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Nouvelle politique étrangère Sous la direction de Charlie Mballa et Nelson Michaud Préface de Michel Robitaille

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Nouvelle politique étrangère

Sous la direction de Charlie Mballa et Nelson Michaud

Préface de Michel Robitaille

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Mem

bre

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Nouvelle politique étrangère

Sous la direction de Charlie Mballa et Nelson Michaud

Préface de Michel Robitaille

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Vedette principale au titre :

Nouvelle politique étrangère

Comprend des références bibliographiques et un index.

ISBN 978-2-7605-4496-3

1. Relations internationales. 2. Diplomatie. I. Mballa, Charlie. II. Michaud, Nelson, 1960- .

JZ1242.N68 2016 327 C2016-940247-9

Conception graphique Julie Rivard

Image de couverture iStock

Mise en pages Info 1000 Mots

Dépôt légal : 2e trimestre 2016

› Bibliothèque et Archives nationales du Québec › Bibliothèque et Archives Canada

©  2016 – Presses de l’Université du Québec Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés

Imprimé au CanadaD4496-1 [01]

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Préface

Michel RobitailleDélégué général du Québec à ParisReprésentant personnel du premier ministre pour la francophoniePrésident du Groupe des ambassadeurs francophones de France

Depuis la fin des années 1980, le monde est en mutation. Nous avons vécu la fin de la guerre froide, la chute du mur de Berlin et l’émergence de nouvelles puissances. Le monde est maintenant caractérisé par la multipolarisation de la scène internationale, la mondialisation des échanges et une révolution des technologies de l’information et de la communication qui rendent l’actualité accessible en temps réel, peu importe où nous nous trouvons.

Ces changements, qui semblaient nous mener vers un monde d’ou­verture et une ère de développement pacifique favorisant le multilaté­ralisme, ont récemment cédé le pas à un monde nouveau. Il s’agit d’un monde anxiogène, traumatisé par des menaces planétaires sans cesse grandissantes, découlant des succès des groupes intégristes et de la multiplication des actes de terrorisme aux quatre coins du monde. Même les révolutions du printemps arabe, qui devaient déboucher sur davan­tage de démocratie, ont surtout généré, pour le moment, la montée en puissance des groupes extrémistes.

Cette nouvelle réalité est venue freiner les élans d’ouverture de la mon­dialisation et remettre en cause la grande mobilité des personnes, comme c’est notamment le cas dans l’espace Schengen de l’Union européenne, à l’intérieur de la zone englobant les 26 pays qui en sont membres.

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Face à de tels bouleversements, chaque État et chaque gouvernement doit redéfinir son rôle sur la scène internationale, repenser sa politique étrangère, revoir ses stratégies et s’interroger sur la forme que pourrait prendre une réorganisation de son réseau diplomatique. Tout cela dans le but de mieux défendre et promouvoir ses intérêts dans ce nouveau contexte de mondialisation et d’insécurité.

Œuvrant depuis 40 ans dans le domaine des relations internatio­nales au sein du gouvernement du Québec et de son réseau de repré­sentations à l’étranger, j’ai vécu sur le terrain les effets significatifs et sans cesse accélérés de ces changements tout d’abord qualifiés d’inter­nationalisation, puis de mondialisation. J’ai été témoin du rôle de plus en plus déterminant d’acteurs autres que les États dans les affaires mondiales tels les organisations internationales, les gouvernements infranationaux, les ONG et la société civile. Il est fini le temps où seuls les diplomates d’États souverains avaient le monopole de l’exercice de la diplomatie. Il faut maintenant composer avec tous les acteurs exté­rieurs qui n’ont pas nécessairement les mêmes pratiques ou les mêmes objectifs, mais qui exercent une influence réelle sur les gouvernements.

La société civile, par exemple, est de plus en plus mobilisée autour d’enjeux transnationaux et est à même d’avoir une influence décisive sur l’agenda international, comme on a pu notamment le constater lors­qu’une campagne mondiale d’ONG a débouché sur le traité d’Ottawa bannissant les mines antipersonnelles.

La gestion des affaires extérieures des pays et gouvernements ainsi que le travail diplomatique sont donc en mutation permanente pour adapter les stratégies et les actions de ces derniers à cette nouvelle réalité. La diplomatie se fait désormais beaucoup plus dans une logique d’influence que dans la traditionnelle approche de confrontation qui caractérisait un monde bipolaire. Ce nouveau monde globalisé favorise une souveraineté partagée, les intégrations régionales, la coopération et la défense d’intérêts communs à plusieurs États.

J’ai pu, une fois de plus, le constater lors de ma participation à la 21e Con férence des parties sur les changements climatiques de l’Organi­sation des Nations Unies (COP21) qui s’est tenue à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015. La COP21 a été précédée de plusieurs mois de trac­tations diplomatiques menées par le ministre des Affaires étrangères de la République française. La totalité de l’impressionnant réseau de

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Préface

représentations diplomatiques de la France a été mise à contribution pendant plus d’un an dans le cadre d’une vaste opération stratégique de soft power qui a réussi à influencer les politiques d’environnement de plusieurs États. Ces actions concertées de la France et son succès à convaincre, même les plus récalcitrants, ont mené à un accord histo­rique, que l’on estimait improbable, entre 196 pays qui ont convenu d’une cible de réduction du réchauffement de la planète à deux degrés. C’est à cette même COP21 que, pour la première fois, dans le cadre des conférences de l’ONU sur le climat, des États fédérés et des territoires ont été considérés comme faisant partie de la solution. Ils ont ainsi été invités à présenter leurs initiatives dans l’enceinte officielle, normale­ment exclusivement réservée aux membres, confirmant ainsi le nouveau et déterminant rôle que sont appelés à jouer les États infranationaux et les territoires.

Le Québec, État infranational qui fait partie de la courte liste de ces États non souverains, utilise tous les leviers à sa disposition pour servir ses intérêts à l’international. Il agit sur tous les fronts grâce à son réseau de 26 représentations gouvernementales à travers le monde, à son statut de membre permanent de l’Organisation internationale de la franco phonie, à sa présence à l’UNESCO, à son appartenance à de très nombreux forums et regroupements régionaux d’États fédérés et de territoires ainsi qu’à l’action soutenue d’un ministère exclusivement consacré à la gestion de ses relations internationales.

Le présent ouvrage collectif Nouvelle politique étrangère, codirigé par Charlie Mballa et Nelson Michaud, est une remarquable réflexion sur la nécessité de reconsidérer le cadre et les niveaux d’analyse en poli­tique étrangère en réaction à cette mouvance et à cette gouvernance mondiales. Il aborde, en des termes accessibles, les grands défis décou­lant de la mondialisation et de la continentalisation. Il présente clai­rement les répercussions de ces deux tendances sur l’évolution de la gouvernance des affaires du monde.

Il a la très grande qualité d’être rédigé par des professeurs et cher­cheurs québécois, canadiens, européens et africains représentant diverses traditions universitaires et différents univers culturels. Ces auteurs ont tous eu le souci de proposer, aussi bien aux diplomates de carrière de longue expérience qu’aux nouvelles générations de décideurs et de diplomates, des réponses aux questions théoriques et pratiques de notre temps.

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Nouvelle politique étrangère

La lecture de l’ouvrage que vous avez entre les mains vous apportera un nouvel éclairage sur les enjeux réels de la diplomatie contemporaine et vous permettra de mieux comprendre comment la politique étrangère réussit à s’insérer dans le contexte tumultueux de la gouvernance globale.

Enfin, je suis persuadé que cet ouvrage en inspirera plusieurs et qu’il confortera peut­être même certains qui considèrent entreprendre une stimulante carrière diplomatique.

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Table des matières

Préface .................................................................................. VIIMichel Robitaille

Introduction / Politique étrangère, politique globale et diplomatie : frontières et passerelles ........................................................ 1Charlie Mballa et Nelson Michaud

Chapitre 1 / La théorie générale de la politique étrangère : l’impossible mission d’objectivation ? ..................................... 11Sébastien Barthe et Charles-Philippe David

1 / Le réalisme et la politique étrangère étatique ................... 132 / Les approches libérales classiques et contemporaines

de la politique étrangère .................................................. 193 / Les théories de la décision à l’épreuve

de la politique extérieure ................................................. 224 / Les obstacles perceptuels et cognitifs à la prise

de décision ..................................................................... 265 / Les contraintes bureaucratiques à la prise de décision ...... 306 / Le constructivisme comme via media théorique

pour aborder le phénomène de la politique étrangère ....... 32Conclusion ..................................................................... 35Bibliographie .................................................................. 41

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Chapitre 2 / L’évolution de la pensée en politique étrangère : la construction d’une théorie-cadre d’hier à aujourd’hui ......... 47Philippe Constantineau

Chapitre 3 / La redécouverte des approches sociologiques et psychologiques appliquées à l’analyse de la politique étrangère ........................................................ 77Patrick David Houghton

1 / La fin de la guerre froide et la hausse du subjectivisme ..... 782 / La grande débâcle ........................................................... 803 / La redécouverte des approches sociologiques .................. 834 / La redécouverte des approches psychologiques ............... 895 / Constructivisme et cognitivisme :

une combinaison possible ? ............................................. 94Bibliographie .................................................................. 96

Chapitre 4 / La politique étrangère traversée par le haut et par le bas : transnationalisation, décentralisation, sectorisation et privatisation ................................................. 99Charlie Mballa

1 / Politique étrangère et politiques étrangères : entre dilution et fragmentation ........................................ 1011.1 / Les dynamiques d’appropriation collective

de la politique étrangère ........................................ 1011.2 / Les dynamiques d’appropriation subjective

de la politique étrangère ........................................ 1042 / La politique étrangère dans un contexte de brouillage

des frontières : des vicissitudes de la puissance souveraine à la subversion de dynamiques réticulaires ..... 106

3 / Les ambivalences de la phénoménalité de politique étrangère : esquisse de repérage ....................................... 108Conclusion ..................................................................... 111Bibliographie .................................................................. 113

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Table des matières

Chapitre 5 / La politique étrangère en quête de nouveaux leviers : l’universalisme démocratique, ultime « grande illusion » des diplomaties occidentales ? ............................................... 117Philippe Moreau Defarges

1 / Leviers universalistes : problématique ............................. 1181.1 / Repères historiques ............................................... 1191.2 / Nouveaux facteurs structurants :

dé­territorialisation et fragmentation ..................... 1222 / Les États occidentaux et l’universalisme démocratique

ou l’arroseur arrosé ......................................................... 1243 / L’incertaine planétarisation de l’universalisme

démocratique ................................................................. 1273.1 / La démocratie et les droits de l’Homme :

des notions en décomposition­recomposition permanentes ......................................................... 127

3.2 / La démocratie et les droits de l’Homme : deux notions happées par la mondialisation ........... 128

3.3 / La démocratie entre planétarisation et universalisation ................................................. 128

Bibliographie .................................................................. 130

Chapitre 6 / La politique étrangère à l’épreuve du soft power .................... 131Frédéric Mayer

1 / La politique étrangère ..................................................... 1332 / Le soft power ................................................................... 1353 / De nouvelles possibilités ................................................. 1374 / Le prestige ou le succès des institutions ? ......................... 1395 / Les autres sources ........................................................... 1416 / Des indicateurs ............................................................... 1437 / Le soft power passif et le soft power actif ......................... 1448 / Le soft power et la diplomatie publique ............................ 147

Conclusion ...................................................................... 149Bibliographie .................................................................. 150

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Chapitre 7 / Entre démocratie et diplomatie publique : où se trouve la politique étrangère ? ....................................... 153Evan H. Potter

1 / La diplomatie publique : concept et pratique .................... 1562 / Le contexte en changement : tendances et acteurs ............ 1613 / La diplomatie 2.0 : une nouvelle diplomatie publique

pour le xxie siècle ? .......................................................... 166Conclusion ..................................................................... 172Bibliographie .................................................................. 174

Chapitre 8 / Les alliances et les alignements : les déterminants stratégiques et éthiques des coalitions politiques internationales .............. 177Carlos R. S. Milani

1 / La politique étrangère comme politique publique ............ 1782 / Les facteurs économiques, énergétiques

et géopolitiques de la puissance ....................................... 1813 / Le soft power, expérience multilatérale

et coopération Sud­Sud ................................................... 187Conclusion : un projet politique de développement autonome .......................................... 191Bibliographie .................................................................. 191

Chapitre 9 / La politique étrangère, le fédéralisme et la gouvernance à paliers multiples : l’exemple des négociations commerciales ... 193Stéphane Paquin

1 / Théories du fédéralisme et des négociations commerciales .................................................................. 196

2 / Fédéralisme et négociations internationales au Canada .... 1973 / La conclusion de traités au Canada .................................. 2004 / Les mécanismes intergouvernementaux

commerciaux .................................................................. 204Conclusion ..................................................................... 207Bibliographie .................................................................. 208

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Table des matières

Chapitre 10 / La politique étrangère dans un pays en développement : symétries et asymétries, mimétisme et parallélisme .............. 211Oumar Ba

1 / Les déterminants objectifs de la politique étrangère ......... 2131.1 / La construction constitutionnelle

d’un monopole ...................................................... 2131.2 / Des invariants diplomatiques structurants ............. 215

2 / Les déterminants subjectifs de la politique étrangère sénégalaise : un président, une vision ? ............................ 2162.1 / Les visions réalistes ............................................... 2162.2 / La vision libérale d’Abdoulaye Wade : complexités

diplomatiques et revirements géopolitiques ........... 222Conclusion ..................................................................... 226Bibliographie .................................................................. 227

Conclusion / La politique étrangère : une étrange politique ? ...................... 231Charlie Mballa et Nelson Michaud

Notices biographiques ............................................................. 239

Index ..................................................................................... 243

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IntroductIon  /

Politique étrangère, politique globale et diplomatie

Frontières et passerelles

Charlie Mballa et Nelson Michaud 1

Les transformations auxquelles le système des relations internationales a été confronté depuis la fin des années 1990 se traduisent par plusieurs manifestations qui nous sont aujourd’hui familières : la décentralisation de l’ordre mondial consécutive à la fin de la guerre froide ; la montée des régionalismes ; l’émergence de nouvelles puissances économiques ; la précarisation de la sécurité internationale ; les transitions démo­cratiques ; les changements climatiques et technologiques ; etc. Ces trans formations ne vont pas, aujourd’hui, sans remettre en question la politique étrangère et son système international d’insertion. Sont parti­culièrement visés par ces évolutions, l’environnement, les acteurs et les processus de politique étrangère ainsi que le regard que l’observateur jette sur le phénomène. Parallèlement, les nombreux bouleversements survenus en politique intérieure concourent à l’évolution de l’ordre mondial, de la diplomatie et à une reconsidération des paradigmes scientifiques qui tentent d’expliquer ces phénomènes. L’ensemble de ces redéfinitions est de nature à brouiller la frontière, parfois reconnue, mais souvent pratiquée entre les nombreuses sous­disciplines des sciences politiques et les champs analytiques connexes.

Par­delà les champs heuristiques, les différentes invasions à carac­tère épistémologique attribuées à la pluralisation des acteurs et des sujets internationaux nous imposent de prendre quelques précautions

1 Nos remerciements les plus sincères à Kim Nossal (School of Policy Studies, Queen’s University) pour sa con tri-bution et ses conseils.

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sémantiques pour ne pas fondre la politique étrangère dans son contexte et la confondre avec ses moyens. Dès lors, évoquer la politique globale revient à discerner les différentes relations de parallélisme et les inter­sections qui traversent la politique étrangère et son environnement et à démêler tout un réseau complexe de relations multiscalaires. Situer la politique étrangère par rapport à la diplomatie vise à restituer les évolutions qui en ont affecté les instruments et les pratiques.

Ainsi, la politique étrangère concerne ce que les États font au confluent d’un environnement interne et d’un environnement externe. Le pro­cessus déployé (comment ils le font) relève davantage de la diplomatie, comme nous le verrons plus loin. La politique étrangère a souvent été reconnue comme un ensemble d’actions étatiques poursuivant des buts internationaux précis, dont le principal n’est autre que l’exercice d’une influence sur le système international, chacune de ces actions reposant sur une doctrine internationale. Pour sa part, cette doctrine bénéficie d’un dispositif de formulation et de mise en œuvre propre.

La nature intrinsèquement étatique, traditionnellement reconnue à la politique étrangère, soulève de plus en plus de doutes et l’expression « politique globale » semble se donner la vocation de les dissiper, du fait de la convoitise que suscitent l’objet et le champ d’étude qui nous inté­ressent. Consacrée au système politique et économique de notre monde et analysée comme domaine d’étude, la « politique globale », dans une perspective transnationaliste, renvoie à cet espace décentralisé où inter­agissent un nombre toujours grandissant d’acteurs non étatiques dont l’influence cumulée représente un défi de taille au monopole de l’État sur l’évolution de celui­ci. Ce défi, devons­nous le rappeler, renvoie à divers phénomènes à l’origine des thèses du dépérissement ou du retrait de l’État (Strange, 1996), du déclin de l’État territorial (Herz, 1957) ou encore de l’« État réduit » (Bernier et Gow, 1994). Ces thèses, favorables à la croyance grandissante au mythe d’un État sans pouvoir (Weiss, 1998), témoignent de plus de la désuétude progressive de la souveraineté et de l’ordre international qui y est rattaché. Elles sont amplifiées notamment par le développement des flux de tous ordres, allant de la circulation des biens, des services, des capitaux, des personnes de toute nationa­lité aux échanges d’informations et de façons de faire (best practices), dans des domaines très variés. À cela Keohane et Nye (1989 ; Keohane et al., 1971) ajoutent le rôle régulateur des organisations internationales dans les domaines commercial et économique et la circulation des idées diffusées par les ONG. Ces chercheurs en arrivent à conclure à l’impé­rative nécessité de l’adoption d’approches plus « collaboratives » dans la

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Introduction / Politique étrangère, politique globale et diplomatie

gestion des affaires de l’État et du monde. Sont particulièrement visés par la posture collaborative recommandée les rapports entre acteurs hétéroclites mis en commun : organisations internationales et régio­nales, États, grandes entreprises, organisations non gouvernementales et individus. Le résultat ultime qu’ils prédisent est le renforcement de la dimension managériale de l’État et l’atténuation de la perception coercitive de ce dernier.

En tenant compte de ces éléments, la « politique globale » est donc une désignation proche des postures inclusives dans l’analyse des rela­tions internationales et de la diplomatie, à l’instar de celle proposée par Melissen et Sharp (2006), faisant des États des acteurs diplomatiques « parmi tant d’autres » ou par le Global Policy Institute de Durham. Ce dernier a érigé la global policy en un champ d’étude qui se consacre à l’ensemble des phénomènes et processus mondiaux à l’origine des flux transcontinentaux et transrégionaux ainsi qu’aux réseaux d’activités et d’interaction qui s’y rattachent. Les chercheurs qui s’y intéressent se préoccupent d’analyser les acteurs publics et privés agissant en réseau et formant un cadre de gouvernance multiniveaux. Ces acteurs établissent ou transcendent un ensemble de régimes nationaux, inter­nationaux et transnationaux. Pour cette école anglaise, le concept de politique globale, popularisé dans une revue ad hoc (Global Policy Journal), renvoie à six types d’intérêts heuristiques.

Le premier concerne les régimes conventionnels et les modes d’ac­tion concertés qui s’y rapportent, à l’échelle internationale, et qui visent à s’attaquer, de manière collective, à des phénomènes représentant un risque planétaire. Font partie de cette catégorie, les solutions collectives apportées par des gouvernements et des États­nations aux enjeux et problèmes cruciaux d’intérêt commun que pose l’intensification de la mondialisation, depuis les cinquante dernières années.

Le deuxième type d’intérêt concerne les modes non conventionnels de coordination à l’échelle mondiale et les politiques relatives à des domaines de politique internationale non traditionnels, tels l’opinion publique internationale, le travail des enfants, le bien­être au travail, etc.

Le troisième type d’intérêt renvoie à l’incidence des idées (débats éthiques et innovants) sur les institutions, les politiques information­nelles, les processus de modernisation des politiques publiques. Il fait également référence aux répercussions des idées sur les théories normatives relatives au nouvel ordre mondial et à la gouvernance globale.

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Les trois derniers types d’intérêts sont regroupés en un seul, qui porte sur un ensemble d’effets spill over. Il s’agit d’effets qui découlent de la formulation traditionnelle des politiques nationales ou des répercussions extrafrontalières des modèles nationaux de gouvernance.

De ces trois derniers types de mutation regroupés, le premier concerne les modèles expérimentaux de formulation des politiques publiques influencés par des dynamiques d’intégration sectorielle (cas des politiques européennes) et géographique (expériences nord et sud­américaines, asiatiques et africaines). Le deuxième type recouvre les mutations des modèles de gouvernance, notamment le passage d’une gouvernance unipolaire (États­Unis) à une gouvernance multi­polaire portée par des blocs régionaux en émergence (Chine, Inde et Amérique latine). Chacun de ces blocs incarne une approche particulière de construction des politiques publiques. Le dernier type de mutation observée dans ce groupe vise le réseau constitué d’acteurs hétéro­gènes, notamment non gouvernementaux (entreprises privées, insti­tutions régionales et transnationales, organisations professionnelles et groupes d’intérêt, médias) dotés de pouvoirs asymétriques et soumis à des dynamiques d’interdépendance également asymétriques.

De cette vision de la politique globale défendue par les auteurs du Global Policy Journal, découle un nouveau type de gouvernance : la gouvernance globale (global governance), terme très répandu dans les écrits scientifiques concernant les relations internationales, où l’ex­pression tend souvent à se confondre avec la notion de politique étran­gère. La gouvernance globale serait ainsi la politique étrangère dans un contexte de complexité, face à la multiplication quasi infinie d’acteurs porteurs de puissance sur la scène internationale (Paquin, 2006).

Partant du caractère hétéroclite des acteurs, de l’asymétrie de leur puissance, de l’interdépendance de leurs relations (Keohane et Nye, 1977) et de la singularité des « intérêts nationaux » (Krasner, 1978), nous pouvons nous intéresser aux mécanismes d’interaction observables. Ces derniers interpellent d’abord la diplomatie, en ce qu’elle concerne la manière dont les intérêts communs sont traités, puis les modes de gestion des situations discordantes, voire conflictuelles, et, enfin, le champ d’études qui s’y consacre.

Plus précisément, la diplomatie est aussi vieille que la politique étrangère. Elle a, depuis longtemps, servi d’instrument à cette dernière. Nous la définissons comme l’utilisation pacifique de ressources, notam­ment humaines, mais aussi politiques et économiques, par les acteurs de politique étrangère, pour mettre en œuvre une doctrine internationale.

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Introduction / Politique étrangère, politique globale et diplomatie

Au service de la politique globale et de la politique étrangère, elle exerce différentes fonctions, dont quatre sont chères à Hedley Bull (2012). Ce dernier, dans une tradition bien grotienne, fait ainsi référence à la communication, à l’information, à la négociation et à la mitigation des conflits. Dans le nouveau contexte de dilution des frontières du « dedans » et du « dehors », de « désuétude de l’interne et de l’externe » (Hocking, 1994), du mondial et du local, du national et du régional (Aldecoa et Keating, 1999), les pratiques sous­jacentes à ces fonctions et les acteurs diplomatiques les exerçant ont connu une évolution importante. Il est très probable qu’ils soient encore appelés à se développer, à la faveur de la vision que les dirigeants ont du contexte que nous venons d’évoquer et de leur capacité à favoriser l’adaptation de leurs sociétés respectives aux contraintes et opportunités environnementales.

Dans quelle mesure la politique étrangère réussit­elle à s’insérer dans le contexte tumultueux de la gouvernance globale ? Quelles sont les différentes trajectoires des acteurs dans leurs efforts pour répondre à la pression de ce nouveau contexte ? Le recours à l’expression « nouvelle diplomatie » (Lee et Smith, 2011 ; Massart­Piérard, 2005) traduit justement cette quête d’adaptation permanente des fonctions et des moyens de la politique étrangère au contexte et à ses contraintes. Ce besoin d’adap­tation est encore plus ressenti face aux exigences particulières que la mondialisation et la continentalisation exercent sur l’énonciation des doctrines internationales (politique étrangère) ainsi que sur les moyens et processus de leur mise en œuvre (diplomatie). Bien que les deux vocables désignent des réalités visiblement comparables, la mondialisation évoque d’abord l’ouverture au monde et la continentalisation est surtout perçue du point de vue économique, mais aussi sous l’angle des droits sociaux et des diversités culturelle et juridique (Michaud, 2003). Les deux phéno­mènes ont toutefois pour effet de modifier, parfois de manière percep­tible, la trajectoire des axes de priorité de la politique étrangère, soit en les réorientant, soit en les diversifiant, comme la démonstration en avait été faite à propos de la politique étrangère d’acteurs fédérés ou régio­naux comme le Québec (Michaud, 2003). Du fait de l’intensification des interactions humaines, spatiales et cognitives (Lee et Smith, 2011), ces deux phénomènes exigent une mise en commun des problèmes publics à l’échelle planétaire et dans des sec teurs de plus en plus nombreux : la gestion des citoyens installés à l’étranger (les « diasporas ») ; la diffu sion de certaines valeurs comme la démocratie, les droits de la personne, la protection de l’environnement et autres actes de l’État à l’échelle glo bale ; la régulation de la gouvernance numérique ; la gestion des risques et des me naces à la santé publique, etc. Leur prise en compte dépasse aujourd’hui

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les outils traditionnels de la di ploma tie, sans oublier les contraintes certaines qu’ils exercent sur les diplomates. Ces con traintes se posent d’abord en termes d’expertise pointue dans des domaines parfois peu traditionnels de politique étrangère. La nouvelle diplomatie représente ainsi un ensemble de réponses adaptées à ces contraintes nouvelles ou nouvellement ressenties.

Face à la diversification des enjeux et des domaines et à la complexifi­cation de la gouvernance, la diversification/spécialisation des ressources semble une des réponses pouvant s’imposer. Devant cet impératif d’adap­tation et de rénovation de la diplomatie, les trajectoires des acteurs varient en fonction de leur capacité d’insertion dans la gouvernance globale, leur capacité de mobilisation de ressources multiniveaux et multisectorielles ainsi que leur capacité à renouveler leurs instruments diplomatiques.

Il s’agit de variables au caractère opérationnel indéniable, mais dont les répercussions sur le plan théorique sont heuristiquement stimu­lantes. En s’y intéressant, les chercheurs et spécialistes, dont les contri­butions sont réunies dans le présent ouvrage, ont voulu répondre à une question commune : l’irruption de nouveaux acteurs diplomatiques, le recours aux mécanismes traditionnels de politique étrangère par des acteurs non traditionnels, l’apparition de nouveaux enjeux dans l’ho­rizon diplomatique international ne poussent­ils pas à reconsidérer le cadre et les niveaux d’analyse en politique étrangère ?

Sans vouloir enfermer les différents apports des contributeurs, cet ouvrage cherche à animer les réflexions inspirées par cette question centrale en faisant la part belle à l’examen de l’adéquation entre la nature des moyens analytiques et celle d’un objet « politique » inséré dans un monde de plus en plus interconnecté et réellement global. L’articulation entre l’internationalisation croissante des questions internes et l’inva­sion diplomatique des questions économiques, commerciales, sociales et culturelles, notamment, est également au cœur des analyses.

Ces dernières s’articulent ainsi autour de trois interrogations struc­turantes : a) Comment imaginer aujourd’hui un cadre épistémologique de la politique étrangère qui tienne compte des différents facteurs contextuels ? b) Comment analyser la politique étrangère comme poli­tique publique face au phénomène de dilution des frontières épistémolo­giques et la reconfiguration du système d’interactions ? c) Quelles leçons pratiques et théoriques tirer des différentes formes d’expérimentation de la politique étrangère induite par la pluralisation des acteurs et des moyens diplomatiques ?

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Introduction / Politique étrangère, politique globale et diplomatie

Pour répondre à ces interrogations, nous avons réuni les contribu­tions des spécialistes représentant divers univers culturels et diffé­rentes traditions universitaires. Relativement à la définition de l’objet, Sébastien Barthe et Charles-Philippe David croient que cette question n’est toujours pas tranchée pour ce champ d’expertise aux visées à la fois explicative et prescriptive, abstraite et pratique. Pourtant, le caractère relativement jeune de la discipline académique des relations internatio­nales, en sciences sociales, n’a pas empêché la croissance des travaux scientifiques qui lui sont consacrés, notamment ceux particulièrement consacrés à l’analyse de la politique étrangère. Ce qui fait dire à Philippe Constantineau que l’œuvre d’objectivation ne saurait plus être consi­dérée comme une mission impossible, étant donné que les acquis analy­tiques disponibles peuvent conduire à un cadre théorique qui puisse rendre compte des différences conceptuelles, notamment entre la poli­tique étrangère et la politique globale. Ce cadre est à imaginer au­delà de l’hétérogénéité des situations géopolitiques ou de la confusion (l’incerti­tude, à tout le moins) dans laquelle la fin de la guerre froide a plongé les théories de politique étrangère et des relations internationales.

Dans cet environnement global d’après­guerre froide, David Patrick Houghton nous convie à une réflexion qui incite à appréhender le con texte qui a succédé à la guerre froide comme un ensemble d’occasions permettant non seulement de déterminer les perdants et les gagnants de ces années d’incertitude, mais aussi d’orienter le point de vue de l’obser­vateur vers des cibles conceptuelles qui fassent une part belle au monde tel que le reflètent nos interventions perceptuelles et cognitives. C’est l’enjeu méthodologique qui, d’après lui, mérite l’attention de l’analyste, invité à ne pas se limiter à considérer le monde comme il est. Ce monde, objet de tous les attributs et épithètes (monde global, monde en réseau, monde transnational ou monde en miettes), aurait fait tomber, comme l’évoque Charlie Mballa, un pan important des dogmes structurants de la vulgate westphalienne dans la « théorie de la relativité » : la logique terri­toriale. Cette dernière est en effet contredite par le pouvoir planétaire et structurant des idées, des idéologies, bref par une vision du monde (weltanschauung) propre à la politique globale.

Ceci étant posé, il faut se garder de s’emmurer dans la pensée et les idéologies universalistes. Ainsi, Philippe Moreau Defarges, sous l’angle des grandes illusions idéologiques diffusées par les démocra­ties occidentales, attire notre attention sur un ensemble d’inclinai­sons qui tendraient à prendre la politique étrangère pour une simple projection extérieure de la politique intérieure d’un État, sur la base

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de certains principes et valeurs articulés ou non, mais de plus en plus homogènes. C’est justement par le prisme de la démocratie qu’Evan H. Potter observe les changements qui affectent la politique étrangère et la diplomatie, subverties par un ensemble de phénomènes, dont la diplo­matie publique, l’invasion d’acteurs gouvernementaux non centraux, à côté de bien d’autres tendances qui obligent à revoir les approches clas­siques. Longtemps considérées comme posture intellectuelle légitime, ces dernières ont accordé une place de prédilection à la coercition, alors enjeu et objet majeurs pour les chercheurs. Dans ce contexte redéfini que nous venons d’évoquer en début d’introduction, elles ne peuvent plus être seules. Pour saisir les nouvelles dimensions ainsi apportées, il nous faut recourir à une grille d’analyse permettant d’éclaircir une grande partie des relations internationales, à ce jour peu expliquées, voire inexpliquées par les approches classiques. C’est ce à quoi Frédéric Mayer nous invite. Prolongeant la réflexion de Mballa sur la phénomé­nalité de politique étrangère et celle de Moreau Defarges sur les valeurs, Mayer embrasse la nouvelle réalité voulant que la politique étrangère ait pris de nouvelles formes et que ses grilles d’analyse doivent, en conséquence, progresser avec elle. Pour faire œuvre utile, l’analyste doit, comme il nous le suggère, se préoccuper de considérer de près l’adéquation entre les moyens (la diplomatie) et les objectifs des acteurs (la politique étrangère).

Du coup, nous retournons au concept de capacité, en compagnie de Carlos R. S. Milani qui analyse la politique étrangère à la fois comme une constituante de la politique d’État nécessaire pour combler ses besoins structurels de survie et de sécurité, et comme politique publique, susceptible par conséquent de changer selon les coalitions politiques au pouvoir et les évolutions propres à la démocratie repré­sentative. Cette analyse est poursuivie tant par Stéphane Paquin que par Oumar Ba qui soulignent l’importance des systèmes d’interaction dans lesquels la politique étrangère est insérée. Sous cet angle, nous pouvons arriver à saisir l’effet structurant des arrangements institution­nels (Paquin) et l’influence des dirigeants au pouvoir sur la direction que peut prendre la politique étrangère (Ba). La question de la gouvernance n’en est pas loin, ce qui fait ressurgir le phénomène de dilution des frontières épistémologiques ou de double nature de la politique étran­gère, une dimension abondamment traitée dans le présent ouvrage. Ne devrait­on pas, dès lors, reconsidérer l’analyse des processus déci­sionnels au regard des arrangements institutionnels des acteurs ? C’est du moins l’une des questions que se pose aussi Stéphane Paquin, en

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Introduction / Politique étrangère, politique globale et diplomatie

étudiant le cas des négociations commerciales internationales. Celles­ci démontrent, en effet, la désuétude des approches centralisatrices face au phénomène de gouvernance et au concept de gouvernance à paliers multiples, réputé avoir une capacité explicative plus forte, notamment lorsqu’il est question de diplomatie commerciale dans un contexte de fédéralisme.

Nous pouvons reconnaître, au terme de ces lignes introductives, que l’« interne » n’aura jamais été aussi proche du « global », depuis que la gestion de l’État et des affaires du monde est devenue une attribution des acteurs à la fois du « dedans » et du « dehors », du « haut » et du « bas », défendant aussi bien l’« intérêt national » que les intérêts globaux. Pour comprendre et rendre compte des dynamiques de nos sociétés d’au­jourd’hui de plus en plus interconnectées et réellement globales, les dimensions perceptuelles, cognitives et organisationnelles sont, certes, très puissantes, mais insuffisantes. Elles doivent désormais se conju­guer avec l’observation des pratiques et des récits de vie de toute nature, inspirés des expériences concrètes, capable d’accompagner, dans un contexte de turbulences et de risques, la construction des identités collectives, tout en respectant les trajectoires particulières des acteurs.

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Depuis la � n de la guerre froide, la gestion des a� aires extérieures des pays et gouvernements ainsi que le travail diplomatique sont en mutation perma-nente a� n de s’adapter aux nouvelles réalités mondiales. La décentralisation de l’ordre mondial, la montée des régionalismes, l’émergence de nouvelles puissances économiques, la précarisation de la sécurité internationale de même que les changements climatiques et technologiques ne sont que quelques-uns des nombreux bouleversements qui sont survenus sur la scène internationale.

Dans un contexte de mondialisation et de continentalisation, chaque État et chaque gouvernement doit repenser sa politique étrangère et revoir ses stratégies diplomatiques. Parallèlement, les paradigmes scientifiques qui tentent d’expliquer ces phénomènes doivent être reconsidérés. Le présent ouvrage constitue une remarquable ré� exion sur la nécessité de repenser le cadre et les niveaux d’analyse de la politique étrangère en réaction à cette mouvance et à cette gouver-nance mondiales. Réunissant les textes de chercheurs québécois, canadiens, européens et africains, il aborde les grands dé� s de la � n du XXe siècle et présente clairement les répercussions de certains phénomènes mondiaux et de certaines tendances globales sur l’évolution de la gouvernance des a� aires du monde. Il propose, aussi bien aux diplomates de carrière qu’aux nouvelles géné-rations de décideurs et de diplomates, des réponses aux ques-tions théoriques et pratiques contemporaines en matière de politique étrangère.

Charlie Mballa est titulaire d’un doctorat de science politique de l’Université Panthéon-Assas Paris II. II rejoint l’École nationale d’administration publique (ENAP) en 2004, où il exercera tour à tour les fonctions de professionnel de recherche, de stagiaire postdoctoral et de chargé de cours.

Nelson Michaud est professeur titulaire de science politique et de relations internationales. Il a été directeur général de l’ENAP (2011-2016) après y avoir été directeur de l’enseigne ment et de la recherche (2006-2011). Il a siégé au Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Auteur proli� que et chercheur émé rite, il a reçu de nombreux prix au cours de sa carrière, dont la Médaille commémorative du 125e anniversaire de la Confédération du Canada.

Avec la collaboration de 

Oumar BaSébastien Barthe

Philippe ConstantineauCharles-Philippe David

David Patrick HoughtonFrédéric MayerCharlie Mballa

Nelson MichaudCarlos R. S. Milani

Philippe Moreau DefargesStéphane Paquin

Evan H. Potter

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