occupation du sol: la conquÊte de l’espace€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom...

24
N°70 AVRIL-MAI-JUIN 2013 ign.fr DOSSIER ZOOM OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE EN 2014 LE RGE DISPOSERA D’UNE INFORMATION ENRICHIE SUR L’OCCUPATION DU SOL. 12 LOGICIELS EN LIBRE-SERVICE SUR IGN.LOGICIELS.FR POUR QUE LA RECHERCHE PROFITE À TOUS

Upload: others

Post on 30-Apr-2020

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

N°70 AVRIL-MAI-JUIN 2013 ign.fr

DOSSIER

ZOOM

OCCUPATION DU SOL:LA CONQUÊTE DE L’ESPACEEN 2014 LE RGE DISPOSERA D’UNE INFORMATION ENRICHIE SUR L’OCCUPATION DU SOL.

12 LOGICIELS EN LIBRE-SERVICE SUR IGN.LOGICIELS.FRPOUR QUE LA RECHERCHE PROFITE À TOUS

Page 2: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

2 / IGN MAGAZINE MOIS-MOIS-MOIS 2013

TRIMESTRIEL DE L’INSTITUTNATIONAL DE L’INFORMATIONGÉOGRAPHIQUE ET FORESTIÈRE

Direction générale et siège social73, avenue de Paris, 94 165 Saint-Mandé Cedex.Tél. : 01 43 98 80 00.ISSN : 1624-9305.

Directeur de la publication Pascal Berteaud.Directrice de la rédaction Véronique Lehideux.Rédacteur en chef Philippe Truquin.Rédacteur en chef adjoint Jean-Marc Bornarel.Comité de rédactionE. Aracheloff, M. Bacchus, B. Bèzes, C. Cecconi,J.-E. David, X. Della Chiesa, M. Morand, J. Peron,A. Sandrin, J.-M. Viglino.Ont participé à ce numéroGeneviève de Lacour,Marc Provot, Alain Puiseux.Conception éditoriale et graphiqueAgence Cinquième Colonne,tél. : 04 73 87 15 27www.agencecinquiemecolonne.com

CouvertureIGNImpressionIGNDépôt légal MAI 2012

La problématique de la consommation

foncière est une question de grande importance.Quelles réponses apporteralors que l’artificialisationdes sols progresse partout et a doublé en 20 ans en Bretagne ?La meilleure des façons de répondre à cet impératifest de développer des outilsde planification pertinentssur des échelles largescomme les bassins de vie.Brest métropole océanefinalise donc actuellementson PLU facteur 4 [1] avec,entre autres ambitions, une gestion économe del’espace. Cette ambitions’articule autour de laprescription de notre Scot de réduire de 25 % notreconsommation d’espaceagricole pour l’habitat et de privilégier le renouvellement urbain à travers sa densification.Cette problématique desurconsommation d’espace,est très présente pour

des raisons sociologiques(habitat pavillonnaire) et démographiques. Pour y remédier, nous avonschoisi de développer uneapproche qui intègre unedimension globale articuléeautour du logement, desdéplacements, de l’économie et de l’environnement. Pour Brest métropoleocéane, la bonne gestion de l’espace et du foncier est une nécessité. Il s’agitégalement d’une ambitionpour amener nos réflexionsd’aménagement à évoluervers un développementnécessairement durable.Cette exigence ne peut sefaire sans outils appropriésqui apportent tout à la foisune description fine del’existant et son évolutiontemporelle. Le référentiel àgrande échelle de l’IGNsaura nous accompagnerdans cette démarche.

[1] Plan local d’urbanisme (PLU), programme local de l’habitat (PLH),plan de déplacement urbain (PDU) en un seul document articulé avec leplan climat

ACTUALITÉ ÉDITORIALAGENDA

DÉVELOPPER DES OUTILS DE PLANIFICATION PERTINENTS»

L’éditorial de…FrançoisCuillandrePrésident de Brestmétropole océane,maire de Brest

BM

O

AU SOMMAIRE DU NUMÉRO 70 AVRIL-MAI-JUIN 2013

2 / IGN MAGAZINE AVRIL-MAI-JUIN 2013

Développement. L’expansion urbaine de la banlieue rennaise.

OCCUPATION DU SOL:LA CONQUÊTE DE L’ESPACEPour maîtriser l’artificialisation des sols tout en préservant les espaces naturelset agricoles, il faut connaître l’état exact des stocks disponibles. Ce sera la mission de la future couche d’occupation du sol du RGE®.

DOSSIER 6-12

AVRIL4 ET 5 Bordeaux7es rencontres des dynamiquesrégionales de l’Afigéo.

5 AU 7 ParisDestination nature, porte de Versailles.Le salon des nouvelles randonnées.

11 ET 12 Marne-la-ValléeL’ENSG accueille la conférenceGéom@tice 2013. Les technologiesde l’information e de la communication(TIC) au service de la géomatique.

24 ET 25 Marne-la-Vallée22es journées de la recherche à l’IGN surle site René-Descartes, au sein du pôlede recherche et d'enseignementsupérieur Université Paris-Est.

MAI21 ET 22 CaenColloque 3D et éthique« De la qualité des donnéesà l’usage qui en est fait » organisépar le comité d’éthique de la 3D.

30 ParisJournée IGN thématiquepour les « gestionnaires de réseaux »au Pavillon de l’eau.

JUIN10 Saint-Mandé Colloque Frog - Osgéo à l’IGN.Conférences dédiées à la géomatiqueet aux données géographiques libresde droit.

11 AU 13 Marne-la-ValléeCinquième édition des rencontresSIG-La-lettre à l’ENSG.

26 ParisOuverture de l’exposition « Le tour deFrance de la biodiversité » au Muséumnational d’Histoire naturelle.

26 NiortJournée IGN thématique« Assurances et risques naturels ».

IGN

Page 3: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

MOIS-MOIS-MOIS 2013 IGN MAGAZINE / 3

EN POINTE

IGN FI coorganise l’information foncière de l’Ouganda � IGN France International, laBanque mondiale et le MLHUD(Ministry of Land, Housing andUrban Development) ont orga-nisé une conférence régionale àKampala (Ouganda) sur lethème de la modernisation del’administration foncière et dessystèmes de gestion, les 17 et 18janvier 2013. Ce colloque sur lamise en place de systèmes d’in-formation fonciers a réuni 180spécialistes, venus de plus de dixpays africains, sur le thème du«partage des expériences, in-novations et bonnes pratiques».La manifestation a été organiséeau moment où prenait fin le pro-

jet DeSILISoR* de mise en placed’un système d’information fon-cier (SIF) dans six districts pi-lotes de l’Ouganda. Trois an-nées ont été nécessaires auconsortium conduit par IGN FIpour concevoir, fournir, mettreen œuvre un SIF et sécuriser lestitres fonciers.DeSILISoR aura mobilisé une di-zaine d’entreprises et 30 expertsinternationaux. Près de 500 000titres fonciers devaient êtreconvertis et 16  500 cartes ca-dastrales ou thématiques réha-bilitées et géoréférencées dansune zone pilote de 17362 km2.La rencontre a notamment dé-

montré que les réflexions sur lasécurisation foncière et la miseen valeur du potentiel des terressont aujourd’hui communes àl’Afrique de l’Ouest et de l’Est.La présence, lors de l’ouverture,du vice-président de la Répu-blique d’Ouganda, du ministredes terres, du logement et du dé-veloppement urbain, de troissecrétaires d’État, de l’ambassa-drice de France et de représen-tants de la Banque mondiale amontré l’importance que les au-torités ougandaises et interna-tionales attachent aux questionsfoncières en général. Elle aconfirmé, en particulier, le suc-

cès du SIF et de sécurisation destitres fonciers en Ouganda, pré-senté à cette occasion par IGNFrance International.* Conception, fourniture, mise en œuvre du système d’information foncieret sécurisation des titres fonciers.

> POUR TÉLÉCHARGER GRATUITEMENT IGN MAGAZINE, RENDEZ-VOUS SUR IGN.FR

AVRIL-MAI-JUIN 2013 IGN MAGAZINE / 3

> POUR TÉLÉCHARGER GRATUITEMENT IGN MAGAZINE, RENDEZ-VOUS SUR IGN.FR

ACTUS 3-5

IGN France internationalrénove l’informationfoncière en Ouganda.

La représentationparcellaire cadastraleunique avance.Le SHOM (aussi) ason portail d’informations.

ZOOM 18-21

Le libre servicelogicielLes logiciels mis au pointpar les chercheurs de l’IGNregroupés sur un portailpour profiter à tous.

QUESTIONS,RÉPONSES 13

GÉOPORTAIL16-17

Posez vos questionssur ign.fr

CARTES SUR TABLE 22

François GabartLe vainqueur du VendéeGlobe est un expert en météo.

La (nouvelle) machine à remonter le temps.

MACIF

JEAN-PAUL BATISSE

FORÊTS14-15Pourquoi nous avons besoin de statistiques internationales.

IGN

DM

I TR

Y P

ICH

UG

IN /

FOT

OL

IA.C

OM

IGN

FI

Chantier500000 titres fonciers à convertir, et 16500 cartes à référencer pour établir un système d’informationfoncier moderne.

Page 4: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

4 / IGN MAGAZINE AVRIL-MAI-JUIN 2013

� Dans le cadre de la mise enplace du référentiel à grandeéchelle (RGE) de l’IGN, une représentation du parcellaire cadastral, la BD Parcellaire, a étéélaborée à partir du plan cadastral de la direction géné-rale des finances publiques(DGFiP), ce qui fait que l’Étatdispose aujourd’hui de deuxreprésentations distinctes duparcellaire cadastral. Afin de remédier à cette coexistence génératrice d’incompréhensionet de difficultés techniques pourles utilisateurs de ces données,la DGFiP, le ministère de l’éco-logie et l’IGN ont, en 2010, analysé conjointement ces deuxreprésentations du découpageparcellaire du territoire. Un étatdes lieux a permis d’identifierd’une part les divergences entreles deux représentations, d’au-tre part leurs insuffisances parrapport aux besoins des utili-sateurs. Des pistes permettant

de constituer une représenta-tion du parcellaire cadastralunique (RPCU) ont alors été dégagées, et expérimentées en2012 sur 28 communes répar-ties sur sept zones représen-tatives.Les premiers enseignementsont été présentés conjointe-ment par la DGFiP et l’IGNlors de deux journées événe-ments, SIG-Languedoc Rous-sillon en octobre et Innova-tions IGN en novembre 2012.Les réactions de la commu-nauté des utilisateurs ont ététrès positives et les premiers résultats particulièrement encourageants. La collabora-tion technique entre l’IGN et laDGFIP continue afin de définirles modalités techniques et juridiques de généralisation dela RPCU et doit déboucher surune décision interministérielleattendue d’ici fin 2013.

La représentation parcellairecadastrale unique (RPCU) avance

� Événement mondialcréé en 2004 et co-orga-nisé par la société météorologiquede France, le Forum internationalde la météo et du climat s’est dé-roulé du 28 mars au 1eravril sur leparvis de l’Hôtel de ville de Paris.Il a permis au public et aux sco-laires de réfléchir aux problèmesclimatiques et a constitué une pla-teforme d’échanges sur leurs en-jeux à destination des profes-

sionnels. En partenariatavec l’association Pla-

nète sciences, l’IGN à participé àce 10e forum en présentant à unpublic scolaire, allant du CP à la4e, ainsi qu’aux visiteurs, une ani-mation interactive autour de lalecture de paysages et de cartes.Comment aménager au mieux leterritoire et prévenir les risquesnaturels grâce à l’informationgéographique?

L’IGN au Forum de la météoet du climat

DES TOP 25 TOUS TEMPSL’IDÉE Dans la série cartographique « randonnée et plein air »,un nouveau conditionnement promet de satisfaire les adeptes d’escapades en forêt ou en montagne, et cela par tous les temps : les nouvelles TOP 25 R (R comme résistant) reprennent le contenu des cartes TOP 25traditionnelles (emprise, courbes de niveau, rochers, glaciers,etc.) sur un support plastifié et robuste adaptéaux randonnées les plus aventureuses. L’impression enrecto/verso réduit l’encombrement et facilite la manipulationde ces cartes « tous temps ». LA GAMME 34 titres seront publiés en 2013, dont deuxsur les forêts franciliennes, quatre sur les Vosges, huitsur les Pyrénées et 20 sur les Alpes. Les cartes TOP 25 quiont contribué à la réputation de l’IGN prennent une nouvelledimension « aventure », et vous engagent à la pratiquedes sports extrêmes ou de plein air, sans perdre la trace…Prix : 16 €

DES CARTES MIXTES ROUTES ET LOISIRSLE CONCEPT La nouvelle série de cartes TOP 200 éditéepar l’IGN associe les atouts de la carte routièreà des informations indispensables à la pratique des activités de plein air. L’intégralité du réseau routier et autoroutiery figure, assurant ainsi des déplacements aisés en voiturecomme à vélo. À ces éléments cartographiques s’ajoutent desinformations touristiques détaillées, très pratiquespour découvrir une région, dont un index de toutesles communes pour se repérer facilement. Les TOP 200sont les cartes à mettre entre toutes les mains ! LA GAMME Six régions d’exception sont aujourd’huidéjà couvertes : massif des Vosges-Plaine d’Alsace,Jura-Alpes du Nord, Alpes du Sud, Massif Central, PyrénéesEst et Ouest. Les chemins de grande randonnéey sont indiqués, comme la représentation du relief,indispensable dans les régions montagneuses.Prix : 6, 50 €

LES MÉTAMORPHOSESDE LASCAUX� Depuis sa découverte en 1940, la grottede Lascaux, en Dordogne, émerveille et intrigue.Pourquoi les hommes du Paléolithique,il y a vingt mille ans, ont-ils décoré ses paroisde magnifiques cerfs, de vacheset de chevaux polychromes par dizaines?Édité à l'occasion de l'exposition internationaleLascaux, l’ouvrage nous plongedans le mystère de la plus célèbre grotte ornéedu monde, patrimoine commun de l'humanité,et en dévoile les secrets.Richement illustré, il raconte la découvertede Lascaux, sa fermeture au public pour

en protéger les trésors, et l'histoire étonnante de ses copies successives,qui, de Lascaux II à la 3D, nous permettent d'en admirer les beautéset d'en comprendre le sens caché.Véritable hommage aux génies de la préhistoire, ce livre ouvre aussiun dialogue, à travers les millénaires, entre artistes d'hier et d'aujourd'hui.Ceux du Paléolithique, qui nous ont légué le plus beau des messages,et ceux qui, par leurs gestes patients, font chaque jour renaître,sous leurs pinceaux, le fabuleux chef-d’œuvre. Par Pedro Lima (texte) et Philippe Psaïla (photos). Éd. Synops, 156 pages, 27, 90 €

EN BIBLIOTHÈQUE

ACTUALITÉ PROSPECTIVE

DR

IGN

IGN

NOUVEAUTÉS CARTOGRAPHIQUES

IGN

IGN

RaccordPlan cadastral informatisé (PCI) et BD TOPO® à gauche, RPCU et BD TOPO® à droite. Cas d’une limite de commune (écart initial d’environ 35 mètres):la cohérence avec le référentiel à grande échelle (RGE) comprenant leréseau routier BD TOPO® permet de lever l’indécision malgré l’écart.

Page 5: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

AVRIL-MAI-JUIN 2013 IGN MAGAZINE / 5

POINTSDE REPERES

« L’IGN œuvrepour la gratuitédu patrimoinegéographique »

[…] Accédergratuitementau patrimoinegéographiquefrançais est

une réalité. Grâce aux fondsdématérialisés de l'IGN,la France est le seul pays aumonde à afficher gratuitementen ligne sur le Géoportailtrois siècles de cartographiesur un territoire de plusd'un demi-million de kilomètrescarrés: de la carte de Cassiniaux cartes IGN TOP 25,chères aux randonneurs,en passant par l'authentiquecarte de l'état-major,les internautes voyagentdans l'espace et le temps.D'un simple clic dansla rubrique « Remonterle temps » du Géoportail,on peut téléchargergratuitement en hauterésolution les 181 cartesde Cassini (1749-1789),les 978 cartes manuscritesoriginales de l'état-majorrehaussées à l'aquarelle(1818-1866) et un millionde photographies aérienneshistoriques datant de 1919à 2003. […] Il ne s'agit pasde concurrencer Google maisbien de rendre un serviceau citoyen comme de faciliterla mise en œuvredes politiques publiques.Aucun autre pays ne peut setarguer d'offrir un tel matériauhistorico-géographique auxchercheurs, aux enseignants,aux étudiants.[…] L'IGN va rendre accessibleun million et demide photographies aériennessupplémentaires des annéescinquante à nos jours,et prochainement, les quelque22 000 éditions historiquesde ses cartes topographiques.Concernant les référentielset les cartes les plus à jour, […]l'IGN les diffuse gratuitementaux établissementsd'enseignementet de recherches ainsiqu'à tout acteur chargéd'une mission de servicepublic et étenden permanence la gammedes données diffuséesgratuitement au grand public.[…] L'IGN rend doncle patrimoine cartographiquenational accessible à tous.Progressivement,mais assurément.

LIBÉRATION7 FÉVRIER 2013

* Plus d’information sur : www.ign.fr/institut/espace-presse/parlons-en

� Le portail du Service hydro-graphique et océanographiquede la marine (data.shom.fr) estentré en service le 28  janvier2013. Il permet à tous les usagers—qu’il s’agisse des services del’État, des collectivités territo-riales, des entreprises ou des ci-toyens— de rechercher, de vi-sualiser et d’accéder aux don-nées de référence du SHOM, dé-crivant l’environnement phy-sique marin, côtier et océanique,et son évolution.Conforme aux exigences de la di-rective Inspire, cette plateformede diffusion de données offre lapossibilité de combiner facile-

ment des informations prove-nant d’autres sites, dont le Géo-portail. Mis à jour régulièrement,data.shom.fr agrégera progressi-vement de nouvelles données,et proposera des services de va-lorisation de l’information deplus en plus pointus, tel qu’un ser-vice de calcul des prédictions de

marée pour les professionnels. Une interface cartographiquepermettra par ailleurs d’importerdes données, de créer des cartesen ligne sur un mode collabora-tif, ou de contribuer à la mise àjour des produits du SHOM parle biais d’un service de transmis-sion d’informations.

Portail de l’information géographique maritime et littorale

SH

OM

� Samedi 23 février, l'École na-tionale des sciences géogra-phiques (ENSG) ouvrait sesportes au public, lui offrant uneoccasion privilégiée de décou-vrir les formations qu’elle pro-pose, et de mieux comprendre lagéomatique grâce à des dé-monstrations assurées par lesenseignants. Cette journée, com-mune aux établissements d'en-seignement supérieur et de re-cherche de la cité Descartes de

Marne-la-Vallée, a permis aux vi-siteurs de rencontrer les élèves etanciens étudiants venus exposerleur parcours. Au travers desconférences, de films, les cher-cheurs du service de la recherchede l'IGN et du Sertit (Service ré-gional de traitement d’image etde télédétection) de Strasbourgont présenté leurs travaux. Le pu-blic a pu naviguer sur le Géopor-tail et sur Territoire 3D®, produitcoédité avec la société Archividéo,

à l'aide d'une table tactile grandformat, participer à un café car-tographique, et découvrir l’ex-position de photographies aé-riennes proposée par le centre dedocumentation de l'IGN.

Portes ouvertes à l’ENSG

GéomatiqueLe hall de l’ENSG lorsde la journée portes ouvertes.

� Les plateformes régionales etles organismes nationaux ontengagé leur mise en conformitéavec la directive européenne Ins-pire, le partage et l’échange dedonnées se concrétisent. Malgréles difficultés techniques et fi-nancières, une double dyna-mique, locale et nationale, s’estinstallée. La réutilisation de l’in-formation se traduit par le dé-veloppement croissant des ser-vices en ligne.Tel est le bilan du déploiement enFrance de la directive, tel qu’il aété présenté, à la satisfactionavouée du ministère de l’écologie,du développement durable etde l’énergie, le 12 mars dernierlors d’une journée coanimée parl’IGN et le Bureau de recherches

géologiques et minières (BRGM).Des représentants de la direc-tion régionale de l’environne-ment, de l’aménagement et dulogement (Dreal) de Bretagne etdu centre d’études techniquesde l’équipement (CETE) del’Ouest y ont témoigné d’expé-riences réussies d’appropria-tion et de valorisation des don-

nées par des communautés va-riées, pour des usages profes-sionnels et grand public.Cette présentation faisait suiteà l’enquête lancée pour ladeuxième année consécutiveauprès des régions françaises.Cette année, elle a été élargieaux organismes nationaux, afinde préparer le rapport triennaldestiné à la Commission euro-péenne. L’enquête remonte ànovembre 2012. 182 personnesont été interrogées, 102 ré-ponses collectées. Trois ques-tionnaires ont été utilisés: l’unpour les régions dépourvuesde plateforme régionale, undeuxième pour les régions endisposant, et un troisième pourles organismes nationaux.

Inspire passe dans les mœurs

EN

SG

Page 6: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

6 / IGN MAGAZINE AVRIL-MAI-JUIN 2013

Entre 2006 et 2010, enmétropole, 80000 hec-tares de terres cultiva-

bles ont été artificialisés chaque an-née. La moitié en sol revêtu (ré-seaux de circulation), près d’unquart en sols bâtis et un dernierquart en espaces verts en herbe. Lesrapports environnementaux me-surent désormais la «consomma-tion d’espaces naturels et agri-coles» comme on mesure laconsommation d’énergie fossile etnon renouvelable. Le phénomènea un nom, et même plusieurs: ex-tension des tâches urbaines, mitagedes zones naturelles —des mots as-sez laids, qui involontairementévoquent une gale des paysages.

Les territoires évoluent. Dans cer-tains départements français, le motde «campagne» a perdu son sens.Lui aussi a disparu du décor. Nos-talgie du petit jardin de la chansonde Dutronc? Non: mutation desterritoires et des modes de vie. Etsouci de ceux qui les gèrent. La loide modernisation de l’agriculturedu 27 juillet 2010 a décidé la créa-tion d’un observatoire de laconsommation des espaces agri-coles, chargé de la freiner. La confé-rence environnementale (septem-bre 2012) s’inquiète de l’artificiali-sation croissante des sols, qui réduitla biodiversité, modifie le cycle del’eau, et réchauffe indirectementl’atmosphère: en consommant de

l’espace, en étendant les villes, ondéveloppe l’usage des transports.Donc de l’énergie. Dans le mêmetemps, les aménageurs, les élus, lespromoteurs cherchent l’espace dontils ont besoin pour construire les lo-gements qui manquent à la popu-lation. Où les trouver? Et si, dansces agglomérations très lâches quiont enflé comme des outres, onpouvait retrouver une part de l’es-pace qu’elles se sont approprié?Depuis 1990, la base de donnéeseuropéenne d’occupation des solsCorine Land Cover, qui couvreaujourd’hui 38 pays, piste le phé-nomène, en France comme ail-leurs. Mais avec ses UMC —les uni-tés minimales de collecte— de 25

Dès 2014, le référentiel à grande échelle (RGE®) disposera d’une informationenrichie sur l’occupation du sol. Elle dira tout sur l’extension des villeset des forêts comme sur la fonte des champs et la manière dont nous vivonsnotre territoire. Voici ce qu’il faut savoir sur la future couche «OCS-GE».

DOSSIER

LA CLEF DES SOLSBREST MÉTROPOLE OCÉANE

5,5%La croissancedémographique françaiseentre 1992 et 2004.

16%L’augmentationde la surface artificialiséedurant la même période.

Page 7: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

EvolutionDescriptionde l’évolutionde l’occupation du solentre 2000 et 2010dans le périmètre deBrest MétropoleOcéane.

AVRIL-MAI-JUIN 2013 IGN MAGAZINE / 7

hectares, elle est bien grossière.Elle est idéale pour des statis-tiques nationales, mais inutilisablepar une communauté de com-munes en quête d’un bilan précis—une nouvelle obligation desschémas de cohérence territoriale(Scot)— ou d’espace disponible. En 2010, un groupe de travail s’estattelé à la constitution de la no-menclature nationale d’une basede données occupation du sol àgrande échelle, sous le pilotage dela direction générale de l'aména-gement du logement et de la na-ture (DGALN) et du Centre d’étu -des sur les réseaux, les transports,l’urbanisme et les constructionspubliques (CERTU) du ministèrede l’écologieInscrite dans le contrat d’objectifs deperformance 2010-2013 de l’institut,la constitution d’une cinquièmecomposante du référentiel à grandeéchelle dédiée à l’occupation du sola donné lieu ces dernières années àdes expérimentations, impliquant

les laboratoires de recherchecomme des services de productionde l’IGN. Ces actions, menées en col-laboration notamment avec la di-rection générale de l’aménagementdu logement et de la nature, ontabouti en 2012 à adopter le principed’une couche « OCS-GE », commeoccupation du sol à grandeéchelle. Sa production débutera en2014. Son élaboration est en cours.Voici en attendant cinq choses quel’on peut savoir d’elle.

1. Elle estindispensable carl'espace se fait rareLes lois Grenelle 1(2009) et 2 (2010)ont impulsé une nouvelle gestion del’espace. Une conquête inversée, af-firme François Salgé (lire interviewen page 8): il faut à la fois préserverles espaces naturels ou agricoles ettrouver où construire de nouveauxlogements. «La loi Grenelle 2 insistesur la planification territoriale.

On y parle de “gestion économiquede l'espace”», fait remarquer Jean-Marc Frémont, directeur des pro-grammes de service public géogra-phiques et forestiers à l’IGN, et pré-sident du comité de pilotage de lacouche OCS. Elle prescrit la mise en

La première version de la basede données européenne d’occupationdes sols date de 1990. Deux mises à jouront été faites en 2000 et 2006. CorineLand Cover, encadrée par la directive Inspire,est pilotée par l'Agence européennede l'environnement et est misegracieusement à la disposition de 38 Étatsqu’elle couvre dans leur intégralité.La partie française est produitepar le service de l'observationet des statistiques du ministèrede l'écologie (MEDDE).

CORINELAND COVER

Page 8: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

des demandes de permis deconstruire pour localiser les parcelles,par exemple. La loi Grenelle a réel-lement changé notre point de vue.L’accroissement des villes entraînel’extension des réseaux, leur sur-consommation, l’engorgement descentres-villes aux heures de pointe,et la nécessité pour les plus fragilesd’aller habiter toujours plus loin. Lemouvement s’accélère: la populationpériurbaine se marginalise et subitle poids économique des transports,du foncier, de l’énergie. Ces constatset certains autres ont amené à uneréflexion globale : il faut densifier laville. Certains SCOT affichent dés-ormais 1% de consommation d’es-pace naturel : on a envie de recons-truire la ville sur la ville», affirmeBenoît Gourgand. «Mais l’État n’apas les moyens d’une analyse na-tionale...» Plus exactement, il ne lesa pas encore. «Il nous manque unereprésentation fine du phénomène,une base de données d’occupation dusol à grande échelle.»

2. Elle sera bienplus précise queCorine Land Cover«L’OCS-GE sera la cinquième com-posante du RGE®, après les bases de

données orthophotographique, to-pographique, adresses et parcel-laire cadastral, rappelle Jean-MarcFrémont. Et le “GE” du sigle signi-fie bien “grande échelle”» et surlignele pas qualitatif engagé. Car il existedéjà une couche d’observation dusol couvrant tout le territoire fran-çais… en même temps que celui de37 pays européens: mais CorineLand Cover (CLC), base de donnéesà moyenne échelle, est un tamis àtrop grosses mailles. «CLC affichedes polygones de 25ha minimum.La grande échelle représente deszones d’un demi-hectare, voire pluspetites en ville: jusqu’à des parcellesde 1 000 ou 2 000 m². Deux maisonsisolées en campagne ne se retrouventpas dans une parcelle de 25ha. Lesréseaux ne figurent pas dans CLCquand leur largeur est inférieure à100  m» explique Thierry Touzet,chef du projet OCS-GE à l’IGN.«Cela dit, le travail ne consiste pasà repérer des éléments individuelsmais plutôt à définir l’organisationd’un territoire. Dans une ville onn’identifie pas chaque bâtiment,mais l’organisation des bâtiments.L’OCS-GE ne sera pas une copie dela BD TOPO®. Elle traduira parexemple l’étalement urbain en dis-tinguant dans la nomenclature les

8 / IGN MAGAZINE AVRIL-MAI-JUIN 2013

DOSSIER LA CLEF DES SOLS

œuvre d’un SCOT par toute com-mune ou tout groupement de com-munes, à partir de 2017. Elle en faitdes schémas maîtres, qui doiventobligatoirement comporter «uneanalyse de la consommation d’es-paces naturels, agricoles et forestiersau cours des dix ans précédant l’ap-probation du schéma et une justifi-cation d’objectifs chiffrés de limita-tion de cette consommation contenusdans le document d’orientation etd’objectifs». «Avant, on constatait lemitage et le grignotage», dit BenoîtGourgand. Chargé d’études géoma-tiques urbaines et représentant duCentre d’études sur les réseaux, lestransports, l’urbanisme et lesconstructions publiques (CERTU,Lyon), Benoît Gourgand est aussi lepilote du groupe nomenclature na-tionale de la couche OCS-GE. «Tantqu’on faisait du suivi de l’urbani-sation, on utilisait la BD TOPO® ou

Pour quels usages l’État peut-il avoir besoind’une couche OCS à grande échelle ?Le premier sujet qui prend de plus en plus d'impor-tance, c'est l'avancement — ou la limitation — de l'ar-tificialisation des sols, et le suivi des espaces naturels.Cela suppose de connaître les zones déjà bâties pouren évaluer le potentiel de densification, et en mêmetemps l'étendue des espaces naturels et forestiers.Dans le cadre des SCOT, les communes devront faireun bilan de la consommation d'espace dans les dixdernières années. Tout cela intéresse les collectivitéslocales, bien sûr, mais aussi l'État, qui doit pouvoirdonner son avis et suivre la manière dont les docu-ments d'urbanisme jouent sur l’évolution des terri-toires.Le deuxième usage porte sur la biodiversité. Laconnaissance de l'occupation du sol permet d'instal-ler les trames vertes et bleues. Là, il s’agit plutôt d’un constat dela situation. Cette problématique se retrouve aussi en ville, où l’on

cherche à préserver la nature.Tout cela est d'abord le problème des collectivitéslocales. Mais elles ne sont pas des îles indépen-dantes. Il y a une continuité. Cela impose des de-voirs à l'État, qui doit pouvoir mesurer l'impact deslois. Et cela passe entre autres par la constitution del'OCS à grande échelle. Bien sûr, le Nord-Pas de Ca-lais et la région Provence-Alpes Côte d’Azur n'ontpas les mêmes paysages. Mais je critique toujoursles cartographies régionales qui s'arrêtent aux li-mites de la région. Ce qui se passe à Alençon nepeut ignorer ce qui se passe dans la Sarthe, à troiskilomètres. Enfin, et c’est le troisième volet, la re-présentation de l'occupation des sols permet deconnaître la pression anthropique exercée sur l'eau.On a besoin de savoir ce qu'il y a au bord des ri-vières. Ça, c'est un volet qui incite à avoir une

couche OCS très fine, quand Corine Land Cover va gommer lesbandes enherbées le long des rivières.

Question à...François SalgéChargé de missionà la direction généralede l’aménagement,du logement et de la nature,rattachée au ministèrede l’écologie et au ministèrede l’égalité des territoires

LES CARTOGRAPHIES RÉGIONALES S’ARRÊTENTAUX LIMITES DE LA RÉGION»

F. S

ALG

É

BD CARTO®

Extrait de la coucheoccupation du solde la BD CARTO®

sur la régionde Bordeaux.

IGN

Page 9: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

notions d’habitat diffus ou isolé.»Mais les critiques que font lesconcepteurs de SCOT à CorineLand Cover ne tiennent pas qu’àson échelle, inadaptée. «À l’usage,avoue Benoît Gourgand, on s’aper-çoit qu’il est difficile d’y trouver deschiffres cohérents avec ceux desbases locales. Au niveau d’une ag-glomération, d’un département, etdonc forcément d’un SCOT, les don-nées de Corine Land Cover ne sontpas appropriées. Lorsqu’une collec-

tivité élabore un SCOT, la premièrechose qu’elle fait, c’est de mettre enplace une base d’occupation du solpour obtenir des données objectiveset chiffrées.»La communauté urbaine de Brest,qui vient de se prêter à cet exercicedans le cadre de la révision de sonPLU intercommunal, a ainsi élaboréune base de données des modesd’occupation du sol (MOS) com-prenant 34 postes. « Nous avions be-soin de comprendre la dynamique

de consommation induite par l’ha-bitat et le développement écono-mique à l’échelle de la parcelle» pré-cise Benjamin Grebot, directeurdes dynamiques urbaines à Brestmétropole océane. « Nous voulionségalement intégrer les spécificités duterritoire  : la part importante deserres qui concourent à l’artificiali-sation des sols sans consommerd’espace agricole, mais aussi la dy-namique à l’œuvre sur le littoral etdans l’espace marin.»

AVRIL-MAI-JUIN 2013 IGN MAGAZINE / 9

ANALYSER L’ÉVOLUTION À GRANDE ÉCHELLEJacques Autran, architecte et géomaticien, est chercheurau laboratoire abc de l’Ecoled’architecture de Marseille.Ses travaux de rechercheportent en particulier sur lesméthodes et outils dereprésentation cartographiquede l’évolution des villes et deleurs espaces publics. Il estanimateur dès sa création en2005 du groupe de travail duCentre régional del’information géographique(CRIGE-PACA) qui s’estconsacré à l’extension de lanomenclature Corine LandCover à un quatrième niveau,dans le but de fournir auxacteurs régionaux une méthode commune

d’élaboration de bases dedonnées d’occupation dessols urbains à grande échelle.Il connait les faiblesses deCorine Land Cover, et lesbénéfices qu’apporterait unecouche OCS à grande échelle.« Dans nos recherches, nous utilisons des bases de données et SIG à des finshistoriques. De La Ciotat à Port-Saint-Louis du Rhône,nous analysons l’impact del’évolution de l’artificialisation,de 1830 (cadastrenapoléonien) à aujourd’hui,sur l’apparition et l’évolutiondes îlots de chaleur urbains.Nos travaux nous conduisentaussi à aborder l’occupationet l’usage des sols urbains

à très grande échelle, celle de l’architecture du quartieret de ses espaces publics. Un autre travail de recherche,conduit sur Gardanne, a été l’occasion d’évaluerl’intérêt de dissocier, dans une analyse del’évolution des territoires,couverture et usage du sol. »Jacques Autran préfère les nomenclatures simples et adaptables. « À l’échellenationale, il est important dedisposer d’une représentationdu paysage à plus grandeéchelle, afin d’avoir une visiongénérale de l’urbanisation etde son évolution. La grandeéchelle est plus précise et plus juste. Mais lors

de l’élaboration de cesnomenclatures, on se heurte à la difficulté d’offrir une classification simple et générale, largementpartagée, et à répondre à des particularismes locaux.Dans le Bassin minier deProvence, il y a des terrils, que l’on ne peut qualifiercomme de simples décharges;dans certains territoires dePACA, des anciennes culturesen terrasses importantes du point de vue paysager; en zone urbaine, de grandespropriétés de morphologiesingulière. Une nomenclaturenationale doit permettre auxacteurs locaux la descriptionde ces particularités. »

JAC

QU

ES A

UT

RA

N /

FON

DS

: S

CA

N 2

5 IG

N, 2

010

Tâche urbaineEn 1827, Gardanne est un bourg. Jusqu’en 1960, la pression est relativement contenue. Puis la continuité urbaine avec le quartier de Biver ausud s’établit sur les terres agricoles et se renforce. (recherche soutenue par l’Observatoire Hommes – Milieux Bassin Minier de Provence).

1827 1960 1992 1998 2003

Page 10: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

10 / IGN MAGAZINE AVRIL-MAI-JUIN 2013

DOSSIER LA CLEF DES SOLS

Les données OCS sont d'un grand intérêt pour tout ce qui atrait à la consommation d'espace, et pas uniquement dans lesecteur urbain: elles servent aussi pour mesurer les évolu-tions des espaces agricoles, déceler le gel des terres en zone ré-trolittorale et en périphérie urbaine et discerner la trame verteet bleue.Il faut des données fines sur la manière dont les sols évo-luent. Il nous faut aller bien au-delà de ce dont nous dis-posons avec Corine Land Cover. Nous pouvons avoir àtravailler au niveau de la parcelle cadastrale ou d'exploi-tation agricole telle que la répertorie le RPG (référentielparcellaire graphique ). Autant que l'occupation du sol, lesusages du sol nous intéressent aussi. Usages et occupa-tions sont souvent multiples et superposés. Nous n'avonsplus une vision « à plat » du sol. Même si la densificationurbaine se fait en remplissant les dents creuses, par exem-ple dans le fond des jardins, elle se fait de plus en plusen hauteur par la construction d'immeubles qui combinentplusieurs fonctions. On peut avoir des parkings en sous-sol,des commerces au rez-de chaussée, des bureaux et des loge-ments au-dessus et sur le toit des jardins ou du maraîchage.Un autre exemple: notre région compte beaucoup de zoneshumides. Pour un agriculteur, il s'agira d'une prairie naturelle,pour un écologue, d'une prairie humide.La photo-interprétation,

seule, ne peut pas fournir de telles infor-mations, dans l'épaisseur et dans la com-binaison des usages. Il faut alors avoirrecours à des données qui fournissent del'information «intelligente». Avec le RPGtrès utilisé, on peut citer MAJIC –la basede données associée au cadastre– qui pourcertains items est intéressante et fiablequand on veut caractériser les zones ur-baines et analyser l'empilement des fonc-tions. On pourra aussi citer les bases dedonnées thématiques établies sur la forêt,l'eau, la biodiversité...A mon avis, un travail de recensement etde qualification de ce type de bases de don-nées est à faire afin d'appuyer les analysesd'occupation du sol sur un système d'in-

formation pouvant également combiner des informations issuesde photo-interprétation et de télédétection, un système quiconserve la force de l'information-source et permette de répon-dre à des requêtes spécialisées. Dans ce cas, je conçois plus unecouche OCS comme un sous-produit de ce système d'informa-tion, répondant à des spécifications fixes et permettant de sui-vre les grands indicateurs de l'évolution de l'occupation du sol.

TémoignagePatriceLascostesChef de la divisiondes systèmes d’informationsur les territoiresde la Dreal Pays-de-la-Loire,coanimateur de Géopal.

IL FAUT DES DONNÉES FINESSUR L’ÉVOLUTION DES SOLS»

P. L

AS

CO

ST

ES

tion détaillée, mais une évolutiontemporelle. Nativement, le projetdoit s’inscrire dans cette ambition»,rappelle Jean-Marc Frémont.«L'OCS GE ne doit pas fournir uncliché à un moment donné mais uneperspective historique. Il est diffi-cile de qualifier et de quantifier lesphénomènes que tout le mondeobserve», complète Thierry Touzet.«L’objectif visé, c’est un état de l’oc-cupation du sol restituée à partird’images prise à un moment donné.L’état zéro n’est pas important. L’es-sentiel, c’est le suivi de l’évolution,dans le passé ou dans l’avenir. Nousallons proposer du diachronique.»Plus fine que Corine Land Cover, lacouche OCS du RGE® pourra aussiremplacer la base de données eu-ropéenne dans un autre rôle: celuide socle commun de toutes lesbases de données régionales. Lescollectivités n’ont attendu ni l’Eu-rope ni l’IGN pour développerleurs propres bases. Mais celles-cine sont pas compatibles entre elles(sauf exception: les données de larégion PACA avec celles du

installés en 2012 n’est pas si difficileà chiffrer dans une grande agglo-mération… et elle est moins inté-ressante que le différentiel avec2002. Produite à partir de photosaériennes ou satellites, la coucheOCS pourra remonter le temps. «Ilne faut pas viser qu’une descrip-

3. Elle remontera le temps et unifierales données localesC’est l’une des particularités de la(future) couche OCS : elle révéleraplus une évolution qu’un état deslieux. La surface de lotissements

Territoires artificialisés

Territoires agricoles

Forêts et milieuxsemi-naturels

Zones humides

O 10kilomètres

DONNÉES CORINELAND COVERSUR LA RÉUNIONUn kaléidoscope de couleurs afinde visualiser l’occupation du sol.

Données: source Union européenne,Service de l’observationet des statistiques,Corine Land Cover, 2006.

www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr /donnees-ligne/li/1825/1097/occupation-sols-corine-land-cover.html

IGN

-ME

DD

E

Page 11: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

AVRIL-MAI-JUIN 2013 IGN MAGAZINE / 11

Languedoc-Roussillon par exem-ple). Elles n’ont jamais eu à l’être.Par défaut, elles reprenaient, sinonl’échelle, du moins la logique de Co-rine Land Cover, dont la nomen-clature mêle couverture et usage dusol. «L’agence d’urbanisme d’Île-de-France est une des rares structuresà avoir établi une nomenclaturedifférente», explique Benoît Gour-gand. «L’établissement d’une no-menclature reste complexe car la vi-sion du territoire n’est pas forcé-ment la même au niveau régionalet au niveau national ou euro-péen. Nous avons comparé: cer-tains postes sont aujourd’hui codésde différentes manières suivant lesterritoires», quand l’État doit bâtirle référentiel national dont il a be-soin pour ses politiques, assurer lacontinuité des données et leurconformité avec la directive Inspire.

4. Elle ferala différenceentre occupationdu sol et usageSupposons un terrain couvertd’herbe, propose Jean-Marc Fré-mont. Une base de données peut laréférencer comme «prairie herba-cée». Cela conviendra à une prairienaturelle. Mais cela pourra aussi cor-

est une UMC cohérente. On entre parle couvert. Nous avons aussi une en-trée par la fonction: cette forêt àcourte rotation sert à fournir du boisde construction. C’est une entréeéconomique, et les entrées écono-miques vont devenir de plus enplus importantes. Mais on peutajouter deux autres entrées. Est-ceune forêt ouverte ou une forêt fermée?Cela commence à donner un dessindu territoire. Et puis, comme cela ar-rive tous les dix ans dans les Landes,supposons que la forêt a essuyé unetempête: nous avons un état ponc-tuel ; cette forêt de résineux est unchamp de souches, mais elle va re-pousser. Avec quatre éléments, nousavons une lecture un peu complexe,mais une richesse d’informationqui est toute autre.»

respondre à un terrain de foot, ou àune pelouse bordée d’immeubles.Dans le premier cas —«prairie her-bacée»— on identifie une couver-ture, un aspect du sol. Dans le se-cond —«terrain de foot»—, il est faitréférence à un usage du sol. Et la dif-férence est capitale. Corine Land Co-ver mélange les deux aspects. Lestravaux d’élaboration de la coucheOCS GE optent pour une nette dis-sociation: la couche traitera de cou-verture, et la couverture pourra êtreenrichie par des usages. «Les notionsde land cover  et land use sont sépa-rées et relèvent de deux annexes dif-férentes de la directive Inspire»,rappelle Jean-Marc Frémont. « les serres sont-elles du bâti ou desterres agricoles? faut-il représenterles collèges ou les mairies?», ajouteBenoît Gourgand. La mise au pointde la nomenclature, qu’il pilote, esttoujours en cours mais une premièrecommunication a été faite lors desdynamiques régionales de l’Afigéo,à Bordeaux le 4 avril 2013. «Legroupe s’est rendu compte que deuxentrées pour un territoire, la cou-verture et l’usage ne suffisent pas àreprendre l’historique des bases dedonnées existantes. Nous avonsconvergé : la couverture, les fonctions,la morphologie. Prenons l’exempled’une forêt de conifères. Le polygone

AgricultureSerres dans la régionde Saumur.

PH

ILIP

PE

DEV

AN

NE

/ FO

TO

LIA

.CO

M

1960 2010

ExplosionEn un demi-siècle, la populationde l’llle-et-Vilainea doublé. La villede Rennes a débordéson ancien tracé.

IGN IGN

Page 12: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

12 / IGN MAGAZINE AVRIL-MAI-JUIN 2013

Nous ne disposons pas d’une couche OCS assez fine poursuivre les évolutions locales, c'est-à-dire les “flux ” entre unmode d’occupation et un autre, ou apprécier “ en valeurabsolue ” tel ou tel type d’occupation du sol. Les outils ac-tuels ne permettent pas d’estimations fiables à l’échelle lo-cale. Pour approcher ce type d'informations, nous utili-sons des bases de données qui ont d'autres finalités : Ma-jic pour une approche urbaine, la BD TOPO®, le RPG (ré-férentiel parcellaire graphique) pour l’agriculture. Nousavons d’autant plus besoin d’une couche OCS que l’espaceest devenu une ressource rare. La prise de conscience re-monte aux lois sur la solidarité et le renouvellement ur-bain (SRU), sur le Grenelle de l’environnement et sur lamodernisation de l’agriculture. Nous avons des obligationsbeaucoup plus fortes de mesures chiffrées de l’étalementurbain. Nous avons besoin d’un outil qui fasse référenceet ne soit pas contestable. Nos problématiques sont assez classiques,mais l’agglomération toulousaine a une dynamique particulière. Dansla nomenclature, ce qui est lié aux zones urbaines est particulièrementimportant pour nous. On arrive vite à des sujets très précis: comment

définir, mesurer les surfaces artificialisées liées à un pa-villon, les cimetières, les espaces publics, etc.Une autre dimension concerne le suivi des habitats etdes réservoirs écologiques. Cela peut nous aider pourtravailler sur les trames vertes et bleues, sur les conti-nuités écologiques. La constitution d’une base de don-nées OCS peut être aussi l’occasion de comparer diffé-rentes techniques. Nous avons ici un terreau d’entre-prises ou de labos de recherche qui travaillent avec lessatellites. Il faudra qu’on puisse comparer les techniques.Il y a aussi des questions de coût et de suivi dans letemps; on n’a pas la même périodicité avec des photosaériennes et avec des satellites. Je trouve très intéres-sant que ce soit fait par l’IGN. En dehors de l’aspect “ré-férence nationale”, l’intérêt est de disposer d’un réfé-rentiel que nous pourrons croiser avec toutes les autres

bases de données, le RGE bien sûr, mais aussi le carroyage des basesde l’Insee. On sent que l'on est sur un projet à fort potentiel et qui aurabeaucoup d’applications, en matière de risques naturels, d'études d'im-pacts, etc. Certainement on ne les anticipe pas encore toutes à ce stade!

TémoignagePhilippeGrammontDirecteur adjointde la Dreal Midi-Pyrénées

NOUS AVONS BESOIND’UN OUTIL DE RÉFÉRENCE»

P. G

RA

MM

ON

T

DOSSIER LA CLEF DES SOLS

Le calendrieret les échéances2007 Le contratd’objectifsde performancede l’IGN prévoitla constitutiond’une basede donnéesoccupation des solsà grande échelle.2010 Un groupede travail s’attelle àla constitutiond’une nomenclature,sous le pilotagede la directiongénéralede l'aménagement,du logement etde la nature (DGALN)et du Centre d’étudessur les réseaux,les transports,l’urbanismeet les constructionspubliques (Certu).Mars 2013 L’IGNengage les testsde productionde la couche OCS-GE.2014 La coucheOCS-GE est miseen productionpar l’IGN; les grandescommunesont obligationde faire figurerdans leurs SCOTun état des lieuxde la consommationd’espace.2017 La coucheOCS-GE couvrel’ensembledu territoire.

CapitaleVue panoramique de l’agglomération parisienne.

5. Elle seraparticipative«Il est particulièrement importantd’être à l’écoute des autres», préciseJean-Marc Frémont: l’IGN seul nepourra suffire à la tâche. Il faut quel’institut «veille à écouter. L’OCS-GEest un projet ouvert et l’IGN ne veutpas imposer sa vision. Il faut viserà une double coordination: supé-rieure, avec l’Europe, et inférieure,avec ce qui se fait localement et ré-gionalement.Ce dossier sur l’OCS-GE illustre d’ailleurs parfaitementle nécessaire infléchissement de lapolitique partenariale.»La couche OCS-GE devra pouvoiraccueillir la grande majorité desdonnées déjà récoltées et organi-sées par les régions ou les groupe-ments locaux. Elle leur fournira uncadre, un support, que les collecti-vités par exemple pourront enrichiren fonction de leurs besoins pro-pres. L’information, dit BenoîtGourgand, devrait circuler dans lesdeux sens.«Si on considère le coûtet le temps nécessaire pour couvrirla France entière, il va falloir réflé-chir à une articulation qui permetteà l’information de monter et de re-descendre, du local vers le national,

et vice versa. Les collectivités sonttrès attachées au pilotage de cesdonnées. Elles en sont les com-manditaires historiques. Ce sontelles qui produisent, font produireà des prestataires ou commandentdirectement des produits sur éta-gères. Elles savent quels usageselles en ont. Elles ont l’habitude dedéfinir les nomenclatures. Etchaque nomenclature correspond àun besoin différent.»L’IGN est compétent pour fournirun cadre, les collectivités le sontpour renseigner les usages. Exem-ple vécu par Jean-Marc Frémont,ancien de l’Inventaire forestier na-

tional avant sa fusion avec l’IGN.«La nomenclature du référentielgéographique forestier comprend32 postes. Le Crige PACA (Centrerégional de l’information géogra-phique de Provence-Alpes-Cô-ted’Azur) a demandé une nomen-clature enrichie de 72 postes utilesà des problématiques forestièresméditerranéennes comme les in-cendies ou le mitage des terri-toires. L’objectif est donc de créerune nomenclature nationale quiserve à tout le monde, et qui puissese décliner par emboîtement sousl’égide d’un comité d’orientationexterne.» �

VV

OE

/ FO

TO

LIA

.CO

M

Page 13: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

AVRIL-MAI-JUIN 2013 IGN MAGAZINE / 13

1. Les zones urbaines sont-elles intégréesdans la future carte des végétations de la France ? � À la lecture du dossier sur leprojet CarHAB de la carte des vé-gétations de la France au 1:25 000dans le dernier numéro d’IGNMagazine, plusieurs lecteurs sesont interrogés sur le fait qu’unetelle carte devait s’interrompreaux limites des villes.Certes, les zones urbaines nesont pas dénuées de végétation nide biodiversité: à Paris par exem-ple, le jardin des plantes du Mu-séum national d’Histoire natu-relle, le Père-Lachaise, les jardinsparticuliers sont autant d’en-droits susceptibles d’abriter unebiodiversité importante.L’objectif du programme CarHABn’est cependant pas de cartogra-phier la biodiversité végétale po-tentielle ou avérée, mais plutôtd’étudier la répartition et l’état de

Loïc Commagnac Chef du projet CarHABpour l'IGN

IGN

QUESTIONS RÉPONSES

conservation des habitats natu-rels en France. La question est desavoir si les espaces verts pré-sents dans les grandes villes peu-vent être considérés comme au-tant d’habitats naturels. C’estdonc une question de défini-tion : en 2001, la Banque mon-diale a défini les habitats natu-rels (1) comme des espaces ter-restres et aquatiques où, d’unepart, les communautés biolo-giques abritées par les écosys-tèmes sont en grande partieconstituées d’espèces végétales ouanimales indigènes, et où, d’au-tre part, l’activité humaine n’a pasfondamentalement modifié lesprincipales fonctions écologiquesde la zone. Ce type d’espace ne serencontre généralement pas enmilieu urbain où l’on peut consi-

dérer que l’activité humaine afondamentalement modifié lemilieu, par exemple en polluantou en modifiant profondément lesol. Par ailleurs, beaucoup d’es-pèces végétales n’y sont pas in-digènes, comme les nombreusesplantes d’ornements ou les inva-sives qui colonisent les friches.On comprend l’intérêt de tellesdistinctions en termes de maî-trise de la biodiversité. Reste à dé-limiter précisément les zones : na-turelles ou pas naturelles? Làn’est pas le moindre des défis àrelever dans le cadre du pro-gramme CarHAB.

(1) Banque mondiale, 2001. Manuelopérationnel de la Banque mondiale.Procédures de la banque.PO 4.04 -Annexe A. 3pp.En ligne : http://siteresources.worldbank.org/OPSMANUAL/Resources/op404AnnexAFrench.pdf

2. Quelle est l’altitude de la cime de la Planette? � L’altitude indiquée pour lacime de la Planette en pages 2 et6 d’IGN Magazine n°66 est de3157 mètres, et celle figurant surle 1:25 000 de l’IGN est de 3104mètres… Mais quelle est la bonnevaleur?En vérité, la valeur indiquée dansIGN Magazine n’est pas l’alti-tude de la cime de la Planettemais, plus exactement, sa hauteurellipsoïdale, grandeur donnée di-rectement par les GPS.Les coordonnées obtenues parGPS sont purement géométriqueset calculées par rapport au cen-tre de la Terre dans un système detrois axes : X, Y et Z. Il s’agit descoordonnées géographiquesusuelles: latitude, longitude ethauteur au-dessus de l’ellipsoïde.Cette hauteur n’est pas égale àune altitude, c'est une grandeurthéorique, rapportée d’un pointsur Terre à une surface mathé-matique simple (un ellipsoïde) serapprochant le plus possible de laforme de la Terre.Les altitudes quant à elles doiventrespecter le postulat suivant: si

l’altitude du point A est supé-rieure à l’altitude du point B, l’eaucoule de A vers B. Ce postulat, apriori évident, conduit à définirles altitudes comme une gran-deur physique liée au champ depesanteur de la Terre (celui quifait couler l’eau).L’altitude d’un point est la coor-donnée par laquelle on exprimel’écart vertical de ce point à unesurface de référence proche dugéoïde. Le géoïde est une surfaceéquipotentielle du champ depesanteur (surface sur laquellel’eau ne coule pas), coïncidant«au mieux» avec le niveaumoyen des océans. L’écartgéoïde-ellipsoïde peut atteindreune centaine de mètres en plusou en moins. À la cime de la Pla-nette, il est d’environ 53 mètres.L’altitude du sommet de la bornefigurant dans IGN Magazinen°66 est de 3103,71 mètres(point «1» du site géodésique0509301 : Névache XIV). Cettealtitude, obtenue par nivelle-ment trigonométrique, a uneprécision décimétrique. Non loin

de la borne, un repère est scellédans un rocher  : son altitude,dont la précision est identique àcelle de la borne, est de 3103,73m (point « a » du même site géo-désique, à 2 cm au-dessus dusommet de la borne). C’est cettealtitude qui, arrondie au mètrepour des besoins cartogra-phiques, donne 3104 m.Nota : les altitudes approchées fourniespar les récepteurs GPS de navigationsont des hauteurs ellipsoïdalestransformées à partir d’un modèlemondial de géoïde. La précision est dequelques décimètres à quelques mètres.

ModélisationCoordonnéesgéographiques(λ, ϕ, h) de M:- longitude λ :angle orienté entre(O,i,k) et le planméridien de M,- latitude ϕ:angle orienté dansle plan méridiende M entre l'équateuret la normaleà l'ellipsoïde en M,- hauteur h:distance algébriqueM0M.

Alain Coulomb Chef du départementréseaux de référencematérialisés à l’IGN

IGN

Page 14: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

secteur forestier par le développe-ment d’industries de transforma-tion. Les objectifs européens de ré-duction des émissions de gaz à ef-

Hormis pour le liège, etmême si la forêt est au croi-

sement des politiques publiques,l’Union européenne ne disposed’aucune base juridique permettantd’élaborer une politique forestièrecommune. Les politiques fores-tières sont principalement du res-sort des États membres. Pourtant,de nombreuses politiques euro-péennes ont des répercussions surles forêts : les politiques rurales etenvironnementales intègrent parexemple des objectifs de reboise-ment, de promotion des systèmesagro-forestiers, de préservationd’écosystèmes forestiers, ou de re-constitution du patrimoine forestier

après incendie. Les politiques in-dustrielle et énergétique reposentsur les productions forestières etmisent sur une dynamisation du

14 / IGN MAGAZINE AVRIL-MAI-JUIN 2013

L’EUROPEDES ARBRES

Quand la forêt stocke du carbone, protège contre les risques naturels ou abrite des espèces protégées, c’est sans se soucier des frontières nationales. Autant de raisons de disposer de données transnationales, européennes, voire mondiales.

Les forêts d’Europe en chiffresUn milliard d’hectaresLa superficie des forêts en Europe, soit 38 % de la surface,en croissance de 0,3 % par an.

24 milliards de mètres cubesLe volume d’arbres sur pied en Europe, croît de 250 millions de m3 par an.Les prélèvements ne représentent que 65 % de cet accroissement.

10 %La part des émissions européennes de carbone stockée par les forêts.

Source : State of Europe'sForests 2011 Report -Forest Europe

IGN

FORÊTS

> 45

35 - 45

25 - 35

15 - 25

< 15

Non renseigné

Taux de boisement

Page 15: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

AVRIL-MAI-JUIN 2013 IGN MAGAZINE / 15

fet de serre auront également deseffets sur l’usage des forêts.Dès 1999, l’Union européenne a misau point une stratégie destinée à as-surer la cohérence entre les poli-tiques européennes et celles desÉtats membres. L’un de ses objec-tifs est de promouvoir la gestionmultifonctionnelle durable des fo-rêts en aidant les États à mener despolitiques adaptées, et en partici-pant aux évaluations de l’état deconservation des écosystèmes.

L’ENJEU : CONNAÎTRE L’ÉTATDES FORÊTS EN EUROPE

L’Union européenne a besoin d’in-formations fiables et de qualité surles forêts. C’est le sens de la résolu-tion du Conseil européen du 15 dé-cembre 1998 sur la stratégie fores-tière. L’enjeu, identifié en 2010 dansle livre vert concernant la protectiondes forêts et l’information sur les fo-rêts dans l’Union européenne, est defournir des informations permettantd’évaluer les effets du changementclimatique sur les productions fo-restières et d’adapter les choix d’es-sences et de gestion.Au-delà des initiatives de l’Union,les pays de l’Europe géographiquese sont entendus pour développerune coopération scientifique et po-litique au sein de la conférence mi-nistérielle pour la protection des

peut aussi être composée d’infor-mations ponctuelles sur la pré-sence d’espèces dont on analyse larépartition spatiale.Quelle que soit la méthode d’analyseretenue, il est nécessaire de disposerde grandes quantités d’informa-tions, réparties sur l’ensemble del’Europe. Ces données doivent êtrecomparables et obéir à des spécifi-cations similaires pour pouvoir êtreutilisées simultanément lors d’étudesdépassant les frontières. Les institutsresponsables des inventaires fores-tiers nationaux, premiers produc-teurs d’informations sur l’état des fo-rêts, coopèrent avec la Commissioneuropéenne et la Commission éco-nomique des Nations Unies pourl’Europe pour mettre au point lasource d’information qui permettrade répondre aux questionnementstransnationaux sur les forêts.

Dunes La forêt des Landes,ressource françaiseemblèmatique.

HarmonisationLes composantesde l’arbre utiliséespour s’accorder surune définition communede son volume afind’harmoniserles résultats à l’échelleeuropéenne.

IGN

IGNIGN

forêts en Europe (Forest Europe).Objectif : définir les critères et les in-dicateurs permettant d’évaluer lagestion durable des forêts et déve-lopper une connaissance compa-rable des milieux forestiers à partirde données nationales.

DES INFORMATIONS DE TOUTES NATURES

Les informations nécessaires à lamise en place de ces indicateurs degestion durable sont de plusieurstypes : informations statistiques, ré-partition spatiale, zonages…Les statistiques à l’échelle desgrandes régions sur les ressources enbois (surface et volumes), leursusages, leur état sanitaire, permet-tent d’évaluer les capacités de pro-duction, d’observer le niveau d’ex-ploitation (sous-exploitation ou ex-cès de prélèvements), et de définirdes politiques adaptées. Des infor-mations à un niveau plus local sontindispensables pour orienter effica-cement les mesures qui applique-ront ces politiques.Le suivi à moyen et long termes dela répartition des essences d’arbresou des espèces herbacées permetd’évaluer l’impact du changementclimatique et les vitesses de crois-sance. Cette connaissance s’ap-puie sur des données agrégéespar zones biogéographiques. Elle

EN SAVOIR PLUSRésolution du Conseil du 15 décembre 1998relative à une stratégie forestière pour l’Union européennehttp://eurlex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:C:1999:056:0001:0004:FR:PDF

Livre Vert de la Commission européenne :préparer les forêts au changement climatiquehttp://eurlex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2010:0066:FIN:FR:PDF

L’IF numéro 22 (2e trimestre 2009) :Harmonisation des données forestières européenneshttp://inventaire-forestier.ign.fr/spip/IMG/pdf/IF22_international_web.pdfState of Europe’s Forests 2011 :http://www.foresteurope.org/documentos/State_of_Europes_Forests_2011_Report_Revised_November_2011.pdf

> 300

200 - 300

100 - 200

50 - 100

< 50

Volume de boispar hectare (en m3)

Non renseigné

Feuillage

Sommet de la tige

Bois du tronc

Ecorce du tronc

Souche aérienne

Partie souterraine

Petites branches

Grosses branches

Source : State of Europe'sForests 2011 Report -Forest Europe

Page 16: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

16 / IGN MAGAZINE AVRIL-MAI-JUIN 2013

Au printemps 2013, les cartes à caractère historique sont à l’honneursur le Géoportail. Elles sont belles à s’y perdre… et dévoilent aussides informations cruciales sur la physionomie passée de nos territoires.Présentation de deux joyaux.

VOYAGE DANSL’ESPACE-TEMPS

En 1780, que savions-nous de la Guyane? La

carte dessinée cette année-làpar Rigobert Bonne permetd’explorer ces terres connues etinconnues. Elle est extraite del’Atlas de Toutes les PartiesConnues du Globe Terrestre,

Dressé pour l'Histoire Philoso-phique et Politique des Établis-sements et du Commerce des Eu-ropéens dans les Deux Indes, del’Abbé Guillaume-Thomas Ray-nal. Elle couvre le Surinamnéerlandais, la Guyane fran-çaise et l’État brésilien actuel de

l’Amapá, jusqu’au Cap Nord. La plupart des informations decette carte proviennent de ren-seignements donnés par laCompagnie néerlandaise desIndes occidentales, qui faisaitcommerce dans cette région.Les données décrivant l’inté-

rieur des terres sont lacunaires;en revanche, les comptoirs decommerce et les missions lelong du fleuve Maroni et de larivière Tamouri sont indiqués.De nombreux noms de tribuset de villages sont égalementnotés.

À TRAVERSLA GUYANE DE LOUIS XVI

GÉOPORTAIL

Guyane françoiseExtrait de la carte de la Guyane en 1780.

GÉOPORTAIL

Page 17: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

AVRIL-MAI-JUIN 2013 IGN MAGAZINE / 17

La carte de l’état-major est une précieusesource d’informations pour l’étude du déve-

loppement urbain. La carte «des alentours de Pa-ris» récemment mise en ligne présente les environsde Paris au XIXe siècle, de Beauvais au nord à Me-lun ou Étampes au sud, et de Grignon ou Plaisir àl’ouest au château de Guermantes à l’est. Petite co-quetterie: elle ne couvre pas l’intra-muros de Paris.Il s’agit donc bien d’une carte des environs… Pour

être aujourd’hui affichée sur le Géoportail, elle a éténumérisée en haute résolution, puis géoréférencée.Elle est donc superposable aux cartes IGN et auxphotographies les plus récentes.Pour l’afficher, activez «Carte de l’état-major – en-virons de Paris (1818-1824)» dans le catalogue dedonnées. L’affichage optimal de la donnée se situeau 1:10 000 (niveau «Ville» sur le curseur d’échelle).geoportail.gouv.fr et m.geoportail.fr

LES ALENTOURS DE PARISAU TEMPS DE LA RESTAURATION

GÉOPORTAIL

GÉOPORTAIL

ExpansionL’évolution du tissu urbainde Beauvais et de ses environspar comparaison des levésau 1:10000 de la cartede l’état-major (1818 – 1824) etde la carte actuelle au 1 : 25 000.

Page 18: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

Pour mieux collecter et mettreen forme des données géogra-phiques, les chercheurs de l’IGN

ont parfois besoin d’inventer les outilsqu’ils ne trouvent pas en magasin: ici uncomparateur de bases de données, là unemachine (virtuelle) à fabriquer de la 3D àpartir d’images fixes; ailleurs, un visualiseurde poche. Depuis janvier  2013, ces outilssont accessibles à tous plus facilement. Lesite logiciels.ign.fr en propose, via une jo-lie interface, une douzaine. Ils sont télé-chargeables, décrits en français et parfois enanglais, et disposent selon les cas d’un ma-nuel d’utilisation et d’un forum d’utilisa-teurs. Un subit excès d’altruisme? non, uneaction trés logique, répond Jean-Marc Vi-glino, chef de projet Échanges de l’institut.Notre mission de recherche est une missionnationale. Il est donc normal que ces résu-lats bénéficient à tous, pas seulement sousla forme de publications scientifiques. L’es-prit de service public, oui, mais bien com-pris, et qui rejoint celui de l’open source. Enpopularisant un outil, en même tempsqu’on leur rend un réel service, on élargitle cercle de ses utilisateurs. «Clairement,cela nous permet de mieux diffuser lesdonnées, poursuit Jean-Marc Viglino. Etnous souhaitons aider les utilisateurs à tra-vailler. Ils nous aident à enrichir les don-nées, nous les aidons à mieux les utiliser.L’IGN profitera en retour de l’expertise desutilisateurs. Les logiciels sont téléchargea-bles, mais aussi leur code source pour cer-tains. Nous avons choisi de les diffuser avecdes licences assez ouvertes pour que des in-dustriels puissent les intégrer dans leurspropres outils.» Enfin, en prouvant son ex-pertise, l’IGN obtient aussi «une meilleure

Sur le site logiciels.ign.fr, l’IGN met gratuitement à disposition les outils logiciels élaborés par ses équipes pour leurs besoins propres. Objectifs: partager les résultats des recherches de l’institut, faciliter la vie des développeurset des utilisateurs… et accompagner la diffusion des données de l’IGN.

LE LIBRE-SERVICELOGICIEL

visibilité, notamment pour des missions quine sont pas directement liées à son do-maine». Voici quels sont ces outils, re-groupés par fonctionnalités, comme dansl’atelier d’un bon artisan. Les commentairessont de Jean-Marc Viglino.

L’API: la starPOUR LES PROS

L’API Géoportail JavaScript est une biblio-thèque de code JavaScript utilisable dans toutsite Internet afin de l’enrichir facilementd’une cartographie dynamique. Elle fournitdes fonctions avancées de navigation dansune interface cartographique (zoom, dépla-cement…), d’affichage des données géogra-phiques (ordonnancement des couches, ges-tion de l’opacité), de calcul (mesure de dis-tances, de surfaces…), de saisie d’objets géo-métriques (points, polygones…), de super-position de vos données métiers aux princi-paux formats standards (GML, KML, GPX,W*S, etc.) avec les données IGN ou les don-nées d’autres partenaires.

POUR LES AUTRES

L’API, en français «interface de program-mation d’application», est un branchementlogiciel qui permet d’afficher les données duGéoportail sur n’importe quel site, y comprisceux destinés aux mobiles tactiles. Une va-riante logicielle des pinces de batterie, avecles données IGN dans le rôle du courant. Lapremière version Bêta date de 2008 : l’API estéprouvée. Elle fonctionne sur tous les siteset tous les navigateurs. Elle existe en plu-sieurs modèles, ou plutôt plusieurs versions.La plus légère permet d’afficher une carte desituation, en une couche unique d’infor-mations. On peut ensuite, toujours en inté-grant des lignes de code à son site, aug-menter le nombre de couches. L’API se prêteainsi à toutes les utilisations, amateurs ouprofessionnelles, comme en témoignent lesrésultats et les lauréats du concours API Géo-portail. L’API est gratuite pour une utilisa-tion non professionnelle. Un paiement peutparfois être demandé en fonction de la des-tination et du volume des données chargées.

Micmacou la 3D pour tousPOUR LES PROS

Micmac est un logiciel de calcul automatiquede correspondance entre deux images sem-blables, destiné à résoudre les problèmes, fré-quents en cartographie, de mise en corres-pondance. La stratégie générale utilisée parMicMac est la suivante : approche multiré-solution et, à une résolution donnée, approchepar minimisation d’une fonction d’énergiecombinant attache aux données et connais-sances a priori sur la régularité. Au-delà de cescaractéristiques générales, un système de pa-

ZOOM

18 / IGN MAGAZINE AVRIL-MAI-JUIN 2013

Page d’accueil du site logiciel.ign.fr

IGN

Page 19: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

AVRIL-MAI-JUIN 2013 IGN MAGAZINE / 19

ramétrage par fichier xml permet d’offrir àl’utilisateur un contrôle fin de l’ensemble duprocessus de mise en correspondance.

POUR LES AUTRES

Si nous avons deux yeux, c’est pour fournirà notre cerveau deux images légèrement dé-calées. En combinant ces deux images,notre cerveau en fabrique une troisième, en3D. C’est le même principe que le cinémaen relief, les lunettes permettant de dé-composer les images pour chaque œil.Que fait Micmac ? La même chose : il com-bine des images «plates» pour créer un fi-

chier de points 3D, et donc le relief d’un ob-jet ou d’un paysage. Des vues d’un objet tirédes collections d’un musée deviennent unmodèle en relief. Les rafales d’imagesprises par un appareil photo embarqué surun drone deviennent un modèle numériquede terrain, dans lequel on peut naviguer.

Circé, la traductricePOUR LES PROS

La majeure partie des transformations decoordonnées sur la France métropolitaine,entre le système légal RGF93 et les systèmeshistoriquement utilisés en France (NTF,ED50, WGS84) est possible grâce au logicielCircé. Il traite les coordonnées géogra-phiques et planes. Parmi les planes, ontrouve Lambert-93, CC 9 Zones, UTM fu-seaux 30, 31 et 32 et les systèmes de coor-données paneuropéens ETRS89-LCC etETRS89-LAEA conformes à la directiveInspire. Circé convertit aussi des coordon-nées planes de la NTF anciennement dif-fusées : Lambert (I, II, III, IV, Lambert IIétendu). La composante verticale peut êtreune altitude ou une hauteur au-dessus del’ellipsoïde définie sur les ellipsoïdes de ré-férence. L’accès à l’altitude d’un point se faità l’aide de surfaces de conversion : la réfé-rence des altitudes françaises 2009 (RAF09),issue du modèle de géoïde le plus récent pré-conisé par le Conseil national de l’informa-tion géographique (CNIG), couvre le terri-toire métropolitain.

POUR LES AUTRES

Dans la mythologie, Circé est une jolie sor-cière. En version logicielle, c’est un traducteurgéodésique permettant de passer d’un systèmeà l’autre. Les systèmes de référence géodé-siques servent à localiser tout point de la sur-face de la Terre avec des coordonnées. Lescoordonnées géographiques comme la lon-gitude et la latitude s’appuient sur une mo-délisation en 3D de la forme de la Terre (unesphère ou un ellipsoïde), alors que les coor-données cartographiques (les X et Y du car-royage de la carte), sont calculées à partird’une projection de ce modèle en trois di-mensions sur l’espace de la carte, qui est unesurface plane, à deux dimensions. Il existe dif-férents systèmes de référence, correspondantà des zones géographiques ou à des usages dif-férents. Circé peut convertir les coordonnées

JEAN-PAUL BATISSE

IGN

IGN

UrgenceLes pompiers du service départementald’incendie et de secoursdes Hautes-Pyrénées en action.

CircéLogiciel permettant de réaliser la majeurepatie des transformations de coordonnéessur la France métropolitaine.

RiPartModule permettant les remontéesd’informations pour mettre à jour le RGE®.

Page 20: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

20 / IGN MAGAZINE AVRIL-MAI-JUIN 2013

d’un système vers l’autre. L’entréese fait par système ou par coor-données.

Les différentiels :GeoConcept,Shape / Postgis,maDiffXMLPOUR LES PROS

Le module GeoConcept permetde calculer un différentiel entredeux cartes GeoConcept. Shape/Postgis, lui, calcule un différentielentre  deux fichiers ShapeFile - oudeux tables PostGIS - représentantles mêmes données à deux datesdifférentes. maDiffXML est un fil-tre de différentiel. Il permet de lire,d’analyser et de filtrer des fichiers comme deles importer dans un SIG sous forme de tablede jointure.

POUR LES AUTRES

Les deux logiciels sont des «dif-férentiels». Le premier des deuxa été développé sur la base dusystème d’information géogra-phique GeoConcept, partenairerégulier de l’IGN, avec qui il par-tage nombre de clients, qui uti-lisent ses données. Les diffé-rentiels permettent de comparerdeux états d’une base de don-nées, en pointant à la demandetelle ou telle classe d’objets et demodifications. Ils ont un équi-valent courant : le suivi de cor-rections des traitements de texte,qui fait apparaître les modifica-tions opérées par l’un ou l’autreauteur. Ils permettent de pisterles modifications d’une base dedonnées, par exemple lorsqu’elle a été mo-difiée par un service départemental d’in-cendie et de secours. Les filtres différentiels,de la même manière, sont utilisés lors descontrôles de qualité. Ils permettent, ditJean-Marc Viglino, de «s’affranchir desbruits» lorsque l’on compare des données.

Spip-GéoportailPOUR LES PROS

Spip-Géoportail est un plugin pour l’inté-gration d’objets géographiques dans SPIP (sys-tème de publication pour un Internet partagé)avec l’API Géoportail. Il permet de géoréfé-rencer les objets SPIP directement sur lesfiches des objets dans le back-office de SPIP.

Il gère également l’affichage des cartes. Il uti-lise l’API Géoportail, basée sur la biblio-thèque OpenLayers et diffusée sous licenceBSD.

POUR LES AUTRES

Spip-Géoportail est un complément de l’API,permettant d’afficher les données du Géo-portail de manière plus intégrée dans un siteWeb développé avec le système d’édition decontenu internet francophone SPIP (www.spip.net). Des articles ou des noms d’auteurspeuvent apparaître en commentaire descartes.

ROK4,l’assembleurPOUR LES PROS

ROK4 est un serveur open source(sous licence CeCILL-C*) écrit enC++ permettant la diffusion dedonnées images géoréférencées.Développé par les équipes duprojet Géoportail, il implémenteles standards ouverts de l’OpenGeospatial Consortium (OGC)WMS 1.3.0 et WMTS 1.0.0.

POUR LES AUTRES

ROK4 (à prononcer à l’anglaisecomme le fromage des Causses) aété développé par l’équipe du

Géoportail pour faciliter l’affichage des tuiles:lorsque vous naviguez sur un site, celui-ci n’af-

fiche pas une carte unique, maisla reconstitue en assemblant deséléments séparés. Lorsque votreconnexion Internet est hésitante,vous voyez quelquefois ces tuilesapparaître une à une. ROK4 as-sure le calcul des tuiles, vérifie leuremplacement dans les caches etleur diffusion, y compris simulta-nément à un grand nombre d’uti-lisateurs. Il utilise les formatsnormalisés WMS et WMTS et apermis récemment à une grandesociété d’informatique françaisede répondre à un appel d’offres.

Sauve-Données-Métier (dit SDM)POUR LES PROS

Comment ne pas perdre la rela-tion données métiers / référen-

tiel géographique IGN, sachant que ces don-nées métiers sont saisies sous forme d’at-tributs du référentiel? SDM, addon Geo-Concept, établit un lien géométrique entreles données métiers et le référentiel IGN. Ladeuxième mixe la première solution avecl’utilisation d’un identifiant pérenne. SDMpeut être utilisé conjointement avec un dif-férentiel pour l’intégration des mises à jourd’un référentiel.

POUR LES AUTRES

Sauve-Données-Métier a été développé parl’IGN pour récupérer de mauvaises manipu-lations sans perturber la base de donnée im-pactée. Lors d’une mauvaise manipulation, ilpermet de combiner les données issues d’une

ZOOM

Sauve-Données-MétierCe logiciel permet d’établir un liengéométrique entre les données métierset le référentiel IGN.

JEAN-PAUL BATISSE

IGN

PointuresChercheurs au laboratoire Conception objetet généralisation de l’informationtopographique (Cogit) de l’IGN.

Page 21: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

AVRIL-MAI-JUIN 2013 IGN MAGAZINE / 21

copie de sauvegarde sans perdre les modifi-cations apportées entre-temps. Souvent uti-lisé avec un différentiel (cf.  supra), il sauve lesdonnées en cas de mise à jour et avant inté-gration à un autre référentiel. Et il en avertitles autres utilisateurs.

http :/ripart.ign.fr:le rapporteurPOUR LES PROS

Le site Web http://ripart.ign.fr, développéautour de l’API Géoportail, a été créé parl’IGN dans le cadre des échanges avec lespartenaires, pour favoriser et normaliser lestransmissions d’informations de mise à jourvers le service chargé de la mise à jour encontinu (Majec) des données de l’IGN.

POUR LES AUTRES

RIPart n’est pas un logiciel mais un serviceInternet sur lequel l’utilisateur peut signa-ler directement sur une carte les diffé-rences qu’il constate entre une carte ouune donnée IGN et le terrain. Après avoircontrôlé l’information, l’IGN la répercuteradans ses données. Les sapeurs-pompiersdu Finistère ont enregistré un nouveausens de circulation dans un lotissement deBénodet? Ils le signalent dans le logiciel,qui est une sorte de salle d’attente duréferentiel à grande échelle (RGE).Les informations peuvent être saisies sousdiverses formes, y compris des plans scan-nés.

Le serveur RIPart stocke et gère ces nou-velles données, en attendant leur valida-tion et leur intégration dans les autresbases. La même possibilité de contribuerà la mise à jour des cartes et des donnéesde l’IGN est proposée à tout internaute parle Géoportail.

Librjmcmcet GéOxygène:les spécialistesPOUR LES PROS

Librjmcmc est une bibliothèque géné-rique d’optimisation stochastique en C++,conçue à l’origine pour extraire des objetsdans des images en s’appuyant sur une mo-délisation de processus ponctuels marqués.La présentation est en anglais. GéOxygène

IGNMapUn visualiseur de données géographiquesdiffusé par l’IGN.

LibrjmcmcUne biblothèque générique C++ open sourced’optimisation stochastique.

IGN

IGN

fournit un modèle de données objet et ex-tensible compatible avec les spécifica-tions de l’Open Geospatial Consortium etl’ISO. Cette plateforme permet de déve-lopper des applications et d’implanterdes algorithmes de calcul.

POUR LES AUTRES

Librjmcmc et GéOxygène sont des logicielstrès spécialisés, et «orientés recherche», ditJean-Marc Viglino.

IGNMap: le visualiseurPOUR LES PROS

IGNMap permet la visualisation des donnéesgéographiques produites par l’IGN. Il offre en-tre autres la possibilité de lire et d’afficher desdonnées vectorielles aux formats Shapefile,MIF/MID, GeoConcept et DXF, des donnéesimages aux formats Tiff, GéoTiff, ECW, JPEG,Jpeg2000, GIF, PNG, et des modèles numé-riques de terrain (MNT).

POUR LES AUTRES

Ce SIG en version réduite permet d’afficherles données IGN ou ses propres données.L’utilisateur peut faire apparaître ses don-nées vecteurs (les routes, par exemple), et lescomparer avec celles du Géoportail. «IGNMap était déjà diffusé, mais plus confiden-tiellement, avant l’ouverture du site logi-ciels.ign.fr. Nous le fournissions avec les don-nées.» Comme Circé (cf. infra), IGN Map per-met de changer de système de référence. «Cen’est pas un vrai SIG, mais il s’en rapproche.Une carte ne propose qu’une géométrie. Ici,en cliquant sur un objet, on peut faire ap-paraître ses attributs: le nombre de voiesd’une route, les noms, les données associées,les adresses.»* Les licences CeCILL transcrivent dans le droit françaisles licences de logiciels libres faisant référence sur le planinternational (http://www.cecill.info/).

Page 22: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

CA

RT

ES S

UR

TA

BLE

1983 Naissance à Saint-Michel d’Entraygues,en Charente.

1989 À l’âge de six ans, il traverse l’Atlantiqueavec ses parents et ses deux sœurs sur un dériveurde 12 mètres.

1993 Dispute ses premières régates.

2006 Son premier job est celui d’équipier à borddu trimaran Sopra dans la Multicup Londres-Nice.

2007 Obtient un diplôme d’ingénieur.en génie mécanique à l’INSA de Lyon.

2008 Devient skipper professionnel.

2009 Remporte la sélection skipper Macif.

Lignes de vie

22 / IGN MAGAZINE AVRIL-MAI-JUIN 2013

Page 23: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

AVRIL-MAI-JUIN 2013 IGN MAGAZINE / 23

Une carrièresur les flots

1997 Championde France d’Optimist

1999 Championde France Moth Europe

2004 Championdu monde jeunes Tornado

2007 Vainqueurdu Tour de Franceà la voile. La mêmeannée, il va routerKito de Pavantet Sébastien Col surla transat Jaques Vabre

2009 2e de la transatJacques Vabreavec Kito de Pavant

2010 Annéede la consécration: 2e

de la solitaire du Figaro,il devient égalementchampion de Francede course au largeen solitaire.

2013 Remporte le 7e

Vendée Globe Challengeet bat le recordde l’épreuve.

François GabartLe 27 janvier dernier, pour sa première participation, François Gabart remportele 7e Vendée Globe Challenge (VGC), en pulvérise le record en 78 jours, 2 heures, 16 minutes et 40 secondes, et devient à 29 ans le plus jeune vainqueur de la piredes solitaires sans escales. Surtout, méfiez-vous de vos passions d’enfance…

J’ai pallié mon inexpériencedu Vendée Globe par ma connaissancede la météo. Pourtant,je n’avais jamais naviguédans les mers du sud.»

V. C

UR

UT

CH

ET

/ M

AC

IF

Vous évoquez souvent l’année de croisièreavec vos parents, à l’âge de six ans. En quoicette expérience fut-elle si importante ?Ce fut ma première traversée de l’Atlantique et dansles deux sens. Le fait d’être en famille sur un bateau,ça m’a énormément marqué. Mon corps se souvient dessensations, des odeurs, du bruit, du mouvement.Pendant un an, j’ai découvert d’autres pays, d’autrescultures… La normalité éclate, ça ne s’oublie pas. En-suite, je n’ai navigué que sur de petits bateaux. Le pre-mier était un Optimist. En fait, ce sont ces premierssouvenirs qui me donnent aujourd’hui l’envie de re-partir au large. Il aura fallu attendre dix ans pour re-trouver ces sensations d’enfance.

En parlant de sensations, quel est votre souvenirle plus fort de ce Vendée Globe Challenge ?Difficile de retenir un moment en particulier. J’ai étéconcentré non-stop pendant trois mois. À vrai dire, il esttrès difficile de se détacher de la course. Quelques se-condes d’inattention suffisent pour que le bateau fasseune fausse manœuvre. Et même en dormant, une par-tie de mon corps restait en éveil. On n’a pas vraimentle temps de rêver. Je dirais plutôt que c’est l’accumula-tion d’événements qui a créé la richesse de la course.

Vous êtes considéré comme l’un des meilleursrouteurs de votre génération. Pourquoi ?C’est un exercice que j’apprécie particulièrement. Il estbasé sur la météorologie. J’ai d’ailleurs été le routeur deKito de Pavant en 2007, dans la transat Jacques Vabre.Router, c’est un exercice qui mélange la météo, tout enprenant en compte l’état de la mer et bien d’autres fac-teurs. Aujourd’hui, on ne pourrait plus naviguer sanslogiciels de navigation. Toutes ces informations sont, biensûr, essentielles pour tracer la route, mais il faut aussisavoir les replacer dans la vraie vie car ces logiciels neprennent pas en compte l’état de la vague, les change-ments de configuration des voiles, etc. Et puis les pré-visions météo ne sont pas non plus fiables à 100 %. Il fautsavoir gérer les incertitudes, donc l’analyse humaine dela situation est toujours aussi importante.

D’où vous vient cette passion pour la météo ?J’adore la météo depuis tout gamin. Une passion quime donne d’ailleurs un avantage sur mes concur-rents. Je comprends vite ce qui se passe. J’ai pallié

mon inexpérience du Vendée Globe par ma connais-sance de la météo. Pourtant, je n’avais jamais navi-gué dans les mers du sud. Mais sur cette course j’aipu apprendre, voir à quoi ressemblent les nuagesdans l’hémisphère sud, la tête des dépressions. Lemieux c’est encore d’aller voir sur place…

Que sont les portes de glace ?Ce sont des points de passage obligatoires (en faitun segment de points sur une même latitude, défi-nis entre deux longitudes) pour les coureurs afind’éviter la collision avec les icebergs, les growlers, cesmorceaux de glace indétectables par satellite. Lespremières portes ont été fixées en 2004. Il faut direque pour les navigateurs, la tentation est grande dedescendre vers le sud: plus on se rapproche de l’An-tarctique et plus la route est courte. La direction descourses a donc décidé de fixer des points de passageobligés au moment du départ et après observationdes données satellitaires. Et puis dans les mers aus-trales, nous sommes loin des côtes et des hélicop-tères, donc les opérations de sauvetage deviennentpérilleuses. Ces portes évitent également aux navi-gateurs de prendre des risques supplémentairespour venir secourir un collègue en danger. Sur lesvingt participants au VGC, nous étions tous d’accordpour respecter ces contraintes supplémentaires.

Avez-vous eu peur pendant la course ?Je n’ai jamais eu peur pour ma vie. Des moments dif-ficiles, des moments durs… J’en ai eu un paquet. Maisquand on s’engage dans ce genre de course, on sait per-tinemment que ce ne sera pas une aventure facile.

Quel est votre prochain défi ?Je suis engagé avec la Macif jusqu’en 2014. En octo-bre, je prendrai le départ de la transat en doubleJacques Vabre au Havre. Mais je ne sais pas encore quisera mon équipier. Et en 2014, je m’élancerai pour laroute du Rhum, au départ de Saint-Malo.

Page 24: OCCUPATION DU SOL: LA CONQUÊTE DE L’ESPACE€¦ · n°70 avril-mai-juin 2013 ign.fr dossier zoom occupation du sol: la conquÊte de l’espace en 2014 le rge disposera d’une

Res

titu

tion

La li

corn

e de

la s

alle

des

taur

eaux

de

la g

rott

ede

Las

caux

et

sa r

esti

tuti

onph

otog

ram

mét

riqu

e en

3 D

par

l’IG

N e

n 19

66

.Ce

tte

dern

ière

ver

sion

ser

vira

à co

nstr

uire

le fa

c-si

milé

Lasc

aux

bis

ouve

rt e

n 19

83.

CO

LL

ECT

ION

DE

LA

CA

RT

OT

QU

E D

E L

’IGN

© IGN / CINQUIEME COLONNE / 2013 / REF.47 / MAGIGN70