p.26 quand productivitÉ rime avec sÉcuritÉ · attendue est le résultat d’un travail collectif...

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P.26 QUAND PRODUCTIVITÉ RIME AVEC SÉCURITÉ P.31 RISQUE SUICIDAIRE, QUE FAIRE ? P.34 LA PRÉVENTION PREND UN COUP DE JEUNE Trouvez d’autres articles et photos sur www.lebimsa.fr LES SERVICES DE REMPLACEMENT Mensuel / Mai-Juin 2012 124

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P.26 QUAND PRODUCTIVITÉ RIME AVEC SÉCURITÉ P.31 RISQUE SUICIDAIRE, QUE FAIRE ?P.34 LA PRÉVENTION PREND UN COUP DE JEUNE

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La certification des comptes assoit la crédibilité de la MSA ”

C’est devant le conseil d’administration de la caisse centrale du 16 mai dernier que les commissaires aux comptes ont annoncé qu’ils certifiaient les comptes combinés de la MSA pour l’exercice 2011. Cette annonce tant

attendue est le résultat d’un travail collectif de trois années, animé par les directeurs et les agents comptables des caisses, et je veux ici les en remercier

publiquement, en y associant bien entendu leurs équipes. La certification témoigne, en effet, de la pertinence des procédures de contrôle interne et donc de la qualité de la gestion des flux financiers associés aux missions de service public dont la MSA est délégataire, qu’il s’agisse de recouvrement ou de verse-ment de prestations.Elle assoit donc la crédibilité de la MSA, à un moment particulièrement opportun, face aux nouveaux interlocuteurs ministériels qui devraient émerger des échéances électorales de ce mois de juin.Les dossiers à évoquer ne manquent pas. Qu’il s’agisse du projet de réforme du financement des opérations de gestion de la MSA, lancé sans préavis et sans concertation préalable en janvier dernier et qui comporte un risque majeur de déstabilisation, voire de démotivation, des conseils d’administration des caisses. Qu’il s’agisse des nombreuses demandes en attente pour garantir à nos ressortis-sants, salariés et non salariés, un accès équitable aux droits et améliorer une couverture sociale agricole encore incomplète ou trop limitée. Qu’il s’agisse enfin, et peut-être surtout, de nos nombreuses propositions pour élargir notre champ d’attractivité, développer des relais d’activité sur les territoires ruraux, s’y positionner comme un interlocuteur social de référence et répondre ainsi au risque d’éloignement du service public, particulièrement préjudiciable pour les personnes âgées. Car la MSA, expression d’une démocratie sociale vivante et participative, a l’ambition d’agir, de servir et de démontrer que la volonté de solidarité et de proximité peut se décliner avec le sens de la responsabilité et l’efficacité de la gestion.

Gérard PelhatePrésident de la MSA

Caisse centrale de la Mutualité sociale agricoleLes Mercuriales - 40, rue Jean-Jaurès - 93547 Bagnolet CedexTél. : 01 41 63 77 77 – www.msa.frLe Bimsa : dépôt légal à parutionCPPAP : 1016 M 05851 – ISSN : 1298-9401Directeur de la publication : Michel BraultComité d’orientation : Gérard Pelhate ; Claudine Faure ; Robert Caldayroux ; Didier Cuniac ; Anne Gautier ; Rémy Guilleux ; Dominique Marmier ; éric Van Daele ; André RicardRédacteur en chef : Marie-Luce Gazé DesjardinsRédacteur en chef adjoint : Gildas BelletRédacteurs : Thomas Bousquet ; Bernard Gazé ; Franck RozéSecrétaire de rédaction : Anne Pichot de la MarandaisMaquettistes : Stéphane Frit ; Delphine LevasseurConception : agence MeaningsAdministration et abonnements : Marie-Christine Feugueur Tél. : 01 41 63 73 31Imprimerie : Imaye Graphic - 96, boulevard Henri-BecquerelZI des Touches - BP 2159 - 53021 Laval cedex 9Couverture : Jean-Michel Delage/CCMSA Image(s).édito : Luc Pérénom/CCMSA Image(s).

le bimsaBulletin d’abonnementÀ retourner à CCMSA – Le BimsaLes Mercuriales, 40 rue Jean-Jaurès 93547 Bagnolet Cedex

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ACTUALITÉS ……………………04-08Du nouveau dans les régions et dans notre environnement social et agricole.

TERRITOIRES …………………09-12Soirée de clôture d’un contrat de développement social territorialisé dans les Deux-Sèvres.

ENJEUX ……………………………13-14 Journée annuelle de l’action sanitaire et sociale.

DOSSIER ……………………15-23 LES SERVICES DE REMPLACEMENT Proposer des salariés qualifiés aux agriculteurs qui doivent ou souhaitent quitter temporairement leur exploitation, telle est la mission des services de remplacement qui fêtent leur 40e anniversaire.

FOCUS ………………………………24-25La prestation d’accueil du jeune enfant.Les contrats de prévention font florès.

RENCONTRES ………………26-33 Quand productivité rime avec sécurité.Le partenariat, c’est la santé.Risque suicidaire, que faire ?

EN IMAGES ……………………34-35La prévention prend un coup de jeune.

SUR NOTRE SITE WEB : d’autres articles et reportages,plus de photos et d’infos régionaleswww.lebimsa.fr

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Auvergne /

un anniversaire en famillesDepuis vingt ans, dans le Cantal, des familles réunies au sein de l’association Enfants au Pays vert proposent des vacances dans un cadre chaleureux et font décou-vrir à des enfants la vie à la cam-pagne.Vingt ans, selon le refrain bien connu, « ça n’arrive qu’une fois seulement » ! D’où la volonté de Bernadette Broncy, présidente

de l’association et administratrice de la MSA Auvergne, de réunir les familles membres qui accueillent chez elles des enfants pendant les vacances scolaires.

Une présence affichée sur InternetUne occasion de célébrer « en familles » cet anniversaire, mais aussi d’officialiser la création du site (http://enfants-aupaysvert.fr/) et de retracer tout le chemin parcouru en deux décennies. Pour pointer les différentes étapes de ce développement, François-Albert Chandon, président du comité départemental de la MSA

Auvergne, est d’abord remonté aux origines de l’association : « Des familles confrontées à une baisse de leurs revenus étaient en recherche d’activités complémentaires. De plus, l’isolement géographique entraînait un besoin d’ouverture et de contacts pour les familles et leurs enfants. « Une telle initiative pouvait éga-lement contribuer à une meilleure connaissance du métier d’agricul-teur et valoriser les nombreux atouts de notre département, notamment au niveau environnemental. Le ser-vice d’action sociale de la MSA a donc été chargé de la mise en œuvre de ce projet. » —

guAdeloupe /

phytosAnitAiresPour préserver la santé de la profes-sion agricole, la CGSS, en partena-riat avec le centre interprofessionnel de santé au travail (CIST), cherche à sensibiliser la population agricole aux risques liés à la manipulation des produits phytosanitaires et met progressivement en place la démarche Phyt’attitude.

pAs-de-CAlAis /

CAfé bleu Le 20 mai dernier, la MSA Nord-Pas de Calais était présente sur le port de Boulogne-sur-Mer lors de la fête de la gainée, un grand classique de la cuisine du Boulonnais. Cette manifestation locale qui draine une population nombreuse a été l’occasion d’organiser un « café bleu » destiné à sensibiliser le public au dépistage du cancer colorectal. L’équipe prévention santé de la MSA Nord-Pas de Calais s’est particulièrement mobilisée, épaulée par le comité de l’échelon local du secteur. Bien que la promotion du dépistage du cancer colorectal ne soit pas un sujet facile, l’animation a rencontré un succès certain avec, comme point d’orgue, la visite de Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des Transports et de l’économie maritime.

250agences territoriales MSA.

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Retrouvez l’article intégral.

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Lire le témoignage d’un médecin du travail au centre de santé au travail, à jarry.

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provenCe-Alpes-Côte d’Azur /

Certiphyto : accord Aromsa et chambre régionale d’agriculture

Armorique /

danger lignes électriques

Signature, le 23 avril dernier, à la Sica Val de Nesque à Malemort-du-Comtat (Vaucluse), d’un accord cadre entre l’Aromsa (Association régionale des organismes de mutualité sociale agricole) et la chambre régionale d’agriculture Provence Alpes Côte d’Azur (Paca), pour réaf-firmer la volonté de chacune des structures d’intervenir en coanimation sur le nouveau dispositif Certificat individuel professionnel (Cer-tiphyto). L’accord fait suite à un premier, signé en 2008. L’idée d’origine du partenariat était d’assurer des formations par filière d’activité, avec une alternance des interventions entre les conseillers de la chambre d’agriculture,

Marie-Louise Hellequin, présidente de la MSA d’Armorique, M. Fleurant, directeur territorial ERDF du Finistère, M. Mallet, son homologue des Côtes-d’Armor, et M. Métais, directeur RTE (réseau de trans-port d’électricité) Bretagne, ont signé en mai 2012 une convention relative à la sensibilisation du monde agricole sur les dangers liés aux travaux à proximité des lignes électriques. Elle vise notamment à renforcer la relation et mutualiser les moyens, au niveau local, entre le monde agricole, le réseau de transport d’électricité et le réseau de distribution d’ERDF, afin de sensibiliser l’ensemble de la population agricole aux risques d’accidents aux abords des lignes électriques.Pour la MSA d’Armorique, cette action s’inscrit tout naturellement dans le cadre de sa mission de prévention des risques professionnels à destination des exploitants et des salariés agricoles.Car même si potentiellement tous les publics, particuliers et professionnels, sont concernés, les agriculteurs, du fait de leurs activités (arrosage, irrigation, élagage et abattage des arbres, conduite d’engins de grande hauteur, manipulation d’objets encombrants...), sont particulièrement exposés.La MSA d’Armorique, RTE et ERDF s’en-gagent donc à organiser des réunions dans les Cuma (coopératives d’utilisation du matériel agricole) et les ETA (entreprises de travaux agricoles), avec distribution de documents sur la sécurité électrique et particulièrement sur la conduite à tenir en cas de contact d’un engin agricole avec une ligne, la formation des conseillers en prévention MSA à ces risques particuliers, la sensibilisation des élèves des établisse-ments agricoles. —

Le 15 mai 2012, la MSA de Maine-et-Loire et l’agence nationale pour les chèques-vacances (ANCV) ont signé une convention de partenariat permettant aux allocataires de la MSA de bénéficier d’une aide pour faciliter leur accès aux vacances et aux loisirs.Les deux organismes partagent la conviction que les vacances sont essentielles pour tous, qu’elles sont un outil social innovant et complémentaire pour lutter contre toute forme d’exclusion.La MSA de Maine-et-Loire est la première de France à faire bénéficier ses allocataires d’une aide au départ en vacances et aux loisirs sous la forme de chèques-vacances d’une valeur de 80, 100 ou 120 euros selon leur quotient familial. Près de 2 000 de ses allocataires, dont le quotient familial est inférieur ou égal à 600 euros, en recevront et pourront en disposer selon leurs envies auprès de 170 000 professionnels du tourisme implantés sur tout le territoire français.—

île-de-frAnCe /

ConférenCe-débAt

C’est le nombre de personnes qui avaient répondu présent à l’invitation de la MSA d’île-de-France et de la faculté de médecine Paris Descartes, qui ont organisé – avec l’ARS et l’URPS – une conférence-débat sur l’exercice de la médecine en milieu rural, à destination des étudiants inscrits dans les sept facultés franciliennes. Objectifs : les sensibiliser et répondre concrètement à leurs interrogations quant à un éventuel projet d’installation.

mAine-et-loire /

Accès aux vacances

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les médecins du travail et les conseillers en prévention. Il était important que ces formations soient vivantes et qu’elles puissent répondre aux attentes techniques des professionnels. D’où la mise à disposition d’animations variées. Sur le modèle du phyto-théâtre, des chroniques d’activité en images ont ainsi été conçues par filière, pour favoriser les échanges sur les bonnes pratiques. De même, les MSA Alpes-Vaucluse et Provence Azur ont créé, en 2011, un film sur l’activité de traitement en situations réelles et en situations optimisées (Phytos : risque zéro ?) et un book phyto (Vers un changement de vos pratiques phytosanitaires) qui rassemble les informations sur la prévention des risques autour de l’activité de traitement. —

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Plus d’info et témoignage d’un agriculteur.

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ille-et-vilAine26e édition du spACe du 11 Au 14/09. Le Space, rendez-vous des acteurs de l’élevage mondial, se tiendra au Parc des Expositions de Rennes. www.space.fr —indre-et-loirefemmes et trAvAil en AgriCulturele 14/09. L’Institut national de médecine agricole organise son prochain symposium sur ce thème au centre des congrès de Tours. En savoir plus : www.inma.fr —tArndestinAtion terre gourmAnde

du 14 Au 16/09. Rendez-vous pendant trois jours à Lautrec pour un voyage agri-culturel et la 59e finale du concours national de labour. www.destinationterregourmande.fr —semAine net-entreprises du 15 Au 23/11. « Rencontres Extra 2012 », tel est l’intitulé de la semaine qui sera proposée par Net-Entreprises aux entreprises et aux tiers déclarants. Objectif : faire mieux connaître les enjeux de la dématérialisation à travers des événements organisés par les comités régionaux net-entreprises. www.net-entreprises.fr —pArisforum seniorsles 19 et 20/11. Un forum ayant pour thème « Senior, une chance pour la France » se tiendra au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Une table ronde sera consacrée à l’emploi des seniors.

bourgogne /

bon marché

« Nous avons été dévalisés, nous n’avons quasiment plus aucun do-cument d’information ». jacqueline Gaudillière, présidente du comité de l’échelon local du Chalonnais (Saône-et-Loire), et son équipe de délégués MSA ont rencontré un franc succès avec leur stand sur l’équilibre alimentaire, lors du premier marché de producteurs de printemps de Chalon-sur-Saône. L’opération avait été organisée par la commission des agricultrices de la FDSEA, pour mettre en relation consommateurs et producteurs ruraux. Des agriculteurs qui, eux aussi, avaient écoulé tous leurs produits en fin de marché !

Sur leur stand, les délégués ont joué le jeu de la filière courte en relayant l’information, en échangeant avec un public nombreux, en distribuant plaquettes à visée éducative et

recettes de cuisine pour une alimen-tation équilibrée… Une réussite qui devrait conduire à l’organisation de marchés similaires dans d’autres villes du département. —

trant les aidants, les professionnels médicaux et paramédicaux, et les maires du canton. Objectif : repérer les besoins et proposer des réponses concrètes et adaptées.Une restitution publique des résultats de ce diagnostic a été organisée. À cette occasion, ont été présentés les projets déjà mis en place et ceux planifiés sur l’année 2012 (groupes d’échanges destinés aux aidants

midi-pyrénées sud /

soutien aux aidants familiauxLa MSA Midi-Pyrénées Sud s’est engagée dans une démarche de développement social local sur le canton de Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne), sur le thème du « Soutien aux aidants familiaux sur leur territoire de vie ». Ces derniers mois, en collaboration avec les partenaires locaux, les élus du canton, les habitants et les aidants familiaux, la MSA a mené un travail de diagnostic en rencon-

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Retrouvez une information plus complète sur notre site.

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familiaux, forum des aidants en octobre 2012, animations sociales pour les personnes aidées). —

vie de l’institution

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mAlAdies professionnellesUn décret publié au Journal officiel du 6 mai ajoute deux maladies professionnelles en agriculture aux tableaux du régime agricole. L’un des deux établit explicitement un lien de causalité entre la maladie de Parkinson – seconde maladie neurodégénérative en France après Alzheimer – et l’usage des pesticides. L’autre concerne le carcinome du nasopharynx (affection cancéreuse).

ConCours le pré vert Pour sa 7e édition (2012 -2013), le concours Le Pré Vert portera sur le thème de l’Année européenne des citoyens. Aux classes de 6e, 5e et 4e, seront adjointes, cette fois, les classes de 3e, et deux groupes de niveaux seront créés.

Journées nAtionAles des Aînés rurAux Du 5 au 7 juin, elles ont réuni comme chaque année les délégués représentant les quatre-vingt-cinq fédérations, des responsables associatifs et des partenaires. Ces journées, organisées sur la Presqu’île de Giens (Var), s’articulaient autour de la thématique du développement du mouvement et les débats ont tourné autour de sujets tels que le bien vieillir et la perte d’autonomie. www.ainesruraux.org

moins de CotisAnts de solidAritéLes personnes exerçant une activité agricole dont l’importance ne permet pas l’assujettissement au régime de protection sociale des non salariés agricoles sont redevables d’une cotisation de solidarité non génératrice de droits. Le nombre de ces cotisants solidaires s’élève à 110 106 en 2011, en baisse de 2,3 % par rapport

à 2010, après une augmentation de 1 % entre 2009 et 2010. Toutefois, si cette baisse s’élève à 12,9 % chez les

cotisants de solidarité retraités (15 721 personnes), elle est limitée à 0,3 % chez les non retraités (94 385 personnes).

L’activité agricole ne suffit pas tou-jours à assurer l’équilibre écono-mique des chefs d’exploitation qui l’exercent. Cette insuffisance motive certains d’entre eux à rechercher des ressources complémentaires extérieures par le biais de l’exercice de plusieurs activités dont l’une, principale ou secondaire, peut être non agricole. Ce sont des pluriactifs. Au 1er janvier 2010, 70 973 chefs d’exploitation agricoles pluriactifs ont été dénombrés, selon la direc-tion des études, des répertoires et des statistiques de la CCMSA. L’étude montre que le secteur des cultures céréalières légumineuses est celui qui regroupe le plus grand nombre de chefs d’exploitation pluriactifs. Près de 43 % de pluri-actifs agricoles ont été identifiés dans ce secteur d’activité. Outre les cultures céréalières et légumi-neuses, les secteurs de la culture de la vigne et de l’élevage de bovins comptent également beaucoup de chefs d’exploitation pluriactifs. Ces trois secteurs regroupent 48 687 pluriactifs (soit près de 70 % de la

population totale). Par opposition, il y a très peu de pluriactifs dans les secteurs de l’élevage d’ovins, de caprins et d’équidés (5,4 %). Les revenus professionnels tirés de l’exploitation par un chef pluriactif représentent en moyenne moins de la moitié de ceux qui sont générés par un chef d’exploitation exer-çant à titre exclusif (en moyenne

5 435 contre 12 255). La proportion des chefs d’exploitation agricole pluriactifs est plus élevée dans les régions du sud de la France (Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur). Dans chacune de ces trois régions, les pluriactifs représentent au moins 18 % de l’ensemble des chefs exploitation. —

120projets de micro-crèches accompagnés par la MSA dans 55 départements.

la pluriactivité dans l’agriculture en 2010

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des terres agricoles de plus en plus convoitées

maladies chroniques

lutte Contre le tAbAgisme Afin d’inciter les fumeurs à l’arrêt du tabac, l’INPES (Institut natio-nal de prévention et d’éducation pour la santé) et le ministère chargé de la Santé ont lancé le 31 mai une nouvelle campagne de communication centrée sur les motivations à l’arrêt. Une manière positive d’envisager le sevrage en mettant en avant les multiples « bonnes raisons » d’abandonner la cigarette : la santé, en premier lieu, suivie par l’esthétique, le bien-être, la sortie de la dépendance, le bénéficie financier ou encore le respect de soi et des autres (enfants, conjoint, etc.).

Plus de 15 millions de personnes souffrent d’une maladie chronique et plus de 9 millions sont en ALD (affections de longue durée). Ces affections nécessitent des prises en charge complexes, sur une longue durée et font appel à de nom-breuses compétences professionnelles médi-cales, soignantes et sociales. Pour améliorer la prise en charge de chacun de ces malades, une meilleure coordination des professionnels devient un objectif majeur, sans renoncer aux exigences prioritaires des bonnes pratiques. Face à ces enjeux, la Haute autorité de santé (HAS) entend promouvoir les parcours de soins permettant un accompagnement personnalisé et coordonné du malade. Elle élabore ainsi de nouveaux outils pour les professionnels et les patients, qui jouent sur trois leviers principaux : une prise en charge prospective et coordonnée des patients, organisée dans la durée ; l’impli-cation de ces derniers et l’expression de leurs préférences, pour leur permettre d’être acteurs de leur prise en charge ; le ciblage des points critiques du parcours de soins, pour minimi-ser les risques et harmoniser les pratiques des professionnels de santé. —

Lors du conseil des ministres du 30 mai, une revalorisation de 25 % de l’allocation de rentrée scolaire (ARS) a été annoncée, de manière à alléger le poids financier de la rentrée pour les familles. Dès la prochaine rentrée, l’allocation perçue sera portée à 356,20 € pour un enfant de 6 à 10 ans, contre 284,97 € en 2011, à 375,85 € pour un enfant de 11 à 14 ans, contre 300,06 € en 2011, et à 388,87 € pour un enfant de 15 à 18 ans, contre 311,11 € en 2011, soit une augmentation toujours supérieure à 70 €. En 2012, l’ARS peut être versée pour chaque enfant scolarisé né entre le 16 septembre 1994 et le 31 décembre 2006 inclus, et pour chaque enfant plus jeune déjà inscrit en cours préparatoire. Les plafonds de ressources à ne pas dépas-ser pour pouvoir en bénéficier sont de 23 200 euros lorsque le ménage a un enfant à charge, 28 554 euros lorsque le ménage a deux enfants à charge, 33  908 euros lorsque le ménage a trois enfants à charge, ce dernier plafond étant relevé de 5 354 euros pour chaque enfant sup-plémentaire à charge. —

Les prix du foncier rural ont augmenté en 2011, notamment ceux des terres agricoles libres (+ 6 %) et des forêts (+ 10,8 %), a indiqué la Fédération nationale des Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), lors de la conférence de presse de présentation de son rapport annuel du marché du foncier rural, le 30 mai. Le mar-ché des terres agricoles a atteint 4 milliards d’euros (+ 4 %) et les surfaces vendues ont augmenté de 10 % en 2011. La majorité des transactions a concerné des biens loués, tandis que les terres libres n’ont représenté que 48 % des 341 000 hectares qui ont changé de mains. Les terrains à bâtir deviennent 60 fois plus chers que les terres agricoles. —

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Autour de nous

cl p de finOn a quelque chose à vous dire. Telle était l’invitation lancée à la population du canton de Mauléon (deux-

Sèvres) par la MSA Sèvres-Vienne et le Sivom, à l’occasion de la soirée de clôture du contrat de développement social territorialisé lancé en 2007. Message reçu. Salle comble !

J e suis au complet : appareil dentaire, lunettes, écouteurs, prothèses », clame un retraité plein d’humour. « Mes petits-enfants m’écoutent. Mais c’est comme avec le téléphone portable, ça ne passe

pas, il n’y a pas de réseau. Mon expérience n’est pas une valeur pour eux », regrette un autre. « J’ai perdu l’équilibre le 12 juillet dernier. Qu’est-ce que je me suis fait mal ! J’ai appelé les pompiers : sept grands gaillards d’1,80 m ont débarqué chez moi. Ils m’ont parlé de la maison de retraite. À 85 ans, je n’ai jamais pu supporter les vieux ; je ne pourrais pas partager ma chambre. Je resterai dans mon appartement jusqu’au bout. Depuis ma chute, je ressens plus fort la solitude. Depuis ma chute, j’ai perdu l’équilibre dans ma vie », raconte une troisième, au caractère bien trempé. « J’ai 68 ans. Mes parents 90

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et 92 ; mon père est en fauteuil roulant et ma mère sans mémoire. En m’occupant d’eux, je découvre beaucoup de choses ; j’apprends à me satisfaire de petits riens, je découvre les limites de ma patience, celles du respect. Je le fais parce que je le dois mais, pourtant, ça m’épuise. Je devrais m’arrêter un peu. Je fais attention à ne pas trop faire à leur place, ça leur donnerait un statut d’inutiles. Avec eux, moi, je me sens utile. J’apprends la vieillesse, la leur et la mienne », constate une autre. «  Ce n’est pas parce qu’on a un pied dans la tombe qu’on va se laisser marcher sur l’autre », tempête un couple de retraités politiquement engagés.Des situations du quotidien et des réflexions de personnes âgées, portées par deux comédiens de la compagnie « Valentine », s’égrènent dans la pénombre de l’Espace

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TerriToires

En ouverture de la soirée de clôture du CDST, un spectacle de la compagnie « Valentine », né du collectage de témoignages auprès de personnes de 65 à 107 ans.

Des situations puisées dans le quotidien pour susciter la réflexion sur le vieillissement et le dédramatiser.

de la Roche, à Saint-Aubin-de-Baubigné, dans les Deux-Sèvres, devant un auditoire de près de trois cents personnes, justement âgées pour la plupart, et réunies à l’occa-sion de la soirée de clôture du contrat de développement social territorialisé (CDST) du pays mauléonais (démarche proposée pour créer une dynamique de territoire, fondée sur l’implication de la population, la participation des élus, des institutions et des associations).

Donner du temps pour les autresBasée dans la Drôme, la troupe « travaille sur le quotidien des gens. Notre spectacle – On a quelque chose à vous dire — est né du collectage de témoignages auprès de personnes de 65 à 107 ans  ». Une matière vivante pour un spectacle aux tonalités tout aussi vivantes, destiné à susciter la réflexion sur le vieillissement et à le dédramatiser. Les scènes s’enchaînent, puisant aussi leur rythme dans la musique live, la chanson, la danse. Salve d’applaudissements pour les comédiens et satisfaction du public, même si certains spectateurs ont été bien remués par des situations dans lesquelles ils ont pu se reconnaître.Dans le prolongement du spectacle, les protagonistes du CDST se sont exprimés (voir ci-après) pour clôturer officiellement l’aventure. Tout le monde s’est ensuite retrouvé pour un moment de convivialité à l’occasion duquel une exposition présentait les actions réalisées dans le cadre du CDST

au fil des ans, avec de nombreux acteurs locaux (centre socio-culturel, ADMR, Clic, hôpital, résidences pour personnes âgées, écoles, associations, élus locaux…). Devant les panneaux réalisés, les gens échangent, présentent projets et réalisations, s’infor-ment, commentent. Un décloisonnement recherché par les organisateurs, qui offrait aussi la possibilité de faire connaître, ou mieux connaître, les associations, les activités, les services existants. Une habitante était ainsi fière de parler de l’atelier chant créé récemment, auquel elle prend part assidûment, avec grand plaisir  : «  Nous choisissons ensemble les chansons que nous voulons interpréter ». Marcel, 77 ans, ancien exploitant agricole, y participe lui aussi. Friand d’activités, aimant par-dessus tout le contact, il est aussi visiteur bénévole à domicile et à l’hôpital de Mauléon, content d’être « le rayon de soleil de personnes, parfois centenaires », auxquelles il rend visite. Tout comme cette retraitée, ancienne pho-tographe, arrivée il y a quelques années sur la commune, « heureuse de donner de son temps pour les autres ». Participant à la vie de leur territoire, des personnes dynamiques se sont ainsi engagées dans les nombreuses activités créées grâce à l’impulsion donnée par le CDST. Après ce gros coup de pouce, les habitants et les structures portant les actions ont les cartes en main pour poursuivre la partie. — Gildas Bellet

Il s’agit d’un territoire assez agricole avec, en outre, un maillage intéressant de PME. C’est du rural dense, pas désertifié. L’intercommunalité y a été précoce et a créé une vraie dynamique, notamment autour des centres sociaux. La MSA n’est pas venue sur le territoire avec des idées toutes faites ; elle a coordonné un travail d’audit, d’écoute car nous sommes soucieux du respect de la population, avec la volonté de dynamiser le milieu rural pour le mieux-être de chacun. Au début, cela m’a paru long. Mais le temps est nécessaire pour tisser des relations. Je n’ai pas été surpris par le succès de la démarche, car je connais les fortes ressources associatives du bocage bressuirais. Nous avons semé ensemble et commençons à en récolter les fruits. Aujourd’hui, des collaborations fructueuses existent. Un financement a été apportée par la MSA ; elle a agi comme un starter, mais les compétences humaines sont notre contribution la plus forte.Pierre Berthelot, administrateur de la MSA Sèvres-Vienne et de la CCMSA

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TerriToires

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Troisième voix du spectacle, un musicien égrène ses compositions.

Drôles ou graves, les scènes s’enchaînent.

La dynamique impulsée par le CDST sur le pays Mauléonais traduit bien la volonté réaffirmée par les administrateurs de la MSA Sèvres-Vienne, lors de la définition du nouveau plan d’action sanitaire et sociale 2010-2014, d’agir sur les environnements de vie de la population agricole et rurale (dans les domaines de l’enfance jeunesse, la famille, les personnes âgées et la précarité). Cette politique d’animation des territoires ruraux a pour objectif d’apporter une meilleure qualité de vie à ses habitants. Leur implication dans la définition et la mise en œuvre des projets permet ainsi d’apporter des réponses proches des préoccupations de chacun, et de valoriser les potentialités. Le CDST conduit par la conseillère sociale de territoire se situe dans un espace entre les besoins et les attentes des habitants, et la volonté des acteurs locaux de mener des actions en partenariat. Il doit

composer avec l’ensemble. Il s’agit d’une contractualisation avec un territoire et ses acteurs locaux ; à ce titre, il est important de préparer la transition de ce contrat. Évaluer, rendre compte du

chemin parcouru durant ces cinq années, organiser la suite et prévoir la pérennité des actions engagées avec les partenaires locaux et les habitants, tel est le sens de ce temps de clôture ;

il est important d’acter ce moment. D’ailleurs, le 16 juin prochain, nous clôturerons le CDST du canton de Cerizay, territoire proche mais sur lequel les réalisations se révèlent bien différentes de celles du Mauléonais. Le moment fort de la rencontre se déroulera autour d’un spectacle sur le sommeil. Sur le Mauléonais, des groupes – habitants, bénévoles, professionnels médico-sociaux – se sont formés pour travailler sur les différents axes qui avaient été retenus par le comité de pilotage mis en place ; ils ont été invités à réfléchir ensemble sur les enjeux, les manques, particulièrement autour de la notion du bien vieillir. Ils ont ensuite établi des propositions. Des actions ont pu se mettre en place grâce à l’implication des structures locales. C’est ce que met en avant l’exposition présentée ce soir. Il existe sur le territoire des partenariats historiques ; d’autres prennent aujourd’hui de l’essor, avec l’hôpital ou l’ADMR par exemple. —

TémoignageMyriam Brunet L’Hommelet,

responsable adjointe de l’action sanitaire et sociale à la MSA Sèvres-Vienne

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Dans le Mauléonais, les atouts premiers tenaient en la présence d’un milieu associatif actif et développé, en la volonté des structures de travailler en commun et en un lien fort existant déjà entre la MSA et le centre socio-culturel. Nous n’avions pas pointé de faiblesse criante sur ce territoire où il y a de l’emploi, où la population est assez dense,

où les services de première nécessité existent et où la cohésion sociale se révèle assez forte. Il s’agissait pour nous de maintenir cette cohésion. Quatre axes de travail ont été identifiés pour cela : le développement de la participation des habitants à la vie associative, les rencontres entre les habitants, le développement du transport et l’apport d’une réponse globale aux besoins des retraités. C’est ce dernier thème qui suscitait le plus d’interrogations. Le centre socio-culturel proposait bien certaines actions en faveur des retraités, mais elles peinaient à renouveler leur public. Dans le cadre du CDST, nous avons invité les personnes

intéressées à se réunir, à réfléchir et à échanger. Les énergies se sont renouvelées et une dynamique a été relancée en direction des retraités, avec l’émergence de nombreuses actions. Des habitants, des associations et des structures ont répondu présents pour porter ces activités naissantes, et innovantes pour certaines : piscine accompagnée, atelier chant, atelier mémoire, jardinage en hauteur pour ceux qui ne peuvent plus se pencher… Les personnes se sont rassemblées, satisfaites – du fait de cet engagement – d’une nouvelle utilité sociale. Et c’est bien la valorisation des personnes que nous recherchons ; elle constitue l’essence de notre métier. —

TémoignageNathalie

Joguet-Dugast,conseillère en développement social local

Au démarrage d’un contrat de développement social territorialisé, on se pose des questions globales, on s’interroge sur les atouts et les faiblesses du territoire.

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La soirée se poursuit avec une exposition présentant les réalisations conduites en partenariat avec de nombreux acteurs locaux.

Une occasion d’échanger, de s’informer. Ce décloisonnement était recherché par les organisateurs, pour mieux faire connaître les associations, les activités, les services existants.

Il fallait un territoire pour ce

CDST : c’est celui du Sivom (syndicat intercommunal à vocations multiples) qui a été retenu. Nous y avions déjà une habitude de travail en commun et c’est aussi le territoire d’action du centre socio-culturel, structure bien installée et dotée de moyens.Le Sivom est né en 1964 ; il a été la première forme d’intercommunalité dans le Mauléonais et a disposé de nombreuses compétences, dont il a au fil du temps abandonné certaines, au profit de nouvelles intercommunalités.La MSA et le Sivom ont officialisé le contrat de développement social territorialisé en 2007, qui se clôt officiellement ce soir.

Jean-Michel Écotière, président du Sivom

TerriToires

12 MAi-juin 2012 le bimsa www.lebimsa.fr

Des soliDarités résurgentes

« L’action sanitaire et sociale est un des domaines porteurs des valeurs qui fondent la MSA et la solidarité, une valeur mutualiste par excellence », comme le dit haut et fort Gérard Pelhate, président de la MSA.

Une solidarité qui va de pair avec l’engagement et le sens des responsabilités,

les solidarités en milieu rural, tel était le thème retenu pour la journée annuelle de l’action sanitaire et sociale qui s’est tenue le 24 mai dernier à la CCMsa. Des solidarités plurielles, changeantes ou résurgentes au gré des évolutions

de la société. Mais des solidarités bien présentes, comme en a témoigné l’invitée,Dominique Jacques-Jouvenot, professeure de sociologie.

deux autres valeurs complémentaires « sans lesquelles l’action sanitaire et sociale risquerait de se limiter à une fonction de guichet de prestations ». La solidarité version MSA ne s’accommode pas à la sauce consumériste. Par ailleurs, « le vivre ensemble ne peut résulter aujourd’hui que d’une démarche volontariste et nécessite que des initiatives soient prises et menées à

leur terme dans un esprit de coopération et de partenariat ». Le président de la MSA revient avec conviction sur la délibération prise communément par les conseils d’administration des trois caisses de retraite (Cnav, MSA et RSI) en 2011. Elle marque l’engagement à conduire en inter-régimes une politique de prévention de la perte d’autonomie. Avec pour enjeu majeur la reconnaissance, par les

pouvoirs publics, de la légitimité des trois régimes à mener « une action sociale gérontologique en complément de celles des collectivités territoriales et locales ». C’est également un point de conclusion développé par Dominique Jacques-Jouvenot, professeure en sociologie, directrice adjointe du laboratoire de sociologie et d’anthropologie de l’Université de Franche-

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Comté. « Il appartient aux acteurs locaux, dont la MSA, de construire des projets pluri-institutionnels et de définir des partenariats à la mesure des territoires. » Un enseignement que la MSA avait bien devancé et dont elle s’est maintes fois inspirée (cf. la démarche du contrat de développement social territorialisé).Les solidarités seraient donc résurgentes, comme les eaux d’une source bénéfique ! Elles refont surface après avoir voyagé souterrainement dans le temps. Mais elles réapparaissent sous d’autres formes, en fonction de l’évolution sociétale. Le discours angélique sur les solidarités de la campagne, ou « sur l’âge d’or d’un milieu rural idéalisé », comme le mentionne Michel Fine, président du comité d’action sanitaire et sociale (Cass), n’est pas de mise. La solidarité ne revêt pas que des aspects dits sympathiques. Dominique Jacques-Jouvenot va s’attacher à le démontrer, en explorant deux champs d’étude : la famille et le monde professionnel. Les solidarités familiales répondent toujours à « une logique de don et de contre don »(1), logique que l’on observait déjà au XIXe siècle. Les générations sont « liées les unes aux autres et engagées dans un système de dons et de dettes ». Car la cohabitation entre les adultes et les enfants

n’est pas toujours choisie. Elle résulte de nécessités sociales et économiques. Aujourd’hui de plus en plus longue (allongement de la durée des études, chômage), cette cohabitation peut se transformer en source de conflit (« on aime ses enfants — ses Tanguy — mais il y a des limites »).Autre exemple de cohabitation marquée au sceau du don/contre don, celle située à l’autre bout de la chaîne générationnelle, avec l’augmentation de l’espérance de vie. Là encore, c’est la génération pivot qui est sollicitée et qui doit faire preuve de solidarité auprès des ascendants. Bien souvent, une mission assurée par les femmes (filles ou belles-filles). C’est une classe d’âge prise en étau, victime de l’épuisement. Elle appelle la solidarité nationale (prestations d’aide à domicile, APA, transferts économiques).Les solidarités professionnelles et territoriales ont, pour leur part, longtemps été confondues en agriculture. « Très tôt, la profession agricole met en place des institutions solidaires, au sens où elle prend en charge l’ensemble des aspects de la vie sociale et collective des agriculteurs à différents niveaux territoriaux (canton, département, région, nation). » Partant de l’exemple des solidarités professionnelles dans la mise en place et le développement

des fruitières à comté au XVIe siècle(2), la sociologue s’attache à démontrer, une fois de plus, que « c’est de la nécessité économique que naît la solidarité professionnelle ». Sans la mise en commun des laits, les gros comme les petits agriculteurs sont en difficulté : s’ils produisent chacun trop pour leur consommation domestique, c’est encore trop peu pour la transformation et la vente des produits. Si cette solidarité témoigne d’une confiance réciproque, ces associations d’agriculteurs ne se maintiennent que grâce à une « convergence d’intérêts », d’intérêts purement économiques certes, mais pas toujours, comme dans les Jardins de Cocagne(3), autre exemple plus récent où la question environnementale et l’insertion professionnelle donnent aux projets leurs teintes délibérément solidaires. « La solidarité sociale s’impose de plus en plus en réponse à des situations de précarité et de pauvreté dans et hors de l’agriculture. » Le nouvel enjeu du partenariat : s’appuyer sur les différents niveaux territoriaux pour apporter son soutien au développement économique et social, en privilégiant la contribution des acteurs eux-mêmes dans une logique de solidarité et non d’assistanat. —

Franck Rozé

(1) Marcel Mauss, Essai sur le don : forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques, in Sociologie et

Anthropologie.(2) Sylvie Guigon,

Les fruitières à comté.(3) Les Jardins de Cocagne sont

des jardins biologiques collectifs à vocation d’insertion sociale et

professionnelle.

« La soLiDarité sociaLe s’impose De pLus en pLus en réponse à Des situations De précarité et De pauvreté Dans et hors De L’agricuLture. »

Trois caisses de MSA ont apporté leurs témoignages.

▶ Brigade d’intervention poétiqueLes écoles de la commune de Cintegabelle (Haute- Garonne) ont décidé de mener une réflexion sur les échanges intergénérationnels. Dans ce cadre, la MSA Midi-Pyrénées Sud présentait deux actions, dont l’une intitulée BIP, pour Brigade d’intervention poé-tique. Le principe : organiser sur le thème des poésies des échanges et un partage entre les enfants des écoles et les deux groupes de retraités qui participent aux ateliers infor-matique et mémoire organisés par l’association Al Cantou.

▶ Un éco-quartierIl s’agit, pour la MSA Marne Ardennes Meuse, d’accom-pagner la création d’un éco- quartier à Novion-Porcien (Ardennes). Au-delà de la nécessaire prise en compte des préoccupations tech-niques propres à l’opération de construction, l’idée portée par la MSA et ses partenaires est de faire participer les habi-tants à une démarche collec-tive de type développement social local.

▶ Solidarité profession-nelle et plusSur le périmètre de la MSA Midi-Pyrénées Nord, une série d’actions ont été engagées pour venir en aide à des agri-culteurs sinistrés. La MSA a mis en place un contrat de développement social territo-rialisé (CDST) et prolongé cette dynamique par des thèmes de mobilisation plus larges, notamment les relations entre population autochtone et néo-ruraux, et entre les générations. (Lire Le Bimsa 106 pp.11-12)

Zoom

Les services de rempLacement

Proposer des salariés qualifiés aux agriculteurs qui doivent – maladie, accident… – ou souhaitent – vacances, formation professionnelle… – quitter temporairement leur exploitation, telle est la mission des services de remplacement qui ont assuré, en 2011, 600 000 journées. Ces associations, gérées par des agriculteurs bénévoles et animées par des collaborateurs adminis-tratifs effectuant l’ensemble des démarches, fêtent leur 40e anniversaire. Quelle est leur histoire ? Comment fonctionnent-elles ? Éclairages et témoignages.

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Les services de rempLacement

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Dossier

Un service irremplaçable

Le service de remplacement de Charente-Maritime fête cette année ses

vingt ans. Il est pourtant plus jeune de quelques années que son homologue de la Charente, fondé en 1973, soit l’année suivant celle de la création de ce type de service en France(1). N’importe, tous deux sont aujourd’hui des vétérans qui ont bon pied bon œil. Celui de la Charente compte 250 utilisateurs et totalise pour 2011 près de 30 000 heures de travail salarié. Pour la même année, en Charente-Maritime, on dénombre 96 adhérents et près de 15 000 heures. Cette activité est créatrice d’emplois stables, puisque les deux services ont signé des contrats à durée indétermi-née, à temps plein ou intermittents. Une attention particulière est portée à l’emploi des seniors et des femmes, ainsi qu’à la formation, afin de garantir les meilleures qualifications aux utilisateurs.

Congés maternité et paternité en têteQuant aux motifs sur lesquels s’appuient les missions, ils sont dominés par les rem-placements maternité et paternité, suivis des congés (en général de courte durée), et ensuite des autres motifs tels que l’exercice de mandats de représentation, la maladie et les accidents, la formation professionnelle. En Charente toutefois, le motif « maladie et accidents » progresse, dans la mesure où les adhérents souscrivent à un contrat d’assurance spécifique qui leur assure, au lieu d’une indemnisation financière, la délégation d’un agent de remplacement. En ce qui concerne les congés, on ne constate

pas de longues missions correspondant à de grandes vacances. Et ce pour des raisons tout d’abord économiques, car les temps sont durs dans l’élevage et les vacances apparaissent comme un luxe. Mais aussi car les mentalités ne sont pas encore acquises à une telle pratique. Cependant, Nathalie Bauchet, responsable du service de remplacement de la Charente, note une évolution due au fait que les conjointes des exploitants travaillent souvent à l’exté-rieur de l’exploitation, et bénéficient de cinq semaines de congés payés  : « elles souhaitent passer au moins une semaine par an en vacances avec toute la famille, explique-t-elle. Mais cela dépend aussi de la santé financière de l’activité agricole. Et ce n’est pas évident de laisser les clés de chez soi à quelqu’un pendant plusieurs jours, de lui confier son bétail, sa maison ».Les services de remplacement sont donc appelés à étendre leur champ de compé-tences et, pour cela, il faut convaincre, aller sur le terrain, informer les utilisateurs

sur les aides financières possibles, leur apprendre à anticiper sur les situations où ils pourraient avoir recours à cette formule. Ces préoccupations sont au cœur de la stratégie des services charentais, qui peuvent s’appuyer sur leur proximité avec la MSA des Charentes et leur présence sur les territoires. —

Thomas Bousquet

(1) Ces deux services font partie des activités rattachées à MSA Services des Charentes.

Ce n’esT pas éviDenT De laisser les Clefs De Chez soi.”

Les services de remplacement de la Charente et de Charente-Maritime se portent bien, dans une région où ils ont prouvé leur utilité et gagné en professionnalisme. Petit tour d’horizon.

Cela fera cinq ans au mois d’août que je travaille pour le service de remplace-ment, en CDI temps plein. Juste avant, j’ai travaillé

en viticulture, en Grande Champagne. C’est ma polyvalence qui a intéressé le service lors de mon recrutement. Je couvre tout le sud Charente, pour les activités d’élevage et de viticulture. Mon activité est organisée par le bureau du service, et les plannings sont faits à l’avance. Mais parfois il y a des urgences, ou les exploitants m’appellent directement. Il y a deux mois j’ai été prévenu à onze heures du soir qu’il fallait rempla-cer quelqu’un qui venait d’avoir une crise cardiaque. Une autre fois, deux personnes

étaient décédées après avoir chuté dans une cuve, et dernièrement c’était une jambe cassée… Je réponds à l’urgence quand je suis dans les vignes, car elles peuvent attendre un jour ou deux. Et à présent, j’ai un diplôme d’agent de remplacement. On n’est que trois en Charente à l’avoir, et je suis le seul en sud Charente. L’ave-nir ? J’aimerais avoir plus de temps libre. Ma compagne est infirmière, on est tous deux très sollicités et ce n’est pas facile pour fonder une famille. Je travaille en moyenne deux week-ends par mois, et aussi à Noël, le jour de l’An, les jours fériés… Ce serait bien de pouvoir davantage concilier vie personnelle et vie professionnelle.

Thomas Richards, agent de remplacement (Charente)

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Mon exploitation de bo-vins-lait est située dans le sud de la Charente. Je suis adhérent du service de remplacement depuis

plusieurs années. J’utilise ce service un week-end par mois, et aussi quand je me rends à des événements familiaux. à chaque fois, j’essaie de faire en sorte qu’on m’adresse le même agent, s’il est disponible bien sûr. Je vois cela avec la personne du secrétariat du service, qui gère mon dossier. Quand on m’envoie quelqu’un que je connais, je lui passe les consignes la veille au téléphone, sinon l’agent de remplacement passe me voir la veille sur place. Pendant les sept heures de remplacement journaliers, il s’occupe de la traite, des soins aux animaux… Il y a quelques années, on n’était pas trop sûr de certains remplaçants mais maintenant ils sont plutôt bien.

En parallèle à mon activité d’exploitant en céréales de grande culture, je pré-side le service de rempla-cement de la Charente-

Maritime mais je suis aussi administrateur MSA. Sans compter que, jusqu’à une pé-riode récente, j’avais des responsabilités syndicales. C’est pourquoi le service de remplacement, je l’utilise surtout quand je dois exercer mes mandats, ou partir en formation. C’est le même agent qui vient

à chaque fois, à savoir une personne à la retraite qui a une expérience sérieuse. Elle vient en moyenne un ou deux jours par mois. En ce qui concerne le service lui-même, il fonctionne bien sûr beaucoup sur le motif de remplacement maternité, et en majorité dans la filière de l’élevage, compte tenu de ses contraintes. Nous travaillons à élargir son utilisation, et nous coopérons avec l’ensemble des services de remplacement de la région, pour définir un projet à son échelle.

édouard Chardonnet, éleveur à Bors-de-Baignes (Charente)

Jérôme Charrier, exploitant à La Clisse (Charente-Maritime), président du service de remplacement de la Charente-Maritime

C’esT le même agenT qui vienT à Chaque fois.”

Les services de rempLacement

18 MAI-JuIn 2012 le bimsa www.lebimsa.fr

Dossier

Le service de remplacement est un acteur associatif, un acteur social aussi, qui participe à l’accompagnement de la pro-fessionnalisation de l’agriculture

tout en protégeant son capital humain, un acteur de l’emploi car il apporte sa contribu-tion au salariat. En 40 ans, il a accompagné l’évolution du modèle agricole français. Il s’est ouvert à tous les agriculteurs. » Mais, pour Nicolas Fischer, président de la Fédé-

ration nationale Service de remplacement France, « l’histoire ne s’arrête pas là. Il faut prendre en compte le vieillissement de la population agricole, la féminisation, l’évo-lution croissante des besoins de formation, la spécialisation des exploitations et des activités annexes, le statut des exploitations, le recours croissant aux salariés. Il nous faut renforcer l’accompagnement de nos propres salariés. Et, en matière de santé-sécurité au travail, il s’agit de mieux prendre en compte

les risques psychosociaux. La gestion des ressources humaines doit permettre de relever ces défis et il faut l’intégrer à part entière dans nos stratégies ». Réunis en mai à La Pommeraye, dans le Maine-et-Loire, environ 300 congressistes, agriculteurs élus et animateurs, ont planché ensemble pour continuer d’écrire cette histoire : au menu de leurs rencontres, les ressources humaines occupaient logiquement le point central.

Une histoire humaineLes services de remplacement sont une illustration, parmi d’autres, de la solidarité déployée par les agriculteurs pour résoudre leurs propres problèmes, avec l’engagement des organisations professionnelles. Ils fêtent cette année leur quarantième anniversaire et ont organisé, en mai, dans le Maine-et-Loire, leur quatrième congrès. Retour sur ces travaux.

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zoom▶ L’engagement

associatif

Le fonctionnement des services de remplacement s’appuie sur des agri-culteurs bénévoles. Une table ronde a été consacrée à l’engagement en milieu associatif. Sont intervenus Marcel Brif-faud, président de l’AFDI (Agriculteurs français développement international) Pays de la Loire, Bruno Gausson, pré-sident du Service de remplacement de la Haute-Vienne (et de la FRSEA Limou-sin) et Roger Le Guen, sociologue et professeur à l’ESA d’Angers.Qu’est-ce que l’engagement ? Quels sont les freins ? Que fait-on pour convaincre les autres de s’engager ? Les orateurs ont réfléchi à ces questions.

▶ Construire demain avec la nouvelle génération

Les services de remplacement emploient beaucoup de jeunes (12 % des agents en CDI ont moins de 25 ans et 46 % entre 25 et 30). Qui sont les jeunes ? Quelles sont leurs relations avec le travail et le monde de l’entreprise ? Comment valoriser leur participation pour une coo-pération optimale ? Marie Lombard, du groupe Euro RSCG, a dressé le portrait de cette génération.

Retrouvez des informations sur ces inter-ventions sur notre site www.lebimsa.fr

Car le remplacement, c’est d’abord une histoire humaine : mise en relation, prise d’information, communication, échanges, instauration d’une relation de confiance... Et ce passage de flambeau se prépare, il se travaille. Pas toujours simple en effet pour un exploitant de confier les rênes de son exploitation et de rester serein pendant sa période d’absence. Pas toujours simple non plus pour un salarié d’assurer un remplacement sur une exploitation dont il va découvrir le fonctionnement – matériel utilisé, méthodes de travail, risques liés à l’exploitation...

Des motifs d’intervention très variésReste qu’aujourd’hui, de plus en plus d’agri-culteurs franchissent le pas : en 2011, les services de remplacement ont passé le cap de 600 000 journées effectuées, contre 400 000 en 2000. Alors, comment ça marche ? L’exploitant adhère à un service de remplacement contre une contribution chaque année. Celui-ci met un agent à sa disposition pen-dant son absence, réalise les formalités administratives, rémunère le salarié et facture la prestation à l’exploitant. Congé maternité, congé paternité, formation, accident, hospitalisation, vacances, re-présentation syndicale… la panoplie des motifs de remplacement est étendue — avec une prédominance des interventions à la suite d’un accident, d’une maladie ou d’un décès (37 %), puis pour les congés (28 %), le congé maternité (20 %), le mandat professionnel (8 %), le congé paternité (6 %) et la formation (1 %). Entrés dans une phase de maturité, ces services cherchent toujours plus à se pro-fessionnaliser. D’où l’orientation des débats lors de leur congrès : la formation est tout naturellement un axe majeur pour les agents de remplacement — pour lesquels adaptabilité et polycompétence, dans un contexte de spécialisation des exploitations et de développement d’activités annexes, sont de mise – mais aussi pour les agri-culteurs bénévoles et les collaborateurs administratifs en charge de la gestion des services.À côté des formations destinées à permettre aux agents d’élargir leurs compétences et de s’adapter aux matériels les plus récents, aux nouvelles techniques et pratiques des agriculteurs, la fédération planche aussi sur une formation à distance : « Nous l’avons axée sur la prise de consignes, élément majeur

pour réussir nos remplacements, précise Franck Champion, président de la fédération départementale de la Sarthe. Les Pays de la Loire sont l’une des régions pilote, pour l’expérimentation de ce module. » Le temps d’échange entre l’agriculteur et l’agent, la transmission de consignes claires sont en effet primordiaux pour que ce der-nier puisse intervenir rapidement sur une exploitation qu’il ne connaît pas. Service de remplacement France s’est entourée de divers partenaires pour construire les différentes séquences de cette formation. Les organisations professionnelles agricoles sont très engagées aux côtés des services

de remplacement et poursuivent avec eux une coopération assidue (chambres d’agri-culture, syndicalisme agricole, Groupama, MSA) ; plusieurs de leurs représentants avaient fait le déplacement dans le Maine-et-Loire. Pour la MSA, Pascal Cormery, président de la MSA Berry-Touraine et membre du bureau du conseil central de la MSA, représentait Gérard Pelhate. Lors de son intervention, il est revenu sur le « partenariat ancien liant les deux structures ; en 1977 était créée l’allocation de remplace-ment congé maternité ». Un partenariat qui a vu le « développement de divers dispositifs, avec des mesures importantes — réforme de l’allocation de remplacement congé maternité en 1999 ; création du congé paternité, en 2002, avec prise en charge des frais enga-gés par les pères exploitants agricoles pour assurer, à l’occasion de la naissance ou de l’adoption d’un enfant, leur remplacement ; allongement de la durée d’attribution de l’allocation de remplacement en 2008  ». Une allocation qui a fait l’objet, en début d’année, d’instructions communes pour en promouvoir le développement.

Cap sur les contrats de préventionAutre axe de coopération : la prévention, « d’autant que la fréquence du changement du cadre d’emploi pour les agents de rempla-cement nécessite une vigilance particulière ». D’où notamment un travail commun sur la réalisation de panneaux de transmis-sion de consignes, la réalisation de pla-quettes d’information. « Autre temps fort : la convention d’objectifs de prévention signée entre la MSA et Service de Remplacement France.  » Elle offre la possibilité à tous les groupements d’employeurs à vocation de remplacement de signer un contrat de prévention des risques professionnels, en s’engageant sur un programme d’actions pluriannuel en contrepartie d’un appui technique et financier de la MSA. La mul-tiplication de ces contrats de prévention constitue aujourd’hui une perspective de travail (un stand régional, tenu par des conseillers en prévention MSA — Mayenne- Orne-Sarthe, Loire-Atlantique – Vendée et Maine-et-Loire — était d’ailleurs installé sur les lieux du congrès, pour accompagner les participants dans cette démarche), tout comme « le projet de lancement d’une impor-tante étude pour mieux connaître l’activité d’agent de remplacement, afin d’identifier les déterminants et leviers de prévention ». — gildas Bellet

20 MAI-JuIn 2012 le bimsa www.lebimsa.fr

Dossier

40 ans d’histoireles services de remplacement ont accompagné l’évolution de l’agricul-ture depuis quatre décennies. outre le recours possible à un salarié en cas de maladie, ils facilitent, pour les exploitants, l’accès à un mode de vie similaire à celui de la population géné-rale (départ en vacances), la possibilité d’ouverture à la formation et à la prise de responsabilités dans les organi-sations professionnelles. histoire en quelques dates.

1972. Après des actions expérimentales dans différents départements, la géné-ralisation des services de remplacement est annoncée officiellement lors de la Conférence annuelle agricole qui se tient à Matignon le 29 septembre.

1973. Reconnaissance d’utilité générale pour ces associations dirigées par des agriculteurs bénévoles. Elle permet no-tamment aux services de remplacement de se voir confier la mise en œuvre de politiques publiques : congés maternité et paternité, développement agricole, maladie et accident…

1977. Création de l’allocation de rem-placement pour congé de maternité, réformée en 1999.

1998. Constitution de la fédération natio-nale des services de remplacement.

2001. Création de l’allocation de rempla-cement pour congé de paternité.

2005. Naissance du certificat de qualifi-cation professionnelle « agent de service de remplacement ».

2006. Instauration d’un crédit d’impôt pour faciliter le recours au remplacement pour les congés des agriculteurs.

2012. Les services de remplacement fêtent leurs quarante ans à l’occasion de leur 4e congrès dans le Maine-et-Loire. —

www.servicederemplacement.fr

450services de remplacement

sur le territoire. 12 000 agents de remplacement,

dont 2 400 en CDI.

28 % des remplacements pour

congés ; 37 % pour maladie, accident, décès ; 20 %

pour maternité ; 6 % pour paternité ; 8 % pour mandat,

développement… ; 1 % pour formation.

70 000 chefs d’exploitation

adhérents. Plus de 40 000

personnes remplacées.

repères

Les services de rempLacement

70 000 chefs d’exploitation

adhérents. Plus de 40 000

personnes remplacées.

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Une vie familiale comme les autresVivre sa maternité l’esprit tranquille parce

que le travail est effectué par un salarié dont le revenu est pris en charge. Bénéficier d’un congé de paternité à l’occasion de la naissance ou de l’adoption d’un enfant en étant sûr que les tâches sur l’exploitation sont réalisées. C’est possible grâce à l’allo-cation de remplacement de maternité et de paternité, qui permet d’employer une personne assurant la continuité de l’activité. Le recours aux services de remplacement est privilégié par rapport à l’embauche directe. Le point pour s’y retrouver.

★QUi peUt bénéfiCier De L’aLLoCation ? La mère ou

le père doit être non salarié agricole en qualité de chef d’exploitation ou d’entre-prise agricole, aide familial ou associé d’exploitation, collaborateur d’exploitation ou d’entreprise agricole, conjoint d’un aide familial, d’un associé d’exploitation, membre non salarié de toute société qui consacre son activité pour le compte de la société à une exploitation ou entreprise agricole, concubin et partenaire Pacs en qualité de chef d’exploitation ou de col-laborateur. Il faut bien sûr participer de manière constante à temps plein ou à temps partiel aux travaux de l’exploitation ou de l’entreprise agricole. Et il est impératif de cesser toute activité pendant la durée du bénéfice de l’allocation.

★QUeLLe est La DUrée DU Congé poUr maternité ?

La règle est l’alignement sur la durée des congés des salariées. Celle-ci est fonction

du nombre d’enfants attendus, mis au monde ou à charge. Le congé « normal » est de 16 semaines (six semaines de congé prénatal, dix semaines de congé postnatal   — avec possibilité de reporter une partie du congé prénatal sur le congé postnatal, dans la limite de trois semaines). La durée maximale d’attribution de l’allocation est augmentée en cas de naissance simple portant à trois le nombre d’enfants à charge (26 semaines), naissance de jumeaux (34 semaines), naissance de triplés ou plus (46 semaines).

★et poUr L’aDoption  ? Pour l’adoption, l’allocation de rem-

placement pour maternité est accordée à compter de l’arrivée de l’enfant dans le foyer, ou dans les sept jours qui précèdent, pour 10 semaines (adoption simple), pour 18 semaines (adoption simple portant à trois le nombre d’enfants à charge), ou pour 22 semaines (adoptions multiples).

★QUiD DU Congé pater-nité ? La durée est de 11 jours ou

de 18 jours consécutifs pour des naissances multiples (samedis et dimanches compris) à prendre dans les quatre mois suivant la naissance de l’enfant.

★Comment s’organise Le rempLaCement  ? Le

recours aux services de remplacement est

privilégié par rapport à l’embauche directe. Les utilisateurs ne pourront avoir recours à l’emploi direct d’un salarié que dans les seuls cas où les services de remplacement seront dans l’impossibilité de mettre une personne à leur disposition.

★où formULer La De-manDe ? Elle doit être adressée

à la MSA par l’exploitant trente jours au moins avant la date prévue pour l’inter-ruption d’activité. La MSA la transmet immédiatement au service de remplacement conventionné (ou à la fédération départe-mentale si plusieurs services interviennent dans le département). Celui-ci doit, dans les quinze jours, notifier à la MSA et à l’intéressé s’il pourvoit ou non au rem-placement. À défaut de réponse dans ce délai, l’exploitant a alors la possibilité de procéder à une embauche directe.

★QUeL est Le montant De L’aLLoCation ? Il correspond

au montant du prix de journée fixé par le service de remplacement multiplié par le nombre de jours de remplacement. La MSA versera directement à ce service le montant de l’allocation. Si le remplacement a été effectué par un salarié recruté par le demandeur, les frais seront remboursés directement sur présentation de la copie du contrat de travail et du bulletin de salaire. —

en bref

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www.msa.fr

Pour aller plus loin, télécharger les formulaires de demande d’allocation… Et aussi : www.servicederemplacement.fr

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22 MAI-JuIn 2012 le bimsa www.lebimsa.fr

Dossier

Les travailleurs des entreprises de remplacement et de travail temporaire agricoles ne repré-sentent qu’un demi pour cent du nombre total des salariés

agricoles en France. Un poids inversement proportionnel au degré d’utilité des ser-vices de remplacement qui fêtent, cette année, leurs 40 ans d’existence.Sur le territoire de la MSA Lorraine, par exemple, les salariés de ces services de-vraient même voir leur rôle se renforcer. C’est encore à l’état de projet mais l’idée serait de « proposer aux agents de rempla-cement de devenir des relais de prévention sur les exploitations où ils interviennent », explique Pierre Basile, conseiller en pré-vention de la MSA Lorraine. « Attention, il n’est pas non plus question que le salarié rédige à la place de l’agriculteur son document unique d’évaluation des risques ! », prévient Christine Brabant, administratrice de la MSA Lorraine et vice-présidente de l’Association de remplacement en agri-culture de la Moselle (ARA 57). «  Nous ne voulons pas que ces salariés deviennent des conseillers en prévention au rabais », renchérit Pierre Basile.

remise de documentation et conseil aviséTant au niveau de la fédération des services de remplacement que du côté de la MSA, le discours semble cohérent. Par consé-quent, la nouvelle mission de prévention dévolue aux agents se cantonnerait à la remise de documentation et ne devrait pas excéder le conseil avisé. Pour l’heure, la MSA signe des contrats de prévention d’une durée de trois ans avec les services de remplacement des quatre départements lorrains. La Moselle a déjà pris rang ; une signature avec la Meuse est prévue cette année, deux autres avec la Meurthe-et- Moselle et les Vosges en 2013. Sur la Moselle,

la MSA travaille en partenariat avec la Caisse d’assurance accidents agricoles du département (Caaam), qui a, de son côté, signé une convention de prévention avec l’ARA 57. Ces contrats prévoient un certain nombre de journées de formation, à raison de deux à trois par an, à destination des salariés des services de remplacement, mais également à destination des utilisateurs adhérents de ces services. L’opportunité pour la MSA de faire d’une pierre deux coups. Elles seront animées par un binôme

MSA (médecin du travail/conseiller en pré-vention) et par Marc Bordin, conseiller en prévention de la Caaam, pour la Moselle. « Les conditions de sécurité des agents de remplacement dépendent des conditions de sécurité qu’on leur donne », fait justement remarquer Pierre Basile.Les formations proposées par la MSA Lor-raine à destination des salariés des services de remplacement portent et porteront, entre autres, sur la manipulation des bo-vins, la prévention du risque électrique, l’intervention sur les toitures vétustes, les équipements de protection individuelle (EPI), mais aussi sur la responsabilité civile et pénale. « Le droit de retrait, qui consiste à arrêter le travail et à quitter les lieux pour se mettre en sécurité en cas de danger grave et imminent pour la santé, est encore très mal connu  », souligne particulièrement Pierre Basile. Dans les formations prodiguées aux adhé-rents, les aspects légaux sont également abordés. « Si les conditions de travail ne sont pas bonnes ou si le matériel n’est pas aux normes, l’utilisateur du service de rem-placement doit savoir que sa responsabilité civile et pénale peut être engagée. » Dans le cadre des contrats de prévention, pour l’acquisition de matériel de sécurité, la MSA Lorraine propose à l’employeur une prise en charge financière à hauteur de 50 % de la part prévention de l’achat. Cela peut concerner les EPI, les trousses de premiers secours, les extincteurs, les dispositifs d’alarme pour travailleur isolé, les kits « sécuriplac », les logiciels visant l’amélioration de l’organisation du travail ou la gestion des compétences…Une action spécifique sur les risques psycho-sociaux lors de remplacement en cas de situation difficile (accident grave, décès…) parachèvera la formation des agents de remplacement… et de prévention. —

franck rozé

Des relais de préventionC’est une première pour les salariés des services de remplacement. Ils sont pressentis pour devenir aussi des relais de prévention sur les exploitations. Un programme de formation leur est destiné, comme ici, avec l’aide de la MSA Lorraine.

accidents du travail et spécificités locales Pendant les quarante-sept années d’annexion de l’Alsace et de la Moselle par l’Allemagne entre 1871 et 1918, le droit français est progressivement rem-placé par les lois germaniques, ainsi que par des dispositions locales émanant du pouvoir local. Aujourd’hui, le droit local continue de cohabiter avec le droit français. Les domaines où la législation spécifique existe toujours sont la légis-lation sociale, les cultes, l’artisanat et le droit du travail, la chasse, les associa-tions, la publicité foncière, la justice et le droit communal. En matière de sécurité sociale, des particularités régionales existent, notamment pour le risque lié aux accidents du travail. Pour les salariés et non salariés agricoles, l’assurance « accidents agricoles » se caractérise par une organisation particulière (une caisse d’assurance accidents agricoles dans chacun des trois départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle) et un financement assis, entre autres, sur des cotisations foncières applicables à l’ensemble des propriétés non bâties.

Les services de rempLacement

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▶ Un constat Comme toutes les activités profession-nelles, celles liées au remplacement engendrent des risques. Chaque année depuis 2000, les quelque 10 000 agents des services de remplacement totalisent en moyenne 160 accidents du travail avec arrêt, soit environ 16 accidents pour 1 000 salariés, chaque accident donnant lieu en moyenne à 46 jours d’arrêt. D’où la nécessité d’une grande vigilance sur leurs conditions de travail.

▶ Une opportunité En 2010 est entrée en vigueur, pour une durée de quatre ans, la première convention d’objectifs de prévention (voir page 25) pour le secteur des « groupements d’employeurs à vocation de remplacement ». La signature de cette convention offre la possibilité à ces derniers de signer un contrat de prévention des risques pro-fessionnels et donc de s’engager sur un programme d’actions pluriannuel en contre-partie d’un appui technique et financier de la MSA. Cet appui peut permettre de

développer, au sein du service de rem-placement, un projet d’investissement, d’amélioration de l’organisation du travail, de formation sur les risques propres à l’activité de remplacement, intégrant la santé et la sécurité au travail ou encore des études.

▶ Un engagement mutuel Le service de remplacement doit, avec la MSA, identifier les risques propres à l’entreprise, bâtir un plan d’action puis le mettre en œuvre sur une durée de deux ou trois ans. Pour la MSA, il s’agit d’accom-pagner le service de remplacement tout au long de la démarche, d’apporter un soutien méthodologique et des conseils techniques, et d’accorder une aide finan-cière pour la réalisation des actions.

▶ Les champs d’actions possibles Les risques liés au travail isolé, à la conduite des véhicules et des engins agricoles, à la maintenance des machines ou installa-tions, à la manipulation des animaux, à la

manutention des charges, mais aussi les risques psychosociaux, sont des exemples parmi d’autres.

▶ Une démarche en quatre temps De la phase initiale de diagnostic, qui doit permettre d’identifier les situations de travail pénibles ou présentant des risques, jusqu’à l’évaluation des actions mises en œuvre dans le cadre du contrat de prévention, la MSA accompagne le service de remplacement. Le deuxième temps est consacré à la définition avec les salariés, dans une démarche participative, du plan d’action et à sa planification. La troisième étape, avant l’heure du bilan, correspond, quant à elle, à la réalisation du projet, avec le soutien des équipes santé-sécurité au travail de la MSA.

objeCtif séCUrité

www.lebimsa.fr

Pour en savoir plus : http://references-sante-securite.msa.fr

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Une allocation modulableLa prestation d’accueil du jeune enfant (Paje) est une allocation modulable qui regroupe quatre prestations : le complément de libre choix d’activité, le complé-ment de libre choix du mode de garde, la prime à la naissance ou à l’adoption (pour faire face aux dépenses liées à l’arrivée d’un enfant) et l’allocation men-suelle de base (pour couvrir les dépenses liées à l’éducation de l’enfant pendant ses trois pre-mières années).

Le complément de libre choix d’activité (CLCA)Il est versé aux familles dont l’un des parents ne travaille pas ou cesse de travailler ou bien exerce une activité professionnelle à temps

La prestation d’accueil du jeune enfant

Le rôLe de La MSa

La MSA accompagne les familles, financièrement par le biais du versement des prestations liées à l’arrivée de l’enfant, mais aussi en participant au financement de structures collectives permettant l’accueil du jeune enfant en milieu rural et répondant aux besoins de l’enfant selon son âge.—MoinS de 4 anS

L’enfant de moins de quatre ans peut être accueilli en crèche (collective, familiale ou parentale), micro-crèche, crèche itinérante, halte-garderie, multi-accueil, jardin d’enfants ou structure passerelle. La MSA verse la prestation de service unique (PSU) directement à la structure. Son montant est ensuite déduit de la facture remise aux parents. Leur participation est calculée en fonction de leurs ressources, du nombre d’enfants à charge et du nombre d’heures de garde. Ils n’ont aucune démarche à effectuer.—

entre 4 et 6 anS

Un enfant de plus de quatre ans peut être accueilli dans une structure de loisirs (halte-garderie, multi-accueil pour les 4-6 ans, jardin d’enfants…) durant la période scolaire (avant et après l’école) et/ou pendant les vacances. La MSA peut financer l’accueil des enfants en dehors des temps scolaires, en effectuant un versement financier aux structures ou aux familles.

Droits

partiel, afin de se consacrer à l’édu-cation de son enfant jusqu’à son troisième anniversaire. Pour un pre-mier enfant, il est versé pendant six mois après le congé de maternité ou d’adoption. À partir du deuxième enfant, il est versé jusqu’à ses trois ans. Son montant varie en fonction de la quotité de travail exercée et dépend du droit à l’allocation de base. Son octroi n’est pas soumis à condition de ressources, mais à une durée d’activité antérieure.

Le complément optionnel de libre choix d’activité (Colca)Celui-ci est ouvert à partir de la naissance du troisième enfant. Il donne la possibilité de prendre un congé plus court (un an au lieu de trois), mieux rémunéré que le CLCA et plus facile à inscrire dans un parcours professionnel, facilitant par la suite le retour à la vie active. Il n’est pas soumis à condition de ressources.Ainsi, à la naissance d’un troisième enfant, le parent peut choisir entre le CLCA et le Colca. Mais une fois qu’il a opté pour ce dernier, il ne

peut pas, au bout d’un an par exemple, demander à bénéficier du CLCA pour le même enfant. Avantage : la période de droit ouverte pour ces options peut être partagée successivement entre les parents.

Le complément de libre choix du mode de gardePour tout enfant de moins de six ans gardé par une assistante maternelle agréée ou une garde à domicile, ou bien encore accueilli dans un organisme, les parents peuvent bénéficier du complé-ment de libre choix du mode de garde, afin d’en compenser le coût. La MSA prend en charge 100 % des cotisations sociales pour une assistante maternelle agréée et 50 % pour une garde à domicile. De plus, elle rembourse aux parents une partie du salaire de l’employée. Le montant de cette aide varie en fonction de l’âge de l’enfant, de la composition de la famille et des ressources du foyer. Cette aide peut être cumulée avec le complément de libre choix d’activité sous certaines conditions.

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www.msa.fr

Retrouvez plus d’informations sur le site Internet de la MSA.

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Une aide financière pour les parents afin qu’ils puissent

élever leur jeune enfant ou le faire garder.

24 MAI-jUIn 2012 le bimsa www.lebimsa.fr

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EntrEprisE

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▶ Qu’est-ce qu’une convention nationale d’objectifs de prévention ?

Il s’agit d’un dispositif contractuel visant à promouvoir l’investissement des petites et moyennes entreprises dans la sécu-rité. Les branches d’activité le souhaitant établissent une convention nationale qui définit les domaines de santé-sécurité au travail à traiter dans les entreprises. Chaque convention est signée entre la CCMSA, les organisations professionnelles représenta-tives des employeurs et les organisations syndicales des salariés. Elle est conclue pour une durée maximale de quatre ans, à laquelle peut s’ajouter un avenant d’un an. Elle peut être renouvelée. Elle concerne les entreprises de moins de 200 salariés (moins de 250 jusqu’au 31 décembre 2011), affiliées au régime agricole et appartenant à une branche signataire.

▶ Quelles branches d’activité sont concernées ?

Actuellement, 14 conventions nationales sont en cours dans les branches d’activité suivantes : le traitement de la viande de boucherie (3e convention) ; l’exploitation de bois (3e)  ; les entreprises de travaux

Entre 1997, date de la mise en œuvre des premières conventions nationales d’objectifs de prévention, et fin 2010, date du dernier bilan, près de 650 entreprises ont signé un contrat

de prévention avec la MSA. Présentation.

Les contrats de prévention font florès

agricoles (3e) ; les scieries fixes (3e) ; les coopératives de conservation de fruits et légumes (2de) ; les entreprises du pay-sage (2de) ; le maraîchage (2de) ; les Cuma (2de) ; les coopératives laitières (2de) ; les abattoirs, les ateliers de découpe et les centres de conditionnement de volailles (2de) ; la vinification (1re) ; la sylviculture (1re) ; l’accouvage et la sélection (1re) ; les services de remplacement (1re). Deux autres sont en négociation : l’arboriculture frui-tière ; l’horticulture et les pépinières. La convention nationale des coopératives céréalières s’est achevée en 2010 : ce sec-teur a bénéficié du dispositif pendant dix ans, ce qui a permis la signature de 100 contrats de prévention.

▶ Qu’est-ce qu’un contrat de prévention ?

Les accords de branche se déclinent ensuite au niveau des entreprises du secteur qui en font la demande auprès de la MSA et avec laquelle elles signent un contrat de prévention. Ce programme d’action pluri-

annuel, de deux ou trois ans, consiste à intégrer la prévention en menant des actions sur l’organisation du travail, les améliora-tions techniques et le management. Il est construit en concertation avec les salariés (démarche participative mise en place par toutes les entreprises) et vise à améliorer leurs conditions de travail et à réduire les accidents et la pénibilité du travail, ainsi que les maladies professionnelles. La MSA accompagne l’entreprise en lui apportant un soutien méthodologique et en subven-tionnant une partie de l’investissement nécessaire à sa réalisation si ses objectifs sont atteints.

▶ Combien de contrats ont été signés ?

Depuis le début du dispositif et jusqu’à fin 2010, 649 contrats ont été signés : 215 dans des entreprises de 1 à 9 salariés (33 % des contrats) ; 243 dans les entre-prises de 10 à 49 salariés (37,50 %) ; 191 dans les entreprises de 50 à 250 salariés (29,50 %). Le dispositif profite de façon significative, et de plus en plus, aux très petites (moins de 5 salariés) et petites (moins de 10) entreprises.31 458 salariés en ont bénéficié, soit 12,7 % du nombre total des salariés des branches d’activité ayant signé une convention natio-nale d’objectifs de prévention. Plus de 9 850 actions de prévention ont été menées, soit une moyenne de 15 par contrat : investis-sement dans l’outil de travail (65 %) ; for-mation (20 %) ; études et actions intégrant la démarche participative (10 %) ; mesures organisationnelles (5 %). —

Anne Pichot de la Marandais

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Retrouvez plus d’informations sur notre site.

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contrats signés en 2010, contre 83 en 2009,

soit une progression de 55 %.

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© Photos : Bernard Gazé/Le Bimsa

26 mai-juin 2012 le bimsa www.lebimsa.fr

rencontresrencontres

Quand Productivité rime avec sécurité

Bien des projets élaborés en entreprise pour faire gagner du temps aboutissent finalement à des réalisations mal ficelées. navrant ! d’où l’intérêt d’intégrer le facteur humain et le point de

vue des salariés le plus en amont possible. Preuve à l’appui.

Nichée au cœur profond des Corbières, entre Narbonne et Perpignan, loin des prin-cipaux axes de communi-cation, la cave coopérative

d’Embres et Castelmaure cultive une réputation de cave la plus innovante du Languedoc en s’appuyant sur un slogan porteur : « Vous en faire boire de toutes les couleurs ». Ici, la qualité est une histoire de plus de trente ans. Car pour continuer à vivre sur ce micro terroir — certes excep-tionnel — il était indispensable d’améliorer

la qualité des vins, en se tournant d’abord vers les vignes (remplacement du vieux cépage carignan, repérage des parcelles, traçabilité…) avec pour objectif final le respect de la santé des consommateurs mais aussi des vignerons. Pour Bernard Pueyo, œnologue de formation et directeur de la cave depuis 1983, « afin d’assurer la continuité de notre développement — avec un chiffre d’affaires multiplié par trois en dix-huit ans, surtout par l’augmentation des ventes en bouteilles en France — l’heure était venue de restaurer la vieille cave et de construire de

nouveaux bâtiments pour produire et élever les vins dans de bonnes conditions, mieux rémunérer les coopérateurs, tout en amé-liorant l’accueil des clients ». Résultat : plus d’1,8 million d’euros investis au cours des quatre dernières années et un gros travail de réflexion lié notamment à l’implantation d’un nouveau poste de pressurage, pour en augmenter la qualité — raisonner dans une logique de travail une cuve/un pressoir — et la capacité, en facilitant notamment son alimentation. C’est alors que sont intervenus (fin 2009-début 2010), après un premier

Séance photo sous le nouveau poste de pressurage et de pilotage.

le bimsa mai-juin 2012 27

travail préliminaire avec le cabinet conseil qui suit habituellement les travaux de cave, Daniel Lavallée et Jean-Pierre Alfonso, conseillers en prévention à la MSA Grand Sud (qui couvre les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales). Avec l’ambition clairement affichée de signer avec l’entre-prise un contrat de prévention autour d’un projet de rénovation  : «  Pour nous, ces contrats s’inscrivent dans un cheminement historique, amorcé de longue date dans les entreprises avec “le document unique”, une obligation légale, planificatrice et point de départ d’une démarche commune de prise en compte des risques professionnels, une démarche participative aussi, parce qu’elle implique les salariés. »

Un diagnostic sécurité indispensableÀ Embres, l’outil datait un peu et devait être remis sur rail, ce qui a nécessité de faire un point sécurité. La cave n’était pas dans un état général optimal  : de nombreuses tuiles étaient cassées, l’état des sols fatigué, beaucoup d’espaces de travail saturés, notamment en zone de quai égrappé, où se croisent les tracteurs, les clients et le personnel de l’entreprise ;

certaines armoires électriques présen-taient des fermetures défectueuses tandis que l’espace stockage des produits phytos appelait à être réaménagé ; les risques de chutes lors des travaux en hauteur étaient grands, sans parler des facteurs d’ambiance (mauvais éclairages, bruit élevé, notam-

ment en période de vendanges, possibilité de présence de gaz carbonique dans les points bas), etc.Loin d’être cantonné au seul projet d’implan-tation d’un nouveau poste de pressurage et de pilotage (dont les exigences techniques ont tout de même une incidence majeure sur l’organisation du travail et le fonction-nement de la structure de production), c’est l’environnement général de la cave qui a nourri le diagnostic sécurité indispensable à la mise en place du contrat entre l’entre-prise et la MSA, sous la tutelle d’un comité de pilotage composé du directeur, d’un administrateur (à impliquer impérative-ment compte tenu des décisions qu’il est amené à prendre) et de salariés — cave et secrétariat. Aujourd’hui, un an plus tard, l’état de la cave est grandement amélioré et la circulation facilitée ; les travaux en hauteur ont été sécurisés par la création de voies de circulation et de passerelles, et l’installation de dispositifs anti-chutes ; les risques électriques en milieu humide sont circonscrits  ; les risques machines prévenus ; le personnel formé en SST ; l’ambiance de travail apaisée. Moins de bruit, c’est moins d’obligation de hurler pour communiquer (mal !) entre salariés, moins de temps perdu, moins de stress, sachant qu’en toute fin de journée, c’est l’accumulation de petits énervements qui aboutit aux gros énervements !Quant au changement de pressoir, il ne s’est pas cantonné à un simple renouvel-lement de matériel. Là encore le défi était de concilier différentes problématiques : productivité, qualité du produit, sécurité, confort des travailleurs. Il a fallu se remuer les méninges pour ajuster les différents élé-ments : les capacités et les caractéristiques techniques du pressoir, son usage, mais aussi l’intervention du salarié, notamment lors des phases de nettoyage. Deux ergonomes sont intervenus — quinze jours en tout sur six mois — pour observer les situations de travail. Ils ont veillé à cerner précisément le travail des hommes et à positionner cet élément comme central dans la conduite du projet d’investissement. Durant cette période, le regard des em-ployés a évolué : écoutés sur des thèmes de sécurité, leur participation aux études des ergonomes s’est déroulée naturellement. Éléments essentiels du succès final, qui plus qu’eux, en effet, détiennent les clés du bon fonctionnement de leur poste de travail. —

Bernard Gazé

▶ Le service Prévention des risques professionnels de la MSA

- un partenaire en matière de sécurité et d’amélioration des conditions de travail ;- le conseiller en prévention : une per-sonne ressource qui aide l’entreprise dans sa démarche d’intégration de la sécurité.

▶ Les contrats de prévention en entreprise

- depuis 1997, date de la mise en œuvre des premières conventions nationales d’objectifs de prévention, et jusqu'à fin 2010, 649 entreprises ont signé un contrat de prévention avec la MSA. Les très petites entreprises (moins de cinq salariés) et les petites entreprises (moins de dix salariés) sont bien représentées avec 20 et 30 % des contrats ;- la MSA verse une moyenne d’environ 41 000 euros par contrat et 850 euros par salarié. L’aide financière apportée par la MSA représente 11 % du coût total d’un contrat.

Prendre en comPte les

imPératifs de Production, mais aussi ceux des hommes qui y travaillent. ”

28 mai-juin 2012 le bimsa www.lebimsa.fr

rencontres

retour sur investissement“ Des améliorations, parfois mineures prises isolément, vont permettre de travailler avec plus de confort et de sécurité.”

Combien de projets destinés à faire gagner du temps abou-tissent à des réalisations mal ficelées. « Ça nous a coûté cher, c’est au final sous-utilisé »... Rageant ! Qui n’a pas en tête des investissements mal conduits et tout compte fait inutiles. Or les décideurs, en quête d’as-sistance, s’appuient pourtant sur des cabinets d’ingénierie, dotés de fortes compétences

techniques. Mais qu’en est-il de l’intégration de l’homme au tra-vail ? Serait-elle souvent laissée de côté ? Or les études menées

mettent toutes en évidence qu’intégrer le facteur humain dans les cahiers des charges, en amont des projets, ne génère

pas automatiquement des coûts supplémentaires. Les conseillers en prévention, les médecins du travail, les ergonomes savent s’adapter au tempo de l’entre-prise. Et au bout du compte, que constate-t-on ? Un gain sur la qualité des produits obtenus, de productivité et de temps ; moins de pannes ou d’incidents au démarrage de l’installation, une meilleure gestion des aléas déjà intégrés à la réflexion…Fabrice Santini, salarié à la cave d’Embres et Castelmaure, peut en témoigner : « L’installation de nouveaux pressoirs a permis dès les premières vendanges de débaucher vers 21 heures au lieu des trois heures du matin habituelles ! » —

Jean-Pierre Alfonso, conseiller en prévention à la MSA Grand Sud, et Fabrice Santini, salarié à la cave d’Embres et Castelmaure.

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D’où l’idée de cette journée – belle et ensoleillée pour une mi-avril – sur site, ouverte aux caves, particulières ou coopératives, aux décideurs vini-viticoles qui ont un

projet d’investissement, et plus particulièrement les pilotes de projet : directeurs, présidents de cave, œnologues, responsables cavistes… Pour Jean-Michel Coursières, « l’idée est de mutualiser, et pourquoi pas d’exporter sur d’autres régions viticoles, ce qui a bien fonctionné ici, en Languedoc. Donner aux personnes ayant participé aux travaux (le directeur de cave, l’ergonome, un salarié, les conseillers en prévention…) l’occasion de s’exprimer en échafaudant une véritable démarche, non théorique mais à l’inverse

précise et concrète, dont on pense qu’elle peut être reprise ailleurs, améliorée, revisitée, mais sur des bases et des fondamentaux déjà présents ». Les MSA organisatrices – à l’origine, la MSA Grand Sud, initiatrice de la démarche dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales, bientôt rejointe par la MSA Languedoc pour les départements viticoles du Gard et de l’Hérault – agissent dans le cadre d’une convention partenariale signée en 2009 avec la fédération régionale de la coopération viticole, dotée

de trois objectifs essentiels : accompagner les dispositifs des contrats de prévention, appuyés techniquement et financièrement par la MSA ; développer la culture de sécurité au travail, notamment dans la tête des décideurs ; participer enfin à l’intégration de la prévention dans les projets d’investissement. Le but final étant d’appréhender, le plus en amont possible, les questions de prévention, dès la conception des projets d’installation ou de réorganisation. —

Il aurait été dommage de ne pas faire connaître le travail exceptionnel accompli en cave d’Embres et Castelmaure dans le cadre du contrat de prévention signé en 2009 avec la MSA Grand Sud.

TémoignageJean-Michel Coursières,

directeur général adjoint MSA Grand Sud, en charge de la prévention des risques professionnels et

coordonnateur de l’association régionale des caisses de MSA en Languedoc-Roussillon

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© thomas Bousquet/Le Bimsa

Le Partenariat, c’est La santé

La santé est un domaine trop important pour que chacun agisse de son côté. Forts de ce principe et de solides relations de partenariat, les organismes d’assurance maladie de haute-normandie travaillent ensemble

en matière de prévention santé, avec succès. depuis quelques années, ils organisent des forums sur ce sujet, ouverts à tous publics. visite de l’un d’eux, à Lillebonne.

En Haute-Normandie, la préven-tion santé parle d’une seule voix. Ou plutôt d’un brouhaha de voix familières qui s’inter-pellent, se répondent, finissent

la phrase de l’autre, comme dans ce forum de prévention qui se déroule en avril der-nier, à Lillebonne. Le décor : au milieu de jardins sagement gazonnés, un moderne et vaste édifice qu’on devine destiné à accueillir toutes sortes de manifestations. Au-dehors, tout est calme.À l’intérieur, un essaim de scolaires, parmi lesquels des adultes d’âge mûr, mais pas

seulement, circulent du stand de la Ligue contre le cancer à celui de la prévention contre les troubles de l’audition, se rendent ensuite au parcours d’obstacles avec lunettes simulant l’état d’ébriété, à un atelier sur la nutrition dirigé par un animateur… Là, au stand de prévention contre le diabète, on offre gratuitement un test de dépistage, absolument pas douloureux et donnant un résultat immédiat. Le tout en zigzaguant parmi les posters géants et colorés aux thèmes très diversifiés, toujours axés sur la santé, et qui vont des troubles cardio-vasculaires au dépistage du cancer de la

prostate en passant par le don du sang.Dans cette ruche, très à leur aise, Jean-Marc Durand et Brigitte Jouenne expliquent le fond de l’affaire. Le premier est agent de prévention santé à la MSA Haute-Normandie, la seconde chef de projet et responsable de la communication à la Cpam (caisse primaire d’assurance maladie) du Havre. Et de raconter que ce forum est l’un de ceux qu’ils organisent, plusieurs fois par an, dans les communes du département. Cette organisation est le fruit d’un travail en groupe, entre membres d’organismes de protection sociale.

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LES PArtEnAIrES▶ MSA Haute-Normandie.▶ Caisses primaires d’assurance maladie

de Haute-Normandie.▶ Régime social des indépendants (RSI)

de Haute-Normandie.▶ Mais aussi : la Mutuelle générale

de l’éducation nationale de Haute- Normandie, la commune de Lillebonne et son service de prévention, des associations locales multiples dans le domaine de la santé.

30 mai-juin 2012 le bimsa www.lebimsa.fr30 mai-juin 2012 le bimsa www.lebimsa.fr

« Notre groupe de travail date de 2005, précise Brigitte Jouenne. Chacun de nous portait des thématiques de prévention et nous nous sommes rassemblés pour pouvoir organiser des forums santé de proximité. L’objectif était d’aller sur le terrain, de sortir de nos murs, et de développer des partena-riats avec les communes et les associations, axés sur la prévention santé. » Le public auquel s’adresse ces forums est le plus large possible, car tout le monde est invité. Depuis la création du groupe de travail inter-organismes, on compte une moyenne de quatre éditions par an.Jean-Marc Durand commente l’esprit de coopération du groupe par ces mots : « Dans ce partenariat, nous sommes tous à égalité. Il n’y a pas de vedette. C’est ensemble que nous avons décidé de commander une pièce de théâtre sur l’obésité des adolescents. Nous nous partageons aussi les mini-conférences qui ont lieu pendant les forums. » Ces mini-conférences tournent autour des thèmes du diabète, de l’alimentation, des médicaments, du cancer du sein et du cancer colorectal (avec le concours d’Ahmed Benhamouda, médecin coordonnateur de l’association Emma, chargée du dépistage des cancers en Seine-Maritime), de l’hygiène dentaire et du bien vieillir.

Conférences et animationsEn ce qui concerne les adolescents, un des thèmes phares du forum de Lillebonne est celui de la prévention de l’obésité. Afin de souligner le discours de prévention, les organisateurs ont commandé à des gens de théâtre, la « Compagnie des planches vertes », une petite pièce sur l’obésité des adolescents. C’est devant une salle comble

jean-marc durand,agent de prévention santé à la msa Haute-normandie

« Afin qu’un forum santé se tienne, il faut tout un travail préliminaire. Notre groupe inter-régimes décide de tout ensemble : les expos, les stands, les mini-conférences. Tous les supports d’exposition sont éga-lement créés par le groupe et c’est pour cela que nous avons tous le logo de notre organisme d’appartenance dessus. Pour les forums, nous fournissons le matériel et les animations. Les communes invitent les associations de santé et mettent un local à notre disposition. Il doit être suffisam-ment grand ! De notre côté, nous diffusons l’information par voie de presse, par la radio, par Internet, par les professionnels de santé. à la MSA, nous passons égale-ment par les élus. Nous avons l’habitude de fonctionner tous ensemble, de façon très naturelle. Et ce partenariat profite à nos organismes, puisque nos directeurs se rencontrent régulièrement. » —

que les deux comédiens, Marie-Laure et Jean-Dominique, se mettent dans la peau, la première d’une apprentie artiste de cirque complexée par son surpoids, l’autre de son mentor, puis de son médecin, qui tente de la convaincre de se prendre en main. En parallèle de la représentation, l’atelier sur la nutrition apprend aux jeunes à se nourrir de façon équilibrée, à l’aide d’une sorte de roue colorée que l’on tourne.Mais il n’y en a pas que pour les jeunes dans ce forum. La conférence sur le bon usage du médicament attire les seniors, et c’est Jean-Marc Durand qui l’anime, devant un public qu’il fait largement participer.

Ce dernier, qui est presque incollable sur les génériques, apprend des notions peu connues comme la iatrogénie, ou patho-logie d’origine médicale, ou est informé du processus de fabrication et du cycle de vie d’un médicament. La conférence sur comment bien vieillir est également bien accueillie, avec cette phrase introductive pleine d’humour : « Tout le monde veut vivre longtemps, mais personne ne veut devenir vieux. » La mémoire, l’hérédité, le mode de vie, les activités, le sommeil, la nutri-tion, la vie sociale et affective sont ainsi passés en revue.La journée se déroule ainsi, avec une variété d’animations et d’intervenants. Ici, des élèves de l’IMPro Bolbec, un établissement qui accueille des jeunes en difficulté d’ap-prentissage, rient en voyant leurs camarades trébucher sur l’un des parcours d’obstacles dressés par le centre social de Notre-Dame de Gravenchon (Arpège). Là, le maire de Lillebonne reçoit les honneurs d’une visite guidée, satisfait de voir l’affluence. Des élus de la MSA sont également venus, tels Jacques Frégé et Pierre Gomont, ce dernier étant élu dans le canton de Lillebonne. Tous constatent que la formule inventée par les partenaires de l’assurance maladie de Seine-Maritime éclate de santé. —

thomas Bousquet

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465 visiteurs sur la journée

131 dépistages de diabète effectués

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risQue suicidaire : Que Faire ?

La msa a mis en place un plan national d’actions contre le suicide. dans le Languedoc-roussillon, entre autres, cela prend forme. Le 23 avril dernier, notamment, par une journée d’information à destination des élus,

avec l’intervention du docteur aziz Hermès, psychiatre au cHu de montpellier. Parlons-en.

La stratégie nationale d’actions face au suicide a comme pos-tulat que le suicide est une cause de mortalité évitable. Encore faut-il savoir reconnaître

l’état de crise suicidaire quand il se pré-sente. C’était l’un des objectifs visés par l’intervention du docteur Hermès, qui s’est tenue devant un parterre d’élus des MSA du Languedoc et Grand Sud, le 23 avril dernier, à Narbonne (Aude).On recense environ 400 suicides par an dans le monde agricole (données fournies par

l’INVS, Institut national de veille sanitaire). C’est la catégorie professionnelle la plus exposée. Le repérage des personnes en difficulté s’affiche donc comme un enjeu sérieux de prévention. 80 % des suicidés avaient fait part de leur projet avant de passer à l’acte ! Existe-t-il des signes précur-seurs ? Comment les détecter ? Comment en parler ? Que faire devant une volonté avérée de passage à l’acte ? Première idée reçue contre laquelle s’érige le docteur Hermès : « Le suicide n’est pas un choix personnel, mais une absence de

choix. La personne croit, à tort, qu’il n’y a pas d’autres solutions pour arrêter de souffrir. » Seconds lieux communs battus en brèche : parler du suicide à quelqu’un l’inciterait à le faire et ceux qui le disent ne le font pas. « Faux », rétorque le psychiatre. A contrario, « l'évaluation du potentiel sui-cidaire permet de déterminer le degré de perturbation de l’individu afin d’instaurer une intervention appropriée ». Le lien entre les idées suicidaires et la dépres-sion est établi : près de 70 % des personnes qui décèdent par suicide souffraient

© daniel eugène/ccmsa image(s)

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d’une dépression, diagnostiquée ou non. En psychiatrie, le terme dépression se distingue de son acception dans le langage courant où il est souvent synonyme de déprime (trouble de l’adaptation). Il existe de très nombreuses formes cliniques de dépression : masquée, d’épuisement, du sujet âgé, atypique, mélancolique… La dépression est un trouble de l’humeur permanent, non modulable par les évé-nements extérieurs (tristesse, absence de plaisir, diminution d’intérêt ou d’énergie), et durable sur plus de deux semaines au minimum. Son retentissement fonctionnel sur la vie quotidienne s’observe sur le lieu de travail (relations humaines, rendement) et dans les grandes activités physiologiques (sommeil, appétit, sexualité, motricité). Parmi les attitudes qui peuvent mettre la puce à l’oreille dans l’entourage, le doc-teur Hermès cite quelques changements, comme l’isolement inhabituel, la tristesse, l’irritabilité, l’hygiène ou l’apparence négli-gée, la perte d’intérêt pour les activités habituelles, un sommeil perturbé, des modifications de l’appétit et du poids. Des propos inhabituels, tels que « Je suis écœuré de tout », « Je ne m’en sortirai jamais » ou a fortiori « Je veux en finir », doivent alerter celui qui en est témoin. Devant une personne dépressive, trou-ver les mots justes ressemble souvent à une gageure. Le psychiatre recommande d’éviter de faire la morale, de donner ses propres recettes du bonheur, de tout faire à la place, de tout prendre sur son dos, d’abandonner sans relais…

écouter avec empathie« Certaines phrases sont inutiles, précise Aziz Hermès. Remue toi ! Bouge toi ! Mais tu n'as donc aucune volonté. Fais quelque chose au lieu de rester planté là ! Va donc travailler, ça te changera les idées au lieu de ne rien faire ! Si tu voulais, tu pourrais ! » Pour une prévention efficace, il est nette-ment conseillé : d’accueillir et d’écouter avec empathie les propos inquiétants, les confidences ; d’amener aux soins ou d’accompagner vers un dispositif de prise en charge ; de s’assurer de l’effectivité de la prise en charge. Il est donc bon d’intervenir dès le moindre doute, de parler ouvertement, de ne pas hésiter à demander si la personne pense au suicide, d’essayer de savoir si son acte est planifié, de l’encourager à exprimer ses émotions, à parler, à appeler un ser-vice d’aide par téléphone, de lui offrir son

aide. Enfin, la personne qui recueille ces propos ne doit pas rester seule avec cette situation. Son rôle : demander l’aide d’un professionnel. En la matière, le docteur Aziz Hermès souligne l’importance de la pluridiscipli-narité des cellules mises en place par la MSA. —

franck rozé

LE PotEntIEL SUICIDAIrE

Le potentiel suicidaire peut se mesurer. Il est faible, moyen ou élevé, en fonction des facteurs de risque, d’urgence et de dangerosité (RUD). Les premiers se distinguent en trois catégories. Les facteurs de risque suicidaire primaires − comme les troubles psychiatriques, notamment l’alcoolisme et la dépression, les antécédents personnels et familiaux de conduite suicidaire, les personnalités impulsives, agressives… −, les facteurs de risque suicidaire secondaires − pertes parentales précoces, traumatismes et agressions durant l’enfance, isolement social et affectif, problèmes financiers, chômage, événements de vie négatifs sévères… −, et les facteurs de risque suicidaire tertiaires, comme le fait d’être de sexe masculin ou la sénescence. L’évaluation clinique de la probabilité de décéder dans les 48 heures mesure l’urgence suicidaire. Elle se fonde sur l’idéation suicidaire et son intensité, l’absence d’alternative autre que le sui-cide, le scénario suicidaire et l’imminence du passage à l’acte. L’urgence est dite faible quand le sujet pense au suicide, mais sans nourrir de scénario précis ; moyenne quand un scénario est envi-sagé, mais reporté ; élevée en cas de planification claire et de passage à l’acte prévu pour les jours à venir. Enfin, on évalue la dangerosité du scénario suicidaire par la létalité du moyen et l’accès direct aux moyens. Si l’accès au moyen est facile et immé-diat, il faut considérer la dangerosité comme extrême et agir en conséquence. à savoir, confisquer le moyen et alerter les professionnels.

on n’est pas tout seul !

Jusqu’à présent, j’avais une petite connaissance de la problématique liée à la dépression et au risque suicidaire. Je bricolais plus ou moins à partir de ce que j’entendais. Aujourd’hui, avec le discours accessible et non mortifère du docteur Hermès, je sais qu’il y a toujours quelque chose à faire. On est tous concernés. Je retiendrai deux mots : écoute et empathie. Nous, élus de terrain, nous sommes des relais. Et si on ne sait pas venir en aide, on sait à qui adresser la personne en souffrance. On n’est pas tout seul !Geneviève Fraisse, déléguée MSA Dorénavant je saurai poser les bonnes questions.Je pensais qu’il était risqué d’aborder de front le thème du suicide avec la personne en difficulté. L’exposé d’aujourd’hui m’a permis de balayer quelques idées reçues. On ne sait jamais où la crise suicidaire commence et où elle s’arrête. Là, on a appris à faire la différence. Il m’arrive personnellement de suivre des personnes en difficulté en dehors du cadre MSA. Dorénavant je saurai poser les bonnes questions. Michel Fesquet, administrateur MSA

Paroles d'élus

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Des actions de prévention contre le suicide « À la demande du conseil d’administration de l’Aromsa du Languedoc-Roussillon(1), un groupe de travail a été institué en janvier 2011, en partenariat avec l’agence régionale de santé (ARS) et la caisse d'assurance retraite et de la santé au travail (Carsat). Il est composé des médecins chefs du travail, des responsables des services de prévention et d’action sanitaire et sociale (ASS) de la MSA, d’un ingénieur conseil de la Carsat, d’un médecin de l’ARS et de responsables de services d’aide et d’accompagnement (S2A). Ce groupe a défini trois axes de travail : un diagnostic, des propositions d’action et des formations. Nous n’avons que peu de connaissances sur les risques psychosociaux dans le monde agricole et surtout chez les non salariés. En collaboration avec le CHU de Nîmes,

nous avons donc lancé une enquête validée, à valeur scientifique. Nous avons adressé de façon aléatoire 5 000 questionnaires HAD et de Karasek(2) − auprès de 2 500 salariés agricoles et de 2 500 non salariés agricoles − sur les cinq départements,

en respectant leur poids relatif. Les résultats, attendus pour septembre, permettront de cibler nos actions à venir (filières en souffrance, tranches d’âge, répartition hommes/femmes, salariés/non salariés…). Mais on a également lancé

un prédiagnostic rapide. Les services de prévention et d’ASS ont effectué un travail de terrain : 320 questionnaires ont été analysés. Ils n’ont pas de valeur scientifique mais ils permettent d’orienter les premières actions. Par ailleurs, un dispositif national d’écoute (numéro cristal) est en passe de voir le jour. Des cellules pluridisciplinaires vont être mises en place. Elles seront composées de médecins du travail et de médecins conseils, d’assistants sociaux, de conseillers en prévention et de psychologues ou de psychiatres. En septembre, nous communiquerons vers les OPA membres du réseau de veille et de signalement. »

(1) L’Aromsa (association régionale des organismes de MSA) du Languedoc-

Roussillon regroupe les MSA du Languedoc

et Grand Sud. (2) Les questionnaires HAD (« hospital

anxiety and depression scale ») et de Karasek évaluent l’anxiété, la dépression et le stress au travail.

TémoignageJean-Marc Pastor,

médecin chef du travail MSA du Languedoc

TémoignageMarie-Catherine

Apollis,animatrice de l'échelon local

MSA du Languedoc

« Je suis venue accompagner un groupe de douze élus de l’Hérault. Cette journée d’information fait écho à Agir ensemble, le dispositif d’accompagnement social et économique des viticulteurs. La restitution va être immé-diate puisque nous organi-sons bientôt des journées portes ouvertes à la caisse MSA de Montpellier et que l’un des ateliers portera sur les risques psychosociaux. Dans le Languedoc-Roussillon, tous les travail-leurs sociaux ont été formés

sur le thème de la prévention du suicide par le docteur Hermès. Un des objectifs de la cellule pluridisciplinaire qui se met en place, c’est de mener un travail appro-fondi avec les élus auprès des entreprises et dans le secteur périurbain notam-ment. Personnellement, j’ai trouvé cette journée très dynamique et accessible. Il est important que les élus se mobilisent sur cette théma-tique. Aujourd’hui, les cinq comités départementaux étaient présents. »

« Il est important que les élus se mobilisent sur cette thématique. »

34 Mai-juin 2012 le bimsa www.lebimsa.fr

L’édition 2012 du Trophée prévention jeunes a connu son apothéose le 22 mai dernier, lors de la journée de clôture et de remise des prix. Ces futurs professionnels de l’agriculture, que sont les jeunes participants, sont venus y trouver le plein de messages de prévention et de distractions variées. Retour en images sur cette Journée prévention jeunes, pleine de vie et d’imagination.

LA PRéVENTION PRENd

Isabelle Vanicek, chargée de mission au service prévention des risques professionnels

de la CCMSA et organisatrice de la JPJ, présente les différentes animations

aux jeunes visiteurs.

Les lycéens de Meynes, dans le Gard, refont en costumes le spectacle qui illustre

leur message de prévention contre les zoonoses transmissibles du chien à l’homme.

Les filles sont déguisées en ver blanc, leur camarade en vampire cannibale, pour symboliser les maladies d’origine canine.

Cette journée est avant tout pédagogique et propose de nombreux jeux. Ici, des participants rassemblés autour d’un quiz sur écran d’ordinateur.

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LA PRéVENTION PRENd

La Wii à la JPJ ? Eh oui ! Un jeu spécialement créé pour illustrer… les troubles musculo-squelettiques (TMS).

Pour apprendre à réaliser et à poser un licol sur la tête d’un bovin, il faut l’aide d’un spécialiste de la MSA.

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Retrouvez l’intégralité du reportage et le palmarès sur www.lebimsa.fr

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Des élèves d’établissements de l’île-de-France s’apprêtent à noter les projets en lice pour les prix « coup de cœur », boîtier électronique en main. Pour le palmarès complet de la JPJ, consulter le site internet : www.lebimsa.fr

Gérard, cascadeur professionnel, compte 100 films de TV et de cinéma à son actif, et aucune hospitalisation. L’action sans risque ? Il faut toute une démarche de préparation, et donc de prévention, pour cela. La preuve par l’image et par la pédagogie.

À l’atelier Créa’ Tag, de petits groupes font travailler leurs méninges pour exprimer leur perception de la prévention. Le résultat colore le mur et forme une grande fresque.

MINISTÈREDE L’AGRICULTURE

DE L’ALIMENTATIONDE LA PÊCHE

ET DE LA RURALITÉ

ATC ESCARGOT-290x195.indd 1 18/11/11 11:33