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www.generation-tao.com • le magazine Yin-Yang • N° 66 • SEPTEMBRE 2012 www.generation-tao.com • le magazine Yin-Yang • N° 66 • SEPTEMBRE 2012 Magazine en vente exclusivement par abonnement et sur le site : www.generation-tao.com Magazine en vente exclusivement par abonnement et sur le site : www.generation-tao.com 77NUMÉRO SPÉCIAL CRÉATIFS CULTURELS NUMÉRO SPÉCIAL CRÉATIFS CULTURELS écologie, développement responsable et éthique, valeurs féminines, savoir-être, connaissance de soi, écologie corporelle, enjeu sociétal, ouverture culturelle écologie, développement responsable et éthique, valeurs féminines, savoir-être, connaissance de soi, écologie corporelle, enjeu sociétal, ouverture culturelle

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www.generation-tao.com • le magazine Yin-Yang • N° 66 • SEPTEMBRE 2012www.generation-tao.com • le magazine Yin-Yang • N° 66 • SEPTEMBRE 2012

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NUMÉRO SPÉCIAL

CRÉATIFS CULTURELSNUMÉRO SPÉCIAL

CRÉATIFS CULTURELSécologie, développement responsable et éthique, valeurs féminines, savoir-être, connaissance de soi, écologie corporelle, enjeu sociétal, ouverture culturelle

écologie, développement responsable et éthique, valeurs féminines, savoir-être, connaissance de soi, écologie corporelle, enjeu sociétal, ouverture culturelle

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NUMÉRO SPÉCIAL

CRÉATIFS CULTURELS

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GTao Numéro spécial 3

SommaireN°SPÉCIAL

www.generation-tao.comRetrouvez le magazine en ligne gratuit de Génération Tao sur internet. Et toutes les autres rubriques : l’annuaire francophone des arts énergétiques,des vidéos, des informations régulières, des archives, des dates de stages etde manifestations, des liens vers d’autres sites… Pour nous contacter :• rédaction : [email protected]• abonnements : [email protected]• publicité : [email protected]

LES CRÉATIFS CULTURELS

La rédaction n’est pas responsable des textes, photos et publicités, qui engagent la seule

responsabilité de leurs auteurs et impliquent leur accord tacite pour leur publication. Les

manuscrits ne sont pas rendus. La reproduction, même partielle des articles et illustrations

de Génération TAO est interdite. Les noms des marques qui figurent dans les pages

rédactionnelles sont donnés à titre d’information sans aucun but publicitaire. Tout

document de rédaction et d’iconographie ne sera pas retourné.

GENERATION TAO144, bd de la Villette - 75019 Paris

Tél. : 0148244242 Fax : 0148244244Régie pub : 0620896332

Directeur de publication Pol Charoy

[email protected] Artistique

Imanou [email protected]

MaquetteToutdésigné & Frédéric VillbrandtMise en page & création graphique

Frédéric [email protected]

http://illustration108.comCOMITE EDITORIAL

sous la direction de :Delphine Lhuillier

[email protected]: Arnaud Mattlinger,

Pol Charoy & Imanou Risselard, Sandrine Toutard, Cécile Bercegeay, Marie Delaneau, Isabelle Martinez

Ont contribué à ce numéro:INFOS & ASSISTANTE DE RÉDACTION

Coralie Duteil

LES CRÉATIFS CULTURELSAvec ………………………

RELECTURES

Coralie Duteil & Marie DelaneauPHOTOGRAPHIES & ILLUSTRATIONS

Frédéric Villbrandt, Jean-Marc LefèvreFrançois Lollichon, Eve Fouquet, Myrrha,

Daniela Brzeski, Arnaud Mattlinger, Patricia Canino, Magalie Masson

CRÉDIT PHOTOS ET ICONOGRAPHIES

Fotolia, Génération Tao, Le Souffle d’Or, Guy Trédaniel éditeur,

Marisa Ortolan, Mona Hébert,Doulas de France, Nawal, Horizon Tantra

COUVERTUREcréation graphique : Frédéric Villbrandt

INTERNET

Welwel MultimediaREGIE PUB

tél.: 0620896332 / [email protected]

IMPRIMERIE

CORELIO PRINTING30, allée de la Recherche

1070 Bruxelles - Belgique

COMMISSION PARITAIRE : n° 1114K86845

Dépôt : SEPTEMBRE 2012

N.D.L.R. : Le choix orthographique du chinois estlaissé à l’appréciation des auteurs. Photocopier oureproduire ce magazine sans autorisation nuit à sacréation et à sa diffusion.

Editao p. 5Infos p. 6Tao’s Folies p. 6

NUMÉRO SPÉCIAL : LES CRÉATIFS CULTURELS p. 8

Valeurs féminines p. ????p. 16p. 18

Ecologie corporelle p. ????p. 20p. 22p. 24

Enjeu sociétal p. ????p. 26p. 28

Connaissance de soi p. ????p. 30p. 34

Savoir-être p. ????p. 35p. 36

Ecologie et développement responsable p. ????p. 38p. 39p. 40p. 44

Ouverture culturelle p. ????p. 48p. 50p. 52p. 60

Abonnements & Anciens numéros p. 62Carnet d’adresses & Agenda p. 64Le mot de la fin par Pol Charoy et Imanou Risselard p. 66

plus de 1000 articles sur www.generation-tao.com

Page 5: NUMÉRO SPÉCIAL CRÉATIFS CULTURELS

GTao Numéro spécial 5plus de 1000 articles sur www.generation-tao.com

………………………………………………

Delphine Lhuillier

Editao©

François Lollichon

N

ous .

………………………………………………

Yves Michel

N

ous .

Page 6: NUMÉRO SPÉCIAL CRÉATIFS CULTURELS

6 GTao Numéro spécial des vidéos à télécharger sur www.generation-tao.com

infos • tao’s foliesta

o’s

foli

es• in

fos

La technique Alexanderde Pedro de Alcantara

La technique Alexander estune forme extrêmement raf-finée de rééducation ou plu-tôt de redéploiement du sys-tème musculaire tout entier.Elle nous incite à prendreconscience de l’intégrité fon-damentale de notre être et àréagir différemment auxdéfis de la vie moderne.Comme disait Alexander, « arrêtez le faux, et le justese fera de lui-même ».

Dangles / 20,30 €

Naissance et YogadeElisabeth Raoul

Le Yoga est un merveilleuxcompagnon pour parcourirle chemin initiatique de lagrossesse. L’auteure, sage-femme, professeure de Yogaet sophrologue, nous fait partde son expérience et délivrede judicieux conseils. Ce guide est destiné à vousfaire du bien tant physique-ment qu’émotionnellement.Nul besoin d’avoir déjà pra-tiqué le Yoga pour plongerdans ces pages!

InterEditions / prix N.C.

Les Doulasd’Adela Stockton

Adela Stockton, déçue parla médicalisation de lamaternité, donne naissanceà domicile et dans l’eau àune petite fille. Elle-mêmesage-femme, elle décided’endosser le rôle de doula.Une doula a pour vocationd’accompagner et de soute-nir la future mère et sonentourage pendant la gros-sesse, l’accouchement et lapériode post-natale. Elle ins-taure une relation deconfiance et d’intimité, defemme à femme et de parentà parent.

Le Souffle d’Or / 11 €

Sexualité fémininede Benj Drouet Rousseau

Un très beau livre fait dedessins anatomiques, denombreux conseils et exer-cices, accompagné d’unDVD très pédagogique.Préfacé par Mantak Chia,l’ouvrage propose touteune série de pratiques per-mettant de maintenir oud’améliorer la qualité del’énergie dans le corps etdans les organes sexuels :massage des seins, travaildu périnée…

Editions Médicis / 24,90 €

Les recettes d’Annied’Annie d’Aulan

Annie nous met l’eau à labouche avec ses recettesillustrées par des photosaussi sensibles que gour-mandes. Inspirée par unedouble culture franco-japo-naise, elle privilégie uneapproche végétarienne d’ins-piration macrobiotique alliéeà une cuisine provençalepleine d’épices et de cou-leurs. Si l’expression art devivre a un sens, elle trouve iciune belle interprétation.

Le Souffle d’Or / 23,90 €

100 points de digito-puncture qui peuventvous changer la viedu Dr Jean-Claude Trokiner

Ce manuel nous proposeune promenade initiatiquesur des chemins « à fleur de peau », afin d’y croisercent points d’acupuncturecapables de nous changer lavie. La stimulation de cespoints se fait simplementavec les doigts. Cela aura deseffets sur notre vitalité,notre mémoire, nos défensesimmunitaires, notre libido.Un véritable laissez-passerpour la santé et le bien-être.

Grancher / 16 €

Le novicede Thich Nhat Hanh

Maître Zen de renomméeinternationale, Thich NhatHanh transforme une légen-de populaire en un romaninitiatique fascinant. Cettefresque dépeint l’histoired’une jeune femme vietna-mienne qui souhaite ardem-ment suivre la voie monaca-le. Ce n’est pas le cheminque sa famille a choisi pourelle et d’ailleurs les monas-tères à cette époque n’accep-taient pas les femmes. Qu’àcela ne tienne, elle se dégui-sera en homme!

Editions Trédaniel / 16 €

Le Tao et son pouvoird’amourde Lao Tseu par Alain Castets

Voici un « Tao Te King »bien différent! Cette nou-velle interprétation présen-tée par Alain Castet est unetraduction véritablementnovatrice, poétique, libertai-re et mystique. Pour la pre-mière fois, il intègre dans ceclassique la vision du fémi-nin. Cela lui confère unetout autre saveur. Ce longpoème chinois ne parle plusde politique, mais d’amour!

Le Souffle d’Or / 12 €

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échos • infos

GTao Numéro spécial 7plus de 1000 articles sur www.generation-tao.com

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8 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

Dossier enjeu sociétal

Mais qui sont-ils ? Les médias commencent à en parler, très rarement encore.

Trop rarement. Et pourtant… Selon l’étude menée par Yves Michel en 2006,

ils représentent 17 % de la population française, bien plus que les militants

de n’importe quel parti politique en France. Mais voilà, les créatifs culturels

ne savent pas qu’ils sont des créatifs culturels. Ou encore très peu !

Ce n’est pas un mouvement comme les Indignés. Il n’y a pas de leader.

Mais alors, d’où vient ce terme? Et pourquoi cette idée d’une enquête française?

Premières explications par l’initiateur de l’étude.

Qui sont les Créatifs Culturels?Les créateurs d’une nouvelle culture!

par Yves Michel

© Sergej Khackimullin - Fotolia.com

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GTao Numéro spécial 9des vidéos à télécharger sur www.generation-tao.com

enjeu sociétal Dossier

E

n 2000, Paul H. Ray et Sherry-RuthAnderson, un sociologue et une psycho-logue américains, mènent une enquête aux

USA sur les valeurs. Ils déterminent alors ungroupe spécifique qu’ils nomment les « culturalcreatives » ; leur enquête sera traduite en Fran-ce en 2001 sous le titre « L’émergence des créa-tifs culturels, Enquête sur les acteurs d’une chan-gement de société » (1). Cette étude a été la pre-mière à mettre en exergue de manière quanti-fiée une évolution de la conscience dans unepartie importante de la population des paysindustrialisés. On y voyait qu’un nouveau modede vie était en train d’émerger.

Des USA à l’EuropeIl transparaissait de cette étude que les « cultu-ral creatives » ne se reconnaissent pas dans lesstructures politiques, administratives et écono-miques existantes, d’où parfois leur sentimentd’isolement et la sous-estimation de leurnombre. Aux USA, les « cultural creatives »représentaient en 1998, date de l’étude, 23,4 %de la population, à côté de deux autresgroupes : les « traditionnalistes », et les« modernistes ».A la suite de la publication de ce livre, unedynamique s’est créée en Europe, et à partir de2002, sous le parrainage du Club de Budapest,des équipes se sont montées en France, Hon-grie, Allemagne, Pays Bas, Norvège, Italierejointe en 2005 par le Japon afin de dupliquerl’enquête dans ces pays.Un groupe de travail pour lancer unerecherche analogue en France fut constituécoordonné par Yves Michel, éditeur ; elle futmenée dans les règles des études sociologiquessur les valeurs, sous la direction scientifique deJean-Pierre Worms. En France, elle a révélé, fin2006, cinq familles, dont les créatifs culturels(17 %). Le terme « créatifs culturels » est direc-tement traduit de l’anglais, nous avons long-temps cherché une autre formulation, mais sanssuccès ; de plus, l’enquête étant internationale,une terminologie commune présentait desavantages. La manière la plus explicite de lescaractériser serait néanmoins : « les créateursd’une nouvelle culture », puisque le dépouille-ment de l’enquête les montre comme étant à lapointe du changement social.Les obectifs poursuivis par les enquêtes sontles suivants :

Apporter les preuves de l’émergence dansles pays industrialisés en général, et en Europeen particulier, d’une culture de la responsabili-té dans les valeurs et dans les actes.

Définir de façon qualitative et quantitativeen quoi elle se caractérise en termes de com-portement.

Mettre ces résultats à la disposition de ceuxqui en sont les acteurs ainsi que de l’ensemblede la société.

Les spécificités des créatifs culturels

Selon les résultats de l’enquête, on constateque ces personnes cumulent un certain nombrede caractéristiques : elles sont davantageouvertes à des modes de vie différents desleurs ; elles ont un sens plus fort de la solidari-té ; elles se préoccupent davantage de tisser desliens entre les membres de la société et demettre en œuvre des valeurs dites « féminines »(coopération plutôt qu’affrontement, travail enréseaux, écoute et partage). Elles prônent uneconsommation responsable et sont préoccu-pées par l’avenir de la planète. Enfin, dans leursentiment de contribution au monde, elles sontconscientes que si elles changent elles-mêmes,alors elles pourront contribuer à co-construirele monde dans lequel elles vivent, d’où un inté-rêt pour le développement personnel, la spiri-tualité au sens large et un engagement dansl’action.

Les valeurs des créatifs culturelsLes créatifs culturels représentent 17 % de lapopulation française. Ce sont eux qui fontavancer les choses et qui proposent un nouveaumode de vie. A ce titre, ce sont des pionniers. Ilsincarnent leurs valeurs au quotidien, ils ne veu-lent pas attendre d’hypothétiques changements« par le haut » ; ils mettent en place des projetspilotes. J’observe d’ailleurs une grande maturi-té, à la différence des années 1970 où (ilmanque une phrase ici), on les trouve à tous lesniveaux de la société. Mais la plupart des créatifs culturels ne sesavent pas des créatifs culturels, à la différenced’un groupe constitué et militant, tel un syndi-cat, par exemple, ou une profession ; c’est cetteenquête qui peut le leur révéler et leur donneréventuellement envie de se relier aux autres.

LES 6 PÔLES DE VALEURS DES CRÉATIFS CULTURELS

L’écologie et le développement durable : le bio, laconsomm’action, les méthodes naturelles de santé ;

La place des femmes dans la société et les valeursféminines : l’écoute, la coopération et la préoccupationpar rapport à la violence;

Être, avoir et paraître : la prédominance de l’être parrapport à l’avoir et au paraître ;

Le développement personnel : la connaissance de soiet l’ouverture aux autres, la dimension spirituelle ;

L’enjeu sociétal : l’implication individuelle et solidairedans la société, le social avec une dimension locale ;

L’ouverture culturelle : le respect des différences, lemulticulturel.

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10 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

Dossier enjeu sociétal

L’étude américaine se basait sur quatre pôlesde valeurs, l’étude française en a fait ressortirsix, à partir desquels ont été définis et décritscinq courants socio-culturels français en 2006(2) : lisez l’encadré. La concomitance de ces sixvaleurs est remarquable, et c’est ce qui lescaractérise. Elles sont un liant possible entredes groupes qui sont donc souvent cloisonnés.

79 % des créatifs culturels aimeraient dispo-ser de plus de temps et faire plus d’efforts pourmieux se connaître, assurer leur développe-ment personnel et pour développer leur proprepersonnalité (48 % des Français). 86 % descréatifs culturels pensent que l’éducationdevrait mettre des sujets comme une meilleureconnaissance de soi, le développement person-nel et les relations avec les autres au mêmeniveau que la connaissance et les formationsprofessionnelles (62 % des Français).

En matière de développement personnel,38 % des créatifs culturels ont déjà participé àun stage ou à séminaire de développement per-sonnel (connaissance de soi, croissance person-nelle, un chemin spirituel, le Yoga, la médita-tion, le chamanisme, la pensée positive) (19 %des Français), 29 % n'y ont pas participé, maisseraient intéressés à le faire (20 % des Fran-

çais). Parmi ceux qui ont participé, 86 % esti-ment que ces stages ou séminaires ont eu beau-coup d’influence sur leur façon de vivre (70 %des Français).

La place des femmes au sein de cette popu-lation est majeure : 64 %! Ainsi 89 % des créa-tifs culturels pensent que notre culture, notresociété, a besoin d’une place plus importantedonnée aux valeurs féminines, à la sensibilité(67 % des Français). 93 % des créatifs culturelssont d’accord sur le fait que les femmesdevraient occuper des fonctions dirigeantesdans les entreprises et avoir des responsabilitéspolitiques (78 % des Français). Ils ne sont plusque 2 % des créatifs culturels à penser que lestaches principales des femmes sont d’élever lesenfants et de s’occuper des travaux ménagers(16 % des Français).

Ils sont très préoccupés par les problèmesécologiques (94 %). A 92 %, ils refusent de pri-vilégier l’emploi au détriment de la nature etsoutiennent que le gouvernement devrait sanc-tionner sévèrement les industries qui conti-nuent à polluer. A 62 %, ils acceptent une par-ticipation financière citoyenne à la résolutiondes problèmes environnementaux. Ils necroient pas que quand les ressources naturellesauront été totalement épuisées, la science et latechnologie trouveront des solutions de rem-placement. A 80 %, ils font le lien entre la limi-tation de la consommation et la protection del’environnement. Ils sont prêts à se contenterde moins, de vivre une vie plus simple, maisplus en cohérence avec leurs valeurs. Beaucouptravaillent à temps partiel, changent de profes-sion ou créent leur propre entreprise.

En conclusion, il y a de grandes chances qu’enétant intéressé(e) par le thème de cette revue,vous fassiez partie des créatifs culturels, maisapprenez que personne ne se sait créatif cultu-rel au départ, les personnes le découvrent enlisant l’étude. N’hésitez pas à faire le test sur leblog www.yvesmichel.org. L’apport de l’étudeest de conforter, « réassurer » (diraient lespsys) les personnes qui portent ces valeurs ; elleleur montre, chiffres à l’appui, que leurs valeurssont non seulement légitimes, mais à la pointedu changement social, que la société en abesoin, et qu’elles sont partagées par 17 % desFrançais, c’est bien plus que des groupessociaux ou politiques qui squattent les médias !C’est donc une excellente nouvelle dans notremonde plombé par un « politiquementcorrect » très lourd, structuré par des forceséconomiques ou très conservatrices.

(1) « L’émergence des créatifs culturels », Paul H. Rayet Sherry-Ruth Anderson, éditions Yves Michel, 2001.(2) « Les créatifs culturels en France », éditions YvesMichel, 2007.www.yvesmichel.org

Pionnier du mouvementalternatif en France,défricheur d’idées, YvesMichel a créé les édi-tions Le Souffle d’Or il yaura trente ans en 2013.Il a également créé leséditions Yves Michel il ya treize ans. Acteursociétal dans la vieassociative, il a égale-ment été maire d’unepetite commune écolo-gique, de 1995 à 2001.www.yvesmichel.org

PORTRAIT

94 % des créatifs culturels sont préoccupés par les problèmes écologiques.

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Dossier enjeu sociétal

Q

uand on assemble les pièces d’un puzzle,au début, on tâtonne, puis apparaissentpeu à peu des agrégats de plus en plus

gros et d’un seul coup, on voit une image glo-bale, qui va nous servir, ensuite, à mettre enplace les autres pièces. C’est un peu ce qui sepasse avec l’enquête qui a vu émerger les créa-tifs culturels en France. Ça prend du temps.Ce que l’on a vu depuis plusieurs décennies : lemouvement hippy, les luttes féministes, celles

Cela fait désormais 10 ans que le concept

de « créatifs culturels » est apparu en France.

C’est l’occasion pour Yves Michel, le précurseur

en France, de faire un point sur la situation.

Les précurseurs du changementUne révolution silencieuse

par Yves Michel

© olly • Fotolia.com

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GTao Numéro spécial 13des vidéos à télécharger sur www.generation-tao.com

enjeu sociétal Dossier

pour les droits civiques, la prise de conscienceécologique, le Larzac, les manifestations lors duSommet de Seattle, etc. a préparé un change-ment de paradigme. Et les créatifs culturels,avec leurs préoccupations communes, sont lapreuve que la démarche prend de la maturité.Ils sont la pointe émergée de l’iceberg et met-tent en évidence le fait que de plus en plus depersonnes ne croient plus que le matérialismeconsumériste puisse les rendre heureux. Nouspassons d’un paradigme matérialiste, pillard, àun nouveau paradigme avec de nouvellesvaleurs.Personnellement, quand j’ai eu connaissancedes résultats de cette étude dans un magazinequébécois, j’ai frémi de joie : enfin unerecherche faisait apparaître, en les regroupantdans une même famille, des aspects que je por-tais en moi et de manière un peu sectoriséejusque-là. C’était enthousiasmant, très « soula-geant » de ne plus me sentir seul, et, de plus,extrêmement validant, car cela me confortaitdans mes engagements et mes valeurs. L’impactde cette étude est donc, entre autres, de noustoucher au niveau sensible, de provoquerce « frémissement », de nourrir notreespoir ! Ainsi, à côté des nombreuxarguments rationnels qui nousinterpellent et nous pousseraientau changement, il y a cet espaceen nous du domaine du sensible,de l’émotionnel, qui peut se révé-ler tout aussi bien un immenselevier qu’un poids insurmontable. Ace niveau, il convient d’être inspirant, dejouer d’humour, et surtout de ne pas faire peur.C’est un équilibre délicat à trouver de faireprendre conscience des dangers réels qui nousguettent sans générer de la peur !

Une prise de conscience limitéeL’enquête en France a suscité un grand intérêtet a obtenu une bonne couverture de presse :des dizaines d’articles, y compris dans lesgrands médias écrits et radio, et sur de nom-breux blogs. Et ça continue en 2012. Les consul-tants en entreprise s’en sont fait une référenceincontournable, ainsi que nombre de décideurs,de porteurs de projets, mais aussi de simplescitoyens. Cela me réjouit, mais ce n’est pas suf-fisant : en effet, à ce jour, et malgré la gravecrise qui secoue nos sociétés à plusieursniveaux, le rouleau compresseur ultralibéralpoursuit sa course folle en massacrant tout surson passage sans rencontrer de freins… Et lespersonnes que je rencontre pensent encorequ’elles sont représentatives de 5 % de lapopulation globale. Elles sont toujours sur-prises de découvrir qu’elles partagent leursvaleurs avec 17 % de personnes en France.Nous baignons en effet dans un bain culturelqui subit la pression du « politiquement ousocialement correct ». Les valeurs qui motiventles créatifs culturels y sont encore minoritaires.

Il y a une réelle difficulté au débat en Francequi fait qu’il vaut mieux ne pas afficher sesconvictions en famille ou au travail, surtoutdans certains milieux comme l’hôpital ou l’édu-cation. Le risque de se voir accuser de sectaris-me est tout proche. Les personnes en sontréduites à vivre leurs valeurs de façon tout àfait intime ou dans des lieux spécifiques et pri-vilégiés où elles peuvent s’exprimer. Cette pru-dence est encore fort compréhensible aujour-d’hui, mais elle a pour résultat un « effetdésert » : même des proches peuvent ignorerqu’ils partagent les mêmes idéaux. Les chiffresavancés sont, eux, indiscutables. Une desvaleurs de l’enquête est donc de montrer auxgens qu’ils peuvent sortir de leur isolement.C’est un grand soulagement pour eux, une vali-dation, un soutien et une force à partir dumoment où ils rencontreront et s’allieront àceux qui partagent leurs valeurs.

Halte au gâchis !N’y a-t-il pas cependant un avantage, dans lecontexte dans lequel nous sommes, à rester

caché, comme dans une guérilla, et àmonter des projets dans la discrétion?

Cela peut être une tactique… Maisquelle énergie dépensée, et inutile-ment, quelle perte de temps etquels malentendus. Pour un por-teur de projet qui a réussi dans cesconditions, combien ont été

découragés, laminés, persécutés ?Or, c’est bel et bien au détriment de

la société qui ne bénéficie pas de la créa-tivité de ces personnes. Il y a également denombreux suicides de personnes qui ne trou-vent pas leur place dans une société aussi sélec-tive que la nôtre, alors qu’elles ont des qualités.C’est un drame pour elles et un appauvrisse-ment pour les autres qui se voient privés deprojets qui seraient très utiles. Beaucoup desouffrances, de manque d’écoute, de maladieset un certain malaise social auraient besoin deprojets nombreux et bien répartis. Pourquoi sepriver de cette richesse? En termes de globali-té, de culture et de société, c’est un gâchis énor-me, à l’image d’une guerre.

Vers l’émergence de solutions globalesL’un des atouts de l’enquête est de relancer ledébat social. En effet, il s’agit de montrer auxcréatifs culturels, et à toute la société, que leursvaleurs sont à la pointe du changement desociété, qu’ils sont nombreux à les porter etqu’ils représentent ou pourraient représenterune véritable force. Il s’agit d’apporter uneimage positive d’elles-mêmes aux personnesqui sont porteuses de ces valeurs, de les confor-ter dans leur démarche et de leur donner desarguments solides face à des instances qui sontsceptiques ou réservées. C’était l’intentiond’Ervin Laslow, président du Club de Buda-pest, quand il a coordonné l’enquête dans les

17 % de lapopulation française! Et vous?

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14 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

Dossier enjeu sociétal

différents pays européens : documenter cetteprise de conscience et, ce faisant, aider àl’émergence de solutions globales. Et de fait, lessix pôles concomitants de valeurs qui caractéri-sent les créatifs culturels sont la garantie queles solutions qui seront proposées seront lesplus globales possibles. Sans cette vision d’en-semble, on a une approche technicienne, maté-rialiste, des problèmes, comme on peut déjà leremarquer en écologie, et qui, de fait, ne résoutpas les problèmes d’ensemble. Je suis persuadéque les solutions ont besoin de cette globalitépour être viables. Ce n’est pas à coup dechiffres et de haute technologie que l’on résou-dra ces questions actuelles.

Quel va être le changement? Des petits pas ou un changementradical? C’est incertain. Pour mapart, je suis pour la pédagogie. Enposant clairement les bonnesquestions, en anticipant les pro-blèmes qui découlent de notresystème actuel et avec une pédago-gie appropriée, nous nous donnonsle maximum de chances d’éviter lescrises violentes. Or, aujourd’hui, ce n’est pasla voie qui est prise… La crise financière quisévit depuis 2008 en donne un bon exemple : onvoit nos élus courir après l’incendie avec unretard certain sur les spéculateurs. C’estconsternant, on ne tente pas de jouer sur lescauses, on se contente de jouer sur les consé-quences. Tout cela sert des intérêts privés, iciles grandes banques, dont les mécanismes nesont pas, comme on voudrait nous le faire croi-re, une évolution « naturelle » du système libé-ral, mais ont été mis en place par des personnesprivées ayant su imposer aux Etats, aux dépu-tés, de voter des lois en leur faveur. Il faudraitune remise à plat fondamentale du systèmedans lequel nous sommes, comme le fit Roose-velt dans les années 1930. D’un autre côté, la

pédagogie à laquelle je crois comme solutionpeut prévoir des étapes de transition, mais enayant en ligne de mire des remises en questionprofondes. C’est un véritable défi.

Les créatifs culturels et la politiqueLes créatifs culturels trouvent très peu d’échoen politique. Ainsi 42 % sont déçus par les par-tis politiques actuels et espèrent que vont appa-raître de nouvelles forces politiques. Quand21 % sont déçus par les partis politiques actuelset n’ont aucun espoir qu’il puisse y avoir uneamélioration de la situation. Et enfin, 19 % nes’intéressent pas à la politique. Force est deconstater le décalage entre les aspirations descréatifs culturels et les préoccupations, le cynis-me, l’intérêt personnel de l’oligarchie qui a prisle pouvoir dans nos pays occidentaux (au mini-mum)! Et je suis encore plus atterré (commeles économistes éponymes avec lesquels je suisd’accord) de constater qu’un autre niveau depouvoir se joue dans les coulisses, bien loin dela démocratie (cf. « Circus Politicus », de C.Deloire, et C. Dubois).

Un sursaut de conscience collectifLe système actuel est autoreproductif. Il a desverrous très puissants. Je plaide pour une tota-le remise à plat, proche d’Etienne Chouard,d’André-Jacques Holbecq, de Philippe Derud-der pour la sphère économique et démocra-tique, et surtout pour une sortie du système« tout marchand ». En effet, progressivementdepuis plusieurs siècles, s’est imposée unevision marchande jusque dans des sphères trèsprivées, très intimes de notre vie, comme

l’éducation, l’aide aux personnes, lasanté, et nous sommes arrivés à des

extrêmes insupportables, telles lagestion comptable des hôpitaux !La violence que fait peser ce sys-tème ultralibéral sur nos têtes estgigantesque, ce qui pourvoit le sys-tème en bons clients bien malades

et fait « marcher le commerce »,mais toute tension a besoin un jour de

se résoudre, et on peut être inquiet.Comment éviter l’instauration prochaine

d’une dictature en France? Et bien, en prenantconscience que l’on y est déjà par bien desaspects, et en prenant position courageusement!Je reviens à cette notion de conscience: sans unsursaut de conscience collectif, on sera happéspar le tourbillon; et l’une des conditions d’un telsursaut collectif est notre conscience individuel-le, notre maturité, qui se cultivent à chaque ins-tant et demandent une grande vigilance. Avons-nous une pratique, une passion, une expertise,des talents, qui nous permettent de tenir deboutface à l’adversité d’un système agonisant, maisd’autant plus dangereux? Et pour l’heure, nour-rissons la société civile afin de lui redonner toutson poids face aux deux autres pôles de la socié-té : les sphères économiques et politiques.

Des projets fleurissent detoutes tailles.

Ervin Laslow, philosophe dessciences, président du Club de Budapest,participe à l’émergencede solutions globales.

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.R.

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enjeu sociétal Dossier

Une foison créativeHeureusement, il y a à côté de cela beaucoup decréativité, comme si la conscience se manifestaitencore et toujours, comme les brins d’herbe quipercent le bitume. Je participe souvent à desrassemblements comme ceux de Terre du Ciel,des Colibris, des Amanins, le festival de MouansSartoux parmi d’autres, et je me réjouis de tantd’effervescence ; je constate l’émergence dejeunes (la vingtaine) qui semblent avoir bienintégré cette nouvelle sensibilité, ces valeurs descréatifs culturels, c’est une source d’émerveille-ment ! Et des projets fleurissent, de toutestailles, avec toujours un sens de l’intérêt géné-ral : des écoles alternatives, des productionsd’aliments bio, des cantines bio, des ateliers deréparation, etc. On en trouve une liste danschaque numéro de « Vif Argent », le magazinede la NEF (1), société financière qui joue latransparence, et ça mérite d’être souligné! J’encourage toute personne à s’intéresser à cesprojets, et à les soutenir concrètement, voire lesrejoindre ! Tout le monde y sera gagnant : vous,qui trouverez de quoi nourrir votre curiosité etvotre besoin d’action, lesdits projets recevrontdu renfort et ils en ont souvent besoin ! Et sur-tout, ayons foi dans nos capacités et nostalents : nous avons tous quelque chose de posi-tif à apporter !

(1) www.lanef.com

UN FESTIVAL DE BONNES NOUVELLES

J’ai comme projet d’organiser des journées où lespersonnes pourront fraterniser, témoigner de leursréussites et des facteurs déterminants, dans la pers-pective d’inspirer d’autres personnes ; elles pourrontéchanger sur ces valeurs. Ce sera aussi le lieu debourses aux projets. Le but est de donner aux por-teurs l’occasion d’exposer leur projet, ses valeurs,de rencontrer des gens qui ont du temps, des com-pétences, de l’argent ou encore un lieu, et de nouercontact pour passer ainsi à la concrétisation. J’aimeproposer, au-delà de la réflexion, des pistes d’ac-tion. Il est nécessaire d’équilibrer ces deux facettes :www.yvesmichel.org

31 mars 2012 : la campagne d’affichage « Tous Candidats 2012 », un projet initié par le mouvement Colibris et le photographe JR.

Pour en savoir + :— « L’Emergence des créatifs culturels », Paul H. RAY et Sherry Ruth ANDERSON, éd. Yves Michel 2001.— « Les créatifs culturels en France », Association pour la Biodiversité Culturelle, éd. Yves Michel 2007.— www.yvesmichel.org

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atherine Dauriac

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Dossier enjeu sociétal

S

i l’émergence des créatifs culturels a bieneu lieu dans le paysage mondial et fran-çais, il faut bien constater que la recon-

naissance d’un groupe social spécifique porteurde leurs valeurs reste encore très largementignorée, y compris de la part des spécialistesdes dynamiques sociales. Cette absence dereconnaissance tient-elle à l’inexistence decette catégorie de personnes ailleurs que dansl’esprit de ses découvreurs?

Un manque de relianceOn peut en douter lorsque l’on constate laforce des dynamiques citoyennes et associa-tives qui sont basées sur ces valeurs, ou lorsquel’on découvre que les personnes qui impulsentaujourd’hui les changements dans les organisa-tions sont justement celles qui sont animées parce type de valeurs. L’explication se trouve, àmon avis, plutôt chez les créatifs culturels quipeinent à reconnaître et à relier en un tout

Du monde des idéaux à l’incarnationLe « printemps des créatifs culturels » arrive !

par Ivan Maltcheff

L’imposition des valeurs des créatifs culturels comme nouvelle dynamique sociale

peut paraître lente, mais un projet cohérent qui soit à la fois individuel et collectif

demande du temps.

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angostock - Fotolia.com

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enjeu sociétal Dossier

cohérent les dynamiques qu’ils portent. Sinon,comment expliquer que l’absence de conscien-ce unitaire de cette catégorie de personnes, dia-gnostiquée dès l’origine par les créateurs de ceconcept, continue à se manifester alors quejamais les thèmes et valeurs portées par cettepopulation n’ont autant été d’actualité? Com-ment par ailleurs expliquer la difficulté à relierdes dynamiques de la société civile porteusesde ces valeurs? Comment expliquer qu’à unmoment ou les Indignés ont fait leur appari-tion, les 20 à 30 % de créatifs culturels au seinde la population ne se sont pas senties plusconcernées par une mobilisation massive?

Manque de globalitéUne première explication se trouve certaine-ment dans les valeurs des créatifs culturels quine constituent pas un prêt à penser différen-ciant qui apporte des réponses, mais plutôt desprincipes et des repères pour agir différem-ment. Ces principes peuvent se combiner avectoute une série d’autres valeurs domi-nantes qui structurent encore lesreprésentations du champ social :droite, gauche, centre, libéralismeéconomique, interventionnismeétatique, laïcité, spiritualité reli-gieuse… Dès lors, quelles quesoient les structures où des créatifsculturels agissent, j’observe souventque leur originalité est plutôt récupé-rée de façon marginale par le système,sans réellement modifier les paradigmes domi-nants. Par exemple, dans mon domaine d’inter-vention qui est le coaching, l’accompagnementdu changement, le développement des dyna-miques d’équipes, le management humain, jetravaille la plupart du temps dans des entre-prises, des collectivités territoriales ou dans desgroupes de citoyens avec des personnes forte-ment porteuses des valeurs dites des créatifsculturels. La grande majorité d’entre ellesconnaît cette notion, sans pour autant se reven-diquer d’être un ou une créatif(ve) culturel(le).La plupart de ces personnes sont souvent à despostes qui influent sur le système sans dirigerdirectement ces organisations : ainsi on retrou-ve nombre de créatifs culturels dans les métiersliés au changement, aux ressources humaines, àla communication, parfois au marketing, dansles fondations d’entreprise, beaucoup plus rare-ment aux postes de direction générale ou dedirection opérationnelle. Doit-on en déduireque ces postes n’intéressent pas les créatifs cul-turels ou que le système rejette indirectementceux qu’il perçoit comme décalés? Les deuxexplications sont certainement valables, maisj’en déduis surtout que la plupart des créatifsculturels n’ont pas encore relié les différentesnotions et valeurs dont ils sont porteurs pourfaire émerger en eux une cohérence globale quientraînera avec le nombre la formalisationd’un projet collectif de société radicalement

différent. En d’autres termes, ils peuvent conti-nuer à faire coexister pendant un certain tempsleurs valeurs avec celles du système dominantde façon suffisamment cloisonnée.

Finis les idéaux, c’est l’incarnation qui prime !Toutefois, j’observe aussi de plus en plus sou-vent chez ces personnes, une tension entre leursvaleurs et celles qui sont promues dans lesorganisations. Les créatifs culturels rentrentalors dans un processus de « reconfiguration »qui conduit à une nouvelle cohérence interneavec parfois, pour ne pas dire souvent, un nou-veau projet personnel ou professionnel. Ceprocessus, celui d’un changement profond, sou-ligne une différence fondamentale à mes yeuxentre le paradigme dominant et le nouveauparadigme porté par de nombreux créatifs cul-turels : une valeur, une idée, un principe d’ac-tion qui n’est pas intégré ou en cours d’intégra-tion à titre personnel, c’est-à-dire qui ne fait

pas l’objet d’un travail sur sa proprecohérence de vie, ne peut pas être

repris à un niveau collectif souspeine d’être immédiatement reje-té. Loin de la fin de l’histoiredécrite par certains, nous passonsde l’époque de l’idéologie, où lemonde des idéaux primait, à celle

de l’incarnation, où l’expérience etla cohérence personnelle permettent

de crédibiliser les idées proposées. Ilnous faut maintenant compléter les apports desintellectuels par des expériences de vie ensei-gnantes qui témoignent des transformationspersonnelles nécessaires pour incarner lesparadigmes portés par les créatifs culturels.Ceci explique pourquoi les dynamiques collec-tives des créatifs culturels ne peuvent plus secontenter de belles idées, de déclarations d’in-tention, mais doivent passer par le creuset del’expérience pour pouvoir se déployer (1). Ceciexplique donc aussi pourquoi le mouvement detransformation porté par les créatifs culturelspeut être perçu comme lent, au regard desurgences sociales et planétaires actuelles.

La clé d’une reliance en soi et avec les autres !Il faut donc à mon avis admettre que lesmoyens d’action et de transformation des créa-tifs culturels sont par nature différents et nepeuvent complètement s’exprimer exclusive-ment par les voies et moyens que nous connais-sons. Les multiples initiatives des Indignés, quin’ont pas obtenu le retentissement espéré parces derniers, témoignent à mon avis que lesformes anciennes de transformation par larevendication, quoique toujours nécessaires, nesont plus suffisantes et peut-être même ne sontplus adaptées. Les voies de transformation descréatifs culturels qui passent par des sauts pro-gressifs de conscience empruntent des chemins

Des transformations

personnellesnécessaires.

Ivan Maltcheff estauteur, ancien DRH,coach et spécialiste enaccompagnement deschangements en entre-prise. Il a également co-animé le projet Inter-actions TransformationPersonnelle-Transforma-tion Sociale et estproche de plusieurs ini-tiatives ou projets por-tés par de nombreusesassociations ou collec-tifs porteurs de valeursdites de créatifs cultu-rels.

PORTRAIT

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Dossier enjeu sociétal

qui ne sont pas forcément visibles à nos regardset il faut donc s’attendre dans les années à venirà des surprises, à des « printemps de créatifsculturels ». Le succès des dynamiques demobilisation ponctuelle récurrentescomme celles organisées par Avaaz,ou la campagne « Tous Président »initiée par les Colibris, travaillentcertainement dans cette direc-tion. Les créatifs culturels doi-vent identifier des voies d’expres-sion qui leur soient propres et quipassent probablement par un tra-vail important sur la notion de relian-ce en soi et avec les autres. En effet, unedes grandes transformations de notre époqueplanétaire est de comprendre que rien ne pour-ra se faire sans une approche globale, intégra-trice de toutes les personnes et toutes lesdimensions d’une question. La reliance estdonc la clé. Mais pour pouvoir relier des phé-nomènes par nature contradictoire, il est vitalde travailler la reliance en soi, et c’est ledeuxième grand enseignement de notreépoque. Travailler la reliance oblige à penser lanature du lien qui nous unit et à ce titre lesréflexions autour d’une société conviviale (2)

et d’une politique de l’Amitié(3) et de reliancedes relieurs (4) peuvent enrichir le terreau desinitiatives de demain. En bref, il appartientmaintenant à ce groupe de manifester sa créa-

tivité culturelle en pleine conscience etrevendication de ses apports à la

société.

(1) « Les nouveaux collectifscitoyens », Ivan Maltcheff, éditionsYves Michel, 2011.(2) Développée pour la première fois

par Ivan Illich et reprise par une séried’auteurs, voir « Le Manifeste pour une

société conviviale », les cahiers du Mauss,janvier 2011.

(3) Idée et projet développés dans une des agorasdes « Dialogues en humanité », Lyon, juillet 2012.(4) Projet de l’auteur de relier des relieurs pourtémoigner et incarner la reliance.

Photo d’une Agora des Dialogues en humanité 2010,parmi de nombreuses initiativesporteuses des valeurs des créatifsculturels.

Je n’ai pas cette photo !!!

Manifester sa créativité culturelle.

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Dossier savoir-être

Notre monde se standardise au détriment de la singularité. Les espaces verts

disparaissent. Le colossal l’emporte sur le local. L’être doit prendre le pas sur l’avoir.

« Résister, c’est créer »Redonnons de l’âme à ce que nous vivons

par Alice Médigue

© Igor Y

aruta - Fotolia.com

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savoir-être Dossier

L

’économie de la démesure qui nous domi-ne actuellement détruit les singularités ;elle écrase littéralement ce qui fait l’âme

et l’identité propres des êtres, des objets, descréations, des paysages, des expériences… Lamagie de la vie provient pourtant de ces singu-larités qui répondent à notre soif de découver-te, un des grands besoins et plaisirs humains ;elles ménagent une place au mystère et au mer-veilleux, car l’objet unique et singulier estd’emblée moins facilement saisissable que l’ob-jet standardisé ; elles créent l’intériorité quipermet un rapport plus profond au monde etl’attachement aux êtres et aux choses. Ce sontelles que le touriste contemporain recherchedans le dépaysement du voyage, mais qu’il a deplus en plus de mal à trouver !Notre économie de la démesure standardisejour après jour le monde car, pour faire grandet vite en faisant des « économies d’échelles »,il faut concentrer et produire en série en gom-mant les particularités, grains de sable dans laméga-machine de production. Le monde agri-cole, soumis au modèle productiviste depuisplus de cinquante ans, en témoigneavec éloquence : alors qu’au débutdu 20e siècle, les agriculteurs fran-çais cultivaient neuf espèces deblés, ils n’en cultivent plus quedeux aujourd’hui, tandis que des253 variétés de pommes que l’ontrouvait sur les marchés, il n’enreste plus que dix au début desannées 1990, la variété golden mono-polisant 70 % du marché. Triste perte desaveurs et de précieux savoir-faire ! Il y auraitdes quantités d’exemples à donner dans tousles secteurs pour illustrer cette perte de diver-sité et de singularité. J’en développerai ici deuxqui me tiennent à cœur.

La standardisation des espaces publicsDepuis quelques années, les espaces publics etleurs usages se normalisent et s’homogénéi-sent. Le philosophe Thierry Paquot soulignecette tendance : « Les centres anciens seconvertissent en lieux urbains à consommer(rues piétonnes, restaurants, galeries d’art,commerces de luxe, cinémas), de plus en plussemblables (pavés identiques made in china,crépi ocre et volets verts, mobilier urbain « faux19e siècle, éclairage au sodium, terrasses decafé et de restaurants d’une même chaîne, etc.)avec un air de déjà-vu » (1). Cette destructiondes singularités (géographiques, architectu-rales, gastronomiques…) est liée à la logiqueglobale de monopole, justifiée par les fameuseséconomies d’échelles.

Des infrastructures démesuréesLa compétition économique à l’heure de lamondialisation libérale généralise dans lemonde entier le même type d’infrastructuresdémesurées. De nombreux méga-projets, déci-

dés en « haut lieu », sont imposés sans concer-tation avec les citoyens, bouleversant, au Sudcomme au Nord, les dynamiques de la vie loca-le. Je pense à tous ces villages remplis de rési-dences secondaires qui se sont spécialisés dansl’attractivité touristique de saison, morts lereste du temps, ou ces villes dortoirs de ban-lieue où il est bien difficile de s’enraciner tantla vie sociale y semble volatile.

La résistance citoyenne s’organiseMais, heureusement, la résistance citoyennes’organise : en juillet 2012, s’est tenu le secondForum européen contre les Grands ProjetsInutiles et Imposés à Notre-Dame des Landes.Il a réuni plus de huit mille participants venusd’Italie, d’Allemagne, d’Espagne, de France, duMaroc et d’ailleurs, qui ont débattu d’une dizai-ne de grands projets européens qui sont à l’ori-gine d’importants mouvements d’opposition.Qu’il s’agisse de projets de lignes TGV, d’auto-routes, d’aéroports, de zones de loisirs, de plate-formes pétrolières, ils ont en commun d’être

imposés sans aucune concertation avec lapopulation locale, d’avoir une emprein-

te écologique et un coût énormes, etde détruire des biens communsexistants (écosystèmes, terres agri-coles, patrimoine culturel, espacesdu tissu local - de promenade, derencontres…): à Stuttgart, un pro-

jet de construction d’une gare sou-terraine géante détruirait la gare

actuelle, un parc ancien et différentsouvrages du patrimoine culturel tandis qu'à

Madrid ou Barcelone, le groupe américain LasVegas Sands projette de créer un immense com-plexe de loisirs avec casinos, terrains de golf,complexes hôteliers, héliport, etc. Quatre ansaprès avoir frôlé la faillite, le groupe se permet,pour mener à bien son projet, de demander àl’Etat espagnol de remettre en cause le droit dutravail et de l’exonérer de cotisations à la Sécu-rité sociale pendant deux ans! Face à ces infra-structures démesurées, les participants auForum préconisent des « petits ouvrages utiles »et plaident pour une mondialisation respec-tueuse du principe d’autodétermination des ter-ritoires de vie par ceux qui les habitent (2).

Le règne de l’imageAlors que le sens du toucher ou l’odorat pri-maient à d’autres époques, la vue est très solli-citée aujourd'hui par le règne de l’image quis'impose notamment par les mass media et lapublicité. La pensée matérialiste occidentale avalorisé la vue en prétendant que n’est réel quece qui est visible, tandis que la société deconsommation de masse a sacralisé le rapportaux objets et aux apparences. Il existe alorsdans l’espace public une prégnance très fortedu sentiment de voir et d’être vu ; l’idée selonlaquelle il faut être vu pour exister socialementappelle des comportements exhibitionnistes où

Etre vu pour existersocialement !

PORTRAIT

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22 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

Dossier savoir-être

le standard de l'imagerie marketing s'imposeau détriment des singularités de chacun. Par ailleurs, les mass media diffusent une visionformatée du monde, où les mêmes informa-tions standardisées répétées en boucle (faitsdivers autour de personnalités médiatiques,chute de la Bourse, scandale politique…) pré-tendent résumer ce qui se passe d’importantdans le monde chaque jour ; les singularités ysont occultées ou, quand elles sont traitées,réduites à des clichés. Face au journal télévisé,nous sommes traités en spectateurs des « évé-nements du monde », rien ne nous renvoie à larichesse des singularités dont nous sommesfaits, bien peu de chose éveille en nous le désirde les explorer. Ce rapport médiatique entre-tient un sentiment d'impuissance face aumonde (réduit à ce que les mass media fontapparaître comme le « centre du monde ») etl'impression d'être nous-mêmes sans singulari-té, de la même façon que le formatage com-mercial rend nos lieux de vie et nos expériences« sans qualité ».

« Résister, c’est créer »Pour défendre la singularité, onpeut se libérer de ce formatagemédiatique dans l’esprit du« Résister, c’est créer » de MiguelBenasayag (3), en valorisant notrepuissance d’agir, notre créativitéquotidienne pour redonner de l’âmeà ce que nous vivons. Voici des pistes,pêle-mêle, pour revaloriser la créativitélocale, dans l’esprit du slogan « Penser global,agir local » initié par René Dubos dès lesannées 1970 : le lancement de journaux locauxet de radios associatives pour mettre en lumiè-re les singularités locales et donner la paroleaux habitants ; la création d'un jardin partagédans son quartier (http://jardins-partages.org),et pourquoi pas en s'initiant à la permaculture(http://asso.permaculture.fr/) qui éveille à uneprise en compte passionnante des singularitéset des liens qui existent au sein d'un espa-ce/écosystème à aménager ; la décision de chan-ger de banque (www.financeresponsable.org)pour donner du sens à son argent, et la créationde monnaie locale, etc. Il existe des sources deconnaissance très précieuses pour découvrir cechamp d'alternatives.

Le tabou coriace de la tailleRécemment, les médias ont fait écho à la luttede l’association Novissen contre le projet d’im-plantation de la plus grande « ferme usine » deFrance en Baie de Somme, à laquelle seraadjoint un méthaniseur. Elle concentrera 1000vaches et 750 veaux, alors que les exploitationsspécialisées en élevage laitier en France comp-tent 45 vaches laitières en moyenne. Je n’ai pum’empêcher d’y voir resurgir cette question dela taille, véritable « impensé » de nos structureséconomiques actuelles, qu’il s’agisse des

banques, des firmes industrielles, des entreprises,des magasins, etc. Le discours de la doxa libéra-le ne cesse de vanter les avantages de la grandetaille des entreprises qui permet de réaliser deséconomies d’échelle et d’augmenter les capaci-tés de diffusion et de commercialisation, mais onne parle jamais de ses effets néfastes, et pour-tant, ils sont nombreux:

Une concentration des pouvoirs au centrequi fragilise la vie démocratique et le partagede l’information et de l’initiative au sein del’entreprise ;

Une empreinte écologique importante (si cen’est énorme) des méga-structures, qui met àmal la capacité de régénération des écosys-tèmes ; dans le cas de cette ferme usine, il fau-dra 2700 hectares pour épandre les 40 000tonnes annuelles de boues résiduelles issues duméthaniseur, qui pollueront à terme les nappesphréatiques et les cours d’eau.

Une production standardisée à rythme rapi-de qui génère des malaises sur les êtres vivants

impliqués dans les processus de production :dans le cas de cette ferme usine, on

pense aux 1000 vaches laitières et750 veaux qui vont être traitésindustriellement et aux nombreuxsalariés qui effectueront destâches à la chaîne, l’industrialisa-tion de la production créant un

rapport désapproprié, « sans qua-lité » au travail.Une production de mauvaise quali-

té, qui peut comprendre des risques sani-taires importants : la quantité et les économiesd’investissement primant sur la qualité, les ali-ments donnés au cheptel seront eux aussi indus-triels (on a vu avec la crise de la vache folle jus-qu’où peuvent aller les aberrations de la mal-bouffe animale !) tandis que la promiscuitéexcessive et la concentration des bêtes sontsource de maladies (1).

Et pour le tissu social local : la perte d’unespace qui aurait permis l’installation depetites structures productives (artisans, maraî-chers, PME, etc.) propices à des échanges àvisage humain. Les trop grandes structures,dans quelque domaine que ce soit, participent àce qui désapproprie les habitants de leur terri-toire de vie. J’ai réalisé de petites recherches sur la toilepour savoir s’il existait des lois, au niveau inter-national, européen ou national, qui limitaient lataille des entreprises : non seulement en termesde nombre de salariés, mais aussi de capitalinvesti et d’unités de production détenues. Jen’ai rien trouvé ; aucune limitation de taille n’estimposée pour la création de coopératives et desociétés anonymes. Il existe bien différentescatégories d’entreprises selon le nombre desalariés qui correspondent à des règles de fonc-tionnement et à une fiscalité spécifiques, mais iln’existe aucune législation sur d’éventuelsseuils de croissance à ne pas dépasser pour évi-

Valoriser notre

puissanced’agir.

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GTao Numéro spécial 23des vidéos à télécharger sur www.generation-tao.com

savoir-être Dossier

ter d’atteindre une taille qui produit les effetsnéfastes que nous avons évoqués.Vouloir modérer la taille des entreprises est unsacrilège pour la doxa néo-libérale qui nousdomine ; alors que nous traversons la plus gravecrise financière depuis les années 30, cette ques-tion cruciale est seulement évoquée du bout deslèvres. Un économiste reconnu comme XavierGabaix, lauréat du Prix 2011 du meilleur jeuneéconomiste, souligne le poids démesuré de lapoignée de très grandes structures (sociétés,banques, etc.) sur l’ensemble de l’économie. Eneffet, même si 99 % des entreprises françaisessont des PME (moins de 250 salariés) et que lesgrandes entreprises (plus de 5000 salariés)représentent seulement 1 % des entreprisesfrançaises, c’est bien une poignée de ces der-nières qui font la pluie et le beau temps dansnotre économie. Mais Mr Gabaix prend des pin-cettes sur les conséquences à en tirer : « Il seraitdonc par exemple pertinent, mais je ne me

risque pas à l’affirmer, de limiter la taille desentreprises ou de certains acteurs financiers ».(« Le Monde, Economie », 24 mai 2011). Depuis les réflexions éclairées de LeopoldKhor, Kirkpatrick Sale, E. F. Schumacher (l’au-teur de « Small is beautiful », publié en 1973) etd’Ivan Illich dans les années 1960-1970, il y a eucomme une occultation totale de ces questionsde taille et de seuils dans la pensée collective.Le fantasme de la croissance infinie produit detels « impensés » ! A quand une législation etune politique économique qui prennent encompte les effets destructeurs de la taille déme-surée des structures?

(1) Thierry Paquot, « L’espace public », La découverte, 2009. (2) http://forum-gpii-2012-ndl.blogspot.fr(3) Miguel Benasayag et Florence Aubenas,« Résister c’est créer », La Découverte, 2002.

© Sergej K

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Dossier savoir-être

J

’ai depuis toujours eu cette sensationd’être investie d’une mission. Ainsi, j’aiconsacré ce que je pourrais quantifier

comme étant la première moitié de ma vie àrechercher avec assiduité et ténacité quelleétait « ma mission » lors de ce passage surterre? Peut-être qu’aux détours de mes mul-tiples prises de conscience j’ai pu être animéepar le fait qu’il était plus important d’être qued’avoir. Avec la traversée des enseignementsde la vie, grâce à la rencontre d’un maître spiri-tuel et accompagnée par la stimulation inces-sante procurée par la vivacité de mes deuxenfants, je ressens aujourd’hui à l’aube d’undemi-siècle de vie, qu’une des questions fonda-mentales est : être qui et avoir quoi? Le « et »étant fondamental dans cette question. Noussommes tous, à la fois particule de l’univers,partie intégrante d’un plan plus vaste et épi-phénomène sans incidence sur le déroulementde l’infini. Nous sommes riches non pas de ceque nous possédons, mais de ce que noussommes en capacité de donner.

Réinventer sa vieAvec l’étude des créatifs culturels en France etla diffusion du livre, des itinéraires personnelsont pour certains pu connaître un nouveausouffle, forts de savoir que les initiatives favori-sant un « vivre autrement » étaient nombreuseset que la dimension traditionaliste de la sociétéfrançaise était passée du statut de fondement àcelui de couche superficielle. Pour ma part, j’aiévolué de la position de créatrice d’une entre-

Les créatifs culturels sont

des acteurs du changement qui,

pour 8 % d’entre eux, intègrent

une démarche intérieure.

Bien souvent, ils réinventent

leur quotidien en lui insufflant

du sens. Florence Morgen

a ainsi instauré quatre murs

porteurs pour cheminer

dans sa vie.

Etre qui? Et avoir quoi?Une démarche intérieure

par Florence Morgen

© gudrun - Fotolia.com

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GTao Numéro spécial 25des vidéos à télécharger sur www.generation-tao.com

savoir-être Dossier

prise d’études de marché et conseil en marke-ting à une fonction aujourd’hui dans le domai-ne de l’économie sociale. Mon rôle est de défi-nir et de promouvoir la politique de responsa-bilité sociétale d’entreprise (RSE) ainsi que dedéterminer la stratégie digitale de l’entreprisemêlant nouvelles technologies, besoins desindividus et apport d’utilité. Sans m’en êtrerendue compte, guidée par cette sensation de« mission », je me trouve aujourd’hui exacte-ment à ma place. J’ai toujours été convaincuequ’il était très important que je conserve un iti-néraire touchant au collectif, c'est-à-dire là où ily a effet de masse (je travaille dans une entre-prise importante, tant en termes d’effectifssalariés qu’en nombre d’adhérents), plutôt quede suivre un chemin qui m’aurait permis derencontrer des personnes individuellement.J’ai instauré quatre murs porteurs pourma démarche qui peuvent se parta-ger avec vous :

NettoyerSe rendre disponible à ce qui est,permettre à notre âme de s’expri-mer à travers notre être, être enlien avec les autres dans une dimen-sion de cœur, requiert forcément quele canal (???? quel canal???) soit nettoyéafin de faciliter le mouvement incessantd’émission-réception entre l’être, les groupesd’êtres et l’Univers. Le processus de nettoyagetouche l’ensemble de nos corps et peut semanifester de façon consciente ou inconscien-te, par une démarche individuelle ou collective.La maladie, qui est pure information, est sou-vent vécue comme un tel processus. La person-ne peut aussi initier ce processus par unereliance spirituelle. En ce qui me concerne etaprès un problème pulmonaire violent et long àl’âge de 17 ans, j’ai découvert à l’âge de 31 ansune voie spirituelle basée sur une méditationcentrée sur le cœur permettant d’élever monétat de conscience. Mais nettoyer n’est pas unefin en soi : nettoyer pour ouvrir, pour accueillir,pour se connaître, connaître l’autre, co-naîtrece qui s’offre à nous.

Connaître par l’acceptationLa connaissance ne s’apprend pas. Elle n’estpas savoir. Elle est donnée une fois que le canal(???? quel canal???) est ouvert. Au fil desannées, et de façon encore plus sensible ces dix-huit derniers mois, je ressens à quel point sinous acceptons ce qui est, si nous nous accep-tons, si nous acceptons l’autre tel qu’il est, nousabordons un état de lâcher-prise qui n’est pasvolontaire, mais spontané. Plus j’avance, plus jelâche, moins je sais, et plus je connais la bonneinformation au bon moment.

Avoir conscience de l’unitéLe don de l’univers est immuable. Il devientperceptible lorsque nous en avons fini avec

nous-mêmes. Alors nous sommes en mesured’emprunter le chemin vers notre intériorité etde retrouver cet endroit intime d’où nous per-cevons que nous ne faisons qu’un avec l’Uni-vers. Ces éléments sont pensées, joies, tensions,aliments, etc. ; tout ce qui émane de nous etimprime une tonalité subtile qui teinte notrevie. Par là même, nous sommes maîtres de cequi se propose à nous, à condition d’être dansl’accueil et dans un état de conscience qui nouspermettent de percevoir l’interdépendance desprocessus : physiques, énergétiques et spiri-tuels.

« Impacter » positivementPar qui je suis, ce que je pense, ce que je fais, ceque je dis, j’ « impacte » la réalité : impacts dans

ma vie, sur la société, sur les énergies collec-tives. Quels sont les impacts positifs que

je crée? Si j’en ai conscience, je peuxles accentuer. Quels sont lesimpacts négatifs que je crée? Lesconscientiser me permettra de leslimiter et de les réduire. C’estexactement de cette vision-là dont

il s’agit en matière de RSE. Com-ment les entreprises peuvent-elles

développer leur activité de façon sou-tenable et respectueuse vis-à-vis de ses dif-

férentes parties prenantes? En intégrant dansleur tableau de bord qui pilote leurs activités,des facteurs complémentaires aux facteursexclusivement en lien avec la rentabilité écono-mique. Il s’agit de facteurs exprimant l’accepta-bilité sociétale.

Se laisser agir par le changement Le chemin vers soi, vers ce centre intérieur d’oùtout est juste, conduit à intégrer au plus profondde nos cellules à quel point être Responsable desoi, de ses pensées, de ses paroles, de ses actes,permet au changement de s’accomplir en par-faite résonance avec ce qui est exactement justeet nécessaire ici et maintenant. Etre acteur dechangement, de mon point de vue, ne consistepas à agir pour créer le changement, mais selaisser agir par le changement pour mieux l’ac-compagner. Cela nécessite amour de soi,confiance envers la vie et souvenir constant del’existence d’un plan plus vaste. Au terme de cette réflexion, le vœu que je sou-haite formuler pour tous est celui de vivre enpaix. Etre enfin en paix. Avec soi-même, avecnos parents et enfants, avec l’autre. Se compor-ter avec autrui comme nous souhaiterionsqu’autrui se comporte avec nous peut être uneformule bénéfique et simple à adopter. Et jevous propose ce que Maître Rajagopalachari aproposé comme aide pour nous préparer à tra-verser les temps de changement important quiest en cours : « Pour cela trois choses : la pre-mière, s’accepter ; la deuxième, être ou devenirun exemple ; la troisième, donner plus queprendre ».

Etre responsable

de soi, de sesactes.

PORTRAIT

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Dossier connaissance de soi

C

ertains adultes parviennent à transmettredu rêve, mais d’autres nous ramènentdurement au réel. Comment, devenu

adulte nous-même, parvenir à retrouver cepoint cardinal du réel et du rêve pour l’accom-plir et nous accomplir?

S’émanciper et sortir de nos conditionnementsD’un face à face puissant avec l’autorité scolai-re érigée comme un dieu, je suis sortie grandie(1). S’émanciper et sortir de nos conditionne-ments demande un travail particulier qui,même s’il semble gigantesque au tout début, estpossible si l’on a le désir d’être sincère avec soi-même et si l’on rencontre les conditions pour leréaliser. La motivation est ici essentielle et per-met l’engagement. Cela nécessite aussi un peud’inconscience, car nous n’avons aucune idée

de ce dans quoi l’on s’engage. Il faut accepterhumblement d’apprendre avec et grâce auxautres qui avancent sur le même chemin quenous. L’expérience vécue et la réflexion a pos-teriori sont d’une richesse infinie. C’est ainsique l’on engrange des trésors de sagesse quel’on n’imaginait même pas.

Je me suis émancipée en devenant responsabled’un conseil de parents d’élèves. Et oui ! C’estainsi que j’ai pu explorer le monde de l’éduca-tion nationale et ses arcanes. A côté de cela,trois autres pratiques se sont révélées particu-lièrement porteuses pour affronter ce qui allaitêtre la révélation de ma vie : la danse contem-poraine pour libérer le corps, l’éleuthéropédiepour libérer l’âme, l’université et la recherche-action pour libérer l’esprit.

L’éleuthéropédie (2) m’a aidée à affronter leconflit que j’ai vécu avec l’éducation nationale.Outil de connaissance de soi et de développe-ment personnel, cette méthode opère sur troisplans :

Le rapport à soi, par des entretiens de sou-tien et/ou de re-catégorisation qui permettentde soulager les tensions qui nous mettent endifficultés dans notre vie. Ces entretiens sontréciproques ; nous apprenons ainsi à écouterl’autre et à être écouté. Il n’est pas si évidentque cela d’admettre que ce que nous vivons aun prix ! Il s’agit de faire le récit d’une situationrécente qui revient en mémoire au moment del’entretien et éventuellement d’en reprendreune partie, le nœud.

Le rapport à l’autre, dans un groupe, par desexercices d’expression et de communication.Nous apprenons à être attentifs à ce que nousvivons, ici et maintenant, et à l’exprimer. Cetexercice permet de travailler sur soi en allant àla rencontre de nos sentiments et de nos émo-tions. A la fin de cette exploration, nous com-prenons mieux que notre réaction immédiate apeu à voir avec ce qui l’a produite, mais qu’elleest le résultat de nos conditionnements. Il restebien peu de chose à dire, à la fin de l’exercice, àla personne qui a provoqué notre réaction ; unfacilitateur de paroles fait office de médiateur.

Le rapport au Monde, par des étapes de libé-ration que nous décidons de mettre en œuvredans nos engagements. Le groupe est là pour

…………… …………Retrouver le point cardinal du Réel et du Rêve

par Josiane Blanc

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connaissance de soi Dossier

nous accompagner dans cette action et nous nesommes pas obligés de réussir. A chaque ren-contre, un compte rendu de notre action estfait au groupe : nos réussites et de nos reculs.Le travail ne se fait pas dans le rapport deforce. Mais ce que j’ai connu a été bien diffé-rent car les choix que j’avais à faire n’étaientpas faciles et le rapport de force était bien pré-sent. J’ai pu sauvegarder quelque chose de« l’esprit » de l’éleuthéropédie en restantintègre dans ma manière d’être, en refusant ceque je ne voulais pas, mais en ne cherchant pasà abattre mon adversaire, ce qui n’était pas lecas en face. C’est ainsi que j’ai pu découvrir àquel point l’éducation que j’avais reçue a pubrider mes élans. Face à l’injonction d’uneparole autoritaire, je me suis confrontée à mespeurs d’enfant et à mes manques de soutienqui revenaient en force dans les moments detension qui n’ont pas manqué dans ce conflit.La recherche-action, puis le livre quelquesannées plus tard, ont déconstruit puis recons-truit les savoirs mal transmis. Séparer l’autori-té de la personne qui l’incarne a été une révé-lation car j’ai pu enfin comprendre que, dansune situation où j’aurais pu me sentir coupablede désobéir au représentant de l’Autorité, monattitude était Juste. Mon entêtement marquaitla persistance à accepter l’autorité et lesvaleurs qui l’ont construite tout en refusant lapersonne qui les pervertissait par ses actes.Ce que je retiens de ce qui fut pour moi uneaventure palpitante, car pleine d’une vie quis’affronte à la mort, c’est qu’il ne faut jamaisrepousser ou refouler une émotion trop fortecar elle est porteuse d’une question fondamen-tale. Il nous faut par contre apprendre à l’ap-procher et à l’explorer, sans danger. Elle peutnous conduire à la sérénité d’une vie accom-plie.

(1) « Une mère face à l’école, l’autorité, les abus,trouver un juste équilibre », 2007, éditions YvesMichel. http://josiane.blanc.pagesperso-orange.fr (2) http://www.eleutheropedie.org

PORTRAIT

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Dossier ouverture culturelle

N

aturellement attiré par les thèmesproches de l’écologie et la spiritualité, j’aipu à travers mon expérience profession-

nelle chez Alter Eco approfondir ces thèmes àpartir d’exemples concrets sur le terrain. J’ai eunotamment la chance de pouvoir partir à larencontre de coopératives de petits produc-teurs en Amérique du sud, en Afrique, ou enco-re en Asie. La dignité des personnes rencon-trées m’a profondément touché ; une dignitéqui se lit dans les visages et les sourires sponta-nés. Ces rencontres ont été le point de départd’une réflexion personnelle intense : si des per-sonnes vivent dignement, connectées à leurstissus sociaux et culturels, dans un environne-ment naturel, c’est bien qu’il y existe des modesde vie qui maintiennent un équilibre et unmieux-être en comparaison à des environne-

ments urbains soumis à nos modes de viecontemporains. Ce premier pas m’a permisd’ouvrir une réflexion plus large en partant ducas concret de nos choix et modèles agricolesjusqu’à une interrogation sur nos choix de civi-lisation, pour finalement retomber sur mesattraits naturels pour l’écologie et la spirituali-té avec une conviction plus profonde nourriede mes rencontres sur le terrain. C’est ce che-minement et les idées qui en sont nées que jevous propose de partager avec certains descontributeurs d’un « nouveau monde enmarche » (1).

Des enjeux communs au nord et au sudDe nombreux médias ont trop souvent tendan-ce à opposer les problématiques nord / sud.Pourtant, dans les deux cas, une agriculture de

Un nouveau monde en marcheAvec de nouvelles idées et de nouvelles valeurs

par Laurent Muratet

© E

ric Garnier • w

ww

.ericgarnier.com

Tanglang La, 5300 m, au Ladakh, en Inde, 2009.

De nouvelles idées et de nouvelles valeurs émergent de toutes parts : au nord

comme au sud. Ecologie, spiritualité, Laurent Muratet, directeur marketing

d’Alter Eco, nous témoigne de ce nouveau monde en marche.

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ouverture culturelle Dossier

petite et moyenne surface est en train de dispa-raître à grande vitesse au profit d’une agricul-ture intensive. En France, 90 % des exploita-tions ont disparu durant les 50 dernièresannées tandis que 30 millions d’ha de terresarables disparaissent chaque année sous lapression du foncier dans les pays du sud. Pour-tant, dans les deux cas, des solutions existentavec le commerce équitable, l’agriculture biolo-gique et de manière plus large, l’agro écologiequi permet d’avoir des rendements satisfai-sants : « Notre modèle de société arrive à sa fin,et, même dans les pays prospères, personnen’est plus garanti du lendemain. Parce qu’on nepeut pas continuer avec une agriculture qui,pour produire, détruit, parce que la nourritureelle-même est devenue maintenant toxique.L’agro écologie est plus qu’une alternative. Elleest un impératif, une nécessité absolue », écritPierre Rabhi (paysan, philosophe et écrivain).

Respect et dignitéJ’ai choisi de prendre l’exemple del’agriculture pour commencermon article car il est embléma-tique de nos choix contempo-rains : plutôt que de privilégierune agriculture respectueuse de ladignité humaine et de l’environne-ment, nous privilégions une agricul-ture intensive basée sur des critères derentabilité et de compétition intensive tou-jours plus dure à satisfaire. Et derrière ceschoix se trouve bien le reflet de nos modes devie mondialisés et de nos valeurs collectives.Heureusement, de nombreuses et nouvellesvoix se lèvent pour défendre un autre modèleavec de nouvelles valeurs plus respectueusesdu vivant qui permettent d’articuler des solu-tions concrètes individuelles et collectives auniveau planétaire.

L’émergence d’un nouveau système de valeurs et d’une nouvelle civilisationNous pouvons, dans l’émergence actuelled’idées et de « nouvelles » valeurs, identifierdes modes d’actions individuels qui peuventnous amener vers un mieux-être individuel,mais aussi collectif.

Un nouveau rapport au vivant :De nombreuses réflexions se lèvent actuelle-ment sur notre rapport au vivant, que ce soitdans notre rapport à l’environnement ou enco-re, de manière plus pragmatique, sur la maniè-re dont nous traitons les animaux. Sur ce pointprécis, et notamment dans notre pays, tout unpan de réflexion sur le bien-être animal est lais-sé de côté. Pourtant, est-il juste pour notre plai-sir personnel d’élever des poulets en batteries?Pour arriver à un prix abordable et compétitif,des conditions d’élevages jusqu’à nos assiettes,tout est bon! Mais le scandale est grand. Si lespackagings et le marketing associé nous lais-

sent penser que ce même poulet est élevé enplein air, ce n’est clairement trop souvent pas lecas. Notre libre arbitre et un brin d’attentionsont alors nécessaires pour nous renseigner etdécider ce que nous voulons soutenir. La déci-sion finale reste un choix individuel et intime,mais la question mérite d’être posée et réflé-chie à un niveau individuel avec des choixpotentiels pour peser de manière collective. Plus largement, concernant notre rapport auvivant, nos modes de vie contemporains nouslaissent croire que nous sommes exclus duvivant alors que nous faisons intégralementpartie d’un éco système et si ce dernier estmenacé, c’est notre espèce et nos modes de viequi sont plus largement menacés : « (…) Proté-ger le vivant, non seulement les espaces et lesespèces, mais aussi le système de support de vie(eau, air, terre). La protection du vivant s’étendaussi à la culture humaine menacée (langues,

musiques, herboristeries, techniquesd’agriculture, etc.), car les connais-

sances des anciens et des peuplespremiers disparaissent », alerteClaire Carré (enseignante, prati-cienne et performeuse en arts dumouvement, cofondatrice de l’as-sociation « Roseaux Dansants »

(2)). « Aller vers la complétudehumaine, c’est au contraire vivre une

sensibilité habitée par le monde, avoirdissous à travers le sensible cette séparation

entre le dehors et le dedans. L’écocentrismeexpérientiel est là », renchérit Bernard Boisson(photographe, écrivain, réalisateur audiovisuel(3)).

Se réapproprier le rapport au temps :Nos modes de vie contemporains laissent peud’espace à notre intériorité. Pourtant, cet espa-ce est vital, notamment pour satisfaire nos« besoins » créatifs et spirituels (dans le sensd’une extra-matérialité). Prendre chaque jourun, ou des temps de méditation peut permettreà notre « véritable » nature de s’exprimer, maiségalement nous permettre de construire uneindividualité plus forte face aux contraintes denos vies et à l’uniformisation résultante. Toutesles traditions spirituelles ont bien sûr mis enavant cette nécessité, mais ce temps intérieurest devenu quasi obligatoire pour qui veutrésister à notre époque, comme le prône Chris-tophe André (médecin psychiatre et psycho-thérapeute) et la voie de la pleine conscience :« Si la méditation connaît un tel succès aujour-d’hui, c’est parce qu’elle répond à un besoinfondamental, celui d’introspection, de calme,de lenteur, de continuité, alors que nos condi-tions de vie tendent à nous priver de tout celaavec toujours plus de sollicitations, d’interrup-tions, d’agitation, de sollicitations ».

L’apprentissage de « nouveaux » mode decommunication :

L’agro écologie est une nécessité

absolue.

Laurent Muratet estdirecteur marketing etcommunication d’AlterEco, co-initiateur dufestival de musique AlterEco, de la démarche« Agriculture françaiseéquitable ». Il est égale-ment co-auteur du livre« Un nouveau monde enmarche » avec EtienneGodinot de GandhiInternational, préfacede Stéphane Hessel et laparticipation d’Akhena-ton, Christophe André,Jean-Marie Pelt, PierreRabhi, Matthieu Ricard,Jean Ziegler, etc.), auxéditions Yves Michel,2011.

PORTRAIT

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Dossier ouverture culturelle

Quand nous sommes à l’école (primaire, collè-ge, etc.), nous en apprenons finalement peu surcomment communiquer entre nous, commenttravailler de manière collective en respectantles contributions mutuelles. Des apports telsque la communication non violente ou encorela sociocratie permettent pourtant d’aller versune communication plus harmonieuse etconcernant la sociocratie, vers des modes degouvernance plus respectueux du vivant : « Lacommunication non violente est une approchede la relation à soi, à l’autre et à la vie, basée surla conscience que les êtres humains ont fonda-mentalement les mêmes besoins par nature.Par leur culture ou leurs parcours personnels,ils ont souvent appris à exprimer leurs besoinsde façons différentes, ce qui est la source debien des conflits. En apprenant à nous exprimeret à nous écouter en terme de besoins — plutôtque par les moyens habituels que sont les juge-ments et les interprétations, les croyances et lespréjugés, et les automatismes de la penséebinaire (dualité) — nous nous donnons beau-coup plus de chance de nous rencontrer sur unterrain qui nous rassemble », explique Thomasd’Ansembourg (thérapeute, auteur et confé-rencier).

La nécessité de se mélanger :Nos spécialisations, la sophistication à outrancede notre société, particulièrement dans nosmétiers, mais également le manque de temps,tendent à nous maintenir dans un réseau depersonnes homogènes avec souvent le mêmetype de parcours et de métier. Là aussi, celademande un effort individuel et un premier pasafin d’aller à la rencontre de l’autre et surtoutde personnes issues d’horizons différents. Celaa été le signe dans l’histoire de sociétés équili-brées et particulièrement vivantes ; les artistes,les marchands, les philosophes, se côtoyaientquotidiennement et influaient de ce fait surleurs manières d’agir et d’être. Cette interdisci-plinarité nécessaire permet à nos esprits de seféconder et plus simplement de se détendreaux contacts d’autres disciplines. Cela permetégalement de garder une vue d’ensemble de lasociété, ses valeurs, et de conserver un équilibrenaturel au niveau sociétal ; une conception quis’oppose aujourd’hui à nos vies où règne tropsouvent un fourmillement quotidien et où cha-cun peut facilement perdre les questions essen-tielles sur le sens de sa vie, le pourquoi de sesagissements quotidiens. Se mélanger dans noscultures, bien sûr, et si cela est possible, prendrele temps d’écouter les messages d’autres civili-sations qui portent un regard sur notre sociétécontemporaine : « Dans notre communauté,nous avons tous réalisé un ensemble d’actionsde développement de différentes pratiques tra-ditionnelles qui apportent une façon de vivredifférente du mode de vie urbain. Une manièredifférente de se nourrir, de porter la notion dedéveloppement durable par rapport aux res-sources naturelles, une façon de respecter l’en-vironnement, considéré comme un tout et nonpas comme un moyen. Et d’exploiter les res-sources de manière responsable, en sachant ceque chaque chose représente pour chacun denous. Dans la communauté, nous avons pourmission de transmettre notre culture au mondeextérieur. Mon travail a été intense pour pré-server la culture, la tradition et les coutumes denos peuples », nous explique Haru Kuntanawa(leader amérindien du Brésil, Etat de l’Acre,sud-ouest du Brésil).

(1) Livre dont je suis co-auteur avec Etienne Godi-not de Gandhi International aux éditions YvesMichel, 2011, préface de Stéphane Hessel et la par-ticipation d’Akhenaton, Christophe André, Jean-Marie Pelt, Pierre Rabhi, Matthieu Ricard, Jean Zie-gler, etc.). (2) www.roseaux-dansants.org(3) wwww.natureprimordiale.org

J’ATTENDS UNE ICONO DE LAURENT

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Dossier écologie corporelle

L

e terme d’écomédecine est né à l’occasionde l’organisation d’un colloque à la facul-té de pharmacie de Paris en 2005. Nous

avions eu l’idée de réunir pour la première foisdes thérapeutes, aussi bien médecins que den-tistes et vétérinaires, de chacune des spécialités

suivantes : médecine traditionnelle chinoise,médecine ayurvédique, homéopathie, naturo-pathie, phytothérapie, ostéopathie, microkiné-sithérapie.

Les spécificités et les vertus des écomédecines« Eco », comme « écologie », car ces thérapiesprennent en compte l’environnement extérieuret intérieur de l’individu, son hygiène de vie,son alimentation, son habitat, son mode detransport, ses conditions de vie, ses antécédentsmédicaux personnels et familiaux. Elles ont despoints communs essentiels :

Elles considèrent le patient dans sa globalitéphysique et psychologique ;

Elles s’attachent moins au symptôme qu’àson origine ;

Elles visent à renforcer le terrain et l’immu-nité ;

Elles utilisent le concept de rééquilibrageénergétique ;

Elles sont en harmonie avec le respect del’environnement, en proposant des traitementsà base de produits naturels et sans déchetstoxiques ;

Elles donnent une grande place à la préven-tion ;

Elles sont sans effets secondaires ;Elles sont pour la plupart un patrimoine de

l’humanité car elles reposent sur des traditionsmillénaires ;

Elles correspondent aux définitions de lasanté des grandes institutions. Ainsi, selon lesstatuts de l’Organisation Mondiale de la Santé(OMS), « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consistepas seulement en une absence de maladie oud’infirmité ». Selon la Déclaration universelledes droits de l’homme du 10 décembre 1948,l’article 12.1 nous dit « reconnaître le droitpour toute personne de jouir du meilleur étatphysique et mental qu’elle soit capable d’at-teindre ». Selon la Déclaration de Stockholmdu 16 juin 1972 (Conférence des NationsUnies), « L’homme a un droit fondamental à la

La médecine allopathique, si elle peut être performante dans certains domaines,

ne peut pas être la seule médecine. Elle est limitée, coûteuse et crée de nombreux

dégâts écologiques. Les écomédecines sont bonnes pour l’individu et pour la planè-

te et elles répondent davantage à nos préoccupations citoyennes.

Plaidoyer en faveur des écomédecinesLa médecine du futur sera écologique ou ne sera pas

par le Dr Dominique Eraud

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GTao Numéro spécial 33des vidéos à télécharger sur www.generation-tao.com

écologie corporelle Dossier

liberté, à l’égalité et à des conditions de viesatisfaisantes dans un environnement dont laqualité lui permette de vivre dans la dignité etle bien-être et le droit à la vie même fait partiedes droits fondamentaux ». Le ParlementEuropéen, avec la résolution du A 460075 de1997 s’est prononcé en faveur de la reconnais-sance des médecines non conventionnellesdans les pays membres de l’Union Européen-ne. Poursuivons encore… Le texte de l’OMS,« Stratégies pour les médecines tradition-nelles » (2002-2005), recommande aux Etats,d’une part pour les pays en voie de développe-ment : le recours aux « médecines tradition-nelles » à travers des dispositions qui permet-tent une qualité et un suivi de l’enseignementainsi que la protection des écosystèmes qui per-mettent d’assurer les récoltes des plantes médi-cinales. D’autre part, pour les pays développés :le recours au pluralisme thérapeutique par « lesmédecines complémentaires ».

Retisser le lien entre l’homme et sonenvironnementMais sur le terrain, malgré les« grandes » déclarations de ces« grandes » Institutions, il y acomme un mur. Comment alorss'engager au niveau individuel etcollectif pour retisser le lien entrel'homme et son environnement? Ily a longtemps, la relation « environ-nement/santé » était une évidence. Jerends ici hommage à Hippocrate qui adit : « C'est la nature qui soigne, le médecin nefait que l'assister ». Il nous revient donc aujour-d'hui de nous engager à notre tour pour unereconnaissance accrue des médecines écolo-giques et de leur approche. Cela suppose plu-sieurs démarches citoyennes :1. Eduquer et prévenir par un travail ciblé d'in-formation et de sensibilisation sur les liensentre alimentation, soins de peau, santé et envi-ronnement. Il conviendrait en particulier defavoriser l'accès à des produits biologiques etde promouvoir le respect de son propre corps.2. Lutter pour la liberté de choix thérapeu-tique : en Occident, plus de la moitié de lapopulation a recours, de manière régulière ouoccasionnelle, à des médecines complémen-taires. Or, elles souffrent (à l'instar des théra-peutes) d'une ségrégation insidieuse par ledénigrement, la désinformation et le faible tauxde remboursement.3. Former les médecins aux pathologies émer-gentes : les nouvelles maladies dues notammentaux polluants chimiques ne sont guère ensei-gnées dans les facultés de médecine. Il faudraitcréer un Master en « santé environnementale »et faire connaître les solutions fournies par cesmédecines.4. Former les médecins aux médecines écolo-giques : autrefois, les médecins « faisaient leurshumanités ». Forts en Latin, Grec et en Lettres,

ils se mettaient à l'école des Anciens et deve-naient ainsi des humanistes. Qui formons-nousaujourd'hui? Des experts en mathématiques etphysique. Quand ils sont sur le marché du tra-vail, leur tendance est d’inventer de nouvellestechnologies et ils appellent cela « le progrès » !Mais le progrès n'est pas de trouver de nou-velles molécules thérapeutiques de synthèse àbase de pétrole, ou des technologies de dia-gnostic toujours plus puissantes pour les nou-velles pathologies émergentes (c'est-à-direliées à l'environnement), c'est de diminuer lescauses engendrant ces pathologies et doncdiminuer le pourcentage de ces maladies.5. Valoriser le bas coût de ces médecines : ellesne coûtent pas cher ! Elles sont bien adaptéesaux populations les plus démunies, ici et dansles pays les plus pauvres (citons l'exemple de« SH, Solidarité Homéopathie », une ONG quiapporte des formations en homéopathie et enacupuncture à l'étranger et dans les dispen-saires en France). Les médecins pratiquant lesécomédecines prescrivent deux fois moins de

médicaments, deux fois moins d'analyseset d'examens complémentaires et

quatre fois moins d'indemnitésjournalières. Par ailleurs, nousconnaissons l'augmentation despathologies iatrogènes et leurcoût pour la société ; aux USA, lesmaladies iatrogènes sont la 3e

cause de décès ; les écomédecinesn'ont pas ce type d'effet secondaire.

6. Développer des réseaux permettant,d'une part de coordonner tous les organismes

institutionnels et indépendants (concernés parles liens santé/environnement) et, d'autre part,de créer davantage de ponts et de synergiesentre les multiples thérapies complémentaires.7. Créer dans tous les hôpitaux et les dispen-saires des consultations : en homéopathie, acu-puncture, phytothérapie et ostéopathie.8. Avoir des représentants dans toutes les com-missions médicales des institutions.9. Créer une Haute Autorité Sanitaire enexpertise indépendante.

Une médecine qui responsabiliseLa médecine allopathique s’est construite surce qui est observable : on traite un symptôme.Et elle s’oriente toujours vers plus de technolo-gie. On nous dit : « La science va résoudre vosproblèmes ». Certes, cette médecine est parfai-te dans le domaine des urgences, des maladiesdégénératives ou lorsqu’il y a des lésions. Maisles médecines écologiques (que l’on appelleaussi médecines complémentaires ou alterna-tives) aident le patient à voir sa santé différem-ment. Elles l’amènent à mieux piloter lui-même son état de santé grâce outils qui lui sontproposés et aux comportements à adopter quilui sont suggérés. C’est ainsi qu’en Chineancienne le patient ne rémunérait son médecinque s’il restait en bonne santé. On allait voir

Les écoméde-cines protègent

la planète.

Le Docteur DominiqueEraud est spécialisé enacupuncture, phytothé-rapie et nutrition. Elleest également fondatriced’Intelligence verte, ducolloque écomédecines,de la CNMSE (Coordina-tion Nationale MédicaleSanté Environnement) etdu RES (Réseau Environ-nement Santé). Elle aparticipé à l’écriture deplusieurs ouvrages dont« Biocosmétiques : Lapuissance de la natureau cœur de la beauté »avec Estelle Guerven,Guy Trédaniel, 2008.

PORTRAIT

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34 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

son médecin régulièrement, en prévention. Etsi la maladie se présentait, c’est que le méde-cin n’avait pas assuré sa mission.

Ce sont des médecines propres !Ce sont des médecines propres pour l’environ-nement ; les patients et les thérapeutes sont parailleurs souvent très impliqués dans la protec-tion de l’environnement. Ils sont conscients desdégâts écologiques générés par l’industriepharmaceutique où les médicaments allopa-thiques dépendent de la pétrochimie. Comptetenu du futur manque de pétrole annoncé, nousn’aurons plus les moyens de cette médecine. Letraitement des déchets venant des médica-ments non utilisés est aussi un grave problème.Paul Lannoye, scientifique de renom et anciendéputé européen, fervent défenseur desmédecines complémentaires, a déclarélors de l’ouverture du 2e colloque« écomédecines » qui s’est tenu enoctobre 2007, à Paris : « Lorsqu’onparle d’efficacité d’un médica-ment ou d’une thérapie, on sous-entend qu’il s’agit de faire dispa-raître à bref délai l’un ou l’autresymptôme de la maladie ; de nom-breux traitements et médicaments peu-vent s’avérer efficaces dans l’immédiat et auminimum inutiles, sinon nuisibles à plus longterme ; or, les médecines non conventionnellesne présentent pas ce type de défaut. On deman-de des exigences aux études cliniques pour cesmédecines que l’on ne demande pas pour lesmédecines allopathiques. Par exemple, les tech-niques chirurgicales ne sont presque jamais tes-tées dans le cadre d’études contrôlées. Il amême été prouvé que certaines techniquesnouvelles et largement admises n’obtiennentpas de meilleurs résultats que les anciennes ».

Un choix citoyenLe type de médecine que nous choisissons estun choix citoyen, comme ce que l’on mange,parce qu'il faut tenir compte de la notion d'en-vironnement : non seulement l'environnementde plus en plus pollué nous rend malade à tra-vers ce que nous mangeons, buvons, respirons

ou appliquons sur notre peau, mais la médeci-ne elle-même, avec la production pharmaceu-tique allopathique (à base de pétrochimie) ettout ce qu'elle évacue sous forme de déchets« toxiques », provoque de graves dégâts écolo-giques. Ces déchets toxiques sont dus : — A l'industrie pharmaceutique elle-même:les médicaments produits sont toxiques pourl'Homme et pour la planète. Leurs modes deproduction produisent des déchets toxiques(déversés dans l'eau, etc.) et le mode de fonc-tionnement des usines est lourd pour l'em-preinte écologique ;— Aux hôpitaux et aux cliniques : du fait deleur fonctionnement et de leurs déchets ;— Au « retraitement » des médicaments nonutilisés et périmés (qui n'a pas jeté dans son

lavabo un médicament périmé?).— A nos propres déchets : l'urine, avec

les molécules chimiques qu'ellecontient ! Chacun de nous polluel'eau en évacuant ce qu'il a bu (lesrivières et les poissons sont ensui-te pollués). Nous pourrions rédui-re considérablement cette pollu-

tion en faisant attention à ce quenous absorbons.

Les écomédecines répondent très bienau principe « primum non nocere ». Elles

sont bonnes pour l’individu et elles sont bonnespour la planète. Il a été démontré par un son-dage IPSOS que les médecins pratiquant cesmédecines ne subissent pas le « burn out » quitouche tant les médecins généralistes ; ils sont àl'aise, épanouis, nourris par le sentiment d’unretour vers l'éthique, d’une liberté d'exercice etde restituer à la médecine son statut d'Art.La relation environnement et santé ayant long-temps été reconnue dans les grandes civilisa-tions, nous espérons et souhaitons aujourd’huique nous nous dirigions vers un libre choix thé-rapeutique et vers une reconnaissance de plusen plus large de ces médecines alternatives carla médecine du futur sera écologique ou nesera pas.

Dossier écologie corporelle

Vers un libre choix

thérapeutique.

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36 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

La danse des 5 animaux

PORTRAIT

L

a Chine qu’habitaient les Taoïstes dansles temps anciens était chamanique. Peu-plée d’esprits, la terre était pétrie de

contes et de légendes. Les Hommes entrete-naient un lien intime avec la nature. Ilsentraient en transe et parlaient aux plantes,voyageaient avec les animaux qu’ils obser-vaient de longues heures pour en absorber lagestuelle et leur rythme. Parmi eux, il y a plusde quinze cents ans vivait un médecin qui s’ap-pelait Hua Tuo (145-208 ap. J.-C.). Devenucélèbre, on l’appella le père de la chirurgie. Ilavait en effet mis au point une décoctioncapable de soulager la douleur par son actionnarcotique. C’est ainsi qu’il réalisa les pre-mières ouvertures abdominales. En Occident, ilfaudra attendre 1848 pour que l’anesthésiesous éther soit utilisée. Hua Tuo a égalementconsolidé sa réputation en inventant l’un desgrands classiques du Qi Gong, le « Jeu des cinqanimaux ».

La quintessence énergétique de l’animalHua Tuo trouvait que ses contemporains tom-baient souvent malades par manque d’activitéphysique (déjà!), il eut alors l’idée de s’inspirerdu savoir ancestral chamanique et constitua unensemble gestuel qui imitait les attitudes fami-lières de certains animaux. Mais imiter ne signi-fiait pas reproduire. Il fallait pouvoir entrer enrésonance avec la qualité vibratoire de l’animal.Tel un chasseur pacifique, l’objectif était de« capturer » la quintessence de leurs énergiespour l’alchimier en soi et bénéficier ainsi de leurforce vitale. Pour faciliter la digestion et la trans-formation des aliments, Hua Tuo examina la viedes ours ; pour fortifier et dynamiser la circula-tion de l’énergie et du sang, il observa les mou-vements du singe; pour libérer les émotionsstagnantes, il étudia le comportement des tigres ;pour renforcer la puissance sexuelle, il apprécial’attitude des cerfs ; et pour améliorer la capaci-té respiratoire, il admiré le vol des grues.

L’essence des forces naturellesDepuis l’époque de Hua Tuo, le « Jeu des cinqanimaux » a été pratiqué par le peuple chinoissans interruption. Aussi les formes se sont-ellespeu à peu modifiées et multipliées. Wu WudongWu, la « Danse des cinq animaux », est une cho-régraphie de mouvements composée des cinqanimaux emblématiques. La tradition gestuelletaoïste aime utiliser le mot « jouer », car on «joue » l’animal, on « joue » le mouvement. C’estdans le jeu que la justesse d’un geste s’acquiert.Selon le système de correspondances de l’éner-gétique traditionelle chinoise, les cinq Mouve-ments (ou cinq Eléments), chaque animal estmis en relation avec un organe et le mouve-ment/l’élément dont il dépend. C’est ainsi quel’Ours représente la Rate et la Terre ; le Singe,le Rein et l’Eau ; le Tigre, le Foie et le Bois ; leCerf, le Cœur et le Feu ; la Grue, le Poumon etle Métal. Enfin, un son, une note est attribuée àchaque animal. La danse des cinq animauxforme ainsi un tout qui exprime l'essence desforces naturelles qui composent l'univers etdont l'alternance forme le grand cycle annueldes énergies cosmiques.

A travers leur relation fusionnelle

avec les forces cosmo-telluriques,

les Taoïstes, philosophes de l’instant présent,

de la spontanéité et de la métamorphose,

du lâcher-prise et du Wu Wei, pourraient être

les ancêtres de l’écologie.

L’essence des forces naturellespar Colette Gillardeaux

Dossier écologie corporelle

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38 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

A

pprendre est naturel à l’humain, et notam-ment au petit humain. En revanche, édu-quer consiste à former, donner une forme

et même « guider hors de », selon la propre éty-mologie de educare. Or, le propos d’une éduca-tion émotionnelle serait au contraire d’accom-pagner les enfants (ou les adultes) à explorerleur paysage émotionnel intérieur, dans unapprentissage centré sur les besoins et respec-tueux de la nature de chacun.

Vivre nos émotions !Le terme d’intelligence émotionnelle conçu parle psychologue Daniel Goleman et son QE per-mettant de la calculer (!) est à la mode. Etudes

à l’appui, « Psychologies Magazine » écrit queles « winners », ceux qui vivent des vies profes-sionnelles et personnelles plus épanouies,démontrent une intelligence émotionnelle éle-vée. L’intelligence émotionnelle consiste àaccueillir ses propres émotions, à les recon-naître, à les contrôler, et également à contrôlercelles des autres. Attention toutefois au risquede contrôler, et peut-être même de manipulernos émotions ! Les émotions, toutes les émo-tions, sont nos amies ! Elles nous guident defaçon extrêmement juste et subtile et leursmanifestations physiques sont autant de solu-tions corporelles totalement adéquates et parlà-même nécessaires à ce que nous vivons…

crédit photo: D

.R.

Dossier valeurs féminines

L’éducation des enfants, la transmission, se situe au cœur des préoccupations des

Créatifs Culturels. Les émotions sont souvent dévalorisées ou jugées par le système

scolaire. N’est-ce pas là le fruit de nos propres difficultés à les accueillir?

Vers une éducation émotionnelleEcouter, accueillir, sans juger, sans détruire

par Céline Laly

Page 34: NUMÉRO SPÉCIAL CRÉATIFS CULTURELS

GTao Numéro spécial 39des vidéos à télécharger sur www.generation-tao.com

valeurs féminines Dossier

Mieux que de nous apprendre à les contrôler,disons alors qu’une « éducation émotionnelle »juste nous aiderait à vivre nos émotions. Et il ya bien sûr ici tout le vécu, toute l’histoire del’éducateur qui joue et qui se joue, et ce, defaçon interpersonnelle bien évidemment, maisaussi culturelle.

N’ayons plus peur de nos émotions !Longtemps, sans avoir questionné l’éducationque j’avais reçue, je voyais dans les enfantsdébordants d’émotions des enfants mal élevés.Et puis, j'ai eu la chance de vivre au Pérou. Surla côte pacifique, métisse, j'ai rencontré desenfants explosifs ou larmoyants, jamais bridés,qui devenaient des adolescents sereins.Lorsqu'un enfant pleure, il est conso-lé, tout simplement, et si les pleursdeviennent une tempête, l'enfantreste parmi les adultes à pleurer,les adultes continuent ce qu'ilsont à faire sans l'exclure, sans lepunir. Les émotions vont et vien-nent au rythme de l’océan toutproche. En France, comme la définitle dictionnaire Larousse : « L’émotionest un trouble, une agitation passagère ou unétat affectif intense, caractérisée par unebrusque perturbation physique et mentale »,autant dire que notre culture, ce n’est pas unesurprise, est assez peu familière des émotionsintégrées au quotidien. Pourtant les petitesémotions délicieuses, les sentiments aux millesnuances qui nous rendent pulpeux, ne font-ilspas le jus de la vie? Heureusement que lesTaoïstes ont apporté à cet édifice une pierregigantesque en décrivant les émotions commedes énergies en circulation.

Respectons les émotions de nos enfants

Alors, quelle serait une « éducation émotion-nelle »? Elever nos enfants en respectant leursémotions est une première étape. Mais pour-quoi est-ce parfois si difficile? Qu’est-ce quim’impacte à ce point dans cette crise delarmes? Peut-être bien cette partie de moi quin’a pas eu le droit de pleurer. En effet, com-ment donner à l’autre, y compris à mon propreenfant, ce que je n’ai pas reçu? Un travail sursoi-même est alors certainement indispensable. Je suis maman d'un petit garçon de trois ans etje suis souvent décontenancée par les torrentsd'émotions qu'il déverse d'un coup : colères àse jeter par terre, tristesses à en suffoquer, tour-billons de joie épuisants, peurs venues

d'ailleurs… Enfant, mes émotions ont sou-vent été identifiées comme des

« caprices ». C’est une solution pra-tique que nous utilisons tous pourdistancier les émotions, les nier etpar là-même, embrouiller lesenfants dans leur propre connais-sance d’eux-mêmes. Alors qu’il suf-

fit bien souvent d’écouter, d’ac-cueillir, sans opiner, sans juger, sans

détruire. Alors, les enfants ont une chan-ce pour grandir, pour panser leurs blessures etpour eux-mêmes, de s’éduquer à leurs émo-tions ! C'est l'équilibre si précieux et compliquéà trouver pour les adultes. A quel moment monécoute n’est plus juste car je ne m’écoute plus?Qu'est-ce qui résonne en moi? Et que fairealors? S'isoler, prendre un temps de décom-pression, respirer, se reposer sur les personnesprésentes s’il y en a?…

L’apprentissage de l’empathieLa deuxième étape consiste à accompagnerl'enfant qui grandit, tout en laissant toute l'ou-verture et la disponibilité possibles pour être

Comment donner ce que

je n’ai pas reçu?

EDUQUER AUTREMENT

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40 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

Dossier valeurs féminines

soi-même touché, car le chemin continue unefois adulte… Quand nos propres émotions ontété écoutées, nous pouvons écouter celles desautres. C’est l’apprentissage de l’empathie quicommence, nécessaire pour des relations har-monieuses. L’accompagnement prend ainsi uneautre dimension en contexte communautaire :fratrie, classes, groupes d’enfants (oud’adultes). L’éducation émotionnellerejoint l’éducation relationnelle etrecoupe des notions du « vivreensemble ». La tâche des éduca-teurs : parents, enseignants,adultes en contact avec lesenfants s’apparente alors à celled’un chef d’orchestre qui sait écou-ter plus un instrument tout en gui-dant tous et chacun. Et nous n’ysommes pas préparés ! Heureusement, ilexiste des formations à la parentalité respec-tueuse comme les ateliers « Faber&Mazlich »,et des formations professionnelles données parexemple par l’Institut de Formation du« MAN » (Mouvement pour les AlternativesNon-Violentes). Un certain nombre d’auteurspeuvent être des ressources en ce domainecomme Isabelle Filliozat, « Au cœur des émo-tions de l’enfant », ainsi que les revues « Gran-dir autrement » et « L'enfant et la vie ».

Il y a des solutions !Les émotions déclinées au collectif galvanisent(ou écrasent). Cette énergie, si elle est orientéeavec sagesse, est porteuse de dynamiques.Comment faire ? Voici quelques pistes. Leguide « émotions dans la classe » proposé aux

enseignants dans le cadre de la pédagogie Frei-net regroupe des pistes et des récits de tranchesde vie. Les résonances des histoires, portées parles émotions, induisent un certain état d'éner-gie que l’enseignant peut canaliser pour ouvrirun espace de partage, d’expression ou mêmediriger pour la réalisation de travaux collectifsou individuels. Dans un autre cadre, la proposi-tion des ateliers « Mouv’arts » conçus par Isa-belle Martinez vient magnifier une émotion ouun sentiment nés du sensible et saisir l’instan-tané dans une création artistique. Dans lesécoles nouvelles et les écoles proposant despédagogies alternatives comme Steiner, descercles de paroles sont ritualisés pour per-mettre des temps d’expression des émotions.

Consacrer du tempsLe quotidien d’un enfant (et d’un adulte) estrempli d’émotions, surtout dans le contexte descollectivités. Il est dès lors important de consa-crer du temps à l’éducation émotionnelle. Parexemple, lors d’un conflit. Deux enfants en basâge se disputent un jouet, l’un a arraché le jouetdes mains de l’autre. Prendre le temps d’être là,d’écouter la frustration légitime de l’un et lajuste agressivité de l’autre comme impulsion d’« aller vers », tout en expliquant les normes deconduite sociale pour une vie en commun flui-de. On peut aussi ramener l’enfant à ses sensa-tions physiques pour les accompagner dans la

découverte d’eux-mêmes : tu trembles? Tespoings sont contractés? Tu as chaud?

Par ailleurs, il est précieux de propo-ser des temps de jeux qui sont lemeilleur moyen d’apprentissage.Michel Claeys Bouuaert proposesur son site http://www.education-emotionnelle.com des fiches

d’idées d’ateliers, comme parexemple le thermomètre à émotions :

un panneau en forme de thermomètre,avec des émotions représentées par des

visages expressifs sur chaque degré, surlequelles enfants sont invités à placer leur pion.Nous sommes des êtres de chair, d'os et d'émo-tions. Pas de vie sans émotion ou sentiments.Grandes ou ténues… Vivre, apprendre, grandirne peut donc pas faire « sans », au risque detomber malade! Pour soi, dans la famille, àl’école, en entreprise, dans les groupes de per-sonnes réunies par le hasard ou autour d’unprojet, les émotions sont là. Voici donc un plai-doyer pour une éducation émotionnelle.

Prendre le temps d’être là.

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.R.

Après des études àSciencesPo et à l'ESCP,Céline Laly part explorerle monde et tombe enamour du Pérou. Lesscènes qu'elle vit l'inspi-rent et elle écrit des« chroniques du quoti-dien » dont certainessont publiées sur sonblog : unmonde-rond.com. Elle découvreaussi un pays« dansant » qui nourritsa passion du mouve-ment. Certifiée instruc-trice de Wutao, elleenseigne à Lyon.

PORTRAIT

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Ils s’appellent Christine, Antoine, Julie, Audrey et ont choisi un nouveau mode de

vie. Une artiste, Elsa Dréau-Rivière, les a mis à l’honneur à travers une exposition.

I

l y a près d'une dizaine d'années, j’aidécouvert la région des Cévennes. Fasci-née par la nature, ses secrets et cette

douce solitude, j’ai d’abord beaucoup marché.Puis je suis revenue vers le monde des humains.

Eclosion du projetLes gens que j’ai rencontrés dans ces mon-tagnes me sont apparus créatifs, libres. Simples,sages. Profondément ancrés dans leur époque,avec une vision de l'avenir. Artistes, agriculteursbiologiques, bâtisseurs écologiques, thérapeutesou enseignants alternatifs, j’ai décidé de cueillirquelques portraits afin de recréer une sorted'écosystème et d’observer ses ramificationsévidentes et secrètes : comment êtes-vous arrivéici? Quelle est votre motivation quoti-dienne? Secrète et profonde? Votredétermination ? Vivez-vous enaccord avec vous-mêmes? Je les aiinterviewés, parfois des heuresdurant. Puis je les prenais enphoto en en leur proposant unthème: veux-tu tenir un miroir?Me montrer des mouvements deTao? Les personnes me proposaientd'aller dans des lieux qui les inspiraient.

Chrysalide du projetDepuis huit ans environ, par intuition et obser-vation, je pressentais que le capitalisme était enmutation. J’ai découvert que la transition versautre chose s'effectuait à partir de petites initia-tives personnelles. Pourquoi aucun média nesemblait le refléter? Combien de personnesétaient réellement dans cette démarche de parle monde? Quelles répercussions ces initiativesavaient-elles sur la société? Mon soulagementfut grand lorsque j’ai lu l’étude sur l'émergencedes créatifs culturels (1). Elle m’a donné laforce de continuer mon travail, de l'éclairer etde pouvoir le défendre. Loin d'être une simpleréaction à un monde violent, j’apprenais que ce« nouveau continent des créateurs de cultures »n'avait pas de frontière géographique et qu’ilétait très peuplé : « Cette population cultive unesensibilité résolument nouvelle et cohérentejusque dans ses comportements quotidiens :notre société est sur le point d'écrire une nou-velle page de son histoire » (2). Et puis, j’ai

découvert le « Manuel de transition » (3) quipropose des solutions concrètes sur la transfor-mation rapide que nous devons mener à bien.J’ai appris l'existence d'un groupe de Transition(4) dans mon propre village! J’ai suivi de plusprès le mouvement Colibri qui organise desforums ouverts avec les citoyens (5). J’ai décou-vert la « permaculture » (6). Les vieux militantsont commencé à utiliser des outils de communi-cations différents comme le recentrage endébut de réunion ou les forums ouverts. LesCréatifs Culturels brouillent les pistes galvau-dées, empruntent des chemins de traverse etconstruisent des ponts entre tous et tout. Les« spiritualistes » apportent leur vision d'en-semble aux « écologistes » en les calmant, en éti-

rant le temps là où il n'y en avait plus, tan-dis qu'en retour les « écologistes »

apportent aux « spiritualistes » laréalisation concrète et conscien-cieuse qui leur fait souvent défaut.

Papillon du projetC’est le temps de l’exposition.

Jamais je n'aurais pensé un accueilaussi enthousiaste. Le puzzle prend

forme. Les gens s'arrêtent devant chaquephotographie, chaque extrait d'interview etlisent attentivement le panneau: « Etes-vous unCréatifs Culturels? ». Le public devient acteuren « incarnant son utopie ». Des personnes merecroisent le lendemain et m'accostent : — Com-ment s'appelle-t-on déjà? — Euh, je m'appelleElsa, et vous? — Mais non, comment s'appelle-t-on déjà? — Ah, oui! Créatifs Culturels, on estdes Créatifs Culturels!

(1) Association pour la biodiversité culturelle, « LesCréatifs Culturels en France », éd Yves Michel, 2007. (2) P. H.Ray et S. R. Anderson, « L'émergence desCréatifs Culturels », éd Yves Michel, 2001.(3) Rob Hopkins, « Manuel de transition : de ladépendance du pétrole à la résilience locale », édécosociété, 2010.(4) Le Mouvement transition a démarré à Totnes, enAngleterre, en 2006 : www.transitionfrance.fr(5) Le Mouvement Colibri a été initié par PierreRabhi : www.colibris-lemouvement.org(6) Permaculture : agriculture permanente qui prenden compte tout l'écosystème (concept à la base dela transition).

PORTRAIT

Dossier enjeu sociétal

Culture en transitionpar Elsa Dréau-Rivière

Portraits de Créatifs Culturels

Incarner son utopie.

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des vidéos à télécharger sur www.generation-tao.com GTao Numéro spécial 43

enjeu sociétal Dossier

ANTOINE, zoroartiste (celui qui entend la voix des sages), 26 ans, LeVigan, décembre 2010 (philosophie) :

« (...) Nous sommes à la fin du désenchantement du monde. Dans leCrash. Effectivement, le système ne marche plus, il n'est plus d'actualité.C'est une très belle métaphore de renaissance, cette résurrection. Il fautd'abord que la larve meure. Nous devons pousser à bout les vieilles valeursjusqu'à leur extinction, pour que l'on éprouve, je répète, que l'on éprouveet non que l'on se dise, que ces valeurs ne tiennent plus ».

JUJU, AUDREY (et LUCIE), 31 ans, boulan-gers bio, St-Roman-de-Codières, octobre2010 :

« Dans les Cévennes, j'ai trouvé une forme desolidarité et de travail qui me plaisent. Onpeut reproduire ce qui se passe ici n'importeoù, simplement il n'y a pas forcément lamême volonté. L'isolement par rapport auxgrosses industries aide à créer cette manièrede vivre ».

CHRISTINE, sage-femme accouchement à domicile, enseignante du Taode la femme, 43 ans, Mandagoût, avril 2011 :

« A quarante-trois ans, je me sens dépositaire d'un trésor. Celui de tousces couples et tous ces corps de femmes avec lesquels j'ai partagé l'ac-couchement et que j'ai accompagnées. A l'heure actuelle, il nous estproposé de faire de vrais choix, parce que nous avons les moyens denous informer, de prendre des décisions. Et qu'il y a besoin aussi de per-sonnes comme nous qui « marchent leurs paroles », c'est-à-dire quiappliquent dans leur vie quotidienne toutes ces prises de conscience. »

Page 39: NUMÉRO SPÉCIAL CRÉATIFS CULTURELS

44 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

Dossier enjeu sociétal

FRANK, fasciathérapeute, quelque part dans les Cévennesdu Sud, 40 ans, janvier 2011 (médecine alternative) :

« Nous partageons des valeurs, des croyances, des culturescommunes. Mais au sein de tout cela, nous avons notrepropre capacité à matérialiser notre beauté, qui ne sera pasla même pour chacun. (…) Est-ce dans une idée de rébellionque l'on vient ici,pour fuir la société? Que tu obéisses ou que tu sois en rébel-lion, tu continues de nourrir l'intentionque la société projette sur toi. Tu peux être, soit un moutonblanc, soit un mouton noir, mais tu esquand même dans la matrice. Si tu trouves une autre inten-tion pour créer ta vie, tu n'es plus enréaction contre la société, tu n'as plus peur, tu ne nourrisplus la guerre, tu sors complètement de cecycle. Peut-être qu’il est utile d'être en réaction, mais il fautse projeter au-delà ».

Retrouver l'exposition sur le site:http://elsadreauriviere.hautetfort.comSi vous êtes intéressé pour programmer l’expo, vous pouvez la contacter:[email protected]

ÉLISE et CLAYRE, La Grange, lieu culturel, 27 et 28 ans, Causse-de-la-Selle,novembre 2010 (art et culture) :

« C'est une copine du lycée qui m'a rappelé que je disais à l'époque : — Moi, je veuxfaire de ma vie une œuvre d'art. Voilà où se loge ma détermination profonde. Nousnous sommes construites une vie très intéressante en proposant des choses qui font dubien. En gardant l'idée de ce que nous espéronsamener au monde extérieur ».

JULIE, jardinière et animatrice à Terre et Humanisme, 43 ans, Lablachère, Ardèche,septembre 2011 (agro écologie) :

« Parfois, les gens arrivent avec un besoin de voir émerger une nouvelle société, ou dumoins ils sont en recherche de quelque chose de nouveau dans leur vie. Très souvent,en repartant, ils disent : - Ah cela me donne du courage ! Parce que je vois qu'il y ades possibilités, comme se mettre en relation avec un réseau beaucoup plus grand ».

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46 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

Dossier connaissance de soi

GTao : Qu’est-ce que l’écospychologie? S’agit-ild’une forme de psychothérapie?

Patrick Guérin : L’écopsychologie n’est pasune psychothérapie. Il s’agit davantage d’unegrille de lecture ou d’une philosophie de larelation de l’homme à la nature. Nous déve-loppons dans notre ouvrage l’idée selonlaquelle la nature que nous voyons à l’exté-rieur est « de même nature » que celle à l’inté-rieur de nous. Les autres thérapies sont del’ordre du bien-être avec le présupposé des

bienfaits extérieurs que nous pouvons retirerde la nature (cure, retraite, stages). Or, l’éco-psychologie ce n’est pas du tout cela.

Marie Romanens : L’écopsychologie représen-te fondamentalement un lieu d’introspectionet de recherche sur ce qui se passe entre l’êtrehumain, sa psyché et la nature. On se rendcompte que le simple fait de s’immerger dansla nature crée plus de mieux-être en nous,mais c’est une toute petite partie. L’écopsy-chologie propose une réflexion plus vaste sur

Marie Romanens et Patrick Guérin, co-auteurs de l’ouvrage « L’Ecologie intérieure,

renouer avec le sauvage », nous en disent plus sur l’écopsychologie, discipline

nouvelle aux Etats-unis inspirée de la « Deep ecology ».

La philosophie de l’écopsychologie« Etre plus en accord avec le vivant en nous. »

propos recueillis par Wim Ellul

crédit photo: D

.R.

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GTao Numéro spécial 47des vidéos à télécharger sur www.generation-tao.com

connaissance de soi Dossier

l’interaction entre l’être humain et la nature,sur le rapport entre notre nature intérieure etla nature extérieure. La manière dont je mecomporte avec moi-même a des incidences surl’environnement, de même mon environne-ment a un impact sur ce que je suis.

GTao : En quoi la notion d’écologie intérieurepeut nous aider à y voir plus clair en cestemps de crise?

M. R. : Nous sommes face à un principe deréalité. Nous nous sommes imaginé que nousallions pouvoir puiser indéfiniment dans lesressources terrestres. Or, il existe des limites etdésormais je contribue, nous contribuons,concrètement au dépassement de ces limites.De quelle manière est ce que je consomme?Est-ce que ces modes de consommation ser-vent nos intérêts, ceux de l’environnementet du vivant? Ce sont des questionsbien concrètes. On ne peut pas nonplus faire l’impasse de larecherche des origines de la criseactuelle. C’est une situation col-lective qui nous dépasse peut-être, mais chacun a sa part dansle collectif : en quoi ai-je contri-bué dans ma vie personnelle à ceque le monde aille vers cette crise-là? Je peux regarder en moi, pour com-mencer à trouver des éléments de réponse.

P. G. : Lorsqu’une catastrophe survient, on seretrouve tout de suite dans le « faire » enessayant à tout prix de trouver des solutions.Or, dans toute situation de crise, il imported’abord de se calmer, de prendre du recul puisde réfléchir sur les causes… Sinon les mêmescauses produisent toujours les mêmes consé-quences ! Ce que nous faisons à l’extérieur,dans la Nature, est aussi avant tout le reflet denotre monde intérieur, de ce que nous nousinfligeons d’abord tous les jours à nous-mêmes. D’où l’importance d’aller déceler ennous ce qui se joue.

GTao : Vous décrivez une forme d’introspectionindividuelle. En quoi se distingue-t-elle d’unepsychanalyse?

P. G. : Dans cette relation entre l’être humainet son environnement, il y a évidemment desaspects de l’ordre de l’inconscient et du pul-sionnel — d’où le sous-titre de l’ouvrage :« renouer avec le sauvage » — mais l’écopsy-chologie ne se limite pas à cette remontée del’archaïque ou du refoulé, c’est ce qui la diffé-rencie fondamentalement de la psychanalyse.Elle pose également la question de la relationque j’instaure avec mon environnement : est-ceque je le respecte ou est-ce que je le méprise?

M. R. : On peut à certains moments s’aider desoutils de la psychanalyse. Cette dernière partdu constat que nous avons tendance à ne rien

vouloir savoir de nos côtés pulsionnels, enmettant un grand couvercle sur cette part d’in-connu en nous. Cela n’est pas sans incidencepar la suite sur notre rapport à la nature.Toutes ces réflexions et ces apports viennentnourrir l’écopsychologie.

GTao : Cela ne donne pas toujours envie defaire notre examen de conscience !

M. R. : C. G. Jung évoquait la « tension desopposés ». Nous portons des instances diffé-rentes qui se battent à l’intérieur. Il est impor-tant de savoir supporter cette tension et demaintenir un espace permettant de faire émer-ger quelque chose d’autre.

P. G. : Nous sommes tous confrontés à descroyances et à des conditionnements qui ne

proviennent pas de nous. Le jour où j’aipour ma part relié mon désir de vivre

à mes conditionnements, le fait defumer entre autre, j’ai naturelle-ment laissé tomber la cigarette. Jene crois pas à la volonté, je croisà l’intention. Tant que l’intentionn’y est pas, la volonté n’y fera

rien. Si je veux maigrir et que jecontinue de trop manger, la ques-

tion est de savoir ce qui me pousse àmanger autant et de savoir comment je

peux manger avec plaisir et modération. Sou-vent les tensions contradictoires en nous sontd’origine sociale et ne sont pas notre proprecréation.

GTao : Une part de nous veut changer et l’autrese dit à quoi bon? Nous sommes remplis decontradictions…

P. G. : Nous sommes divisés parce que nous nesommes pas capables de pratiquer ce qu’Ed-gar Morin appelle « la dialogique », c’est-à-dire de maintenir en conscience les différentspoints qui sont de l’ordre de la séparation etde la division. Il ne faut pas avoir peur de ceque Morin appelait « la pensée complexe ». Levivant utilise les contradictions et les antago-nismes pour créer de nouvelles formes.Chaque situation contradictoire devient ainsiune opportunité de création!

M. R. : Il n’est pas difficile de faire un état deslieux de nos ressources intérieures et de sedemander simplement ce qui se manifeste ennous : suis-je dans une pulsion d’achat ou dansun questionnement éthique? Plutôt que denous débattre, de nier ou de vouloir apporterdes réponses toutes faites, ne pouvons-nouspas vivre pleinement l’expérience et nous yabandonner? Il est important d’apprendre àécouter, sans jugement, ces différentes ins-tances.

GTao : Les pratiques de méditation et d’autresdisciplines du bien-être nous permettent de

Quelle est ma relation

avec l’environ-nement?

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48 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

Dossier connaissance de soi

faire un travail de conscience et d’apaisement.Que demander de plus?

P. G. : Nous raisonnons trop souvent en termesdichotomiques ou exclusifs. L’écopsychologienous amène à penser la complexité du vivantde manière plus large que le paradigme habi-tuel de ce qui est bon ou mauvais : en quoi telélément détruit la vie en moi et commentpuis-je réorienter cet élément vers le vivant?Voilà les questions et le travail que nousdevons tous mener. La méditation, parexemple, aide à aborder les situationsavec calme, elle sert le vivant.L’écopsychologie permet demieux comprendre les méca-nismes du vivant, en apprenant àles écouter en soi pour mieux lespercevoir à l’extérieur.

M. R. : Les pratiques de méditationvont vers plus d’harmonie et n’ex-cluent pas les autres pratiques qui serventle vivant. Pour certaines personnes, l’angle dela psychanalyse ou de la psychothérapie estnécessaire. Dans le dialogue avec l’autre peu-vent émerger des éléments qui, par exemple,auraient mis plus de temps à arriver à laconscience dans la solitude de la méditation.Cela dit, il ne s’agit pas de les opposer, il s’agitd’outils complémentaires.

GTao : Vous évoquez dans votre ouvrage lanotion importante de « reliance » entre lesvivants humains et non humains ; pouvez-vouspréciser cette notion?

M. R. : Nous faisons référence à la pensée du

philosophe Arne Naess qui a développé lecourant de l’« écologie profonde » pour s’op-poser à l’écologie dite de surface. Son credoconsiste à dire qu’il ne s’agit pas seulement dechanger personnellement par quelques gestesextérieurs de tri ou de recyclage. Ces gestesont leur importance, mais cela ne suffira pas. Ils’agit de penser avant tout que nous sommesimpliqués dans cette histoire, profondément,dans notre nature propre. La manière dont

nous traitons la nature extérieure est lamême dont nous nous traitons nous-

mêmes, voilà l’implication principa-le. Si nous sommes ignorants ouméprisants, indifférents ou cruelsvis-à-vis de la nature extérieure,c’est parce que nous le sommesavec nous-mêmes.

P. G. : Il m’a paru évident, après avoirco-écrit ce livre, que les végétaux et les

animaux étaient des êtres vivants au mêmetitre que les humains. Nous procédons chacun,dans nos formes, à une manifestation duvivant. Il est donc important de respecter ceslois du vivant à l’extérieur et à l’intérieur denous. La notion de « reliance » exprime cetteconscience de notre lien profond au vivant.

GTao : Pour vous, la crise générale que noustraversons interroge nos fondements existen-tiels, mais vous dites que cette période d'er-rance est nécessaire pour « construire unenouvelle représentation du réel »…

M. R. : Je pense que dans le brassage et laconfusion actuelle, il est important de se sentirsoi-même acteur dans le chaos et d’accompa-gner nos prises de conscience. Nous avonsassisté dernièrement à un colloque sur l’éco-nomie et la spiritualité, beaucoup d’idées pas-sionnantes ont été apportées en soulevant desaspects cachés de la crise. Dès lors qu’il y a unquestionnement personnel à la racine, il peut yavoir un mouvement vers l’extérieur, vers uneaction collective, créative et vers un partaged’affinités. Ne faisons pas l’économie de cela !

P. G. : Il est fondamental d’être conscient de lasituation et de voir si cela va dans le sens duvivant ou si cela va détruire le vivant. Ilconvient de le faire d’abord pour soi. Le pro-blème du groupe et des institutions, c’est qu’ilssupportent mal le doute et le questionnement(rires). Les groupes fonctionnent souvent au« y a qu’à, faut qu’on »! Si l’on est à mêmechacun de savoir écouter d’abord nos propresdoutes, alors le collectif devient utile… Il fau-dra également faire preuve d’une grandecuriosité envers les peuples premiers. Il estfondamental à mon sens de se tourner verseux! Le jour où nous devrons prendre desdécisions, nous devrons avoir dans notre stockde mémoire un grand nombre de réponsespossibles.

Mieux comprendre

les mécanismesdu vivant.

Eco-quartier Vauban àFribourg, en Alle-magne : « En ville,nous ne sommes passéparés de la nature.On se croit séparés,mais la nature est là,en nous et toutautour ».

crédit photo: D

.R.

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GTao : Comment et pourquoi les sociétés tradi-tionnelles pourraient nous aider à traversercette période?

P. G. : Parce que l’on n’invente pas lesréponses dans la crise ! Il y a un travail d’ana-lyse préalable pour savoir comment les diffé-rentes sociétés ont répondu aux menacesexternes et internes à leur groupe. Les IndiensKogis, par exemple, sont un peuple racinevieux de 4 000 ans. Ils ont traversé les sièclesparce qu’ils ont une compréhension profondedes mécanismes du vivant. A chaque décisionque le groupe doit prendre, ils se demandentsi cela sert d’abord le vivant. Le gouverne-ment colombien dernièrement leur a proposéla culture du café comme ressource supplé-mentaire. Quand ils se sont aperçus que celacréait plus de disharmonie dans le milieu etdans le groupe, ils ont refusé de poursuivredans ce sens. Je m’intéresse également auconcept de sociocratie développé par les créa-tifs culturels. Ces idées favorisent un meilleurfonctionnement démocratique entre lespersonnes. Il faudra de toute façon, àmon avis, aller vers le politiquepour que les choses changent.

GTao : La population mondiale estmajoritairement citadine, le faitde vivre en ville ne nous éloigne-t-il pas irrémédiablement de lanature?

P. G. : Je pense que la ville n’est pas encause dans notre déconnexion profonde. Enrevanche, notre système économique, dont lebut est d’exploiter au maximum les ressourceset les personnes, a une démarche prédatrice àl’opposé du vivant ! L’être humain a besoin derenouer avec la nature. Il est vrai que c’est dif-ficile de le faire en ville. Bernard Boisson écri-vait d’ailleurs « verdure n’égale pas nature ».Il y a donc un travail important pour sentirque le végétal qui pousse dans un pot est demême nature et aspire à la même chose quel’être humain ! Le jour où les citadins aurontcompris que les mécanismes et les besoins duvivant sont les mêmes pour tout être, la viesera beaucoup plus simple en ville. Je me sou-viens l’émotion que j’ai eue enfant en voyantpousser des graines de lentilles que j’avaisposées sur du coton. C’était un émerveille-ment ! Je retrouvais dans la plante cette mêmeenvie de croître chez moi.

M. R. : En ville, nous ne sommes pas séparésde la nature. On se croit séparés, mais la natu-re est là, en nous et tout autour. Les arbrescroissent, les oiseaux etc. Même dans cetendroit qui semble le plus éloigné de la natu-re, la ville, nous oublions que nous y sommesquand même! De nombreux urbanistes tra-vaillent par ailleurs en ce moment sur cettequestion intéressante.

GTao : Vous pensez que le fait de vivre enville ne nous coupe pas de la nature?

P. G. : Notre mode de vieurbain n’est pas en cause. Sepromener dans certainesvilles est un vrai bonheur, jepense à Florence par exemple.A l’occasion d’un colloque à laDéfense, dans cet univers de tourset d’immeubles, je n’ai pas eu l’im-pression d’avoir été coupé de la naturehumaine. En revanche, dans le métro, oui…Nous sommes trop serrés. La ville doit respec-ter et aménager les conditions qui me permet-tent de me relier sereinement aux autres.Lorsque par ailleurs on est contraint, pourgagner sa vie, d’entrer dans la dimension inhu-maine d’un système qui exploite nos forces, làil faut s’indigner et se battre ! La ville ne doitpas symboliser le lieu de la déconnexion à soi.

GTao : Vous suggérez au fond de nousdésidentifier de nos rôles et de ne

plus avoir peur de notre natureprofonde, pourquoi ?

M. R. : La notion d’être civiliséest complexe. Nous sommes pseu-do-civilisés si nous nous conten-

tons de rester en surface, sans tou-cher nos profondeurs. Il faut pouvoir

s’autoriser à sentir en soi, ou dans sesrêves, ce qui relève de la pulsion brute et cequi permet de la domestiquer. L’esprit s’enra-cine en effet dans le corps. Il ne s’agit pas demettre à la poubelle les notions d’éthique, demorale dans le bon sens du terme, mais devoir dans quoi cela s’enracine. On peut avoirdes objectifs très élevés et s’appuyer en mêmetemps sur notre corps qui nous donne l’éner-gie pour avancer. Etre plus en accord avec levivant en nous peut permettre que beaucoupde choses changent.

Est-ce que cela va dans lesens du vivant

ou non?

PORTRAITS

connaissance de soi Dossier

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Dossier valeurs féminines

Elizabeth Debold« ……………………………… »

propos recueillis par Delphine Lhuillier et retranscription Coralie Duteil

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valeurs féminines Dossier

PORTRAIT

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Dossier ouverture culturelle

Voici un panorama de lieux et de mouvements dédiés aux Créatifs Culturels

en France: lieux de pratique, de conférences, de rencontres, de colloque,

mais aussi mouvements et dynamiques sociétales.

Points de rencontresOù trouver des Créatifs Culturels?

par la rédaction

LES AMANINS

DOMAINE DU TAILLÉ CENTRE TIOCAN

TERRE DU CIEL

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ouverture culturelle Dossier

CLUB DE BUDAPEST MOUVEMENT COLIBRIS

TERRE VIVANTE KARMA LING

LE HAMEAU DE L’ÉTOILE MÉDITATION FRANCE

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54 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

Dossier ouverture culturelle

EXISTENCE CENTRE D’ARTS ET D’ECOLOGIECORPORELLE GÉNÉRATION TAO

TRIMURTI L’ESPACE DES POSSIBLES

FINDHORN AUROVILLE

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Eco entracte Dossier

R

espire tranquillement, dans une positionconfortable. Prends conscience de l’espa-ce autour de toi et de l’échange entre toi

et le monde qui se réalise à travers le flux d’airqui entre et sort de ton corps. Etre la. Prendscontact avec la chaleur de ta peau, la chaleurqui émane de ton corps. Souviens-toi de lachaleur du corps d’une personne aimée, lachaleur d’un baiser, d’un homme, d’unefemme qui se serre contre toi, la chaleur d’unerencontre où tu embrasses quelqu’un que tues très heureux de retrouver. Cette chaleur,c’est de la lumière. Du soleil. Respire…L’énergie qui nous maintient au chaud et envie, qui nous permet de bouger notrecorps, de respirer, de donner unbisou… C’est du soleil. Attrapéepar des milliards d’êtres grandset petits, êtres végétaux desforêts, des prairies et des océansqui, grâce au miracle biochi-mique de la photosynthèse,transforment eau et gaz carbo-nique en matière organique. Attra-peurs de lumière. Le déchet de ce pro-cessus ? L’oxygène. Respire…Miracle. Le mot vient du latin miraculo, « peti-te merveille ». Te souviens-tu de ta classe debiologie à l’école ? 6 CO2 + 6 H2O + Lumiè-re C6H12O6 + 6 O2. Glucose et oxygène. Res-pire… Pense à un brin d’herbe, une feuille, unarbre. Ce n’est pas de la science, c’est de lagrâce.Le mot photo-syn-thesis signifie « créer avec lalumière ». C’est une chorégraphie de photons,d’électrons et de molécules à manger et à res-pirer. Pour nous, les animaux. Gratitude… Oxygène et sucre pour que le monde animalpuisse vivre et évoluer. 14,3 milliards d’annéespour arriver en cet instant précis à la dansebiochimique qui est ton corps, notre corps, lecorps du monde. Respire, être animal que tu es. Le mot anima vient du grec anemos, « le vent». Etre humain en chair et en os, combinaisonmagnifique et unique de matière et d’énergiecapable de respirer grâce à des milliard dedanseurs photosynthétiques.La vie est une. De lumière. De matière. Desatomes qui depuis le bing bang n’arrêtent pasde circuler, d’une forme à l’autre. Matière quise combine et se recombine, atomes quifusionnent ensemble en libérant des quantités

immenses d’énergie : voilà la vie d’une étoile.Et nous, les humaines, nous sommes faits depoussière d’étoile et d’énergie solaire. De lagrâce. Que de la grâce…Des animaux des toutes tailles et de toutesformes se nourrissent du monde végétal, senourrissent les uns des autres dans la dansecosmique de la vie. Nous sommes nourritureles uns des autres. Tous. Qui est qui ? Quisommes nous, qui serons-nous ?A ce moment précis, des millions de petitsêtres habitent ton corps et se nourrissent de cequi en toi est en train de mourir. A chaque ins-tant. Tissus, excrétions, aliments. Un jour, ton

corps sera le grand banquet des trèspetits. Ou peut être celui du feu et

alors, le carbone de ton existenceorganique sera nourriture pourles arbres et tu deviendrafeuilles, tronc, fleurs, fruits. Etensuite, tu seras mangé, assimi-lé, absorbé, dévoré par des ani-

maux et tu seras ours, loup, cerfou coccinelle. De la grâce, que de

la grâce…Tout naît et tout meurt en chaque instant.

Naissance et mort ne sont que les deux direc-tions de l’énergie de la vie.Dans l’acte de respirer, tu rends grâce à tousles êtres qui, non seulement te nourrissent ette permettent de vivre, mais qui, littéralement,sont toi. C’est ça la maison, l’oikos, d’où estissu le mot « écologie », dans le sens de homeen anglais, le « foyer ».Ce n’est pas une mode ou une façon de pen-ser, un choix politique ou une connaissanceintellectuelle. C’est un état de conscience,celui que dans chaque inspire/expire, danschaque geste, il y a l’univers des vivants quibouge en nous. Dans chaque aliment, animalou végétal, c’est l’énergie du soleil et la vie demillions d’êtres qui arrivent à toi pour te don-ner la vie. C’est ça la sacralité du corps. Notrecorps est le corps de la planète Terre, Gaïa. EtGaïa est notre oikos.Notre première transe d’être vivant est departiciper à cette danse biochimique qui sedéroule dans nos cellules, à chaque instant.Miracle, petit merveille. Etres humains quenous sommes, rendons grâce dans chaquesouffle à la vie qui nous crée à chaque ins-tant.

Juste une pause. Une respiration. Un état de conscience. Une transe biochimique.

Une chorégraphie biochimiqueUn câlin, c’est du soleil

par Giovanni Fusetti

Ton corps, notre corps,

le corps du monde.

Artiste, pédagogue etGestalt thérapeute, Gio-vanni Fusetti plonge dansles voies artistique etpédagogique après uneformation scientifique enécologie. Il est formé àParis à l’Ecole Internatio-nale de Théâtre JacquesLecoq. Il dirige aujour-d’hui l’école de théâtrequ’il a créée à Florence,en Italie : l’école Helikos.Avec Pol Charoy & Ima-nou Risselard, ils conju-guent leurs expériencesen 2001 et co-créent plustard la Trans-analyse®dont le livre paraîtra enfévrier 2012 aux éditionsLe Souffle d’Or.

PORTRAIT

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56 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

Dossier enjeu sociétal

Bernard Lietaer« ………………………………… »

propos recueillis par Delphine Lhuillier

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enjeu sociétal Dossier

PORTRAIT

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58 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

Dossier écologie corporelle

Qu’est-ce que l’écologie corporelle?La valeur ajoutée de l’écologie

par Cécile Bercegeay

crédit photo: D

.R.

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GTao Numéro spécial 59des vidéos à télécharger sur www.generation-tao.com

écologie corporelle Dossier

PORTRAIT

LA CHARTE DE L’ÉCOLOGIE CORPORELLE

1. Habiter notre corps ou les fondamentaux de l’écologie appliqués à notre corps : écosystème, énergie renouvelable, biodiversité et développement durable.2. L’essence du concept : nourrir la vie, nourrir le vivre.3. L’éveil de notre être sensoriel.4. Une vision interdépen-dante & globale de soi, de la société et du monde.5. Le savoir-être du 3ème millénaire.6. Le pont entre nos savoirs ancestraux et nos connaissances scientifiques modernes.7. Le métissage des cultures du monde.8. Une dimension initiatique, culturelle, artistique, économique et sociale.

Pour adhérer à la charte de l’écologie corporelle® : www.centre-tao-paris.com

© François L

ollichon

Page 54: NUMÉRO SPÉCIAL CRÉATIFS CULTURELS

60 GTao Numéro spécial plus de 1000 articles en ligne sur www.generation-tao.com

Dossier écologie

………… ……………………………………………

par Pierre Thomé

PORTRAIT

Page 55: NUMÉRO SPÉCIAL CRÉATIFS CULTURELS

57Dossier « Femmes duTao »: Catherine Despeux,Maître Liu Ya Fei, SarinaStone, Imanou Risselard,Bernadette Blin • Confu-cius et l’époque moderne• Chen Man Ching •Méthode Pilates • QiGong anti-âge • Wutaodans les maisons de retrai-te • Secrets de beautétaoïstes • Relation d’aideau toucher…

58Dossier « Tao de l’écolo-gie »: écologie corporelle &savoir-être • réveiller notreanimalité • La puissance del’instinct • entretien avecDenis Marquet • Lesremèdes secrets desanciens guerriers chinois •L’orthobyonomie • Les 6points majeurs de la MTC •Les pouls énergétiques…

59Dossier « Les mille et une voies de laconscience »: des person-nalités issues des traditionsmartiales et spirituelles,penseurs contemporainspartagent leur vision de laConscience. • Tai Ji Quanstyle Li • Qi Gong: YangJwing-Ming • Les 6 pointsmajeurs de la MTC • Le Taode l’amour • StanislavGrof…

55Dossier « L’habitat,espace du Vivre »: L’artdu Yang Sheng • FengShui • Ecologie intérieureet Taiji • Wutao •Citrouille amère • L’espritde Wudang • L’enseigne-ment secret de MoriheiUeshiba • Psychanalyseet culture chinoise • Com-ment mieux dormir? • Lejeu du Tao…

60Dossier «La force cachéedu Qi! » : du Shen au Jing,Yi Jing Ji, l’expérience duressenti, le tir à l’arc, artsinternes et musculation,l’éveil du végétal… • L’étatde transe • Le guerrier sacré• Chi Nei Tsang • Entretienavec Marion Kaplan • Bioré-sonance et thérapie quan-tique • L’Islande, terre decréativité…

61Dossier « Les voies de laliberté » : Cyrille Javary,Jérôme Ravenet, SarinaStone, les Yamakasi, DenisMarquet, Roger Itier… •entretien avec CatherineDespeux • rencontre avecLewis Mehl-Madrona • lavoie thérapeutique du QiGong • Les 6 pointsmajeurs de la MTC • LeDao de l’harmonie • entre-tien avec Martine Depondt-Gadet…

62Dossier « Vivre sa voie »: Dominique Banizette, KeWen, Anne Biadi, FredEvrard & Lila Hui, Monto déPatso, Marisa Ortolan,Gérard Guasch, YvesRequena, Hélène vonBurg… • Wutao, l’envol dela sphère • Le Tao du médi-tant • Tribal Tarot • Astro-logie védique • Les étatsde conscience élargie • Lescycles de la lune • Techno-santé quantique…

63Dossier « Rites, pas-sages & transfor-mations » : Cyrille Javary,Paule Lebrun, GeorgesCharles, Brigitte Chavas, Nir-mala Gustave, ClaudeHenry, Marine Mille, JudiMac Allister… • Eric Marié& MTC • L’art de la sphèrepar Yang Jwing-Ming •L’énergétique corporelle dela cour royale du Siam • ChiNei Tsang pour les femmes• La voie du Reiki…

64Dossier « Acter le chan-gement » : Cyrille Javary,Fritjof Capra, MarianneCosta, Cynthia Kneen, Kari-ne, Mazevet… • Le MontWudang et Yves Réquéna •Transe et thérapie • OlivierChambon • Psychologie Bio-dynamique • Rupert Shel-drake • Qi Gong au féminin• Médecine des femmes •Les rêves qui nous guéris-sent… • Irrigation colo-nique et spiritualité…

49Dossier « L’écologiecorporelle »: le respect desoi, une sexualité consciente,méditation et nutrition, lafibre « éthique »… • KumNye, l’art de l’harmonie •Wutao Stretch • Sexualitéféminine : les œufs de jade •Wushu : l’esprit des animaux• Xin Li : la psychologie chi-noise • Enquête: « lesmassages aujourd’huien France »…

43Dossier « Méditer peut-il changer le monde? »:bouddhisme, Vipassana,Zen… • Yves Klein et le judo• la roda de capoeira •entretien avec Anne-MarieFilliozat et Gérard Guasch •Créez votre propre jeu divina-toire • Nadia Volf • Soignerpar émission de Qi • La res-piration « dite inversée »…

Hors-série n°1

La bible du Kung Fu WushuDu TaiJi Quan au Qi Gong, en passant par le Kung Fu, un numéro indispensablepour découvrir ou approfondir une culture et une tradition à la richesse inépuisable.

Hors-série n°4

Massages énergétiques et thérapies manuellesMassage chinois • Lympho-énergie • Nuad bo rarn • Réflexologie plantaire • Shiatsu • Massage ayurvédique• Ostéopathie • Chiropratique • Rolfing…

Hors-série n°5

Le livre de la naissanceAccompagner la naissance • entretiens,conseils, méthodes • Accouchement dans l’eau • Acupuncture obstétricale • Chiropratique • Ostéopathie • Watsu • Qi Gong & Massages • Yoga de lafemme enceinte • Les 7 étapes de la naissance…

Hors-série n°6

Le livre du Qi GongQi Gong et traditions : taoïsme • médecinechinoise, bouddhisme, arts martiaux…• progresser dans la pratique • évaluer son niveau • les origines de la gymnastiqueoccidentale • l’arrivée des maîtres chinois• la situation du Qi Gong en France…

Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … …

Code Postal : . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . … … … … …Pays :…………………… … … … … … … … … … … … …

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PROCHAINE PARUTION :N° Spécial Créatifs Culturels : 24 septembre 2012En ligne : www.generation-tao.com

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infos • le mot de la fin

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par Pol Charoy et Imanou Risselard

PORTRAITS