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Le magazine de ceux qui font la glisse et l'outdoor Rencontre Glen Plake le skieur libre Snowboard, le rebond ? N°135 - Mars 2012 La lettre de l'aventure et des sports nature Jean-Claude Killy une trajectoire de géant Tourisme La stratégie de marque des stations et massifs Outdoor Experts Freeride Freerando Freeski Un vent de liberté souffle sur la montagne Distribution Bootfitting, la mécanique du confort

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Rencontre

Glen Plakele skieur libre

Snowboard, le rebond ?

N°135 - Mars 2012

La lettre de l'aventure et des sports nature

Jean-Claude Killy une trajectoire de géant

Tourisme

La stratégie de marque des stations et massifs

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Un vent de libertésouffle sur la montagne

DistributionBootfitting, la mécaniquedu confort

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EnquêteTourisme & territoires

«Face à la mondialisation du tourismetoutes les stations de l’hexagone s’affi-chent sous la bannière France Mon-tagnes, qui est une marque chapeauau service de la promotion de la mon-tagne française dans ce grand paysqu’est devenu le monde», indiqueJean-Marc Silva, directeur. Née en2010, l’association France Montagnesremplace les précédentesstructures Ski France etPAM (Professionnels asso-ciés de la montagne), pourfédérer plus largement l’ensemble des acteurs :l’Association nationale desmaires des stations demontagne (ANMSM), Do-maine skiable de France (ex SNTF), le Syndicat national des moniteurs deski (SNMSF), la Fédération françaisede ski (FFS), la Fédération des profes-sionnels du sport (FPS), ainsi que 100stations de ski classées, 320 domainesskiables, 6 massifs et 250 écoles de ski français, les comités départemen-taux et régionaux du tourisme et de nombreux membres affiliés (hébergeurs, loueurs et acteurs économiques locaux). Organisée en 4 commissions (promotion, relationspresse, veille et communication/web),France Montagnes assure une analysedes tendances et des évolutions, maissurtout promeut la montagne fran-çaise dans l’Hexagone et à l'étranger.

Parallèlement à cette structure collective et nationale, les stationspeuvent aussi compter sur le travail deleurs comités départementaux et régionaux de tourisme (CDT et CRT)ou encore sur des organisations quirelèvent d’une logique de territoire.Les deux départements de Savoie etHaute-Savoie ont ainsi décidé de sepromouvoir ensemble sur les marchéstouristiques national et international.Le marketing, la communication et la

promotion sont confiés à une missioncommune : Savoie-Mont-Blanc Tou-risme, association 1901 présente àParis, à Chambéry et à Annecy. «Savoie-Mont-Blanc Tourisme est néede la volonté des conseils généraux dela Savoie et de la Haute-Savoie de fusionner leurs comités départemen-taux respectifs. Les CG73 et CG74

avaient au préalable crééun établissement public,l'Assemblée des Pays deSavoie, transférant à cettedernière l'ensemble descompétences touristiques.Marketing, communica-tion et commercialisationsont les attributions de

l'association», explique Rémy Char-metant, ancien directeur général, quia récemment passé la main à CômeVermersch, «C’est la tête de gondoledes produits que sont les destina-tions touristiques en pays de Savoiepour une meilleure visibilité enFrance et à l'International».

Une logique interdépartementale

Une démarche similaire des départe-ments du Doubs, du Jura, de l’Ain etdes régions Franche-Comté et Rhône-Alpes et du commissariat à l’aména-gement du massif qui se sontrassemblés en un collectif depuis2003 pour lancer la marque Mon-tagnes du Jura. Objectif affiché : «S’affranchir du découpage adminis-tratif pour valoriser le massif jurassiendans son intégralité».

Et Emilie Rolandez, chef de projet,d’expliquer : «La marque Montagnesdu Jura a été créée pour palier un déficit de notoriété et d'image de nosdestinations touristiques. Le massif duJura traverse deux régions, trois départements et s'étend jusqu'en

Suisse. Les élus ont pris consciencequ'il fallait simplifier, clarifier la lectureet la compréhension du territoire,tout en étant en phase avec la réalitéde ce massif avec sa culture, son éco-nomie et ses contraintes». Montagnesdu Jura appartient au collectif selonune convention cadre, où les mem-bres rassemblent leurs moyens finan-ciers, doublés d'aides nationales eteuropéennes, le tout porté juridique-ment par le CRT Franche-Comté.

Alors que seulement 7 des 38 sta-tions que compte les Pyrénées fontpartie de France Montagnes, une démarche similaire a été entreprise par la confédération Pyrénéenne dutourisme : 7 stations (Peyragudes, Piau,Barège-La-Mongie, Luz-Ardiden, Cau-terets, Gourette, La Pierre-Saint-Martin) et 1 site touristique (Le Pic duMidi) ont décidé en 2003, de se regrou-per en une SEM pour assurer la promo-tion des stations et de les faire existersur la scène nationale mais aussi inter-nationale du tourisme, sous l'identitéN'PY. «Leur rapprochement est le fruitd'une démarche volontaire de chacunet d'un objectif partagé : mettre encommun leur savoir-faire et leur en-thousiasme pour peser d'avantage surle marché, et proposer aux skieurs cequi leurs convient le mieux tant entermes de qualité que de tarification»,explique Guillaume Roger, directeurmarketing.

N'PY représente 45.000 lits touris-tiques, 49,2 millions d'euros de chif-fre d'affaires pour 2,26 millions dejournées skieurs enregistrées, et 950 employés au sein des 8 domaines (dont 540 emplois directséquivalents temps plein). N’PY, c’estaussi 120 remontées mécaniques,252 pistes soit un total de 376 km, etprès de 50% du chiffre d'affaires dumassif pyrénéen selon DomainesSkiables de France.

82 Outdoor Experts - Mars 2012

Enquête Tourisme & territoires

Comment la montagne française organise

la reconquête touristiqueAlors que l'internationalisation du tourisme

s'intensifie et que la culture montagne sur

notre propre territoire s'émousse, les

acteurs de la montagne française se sont

regroupés par massifs et territoires, comme

France Montagnes, Savoie-Mont-Blanc,

Montagnes du Jura, N’PY, afin de relever les

défis et tenter de regagner le leadership.

2012, la France célébre les 20 ans desJeux Olympiques d'Albertville, un évé-nement majeur qui avait consolidé leleadership de la montagne françaisesur le marché du tourisme.

Pendant ce temps, le Comité Inter-national Olympique a quant à lui fait lechoix de privilégier des destinationstouristiques émergentes. Ainsi Sochi, lastation russe sortie de terre pour l'évé-nement, est sur le point d'accueillir lesJO d'hiver de 2014, avec l'ambition affi-chée de devenir la nouvelle destinationà la mode. En 2018, ce sera au tour de

Pyeongchang. Par ces jeux, la ville coréenne entend « donner force et vigueur au secteur des sports d’hiverdans le pays et faire apprécier les sportsd’hiver à des générations nouvelles, enAsie et au-delà ».

Une concurrence qui s'intensifiealors qu'elle a déjà eu raison du leader-ship français : Avec 53,2 millions dejournées skieurs, la montagne françaisese situe au 2ème rang mondial en tantque destination touristique hivernale,juste après les Etats-Unis et devantl'Autriche selon France Montagnes.

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EnquêteTourisme & territoires

tagnes consacre 2% aux relationspresse, 8% au site internet, 17% auxactions commerciales et salons, 45% à la communication. Le site internet propose un contenu éditorialqui vise à enlever les freins qui exis-tent face aux vacances à la montagne.Mais il propose aussi un éventail deservices pour découvrir les stations(avec un module pour trouver sa station idéale) et pour réserver sonhébergement en ligne grâce à unecentrale de disponibilité. L'associationva même plus loin, grâce au concoursdes moniteurs ESF, elle a fait le buzzavec son « lip dub » en plein Paris. «Une opération qui a enregistréquelque 170 millions de contacts etdont la valorisation en matière d'affi-chage est estimée à 1,7 M€», selonl'agence RévolutionR.

Savoie-Mont-Blanc Tourismen'est pas en

reste en matière de stratégie marke-ting. Son objectif est de faire vivre lamarque en été comme en hiver. Pource faire l’agence dispose d'un budgetde 8 millions d'euros, dont la moitiéest allouée aux actions/événementset aux partenariats (Grand Ski, Salonde l'Agriculture, FFSki, Coupe duMonde de ski à Courchevel, GrandeOdyssée, Critérium du Dauphiné ouencore les Championnats du Monded'Aviron 2015), le tout pour s'assurerune visibilité maximale et créer desassociations d'images positives pourla marque et le territoire Savoie-Mont-Blanc. L'autre moitié est dédiéeà un plan de communication, de rela-tions presses et de community mana-gement plus classique. La richesse des139 offices de tourisme et des 110stations de Savoie-Mont-Blanc offreainsi 132 km2 de pistes, mais aussi7.907 km de sentiers, 4.994 km d'iti-néraires cyclo balisés, 44 via ferrata,

103 sites de canyoning, 295 sites d'escalade équipés, et bien d'autresactivités.

N’PY seconcen-

tre sur la promotion, la communica-tion et la commercialisation desforfaits de ski via internet, sur les salons ou grâce à la carte de fidélité No Souci. La SEM s'est aussi dotéed'une cellule de réflexion et de déve-loppement stratégique. «Ces petiteset moyennes stations se sont renduescompte que regroupées elles étaientplus fortes», souligne GuillaumeRoger, directeur marketing. «Ensem-ble et avec le concours d'une filiale duCrédit Agricole, elles mutualisent unbudget de 1,3 million d'euros, investidans un site portail, son référence-ment, un outil et une politique deCRM de plus de 160.000 contacts qua-lifiés et une stratégie de business in-telligence pour mieux connaître etfidéliser ses clients. Ainsi N'PY est enmesure de connaître les soucis ren-contrés par ses clients (comme parexemple une panne sur un télésiège),pour leur adresser des remises surleurs prochains séjours. Un investisse-ment indispensable pour ces stationsqui ont majoritairement une clientèlede proximité venant à la journée. Ce budget permet également unemeilleure représentativité de ces 8destinations sur les salons commeGrand Ski ou en Espagne, sans comp-ter une campagne de communicationlocale».De son côté,Montagnes duJura souhaite offrir une alternativeplus douce, plus "ronde" aux paysagesdes massifs alpins et pyrénéens. Disposant de seulement 3 stations de taille moyenne, le caractère nordique et sauvage du massif estprédominant, avec plus de 50 sites

nordiques répartis sur le territoire. Ellerassemble ainsi plus de 50 villages«neige», tous reliés, hiver comme été, par les itinéraires GTJ (grande tra-versée du Jura). Pour Emilie Rolandez,les deux objectifs marketing de ceprojet sont : «Géolocaliser ces desti-nations touristiques et leurs activités.Et offrir aux acteurs locaux l'opportu-nité de communiquer avec des kits de communication clé en main. Pournous c'est un outil transversal qui per-met d'harmoniser les actions de com-munications, de faire converger lesplans d'actions, de professionnaliserles prises de paroles des acteurs, ens'appuyant sur un budget de630.000€ dont un peu plus de 10%sont financés par les CRT et CDT».

La montagne française semble ainsibien armée pour regagner son leader-ship face à des concurrents toujoursplus nombreux et toujours plus puis-sants sur la scène internationale. Sansoublier la notoriété déjà très forte decertains stations et domaines. Maisc'est là que la stratégie de communi-cation de la montagne française peutse complexifier. Il ne faudrait pas quela multiplication des acteurs, des iden-tités et des marques se fasse au détri-ment de la lisibilité de la destinationelle-même • Pierre-E. Danger

84 Outdoor Experts - Mars 2012

Enquête Tourisme & territoires

Fédérer et promouvoir

Mais N'PY c'est aussi un groupementd'achat pour faciliter les marchés publiques et faire bénéficier les sta-tions de tarifs avantageux. Il a entreautre permis de réaliser le plus grosmarché européen de dameuses avec25 machines. N'PY offre une grandeflexibilité aux stations qui y adhèrentpour deux années seulement - pour200.000€/an. En 2011/2012, les 8 domaines ont ainsi investi 13,6 mil-lions d'euros, dans l’objectif de déve-lopper l'image, la notoriété et lechiffre d'affaires de leur territoire avecune communication de proximité quis'étend de Nantes au nord-ouest del'Espagne.

Pour Montagnes du Jura les actionss’articulent autour de trois objectifsmajeurs : "Conquérir (CA : +20% sur 3 ans), Désaisonnaliser (développerl'activité sur les ailes de saisons :début mai au 15 juillet, du 15 août àfin octobre) et Développer la noto-riété (passer de 36 % de notoriétéspontanée à 50 % en trois ans et plus).

« Pour ce faire, Montagnes du Juraconcentre ses actions sur des ciblesdéfinies, comme seniors et familles en provenance d’île-de-France ou deBelgique, et développera à leur atten-tion des actions de communicationfréquentes et répétitives», indique

Emilie Rolandez. «En 2009, nousavons pu constater que le taux de notoriété spontanée était monté à50% en Île-de-France». Une action depromotion avec en point de mire uneaction de vente en ligne.

Doté d’une licence d'agence devoyage Savoie-Mont-Blanc Tourismeendosse aussi un rôle commercial.Pour Rémy Charmetant «une marquede territoire comme Savoie-Mont-Blanc doit permettre de fédérer l'ensemble des acteurs sous unemême bannière, de promouvoir cettedestination, mais aussi d'accompa-gner le consommateur jusqu'à l'acted'achat» et remplir les 1.310.000 litstouristiques. L'objectif : rester leadermondial des sports d'hiver. Et en période de crise, sur un marché deplus en plus concurrentiel, la mon-tagne savoyarde continu de tirer son épingle du jeu.

France Montagnes a publié uneétude qui montre que 73% des genssont attirés par la montagne, 44%sont très attirés ; mais seulement 30%sont clients et 34% sont des prospectspotentiels. La destination montagnen'est plus aussi attractive qu'elle l’aété. Avec l'évolution des mentalités, ladiversification des loisirs, le dévelop-pement du tourisme international etl'instabilité économique, la culturemontagne des français s'est érodée.Les parents n'ont plus l'automatismed'aller à la montagne pour les vacances et les classes de neige ontdisparu progressivement. Pour lesprofessionnels, il est donc urgent deréintroduire la montagne dans la cul-ture et la vie des Français. Objectifpour Jean-Marc Silva : «Tordre le couaux idées reçues sur la montagne etredonner à la montagne française sa place de leader sur le marché du tourisme international. FranceMontagnes montre la voie avec une

stratégie marketing précise, qui se dé-cline en un plan de communicationcomplet. En France, notre campagnes'adresse aux pratiquants, mais sur-tout aux femmes, aux indécis, aux in-fidèles et aux déçus ! Notre cibleprioritaire étant la Femme, prescrip-trice principale de la destination devacances.

A l'international, avec le slogan"French Mountain hits the heights",nous cherchons à présenter l'excel-lence de notre pays en la matière : lesplus grands domaines, les meilleurséquipements, la plus grande diversité,l'une des régions qui concentre le plusde restaurants étoilés (28 étoiles auguide Michelin), ne compte pas moinsde 30 hôtels 5 étoiles et, sur les 9 palaces que compte la France, 2 sonten montagne».

Une campagne de communication quise décline en France dans la presse etdans des opérations d'e-marketing. Al'international (Belgique, Pays-Bas etAngleterre), internet et e-marketingsont privilégiés. Avec un budget de3,68 millions d'euros, France Mon-

Stratégies marketing

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EnquêteTourisme & territoires

Pour continuer à exister dans uneoffre touristique pléthorique, lesdestinations touristiques ont

dorénavant toutes en tête de faire deleur territoire un objet de promotionet de leur nom une marque. «Nos stations de montagne sont au-jourd'hui dans une phase de transi-tion», analyse Eric Bouchet,responsable du cabinet Alterespaces.«Pendant longtemps, les stations ontété des destinations touristiques.Avec le temps, ces noms de village sesont forgés une réputation, une imageet ont gagné la reconnaissance desclients, des médias, s'élevant ainsi aurang de marque».

La Plagne, avec son fameux logo bon-net rouge, en est le parfait exemple.«La Plagne est devenue en 50 ans unemarque très forte, qui bénéficie d'unenotoriété internationale», témoigneYann Clavillier, directeur de l'office detourisme. «La marque La Plagne apermis de porter haut les petites com-munes, ainsi que d'élever le niveau deservice, la qualité de l'immobilier etdes infrastructures : centre aquatiqueà Peisey-Vallandry, tour de glace àChampagny».

D'une manière similaire, le nom du village de Tignes s'est rapidementimposé comme une marque. «Aujourd'hui, Tignes est une marque

à part entière et emprunte les schémas commerciaux qui vont avec,c’est à dire être jugé par ses clients ou comparé sur les prix. Nous avonsune démarche de total marketingcomme pour tout autre produit deconsommation», confie SébastienMerignargue, directeur de Tignes Développement.

Mais si ces exemples démontrenttout le potentiel d'une marque de ter-ritoire, Jean-Yves Remy, pdg de Label-lemontagne, souligne les prérequisindispensables à la réussite d'un telprojet : «Si en hiver, le domaine skia-ble s'impose comme marque prédo-minante, car c'est lui qui motive ledéclenchement de l'acte d'achat, lecomportement des vacanciers durantl’été oblige à avoir une communica-tion plus large. Leur itinérance pen-dant leur séjour, les amènent àprivilégier une destination qui leur of-frira une variété de paysages et d'ac-tivités. Il faut prendre en compte unterritoire plus large et identifier leséléments et les valeurs qui permet-tront de construire une identité et unepromesse marketing».

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Les stations affûtent leursmarques

Face à une concurrence accrue,

les stations de montagne se penchent

avec acuité sur leurs produits, leurs

offres et se lancent dans des politiques

marketing et commerciales plus pointues.

Eclairage sur ces stations et domaines

qui sont, ou cherchent à devenir,

de véritables marques.

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EnquêteTourisme & territoires

Projet de Territoire

L'exemple de Portes du Soleil est fla-grant : malgré une prise de consciencecollective, et malgré une démarchecollaborative vieille de 40 ans, unemarque de territoire ne peut naître etexister sans une volonté et un enga-gement complet des acteurs locauxpour la mettre en place, la promou-voir et la faire vivre. «Malheureuse-ment, les marques de territoire sonttrop souvent un enjeu politique, etpas forcément une démarche marke-ting construite fédérant l'ensembledes acteurs économiques et poli-tiques», regrette Jean-Yves Remy.Ainsi Sébastien Merignargue se féli-cite de la création en 2002 de la SEM,Tignes Développement, «pour gérerla station, les offices du tourisme etles infrastructures, le tout comme unvéritable parc de loisirs».

En 1973, avec la création de ValThorens, les communes et les écolesde ski décident de créer une associa-tion, à laquelle se sont jointes plustard les sociétés de remontées méca-niques. «Plus qu'une marque, Les3Vallées est un réel projet de dévelop-pement qui possède une légitimitéavérée», explique Vincent Lalanne, di-recteur. Lieu d'arbitrage et de prise de

décision, l'association des 3Vallées estbasée à Moutiers et dotée d'une di-rection propre pour une meilleure im-partialité. Bras armé du plus granddomaine skiable au monde, elle s'ap-puie sur un comité de gestion qui faitles propositions, mène les actions encours, organise des brainstormings.«Une structure légère mais efficacepour une meilleure réactivité». Avecun budget d'1 M€, les 3Vallées fontfeu de tout bois sur internet, en rela-tions presse et en événementiel, sansjamais se substituer aux stations.

Autre exemple avec Paradiski quia déjà permis aux trois stations deprogresser en matière de gamme de services et d'accueil hôtelier. «La taille du domaine ainsi créé a in-téressé des promoteurs qui ont dé-cidé d'investir pour la première foissur ces communes», explique Laure-line Chopard, directrice marketing.

«Paradiski a permis de redynamiserles marques stations elles-mêmes en leur offrant de nouvelles opportu-nités. En moins de 5 ans, la marquea été adoptée par les acteurs et c'estpeut-être là la plus belle réussite».Paradiski est porté par un collectif informel, mais un projet d'associa-tion devrait voir le jour rapidementpour renforcer les synergies.

«Un projet de marque de territoiren'est pas un simple projet de communication ou d'affichage, ce doit être une véritable projet de développement territorial avec poli-tique commerciale, politique d'amé-nagement, politique de service»,explique Eric Bouchet (Alterespace).

«Une vraie stratégie de marque avectous les outils de gestion communé-ment utilisés par les autres marquescommerciales peut aider à s'affranchirdes querelles de clochés habituelles :étude de notoriété, connaissance desa clientèle, définition de ses pros-pects, de ses marchés cibles, objectifsde part de marché, CRM, indicateursclés… Et pourtant les stations fran-çaises possèdent déjà une formidableintelligence collective. Malgré legrand nombre d'acteurs à prendre encompte, ces derniers travaillent déjàspontanément et de manière infor-melle dans le même sens. Le principalfrein aux marques de territoire enmontagne est indéniablement lemanque de projet d'ensemble». Bienplus que de simples identités, cesmarques sont le prétexte de définirenfin un vrai positionnement straté-gique, une identité précise et une po-litique marketing efficace pours’ouvrir à de nouvelles opportunités •Pierre-E Danger

88 Outdoor Experts - Mars 2012

Enquête Tourisme & territoires

Stratégie marketing

Si l'enjeu de la création d'une marquede territoire est de taille, son activa-tion, son animation et son développe-ment sont une étape clé qui n'est pasdonné à tous les projets de franchir.Ce qui fait la force et la notoriétéd’une marque de territoire résidedans la manière dont elle est gérée etalimentée au quotidien, et donc de lastratégie marketing sur laquelle ellerepose. «Paradiski a été créée dès ledépart comme une marque commer-ciale avec de véritables objectifs com-merciaux, suite à la construction dutéléphérique Vanoise Express, l'hiver2003/04», explique Philippe Brunet,président d'Altimax SAS, l’agence mar-keting qui a accompagné le lancementde Paradiski. «La marque communeaux trois stations des Arcs, Peisey-Val-landry et La Plagne a permis de recon-quérir une clientèle internationale etde repositionner le domaine parmi lesplus grands domaines skiables dumonde. La Plagne et Les Arcs sont devenus n°1 et n°2 en termes de

notoriété au niveau mondial. Un véri-table rebond économique déclenchépar l'effet Paradiski».

Avec la naissance de Paradiski, LaPlagne a dû s'adapter pour intégrer lanouvelle marque sans pour autanttrahir sa marque historique. «Nousavons choisi d'accueillir les vacancierssous la bannière La Plagne. Par contre,dès leur approche du domaine skia-ble, la communication se focalise surParadiski », précise Yann Clavillier. Etpour faire vivre sa marque, la destina-tion dépense 3,5 M€ par an, dont 40% pour la promotion et la commu-nication, 30% pour l'événementiel(Etoiles du Sport, Urban Plagne), 10% pour la gestion des relationspresse ; le reste étant dédié à l'accueildes éductour, au réceptif, mais aussiaux contrats d'athlètes, comme KévinRolland ou Julien Lizeroux.

En matière de positionnementmarketing clair et assumé, Tignes faitfigure d'exemple : «La station concen-tre ses 500.000 € de budget commu-nication dans les relations presse, lesjeux concours, les produits dérivés etbien entendu l'événementiel, multi-pliant les partenariats pour faire grim-per son budget à environ 5 M€»,explique Sébastien Merignargue. «Lesévénements, comme les X-Games as-surent de très bonnes retombéesmedia et la création d’un contenu ex-ploité sur l'ensemble des supports nu-mériques de Tignes : sites internet,réseaux sociaux, application Smart-phone».

Mais toutes les marques histo-riques n'ont pas connu le même des-tin. Et le nom du domaine skiableGrand Massif, qui existe depuis 30 ansdéjà, ne revêt pas encore cette di-mension de marque, même si le di-recteur marketing et commercial,Emmanuel Laffitta prévoit des évolu-tions. «Pour l'instant, nous ne faisons

qu'une communication produit sur ledomaine skiable, qui n'a pas encore lamême force, que des marques sta-tions comme Samoëns ou Flaine.L'idée est de mettre sur un mêmepied d'égalité toutes les stations quipossèdent un produit en commun : ledomaine Grand Massif».

Même sentiment aux Portes duSoleil : «A l'initiative du projet, il yavait des personnalités comme JeanVuarnet, qui souhaitaient gommerl’image de pays de contrebande et quiétaient liées d’amitié», explique BrunoCherblanc, directeur. «Sans logiquecommerciale initialement, c'est sousle nom Portes du Soleil que les sta-tions s'étaient présentées à l'Exposi-tion Universelle de Lausanne en 1964.Depuis l’entité désigne les domainesskiables de 8 stations françaises et 4stations suisses». Aujourd'hui, c'estsous la forme d'un GIE que com-munes, sociétés de remontées méca-niques, offices de tourisme et écolesde ski se sont regroupés pour la ges-tion et la répartition des recettes desremontées mécaniques. Un budgetde 400.000 € (1 M€ avec les partena-riats) pour assurer les actions de pro-motion et de communication, lacréation et la gestion de la carte esti-vale Multi pass et la création d'événe-ments. «Depuis quelques temps, il y aune vraie volonté de mettre en avantla marque. On assiste aux prémicesd'une communication commune avecun portail internet commun», fait re-marquer Bruno Cherblanc.

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