océan de vie

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Page 1: Océan de vie

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L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE

PAUL RICARD

DL'lnstitut, association régie par la lo i du 1 er juille t 190 l , a été créé à l'initiative de M. Paul Ricard , en 1966, sous le nom Observatoire de la mer ®. II est devenu Fonda­tiol/ océanographique Ricard en 1979 et a pris l'appellation d'Institut océanographique

Paul Ricard en 1991 , à l'occasion de son XXVe anniversaire. C'est, en France, la seule asso­c iation qui se consacre à la mer avec une telle ampleur. Ses activités illustrent sa vocation. Des personnalités te lles que Bernard C lavel, Jean Dorst, Yves La Prairie, Jean-Marie Pérès, Haroun Tazieff appuient son action.

• Etudier la mer, sa vie, sa protection contre la pollution et, plus généralement , procéder à des recherches scientifiques sur ces problèmes. Une équipe pennanente de sc ienti­fiques se consacre à la recherche fondamentale e t semi-appliquée dans le domaine de la bio­logie , de la microbiologie e t de l'écologie marines, de la pollution des eaux littorales, ainsi que de l'aquaculture, en liaison avec les autres laboratoi res méditerranéens, l'O.M.S., l'Institut français de recherche pour l'explo itation de la mer (IFREMER), la soc iété Elf Aquitaine, le Laboratoire central des Ponts e t Chaussées, E.D.F.-Sofratome, la Compagnie des eaux et de l'ozone, le ministère de l'Environnement, l'agence de bassin Rhône-Méditerranée ...

Aux Embiez, \'Institut di spose d'un centre de recherches sur un site expérimental excep­tionne l : milie u naturel e t bassins aménagés . C'est là qu 'a été mis au point 1"'lnipol" de la soc iété Elf Aquitaine, retenu pour nettoyer les côtes de l'Alaska après l' acc ident de 1"'Exxon Valde:" . en 1989. Sa station d 'aquacu lture (éc loserie-nurserie) assure l'é levage de différentes espèces de poissons, principalement de loups ou bars. Les travaux dirigés par Yvan Martin , sont placés sous l'autorité du Pr Nardo Vicente. responsable sc ientifique, qui dirige le Centre d 'étude des ressources animales marines (CERAM) à la faculté des sc iences de l'université d 'Aix-Marseille Ill.

• Informer les spécialistes et le grand public

Depuis sa naissance, \'Institut s'est toujours préoccupé de communiquer le savoir acquis, de sensibiliser le public aux grands problèmes de la mer. Organisation de colloques, partici­pation à des congrès , prése ntation de conférences, d'expositions, ouverture des aquariums méditerranéens e t du musée océanographique aux visite urs, voilà que lques-uns des moyens qu'il met en œ uvre.

Des stages pennettent également de recevoi r des é tudiants préparant des thèses, des diplômes d'ingénieur. .. D'autres stages s'adressent aux professeurs de sc iences nature lles , aux aquariophiles. Au titre des expositions, il propose "Vivre avec la mer" , itinérante, élaborée avec Jacques Rougerie, architecte.

Sa revue scientifique "Marine Life / Vie Marine" dispose d 'un comité de rédaction et d'un comité de lecture composés de spécial istes français et étrangers. "Océanorama" propose à ses adhérents et au grand public des textes de qualité accessibles à tous, sur les curiosités et les découvertes du monde marin , de l'infiniment petit aux grandes espèces, sa gestion ration­ne lle , sa protection, l' archéologie ... Son illustration fait appel aux meille urs photographes sous-marins .

• CENTRE DE RECHERCHES, AQUARIUM, MUSEE ILE DES EMBIEZ - 83 140 SIX-FOURS-LES-PLAGES - TEL . 94.34.02.49

• ADMINISTRATION PUBLICATIONS 4, RUE BERTHELOT - 13014 MARSEILLE - TEL. 91 .98.12.74

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Christian Frasson

Alain Riva, N ardo Vicente

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Les biotechnologies, nouveaux outils d 'une gestion respectueuse du monde marin

INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAUL RICARD

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D Pour leurs conseils et informations qui ont permis l'élabo­ration, la mise au point du texte de cette brochure, nous remercions vivement:

- Stéphen Baghdiguian, du Centre d'étude des ressources anima­les marines (Ceram), Faculté des sciences et techniques de Marseille-Saint-Jérôme ; - Daniel Chaumont, direction des Sciences du Vivant, départe­ment de physiologie végétale et écosystèmes, Commissariat à l'énergie atomique - Centre de Cadarache ; - Daniel Chourrout, directeur du laboratoire de génétique des poissons, Institut national de la recherche agronomique (Inra), Jouy-en-Josas ; - Monique Henry, directrice du Service commun d'études en microscopie électronique, Faculté des sciences et techniques de Marseille-Saint-Jérôme ; - P-Y Le Bail, laboratoire de physiologie des poissons, Institut national de la recherche agronomique (Inra), Rennes ; - Yves Le Gal, professeur au Collège de France, coordonnateur du groupe "Biotechnologies marines" de l'Association pour le développement de la bio-industrie (Adébio) ; - Yvan Martin, chef du département "Recherches", Institut océanographique Paul Ricard ; - D. Pesando, Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), unité 303, "Mer et Santé", Villefranche­sur-Mer.

Le dessin de la couverture est dû à Claude Camarck.

© 1991, Institut océanographique Paul Ricard Tous droits de reproduction,

par tous procédés de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays.

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PRÉFACE

Les nouveaux outils d'une gestion respectueuse du monde marin

D Pendant des siècles, les hommes n'ont connu de la mer que la surface et le très proche littoral. Le fond des océans demeurait le

royaume de divinités aux humeurs changeantes que seuls des inconscients poussés par des nécessités extrêmes ou l'appât du gain osaient braver.

C'est à partir de la seconde moitié du XIXe

siècle que nous avons commencé l'exploration du monde marin dans sa globalité. Les grandes expédi­tions océanographiques, d'une part, la création de stations marines, d'autre part, ont progressivement ouvert un champ de connaissances puis d 'applica­tions sur lequel, à l'aube du troisième millénaire, on fonde les plus grands espoirs.

Paradoxalement, c'est sans doute plus par la diversité des situations et des modèles biologiques que par l'étendue des biomasses exploitables que les océans révèlent leur intérêt. On sait, sans doute depuis peu, que les ressources biologiques de l'océan ne sont pas infinies (les 90 millions de tonnes pêchées annuellement dans le monde constituent probablement une limite), que certaines espèces, trop exploitées par l'homme, ont aujourd'hui prati-

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Les nouveaux outils d'une gestion respectueuse du monde marin

quement disparu et que l'humanité de demain devra gérer avec une prudence extrême ce potentiel de nourriture.

Mais les ressources biologiques de la mer, ce sont aussi la permanence et la coexistence de ni­veaux évolutifs, de formes vivantes différentes, de mécanismes de communication, de défense des mécanismes adaptatifs basés sur des molécules dont nous avons tout ou presque tout à découvrir. La découverte, voilà quelques années, des écosystèmes entourant les sources hydrothermales profondes a révélé aux chercheurs des formes vivantes, des mécanismes inconnus jusqu'alors, ouvrant de nou­veaux horizons techniques et modifiant nos concep­tions sur l'évolution des systèmes vivants.

C'est cette qualité du monde marin qui devient aujourd'hui le substrat des biotechnologies : pro­duction de molécules destinées à la pharmacie, à la cosmétique, récupération et valorisation industrielle des enzymes, des facteurs de croissance présents dans les rebuts de la pêche, amélioration des espèces faisant l'objet de l'aquaculture, mais aussi produc­tion d'organismes de substitution pour l'expérimen­tation animale là où elle est indispensable, ou encore, lutte contre les pollutions.

Ainsi que l'évoque cette brochure, c'est tout un ensemble de savoirs qui se conjuguent et dont l'ambition se doit d'être, à terme, de donner à l'homme des armes pour le progrès, sans doute, mais surtout, les outils d'une gestion respectueuse de la vie et des espèces marines.

Yves Le Gal professeur au Collège de France,

coordonnateur du groupe "Biotechnologies marines" de l'Association pour le développement de la bio-industrie.

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"Mes recherches sur les fermentations et sur le rôle des organismes microscopiques ont ouvert à la chimie physiologique des voies nouvelles dont les industries agricoles et les études médicales commencent à recueillir les fruits. Mais le champ qui reste à parcourir est immense."

Louis Pasteur 1867

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Du tour de main à la gestion du vivant

D Depuis des millénaires, l'homme sait fabri­quer du pain, du vin ou du fromage. Com­ment? Par hasard, peut-être par accident, il

constate que le raisin pressé, le blé moulu, ou le lait subissent des transformations naturelles. Il en tire profit pendant très longtemps. Sans trop se poser de questions ... Jusqu'à ce que Louis Pasteur mette en évidence, il y a un peu moins de deux siècles, le phénomène des fermentations* . Les "coupables", dénonce-t-il , les voici! Il s'agit de levures. Ces champignons microscopiques se multiplient à grande vitesse pour fabriquer l'alcool du vin, les "bulles" du pain ou la mousse de la bière.

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Pasteur dans son labo­ratoire, par Edelfet (vue partielle. ci-dessus).

* L'ASTÉRISQUE ren­voie à une définition du mot qui est placée ainsi. en marge du texte.

* FERMENTATION -Réaction chimique qui fait intervenir certains organismes entrainant la transformation d 'une substance d 'origine or­ganique sous l'influence d 'un ferment (enzyme).

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En fait , on peut dire qu'en exploitant certains phénomènes du monde vivant, nos ancêtres fai­saient déjà de la "biotechnologie" sans le savoir. C'est seulement vers les années 1960, que le mot est apparu, issu du grec "bios" (vie) et "teckhnologia" (technologie). Car il s'agit bien de cela : les biotech­nologies (1) se proposent d 'utiliser la matière vi­vante, et plus particulièrement les microorganismes, à des fins économiques.

En fait, l'homme s'efforce de domestiquer ces êtres vivants invisibles à l'œil nu. Son but? Les employer à son service, leur faire réaliser des tâches précises, sans pour autant jouer à l'apprenti sorcier.

Aujourd'hui, rares sont les domaines où ces "ouvriers" très spécialisés ne font pas irruption : chimie, médecine, pharmacie , agro-alimentaire, énergie, extraction de métaux, dépollution .. . Ils savent tout faire ou presque et sont même pro­grammables. Et leur nombre, leur efficacité, sont quasiment sans limite.

D'où l'importance de connaître cette main­d'œuvre de qualité: comment est-elle constituée, de quelle manière agit-elle? C'est l'objet de la biologie moléculaire. Depuis quelques années, cette science enregistre des progrès très importants qui débou­chent sur un ensemble de techniques et des applica­tions industrielles. Ainsi, le biologiste passe le relais à l'ingénieur, et les biotechnologies donnent nais­sance aux bio-industries.

Et, en ce domaine, le monde marin, encore plus que tout autre, reste à explorer.

Rappelons que les océans occupent environ les trois quarts de la surface de la Terre. Ils forment un immense garde-manger d 'environ l.320 millions de kilomètres cubes ouvert à l'appétit des hommes.

(1) Selon la définition de la Fédération européenne de biotechnolo­gie, elles permettent, grâce à l 'application intégrée des connaissan­ces et des techniques de la biochimie, de la microbiologie, de la génétique et du génie chimique, de tirer parti , sur le plan technologi­que, des propriétés et des capacités des microorganismes et des cultures cellulaires.

OCÉAN DE VIE POUR NOURRIR, SOIGNER, NETTOYER

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Mais, actuellement, la mer ne fournit que dix pour cent des protéines* qui leur sont nécessaires.

Il faut bien constater que pêche et cueillette ont toujours été limitées à un nombre réduit d'animaux et de végétaux marins: soixante-dix espèces de poissons, crustacés et mollusques représentent les deux tiers des captures, et une dizaine d'algues différentes la quasi totalité des récoltes.

Il faut rapprocher ces chiffres des cinq cents mille espèces qui peuplent les océans, y ajouter les bactéries, les champignons et le plancton* inexploi­tés, voire ignorés, pour mesurer les perspectives offertes par le monde marin aux biotechnologies.

Comment mieux le gérer, valoriser ses ressour­ces ? Pour nourrir, soigner les hommes. Mais aussi pour produire des richesses, nettoyer, protéger la nature. Montrer également l'extraordinaire enjeu économique et social que représentent, aujourd'hui, les biotechnologies marines; situer ie rôle qu'elles devront jouer ... Voilà l'objectif de cette brochure. En aucun cas exhaustive, elle est comme un coup de projecteur destiné à éclairer les aspects essentiels d'un sujet vaste et complexe.

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* PROTËINES - Ma­cromolécules azotées plus ou moins com­plexes, constituées par un nombre variable d 'acides aminés et en­trant dans la composi­tion des cellules et des tissus animaux et végé­taux.

* PLANCTON - Du grec planktos (errant) . C'est l'ensemble des orga­nismes marins vivant dans les masses d 'eau dont les déplacements sont passifs vis-à-vis des courants. Certains de ces organismes, ce­pendant, peuvent se déplacer, par des mou­vements propres.

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Agglutination de cellules sanguines de la grande nacre de Méditerranée (ci­contre). La formation d'un dôme - les cellules ayant des facultés d'adhésivité au support, puis de déplacement afin de confluer - est signe de la bonne vitalité du système de défense de l'organisme. De grands voiles se développent pour capter les particules étrangères au milieu (photographie en microscopie à balayage avec traitement en fausses couleurs.)

Diatomèe centrique en microscopie op­tique (diamétre : 27 microns) et culture de levures (ci-dessous).

PH. P LELONG

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PH. CMEMA. FAC. ST-JÉROME-MARSEILLE

Voyage vers l'infiniment petit

D Imaginez la surprise, l'émerveillement du Hollandais Van Leeuwenhoek, à la fin du XVIIe siècle: le premier, sous la loupe de son

microscope rudimentaire, il observe des êtres aux formes bizarres, des "animalcules".

La découverte du monde microbien marque une étape capitale dans l'évolution de la biologie. C'est en 1801, en France, que le naiuraliste La­marck forge ce mot. Si le XIxe siècle marque les débuts de la période moderne de cette science, il faut reconnaître que l'homme s'est toujours attaché à expliquer l'origine de la vie, à décrire le monde qui

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* MOLÉCULE - En­semble d 'atomes unis les uns aux autres par liaisons chimiques.

* PROTOZOAIRE - Or­ganisme unicellulaire parmi les plus primitifs avec les bactéries et les algues unicellulaires, pouvant quelquefois former des colonies.

* DIATOMÉES - Algues unicellulaires (formées d 'une seule cellule) . El­les sont recouvertes d 'une sorte de carapace imprégnée de silice, appelée le frustule , comparable à une boite composée de deux val­ves (le fond et le cou­vercle) réunies par des ceintures. Leur taille va­rie d'un millimètre à quelques microns.

* ESCHERICHIA COLI -Bactérie près ente dans l'intestin .

* ACIDE DÉSOXYRI­BONUCLÉIQUE (ADN) -Molécule de la vie, sup­port de l 'hérédité ; elle se présente au micros­cope sous forme d 'une double hélice ; sa struc­ture a été proposée, en 1953, par J. Watson et F Crick.

* ARN MESSAGER -Support chimique des gènes.

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l'entoure, à comprendre les règles qui l'animent. Les dessins de l'homme de Cro-Magnon sur les parois de cavernes témoignent d'une observation minu­tieuse des animaux qu'il chassait. Cinq mille ans avant notre ère, les Chinois possédaient déjà de solides connaissances sur le ver à soie dont ils pratiquaient l'élevage.

Le développement de la biologie traduit les progrès de l'esprit humain au fil des siècles. Et il a fallu l'apparition d'instruments d'observation adap­tés pour que les scientifiques poursuivent leur explo­ration de "l'infiniment petit", jusqu'au niveau de la cellule puis de la molécule* et de l'atome.

La cellule est l'unité de base de tout être vivant. Isolée, elle forme un individu autonome parmi d'autres: algues microscopiques, protozoaires*, bactéries ... Associée à d'autres cellules, elle consti­tue des tissus, des organes et des organismes.

Tous les microorganismes s'agitent, grandis­sent, se reproduisent en un perpétuel renouvelle­ment. A proximité de l'Islande, on a dénombré cinq milliards de diatomées* par mètre cube d'eau. En se divisant toutes les vingt à trente minutes, certaines bactéries peuvent donner vie à une cinquantaine de générations par jour. Il s'agit d'un cas limite: celui d'Escherichia coli* dans des conditions très favora­bles. Ces exemples montrent l'extraordinaire force d'expansion de la matière vivante. A grande vitesse, de partout et tout le temps, les êtres vivants micros­copiques envahissent, colonisent les espaces vides.

Se reproduire et effectuer un travail précis, voilà sommairement toute la vie des cellules. Bien que très différentes les unes des autres, leur fonc­tionnement de base est sensiblement le même. Elles représentent, en fait , de véritables usines chimiques automatisées. L'usine comprend un centre de com­mande et de contrôle de toutes les fonctions - le noyau - et un territoire où se déroulent toutes les activités - le cytoplasme. L'ordinateur central (noyau) contient un programme sur bande magné­tique. C'est l'acide désoxyribonucléique ou molé­cule d'ADN* . Toutes les informations nécessaires au fonctionnement de l'usine et à sa régulation sont

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LES YEUX DE LA SCIENCE

LOUPE de Van Leeuwenhoek

... X 2Q /

MICROSCOPE OPTIQUE

... X 5000

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Entrelacs de filaments du mycélium souterrain d'un champignon (Rhizopus) vus à la loupe (ci­dessus). Ci-dessous de haut en bas: vue d'un des filaments au microscope photonique ou optique; coupe du filament observée au microscope élec­tronique; atomes d'iode mettant en évidence un atome manquant.

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Tissu digestif de palourde (ci-des­sus). On distingue bien les trois types de cellules qui le compo­sent : digestives (CD), sécrétrices (CS) et flagellées (CF). Détail d'une cellule sécrétrice (ci-contre) avec le noyau cellulaire (1), le nu­cléole (2) , l ' enveloppe nu­cléaire (3), les ribosomes (4), l'er­gastoplasme (5) , une mitochon­drie (6), la membrane cellu­laire (7).

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Une usine . . microscopique

Le fonctionnement d 'une cellule est comparable à celui d'une micro­usine. Admettons qu'elle soit une papeterie. Le bois est déchargé dans la papeterie(]). Il est scindé (1), transformé par l'ergastoplasme @ et l 'appa­reil de Golgi @, en fonction des différents besoins de l'usine.

Une partie est dirigée vers la centrale énergétique (mitochondries) @ qui fournit de l'énergie, notamment à l 'ordinateur central (noyau) . Non seulement ce dernier régule la production d 'énergie, mais il organise le travail des unités de fabrication de papier (ribosomes) @. L'autre partie est utilisée pour assurer l'entretien de l'édifice. Les déchets sont dégradés par les lysosomes et rejetés par les cheminées de l'usine 0 .

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contenues dans cette molécule. Certaines séquences du programme sont recopiées à la demande. Les copies s'appellent ARN messager* . Elles vont por­ter l'information jusqu'à de petites unités de fabrica­tion des protéines: les ribosomes . C'est dans cette partie de l'usine cellulaire que sont fabriqués par exemple, les enzymes* et les peptides hormonaux*, moteurs essentiels de la vie cellulaire.

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* ENZYME - Substance biologique élaborée par certaines cellules, et qui déclenche une réaction chimique.

* PEPTIDE - Fragment de protéine constitué par quelques acides aminés.

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* VÉSICULE - Petit ré­servoir membraneux élaboré à partir de la membrane cellulaire et qui se retrouve isolé ou en amas au sein d 'une cellule ; il peut renfer­mer diverses substan­ces .

* ACIDES AMINÉS -Petites molécules à base d 'azote, attachées les unes aux autres (po­lypeptides) , qui entrent dans la constitution d'une protéine donnée. Les êtres vivants comp­tent une vingtaine de types d 'acides aminés différents.

Bactéries en microsco­pie à balayage, On peut se rendre compte de la grande diversité des bactéries dans le milieu marin.

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Les éléments élaborés vont ensuite s'accumuler dans des citernes (ergastoplasme) et se modifier dans l'appareil de Golgi pour participer à la construction de produits cellulaires variés. L'appareil de Golgi va alors émettre divers types de vésicules* : les unes sont destinées à l'élaboration des murs de l'usine (mem­brane cytoplasmique) ; les autres appelées lysosomes primaires vont fusionner avec des vésicules chargées de protéines "étrangères" pour les transformer et les réutiliser. Ainsi sont obtenus les acides aminés* , matériaux de base de la fabricaiion des protéines. C'est ainsi que la cellule se construit et alimente une centrale (mitochondries), qui fournit l'énergie néces­saire à son fonctionnement.

Les produits de déchets sont ensuite digérés par les enzymes contenues dans les lysosomes secondai­res, et rejetés à l'extérieur de la cellule. Ces lysosomes peuvent donc être assimilés au service de nettoiement du système.

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* NAISSAIN - Larves de coquillages ayant subi la métamorphose.

* FONCTIONS VITALES - Phénoménes qui per­mettent l'existence équilibrée d 'un orga­nisme et qui sont assu­rés par de nombreux appareils organiques (exemples: fonctions de relation : systéme ner­veux; fonction ' de re­production : appareil génital et glandes an­nexes ... )

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D Depuis la plus haute Antiquité, l'homme s'attache à élever des animaux et à cultiver des plantes aquatiques. Il y parvient par tâton­

nements : en observant certaines espèces, en mettant au point des techniques pour les stocker et les faire grandir.

De simple prédateur, qui "cueille" sa nourri­ture, il devient berger, cultivateur de la mer. Déjà, les Romains prélèvent de jeunes huîtres sauvages dans les gisements naturels, pour les élever en parcs, d'une façon rudimentaire.

L'aquaculture est la maîtrise totale ou partielle de l'élevage de poissons, mollusques, crustacés ou algues. Dans tous les cas, il y a intervention de l'homme au cours de la croissance de l'espèce choisie: un ostréiculteur capte le naissain* d'huître et assure son grossissement; un pisciculteur contrôle toutes les phases du développement du loup (bar) ou de la daurade.

Quant aux capacités de reproduction des ani­maux marins, elles sont considérables: une morue pond environ dix millions d'œufs, une daurade d'un kilo, environ 500.000. Mais dans la nature, seuls quelques-uns parviennent au terme du cycle à cha­que ponte. L'homme peut, lui, obtenir par des soins appropriés un pourcentage d'éclosion important (90 % pour le loup), et des dizaines ou des centaines de milliers d'alevins.

La production de l'aquaculture mondiale avoi­sine les dix millions de tonnes par an (2). Avec 180.000 tonnes, en 1985, représentées surtout par l'élevage des coquillages (conchyliculture), la France se situe parmi les premiers producteurs européens. Et cela, grâce aux efforts importants de recherche qui sont entrepris depuis une vingtaine d'années, par l'Institut français pour l'exploitation de la mer (Ifremer), les laboratoires universitaires et privés ... Les programmes supposent une connais­sance précise des mécanismes moléculaires qui dirigent les multiples fonctions vitales* d'un végétal ou d'un animal.

(2) D'après des statistiques de l 'Organisation pour l 'alimentation et l 'agriculture (F.A.O.) datant de 1987.

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Algues des "légumes de mer': .. aux extraits

D Au Japon, des archéologues ont découvert des débris d'algues mêlés à des coquilles et à des arêtes de poisson datant de plusieurs

millénaires avant Jésus-Christ.

Il y a plus de deux mille ans, les populations d'Armorique se nourrissaient déjà de "gâteaux de goémon".

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Récolte d'algues Unda ria plnnatlfida à l'île d'Ouessant dont on voll, en médaillon, des plan­ules.

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Depuis toujours ou presque, les hommes consomment des végétaux aquatiques. Mais, dans le monde occidental, cette utilisation directe repré­sente une faible part de la récolte totale: en France, moins d'un pour cent, en 1987, alors qu 'eUe atteint 97 % au Japon, la même année.

La quasi totalité de la production fait l'objet d'une exploitation économique. Celle-ci est basée sur l'extraction et la transformation de substances qui sont très utilisées dans l'industrie agro-alimen­taire.

En "légumes de mer" ou en extraits, les algues sont utilisées en fonction de leurs particularités physiques et chimiques. Vertes (Chlorophycées), rouges (Rhodophycées) ou brunes (Phéophycées), elles peuvent être des organismes microscopiques flottants ou de grands végétaux fixés sur le fond . Au total , une dizaine d'espèces seulement sont récoltées ou cultivées sur les cinq cents rencontrées dans les océans du globe.

Le Français a consommé en moyenne dix grammes d'algue, en 1989. Dans le même temps, le Japonais en a mangé mille fois plus. Ce qui situe bien, au niveau mondial, la réelle place des algues alimentaires dont la production totale a atteint 180.000 tonnes (exprimées en poids sec), en 1987.

Dans notre patrimoine culinaire, les "légumes de mer" se rangent bien après les produits de l'agri­culture et de l'élevage. Mais comment s'en étonner? Alors qu'il a fallu attendre l'année 1988 pour que le Conseil supérieur d'hygiène publique de France émette un avis favorable (3) sur la culture et la commercialisation de quatorze algues alimentai­res (4).

(3) En réponse au dossier d 'agrément déposé par le Centre d'étude et de valorisation des algues (Ceva) , à la demande des industriels. Centre technique des algues, le Ceva est soutenu par l ' Institut français pour l 'exploitation de la mer (Ifremer). le conseil général et les communes des Côtes-du-Nord.

(4) Il s 'agit de : Laminaria digitata, L. saccharina , Ascophyllum nodosum, Himanthalia saccharina, Fucus vesiculosus , F. serratus , Undaria pinnatifida, Palmaria palmata , Porphyra umbilicalis, Graci­laria verrucosa, Chondrus crispus , Ulva sp., Spirulina .

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Depuis qu'elles sont légalement reconnues comme denrées alimentaires, les algues s'insèrent dans un marché particulièrement porteur. Essentiel­lement parce que ces "légumes de mer" correspon­dent aux goûts et aux aspirations actuels des consommateurs qui recherchent des nourritures naturelles et équilibrées.

La production française d'algues alimentaires est de l'ordre de soixante tonnes (poids sec), en 1987. Une vingtaine de tonnes est destinée à la consom­mation nationale. S'y ajoutent sept tonnes de pro­duits japonais importés.

Et, quelle que soit leur provenance, ces algues parviennent souvent dans les assiettes des consom­mateurs avec des appellations d 'origine asiatique qui regroupent plusieurs espèces d'une même fa­mille : "nori" pour les Porphyra, "kombu " pour les Laminaria, "wakamé" pour les Undaria.

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Champ d ' algues Por­phyra (" norj' ) , à Futtsu, dans le sud de la baie de Tokyo.

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Feuilles d'algues Por­phyra (nor;), tradition­nellement consommées au Japon.

* CALORIQUE (VA­LEUR) - Quantité d 'énergie libérée par une substance biologi­que donnée.

* aL/GO-ÉLÉMENTS -Molécules intervenant à faibles doses dans cer­taines réactions biolo­giques ou chimiques (vi­tamines, éléments mé­talliques : fer, cuivre dans le milieu sanguin des organismes).

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Déjà, les "légumes de mer" sont mangés à toutes les sauces ou presque : salés ou sucrés, ils quittent les boutiques spécialisées pour prendre place dans les rayons des supermarchés ou dans certains restaurants, en offrant des préparations simples ou raffinées, colorées et aux multiples sa­veurs.

D AU GOÛT DU JOUR

Les algues présentent un grand intérêt nutritionnel. D 'abord parce que leur valeur calorique· est faible : le taux de lipides (graisses) ne dépasse pas deux pour cent ;

les glucides (sucres), sont en majorité indigesti­bles, comparables à des fibres alimentaires.

Plus ou moins riches en protéines selon les espèces, les algues renferment des vitamines (A, B, C, E. .. ), de nombreux sels minéraux (sodium, potassium, magnésium .. .), et des oligo-éléments· (iode, fer, zinc .. .). Par exemple, la teneur en iode est si élevée chez les algues brunes qu 'une consommation de moins de cinq dixièmes de gramme couvre les besoins quoditiens d'un adulte; pour le fer, l'ingestion de dix grammes d'Ulva lactuca est équivalente à celle d 'un kilo­gramme d 'épinards.

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Cette utilisation directe des algues touche essen­tiellement les grands végétaux. Quoique l'idée de nourrir l'homme avec des algues microscopiques revienne régulièrement dans les préoccupations des experts. On sait qu'en période de famine, les popula­tions du lac Tchad et les Aztèques se nourrissaient de spirulines, algues bleues (cyanobactéries) à crois­sance rapide.

En définitive, cette quantité de matière végétale (biomasse) demeure encore sans grande valorisation économique en alimentation humaine, si ce n'est indirectement: en aquaculture marine, elle sert de fourrage (5) aux mollusques, crustacés et poissons dans les premiers stades de leur développement ; en élevage terrestre, elle est combinée aux protéines conventionnelles issues de farine de soja ou de poisson et peut atteindre, par exemple, dix pour cent de la ration alimentaire des poulets.

Bref, on utilise les algues directement comme nourriture ou indirectement, en "[ourrage" destiné aux animaux d'élevage.

Cette forme d'exploitation des végétaux aqua­tiques caractérise les pays asiatiques.

En Occident, l'intérêt principal des algues réside dans leur teneur en colloïdes, sans équivalent dans la nature. Ces substances extraites des parois cellu­laires des algues rouges et brunes s'appellent les alginates, agars et carraghénanes. Sucres complexes aux propriétés épaississantes, stabilisantes et géli­fiantes, ils ont de nombreuses applications dans l'industrie, et notamment l'agro-alimentaire.

Souvent sans le savoir, puisque ces extraits d'algue se cachent sous l'anonymat des codes de la nomenclature européenne (6), le consommateur

(5) Ce fourrage peut être produit en grande quantité en favorisant le développement des algues microscopiques du milieu naturel : par apport de sels nutritifs sous forme d'engrais , de produits chimiques, d 'eaux résiduaires (rejets urbains) ; ou encore, en utilisant des eaux profondes riches en azote .

(6) E 401 à 404 pour les alginates; E 406 pour les agars ; E 407 pour les carraghénanes .

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occidental en absorbe en moyenne cent grammes par an. Crèmes desserts, glaces, soupes ... , les ali­ments sont très variés. Et les industriels peuvent même moduler, en fonction"pes propriétés des additifs, le croquant, l'onctueux ou le moelleux des préparations.

D ALGUES

ET ALGINATES , ./" -

"La production françé!ise d 'alginates est d'environ 3.000 tonnes par an, soit 8 % du total mondial. Elle est basée essentielle­ment sur l'exploitation de l'espèce Lamina­

ria digitata dont 70.000 tonnes sont récoltées en Bretagne Nord, au moyen de petites unités méca­nisées.

L'acide alginique pur et blanc, extrait des algues, est le produit de base. Il sert à fabriquer différents alginates par ajout de sels : sodium, potassium, magnésium ...

Pour les carraghénanes, la production atteint 3.000 tonnes (25 % de la production mondiale), extraites des espèces Chondrus crispus et Gigar­tina stellata. Au niveau industriel, cependant, les apports bruts sont représentés à 90 % par des importations d 'Euchema cottonii et Euchema spi­nosum (Philippines).

Il convient d'ajouter à cela les productions d 'agar (100 tian) à partir des Gracilaria."

Source : "Biotechnologies marines", par Yves Le Gal . J Oceanis, Vol. 15. Fasc.4. 1989 (pp 347-360).

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D Les grandes algues ne sont pas les seules à offrir de telles possibilités de valorisation. Avec l'essor des biotechnologies, on sait

maintenant produire des substances d'intérêt éco­nomique à partir d'algues microscopiques.

La récolte de microalgues ou de cyanobactéries n'est pas nouvelle puisque aussi bien les Aztèques que les populations du lac Tchad, on l'a dit, consommaient les Spirulines en période de disette. De même, certaines ethnies africaines et les aborigè­nes d'Australie utilisaient les "fleurs d'eau " de "Bo­tryococcus" comme combustible.

Les microalgues qui constituent un groupe de plus de vingt mille espèces, sont source de protéines, mais surtout de vitamines*, de colorants, d'acides gras* et d'enzymes. Mais il a fallu attendre la mise au point de technologies de culture en grande quantité pour envisager l'exploitation industrielle de certaines d'entre elles bien étudiées sur le plan physiologique et biochimique.

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* VITAMINES (voir oligo-é/éments) - Subs­tances organiques in­dispensables à l'orga­nisme à faible dose et provenant de divers aliments qui en renfer­ment (carottes: vita­mine A ; lait : vitamine C ; salade : vitamine E. . .).

* ACIDES GRAS - Peti­tes molécules à base de carbone, qui entrent dans la constitution des lipides (corps gras). El­les sont attachées les unes aux autres pour former des chaînes li­néaires.

La microalgue Botryo­coccus braunii (famille des chlorophycées) produit des hydrocarbu­res (gouttelettes appa­raissant en gris).

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* RËACTEUR - En­ceinte dans laquelle di­vers paramètres sont contrôlés (température, oxygène) ; elle permet de produire en masse, par réactions chimi­ques , des cellules vi­vantes ( bactéries , champignons , algues monocellulaires) .

* MËTABOLISME - En­semble des transforma­tions chimiques que su­bissent les substances absorbées par un orga­nisme.

* GËNOTYPE - Ensem­ble des caractères hé­réditaires propres à un individu donné, hérités des parents.

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La production massive de microalgues date du début des années 1960. Deux technologies sont envisageables.

La culture à ciel ouvert se pratique dans des lagunes ou canaux plus ou moins aménagés. Cette technologie est souvent peu adaptée à la mise en œuvre de monocultures contrôlées. Seules quelques espèces comme "Spirulina " ou "Dunaliella ", aux conditions de développement très spécifiques, ou des espèces qui sont écologiquement dominantes ("Scenedesmus, Chlorella '') peuvent être produites dans ces systèmes.

La culture en photobioréacteurs* permet une amélioration de la productivité en biomasse par l'optimisation des principales fonctions que sont la capture de l'énergie solaire, l'apport de gaz carbo­nique (carbonation), et la mise en circulation de la culture (agitation ... ). De tels systèmes autorisent également un contrôle de la monoculture. Une bonne gestion de l'ensemble de paramètres tels que la teneur en azote minéral, l'énergie lumineuse disponible au niveau cellulaire ... permet par forçage physiologique, la maîtrise partielle de la qualité des végétaux produits.

Il est ainsi possible de sélectionner, non seule­ment le nombre des espèces cultivables, mais aussi d'orienter le métabolisme* en vue d'augmenter leur teneur en produits recherchés.

Ce passage à la culture industrielle offre déjà des débouchés économiques prometteurs pour cer­taines espèces. Et afin que la production d'extraits d'algues standardisés de haute qualité se généralise, les scientifiques apprennent à connaître les caractè­res propres de différentes espèces; ils cherchent à les rendre plus performantes grâce à des méthodes, comme le génie génétique.

La teneur en vitamines, par exemple, dépend essentiellement des caractéristiques génétiques (gé­notypes*), et des conditions de culture de certaines micro algues : elle peut donc être modifiée et amélio­rée par des manipulations génétiques. Ainsi des mutants de l'algue Chlorella ou Chlamydomonas

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Biophotoréacteur tubula ire pour la culture de microalgues au Laboratoire d 'héliosynthèse du Centre d 'études nucléaires de Cadarache. Les tubulures contenant la culture reposent sur un autre réseau en polyéthylène dans lequel on peut injecter (ou retirer) de l 'air permettant ainsi d'émerger ou d' immerger les tubes contenant cette culture. La surface totale de culture est de 100 m2 pour un volume total de 7 m3

Cellule de l 'algue Cricosphaera elon­gala : E : écailles, MP : membrane plas­mique, N : noyau, EN: enveloppe nu­cléa ire , PN : pore nucléaire, Nu : nu-cléole, M : mitochondrie, P : plaste, Py : « pyrénoïde, R : ribosome, G : appareil de ~ Golgi, Ly : cytolysosomes, V : vacuole, <:

F : appareil flagellaire, L : globule lipidi- Ü

que. L _____ ..:::::::::===:=::::::::.-_______ -.J à:

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Haematococcus plu via­Ils (famille des Chloro­phycées). C'est une mi­croalgue de 40 à 50 microns de diamètre, produisant un pigment utilisé en aquaculture comme colorant.

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peuvent produire jusqu'à quatre grammes de vita­mine E par kilogramme de poids sec.

Les colorants extraits de microalgues sont d'excellents substituts aux produits de synthèse, qui sont soumis à une réglementation stricte. Parmi les plus communs figurent les caroténoïdes : dans cer­taines conditions de culture, 1'espèce Dunaliella salina accumule le p-carotène, qui colore en jaune la chair des poulets d'élevage.

De même, "Haematococcus pluvialis ", mi­croalgue verte, peut produire, sous forte intensité lumineuse, plus de 5 % de son poids en canthaxan­tine, très recherché en aquaculture pour colorer en rose la chair des poissons (truites, saumons ... ).

Des microalgues renferment de forts taux de lipides et d'huiles essentielles: vingt à quarante pour cent, et même pour Botryococcus, jusqu'à quatre­vingts pour cent du poids sec. Leur composition est voisine des huiles végétales communes.

Ces quelques exemples montrent toute l'impor­tance, la complexité de la recherche et de son développement dans le domaine de la valorisation des algues. C'est l'un des volets essentiels du plan à moyen terme 1989-1993 de l'Institut français de recherche pour 1'exploitation de la mer (Ifremer) sur les ressources aquacoles.

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PH. C. FRASSON

Mollusques, , . crustaces et pOIssons

Produire plus, produire mieux

D Depuis le début des années 1970, un effort de recherche important a été consacré à l'élevage des mollusques, crustacés et poissons marins:

des espèces telles que le loup, la daurade ou le turbot sont produites en élevage intensif.

Jusqu'à présent, les travaux ont porté principa­lement sur les conditions de cet élevage. Actuelle­ment, une prise en compte progressive des biotech­nologies apportent des outils nouveaux d'investiga­tion en physiologie* (reproduction, croissance, osmorégulation* et nutrition), pathologie* et géné­tique. Produire plus et mieux, tel est l'objectif final.

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* PHYSIOLOGIE - Fonc­tionnement organique d 'un individu aux divers stades de son cycle bio­logique. Par extension, étude des phénoménes généraux de la vie.

* OSMORËGULATlON­Processus physiologi­que d'adaptation du mi­lieu interne des orga­nismes aquatiques au milieu environnant.

* PATHOLOGIE - Per­turbation des fonctions vitales d 'un organisme.

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* PLANCTONOPHAGE­Animal qui se nourrit essentiellement de plancton (pour la sar­dine, du plancton ani-mai) . .

* ËCLOSERIE - Struc­ture où sont assurées toutes les phases de la reproduction et de l'éle­vage larvaire d 'une es­pèce. L'installation com­prend aussi des cultures annexes qui approvi­sionnent les larves en proies vivantes.

* PËLAG/OUE - Oui vit en pleine eau (exemple: plancton).

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Comment produire plus? Il Y a d'abord des aspects techniques: gain d'espace grâce à l'élevage en pleine mer ou en structure off-shore ; amélioration de la fixation des larves de coquillages en écloserie (télé­captage) ; nettoyage des salissures présentes sur les filets d'élevage afin d'éviter la mortalité d'animaux due à une mauvaise circulation de l'eau. Les recher­ches entreprises dans de nombreux laboratoires spécialisés permettent également d'envisager des solutions purement biologiques pour produire plus.

Dans cette voie, le développement d'espèces nouvelles est une façon d'augmenter la production animale. Bien entendu, toutes ne se prêtent pas à l'aquaculture; c'est le cas, par exemple, de la sar­dine qui est un poisson planctonophage* ; mais il n'en est pas de même pour le sar, le mérou ou bien le homard, bien qu'existent encore pour ces ani­maux, et bien d'autres, des stades critiques au cours de l'élevage, notamment pendant la période lar­vaire, en écloserie*.

La production de juvéniles de pieuvre est consi­dérée comme difficile car leur régime alimentaire est basé exclusivement sur la consommation de larves de crustacés vivants dont la production en masse est délicate et coûteuse. Pourtant, des Japonais ont réussi a obtenir un taux élevé de survie des larves pélagiques* de cette espèce (70 %). Il y a bon espoir de produire des juvéniles à grande échelle, si le substitut d'aliment mis au point est satisfaisant. Pour l'instant, cet élevage est destiné au repeuple­ment des fonds marins. Au Japon, il en est ainsi ~our la plupart des juvéniles produits par les éclose­nes.

En France et dans ses départements d'Outre­mer, la production aquacole d'espèces nouvelles, comme la coquille Saint-Jacques, et de poissons plats (turbot, sole) est de l'ordre de quelques tonnes. Elle n'en est qu'au stade expérimental, alors que dans un secteur non alimentaire, la production des perles noires, obtenue grâce à l'élevage de la nacre Pinctada margaritifera, prend un essor considérable en Polynésie.

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L'élevage contrôlé de nouvelles espèces suppose avant tout une connaissance précise de la physiolo­gie et des mécanismes moléculaires, qui sous-ten­dent le développement de l'animal. Cette maîtrise donne, par exemple, la possibilité de provoquer la maturation sexuelle*, l'ovulation* et la ponte, à une période donnée dans les limites du cycle naturel de reproduction.

Ainsi, pour les principaux mollusques exploités (huîtres, moules, palourdes .. . ), les techniques utili­sées en écloserie font appel au contrôle de certains facteurs de l'environnement, qu'ils soient vivants (biotiques) tels que la nourriture, ou non vivants (abiotiques) : température, salinité ... , afin de stimu­ler ou de retarder la ponte des géniteurs.

Chez les crustacés, comme la crevette Penaeus japonicus, la connaissance de la physiologie de la reproduction a permis de provoquer l'ovulation chez les femelles. Suite à l'ablation du pédoncule* oculaire, on supprime l'inhibition du développe­ment de la glande reproductrice provoquée par une hormone produite et accumulée dans cet organe.

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* MATURATION - Phase de l'évolution des cellu­les reproductrices au cours de laquelle le matériel génétique est diminué de moitié (ré­duction chromatique) dans les ovules et les spermatozoïdes, en vue de la fécondation .

* OVULATION - Emis­sion des cellules sexuel­les femelles (exemple : rupture des follicules chez les mammiféres rejetant les ovules).

* PËDONCULE OCU­LAIRE - Tentacule court constitué par un tissu conjonctif renfermant des fibres musculaires et des terminaisons ner­veuses se rendant à l 'œil.

Géniteur de crevette fouisseuse Penaeus Ja­ponlcus.

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* PHOTOPËRIODE - Al­ternance de périodes de lumière et d 'obscurité.

* HORMONE - Subs­tance déclenchant une activité biologique à une période du cycle vital (exemple: hormone sexuelle).

* GONADOTROPE - Oui favorise la maturation et l'émission des gamètes.

* HYPOPHYSE -Glande endocrine située sous l'encéphale. Elle produit de nombreuses hormones, notamment une hormone de crois­sance.

* MATËRIEL GËNËTI­OUE - Elément du chro­mosome qui conditionne la transmission et la manifestation d'un ca­ractère héréditaire bien déterminé.

* MËTAMORPHOSE -Passage de l'état lar­vaire au stade de juvé­nile. Il s'accompagne . d'une transformation importante de la mor­phologie et du mode de vie de l'animal.

. 32

Pour quelques poissons, une méthode douce consiste à décaler progressivement la photopériode* des géniteurs tout au long de l'année. Ce qui permet d 'obtenir des pontes en dehors des périodes naturel­les.

Il est aussi possible de provoquer l'ovulation des femelles par injection d'hormones* de mammi­fères . Cette technique est appliquée sur le loup, en utilisant une hormone extraite du placenta humain. Cependant, l'utilisation en aquaculture de telles hormones est limitée par les réactions de défense de l'organisme~ En outre, l'efficacité de tels traitements diminue lorsqu'ils sont répétitifs.

L'extraction d'hormone gonadotrope* à partir d'hypophyse* de poissons est réalisable, mais elle est difficile : plusieurs tonnes de reproducteurs sont nécessaires pour extraire un seul gramme de cette substance (7).

Aussi, les recherches s'orientent-elles vers le génie génétique (8). Cette approche consiste à isoler le matériel génétique* responsables de la fabrication des hormones, puis de les introduire dans des bactéries. Celles-ci sont alors capables de produire à leur tour ces hormones qui pourront être extraites et testées du point de vue de leur efficacité.

Grâce à cette technique, les hormones* gonado­tropes* deviendront disponibles en grande quantité. On pourra provoquer et contrôler la reproduction de certaines espèces de poisson. Cependant, la maîtrise de cette première phase du cycle biologique n'est pas suffisante. En effet, restent à surmonter les problèmes liés à l'élevage larvaire. Chez les inverté­brés marins, par exemple, il existe une période critique: la métamorphose* .

On a admis pendant longtemps qu'elle était une simple fonction associé~ au développement. En fait, le déclenchement de la métamorphose s'est révélé être sous le contrôle rigoureux de substances

(7) Cependant, des broyats d 'hypophyse sont suffisants, et sont utilisés en routine dans les pays de l'Est et en Amérique du Sud.

(8) L:expression "génie génétique " a été introduite par Jacques Monod, en 1976, à la place de "manipulation génétique ".

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Développement em­bryonnaire et larvaire du loup ou bar DicentrBr­chus IBbrBJC : CD à trois jours avec apparition du système nerveux ; ~ à cinq jours ; ~ à plus de 12 jours. Le grossisse­ment des poissons peut être réalisé en cages immergeables. Ci-des­sous , à la société '~quBvBr", à Saint-Ra­phaël (Var).

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La croissance de l'ormeau Haliotls dlscus est très lente. Au Japon, la production artificielle de Jeunes individus (ci-des­sous au stade larvaire véligère, 55 heures après l'éclosion) permet de contrebalancer en partie sa surexploitation.

34 OCËAN DE VIE POUR NOURRIR, SOIGNER, NETTOYER

Page 37: Océan de vie

biochimiques. Ce dernier dépend de l'environne­ment proche, notamment des substances élaborées par des algues ou des bactéries.

Des études récentes montrent que dans certains cas, les invertébrés vivent en cohabitation avec des bactéries marines . Celles-ci produisent des substan­ces chimiques qui peuvent fonctionner comme des messagers. D'ailleurs, plusieurs molécules ont été isolées et reconnues comme déclencheurs spécifiques de la métamorphose chez les larves. Ainsi, le messager qui favorise la métamorphose et la fixa­tion de l'ormeau Haliotis, est un acide aminé simple, extrait des algues rouges encroûtantes Lithotham­nium et Lithophyllum.

Pour les larves d'huître Crassostrea virginica, la métamorphose est provoquée au contact de molécu­les produites par des bactéries.

Ces exemples, montrent l'intérêt de l'utilisation de molécules messagères dans l'élevage larvaire des mollusques, afin d'augmenter le nombre de méta­morphoses et d'obtenir un plus grand nombre de juvéniles. Aussi, à plus ou moins long terme, il est envisageable de produire des substances favorisant la métamorphose par clonage des gènes* , si ces substances sont de nature protéique.

LE CLONAGE DES GÈNES

Cette technique nécessite d 'isoler un gène cor­respondant à un fragment d'ADN (acide désoxyr ibonu­cléique), qui détient le code génétique d 'une espèce. Ce gène contient un message, qui permet la . fabrica­tion d 'une protéine donnée. Par différentes méthodes, le gène ainsi isolé peut ête copié, à un très grand nombre d 'exemplaires. Il suffit alors de l 'incorporer dans un brin d'ADN (plasmide bactérien ') qui peut se répliquer à l 'intérieur d 'une bactérie hôte.

Puis, les bactéries, qui ont incorporé ce gène dans leur propre plasmide, se multiplient par culture : c 'est l'opération de clonage proprement dite. Le dé­chiffrage du gène à l'intérieur de la cellule bacté­rienne, conduit à la production de la protéine que l 'on souhaite obtenir.

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* GÉNE - Elément d'un chromosome constitué par des molécules ca­ractéris tiques j 'un ca­ractè r e h éré di tai r e (exemple : couleur des yeux).

* PLASMIDE BACTÉ­RIEN - Structure généti­que extra nucléaire in­dépendante du chromo­some bactérien. Capa­ble de r eproduct ion autonome, il peut exister dans le cytoplasme à l'état d'un grand nombre de copies, à l 'image, en informatique, de fichiers appartenant à un même logiciel.

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Alevins de saumon coho (ci-dessous). La production française de salmonidés atteint 950 tonnes en 1989.

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Enfin, pour produire plus, il est aussi possible de stimuler la croissance chez les poissons en leur administrant des hormones également extraites de l'hypophyse de mammifères ou de poissons.

La production d'hormone de croissance par la technique du clonage des gènes est en cours d'expé­rimentation. Un message est introduit dans le patrimoine génétique d'une bactérie. Lorsque ce message est déchiffré, il y a production d'une protéine : dans ce cas une hormone de croissance qui, après renaturation et purification, peut être injectée aux animaux d'élevage pour accélérer leur développement. Mais attention, l'application d'une telle procédure doit être maîtrisée et contrôlée afin

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de ne pas renouveler les égarements de l'élevage terrestre et de son trop célèbre veau aux hormones.

Notons, cependant, que l'hormone de crois­sance est une protéine très facilement dégradée; ce qui n'est pas le cas des anabolisants stéroïdiens utilisés jusqu'à présent.

Autre aspect très intéressant de l'utilisation d'une hormone de croissance, extraite de l'hypo­phy~e: l'adaptation des jeunes saumons en milieu mann.

En effet, dans des conditions physiologiques normales, les juvéniles de poisson gagnent la mer à la fin du deuxième printemps. Mais à cette époque, seule une partie d'entre eux sont physiologiquement prêts à passer en mer.

Quinze jours avant leur transfert en mer, les petits saumons subissent une administration d'hor­mones de croissance sous forme d'implants. Leur capacité à osmoréguler est ainsi stimulée et la mortalité post-transfert très atténuée.

Contrairement aux animaux d'élevage terrestre, la fertilité chez les poissons est généralement élevée: les femelles investissent jusqu'à trente pour cent de leur poids dans la fabrication d'œufs pour donner des milliers de descendants. Mais cette fertilité s'accompagne souvent d'un ralentissement de la croissance, et d'une modification des qualités orga­noleptiques* de la chair, et même d'une mortalité élevée chez les salmonidés.

Aussi, pour obtenir des individus de grande taille, cherche-t-on à se libérer de ces contraintes liées à la sexualité. Grâce à la génétique, on obtient des animaux stériles comme sont produits des fruits sans pépins. La première technique est l'hybridation qui est le croisement de deux espèces. Mais les résultats sont décevants car la plupart des hybrides obtenus demeurent fertiles et ne sont pas viables. On peut également intervenir au niveau du développe­ment de l'œuf, par un procédé qui amène à une polyploïdisation.

Il faut savoir que le nombre de paires de chromosomes contenues dans les cellules est varia-

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* ORGANOLEPTIOUES (OUALlTËS) - Gustati­ves.

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Stocks chromosomi­ques de truite arc-en­ciel, respectivement di­ploïde (caryotype nor­mal) et triploïde (caryo­type résultant d'un choc thermique).

PH. INRA - JOUY-EN-JOSAS

* GÉN()ME - Ensemble des facteurs héréditai­res d 'un individu ou d 'une lignée.

* TRANSGÉNIQUE - In­troduction d'un gène dans le génotype d 'indi­vidus permettant de le transmettre à leur des­cendance , en vue d'améliorer les perfor­mances de certaines espèces d'élevage.

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ble suivant les espèces. Chacun des noyaux renferme deux jeux identiques de (n) chromosomes paren­taux. C'est l'état diploïde (2n).

Chez les poissons, le passage à un état triploïde (3n) est du plus grand intérêt car il provoque la stérilité des animaux par l'absence de développe­ment des organes reproducteurs. Chez la truite, seule la femelle triploïde est totalement stérile. Aussi, produit-on des individus triploïdes femelles : l'élimination du sexe mâle est due à l'utilisation de paires de sexe génétique femelle mais traitées par des hormones maculinisantes. De cette façon, aucun des animaux destinés à la consommation n'a fait l'objet de traitement hormonal.

La polyploïdie est obtenue à grande échelle en salmoniculture en soumettant les œufs à des varia­tions brutales de température. Elle est également pratiquée chez la carpe et l'huître.

L'hybridation d'espèces voisines ou de genres différents peut être associée à la polyploïdie. L'ap­plication conjointe de ces techniques donne des animaux viables et stériles. C'est le cas pour les croisements de la truite arc-en-ciel femelle Oncor­hyncus mykiss avec des mâles d'autres espèces comme la truite commune, le saumon argenté ou l'omble de fontaine .

L'extension des manipulations génétiques à l'animal, lui-même, est en cours de mise au point au laboratoire: l'incorporation d'un gène stable dans le génôme* d'un individu permet de le transmettre à sa descendance, pour produire des lignées dites transgèniques*. En fait, ce type d'expériences est limité par l'insuffisance des connaissances sur les gènes de poissons.

Dans la plupart des cas, on doit encore utiliser des gènes issus de cellules de mammifères. Et, le plus souvent, ces gènes ne fonctionnent pas de manière optimale lorsqu'ils sont introduits chez les poissons. C'est pourquoi les scientifiques font actuellement de grands efforts pour identifier des gènes de poisson qui soient directement impliqués dans les processus de la croissance, de la résistance aux conditions extrêmes ou aux agents pathogènes.

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Page 41: Océan de vie

Croissance accélérée En élevage terrestre ou marin, les animaux rendus stériles ont une

croissance accélérée par rapport aux mêmes espèces qui se développent dans des conditions naturelles. D 'où un gain de poids plus rapide qui est particulièrement intéressant sur un plan économique.

En salmoniculture (élevage de saumon et de truite) , cette stérilité est obtenue au terme d'une manipulation génétique en plusieurs étapes.

ACTIVATION FIN DE LA ŒUFS ADULTES '1 CD MATU®,TION FEC(i)DES CROISSANCE

® Poids

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13nl L Temps

Après fécondation(]) (pénétration du spermatozoïde dans l'ovule) , la maturation de l 'ovule se poursuit. Une division cellulaire aboutit à la formation d 'une nouvelle petite cellule. C 'est le globule polaire (GP2) qui contient n chromosomes@. Normalement, ce globule est expulsé de la cellule de manière à maintenir dans celle-ci un nombre de chromosomes égal à 2 n. Il est possible d 'empêcher cette expulsion .9!.âce à un choc @ thermique (élévation de la température) ou hyperbare~ (augmentation de la pression réalisée au laboratoire) .

Ainsi, on obtient des œufs@ qui renferment 3 n chromosomes (œufs triploïdes), ou, sous certaines conditions hyperbares, 4 n chromosomes (œufs tétraploïdes) . Les poissons tétraploïdes sont fertiles . Et les mâles peuvent donner par croisement avec des femelles normales diploïdes des œufs triploïdes qui donneront des adultes stériles.

La stérilité accélère la croissance@car il n 'y a pas de perte d 'énergie due à la maturation sexuelle.

Cependant, chez les poissons triploïdes, les mâles présentent une croissance plus faible que les femelles . Aussi cherche-t-on à éliminer les mâles stériles en ayant recours à différentes techniques qui agissent sur le sexe des poissons.

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Page 42: Océan de vie

* PISCICULTURE - Ele­vage des poissons.

* DINOFLAGELLÉS -Algues unicellulaires du plancton dont le corps présente deux sillons en croix dans lesquels bat­tent deux flagelles.

• "STRESS"- Action brutale sur un organis­me perturbant sa phy­siologie.

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Dans le même ordre d'idées, une équipe améri­caine envisage d'introduire le gène qui provoque la production d'une protéine antigel chez des poissons plats vivant au-dessous de zéro degré dans l'océan Arctique. L'incorporation de ce gène chez les sal­monidés pourrait permettre d'envisager leur élevage en eaux exceptionnellement froides: en général, au-dessous de six degrés, en effet, les saumons ne s'alimentent plus.

Produire plus, nous venons de le voir, semble être la finalité de l'aquaculture. Cela ne suffit pas. Il faut aussi produire mieux en améliorant les aliments et le contrôle de l'environnement dans lequel vivent les animaux. Jusqu'à présent, le développement de la pisciculture* commerciale ou de repeuplement est dû, en grande partie, à la mise au point d'une nourriture artificielle de mieux en mieux adaptée : des études biochimiques et physiologiques détermi­nent quels sont les besoins des animaux d'élevage en acides aminés, acides gras essentiels, vitamines, non apportés par l'organisme. En aquaculture, l'alimen­tation est primordiale car elle a des incidences directes sur la bonne santé des animaux d'élevage et la qualité de leur chair.

Le contrôle du milieu d'élevage est aussi très important. Diverses substances: métaux lourds, peintures antisalissures ... nuisent directement au bon développement des animaux. Indirectement, le déséquilibre du milieu peut aboutir à la proliféra­tion d'organismes planctoniques: par exemple, les Dinoflagellés* élaborent des toxines qui entraînent des mortalités chez les coquillages et des troubles le plus souvent digestifs voire mortels , chez le consommateur. Des facteurs de "stress ''* liés aux fortes densités, favorisent des maladies et des épi­démies.

L'histoire de l'élevage de l'huître en France est marquée par plusieurs épidémies (épizooties) (9)

(9) Pour l'huître plate Ostrea edulis, deux maladies (la marteiliose puis la bonamiose) sévissent depuis 1969. Elles ont considérable­ment réduit la production de l'huître plate. qui est passée de 25.000 tonnes, avant 1969, à 1.500 tonnes , en 1974. La "maladie des branchies " puis une maladie virale ont entraîné l'extermination de tous les stocks de l'huître creuse d'origine portugaise Crassostrea angulata.

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dont l'analyse a permis de définir différents axes de recherche: d'une part, l'instauration d'un réseau de surveillance sanitaire; d'autre part, la mise au point de tests d'immunodiagnostic (10) simples et fiables.

Enfin, des recherches sur les cultures de cellules de mollusques marins (11) déboucheront sur la connaissance et le traitement de certaines maladies. Un autre axe d'étude consiste à développer des

(10) Un test de détection immunologique de la bonamiose est déjà commercial isé.

(11) Actuellement, seule est disponible une lignée cellulaire d'un mollusque d'eau douce, Biomphalaria glabrata qui a permis de progresser dans la connaissance de Schistosoma mansoni, respon­sable de la Bilharziose.

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Conchyliculture dans le Bassin de Thau, en Mé­diterranée. Les moules, fillées sur des cordes d'environ cinq mètres de long, sont triées et récoltées lorsqu 'elles atteignent sill à huit cen­timètres.

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souches animales résistantes vis-à-vis d'agents pa­thogènes. C'est ainsi que chez les salmonidés, cer­tains hybrides triploïdes résistent à la septicémie hémorragique virale (SHV), qui décime fréquem­ment les élevages. Le virus responsable de cette maladie est connu et ses gènes sont maintenant isolés.

De telles recherches ouvrent la voie à l'élabora­tion d 'une nouvelle génération de vaccins dont l'efficacité ne peut malheureusement être prédite. Diverses approches génétiques autres que l'hybrida­tion polyploïde (sélection, transfert de gène), sont à même, mais à plus long terme, de pourvoir des lignées de poissons résistant à ce virus.

Les biotechnologies ouvrent de nouvelles voies pour améliorer la croissance et la reproduction des organismes d 'élevage. Mais, cette sélection d'ani­maux en vue d 'une performance particulière peut aboutir à une fragilisation des espèces.

Le rôle essentiel des biotechnologies marines, c'est de servir d' instrument de connaissance, de diagnostic et de contrôle plutôt que de produire des "super-animaux", en définitive, difficiles à maîtriser.

Des sous-produits sous-exploités

D Dans les vingt années à venir, on évalue à trente millions de tonnes l'accroissement de la demande mondiale en produits de la mer. Le

développement d'une gestion rationnelle des pêche­ries et de l'activité aquacole devrait permettre de répondre, du moins en partie, à la demande des consommateurs. Pour le reste, il faudra bien que l'homme, lui le pilleur-gaspilleur, guidé par la faci­lité et le profit immédiat, devienne utilisateur-ges­tionnaire du monde marin.

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Par exemple, est-il acceptable de rejeter immé­diatement à la mer le "faux poisson"? Ces fonds de filets qui renferment des espèces de faible valeur marchande, doivent-ils être perdus alors qu'une partie pourrait être récupérée et transformée en farine de poisson? Mais attention, pas n'importe quelle farine : près de la moitié du produit des pêches maritimes est transformée en aliments com­posés pour animaux d'élevage ou de compagnie.

Pour éviter de tels gaspillages, l'Ifremer mène depuis 1987 un programme de valorisation des espèces marines peu exploitées, ou difficilement exploitables. Cette valorisation peut prendre diffé-

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Le filetage des poissons engendre des sous­produits frais qui repré­sentent en moyenne 50 % des produits de base.

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* TACAUO ·- Poisson de petite taille de la famille du merlan.

* FILETAGE - Opération qui consiste à lever (soit à la main, soit mécani­quement), la partie co­mestible (filet) du pois­son, de part et d 'autre de l'arête centrale.

A partir des sous-pro­duits de la pêche et des invendus sont fabriqués des amendements or­ganiques utilisés en agriculture moderne . Ici, l'opération de bras­sage du compost à la Compagnie du Guano de poisson Angibaud.

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rentes formes: en particulier la fabrication de pâte de poisson, le surimi japonais. Obtenu à partir de chair de colin d'Alaska, de chinchard, de tacaud* ... , elle constitue la matière première de produits d'imi­tation de fruits de mer (ou "kamaboko''): crabe, langouste, homard, coquille Saint-Jacques ...

La valorisation des protéines d'origine marine peut revêtir bien d'autres aspects: par exemple, des machines permettent de récupérer dix pour cent de chair supplémentaire qui adhère aux carcasses des poissons après les opérations de filetage*.

La pulpe de poisson qui est obtenue, constitue la matière première d'un grand nombre de produits attractifs plus ou moins cuisinés, et prêts à l'emploi.

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D Des générations d'enfants ont subi la pénible épreuve de la cuillerée d'huile de foie de morue, avalée d'une traite en grimaçant et en

fermant les yeux ... Cette potion, chère aux médecins d'antan, stimulait la croissance des bambins en raison de sa teneur élevée en vitamine A.

Pendant la dernière guerre mondiale, la pré­cieuse vitamine était recherchée jusque dans le foie des requins. L'extraction qui était réalisée dans les laboratoires de l'Alimentation équilibrée (Aec), à Commentry (Allier), s'accompagnait de la produc­tion d'un résidu, en quantité importante. Rapide­ment, les chimistes s'intéressaient à ce sous-produit encombrant. En fait , il s'agit du squalène, découvert presque simultanément par un Japonais, Tsujimoto (1916), et par un Anglais, Chapmam (1917). C'est une huile très fluide qui, en toute innocuité, a un gra.nd pouvoir de pénétration dans la peau hu­mame.

D'où son utilisation dans des préparations en pharmacologie et cosmétique: laits de beauté, crè­mes hydratantes ou anti-solaires ...

Cette simple histoire d'huile de foie de requin illustre en raccourci toute l'évolution de la pharma­cologie naturelle.

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Eventail de mer, Gorgo­nia venta/ina, observé à vingt mètres de proton­deur à Porto Rico (page ci-contre).

Foie de requin profond de Méditerranée (ci­dessous). On aperçoit les deux grands lobes bruns qui renferment une quantité importante d'huile: le squalène.

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Pour se soigner, les hommes ont d'abord cueilli des plantes terrestres qu 'ils trouvaient autour d'eux. Puis, ils ont découvert les vertus médicinales de certains organismes marins . Leur savoir est de­meuré longtemps empirique : au XVIe siècle, en Chine, certaines algues brunes étaient préconisées pour traiter le goitre.

Avec l'essor récent des biotechnologies, ce sa­voir s'est élargi jusqu'à la connaissance des consti­tuants biochimiques des plantes ou des animaux, ainsi qu'à l'action de certaines substances naturelles qu'ils renferment.

De la bactérie microscopique à l'imposante baleine, des centaines de milliers de végétaux et d'animaux marins sont susceptibles d'être des agents actifs sur le plan thérapeutique. Mais si les potentialités de la pharmacologie marine semblent étendues, les spécialistes admettent qu'elle n'a pas encore accompli de percée significative. La raison principale réside dans l'insuffisance des connaissan­ces sur la structure chimique des substances obte­nues qui forment des édifices d'une extrême com­plexité.

On attend des biotechnologies de nouveaux moyens pour extraire les molécules convoitées, les purifier et les produire industriellement. Déjà, des programmes scientifiques portent sur des organis­mes de différents embranchements : bactéries, cryp­t?games,. spongiaires, cnidaires, mollusques, tuni­Ciers, pOissons ...

Ainsi que nous l'avons vu dans le chapitre "Nourrjr", la consommation d'algues en "légume de mer" apporte un effet global de stimulation des défenses des organismes affaiblis. Les drogues qui sont extraites des végétaux marins peuvent être de précieux auxiliaires de la médecine humaine ou vétérinaire. Aujourd'hui, en France, les algues en­trent dans la composition de plusieurs dizaines de médicaments.

Des extraits d'algues de la famille des Bonne­maisoniacées ou des Dictyotacées ont une activité antibactérienne ; mais il faut reconnaître que les

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molécules actives présentent très souvent des spec­tres mal adaptés au traitement des maladies infec­tieuses humaines ; et pire, des toxicités élevées. Quant à l'activité antifongique, elle est réelle mais mal connue.

Des espèces de Dictyotacées, Cystoseires ou Cyanobactéries fournissent des substances actives sur des tumeurs malignes. D'autres ont une action bénéfique sur le système cardio-vasculaire.

L'alginate de calcium (algues brunes) saupou­dré sur les plaies chirurgicales, forme un gel qui arrête l'hémorragie. Ces qualités hémostatiques en ont rendu l'emploi courant en dentisterie, sous forme de "laine" et en gastroentérologie. Les algina­tes s'opposent à l'absorption intestinale du stron­tium radioactif sans perturber celle du calcium. Une autre mousse, japonaise celle-ci: Hypnea japonica, une fois réduite par des sels de bore, augmente la fixation du calcium osseux et fait baisser le taux de calcium sanguin .

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La chitine extraite de la carapace de crustacés (ici, crevettes pénéides) sert à élaborer une "peau artificielle". Utili­sée pour les brûlures et blessures, elle connait un vif succès au Japon.

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Préparation d ' une émulsion à base d'actifs marins. L' utilisation d'un agitateur à hélice et d ' un bain-marie chauffant favorise l 'ho­mogénéisation des ma­tières premières . En médaillon , La ligne " P/ancton/ss/me " Da­niel Jouvance. Des mi­croalgues spécifiques sont adaptées à chaque type de peau.

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Enfin, comment ne pas évoquer la thalassothé­rapie et la cosmétologie pour lesquelles l'utilisation des algues est moins exigeante qu'en médecine humaine? Bases de bains, produits amincissants et hydratants, cure préventive contre le vieillissement de la peau ... , le marché des spécialités aux algues est en pleine expansion.

Récemment, d'une algue brune, la Symbodi­rium microadriaticum, qui vit en symbiose avec les coraux et protège ces fragiles animaux des rayons ultraviolets, les spécialistes de l'Institut australien des sciences marines, près de Townsville, ont isolé

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Valorisation de substances biologiquement actives extraites d'organismes marins

MAMMIFt:RES Oaupl'Mn. e.telne

POISSONS _ ... tt.mlne A et D : huiles de laie _~ puissant (squale"e): huiles

de lots _ antiviral (azldothymidine) : sperme cie

hareng _ an •• th'.lqu8 loca' (tetrodotoxlna) :

polsson-globe (fugu), - Inhlbtl.ur de la v&scularisatlon des

tumeur. solides : cartilage de requins _ 8CtIt conlr. le. thromboses (huiles de

poIuon) : maquereau. sard ine ... _ .""lIoration des lonctlons hépatiques

(taurine) : sardine

CRYPTOGAMES • CHAMPIGNONS _~ (c~.lospofjn.): C~losporlum .cr.mon/um .

• ALQUES _~ et entItongiqUe (Te rptnes) : Bon­

n.m.l.onlac .... Dlctyotae6e • ... - ..mu_a' : DictyOUIcHs, CysIOMlr •• , eyano-

phye ...... - 1IdIf sur 1. ayat6ma cardio-v .. culalre, - Wu ... , ~: Digani •• /mplex, _~ (008108"& alginate ds calcium) :

aigu •• brune., _ 8"11,., .. 1\11,.. (acide domolque, acide kli"l·

que) : algu8 fouge Dlglnea simplex,

',.z ".,. /'

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* CRIBLAGE - Inven­taire exhaustif des activi­tés biologiques d 'une substance, basé sur la structure chimique de la molécule et de ses di­verses fonctions .

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une substance constituée d'acides aminés, qui sera peut-être la base d'une crème solaire. Un produit très efficace, selon les Australiens, capable de proté­ger vraiment des effets carcinogènes des ultraviolets et d'éviter l'apparition des mélanomes malins, ces tumeurs de la peau si souvent mortelles.

Les algues semblent posséder toutes les vertus médicinales, les médicaments de la mer tous les pouvoirs de guérir. Et il est facile de renforcer cette idée en élargissant nos propos à quelques embran­chements, ainsi que nous le faisons dans le schéma qui illustre ce chapitre.

En réalité, si les travaux sur la valorisation de substances biologiquement actives extraites d'ani­maux ou végétaux marins sont prometteurs, ils demeurent pour la plus grande part au stade expé­rimental, du moins en France.

Le problème essentiel qui conditionne les re­cherches sur des molécules nouvelles d 'origine marine, est celui du criblage* de leurs activités biologiques. A cet égard, deux démarches sont envisageables.

La première consiste à voir s' il existe un lien entre leurs activités biologiques intéressantes pour l'homme et leur toxicité dans le milieu naturel.

Ainsi la tétrodotoxine isolée du Fugu (pois­son-globe) est une neurotoxine puissante vis-à-vis des organismes dont l'espèce humaine (trente in­toxications mortelles par an au Japon) et est utilisée comme anesthésique local.

La deuxième démarche consiste à explorer d'une manière systématique l'ensemble des fonc­tions physiologiques ou pharmacologiques des molécules extraites. Il s'agit là d'un travail gigantes­que (et coûteux) pour lequel le nombre de "coups au but" est extrêmement faible.

Bel exemple de réussite, cependant, la décou­verte de l'azidothymidine (AZT), isolé du sperme de hareng et, à présent, synthétisé. C'est un antiviral très puissant qui est l'une des substances utilisées actuellement pour traiter les malades du Sida.

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D Tout à l'égout, tout à la mer ... Depuis des millénaires, l'homme se contente, ou presque, de rejeter dans les océans ses déchets de toutes

sortes.

Pourquoi donc se gênerait-il? Les océans sont immenses; leur pouvoir d'absorber et d'éliminer lui paraît sans limite. Il est vrai que la mer réagit, s'adapte aux différentes pollutions: elle neutralise parfois leur impact; elle peut même s'en débarrasser plus ou moins rapidement.

On dit que le milieu marin - comme tous les systèmes vivants - cellules, organismes, communau-

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tés ... -, a des capacités d'homéostasie: dans certai­nes limites, il maintient son intégrité et son fonc­tionnement d'une manière stable et équilibrée. Par la mise en œuvre de mécanismes de régulation et d'épuration.

Mais au-delà d'un certain seuil d'agression, les microorganismes nettoyeurs sont débordés, ineffi­caces. Et ce n'est pas tout: des substances (12) sont réfractaires à toute action naturelle de dégradation. Pire, elles s'intègrent dans la vie marine en entraî­nant d'importants déséquilibres et même des modi­fications de l'ensemble de l'écosystème.

Des bactéries stockent des quantités impres­sionnantes de métaux lourds : mercure, plomb, cadmium, zinc ... De ce fait , elles contribuent à transférer ces poisons à différents maillons des chaînes alimentaires marines. Plancton, coquillages et poissons s'intoxiquent les uns les autres, et em­poisonnent l'homme, à son tour. A ce propos, on évoque souvent les milliers de Japonais de la baie de Minamata, victimes, dans les années 1950, d'une grave maladie après consommation de poissons contaminés par des rejets industriels de mercure.

Ce cas extrême montre les dangers qui mena­cent l'homme lorsqu'il agresse son propre milieu. Mais il faut reconnaître, et nous l'avons déjà vu dans les chapitres précédents, que, dans la nature, le rôle bénéfique des microorganismes prévaut large­ment sur leurs activités néfastes.

Ainsi, on sait maintenant sélectionner, "domes­tiquer" des bactéries et les utiliser, pour éliminer des polluants souvent très toxiques: hydrocarbures, détergents, solvants, pesticides ...

De nombreux microorganismes sont capables de digérer le pétrole naturellement, dès lors qu 'ils peuvent disposer d'oxygène et d'éléments minéraux indispensables (azote, phosphore ... )

Mais c'est un phénomène lent qui peut durer plusieurs mois. Des scientifiques ont réussi à l'accélé-

(12) Notamment les dérivés halogènés : pesticides organochlorés , biphénylpolychlorés ou polybromés : PC.B. ou PB.B.

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La nappe de pétrole se fragmente avant de dis­paraître, sous l'action des bactéries marines.

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rer en donnant aux bactéries une sorte de potion qui les "dope". Gavées d'azote et de phosphore, elles se multiplient rapidement et s'attaquent avec plus d'appétit à la nappe de pétrole. L'efficacité du produit (13) est spectaculaire. En Alaska, elle s'est

matérialisée par une disparition totale des hydro­carbures traités, en moins de deux semaines.

Ces organismes forment une véritable brigade de nettoyeurs microscopiques au service de l'homme. A lui, de définir les consignes d'assainis­sement et de fournir les moyens matériels nécessai­res pour que le ménage soit bien fait.

Ce personnel spécialisé est de plus en plus efficace. On parvient même à former de nouvelles générations de nettoyeurs pour vaincre des salissu­res jusqu'alors rebelles.

En termes plus techniques, on fournit à des microorganismes, par génie génétique, le matériel enzymatique nécessaire afin qu'ils puissent dégrader certains polluants qui ne pouvaient pas l'être jus-

(13) Ce produit baptisé " Inipol E.A.P 22 ", a été mis au point par Elf Aquitaine. avec le concours de l'Institut océanographique Paul Ricard . En 1989. il a démontré toute son efficacité pour nettoyer les côtes polluées de l 'Alaska, suite à l 'échouage d 'un pétrolier.

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qu'alors. Les Japonais ont identifié un champignon appelé Nocardia qui est capable de digérer le caout­chouc, en particulier les pneus.

Dans la baie de San Francisco, une bactérie (Pseudomonas cepacia) a permis d'enrayer une pollution due au trichloréthylène.

SALISSURES Une solution écologique

D Cages de poissons d'élevage, col­lecteurs de coquillages, coques de bateaux... Toute surface plongée

dans la mer est rapidement envahie par une multitude de végétaux et d'animaux. C'est le "fouling" ou "salissure". En plus d'effets corrosifs, ce phénomène a des conséquences d'ordre économique: une pellicule de bactéries d'un dixième de millimètre d'épaisseur suffit à ralentir la vitesse d'un navire d'environ vingt pour cent.

Des peintures efficaces diffusent un voile qui empêche les animaux et les végétaux de s'accrocher. Mais ce voile est à base de matières toxiques pour la vie marine, principalement d'étain sous forme organique (*).

C'est pourquoi des scientifiques français, britanniques et américains cherchent à démonter ces mécanismes de fixation et de colonisation des orga­nismes marins. Afin d'y opposer une parade écologique en exploitant les pro­priétés de certaines bactéries qui élabo­rent des substances empêchant la fixa­tion des larves.

n La toxicité de composés organométalliques s'est manifestée dans les zones conchylicoles (bassin d'Arcachon), provoquant des malformations de la coquille des huîtres.

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l

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Station d'épuration de Marseille. (1) Dégrillage. (2) Relèvement des eaux. (3) Désablage - déshui­lage. (4) Bennes automatiques (évacuation des dé­chets) . (5) Séparation des graisses. (6) Local élec­trique. (7) Prédécantation. (8) Accueil et bureaux. (9) Accès visiteurs. (10) Parking. (11) Tunnel d'accès véhicules. (12) Local des réactifs. (13) Local ventila­tion. (14) Mélange rapide. (15) Coagulation - flocula­tion. (16) Décantation lamellaire. (17) Local électri-que. (18) Pompage aval. (19) Pompage transfert des boues.

PH. DET.SE - MARSEILLE Aux Etats-Unis toujours, des scientifiques de

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l'Université du Michigan ont trouvé des bactéries aptes à décomposer biologiquement les P.C.B. (bi­phényles polychlorés) utilisés dans l'industrie élec­trique et dans celle des matières plastiques.

Des chercheurs du Gas Institute ont, eux, mis en évidence des bactéries dévoreuses du soufre contenu dans le charbon avant combustion. Le rendement est actuellement de quinze pour cent en moyenne, mais la dégradation a atteint jusqu'à quatre-vingt-dix pour cent dans certaines expérien­ces.

Aux Pays-Bas, une équipe de l'Ecole d'agricul­ture de Wageningen propose un traitement de décontamination de l'eau polluée par les nitrates. Ces derniers sont transformés en azote par des bactéries du genre Hyphomicrobium.

De fait , on sait depuis fort longtemps épurer les eaux d'égout urbaines en les traitant naturellement.

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Le "lavage " de l 'eau demande plusieurs trai­tements successifs et spécifiques,

C'est un traitement biologique (14) (ou biodégrada­tion), Il varie suivant les processus technologiques utilisés: lits bactériens, bassins de boues activées, lagunage .. , Mais, dans tous les cas, le principe reste le même : des colonies de bactéries, de protozoaires et même de larves d'insectes se développent, se nourrissent de la matière organique contenue dans l'eau d'égout. En fait, ils désintègrent, transforment les déchets organiques en produits minéraux inof­fensifs , Un traitement chimique peut compléter cette épuration,

A Marseille, est implantée la plus grande sta­tion d'épuration enterrée au monde, Près de quatre cents millions de litres d'eaux usées sont traitées chaque jour, Au total , le " lavage " dure deux heures : quatre-vingts pour cent des matières en suspension, et jusqu'à cent pour cent des sables et des graisses sont éliminés, Les rendements de séparation sont également satisfaisants pour les métaux lourds

(14) Dans les stations de traitement des eaux usées, l 'épuration biologique est précédée d 'autres opérations préliminaires d'ordre physique . Elles permettent de séparer de l 'effluent les résidus solides, sables, huiles, graisses ..

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Lagunage de Porquerol­les (Var). Outre son in­térêt en tant que sys­tème d'èpuration, il of­fre un milieu naturel agréable et extrême­ment productif.

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et les phosphores mais ils ne dépassent pas quatorze pour cent pour les détergents (15).

A une échelle inférieure, le même principe est appliqué pour épurer et valoriser les eaux rejetées par les fermes d'élevage de poissons marins. Mieux, on parvient à recycler l'eau chargée en produits toxiques : ammoniaque, nitrites ... Sous l'action des bactéries, les poisons se transforment en nitrates ou en phosphates inoffensifs, qui sont d'excellents engrais pour produire massivement du plancton végétal.

Ce "fourrage" est la nourriture de base de tout élevage puisqu'il alimente le plancton animal, lui­même destiné aux larves de poissons.

Les eaux usées d'origine domestique, indus­trielle ou agricole, constituent un milieu favorable à la culture des algues microscopiques. Mais il est important de s'assurer de leur inocuité au plan bactériologique et chimique. De nombreuses expé­riences ont été conduites en ce sens aux Etats-Unis, en Australie et en France avec des résultats plus ou moins satisfaisants.

(15) A noter que la technique du lagunage dégrade ces détergents à 99 %, en fournissant par ailleurs de la matière vivante utilisable en aquaculture (plancton) .

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~,~ ~.~ Vers .

la "bio-société" D

Américains et Japonais évaluent à plus de soixante milliards de dollars le marché poten­tiel des biotechnologies à l'an 2000. C'est dire

l'essor extraordinaire que va subir cette branche de la science à moyen terme.

En fait , il s'agit d 'une véritable révolution biologique. En marche depuis une vingtaine d'an­nées, elle commence à bouleverser les données économiques et sociales de la planète : du moins celles des pays industrialisés qui engagent d' impor­tants investissements dans cette voie.

En premier lieu, les Etats-Unis et le Japon sont le plus souvent en pointe dans de nombreux sec­teurs. A ce propos, pour l'ensemble des biotechno­logies, les Etats-Unis emploient soixante pour cent des chercheurs et ingénieurs confirmés du monde entier (16).

Au plan européen, la France se situe derrière l'Allemagne mais devance la Grande Bretagne. Et s'il faut reconnaître que ces pays accusent du retard par rapport aux deux "géants", il n'a rien de préoccupant. Car l'Europe compte un excellent potentiel d'experts en biologie moléculaire et cellu­laire, en génétique et en microbiologie.

D 'après le même rapport, le premier handicap est le manque de liens entre l'université et l'indus-

(16) D'après un rapport prèparé par l 'AREPIT pour la Commission des communautés européennes (1986).

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trie qui s'estompe actuellement. D'autre part, la C.E.E. ne dispose pas de grands centres de recher­che appliquée, en particulier dans le Sud : France, Italie, Grèce, bien que des biopôles tels que celui de Luminy, à Marseille, prennent naissance.

De plus, moyens matériels et compétences sont le plus souvent rassemblés sur un plan national et à une échelle trop petite, vu l'étendue des programmes scientifiques.

C'est le cas en France, avec une dispersion des recherches dans des organismes tels que l'Ifremer, le Centre national de la recherche scientifique (Cnrs), l'Institut Pasteur, l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), ou encore l'Insti­tut français de recherche scientifique pour le déve­loppement en coopération (Orstom), sans compter les laboratoires de recherche universitaire. Pour contribuer à renverser cette tendance un groupe thématique "biotechnologies marines" a été créé au sein de l'Association pour le développement de la bio-industrie (Adébio) (17).

Pour Yves Le Gal, coordonnateur de ce groupe, la stratégie se résume en quelques mots: structurer les différentes équipes, susciter de nouvelles collabo­rations, décloisonner la recherche et l'industrie travaillant dans ce domaine.

Déjà, les biotechnologies ouvrent de nouveaux horizons à la mise en valeur des ressources vivantes marines. Selon des spécialistes, une nouvelle révolu­tion de la science et de la société est en marche. Et les biotechnologies marines s'inscrivent dans cette "bio-société" qui est en train de naître. Leur rôle va être important, jusqu'à contribuer à apporter des solutions aux grands problèmes de notre temps : faim dans le monde, pollution, maladies, crise de l'énergie .. . Tous les espoirs sont permis si cette science est soutenue par une volonté politique, et si elle bénéficie d'un consensus social.

(17) Une quarantaine d'équipes scientifiques sont déjà membres de cette association parmi lesquelles l ' Institut océanographique Paul Ricard .

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POUR EN SAVOIR PLUS Austin B., 1988 - Marine microbiology. Cam­

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Callegari J.-P., 1989 - Feu vert pour les microalgues. "Biofutur", Editions scien­tifiques Elsevier, Fr., Paris (76) : 25-40.

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Page 66: Océan de vie

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TABLE DES MATIÈRES

PRÉFACE • Les nouveaux outils

d'une gestion respectueuse du monde marin

UN OCÉAN DE VIE • Du tour de main à la gestion du vivant • Voyage vers l' infiniment petit

UN OCÉAN DE VIE POUR NOURRIR • Algues : des "légumes de mer': .. aux extraits • Mollusques, crustacés et poissons :

produire plus, produire mieux • Des sous-produits sous-exploités

UN OCÉAN DE VIE POUR SOIGNER

UN OCÉAN DE VIE POUR NETTOYER

VERS LA "BIO-SOCIÉTÉ"

POUR EN SAVOIR PLUS ...

• DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Jean-Pierre Peyret

• CONCEPTION ET MISE EN PAGE: Christian Frasson • PHOTOCOMPOSITION : André Achard (Marseille) • PHO­TOGRAVURE : ppe. (M a rseille) • ASSISTANCE TECHNI­QUE: Claude . G<:!nive~ • IMPRESSION : Imprimerie Ricard (Marseille) . DEPOT LEGAL : mars 1991.

OCËAN DE VIE POUR NOURRIR, SOIGNER, NETTOYER

Page 67: Océan de vie

L'île des Embiez, siège de l'Institut océanographique Paul Ricard, est située à 10 minutes de navigation du port du Brusc, à Six-Fours-les-Plages, entre Sanary et Toulon (13 km), à 65 km de Marseille. Elle compte 95 hectares, d'une diversité étonnante: forêt de pins,falaises, plages de gravier fin ...

Tous les aménagements ont été réalisés dans le respect de la nature, ainsi que l'a souhaité Paul Ricard, quand il a fait l'acquisition de l'île, en 1958. Le regroupement des infrastructures d'accueil et de loisirs autour du port a permis de conserver à une grande partie de l'île son aspect originel, quasi sauvage par endroit.

DEUX MOTS D'HISTOIRE L'île a toujours eu une vocation maritime: de tous temps, des vaisseaux

fuyant la tempête ont fait relâche dans cet abri naturel protégé par la chaîne du cap Sicié. Dès l'Antiquité, les Phocéens fondent à l'emplacement du Brusc actuel, une cité qui devient par la suite possession romaine sous le nom de Tauroentum. En 1376, le pape Grégoire Xl , qui ramène la papauté d'Avignon à Rome, fait escale aux Embiez pendant trois jours. L'amiral génois Andrea Doria, qui commandait la flotte de Charles Quint au moment de l'invasion de la Provence, en 1536, vient se ravitailler au puits Sainte-Cécile dont l'eau possédait de grandes vertus diurétiques.

Exploités dès le XIe siècle par des moines de l'abbaye de Saint-Victor, à Marseille, Les marais salants, aujourd'hui désaffectés, sont utilisés comme bassins d'expérimentation par les chercheurs de l'Institut océanographique Paul Ricard.

Page 68: Océan de vie

D Comment nourrir les milliards d'hommes de demain, les soigner, les protéger de la pollution et des

nuisances? A cette question essentielle. la mer peut apporter des réponses. Du moins en partie.

De l'utilisation traditionnelle des ressources de la mer (pêche, aquacul­ture ... ), aux premières retomoées de la biologie du troisième millénaire (généti­que, pharmacologie ... ), c'est tout un ensemble de savoirs qui se conjuguent. Pour donner à l'homme des armes pour le progrès, des outils d'une gestion res­pectueuse de la vie et des espèces mari­nes. A lui d'en faire bon usage.