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Page 1: p o l é miq u e Faut-il se maquilleR pour réussir · PDF fileque de cosmétiques Procter & Gamble, révèle qu’au travail les femmes sont jug ées ... Chollet, auteure de l’essai

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« Makeup tax ». C’est le nom donné par la journaliste américaine Olga Khazan à l’inégalité due aux cosmétiques. Dans un article du journal « The Atlantic », elle com-pile une série d’études qui a de quoi filer le bourdon. Dans une société qui attend des femmes qu’elles soient féminines, notre look affecte notre fiche de paie : celles qui se maquillent réussissent mieux profes-sionnellement que les autres. Cette course à la féminité coûte cher : nous dépensons en moyenne 15 000 $ (13 500 €) de pro-duits cosmétiques dans une vie. Dans un débat lancé sur Facebook par l’équipe de Hillary Clinton, une jeune femme a évoqué la contrainte et le temps passé pour se refaire une beauté tous les matins… L’ex-secrétaire d’Etat a répondu sur cet impératif d’apparence soignée : « Amen, ma sœur. Vous prêchez une convaincue. C’est un défi quotidien. »

« L’apparence physique des femmes au travail a toujours été le terrain de compromis, note Christine Bard, historienne du fémi-nisme (1). Au début du XXe siècle, le travail des femmes est accusé de tous les maux, notamment de leur faire perdre leur féminité. » Dans les années 60 se développe l’idée d’une féminité pro-fessionnelle : une sorte de code de présentation féminine mais pas trop. « Aujourd’hui, il n’y a pas vraiment de règle. Certaines femmes sont au travail comme elles sont en dehors, d’autres

essaient au contraire de neutraliser leur apparence pour parer le désavantage qu’elles ont d’être une femme dans leur milieu professionnel. »

Une autre étude, commandée par la mar-que de cosmétiques Procter & Gamble, révèle qu’au travail les femmes sont jugées plus compétentes quand elles sont maquil-lées. Mais sans excès ! Trop maquillées, elles paraissent moins fiables. « Rappelons-nous les ateliers de relooking de Pôle Emploi : il y a toujours un besoin de dire aux femmes qu’une partie de leurs compé-

tences repose sur leur apparence physique », commente Mona Chollet, auteure de l’essai « Beauté Fatale » (2). Certaines féministes américaines suggèrent de boycotter le maquillage au travail, pour renverser la tendance. Une solution vaine ? Pas tant que ça, pour Mona Chollet, qui estime qu’il suffit parfois qu’une personne trans-gresse la règle pour que l’on se rende compte que, finalement, ce n’est pas si grave. « Mais sans maquillage, l’injonction à être jolie peut être encore plus puissante, comme pour la tendance des selfies no makeup, où le fond de teint est remplacé par quinze filtres Instagram. » n

(1) « Ce que soulève la jupe. Identités, transgressions, résistances », (éd. Autrement, 2010). (2) Ed. Zones/La Découverte, 2012.

Faut-il se maquilleR

pour réussir ?

LA qUEsTIon PEUT sEMBLER FUTILE. PoURTAnT, ELLE

EsT séRIEUsE : LEs FEMMEs MAqUILLéEs GAGnERAIEnT

MIEUX LEUR VIE qUE LEs AUTREs. VRAIMEnT ?

par CLArEnCE EDgArD-rOsA

p o l é m i q u e