envie d'agirpour transformer les mots en actes.

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C'est ce que nous avons essaye defaire pendant la COP21 et je croîs pro-fondement a la co creation, au rôlecitoyen des entreprises qui ont un enga-gement durable C'est la seule voie pos-sible », affirme-t-elle avec une energiepeu communeSophie Jayet aspire ainsi aux mêmespasserelles entre le prive et le publicque Sarah Marmesse, et sort elle aussidu cadre classique de sa fonction decommunicante « La liberte d'agir etla confiance qui me sont accordéessont des boosters denergie Et quelbonheur de pouvoir mobiliser lesequipes sur des operations aux côtesde l'Unicef, du Secours Populaire, desbanques alimentaires ou d'Ums-Citeavec le soutien de nos marques Ongere l'expédition de palettes de produitsou la formation de conseillers en eco-nomies d'énergie envoyés ensuite au-près de familles en precarite C'estnotre façon de repondre au « Plan pourun mode de vie durable » lance parnotre president Paul Polman »Est-elle l'une de ces nouvelles mirapreneuses sociales9 « Je mené les combats sans etiquette, dans l'entreprisecomme ailleurs » Elle accompagne ainsiles parents solos de l'association Kd'urgences, en embarquant au passageUnilever dans l'aventure « Ces parents(85 % de femmes) élèvent seuls leursenfants et connaissent souvent en mêmetemps une dégringolade sociale, pro-fessionnelle et financiere Leur resilienceme touche beaucoup II faut les aider,les ecouter et, avec mes collègues, nousemmenons les familles a Disney ouRoland-Garros pour leur offrir une respiration Ensemble, nous pouvons fairebeaucoup » assure-t-elle

APRÈS 55 ANSSe recentrer sur l'essentielQue faire apres7 Ce sont encore des annees d'intense engagement a vivre quiont décide Dominique Mahe, a 60 ans

passes, a accepter le poste de presidentde la Maif, avec ses 3,4 millions de socie-taires, 7000 salaries et 3,365 milliardsd'euros de chiffre d'affaires L'aboutis-sement d'une vie II rappelle ses origi-nes modestes et sa carriere initiale deprofesseur d'histoire-geo et de françaisen college Une période dédiée a l'ins-truction surtout a la formation a lacitoyennete et au militantisme dansune association d'éducation populaireDominique Mahe aurait pu continuersimplement dans cette voie cohérente,pleine de sens a ses yeux Maîs déjàsociétaire a la Maif, il est sollicite poureffectuer des permanences dans les

annees 1980 G est I amorce d un virage« Le modele mutualiste et la logiqued'efficacité d'entreprise m'ont pluJ'ai toutefois continue a enseigner enparallèle et la conscience des réalitéseconomiques m'a beaucoup servi auprès

Mettre sonsavoir-faire auservice d'une causeavec le soutiende son employeur

Dommique*Mahe, 64 ans,

t president de la Maif,assureur mutualiste.

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3 questions à...Keza Moghaddassi, philosophe et auteur de La Soif de l'essentiel (Marabout 2016).

« Développer une motivation juste »Aujourd'hui, qu'est-ce qui force l'engagement?Sûrement une prise de conscience multiple. D'un côté, noussentons que nous ne pouvons réserver le bonheur au seultemps libre. De l'autre, nous observons que les besoinsd'entraide ont grandi. Et comme la finalité de nos actionspour le bien commun est une condition de notre bonheur,nous cherchons à refaire circuler le sens dans le monde pro-fessionnel par la solidarité.

Cela suffit-il à se sentir plus cohérent?Seulement si l'on ne s'en tient pas à une logique comptabledes bénéfices, qu'ils soient financiers ou même humains

pour l'entreprise. Il importe de développer la gratuite, le donsans retour, afin de nous relier à un sens supérieur, à unedimension qui nous dépasse.

Vos conseils à ceux qui rêvent d'engagement ?Commençons déjà par développer une motivation juste,l'écoute de l'autre et de soi au préalable, pour mieux découvrirle rêve, la révolte, l'élan du cœur toujours plus fort que lagénérosité rationalisée et bien calculée, à la limite de l'éthique.Voilà qui peut ensuite guider nos actions.

Propos recueillis par Sophie Viguier-Vinson

de mes élèves, tout comme la pédagogiedans mes fonctions d'administrateur »,précise-t-il. En 1997, il entre au conseild'administration puis, quatre ans plustard, à la direction générale et quittealors l'enseignement, avant d'être éluprésident en 2014. « Je me suis sentiprêt », avoue-t-il. Success story horsnorme! Et demain, à la retraite? Ilpense déjà à ce qu'il fera: agir peut-être dans le domaine de l'épargne soli-daire ou de l'insertion... sans jamaisbaisser les bras.

Profiter d'un temps aménagePour Dominique Mahé, comme pourle plus grand nombre, l'approche dela retraite pousse toujours plus loinla réflexion sur l'engagement et l'enviede se recentrer sur l'essentiel. Cetteperspective a incité Bruno Desseigneà quitter à 57 ans son poste chezOrange, pour effectuer deux ans demécénat de compétences dans uneassociation, en y travaillant à 60 %,tout en étant rémunéré à 65 %, selonles termes du dispositif Temps partielsenior du groupe où cet ex-cadre a étéresponsable informatique d'un ser-vice clients, d'un plateau téléphoniqueet d'une boutique, passant des FTT à

France Télécom et Orange. Il s'est tou-jours adapté, mais a vu des collèguespeiner : « Je me suis mis à développerl'écoute pour assurer leur mieux-êtreau travail. J'étais un peu seul à lefaire... » La possibilité d'exercer ailleursson sens de l'empathie l'a tout de suiteséduit. Bruno Desseigne choisit l'asso-ciation Les entreprises pour la Citéafin d'encourager la diversité en entre-prise: l'égalité hommes-femmes,

l'intégration professionnelle des per-sonnes handicapées, des minoritésvisibles ou des jeunes de quartiersdéfavorisés. Il parle avec émotion desforums organisés dans les « quartiers »pour l'égalité des chances face à l'em-ploi. « Je m'appuie sur tout ce que j'aiappris en trente-cinq ans de carrière »,indique-t-il. Sa mission doit bientôtprendre fin, mais pas son engagementcontre l'exclusion. O

8 façons de s'engager1. Congés solidaires : travaillerpour une ONG pendant ses vacancesvia les associations organisatricesPlanète Urgence ou Projects Abroad.2. Bénévolat: prendre sur son tempslibre pour soutenir une cause, quelle quesoit la tâche.3. Bénévolat de compétences : miseà disposition de son savoir-fairepar l'intermédiaire d'associationscomme Passerelles & Compétencesou le blog de Pro Bono Lab.

4. Mécénat de compétences : idem,mais avec le soutien de son entreprisequi assure tout ou partie dela rémunération pendant ce temps.

5. Entrepreneuriat social : initiativeéconomique à finalité socialeou environnementale qui prévoitle réinvestissement d'une grandepart des bénéfices au profit decette mission.6. Intrapreneuriat social : initiativeinterne pour servir à la fois un butsolidaire et les objectifs de son entreprise.7. Mission de RSE : mise en oeuvrede la stratégie de responsabilité sociétalede son entreprise.

8. Un job à plein-temps : dédier 100 %de son activité professionnelleà une association, une ONG...dans le privé ou le service public.