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Le Courrier des addictions (13) – n ° 2 – Avril-mai-juin 2011 33 Le coupe-ongles. Le jour où ils l’ont pris à mon fils, j’ai compris que c’était grave Stephane Alexandre Éditions Les Arènes, 232 p, 19,80 € Sur fond d’une immense culpabilité, le récit doulou- reux d’un père, Stéphane Alexandre journaliste dans un grand groupe de presse, qui ne se résigne pas à la schizophrénie de son fils Nicolas, aîné de trois gar- çons, vivait avec sa mère et son plus petit frère à Lyon, tandis que le second fils avait choisi de rester avec son père après le divorce de ses parents. Depuis des années, les ponts étaient rompus entre le père et le fils, grand consommateur de cannabis, "révolté", en échec scolaire et social… "Je voyais mon fils partir dans la révolte, dans une certaine forme de nihilisme, et je me disais : il est bien le fils de son père. Pendant nos dis- putes, il m’injuriait. J’avais perdu le goût de lui, je n’avais plus envie de l’écouter", raconte-t-il. Comme bien des parents, il n’a pas imaginé que les crises d’opposition de Nicolas, ses colères, blocages, sa "paresse" et errements scolaires cachaient une maladie psychiatrique. Et puis, un jour de février 2007, Nicolas, 19 ans, a vrai- ment "pété les plombs" chez sa mère. C’est l’en- grenage : le SAMU, puis l’hôpital psychiatrique. "Quand j’ai réalisé ce qui se passait, il était trop tard, elle l’avait fait interner dans un endroit où je n’aurais jamais cru devoir mettre les pieds : le service fermé d’un grand hôpital psychiatrique. Elle n’avait pas eu le choix. Je n’ai rien vu venir. (…) La psychiatre a évoqué deux hypothèses : soit une crise passagère liée à une surconsommation de cannabis, soit la première phase d’une psy- chose durable. Lorsqu’au bout de quinze jours, elle a posé le diagnostic de schizophrénie, j’ai eu l’impression d’être crucifié... Comment ce blondi- net brillant a-t-il pu devenir un fantôme assom- mé de neuroleptiques ? C’est cette histoire que j’ai voulu raconter. Elle est violente, crue, injuste peut-être. Mais tout est vrai". Aidés par l’Union nationale des amis et familles de malades psy- chiques (UNAFAM), après six mois passés dans un service de réadaptation et d’orientation, les parents de Nicolas ont pu l’installer dans un appartement protégé lié à un service de visite à domicile et proche d’un centre d’activité pour malades psychiques à Châlons-sur-Saône. Âgé aujourd’hui de 23 ans, Nicolas est bénévole dans "un jardin thérapeutique" et suit des cours de remise à niveau scolaire. Just Kids Patti Smith, traduction de Héloïse Esquié Denoël, 327 p, 17,95€ Patti Smith, musicienne, chanteuse de rock, poète, peintre et photographe amé- ricaine, considérée comme la "marraine" du mouvement punk de la fin des années 1970, publie ses mémoires des seventies : sexe, drogues, rock’n roll et puis sida qui a emporté à 42 ans l’amour de sa vie, Robert Mapplethorpe, ar- tiste plasticien, toxicomane et homosexuel. C’est lui qui se détache de la galerie de toutes les figures emblématiques que Patti Smith a croisées sur sa route et qui font de cette autobiographie passionnante un vrai té- moignage documentaire : Janis Joplin, Jim Morrison, Allen Ginsberg, Sam Shepard... Une plongée dans une atmosphère "enfumée et psychédélique où flottait un sentiment de paranoïa vague et déstabilisant", où Patti était confrontée à la déchéance physique de proches en quête d’aventures autodestruc- trices. Sans sombrer, mais de justesse. Une nuit, elle accepte de "faire le voyage", pour la première fois, avec Robert Mapplethorpe, et c’est le vrai "bad trip" : "J’avais l’impres- sion d’être le prêcheur itinérant de La Nuit du chasseur. Tout se parait d’un air sinistre, l’odeur de l’huile de patchouli, du poppers et de l’ammoniac. La nervosité m’a peu à peu gagnée. Je ne parvenais pas à me détendre. Autour de moi, tout semblait complètement hors de portée, les silhouettes se nimbaient d’auras orange, rose et d’un vert acide. Pas de lune ni d’étoiles, réelles ou imaginaires". Psy – Collection "Le grand livre des idées reçues" Ouvrage collectif, coordonné par le Pr Bernard Granger Le Cavalier Bleu Éditions, 552 p, 22 € "Seuls les êtres humains pensent", "Le coup de foudre n’existe pas", "Les tares sont innées, les dons aussi !", "Il faut laisser pleurer les bébés", "On oublie ce qui nous arrange", "Les hommes ont plus de be- soins sexuels que les femmes", "Avec la psychanalyse, tout est de la faute des parents", "Avoir des difficultés de mémoire est normal à partir d’un certain âge"… S’il y a un domaine où les idées reçues ont la vie dure, c’est bien la psychologie et, plus gé- néralement, le monde "psy". Un livre indispen- sable pour mieux comprendre le fonctionne- ment du cerveau et du psychisme, à tous les âges de la vie. Dopage dans le football, La loi du silence Dr Jean-Pierre de Mondenard Ed Jean-Claude Gawsewitch, 380 p, 19,90 € Le Dr Jean Pierre de Mondenard a publié ré- cemment un ouvrage dont le thème porte sur un sujet resté si longtemps tabou : le dopage au sein de équipes de foot. À la fin de l’an passé, la presse allemande, s’appuyant sur une étude universitaire, a révélé que l’équipe de la Nationalmannschaft, cham- pionne du monde en 1954 à Berne contre les Hongrois, alors qu’on ne l’attendait pas sur le podium, avait reçu des injections d’amphéta- mines (Pervitin ® ). On savait donc, depuis les années cinquante, que le dopage collectif dans an update of human research. Alcohol Clin Exp Res 1991;15(3):438-59. 10. Dawson DA, Grant BF, Ruan WJ. e association between stress and drinking: modifying effects of gender and vulnerability. Alcohol Alcohol 2005;40(5):453-60. 11. Veenstra MY, Lemmens PHHM, Garretsen HFL, Knottnerus JA, Zwietering PJ. A literature overview of the relationship between life-events and alcohol use in the ge- neral population. Alcohol Alcohol 2006;41(4):455-63. 12. de Wit H, Söderpalm AH, Nikolayev L, Young E. Effects of acute social stress on alcoholic consumption in healthy subjects. Alcohol Clin Exp Res 2003;27(8):1270-7. 13. Brady KT, Killeen TK, Brewerton T, Lucerini S. Co- morbidity of psychiatric disorders and post-traumatic stress disorder. J Clin Psychiatry 2000;61,suppl.7:22-32. 14. Mc Carthy E, Petrakis I. Epidemiology and manage- ment of alcohol dependence in individuals with post-trau- matic stress disorder. CNS Drugs 2010;24(12):997-1007. 15. Ayer LA, Harder VS, Rose GL, Helzer JE. Drinking and stress: an examination of sex and stressor differences using IVR – based daily date. Drug Alcohol Depend 2010;Dec10. 16. Valéry P.-Cahiers II. Bibliothèque de la Pléiade. Gal- limard, Paris 1974 (p. 526). Paris 1955. (Odyssée, IV, 219:603). 17. Courtney KE, Polich J. Binge drinking in youg adults: data, definitions and determinants. Psychol Bull 2009;135(1):142-56. 18. Moonat S, Starkman BG, Sakharkar A, Pandey SC. Self-medication of anxiety disorders with alcohol and drugs: results from a nationally representative sample. J Anxiety Disord 2009; 23(1):38-45. 19. Robinson J, Sareen J, Bolton J. Self-medication of anxiety disorders with alcohol and drugs: results from a nationally representative sample. J Anxiety Disord 2009;23(1):38-45.

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Page 1: P. de Postis - Edimark33 Le Courrier des addictions (13) – n 2 – Avril-mai-juin 2011 Le coupe-ongles. Le jour où ils l’ont pris à mon fils, j’ai compris que c’était grave

Le Courrier des addictions (13) – n ° 2 – Avril-mai-juin 201133

Le coupe-ongles. Le jour où ils l’ont pris à mon fils, j’ai compris que c’était grave Stephane AlexandreÉditions Les Arènes, 232 p, 19,80 €

Sur fond d’une immense culpabilité, le récit doulou-reux d’un père, Stéphane Alexandre journaliste dans un grand groupe de presse, qui ne se résigne pas à la schizophrénie de son fils Nicolas, aîné de trois gar-çons, vivait avec sa mère et son plus petit frère à Lyon,

tandis que le second fils avait choisi de rester avec son père après le divorce de ses parents. Depuis des années, les ponts étaient rompus entre le père et le fils, grand consommateur de cannabis, "révolté", en échec scolaire et social… "Je voyais mon fils partir dans la révolte, dans une certaine forme de nihilisme, et je me disais : il est bien le fils de son père. Pendant nos dis-putes, il m’injuriait. J’avais perdu le goût de lui, je n’avais plus envie de l’écouter", raconte-t-il. Comme bien des parents, il n’a pas imaginé que les crises d’opposition de Nicolas, ses colères, blocages, sa "paresse" et errements scolaires cachaient une maladie psychiatrique. Et puis, un jour de février 2007, Nicolas, 19 ans, a vrai-ment "pété les plombs" chez sa mère. C’est l’en-grenage : le SAMU, puis l’hôpital psychiatrique. "Quand j’ai réalisé ce qui se passait, il était trop tard, elle l’avait fait interner dans un endroit où je n’aurais jamais cru devoir mettre les pieds : le service fermé d’un grand hôpital psychiatrique. Elle n’avait pas eu le choix. Je n’ai rien vu venir. (…) La psychiatre a évoqué deux hypothèses : soit une crise passagère liée à une surconsommation de cannabis, soit la première phase d’une psy-chose durable. Lorsqu’au bout de quinze jours, elle a posé le diagnostic de schizophrénie, j’ai eu l’impression d’être crucifié... Comment ce blondi-net brillant a-t-il pu devenir un fantôme assom-mé de neuroleptiques ? C’est cette histoire que j’ai voulu raconter. Elle est violente, crue, injuste

peut-être. Mais tout est vrai". Aidés par l’Union nationale des amis et familles de malades psy-chiques (UNAFAM), après six mois passés dans un service de réadaptation et d’orientation, les parents de Nicolas ont pu l’installer dans un appartement protégé lié à un service de visite à domicile et proche d’un centre d’activité pour malades psychiques à Châlons-sur-Saône. Âgé aujourd’hui de 23 ans, Nicolas est bénévole dans "un jardin thérapeutique" et suit des cours de remise à niveau scolaire.

Just KidsPatti Smith, traduction de Héloïse EsquiéDenoël, 327 p, 17,95€

Patti Smith, musicienne, chanteuse de rock, poète, peintre et photographe amé-ricaine, considérée comme la "marraine" du mouvement punk de la fin des années 1970, publie ses mémoires des seventies : sexe, drogues,

rock’n roll et puis sida qui a emporté à 42 ans l’amour de sa vie, Robert Mapplethorpe, ar-tiste plasticien, toxicomane et homosexuel. C’est lui qui se détache de la galerie de toutes les figures emblématiques que Patti Smith a croisées sur sa route et qui font de cette autobiographie passionnante un vrai té-moignage documentaire : Janis Joplin, Jim Morrison, Allen Ginsberg, Sam Shepard... Une plongée dans une atmosphère "enfumée et psychédélique où flottait un sentiment de paranoïa vague et déstabilisant", où Patti était confrontée à la déchéance physique de proches en quête d’aventures autodestruc-trices. Sans sombrer, mais de justesse. Une nuit, elle accepte de "faire le voyage", pour la première fois, avec Robert Mapplethorpe, et c’est le vrai "bad trip" : "J’avais l’impres-sion d’être le prêcheur itinérant de La Nuit du chasseur. Tout se parait d’un air sinistre, l’odeur de l’huile de patchouli, du poppers et de l’ammoniac. La nervosité m’a peu à peu

gagnée. Je ne parvenais pas à me détendre. Autour de moi, tout semblait complètement hors de portée, les silhouettes se nimbaient d’auras orange, rose et d’un vert acide. Pas de lune ni d’étoiles, réelles ou imaginaires".Psy – Collection "Le grand livre des idées reçues" – Ouvrage collectif, coordonné par le Pr Bernard GrangerLe Cavalier Bleu Éditions, 552 p, 22 €"Seuls les êtres humains pensent", "Le coup de

foudre n’existe pas", "Les tares sont innées, les dons aussi !", "Il faut laisser pleurer les bébés", "On oublie ce qui nous arrange", "Les hommes ont plus de be-soins sexuels que les femmes", "Avec la psychanalyse, tout est de la faute des parents", "Avoir

des difficultés de mémoire est normal à partir d’un certain âge"…S’il y a un domaine où les idées reçues ont la vie dure, c’est bien la psychologie et, plus gé-néralement, le monde "psy". Un livre indispen-sable pour mieux comprendre le fonctionne-ment du cerveau et du psychisme, à tous les âges de la vie.

Dopage dans le football, La loi du silenceDr Jean-Pierre de MondenardEd Jean-Claude Gawsewitch, 380 p, 19,90 €Le Dr Jean Pierre de Mondenard a publié ré-

cemment un ouvrage dont le thème porte sur un sujet resté si longtemps tabou : le dopage au sein de équipes de foot. À la fin de l’an passé, la presse allemande, s’appuyant sur une étude universitaire, a révélé que l’équipe de la Nationalmannschaft, cham-

pionne du monde en 1954 à Berne contre les Hongrois, alors qu’on ne l’attendait pas sur le podium, avait reçu des injections d’amphéta-mines (Pervitin®). On savait donc, depuis les années cinquante, que le dopage collectif dans

an update of human research. Alcohol Clin Exp Res 1991;15(3):438-59.10. Dawson DA, Grant BF, Ruan WJ. The association between stress and drinking: modifying effects of gender and vulnerability. Alcohol Alcohol 2005;40(5):453-60.11. Veenstra MY, Lemmens PHHM, Garretsen HFL, Knottnerus JA, Zwietering PJ. A literature overview of the relationship between life-events and alcohol use in the ge-neral population. Alcohol Alcohol 2006;41(4):455-63.12. de Wit H, Söderpalm AH, Nikolayev L, Young E. Effects of acute social stress on alcoholic consumption in healthy subjects. Alcohol Clin Exp Res 2003;27(8):1270-7.

13. Brady KT, Killeen TK, Brewerton T, Lucerini S. Co-morbidity of psychiatric disorders and post-traumatic stress disorder. J Clin Psychiatry 2000;61,suppl.7:22-32.14. Mc Carthy E, Petrakis I. Epidemiology and manage-ment of alcohol dependence in individuals with post-trau-matic stress disorder. CNS Drugs 2010;24(12):997-1007.15. Ayer LA, Harder VS, Rose GL, Helzer JE. Drinking and stress: an examination of sex and stressor differences using IVR – based daily date. Drug Alcohol Depend 2010;Dec10.16. Valéry P.-Cahiers II. Bibliothèque de la Pléiade. Gal-limard, Paris 1974 (p. 526). Paris 1955. (Odyssée, IV, 219:603).

17. Courtney KE, Polich J. Binge drinking in youg adults: data, definitions and determinants. Psychol Bull 2009;135(1):142-56.18. Moonat S, Starkman BG, Sakharkar A, Pandey SC. Self-medication of anxiety disorders with alcohol and drugs: results from a nationally representative sample. J Anxiety Disord 2009; 23(1):38-45.19. Robinson J, Sareen J, Bolton J. Self-medication of anxiety disorders with alcohol and drugs: results from a nationally representative sample. J Anxiety Disord 2009;23(1):38-45.

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Page 2: P. de Postis - Edimark33 Le Courrier des addictions (13) – n 2 – Avril-mai-juin 2011 Le coupe-ongles. Le jour où ils l’ont pris à mon fils, j’ai compris que c’était grave

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un sport technique "marchait". Et pourtant, depuis lors, "le milieu gazonnant", notamment ses édiles au plus haut niveau, n’avait cessé de nier la consommation de "drogues de la per-formance". Sur cette omerta du ballon rond, Claude Sérillon, l’ancien présentateur du J.T, disait : "Jamais, ni dans les sphères politiques, ni dans le monde des affaires, je n’aurais ren-contré une telle langue de bois que dans le football. Ils ont appliqué la loi du silence. Je ne me souviens que d’un autre exemple compa-rable : c’était une émission sur la Corse !" De même, Éric Maitrot, qui a beaucoup enquêté sur l’équipe de France, faisait le même constat : "Les rares fois où il accepte de répondre à une question sur le dopage dans le football, Ziné-dine Zidane applique la très vieille technique du déni intégral. Position de défense qu’adop-tent tous les champions, les propres comme les autres, en application de la loi du silence et qui se résume en trois points : on ne m’a jamais proposé de produits interdits; il n’y a pas de dopage dans le football; de toute façon, cela ne servirait à rien de se doper dans notre sport". Afin de stigmatiser ce comportement grégaire, Patrick Mendelewitsch (un agent de joueurs), a formulé la règle des trois "S"  : "Secret, silence, solidarité. C’est ce qui se passe dans le football aujourd’hui". Le livre du Dr Jean-Pierre de Mondenard s’attache à lever le voile sur cette règle tout en décodant les pra-tiques des "géants des pelouses". En annexe, figure un document exclusif et inédit  : "le palmarès 1920-2010", balayant 90 ans de filouteries biologiques. Un témoignage, une enquête ou un procès, bien dans la veine des travaux de bénédictin sur les archives du sport auxquels nous a habitué Jean-Pierre de Mondenard, la mémoire du dopage en milieu sportif. Consulter aussi : Stéthosport, le blog de Jean-Pierre de Mondenard.

Les Anges s’habillent en caillera Rachid SantakiÉditions Moisson Rouge, 251 p, 18 €

Les Anges s’habillent en caillera est le deuxième ouvrage de Rachid Santaki, ancien éducateur dans les cités de Francs-Moisins et de La Courtille, grand amateur de boxe thaï. Avec une intrigue située dans les quartiers populaires de

Saint-Denis, ce "polar noir du 9-3" mêle habi-lement le parler propre à la cité et une langue nettement plus classique. Au centre de l’in-trigue, on découvre Ilyès, dit le Marseillais, le voleur de carte bancaire le plus doué de sa génération, qui sort de 18 mois à la maison d’arrêt de Villepinte pour "vol à la ruse". Il veut reprendre les affaires, mais doit d’abord s’oc-

cuper de "la balance" qui l’a envoyé à l’ombre : un ex-copain, englué dans des histoires de dro-gues, et de compromissions avec "les keufs". Et il rencontre Stéphane, un flic violent, sans scrupules... Rachid Santaki, 37 ans, est un écrivain original. Après avoir monté hiphop.fr ainsi que le maga-zine gratuit 5Styles, il prépare un troisième ro-man et a trouvé une façon bien à lui de faire la promotion de ses livres : sur son blog littéraire, www.lesangesshabillentencaillera.fr, il met en ligne des vidéos de scènes de son livre qu’il a tournées avec plusieurs jeunes du 93 appren-tis-comédiens. Il espère en tirer une adapta-tion sur grand écran. Résultat : des jeunes qui ne sont pas vraiment des rats de bibliothèques s’emparent de ce polar. Ils s’y retrouvent dans leur quartier, avec leurs pairs, avec en plus le plaisir de goûter à la transformation de leur (triste) réalité en œuvre littéraire.

Médicaments sans ordonnance Les bons et les mauvais ! Guide d’automédicationPr Jean-Paul GiroudÉditions La Martinière, 24,50 €

Indispensable et d’actualité, ce guide pratique, consacré à l’automédication et aux médicaments vendus sans ordon-nance, donne toutes

les informations nécessaires sur leurs risques et les précautions à prendre, notamment chez les populations fragiles. Comment bien les utiliser dans le cadre de l’automédication face à des symptômes ou maladies ? Tous sont évalués, notés et commentés de 0 à 20, avec leur taux de remboursement éventuel et leur prix. Avec, en "plus produits", la mise en valeur de "médicaments favoris", accom-pagnés de leurs indications, contre-indica-tions, interactions, posologie, incidents...

Addictologie clinique Ouvrage collectif (25 auteurs) dirigé par Eric-Pierre ToubianaPUF, 800 p, 28 €

Alcool, tabac, cannabis, cocaïne, héroïne, drogues de synthèse, et même nourriture sont autant de supports des addic-tions, comme les jeux d’argent jeux en ligne, Internet, voire séries té-lévisées... Cet ouvrage,

collectif, sous la direction de Éric-PierreTou-biana, psychanalyste et maître de conférences en sciences humaines cliniques à l’université Paris-Diderot, a pour auteurs des psychiatres,

addictologues, psychanalystes, sociologues et anthropologues parmi lesquels : Paul-Laurent Assoun, Amine Benyamina, Philippe Bes-soles, Joël Birman, Maurice Corcos, Olivier Douville, Vincent Estellon, Michel Haute-feuille, Didier Jayle, Philippe Jeammet, Lau-rent Karila, Aram Kavciyan, Claire Lamas, Stéphanie Liquet, Isabelle Nicolas, Olivier Phan, Michel Reynaud, Laurence Simmat-Durand, Serge Tisseron, Marc Valleur. Loin des stériles querelles de clochers, Ad-dictologie clinique est le fruit d’une collabo-ration active entre les différentes approches du phénomène "conduites d’addiction", aux frontières peut être trop extensives… Quand peut-on, en effet, parler de maladie ? Com-ment prendre en charge la pathologie addic-tive lorsqu’elle est avérée ? Ne sommes-nous pas confrontés à une société de plus en plus addictogène ? (voir notre Entretien avec Jean-Pierre Couteron). Ces conduites "à risques", qui occasionnent bien des dommages, doi-vent-elles faire l’objet d’une politique prio-ritaire de répression ou au contraire d’une stratégie de prévention et de prise en charge thérapeutique ? Tous trouveront dans les dif-férents abords de cet ouvrage, des réponses à leurs interrogations : étudiants, praticiens confirmés, infirmiers, éducateurs, médecins du travail, DRH, travailleurs sociaux, ensei-gnants, familles et entourage des "addicts", adolescents, femmes et hommes qui souffrent de la perte de contrôle de leurs consomma-tions et comportements.Petite encyclopédie du cannabis Nicolas MilletLe Castor astral éditeur, Collection Curiosa et cætera, 155 pages, 13 €

Il ressemble à un vieil ou-vrage de botanique et il est plein d’histoires, anec-dotes et informations sur cette plante si controversée, ses modes de culture, ses consommations à travers le monde…. Loin de vouloir en faire l’apologie, il a seule-

ment la (modeste) prétention de réunir en un même volume tout ce que cette plante mil-lénaire réunit de faits culturels, historiques et sociaux. Et d’en parler, de façon décom-plexée, comme du sujet de société qu’il est. Un bel objet-livre, élégant, sur le cannabis et le chanvre, comme il en existe sur le vin, les épices, les hallucinogènes ou le sexe. Avec le rappel que consommer, détenir, acheter, importer, produire et vendre du cannabis est interdit par la loi. Et aussi, que, comme l’al-cool, le cannabis est une substance qui agit sur l’état d’esprit, mais ne résout aucun pro-blème. D’où le conseil : mieux vaut s’abstenir ou au moins fumer avec modération.

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Quel sport ? Le sport : une mystification de masse – Section française de la critique internationale du sport – n° 14/15, janvier 2011 – Dopage, le bal des vampires

Quel sport ? est une revue spécia-lisée et très documentée d’ana-lyses critiques et polémiques sur le grand "bizness" du sport, son utilisation à des fins d’aliénation collective, le dopage et les dopés. Au sommaire de ce numéro consa-cré au "Sport : une mystification de masse", un dossier consacré au "Dopage : le bal des vampires", avec un entretien du Dr Jean-Pierre de Mondenard, sur la loi du silence

dans le monde du football (voir notre rubrique Livres), et deux papiers de cet expert incontes-table dans ce domaine, l’un sur "Les footballeurs sont de grands malades" et le second sur "Do-page : la grande imposture de la presse". Pour leur part, Padepo Ciello et Lio Tarvenuto montrent du doigt "Le dopage selon Vigarello" et dévoilent le "Petit catalogue des shootés 2010", tandis que Silvère Ackermann brocarde "Les valeurs du cy-clisme : doper, marchande, surveiller, abrutir". Également au sommaire : "Les grands méchants loups de la compétition sportive" (Ron Pouchar et Lee Getpite), un entretien de Jean-Marie Brohm ("Critiquer le sport, c’est attaquer une va-leur sacrée"), un passage en revue des "Pitbulls de l’idéologie sportive" (articles de Fabien Ollier, Jean-Marie Brohm, Jacques Fradin, Robert Redeker, Cristiano Bonmarchet et Paolo Bonnepile, Olivier Gras, Hanssime Schnockeloch). Directeur de publication : Fabien Ollier. Comité de rédaction : Sofia Eliza Bouratsis, Jean-Ma-rie Brohm, Olivier Gras, Cathy Louvoyé, Fabien Ollier, Ingrid Quevot, Thierry Riffis. Joindre un chèque de 15 € à l’ordre de "Association Quel Sport  ?", et l’adresser : 5, place Publique, 60420 Dompierre. E-mail : [email protected] Tél. : 03 44 51 35 88.

Le Flyer n° 42, février 2011Bulletin de liaison des CSST/CSAPA et CAARUD, médecins et pharmaciens d’offi-cine impliqués dans l’accompagnement des usagers de drogues, services d’addictologie et équipes de liaison et services de soins en milieu pénitentiaire.Dans ce numéro, un témoignage des Drs An-nie Rupert, Jean-Stanislas Rondel, Bertrand Trubult du centre hospitalier de Plouguernével sur la mise en place d’un traitement de subs-titution en milieu rural par un service inter-sectoriel d’addictologie (en Centre-Bretagne). Au début de l’expérience, en 2008, 45 patients étaient sous méthadone et 5 sous buprénor-phine. À la fin de 2009, ils étaient respective-ment 60 et 2. Ce travail en réseau a été mené en lien avec les médecins et pharmaciens et des CSST/CSAPA des départements concernés. Florence Noble, directeur de recherche au

CNRS, unité de neuropsychopharmacologie des addictions (université Paris-Descartes) pu-blie la synthèse de l’analyse bibliographique sur les variations génétiques et variabilités de ré-ponse à la méthadone d’Alexandra Doehring et al. (Genetic variants altering dopamine D2 receptor expression or function modulate the risk of opiate addiction and the dosage require-ments of methadone substitution. Pharmacoge-net Genomics 2009;19:407-14). On trouvera également dans ce numéro, un ar-ticle original du Dr Jean-Philippe Lang et al. sur la procréation médicalement assistée chez un couple dépendant des opiacés, prise en charge par le Réseau maternité addiction (RMA) d’Alsace.Pour réagir ou commenter un article du Flyer, en-voyer un mail à Mustapha Benslimane, directeur de la rédaction : [email protected] Nova Dona. 104, rue Didot, 75674 Pa-ris Cedex 14. Les numéros du Flyer ainsi que les hors-série et spéciaux peuvent être téléchargés sous format PDF à : www.rvh-synergie.org

La Santé de l’Homme n° 411, janvier-février 2011Tabagisme, état des lieux, spécial loi de 1970Mauvaise nouvelle dans ce numéro de la revue de l’INPES : l’augmen-tation du tabagisme depuis 2005 (l’avant-dernière enquête), en particulier chez les

femmes, est bel et bien confirmée en France, si l’on en croit les premiers résultats du Baromètre Santé 2010. Mais La Santé de l’Homme note que l’ensemble des résultats est toutefois assez contrasté : sur l’ensemble de la population des 15 à 75 ans, la part de fumeurs quotidiens a aug-menté de 2 points entre 2005 et 2010, passant de 27,3 % à 29,1 %. L’évolution de la proportion de fumeurs actuels, c’est-à-dire quotidiens ou occa-sionnels, est du même ordre (de 31,8 % à 33,7 %), avec 37,4 % de fumeurs chez les hommes et 30,2 % chez les femmes en 2010. Si l’augmenta-tion de la prévalence du tabagisme quotidien se révèle assez forte parmi les femmes (de 23,3 % à 26,1 %), elle n’apparaît pas significative parmi les hommes (de 31,4 % à 32,4 %).Autre point : l’évo-lution de la prévalence tabagique se révèle assez différenciée selon l’âge. Ainsi, seuls les jeunes hommes (20 à 25 ans) présentent une prévalence du tabagisme quotidien en baisse de presque 5 points, tandis que la hausse concerne principa-lement les hommes âgés de 26 à 34 ans. Parmi les femmes, la hausse est particulièrement forte pour celles âgées de 45 à 64 ans (augmentation de l’ordre de 7 points sur cette tranche d’âge), et relativement modeste, voire inexistante, pour les autres tranches d’âge.Le nombre moyen de cigarettes fumées quoti-diennement parmi les fumeurs réguliers semble,

en revanche, avoir légèrement diminué, passant de 15,3 cigarettes par jour en 2005 à 13,7 en 2010. Cette diminution semble plus importante chez les hommes (de 16,6 à 14,9) que chez les femmes (de 13,6 à 12,3). La proportion de fumeurs de plus de 10 cigarettes est ainsi passée de 72,1 % en 2005 à 68,6 % en 2010, probablement en lien avec l’interdiction de fumer dans les lieux publics, en particulier sur le lieu de travail (article de François Beck, Romain Guignard, Jean-Baptiste Richard, Jean-Louis Wilquin, Patrick Peretti-Wattel). INPES, 6 euros le numéro : INPES, 42, boule-vard de la Libération, 93203 Saint-Denis Ce-dex. Internet : www.inpes.sante.fr1 an : 28 € ; 2 ans : 48 € ; étudiants : 19 €.

La Revue Prescrire, n° 329 Héroïne médicalisée ; PoppersDeux articles de ce numéro intéresse le do-maine de l’addictologie : le premier concerne l’intérêt de l’utilisation médicale de l’héroïne en substitution. La Revue Prescrire note que si cette prescription n’est pas autorisée en France, elle l’est en Allemagne, au Canada, en Espagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Suisse. Elle se fait l’écho de 8 essais menés chez plus de 2000 patients continuant à consommer de l’héroïne malgré un traitement de substitution par méthadone bien conduit. Résultat : l’hé-roïne prescrite et injectée dans un cadre strict sous surveillance médicalisée a bien montré qu’elle pouvait aider ces patients à arrêter leurs consommations de drogues illicites (et la délin-quance qui leur est éventuellement associée), sans diminuer pour autant les demandes de se-vrage. Cette prescription, ainsi cadrée, "est un des moyens pragmatiques utiles actuellement proposés dans certains centres de soins euro-péens", commente La Revue Prescrire. Le second papier met en garde contre les risques induits par la consommation de pop-pers (nitrite d’amyle…) dans un but de sti-mulation sexuelle. Ces substances volatiles et odorantes, en vente par correspondance, dans des sex-shops et certaines discothèques, ont des effets de stimulation sexuelle liés à une relaxation des muscles lisses, une vasodilata-tion, des effets désinhibants et euphorisants. Or, ils sont responsables de troubles visuels, cardiaques, respiratoires et sanguins. Ainsi, les Centres antipoison français ont collecté entre 1999 et 2009, 794 cas d’exposition aux poppers, parmi lesquels 715 avec des signes médicaux. 135 étaient graves : altérations de l’hémoglobine, cyanoses, comas, gênes et dé-tresses respiratoires, troubles du rythme car-diaque, cécités ou baisses de l’acuité visuelle. 5 sont décédés.Prescrire : 83, bd Voltaire, 75558 Paris Cedex 11. E-mail : [email protected]. Tél. : 33 (0)1 49 23 72 86. Fax : 33 (0)1 49 23 76 48. Internet : www.prescrire.org

P. de Postis

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