opinions et débats n°8

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DÉBATS 8 Novembre 2014 & Un droit européen du crédit pour les sociétés non financières dans l’intérêt de l’Union Bancaire A european credit law of non-financial institutions for the benefit of the banking union Saliha Bardasi & Adrien Bézert & Aude Salord & Sophie Vermeille

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Un droit européen du crédit pour les sociétés non financières dans l’intérêt de l’Union Bancaire

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Page 1: Opinions et débats n°8

D É B AT SN° 8Novembre 2014

&

Un droit européen du crédit pour lessociétés non financières dans l’intérêtde l’Union BancaireA european credit law of non-financialinstitutions for the benefit of the banking union

Saliha Bardasi & Adrien Bézert & Aude Salord & Sophie Vermeille

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Sommaire / Content

Opinions & DébatsN°8 - Novembre 2014

Publicationde l'Institut Louis BachelierPalais Brongniart28 place de la Bourse75002 ParisTél. : 01 49 27 56 40www.institutlouisbachelier.orghttp://www.labexlouisbachelier.org

DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONJean-Michel Beacco

CHEF DE PROJETSCyril Armange

[email protected]

CONCEPTION GRAPHIQUEVega Conseil : 45 rue Garibaldi 94100 Saint Maur Tél. : 01 48 85 92 01

IMPRIMEURIRO : Z.I. rue Pasteur 17185 Périgny cedexTél. : 05 46 30 29 29

Les articles publiés dans la série“Opinions & Débats” offrent auxspécialistes, aux universitaires et auxdécideurs économiques un accès auxtravaux de recherche les plus récents. Ils abordent les principales questionsd’actualité économique et financière etfournissent des recommandations entermes de politiques publiques.

The Opinion and Debates series shedsscientific light on current topics ineconomics and finance. Bringingtogether several types of expertise (from mathematicians, statisticians,economists, lawyers, etc.) thispublication makes recommendations inthe formulation and implementation ofgovernment economic policies.

D É B AT SN° 8Novembre 2014

&

Un droit européen du crédit pour lessociétés non financières dans l’intérêtde l’union bancaireA european credit law of non-financialinstitutions for the benefit of the banking union

Saliha Bardasi & Adrien Bézert & Aude Salord & Sophie Vermeille

6 Résumé9 Pour aller plus loin

10 Partie IL’efficacité du droit du crédit : une condition de l’Union Bancaire

10 A. L’efficacité du droit du crédit conditionnée par l’efficacité du droit des sûretés10 1. Les avantages et inconvénients de la constitution de sûretés10 2. Les conditions d’efficacité du droit des sûretés

12 B. L’efficacité du droit du crédit conditionnée par l’efficacité du droit des procédures collectives

13 Partie IILes propositions d’harmonisation du droit du crédit

13 A. L’harmonisation européenne du droit des sûretés par l’adoption d’uneapproche fonctionnelle des sûretés réelles

13 1. Approche fonctionnelle du droit des sûretés14 2. Approche fonctionnelle du droit des sûretés et survenance d’une procédure

collective

15 B. L’harmonisation européenne des modes de traitement de la défaillance parl’adoption d’une approche fondée sur la valeur d’entreprise

15 1. La distinction entre les modes de traitement de la défaillance au niveau européen et au niveau national

15 2. Les modes de traitement de la défaillance proposés

18 C. L’harmonisation européenne du droit du crédit par le recours à un règlementcommunautaire

19 Conclusion

23 Summary26 Further to the above

27 Part. IThe effectiveness of the credit law: a condition of the banking union

27 A. The effectiveness of the credit law as determined by the effectiveness of the law of security interests

27 1. The advantages and disadvantages of granting security27 2. Conditions for the effectiveness of security

29 B. The effectiveness of the credit law as determined by the law of insolvency proceedings

30 Part. IIProposals for the harmonisation of the credit law

30 A. Harmonising the law of security interests at a European level by adopting afunctional approach towards security over assets

30 1. The functional approach towards security over assets31 2. The functional approach to the law of security interests and the opening of

insolvency proceedings

32 B. European harmonisation of the methods for dealing with default by adopting anapproach based on the value of the business

32 1 The distinction between the treatment of debtor default at a European level andat a national level

32 2 Proposed methods for the treatment of debtor default

35 C. European harmonisation of the credit law through Community regulation

36 Conclusion

20/37 NOTES

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The paper we present in this issue of Opinions & Débatsfocuses on a topic that is very much in the news: theestablishment of a Banking Union within Europe. This laudableinitiative, intended to prevent banking crises, will also have theeffect, still too little known, of reinforcing the strength ofMember States. Indeed, the Banking Union will perhaps breakthe vicious cycle in which banks and Member Statesundermine each other through their respective weaknessesand risks. On the one hand, governments are forced tobecome involved in the massive recapitalization of banks, aswell as taking responsibility for them. On the other, increasedrisk of default by these countries increases the vulnerability ofbanks. Hence the importance of a strong Banking Union, bothfor banks and for the Member States of the European Union.

Nevertheless, the success of this flagship project could remainwishful thinking if it is not accompanied by a set of reforms. Inview of the facts presented in this paper, the Banking Unioncannot function as currently envisaged, because its foundationis not solid. By foundation, we mean the European credit law.Indeed, how can the standards imposed on banks regardingown funds be harmonized if one cannot accurately calculatetheir counterparty risks? The multitude of national laws relatingto European credit distorts the exercise.

It is at this point that the value of scientific research becomesevident. The authors of the paper not only articulate the prob-lem, they also make practical recommendations for resolvingit, by studying the model used in certain countries, such asSweden and the United States. Their recommendations includethe harmonization of security law and bankruptcy proceedingslaw, in order to find a common way of applying credit law withinthe European Union. This is an important issue, because theway in which bankruptcies of European SMEs are manageddepends their ability to access credit and to attract invest-ment. The solutions advocated by the authors also place greatemphasis on safeguarding companies, by putting preservationand the search for value at the heart of the proceedings. Thereform of European credit law is thus far from being merely atheoretical debate or the concern solely of the legislator.

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Au cœur de l’article que nous vous présentonsdans ce numéro d’Opinions & Débats setrouve un sujet d’actualité : la mise en placede l’Union Bancaire au sein de l’Europe.

Initiative louable, destinée à prévenir les crisesbancaires, avec pour effet encore trop méconnu derenforcer également la solidité des Etats. En effet,l’Union Bancaire brisera peut-être le cercle vicieux quivoient banques et Etats miner chacun l’autre par sespropres faiblesses et risques. D’un côté, les Etats sontcontraints d’engager dans la recapitalisation desbanques d’importants montants, ainsi que leurresponsabilité. De l’autre, un risque accru de défaut deces mêmes Etats augmente la vulnérabilité desétablissements bancaires. D’où l’importance d’uneUnion Bancaire solide, tant pour les banques que pourles Etats de l’Union Européenne.

Toutefois, la réussite de ce projet phare pourrait resterun vœu pieux si ce dernier ne s’accompagne pas d’unensemble de réformes. Selon les faits exposés dans cetarticle, l’Union Bancaire ne saurait fonctionner tellequ’elle est actuellement envisagée, car ses fondationsne sont pas solides. Par fondations, on entend le droiteuropéen du crédit. En effet, comment harmoniser lesstandards imposés aux banques en matière de fondspropres si l’on ne parvient pas à calculer de manièrejuste leurs risques de contrepartie ? La multitude de loisnationales relatives au crédit en Europe fausse le jeu.

C’est alors qu’apparaît tout l’intérêt de la recherchescientifique. Les auteurs de l’article ne se contententpas d’énoncer ce problème, ils apportent desrecommandations concrètes pour le résoudre, tout enétudiant le modèle de certains pays, tels la Suède oules Etats-Unis. Leurs recommandations passent parune harmonisation du droit des sûretés et du droit desprocédures collectives, pour parvenir à une manièrecommune d’appliquer, au sein de l’Union Européenne,le droit du crédit. Un enjeu important, car de la façondont sont gérées les défaillances des PME européennesdépend leur capacité à accéder au crédit et à attirer desinvestissements. Les solutions prônées par les auteursfont également la part belle à la sauvegarde dessociétés, en mettant au cœur des procédures lapréservation et la recherche de valeur. La réforme dudroit du crédit européen est donc loin de n’être qu’undébat théorique ou ne s’adressant qu’au législateur.

Editorial

Par Jean-Michel BeaccoDirecteur général de l'Institut Louis Bachelier

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Taxes sur les transactions financièresFinancial Transactions Taxes

Jean-Edouard Colliard (HEC) - Peter Hoffmann (Banque Centrale Européenne / European Central Bank)

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Ils ont contribuéà Opinions & Débats N°8

LABEX LOUIS BACHELIER4

Saliha Bardasi

Avocate spécialisée dans les opérations de fusions-acquisitions ausein du cabinet Jones Day à Paris, Saliha Bardasi a précédemmentexercé au sein du cabinet Latham & Watkins. Elle est titulaire d’unMaster Affaires Publiques de Sciences Po Paris et du Master 2Juriste d’affaires délivré conjointement par l’Université Paris-Sud etl’ESCP Europe.

Saliha Bardasi is a French qualified lawyer specialized in mergersand acquisitions operations at Jones Day in Paris and previouslyworked at Latham & Wathkins. She holds a Master degree in PublicAffairs from Sciences Po Paris and a Master degree from bothParis-Sud University and ESCP-Europe Business School.

Adrien Bézert

Doctorant contractuel de l’Université Montpellier I, Adrien Bézert yrédige une thèse en droit des procédures collectives. Il est titulairedu Master 2 Droit des affaires et d’un magistère de juriste conseild'entreprise de l’Université Montpellier 1, du Certificat d’Aptitude àla Profession d’Avocat, ainsi que d’une maîtrise de droit de laRuprecht-Karls Universität d’Heidelberg.

Adrien Bézert is a contractual Ph.D. candidate at the UniversityMontpellier 1, where he is currently writing his Ph.D. on bankruptcylaw. He holds a Master degree in Business Law from UniversityMontpellier 1, a Master degree from Ruprecht Karls University ofHeidelberg and the French Bar Exam.

* Droit & Croissance ('Rules for Growth') (www.droitetcroissance.fr) is an independent and impartial institute open to lawyers andeconomists, and more generally to private-sector stakeholders, who share a common goal: the undertaking and wider publishing ofstudies in the field of law, economics and finance. The mission of Droit & Croissance is to question public- and private-sectorstakeholders and to feed civil society debates in order to assert the importance of the Law & Economics as a factor in economicefficiency. Droit & Croissance seeks to make up for lost time in French academic research in the overlapping fields of law, economicsand finance, such lost time being, in the opinion of the authors, the cause of the relative inability of the legal system to evolve withthe French economy and finance. The independence of Droit & Croissance is maintained exclusively by the support of its membersand benefactors.

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Aude Salord

Aude Salord est assistante de recherche de l’Université de Cologneet doctorante au sein des universités de Cologne et de Paris IPanthéon-Sorbonne, où elle rédige une thèse en droit bancaire.Aude Salord est titulaire du Master 2 Droit Financier de l’UniversitéParis 1 Panthéon-Sorbonne et d’une maîtrise de droit bancaire etfinancier de l’Université de Cologne.

Aude Salord is a research assistant at the University of Cologne anda Ph.D. candidate both at the Paris I University (Panthéon-Sorbonne) and the University of Cologne, where she is currentlywriting her Ph.D. on banking law. She holds a Master degree in

Financial Law of the Paris I University and a Master degree in Banking andFinancial Law from the University of Cologne.

Sophie Vermeille

Présidente et co-fondatrice du think-tank Droit et Croissance*, SophieVermeille est avocate en corporate et restructuring au sein du cabinetDLA Piper à Paris, ayant précédemment exercé au sein des cabinetsFreshfields Bruckhaus Deringer, Weil, Gotshal & Manges et CliffordChance. Elle est également chargée d’enseignement à Sciences Po Pariset Paris 2 Panthéon-Assas et doctorante au Laboratoire d’économie dudroit de Paris 2 Panthéon-Assas, où elle rédige une thèse en analyseéconomique du droit des procédures collectives. Elle est titulaire d’unmagistère de Juriste d’Affaires, d’un diplôme de juriste conseil d'entreprisede Paris II, ainsi que d’une maîtrise de droit du King’s College de Londres.

Chairman and co-founder of the Institue Rules for Growth / Droit et Croissance,Sophie Vermeille is a French qualified lawyer in restructuring and corporate law atDLA Piper in Paris and previously worked at Freshfields Bruckhaus Deringer, Weil,Gotshal & Manges and Clifford Chance. She is also a Lecturer at Sciences Po Parisand Paris II University (Panthéon Assas) and a Ph.D. candidate in the law andeconomics department of Paris II University, where she is currently writing a Ph.D. oneconomic analysis of bankruptcy law. She holds a Master degree in Business Lawfrom Paris II University and a Master degree from King’s College London.

* Droit & Croissance (Rules for Growth) (www.droitetcroissance.fr) est un institut indépendant et non-partisan ouvert aux juristes etaux économistes, et plus généralement aux acteurs privés, partageant son ambition de réaliser et vulgariser des études dans ledomaine du droit, de l’économie et de la finance. La mission de Droit & Croissance est d’interpeller les acteurs publics et privés etde nourrir les débats de la société civile pour faire valoir l’importance de l’analyse économique du droit (Law & Economics) commevecteur d’efficacité économique. Droit & Croissance s’attache à combler le retard de la recherche universitaire française auxcroisements des disciplines du droit, de l’économie et de la finance, responsable, selon les auteurs, de l’inadaptation relative dusystème juridique à l’évolution de l’économie et de la finance en France. L’indépendance de Droit & Croissance est assuréeexclusivement par le soutien de ses membres et de ses bienfaiteurs.

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LABEX LOUIS BACHELIER

RÉSUMÉ

L’absence d’harmonisation du droit du crédit au sein de l’Union européenne, c’est à dire des droits applicablesen matière de procédures collectives et de sûretés réelles, nuit à l’efficacité des dispositifs communs au niveaueuropéen de prévention des crises bancaires et à la crédibilité de l’exercice de revue des bilans bancaires.

Par ailleurs, au-delà des divergences constatées entre les législations des différents Etats membres, l’applicationpar ces derniers d’un droit du crédit peu efficace rend difficilement prévisible l’évaluation de la perte desétablissements bancaires en cas de défaut de leur contrepartie. Cette situation ne permet pas d’adapter de manièresatisfaisante la réglementation en matière d’exigences de fonds propres à la réalité du risque de contrepartie auquelsont exposés les établissements bancaires.

Il est en conséquence urgent de faire adopter par les Etats membres un corpus de règles uniformes qui soient lesplus efficaces possibles. Cette harmonisation des valeurs sous-jacentes au calcul du risque de crédit applicablesaux établissements financiers conditionne selon nous une partie du succès de l’Union Bancaire, et constitue unnouveau défi pour l’Union européenne. Compte tenu de l’état actuel de la recherche, empirique et académique,nous préconisons en substance :

• Une harmonisation au niveau européen du droit des sûretés, fondée sur une approche fonctionnelle, quipermettrait de simplifier au maximum les règles encadrant la constitution et l’opposabilité des sûretés ;

• Pour les sociétés de taille significative, une harmonisation au niveau européen des règles applicables en cas dedéfaillance ; et

• Pour les entreprises de taille moins significative, les Etats membres demeureraient libres d'appliquer leur droitnational en cas de défaillance et les affaires resteraient traitées au niveau des Etats membres.

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Clause de non-responsabilitéLes vues exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne représentent pas nécessairement celles des clients,employeurs ou autres organisations auxquels ils peuvent être affiliés par ailleurs. Ils ne reflètent pas nécessairement ceux del’Institut Louis Bachelier.

Remerciements à Jacques Delpla et Mathieu Kohmann, membres de Droit & Croissance, pour leurs précieusescontributions sur les aspects techniques de l’article. Remerciements également à Fadma Bouharchich et FlorianHugon pour leur relecture d’une version antérieure. Ce travail a été soutenu par le laboratoire d’Excellence LouisBachelier.

Un droit européen du crédit pour les sociétés non financières dans l’intérêt de l’Union Bancaire

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Avons-nous tout fait pour régler les pro-blèmes soulevés par la crise financière ?La question est récurrente dans le débatpublic à l’heure où l’Europe s’apprête àmettre en place l’“Union Bancaire”.

La crise financière a mis en évidencel’extrême difficulté de l’Europe à répon-dre à un choc systémique. Les défail-lances de grandes banques transnatio-nales telles que Lehman Brothers ouBear Stearns ont contraint les Etats à in-tervenir sur les marchés et à recapitali-ser la plupart des établissements ban-caires européens et américains etcertains établissements financiers, dontFreddie Mac, Fannie Mae ou AIG auxEtats-Unis1. De fait, les sauvetages ban-caires à répétition ont creusé les dettespubliques sur le court terme et sont sus-ceptibles, sur le moyen-long terme,d’accroître encore le déficit des comptespublics. Dans certains cas, les mesuresde recapitalisation se sont soldées parde lourdes pertes pour les Etats souve-rains. En Europe, le sauvetage de Dexias’est par exemple traduit par un coûtévalué, pour l’instant, à 6,6 milliardsd’euros pour l’Etat français2. Dans lamesure où le processus de financementdes coûts de restructurations initié àl’égard de certains établissements re-capitalisés par les Etats souverains n’estpas totalement achevé à ce jour, lesEtats concernés s’exposent à devoir en-registrer comptablement des pertessupplémentaires. Leur responsabilitépeut de surcroît être engagée au titredes garanties étatiques (tacites et ex-presses) consenties pour sécuriser lesobligations des établissements ban-caires et financiers. On notera, qu’entrele mois d'octobre 2008 et le 31 décem-bre 2012, les pays européens ont mobi-lisé 591,9 milliards d’euros de capitauxpublics, soit 4,6 % du PIB de l’UnionEuropéenne en 2012, pour soutenir leursétablissements bancaires. Ces sommesont été intégralement empruntées surles marchés financiers3.

Les crises grecque et chypriote ont bru-talement rappelé aux autorités publiquesl’existence d’un dangereux cerclevicieux selon lequel les Etats en diffi-culté s'endettent pour aider leursétablissements bancaires fragilisés,accroissant de fait la vulnérabilité deces derniers. L’augmentation du risquede défaut des Etats souverains affaiblit

en effet la qualité de la garantie queceux-ci accordent implicitement à tousles établissements bancaires situés surleur territoire, en leur qualité de “prê-teurs en dernier ressort”. Cette situationoblige alors les établissements ban-caires, détenteurs dans leur bilan detitres souverains, à enregistrer delourdes provisions, qui fragilisent consi-dérablement leur situation financière. Lacorrélation observée entre l’évolution dutaux des “Credit Default Swaps” sur lesdettes souveraines et sur les dettesbancaires permet d’illustrer ce phéno-mène : l’augmentation du risque dedéfaut étatique entraîne par répercus-sion l’augmentation du risque de défautbancaire4. Pour les établissements ban-caires, cette situation entraîne unrenchérissement du coût de refinance-ment sur les marchés financiers,provoquant mécaniquement une haussedu coût du crédit, dommageable enparticulier pour les PME5 .

Pour assainir et consolider le cadrefinancier européen et dissocier le sortdes établissements bancaires de celuides Etats souverains, les autorités euro-péennes ont entrepris d’améliorer à lafois la réglementation prudentielle, lasupervision bancaire et les mécanismesde résolution des défaillances ban-caires6. Ces mesures adoptées au niveaueuropéen pourraient cependant pro-duire des effets plus limités que ceuxespérés et ce, malgré leur transpositionfidèle (ou leur application directe selonle cas) par chacun des Etats membres.En effet, l’efficacité des mesures adop-tées au niveau européen pour régler lacrise dépend étroitement du cadre juri-dique applicable dans chaque Etatmembre. Or, une mauvaise articulationentre la réglementation européenne etla législation nationale d’un Etat mem-bre est susceptible d’entraver laréalisation des objectifs poursuivis parle régulateur européen, qui, de manièregénérale, sous-estime pourtant ces effetsfrictionnels. Le cas présent illustre cedéphasage : le droit du crédit, qui englobele droit des entreprises en difficulté et ledroit des sûretés, varie de manièreimportante d’un Etat membre à un autreet ces variations sont susceptibles decontrecarrer l’efficacité de la nouvelleréglementation bancaire européenne.Jusqu’à présent, les autorités euro-péennes, soucieuses de faire progresser

la construction européenne, n’ont passouhaité entamer l’harmonisation enprofondeur des bases des législationsdéjà unifiées. Or, depuis l’entrée envigueur de la directive 2013/36/UE “Capi-tal Requirement Directive IV” (dite “CRDIV”) et du règlement d’application dit“CRR”, les établissements financierssont soumis à des ratios de fonds pro-pres calculés en fonction d’éléments“quantifiables, uniformes et normali-sés”, relatifs notamment au risque decrédit, qui parce qu’ils ne tiennent pascompte, comme nous le verrons, desspécificités du droit du crédit applica-ble, ne permettent pas d’appréhenderavec exactitude le risque qu’ils sontprécisément destinés à couvrir. Laréglementation européenne ne peutcontinuer de se désintéresser de l’im-brication entre droit européen et droitnational en la matière : la rénovation ducadre bancaire et financier entreprise,notamment en réaction à la crise finan-cière et bancaire, renforce les exigencesde fonds propres qui doivent être adap-tées au risque estimé ; la mesure exactede cette estimation impose, selon nosvues, une harmonisation européennedu droit du crédit applicable.

En matière de droit du crédit, les dispa-rités entre Etats membres faussent eneffet l’évaluation des risques de créditsupportés par les banques européennes.Dans la mesure où l’essentiel des actifsbancaires se compose de créancesdétenues sur des débiteurs, le calcul durisque de contrepartie ou probabilité dedéfaillance du débiteur est crucial. Savaleur dépend de la solvabilité du débi-teur7 , dont l’évaluation résulte de :

(i) L’ordre de désintéressement descréanciers/actionnaires, c’est-à-diredu rang de priorité prévu contractuel-lement par ceux-ci (par exemple ensignant des conventions de subordi-nation) ; et

(ii) L’efficacité des sûretés réelles consen-ties, c’est-à-dire, de la capacité del’établissement bancaire à réaliser lessûretés8 venant garantir sa créance ou,à défaut, lorsque la loi l’en empêchesuite à l’ouverture d’une procédurecollective à l’encontre du débiteur,du respect du rang - prioritaire - ducréancier titulaire de sûretés réellesdans l’ordre de désintéressement

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des créanciers. Le respect de cerang prioritaire dépend à la fois de laloi applicable à la procédure collec-tive et des règles procédurales quiconditionnent, par exemple, le tempsnécessaire à l’adoption d’un plan derestructuration nécessaire à la pro-tection des droits de l’ensemble descréanciers titulaires de sûreté vis-à-vis des autres créanciers.

En résumé, mesurer les risques liés à laperte subie en cas de défaut de lacontrepartie d’un établissement ban-caire nécessite de tenir compte de cri-tères, étroitement associés au droit dessûretés et aux règles applicables enmatière de défaillance d’entreprise. Cesrègles varient selon le droit applicabledans chaque pays, les Etats membresayant refusé jusqu’à présent d’harmo-niser leur législation dans ce domaine.La littérature existante en droit comparéinternational permet de mettre en évi-dence les différences de traitement juri-dique des deux paramètres évoquésci-dessus et leurs conséquences. Mêmes’il existe peu d’études fiables dans cedomaine, on notera qu’une étude ré-cente compare l'impact du droit desprocédures collectives9 sur le taux derecouvrement, le choix entre une procé-dure formelle ou informelle de restruc-turation et les caractéristiques des prêtsbancaires sur un échantillon internatio-nal composé d'entreprises allemandes,anglaises et françaises10 . Les résultatsde cette étude démontrent notammentune grande différence entre le taux derecouvrement des établissements ban-caires anglais (92%) et celui des éta-blissements bancaires français (56%).

Comme l’a souligné la Commissioneuropéenne, la variabilité du taux derecouvrement des créanciers selonl’Etat dans lequel se situe la juridictionamenée à traiter la défaillance d’entre-prise rend “coûteuse et incertainel’évaluation des risques liés à l’investis-sement dans un autre Etat membre” etcrée “des conditions hétérogènes pourl’accès au crédit”11. Outre les nom-breuses critiques déjà adressées àl’Union Bancaire12, il convient de consta-ter que l’absence d’harmonisation desdroits applicables en matière de procé-dures collectives et de sûretés réellesnuit à l’efficacité des dispositifs euro-péens de prévention des crises bancaires.

Par ailleurs, au-delà des divergencesconstatées entre les différents Etatsmembres, nous verrons que l’applica-tion par ces derniers d’un droit du créditpeu efficace rend difficilement prévisi-ble l’évaluation de la perte del’établissement bancaire en cas dedéfaut de sa contrepartie.

La question qui se pose est la suivante :Comment réglementer de manière effi-cace l’activité des établissementsbancaires au niveau européen si lapertinence de l’évaluation des risquesde contrepartie dépend essentielle-ment de l’adoption par les Etatsmembres d’un droit du crédit uniformeet efficace ?

Dès novembre 2014, la BCE veillera à lacohérence et à la continuité de l’appli-cation du “règlement uniforme”14 dansla zone euro. Avant d’endosser ce rôle,elle mène actuellement une revueexhaustive des bilans des banques européennes (supervisory assessment,asset quality review, stress test). En par-ticulier, la revue de la qualité des actifsbancaires (asset quality review) vise àévaluer précisément les risques qu’ilsinduisent. Selon Benoît Coeuré, “larevue des bilans bancaires que la BCEmène cette année est cruciale. Si elleest perçue comme assez stricte et ob-jective, elle permettra de rétablir laconfiance dans le secteur”15. Il est doncurgent, pour améliorer l’efficacité desrègles en matière d’exigence de fondspropres et contribuer à la crédibilité del’exercice de revue des bilans ban-caires, de faire adopter par les Etatsmembres un corpus de règles uni-formes qui soient les plus efficaces pos-sibles. Cette harmonisation des valeurssous-jacentes au calcul du risque decrédit applicables aux établissementsfinanciers conditionne selon nous unepartie du succès de l’Union Bancaire, etconstitue un nouveau défi pour l’Unioneuropéenne.

L’efficacité du droit du crédit étant unecondition nécessaire au succès del’Union Bancaire (I.), plusieurs proposi-tions d’harmonisation du droit du créditau niveau européen seront avancéesafin d’assurer la réussite de cette entre-prise (II).

Compte tenu de l’état actuel de larecherche, empirique et académique13,nous préconisons en substance :

• Une harmonisation au niveau eu-ropéen du droit des sûretés, fon-dée sur une approche fonction-nelle, qui permettrait de simplifierau maximum les règles encadrantla constitution et l’opposabilité dessûretés ;

• Pour les sociétés de taille signifi-cative, une harmonisation au ni-veau européen des règles appli-cables en cas de défaillance ; et

• Pour les entreprises de taille moinssignificative, les Etats membresdemeureraient libres d'appliquerleur droit national en cas de défail-lance et les affaires resteraient trai-tées au niveau des Etats membres.

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Le ratio de fonds propres d’un établis-sement bancaire s’exprime en pourcentagedu montant total d’exposition au risquede cet établissement, lequel comprend,entre autres, le montant d’expositionpondéré pour risque de crédit. Ce mon-tant se calcule soit selon une approchedite “standard ” reprenant les modalitésde calcul de la réglementation, soitselon la notation interne de l’établisse-ment bancaire concerné par le risque.

Dans le premier cas, des pondérationsde risque sont appliquées à chaqueexposition, classée selon la qualité dudébiteur au sein d’une catégorie. Lesexpositions sur les entreprises sont à cetitre calculées suivant une évaluation decrédit attribuant un échelon de qualité(par ex. 20% de pondération de risquepour l’échelon 1). Dans le second cas,l’établissement utilise un système de cal-cul qui lui est propre et qui doit parconséquent faire l’objet d’une autorisation.

Les montants d’exposition pondéréspour risque de crédit se calculent enfonction des paramètres PD (Probabilityof Default), LGD (Loss Given Default),EAD (Exposure At Default) et M (Matu-rity). Dans ce cadre, le montant despertes anticipées (EL) = PD * LGD. Sil’établissement n’est pas autorisé à uti-liser ses propres estimations des pertesen cas de défaut (LGD) conformémentà l’article 143 du règlement CRR, il doitutiliser les valeurs prévues à l’article 161dudit règlement pour les créances por-tant sur les entreprises (par ex. 45%pour les créances dites senior ; 75%pour les créances dites junior). Ces

pourcentages sont donc fixés demanière arbitraire et ce, quelles quesoient les règles applicables en matièrede défaillance d’entreprises qui peu-vent, de manière plus ou moinsefficace, garantir aux créanciers seniorqu’ils n’auront pas à supporter lespertes de la société, tant que les créan-ciers junior conserveront des droitsdans la société. A titre d’illustration, lesviolations de l’ordre d’absorption despertes sont très fréquentes entre lescréanciers et les actionnaires par l’effetde l’application du droit français desentreprises en difficulté16, alors qu’ellesle sont beaucoup moins lorsque l’entre-prise ouvre une procédure collective auRoyaume-Uni. Dans certaines situa-tions, les créanciers senior de sociétésfrançaises peuvent se retrouver, endépit des accords, à devoir absorberles pertes pari passu avec les créan-ciers junior.

Lorsque la créance est garantie par unesûreté permettant d’atténuer le risquede crédit, le montant de la perte antici-pée peut être revu à la baisse sousréserve que la sûreté remplisse lesconditions d’éligibilité imposées par lestextes. L’établissement bancaire, déten-teur de la créance, est alors en droit deréduire son niveau de fonds propres.Pour ce fait, seul un pourcentage de laperte en cas de défaut de la contrepar-tie est retenu pour les besoins du calculdu ratio de fonds propres. Des pour-centages sont prévus selon le rang et lanature de la sûreté (par ex. pour unesûreté de rang junior portant sur desbiens immobiliers commerciaux la LGD

doit être au minimum de 65%). Cespourcentages sont fixes, quel que soitle droit du crédit applicable dans la juri-diction considérée et ne tiennent pascompte de la capacité des créancierstitulaires sûretés à pouvoir opposer leurdroit de priorité vis-à-vis des autrescréanciers.

L’utilisation de pourcentages fixes etobligatoires lors du calcul de la LGDconcernant les fonds propres aboutit àune décorrélation entre, d’une part, l’ac-tif du bilan bancaire, dont la valeur estindexée sur le risque de contrepartieréel et aboutit à un prix de marché va-riable en fonction de la solvabilité dudébiteur et, d’autre part, le passif du bi-lan bancaire, dont la valeur des capitauxpropres dépend de modalités de calculfixes. Ceci a pour conséquence une dé-corrélation entre risque réel des actifs etrisque projeté couvert par le passif. Ils’ensuit une perte d’efficience des rè-gles en matière d’exigence de fondspropres puisque le montant des capi-taux propres ne sera pas suffisant pourabsorber les pertes liées à une dégra-dation de la valeur des actifs bancaires.

Même si l’établissement bancaire estautorisé à utiliser ses propres estima-tions et à s’affranchir des dispositionsprévues par les textes, il restera péna-lisé par un cadre juridique peu respec-tueux de ses droits, produisant deseffets imprévisibles et rendant difficilel’appréciation du risque de perte en casde défaut.

Pour aller plus loin

Modalités de calcul du ratio de fonds propres selon les règles européennes et aperçu desrisques de décorrélation entre l’exposition réelle d’un établissement bancaire au risque decrédit et l’exposition projetée pour les besoins du calcul de ses ratios de fonds propres.

Page 10: Opinions et débats n°8

A. L’efficacité dudroit du créditconditionnée parl’efficacité du droitdes sûretés

1. Les avantages et inconvénientsde la constitution de sûretés

La constitution de sûretés réelles pré-sente un avantage certain.

Point de vue du débiteur

Il a été démontré que, toutes choseségales par ailleurs, l’octroi de sûretés auprêteur permet de réduire le coût ducrédit18, ce qui présente un avantageindéniable pour le débiteur mais consti-tue également une contrainte pour cedernier lorsqu’il est en bonne santéfinancière19 car son créancier peut dis-poser d’un certain droit de contrôle surles actifs grevés. En revanche, en casde liquidation, peu lui importera que lasûreté qu’il a consentie bénéficie à sescréanciers privilégiés ou chirographaires.

Point de vue du créancier bénéficiaire d’unesûreté

Dans une relation de crédit, les prêteursont besoin de se prémunir contre plu-sieurs risques, principalement (i) le risqued’immobilisation de leur créance en casde retard pris par leur débiteur pour exé-cuter son obligation et (ii) le risque de l’in-solvabilité de ce dernier. Compte tenu dusort peu enviable du créancier chirogra-phaire face à ces deux risques20, les prê-teurs demandent fréquemment à ce quecertaines garanties leur soient octroyéeslorsque leur débiteur est dans une situa-tion de fragilité financière. Ces garantiesne sont protectrices21 qu’à la condition dedemeurer opposables malgré l’ouvertured’une procédure collective à l’encontredu débiteur22. En effet, lorsque le débiteurest défaillant, la sûreté permet au créan-cier titulaire d’éviter le concours avec lescréanciers chirographaires de son débi-teur, en vertu du droit de préférence dé-coulant du droit réel accessoire23 qu’il dé-tient sur le bien grevé. Pour être efficace,celui-ci doit donc être respecté en cas desurvenance d’une procédure collective.

Point de vue des créanciers antérieurs nontitulaires de sûretés

L’octroi de sûretés est susceptible d’af-fecter les droits des créanciers dont lescréances ne sont pas garanties (“les

créanciers chirographaires”), dans lamesure où les biens grevés échappentau droit de gage général. C’est un incon-vénient, en particulier pour les créanciersantérieurs à l’octroi desdites sûretés,lorsque les biens du débiteur, à présentgrevés de sûretés, étaient déjà dans lepatrimoine du débiteur avant la mise àdisposition des fonds, pour les besoinsduquel l’octroi de sûretés est consenti.Dans l’hypothèse où, au contraire, lesactifs grevés sont des biens acquis parl’emprunteur grâce au nouveau finance-ment octroyé, le risque d’un transfert derichesse au détriment des créanciersantérieurs est écarté.

2. Les conditions d’efficacité dudroit des sûretés

Le législateur et le droit des sûretés

Compte tenu du fait que la constitutionde sûretés permet de réduire le coût ducrédit pour l’emprunteur, le droit du cré-dit devrait (i) permettre une utilisationsouple des conditions de constitutiondes sûretés et (ii) assurer le respect desdroits des créanciers privilégiés qui endécoulent, en cas de défaillance de leurdébiteur. Pour atteindre un tel résultat,le législateur dispose de quatre leviersd’intervention24 :

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Partie I. L’efficacité du droit du crédit : une condition de l’Union Bancaire

“L’économie a besoin du crédit, le crédit a besoin des sûretés et les sûretés ont besoin d’un régime juridique qui assure leurefficacité en cas d’insolvabilité de l’emprunteur”17. Ce constat largement admis et partagé invite à revenir sur le rôle du droitdes sûretés, du droit des procédures collectives et sur les facteurs en conditionnant l’efficacité.

La recherche de l’efficacité de la norme en général, c’est à dire des conditions permettant, grâce au cadre juridique, demaximiser la valeur d’usage des actifs, est importante dans la perspective de mieux articuler les règles relatives auxexigences de fonds propres et le droit du crédit. Une meilleure articulation de ces différents pans du droit suppose à cetégard une meilleure prévisibilité des conséquences liées à la survenance de la défaillance d’une contrepartie d’unétablissement bancaire. C’est à cette condition qu’il est possible d’apprécier par avance la perte que pourrait subirl’établissement bancaire en cas de défaut de sa contrepartie, afin que le quantum de cette perte éventuelle puisse servirde paramètre dans la détermination du montant de ses fonds propres. Or, comme nous le verrons, les règles relatives audroit des sûretés et au droit des procédures collectives ne peuvent être efficaces qu’à la condition que l’issue de la phasede traitement de la défaillance de la contrepartie soit prévisible. Une meilleure corrélation entre la réglementation sur lesexigences de fonds propres et la réalité du risque crédit supporté par les établissements bancaires suppose donc que ledroit du crédit soit efficace. Ce n’est malheureusement pas le cas dans la plupart des Etats membres. Il est donc intéressantde comprendre quels sont les facteurs conditionnant l’efficacité du droit des sûretés (A.) et du droit des procédurescollectives (B.) afin de formuler des propositions de réforme.

Page 11: Opinions et débats n°8

• la nature des biens ou droits suscep-tibles de faire l’objet d’une sûreté25 ;

• les mesures de publicité et d’opposa-bilité des sûretés aux tiers ;

• les modalités de réalisation des sûre-tés ; et

• l’étendue du droit de priorité sur lesbiens grevés des créanciers entrant enconcours avec d’autres créanciers dumême débiteur en cas d’ouvertured’une procédure collective.

L’existence d’une disparité entre les lé-gislations respectives des Etats mem-bres sur la nature des biens ou droitssusceptibles de faire l’objet d’une sûretéet aux mesures requises afin de rendreles sûretés publiques et opposables auxtiers nuit à l’efficacité de la réglementa-tion sur les exigences de fonds propres.Il est en effet plus difficile dans cesconditions de corréler le risque decontrepartie et les règles en matièred'exigences de fonds propres. Ceci estd’autant plus le cas que certains Etatsmembres, comme la France, font varierles modalités de réalisation des sûretésou l’étendue du droit de priorité descréanciers titulaires de sûretés sur lesautres créanciers en fonction de la na-ture des biens grevés par des sûretés(en distinguant par exemple selon la na-ture meuble ou immeuble du bien consi-déré). Pour cette raison, comme nous leverrons, une réforme du droit des sûretésest un préalable nécessaire à l'harmoni-sation du droit des entreprises en diffi-culté au niveau européen.

De plus, à supposer même que lesEtats membres s'accordent sur lanature des biens ou droits susceptiblesde faire l'objet d'une sûreté et sur lesmesures de publicité à prendre, l'exis-tence de différences significatives entreles différents Etats membres quant auxmodalités de réalisation par les créan-ciers de leurs sûretés et le respect deleur droit de priorité sur les autrescréanciers susceptibles de rentrer enconcours avec eux au cours d'une pro-cédure collective est également un freinà l'efficacité de la réglementation enmatière d'exigence de fonds propres.Autrement dit, l'efficacité du droit dessûretés étant variable selon l'Etat mem-bre considéré, il est d'autant plusdifficile de faire corréler la réglementa-tion sur les fonds propres au risque de

contrepartie. A cet égard, l’efficacité dudroit des sûretés dépend principale-ment de la manière dont le législateurva parvenir à traiter ces deux paramètres.

Le respect des droits des créanciers titu-laires de sûretés

Pour être efficace, le droit des sûretésdoit s’assurer que les droits des créan-ciers titulaires de sûretés soientrespectés, afin que ces derniers, princi-palement des créanciers bancaires, nesoient pas tentés de limiter leurs finan-cements, ce qui aurait pour effet decontraindre les sociétés à recourir àd’autres sources de financement pluscoûteuses, telles que le crédit-bail oul’affacturage.

Le moyen le plus sûr d’assurer que lesdroits des créanciers titulaires de sûre-tés soient respectés serait de leurpermettre de réaliser leur sûreté lorsqueleur débiteur fait défaut. Les créancierspourraient alors espérer se faire rem-bourser sur le produit de la vente desactifs avant que leur valeur ne diminuepar l’effet, par exemple, de la surve-nance d’une procédure collective. Dansla perspective de mieux articuler lesrègles en matière d’exigences de fondspropres avec le droit du crédit, permet-tre aux établissements de crédit deréaliser leurs sûretés en toutes occa-sions présente un intérêt certain.L’évaluation de la perte en cas dedéfaut peut être relativement prévisiblesous réserve que les établissements decrédit puissent obtenir, si nécessaire, lacoopération rapide de la justice dansl’exercice de leurs droits.

Cette position ne peut cependant pasêtre approuvée lorsque la réalisation dela sûreté entraîne d’inutiles destructionsde valeur pour le débiteur. Tel est le casdans l’hypothèse où la réalisation de sû-retés grevant les actifs d’une entrepriseviable mais surendettée conduit, de ma-nière inopportune, à son démembre-ment et donc à la cessation de son ac-tivité. Laisser les créanciers réaliser leurssûretés est d’autant plus inopportun quele droit des entreprises en difficulté peutleur offrir, sous certaines conditions, unniveau de protection similaire, et cemême s’ils ne peuvent pas réaliser leurssûretés. Il importe peu que la sûreté soitin fine réalisée, dès lors qu’elle confère

à son titulaire un droit de priorité parrapport aux autres créanciers, lui ga-rantissant que ces derniers perdront leurdroit de revendiquer la remise des actifsdu débiteur avant lui. Comme nous leverrons par la suite, il est possible, à lacondition que les règles de la procé-dure collective soient efficaces, deconcilier l’objectif visant à éviter les des-tructions de valeur inutiles, et l’impéra-tif de rendre la perte en cas de défaut ducréancier prévisible. C’est à cette condi-tion, que la réglementation relative auxfonds propres sera plus adaptée à laréalité du risque de crédit supporté parles établissements bancaires.

Ainsi, le respect des droits des créan-ciers titulaires de sûretés en cas deprocédure collective ouverte à l’encon-tre de leur débiteur repose principalementsur deux principes :

• le principe du “no creditor worse off ”,selon lequel les créanciers titulaires desûretés ne doivent pas être moins bientraités au cours d’une procédure desauvetage du débiteur que s’ils avaientété en mesure de réaliser leurs sûretés.A cet égard, une procédure de sauvetagede l’entité débitrice grâce à un arrêt despoursuites n’est justifiée qu’à partir dumoment où elle permet de préserver da-vantage de valeur qu’une liquidation ju-diciaire avec arrêt de l’activité ; et dansle prolongement,

• le respect de l’ordre de priorité, selon lequel les actionnaires et créanciers chi-rographaires absorbent les pertes de l’en-treprise en procédure collective avant lescréanciers titulaires de sûretés. De cepoint de vue, le créancier titulaire de sû-retés ne doit pas être affecté par les ef-fets de la procédure collective (parexemple via un rééchelonnement desdettes à un taux d’intérêt constant) tantque les actionnaires et les créanciers chi-rographaires conservent des droits dansla société (sous réserve que la valeur desactifs grevés soit supérieure au montantde la créance des titulaires de sûretés).

De cette manière, le droit des sûretéspeut être efficace. Ce résultat peut êtreatteint à la condition que le droit desprocédures collectives soit efficace.

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Page 12: Opinions et débats n°8

B. L’efficacité dudroit du créditconditionnée parl’efficacité du droitdes procédurescollectivesLes travaux réalisés en analyse écono-mique du droit ont identifié les deuxprincipaux objectifs du droit des procé-dures collectives : (i) faciliter l’accès aucrédit (efficacité dite “ex ante”) et (ii)maximiser la valeur d’usage des actifsdu débiteur défaillant en transférant lecontrôle de son entreprise à l’agentéconomique qui le valorise le plus (effi-cacité dite “ex post ”)26.

Efficacité ex ante du droit des procédurescollectives

Le droit des procédures collectives seraefficace ex ante si, au même titre que ledroit des sûretés, il encourage lescréanciers à prendre des décisions d’in-vestissement optimales. L’efficacité exante du droit des procédures collectivesrepose donc sur les mêmes critères queceux qui conditionnent l’efficacité dudroit des sûretés et qui ont été précé-demment évoqués.

Efficacité ex post du droit des procédurescollectives

La procédure collective sera efficace expost si elle permet de transférer lecontrôle de l’entreprise à ceux qui dis-posent des meilleures incitations pourmaximiser la valeur de l’usage des ac-tifs de l’entreprise. En d’autres termes,le droit exclusif de décider du sort del’entreprise doit revenir aux créanciersdits “pivots”27, c’est-à-dire aux créan-ciers détenant les titres qui ne serontque partiellement remboursés en appli-cation des propositions formulées dansle plan (il s’agit de la classe de créan-ciers titulaires de la “fulcrum security ”,c’est-à-dire, la tranche de dette au seinde laquelle la valeur “casse”). Si lecontrôle de l’entreprise est transféré àla personne qui est la plus disposée àen payer le meilleur prix, c’est-à-direcelle capable de verser à tous les tierssusceptibles de faire valoir des droits sur

ses actifs, le dédommagement le plusimportant (que cette somme soit dansles faits ou non acquittée), la procédurecollective permet de conduire à une si-tuation d’équilibre optimal. Ceci emporteles deux conséquences suivantes :

• la procédure collective devrait faciliterla poursuite de l’activité des sociétésviables (et donc profitables) et seule-ment celles-ci, peu importe qu’une tellecontinuation ait lieu au sein de la mêmeentité juridique ou d’une entité juridiquetierce (ce qui conduirait à la liquidationjudiciaire de la société viable). Il est im-portant de comprendre à cet égard quela restructuration et la liquidation (sansarrêt de l’activité) peuvent être les deuxfaces d’une même pièce, ces deux pro-cédures permettant d’atteindre un seulet même objectif, la maximisation de lavaleur des actifs de l’entreprise ; et

• dans l’hypothèse où le montant dupassif de la société est supérieur à lavaleur des actifs grevés de sûretésréelles, il est nécessaire d’en transfé-rer le contrôle aux créanciers titulairesde sûretés, car ils ont alors les meil-leures incitations à maximiser la valeurde l’usage des actifs de l’entreprise.Ils sont en effet dans la situationd’avoir perdu le droit d’être rembour-sés intégralement et ont en consé-quence intérêt à ce que l'entrepriseréussisse son rebond. Toutefois,n’ayant pas pour autant perdu toutdroit à être remboursé, ils sont moinsenclins que ceux qui ont tout perdu,comme par exemple les actionnaires,à faire courir des risques démesurés à l’entreprise dans l'espoir - peu plau-sible - d'un retour à meilleur fortune.

Le droit des procédures collectives nepeut par conséquent être considérécomme efficace ex post que si (i) lesdispositions du droit des entreprises endifficulté s’articulent autour des deuxprincipes qui viennent d’être évoqués etsi (ii) les institutions judiciaires assurentl’application effective de ces règles.

Qualité des institutions judiciaires

Compte tenu du fait que la nature de larègle de droit ne peut être dissociée deses conditions d’application28, la qualitédes institutions judiciaires joue un rôledéterminant dans la manière dont ledroit, et en particulier le droit des entre-

prises en difficulté, est appliqué. L’effi-cacité ex post du droit des procédurescollectives est en effet conditionnée parla capacité des juridictions commer-ciales à saisir la complexité des accordsde départ conclus entre les parties (do-cumentation financière dont les termeset la rédaction peuvent s’avérer parfoistrès complexes) et à en faire respecterles différentes stipulations, en particu-lier l'ordre de priorité des paiements etd'absorption des pertes. Tant que cesjuridictions seront, comme en France,capables de passer outre les prévisionscontractuelles initiales des parties etd’exercer une véritable “magistratureéconomique”29 elles ne pourront pasjouer leur rôle et garantir l’efficacité expost du droit des procédures collec-tives. En effet, si le sort de l’entreprisedébitrice relève de l'appréciation dis-crétionnaire des juges et non pas de lavaleur d’entreprise, permettant de dé-terminer l'identité de la tranche d'inves-tisseurs titulaires de la fulcrum security,évoquée ci-dessus, l’efficacité ex postde la procédure collective ne sera pasgarantie. Outre une réforme substan-tielle du droit des procédures collec-tives, cette situation peut être corrigéeen assurant la fiabilité et l’efficacité desinstitutions judiciaires appelées à lemettre en œuvre, notamment à traversune formation transversale des juges endroit, économie et en gestion ainsi qu'àtravers une spécialisation accrue des ju-ridictions commerciales30.

Afin d’être efficace, toute réforme dudroit du crédit doit nécessairementconcerner conjointement le droit dessûretés et le droit des procédures col-lectives : elle est ainsi un gage de leurefficacité mutuelle. Un tel résultat esttoutefois difficile à obtenir. L’évolutionde la finance ayant complexifié le bilandes entreprises, de nombreuses ré-formes sont intervenues mais se sont limitées à corriger à la marge certainsproblèmes observés, et ont de fait nui à l’efficacité de la législation. Les fai-blesses respectives des législations desEtats membres de l’Union européenneet leurs disparités, rendues plus fla-grantes dans le contexte de crise finan-cière et de mondialisation, nuisent aufinancement de leurs économies et desPME en particulier. Ceci plaide pour uneharmonisation des règles matérielles àl’échelle européenne.

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Page 13: Opinions et débats n°8

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A. L’harmonisationeuropéenne dudroit des sûretéspar l’adoptiond’une approchefonctionnelle dessûretés réelles

1. Approche fonctionnelle du droitdes sûretés

Le rejet d’une vision politique et redistributivedu droit du crédit

Les législations du droit du crédit des 28Etats membres diffèrent sur de nombreuxpoints34 : modalités de constitution et depublicité des sûretés ; nombre, assietteet montant des privilèges légaux ; critèresd’ouverture d’une procédure collective ;sort des sûretés lors de l’ouverture d’uneprocédure collective ; rôle joué par les tri-bunaux ; place octroyée aux créanciers ;sort du débiteur en difficulté… Ces di-vergences témoignent de conceptionsplurielles du droit du crédit. Certaines lé-gislations assignent par exemple à la pro-cédure collective une finalité “redistri-butive” et se servent de cette dernièrepour désintéresser en priorité certaines ca-tégories de créanciers35 (principalement

les créanciers sociaux, créanciers fis-caux…) par l’instauration de multiples pri-vilèges leur permettant de primer les au-tres catégories de créanciers . Une telleapproche entrave l’efficacité de la procé-dure collective qui, pour être efficace d’unpoint de vue économique, doit permet-tre de générer un maximum de valeur. Orun tel objectif ne peut pas être atteint sile droit des procédures collectives estconçu afin de faire en sorte que quelquescatégories de créanciers soient avanta-gées, au mépris de l’ordre des prioritésentre les différentes catégories de créan-ciers initialement convenu. Les créanciers“lésés” par le droit renoncent en effet àinvestir dans l’entreprise et ce, même sielle porte des projets susceptibles de générer de la valeur. A cet égard, une approche fonctionnelle du droit du crédit, promue par les gouvernementsrespectifs des différents Etats mem-bres, permettrait (i) de s’émanciper de typologies juridiques obsolètes36 et (ii) defournir le référentiel le plus aisément accessible et compréhensible pour les juristes qui en sont les moins familiers.A cet égard, les nombreux points deconvergence de ces mêmes législationsainsi que le nombre et l’importance destravaux visant à harmoniser ces diffé-rentes législations militent en faveur dela poursuite d’un projet d’harmonisationmatérielle du droit du crédit au niveau del’Union européenne.

Le rejet d’une approche notionnelle du droitdes sûretés

Le droit des sûretés de plusieurs Etatsmembres de l’Union européenne demeureancré dans une approche notionnelle,c’est-à-dire une approche qui laisse aulégislateur le soin de fixer la liste exhaus-tive des différentes sûretés applicableset de définir un régime juridique proprepour chacune d’entre elles37. Cette ap-proche oblige le législateur à instituerdes sûretés qui ne peuvent être fondéesque sur les différents types de biens et dedroits reconnus au sein de son seul droitnational, ce qui conduit inexorablementà un cumul inutile d’outils juridiques38.Ceci aboutit au niveau européen à uneoffre pléthorique de garanties qui ex-pose les prêteurs potentiels à des fraisimportants, car ils doivent déterminer lesort réservé à la sûreté à constituer encas de procédure collective de leur dé-biteur afin d’ajuster leur risque de crédit.L’adoption d’une approche notionnelledes sûretés conduit en effet le législa-teur national à tenir compte de la spéci-ficité de chacune des sûretés, non seu-lement au stade de leur constitutionmais également au stade de leur réali-sation, le niveau de protection de chaquecréancier au cours de la procédure col-lective de son débiteur dépendant desdroits que lui confère la sûreté sur l’ac-tif grevé. En définitive, l’approche no-tionnelle aboutit à façonner un droit dessûretés beaucoup trop complexe, illisi-ble pour les créanciers.

Partie II. Les propositions d’harmonisation du droit du crédit

Les développements suivants se concentreront sur les propositions de réforme des règles matérielles qui conditionnent àla fois le succès de l’Union Bancaire31 et l’efficacité de la refonte de notre droit du crédit. Les profondes mutations del'économie et de la finance imposent en effet de modifier radicalement la manière de traiter les défaillances d'entreprises.Les questions d’ordre institutionnel32 ou procédural33 qu’elles auraient vocation à soulever seront donc écartées.

Comme les développements précédents l’ont montré, une réforme du droit des procédures collectives au niveau européenne peut pas être efficace si le droit des sûretés continue à être réglementé au niveau national. La réforme du droit desprocédures collectives au niveau européen présuppose donc une harmonisation préalable du droit des sûretés, égalementau niveau européen. C’est la raison pour laquelle l’harmonisation du droit européen du crédit doit reposer sur une refontedes conceptions fondamentales tant du droit des sûretés (A.), que du droit des procédures collectives (B.) et intervenir parle recours à un règlement communautaire (C.).

Page 14: Opinions et débats n°8

L’adoption d’une approche fonctionnelle dudroit des sûretésUne autre manière de concevoir le droitdes sûretés est envisageable. Il est eneffet possible de s’affranchir de l’approchenotionnelle (et donc des typologies juri-diques respectives de chacun des Etatsmembres) et des complications qu’elleprovoque, en adoptant une approchefonctionnelle du droit des sûretés. Cetteapproche fait prévaloir l’effet concret dela sûreté sur sa forme. Peu importe lanature de l’actif grevé, il doit être possi-ble de conférer au créancier un droit depriorité par rapport aux autres créan-ciers d’un même débiteur, sous réservede respecter des règles procéduralesuniques. Or pour rendre le droit de prio-rité du créancier titulaire de sûretéopposable, il est nécessaire que desrègles procédurales organisent lesmodalités de publicité desdites sûretés.La pratique met en évidence ce besoinde publicité des sûretés, de réductiondu coût de leur constitution, du nombrede créanciers et de la nature des actifsfigurant au bilan du débiteur. Dans cecadre, il convient d’adopter uneapproche fonctionnelle du droit dessûretés, dans l’ensemble des Etatsmembres de l’Union européenne. Dèslors, les différentes sûretés ne seraientplus distinguées selon le type d’actifqu’elles ont vocation à grever, desdroits qu’elles ont vocation à conférer etde la qualité du débiteur qui les consti-tue mais en fonction de leur seul effetde garantie. La validité de la sûretédépendrait du fait que :

• le débiteur est titulaire de droits sur lebien grevé ;

• le bénéficiaire a fourni une certaine“contre-prestation de valeur ” au pro-fit du débiteur ;

• les parties concluent par écrit uncontrat constitutif de sûreté qui décritde façon précise le(s) bien(s) grevé(s) ;et

• les modalités de publicité et/ou d’op-posabilité des droits que le bénéficiairetient du contrat constitutif de sûretésont clairement définies.

Dans cette optique, certaines problé-matiques ont vocation à être écartéesafin de simplifier la constitution de sûre-tés adaptées aux besoins des partiesprenantes, à savoir :

• Les questions relatives à la nature ju-ridique du droit du créancier bénéficiaire(droit de rétention réel ou fictif, droit depropriété…) de la garantie n’auraientplus lieu d’être car celle-ci ne résulteraitplus de la nature de l’opération juridiquedont elle procède. Dans une approchefonctionnelle, les parties sont en effet li-bres de constituer une sûreté en recou-rant à l’opération de leur choix (bail, fi-ducie, gage, vente) tant que celle-ci apour fonction de garantir l’exécutiond’une obligation et que les conditions devalidité du contrat constitutif de sûretésont remplies ; et

• Les questions relatives à l’existenced’un titre de propriété sur l’actif grevé (etde son éventuel transfert) seraient ellesaussi à écarter car selon l’approchefonctionnelle du droit des sûretés, laconstitution d’une sûreté n’emporte pastransfert de propriété du bien grevé. Il in-comberait ainsi aux parties d’encadrerdans le contrat constitutif de sûretél’éventuel transfert de ce droit mais untel transfert ne constituera pas un élé-ment constitutif ou déterminant de lasûreté et, par conséquent, des droitsqui en découlent.

Une telle approche permettrait d’éviterles effets pervers d’une accumulationinutile et contre-productive du nombrede sûretés et d’assurer, de manière plusrationnelle et efficace, la reconnais-sance de l’opposabilité des droits descréanciers titulaires de sûretés en casd’ouverture d’une procédure collectivedu débiteur. De plus, une telle approchepermettrait, dans le cadre de la revuedes bilans bancaires et de l’élaborationde la réglementation prudentielle auniveau européen, de ne pas avoir à tenircompte des différentes typologies desûretés reconnues dans les Etats mem-bres. La seule préoccupation seraitalors de parvenir à déterminer avecexactitude la valeur des actifs grevésafin de déterminer le quantum desdroits des créanciers à garantir en casde survenance d’une procédure collec-tive de leur débiteur.

Le droit comparé présente plusieursexemples de législations retenant uneapproche fonctionnelle du droit dessûretés. Au sein des différents sys-tèmes juridiques ayant opté pour unetelle logique, il est possible de mentionner

plusieurs sûretés qui pourraient inspirerle législateur européen, telles que :

• le “security interest ” américain39 ; et

• l’hypothèque mobilière québécoise40.

2. Approche fonctionnelle du droitdes sûretés et survenance d’uneprocédure collective

L’adoption de l’approche fonctionnellepréconisée suppose d’admettre que :

• si l’activité de la société n’est pas via-ble, le créancier titulaire d’une sûretédevrait pouvoir percevoir le prix de ventede l’actif grevé sans être en concoursavec les autres créanciers, ce qui seraitlégitime car la réalisation de la sûretén’entraînerait alors aucune destructionde valeur ;

• si l’activité de la société est viable, lecréancier titulaire d’une sûreté devraitégalement pouvoir faire valoir ses droitsvis-à-vis des autres créanciers, y com-pris les actionnaires, et voir son droit depriorité respecté peu importe que l’entitéjuridique soit ou non liquidée car seulecompte la préservation de la valeurd’entreprise ;

• par exception, sous réserve que l’ac-tivité de la société soit viable et que l’as-siette de la sûreté soit suffisammentlarge pour ne pas conduire, en cas deréalisation de ladite sûreté, à un dé-membrement de l’entreprise (synonymede destruction de richesse), le créan-cier titulaire d’une sûreté devrait pouvoirêtre en mesure d’obtenir du juge la levéede l’arrêt des poursuites afin de pouvoirprocéder à la cession organisée des ac-tifs grevés non nécessaires à la pour-suite de l’entreprise ; et

• par exception au point précédent,même en l’absence de risque de des-truction de richesse, le processus devente pourrait être confié aux créanciersplus junior, sous réserve qu’ils soientles créanciers pivots déterminés enfonction de la valeur d’entreprise de lasociété41, pour éviter tout risque de spo-liation, dans l’hypothèse où leur sort re-poserait exclusivement dans les mainsdes créanciers plus senior.

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Page 15: Opinions et débats n°8

B. L’harmonisationeuropéenne desmodes de traitementde la défaillancepar l’adoptiond’une approchefondée sur la valeurd’entreprise

Il est proposé d’harmoniser les modesde traitement de la défaillance, auniveau européen, en instituant un sys-tème dual, afin de tenir compte del’instauration de l’approche fonction-nelle du droit des sûretés suggérée. Cenouveau système nécessiterait de met-tre en place une procédure européenne,applicable de plein droit en cas dedépassement de certains seuils (1.a.)ou sur option, sous certaines conditions(1.b.), et d’obtenir ainsi :

• au niveau européen, une procédurede sauvetage42 inspirée des enseigne-ments de la recherche en économie etdes meilleurs standards internationauxdont l’objectif premier est d’aboutir ra-pidement, le plus simplement possibleet en toute transparence, à la restructu-ration du bilan et au désendettement del’entreprise, et qui serait applicable dedroit en cas de dépassement de cer-tains seuils (2.a.) ;

• au niveau des Etats membres, uneprocédure liquidative harmonisée sur lemodèle du droit anglais (2.b.).

1. La distinction entre les modesde traitement de la défaillance auniveau européen et au niveaunational

a. Les seuils de déclenchement de plein droitde la procédure de traitement des difficultésau niveau européen

L’harmonisation des modes de traite-ment de la défaillance au niveaueuropéen proposée se décompose endeux procédures distinctes. La mise en

place d’une réglementation des modesde traitement de la défaillance au niveaueuropéen suppose de recourir à deuxprocédures distinctes, compte tenu dela spécificité des difficultés financièresrencontrées par les entreprises de taillesignificative.

Afin de prendre en compte la nature deces difficultés, il est proposé d’instituerune procédure de sauvetage applicablede plein droit aux entreprises quidépassent les seuils permettant de lesdéfinir comme des PME au sens dudroit communautaire. Selon la grille delecture proposée par la Commissioneuropéenne dans sa recommandationn°2003/361/CE43, la procédure de sau-vetage envisagée serait ainsi applicablede plein droit aux entreprises qui :

• ont un effectif supérieur à 250 per-sonnes ; et

• dont - le chiffre d’affaires annuel excède 50millions d’euros, ou

- le total du bilan annuel excède 43millions d’euros.

La solution préconisée présenteraitl’avantage de :

• tenir compte des spécificités des dif-ficultés rencontrées par les entreprisesdépassant les seuils retenus ;

• tenir compte des résultats des précé-dents travaux de recherche menés, auniveau européen, sur les entreprisesau regard de ces seuils ;

• limiter la durée de la procédure en éta-blissant un régime applicable de pleindroit en cas de réunion de critèresdont les modalités de calcul sont déjàdéfinies par la recommandationn°2003/361/CE de la Commission eu-ropéenne.

b. La possibilité d’option pour la procédurede traitement des difficultés européenne

Compte tenu des considérations quiprécèdent et afin de parvenir à atteindreles objectifs susmentionnés, il seraitenvisageable de permettre à certainesentreprises ne dépassant pas les seuilsrequis pour bénéficier d’une applicationde plein droit de la procédure de retour-nement proposée mais présentant uncaractère de viabilité évident, d’opterpour l’application de cette procédure. Ilserait dans cette hypothèse nécessaire

de déterminer précisément les condi-tions permettant de bénéficier d’un teldroit d’option, afin d’éviter les recoursabusifs, destructeurs de richesse. Ilpourrait également être nécessaire dedéterminer les voies de recours ouvertesau bénéfice de l’entreprise dont la via-bilité, pourtant avérée, n’aurait pas étéreconnue, ce qui pourrait priver lesactionnaires de la possibilité de mettreen œuvre une procédure de sauvetagede l’entreprise qui aurait pu se révéleropportune.

2. Les modes de traitement de ladéfaillance proposés

a. Un régime inspiré du modèle américain auniveau de l’Union européenne

Malgré les récentes critiques dont il apu faire l’objet44, le Chapter 11 U.S.Cest un modèle de règlement des défail-lances ayant inspiré un nombre trèsimportant d’études en analyse écono-mique du droit. Il apparaît, au regarddes résultats de ces différents travauxde recherche, comme le régime le plusapte à assurer une réorganisationrapide des entreprises viables connais-sant des problèmes de surendettement.En effet, les règles qui le composentpermettent d’objectiver, et donc derationaliser, le traitement de la défail-lance. Compte tenu de ces éléments, laprocédure européenne envisagée s’ar-ticulerait en deux étapes principales :

· Etape n°1 Déterminer la viabilité de l’entreprise

• Encourager les parties à négocier

La procédure envisagée doit encouragerles parties à se concerter en amont detoute difficulté financière pour détermi-ner la valeur d’entreprise en dehors detoute procédure coercitive (judiciaire).L’ouverture d’une telle procédure de-vrait pouvoir être demandée par le diri-geant de l’entreprise, sous réserve de nepas constituer une fraude aux droits desdifférents créanciers. Cette incitation nepourra être effective qu’à condition deconstruire une procédure collective dontl’issue ne présentera aucune ambiguïtéou incertitude concernant le sort quisera réservé :

- aux actionnaires (risque d’éviction), et - aux créanciers chirographaires (risquede non-remboursement de la créance).

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• Déterminer la valeur d’entreprise

La procédure envisagée doit permettreà l’issue des négociations des partiesde déterminer la valeur de l’entreprisedéfaillante. La valeur d’entreprise (cor-respondant à la valeur actualisée desflux futurs de trésorerie de l’entreprise,dans l’hypothèse où son activité seraitpoursuivie) pourra alors être comparéeà la valeur de liquidation de l’entreprise(correspondant au produit de la ventede l’entreprise - soit en tant que telle àun repreneur, soit actif par actif - netdes coûts associés à la cession) et àson niveau d’endettement, c’est à direla valeur de ses dettes.

Ces comparaisons permettront dedéterminer si :

- l’entreprise est viable et en bonnesanté financière, (Valeur d’entreprise >Valeur de liquidation)

- l’entreprise est viable mais surendettée,(Valeur des dettes > Valeur d’entre-prise)

- l’entreprise n’est pas viable, (Valeur deliquidation > Valeur d’entreprise)

Sur la base de ces comparaisons, ilsera possible de choisir l’alternative quipermettra de préserver un maximum devaleur :

- la liquidation de l’entreprise non via-ble, ou

- le retournement de l’entreprise viablemais surendettée.

· Etape n°2

Accélérer la liquidation des entreprisesnon viables et le retournement des en-treprises viables via la restructurationde leur bilan (accompagnée de leurdésendettement) ou leur cession à untiers

Cette procédure simplifiée et menéeen-dehors de tout cadre judiciaire doitpermettre :

- d’accélérer la liquidation amiable enamont des difficultés et ce, sansattendre la cessation de paiement oules premiers signes de destruction devaleur provoquée par une détressefinancière ; et

- d’accélérer le retournement des entre-prises viables selon une dynamiqueen trois étapes principales.

• Solliciter des plans de redressement

La procédure envisagée devrait per-mettre de demander la production deplans de réorganisation de l’entreprisedéfaillante, tout d’abord auprès desactionnaires, qui bénéficieraient,comme en droit américain45, d’unepériode d’exclusivité pour présenter unplan. Cette exclusivité serait limitéedans le temps afin de permettre à d’au-tres créanciers (en ce compris lessalariés) de proposer rapidement demeilleures offres par la suite.

• Donner le pouvoir aux créanciers prêts àrenoncer à une partie de leur créance

‰ Identifier des créanciers pivots

En obligeant les auteurs d’un plan deredressement ou de cession à classerles créanciers, selon leur rang de prio-rité (en tenant compte de l’existence deconventions de subordination et del’octroi de sûretés réelles), en troisclasses :

- les créanciers qui seront intégrale-ment remboursés,

- les créanciers pivots qui ne seront pasintégralement remboursés, et

- les créanciers qui ne seront pas dutout remboursés.

‰ Conférer le pouvoir de voter le plan auxcréanciers pivots

Les créanciers “pivots” seront ceux quiauront le plus grand intérêt à maximiserla valeur de l’entreprise (qui conditionnele niveau de leur remboursement). Ilsauront donc les meilleures incitations àmesurer les difficultés et pour cette rai-son, ils doivent ainsi être les seuls àpouvoir approuver ou rejeter les plans.Ces créanciers supporteront en effet lesconséquences de ce choix.

• Confier au juge le seul contrôle de la validitédu plan

Dans la procédure proposée, le juge necontrôlerait que la validité du plan de ré-organisation, en vérifiant que l’accorddes créanciers pivots a été valablementobtenu et en permettant, le cas échéant,d’imposer ce plan aux actionnairescomme aux autres créanciers.

• Dans certaines circonstances, autoriser descessions accélérées des actifs

Dans certains cas, l’ouverture d’une pro-cédure collective peut être particulière-

ment préjudiciable à la survie de l’acti-vité – on dit souvent que la valeur d’en-treprise peut alors fondre comme unglaçon – dans cette situation, sous lecontrôle du juge, il doit être possibled’aboutir à une cession accélérée desactifs viables de l’entreprise afin de pré-server leur valeur.

b. Une procédure à vocation essentiellementliquidative au niveau des Etats membres del’Union européenne permettant le caséchéant le maintien de l’activité pour lespetites entreprises

Les difficultés rencontrées par des en-treprises de petite taille ne sont pasidentiques à celles des grandes entre-prises, souvent viables mais surendet-tées, les solutions applicables àcelles-ci ne sont plus pertinentes pourplusieurs raisons :

• Au sein des petites entreprises, il estillusoire d’espérer, à travers les règlesde la procédure collective, pouvoirencourager les parties à anticiper lesdifficultés le plus en amont possible.Les créanciers ne peuvent pas se per-mettre de contrôler étroitement l’évolutionde la situation de leurs débiteurs. Deplus, les dirigeants sont bien souventprivés des moyens leur permettant deprendre le recul nécessaire au traite-ment en amont des difficultés. Ils aurontune tendance à être naturellement opti-mistes et bien souvent, ils ne réaliserontla gravité de leur situation qu’aumoment de la survenance de la cessa-tion des paiements ;

• Les actifs de l’entreprise ne sont biensouvent pas liquides, de sorte qu’il estinenvisageable de trouver un tiersrepreneur susceptibles de reprendrel’activité. Si le créancier considère quel’activité de l’entreprise est viable etqu’il est donc nécessaire d’éviter sondémantèlement afin d’améliorer sontaux de recouvrement, il doit alorsnécessairement négocier avec le diri-geant/actionnaire et accepter unrééchelonnement de ses créances ; et

• Les petites entreprises ne disposant,compte tenu de leur taille, que de trèsfaibles réserves, la fragilité de leur situa-tion rend encore plus nécessaire unrèglement particulièrement rapide deleurs difficultés. En effet, l’ouverture

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d’une procédure collective pour unedurée de plusieurs mois laisse souventpeu de chances à ces entreprises deconnaître un véritable rebond.

Pour cette raison, les pouvoirs publicsdoivent, non pas essayer coûte quecoûte d’inciter le dirigeant à traiter lesdifficultés en amont (en lui donnant,comme c’est le cas en France, uncontrôle total sur l’issue de la procédurecollective tant qu’il n’y a pas de cessa-tion des paiements, ce qui estextrêmement dommageable pour lescréanciers), mais plutôt s’attacher àréduire le coût de la défaillance en sim-plifiant les règles du traitement de lafaillite. L’objectif est ici de permettre auxpetites sociétés viables de pouvoir réor-ganiser rapidement leur bilan à la suited’un défaut. En dessous des seuils pré-cédemment envisagés, une procédureliquidative accélérée sous le contrôle duprincipal créancier, bénéficiant le plussouvent d’une sûreté sur les actifs deson débiteur, semble en effet être la solu-tion la plus indiquée afin de préserver aumieux la valeur d’entreprise.

La Suède et l’Angleterre ont tous deuxadopté des législations fondées sur unmodèle “liquidatif ” de la faillite à l’aidede deux mécanismes différents, àsavoir respectivement, (i) une mise auxenchères publiques, rapide et transpa-rente de l’entreprise et (ii) par le recoursà un administrative receiver. Ces deuxmécanismes pourraient inspirer lemodèle de procédure liquidative àadopter au niveau des Etats membres.

(i) L’enchère publique du systèmesuédois

Dans le système juridique suédois, lecontrôle de l’entreprise défaillante esttransféré à un trustee, indépendant etdésigné par le tribunal, responsable desa gestion vis-à-vis des créanciers,chargé d’organiser la cession del’entreprise à l’occasion d’une enchèrepublique ouverte. Malgré les avantagesqu’il présente46, ce système est sujet àcertaines critiques qui pourraient fairedouter de son efficacité. Celles-ci seconcentrent en effet sur le fait que lemodèle suédois :

- n’est pas optimal lorsque l’entreprisedéfaillante appartient à un secteurdont l’ensemble des opérateursrencontre des difficultés et ne peut,par conséquent, présenter des offresoptimales ;

- requiert uniquement un paiement ennuméraire (cependant, si l’entreprisen’est pas démantelée pour que lesdifférents actifs la composant soientcédés séparément, les acquéreurspeuvent choisir de structurer leur offred’acquisition autour d’un projet defusion ou de LBO) ;

- met automatiquement fin aux différentscontrats de travail (et crée par consé-quent, ex ante, un risque que lemanagement s’engage dans des pro-jets trop risqués juste avant l’ouverturede la procédure collective47) ; et

- crée un risque de “fire-sale” (c’est-à-dire une enchère au cours de laquelleles actifs de l’entreprise défaillantesont cédés “au rabais”).

Le principal défaut du modèle suédoissemble ainsi être que son succès estconditionné par l’efficacité de sa miseen œuvre par les juridictions commer-ciales. Or, au regard du processusd’élargissement de l’Union européenne,il peut être permis d’émettre certainesréserves quant à l’homogénéité et àl’efficacité de ces dernières au sein desEtats membres de l’Union européenne.

(ii) L’administrative receivership del’ancien système anglais

La procédure à vocation liquidativeenvisagée pourrait s’inspirer dusystème juridique anglais, dans lequelune procédure dite de receivership,permettait à un créancier disposantd’une floating charge ou d’une sûretégrevant l’ensemble du patrimoine dudébiteur, de nommer un receiver, afinque ce dernier recouvre les sommes quilui sont dues, auprès de son débiteurdéfaillant.

Une telle procédure simplifiée doit au-toriser le transfert automatique ducontrôle de la procédure au créancier ti-tulaire d’une telle sûreté, sans qu’il soitnécessaire de faire reconnaître au préa-lable une quelconque valeur d’entreprise.

Un tel résultat pourrait être atteint enreconnaissant leur plein effet aux pactescommissoires. Ceci permettra, si la so-ciété est viable, la cession accélérée deses actifs au tiers le mieux-disant. Ladifficulté de trouver des repreneurs in-téressés par les actifs des petites entre-prises justifie d’autoriser l’ancien diri-geant actionnaire à s’en porteracquéreur, sous certaines conditions etmême de lui faire bénéficier d’un prêtvendeur, ce qui revient à renégocier lestermes du prêt existant. Néanmoins, larestructuration de la dette est suscepti-ble de survenance dans des délais trèsrapides.

Cette procédure a également fait l’objetde nombreuses critiques, compte tenudes risques de fraude en cas decollusion entre le créancier financierprincipal et le dirigeant, au détrimentdes autres créanciers48. Pour pallier cesdifficultés, il est proposé de s’assurerque le parquet dispose des moyensd’exercer un contrôle effectif desrisques de fraude et que la sanctionpour non dépôt de comptes soitaggravée (sur le modèle de ce qui sepratique en Europe du Nord)49.

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C. L’harmonisationeuropéenne dudroit du crédit parle recours à unrèglementcommunautaire

Au regard de la teneur des propositionsqui ont été avancées et de l’urgence deréformer le droit du crédit au niveaueuropéen, il est proposé de procéder àl’harmonisation envisagée par le recoursà un règlement communautaire.

L’insuffisance des outils normatifs noncontraignants

De nombreuses organisations interna-tionales ont mis des instruments de“soft law ”50 à la disposition des Etatssouhaitant moderniser leur droit dessûretés ou leur droit des procédurescollectives. Or ces instruments n’ontpar nature qu’une valeur indicative etnon contraignante, ce qui ne permetprécisément pas d’aboutir à une vérita-ble harmonisation matérielle.

Mode d’harmonisation

L’harmonisation matérielle du droit ducrédit au niveau européen ne contre-viendrait pas au principe de subsidiaritéauquel doit se soumettre l’action del’Union européenne51. De surcroît, cettemise en cohérence semble particulière-ment appropriée au droit des sûretésréelles52. La question qui se pose alorsest de savoir quel serait le processusd’harmonisation le plus apte à atteindrecet objectif :

• La tentative d’une harmonisation ma-térielle du droit du crédit au niveau eu-ropéen grâce à une mise en concurrencenormative entre les différentes législa-tions nationales n’est pas assez rapide.On observe certes une relative conver-

gence des différents droits nationaux dela faillite53, cependant celle-ci ne se ma-térialise dans les différents Etats mem-bres qu’à travers l’adoption delégislations élaborées par strates suc-cessives, complexifiant de manière inu-tile des textes dont l’articulation serévèle délicate. Par ailleurs, il persistedes divergences normatives favorisantle “law and forum shopping ” - certainsEtats membres, comme la France, étantréputés pour leur régime “pro-débiteur”,voire même “pro-actionnaire”54 alorsque d’autres, comme le Royaume-Uni,le sont pour leur législation “pro-créan-ciers” -, fait justement dénoncé par laCommission européenne55.

• La tentative d’une harmonisationmatérielle du droit du crédit au niveaueuropéen par convergence des diffé-rents droits nationaux autour d’unmodèle commun, comme précédem-ment en droit communautaire de laconcurrence56, n’apparaît pas non plussouhaitable. La conjoncture écono-mique actuelle appelle en effet uneréponse cohérente, uniforme et surtout,rapide, du législateur. Attendre de nom-breuses années la transposition dansles droits nationaux de dispositionsd’un modèle européen non contraignantne ferait qu’aggraver la conjoncture éco-nomique actuelle.

• Le recours à une directive euro-péenne, outil de droit de l’Unioneuropéenne qui lie tout Etat membredestinataire quant au résultat à attein-dre, tout en laissant aux instancesnationales la compétence quant à laforme et aux moyens à mettre en œuvrepour atteindre les objectifs fixés dans ladirective57 ne paraît pas satisfaisant. Eneffet, l’harmonisation matérielle du droitdu crédit par le recours à une directiveeuropéenne ne garantirait pas la sécu-rité juridique, la prévisibilité et la rapiditéqui doivent présider à la réforme propo-sée. Si une directive communautairepeut fixer des objectifs de protectiondes droits, les législateurs respectifsdes différents Etats membres doivent

prendre les mesures nécessaires pouradopter, au niveau national, les textesqui permettront de faire respecter cesobjectifs dans l’ordre juridique interne,ce qui peut se révéler être un processustrès long, dépendant de contraintespolitiques locales et conjoncturelles etde la complexité des législations envigueur. Ainsi, tant qu’aucune harmoni-sation matérielle et globale du droit ducrédit ne sera réalisée, l’existence deseuls points de convergence entre lesdifférentes législations nationales en lamatière restera insuffisante.

• Le recours à un règlement européen,outil juridique de portée générale, obli-gatoire dans tous ses éléments etdirectement applicable dans tout Etatmembre58 semble à cet égard le plusefficace pour parvenir à harmoniser ledroit du crédit au niveau de l’Unioneuropéenne.

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L’objectif de supervision unique des établissements bancaires par la Banque Centrale Européenne (premier pilier de l’UnionBancaire) et la réglementation Bâle III ont pour point commun la prise en considération de paramètres d’ordre macro-pru-dentiel et systémique dans l’appréhension du risque de défaillance bancaire59. Dans ce cadre, le système de valorisationdes actifs joue un rôle déterminant, dans la mesure où il est l’indicateur de la solvabilité d’un établissement bancaire.Comme la grande majorité des actifs bancaires représente des créances de remboursement d’une somme d’argent, l’éva-luation du risque de contrepartie revêt une importance cruciale. A ce titre, le droit du crédit applicable, à savoir le droit desprocédures collectives et le droit des sûretés, est essentiel puisqu’il conditionne l’exercice des droits du créancier à l’en-contre de son débiteur en cas de défaillance de ce dernier. Le taux de recouvrement de l’établissement bancaire sur unecréance douteuse dépend de l’efficience du droit du crédit. Or celui-ci varie d’un Etat membre à un autre. Par conséquent,le taux de recouvrement des créances est lui aussi variable. L’harmonisation des exigences prudentielles en matière defonds propres et la valorisation des actifs bancaires selon des critères communs sont donc dépourvues de sens si le droitdu crédit n’est pas également harmonisé à l’échelle de l’Union européenne. Parce que le risque de contrepartie en matièrebancaire doit pouvoir être quantifié selon des paramètres homogènes, le droit des procédures collectives et le droit dessûretés devraient être remaniés en profondeur afin d’aboutir à un droit du crédit véritablement européen. Ceci constitueune étape essentielle vers la restauration de la confiance des investisseurs dans le secteur bancaire européen.

D’autres raisons plaident également en faveur d’une harmonisation des règles en matière de droit du crédit. Il est en effeturgent de rénover le droit du crédit en réaction aux profondes mutations de l’économie et de la finance, qui imposent demodifier radicalement la manière de traiter les défaillances d’entreprises. La concurrence intense que se livrent les placesfinancières et les espaces économiques n’ignore pas le droit du crédit, qui est un paramètre essentiel des décisions d’in-vestissement. Ce serait l’occasion d’élaborer au niveau européen un droit du crédit commun basé sur un droit des sûretéset des procédures collectives rationalisé, qui permettrait tant le financement de notre économie qu’un traitement optimalde la défaillance et tiendrait compte des différentes évolutions du contexte économique actuel.

Par ailleurs, les modèles d’affaires des entreprises de nombreux secteurs de l’économie se sont renouvelés sous la pres-sion de multiples facteurs (évolution des technologies numériques, nouvelles exigences financières...). A défaut de marchépermettant la réallocation optimale de leurs actifs, les fermetures d’entreprises ainsi occasionnées entraînent des des-tructions de valeur. Il est donc important de s’interroger sur la manière d’assurer la meilleure réallocation des actifs dessociétés non viables. Dans cette perspective, le droit des entreprises en difficulté et le droit des sûretés sont des paramè-tres essentiels.

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CONCLUSION

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1 Concernant les mesures de sauvetage en Europe, v. not. :European Central Bank, Legal Working Paper Series, Nr. 8, july2009 ; et aux Etats-Unis : Financial Crisis Inquiry Commission,The Financial Crisis Inquiry Report, january 2011.

2 Ce montant correspond aux provisions passées sur laparticipation que l’Etat détient dans Dexia, diminuée des gainsobtenus au titre de la rémunération des garanties accordées.Cour des Comptes, Rapport public thématique, Dexia : unsinistre coûteux, des risques persistants, juillet 2013, p. 167.

3 Commission Européenne, Communiqué de presse du20.12.2013, Nr. IP/ 13/1301.

4 V. ACHARYA, I. DRECHSLER, P. SCHNABL, Pyrrhic Victory?Bank Bailouts and Sovereign Credit Risk, NBER WorkingPaper, No. 17136, june 2011: “We show that theannouncement of financial sector bailouts was associated withan immediate, unprecedented widening of sovereign CDSspreads and narrowing of bank CDS spreads; however, post-bailouts there emerged a significant co-movement betweenbank CDS and sovereign CDS, even after controlling for banks'equity performance, the latter being consistent with an effectof the quality of sovereign guarantees on bank credit risk.”

5 Conformément aux dispositions de la recommandation dela Commission européenne n°2003/361/CE du 6 mai 2003concernant la définition des micro, petites et moyennesentreprises, les PME sont les entreprises dont l’effectif estinférieur à 250 personnes et dont le chiffre d’affaires annueln’exce�de pas 50 millions d’euros ou dont le total du bilanannuel n’excède pas 43 millions d’euros.

6 La rénovation du cadre financier européen reposenotamment sur le renforcement des règles prudentielles desétablissements bancaires, conformément au paquet “CRD IV”entré en vigueur le 16 juillet 2013 et transposant, sous la formed’un règlement et d’une directive, l’Accord de Bâle III. Enréponse à la crise, ces dispositions visent à (i) renforcer leniveau et la qualité des fonds propres, (ii) limiter l’effet delevier, (iii) améliorer la gestion du risque de liquidité par lacréation de deux ratios de liquidité (l’un à un mois “Liquiditycoverage ratio” et l’autre à un an “Net stable funding ratio”) et(iv) améliorer la gestion du risque de contrepartie.

7 La mesure de la valeur d’une créance de somme d’argent estfonction de l’expression de la valeur actualisée de l’ensembledes flux devant être versés au créancier, portant à la fois surle pourcentage du nominal et le versement des intérêts. Parconséquent, toute dégradation de la solvabilité du débiteurinfluence sa capacité de remboursement et donc la probabilitépour le créancier d’être remboursé en totalité à l’échéance. Lasolvabilité du débiteur est prise en compte dans le calcul de

la valeur de la créance de la manière suivante : le montant totalde la créance ou “montant de l’exposition totale au risque decontrepartie” (Exposure at Default ou EAD) est multiplié parun indicateur de risque exprimé en pourcentage, la “perte encas de défaut” (Loss-Given Default ou LGD). Le résultatcorrespond au montant de la perte estimée, qui est à son tourimputée sur les flux projetés de remboursement du capital etdes intérêts. Plus ce montant est élevé, plus la créance estrisquée, ce qui entraîne une baisse de sa valeur.

8 Dans le cadre du présent article, sauf spécification contraire,le mot “sûreté” sera utilisé exclusivement pour faire référenceaux “sûretés réelles”.

9 S. DAVYDENKO, J.R. FRANKS, Do Bankruptcy CodesMatter? A Study of Defaults in France, Germany, and the U.K.,Journal of Finance, vol. 63, (2008).

10 Ibid. Les auteurs se sont procurés auprès de dix banquescommerciales dans ces trois pays, les données concernantplus de 2 000 PME ayant un chiffre d'affaires inférieur à 75millions d'euros et qui ont fait défaut sur leur dette bancaireentre 1996 et 2003.

11 Recommandation de la Commission européenne, 12 mars2014, C(2014) 1500 final, cons. n°4.

12 P. LEGRAIN, Europe’s Bogus Bankig Union, Leséconomistes de project syndicate, Les Echos, 23 avril 2014.

13 V. not. UNCITRAL, Legislative Guide on SecuredTransactions, 2009 ; UNCITRAL, Legislative guide onInsolvency Law, 2004 ; UNCITRAL, Model Law on Cross-Border Insolvency, 1997 ; The World Bank, Principles andGuidelines for Effective Insolvency and Creditor RightsSystems, 2001 ; International Monetary Fund, Orderly &Effective Insolvency Procedures, Key Issues, 1999 ; EuropeanBank for Reconstruction and Development, Model Law onSecured Transactions, 2004.

14 Ce “règlement uniforme” est un corpus de textes législatifsencadrant tous les acteurs et produits financiers : les banquesn'ont à se conformer qu'à un seul ensemble de règles danstout le marché unique.

15 B. COEURE, Pour la BCE, “la France doit améliorer sacompétitivité”, Entretien, Le Monde, 22 avril 2014.

16 Sur ce point, v. not., S. VERMEILLE, A. BEZERT, Sortir del’impasse grâce à l’analyse économique du droit : Commentrendre à la fois le droit des sûretés réelles et le droit desentreprises en difficulté efficaces ?, RTDF, n°4-2013/n°1-2014,p. 168 ; S. VERMEILLE, A. BEZERT, L’éviction des actionnaires

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NOTES

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en amont de la cessation des paiements : un impératif pourlutter contre l’excès d’endettement, Recueil Dalloz, 12septembre 2013, n°30, p. 2045 ; S. VERMEILLE, R.BOURGUEIL, A. BEZERT, L’affaire Belvédère ou les effetscontre-productifs du droit français des entreprises en difficulté– Plaidoyer pour une réforme ambitieuse, RTDF n°3-2013 ; S.VERMEILLE, T. FRANCOIS, Le “feuilleton Technicolor” : et sirien n’était vraiment réglé ?, JCP éd. E, 4 octobre 2012, n°40,1582, p. 18 ; A. PIETRANCOSTA, S. VERMEILLE, Le droit desprocédures collectives à l’épreuve de l’analyse économiquedu droit. Perspectives d’avenir ?, RTDF n°1-2010, p. 4.

17 G. AFFAKI, De la relation perfectible entre le crédit et lessûretés, in “Repenser le droit des sûretés mobilières”, dir. M.-E. ANCEL, Bibliothèque de l’Institut André TUNC, 2005, p. 9.

18 Sur ce point, v. not. E. BENMELICH, N. BERGMAN,Collateral pricing, NBER Working Paper, n°13874, march 2008.

19 J. ARMOUR, The Law and Economics Debate AboutSecured Lending: Lessons for European Lawmaking ?,European Company and Financial Law Review, 2008, vol. 5,spéc. p. 3.

20 D. LEGEAIS, Sûretés et garanties du crédit, 9ème éd., 2013,p. 12, n°3.

21 E. MACKAAY, S. ROUSSEAU, Analyse économique du droit,Dalloz, 2ème éd., 2008, p. 503.

22 S. VERMEILLE, A. BEZERT, Sortir de l’impasse grâce àl’analyse économique du droit : Comment rendre à la fois ledroit des sûretés réelles et le droit des entreprises en difficultéefficaces ?, RTDF, n°4-2013/n°1-2014, pp. 168-176.

23 Classiquement, les juristes considèrent que les créancierstitulaires de sûretés ont des droits réels dits “de garantie” ou“accessoires” par opposition aux droits réels dits “principaux”que sont les droits liés au démembrement du droit depropriété, à savoir l’usus (le droit d’user de la chose), le fructus(le droit de jouir des fruits et produits de la chose) et l’abusus(le droit de disposer de la chose – tant juridiquement quematériellement). Les droits réels “accessoires” constituent unecatégorie particulière car ces droits ne procèdent pas d’unvéritable démembrement de la propriété du bien, l’actif grevéétant simplement affecté à la garantie d’une créance, d’où leterme “accessoire”. Voir sur ce point, M. CABRILLAC, C.MOULY, S. CABRILLAC, P. PETEL, Droit des sûretés, Litec,9ème éd., 2010, p. 415, n° 568 ; F. TERRE, P. SIMLER, Lesbiens, Dalloz, 8ème éd., 2010, p. 62, n° 51.

24 J. ARMOUR, The Law and Economics Debate AboutSecured Lending: Lessons for European Lawmaking?,European Company and Financial Law Review, 2008, vol. 5,pp. 12-30.

25 Contrairement à d’autres pays, leur nombre est limité enFrance.

26 Sur ces points, v. not., B. CHOPARD, “Ex post” vs “ex ante” :Le cas de l’économie du droit de la faillite, Rev. éco. fin., n°80,2005 ; OSEO, Une analyse comparative des procédures defaillite : France, Allemagne, Etats-Unis, Regards sur les PME,n°16.

27 Autrement dit, lorsque la société est insolvable, il est trèsimportant d’autoriser le transfert du contrôle du destin de lasociété, avant un défaut de paiement, aux créanciers dont lesintérêts sont les plus alignés à ceux de l’entreprise. Les“créanciers pivots” sont les créanciers qui ne peuvent plusprétendre au remboursement complet de leurs créances, mais

qui n’ont pas encore tout perdu, compte tenu de la valeurd’entreprise de la société. Ils devraient pouvoir être identifiésconformément au rang de priorité applicable dans l’hypothèsed’une dissolution volontaire de la société.

28 B. MARAIS (du), Les limites méthodologiques des rapportsDoing Business, document de travail “Attractivité Economiquedu Droit”, n°2006-1, 20 juillet 2006 ; M. SAFAVIAN, S.SHARMA, When Do Creditor Rights Work?, World Bank PolicyResearch, Working Paper n°4296, 2007, pp. 15-17. Lesauteurs de cet article ont étudié de manière empirique l’impactdes réformes affectant les droits des créanciers dans 27 payseuropéens, entre 2002 et 2005. Ils ont constaté qu’enl’absence d’application effective des textes, une réformen’avait que peu d’effet sur l’accès des entreprises au créditbancaire. V. également, K. PISTOR, M. RAISER, S. GELFER,Law and finance in transition economies, in “Economics oftransition”, vol. 8 (2), pp. 325-368 (2000), qui constatent quel’efficacité des institutions juridiques a un impact bien plusimportant sur les financements externes que ce que peut avoirune réforme améliorant le sort des créanciers.

29 S. VERMEILLE, S. BARDASI, La réforme des tribunaux decommerce : un autre regard – Dans quelle mesure le droit desentreprises en difficulté nuit-il au fonctionnement destribunaux de commerce ?, RTDF n°2-2014, pp. 46-53.

30 Ibid.

31 En permettant de procéder à une revue efficace des bilansbancaires, d’obtenir une fixation homogène du prix des actifsbancaires et d’augmenter la liquidité du marché, tout ensoutenant l’effort de réduction du levier des bilans bancaires.

32 Nous écartons volontairement du champ d’étude du présentarticle le débat relatif aux différents fondements juridiquespermettant d’envisager la réforme proposée.

33 Dans un souci de clarté, nous écarterons également demanière volontaire les questions relatives à la mise en œuvredes propositions avancées, et notamment celles relatives (i)aux juridictions compétentes pour procéder à l’application durégime européen proposé – étant rappelé qu’uneconcentration des contentieux devant un nombre réduit dejuridictions ou, à tout le moins, une spécialisation desjuridictions ayant à connaître des faillites d’entreprises, noussemble être le préalable indispensable à l’émergence d’unejurisprudence relative à l’application du régime européenproposé et que la cohérence d’une telle jurisprudence estindispensable à la sécurité juridique des différents opérateurséconomiques et au retour des investissements dans lesentreprises (particulièrement les PME) de la zone euro – et (ii)à l’éventuelle modification du statut des mandataires dejustice que pourrait impliquer une telle modification descompétences juridictionnelle au sein de l’Union européenne.

34 J.-L. VALLENS, Vers un droit matériel européen en matière defaillite ?, Les Petites Affiches, 12 décembre 2003, n°248, p. 47.

35 Sur cette question, v. not. : J. ARMOUR, Should WeRedistribute in Insolvency?, Centre for Business Research,University Of Cambridge, Working Paper n°319, march 2006 ;J. M. GARRIDO, The Distributional Question in Insolvency :Comparative Aspects, International Insolvency Review, vol. 4(1995) ; E. Warren, Bankruptcy Policy, 54 University ChicagoLaw Review 775-814 (1987) ; D. BAIRD, Loss distribution,forum shopping, and bankruptcy : a reply to Warren, 75University of Chicago Law Review 81534 (1987).36 V. not. pour le droit français, D. LEGEAIS, La réforme dudroit des garanties ou l’art de mal légiférer, Mélanges Ph.SIMLER, Dalloz-Litec, 2006, p. 367 et s.

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37 Y. EMERICH, La nature juridique des sûretés réelles en droitcivil et en common law : une question de tradition juridique,Revue Juridique Thémis, 2010, vol. 44, p. 95.

38 O. GOUT, Quel droit commun pour les sûretés réelles ?, RTDCiv. 2013, p. 255. L’auteur a ainsi pu référencer que le droit français ne proposait pas moins de 61 garanties“mobilisables” différentes.

39 Pour une description du “security interest” institué parl’article 9 U.C.C., v. not., D. LEGEAIS, Sûretés et garanties ducrédit, 9ème éd., 2013, p. 298, n°406 et s., H. C. SIGMAN,The Security Interest in the United States : A UnitaryFunctional Solution, in “Repenser le droit des sûretésmobilières”, dir. M.-E. ANCEL, Bibliothèque de l’Institut AndréTUNC, 2005, p. 9 ; A. A. LEVASSEUR, L’article 9 du UniformCommercial Code – Vers une systématisation du droit dessûretés, in “Aspects actuels du droit des affaires – Mélangesen l’honneur d’Yves GUYON”, Dalloz, 2003, p. 697.

40 D. LEGEAIS, Sûretés et garanties du crédit, 9ème éd., 2013,p. 300, n°412.

41 Pour le cas français, v. not. les pistes de réforme proposéespar le Conseil d’Analyse Economique français : G. PLANTIN,D. THESMAR, J. TIROLE, Les enjeux économiques du droitdes faillites, note du CAE n°7, juin 2013.

42 Au regard des développements précédents, il s’avère peuopportun d’envisager la création d’une procédure européenneà vocation “liquidative”. V. en ce sens, P. ROUSSEL GALLE,Deux idées utopiques (?) de révision du règlement européenpour 2012… ou 2022…, JCP éd. E, n°38, 20 septembre 2012,1546, point 7.

43 Recommandation de la Commission européenne n°2003/361/CE du 6 mai 2003 concernant la définition desmicro, petites et moyennes entreprises.

44 Sur les critiques adressées à l’encontre du Chapter 11, v.not., E. WARREN, J. L. WESTBROOK, The Success ofChapter 11 : A Challenge to the Critics, Michigan Law Review,vol. 107, p. 603, february 2009 ; B. E. ADLER, V. CAPKUN, L.A. WEISS, Destruction of Value in the New Era of Chapter 11,NYU Working Paper, n°CLB-06-032, october 2006 ; S.STANKIEWICZ MURPHY, L’influence du droit américain de lafaillite en droit français des entreprises en difficulté – Vers unrapprochement des droits ?, Thèse Strasbourg, 2011.

45 11 U.S. Code § 1121.

46 K. S. THORBURN, Bankruptcy auctions: costs, debtrecovery, and firm survival, Journal of Financial Economics, 58(2000) 337-368 ; B. ESPEN ECKBO, K. S. THORBURN,Economic Effects of Auction Bankruptcy, Tuck School ofBusiness, Working Paper, n°2009-63, april 16, 2009.

47 Il est peut cependant être noté que ce risque tend à êtresurestimé, compte tenu du fait qu’il est de l’intérêt du topmanagement de ne pas s’engager dans de tels projets, afinque l’entreprise puisse être cédée en tant qu’entité et non pasdémantelée et de conserver ainsi une chance de pouvoir êtreréengagés par les acquéreurs.

48 V. not., J. ARMOUR, A. HSU, A. WALTERS, The Costs andBenefits of Secured Creditor Control in Bankruptcy : Evidencefrom the UK, 1st Annual Conference on Empirical LegalStudies, University of Cambridge Centre for BusinessResearch Working Paper, n°332 (march 1, 2009) ; AndrePAOLO, Secured Creditor Control in Bankruptcy : Costs andConflict, (september 13, 2012), disponible sur SSRN :http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2084881.

49 V. not. S. REGNARD, P. BEDER, O. DENFER, Le dépôt descomptes annuels des entreprises à travers le monde :obligations et modalités, Greffe du tribunal de commerce deParis, mai 2005 ; Greffe du tribunal de commerce de Paris, Leguide des formalités aux registres du commerce de 36 pays àtravers le monde, novembre 2004.

50 V. not. UNCITRAL, Legislative Guide on SecuredTransactions, 2009 ; UNCITRAL, Legislative guide onInsolvency Law, 2004 ; UNCITRAL, Model Law on Cross-Border Insolvency, 1997 ; The World Bank, Principles andGuidelines for Effective Insolvency and Creditor RightsSystems, 2001 ; International Monetary Fund, Orderly &Effective Insolvency Procedures, Key Issues, 1999 ; EuropeanBank for Reconstruction and Development, Model Law onSecured Transactions, 2004.

51 Articles 5.1 et 5.3. du Traité sur l’Union européenne (versionconsolidée), JOUE C83/13, 30 mars 2010 et son protocole n°2sur l’application des principes de subsidiarité et deproportionnalité, JOUE C83/206, 30 mars 2013.

52 M. BUSSANI, Le droit comparé des sûretés réelles etl’intégration juridique – Rapport conclusif, Droit et Patrimoine,2001, 94.

53 J.-L. VALLENS, L'harmonisation : voie et degré deconvergence entre les droits nationaux, européens etinternationaux - L'européanisation et l'internationalisation dudroit de l'insolvabilité, Les Petites Affiches, 19 octobre 2006,n°209, p. 31 ; M. MENJUCQ, P. EHRET, R. DAMMANN, D.MARKS, J.-L. VALLENS, La compétitivité des principaux droitsde l'insolvabilité européens : étude comparée des droitsfrançais, allemand et britannique, Revue des procédurescollectives, n° 5, septembre 2012, entretien 2.

54 Ainsi que pour les avantages de son système social, sur cepoint v. not. L.-C. HENRY, La réforme oubliée, la protectiondes salariés face à l’insolvabilité de l’employeur, RecueilDalloz, 2013, p. 2410.

55 Proposition de Règlement du Parlement européen et duConseil modifiant le règlement 1346/2000 du Conseil relatifaux procédures d’insolvabilité, COM(2012) 744, Strasbourg le12 décembre 2012.

56 V. sur ce point la transposition dans les différents régimesnationaux de règles substantiellement équivalentes auxcontenus des articles 101 et 102 du TFUE.

57 Article 288 alinéa 3 de la version consolidée du Traité sur leFonctionnement de l’Union européenne, publiée au JOUE C83/172, le 30 mars 2010.

58 Article 288 alinéa 2 de la version consolidée du Traité sur leFonctionnement de l’Union européenne, publiée au JOUE C83/172, le 30 mars 2010.

59 V. not. T. TRESSEL, T. VERDIER, Optimal PrudentialRegulation of Banks and the Political Economy of Supervision,IMF Working Paper : https://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2014/wp1490.pdf

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SUMMARY

The lack of harmonisation in the credit laws which exist throughout the European Union, that is to say, the lawswhich apply to insolvency proceedings and security, undermines the effectiveness of the measures whichhave been put in place across Europe to prevent further banking crises and damages the credibility of bank

balance sheet reviews. Moreover, in addition to the discrepancies which are noted in the laws of different MemberStates, the application by such Member States of ineffective credit laws makes it difficult to evaluate the loss a bankwill suffer in the event of the default of their counterparty. This situation does not allow Member States to adjustsatisfactorily the rules on capital requirements to the real counterparty risks to which banks are exposed.

There is an urgent need therefore to require Member States to adopt a uniform body of rules which are as effectiveas possible. Such a harmonisation of the underlying values employed in the calculation of credit risk applicable tofinancial institutions will, in our opinion, determine the success of the Banking Union, and represents a newchallenge for the European Union.

• A harmonisation at a European level of the law of security interests based on a functional approach, which wouldsimplify to the greatest extent possible the rules governing the creation and perfection of security;

• For large companies, a harmonisation across the European Union of the rules which apply upon insolvency; and

•For smaller companies, Member States remain free to apply national law in the event of insolvency, with suchcases being dealt with at the level of each Member State.

Disclaimer The views expressed in this article are those of the authors and do not necessarily represent those of their clients, employers orother organisations to which they may be otherwise affiliated. They do not necessarily reflect those of the Institut Louis Bachelier.

The authors are grateful to Jacques Delpla and Mathieu Kohmann, both of whom are members of Droit & Croissance,for their valuable contributions to the technical aspects of the article. The authors are also grateful to FadmaBouharchich and Florian Hugon for their review of a previous version of the article. This work benefited from thesupport of the Louis Bachelier laboratory and the Chair “Markets in Transition”.

A european credit law of non-financial institutions for the benefit of the banking union

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Have we done everything possible tosolve the problems caused by thefinancial crisis? This question comes uprepeatedly in public debate at a timewhen Europe is preparing to implementits Banking Union.

The financial crisis has shown us howextremely difficult it is for Europe toreact to a systemic shock. The insol-vencies of large transnational bankssuch as Lehman Brothers and BearStearns have forced Member States tointervene in markets and recapitalisemost European and American banksand certain financial institutions, inclu-ding Freddie Mac, Fannie Mae and AIGin the United States1. In fact, repeatedbank bailouts increased public debt inthe short term and are likely to increasefurther the public deficit in the mediumto long term. In some cases, the recapi-talisation measures have resulted inheavy losses for sovereign states. Tolook at an example in Europe, the bai-lout of Dexia has translated into a costto the French State which is currentlyvalued at € 6.6 billion2. Where the finan-cing of restructuring costs in respect ofestablishments being recapitalised bysovereign states are ongoing, suchstates face the risk of having to incuradditional accounting losses. They mayin addition be made answerable forstate guarantees, both tacit and expli-cit, granted to secure the obligations ofbanks and financial institutions. Itshould be noted that between October2008 and 31 December 2012, Europeancountries have mobilised € 591.9 billionof public funds, or 4.6% of GDP in theEuropean Union in 2012, to supporttheir banks. These amounts were enti-rely borrowed on the capital markets3.

The Greek and Cypriot crises served asbrutal reminders for public authorities ofthe dangerous vicious circle that ariseswhen states in difficulty take on debt inorder to aid their fragile banks, which infact increases their vulnerability. Theincreased default risk of sovereignstates effectively weakens the strengthof the guarantee that they implicitlygrant in respect of all banking institu-tions in their territory in their capacity as‘lender of last resort’. This then forces

the banks holding sovereign debt ontheir balance sheet to make heavy pro-visions, which further enfeebles theirfinancial situation. The correlation whichcan be observed between changes inthe rate of credit default swaps onsovereign debt and bank debt clearlyillustrates this phenomenon: the increa-sed risk of state failure has the effect ofincreasing the risk of bank failure4. Forbanks, this leads to a higher cost of refi-nancing on the financial markets,mechanically causing a rise in the costof credit which is especially damagingfor SMEs5.

To clean up and consolidate the Euro-pean financial framework and separatethe fate of banks from that of sovereignstates, the European authorities haveundertaken to improve simultaneouslyprudential regulation, banking supervi-sion and the mechanisms used to dealwith failing banks6. These measures,adopted at a European level, couldhowever produce more limited effectsthan expected, despite their faithfulimplementation or their direct applica-tion (as appropriate) by each MemberState. Indeed, the effectiveness ofthese measures introduced to deal withthe crisis relies heavily on the legal fra-mework in each Member State.Therefore, poor consistency betweenEuropean legislation and national legis-lation of a Member State is likely tohinder the attainment of the objectivespursued by the European regulator, whohas a tendency to underestimate a lackof cohesion between the two. The follo-wing illustrates such a lack of cohesion:credit law, which includes insolvencylaw and the law of security interestsvaries widely from one Member State toanother, and these variations are likelyto undermine the effectiveness of thenew European banking regulations. Untilnow, European authorities, anxious toadvance European integration, did notwish to embank upon the full-scale har-monisation of the foundations oflegislation which were already unified.However, since the entry into force ofDirective 2013/36/EU ‘Capital Require-ments Directive IV’ (or ‘CRD IV’) and the‘CRR’ Regulation, financial institutionsare subject to capital ratios which are

calculated according to ‘quantifiable,uniform and standardised’ elements,particularly relating to credit risk; as weshall see, because they do not take intoaccount the specifics of the applicablecredit law in a given jurisdiction, suchratios do not allow the risks they arespecifically intended to cover to beaccurately understood. EU legislationcannot continue to ignore the overlapbetween European law and national lawin this matter: the overhaul of the fra-mework of the banking and financesectors, which came in response to thefinancial and banking crisis, imposesstricter capital requirements that mustbe adapted to the estimated risk; in ourview, in order for this assessment to beaccurate, the applicable credit lawsneed to be harmonised.

The disparities between the various cre-dit laws in the Member States areeffectively distorting the assessment ofthe credit risk to which European banksare subject. Where the majority of abank’s assets are made up of receiva-bles due from debtors, the calculationof counterparty risk or the probability ofdefault is crucial. Its value depends onthe solvency of the debtor7, the evalua-tion of which is calculated according to:

(i) The order of payment of creditors/shareholders, that is to say, thepriority contractually agreed by them(for example, by signing subordinationagreements); and

(ii) The effectiveness of the security gran-ted, that is to say, the ability of thebank to realise its security8 given inrespect of its debt or, failing that, whenthe law prevents the bank from reali-sing its security upon the opening ofinsolvency proceedings against thedebtor, a respect for the priority rank ofthe secured creditor in the order ofpayment of creditors. Respect for suchpriority ranking depends on both thelaw applicable to insolvency procee-dings and on the procedural rulesthat determine, for example, the timeneeded for the adoption of the re-structuring plan required to protectthe rights of the all secured creditorsvis-à-vis other creditors.

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To summarise, the measuring of the riskassociated with the loss suffered in theevent of the default of a counterparty ofa financial institution requires us to takeinto consideration certain criteria rela-ting to the law of security interests andthe rules which apply in the event of abusiness’s default. As the MemberStates have so far refused to harmonisetheir legislation on the subject, theserules vary depending on the law of eachcountry. The literature which alreadyexists in respect of comparative inter-national law allows us to highlight thedifferences in the legal treatment of thetwo factors mentioned above and theirconsequences. Although there are fewreliable studies on the subject, it shouldbe noted that a recent study comparedthe impact of insolvency law9 on therate of recovery, the choice between aformal or an informal restructuring pro-cess and the characteristics of bankloans on an international sample of Ger-man, English and French businesses10.The results of this study demonstrate alarge difference between the recoveryrate of the English banks (92%) and theFrench banks (56%).

As noted by the European Commission,the variation in creditor rates of reco-very according to the Member Statewhich is required to deal with thedefaulting business makes ‘the evalua-tion of the risks associated withinvestment in another Member Statecostly and uncertain’ and creates ‘une-qual conditions for access to credit’11.Aside from the many criticisms alreadymade about the Banking Union12, itshould be noted that the absence ofharmonisation of the laws in respect ofinsolvency proceedings and securityundermines the effectiveness of Euro-pean-wide measures which aim toprevent further banking crises. Moreo-ver, further to the discrepancies betweenthe different Member States, we will seethat the application by them of ineffec-tive credit laws makes it difficult toassess the potential loss a bank will suf-fer in the event of a counterparty default.

The question which arises is thefollowing: how can the activity ofbanks be effectively regulated at aEuropean level if the relevance of theassessment of counterparty riskdepends entirely on the adoption byMember States of a uniform andeffective credit law?

From November 2014, the EuropeanCentral Bank (or ‘ECB’) will ensure thecoherence and continuity of theapplication of the ‘single rulebook’14 inthe eurozone. Prior to taking on this role, itis currently conducting a comprehensivereview of the balance sheets of Europeanbanks (supervisory assessment, assetquality review, stress test). In particular,the asset quality review aims toaccurately assess the risks such assetsincur. According to Benoît Coeuré, ‘thereview of bank balance sheets whichthe ECB is currently carrying out iscrucial. If it is perceived as beingsufficiently strict and objective, it willallow confidence in the sector to be re-established’15. In order to improve theeffectiveness of the capital requirementrules and contribute to the credibility ofthe bank balance sheet review, it istherefore vital to require Member Statesto adopt a body of uniform rules whichare as effective as possible. Suchharmonisation of the underlying valuesin the calculating the credit risk whichapplies to banks will, in our opinion,determine the success of the BankingUnion and represents a new challengefor the European Union.

The success of the Banking Union de-pends upon the credit law being effec-tive (Part. I.); a number of proposals forthe harmonisation of the credit law at aEuropean level will be advanced to en-sure the success of this project (Part. II.).

Having considered the existing research,both empirical and academic13, we advo-cate the following:

• A harmonisation at a European le-vel of the law of security interestsbased on a functional approach,which would simplify to the grea-test extent possible the rules go-verning the creation and perfec-tion of security;

• For large companies, a harmoni-sation across the European Unionof the rules which apply upon in-solvency; and

• For smaller companies, MemberStates remain free to apply natio-nal law in the event of insolvency,with such cases being dealt with atthe level of each Member State.

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The capital ratio of a bank is expressedas a percentage of its total risk expo-sure to such institution, which includes,among others things, a weighted expo-sure amount in respect of credit risk.This amount is calculated either inaccordance with a standard approachfollowing the method of calculation setout in the regulation, or according to theinternal risk rating policies of the bankexposed to such risk.

In the first case, risk weightings are ap-plied to each exposure, which are clas-sified according to the quality of thedebtor within each category. Exposuresto companies are calculated using acredit assessment which assigns a qua-lity level (for example, 20% risk weigh-ting for level 1). In the second case, theinstitution uses a calculation of its own,for which it must seek authorisation.

The weighted credit risk exposureamounts are calculated using to the fol-lowing parameters: PD (Probability of De-fault), LGD (Loss Given Default), EAD (Ex-posure At Default) and M (Maturity). In thiscontext, the amount of estimated lossesare calculated as follows: (EL) = PD *LGD. If the institution is not authorised touse its own loss estimations in the eventof default (LGD) in accordance with Ar-ticle 143 of the CRR regulation, it mustuse the values provided for in Article 161of that regulation for debts in respect ofcompanies (for example, 45% for seniordebt; 75% for junior debt).

These percentages are set arbitrarilyand do not take into account the ruleswhich will apply to the company in theevent of default which may, with varyinglevels of effectiveness, ensure thatsenior creditors will not have to bear thelosses of the company and junior credi-tors will retain rights in respect of thecompany.

By way of illustration, violations in theorder of the absorption of the losses arevery common among creditors and sha-reholders when applying French insol-vency law16, whereas they are muchless common upon the bringing of in-solvency proceedings in the UnitedKingdom. In certain situations, the se-nior creditors of French companies canfind themselves having to absorb of thedebts of the company pari passu withthe junior creditors, despite subordina-tion agreements to the contrary.

When the debt is guaranteed with secu-rity, reducing the credit risk, theestimated loss amount can be loweredprovided that the security meets the eli-gibility requirements imposed by law.The bank holding the debt is then entit-led to reduce its capital. For this reason,only a percentage of the loss in theevent of counterparty default is retainedfor the purpose of calculating the capi-tal ratio. Percentages are calculatedaccording to the rank and nature of thesecurity (for example, for junior rankingsecurity over commercial real estate theLGD must be at least 65%). These per-centages are fixed no matter which

credit law applies in the jurisdiction inquestion and do not reflect the ability ofsecurity holders to enforce their priorityright vis-à-vis other creditors.

The use of obligatory fixed percentagesrequired in calculating the LGD for capi-tal requirements leads to a disparitybetween, on the one hand, the bankbalance sheet assets, whose value isindexed according to the real counter-party risk, resulting in a variable marketprice depending on the creditworthi-ness of the debtor and, on the otherhand, the liabilities of the bank balancesheet, for which the value of capitalrequirements depends on fixed calcula-tion terms. This results in a disparitybetween the real asset risk and the riskcovered by the projected liabilities. Theresult is a reduction in the efficiency inthe capital requirement rules, as theamount of capital will not be sufficientto absorb losses related to a downgra-ding in the value of bank assets.

Even if a bank is permitted to use itsown estimates rather than theprovisions of the regulations, it may stillbe penalised by a legal frameworkwhich is unlikely to respect its rights, theeffects of which are unpredictable,making it difficult to assess the risk ofloss in the event of a default.

Further to the above

Methods for calculating the capital ratio according to European rules and an overview of therisks associated with a disparity between the actual exposure of a bank to credit risk and thepredicted exposure for the purpose of calculating its capital ratio requiremen.

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A. The effectivenessof the credit lawas determined bythe effectivenessof the law ofsecurity interests

1. The advantages anddisadvantages of granting security

The granting of security over assetsdoes give certain advantages.

For the debtor

It has been shown that, if all other para-meters are equal, the granting of secu-rity to the lender reduces the cost of cre-dit18, which represents an undeniable ad-vantage for the debtor but also aconstraint when it is in good financialhealth19, as the creditor may have aright of control in respect of the encum-bered assets. However, in the event of theliquidation of the debtor, it will not mat-ter to the debtor whether the security it

has granted benefits privileged creditorsor unsecured creditors.

For secured creditorsIn a credit relationship, lenders need toprotect themselves against a number ofrisks, mainly (i) the illiquidity risk asso-ciated with the debt in the event of adelay by the debtor in performing itsobligation and (ii) the risk of insolvencyof the debtor. Given the unenviableposition of an unsecured creditor facingthese two risks20, lenders often requirethat certain guarantees be granted intheir favour when their debtor is in a fra-gile financial situation. Such guaranteesonly offer protection21 if they remainenforceable notwithstanding the ope-ning of insolvency proceedings againstthe debtor22. Indeed, when the debtordefaults, the security allows the creditorto avoid having to compete with theunsecured creditors of the debtor,thanks to its preferential right under itssecurity (droit réel accessoire)23 which itholds in respect of the encumberedasset. In order to be effective, it mustcontinue to be enforceable even in theevent of the opening of insolvency pro-ceedings.

For unsecured creditors

The granting of security is likely to affectthe rights of unsecured creditors, asencumbered assets will no longer formpart of the pool of assets available tocreditors upon an insolvency. This isespecially disadvantageous for credi-tors existing prior to the granting ofsecurity, whereby the debtor’s assetswhich had previously formed part of thedebtor’s unencumbered pool of assets,are subsequently charged to secure anew debt. However, in circumstanceswhere the encumbered assets areacquired by the borrower with the newfunding, the risk of a transfer of wealthto the detriment of existing creditors isavoided.

2. Conditions for theeffectiveness of security

The legislature and the law of securityinterests

Given that the granting of securityallows the borrower to reduce the costof borrowing, the credit law should (i)allow flexible conditions for the creationof security and (ii) ensure that the prefe-rential rights of secured creditors which

Part. I The effectiveness of the credit law: a condition of the banking union

‘The economy needs credit, credit needs security and security needs a legal regime that ensures its effectiveness in the eventof the insolvency of the borrower.’17 This statement, widely heard and accepted, invites us to return to the role of the lawof security interests, insolvency law and the factors which determine their effectiveness.

Research on the general effectiveness of the law, by which we mean the conditions required from a legal framework to allowthe use value of assets to be maximised, is important in order to improve the cohesion between the capital requirementrules and the credit law. In this respect, better coordination of the various areas of the law would make it easier to predictthe consequences associated with the default of a bank’s counterparty. Such coordination would make it possible toaccurately predict the loss which the bank could suffer as a result of the default of its counterparty, so that the quantum ofthe potential loss can be used as a parameter in determining the amount of its capital requirements. However, as we shallsee, the law of security interests and insolvency law can only be effective if the outcome of the insolvency process inrespect of such defaulting counterparty is predictable. Better correlation between the capital requirements regulation andthe actual credit risk to which banks are exposed assumes that the credit law is effective. This is unfortunately not the casein most Member States. It is therefore important to understand which factors determine the effectiveness of the law ofsecurity interests (A.) and insolvency law (B.) in order to make proposals for reform.

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arise from such security in the event ofthe debtor’s default be respected.

To achieve such a result, the legislaturehas four means of intervention24 :

• the nature of the assets or rightswhich may be subject to a securityinterest25;

• the methods of making security inte-rests public and enforceable againstthird parties;

• the methods for enforcing such secu-rity; and

• lthe scope of the priority rights overthe encumbered assets of creditorswho are competing against other cre-ditors of the same debtor upon theopening of insolvency proceedings.

The existence of a disparity betweenthe respective laws of Member Statesregarding the nature of the assets orrights that may form the subject of asecurity interest and the measuresrequired to make such security publicand enforceable against third partiesundermines the effectiveness of thecapital requirement regulations. Indeed,it is far more difficult in these conditionsto make the counterparty risk conformwith the rules on capital requirement.This is even more difficult in someMember States, such as France, wherethe methods of enforcing security or theextent of the priority rights of securedcreditors are varied according to thenature of the encumbered assets (bydistinguishing, for example, accordingto the tangible or intangible nature ofthe asset in question). For this reason,as we shall see, a reform of securitieslaw is a prerequisite for the harmonisa-tion of insolvency law at a Europeanlevel.

Moreover, even if the Member Statesare able to agree on the nature of theproperty or rights which may form thesubject of a security interest and on thepublicity measures to be taken, the exis-tence of significant differences betweenthe Member States in the methods ofenforcement by creditors of their secu-rity and their priority right over the othercreditors with whom they may come intocompetition in the course of insolvencyproceedings is also an obstacle to the

effectiveness of the capital requirementregulation. In other words, as the effec-tiveness of security law varies fromMember State to Member State, it ismuch more difficult to make the capitalrequirement regulation conform with thecounterparty risk. In this regard, the ef-fectiveness of the law of security inte-rests depends mainly on how the legis-lature deals with these two parameters.

Respect for the rights of secured creditors

In order to be effective, the law of secu-rity interests must ensure that the rightsof secured creditors be respected. Ifsuch rights are not respected, creditors(predominantly banks) may be temptedto lend less readily, which would havethe effect of forcing companies to useother, more expensive sources of finan-cing, such as leasing or factoring.

The safest way to ensure that the rightsof secured creditors are respectedwould involve allowing them to enforcetheir security upon the default of a deb-tor. Creditors could then expect to berepaid from the proceeds of the sale ofassets before their value decreases asa result of, for example, the opening ofinsolvency proceedings. When conside-ring how best to harmonise the capitalrequirement rules with the credit law,enabling banks to enforce their securityon all occasions does appear to beattractive. Evaluating the loss whichwould be suffered in the event of adefault would be relatively simple ifbanks can rely on the fact that, whenthey need it, they can expect the rapidcooperation from the courts in enfor-cing their rights.

However, this situation cannot be advo-cated when such enforcement ofsecurity can lead to an unnecessarydestruction of value for the debtor.Such is the case when the enforcementof security over the assets of a viable,but over-indebted business leads to itlosing its assets and therefore having tocease its business activity. Allowing cre-ditors to enforce their security appearseven more inappropriate given that,under certain conditions, insolvency lawcan offer a similar level of protectionwithout requiring them to enforce their

security. It is immaterial whether thesecurity is ultimately realised, if it givesits holder a priority right ahead of othercreditors, guaranteeing that they willlose their right to claim an interest in thedebtor’s assets before a creditor bene-fiting from security in respect of thegiven asset. As we shall see later, pro-vided that insolvency law is effective, itis possible to reconcile the objective ofavoiding unnecessary destruction ofvalue with the creditor’s need to be ableaccurately to pre-estimate its loss in theevent of a counterparty default. If thesegoals are achieved, the capital require-ment rules will be more adapted to theactual credit risk borne by banks.

Therefore, respect of the rights of secu-red creditors upon the opening ofinsolvency proceedings against a deb-tor is principally based on twoprinciples:

• the principle of ‘no creditor worse off’,whereby secured creditors must not betreated less favourably during a rescueprocedure (procédure de sauvetage)than if they had been able to enforcetheir security. In this way, a rescue pro-cedure for a debtor which involves astay of proceedings is justified only if itallows more value to be preserved thana legal liquidation procedure (liquidationjudiciaire), which would lead to a ceaseon all business activity; and by exten-sion,

• a respect for an order of priority whichdictates that shareholders and unsecu-red creditors are to absorb the losses ofthe insolvent company prior to securedcreditors. From this point of view, thesecured creditor should not be affectedby the effects of the insolvency procee-dings (for example, via a reprioritising ofdebts at a fixed interest rate), while sha-reholders and unsecured creditorsretain rights in the company (providedthat the value of the security is greaterthan the amount of the debt it secures).

A respect for the above principles willrender the law of security interestseffective. However, this can only beachieved if insolvency law is equallyeffective.

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B. The effectivenessof the credit lawas determined bythe law of insolvencyproceedings

Academic studies analysing the lawfrom an economic viewpoint have iden-tified two main objectives of insolvencylaw: (i) facilitating access to credit (so-called ‘ex ante’ effectiveness) and (ii)maximising the use value of the assetsof the defaulting debtor by transferringcontrol of the business to the party forwhom it has the greatest value (so-cal-led ‘ex post’ effectiveness)26.

Ex ante effectiveness in the law if insolvency

Insolvency law will be ex ante effectiveif, along with the law of security inte-rests, it encourages creditors to makeoptimal investment decisions. The exante effectiveness of insolvency law istherefore based on the same criteriathat determine the effectiveness of thelaw of security interests which werementioned above.

Ex post effectiveness in the law if insolvency

Insolvency proceedings will be ex posteffective if they transfer the control ofthe business to those who have thegreatest incentives to maximise the usevalue of the company’s assets. In otherwords, the exclusive right to decide thefate of the company should return toso-called ‘key’ creditors27, that is to sayto those creditors who will only be par-tially repaid in accordance with theproposals made in the insolvency plan(this is the class of creditors holding theso-called ‘fulcrum security’ – the portionof debt whose value will be significantlylower). If the control of the company istransferred to the person who is mostwilling to pay the best price for it, orrather, the person who can pay to allthird parties with rights over the assetsof the company the largest compensa-tion in respect of their rights (regardlessof whether or not such compensation is

actually paid), the insolvency procee-dings can lead to a state of optimalbalance. This has the following twoconsequences:

• the insolvency proceedings should fa-cilitate the continuation of the activity ofviable (and therefore profitable) compa-nies no matter whether such continua-tion occurs within the same legal entityor through a third party (which wouldlead to the legal liquidation of the viablecompany). It is important to understandhere that the restructuring and liquida-tion (without a cessation in the businessactivity) may be two sides of the samecoin, where these two procedures areused to achieve a single objective – themaximization of value of the assets ofthe company; and

• when the liability of the company isgreater than the value of the encumbe-red assets, it is necessary to transfercontrol to the secured creditors, be-cause they have the greatest incentivein maximising the use value of the as-sets of the business. They are essen-tially in the position of having lost theright to be repaid in full and thereforehave an interest in the company’s suc-cessful recovery. However, not havingentirely lost all right to be repaid, theyare less likely than those who have losteverything, such as shareholders, totake disproportionate risks at the com-pany’s expense in the unlikely hope ofimproving their fate.

Insolvency law can therefore be consi-dered to be ex post effective only if (i)the provisions of the rules relating tocompanies in financial difficulty giveeffect to the two principles above and(ii) judicial institutions provide the effec-tive implementation of these rules.

The quality of juridical institutions

Bearing in mind that the nature of thelaw cannot be separated from theconditions of its application28, the qua-lity of the judiciary plays a crucial role inhow the law, in particular insolvency law,is applied. The ex post effectiveness ofinsolvency law is of course determinedby the ability of the commercial courts tounderstand the complexity of the initial

agreements between the parties (thatis, financial documentation, the termsand drafting of which can sometimesbe very complex) and to enforce theirvarious provisions, in particular the prio-rity for payments and absorbing losses.While these courts may be able to over-ride the initial contractual agreementsof the parties and function as a genuine‘economic judiciary’29, much as they canin France, they cannot play their roleand ensure the ex post effectiveness ofinsolvency law. Indeed, if the fate of thedebtor is decided at the discretion ofthe judges rather than on the value ofthe business, which would allow thoseholding the fulcrum security describedabove to be identified, the ex post ef-fectiveness of insolvency proceedingscannot be guaranteed. Apart from byway of a substantial reform to insol-vency law, this situation can be reme-died by ensuring the reliability and ef-fectiveness of the judicial institutionscalled upon to implement the law, inclu-ding via the interdisciplinary training ofjudges in law, economics and manage-ment as well as through the accumulatedspecialisation of the commercial courts30.

In order to be effective, any reform of thelaw of the credit must necessarily in-volve a reform of both security law andinsolvency law jointly: the reform will beproof of their mutual effectiveness. Ho-wever, such a result is difficult to obtain.As the evolution of finance has compli-cated corporate balance sheets, manyof the reforms that have been introdu-ced have been limited to correcting cer-tain peripheral problems which hadbeen noted, and have in fact undermi-ned the effectiveness of the legislation.The respective weaknesses in the lawsof the Member States of the EuropeanUnion and their disparities, which weremade all the more obvious in the contextof both the financial crisis and globali-sation, damage the financing of theireconomies, particularly the financing ofSMEs. This calls for a harmonisation ofthe substantive law at a European level.

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A. Harmonisingthe law of securityinterests at aEuropean level byadopting a functionalapproach towardssecurity over assets

1. The functional approach towardssecurity over assets

Rethinking the political and redistributiveapproach to the credit law

The legal systems of the twenty-eightMember States vary in a number ofways in respect of their approach to thecredit law34: for example, the proce-dures for the creation and publicising ofsecurity, the number, basis and amountof legal privileges, the criteria for theopening of insolvency proceedings, thefate of security once insolvency procee-dings are opened, the role played bythe courts, the place in the order ofpriority granted to each creditor, the fateof the debtor in financial difficulty, andso on. These differences reflect thenumerous ways in which the credit lawcan be structured. In certain jurisdic-tions the insolvency process has a

‘redistributive’ aim and is used to paycertain categories of privileged credi-tors (mainly commercial and fiscalcreditors) by introducing a number oflegal privileges which give priority sta-tus to such creditors over other classesof creditor35. This approach hinders theeffectiveness of insolvency procee-dings, which, in order to be effectivefrom an economic point of view, mustallow a maximum value to be genera-ted. However, such a goal cannot beachieved if insolvency law is designedin such a way as to ensure that certaincategories of creditor are advantagedregardless of the order of priorities ini-tially agreed between the variousclasses of creditor. Creditors who aredisadvantaged by this function of thelaw will refrain from investing in thecompany, even if their intended invest-ments could prove profitable. In thisrespect, a functional approach to thecredit law, as promoted by the respec-tive governments of a number ofMember States, (i) would allow us to ridourselves of obsolete legal typologies36

and (ii) would provide the most easilyaccessible and understandable frameof reference to lawyers who are lessfamiliar with this area. The numerouspoints of convergence in these veryjurisdictions, as well as the number andimportance of the academic workswhich discuss harmonising these lawsadvocate the pursuit of a project ofsubstantive harmonisation of the creditlaw at a European Union level.

Rethinking the notional approach to the lawof security interests

The law of security interests of severalMember States of the European Unionremains anchored in a notionalapproach, that is to say, an approachthat allows the legislature to fix theexhaustive list of the various possibleforms of security and to define a speci-fic legal regime for each of them37. Thisapproach obliges the legislator to esta-blish forms of security that can only bebased on different classes of assetsand rights which are recognised in itsnational law alone, which inevitablyleads to an unnecessary accumulationof legal means of creating security38. Ata European level this ultimately leads toa plethora of possible forms of securityand augmented costs for potentialinvestors who have to determine therights of holders of the given form ofsecurity in the event of debtor insol-vency in order to determine their creditrisk. Indeed, adopting a notionalapproach towards security does allowthe national legislature to take intoaccount the peculiarities of each formof security, not only at the point of crea-tion, but also upon their enforcement,with the level of protection allocated toeach creditor being dependant on thetype of security over the encumberedasset they hold during a debtor’s insol-vency proceedings. Ultimately, thenotional approach leads to the creationof a law of security interests which is far

Part. II Proposals for the harmonisation of the credit law

The discussions in the following paragraphs will focus on proposals for the reform of the substantive rules that will determineboth the success of the Banking Union31 and the effectiveness of any reform to the French credit law. Due to profoundchanges in the economy and in finance, the way in which we deal with failing businesses needs to be radically overhauled.Any questions of an institutional32 or procedural33 nature will therefore not be dealt with.

As the discussions above have shown, a reform in insolvency law at a European level cannot be effective if the law ofsecurity interests continues to be regulated at a national level. Any reform of insolvency law at a European level presupposesa prior harmonisation of the law of security interests, also at a European level. It is for this reason that the harmonisationof the European credit laws should be based on a reworking of the fundamental concepts of the law of security interests(A.), insolvency law (B.) and should ultimately be implemented through EU legislation (C.).

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too complex and which is indeciphera-ble for creditors.

Adopting a functional approach to the law ofsecurity interests

It is possible to envisage the law ofsecurity interests differently. One couldin fact dispose of the notional approach(and therefore the respective legal typo-logies of each Member State) and thecomplications it brings with it, by adop-ting a functional approach to the law ofsecurity interests. This approach givesprecedence to the actual effect of thesecurity, rather than its form. Whateverthe nature of the encumbered asset, itmust be possible to give the creditor apriority right over other creditors of thesame debtor, subject to compliancewith the appropriate procedural rules. Inorder to make the priority right of thesecured creditor enforceable againstothers, the procedural rules must setout the method for publicising eachtype of security. Experience has taughtus how important it is to publicise theexistence of security and to reduce thecost creating it, the number of creditorsand the types of asset appearing on thebalance sheet of the debtor. In thiscontext, it is appropriate to adopt afunctional approach to the law of secu-rity interests across all Member Statesof the European Union. As a result, thevarious forms of security would no lon-ger be distinguished by the type ofasset which they are intended tocharge, the rights which they are sup-posed to confer and quality of thedebtor who grants them, but ratheraccording to the effect of their guaran-tee. The validity of the security woulddepend on whether:

• the debtor holds rights in respect ofthe encumbered asset;

• the beneficiary has provided somesort of valuable, sufficient considerationto the debtor in exchange for the secu-rity;

• the parties enter into a written securityagreement which accurately describesthe encumbered asset(s); and

• the procedures for publicising and/ormaking the beneficiary’s rights enfor-ceable are clearly defined in the securityagreement.

In this respect, some issues are avoidedin order to simplify the creation of secu-rity to adapt it to the needs of theparties involved, namely:

• The question of the legal nature of theright of the secured creditor who bene-fits from the guarantee (a real ornotional right of retention, a right ofownership) is no longer important, asthe guarantee does not result from theway in which the guarantee operatesjudicially. With a functional approach,the parties are indeed free to createsecurity by using the method of theirchoice (for example, lease, trust,pledge, sale) provided it has the func-tion of guaranteeing the performance ofan obligation and the conditions tovalidly execute the security agreementare met; and

• The question of whether the security(and any potential transfer) wouldconstitute a right of ownership are alsoavoided because, according to thefunctional approach to security inte-rests, the creation of a security does notinvolve a transfer of ownership in res-pect of the encumbered asset. It wouldtherefore be the responsibility of theparties to codify any potential transferof ownership in the security agreement,but such a transfer of ownership wouldnot be an essential or determining ele-ment of the security and the rightswhich are derived from it.

Such an approach would avoid theadverse effects associated with anunnecessary and counterproductiveincrease in the number of forms ofsecurity and would ensure that therights of secured creditors are recogni-sed as being enforceable in a morerational and effective manner if insol-vency proceedings being openedagainst the debtor. Further, in thecontext of bank balance sheet reviewsand the development of prudentialregulation at a European level, such anapproach would no longer require us totake account of the different types ofsecurity recognised across the MemberStates. The only concern would then beaccurately determining the value of theencumbered assets in order to deter-mine the quantum of the creditor’s

rights which would need to be guaran-teed upon the opening of insolvencyproceedings against the debtor.Comparative law can provide us withmany examples of national legislationwith a functional approach to the law ofsecurity interests. Within the variouslegal systems which have opted forsuch an approach, a number of types ofsecurity are noted which could inspirethe European legislature, such as:

• the US “security interest” américain39;and

• the Quebec mortgage over tangibleassets (l’hypothèque mobilière québé-coise)40.

2. The functional approach to thelaw of security interests and theopening of insolvency proceedings

Adopting the functional approach asadvised above requires us to admit that:

• if the business activity of the companyis not viable, the secured creditorshould be able to demand payment ofthe sale price of the encumbered assetwithout competing with the other credi-tors, which appears to be reasonablegiven that the direct enforcement of thesecurity would not cause ay destructionof value;

• if the activity of the company is viable,the secured creditor should still be ableto assert its rights vis-à-vis other credi-tors, including the shareholders, andsee his priority right respected regard-less of whether or not the legal entity isliquidated, as only the preservation ofthe value of the business is important;

• by way of exception, provided that thebusiness activity of the company is viableand the scope of the security is wide en-ough not to lead to the distribution of theentirety of the pool of assets of the bu-siness upon the enforcement of such se-curity (which would constitute a des-truction of wealth), the secured creditorshould be able to require the judge to liftthe stay over claims in order to proceedwith the ordered transfer of the encum-bered assets which are not necessary forthe continuation of the business; and

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LABEX LOUIS BACHELIER32

• by way of exception to the previouspoint, even in the absence of a risk ofdestruction of wealth, the sales processcould be assigned to more junior credi-tors, subject to them being designatedas the key creditors according to thevalue of the business of the company41,to avoid destroying the value of thebusiness, in cases where their fatewould otherwise be placed exclusivelyin the hands of more senior creditors.

B. Europeanharmonisation ofthe methods fordealing with defaultby adopting anapproach based onthe value of thebusiness

Proposals have been made for the har-monisation across Member States ofthe methods of dealing with debtor de-fault by establishing a dual systemwhich would reflect the suggested in-troduction of the functional approach tothe law of security interests. Such newsystem would require a new Europeanprocedure to be set up which would ap-ply automatically if certain thresholds areexceeded (1.a) or optionally under cer-tain conditions (1.b), and would involve:

• at the European level, a rescue proce-dure42 inspired by economic research andthe highest international standards, theaim of which would be to achieve quickly,transparently and as simply as possiblethe restructuring of the balance sheet andthe reduction of the debt of the businessand which would apply automaticallyonce certain thresholds are met (2.a);

• at Member State level, a harmonisedliquidation procedure based on theEnglish law model (2.b).

1. The distinction between thetreatment of debtor default at aEuropean level and at a nationallevel

a. The thresholds for automatic applicationof the European procedure for the treatmentof businesses in financial difficulty

The proposed harmonisation of themethods of dealing with debtor defaultat a European level can be divided intotwo separate procedures. The esta-blishment of European regulation of themethods of dealing with debtor defaultassumes that two separate procedureswill be used, considering the particulari-ties of the financial difficultiesencountered when dealing with largebusinesses.

In order to take into account the natureof these difficulties, we propose theestablishment of a rescue procedurewhich will be automatically applicableto companies that exceed the thres-holds of the definition of an SMEaccording to European Community law.According to the guidelines proposedby the European Commission in itsRecommendation 2003/361/EC43, therescue procedure envisaged would beautomatically applicable to businesseswhich:

• employ 250 people or more, and

• have an annual turnover exceedingEUR 50 million, or an annual balancesheet total exceeding EUR 43 million.

The recommended solution would havethe advantage of:

• taking into account the particularitiesof the difficulties experienced by busi-nesses exceeding the thresholds;

• taking into account the particularitiesof the difficulties experienced by busi-nesses exceeding the thresholds;

• limiting the duration of the procedureby establishing a regime which appliesautomatically once certain thresholdsare met in accordance with Recom-

mendation 2003/361/EC of the Euro-pean Commission.

b. The possibility of opting into the Europeanprocedure for the treatment of businesses infinancial difficulty

Considering the discussions above andin order to achieve the objectives wehave already mentioned, it would bepossible to allow certain businesseswhich do not exceed the thresholds foreligibility for an automatic application ofthe proposed rescue procedure, butwhich nonetheless display obvious via-bility in their business activities, to optinto the application of this procedure. Itwould then be necessary to determineprecisely the conditions giving rise tosuch a right to opt in so as to avoid anyabuse thereof, which would possiblylead to a destruction of wealth. It mayalso be necessary to determine theremedies available for the benefit of acompany whose viability is recognised,but which is yet to be proven, as such asituation could deny shareholders theopportunity to implement a rescue pro-cedure in respect of the company whichmay still prove successful.

2. Proposed methods for thetreatment of debtor default

a. A European Union regime inspired by theAmerican model

Despite the recent criticism it suffered44,Chapter 11 of the United States Code isa model of insolvency regulation whichhas inspired a very large number of stu-dies of the economic analysis of thelaw. In light of the results of these stu-dies, it appears to be the regime bestsuited to ensure a rapid restructuring ofviable businesses experiencing over-indebtedness. In fact, the rulescontained in Chapter 11 allow a certainobjectification and rationalisation of thetreatment of debtor default. Bearing inmind these elements, the proposedEuropean procedure would consist oftwo main stages:

Page 33: Opinions et débats n°8

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· Stage 1 Determining the viability of thebusiness

• Encouraging parties to negotiate

The proposed procedure must encou-rage parties to consult each other priorto any financial difficulty in order todetermine the value of the businesswithout any (judicial) enforcement pro-ceedings. Such proceedings should beopened at the request of an officer ofthe company, provided that this doesnot constitute a breach of the rights ofthe various creditors. Encouraging theparties to negotiate will only be effectiveprovided that insolvency proceedingsbe put in place the outcome of whichwill not present any ambiguity or uncer-tainty about the fate of:

- shareholders (risk of squeeze-out),and

- unsecured creditors (risk of debt notbeing repaid).

• Determining the value of the business

The proposed procedure must allow theparties to determine the value of thedefaulting business following negotia-tions. The value of the business (whichcorresponds to the present value offuture cash flows of the business if itsbusiness activity continues) can then becompared to the liquidation value of thecompany (which corresponds to theproceeds of the sale of the business -either in its entirety to a single buyer, orasset by asset - net of the costs asso-ciated with the sale) and its level ofindebtedness, that is to say, the value ofits debts.

These comparisons will allow it to bedetermined whether:

- the business is viable and is in goodfinancial health, (Value of the business >Liquidation value)

- the business is viable but over-indeb-ted, (Value of the debts > Value of thebusiness)

- the business is not viable. (Liquidationvalue > Value of the business)

Based on these comparisons, it will thenbe possible to choose the alternative

which will allow a maximum preserva-tion of value:

- the liquidation of the non-viable busi-ness, or

- the rescue of the viable but over-indebted business.

· Stage 2

Accelerating the liquidation of non-via-ble businesses and the rescue ofviable businesses through the restruc-turing of their balance sheets (and theassociated reduction in debt) or theirsale to a third party

This simplified procedure completedoutside of any judicial framework mustallow:

- the acceleration of any amicable liqui-dation prior to any financial difficultiesand without waiting for any paymentdefault or the first signs of any des-truction of value cause by financialdistress; and

- the acceleration of the rescue proce-dure of viable businesses according toa three-stage dynamic.

• Requesting recovery plans

The proposed procedure should allowfor reorganisation plans to be requestedin respect of the defaulting business,firstly from the shareholders, who wouldbenefit, as under U.S. law45 from aperiod of exclusivity to present a plan.Such exclusivity would be subject to atime limit to allow other creditors (inclu-ding employees) to propose betteroffers subsequently.

• Granting the power to creditors willing to writeoff part of their debt

‰ Identifying key creditorsBy requiring the authors of any recoveryplan or sale plan to classify creditorsaccording to their priority (taking intoaccount the existence of the subordina-tion agreements and the granting ofsecurity) into three classes: - creditors who will be fully repaid, - key creditors who will not be fullyrepaid, and

- creditors who will not be repaid.

‰ Granting the right to vote on the plan to thekey creditors

The key creditors are those who willhave the greatest incentive in maximi-sing the value of the business (whichwill determine the amount of theirrepayment). They will then have thegreatest incentives to remedy the finan-cial difficulties and for this reason, theymust therefore be the only ones with thepower to approve or reject the plans.These creditors will in effect bear theconsequences of that choice.

• Entrusting the sole power to approve the planto a judge

In the proposed procedure, the judgewould check only the validity of thereorganisation plan, by ensuring thatthe agreement of key creditors wasvalidly obtained and by allowing, ifnecessary, the plan to be imposed onshareholders as well as other creditors.

• In certain circumstances, authorising theaccelerated sale of assets

In some cases, the opening of insol-vency proceedings can be particularlydetrimental to the survival of the busi-ness - it is often said that value of thebusiness can melt like an ice cube - inthis situation, under the control of thejudge, it must be possible to resort tothe accelerated sale of viable businessassets in order to preserve their value.

b. A liquidation procedure for small busi-nesses at European Union Member Statelevel for the continuation where possible ofbusiness activities

The difficulties encountered by smallbusinesses are not identical to those oflarge businesses, which are often viablebut over-indebted, and the solutionswhich apply to them are often notrelevant to small businesses for anumber of reasons:

• When dealing with small businesses, itis unrealistic to hope to be able toencourage parties to anticipate financialdifficulties as early as possible throughthe rules of any insolvency proceedings.

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Creditors cannot afford to monitorclosely the development of theirdebtors’ respective financial situations.In addition, officers of the companyoften do not have the necessaryperspective to foresee any financialdifficulties. They tend to be naturallyoptimistic and often they will not realisethe seriousness of their situation untilthere is a payment default;

• The assets of the business are oftenilliquid, so it is unlikely that a third partybuyer able to take over the businessactivity will be easily found. If thecreditor believes that the company’sbusiness is viable and it is thereforenecessary to avoid dismantling thebusiness in order to improve its rate ofrecovery, then it must negotiate with theofficer/shareholder and accept areprioritising of its debts; and

• Given their size, small businesseshave only very small financial reservesand therefore the fragility of theirsituation makes a particularly rapidresolution of their problems even morenecessary. Indeed, the opening ofinsolvency proceedings lasting for aperiod of several months often leaveslittle chance for a genuine recovery ofthese businesses.

For this reason, public authoritiesshould not try to encourage the officersof the company to deal with all future fi-nancial challenges at all costs (as is thecase in France, by leaving all controlover the outcome of insolvency procee-dings with such an officer until there is apayment default, which is extremely di-sadvantageous to creditors), but ratherfocus on reducing the cost of any de-fault by simplifying the rules for proces-sing the insolvency. The objective hereis to allow viable small companies to beable to restructure rapidly their balancesheets following a default. Below thethresholds previously mentioned, an ac-celerated liquidation procedure underthe control of the main creditor, who willoften be the holder of security over theassets of the debtor, does seem to bethe most appropriate solution in orderbest to preserve the value of company.

Sweden and England have both passedlegislation based on a ‘liquidation’model of insolvency using two differentmechanisms, namely: (i) a transparentand rapid public auction of thebusiness, and (ii) by using anadministrative receiver. These twomechanisms could serve as models ofthe liquidation procedure to be adoptedat Member State level

(i) The public auction of the Swedish

system

In the Swedish legal system, control ofthe failing business is transferred to anindependent trustee appointed by thecourt who is responsible for themanagement vis-à-vis the creditors andfor organising the sale of the businessat an open public auction. Despite itsadvantages46, this system is subject to anumber of criticisms that cast doubt onits effectiveness. These are based onthe fact that the Swedish model:

- is not optimal when the failingbusiness belongs to a sector in whichall businesses are suffering financialdifficulties and therefore such businesswill not be able to command optimalbids;

- requires a cash payment (however, ifthe business is not broken up so thatthe various assets can be sold separa-tely, buyers may choose to structuretheir bid based around a merger or anLBO);

- automatically terminates variousemployment contracts (and thereforecreates a risk that prior to insolvencythe management will engage inexcessively risky projects just before theopening of insolvency proceedings47);and

- creates a risk of a ‘fire-sale’ (that is tosay an auction in which the assets ofthe failing business are sold at adiscount).

The main shortcoming of the Swedishmodel therefore seems to be that itssuccess is determined by the effective-ness of its implementation by the

commercial courts. When consideringhow to implement this at a EuropeanUnion level, it would be reasonable toacknowledge some reservations aboutthe consistency and effectiveness ofthe commercial courts across the Mem-ber States of the European Union.

(ii) Administrative receivership from

the former English system

The proposed liquidation procedurecould be based on the English legalsystem, in which a receivershipprocedure allows a creditor with afloating charge (a security interest overthe entire pools of assets of a debtor) toappoint a receiver, so that it can recoverthe amounts which are due to it from thedefaulting debtor.

Such a simplified procedure shouldallow the automatic transfer of controlof the procedure to said securedcreditor without any prior need for thevalue of the business to be assessed.This result could be achieved byrecognising the full effect of contractualclauses which transfer ownership of anencumbered asset to the creditor upona failure to pay by the debtor (pactescommissoires). If the company is viable,this will allow the accelerated sale of itsassets to the highest bidder. Thedifficulty in finding buyers interested inthe assets of small businesses justifiesallowing the former officer/shareholderof the company to become the buyer incertain conditions, and even to benefitfrom a vendor loan, which amounts torenegotiating the terms of the existingloan. Nevertheless, the restructuring ofthe debt can happen very quickly.

This procedure has also been subject tomuch criticism, given the risk of fraud inthe case of collusion between the prin-cipal financial creditor and an officer ofthe company, to the detriment of othercreditors48. To overcome such difficul-ties, the court must have the means toexercise effective control of fraud riskand the penalty for not filing accountsmust be made more considerable (follo-wing the model practiced in NorthernEurope)49.

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C. Europeanharmonisation ofthe credit lawthroughCommunityregulation

Given the content of the proposals putforward and the urgency to reform thecredit law at a European level, it isproposed that such harmonisation beachieved through the use of Communityregulation.

The insufficiency of non-binding normativeinstruments

Many international organisations havemade ‘soft law’ instruments50 availableto Member States wishing to modernisetheir law of security interests or law ofinsolvency proceedings. However, theseinstruments are by their nature onlyindicative and non-binding, which isinsufficient for the purposes of achie-ving genuine substantive harmonisation.

Method of harmonisation

The substantive harmonisation of thecredit law at a European level would notviolate the principle of subsidiarity towhich all European Union action is sub-ject51. Furthermore, such coherenceseems particularly appropriate to thelaw of security interests52. The questionthat arises is what would be the mostsuitable process of harmonisation toachieve this aim:

• Attempting substantially to harmonisethe credit law at a European levelthrough a formal competition betweenthe various national legislations wouldprove too time-consuming. Althoughwe noted a certain level of overlap inthe various national laws of insol-vency53, this would nonetheless onlymaterialise across Member Statesthrough the adoption of legislationdeveloped in successive stages, which

would unhelpfully complicate the draf-ting of what is already complexlegislation. Moreover, certain formal dif-ferences persist, which wouldencourage law and forum shopping,given that certain Member States, suchas France, are known for their debtor-friendly, or even shareholder-friendlyregime54, while others, such as the Uni-ted Kingdom, are known for theircreditor-friendly legislature. Such lawand forum shopping is rightly denoun-ced by the European Commission55.

• Attempting substantially to harmonisethe credit law at a European level bybringing together the various nationallaws around a common model, as hap-pened previously with Communitycompetition law56, appears no moredesirable. The current economic climatecalls for a coherent, consistent andabove all, fast response from the legis-lature. Waiting many years for thetransposition into national law of theprovisions of a non-binding Europeanmodel would only worsen the currenteconomic climate.

• The use of a European directive, aninstrument of the European Union lawwhich binds each Member State as tothe result to be achieved but leaves thenational authorities to choose the formand means implemented to achieve theobjectives of such directive57, does notseem satisfactory. Substantive harmo-nisation of the credit law by using aEuropean directive does not ensure thelegal certainty, predictability and rapi-dity which the proposed reform shouldprovide. If a Community directive canset the aim of protecting rights, the res-pective legislatures of the variousMember States must take the neces-sary measures for the required legislationto be adopted at a national level, allo-wing such goals to be achieved in thenational legal regime, which can proveto be a very long process, dependingon local and short-term politicalconstraints and the complexity of exis-ting legislation. Thus, for as long as asubstantive and comprehensive harmo-nisation of the credit law remainsoutstanding , the existence of onlypoints of overlap between national

legislations on the subject will remaininsufficient.

• The use of a European regulation, adirectly applicable legal instrumentwhich is binding in its entirety in allMember States58, seems the mosteffective way of harmonising the creditlaw at a European Union level.

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The aim of single supervision of banks by the European Central Bank (the first pillar of the Banking Union) and the Basel IIIregulations have the common characteristic of taking into consideration macro-prudential and systemic parameters in thecalculation of the risk of bank default59. In this context, the system of valuing assets plays a key role, insofar as it is anindicator of the solvency of a bank. As the vast majority of banking assets are rights to be repaid of sums of money, theassessment of counterparty risk is crucial. In this respect, the applicable credit law, namely insolvency law and the law ofsecurity interests, is essential as it determines the effectiveness of the exercise of the creditor’s rights in respect of thedebtor in case of the debtor’s insolvency. The recovery rate of the bank on a bad debt depends on the effectiveness of thecredit law. This, however, varies from one Member State to another. Therefore, the recovery rate for debts is also variable.The harmonisation of prudential capital requirements and bank asset valuation according to common criteria is meaninglessif the credit law is also not harmonised across the European Union. As banking counterparty risk must be quantifiedaccording to consistent parameters, insolvency law and the law of security interests should be revised thoroughly to achievea truly European credit law. This is an essential step towards restoring investor confidence in the European banking sector.

Other reasons also advocate a harmonisation of rules of law credit. There is an urgent need to overhaul the credit law inresponse to the profound changes in the economy and finance, which require radical alterations in the way in which we dealwith failing businesses. The intense competition between financial markets and economic areas makes the credit law allthe more important, as it is an essential parameter for investment decisions. This is an opportunity to develop at a Europeanlevel a common credit law based on a streamlined law of security interests and law of insolvency proceedings, allowing boththe financing of our economy as well as the optimal treatment of insolvency and the taking into account of the variousdevelopments in the current economic environment.

In addition, the business models of companies in many sectors of the economy have been renewed as a result of a numberof pressures (the evolution of digital technologies, new financial requirements, and so on). An absence of a market allowingfor the optimal reallocation of assets will lead to business closures and, ultimately, to the destruction of value. It is thereforeimportant to consider how to ensure the best reallocation of the assets of non-viable companies and, in this regard,insolvency law and the law of security interests are essential parameters.

CONCLUSION

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1 In respect of the bailout methods in Europe, see: EuropeanCentral Bank, Legal Working Paper Series, Nr. 8, July 2009 ;and in the United States: Financial Crisis Inquiry Commission,The Financial Crisis Inquiry Report, january 2011.

2 This amount corresponds to amount paid for the sharehol-ding that the State holds in Dexia, reduced only by the pay-ment of certain guarantees which had been granted. Cour desComptes, Rapport public thématique, Dexia : un sinistre coû-teux, des risques persistants, July 2013, p. 167.

3 European Commission, Press Release dated 20.12.2013, Nr.IP/13/1301.

4 V. ACHARYA, I. DRECHSLER, P. SCHNABL, Pyrrhic Victory?Bank Bailouts and Sovereign Credit Risk, NBER WorkingPaper, No. 17136, June 2011: “We show that the announce-ment of financial sector bailouts was associated with an im-mediate, unprecedented widening of sovereign CDS spreadsand narrowing of bank CDS spreads; however, post-bailoutsthere emerged a significant co-movement between bank CDSand sovereign CDS, even after controlling for banks' equity per-formance, the latter being consistent with an effect of the qualityof sovereign guarantees on bank credit risk.”

5 In accordance with the European Commission’s recommen-dation 2003/361/EC of 6 May 2003 concerning the definitionof micro, small and medium enterprises, SMEs are businesseswhose workforce is less than 250 persons and whose annualturnover does not exceed € 50 million or whose annual ba-lance sheet does not exceed € 43 million.

6 The overhaul of the European financial framework is basedprimarily on strengthening the prudential rules relating to ban-king institutions; this is the aim of the 'CRD IV' package, whichentered into force on 16 July 2013 and transposes the BaselIII Accord in the form of a Regulation and a Directive. In res-ponse to the financial crisis, these provisions are intended to(i) enhance the level and quality of capital, (ii) decrease bankleverage, (iii) improve the management of liquidity risk throughthe creation of two liquidity ratios (the 'liquidity coverage ratio'with a nominal period of one month and 'Net Stable FundingRatio' with a nominal period of one year) and (iv) improve themanagement of counterparty risk.

7 The assessment of the value of a right to enforce a debt re-quires the assessor to take into account the current value ofall cash flows to be paid to the creditor, including both the per-centage of the principal and interest payments. As a result,

any deterioration in the creditworthiness of the debtor in-fluences its ability to repay and therefore the probability forthe creditor to be repaid in full at maturity. The solvency of thedebtor is taken into account when calculating the value of thedebt as follows: the total amount of the debt or ‘the totalamount of exposure to counterparty risk’ (the ‘Exposure at De-fault’ or ‘EAD’) is multiplied by a risk indicator expressed as apercentage, the ‘loss in case of default’ (‘Loss Given Default’or ‘LGD’). The result corresponds to the amount of the esti-mated loss, which is in turn attributed to the projected repay-ment of principal and interest payments. The higher thisamount is, the higher the risk of the debt, which leads to a de-crease in its value.

8 In this section, unless otherwise specified, the word ‘secu-rity’ (‘sûrété’) is used exclusively to refer to security over as-sets (‘sûrétés réelles’).

9 S. DAVYDENKO, J.R. FRANKS, Do Bankruptcy Codes Mat-ter? A Study of Defaults in France, Germany, and the U.K.,Journal of Finance, vol. 63, (2008).

10 Ibid. The authors sought data from ten commercial banksin these three countries relating to over 2,000 SMEs with a tur-nover of less than € 75 million who defaulted on their bankdebt between 1996 and 2003.

11 Recommendation of the European Commission, 12 March2014, C(2014) 1500 final, cons. no. 4.

12 P. LEGRAIN, Europe’s Bogus Bankig Union, Les écono-mistes de project syndicate, Les Echos, 23 April 2014.

13 See UNCITRAL, Legislative Guide on Secured Transactions,2009 ; UNCITRAL, Legislative guide on Insolvency Law, 2004;UNCITRAL, Model Law on Cross-Border Insolvency, 1997;The World Bank, Principles and Guidelines for Effective Insol-vency and Creditor Rights Systems, 2001 ; International Mo-netary Fund, Orderly & Effective Insolvency Procedures, KeyIssues, 1999 ; European Bank for Reconstruction and Deve-lopment, Model Law on Secured Transactions, 2004.

14 This ‘single rulebook’ is a body of legislation governing allfinancial stakeholders and products: the banks only have tocomply with a single set of rules across the Single Market.

15 B. COEURE, For the ECB, “la France doit améliorer sa com-pétitivité”, Entretien, Le Monde, 22 April 2014.

NOTES

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16 See, S. VERMEILLE, A. BEZERT, Sortir de l’impasse grâceà l’analyse économique du droit : Comment rendre à la fois ledroit des sûretés réelles et le droit des entreprises en difficultéefficaces ?, RTDF, n°4-2013/n°1-2014, p. 168 ; S. VERMEILLE,A. BEZERT, L’éviction des actionnaires en amont de la cessa-tion des paiements : un impératif pour lutter contre l’excèsd’endettement, Recueil Dalloz, 12 September 2013, n°30, p.2045 ; S. VERMEILLE, R. BOURGUEIL, A. BEZERT, L’affaireBelvédère ou les effets contre-productifs du droit français desentreprises en difficulté – Plaidoyer pour une réforme ambi-tieuse, RTDF n°3-2013 ; S. VERMEILLE, T. FRANCOIS, Le“feuilleton Technicolor” : et si rien n’était vraiment réglé ?, JCPéd. E, 4 October 2012, n°40, 1582, p. 18 ; A. PIETRANCOSTA,S. VERMEILLE, Le droit des procédures collectives à l’épreuvede l’analyse économique du droit. Perspectives d’avenir ?,RTDF n°1-2010, p. 4.

17 G. AFFAKI, De la relation perfectible entre le crédit et lessûretés, in “Repenser le droit des sûretés mobilières”, dir. M.-E. ANCEL, Bibliothèque de l’Institut André TUNC, 2005, p. 9.

18 See E. BENMELICH, N. BERGMAN, Collateral pricing,NBER Working Paper, n°13874, March 2008.

19 J. ARMOUR, The Law and Economics Debate About Secu-red Lending: Lessons for European Lawmaking ?, EuropeanCompany and Financial Law Review, 2008, vol. 5, spéc. p. 3.

20 D. LEGEAIS, Sûretés et garanties du crédit, 9th ed., 2013, p.12, n°3.

21 E. MACKAAY, S. ROUSSEAU, Analyse économique dudroit, Dalloz, 2nd ed., 2008, p. 503.

22 S. VERMEILLE, A. BEZERT, Sortir de l’impasse grâce àl’analyse économique du droit : Comment rendre à la fois ledroit des sûretés réelles et le droit des entreprises en difficultéefficaces ?, RTDF, n°4-2013/n°1-2014, pp. 168-176.

23 Traditionally lawyers have considered that secured credi-tors have ‘guarantee’ (de garantie) or ‘accessory’ (accessoires)security rights as opposed to ‘principal’ (principaux) rights thatare linked to the dividing-up of assets under the law of pro-perty, namely usus (the right to use the asset), fructus (the rightto enjoy the fruit and produce of the asset) and abusus (theright to dispose of it - both legally and physically). Accessorysecurity rights are a special category because these rights arenot derived from an actual dividing-up of the ownership of theencumbered asset, they are simply given to secure a debt,hence the term ‘accessory’. See M. CABRILLAC, C. MOULY,S. CABRILLAC, P. PETEL, Droit des sûretés, Litec, 9th ed.,2010, p. 415, n° 568 ; F. TERRE, P. SIMLER, Les biens, Dalloz,8th ed., 2010, p. 62, n° 51.

24 J. ARMOUR, The Law and Economics Debate About Secu-red Lending: Lessons for European Lawmaking?, EuropeanCompany and Financial Law Review, 2008, vol. 5, pp. 12-30.

25 Unlike in other countries, their number is limited in France.

26 See, B. CHOPARD, “Ex post” vs “ex ante” : Le cas de l’éco-nomie du droit de la faillite, Rev. éco. fin., n°80, 2005 ; OSEO,Une analyse comparative des procédures de faillite : France,Allemagne, Etats-Unis, Regards sur les PME, n°16.

27 In other words, when the company is insolvent, it is veryimportant to allow the transfer of control of the fate of the

company before a payment default to creditors whose inte-rests are more aligned with those of the business. The ‘keycreditors’ are creditors who are no longer entitled to a full re-payment of their debt, but have not yet lost everything, giventhe corporate value of the business. They should be identifia-ble according to their priority level which will apply in the eventof a voluntary dissolution of the company.

28 B. MARAIS (du), Les limites méthodologiques des rapportsDoing Business, document de travail “Attractivité Economiquedu Droit”, n°2006-1, 20 July 2006 ; M. SAFAVIAN, S.SHARMA, When Do Creditor Rights Work?, World Bank PolicyResearch, Working Paper n°4296, 2007, pp. 15-17. The au-thors of this article have studied empirically the impact of re-forms affecting creditors’ rights in twenty-seven Europeancountries between 2002 and 2005. They noted that in the ab-sence of effective application of the regulations, a reformwould have little effect on businesses’ access to bank credit.See also, K. Pistor, M. Raiser, S. Gelfer, Law and finance intransition economies, in Economics of Transition, vol. 8 (2), pp.325-368 (2000), who note that the effectiveness of judicial ins-titutions has a much greater impact on external funding thana reform improving the fate of creditors could have.

29 S. VERMEILLE, S. BARDASI, La réforme des tribunaux decommerce : un autre regard – Dans quelle mesure le droit des entreprises en difficulté nuit-il au fonctionnement des tribunaux de commerce ?, RTDF n°2-2014, pp. 46-53 .

30 Ibid.

31 Since it will allow an effective review of bank balance sheetsto be carried out, it will give a consistent method of pricing ofbank assets and it will increase market liquidity, as well assupporting the deleveraging of bank balance sheets.

32 We are deliberately excluding from the scope of this articlethe debate on the legal basis permitting the proposed reform.

33 For the sake of clarity, we are also deliberately excludingthe matter of how to implement the proposals we suggest, in-cluding those relating to (i) the competent courts to deal withthe application of the proposed European system - bearing inmind that bringing any such cases before a more limited num-ber of courts or, at the very least, to specialised courts dealingwith insolvency, seems to be an indispensible prerequisite forthe emergence of a system of law capable of applying the pro-posed European regime and that consistency in such a systemof law is essential for the legal certainty of the various econo-mic operators and of investments in businesses in the euro-zone (especially SMEs) – and (ii) the potential change in thestatus of the legal officers (mandataires de justice) that such achange of jurisdiction within the European Union could involve.

34 J.-L. VALLENS, Vers un droit matériel européen en matièrede faillite ?, Les Petites Affiches, 12 December 2003, n°248, p. 47.

35 Ibid.

36 See J. ARMOUR, Should We Redistribute in Insolvency?, Cen-tre for Business Research, University Of Cambridge, WorkingPaper n°319, March 2006 ; J. M. GARRIDO, The DistributionalQuestion in Insolvency: Comparative Aspects, International In-solvency Review, vol. 4 (1995) ; E. Warren, Bankruptcy Policy,54 University Chicago Law Review 775-814 (1987) ; D. BAIRD,Loss distribution, forum shopping, and bankruptcy : a reply toWarren, 75 University of Chicago Law Review 81534 (1987).

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37 Y. EMERICH, La nature juridique des sûretés réelles en droitcivil et en common law : une question de tradition juridique,Revue Juridique Thémis, 2010, vol. 44, p. 95.

38 O. GOUT, Quel droit commun pour les sûretés réelles ?,RTD Civ. 2013, p. 255. The author noted that French law offe-red no less than 61 different possible forms of guarantee.

39 For a description of the security interest created by article9 U.C.C., see, D. LEGEAIS, Sûretés et garanties du crédit, 9th

éd., 2013, p. 298, n°406 et s., H. C. SIGMAN, The Security In-terest in the United States : A Unitary Functional Solution, in“Repenser le droit des sûretés mobilières”, dir. M.-E. ANCEL,Bibliothèque de l’Institut André TUNC, 2005, p. 9 ; A. A. LE-VASSEUR, L’article 9 du Uniform Commercial Code – Vers unesystématisation du droit des sûretés, in “Aspects actuels dudroit des affaires – Mélanges en l’honneur d’Yves GUYON”,Dalloz, 2003, p. 697.

40 D. LEGEAIS, Sûretés et garanties du crédit, 9th éd., 2013, p.300, n°412.

41 In the case of France, see the paths to reform proposed bythe French Counsel for Economic Analysis (Conseil d’AnalyseEconomique): G. PLANTIN, D. THESMAR, J. TIROLE, Les en-jeux économiques du droit des faillites, note of the CAE n°7,June 2013.

42 Given the discussions above, it seems inappropriate to sug-gest the creation of a European liquidation procedure. See P.ROUSSEL GALLE, Deux idées utopiques (?) de révision du rè-glement européen pour 2012… ou 2022…, JCP éd. E, n°38,20 September 2012, 1546, point 7.

43 Recommendation of the European Commission2003/361/EC dated 6 May 2003 concerning the definition ofmicro, small and medium-sized enterprises.

44 On the criticism leveled against Chapter 11, see E. WAR-REN, J. L. WESTBROOK, The Success of Chapter 11 : A Chal-lenge to the Critics, Michigan Law Review, vol. 107, p. 603,February 2009 ; B. E. ADLER, V. CAPKUN, L. A. WEISS, Des-truction of Value in the New Era of Chapter 11, NYU WorkingPaper, n°CLB-06-032, October 2006 ; S. STANKIEWICZ MUR-PHY, L’influence du droit américain de la faillite en droit fran-çais des entreprises en difficulté – Vers un rapprochement desdroits ?, Thèse Strasbourg, 2011.

45 11 U.S. Code § 1121.

46 K. S. THORBURN, Bankruptcy auctions: costs, debt reco-very, and firm survival, Journal of Financial Economics, 58(2000) 337-368 ; B. ESPEN ECKBO, K. S. THORBURN, Eco-nomic Effects of Auction Bankruptcy, Tuck School of Busi-ness, Working Paper, n°2009-63, April 16, 2009.

47 It may however be noted that this risk tends to be overes-timated, given that it is in the interest of top management notto engage in such projects, so that the business can be soldin its entirety and not broken up, thereby creating a chance ofbeing rehired by the purchasers.

48 See J. ARMOUR, A. HSU, A. WALTERS, The Costs and Be-nefits of Secured Creditor Control in Bankruptcy : Evidencefrom the UK, 1st Annual Conference on Empirical Legal Stu-dies, University of Cambridge Centre for Business ResearchWorking Paper, n°332 (March 1, 2009) ; Andre PAOLO,

Secured Creditor Control in Bankruptcy : Costs and Conflict,(September 13, 2012), disponible sur SSRN :http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2084881.

49 See S. REGNARD, P. BEDER, O. DENFER, Le dépôt descomptes annuels des entreprises à travers le monde : obliga-tions et modalités, Greffe du tribunal de commerce de Paris,May 2005 ; Greffe du tribunal de commerce de Paris, Le guidedes formalités aux registres du commerce de 36 pays à tra-vers le monde, November 2004.

50 See UNCITRAL, Legislative Guide on Secured Transactions,2009 ; UNCITRAL, Legislative guide on Insolvency Law, 2004;UNCITRAL, Model Law on Cross-Border Insolvency, 1997 ;The World Bank, Principles and Guidelines for Effective Insol-vency and Creditor Rights Systems, 2001 ; International Mo-netary Fund, Orderly & Effective Insolvency Procedures, KeyIssues, 1999 ; European Bank for Reconstruction and Deve-lopment, Model Law on Secured Transactions, 2004.

51 Articles 5.1 and 5.3 of the Treaty on the European Union(consolidated version), OJEU C83/13, 30 March 2010 and itsprotocol n°2 on the application of the principles of subsidiarityand proportionality, OJEU C83/206, 30 March 2013.

52 M. BUSSANI, Le droit comparé des sûretés réelles et l’in-tégration juridique – Rapport conclusif, Droit et Patrimoine,2001, 94.

53 J.-L. VALLENS, L'harmonisation : voie et degré de conver-gence entre les droits nationaux, européens et internationaux- L'européanisation et l'internationalisation du droit de l'insol-vabilité, Les Petites Affiches, 19 October 2006, n°209, p. 31 ;M. MENJUCQ, P. EHRET, R. DAMMANN, D. MARKS, J.-L.VALLENS, La compétitivité des principaux droits de l'insolva-bilité européens : étude comparée des droits français, alle-mand et britannique, Revue des procédures collectives, n° 5,September 2012, entretien 2.

54 As well as for the advantages of its employment law, see L.-C. HENRY, La réforme oubliée, la protection des salariés faceà l’insolvabilité de l’employeur, Recueil Dalloz, 2013, p. 2410.

55 Proposal for a Regulation of the European Parliament andof the Council amending Regulation 1346/2000 of the Coun-cil on insolvency, COM (2012) 744, Strasbourg , 12 December2012.

56 On this point see the transposition of the various nationalregimes of substantially equivalent rules into articles 101 and102 of the Treaty on the Functioning of the European Union.

57 Article 288 paragraph 3 of the consolidated version of theTreaty on the Functioning of the European Union, publishedin 172 / OJ C 83, 30 March 2010.

58 Article 288 paragraph 2 of the consolidated version of theTreaty on the Functioning of the European Union, publishedin 172 / OJ C 83, 30 March 2010.

59 See T. TRESSEL, T. VERDIER, Optimal Prudential Regula-tion of Banks and the Political Economy of Supervision, IMFWorking Paper : https://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2014/wp1490.pdf

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