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LE PAGANISME Quoique l’Église*, dans l’élimination concurrentielle de tout autre qu’elle-même, ait étendu le terme péjoratif de païens à tous les non chrétiens issus de toutes les autres cultures, nous ne traiterons ici sous ce vocable européen que du paganisme indo-européen pour tenter de rassembler les éléments de la Connaissance qui sont éparpillés chez tous nos cousins*. Plan de l’étude : Étymologie - Notre définition Quand au polythéisme … - Un culte solaire ? Les traces archéologiques - Le Paganisme et les monothéismes Action de l’Église* - Tolérance - Les Païens et la Mort Critère pour séparer monothéismes et paganisme* Pénétrer le Paganisme - Une vue intériorisée Un culte du Cosmos et de la Vie Un point de vue druidique “moderne” - La Magie* ? Le Paganisme est un humanisme - Résidus païens dans le Folklore Comment peut-on être païen ? - Est-ce une Religion ? Les femmes et le Paganisme L’Athéïsme n’est pas le Paganisme ! - Quand au Satanisme… Le Paganisme est-il l’ennemi du Christianisme ? Concluons : Le Paganisme est l’ensemble des croyances des païens, Mais eux, qui sont-ils ?…

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LE PAGANISMEQuoique l’Église*, dans l’élimination concurrentielle de tout autre qu’elle-même,

ait étendu le terme péjoratif de païens à tous les non chrétiens issus de toutes les autres cultures, nous ne traiterons ici sous ce vocable européen

que du paganisme indo-européen pour tenter de rassembler les éléments de la Connaissance qui sont éparpillés chez tous nos cousins*.

Plan de l’étude :

Étymologie - Notre définitionQuand au polythéisme … - Un culte solaire ?

Les traces archéologiques - Le Paganisme et les monothéismesAction de l’Église* - Tolérance - Les Païens et la Mort

Critère pour séparer monothéismes et paganisme*Pénétrer le Paganisme - Une vue intériorisée

Un culte du Cosmos et de la VieUn point de vue druidique “moderne” - La Magie* ?

Le Paganisme est un humanisme - Résidus païens dans le FolkloreComment peut-on être païen ? - Est-ce une Religion ?

Les femmes et le PaganismeL’Athéïsme n’est pas le Paganisme ! - Quand au Satanisme…

Le Paganisme est-il l’ennemi du Christianisme ?Concluons :

Le Paganisme est l’ensemble des croyances des païens,Mais eux, qui sont-ils ?…

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Étymologie*1 :           Païen vient du latin paganus “paysan”, l’habitant du pagus2 “hameau”, devenu “pays” (terroir) ; mais cette racine signifie aussi “borne fichée en terre”, du verbe latin pangere “ficher, enfoncer”, qui est donc un pal, un menhir, un gnomon (cf. art. Astro-logie*), un Hermès*. Le pagus est de ce fait le territoire sacré* du clan*, limité par ces bornes rituelles.

         L’origine du mot s’enracine dans le passé le plus ancien car, déjà à Rome, la fête des Paganalia ou Sémentines était la célébration des semailles dans les hameaux “pagi”. C’était une fête associée aux déesses de la Terre, Cérès et Tellus qui étaient invoquées pour protéger les semences (Ovide). Et le Dictionnaire “Oxford” (Dictionnaire de l’antiquité, Laffont 1993.) poursuit en précisant :

         «  Au 1er siècle EC, le terme prit le sens péjoratif de “celui qui reste chez lui” – c’est à dire le civil, par opposition au soldat – puis, chez les auteurs… chrétiens, il désigna “celui qui n’est pas un soldat… du Christ, un païen3 ”. »           Mais pourquoi pensons-nous ici à saint (?) Martin surnommé “La-terreur-des-antiquités-nationales” ?…

Màj 30-10-03, vu sur le site Nordvegr : « Heithni vient du mot vieux nordique hei(th)ni qui est un mot qui a été employé dans des temps anciens pour décrire la reli-gion préchrétienne des peuples de L'Europe du Nord. Le mot Heithinn vient du Vieux mot nordique hei(th)inn excepté lorsque nous l'employons comme un adjectif pour dé-crire des idéaux Heithni (ex. Heithinn l'éthique - cette éthique qui se conforme à l'Heithni/ paganisme), ou comme un nom pour décrire ceux qui vivent selon l'éthique et la "vue du monde" de nos ancêtres de l’Heithni" (Weltanshauung comme disent les philosophes), ex. : il est Heithinn, ces gens sont Heithinn. » “Northvegr, le site où vous pouvez en apprendre plus sur la Foi Héréditaire du Nord et la Voie du Nord". » Parent en est le mot allemand Heide (souvent traduit à tort par "profane" car, si les païens sont dans leur monde culturel, le fanum en question est leur "temple de plein air", Hag/ Németon/ Téménos. S'ils sont à l'extéreiur d’un temple c'est qu'il s'agit d'une église éxotique et il est bien normal qu'ils fêtent "l'Arbre de Mai et ses Danses des Rubans" ou qu’ils observent les révolutions des constellations/ Runes* sur le terre plein en se soustrayant aux prèches et arguties déracinantes, donc infidèles (fides –> "foi")… C'est en raison de ce sens que la petite suissesse Heidi serait appelée "Paganou" par un Provençal !

1 *N. B. : Les mots avec astérisques* sont des titres d’articles consultables dans le “Livre CD” de l’association et correspondent à un deuxième volume de notre étude sur Les Origines de l’Arbre de Mai comme étant issu d’une Atlantide boréenne pré cataclysmique du XIIIème s. AEC. Les articles de ce 2° tome “Les Sources” sont chargés progressivement (mais provisoirement) sur le site.

Visitez nous donc régulièrement puisque : “Il y a toujours du nouveau” sur < racines.traditions.free.fr > !

2 Pagus : Chaque pagus supposait au mois un oppidum, un sanctuaire et des dieux locaux.3 Païen : dans les écrits chrétiens, le mot païen est équivalent au mot “gentilité”, mot curieusement traduit de l’hébreux Goy qui n’a pas de rapport avec gentil dont, en fait, la racine est gens, genos. Goy pourrait donc signifier “l’autre, ou les autres races que nous les Juifs” : “les étrangers” ! C’est donc un terme d’exclusion que la nouvelle église exotique ne pouvait manquer de s’approprier. No-tons que les Grecs païens se disant “Gentils” cela semble pour eux la traduction normale…

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Màj du 30-10-03 : « Quand le WCER (World Congress of Ethnic Religion) se cons-titua, il y eut de nombreuses discussions concernant la manière de formuler son identi-té païenne. Le terme “païen” [anglais Pagan ou Heathen] fut évité parce que des membres, particulièrement d’Europe de l’Est, dirent que le terme avait fini par sonner négativement après des siècles d’endoctrinement chrétien, qu’il était simplement por-teur de mauvaises connotations : immoralité, violence, arriération.           « Le terme “polythéiste” n’était pas acceptable non plus, parce que le paga-nisme admet aussi des points de vue panthéistes et même athées, et à l’intérieur du ca-dre polythéiste nous voyons que la pratique religieuse prend souvent la forme de l’hé-nothéisme, c’est-à-dire le culte d’un seul dieu choisi parmi beaucoup d’autres (ce que les hindous appellent ishta devata, la « déité choisie »). Une autre proposition fut la « vieille religion » ou la « religion ancestrale », des termes déjà utilisés par certains groupes néo-païens, particulièrement en Scandinavie (par ex. Forn Sidr, “les premiè-res coutumes”)4 . Personnellement, je pense que celle-ci aurait été la meilleure, puis-qu’elle décrit exactement le statut de la religion en train de renaître, sans se préoccu-per de sa nature polythéiste ou panthéiste ou autre. Elle est aussi similaire au terme sanscrit Sanatana Dharma, le « mœurs/devoir/ordre éternel ».          La conférence fondatrice se décida pour le terme « ethnique », en fait un terme grec par lequel les Juifs hellénisés et les premiers chrétiens désignaient les païens. No-tez, cependant, qu’en tant qu’équivalent de l’hébreu Goyim, « les nations », il inclurait néanmoins le judaïsme lui-même, celui-ci étant la religion ethnique par excellence. La déclaration fondatrice du WCER (cf.) manifeste très clairement le fait qu’aucun ex-clusivisme ethnique étroit n’est signifié, il place les religions ethniques dans le cadre de l’« universalisme » (de la pensée)n. Cela se révélera nécessaire car le terme « ethnique » par lui-même pourrait bien attirer toutes sortes d’ethnicistes politiques grincheux qui auraient besoin d’être éduqués concernant l’imbrication des religions païennes par-delà les frontières ethniques. Ainsi, la religion germanique est, au mini-mum, composée de la religion native pré-indo-européenne de l’Europe du Nord plus la religion des nouveaux venus Indo-Européens, ces derniers ayant beaucoup en com-mun avec les religions voisines baltes et slaves, et même avec les religions plus éloi-gnées grecque, romaine, et hindoue. Lorsque nous étudions les anciennes religions, nous trouvons qu’elles ont beaucoup en commun, par ex. leur focalisation sur le ciel étoilé en tant que locus [résidence] manifeste des dieux en action. » < wcer.org >

World Congress of ethnic Religion (c/o Jonas Trinkunas, Vivulsko 27-4, LT 2009 Vilnius, Lituanie  ( e-mail : < [email protected]  > ).

Màj par courriel d’Espagne 27-6-03 de “cromlechpyrène@…” (un excellent site sur les Cromlech pyrénéens et leurs figurations des constellations !) : « On peut pen-ser à l'hêtre après avoir vu : fagus, phagus, pago en basque, haya en espagnol et Ea, ia, aia (Ives Bonnefoy et son Dictionnaire des mythologies Vol. 1) et, aussi on peut penser à la faîne en forme de pyramide triangulaire, avant ou après retourner sur l'étymologie de païen -pagano en espagnol - sous phagus et la forme du gland du hêtre fagus. Dur d'avaler, peut-être : les analogies et similitudes sont plus faciles à traiter sur des plans différents par la parole. La signification du mot païen, on a le droit à penser que, fut occultée et faussée dans le passé par de gens qui connurent trop bien le sens ultime du même. Exemple de dénaturation préméditée : Hésiode, Fragments, 4 “L ’Ancienne Coutume”: comme nous le disons bien souvent dans ces études… “Autour de l’Ar-bre de Mai”…

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'Catalogue des femmes' ou 'Eeas', fragment 3, signé Filastrio, Diversarum haereseon liber 111. »

Notre définition pourrait donc être : le Paganisme est la foi du paysan par opposition à celle des clercs (scribes et chrétiens) mais en n’oubliant pas que cela reste un quali-ficatif péjoratif de l’Église* qui nous condamne ainsi à une vue essentiellement “post chrétienne” de Nos polythéismes antiques.          Nous préférerons donc dire que le Paganisme est, concernant l’Europe, l’ensem-ble de “l’Ancienne Coutume”, terme qui se sépare de toute référence à “l’adversaire” (–> satan en hébreux) et que vous retrouverez utilisé dans plusieurs de ces articles*.

         Mais, au passage, précisons donc un peu ce terme de “foi” : tel que nous le con-naissons de nos jours, c’est à dire sur-moulé par l’Église*, il s’agit d’une croyance et, concernant le Christianisme, de celle due à la Révélation sans changer une seule lettre aux Écritures (sans changer un iota, “i” en grec).           Il nous faut donc rappeler le sens antérieur de la racines fides latine – son sens quand elle était encore païenne – qui est : “la sauvegarde des rapports humains” (Brasseur). I l s’agit là de tout autre chose et ce n’est pas la dernière fois que nous trouverons un hiatus entre ces deux conceptions de la vie ! L’une est obéissance ser-vile (dulie) à des préceptes “humains, trop humains” (Nietzsche), l’autre est une loi de la “Religion Naturelle” qui veut faire vivre les êtres harmonieusement entre eux pour le plus grand bien de la communauté* vivante !…

Quand au polythéisme : c’est la révérence (et non la croyance) à plusieurs Dieux* – dieux symboles pour les tenants de la première fonction* dumézilienne. Mais ce n’est là qu’un aspect réduit de nos paganismes européens et, peut être, un aspect par trop “déiste” au sens moderne…

Citations : Il est superflu de distinguer la science, l’art, la médecine, l’astronomie* dans nos civilisations antiques puisque dans le Paganisme, la Connaissance et la Religion* sont confondues dans une communion avec le Cosmos !

          « La pensée archaïque est avant tout cosmologique ; elle sonde les implications les plus graves du cosmos par des voies qu’on retrouvera plus tard dans la philosophie classique… Elle ne peut être réduite au concret. » Giorgio Santillana et Herta von Da-chend, Hamlet’s Mill, Godine 1977.

          « Être païen pratiquant, homo religiosus, c’était être, vivre. Un païen qui hono-rait Odhin, ne l’honorait pas au sens selon lequel un chrétien vénérait son dieu (…) Les Odhinistes savent que la vraie sagesse doit être acquise par la volonté humaine. Cette volonté et la conscience humaine qui est à son service sont le seul vrai “don” X ! (…) Le païen honorait un grand sage “honorable”, il souhaitait imiter sa Sagesse ! » Edred Thorsson, Runelore, Pardès 1994.

« L’homme fait l’expérience du divin, qui n’est ni illumination intérieure, ni connaissance de l’au-delà, mais ouverture même à la présence du monde. » Walter Ot-

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to, L’esprit de la religion grecque ancienne, Théophania, édité en France par Berg en 1995, soit… quarante ans après !

           « La religion* grecque était un mode de vie incluant la vie culturelle (le théâtre) et sportive (l’amour des beaux corps). Car le Sacré* s’exprime non seule-ment dans le Cosmos et la Nature, mais aussi dans l’Homme. Un homme à qui la no-tion de péché originel est inconnue. » revue Solaria n° 17.

« La Nature n’existe pas sans dieu, ni dieu sans la nature.Nature et dieu c’est la même chose : Pas de différence de fonction. »

Sénèque.

Un culte solaire5 ?           « Le soleil est un symbole* universel, tout comme l’eau, la terre, etc. et ces symboles apparaissent dans les mythes* de tous les peuples. Le culte solaire n’est pas universaliste° au sens où l’image du Dieu Soleil que se fait chaque peuple tient à sa culture. Le culte solaire est donc un paganisme, au sens où il s’enracine dans la tradi-tion de chaque “pagus”, de chaque pays, de chaque terroir. Il l’est également dans la mesure où il n’exclut nullement les autres Dieux (polythéisme). » Corax, Antaïos 4.

         « C’est en contemplant les mouvements du soleil et de la lune, aussi spontanés que bénéfiques, c’est en songeant à l’abondance* que la nature prodigue a placée en son sein que l’homme est susceptible de prendre conscience du caractère essentielle-ment vertueux des bienfaits tout comme, sur un autre plan, il sait la dette qui l’oblige envers ses parents et qu’il tente au long de sa vie de surpasser en bienfaits…

« Dieu* n’est pas mis ici mis en jeu en tant qu’extériorité : son exemplarité est au contraire immanente, elle s’exprime dans l’exubérance, l’abondance et la jouis-sance de la création naturelle – en quoi elle s’oppose totalement à l’approche chré-tienne d’un monde donné comme “vallée de larmes”, où l’homme est placé ut opéra-tur, où le sacrifice du dieu impose, non un sacrifice en retour, mais une ascèse de la rétention et de la mortification. » Charles Champetier.

Les traces archéologiques :

          « Les objets en bronze, le répertoire de leur décor et l’univers religieux qu’ils reflètent, mais également l’orientation de la céramique, aussi bien que certains aspects des usages funéraires, présentaient jusque (à la fin du VIIIème siècle AEC) de telles similitudes qu’il n’est pas exagéré de parler d’une vaste koiné de la fin du IIème mil-lénaire AEC et du début du millénaire suivant, d’une communauté culturelle qui se se-rait étendue de l’Italie du Nord jusqu’au pays scandinaves. Son support principal était probablement constitué par les populations issues de la désagrégation du complexe proto-vénète, mais son impact semble les dépasser largement et atteindre la plupart

5 Culte solaire : ils apparaissent chez divers peuples, à l’aube du néolithique vers 7000 AEC, en liai-son avec l’apparition de l’agriculture et de la nécessité de créer un calendrier sûr…

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des régions situées entre l’Atlantique et l’aire des grandes plaines de l’Europe extra-karpatique. » Venceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et Dictionnaire, Laffont 2000.

          Nous avons vu dans notre article sur l’Astrologie* nordique ce qu’étaient les temples* solaires païens et, en particulier, comment ils étaient restés relativement purs, quoique voilés, dans l’œuvre originelle de Bernard de Citeaux ou des Bénédic-tins. Mais cela ne pouvait durer : peu à peu, ils allaient perdre leur caractère de té-moins de l’œuvre de Dieu/ *Diew “ciel diurne” en indo-européen*) pour devenir les glorificateurs – non sans contorsions – de la nouvelle idéologie exotique pleine d’in-terdits et de mortifications, déréalisante en un mot.

          À ce sujet, A. Dirkens nous livre le témoignage de l’archéologie belge : « Les églises semblent avoir systématiquement pris la place des temples (…) ainsi à Antée (!)n, Tavigny, Fontaine-Valmont. A Villers s/s Semois, l’autel de l’église est constitué d’un bas relief représentant Hercule et Apollon… »

          « Dans la Bhagavad-Gitâ, Arjuna dit de Krishna : “Tu es le seigneur que l’on peut invoquer comme un père pour son fils, comme un ami pour un ami”. On le cons-tate, le dieu païen n’est pas le maître qui a droit de vie ou de mort sur les êtres, du moins pas systématiquement. Les interdits ne sont pas l’affaire des habitants de l’Olympe ; de même qu’ils ne descendent pas sur terre pour racheter des fautes°. Le païen est conscient qu’il ne retrouvera pas la représentation du divin dans un para-dis* exclusivement réservé aux bons élèves. Et, c’est aussi pourquoi il ne redoute pas la mort. » Bruno Favrit, Présence Païenne, L’Æncre 1996.

          « Dans la Bhagavad-Gitâ, Arjuna dit de Krishna : “Tu es le seigneur que l’on peut invoquer comme un père pour son fils, comme un ami pour un ami”. On le cons-tate, le dieu païen n’est pas le maître qui a droit de vie ou de mort sur les êtres, du moins pas systématiquement. Les interdits ne sont pas l’affaire des habitants de l’Olympe ; de même qu’ils ne descendent pas sur terre pour racheter des fautes°. Le païen est conscient qu’il ne retrouvera pas la représentation du divin dans un para-dis* exclusivement réservé aux bons élèves. Et, c’est aussi pourquoi il ne redoute pas la mort. » Bruno Favrit, Présence Païenne, L’Æncre 1996.

L’éradication : “du passé faisons table rase !”

          « Sur les lieux des temples ils construisirent des églises, sanctifièrent les dieux locaux et baptisèrent les anciennes fêtes*. Et de ce qu’elle ne put s’approprier ni inter-dire, l’Église* en fit l’ennemi de l’homme, ainsi le dieu aux bois de cerf, dieu de la fertilité et de l’éternel renouveau glorifiant l’union de l’homme à la nature, devint un diable* répugnant aux pieds fourchus. » Dieter Comes, Cernunnos*.

          Chez nous aussi, bien des menhirs et autres rochers à cupules* et des dolmens avec leurs sources ont été inclus dans des chapelles, puis des cathédrales : au Puy-en-Velay, à Chartres, à Aix-la-Chapelle (Cf. art. Déesses Mères*, § Vierges Noires).

          « A l’époque où s’édifiaient des églises sur les ruines des sanctuaires et temples* , des calvaires sur les menhirs, et où les âmes (cf. infra) damnées des divini-tés sylvestres étaient canonisées, sainte Brigit ou saint Patrick par exemple… » J.–P.

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Berthoit, rev. Combat Païen N°18.

Le Paganisme et les monothéismes6 :

          Les Ébro/ Hébreux ont aussi pratiqué le culte du taureau° avant de devenir mo-nothéistes sous l’influence des “prophètes” et d’effacer presque toutes les traces de leurs anciennes croyances. Il en subsiste néanmoins quelques vestiges dans les passa-ges de la Bible consacrés à Jacob, à Joseph ou bien à Moïse…

          Par ailleurs, un panthéisme latent imprégnait souvent les pères de l'Église, du moins ceux qui n'étaient pas d'origine hébraïque, et saint Augustin écrivait in Civitate Dei, IV-11 : « Ipse aethere sit Jupiter, ipse in aere Juno, ipse in mare Neptunus, Liber in vineis, Ceres in frumentis, Diani in silvis. » : “Tel Jupiter se tient dans l’éther, telle est Junon dans les airs, tel (est) Neptune dans la mer, Bacchus dans les vignes, Cérès dans les blés, Diane dans les bois”.

          « Les fouilles archéologiques et les témoignages de l’époque ne donnent aucune trace d’un soi-disant monothéisme celtique antique qui aurait été une sorte de perver-sion extrémiste d’un monisme dogmatique, par contre les preuves du polythéisme (infra) sont innombrables et incontestables. Les seules formes de “monothéisme celti-que” que l’on peut trouver se situent dans le cadre médiéval du christianisme, à une époque où le Druidisme à été étouffé ou occulté (dans une hypothèse optimiste) de-puis plusieurs siècles. » Bélénertos, revue Message N° 48.

« Le paganisme était autre chose qu’une religion*, c’était un système social où tous les actes de la vie collective*

se confondaient avec les rites* religieux. »Prof. Maurice Cahen.

L’action de l’Église* :

          « L’Interprétatio christiana : tandis que les Romains au contact des Germains tentèrent d’identifier les divinités germaniques aux leurs, cette possibilité n’existait pas pour les adeptes du christianisme, religion* monothéiste.          « Certes, la plupart des auteurs chrétiens des premiers siècles et du moyen âge connaissaient l’interpretatio romana, mais leur manière de voir était cependant obliga-toirement différente : tandis que pour les Romains de l’Empire, le syncrétisme repré-sentait une forme légitime de l’expansion culturelle, pour les clercs (†) germaniques d’après la christianisation, le paganisme était une phase religieuse dépassée ou à dé-passer et il n’y avait pas à revenir en arrière. Le moyen pour ne pas y revenir fut une interpretatio christiana qui consista surtout à considérer comme des démons les dieux païens et les êtres de la mythologie* inférieure.          « Seulement, les auteurs islandais du moyen âge sont beaucoup moins violents qu’ailleurs dans leur refus de la religion païenne ; n’est-ce pas précisément en Islande que lors de la conversion de l’île au christianisme certains mythes païens fusionnèrent

6 Le monothéisme nie l’existence d’autres dieux à la différence de l’hénothéisme qui, s’il honore un seul dieu, accepte l’existence des autres…

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avec des idées chrétiennes (telle) la pêche de Thor7 ? Chez Snorri en particulier, les éléments chrétiens se fondent fréquemment dans sa présentation de la mythologie ger-manique sans qu’il y ait conflit. » Rudolph Simek, Dictionnaire de la mythologie germano-scandinave, Porte Glaive, 1996.

         Bède le Vénérable rapporte qu’en 601, le pape Grégoire Ier enjoignit aux mis-sionnaires anglais de s’employer à détourner de leur sens originel les traditions païennes les plus enracinées, plutôt que de les combattre ouvertement : « Il fallut donc recourir à l’artifice fréquemment employé et ouvertement admis par l’Église, et donner une signification chrétienne à ces rites païens irrépressibles. » Arthur Wei-gall, cité par Alain de Benoist in Fêter Noël, Pardès, 1994.

         « Les innombrables formes et variantes de l'héritage païen ont été articulées dans un même corpus mythico-rituel extérieurement christianisé. » Mircéa Eliade, Histoire des croyances et des idées religieuses, Payot.

         « N'oublions pas, d'une part, que la montée du christianisme s'est accompagnée d'un combat impitoyable contre les anciennes religions et les cultes antiques auxquels tenaient encore les peuples et que, d'autre part, bien avant que l'empereur Constantin déclarât officiellement le christianisme religion d'état, l'Étrurie passait, dans l'Apologie du Christianisme publié dès 295 par Arnobe, pour "mère et génitrice des superstitions". » Keller, Les Étrusques, Fayard GLM 1976.

“Pan est mort, la société est arrivée au bas !”Proudhon…

Tolérance ?

          « Les religions* antiques des Indo-Européens* étaient fondamentalement tolé-rantes car, en fait, les systèmes polythéistes enseignent – par le symbolisme*– l’unité dans la diversité. Ainsi, ils laissent à chacun la possibilité de se choisir parmi la multi-tude des dieux, un dieu préféré, celui qui répond le mieux aux aspirations les plus pro-fonde de l’âme (cf. infra)n ; et cela est capital. Combien de personnes restèrent allergi-ques à toute forme de spiritualité à cause de figurations idiotes accolées à des con-cepts divins, figurations certes imposées par les coutumes, mais totalement contraires à leur idéal. » Raimonde Reznikov, Les Celtes et le Druidisme, Dangles, 1994.

          « Le Paganisme générait naturellement une pensée ouverte, en perpétuelle évo-lution, bien que souchée sur une tradition qui résultait de l’accumulation des expérien-ces des anciens. L’irruption des monothéismes a bloqué cette belle dynamique, qui n’a été regagnée que dans le domaine de la science, autrement dit du langage conceptuel porté à sa perfection. Mais, malheureusement, même cette belle survivance est sou-mise à un terrifiant diktat, celui de l’accumulation indéfinie du capital par les techni-ques. Pour les autres domaines, aujourd’hui il est impossible de protéger la liberté de pensée d’une façon défensive par des dispositifs institutionnels et moraux, car la ten-tation de l’unification de la pensée, ou en d’autres occasions même encore, de la pen-7 Pêche de Thor : ce n’est pas ce que nous y voyions, mais nous avons tenu à respecter l’opinion de l’auteur de cette longue citation…

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sée unique, constitue la grande perversion des sociétés modernes. » Jean Vertemont (auteur d’un excellent dictionnaire, cf. Biblio), Entretien in Antaïos 12.

          Cette tolérance est celle de la, ou des religions païennes bien sûr et n’a rien à voir avec les exigences de l’État romain qui n’a pu tolérer les appels à la désobéis-sance civile que prônait la nouvelle secte (“Qui sème le vent, récolte la tempête”) !

          « Je dois dire que le fanatisme monothéiste prend en cette fin de XXème siècle des proportions si effarantes que cela donne de l’eau au moulin des nostalgiques de la tolérance païenne et de la multiplicité de l’Olympe. » G. Matzneff, rev. Antaïos n°12.

          « Il faut bien comprendre que chez une personnalité formée, adulte, entière et indépendante, les contraintes (sociales et/ ou religieuses) entraînent une réaction de rejet proportionnelle à leur intensité. Au départ, le païen, fondamentalement tolérant (puisque polythéiste, cf. infra) n’est pas hostile à l’idéologie monothéiste qu’il ne par-tage ni ne comprend. Il ne demande qu’à cohabiter ; par contre les dogmatismes, le prosélytisme, les baptêmes de nouveaux nés et les conversions forcées lui sont insup-portables. » (cf. éphéméride in art. Église, et § Charlemagne in art. Irminsul*).

          « Si l’Aurrad (“Nous les Païens”) respectons les autres Divinités issues d’autres peuples ou traditions, elle ne permet pas les syncrétismes et, surtout, elle exige que les autres Divinités respectent nos croyances. Ce qui exclut toute reconnaissance des dif-férentes formes de monothéisme qui, par définition, rejettent les croyances païennes. (Cette position n’est pas spécifique à l’Aurrad, même si certains continuent encore trop souvent à vouloir superposer leur désir profond de Celtisme avec leur endoctrine-ment monothéiste). » extrait du Inis Glas Thoir website :

http //www.thundrpaw.com/neocelt/aurra.html

Màj 30-10-03 : Puisque nous venons de parler de Charlemagne, voici un courriel ré-cemment reçu qui nous montre que, même dans une revue d’informatique, une allu-sion culturelle peut entraîner de judicieuses remarques chez un de nos lecteurs :          « Harald à la dent bleue, Harald blaatand ou Harald bluetooth, est déjà plus connu que le dernier Prix Nobel de la Paix : en effet, ce “ roi Viking d’avant l’an 1000, consulta son peuple, initia le dialogue et la collaboration entre les tribus et les clans*, parvint à unifier les royaumes du Danemark et de Norvège et commnça à instaurer le christianisme en remplacemant des cultes vikings traditionnels”.           « En effet, c’est bien le “saint patron” de cette technologie informatique de “communication sans fil” qui permet enfin de rendre compatible les PC (dits fausse-ment “compatibles” par Billou the Great $) avec les Mac (et quelques autres !… “Deux petites clefs et puis le dialogue : c’est bien la première fois qu’une technologie nous fout la paix ! » conclue Laurent Clause dans son éditorial de Sc. & Vie Mac de Novembre 03.          « Mais, pour rester dans le culturel : comment Harald put-il conjuguer sa con-sultation des tribus et des clans et l’instauration du Christianisme ennemi de leur Foi Native (ce qui est presque un pléonasme) ?…Simple : en s’adressant seulement à ceux qui restaient après qu’il eut chassé les autres ! Voilà qui confirme votre originale et excellente opinion sur l’origine de la déferlante des aventuriers Vikings – ces géniaux navigateurs de haute mer – sur les monastères et les évéchés qui accumulaient les ri-chesses pillées dans les temples païens qui leur servent de fondation ! (votre § / Char-lemagne, in art. Irminsul*) » Bonne continuation, amitiés, Mac the Knife/ @…

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Màj 30-10-03 :  « L’histoire de l’art, de la littérature et de la culture populaire de l’Occident peut être vue comme une lutte entre les deux pôles de la parole et de l’image. Paglia dit : “Le plus ancien conflit dans la culture occidentale, [celui] entre le Juif et l’Egyptien, continue aujourd’hui : le culte hébreu de la parole contre l’ima-gisme païen, le grand Invisible contre la chose glorifiée”.          « Dans les cultures de la parole, la nature est l’Autre, bonne à contrôler et à ex-ploiter. Cela se reflète dans la subordination des femmes, dans le rejet de l’art graphi-que et représentatif, et dans le rejet de la mythologie. Dans les sociétés où l’esthétique de la parole est poussée à l’extrême, les femmes subissent une ségrégation complète, et même les parents peuvent être “ués pour l’honneur” ; il y a un rejet des paroles ve-nant de l’extérieur du cercle sacré, et par conséquent un rejet de l’histoire des autres cercles. » Sexe, violence et art, de Subhash Kak, 2 janvier 2002.

Les Païens et la Mort :           « Seuls les Chrétiens sont en fait préoccupés par la mort. Chez les Païens, au contraire, nulle mortification, nulle limite à la joie de vivre : c’est d’ailleurs en cela que les mystères païens sont plus humains que le Christianisme, morbide par essence.           « Or, dans le paganisme, non seulement il n’y a pas de perspective de salut, mais dieu ne surgit pas dans le for intérieur de l’individu ; il vient à sa rencontre à par-tir des choses du monde. » A. de Benoist, Comment peut-on être païen, Copernic.

          «Avec le christianisme arriva la peur de la mort et des morts, et la démonisation de l’au-delà nordique (vu comme repère des âmes8 maudites, car non chrétiennes); ainsi, Hel (le royaume de la mort nordique) devint Hell (en anglais “l’enfer”)… » A. d’Apremont, B.A.-B.A. Tradition nordique, Pardès, 1999.

Précisons que : « L’idée d’une âme une et indivisible est étrangère au paganisme germanique, celui-ci étant le meilleur représentant de nos lointains ancêtres et, plus généralement, des peuples indo-européens auxquels ce concept est foncièrement in-connu.           « Les lettrés et les théologiens chrétiens cherchent à définir l’âme, c’est à dire à nommer l’indicible, et cela ne va pas de soi, on s’en doute. Certains glissent sur la pente fatale de l’hérésie (concept défini après coup)n, d’autres sont entraînés vers des compromis, bref, l’ajustement du dogme chrétien et de la philosophie de l’Antiquité classique et païenne ne se fait pas heurts ni télescopages… » J. F.

Critère essentiel permettant de différencier monothéisme & paganisme, polythéiste° ou panthéiste :

-1- pour le premier le Cosmos est l'œuvre de “Dieu” qui l’a créé, il a donc une nais-sance et aura une fin –> lors du “jugement (moral) dernier”…

8 Âmes : concept flou et à vrai dire indéfinissable, obtenu par déformation du grec anima, “ce qui anime les êtres”, par opposition au végétal et au minéral… Les Grecs anciens parlaient de pneuma “l’âme° parfaite, éthérée”… °On n’en sort pas !

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-2- pour le second, le Cosmos est éternel puisque incréé, il n'est pas une création de Dieu, mais il EST Dieu lui même :

Encore qu'il faille bien se rappeler que le mot Dieu* n'a pas le même sens dans les deux groupes, pour les uns c'est un dieu ethnique, l’ancien chef de tribu Jéhovah9 ; pour les autre c'est “une abstraction lumineuse et numineuse” (!) : *Diew, ce qui si-gnifie "ciel diurne, beau jour", Clarté (cf. art.*).

« Ceux qui disent oui à la vie… (ceux) pour qui Dieu est le mot du grand oui à toutes choses. »

Friedrich Nietzsche.

Pénétrer le Paganisme : « La difficulté pour comprendre le paganisme, c’est qu’il est indispensable de l’avoir pénétré profondément grâce à une étude longue et assidue. La mentalité païenne est en effet si différente de la nôtre qu’elle déconcerte au premier abord, pro-voquant même parfois un effet répulsif ; une imprégnation lente et progressive est donc nécessaire pour qu’il se révèle sous son véritable éclairage. » André Neyton.

Une vue intériorisée : « Une fois libéré de l’idée d’un Dieu unique, donc totalitaire, et de ses commandements numérotés et absolus, on découvre vite que le sacré* peut être multiple, c’est à dire vivant. Alors s’estompe la rigoureuse frontière entre les dieux, les héros et les humains. La religion n’est plus extérieure mais intérieure. Le divin se retrouve au cœur de chacun. Démarche essentielle du paganisme. » Jean Mabire, Les Dieux Maudits. Récits de Mythologie Nordique, Copernic,1978.

. Citation que nous pouvons essayer de résumer en disant que :

Le choix des valeurs* étant fait, Il n’est plus besoin d’être servile ou hypocrite,

Il suffit d’être conséquent !

Un culte du Cosmos et de la Vie telle qu’elle est :

          Tacite, dans Germania IX, a particulièrement mis en relief la religiosité des païens : « leurs dieux s’identifiaient aux grandes forces cosmiques et aux éléments na-9 Jéhovah : remarquons cependant une parenté phonique (d)Jeohw-a <–> Dje(ou)w qui est le fait de l'apport du rameau Ebro Éburons (–> Hébreux) en Palestine canaanite. Ce Jehovah était à l’origine un “pal” en… if (éburos  en celtique) : Bien Païern tout cela…  (+) Tout comme le Brahmane « Abraham qui, à chaque apparition, dressait sa tente rituelle sous les chênes sacrés… exactement comme le faisaient les Druides d’Europe. Lorsque Jacob, devenu Père des Tribus, rencontre l’Eternel, il célèbre l’alliance par une pierre plantée, un menhir… » JP Bourre (màj < [email protected] >)

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turels, tout comme les dieux de l’ancienne Égypte et ceux de la Grèce ou de Rome. »

          « Le paganisme européen était un discours approbatif du monde, une herméneu-tique10 instaurative (Gilbert Durand) pour le dire de façon trop intellectualisante, un “oui à la vie” (Nietzsche) pour le dire de façon trop simpliste. Dans le présent du mythe*, le rite*, l’homme et le monde se confondaient, fusionnaient. Alors s’ouvrait ce qui a aujourd’hui presque totalement disparu – ce que nous nous souvenons encore, comme par inconscience, dans le sommeil de notre raison – une appétence commune au sacré*, une avidité collective d’Être.           « La démarche personnelle de Jünger illustre bien mon propos : il proposa d’abord le modèle du Travailleur (captation collective de la pure puissance), puis celui du Rebelle, enfin émerge l’Anarque. Trois formes successives – qui ne sont pas sans rappeler les trois fonctions* indo-européennes* – qui se sont bâties, à travers son œu-vre, par des dépassements progressifs. » Charles Champetier, cité par le bulletin Maî-trise des scouts Europe Jeunesse, Mai 1994.

          « Climat poétique, “convivial”, qui fait chaud au cœur, que m’apportent les my-thologies gauloises et gréco-latines : divinités de la forêt, des fontaines, des champs et de la mer. » Christofer. Gérard, dir. revue Antaïos, N°1.

          « Formée d’une marqueterie de peuples indo-européens se superposant les uns aux autres comme tous les peuples antiques de l’Europe, les Hellènes eurent comme lien fédératif de leur unité, leur mythologie* et leur respect pour les divinités de l’Olympe qui régnaient en maître, tant au ciel que sur terre et aux enfers. Leur théur-gie11 imposait ses préceptes partout en obligeant les hommes à vivre en conformité avec les lois du Cosmos, du climat et de la Nature. Les prescriptions des sanctuaires étaient une intégration symbolique* de la compilation de longues observations des lois naturelles, qui s’imposaient en lois humaines touchant tant le physique que le psy-chique. » Jean Vertemont, Dictionnaire des mythologies indo-européennes, Faits et Documents 1997.

         « Pour les Grecs, la phusis est éternel mouvement de procréation ; les Dieux en sont le produit et non le principe. Au delà des Dieux veillent les Moiraï, le Destin*, ordre impersonnel et indifférent. » Marc Cels, in revue Anthaïos.

          « Dans les contrées d’Europe du Nord, le païen concevait son honneur comme la reconnaissance par les autres de cette part de sacré* qui l’habitait et que les puis-sances du Destin lui avaient conféré, ainsi qu’à ceux de son sang. On ne pouvait atten-ter en quoi que ce soit à sa liberté et à son intégrité physique ou morale, car en ba-fouant ainsi son honneur, on eût commis ainsi un sacrilège. » Régis Boyer, La Reli-gion des anciens Scandinaves? Payot 1981.

          « Le paganisme aimait évidemment la nature, puisqu’il était surtout une religion de la nature, et ce sentiment émane par exemple de maints vers virgiliens. Finalement 10 Herméneutique : désigne originellement l’interprétation des textes bibliques et, plus générale-ment, l’interprétation à volonté scientifique, de tout texte difficile : elle examine les faits et les phé-nomènes comme signifiants, et tente d’en donner une interprétation.11 La théurgie n’est pas une quelconque magie* ou sorcellerie, comme les auteurs chrétiens l’on souvent considérée : c’est plus exactement l’art de se hisser au niveau des dieux (non d’agir sur eux), non pas pour en tirer profit matériel, mais afin de s’unir à eux, bonheur suprême et but de la vie. « Cette relation privilégiée repose sur la connaissance des symboles divins ineffables, transmis par les dieux. » Carine van Liefferinge.

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les païens évoluaient surtout dans un monde de divinités protectrices ou aimables (cf. “euphémisation”, gilbert Durand)n ; ils sentaient la divinité dans sa création, ainsi que l’on perçoit un artiste dans son œuvre. Ils possédaient un sentiment de la nature telle-ment poussé, qu’ils communiaient en vérité joyeusement avec elle, découvrant partout un frémissement divin dans ses bruissements multiples, signes évidents de l’univer-selle présence divine et de la permanence de son action ; et si les colères de la nature se déchaînaient brusquement, elles offraient la manifestation éclatante de la toute puissance divine. La nature était aussi vraiment l’école de la religion (…)           « Les monothéistes adoraient directement la divinité, tandis que les païens l’ad-miraient à travers sa création. La nature apparaissait comme l’exposition permanente du secret insaisissable ; pour les païens elle était la Divinité elle-même aux multiples visages et pour les monothéistes la preuve péremptoire de l’existence de Dieu. La Di-vinité était-elle donc immanente ou transcendante ? » André Neyton.

          C’était finalement la question principale, mais l’on pourrait dire que cette ques-tion “métaphysique” est elle-même le résultat d’un artefact car c’est toujours le même problème avec les universaux platoniciens : en accepter un, c’est tomber ipso facto dans un système paralogique…

          « Les Nordiques n’avaient pas besoin de Créateur et faisaient partir l’univers de rien, ou plus précisément “d’eaux primordiales” dont la description pourrait convenir à celle du vide quantique : infinité des possibles, potentialité une et absolue (cf. Claude Sterckx, Les Dieux protéens des Indo-Européens). De cet océan émergent deux opposés, le feu et la glace, positif et négatif. Le contact des deux contraires pro-voque l’explosion primordiale, puis le chaos où règnent les géants°, et enfin la solidi-fication et l’ordonnancement12, évolution et diversification qui gardent le souvenir de l’unité primordiale, comme le monde constitué de toutes les parties du corps d’Ymir… » Morgane, rev. Antaïos N° 8/ 9, 1995/ 96.

          Le païen « proclame l’harmonie du cosmos et l’excellence de la vie humaine, glorifiée par la sagesse et l’héroïsme. L’idéal de la Grèce est le sage qui s’élève à la contemplation de la vérité par l’exercice de la droite raison. C’est le magistère de la parfaite maîtrise de la pensée et de la forme ; la divinisation de la nature en raison de sa beauté. » J. Desalle, rev. Antaïos, N°1.

          « Saluer le soleil levant, planter un arbre, boire dans sa main l’eau restée au creux d’un rocher : c’est se mettre en harmonie avec le monde. C’est faire un acte re-ligieux, en se reliant au monde, en communiant à la source de la vie. C’est entonner le chant du monde… » Pierre Vial.

          « Les paganismes sont des théogonies et non de simples théâtres de Guignols comme les Chrétiens ont perçu les antiques religions de l’Europe.          « Un vieil adage des Pays Nordiques exprime bien la croyance immédiate païenne en la Nature : “Le Divin dort dans la pierre, respire dans la plante, rêve dans l’animal et s’éveille dans l’homme”. » M. M. Bojorix, courrier.

12 L’explosion primordiale : il pourrait bien s’agir de celle qui a déclenché la fin de la glaciation de Wurm, cf. Hypothèse Muck in art. Déluges !

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“Dans une religion qui fait une place à tous les dieuxTous les peuples ont aussi leur place !”

Hugin et Munin, revue de l’Armanen Orden.

Un point de vue druidique “moderne” :

          « Le Paganisme relie le visible à l’invisible, les racines terrestres et charnelle aux racines célestes et spirituelles, la créature à son créateur13. Habituons-nous à appe-ler “paganisme” la religion naturelle, celle qui jaillit naturellement des êtres et des choses, en un mot la respiration du cosmos, cette “totalité” 14 autour de nous et en cha-cun de nous. Habitués à appeler cela paganisme, considérons donc que tout homme naît païen, c’est à dire naturellement religieux*. Si l’on dégrade notre religion natu-relle en rendant absolu ce qui n’est que relatif, dans une vision du monde devenue dé-bile, il ne nous reste que l’idolâtrie.          « L’idolâtrie n’est pas le paganisme. Elle est au Paganisme ce que la sorcellerie est à la magie*, une dégradation par perte du regard religieux, une sclérose spirituelle, une confusion. Qu’est-ce qu’une idole ? L’engloutissement du supérieur dans l’infé-rieur, dans l’insignifiant. L’idolâtrie n’a jamais été un phénomène païen, car le Paga-nisme possède une lumière “au dedans”, contrairement à l’idolâtrie chrétienne qui adore les idoles “intellectuelles”, des idées et définitions de Dieu de manière absolue et pathologique, des fantasmes, des pensées qui se veulent logiques mais qui ne sont que dogmatiques. Ces confusions ont pour rôle principal de donner des réponses (fausses)n aux questions et angoisses » Druide Mog Ruith, revue Message, n°11.

“Ce dont on ne peut parler, il faut le taire !” L. Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus.

Nihil enim habet actualitatem, Nisim inquantum est…Aucune chose n’existe dans la réalité

Si elle n’a pas de réalité en acte…Aristote, Métaphysique.

La Magie* ?           Nous en avons parlé dans l’article la réfutant en tant que processus opératoire réel, mais nous avons aussi cité l’action des galdr runiques (= mantras) sur notre psy-chisme (et, partant, notre physique) ainsi que les travaux du Docteur Coué, de même que le concept de “Pensée15 créatrice”.           Nous devons donc rapporter que lors de nos pérégrinations aux frontières des associations “spiritualistes” et des Ordres (culturels ou maçonniques) nous avons ren-contré une “récitation” qui ne manque pas d’intérêt pour des individus qui pensent en-13 Créateur : il sagit là du point de vue de l’auteur…14 Totalité : ce qui est le holisme*…15 Pensée. Étymologie : du latin pansare “peser”, d’où l’expression “peser ses mots !”…

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core que (selon eux) : « l’homme n’est pas un sauvage soumis à ses seuls instincts, mais qu’il est capable d’autocontrôle et d’autoéducation16. » Nous vous la livrons telle quelle, sans préjuger en rien du “profit” que vous pourriez en tirer :

o

t

Ì

z

 

Sur ce Tertre suprême , dans l’Harmonie du Cosmos,

Dans la Lumière de l’Esprit je trouve le “pouvoir” Avec Sagesse !

Je peux donc me pénétrer des enseignements que je reçois Et faire œuvre utile pour moi même, pour mon Clan*

et ma Communauté*, et ce, dans le respect de La création entière : “Sua” ! 

* * *

Le paganisme est un humanisme :           « Un principe essentiel du Nord est son a-dogmatisme : à partir de lois de base, à chacun de s'élaborer ou de trouver son système pour visiter les mondes. » Arnaud d'Apremont.

          Le système des kenningar (métaphores), avec leurs perpétuels renvois culturels au même ensemble mythique, est caractéristique de l'esprit récurent, "brodeur” des Indo-Européens* (cf. le jeu* du Berceau). Mais il n'est que quête permanente et non confusion d'esprit ! Pour s'aider dans cette quête, l'homme européen inventa le sys-tème éducatif à trois paliers – à l'image d'Yggdrasil/ Irminsul* : l'Initiation* ! Et le tri spontané des initiés, chacun dans la fonction* de son choix, établit cet équilibre de la communauté* caractéristique de la pratique de la trifonctionnalité*.

          « Le paganisme fut un “fait social total”, c’est à dire englobant, le prisme par le-quel le cosmos et la cité, le séjour des hommes et des dieux devenait compréhensible et s’harmonisait. Il scandait les travaux et les jours, régulait les guerres et les lois, ex-pliquait la naissance et la mort. Les anciens croyaient à leurs mythes* – non seule-ment à leur exemplarité, mais aussi à leur normativité : le mythe n’était pas qu’une belle histoire destinée à édifier les masses, mais une source vivante de sens pour les hommes qui le portaient. Le paganisme n’était pas un surréel ou un hyper réel, un au-delà ou un en-deça, mais le réel lui même, le monde tel qu’il devait être regardé et écouté. Pour donner un exemple – très imprécis – le paganisme fut aux anciens ce que la science est aux modernes : un discours structurant le monde, se posant comme véri-té, et organisant ensuite toutes les représentations secondaires que l’on s’en fait.          « Cette approche mythique – et la démarche rituelle qui en découle – nous l’avons perdue, et définitivement perdue à mon sens, au moins à titre collectif. L'écoute du mythe” reste encore possible mais elle suppose méditation et poésie, l’exercice solitaire de la pensée. Les penseurs les plus profonds et les plus féconds de notre temps – Nietzsche, Jünger, Guénon, Abellio, Bataille ou Heidegger par exem-ple – qui ont voulu renouer avec des interrogations métaphysiques ou ontologiques17 16 Autoéducation : c’est cela qui crée une “civilisation” et non pas le fait de “vivre dans des cabanes à lapin”…17 Ontologie : qui se rapporte à l’Être, aux “étants”.

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fondamentales, s’affirment surtout des destins individuels, sans postérité collective possible (…) »

          Les Nordiques considéraient que l’idéal était la conjonction de l’ordre, de la force et du dynamisme, mais ils concevaient la marche du monde réel comme un équi-libre perpétuellement menacé : cela datait sans doute de l’expérience du Fimbulvetr (cf. Grande Catastrophe in article Déluges*). Par contre, dans leur mythologie les trois puissances du désordre sont Loki (parole non réfléchie ou malintentionnée), Surtr (génie du feu souterrain, séisme) Hödhr le meurtrier (involontaire) qui tua Siegfried/ Sigurd sur les conseils de Loki. Compte tenu du fait que Loki personnifie aussi le feu non maîtrisé, on peut ramener ce “trinêtre” nuisible à la seule personne d’un Loki* ca-ricatural et terriblement post évangélique, auteur d’un vrai séisme culturel…

Résidus de mythes païens dans le Folklore :

          « Peuples dont la religion et les croyances étaient fondamentalement en harmo-nie avec les cycles de la nature. C'est directement de ces coutumes païennes, à la fois de l'Europe du sud et du nord, que nous tirons nos principes sacrés de démocratie, d'égalité homme femme, de procès par jury, de droit à la propriété et de liberté de pen-sée et d'expression. Par la suite l'église chrétienne devint dominante et assimila de nombreuses coutumes païennes dans l'ensemble des observances annuelles. Comme elles faisaient partie intégrante des travaux de l'année rurale, elles n'avaient pu être abolies. Alors, les noms furent changés, et l'église* inventa des interprétations pour expliquer les significations des fêtes*. Les divinités païennes devinrent les saints ou les démons de l'église. Nombre des divinités païennes masculines ou des repères de l'année personnifiés devinrent aussi des saints dans le calendrier christianisé. Confor-mément aux traditions patriarcales de l'église, presque toutes les divinités féminines furent considérées comme nuisibles et dangereuses par la nouvelle religion et furent traitées de démons femelles18 envoyés pour éloigner les hommes de Dieu. Mais comme ces qualités divines sont éternellement présentes, aucune ne fut perdue, et leurs fondements traditionnels ont perduré jusqu'aux temps modernes sous la forme de coutumes locales auxquelles des universitaires du XIXème Siècle ont donné le label de "folklore". Ces traditions et croyances sacrées* païennes continuaient aussi dans la saga, les contes populaires et le "lore"° local, et forment aujourd'hui la base de notre °connaissance des pratiques passées (folklore). C'est le noyau spirituel de ces coutu-mes indigènes qui a reconquis sa position en tant que Tradition nordique et est, de nouveau, reconnu comme un système spirituel valide de plein droit. » Nigel Pennick, Magie du Nord, Pardès 1996.

          Au sujet de Mjölnir le marteau de Thor*, citons J.A. Mauduit : «Lors de la mort du Pape, on lui donne un petit coup de marteau sur le front et s’il ne réagit plus on s’écrit “le Pape est Mort ! ” souvenir de l’utilisation chez les Celtes du “Marteau de la Bonne Mort”. » Rite dont nous affirmerons qu’il était quelque peu euthanasiant (“bonne mort”) !

         « Beaucoup de vieilles gens, dans nos campagnes, tracent une croix sur le pain avant de le couper et de le manger. Mais lequel de ces ruraux, encore bien enraciné dans l’immémorial, pense, qu’en fait, il trace le signe du marteau sur sa miche fraîche, comme le faisaient déjà les paysans de la Germanie antique. Ils consacraient leur pain 18 Démons femelles : c'est un effet pervers du célibat imposé aux prêtres…

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à Donnar (Thor)n, pour qu’il leur offre encore de riches moissons. » O. R. Braun, Combat Païen, N° 22.           Encore faut il préciser qu’il ne s’agit pas là de n’importe quelle croix°, mais de celle de Taranis qui est la Rune* Gebo , dite du “Don des Dieux” : il s’agit donc d’une “action de grâce” qui, subrepticement, pérennise les antiques “sacrifices” !…

         Dans nos recherche à travers mythes et folklores : « il nous faut retrouver la pa-ganité là où, seulement, elle a pu se garder, dans le peuple profond, dans le paysan proche de la terre, c'est à dire là où il n'y a pas eu de pouvoir, d'élite (christianisée)n qui ait contaminé les valeurs* pour s'en servir. Là est, par définition, la paganité. » V. Decombis, rev. Solaria N° 2 : c/o J.C. Mathelin, 7 rue Christian Dewet, 72012 Paris..

Le Polythéisme, seul garant de la Liberté !

          La série de livres pour les enfants mettant en scène assez folkloriquement la pe-tite Suissesse Heidie, a déjà fait les délices de générations de jeunes Européens (avant les versions sucrées des japoniaiseries télévisées), mais saviez-vous que Heide19 signi-fie “païen” en germanique : ainsi la petite Heidie est, pour un Alémanique, une petite païenne “des Alpâges” qui toute empreinte de la “religion naturelle” risque de perdre son “âme” à la ville… artificielle. Elle y perd d’ailleurs ses joues rouges et la santé, son anima périclite !…

          Dans la mythologie germano-scandinave : « Heid, qui signifie “clairvoyant”, est le nom de la voyante nommée primitivement Gullveig et que les Ases “tuent” par des coups de lance ( cf. art. Wotan* et Runes*)n mais qui renaît sous le nom de Heid. Elle est alors qualifiée de voyante glorieuse ou rayonnante, ce qui laisse supposer que ce que lui font subir les Ases° (cf. art. Guerre de Fondation*)n correspond a un enseigne-ment initiatique* complexe qui nous reste inconnu, ce que confirme le fait que le nom de Heid soit attribué comme qualificatif – “voyante glorieuse ou rayonnante” – à de nombreuses voyantes dans les récits nordiques, voir Gullveig, initiation et voyante. » Thibaud R-J, Dictionnaire de Mythologie et de Symbolique Nordique et Germanique, Dervy, 1997.)

“Dans tous les lieux où elle recevait l’hospitalité,On la nommait Heidi et Wola la Savante.

Elle ravissait les loups° et aurait ravi Seid lui-même;Elle fut toujours un sujet d’inquiétude pour les méchantes femmes…”

Prédiction de Wola la Savante, 109.

20 19 Heide : signifie aussi “lande”, ce qui est tout comme… pour un Breton. En Provence on l’appelle-rait “Paganou” ! En allemand Land signifie “pays”, en latin pagus d’où Paganus et, à nouveau, la boucle est… rebrodée !20 Loups : Il s’agit là, bien sûr , des initiés* de l’antique Ordre du Loup germanique, grec (Dorien), ou romain… Pour l’Église*, ces Loups seront les “Païens”… qui doivent faire peur à leurs frères aculturés (dé-culturés) !

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Comment peut-on être païen ?           Accepter de répondre à la question : « Êtes-vous païen ? » c’est accepter par avance le “mythe incapacitant” et les arguties dans lequel l’adversaire (satan) entend vous immobiliser, vous lier* car, sur ce terrain, tout lui est péjoratif et la totalité de votre argumentation sera pour lui… satanique (cf. § Diable° in art. Religion*) !         Nous tenons cependant à faire remarquer qu’il n’est pas question ici de soutenir une quelconque “religion païenne” actuelle – dont certains tenants nous semblent moins craindre le ridicule que “le ciel qui pourrait leur tomber sur la tête” – notre po-sition est essentiellement culturelle et, de toute façon, hormis les rites festifs de bonne qualité “esthétique”, nous n’aimons guère nous afficher : notre foi/ fides/ est ainsi faite de réserve : question de tempérament !…

          « Le paganisme est un système religieux et spirituel. Un ensemble de croyances et de pratiques qui s’enracinent dans les religions anciennes liées* à la nature. Une grande variété de traditions se rencontre donc et augmente ainsi les possibilités de no-tre expérience spirituelle. Certains Païens suivent les Déesses et les Dieux multiples, d’autres ne reconnaissent qu’une Force de Vie, et d’autres encore se consacrent à un couple cosmique formé par la Déesse et le Dieu. Certains choisissent de pratiquer de manière solitaire, d’autres assistent à des fêtes publiques. Il existe des groupes de taille variable. Le Paganisme accentue l’expérience spirituelle personnelle. Pour cette raison, les Païens contemporains respectent toutes les religions sincères et ne font pas de prosélytisme en cherchant à convertir autrui. Ils demandent seulement tolérance en toute les formes d’expression du sacré*, respectueuses de la vie. » Lettre Combutis N°22.

          Notre position “païenne” personnelle est essentiellement culturelle nous l’avons dit mais, de ce fait, elle se réfère aussi à un choix de valeurs*. Or, plus on va dans ce domaine de la dégénérescence des valeurs européennes traditionnelles et plus on dé-couvre de destructions, de pertes irremplaçables dans notre culture : cela finit par ex-céder le plus bienveillant et il faut donc bien en parler, ne serait-ce que pour rétablir la vérité (aléthéia est “l’absence d’oubli” : la Mémoire) c’est à dire pour “rétablir nos ancêtres dans leurs droits de fondateurs d’une civilisation originale avancée” et fort injustement décriée !

Le Paganisme est-il une Religion ?           « Religion21 que l'on peut qualifier de naturelle22 puisqu'elle procède si étroite-ment des configurations et des phénomènes de la nature. » Nicole Belmont, Introduc-tion à Adonis in Frazer.

“Naturelle”, certes, c’est un qualificatif important, mais nous aimerions cepen-dant lui accoler le qualificatif “d’organique” qui le définit sans doute encore plus par-faitement, d’autant que ce qui est organique est évidemment naturel ! Mais, avec l’aide d’Evola, précisons ce que l’on entend par “organique” :21 Religion : le Paganisme n’est pas une religion au sens où nous l’entendons maintenant car les reli-gions révélées sont basées sur une idéologie – ce qui en fait, tout au plus, des “religions idéologies” et, de même et pour les différentier, on pourrait dire que le Paganisme est une “religion rite” !22 Religion Naturelle : c’est d’ailleurs la définition que réclame l’Ordre des Armanen qui milite par ailleurs pour la reconnaissance officielle du Paganisme avec l’avantageux statut de religion…

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          « Il y a dans ce genre de recherche un point fondamental qu’il ne faut jamais oublier : c’est le caractère organique de tout ce qui se réfère aux anciennes civilisa-tions. À l’origine de toute les civilisations, rien n’est fortuit ou arbitraire, tout a une si-gnification précise, liée à une vision générale et centrale de la vie. C’est valable pouir les mœurs comme pour l’ornementation, les signes, les objets d’usage courant, les for-mes de style, les armes, les représentations primitives, etc. L’élément spirituel n’est jamais séparé des différentes manifestations de la vie chez l’homme des origines. Il la pénêtre dans une certaine mesure et dans les moindre détails, conférant à toute chose un contenu symbolique. D’où l’erreur de qui, en étudiant les traces et les vestiges sous l’angle seulement “artistique” ou “naturaliste”, en cherchant par exemple à tout expliquer selon le mode de “sentir” qui pouvait, alors, être propre à un clan* de “chasseurs”, de “cultivateurs”, de “nomades”, etc. Examiner ces traces sous cet angle signifie n’en jamais trouver le contenu le plus précieux et le plus essentiel. Par contre, celui qui partira de l’idée fondamentale que nous avons indiquée, le caractère organi-que des anciennes civilisations, verra s’ouvrir pour sa recherche des horizons d’une ampleur insoupsçonnée ; et, comme le paléontologue qui, à partir d’un fragment d’animal préhistorique souvent inconnu, est en mesure d’en reconstituer l’ensemble en fonction de la connexion intime et organique de la partie avec le tout, le chercheur qui étudie les origines pourra également, à partir de quelques traces, d’un rite*, d’un signe, d’un ornement, remonter jusqu’à “l’esprit” (cf. “sacra” in art. R&T, Magie*)n et au mode d’être de la civilisation et de la race des origine. »          (Biblio, plus : Roberto Fondi, La Révolution Organiciste, Labyrinthe.)

          « Par Paganisme, j’entends surtout une conscience vécue des rapports cosmo-biologiques et spirituels, un sens profondément enraciné. Ce qui explique pourquoi je n’appartiens à aucune confession… » Michaël Damböck, fondateur de la revue Pen Tuisko, Entretiens in Antaïos N° 8/ 9, 1995/ 96.

          Nous préférons parler de Paganisme plutôt que de religion païenne, pour bien marquer qu'il n'est pas une "religion" révélée, fixée et, partant, moralisatrice et néga-trice du progrès de la Connaissance : le Paganisme est une acceptation joyeuse du Monde tel qu'il est et tel qu'il évolue ! Sa compréhension ne peut venir que d'un esprit curieux qui a préalablement accepté son existence et admiré ses manifestations esthé-tiques et qui cherche ensuite à en connaître les "lois" internes – sa structure mentale – pour mieux prévoir la réussite de son action : c’est ainsi sont nées les Sciences, dans le monde "païen"… et nulle part ailleurs !          L'exemple inverse nous en est donné par les Romains qui avaient perdu leur Culture assez rapidement du fait de l'étendue de leur Empire et de l'ouverture de la ci-toyenneté politique. Ainsi, beaucoup ne s'y retrouvaient plus dans tous ces rites com-posites ou contradictoires : c'est ce qui fit qu'ils se mirent à respecter la lettre (“casta”) d'une manière excessive – il faut bien se raccrocher à quelque chose – ce qui est le propre de ceux qui n'ont plus en eux l'Esprit fondateur (“sacra”) et c'est ainsi qu’eux-même préparèrent la victoire de la "subversion" chrétienne…

          Exception : l’Odinisme est reconnu religion* (cf.) officielle en Islande depuis 1973 et les Solstices d’Été y sont fêtés* sur l’emplacement de l’Althing, la Haute As-semblée ou Parlement des anciens Vikings, la plus ancienne démocratie avec l’Eccle-sia athénienne !…

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« Les dieux d’autrefois se sont gardé un asileDans la mémoire des femmes ! »

Gauguin : Noa Noa.

Les femmes et le paganisme :

          « Je crois qu’il y a un élément fondamentalement féminin dans le paganisme. Pas seulement parce que les sorcières* ont parfois été considérées comme des “femmes sages” qui auraient su conserver d’anciennes croyances (la vérité et que nous ne savons pas23 grand chose là dessus). Pas seulement non plus parce que le pa-ganisme dont nous avons hérité et aussi le paganisme pré-indo-européen qui, comme chacun le sait, accordait aux divinités féminines une place essentielles : derrière le culte marial chrétien, on retrouve sans peine la Déesse Mère des civilisations néolithi-ques pré-indo-européennes. Pas seulement enfin parce que les traditions païenne qui nous sont le mieux parvenue sont celles qui avaient trait à la troisième fonction*, au sens dumézilien du terme, et que cette fonction, liée de façon privilégiée au monde ru-ral dans lequel ces traditions ont été conservées, correspond notamment au domaine de la production et de la reproduction. (Le paganisme a survécu grâce au peuple, au paysans et aux femmes, beaucoup plus que grâce aux élites, aux citadins et aux hom-mes. Et c’est également au sein de la troisième fonction* qu’ont été intégrées la plu-part des croyances issues du fond pré-indo-européen). Mais aussi, tout simplement, parce que le paganisme, comme toute religion cosmique et traditionnelle, possède de nombreuses caractéristiques qui l’apparentent symboliquement à la nature et à l’uni-vers féminin.          « Que la société indo-européenne (semble)n patriarcale, que son panthéon s’or-ganise le plus souvent autour d’un Dieu Père, que son univers fasse une place impor-tantes aux valeurs* masculines et guerrières, ne doit pas faire illusion sur ce point. La comparaison avec l’univers biblique qui est, lui, proprement masculin, est révélatrice. Typiquement masculin est en effet le primat de la Loi (par rapport aux mœurs), de l’écoute (par rapport à la vue), du logos (par rapport à la physis), du concept (par rap-port à l’image), de l’abstrait (par rapport au concret), de l’histoire (par rapport au mythe*). Masculine est également la conception linéaire de l’histoire, conception rec-tiligne opposée à la vision cyclique ou sphérique, qui perçoit l’univers comme un grand organisme soumis de toute éternité à la loi des cycles.           « Inversement, la pensée féminine, dans ce qu’elle peut avoir de spécifique, re-joint directement la pensée païenne dans la mesure où l’une où l’autre se caractéri-sent par une approche plus globale (plus holiste°) des chose, une approche plus con-crète (mais faisant en même temps une plus grande place à l’imaginaire) que stricte-ment analytique ou conceptuelle, une plus grande proximité par rapport au corps, aux réalités charnelles, à la nature conçue comme totalité se donnant à saisir au travers du visible, etc.  Cet aspect là, que je crois fondamental, a souvent été perdu de vue. » Alain de Benoist, Comment peut-on être païen ? Éléments, juil. 1997.

23 Nous ne savons pas : mais l’acharnement de l’Église* à pourchasser ces femmes afin de les brû-ler vives en est la preuve, comme le moulage nous restitue le pied de la biche dans le Grand Marais

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Le Polythéisme :          « Les Païens baignaient dans le sacré* diffus et pluriel d’un univers “riche en Dieux”, polythéos, adjectif qui figure déjà dans les Suppliantes d’Eschyle. C’est le penseur juif Philon d’Alexandrie (l’hellenique)n qui a tiré de cette épithète le concept de “polythéisme” pour l’opposer au monothéisme des Hébreux.           « Les chrétiens, par la suite, parlèrent plus volontiers d’idolâtrie pour les con-damner en tant que suppôts du diable°. Le philosophe britannique Hume fut le pre-mier, dans son Histoire Naturelle des Religions (1757), à réviser l’idée négative que l’on se faisait du polythéisme, et à louer l’esprit de tolérance des païens qui contraste tellement avec l’intolérance des religions monothéistes… » Jacques Franck, La Libre Belgique, 13-9-2000.

          « Le polythéisme sous entend que toute la matière du cosmos sert de véhicule à l’Esprit divin, et qu’il n’existe aucune volonté créatrice arbitraire, extérieure à l’Uni-vers lui-même. » (cf. aussi Holisme°)         « Le monde divin s’exprime dans le monde matériel sous des formes multiples et distinctes. Suivant son évolution spirituelle, on peut les honorer en tant qu’abstrac-tion philosophique dont les attributs symboliques sont autant de clés ésotériques, ou bien adorer la représentation (statue, image, idole). Là encore, une infinité de nuances existaient entre ces deux possibilités de compréhension du même principe divin. Ain-si, un des chefs de guerre portant le nom de Brennus éclata de rire devant les statues d’Apollon qu’il trouva dans le sanctuaire grec de Delphes, elles étaient en effet in-compréhensibles pour un Celte de son époque qui n’avait jamais vu de divinités figu-rées sous les traits d’un homme. » Belenertos, revue Message N° 48 (ce qui réduit leur “idolâtrie” à… zéro).

           Confondant sous le nom de païen tous les tenants d’autres religions révélées ou non, déistes ou non, et les originaires des autres cultures, l’Église* européenne fit preuve d’un manque de tolérance évident, que son absence de culture – en particulier maternelle, ce qui est un comble – ne pourra jamais excuser, cependant que « La so-ciété païenne ignorait l’intolérance religieuse, parce que les religions antiques, à l’ex-ception du judaïsme, puis du christianisme, étaient polythéistes. Par principe, toute re-ligion polythéiste est tolérante, puisque postulant l’existence d’un grand nombre de dieux, elle admet par cela même la légitimité de divers cultes. » Louis Rougier, Le Génie de l’Occident, Laffont-Bourgine, 1969.

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Le Panthéisme :          « A contrario du dualisme24, le principe anthropique conforte l’image d’un pan-théisme correspondant à la “vraie religion de l’Europe”. » J.-C. Mathelin, rev. An-thaïos.

L’Athéïsme n’est pas le Paganisme !

          Le terme est péjoratif – eut égard au polythéisme ou au panthéisme – mais il été revendiqué par une des tendances maçonnique* : “La Libre Pensée”…

Quand au Satanisme…          Ce “culte de l’adversaire” est une pure invention de l’Église* elle-même et n’est, tout au plus, qu’un “christianisme inversé” :           En effet, nous avons déjà vu que l’Église*, pour faire peur aux paysans et les at-tirer à elle, avait rendu péjoratif le terme “païen” en inventant le diable° (cf. art. Église*), baptisé Démon° ou Lucifer° – lequel était le prométhéen “porteur de Lu-mière” des Romains, celui qui apporta le feu* c’est à dire la Connaissance aux hom-mes – et elle l’affubla des cornes d’Alcinoos ou de Cernunnos, si ce n’est de Faunus, puis elle en fit “le Maître des païens” et, par conséquent, le Maître des Enfers…

Ensuite, les clercs † le parèrent de tous les attributs détestables pour eux : la forme de bouc du dieu grec Pan ou du Faune romain – qui n’est autre que le Jul-bock/ Capricorne épiphanien qui suit le Solstice d’hiver – et ils assurèrent que les païens lui servaient des messes… noires, bien sûr ! De ce fait, nombre de chrétiens 24 Dualisme : « L’enracinement du dualisme dans la pensée européenne pose des problèmes considé-rables à la société moderne, problèmes qui vont s’amplifiant sans cesse. D’abord ontologique, avec la distinction fondamentale de deux êtres, un être créé, imparfait, et un être incréé, appelé Jahveh ou Dieu*, le dualisme fondamental du Christianisme valide une série de dualismes qui affectent tous les domaines : intellectuel, cosmologique, éthique, existentiel, agencés par une théologie systématique. La matière est séparée de l’esprit, l’âme du corps, l’objet du sujet, l’effet de la cause. Le bien du mal, le vrai du beau, la nature de la culture et, globalement, l’humain de la biosphère. Un auteur con-nu mondialement comme Joseph Campbell a pu écrire sans crainte d’être contredit : “La séparation chrétienne entre la matière et l’esprit, entre le dynamisme de la vie et les valeurs spirituelles, entre la grâce naturelle et la grâce supra naturelle a réellement castré la nature (La Puissance du Mythe, Pa-ris 1981). Les effets de cette castration sont considérables, et nos contemporains les éprouvent tous les jours : pollutions physiques et mentales, destruction définitive en un siècle des équilibres écolo-giques qui ont mis des millions d’années à s’établir, dilapidation des ressources naturelles pour le maintien de la vie, explosion des maladies dégénératives comme le cancer, ou l’obésité, les maladies psychosomatiques et mentales, dues à un affaiblissement continu de l’énergie vitale (…) Le dua-lisme est immanquablement générateur de violence par le mal être qu’il génère. » Jean Vertemont, revue Antaïos n°12. « Le dualisme pur, manichéen, repris pour leur propre compte par les monothéismes, est une per-version religieuse et métaphysique à jeter à la poubelle des pensées incongrues et parfaitement per-verses qui mettent la liberté et la dignité des hommes dans le plus grand danger. Cf. Le caractère castrateur et mortifère de Satan°, du péché° et de l’enfer° agités en Europe depuis le Moyen Âge contre la liberté de conscience d’hommes et de femmes traités comme autant de criminels en puis-sance, soupçonnés et traqués, devenus “gibiers d’Inquisition” au XIIème siècle et bien après. » Ber-nard Bouyer, Message n° 56.

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considèrent le terme de “païen” comme un concentré de “diable*, d’athée, de mé-créant, de traître, d’antéchrist, d’infidèle”, et nous en passons ; d’où les immenses dif-ficultés à communiquer avec nos frères conditionnés, “dressés à mordre” comme chiens de combat par la “nouvelle foi”!

          Ce paganisme “adversaire” – ce qui, on ne le rappellera jamais assez, est le sens du mot hébreux satan – étant tout ce qu’ils exécraient devint donc un “christianisme inversé” : son négatif absolu. Ainsi on est toujours là dans les “universaux” sémanti-ques et l’imaginaire déréalisant !

          Or, le Paganisme n’est pas un refus du Christianisme par une sorte de décalque négatif, de magie* noire, bien au contraire : il lui est non seulement antérieur, mais surtout fondamentalement différent quand ce n’est – bien souvent – antinomique : nous avons vu l’opposition radicale entre ce que nous appelons les religions-rites* festives et les religions-idéologies issues du Livre25 des Interprètes… prophétès !

          « La contradiction de toute démarche “sataniste”, c’est qu’elle ne peut se passer du Dieu auquel elle prétend s’opposer, car dans le cas contraire ses “transgressions” n’auraient aucun sens. À quoi bon blasphémer contre Dieu si l’on est convaincu qu’il n’existe pas ? Quel sens peut avoir la profanation d’une hostie si celle-ci n’est qu’une rondelle de pain azyme ? On pourrait dire de ce point de vue que le “satanisme” con-tribue – sur le versant noir – à la pérennité du christianisme en même temps qu’il fournit aux journaux en mal de copie un “sensationnel” bien dans l’esprit du temps. » A. de Benoist, Id.

          « Évidence : un Païen authentique, n’étant pas ou plus chrétien, n’a pas la moindre raison d’adorer “Satan”, double négatif du Dieu unique des Chrétiens, instru-mentalisé par l’Église* pour terroriser ses ouailles. » Chr. Gérard, Antaïos n°12.

          En tant que “folklore moderne” comme expression des milieux de musique “hard” ou (et) de certains “skins”, la “satanisme” n’est qu’une provocation anticléri-cale bien digne de notre société de consommation ! Il ne saurait donc de ce fait tra-duire aucune des valeurs* propres du Paganisme : ce n’est, en fait qu’un produit de consommation bien digne des productions littéraires et cinématographiques de nos so-ciétés déboussolées et guère plus digne d’intérêt que le fatras commercial du nouvel Hallowen Hollywoodien. Mais, disant cela, nous remarquerons que de plus en plus de jeunes sont définitivement réfractaires à ces élucubrations religieuses : ces phénomè-nes, qui pouvaient intriguer autrefois, seront bientôt tellement banalisés qu’ils en se-ront devenus totalement… ridicules ! Rions donc mes frères…

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25 Religions : Comment peut-on utiliser le même mot pour décrire deux phénomènes aussi différents : l’une fête la Vie quand l’autre y renonce, l’une rassemble la communauté* dans la Joie quand l’au-tre servilise des individus (dulie) et les dresse contre d’autres transformés par elle en (diaboliques) boucs émissaires…

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Le Paganisme est-il l’ennemi du Christianisme ?

          « Le paganisme doit être considéré simplement et sans préventions, comme un terrain d'étude et de recherche scientifique, mais en aucune façon comme un lieu d'affrontement qui fausserait la vision des faits et leur appréciation réelle. » André Neyton, Lumières sur le paganisme antique, Letouzey et Ané, 1995.

        « Ce que le païen accepte le plus volontiers dans le christianisme, c’est la dévo-tion populaire aux saints, c’est le rite*, ce sont le processions […] Le païen accepte volontiers une procession mais tourne le dos à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. L’in-terprétation chrétienne du monde lui soulève le cœur, mais une fête de l’Église avec ses lumières, ses fleurs, ses chants… tout cela il l’accepte comme autant de bonnes choses, même issues d’une chose mauvaise, car ce sont des choses véritablement hu-maines, et elles sont la manifestation païenne du christianisme. » Fernando Pessoa.

          « On notera en passant que c’est à cette “manifestation païenne du christia-nisme” que les chrétiens “traditionalistes” sont le plus attachés, tandis que le courant “moderniste” veut au contraire l’éliminer. » Alain de Benoist, ibid.

          En fait, la question vaut d’être posée à l’envers : le Christianisme – du moins tel que l’Église* prétend le représenter – est-il toujours l’ennemi du Paganisme ! À ce sujet, rappelons que “saint” Patrick “le grand faucheur du paganisme celtique” appa-rut en Irlande au IVème siècle et, comme réponse à la question, nous citons dans l’ar-ticle Église* cet extrait du livre de H. Maurier de l’Institut Catholique de Lille, Le pa-ganisme (Ed. Desclée 1988) : « Il reste malgré tout, même si l’on prend bien garde à ne pas juger autrui (?!)n, que le terme païen implique toujours tension avec le Christia-nisme (ou quelque autre religion à révélations). C’est pourquoi dans l’usage des Chré-tiens d’aujourd’hui, le paganisme continue à désigner l’adversaire, l’irréductible, l’in-admissible. » (souligné par nous)

Tourisme :           C’est la recherche sur le terrain des éléments de notre ancienne culture qui pourrait apporter le plus de véracité à tous ces discours et c’est sans doute ce qui fit dire à Christopher Gérard : « Le pèlerinage et la commémoration me semble le fonde-ment de toute religiosité authentique, vécue : je pense ici à Chartres et à Compostelle, plutôt qu’à Lourdes ! »

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3 4 5 6H 7 8 9

Midi

Par exemple, dans une église “orientée”, qu’elle soit construite avec un chœur en “rond point ou demie tholos”, ou bien comme celle-ci à Fontenay : à 3H, on peut voir dans l’embrasure les premiers rayons du lever héliaque au solstice d’été ; à 6 H, le le-ver héliaque à l’équinoxe : à 9 H, le lever héliaque au solstice d’hiver ! Il s’agit encore et toujours d’un temple astronomique du type Muhlespiele/ Escarboucle (cf. art. As-trologie* nordique) et les Actions de Grâce qui y sont rendues envers les Dons des Dieux (Rune Gebo  ou Croix de Taranis), l’étaient à l’origine au “Dominus”, c’est à dire au Soleil – manifestation du Divin sur la Terre – Soleil que nos ancêtres observait depuis ce Hag/ tertre sacré* ou Ballon, sur ce Németon/ Téménos. Ce “Divin” devint “Dieu”, son nom venant de l’indo-européen *Diew qui signifie “ciel diurne, beau jour” : symbole de “Clarté” ! Mais, depuis depuis que des interprètes autoproclamès ont raconté n’importe quoi et interdit de plus en plus d’éléments vitaux, nous ne trou-vons même plus de “Clarté” dans un beau jour printanier sauf quelques poètes, ou de rares peintres et un Bach de temps en temps…

         Outre les architectes initiés* des Corporations de “francs bâtisseurs” des églises et cathédrales, quelques prêtres Dominicains et Cisterciens l’ont su, tout au moins au début de la construction des églises romanes, mais c’est un souvenir lumineux du pa-ganisme* (abhorré par l’Église*) qu’on n’appris pas dans le catéchisme exotique et que, par conséquent, tout le monde fut forcé d’oublier… jusqu’à prétendre que cette direction est celle du tombeau du Christ – alors même que pour un Africain ce devrait être le Nord et pour un Hindou le Couchant – et non celle du soleil levant qui est la même pour tous, même pour les Esquimaux…

Concluons :          Avec Frans Eduard Farwerck, dans Tout n’est pas comme on nous l’a raconté (cité in Antaïos n° 10) : « Même si une civilisation millénaire a recouvert notre nature profonde d’un vernis importé et ce, à un point tel qu’on ne reconnaît presque plus la couleur originelle, la découverte de l’essence, du caractère de nos ancêtres fait naître en vous un sentiment de piété filiale. Nous apprenons ainsi à mieux nous connaître, nous pouvons retrouver qui nous sommes par delà ces idées étrangères. »

         Et, Arnold Toynbee, nous dit : « Je crois que l’humanité a besoin de retourner au Panthéisme… Il nous faut retrouver le respect et la considération que nous avions ori-ginellement envers la dignité du monde naturel et non seulement humain. Nous avons

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besoin pour nous y aider d’une religion vraie… » cité par la revue Libération Païenne (B.P. 2305, 13213 Marseille Cedex 2).

          « Ce que nous voulons, c’est détruire nos fausses connexions inorganiques, en particulier celles qui ont trait à l’argent, et rétablir les connexions organiques vivantes avec le Cosmos, le Soleil et la Terre, avec l’humanité, la nation et la famille. » D. H. Lawrence.

« Je déteste faire partie d’une société où chacun doit suivre un chemin tra-cé par la bienséance, par la loi, par le mensonge, par la religion des hommes, par la politique. Je ne crois qu’à la nature, qu’au vent, qu’à la pluie, qu’aux ani-maux, qu’au soleil, qu’au jour, qu’à la nuit, qu’à la lune, la mer, les étoiles, les saisons, la terre, qu’à Dieu, le mien, celui que j’aime et respecte. Mais que je ne crains pas. » Brigitte Bardot, Le Carré de Pluton, Mémoires **, GLM 1999.

« Gnôthi seauton  » : Connais toi toi-même Et tu connaîtras l’univers et les Dieux.

Biblio Plus :

Balades au cœur de l’Europe païenne. Ed. de la Forêt, 2002.Bouchet C., B. A. Ba, Néo-paganisme, Pardès 2001.Boissier G., La Fin du Paganisme, 2 vol., Hachette.

Chatelet F. & alia, La Philosophie païenne du VIe AEC au IIIe s., Hachette 1980.Danièlou A., Le polythéisma indou, Buchet-Chastel 1979.

Europe : La mémoire païenne, revue Éléments pour la civil. Europ. n° 89, Juil. 97,et, en particulier, Une bibliothèque païenne, p. 33/ 35.

Julien, Contre les Galliléens, trad C. Gérard, Ouisia Bruxelles.Labriolle P. de, La Réaction Païenne : ét. s/ polémiq. antichr. du Ier au VIe s.

(L’Artisan du Livre, Paris).Mac Mullen R., Cristianisme et Paganisme du IVe au VIIIe s., Belles Lettres.Simon M., La Civilisation de l’Antiquité et le Christanisme, Arthaud 1972.

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*********màj 01-03 : Et, voici un extrait du site : <www.sagesse-primordiale.com> Voulez-vous lire maintenant : Que sont le Gentilisme et les Gentils qui peut, sans doute, nous aider à parfaire notre propre perception d’un “paganisme” européen ? Cliquez sur :

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*********Màj 31 oct 03 : Voulez -vous lire maintenant en entretien entre Jean Dessalle(animateur de Synergies Européennes dans le Languedoc-Roussillon) et Jérémie Be-noit auteur de l’ouvrage de référence fondamental sur Les origines mythologiques des contes de Grimm (éditions du Porte-Glaive). Première approche en français de cette thématique cardinale, qui nous permet de comprendre la psyché profonde des peuples européens. Jean Dessalle l'a interrogé à la suite de la parution de son livre Le paga-nisme indo-européen. Pérennité et métamorphose paru chez L'Age d'Homme : Clic/

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Première parution 15 juin 01, 3ème mise à jour 4 avril 03

REMARQUE IMPORTANTE :

À l’usage, il s’est avéré que cinq articles se tenaient fortement, soit pour s’épau-ler, soit pour se contredire : ce sont ceux qui traitent de Religion, de Mythe*, de Rite*, de Paganisme* et de l’Église*. Nous pouvons même dire qu’un certain or-dre dans leur première lecture peut se montrer avantageux. Aussi, avons-nous établi en fin d’article un lien vers le suivant afin que vous puissiez les appeler

dans cet ordre. Mais ceci n’est pas obligatoire comme ce le serait pour les diffé-rents paragraphes d’un même sujet !

Nous les laisserons donc à leur place dans la “liste des articles” accessibles sépa-rément (cf. le bouton “SOURCES, autres articles” de la page d’accueil)…

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Autorisation de citations :

Vous pouvez extraire de cette étude toute citation utile à un travail personnel sous la condition sine qua non de citer son auteur et le nom de l’ouvrage :

Christian Mandon“ Les origines de l’Arbre de Mai ” dans la cosmogonie runique des Atlantes boréens

à paraître.