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Une fenêtre ouverte sur le monde Novembre 1967 (XXe année) - France : 1 F - Belgique : 14 F - Suisse : 1 F L'U.R.S.S. AUJOURD'HUI

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Une fenêtre ouverte sur le monde

Novembre 1967 (XXe année) - France : 1 F - Belgique : 14 F - Suisse : 1 F

L'U.R.S.S. AUJOURD'HUI

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SAINT-SIMÉON ET LE GRATTE-CIELPrécieusement sauvegardée dans un vieux quartier de Moscou aujourd'hui transformé par l'urbanisme, une vieilleéglise du 17e apparaît, sur la grande artère moderne qu'est la Perspective Kalinine, comme un îlot du passé. Elle a étédédiée à Simeon le Stylite, le premier propagateur de la foi grecque orthodoxe et l'un des saints les plus vénérésen Russie. Il y a deux ans, un organisme pour la protection des monuments historiques et culturels a été créé enURSS; plus de 30 000 monuments ont été inventoriés, et un grand nombre d'entre eux sont en cours derestauration dans la seule République de Russie.

Photo © Almasy

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Le CourrierPages

NOVEMBRE 1967

XXa ANIMÉE

PUBLIÉ MAINTENANT

EN 11 ÉDITIONS

FrançaiseAnglaiseEspagnoleRusse

Allemande

Arabe

U. S. A.

JaponaiseItalienne

Hindi

Tamoul

Mensuel publié par l'UNESCO,Organisation des Nations Uniespour l'Éducation,la Science et (a Culture

Ventes et distributions :

Unesco, place de Fontenoy, Paris-7*1.

Belgique : Louis de Lannoy,112, rue du Trône, Bruxelles 5.

ABONNEMENT ANNUEL : 10 francs fran¬

çais; 140 fr belges; 10 fr suisses; 15/-stg.POUR 2 ANS : 18 fr français; 250 fr belges;18 fr suisses (en Suisse, seulement pour leséditions en français, en anglais et en espa¬gnol); 27/-stg. Envoyer les souscriptionspar mandat C.C.P. Paris 12598-48, LibrairieUnesco, place de Fontenoy, Paris.

Les articles et photos non copyright peuvent être reproduit*à condition d'être accompagnés du nom de l'auteur et

de la mention « Reproduit du Courrier de l'Unesco », enprécisant la date du numéro. Trois justificatifs devront êtreenvoyés a la direction du Courrier. Les photos noncopyright seront fournies aux publications qui en feront lademande. Les manuscrits non sollicités par la Rédaction nesont renvoyés que s'ils sont accompagnés d'un coupon-réponse international. Les articles paraissant dans le Courrierexpriment l'opinion de leurs auteurs et non pas nécessaire¬ment celles de l'Unesco ou de la Rédaction.

Bureaux de la Rédaction :

Unesco, place de Fontenoy, Paris-7", France

Directeur-Rédacteur en Chef :

Sandy Koffler

Rédacteur en Chef adjoint :René Caloz

Adjoint au Rédacteur en Chef :Lucio Attinelli

Secrétaires généraux de la rédaction :Édition française : Jane Albert Hesse (Paris)Édition anglaise : Ronald Fenton (Paris)Édition espagnole : Arturo Despouey (Paris)Édition russe : Victor Goliachkov (Paris)Édition allemande : Hans Rieben (Berne)Édition arabe : Abdel Moneim El Sawi (Le Caire)Édition japonaise : Shin-lchi Hasegawa (Tokyo)Édition italienne : Maria Remiddi (Rome)Édition hindi : Annapuzha Chandrahasan (Delhi)Édition tamoul : Sri S. Govindarajulu (Madras)

Documentation : Olga Rodel

Maquettes : Robert Jacquemin

Toute la correspondance concernant la Rédaction doit êtreadressée au Rédacteur en Chef

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L'U.R.S.S. AUJOURD'HUI

Métamorphose d'un continent

par Nicolai Mikhailov

DE L'ILLETTRÉ AU COSMONAUTE

par Viatcheslav EHoutine

L'ENSEIGNEMENT FACE AUX MULTIPLES

PROBLÈMES DE DEMAIN

par Mikhail Prokofiev

RÉFLEXIONS SUR LA CULTURE SOVIÉTIQUE

par Serguei Guerassimov

ESSOR DE L'URBANISME A MOSCOU

EN 1967, 700000 HOMMES DE SCIENCE EN U.R.S.S.

par Mikhail Lavrentiev

UNE CITÉ SCIENTIFIQUE SURGIT DANS LA TAIGA

ÉMISSION DE TÉLÉVISION POUR LA PLANÈTE

par Pierre de Latil

VOYAGE DANS L'ETHIOPIE AUX1000 MERVEILLES

par Richard H. Howland

LATITUDES ET LONGITUDES

Photo © APN - A. Lidov

Notre couverture

Cette jeune fille de Volgograd (ancien¬nement Stalingrad) incarne parfaitementla jeunesse actuelle de l'U.R.S.S. Ellese tient devant le monument des Kom¬

somols, dédié à tous les jeunes gensqui moururent en défendant leur villependant la Seconde Guerre mondiale.Réduite à des ruines pendant les com¬bats, la ville a été entièrement recons¬truite et modernisée.

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L'U.R.S.S. AUJOURD'HUILa métamorphose d'un continentpar Nicolai Mikhailov

A l'occasion du 50e anniversaire de ia Révolution d'octobre

1 91 7 qui a donné naissance à l'Union des républiques socia¬listes soviétiques, le COURRIER DE L'UNESCO consacreune large partie de ce numéro à l'U.R.S.S. d'aujourd'hui età son développement dans les domaines de l'éducation, dela science et de la culture.

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ANS le port soviétique deVladivostok, sur l'océan Pacifique, auterminus de la ligne de chemin de ferde Moscou dont plus de la moitiésoit dit en passant, c'est-à-dire jus¬qu'au lac Baikal, est aujourd'hui élec-trifiée il y a une borne kilomé¬trique qui porte l'inscription «9 288».C'est là quelque chose que vous neverrez nulle part ailleurs dans lemonde. Cette distance est à peu prèségale à celle qui sépare le pôle del'équateur. Quand !e crépuscule tombeà Vladivostok, ce n'est encore quel'aube à Moscou. Pendant onze heu¬

res, le soleil est au zénith sur le ter¬ritoire de l'Union Soviétique, où lanouvelle année est carillonnée onze

fois une fois par fuseau horaire.

Par sa superficie, l'U.R.S.S. est leplus grand pays du monde. Elle pour¬rait contenir, par exemple, 700 Bel¬gique.

Il est plus facile de comparer cepays non à d'autres pays, mais à descontinents : il est un peu plus petitque l'Afrique, plus grand que l'Amé¬rique du Sud, trois fois plus grandque l'Australie. Il peut même supporterdes comparaisons cosmiques : quandvous regardez la pleine lune dans leciel, sachez que sa face visible estplus petite que le territoire del'U.R.S.S. ; il faudrait y ajouter l'Ar¬gentine, par exemple, pour arriver àégalité.

L'U.R.S.S. possède à la fois despics montagneux qui s'élèvent bienau-dessus des nuages et les plusgrandes étendues uniformément pla¬tes. Parmi les premiers, il faut citerles montagnes du Pamir où setrouve le point culminant de l'U.R.S.S.

NICOLAI MIKHAILOV, géographe et écri¬vain, est aussi un grand voyageur. Il aconsacré de nombreux articles aux paysqu'il a visités dans le monde entier, ana¬lysant leur évolution. Auteur de plusieursouvrages importants sur l'Union Soviétique,il est lauréat du gouvernement de l'U.R.S.S.

(7 500 m), le T'ien-chan, l'Altaï et leCaucase. Parmi les secondes, les vas¬

tes plaines de la Russie d'Europe etde la Sibérie occidentale.

Le climat est aussi varié. Il y a desendroits en Sibérie qui sont plus froidsen hiver que le pôle nord et des plai¬nes en Asie centrale qui sont pluschaudes en été que les tropiques. EnYakoutie, la température tombe par¬fois, en hiver, à moins 70 °C, tandisqu'en Turkménie, elle peut atteindre70 °C au soleil. Dans le désert de

Kara-Kourrv, en été, on peut faire cuireun dans le sable, tandis qu'enSibérie du Nord, durant les nuits po¬laires d'hiver, le mercure se solidifiedans les thermomètres, et on peutentendre le crépitement de la respi¬ration humaine, où la vapeur d'eau setransforme instantanément en cristaux

de glace. Les Yakoutes, qui vivent dansces régions, appellent ce phénomènele « chuchotement des étoiles ». Les

paysans de l'Ouzbékistan commencentà faucher l'orge quand les habitants dePetropavlovsk, dans le Kamtchatka,sont en train de dégager leurs maisonsaprès une tempête de neige.

Sur les rives de la mer de Barents,il faut une centaine d'années au mé¬

lèze pour devenir un peu plus grosqu'un bâton de ski, tandis qu'en Adja-rie subtropicale sur la côte de merNoire, un jeune bambou croit de plusd'un mètre par an.

L'U.R.S.S. est arrosée par douzemers appartenant à trois océans :l'Atlantique, le Pacifique, et l'Arctique.Elle a le plus vaste réseau hydro¬graphique du monde. La mer intérieurela plus grande du monde, la mer Cas¬pienne, se trouve en U.R.S.S., ainsi quele lac le plus profond, le lac Baïkal(dont la profondeur atteint 1 620 m).

Suivant la latitude, le pays est tra¬versé par différentes zones de végé¬tation. Dans l'extrême-nord, il y a unelarge bande de toundra sans arbreset marécageuse, couverte la plusgrande partie de l'année par la neige.Plongée pendant de nombreux mois

dans la nuit polaire et privée desrayons du soleil, cette région n'estalors éclairée que par l'aurore bo¬réale. Au sud de la toundra, il y aune ceinture de forêts, incomparableconcentration de conifères.

Plus au sud, les forêts s'éclaircis-sent et cèdent la place à la steppequi, recouverte de son tchernoziomfertile, s'étend à travers le pays surplusieurs milliers de kilomètres. Plusau sud encore, la steppe se trans¬forme en des semi-déserts et en dé¬

serts qui servent de pâturages. Làoù les cours d'eau descendent des

montagnes du sud dans la zone déser¬tique, il y a des oasis irriguéestaches de verdure sur fond jaune.

Toujours plus au sud, sur la côtede la mer Noire et dans les val¬

lées méridionales de l'Asie centrale;

préservées au nord par les monta¬gnes, il y a des régions subtropi¬cales qui ignorent complètement legel. La mer y est toujours libre, lesroses fleurissent en janvier, et mêmele dattier y donne ses fruits.

Ainsi s'explique la variété de laflore du bouleau nain au palmier,des lichens au lotus et de la faune

de l'U.R.S.S. du harfang des neigesau flamant, de l'ours polaire au tigre.

Si la nature du pays est diverse,le travail de ses habitants ne l'est pasmoins. L'industrie soviétique traite uneimmense variété de matières premiè¬res, où figurent presque tous les élé¬ments de la table périodique de Men-deleiev. Les centrales thermo-électri¬

ques et les centrales hydro-électriquesauront produit au cours de l'année1967 près de 600 milliards de kilo¬watts/heures.

De nos jours, grâce aux grandescentrales atomiques qui ont été cons¬truites en grand nombre, l'énergie nu¬cléaire constitue un nouvel apport àl'économie nationale. La fonte et

l'acier, le cuivre et le nickel, le plombet le zinc; l'aluminium et le magnésium,le tungstène et le molybdène, et beau-

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Photo © AlmasyAvec une population de plus de 3 millions d'habitants, Leningrad est la seconde des grandesvilles d'U.R.S.S. De 1712 (c'est-à-dire neuf ans après qu'elle eût été construite par Pierre leGrand) à 1918, elle a été tour à tour, sous le nom de Saint-Pétersbourg et de Petrograd, la capitalede la Russie. Les révolutions de février et d'octobre 1917 ont commencé là. De toutes les

grandes villes, elle est la plus septentrionale du monde (59 degrés de latitude nord). Construitesur 100 îles situées sur 66 cours d'eau et canaux, elle compte 620 ponts, structure qui luia valu le nom de « Venise du Nord ». Notre photo montre une partie de la fameuse PerspectiveNevsky (plus de 4 km de long), qui est l'artère la plus animée de Leningrad.

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L'U.R.S.S. AUJOURD'HUI (Suite)

Le crépuscule à Vladivostok, c'est Taube sur Moscou

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coup d'autres métaux importants sontfondus dans des usines disséminéessur tout le territoire. L'U.R.S.S. pro¬duit des machines de toute complexité

du satellite spatial et des excava¬teurs mobiles gigantesques, dont cha¬cun remplace 15 000 ouvriers, à desinstruments plus sensibles qu'un nerfhumain.

La diversité des climats et des sols

permet une grande variété de cultures.Dans diverses régions du pays, ontrouve le blé riche en protéines, le rizassoiffé d'humidité, le coton qui aimele soleil, l'orge qui résiste au froid, lethé qui aime la chaleur, et le lin quipréfère un été froid.

L'unité du pays repose sur une basesociale et économique.

L'Union Soviétique compte actuel¬lement environ 240 millions d'habi¬

tants ; seules, la Chine et l'Inde encomptent plus. Elle est répartie entreplusieurs nations, grandes et petites,appartenant à divers groupes linguis¬tiques- : slave, turc, finno-ougrien etautres. La population russe dépasseune centaine de millions alors que,dans le Caucase, la nation Artchi seréduit à une seule communauté.

Dans l'ensemble des écoles de

l'Union Soviétique, l'enseignement estdonné en plus de cent langues. Etces langues sont différentes, commeles histoires de ceux qui les parlent :en géorgien, il y a des documentsécrits vieux de quinze siècles, tandisque les Evenki (Toungous), par exem¬ple, qui vivent dans la Sibérie dunord, n'ont été dotés d'un alphabet querécemment, après la Révolution socia¬liste de 1917, de même que la moitiédes cent autres peuples de l'U.R.S.S.qui n'avaient auparavant aucune lan¬gue écrite. Les peuples de l'Union So¬viétique diffèrent par le nombre, parl'aspect, par la couleur de la peau,et par la forme de leurs cultures na¬tionales (1).

Mais en essence, ces peuples n'enfont qu'un. En voyageant à traversl'U.R.S.S., vous pouvez voir un ingé¬nieur russe habillé en complet ordi¬naire, une paysanne ukrainienne encostume brodé, un Ouzbek dans unerobe bigarrée, un Turkmène avec unénorme chapeau de fourrure, un mon¬tagnard caucasien enveloppé dans unmanteau de peau de mouton, un habi¬tant des régions arctiques couvert defourrures, mais, quel que soit leuraspect, tous hommes et femmessont absolument égaux. Naturellement,cela crée des liens étroits et assure

l'unité nationale.

Cette unité est éminemment favo¬

rable au développement rapide dupays. Les richesses de base appar-

(1) L'U.R.S.S. est un Etat multinationalcomportant plus de 100 nationalités dans15 républiques soviétiques, 20 républiquesautonomes, 8 régions nationales autonomeset 10 districts autonomes.

tenant à l'Etat, le pays se développesuivant un plan unique. La productionde la grande industrie est aujourd'huisoixante-dix fois plus grande qu'autemps de la Russie tsariste. Depuisl'instauration du régime soviétique, laproduction industrielle du pays estpassée de la quatrième place enEurope à la première.

La Russie prérévolutionnaire fournis¬sait un vingt-cinquième de la produc¬tion industrielle mondiale ; maintenant,

la part de l'U.R.S.S. est de près d'uncinquième. Ces chiffres montrent com¬bien le pays a changé et grandi aucours du dernier demi-siècle.

L'Union Soviétique est devenue unegrande puissance, mais cela ne veutpas dire que tous ses problèmes aientété résolus. Ce pays qui était jusqu'àla Révolution extrêmement arriéré, aencore des besoins insatisfaits et des

possibilités non réalisées. Les pers¬pectives d'accroissement de la produc¬tion industrielle et agricole sautent auxyeux, ne serait-ce qu'en raison desénormes ressources naturelles.

Essentiellement, l'Union Soviétiquepossède tous les minéraux utilesconnus sur la terre. Elle tient la pre¬mière place dans le monde pour sesgisements de minerai de fer, de man¬ganèse, de cuivre, de nickel, pour lessels de potasse, pour l'apatite (matièrepremière des engrais phosphoreux).L'U.R.S.S. possède en abondance dupétrole, de l'or, des diamants, de l'ura¬nium, des ressources en énergie hy¬draulique.

Un tiers des forêts du monde est

situé en Union Soviétique. Sous leciel froid du nord, le bois est dur etsolide et son grain est fin. Aucunautre pays ne dispose de si vastesétendues de tchernoziom fertile.

Le peuple soviétique a déjà faitbeaucoup pour utiliser ses ressourceset augmenter son niveau de vie.

La géographie économique del'Union Soviétique a beaucoup changédans les dernières décennies et elle

continue à se transformer sous nos

yeux. La carte économique a pris unnouvel aspect. Elle est devenue plusdense et plus uniforme.

Avant 1917, l'industrie russe étaitconcentrée en quelques zones iso¬lées de la partie occidentale dupays à Moscou et dans ses envi¬rons, à Saint-Pétersbourg, dans leDonbass, en Ukraine, dans les mon¬tagnes de l'Oural, dans le Caucaseautour de Bakou et dans les portsde la mer Baltique. Depuis lors, ellea commencé à s'étendre à travers tout

le territoire, en donnant à chacun despeuples soviétiques et à chaque régionune base pour leur développementéconomique et culturel et en leur per¬mettant d'utiliser les ressources natu¬

relles inexploitées. L'industrie a ainsitendu à se déplacer vers l'est.

Le Donbass, en Ukraine, principal

En haut, un avion chargéde vivres et de matériel

va atterrir près d'unestation de recherche

scientifique soviétiquedu Grand Nord. En bas,

machines agricoles dansles immenses étendues

de « tchernoziom », ces

terres noires fertiles quis'étendent sur des milliers

de kilomètres. Le plusvaste pays du monde,l'U.R.S.S., s'étend de laBaltique au Détroit deBehring, et de l'Arctique àl'Afghanistan. Baignéepar douze mers desocéans Atlantique,Pacifique et Arctique,l'Union Soviétique a plusde côtes qu'aucun. autrepays, la plus grande merintérieure du monde

(la mer Caspienne), et lelac le plus profond dumonde (le lac Baikal).La variété extrême des

climats de l'U.R.S.S. n'est

pas moins surprenante :de 70 degrés centigradesau-dessous de zéro dans

certaines parties de laSibérie à 70 degrésau-dessus de zéroen Asie centrale.

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bassin houiller du pays, s'est déve¬loppé, mais sa part dans la productiondu charbon est tombée de 9/10 à1/3 parce que beaucoup d'autres ré¬gions, en particulier dans l'est, ontcommencé à posséder leurs propresmines de charbon. De même Bakou,

géant du pétrole, qui bien qu'il aitencore grandi, a été dépassé par lanouvelle région pétrolifère qui, au cen¬tre du pays, s'étend entre les mon¬tagnes de l'Oural et la Volga. A côtéde la métallurgie de l'Ukraine s'estdéveloppée la métallurgie des mon¬tagnes de l'Oural et du Donbass. L'un

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Photo 0 APN - I. Boudnlevltch

après l'autre, les cours d'eau ont étéprivés de leur inutile liberté. Sur laVolga et le Dniepr, cet aménagementest près d'être terminé, tandis quesur les grands fleuves sibériens, il sepoursuit à une échelle inconnue dansl'industrie énergétique mondiale.

Les machines ne sont plus seule¬ment fabriquées dans quelques cen¬tres comme par le passé il existeaujourd'hui des automobiles fabriquéesen Biélorussie et en Géorgie, des trac¬teurs de l'Oural et de l'Altaï, des toursde Novosibirsk et des locomotives de

Bouriatie, qui se trouve derrière lelac Baikal, Des conserveries de viande,des usines de panification, des manu¬factures de vêtements se sont déve¬

loppées dans tout le pays. On a jetédes bases d'un réseau énergétiqueunifié. La culture industrielle s'est éten¬

due sur tout cet immense pays.

La Sibérie peut être citée en exem¬ple. Dans les dernières années, cettepartie du pays, dont la superficie estégale à celle de tous les Etats-Unis,s'est développée considérablement.

L'économie de la Sibérie repose sur

des ressources naturelles colossales

et sur une énergie abondante four¬nie par du charbon à bon marché etpar des cours d'eau. De gigantesquescentrales sont en construction et en

partie déjà en fonctionnement.- Parexemple, sur le fleuve Angara, dansun océan de forêts, s'est édifiée laplus grande centrale hydro-électriquedu monde, celle de Bratsk ; et à côtéla nouvelle ville de Bratsk s'est déve¬

loppée. D'énormes entreprises y sontdéjà à l'euvre, telle que l'usine d'alu¬minium et le complexe pour le travaildu bois, dont les bâtiments s'étendent

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L'U.R.S.S. AUJOURD'HUI (Suite)

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sur six kilomètres. Les premières uni¬tés d'une station hydro-électrique en¬core plus grande, celle de Krasnoiarsksur la rivière lénisséi (la puissancetotale de cette station sera de 6 mil¬

lions de kilowatts), devraient démar¬rer en 1967 et la construction d'une

station encore plus puissante, cellede Saiano-Chouchensk a commencé.

L'abondance d'énergie à bon mar¬ché en Sibérie annonce une prospé¬rité rapide de l'industrie, en particulierdes branches qui consomment beau¬coup d'énergie. Par exemple, de nom¬breuses usines d'aluminium sont déjàen marche en Sibérie : l'une à Bratsk,

mentionnée plus haut, une à Kras¬noiarsk, une près d'Irkoutsk et uneautre dans le bassin de charbon deKouznetsk.

La production de fonte et d'acierest en expansion. Une grande usine defonte et d'acier a été construite à

Novokouzsnetsk avant la deuxième

guerre mondiale, et une seconde aprèsla guerre. Des fonderies et des acié¬ries seront aussi construites dans

d'autres parties de la Sibérie.

Ces métaux sont la base d'une grosseproduction de machines. Par exemple,¡a ville de Novosibirsk, sur l'Ob, pro¬duit maintenant autant de machines

que toute la Russie avant la révolu¬tion. Krasnoiarsk, sur le Yénisseï, estdevenu un grand centre de construc¬tion de machines, produisant desbateaux de rivières, des ponts-grues,des moissonneuses-batteuses automo¬

trices, des réfrigérateurs, des machi¬nes à laver, des pianos, etc.

Un des plus importants bassins depétrole et de gaz du monde a étérécemment découvert dans le Tioumen,au nord-ouest de la Sibérie, dans labasse vallée de l'Ob. Il produit déjàdu pétrole et du gaz, et de longs oléo¬ducs, des lignes de chemin de fer etdes routes pour automobiles sont enconstruction. En 1970, il produira au¬tant de pétrole que tout l'Azerbaïdjanavec son vieux centre pétrolier célè¬bre de Bakou.

En Yakoutie, on a découvert au fondde la taïga lointaine et autrefois à peuprès impénétrable, de riches champsdiamantifères où certains diamants

dépassent 106 carats. Leur exploita¬tion a déjà commencé.

De nouvelles villes grandissent enSibérie. A l'est des montagnes del'Oural par exemple, trois quarts detoutes les villes sont neuves.

Maxime Gorki a écrit : « Les paysa¬ges fabuleux de la Sibérie futurefrappent de stupeur l'imagination parleur grandeur... » Ces paroles sont enpasse de devenir une réalité.

La culture commence à fleurir en

Sibérie. Novosibirsk par exemple pos¬sède de nombreux théâtres magnifi¬ques, 14 institutions d'enseignementsupérieur, 6 grands journaux, unebibliothèque scientifique et techniquequi possède 5 millions de livres, etpas très loin, dans une forêt de pins,une cité universitaire. La section sibé¬rienne de l'Académie des Sciences de

l'U.R.S.S. s'y est installée, elle compte

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Des ailes pour les géologuesLes géologues aident aujourd'hui à- modifier la géographie économique de l'URSS.L'année dernière, 1 000 avions et hélicoptères ont emmené des géologues soviétiquessur de nouveaux terrains d'études. Les forages et tranchées géologiques représentent deuxfois le diamètre de la terre. En haut, à droite, un hélicoptère, « taxi » pour géologues,vient d'atterrir dans la toundra de la région de Chukotka, en Sibérie orientale.Au premier plan, d'un troupeau de rennes qui fuit, on ne voit que les bois des animaux.A terre (ci-dessus), l'équipe de géologues se livre pendant des semaines, voire des mois,à un travail difficile, campant dans des régions à peu près inexplorées. Ci-dessous, ungéologue barbu narre ses aventures à la lumière de la bougie. En Sibérie, ingénieurs etstatisticiens travaillent ferme à mettre à jour l'inventaire des richesses du sous-sol.

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Photo © APN - L. Ustinov

Photo © APN - V. Tarasievitch

Ci-dessous, sculpture d'une main géante qui tient unmorceau de minerai de fer : elle est le symbole de ceque doit la Sibérie à ses énormes richesses naturelles.A l'arrière-plan, les bâtiments de l'immense complexed'aciéries de Magnitogorsk, en Sibérie occidentale.

Lezarev

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L'U.R.S.S. AUJOURD'HUI (Suite)

L'appel du Grand Nord

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une vingtaine d'académiciens, une qua¬rantaine de membres correspondantset des centaines de travailleurs scien¬

tifiques.

Une simple enumeration de quel¬ques-unes de ces nombreuses institu¬tions donne une idée du travail qui se

poursuit dans ce nouveau centrescientifique : un institut de mathéma¬tiques avec son propre centre d'ordi¬nateurs, des instituts de physique, dethermo-physique, de chimie minérale,d'automatique et d'électrométrie, decinétique et d'étude de la combustion,d'hydrodynamique, d'économie et destatistique, de cytologie et de généti¬que... Parmi les problèmes étudiés, onpeut citer les réactions thermo-nu¬cléaires contrôlées, les profondeurs dela terre, la cybernétique et beaucoupd'autres sujets.

L'institut d'hydrodynamique a misau point un canon hydraulique capablede désagréger les roches les plusdures. Entre autres fonctions, un ordi¬

nateur électronique à grande vitesse areçu la tâche insolite et combien éloi¬gnée de la « Sibérie », telle qu'onl'imaginait jadis 1 de déchiffrer lesécrits des Indiens mayas, qui vivaientil y a plusieurs siècles en Amériquecentrale : grâce à lui, on a fait ungrand pas dans cette voie. La sciencesibérienne est la plus jeune. L'âgemoyen des savants de la sectionsibérienne de l'Académie des Sciencesde l'U.R.S.S. est d'environ 34 ans.

Des changements étonnants se sontproduits dans l'extrême-nord del'U.R.S.S. Dans la zone côtière de la

Sibérie, jadis bloquée par les glaces,fonctionne maintenant une ligne ma¬ritime régulière équipée en été avecdes brise-glace, dont un le Lénine

est à propulsion nucléaire. Dans lapéninsule de Kola, autrefois sauvage,se dresse aujourd'hui la ville de Mour¬mansk, qui a plus d'habitants que toutel'Islande. La ville de Kirovsk est deve¬

nue un centre mondial de productionde l'apatite. Le pourcentage des habi¬tants des villes dans la péninsule deKola a atteint 95 % ; des instituts derecherches ont été fondés qui étudientle fond de l'Océan et l'aurore boréale.

Plus sauvage et plus abandonnéeencore, était la lointaine région nord-orientale de ce pays, mais maintenant,il y a des entreprises industrielles mo¬dernes et une centrale atomique est enconstruction dans la péninsule deTchoukotsk, à l'intérieur du cerclearctique.

On peut en dire autant de l'extrême-sud de l'U.R.S.S. A titre d'exemple,il faut mentionner la création d'acadé¬

mies des Sciences dans les quatrerépubliques soviétiques d'Asie cen¬trale où, il y a 40 ans, pratiquementtoute la population était analphabète,tandis que la seule forme d'industrieétait l'égrenage du coton.

La nouvelle répartition des centres

industriels a conduit à la création de

nouvelles lignes de communications et,en conséquence, a bouleversé la cartedes transports.

Le pouvoir soviétique n'a pas seule¬ment doublé la longueur des cheminsde fer, développé les communicationsentre le centre et les périphéries, il aaussi réuni les différentes parties dupays par le rail, la route et des voiesnavigables.

Le Turksib, ainsi qu'on l'appelle, arelié l'Asie centrale et la Sibérie, quiont ainsi cessé d'être des appendicestributaires du centre. La ligne de la Si¬bérie du sud traverse une énorme zone

qui va du sud de l'Oural jusqu'auKouzbass et à l'Iénisséi et même plusloin encore. Le canal Volga-Don sertde trait d'union entre la vallée de la

Volga et le Donbass. La nouvelle voied'eau Volga-Baltique permet des trans¬ports à bon marché de Leningrad et dunord aux régions centrales.

La carte agricole du pays a aussibeaucoup changé sous le régimesoviétique. Le socialisme agraire et lamécanisation du travail de la terre ont

permis de remédier à la mauvaise uti¬lisation des surfaces cultivables, dueaux retards de l'agriculture avant laRévolution.

La carte économique a réfléchi l'ex¬pansion rapide de l'agriculture. La sur¬face des terres cultivées a augmentépartout et en particulier dans l'est.Ce processus s'est accéléré récem¬ment de façon spectaculaire par lamise en culture d'une vaste région desteppes située derrière les montagnesde l'Oural, dans le Kazakhstan et dansla Sibérie du sud-ouest.

En un temps très court, d'immensesressources naturelles qui avaient dormipendant des siècles ont été pleine¬ment exploitées. Jusqu'au moment oùla culture intensive fut introduite dans

les terres vierges d'au-delà des montsOural, la surface des terres arablesen U.R.S.S. n'avait augmenté, depuisla Révolution, que d'à peu près lasuperficie de la France. Mais en quel-

Père des grands bar¬rages soviétiques, leDnieproghes a étéconstruit sur le

Dniepr (Ukraine) en1932. Long de 760 m,il a été détruit pen¬dant la Seconde

Guerre mondiale

(1941). Reconstruit, ila aujourd'hui unepuissance de 700 000kW. Il est dépassépar les nouveaux co¬losses construits en

Sibérie, comme

Bratsk, sur l'Angara(4,1 millions de kW)et Krasnoiarsk, surl'Iénisséi (6 millionsde kW).

ques années de travail sur les terres

vierges et depuis longtemps en ja¬chère, l'Est soviétique s'est enrichi deterres arables dont la superficie dé¬passe celle de l'Italie. Un processusde rationalisation et de remembre¬ment est en cours dans ces nouvelles

régions agricoles.

Dans les régions chaudes du Midi,des cours d'eau ont dû être détournés

pour irriguer les champs tandis que,dans le nord, les marécages ont dûêtre drainés et les arbustes arrachés.

Maintenant, presque tous les coursd'eau, de l'extrême sud ont été plusou moins aménagés depuis le mo¬deste Salgir, en Crimée, jusqu'auKoura en Transcaucasie et au Syr-Daria, en Asie centrale. Les désertsbrûlés par le soleil ont été traverséspar de larges canaux d'irrigation, lalongueur du nouveau canal de Kara-Koum, en Turkménie, a dé/à atteint800 kilomètres. Dans beaucoup de ré¬gions de la Polésie biélorussienne etet de la Kolkhida géorgienne, des ma¬rais ont été transformés en des ter¬rains fertiles. Des oasis de culture ont

été créées derrière le cercle arctique.Les sommets des montagnes qui en¬tourent la mer Noire se sont couverts

de plantations de plantes subtropicales.

Afin d'assurer des récoltes sûres et

abondantes dans les régions semi-arides, une mesure stupéfiante a étémise en application : des éléments deforêts ont été plantés dans les steppesouvertes, modifiant tout le paysage dela steppe.

La distribution des cultures dans les

terres arables s'est profondément mo¬difiée. Le blé a émigré plus au norddans la zone sans tchernoziom, la bet¬terave à sucre est passée d'Ukraineen Extrême-Orient. Les cultures maraî¬

chères ont surgi autour des villles, desvergers de pommiers ont conquis lesmonts Oural et la Sibérie où ils étaientinconnus.

Tels sont quelques-uns des impor¬tants changements survenus dans lagéographie économique de l'U.R.S.S.

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DE L'ILLETTRÉ

AU COSMONAUTEpar Viafcheslav Elioutine

Q,[UAND notre pays com¬mença, il y a un demi-siècle, une nou¬velle vie, il fallut que toute la popu¬lation, dès l'âge de huit ans, hom¬mes et femmes, ouvriers et paysans,Russes et Ukrainiens, Kazakhs et Ouz-beks, Nénéens et Azerbaïdjanais,apprît à lire et à écrire. Des millions decitoyens prenaient alors place dans lesorganes centraux, nationaux et locauxde l'administration du pays. Il fallaitremettre sur pied une économie natio-

VIATCHESLAV ELIOUTINE, membre cor¬respondant de l'Académie des Sciences del'U.R.S.S., est actuellement ministre del'Enseignement supérieur et de l'Enseigne¬ment secondaire technique. Auteur denombreuses publications, il est lauréat dugouvernement de l'U.R.S.S.

nale que les guerres impérialiste etcivile avaient complètement ruinée.

En 1913, la part de la Russie tsaristedans la production industrielle mon¬diale était d'un peu plus de 4 %. En1920, du fait de la débâcle causée parces guerres, ce chiffre avait baissé.L'agriculture avait également souffert.

Les statistiques de l'époque attes¬tent qu'au seuil de 1917 80 % de lapopulation du pays étaient entièrementillettrés et que l'analphabétisme parmiles femmes atteignait 88 %. La popu¬lation native des régions périphériquesde la Russie tsariste, surtout celle del'Asie centrale, était, de même, pres¬que totalement illettrée : 0,5 % seule¬ment des Tadjiks, 0,6 % des Kirghiz,0,7 % des Turkmènes savaient lire.

Photo © APN

Ces jeunes filles soviétiquesachèvent leurs études dans une

école de pédagogie de Narlan-Mar, chef-lieu du districtautonome des Nenetz

(ou Samoyèdes), 180 000 km2 àl'intérieur du cercle polaire.Il y a 50 ans, cette immensetoundra était peuplée de nomadesanalphabètes : la languedes Samoyèdes n'avait même pasd'écriture. Aujourd'hui,l'enseignement supérieurest ouvert aux fils et aux filles

des illettrés d'hier. 17,6 %du budget de l'URSS (soit18,7 milliards de roublesen 1967) vont à l'enseignement.

Dans toute la Russie tsariste,

1400 000 personnes seulement sur165 millions d'habitants avaient une

instruction supérieure au programmede l'enseignement primaire. Bref, letsarisme laissait un lourd héritage dansle domaine de l'éducation nationale.

En 1919, le Commissariat du peuple(ministère) de l'Instruction publique dujeune pays des Soviets appréciaitcomme suit l'état des connaissances

techniques dans le pays : « le nombred'ingénieurs, chez nous, est infime...Celui des personnes possédant l'ins¬truction technique secondaire estdésespérément insuffisant... Le niveaugénéral des connaissances techniquesen Russie est modique... »

Les connaissances... Le pays en

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DE L'ILLETTRÉ AU COSMONAUTE (Suite)

Une personne sur trois étudie

En U.R.S.S., une personne sur trois étudie(compte non tenu de la population des écolesmaternelles). Méthodes et programmesd'enseignement sont réaménagés en fonctiondu développement scientifique, et la duréede la scolarité s'étend de plus en plus. Si laleçon est difficile, les écoliers n'en boudent

pas pour autant les jeux de leur âge (en hautà gauche) dans cette classe primaire qui réunitfilles et garçons. (Toutes les écoles sont mixtesen U.R.S.S.) Dans certaines écoles, les enfantsreçoivent dès leur première année d'étudesun enseignement spécialisé, suivant leurs goûtset leurs dons. Ainsi ces mathématiciensen herbe préfèrent, quant à eux, jouer avec leséquations pendant la récréation (à gauche),pendant que cette petite fille du Tadjikistan(république soviétique proche de l'Afghanistan)apprend à lire en anglais (ci-dessous). Traitcommun à tous ces jeunes, qu'ils partagentd'ailleurs avec les moins jeunes : leur passionpour la lecture. On publie chaque année1 250 000 000 livres en U.R.S.S. Dominant un

jeune lecteur à la Maison des Pionniers,à Moscou (ci-dessus), la fameuse silhouettede Don Quichotte semble symboliserla quête de l'aventure.

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avait un besoin urgent, et les gens,dans tous les coins du pays, aspiraientau savoir. Aujourd'hui, les pays en voiede développement éprouvent quelquechose de semblable, à la seule diffé¬rence que le pays des Soviets n'étaitpas aidé de l'extérieur ; il n'y avait pasnon plus, alors, d'organisation interna¬tionale comme l'Unesco qui eût puprêter son aide dans le domaine del'instruction. Par contre la Russie

Soviétique avait une couche, peuconsidérable il est vrai, d'intellectuelsd'avant-garde, une jeunesse étudiantepleine d'enthousiasme, prête à donnerses forces, son temps et son savoir àla cause de l'instruction du peuple.L'accès dans les écoles était ouvertà tous.

De nouveaux étudiants étaient venusdans les instituts et les universités :

ouvriers, paysans d'hier et leurs en¬fants. La plupart d'entre eux ne possé¬daient pas les connaissances néces¬saires. C'est pourquoi on créa, surl'initiative des ouvriers de Moscou, des« facultés ouvrières », où des adultesayant une grande expérience de la vies'assimilaient les rudiments des scien¬

ces exigés pour entrer dans les écolessupérieures. Les facultés ouvrièresn'ont fonctionné qu'un certain temps,mais dans les conditions d'alors elles

étaient pleinement justifiées. Avecl'essor et le perfectionnement del'enseignement secondaire dans lepays des Soviets, elles ne sont plusnécessaires.

Nombre de dirigeants actuels d'en¬treprises, d'instituts, beaucoup desavants soviétiques ont reçu leur pre¬mière formation dans les facultésouvrières.

Citons parmi eux le professeurEvgueni Tovstykh, recteur de l'Institutdes constructions navales de Lenin¬

grad. Fils d'un ouvrier, il a travaillé lui-même dès l'âge de quinze ans. De1926 à 1929, Tovstykh, envoyé par leKomsomol, étudia à la faculté ouvrièrede Nikolaiev, puis, de 1929 à 1933, àl'Institut des constructions navales de

cette ville. Ses études achevées, l'in¬génieur Tovstykh, d'abord contremaître,devient, d'échelon en échelon, direc¬teur des plus grands chantiers deconstructions navales du pays, dontl'Usine Baltique de Leningrad. Depuis1945, il dirige l'Institut des construc¬tions navales de Leningrad. Savant etprofesseur, il est aussi un militantsocial actif.

Le droit des citoyens à l'instructionest défini par la Constitution del'U.R.S.S. Il est garanti par l'instructionobligatoire pendant une durée de huitannées, par l'essor constant de l'ins¬truction tant secondaire générale queprofessionnelle et technique, de l'ins¬truction secondaire spéciale et su¬périeure encourage par l'Etat. EnU.R.S.S., toutes les formes d'études

sont gratuites. La plupart des étu

diants ainsi que certains élèves d'éco¬les secondaires spéciales, sont dotésde bourses et logés.

Les écoles de l'Union Soviétique ontformé, depuis l'instauration du pouvoirdes Soviets, près de 7 millions de spé¬cialistes possédant une instructionsupérieure et plus de 1 1 millions despécialistes de qualification secon¬daire. Rien que dans les années duseptennat 1958-1965, plus de 5 millionsde spécialistes, dont 2 412 000 possé¬dant une instruction supérieure ont étépréparés conformément au plan dedéveloppement de l'économie natio¬nale.

Au seuil de 1967, l'économie sovié¬tique occupait 1800 000 ingénieurs,plus de 3 millions de techniciens,320 000 spécialistes de l'économie ru¬rale ayant fait des études supérieureset environ 500 000 possédant une ins¬truction secondaire spéciale, 554 000médecins, près de 2 millions d'ensei¬gnants de qualification supérieure et1300 000 de qualification secondairespéciale.

Il convient de noter que, parmi lesspécialistes soviétiques possédant uneinstruction supérieure, il y a 2 518 000femmes, soit 52 %. Parmi les spécia¬listes ayant fait des études secondai¬res spéciales, les femmes sont aunombre de plus de 4 400 000, soit 62 %du nombre total des spécialistes.

Les écoles professionnelles ont for¬mé, de 1940 à 1966, près de 17 mil¬lions d'ouvriers qualifiés.

Dans l'année scolaire 1966-67, lenombre de Soviétiques faisant desétudes, sous une forme ou une autre,s'est élevé à 72 millions, dont plus de48 millions d'élèves des écoles d'en¬

seignement général. Aujourd'hui,l'U.R.S.S. compte 767 universités etinstituts (c'est-à-dire sept fois plus quen'en avait la Russie tsariste), avec4 120 000 étudiants (34 fois plus quedans l'ancienne Russie), et environ4 000 écoles techniques* comptant4 millions d'étudiants.

Les écoles supérieures de l'U.R.S.S.se divisent en deux groupes : les ins¬tituts et les universités. Les instituts,dont le programme comporte de quatreà six années d'études, forment des in¬

génieurs, des agronomes, des méde¬cins, des enseignants, des économis¬tes, des juristes et autres spécialistes.Actuellement, il y a des instituts et desuniversités dans les 15 républiquesfédérées du pays.

En 1967, les écoles supérieures ontreçu 900 000 nouveaux étudiants, dont405 000 pour l'enseignement du jour,et les autres pour les cours du soir oud'enseignement par correspondance.Les étudiants des facultés et instituts

du soir et d'enseignement par corres¬pondance jouissent de différentsavantages dans les entreprises. Parexemple, ils obtiennent des congés

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Photo © APN - V. Chustov - M. Alpert

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DE L'ILLETTRÉ AU COSMONAUTE (Suite)

Les échanges usine-école

supplémentaires de 40 jours au pluspar an pour les travaux de laboratoire,les épreuves et les examens, ainsi que,dans la dernière année d'études, uncongé payé de quatre mois aux étu¬diants des écoles supérieures et dedeux mois aux élèves des écoles se¬

condaires spéciales pour la prépara¬tion et la soutenance du projet en vuede l'obtention du diplôme.

Le rapport de la durée d'enseigne¬ment des branches de l'enseignementsupérieur est le suivant : dans les éco¬les techniques supérieures, presque lamoitié du temps d'études est réservéeaux matières d'enseignement général(sciences sociales, mathématiques su¬périeures, physique, chimie, langueétrangère, etc.), 25 % à l'enseignementtechnique général (résistance des ma¬tériaux, pièces des machines, théoriedes mécanismes et des machines, élec¬trotechnique, hydraulique, etc.), de 25à 30 % aux branches spéciales. Lestravaux pratiques représentent près de25 % de la durée totale des études.L'expérience montre qu'à la conditiond'une solide préparation théorique gé¬nérale cela est tout à fait suffisant.

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'N doit noter que les écolessupérieures ne sont pas suffisammentliées au travail scientifique pratique.Ces dernières années, les contacts ontété notablement développés. Sur com¬mande des entreprises industrielles,des kolkhozes, des sovkhozes et dedifférents organes économiques, lesécoles supérieures, ainsi que les so¬ciétés savantes des étudiants et les

bureaux d'étude examinent les indices

économiques du travail des entrepri¬ses, élaborent des projets de machineset machines-outils, prospectent lesous-sol, s'occupent des problèmesdémographiques.

Par exemple, les étudiants de l'Ins¬titut du génie civil de Moscou ont pré¬paré un projet de ville expérimentalepour la zone polaire, un projet de quaiavec aménagement de la zone atte¬nante au réservoir d'eau de la ville

d'Ijevsk.

Les étudiants de l'Institut d'architec¬

ture de Moscou ont préparé un projetde réaménagement de la région indus¬trielle d'Ivanovo.

Le volume sans cesse croissant des

connaissances scientifiques (les spé¬cialistes estiment que la quantité d'in¬formation scientifique dans le mondedouble tous les dix ans) et la duréerelativement limitée de l'instruction

exigent, certes, un perfectionnementcontinu des études. Le cinéma, la ra¬dio, la télévision, les dispositifs mathé¬matiques de calcul viennent de plus enplus aider les méthodes traditionnellesd'enseignement (cours, travaux de la

boratoire, etc.). L'étude des problèmesd'enseignement programmé enU.R.S.S. est de date relativement ré¬

cente, mais une expérience positive adéjà été acquise dans ce domaine.

En collaboration avec les spécialis¬tes de la pédagogie, de la psychologie,de la cybernétique, de la logique ma¬thématique, les scientifiques et les étu¬diants des instituts ont créé nombre

de dispositifs divers d'enseignementet de contrôle.

D'année en année, un nombre tou¬jours plus grand de jeunes viennentde l'étranger faire leurs études enU.R.S.S. Il y a surtout, dans les insti¬tuts soviétiques, beaucoup de jeunesdes pays d'Asie, d'Afrique et d'Améri¬que latine. Actuellement, on compte enU.R.S.S., dans presque 300 écoles,plus de 24 000 citoyens étrangers de130 pays du monde, dont plus de10 000 des pays asiatiques, africains etlatino-américains.

Parmi les écoles supérieures sovié¬tiques qui préparent des cadres natio¬naux pour les pays d'Asie, d'Afriqueet d'Amérique latine un rôle importantrevient à l'Université de l'amitié des

peuples Patrice Lumumba, fondée en1960. Près d'un millier de jeunes ingé¬nieurs, agronomes, mathématiciens,physiciens", juristes, philologues et éco¬nomistes ont déjà achevé leurs étudesdans cette université et, devenus desspécialistes, ont regagné leurs pays.

Outre la formation de spécialistesétrangers dans les écoles supérieuressoviétiques, l'U.R.S.S. prête un con¬cours technique actif à la création decentres d'étude dans les pays en dé¬veloppement. On a bâti ou l'on est entrain de bâtir avec l'aide de l'Union

Soviétique, 22 centres en Birmanie, enInde, en Indonésie, en Ethiopie, auCambodge, en Guinée, au Mali, en Al¬gérie, au Kenya, en Afghanistan, enTunisie et ailleurs.

Les établissements d'enseignementsupérieur soviétiques aident à élabo¬rer des plans de méthode didactique,envoient des manuels, des publica¬tions spéciales, des informations scien¬tifiques et techniques pour ces centresd'étude. Et des centaines d'ensei¬

gnants soviétiques y travaillent.

La tâche la plus importante des éco¬les supérieures et secondaires techni¬ques consiste à perfectionner la forma¬tion et l'éducation des spécialistes entenant compte des exigences de la pro¬duction, de la science, de la techniqueet de la culture contemporaines et desperspectives de leur développement.A cet effet, les collectivités scientifi¬

ques ont élaboré des mesures pour ladétermination du volume et du contenu

non seulement de chaque forme d'ins¬truction, mais aussi de chaque matière;,ce qui représente une sérieuse ga-'rantie de nouveaux succès dans le dé¬

veloppement de l'instruction supérieu¬re et secondaire spécialisée.

L'enseignemenpar Mikhail Prokofiev

L"EDUCATION de la jeune

génération a été longtemps l'objetd'analyses et de critiques dans lesrevues spécialisées et la grandepresse, dans les colloques et les confé¬rences. On a étudié le problème sousdifférents angles et à des niveauxdivers et nous voyons aujourd'hui plusclairement quels sont nos points fortset nos points faibles, et comment nouspouvons améliorer l'enseignementpublic.

Nous sommes maintenant convain¬

cus, en premier lieu, que lorsque l'onessaie de donner une formation pro¬fessionnelle dans les écoles secon¬daires,' il en résulte une baisse du

niveau scolaire et de l'intérêt pour lesmatières principales.

MIKHAIL PROKOFIEV est professeur àl'Université de Moscou. Membre corres¬pondant de l'Académie des Sciences del'U.R.S.S., il est actuellement ministre del'Instruction publique de l'U.R.S.S. Il aconsacré de nombreux ouvrages aux pro¬blèmes de l'enseignement universitaire, àl'étude ae l'organisation scolaire en U.R.S.S.et à l'accès des techniciens aux étudessupérieures.

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face aux multiplesproblèmes de demain

Dans cette classe, les étudiants appartiennentà une nouvelle génération de savants et demathématiciens formés, en URSS, dans descentres spécialisés. Les étudiants sontsélectionnés pour ces écoles spécialisées à lasuite d'un concours, les Olympiades scientifiques,que seuls les plus doués peuvent affronter.

Il est aussi devenu évident que lesbuts, les méthodes et les programmesde l'enseignement doivent être recon¬sidérés.

A une époque de progrès scienti¬fiques et technologiques rapides, épo¬que de ce que l'on a appelé « l'explo¬sion de l'information », l'enseignementde bien des matières scolaires est

resté inchangé ; ou, pis encore, lesvieilles disciplines ont été replâtrées àcoups d'idées à la mode qui donnentl'illusion de combler le fossé entre des

notions périmées et le savoir contem¬porain. Une longue tradition scolairea généralisé des méthodes qui fonttrop appel à la mémoire verbale.

Il y a cinquante ans, notre premiersouci avait été de liquider l'analpha¬bétisme. Cette tâche accomplie, nousavons rendu obligatoires et universel¬les la scolarité élémentaire, puis lascolarité de sept ans, maintenant dehuit ans, et bientôt l'éducation secon¬daire.

Il y a deux ou trois ans, nous disionsaux enfants de quinze ans : « Vousavez passé huit ans à l'école, mainte¬nant trouvez du travail et rendez à la

nation ce qu'elle a payé pour votreéducation. » Aujourd'hui nous leurdisons : « La production moderne exigeque vous soyez plus instruits. Desconnaissances plus étendues accroî¬tront votre polyvalence et votre viesera plus intéressante. La société vousappréciera davantage si vous poursui¬vez votre scolarité jusqu'au bout dansun établissement d'enseignement se¬condaire général ou, à votre choix,dans une école secondaire spécialiséeou une école professionnelle où vousapprendrez un bon métier et acquerrezdes connaissances théoriques et pra¬tiques, ainsi que de l'expérience. »

Ce nouvel humanisme semble aller

de soi mais il n'est pas si facile àmettre en pratique. Rien ne peut jamaisse faire mécaniquement dans le do¬maine de l'enseignement. Même avecles meilleurs programmes et le plusparfait équipement scolaire, l'éducationn'aura d'effet sur la société qu'au prixd'une action individuelle patiemmentexercée sur les maîtres, les élèves et

les parents.

Il est de plus en plus nécessaireque tous les jeunes reçoivent une édu¬cation secondaire complète. Nous

avons l'intention, dans les quelquesannées qui viennent, d'amener tous lesgarçons et les filles à bénéficier d'unenseignement secondaire, sous uneforme ou sous une autre.

Aux termes d'une première formule,les élèves apprendront, en dix ansd'études secondaires, les principesessentiels des sciences, ce qui leurpermettra d'entrer dans une universitéou un collège universitaire. Nous esti¬mons que 70 à 75 % des jeunes genschoisiront cette voie.

Selon une seconde formule, les jeu¬nes gens pourront, après huit annéesd'études, entrer dans une école secon¬daire spécialisée où ils apprendront unmétier ou une technique qui leur per¬mettra d'obtenir un emploi requérantun niveau moyen de spécialisation.

Ces deux types de formation,complétés par des cours du soir et descours par correspondance, permettrontde donner une éducation secondaire à

tous les jeunes gens. Néanmoins, denombreux problèmes se posent, entreautres celui de l'adolescent qui peut nepas désirer finir ses études. C'est seu¬lement en établissant des contacts

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Photo © APN - V. Tarasevitch

JEUNESSE SOVIÉTIQU

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De Norilsk, dans l'arrondissement national de Taimyr, on a dit qu'elle était une« ville pas comme les autres ». Elle est construite sur le permafrost : c'est-à-direque le sol est éternellement gelé. Elle est entourée d'énormes écrans de bois pourécarter la masse des neiges. C'est aussi une ville de jeunesse ; la moyenne d'âge deshabitants est en effet de 25 ans. Elle possède des piscines chauffées, et c'est à Norilskque la consommation d'eau chaude par personne est la plus élevée de toute l'URSS.Ci-dessus, ébats dans la piscine au jardin d'enfants. A droite, au Club de jeunessede Leningrad : après les concerts ou les conférences, on se retrouve au buffet.

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L'Union soviétique est aujourd'hui le théâtre de très grands changements, dans lesquelsla jeunesse joue un rôle considérable. Ci-dessous, deux jeunes gens dirigent une coupede bois dans l'immense région forestière d'Arkhangelsk, à l'extrême nord de l'URSS.La jeune fille est un expert forestier expérimenté, et le jeune homme est son adjoint.Ci-contre : on rêve, on espère, on fait des projets d'avenir...

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D'UNE GÉNÉRATION A L'AUTRE

O« La Défense de Petrograd », la célèbrepeinture d'Alexandre Deineka, exécutée en

1928, est aujourd'hui à la Garlerie Tretiakov, àMoscou. Dans cette composition rigoureuse etaustère, le peintre a ressuscité l'esprit qui animaitla population russe lors de l'instauration du nouveaurégime social et politique.

©Jeunesse soviétique dans une station ukrainiennedes sports d'hiver où règne l'animation d'une

journée de loisirs.

©Une jeune fille de Kiev à son travail dans uneusine qui fabrique du matériel de haute précision

électrique.

©Trois générations réunies à Maharadzé(République de Géorgie) : encadrant le * e\

grand-père, un vieux paysan, le fils (à droite) mutilé I Mde la Seconde Guerre mondiale et le petit fils, qui ' "fait des études secondaires et se destine à une

carrière scientifique.

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PROBLÊMES DE DEMAIN DANS L'ENSEIGNEMENT (Suite)

Individualiser les méthodes et

les débarrasser des stéréotypes

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étroits avec chaque adolescent et cha¬que famille que nous atteindrons notrebut.

Pour cela, il nous faudra ouvrir etéquiper huit mille écoles secondairesnouvelles en 1967-1968, et trouver desprofesseurs. Nous avons déjà tracé lesgrandes lignes du développement del'enseignement. Nous savons que nousne pouvons pas tout changer à la foiset nous avons l'intention d'améliorer

les programmes progressivement et defaçon continue. Un nouvel horaired'études va alléger le fardeau desélèves : il y aura 24 heures de coursobligatoires par semaine dans les pe¬tites classes et 30 heures dans les

grandes classes. Médecins et physio¬logistes estiment que c'est sans doutela meilleure formule. Nous prévoyonsen outre un choix de matières à option

répondant aux préoccupations et auxgoûts de chacun. Ces cours facultatifsdoivent être particulièrement bienconçus et ils seront confiés à des spé¬cialistes. Un professeur médiocre nesaura jamais rendre attrayant un coursfacultatif, qui risque de devenir pur ver¬biage ou rabâchage.

Depuis quelques années, une trèsnombreuse équipe composée d'érudits,de méthodologistes, de professeurs etd'instituteurs procède à un réexamenattentif des nouveaux programmes. Elleles a, dans l'ensemble, approuvés.L'idée conductrice a été d'éviter de

surcharger la mémoire des élèves etde mettre plutôt l'accent sur l'étude,conçue dans l'esprit de la science mo¬derne, des lois fondamentales quirégissent l'évolution du monde matérielet de la société.

Dans les sciences biologiques, ondonnera aux élèves une idée de la

grande variété des formes de la vie,du virus à l'être humain. Mais là encore

l'important n'est pas d'apprendre parc les noms d'innombrables espè¬ces, familles, etc., mais de saisir leslois fondamentales qui gouvernent lesfonctions de l'organisme vivant. C'estce que le cours de biologie généralequi fait maintenant partie du pro¬gramme doit réaliser mais jusqu'ici lesécoles ne l'ont appliqué que très len¬tement.

En chimie, les élèves devront étu¬

dier un grand nombre de corps natu¬rels et de substances synthétiques.Leurs efforts seront récompensésquand ils comprendront les lois de laformation des corps chimiques qui leurseront exposées sous une forme ac¬cessible et moderne au cours de chi¬

mie minérale et organique.

Le cours relatif à la littérature des

pays de l'Union soviétique et desautres pays ne peut naturellement êtreexhaustif ; même les cours des insti¬tuts spécialisés ne le sont pas. Au ni

veau secondaire, ce cours n'a pas pourobjet de rendre compte d'unemais d'apprendre à l'élève à y réflé¬chir, à dégager les faits et les condi¬tions sociologiques ainsi que lesprincipes moraux qu'elle implique, àdiscerner la beauté de la forme et à

développer chez l'enfant le goût de lalecture.

Il faut individualiser les méthodes

d'enseignement et les rendre plus acti¬ves, les débarrasser des stéréotypesqui proviennent parfois d'un respectexcessif pour des méthodes tradition¬nelles présumées valables en toutescirconstances. Nous savons que plusl'enseignement s'appuiera sur le prin¬cipe qu' ' apprendre c'est découvrir »,plus il sera efficace. Les expériencesde laboratoire sont loin d'avoir toujourspour fonction de confirmer des loisapprises dans le manuel. Plus souvent,le processus est inverse et le maîtreexpérimenté, partant de l'observationdes faits, qu'il explique et interprète,amène l'élève à redécouvrir une loi.

En dernière analyse, la réforme desméthodes d'enseignement vise à fairecomprendre à l'élève que la sciencen'est pas quelque chose de fini et defigé, mais une pénétration toujours plus

profonde dans le monde de l'inconnu.

Telle est en gros la direction queprend à l'heure actuelle la réorgani¬sation des études et des programmes ;elle repose naturellement sur l'instal¬lation de laboratoires et de salles de

travail, sur la publication de bons ma¬nuels et autres livres d'étude, sur la

mise au point, enfin, d'un matériel d'en¬seignement comprenant des auxiliairesaudio-visuels ainsi que les dispositifsd'enseignement programmé chers àl'académicien A.l. Berg, et bien d'au¬tres appareils modernes.

La nouvelle génération vit décidé¬ment à une heureuse époque. L'hommea acquis une connaissance très pous¬sée des phénomènes sociaux, et il s'ensert pour refaire le monde en vue dubonheur de l'humanité. Il est en train

d'approfondir sa connaissance de l'uni¬vers et de la structure intime de la

matière. Il étudie les phénomènes de lavie et s'essaie, timidement encore, àen modifier les formes inférieures. Le

progrès n'est qu'affaire de temps. Nousvoyons monter une génération de gensactifs et curieux, inspirée par le grandidéal du bonheur universel, et lesécoles ont beaucoup contribué à culti¬ver en elle ce magnifique optimisme.

Photo © Almasy

Plus de 4 millions

d'étudiants fréquententactuellement

les universités

et les instituts

d'enseignementsupérieur en URSS.Dans le seul domaine

des sciences, plusde 700 000 hommes

et femmes, diplômés,sont en ce moment

au travail dans

l'ensemble du pays.Ici, de jeunesscientifiques discutent,dans un institut

soviétique, avec descollègues venusd'autres pays.

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Au crépuscule, dans le doux éclat des dernières lumières, la Place Rouge, à Moscou, devientféerique. La place, le mur et les tours du Kremlin (sur la gauche) sont les symboles de la ville, mêmepour ceux qui ne l'ont jamais visitée. Avec ses églises, ses palais et ses murs d'enceinte qui s'étendentsur plus de 2 km, le Kremlin est le centre historique, culturel et architectural de Moscou autant que lesiège du gouvernement de l'URSS. En 1947, Moscou a célébré son 800e anniversaire.

Réflexions sur la culture soviétiquepar Serguei Cuerassimov

NOUS tous qui vivons au

20e siècle, nous portons en nous, mê¬me si nous ne sommes doués qued'une mémoire médiocre, un nombreinfini d'images et d'idées contradictoi¬res, complexes, tragiques et splendi¬des, car ce siècle est marqué par unedensité d'événements, de bouleverse-

SERGUE1 GUERASSIMOV, célèbre artistedramatique, il est aussi le réalisateur denombreux films, primés dans les festivalsdu cinéma, à l'étranger comme en U.R.S.S.« Le Journaliste », dont il était le scénaristeet le metteur en scène, lui valut, en 7967,

le premier prix du Festival du film de Mos¬cou. Il est le réalisateur du film tiré du

célèbre roman de Cholokov : « le Don

paisible ».

ments et de découvertes inconnue

jusqu'ici dans l'histoire.

Le terme « culture », si nous lais¬sons de côté la définition du diction¬

naire, recouvre un grand nombre deconcepts et d'idées ; chacun l'inter¬prète à sa manière. Cependant, l'hom¬me incline à y voir son bien suprême,le fruit de son travail, de ses souffran¬ces, de ses recherches, ce qui lui esttransmis de génération en générationdans le dessein aussi noble que spon¬tané d'améliorer l'humanité. Mais les

matérialistes ne prétendent pas quece processus soit toujours simple etdirect, la progression étant à chaquepas plus aisée. Au cours de cette mar¬che difficile et inexorable, l'humanitéest aux prises avec des contradictions

et des conflits extrêmement violents,

entre autres des tragédies comme lesdeux guerres mondiales, et plus par¬ticulièrement la dernière qui a faitdes dizaines de millions de victimes.

Malgré tout, la progression se pour¬suit avec un élan toujours accru. Pournous qui bâtissons un monde socia¬liste, il est très encourageant de savoirque nous le faisons pour tous leshommes.

Il se trouve que j'ai consacré plusde quarante ans de ma vie au cinéma,cet art prodigieux né du 20e siècle,inséparable des découvertes scientifi¬

ques et techniques et partie intégrantede notre vie.

Peut-être faudrait-il, pour avoir uneimage vraie de notre époque, voir l'un

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NOUVEAUX HORIZONS A MOSCOU

Moscou, capitale de l'URSS, est une métropole' en expansion

continue. La ville proprement dite compte 5 millions d'habitants,

et les agglomérations de la proche banlieue, qui se sont

développées le long des grands axes de circulation, 3 millions.

Les nouveaux plans d'urbanisme vont en quelque sorte ressouder

entre elles ces agglomérations suburbaines, et créer sur toute

la périphérie de Moscou de nouvelles cités modernes. A droite,

photo de la maquette de l'un de ces quartiers en voie de

construction, où de vastes espaces verts sont aménagés au

sein de groupes d'immeubles. Ci-dessus, les grands maîtres

d'ouvre de la nouvelle Moscou : Mikhail Posokhine (à gauche),

ministre de l'urbanisme de l'URSS, président du Comité

gouvernemental pour la construction et l'architecture ; il a fait les

plans du Palais des Congrès édifié au Kremlin en 1961 (voir

p. 26). A son côté, Mikhail Perchine, architecte en chef des projets

d'urbanisme. Ci-dessous, le long de la Perspective Leningrad, en

direction de l'aéroport de Chérémétiévo, la maquette d'un nouveau

quartier, actuellement entièrement achevé.

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NOUVEAUX HORIZONS

A MOSCOU (suite)

Ci-dessous, ces maquettes d'immeublesdans un ensemble architectural du

centre de Moscou révèlent le plan

concerté de développement de la

capitale de l'URSS jusqu'en 1980. Lestraits de la nouvelle Moscou sont

donnés par les immeubles très élevés dela Perspective Kalinine (1), et par le

Rossiya (2), le plus récent et le plus

grand des hôtels de Moscou. Entre euxse dessine la forme triangulaire du

Kremlin, dont le mur méridional s'élèveau-dessus d'un méandre de la Moskova.

Ci-dessous, au centre, d'autres modèles

caractérisent avec plus de détails les

édifices de la Perspective Kalinine.

La photo ci-contre (prise en août 1967),

les montre à peu près achevés.

Ci-dessous, à droite, l'Hôtel Rossiya.

Situé près de la Place Rouge, il est

en face de la Moskova (au premier plan)

et peut recevoir 6 000 personnes.

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Photos © Almasy

FORMES ET

MATÉRIAUXLa nouvelle architecture

soviétique témoigne de lahardiesse des formes

conçues à la fois à desfins décoratives et

fonctionnelles. Les

matériaux traditionnels,marbre, céramique, bois,s'y allient au béton, auverre, à l'aluminium.A gauche, en haut, lehall du Palais des Congrèsdont l'architecte Mikhail

Posokhine (voir page 22)reçut pour son ruvre lePrix Lénine. A gauche, lesarcs en plein cintre d'unestation du métro de

Moscou, construit avant

la seconde guerremondiale. En haut, àdroite, la silhouette ailéede « La Colombe », uncafé terrasse de Bakou,capitale de la Républiqued'Azerbaïdjan. A droite, lePalais des Sports(6 000 places) de Minsk,capitale de la Républiquede Biélorussie. La ville,

détruite pendantla dernière guerre,a été reconstruite de

la manière la plusmoderne.

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CULTURE SOVIÉTIQUE (Suite)

après l'autre tous les grands films,depuis « Intolérance » de Griffith, et« Le Cuirassé Potemkine » d'Eisens-

tein jusqu'aux films de 1967.

Le cinéma n'aurait évidemment puréaliser cet exploit historique s'iln'avait disposé de tout l'acquis desautres arts qui lui ont donné vie etdont il est la synthèse. C'est pourquoiles réalisateurs de films, payant à lavérité son tribut, n'oublient jamais quela littérature et la musique sont mèresde tous les arts.

Lorsqu'en pensée, Je retourne auxsources de ¡a culture soviétique, jerevois des hommes de ma profession,et à côté d'Eisenstein à 25 ans, la

grande figure de Maïakovski, soncontemporain, et Chostakovitch à18 ans.

Leur génération a abordé la vie enmême temps que des millions d'autres,qui venaient de franchir le seuil denotre grande époque.

Il serait bon de rappeler Ici cequ'était la Russie tsariste au début duXXe siècle : un empire qui s'étendaitsur deux continents, de la Baltique etla mer Noire jusqu'au Pacifique.

Lorsque je ferme les yeux par lesnuits d'insomnie, ma mémoire, où sont

gravés à jamais mes souvenirs d'en¬fance, me restitue l'image du grosagent de police d'Ekatérinenbourg, maville natale, enfoncé jusqu'aux genouxdans la boue de printemps et d'au¬tomne au coin de la rue Malakhovs-

kaya. Je me souviens des boutiquesqui se dressaient parmi les taudis misé¬rables. Ces maisons de commerce res¬

semblaient à des commodes pleines depunaises et de stupidité fétide, et jene peux oublier la graisse flasque etl'arrogance des gloutons somnolentsqui y trônaient. Je me rappelle le vil¬lage où j'ai vécu mon enfance, et sonéconomie entièrement naturelle, oùtous se nourrissaient et s'habillaient

des produits de leurs misérablesfermes.

Il en était de même dans tout le

pays, à l'exception de quelques villesoù la vapeur et l'électricité apportaientle confort.

Dominant tout cela, il y avait l'an¬cienne Moscou et Saint Petersbourg,la belle capitale de l'empire russe,séjour préféré des riches propriétairesterriens où, à côté de la cour et de sessplendeurs, naquit une grande culturenationale qui a donné à l'humanité deshommes de génie comme Dostoievsky,Pouchkine, Tolstoï, Gogol, Chevt-chenko.

Quelque part, très loin, vaguementconnus des fonctionnaires du tsar, ettotalement ignorés des citadins,vivaient des dizaines de millions

d'hommes et de femmes en chaus¬

sons tressés et vêtements de toile

grossière. Et encore plus loin, il yavait des étrangers, que même leurgouverneur tsariste ne comprenait pas.Pour l'homme de la rue, ces peuplesétaient un concept géographique plu-

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Un grand nom dela musique. DimitriChostakovitch

(à gauche),est né en 1906 à

Saint-Pétersbourg.Il a passé desrecherches

savantes d'avant-

garde à de vastescréations

épiques, comme« Le Chant

des Forêts » et de

célèbres

symphonies, dontla "P, dite - deLeningrad »,écrite dans la ville

assiégée (1941).

Le fameux chef

d'orchestre et

compositeursoviétique DimitriKabalevski (à g.).Son suvre est

extrêmement

variée : ballets,symphonies,opéras, dont

un, « Colas

Breugnon » (1938),est inspiré par unouvrage del'écrivain françaisRomain Rolland.

Ce jeune poète, Eugène Evtouchenko,est de ceux dont raffolent les jeunesSoviétiques, et sa réputation arapidement franchi les frontièresde l'U.R.S.S. Il est traduit en

plusieurs langues.

Photo © APN - O. Makarov

CULTURE SOVIÉTIQUE (Suite)

Romanciers kirghizes et peintres arméniens

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tôt que des êtres humains d'ethniesdiverses. Ils étaient des objets sansâme ni esprit, ni cour, ni sentiment,sans langue officielle, sans alphabet.

C'est de tout cela qu'a hérité laclasse ouvrière révolutionnaire lors¬

que le tsarisme s'est effondré. LaRévolution d'Octobre a décidé de l'his¬

toire de notre pays et lui a fait pren¬dre une direction nouvelle.

C'est alors que s'est posée la ques¬tion sacramentelle, celle que RomainRolland a formulée plus tard : « Dequel côté vous rangez-vous, maîtresde la culture ? » C'est tout à l'hon¬

neur de l'intelligentzia russe qu'elle aitsu faire son choix avec lucidité, cou¬rage et bon sens. Notre peuple n'ou¬bliera jamais qu'il a à ses côtés dans

la révolution des géants comme Pav¬lov et Timirïazev, Gorki, Blok et Maïa-kovski, Mayerhold et Stanislavski,Pétrov-Vodkine et Nesterov.

En toute justice, il faut reconnaîtrequ'un grand nombre d'éminents intel¬lectuels russes ne surent pas compren¬dre tout de suite et accepter dans leurcnur les grands bouleversements quevivait leur pays. Ils furent effrayés parl'austérité et la dureté des premièresannées de la révolution et partirent àl'étranger. Plus tard, nombre d'entreeux sont revenus au pays. D'autressont restés à l'étranger jusqu'à la finde leurs jours.

Dans les années 20, la culture sovié¬tique s'est enrichie de noms nouveauxet d'une riche moisson de chefs-d'su

vre grâce à l'éveil de nouvelles cou¬ches de la société et de nationalités

entières à qui on reconnaissait pourla première fois le droit à l'autodéter¬mination, à une langue écrite, et à lalibre expression de soi, et qui sontaujourd'hui les peuples de l'Union desrépubliques socialistes soviétiques.

N'est-il pas significatif que beaucoupde ceux qui, d'Amérique, d'Europe,d'Afrique ou de la -lointaine Austra¬lie, viennent en Union Soviétique, ma¬nifestent un vif désir de visiter, outreMoscou, Leningrad et Kiev, les répu¬bliques d'Asie centrale, jadis lesrégion les plus reculées de l'Empirerusse ? Qu'ils soient écrivains, artistesou hommes d'affaires, ils reviennent

tous d'Asie centrale profondément

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L'un des quelquedix théâtres de

Leningrad,le théâtre Kirov

(à droite),scène d'opéraet de ballet.

Prestigede la

musiqueet de

la poésie

A gauche, leprestigieux pianistesoviétiqueSvyatoslav Richter.Né en 1914, il estl'un des plusremarquablesinterprètes deBach, Beethoven,Haydn, Scriabine,Debussy, Prokofiev.Il reçut le PrixLénine en 1961.

Photo © Almasy

émus par ce qu'ils ont vu, même aucours de la visite la plus rapide.

Peut-être l'essor prodigieux de cesrépubliques est-il le témoignage le plusfrappant de la victoire morale autantqu'économique de notre pays. Nousconsidérons nous-mêmes cette réus¬

site comme la plus éclatante. Eile estd'autant plus révélatrice pour nousque, nous savons ce qu'étaient cespays autrefois.

Une liste des artistes soviétiques lesplus respectés, les plus aimés et lesplus célèbres serait interminable ; maisparmi les tout premiers noms, on liraitcertainement ceux de Tchinguiz, bril¬lant romancier kirghize, d'Aïtmatov, filsde berger, du poète et héros MoussaDjalil, de l'étonnant poète et philo¬sophe Rassoul Gamzatov, du Daghes¬tan, du peintre arménien Martiros Sa-riane, et de son compatriote AramKhatchatourian, ainsi que Kara Ka-raiev, d'Azerbaïdjan.

Après ces quelques exemples, sanslesquels ce que je veux dire pourraitsembler abstrait, je crois qu'il seraitbon de nous demander comment un

pays naguère peuplé d'analphabètescondamnés à passer de longues nuitsd'hiver à la lueur des chandelles, a puréaliser cet extraordinaire bond en

avant. Naturellement, une fois amorcé

avec vigueur le développement post¬révolutionnaire, le pays a évolué avecle 20e siècle malgré l'isolement inévi¬table auquel il a été condamné.

L'immense soif de connaissances

que la révolution culturelle des années20 a éveillée chez le citoyen soviéti¬que a fait de lui le lecteur le plusavide du monde. Les livres sont restés

les amis et les compagnons silencieuxde chacun et l'appréciation de la litté¬rature a pris une forme particulière enUnion soviétique. Les réunions de lec¬teurs qui se tiennent régulièrementdans les centaines de milliers de

bibliothèques et centres de loisirs des

usines et des villages, et les lecturespubliques de poèmes devant des mil¬liers d'auditeurs sont deux aspectsnouveaux de notre culture.

Il m'a été donné plusieurs fois d'ac¬compagner des visiteurs étrangers àces réunions. Je n'ai pu que me sentirfier de l'impression qu'ils en ont gar¬dée. Le tour animé de la discussion, lapénétration révélée par certainesremarques, la compréhension des allu¬sions littéraires et l'appréciation dustyle ne peuvent qu'impressionner qui¬conque assiste à ces débats.

Cela met en lumière un trait essen¬

tiel de l'homme social moderne, aumeilleur sens du terme : l'attention

spontanée et désintéressée qu'il porteà tout ce qui touche au bien public, etle sens de sa responsabilité dans l'éla¬boration d'une morale où tous voient

l'un des fruits les plus importants deleurs efforts. Ce ne sont pas seule¬ment les maisons, les usines, les

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CULTURE SOVIÉTIQUE (Suite)

Débat sur les limites du réalisme dans l'art

magasins, les larges avenues et lesbelles villes qui témoignent du niveaud'une civilisation. Le critère essentielest l'homme lui-même, son code mo¬ral, son attitude devant le monde, de¬vant le bien et le mal, la force et lafaiblesse, le but de la vie. C'est ceque nous cherchons dans les livres, lesspectacles, les tableaux et les filmsnouveaux.

Ici s'élève l'éternel débat : qu'est-ce que l'art? Quel est son but? Ques¬tion qui se pose avec une acuité crois¬sante à chaque tournant de l'histoire.On a souvent tendance à nous accu¬

ser d'utilitarisme, on nous reprocheaussi d'être didactique et même deporter atteinte à la prééminence sacréede l'art en mettant celui-ci au service

des besoins pratiques de la société,voire de la machine de l'Etat. Ce quiest à la fois vrai et faux.

Il serait hypocrite et malhonnête derejeter tout bonnement cette façon devoir, que je ne veux pas appelerune accusation. Nous n'avons aucune

intention de renier ou même d'éluder

les traits spécifiques de notre manièrede vivre.

Nous tous écrivains, artistes, musi¬ciens et réalisateurs de films, nous col¬laborons de tout notre ceur à une

tâche gigantesque pour le bien denotre peuple et des autres peuples sisouvent encore menacés par la vio¬lence et le despotisme.

Cette tâche est si importante pournous, et c'est une partie tellementessentielle de notre vie que nous som-.mes pour la plupart incapables de tra¬cer une ligne de partage entre inté¬rêt personnel et intérêt collectif. Si elleest une recherche de la vérité et sait

éviter les exagérations d'une propa¬gande que notre époque abomine,

l'luvre d'un homme, pourvu qu'il s'yconsacre pleinement, fait partie inté¬grante de sa vie privée, et passe mêmeparfois bien avant ses affaires stricte¬ment familiales.

Cette attitude très noble de ceux quitravaillent dans le domaine chaquejour plus vaste de la culture do¬maine qui recouvre aujourd'hui cha¬que parcelle de notre grand paysexplique nos jugements sur l'impor¬tance et la signification des phéno¬mènes artistiques.

Dans notre milieu professionnel, ilest naturel que s'élèvent des contro¬verses au sujet de la forme, ou deslimites et de la portée du réalisme. Jene vois aucun inconvénient à ce quele débat se passionne souvent.

C'est parce qu'elles sont en appa¬rence si innocentes et inoffensives

que les batailles artistiques et litté¬raires s'enveniment souvent avec une

facilité remarquable. La jeunesse jouelà un rôle particulier. Sa fonction n'est-elle pas, dans la succession des géné¬rations, d'appliquer logiquement la loidialectique de « la négation de lanégation » ?

Nous ne serions que de piètres dia¬lecticiens si cela nous inspirait uneappréhension excessive. Nous savonsparfaitement que selon cette loi, toutenégation doit être suivie d'une affir¬mation qui ' sera suivie d'une autrealternance négation-affirmation puis¬que selon notre conception du monde,tout est en constante évolution.

C'est pourquoi, tout en regardantvers l'avenir, nous ne saurions nousdétourner du passé avec une arro¬gance déplacée ou une naïveté pué¬rile. Pour nous, le processus historiqueest continu. Cette idée a été claire¬

ment formulée par Lénine dans sa

Photo APN

De jeunes artistesvisitent une

exposition d'artcinétique à Moscou,Certaines de ces

formes traduisent

des formules

mathématiquesprojetées en troisdimensions. D'autres

montrent des

éléments lumineux

en mouvement.

Depuisquelques annéesl'art cinétiquesuscite de plus enplus d'intérêten U.R.S.S. ; diversesexpositions ont étéorganisées à Doubnaet dans

d'autres villes.

polémique avec Bogdanov au sujet del'héritage culturel.

Selon nous, l'art moderne participede la grandeur de l'art antique et mé¬diéval, de l'art de la Renaissance et dupassé récent d'où ont surgi desartistes comme Picasso, Diego Riveraet Siqueiros. Pas un instant ces hom¬mes n'ont coupé leur art des intérêtsde l'humanité, et ils ont livré de vio¬lentes batailles parfois contre eux-mêmes pour la vérité artistique.

Les jeunes poètes qui font des tour¬nées à l'étranger et sont maintenantrenommés en Europe et en Amérique

Evtouchenko, Rosdestvenski etAkhmadoulina sont pour nous devivants signes des temps, les témoinsd'une culture aussi riche que diverse,pour laquelle rien d'humain n'estétranger.

Derrière ces poètes, il y a le peu¬ple qui leur voue un amour légitime¬ment exigeant et attend d'eux qu'ilsincarnent l'unité spirituelle sur laquellerepose aujourd'hui notre communauté.C'est là un autre trait qui peut sem¬bler gênant, voire insupportable, àl'artiste solipsiste qui n'a d'autre com¬pagnon que lui-même. Cette différencegît dans des principes que nousn'avons l'intention ni de supprimer nide tourner. Elle tient aux fondementsmêmes de notre société révolution¬

naire, à notre passé national et auxtraditions de l'intelligentzia russe quide Pouchkine et des poètes déca-bristes à tous les grands écrivains du19e siècle Gogol, Chevtchenko, Hert-zen, Tolstoï et Dostoievsky a mon¬tré qu'elle était liée au peuple par desliens spirituels indissolubles.

Aujourd'hui le peuple a, lui aussi,évolué. Il est riche en talents nouveaux

qui s'affirment peu à peu dans lestroupes d'amateurs, les clubs littérai¬res des usines, les conférences publi¬ques sur les arts. C'est ainsi qu'onvoit brusquement surgir des troupes derenommée mondiale comme les bal¬

lets folkloriques d'Igor Moïseiev, quiont obtenu dans le monde entier un

succès vraiment sans précédent.

En tant que réalisateur, il serait justeque je rende ¡ci hommage à l'art ciné¬matographique. Je pourrais aller droitau but et vous énumérer tout sim¬

plement les douzaines de premiersprix gagnés aux festivals cinémato¬graphiques internationaux. Mais neserait-il pas déplacé de se couvrirainsi de fleurs ? L'Histoire nous juge.Nous n'avons que 50 ans, l'âge mûrpour les hommes, la jeunesse pour unpays.

Lorsque je considère le passé, et metourne vers l'avenir, je me dis quenous vieillissons, que nous sommestous mortels, mais ce qui fait le prixde notre vie, c'est que nous l'avonsconsacrée à la cause la plus jeune del'humanité.

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Il y a dix ans, le 4 octobre 1957, l'Union soviétique ouvrait l'ère cosmique, avecle lancement du premier satellite artificiel. Avec cet exploit commençaitune décennie de recherches et d'exploration spatiales, qui a donné lieu à de nombreux volsspatiaux, à des rendez-vous entre véhicules spatiaux et des « promenades à pied »d'astronautes. Des sondes ont été lancées vers la Lune et Vénus,et les satellites artificiels ont permis des progrès spectaculaires dans le domainede la météorologie et des émissions de télévision en couleur. Cette saisissantephotographie (intitulée : » Les routes de l'espace ») de deux fusées qui pénètrent dans lahaute atmosphère a reçu en 1966 le premier prix lors d'un concours photographique à Moscou.

Photo © APN - V. Lebedev

700.000

hommes

de science

en U.R.S.S.par Mikhail Lavrentiev

l.N 1913 il n'y avait en

Russie qu'une dizaine de milliers detravailleurs scientifiques et profes¬seurs de l'enseignement supérieur.Aujourd'hui, l'Union soviétique compteprès de 700 000 travailleurs scienti¬fiques, soit le quart de l'ensemble deshommes de science de tous les paysdu monde. Depuis l'instauration dupouvoir soviétique, le nombre descollaborateurs de l'Académie des

sciences s'est multiplié par plus, dedeux cents et la production des- publi¬cations scientifiques a centuplé.

Chaque république fédérée a sonAcadémie des sciences, centre scien¬

tifique bien organisé et bien équipépour la recherche. L'Académie dessciences de la R.S.S. d'Ukraine, par

MIKHAIL LAVRENTIEV est le fondateur et

le directeur d'Akademgorodok, la nouvellecité scientifique construite en Sibérie,près de Novosibirsk. Vice-président del'Académie des Sciences de l'U.R.S.S. et

directeur de la section sibérienne de l'Aca¬

démie, il est un remarquable mathématicien,non moins connu dans d'autres domaines

scientifiques. En effet, ses travaux enmatière d'aérodynamique, d'hydrodynami¬que, de théorie des explosions, d'accélé¬ration des particules nucléaires, de séismo-logie lui ont valu une réputation eminentedans les milieux scientifiques internationaux.

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700 000 HOMMES DE SCIENCE EN U.R.S.S. (Suite)

L'épanouissement des centres de recherche

32

exemple, comprend une cinquantained'instituts scientifiques.

Les physiciens soviétiques ont faitla synthèse des éléments 102 et 104de la classification périodique de Men-deleiev. Non loin de Moscou, près dela vieille ville russe de Serpoukhov,fonctionne le plus grand accélérateurde particules chargées du monde, lesynchrophasotron à protons, qui doitproduire une énergie de 70 milliardsd'électrons-volts.

Il va de soi que la science sovié¬tique n'est pas partie de zéro. Avantla Révolution, nous avions déjà degrands savants. Les historiens de lascience connaissent bien des cher¬

cheurs comme Nicolai Lobatchevski,

fondateur de la géométrie non eucli¬dienne, Dmitri Mendeleev, inventeurde la classification périodique deséléments chimiques, Alexandre Butle-rov, auteur des premiers travaux surla structure des composés organiques,llya Metchnikov, un des pionniers desrecherches sur l'immunité et sur la

nature des agents de défense del'organisme humain.

Cependant, le gouvernement destsars, loin de soutenir la science natio¬nale, a persécuté et attaqué la penséescientifique novatrice. Avant la Révo¬lution, le niveau général de développe¬ment de la Russie était très bas.

Dans les conditions très difficiles

créées par la guerre civile, l'interven¬tion étrangère, le blocus et la désor¬ganisation économique du pays toutentier, Lénine et ses compagnons delutte ont accordé une très grandeimportance aux besoins de la jeunescience soviétique.

Il semblerait que dans un pays dontl'industrie et les transports étaientdésorganisés, dont l'agriculture suffi¬sait à peine à nourrir une populationaffamée, les dirigeants de l'Etat russeaient dû s'occuper avant tout de déve¬lopper les sciences appliquées, donton pouvait espérer rapidement desrésultats pratiques. On avait vraimentautre chose à faire que des sciencespures I Mais Lénine a très biencompris que la nouvelle société nepouvait se construire sans la partici¬pation active des sciences fondamen¬tales qui, seules, peuvent à leur tourcréer les conditions d'un développe¬ment rapide des recherches appli¬quées. Sinon, le pays serait condamnéà dépendre éternellement de la scienceétrangère.

C'est pourquoi Lénine a mobilisé leshommes de science et les a orientés,

avec tous les moyens dont il disposait,vers le développement des recherchesfondamentales et la création de grandscentres scientifiques modernes. Dès1918-1920, des instituts de physique,d'optique et du radium étaient créésà Petrograd. A Moscou, furent fondésl'Institut de physique et de biophy¬sique, et le célèbre Institut centrald'aéro-hydrodynamique d'où sont sor

tis les plus grands spécialistes sovié¬tiques de la mécanique, et les cons¬tructeurs d'avions et de fusées. Puis

les centres scientifiques se sont mul¬tipliés d'année en année.

Le second élément important qui apermis à la science soviétique deprendre son essor fut l'instructionpublique universelle qui a ouvertl'accès de la science aux jeunes gensdoués.

La centralisation des recherches

scientifiques conformément à un pland'Etat, dès les premières années dela Révolution, a également joué unrôle important. Ce plan, se fondantsur les perspectives de développe¬ment de la science mondiale, a prévu,pour chaque période, les buts et lesobjectifs de l'étude et de la résolutiondes problèmes scientifiques et tech¬niques les plus actuels. L'Union sovié¬tique est le premier pays qui ait orga¬nisé la planification de l'activité scien¬tifique à l'échelle de l'Etat.

En 1920, sur l'initiative de Lénine,fut élaboré le célèbre plan Goerlo,plan de construction d'un grand réseaude centrales électriques et de déve¬loppement industriel, conçu pour unedurée de dix à quinze ans.

La vie a confirmé le bien-fondé du

plan d'électrification de Lénine commede tous les, plans scientifiques et éco¬nomiques ultérieurs. Les objectifs duGoerlo ont été dépassés de deux àtrois fois.

Après la victoire de 1945, la scienceopéra un tournant préparé par toutle cours de son évolution antérieure

et ceci, dans le monde entier, et enU.R.S.S. bien entendu. II devint possi¬ble de mettre en pratique les résultatsd'un grand nombre de recherchesfondamentales. Ceci concernait avant

tout l'énergie atomique, le calcul élec¬tronique, l'exploration de l'Espace.

En physique nucléaire, ce rôleincomba à Kourtchatov. Cet homme

sut grouper autour de lui et organiserde vastes collectifs composés de cher¬cheurs de diverses spécialités et degrands ingénieurs. C'est aux Soviéti¬ques qu'il revint d'utiliser les premiersl'hydrogène en qualité de combustiblenucléaire.

Dans la conquête de l'Espace, unrôle prépondérant fut joué par Koro-liov. De même que Kourtchatov, cethomme sut à la perfection coordonnerles efforts des chercheurs et des

constructeurs. Les Soviétiques furentles premiers à lancer un satellite arti¬ficiel et des capsules habitées. Lepremier spoutnik donna un véritablecoup de fouet au développement dela science mondiale.

Les dix dernières années ont été

marquées par un essor accéléré desétablissements de recherches, en qua¬lité et en nombre. A part les problèmesde l'énergétique nucléaire et de l'explo¬ration de l'Espace, beaucoup de cen-

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Il y a dix ans

une cité scientifique

surgissait dans la taïga

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Pratiquement inexploitée avant 1917, la Sibérie a étédepuis transformée de fond en comble. Novosibirsk (àquelque 800 km au nord-est du lac Balkhach), près du grandfleuve Ob, qui comptait 20 000 habitants en 1910, en aaujourd'hui un million. Désormais grand centre industriel,la ville est devenue en outre la capitale scientifique de laSibérie avec la création, en 1957, d'Akademgorodok. A40 km de Novosibirsk, la forêt sibérienne a été abattue pourcréer un « campus » de 1 300 ha, sur lequel ont étéédifiés 20 instituts de recherche (en haut, à droite), uneuniversité, une école de mathématiques réservée aux

gagnants des Olympiades scientifiques, qui y reçoivent unenseignement extrêmement poussé. Au centre, en haut, lehall de l'hôtel où font escale des nouveaux venus, savantsou étudiants. En haut, à gauche, dans cette forêt apparem¬ment inhabitée se cachent nombre de petites villas oùlogent les savants d'Akademgorodok. Ci-dessous, à gauche,l'un des laboratoires de la cité scientifique, où l'Institutde physique nucléaire, en particulier, a une installationproton-antiproton d'une énergie de 1 200 milliards d'élec¬trons-volts. A droite, un supermarché d'Akademgorodok.(Suite page 34.)

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700000 HOMMES DE SCIENCE EN U.R.S.S. (Suite)

Vocation scientifique de la Sibérie

tres s'occupent de recherches fonda¬mentales en mathématiques, méca¬nique, physique des solides, physiquedes grandes énergies.

Dès les premières années qui ontsuivi la révolution d'Octobre, la Sibé¬rie et l'Extrême-Orient soviétiqueconnurent un puissant développementéconomique et culturel. Des univer¬sités apparurent à Irkoutsk et à Vladi¬vostok, des écoles, des usines furentouvertes un peu partout, enfin, on yimplanta quelques filiales de l'Acadé¬mie des sciences de l'U.R.S.S. Bref,cette contrée sauvage, qui servaitauparavant de lieu d'exil pour l'essen¬tiel, commença à se transformer lente¬ment en une région civilisée. Au coursdes premiers quinquennats, on y créale nouveau centre métallurgique du

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A L'HEURE DES JEUX

Après le travail, savants, chercheurset étudiants de la Cité de la science,

près de Novosibirsk, tous, jeuneset moins jeunes, peuvent s'adonnerà leurs sports favoris.

1 Le professeur Guri Martchuhk,directeur du Département

d'électronique de la Cité de la science,incarne parfaitement la rieuse jeunesse dessavants qui vivent dans ce qui est laplus grande ville scientifique aprèsMoscou. Leur âge moyen : 33 ans.

O Ces jeunes savants, dans un club,montrent assez qu'ils aiment les

danses modernes. Le club, bien nommés'il en est, a pour enseigne « l'Intégrale ».

3 Rien de tel que le patin à roulettespour garder la forme du skieur.

A Près de la Cité de la science, le grandlac artificiel 200 km de long

qu'on appelle la « mer d'Ob ». Beaucoupde fervents du bateau et de la voile

profitent de ce plan d'eau, que sillonnentde 400 à 500 bateaux à moteur et yachts.

bassin de Kouznetsk, qui tient jusqu'àprésent une place essentielle dansl'économie nationale.

Après la victoire, l'essentiel desforces du peuple soviétique fut concen¬tré sur le relèvement des villes et

des usines détruites, de la campagneravagée. A cette époque difficile, ledéveloppement de la Sibérie ne pro¬gressa que lentement. Il fallut attendre1956 pour voir redonner une nouvelleimpulsion à ces régions où sommeil¬lent des richesses naturelles fabuleu¬ses. On élabora un plan perspectif deprospection intensive du sous-sol, demise en place d'une infrastructureindustrielle et énergétique, d'un vasteréseau d'écoles secondaires et supé¬rieures. La science connut un nouveau

départ.

Pour parvenir à des résultats rapi¬des et complets, il fallait, certes,renforcer les établissements existant

déjà ici : filiales de l'Académie dessciences d'obédience principalementrégionales, centres de recherchesd'obédience ministérielle ; mais surtout

il importait de créer des centres etdes instituts capables de conduire desrecherches fondamentales au niveau

de la science mondiale. C'est en 1957

que le gouvernement soviétique réso¬lut d'organiser une Section sibériennede l'Académie des sciences de

l'U.R.S.S. On envisageait la créationd'un important centre scientifiqueauquel seraient assujettis toutes lesfiliales et instituts de l'Académie desSciences situés au-delà de l'Oural.

Une commission gouvernementalefut spécialement désignée pour éla¬borer le statut de la Section sibérienne

et composer le calendrier de la cons¬truction, de l'équipement et de la mise

en route des nouveaux foyers. Cettecommission se vit soumettre un pro¬

gramme ; utilisant aussi bien l'expé¬rience nationale qu'étrangère, ellecommença par définir une série deprincipes structurels que l'on peutrésumer comme suit :

le choix des instituts à créerdevait assurer l'étude autonome des

grands problèmes de la sciencecontemporaine ;

le centre devait apporter uneassistance scientifique efficace à l'in¬dustrie et à l'agriculture ;

il avait également l'obligation deformer des cadres de la plus hautequalification pour les recherches fon¬damentales dans les instituts et lesétablissements d'enseignement supé¬rieur et pour la mise au point desnouvelles techniques ;

la création de chaque nouvelinstitut devait avoir pour conditionpréalable la présence d'un savantnotoire dans la spécialité, possédantune expérience suffisante du travaild'organisation.

L'emplacement de la nouvelle citéscientifique fut choisi au milieu d'uneforêt située au bord du réservoir de

l'Obi, à vingt-cinq kilomètres au sudde Novosibirsk : il n'était pas sansimportance de bénéficier de bonnesconditions naturelles si l'on entendaitattirer en Sibérie des savants de pre¬

mier plan.En neuf ans d'existence, le collectif

de la Cité académique, comme on l'aappelée, s'est largement développé. Ilcompte aujourd'hui 16 académiciens,30 membres correspondants, 95 doc¬teurs es sciences et 950 candidats

(titre universitaire soviétique équiva¬lent au diplôme d'études supérieures).

z

<

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Le personnel des ouvriers et employésse chiffre à 16 000 personnes.

Au cDur de ses préoccupationsfigurent tous les problèmes cardinauxde la science contemporaine. Toutesles branches de la science contempo¬raine y sont représentées : mathéma¬tiques, physique, chimie, biologie, géo¬logie, sciences sociales ; et chacuned'elles donne des résultats du plushaut intérêt. Certains travaux ont été

récompensés par un prix Lénine ; jeciterai notamment les recherches de

physique nucléaire concernant la colli¬sion forcée des faisceaux de parti¬cules, la théorie de la détonation, lacybernétique appliquée. Nos géolo¬gues, nos biologistes et nos mathé¬maticiens ont obtenu de très beauxsuccès.

A peine l'organisation de la Sectionsibérienne était-elle entamée que noschercheurs établissaient un contact

étroit avec l'industrie et l'économie de

la Sibérie et de l'Extrême-Orient. Les

problèmes spécifiques de cette vastecontrée à faible densité de populationont retenu un intérêt tout particulier.

Nos collaborateurs ont fait des cen¬

taines de conférences sur les problè¬mes actuels de la science dans les

villes et dans les grandes usines ; nousavons procédé à l'étude détaillée desdifficultés causées au développementde l'industrie, de l'industrie .minière,notamment, par des conditions clima¬tiques très spécifiques. Si dans laplupart des cas on se contentait dedonner des consultations d'ordre géné¬ral, souvent des études conjointesdonnaient lieu à une collaboration très

étroite se poursuivant sur plusieursannées. Actuellement les instituts de

notre centre sont en rapports suivis

avec plus de 300 usines et entreprises.

Toujours au prix d'efforts conjointsdes savants et des industriels, on apu trouver une application économique

Photo © Almasy

de conceptions scientifiques fonda¬mentalement nouvelles. A Novosibirsk,chercheurs et industriels étudient

actuellement l'application industrielled'une nouvelle technologie permettantd'obtenir des matériaux stratifiés enusant de la méthode de la soudure

par déflagration.

Cette technique des plus promet¬teuses donne des combinaisons pra¬tiquement illimitées de métaux auxqualités voulues. On dispose par exem¬ple de bimétaux » offrant une résis¬tance à la chaleur, des propriétésréfractaires et anticorrosives tout à fait

exceptionnelles, et présentant ungrand intérêt pour les équipementschimiques, les installations électro¬techniques, etc.

L'étude du comportement de l'eauaux surcharges dynamiques a permisd'élaborer la théorie dite des courants

impulsifs, et de construire à partir delà toute une gamme de presses sur¬puissantes destinées à l'estampagedes pièces profilées en métaux dediverses natures. Ces presses à impul¬sions hydrauliques fournissant uneénergie d'impact de l'ordre de 200 t/mnsont actuellement aux essais dans des

usines de Novosibirsk. Cette liaison

entre la science et la production nefera que croître à l'avenir.

Malheureusement, l'expérience amontré qu'un passage direct de lascience à l'industrie ne réussit pastoujours ; des efforts souvent consi¬dérables des deux parties se sontsouvent terminés en queue de poisson,les uns et les autres étant parfaitementconvaincus que la faute incombait àl'autre partie. Nous en tirons la conclu¬sion suivante : il ne faut venir trouver

la grande industrie qu'avec unepréparation suffisante, et en sachantbien que plus une idée est neuveet plus elle doit recevoir uneélaboration complète sur place, plus

Photo © Almasy

sa technologie doit être achevée.

Sur notre proposition, le gouverne¬ment soviétique a pris la décision decréer à peu de distance de la Citéacadémique une série de bureaux deconstruction et d'entreprises expéri¬mentales. Ces établissements doivent

constituer un échelon intermédiaire

entre la découverte scientifique et sonapplication pratique.

Ils sont appelés à devenir le lieuoù les étudiants et les stagiaires quiterminent les écoles supérieures peu¬vent, sous forme de stage profession¬nel, se former à la nouvelle production,à la nouvelle technologie, de manièreà être en mesure, lorsque nous remet¬tons aux industriels des dessins, des

plans technologiques ou des machinesexpérimentales, de leur envoyer égale¬ment des jeunes ayant pris une partactive à cette réalisation.

En ce moment nous avons déjà deuxentreprises de ce genre : un bureaude construction spécialisé dans lematériel à impulsion hydraulique etune firme de calcul économique. Lepremier établissement a mis au pointune nouvelle gamme de machinesfondées sur les principes dont nousparlions plus haut, qui autorisent despressions et des vitesses supérieures.

Les prototypes sont construits, onprocède à leurs essais de résistanceà l'usure, de stabilité. Le deuxième estun établissement purement économi¬que. Il accomplit dès à présent d'in¬nombrables commandes concernant

l'agencement optimal des équipements,la construction de nouvelles entre¬

prises industrielles. Il se formeactuellement un autre bureau de

construction, spécialisé dans les accé¬lérateurs de petit gabarit à usageindustriel, les appareils de catalyse,l'appareillage de précision, etc.

Dès son apparition, la Section sibé-

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700 000 HOMMES DE SCIENCE EN U.R.S.S. (Suite)

Photos © Almasy

Un académicien

aux champs

Créateur d'Akademgorodok, l'éminentsavant qu'est Mikhaïl Lavrentiev partageson existence, dans la cité sibérienne,entre ses travaux, ses rechercheset ses cours. Mais les heures de loisirs,ont bien des charmes. A gauche,le professeur Lavrentiev, dont la villaest nichée dans les arbres de la taïga,fait en souriant les honneurs de sa

pelouse. Ci-dessus, conversation,au volant de sa voiture, avec l'unde ses assistants, fervent de la bicyclette.Ci-dessous, promenade en bateau avecsa fille .Vera, elle-même mathématicienne,et sa petite-fille.

L

rienne n'a cessé de se soucier d'atti¬

rer des jeunes cadres, de les éduqueret de les former. C'est à juste titreque l'U.R.S.S. s'enorgueillit de possé¬der le plus large réseau d'écolessecondaires et supérieures qui soit.L'attrait que la science et la techniqueexercent est indéniable.

Outre les écoles, on trouve partoutdes cercles techniques où des jeunesde dix à douze ans confectionnentdes modèles réduits de bateaux,

d'avions, assemblent des postes deradio, etc. Nous estimons néanmoinsque le développement de notre instruc¬tion est encore en retard sur les

besoins, sur l'évolution de la scienceet de la technique.

Ces besoins en cadres productifsse font particulièrement sentir dansles établissements d'enseignementsupérieur et dans les domaines de latechnique qui s'appuient sur les plusrécentes réalisations de la science.

Quand nous organisions notre uni¬versité à la Cité académique, nousenvisagions de baser l'enseignementsur le système des laboratoires équi¬pant les instituts de recherches, avecla participation aussi large que possi¬ble à l'enseignement de la vieille etde la jeune génération de scientifiques.Et c'est ce que nous faisons.

Etant donné les conditions d'instruc¬

tion exceptionnelles que nous sommesen mesure d'offrir à la jeunesse et lespossibilités limitées de notre équipe¬ment de laboratoire, nous avons dûtout naturellement procéder à unesélection qui puisse garantir l'admis¬sion à l'Université d'une jeunessedouée et sachant ce qu'elle veut.

Pour les mathématiques et la phy¬sique, et un peu plus tard, pour lachimie, nous avons résolu le problèmeen mettant au point une « olympiade »sélective à trois degrés, ouverte auplus grand nombre.

Nous avons ainsi été amenés à

constater que dans les régions éloi¬gnées de la Sibérie, les aptitudesmathématiques sont souvent sous-développées par la seule faute d'ensei¬gnants insuffisamment qualifiés.

Maintenant, notre sélection s'effec¬tue en profondeur et nous avonsmême créé une école-internat de

physique-mathématiques spécialementà l'intention des jeunes présentant desdons certains, mais un bagage deconnaissances insuffisant.

Une expérience de six années apermis de constater l'efficacité excep¬tionnelle de ce système. Tout en nousassurant notre propre relève, d'ici àquelques années nous serons enmesure de fournir aux écoles supé¬rieures et aux centres de recherches

d'importantes promotions de candidatset docteurs en sciences, de qualifica¬tion élevée.

Parallèlement à la Cité académique,beaucoup de filiales et instituts del'Est ont reçu une extension considé¬rable. L'effort principal a été porté surla filiale d'Irkoutsk ; l'Institut d'énergé¬tique local a obtenu de très beaux

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Photo © APN

succès et dispose d'un excellent cen¬tre de calcul électronique, des résul¬tats non moins importants sont fournispar les établissements scientifiques deYakoutsk, de Magadan, de Vladivostok.

Surmontant peu à peu les difficultésde la croissance, la Section sibériennepousse et s'étend, son réseau de cen¬

tres de recherches s'élargit, sescontacts avec l'économie nationale se

renforcent.

D'année en année on voit croître les

richesses de notre pays, le rôle quela science joue dans son industrie etson économie. Tout en travaillant aux

tâches de l'heure, il est de notredevoir de prévoir l'avenir et d'accor¬der une attention spéciale à la forma¬tion d'une relève de qualité. Le déve¬loppement futur de notre pays dépendentièrement des hommes que nousformons aujourd'hui.

Radio-télescope géant, près deKharkov, en République socialiste

soviétique d'Ukraine. Il est employépour capter les signaux émis depuis

le cosmos.

Ci-contre, prototype d'un marteauhydraulique qui, en dépit de sespetites dimensions, est quatrefois plus puissant que tout autresystème analogue utilisé jusqu'icidans l'industrie. Il a été inventépar Mikhaïl Lavrentiev.

Photo © Almasy

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Une émission de

télévision à l'échelle

de la planète

S,

38

'IX cents millions de télé¬

spectateurs le sixième de la popu¬lation de notre planète tel est l'au¬ditoire qui, le dimanche 25 juin, a pusuivre sur le petit écran l'étonnanteémission « Notre Monde », diffuséepar les stations de trente et un pays.Je dis bien « a pu suivre », car tousceux qui auraient pu capter ces ¡ma¬ges n'ont pas nécessairement mis enmarche leur téléviseur à ce moment-

là. Néanmoins, c'est bien le plus vastedes spectacles jamais proposés.

Pénétrons dans les coulisses, et

voyons comment cette entreprise com¬plexe a pu être réalisée.

Elle a eu son origine au printempsde 1966. On sait qu'en Europe occi¬dentale, de fréquentes émissions quiintéressent plusieurs pays, les comptesrendus d'épreuves sportives, parexemple, sont réalisées en communpar l'Eurovision, groupement qui ras¬semble les organismes responsablesde la télévision dans les différents

pays (un groupement analogue, ("In¬tervision, rassemble les organismesde télévision de l'Europe de l'Est).Périodiquement, le comité directeurd'Eurovision se réunit à Genève, au

siège de l'Union européenne de radio¬diffusion, pour décider des program¬mes communautaires des mois à venir.

Or, à l'une de ces réunions, laBritish Broadcasting CorporationBBC lança l'idée de dépasser, pourle programme d'un jour, la collabora¬tion européenne et d'accéder à unecollaboration mondiale, en mobilisant

plusieurs satellites de communication.

Parmi les Européens, le projet reçutune adhésion immédiate, mais aux

Etats-Unis, les structures commercialesde la TV. causèrent quelques difficultés,l'émission devant durer deux heures

pleines. Or, les réseaux américainspouvaient difficilement concevoir unesi longue période sans publicité ; et ilétait impensable de placer cette émis¬sion mondiale sous une égide publi¬citaire. Cependant, un réseau de voca¬tion éducative, le NET, accepta l'offreeuropéenne. Mais l'audience de l'émis¬sion fut évidemment moins grande auxEtats-Unis qu'elle ne l'aurait été sielle avait été transmise par l'un des« grands » de la TV, sinon par l'en¬semble des réseaux.

Et les autres continents ? Malheu-

par Pierre de Latil

reusement, il ne pouvait être questionde faire bénéficier tous les pays duprogramme, et cela pour des raisonstechniques, l'émission devant être re¬layée d'un continent à l'autre par dessatellites en orbite stationnaire à

36 000 km d'altitude. Or, pour « rece¬voir » de tels satellites, il faut actuel¬lement de très puissantes antennes etseul un petit nombre de pays en pos¬sèdent. Certes, les émissions ainsi

captées peuvent ensuite être ache¬minées vers d'autres pays par desmoyens « normaux » (câbles coaxiauxou faisceaux hertziens), et, sur lescontinents hautement équipés, il existedes réseaux denses de liaisons de ce

genre. Mais rien de tel dans de vastesrégions du monde, en Afrique noire,en Asie (hormis le Japon), voire enAmérique du Sud.

A priori, la grande émission mon¬diale ne pouvait donc avoir l'ambitiond'être véritablement universelle. Il n'en

sera plus de même le jour où les satel¬lites auront assez de puissance pourêtre reçus par des antennes plus mo¬destes : ce jour-là, les liaisons directesavec le monde entier seront possibles.

Restait à vaincre une autre diffi¬culté : faire défiler sur les antennes

des émissions venues de différents

pays, c'est chose facile quand il s'agitd'émissions « en conserve ». Mais, il

s'agissait de « direct », les événe¬ments se produisant à l'instant mêmeoù ils étaient diffusés : l'entreprise de¬venait donc d'une extrême complexité.

Or, tout s'est déroulé avec un par¬fait synchronisme.

Il y avait là un délicat problème de« régie ». Voyons comment il a été

résolu. Dans chaque pays ayant la res¬ponsabilité d'une, de deux ou de troisséquences, les points où les différen¬tes séquences allaient se déroulerétaient reliés à une « régie nationale ».Ces régies nationales étaient elles-mêmes reliées à des régies interna¬tionales : New York pour l'Amérique,l'Australie, le Japon, Bruxelles pourl'Europe. Au-dessus du Pacifique et del'Atlantique le saut se faisait parsatellite ; mais dans le cadre euro¬péen, l'information rampait au ras deterre. La « régie finale » se trouvaità Londres, reliée à la. fois à Bruxelleset, par satellite, à New York.

Un plan chronologique précis avaitété établi, à la seconde près. Chacundes réalisateurs qu'il fût chargé demontrer la pêche des crevettes auJapon, des scènes de « Roméo et Ju¬liette » dans une église d'Ombrie, desdanses sur une place de Mexicosavait donc quand il devait démarrer.

Plaçons-nous à Londres où les opé¬rations se trouvaient sous la direction

d'Aubrey Singer, directeur des émis¬sions extérieures de la B.B.C. et pro¬moteur de ce programme donial. Ilavait sous les yeux, en dehors évi¬demment de la séquence en cours, lapremière image des deux séquencessuivantes et il était en liaison télépho¬nique avec leurs responsables locaux.Ainsi pouvait-il leur envoyer le« compte à rebours » et le signaldu départ.

Dès qu'une séquence passait sur lesantennes, un des deux écrans enattente devenait libre. Alors, il recevaitles signaux « video » de la séquencesuivante, venue soit de Bruxelles, soitde New York. A Bruxelles où la régieétait placée sous la responsabilitéd'Alexandre Tarta, réalisateur français,le mécanisme était le même : deux

émissions ¿ prêtes » sur deux écranset dès que l'une d'elles était mise enattente à Londres, une autre était ap¬pelée d'Autriche, de France, de Suède.

Le minutage a été scrupuleusementrespecté, sauf quelques secondes detrop avec le célèbre peintre Miro, pré¬senté à Saint-Paul-de-Vence ; il mit un

peu plus longtemps que prévu pourson dessin. Ce fut le seul retard. Mais

pouvait-on bousculer, au nom de latechnique, l'âge et la célébrité ?

Texte paru dans « Informations Unesco

U INFORMATIONS UNESCO"Nous attirons l'attention des journalistes de la presse écrite et radiophonique surle bulletin bimensuel publié par l'Unesco, les « Informations Unesco ». Les « Infor¬mations Unesco » comportent des articles de fond et des nouvelles qui sontconsacrés à tous les problèmes touchant à l'éducation, l'information, la science etla culture. Largement utilisées dans le monde entier par les quotidiens, les hebdo¬madaires, les revues, la radio, les journaux de jeunes, la presse spécialisée, lespublications du personnel enseignant ou syndicaliste, elles atteignent un immensepublic. Ce bimensuel, qui a commencé à paraître en 1949 est aujourd'hui publiéen cinq langues : français, anglais, espagnol, russe et arabe. Il parait égalementdans d'autres langues par les soins des Commissions nationales pour l'Unesco etdes associations nationales. Il est distribué gratuitement dans 150 pays et territoiresà la presse et aux services radiophoniques et cinématographiques et ne peut êtreacquis par les particuliers.

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l^N

©

A Lalibela, dans le nord de l'Ethiopie, l'architecture copte a atteint un degré de perfection telleque les édifices prennent rang parmi les plus beaux du monde. Onze sanctuaires incomparablesont été sculptés, il y a environ huit siècles, en un seul bloc chacun, à même la montagne.A gauche, un motif typique de Lalibela. A droite, sur l'un des monuments de Lalibela, un portraitde l'Empereur Lalibela de la dynastie Zague, qui régna au 12' siècle sur l'Ethiopie.

VOYAGE DANS L'ETHIOPIEAUX MILLE MERVEILLES

par Richard H. Howland

L 'AVION de Rome descen¬

dit à Asmara à 6 h 30, alors que l'auberosissait tout le ciel et que la pleinelune, pâlissant, s'épanouissait surl'horizon, à l'ouest. Le pimpant bâti¬ment de l'aéroport était plein de vie.Au bar, on nous servit de petites tas¬ses d'un délicieux café éthiopien. Puisle soleil apparut derrière la colline,la salle d'attente fut soudain baignéede lumière et le barman baissa les

Au début de cette année, l'Unesco a envoyé en Ethiopie une missionchargée d'aider à l'organisation de l'administration des antiquités égyp¬tiennes. Cette mission était dirigée par le professeur Richard H. How¬land, archéologue et historien d'art, qui évoque dans l'article ci-dessouscertaines des impressions que lui ont laissées les richesses de l'im¬mense patrimoine artistique et culturel de l'Ethiopie. Le professeur How¬land est secrétaire du Comité national pour les Etats-Unis au Conseilinternational des monuments et des sites, et directeur du Départementd'histoire des institutions politiques à la Smithsonian Institution, àWashington, D.C. aux Etats-Unis.

stores devant les larges baies ouver¬tes à l'est. Nous reprîmes bientôtl'avion pour Addis-Abeba : un vol de50 minutes.

Au-dessous de nous se déroulait un

paysage qui nous semblait irréel,comme un gros plan de volcanslunaires : sec, désolé, raviné sur deskilomètres et des kilomètres, aussiloin que portait le regard. Aucunetrace d'habitation, de culture, de

route, ni de rivière ; rien que desmonticules de poussière d'un rougesombre, roides et enchevêtrés. Puis

le paysage se fit plus montagneuxavec les hauts plateaux et les escar¬pements déchiquetés qui caractérisentla région de la Grancfe Faille afri¬caine. On ne voyait toujours aucunehabitation, mais peu à peu, alors quenous approchions d'Addis-Abéba etque l'avion se mit à descendre, appa-

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L'ETHIOPIE AUX MILLE MERVEILLES (Suite)

Gondar, Axoum, Lalibela, une campagnede restauration de grande envergure

rurent de petites agglomérations,quelques sentiers en lacets, parfoisun cours d'eau et de vertes cultures.

L'incroyable richesse des antiquitéséthiopiennes, on ne peut la découvrirque plus tard, au cours des trajetsaériens qu'il faut faire entre des villeséloignées les unes des autres. L'Ethio¬pie est une terre de contrastes : ellejoue un rôle de premier plan dans lemonde africain d'aujourd'hui et cepen¬dant l'intérieur du pays demeure isolé,inconnu, médiéval.

Car il faut voyager hors de la capi¬tale pour chercher les trésors dessiècles passés, du plus haut intérêtpour les archéologues et les spécia¬listes d'histoire de l'art du monde

' entier. A Addis-Abéba, il n'y a quedeux bons musées, et une remarqua¬

ble exposition de constructions éthio¬piennes typiques autour du Collègeéthiopien-suédois. Il faut voyager aucnur du pays pour voir les vestigesétonnants des trois grands momentsde la culture éthiopienne. Vers lenord, où Axoum et ses environs regor¬gent d'obélisques, de temples et detombeaux des premiers siècles del'ère chrétienne ; vers Lalibela, où setrouvent les églises médiévales tailléesdans le roc, uniques au monde, et versGondar, l'ancienne capitale de l'Em¬pire, où des églises et des palaismerveilleux du XVIIe et XVIIIe sièclerévèlent un essor culturel raffinédans lequel sont intervenues des in¬fluences arabes autant qu'euro¬péennes.

L

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i ES archéologues françaispensent qu'il est difficile de dater lesgrands obélisques et les tombeauxd'Axoum plus précisément que dusecond au sixième siècle. On nomme

stèles ces obélisques. Ce sont desfûts monolithiques. Une centaine peut-être, dont la plupart sont tombés.Quelques-uns sont encore debout ouont été relevés. Le plus grand de ceuxqui sont tombés, entièrement sculptéet représentant un édifice de neuf éta¬ges avec portes et fenêtres, a effec¬tivement la hauteur d'un édifice de

neuf étages. Il est plus massif quen'importe quel obélisque égyptien, etc'est là probablement la plus énormepierre ouvrée jamais dressée de mainsd'hommes I L'ensemble, dans le parc,vous coupe le souffle. Tout près, c'estla vieille cathédrale de Sainte-Marie,

qu'on appelle la Basilique, infinimentémouvante. Elle est de haute antiquité,une antiquité toujours vivante, bienqu'elle ait été remaniée au XVIIs siècle.Elle se dresse sur l'emplacement de laplus ancienne, de la plus vénérée aussi,de toutes les églises éthiopiennes, etles fondations axoumites du second

au sixième siècle sont parfaitementvisibles.

Les stèles d'Axoum ont probable¬ment été érigées pour servir de mé¬morial, et devaient être considéréescomme les demeures spirituelles degrands personnages défunts. Beau¬coup d'entre elles ont en bas reliefsdes portes et des fenêtres sculptées,et les décorations d'entablement etd'huisseries sont analogues à cellesdes palais de la même époque. Lespalais étaient très spacieux, hauts deplusieurs étages, et ne manquaientpeut-être pas d'analogie avec lesconstructions du même genre, pas¬sées ou présentes, particulières à lapéninsule arabique au-delà de la MerRouge. Les fondations de nombreuxédifices mondains ou religieux de lapériode axoumite prouvent un emploisavant des pierres de constructionliées sans mortier ; les angles étaientrenforcés avec des pierres plus largeset la surface des murs témoigne del'utilisation délibérée de plans tourà tour harmonieusement établis enavancée ou en retrait.

P OUR atteindre Lalibela, ilfaut survoler de massives « aiguilles »de pierre ; elles se dressent dans unpaysage montagneux ; on y exilaitautrefois les prisonniers politiques. Iln'est que trop évident qu'ils ne pou¬vaient en descendre. Leur aspect est

irréel au point que l'on se demandecomment quelqu'un a jamais pu gravirces immenses fûts de pierre qui s'élè¬vent à la verticale pour atteindre 90 à120 mètres de haut, sans la moindrepiste pour y grimper. Et cependant onpeut voir, d'avion, des murs et lesvestiges d'une maison voûtée couron¬nant l'un des pics. De l'aéroport, ilfaut 40 minutes de Land Rover pouratteindre Lalibela à travers l'un des

plus sublimes paysages de montagneset de vallées qui soient au monde.

Lalibela est une grande ville, célè¬bre pour ses maisons rondes à deuxétages, couvertes de toits de chaume.Elle possède un hôtel confortable, lesSept Olives, construit il y a quelquesannées sous la direction de la prin¬cesse Ruth Desta, qui a égalementsupervisé le programme de restaura¬tion des églises taillées dans le rocauquel l'Unesco a témoigné sonintérêt.

Il y a là neuf grandes églises sou¬terraines taillées dans le roc, toutesentretenues par des moines ou desprêtres, et que l'on peut visiter. La foichrétienne est bien sûr celle de la

branche éthiopienne orthodoxe, quis'apparente à l'église copte, et qui,depuis le IVo siècle, est la religion

pratiquée dans le pays. Ces formida¬bles architectures ont été taillées dansla roche vive, leur sommet est au ni¬veau de celui des collines, et ellessont entourées de voies d'accès pro¬fondément incisées, elles aussi, dansle roc. Elles sont reliées par de longstunnels creusés dans. le roc, profondspassages ténébreux aux grossiersescaliers. Les entailles, les tunnels etles douves sont parfois creusés à30 mètres de la surface. Une vaste

campagne de restauration est mise eniuvre ; des centaines de travailleursy participent sous la direction éclairéede deux spécialistes italiens. Le cimentnécessaire aux réparations est obtenuen broyant et pulvérisant la pierrelocale, de façon à ce qu'il soit de lamême couleur que le ciment originel,qui tire sur le rouge. Dans certaineséglises de redoutables crevasses sesont formées. Dans d'autres, les toitsde pierre ont souffert des intempérieset se délitent, si bien que l'eau tend àfiltrer à l'intérieur. Mais l'on appliqueaujourd'hui de nouvelles matières quirendront désormais les toits imper¬méables.

A Gondar, les palais sont groupésdans un ensemble ceint de murailles,

au centre de la ville ; dans la campa¬

gne alentour, il y a nombre de bellesrésidences de campagne du XVIIIe siè¬cle, et d'églises. L'un de ces faubourgsest Kousquam, où l'on voit les ruinesd'un magnifique manoir du XVIIIe siè¬cle, qui appartenait à la reine Mentuah.Beaucoup des principales salles deréception subsistent la pierre rougerevêt joliment les trois portails en arc,des lions et des croix ornent en reliefla façade. Il subsiste plusieurs étageset beaucoup d'édifices attenant, avecdes tours d'encoignure pour les petitsappartements privés, sans escaliers.Les escaliers sont toujours logés dansune tour rectangulaire construite à ceteffet. Il y a des parquets de bois surpoutres à l'intérieur et des balcons àpoutres à l'extérieur. C'est là une ar¬chitecture raffinée, faite par les sou¬verains éthiopiens, mécènes éclairés,et pour eux : l'art architectural leurdoit beaucoup.

Ai UJOURD'HUl les palais deGondar sont vides et le visiteur peut

errer à sa guise dans les salles déser¬tes, parfois monter sur le toit, etrecréer par l'imagination la vie turbu¬lente et l'allégresse qui régnaient là, ily a trois siècles. Les murs crénelés duquartier princier ont plusieurs entrées,et il reste une vingtaine de bâtimentsdont plusieurs ont été restaurés. Legrand palais est du XVIIe siècle, il atrois étages et des tours. Non loins'élève le palais de Yasu le Grand

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Vue aérienne d'un groupe decinq monuments à Lalibela. Ils sont

reliés entre eux par des tranchées

et des tunnels, dans lesquelsont été aménagées de petites

grottes qui servaient de cellules

aux moines et de chambres aux

pèlerins. L'intérieur des édifices

est orné de fresques, de bas-reliefs

et de peintures. Le plus grandédifice (en haut de la photo) est

le Biet Medani Alem. L'Unesco

vient d'envoyer une mission en

Ethiopie pour inventorier les

antiquités du pays et étudier les

mesures de sauvegarde. A Lalibela,la restauration des monuments

isolés dans des collines rocheuses

dont l'altitude est de 2 500 mètres

a été assurée conjointement par le

Gouvernement éthiopien et le Fond

International pour les monuments.

(1682-1706) qui ressemble beaucoupau manoir de Kousquam. Plusieursautres luxueux édifices sont éparpillésdans l'enceinte, y compris un pavillonde la Reine Mentuab, d'une décorationtrès recherchée, où les fenêtres ontune série de linteaux et d'encadrements

en retrait. Une aile est une version

miniaturisée, pour l'essentiel, de laGalerie des Glaces à Versailles I Elle

a été bâtie par le roi Bakaffa (1719-1730).

Bien plus anciens que ces palais,bien plus anciens que les vestigesaxoumites du lle siècle, ces restesenfin des premiers hommes dans la

vallée de l'Awash, et plus loin, au sud,dans la région d'Omo. Dans des cen¬taines de sites, on a trouvé à foisondes outils de pierre, et des tracesincontestables d'habitations primitives.Une expédition composée de savantséthiopiens, kényens, français et amé¬ricains a montré, au début de cetteannée, que les premiers hommes ethominiens étaient sans doute appa¬rus dans cette partie de l'Afrique.

La variété des antiquités éthiopien¬nes est en vérité considérable. Une

récente étude de l'Unesco qui aparu en juin dernier vise à l'unifica¬tion de tous les secteurs de la recher

che concernant le passé, afin que leprogramme de fouilles dans le pays(mené à la fois par les archéologueséthiopiens et étrangers) soit lié audéveloppement des musées. L'un etl'autre domaine doivent être associés

à un programme élargi d'études ar¬chéologiques à l'Université HailéSelassie I. Les « Annales d'Ethiopie »et les « Cahiers de l'Institut éthiopiend'archéologie », deux publications spé¬cialisées, communiquent au mondesavant les secrets du passé fastueuxde l'Ethiopie, aujourd'hui de plus enplus accessible en raison des facilités

touristiques qu'a su multiplier l'Orga¬nisation éthiopienne de tourisme.

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Latitudes et Long

Pour percer les secretsdes pyramides

A la suite d'un accord entre les Etats-

Unis et la R.A.U., une équipe de savantsva explorer les pyramides à l'aide desmuons des rayons cosmiques. Cette tech¬nique, qui n'est pas sans analogie aveccelle des rayons X, consiste à projeterdes muons dans la masse de granit et àles renvoyer à des détecteurs qui mesu¬reront leur fréquence et leur gravité. Lebut de cette opération est de savoir siles pyramides ne recèlent pas des cham¬bres funéraires secrètes, comme le suppo¬sent certains archéologues ; en traversantces chambres situées dans l'épaisseur desmurs, les muons seront dotés d'une fré¬

quence et d'une énergie supérieure à cel¬les qu'ils ont en traversant les pierres,permettant de localiser le forage de tun¬nels d'exploration.

Alphabétisation en Birmanie

Lors de la nouvelle campagne d'alphabé¬tisation de 1967, en Birmanie, 3 690 cen¬tres nouveaux ont été créés dans 240 villes

et villages. Plus de 240 000 personnes ontsuivi les cours, dispensés par 28 000 maî¬tres volontaires, dont beaucoup de moinesbouddhistes. En 1966, 173 000 personnesavaient fréquenté les cours, et 133 000avaient appris à lire et à écrire.

Répertoire de traductionsd'euvres littéraires

Publié sous les auspices de l'Unesco,vient de paraître un catalogue répertoriantplus de 200 titres, intitulé « ProgrammeUnesco de traductions d'uuvres littérai¬

res ». Il s'agit de traductions (en anglais,

arabe, espagnol, français et persan) quiportent sur des ouvrages de plus desoixante littératures, dont une quarantainede langues orientales et une vingtaine delangues européennes.

Ecole d'aviation civile

pour l'Afrique orientale

A la suite d'un accord entre la Tanzanie,

le Kenya, l'Ouganda et le Programme desNations Unies pour le développement(PNUD), une école d'aviation civile va êtrecréée à Nairobi (Kenya). L'Organisation del'aviation civile internationale assurera la

formation du personnel technique nécessairedans les différents services au sol, ainsi

que celle des instructeurs qui prendrontla relève des experts internationaux.

Les nouveaux enfants

du Pirée

L'Organisation consultative maritime inter¬gouvemementale (IMCO), va créer prochai¬nement au Pirée (Grèce) un centre deformation pour les marins. Les stagiairesy seront envoyés pour une période detrois mois par leur gouvernement, et yseront initiés aux nouvelles techniques denavigation. Dès le mois de septembre,le Centre a accueilli une vingtaine de sta¬giaires, qui pour la plupart venaient depays africains.

Salves d'artillerie

et bains de vapeurpour jeunes touristes

Un nouveau centre international de jeu¬nesse a été ouvert dernièrement par les

A NOS LECTEURS

L'augmentation du coût de

la publication et de l'impres¬sion des périodiques nous

contraint à augmenter le prixde l'abonnement du « Cour¬

rier de l'Unesco » à partir du

î" janvier 1968. Les nouveaux

prix seront annoncés dans

notre prochain numéro. Abon¬nements et renouvellements

d'abonnements transmis à

l'Unesco avant le 31 décem¬

bre 1967 (date de la poste

faisant foi) seront acceptés àl'ancien tarif.

soins du Bureau de Tourisme soviétique,dans la vieille forteresse russe de Rostov-

Yaroslavski, sur la rive du lac Nero, aunord-est de Moscou. Les nouveaux venus

sont accueillis par une salve d'artillerie,tirée par de vieux canons de cuivre, etbénéficient pendant leur séjour de la tradi¬tionnelle hospitalité russe. Ceux quin'apprécient pas le bain de vapeur peuventêtre certains qu'ils auront une douche, carle confort moderne leur est assuré.

Un dictionnaire original

Un dictionnaire de 20 000 mots, espagnol-piémontais et piémontais-espagnol, vientd'être publié en Argentine par le Profes¬seur Luis Rebuffo. Ce travail unique enson genre, contient un trésor de renseigne¬ments sur le folklore, le théâtre et la litté¬rature du Piémont (Italie), indépendammentde l'intérêt linguistique de l'ouvrage. L'ou¬vrage coûte 1 000 pesos argentins. Adresserles commandes à Luis Rebuffo, Anchorena737, Rosario, Argentine.

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L'Unesco publie un rapport sur l'apartheid

L'Unesco vient de publier son rapport sur les conséquences de l'apartheid enAfrique du Sud dans le domaine de l'éducation, de la culture, de la science et del'information. Cette étude a été préparée par l'Unesco sur la demande du Comitéspécial des Nattons Unies chargé d'étudier la politique de l'apartheid du Gouver¬nement de la République Sud-Africaine. La situation en Afrique du Sud y estqualifiée « d'alarmante ». Le rapport souligne que la discrimination renforce uneidéologie « inacceptable dans le monde actuel ». (C'est en mars 1967 que lenuméro du « Courrier de l'Unesco », consacré à l'apartheid, a publié des extraits,alors inédits, de ce rapport.) La publication en librairie du texte, en anglais et enfrançais, a lieu alors que l'ouvrage est soumis à l'Assemblée générale des Nations-Unies, en cet automne 1967. L'Unesco a établi son rapport avec l'aide du professeurFolke Schmidt, de l'Université de Stockholm (consultant principal) et avec lacollaboration de J.P. Clark, poète et dramaturge nigérien, de l'Université de Lagos,du professeur F. Terrou, de l'Institut français de Presse (Paris) et de P. Sherlock,vice-chancelier de l'Université des Antilles. Ce travail vise à « confronter les

politiques et les pratiques du Gouvernement de l'Afrique du Sud dans le domainede l'éducation, de la science, de la culture et de l'information et un certain nombre

de normes internationales, à l'établissement desquelles se consacre l'Unesco, tantsur le plan moral que juridique ».

« APARTHEID, ses effets sur /'éducation, la culture, la science et l'information »,220 pages. Prix : 5,50 F. S'adresser à son libraire habituel ou aux agents de vente despublications sur l'Unesco (voir page 43).

En bref...

Le nombre des automobiles se multipliesi rapidement en Europe Occidentale(320 millions d'habitants) que d'ici 1990 ily aura 180 mii/ions de voitures.

D'après une récente enquête de l'Orga¬nisation mondiale de la Santé dans 23 paysindustrialisés, les accidents, et surtout les

accidents de la route, constituent la majeurepartie des décès dans la population demoins de 45 ans.

Cet été, 100 000 étudiants des universités

et des collèges soviétiques ont passé leursvacances à travailler dans le cadre de pro¬jets de développement, et ont construit desmaisons, des fermes, des chemins de feret des écoles.

Le Danemark, la Finlande, l'Islande, laSuède et la Norvège travaillent conjointe¬ment à réunir 20 000 dollars pour aider lacampagne d'alphabétisation de ¡'Unesco enTanzanie.

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CARTES DE VoUX

DE L'UNICEFLes cartes de voux de l'UNlCEF, créées par des artistes connus dans lemonde entier, sont vendues au bénéfice du Fonds des Nations Unies pourl'Enfance. Elles permettent chaque année de procurer de la nourriture etdes médicaments aux enfants nécessiteux de 120 pays, et de leur donnerégalement de l'instruction. L'année dernière la vente de plus de 50 millionsde cartes de l'UNlCEF a rapporté 3 millions de dollars, soit 15 millionsde F. Une boite de 10 cartes permet de fournir du lait à 50 enfants pendantune semaine. Cette année, seize nouvelles cartes viennent de paraître,dues à des artistes de divers pays : Autriche, Canada, Finlande, France,Inde, Norvège, Espagne, Grande-Bretagne, Amérique. Il existe égalementun agenda 1968 de l'UNlCEF, orné de 54 illustrations en couleurs, endeux versions: anglais-français et anglais-espagnol (prix: 10 F).

Deux cartes de vaux de l'Unicef

pour 1967-1968. « Au trot,

au galop I » par Bhagwan Kapoor,Inde (à gauche) et « Paix surla terre », par Ossi Czinner,Autriche.

Les cartes de l'Unicef sont vendues par boîte de 10 cartes. Prix : 8 F.Une carte grand format dessinée par Oskar Kokoschka, par boite de 10 :12 F. Pour toutes commandes s'adresser au Comité Français pour laFISE-UNICEF, 35 rue Félicien-David, Paris (16e) ; pour le Canada, auCanadian Committee for UNICEF, 737 Church Street, Toronto 5, Ontario.

Ne pas passer de commande à l'Unesco.

Pour vous abonner, vous réabonneret commander d'autres publications de l'Unesco

Vous pouvez commander les publications del'Unesco chez tous les libraires ou en vous adressant

directement à l'agent général (voir liste ci-dessous).Vous pouvez vous procurer, sur simple demande,les noms des agents généraux non inclus dans la liste.Les paiements peuvent être effectués dans la mon¬naie du pays. Les prix de l'abonnement annuel au« COURRIER DE L'UNESCO » sont mentionnés

entre parenthèses, après les adresses des agents.

ALBANIE. N. Sh. Botimeve, Nairn Frasheri, Tirana.ALGÉRIE. Institut Pédagogique Nacional, 11, rue

Zâatcha, Alger. ALLEMAGNE. Toutes les publica¬tions : R. Oldenbourg Verlag, Unesco-Vercrieb fürDeutschland, Rosenheimerstrasse 145, Munich 8. UnescoKurier (Edition allemande seulement) BahrenfelderChaussee 160, Hamburg-Bahrenfeld, CCP 276650.(DM 10). AUTRICHE. Verlag Georg Fromme et CSpengergasse 39, Vienne V. (Sch. 70.-). BELGIQUE.Toutes les publications : Editions « Labor », 342, rueRoyale, Bruxelles 3. Standaard. Wettenschappelijke Uitge-verij, Belgiëlei 147, Antwerpen 1. Seulement pour « leCourrier » (1 40 FB) et les diapositives (488 FB) : Louis deLannoy, 112, rue du Tr6ne, Bruxelles 5. CCP 3380.00.

BRÉSIL. Librairie de la Fundacao Getulio

Vargas, 1 86, Praiade Botafogo. Caixa Postal 4081-ZC-05.Rio deJaneiro. (CS. 1.680) BULGARIE. Raznoïznos1, Tzar Assen, Sofia. CAMBODGE. Librairie AlbertPortail, 14, avenue Boulloche, Phnom Penh. CAME¬ROUN. Papeterie Moderne, Maller & Cie, B. P. 495,Yaounde. CANADA. Imprimeur de la Reine, Ottawa,Ont. ($ 3.00). CHILI. Toutes les publications : EditorialUniversitaria S.A., Avenida B. O'Higgins 1058, casilla10220, Santiago. «Le Courrier», seulement : ComisiónNacional de la Unesco en Chile. Mac-lver 764, dpto. 63, 3piso, Santiago (E-). REP. DEM. DU, CONGO. La Li¬brairie. Institut politique congolais. B. P. 23-07, Kinshasa.COTE-D'IVOIRE. Centre d'Edition et de Diffusion Afri¬

caines. Boite Postale 4541, Abidjan-Plateau. DANE¬MARK. Ejnar Munksgaard A/S, 47 Prags Boulevard, Copen¬hague S (17 kr). ESPAGNE. Toutes les publications :Librería Científica Medinaceli, Duque de Medinaceli4, Madrid, 14. Pour le « Courrier de l'Unesco » : Edi

ciones Iberoamericanas, S.A., calle de Oftate 15 Madrid.(Pts 130). Sous-agent « Le Courrier ». Ediciones Liber,Apartado de correos, 1 7, Ondárrao (Vizcaya). ÉTATS-UNIS. Unesco Publications Center, 317 East 34th.Street. New York N.Y. 10016 ($ 5). FINLANDE.Akateeminen Kirjakauppa, 2, Keskuskatu, Helsinki.(Mk 9,40). FRANCE. Librairie Unesco, Place de Fonte¬noy, Paris. C.C.P. 12.598-48. (F. 10). GRÈCE. Librai¬rie H. Kauffmann, 28, rue du Stade, Athènes. Librai¬rie Eleftheroudakis, Nikkis, 4. Athènes. HAITI. Librai¬rie « A la Caravelle », 36, rue Roux. B.P. 111, Port-au-Prince. HONGRIE. Akademiai Konyvesbolt, VaciU 22, Budapest V., A.K.V. Kónyvtárosok Boltja, BudapestVI. Nepkoztársasag U. 1 6 ILE MAURICE. NalandaCo. Ltd., 30, Bourbon Str. Port-Louis 15/-. INDE.Orient Longmans Ltd. : 1 7 Chittaranjan Avenue, Calcutta13. Ballard Estate Chamber, Nicol Rd., Bombay 1; 36a.Mount Road, Madras 2. Kanson House, 1/24 Asaf Ali Road,P. O. Box 386, Nouvelle-Delhi. (R. S. 7). IRAN. Com¬mission nationale iranienne pour l'Unesco, avenue duMusée, Téhéran. IRLANDE. The National Press, 2Wellington Road, Ballsbridge, Dublin 4 (15/5d).ISRAEL. Emanuel Brown, formerly Blumstein's Book-score : 35, Allenby Road and 48, Nahlat Benjamin Street,Tel-Aviv. (8 IL). ITALI E. Toutes les publications : Libre¬ría Commissionaria Sansoni, via Lamarmora, 45. CasellaPostale 552, 50121 Florence (1 500 I), et, sauf pour les pé¬riodiques : Bo/ogne : Librería Zanichelli, Piazza Galvani 1 /h.All/on : Hoepli, via Ulrico Hoepli, 5. Rome : Librería Inter¬nazionale Rizzoli Galleria Colonna, Largo Chigi. Turin ;Librairie Française, Piazza Castello 9. JAPON. MaruzenCo Ltd. 6, Tori-Nichome, Nihonbashi, P.O. Box 605Tokyo Central, Tokyo (1200 yen). LIBAN. LibrairieAntoine, A. Naufal et Frères. B. P. 656, Beyrouth.LUXEMBOURG. Librairie Paul Brück, 22, Grand'Rue,Luxembourg. (140. F.L). MADAGASCAR. Toutesles publications : Commission nationale de la Répu¬blique malgache. Ministère de l'Education nationale,Tananarive. « Le Courrier » seulement : Service des

-uvres pose et péri-scolaires, Ministère de l'Educationnationale, Tananarive. MAROC. Librairie « Auxbelles images », 281, avenue Mohammed-V, Rabat. CCP68-74. « Courrier de l'Unesco » : Pour les membres du

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MARTINIQUE. Librairie J. Bocage, rue Lavoir. B.P,208. Fort-de-France. (F. 10). MEXIQUE. EditorialHermes Ignacio Mariscal 41, Mexico D. F., Mexique($ 26 M. mex.). MONACO. British Library. 30, bid desMoulins. Monte-Carlo (F. 1 0). MOZAMBIQUE. Salema& Carvalho Ltda., Caixa Postal 1 92, Beira. NORVÈGE.Toutes les publications : A.S. Bokhjornet, Akersgt 41Oslo 1. Pour le « Courrier » seulement : A. S. Narve-

sens, Litteraturjeneste Box 6125 Oslo 6 (N kr 17,50).NOUVELLE-CALÉDONIE. Reprex. Av. de la Victoire,Immeuble Paimbouc. Nouméa ( ). PAYS-BAS. N.V. Martinus Nijhoff Lange Voorhout 9. La Haye(fl. 8.50). POLOGNE. Toutes les publications :ORWN PAN. Palac Kultury, Varsovie. Pour lespériodiques seulement : « RUSH » ul. Wronia 23Varsovie 10 (zl. 60). PORTUGAL. Dias & AndradeLda, Livraria Portugal, Rua do Carmo, 70, Lisbonne.RÉPUBLIQUE ARABE UNIE. Librairie Kasr El Nil3, rue Kasr El Nil, Le Caire, Sous-agent : la Renaissanced'Egypte, 9 Tr. Adly Pasha, Le Caire. ROUMANIE.Cartimex, 3, rue du 1 3 Décembrie. P.O.B. 134-135,Bucarest. ROYAUME-UNI. H. M. Stationery Office,P.O. Box 569, Londres S.E.I. (15/-). SÉNÉGAL. LaMaison du livre 13, av. Roume, B.P. 20-60 Dakar.SUÈDE. Toutes les publications : A/B CE. Fritzes, Kungl.Hovbokhandel, Fredsgatan 2, Stockholm, 16. Pour «LeCourrier » seulement : The United Association of Sweden.

Vasagatan 15-17, Stockholm, C. (Kr 12). SUISSE.Toutes les publications : Europa Verlag, 5, Ramistrasse,Zürich. C.C.P. ZUrich VIII 23383. Payot, 6, rue Grenus1211 Genève, 11 C.C.P. 1-236. Pour « Le Courrier » seu¬lement : Georges Losmaz, 1, rue des Vieux-Grenadiers,Genève, C.C.P. 1-4811 (Fr. S 10). SYRIE. Librairieinternationale Avicenne B. P. 2-456, Damas. TCHÉCO¬SLOVAQUIE. S.N.T.L, Spalena 51, Prague 2. (Expo¬sition permanente) ; Zahracnici Literatura, Bilkova,4, Prague 1. TUNISIE. Société tunisienne de diffu¬sion, 5, Avenue de Carthage, Tunis. TURQUIE.Librairie Hachette, 469,lstiklal Caddesi, Beyoglu, Istanbul.U.R.S.S. Mezhdunarodnaja Kniga, Moscou, G-200.URUGUAY. Editorial Losada Uruguaya, SA. Colonia1060, Montevideo. VIETNAM. Librairie PapeterieXuan Thu. 185-193, rue Tu-Do. B.P. 283, Saigon.YOUGOSLAVIE. Jugoslovenska-Knijga. Terazije 27,Belgrade. Naprijed, Trg, Republike 17, Zagreb.

Page 44: Novembre 1967 (XXe année) - France : 1 F - Belgique : 14 ...unesdoc.unesco.org/images/0007/000782/078231fo.pdf · La fonte et l'acier, lecuivre et nickel, plomb et le zinc; l'aluminium

SUR LE CIEL DE MOSCOUEn forme de livre ouvert, ce bâtiment de 30 étages est caractéristique de la nouvelle architecture soviétique. C'est le plusrécent et le plus élevé des immeubles de Moscou ; le Conseil d'Assistance économique mutuelle y a son siège. Au cours destrente dernières années, les possibilités de logement ont doublé à Moscou, et 650 000 appartements supplémentaires serontterminés avant 1970 (voir page 22).

Photo © Almasy