nouveau musée institut monde arabe dossier de presse

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122INSTITUT DU MONDE ARABE Renaud MuselierPrsident du Haut ConseilBruno LevalloisPrsident du Conseil dAdministrationMona KhazindarDirectrice GnraleBadr-Eddine ArodakyDirecteur Gnral-adjointGildas BerthlemDirecteur Gnral-adjointCOMMUNICATION Philippe CardinalDirecteurMriam KettaniCommunication,presse et partenariats mdias Salwa Al NeimiAttache de presse principaleAcha Idir-OuagouniCharge de communication Friel SaadiPresse jeune public 01 40 51 39 [email protected] 40 51 39 [email protected] 40 51 39 [email protected] 01 40 51 34 [email protected] le Haut Patronage deMonsieur Nicolas SarkozyPrsident de la Rpublique33Marie FoissyChef du projet scientiqueAssiste de Nala HannaEric DelpontDirecteur des collectionsDjamila ChakourCollaboratrice scientiqueYannis KokasResponsable de la mdiationAssist dAurlie WongGroupe de rexionMona KhazindarAurlie Clmente-RuizRadhia DziriRoland GillesConseillers scientiquesMohamed BenkheiraHlne Claudot-HawadJoseph DichyMichel Dousse Frdric Lagrange Pierre LombardMohamed MtalsiYves PorterChristian-Julien Robin Sophie TardyAnnie Vernay-NouriRaphalle ZiadConsultantsGeorges CormAhmed DjebbarKendal NezanYoussef SeddikJrmie SchiettecateEphrem Youssef Ont galement collabor au projetAdil Boulghallat Adnan El ChafeiMario ChoueiryTous nos remerciements pourles institutions, civiles et religieuses qui ont bien voulu, sous formede dpts et de prts, contribuer laccomplissement du projet :ARABIE SAOUDITE Riyadh, National MuseumBAHREN (ROYAUME DE) Manama, National MuseumETATS-UNIS Syracuse, The Dubroff Family CollectionFRANCE Aix en Provence, Institut de Recherches et dEtudessur le Monde arabe et musulman Paris : - Bibliothque Nationalede France :Dpartement des Monnaies, mdailles et antiques ;Dpartement des Manuscrits- Les Arts Dcoratifs,muse des Arts Dcoratifs - Muse du quai Branly :lUnit patrimoniale Afriquedu Nord et Proche-Orient- Muse du Louvre : Dpartement des Antiquits grecques, trusques et romaines ;Dpartement des Antiquits gyptiennes ;Dpartement des Antiquits orientales ;Dpartement des Arts de lIslamJORDANIE Amman, Muse archologique Jrash, Muse Madaba, Muse LIBAN Ordre Basilien AlpinPROJET DE REFONTE DU MUSEETUNISIE Tunis :- Institut National du Patrimoine- Muse des ATP- Muse National du Bardo- Muse Sidi Kacem al-Jazili Carthage, Muse National Kairouan, Muse des Arts IslamiquesSYRIE Alep :- Muse national - Archevch grec catholique Damas :- Muse national- Patriarcat grec-melkite catholique Homs, Patriarcat grec-melkite catholique Lattaqui, Muse Palmyre, Muse archologiqueCOLLECTIONS PARTICULIERESCollection Georges AntakiMonsieur Franois AntonovitchMonsieur et Madame BouvierMadame Marie-Christine DavidVaduz, Furusiyya Art Foundation, LiechtensteinMonsieur Khalid El GharibMonsieur William GrossMonsieur et Madame Naji SkaffEt ceux qui prfrent garder lanonymat4Tout visiteur ayant soif de dcouvrir la culture des socits du monde arabe dans ses origines, son laboration et la continuit de ses vivantes racines, disosera enn dun lieu unique, qui lui sera consa-cr : le nouveau muse de lInsitut du monde arabe. Jusqu ce jour ddi uniquement aux dveloppements de lart islamique dans sa plus grande extension, le nouveau muse se concentrera dsormais sur laire gographique des vingt-deux pays arabes cofondateurs de lIMA avec la France.a b e Mthode et rexionCe choix es le rsultat de la rexion quil convenait de mener sur le sens, aujourdhui, dun tel muse. En efet, le Louvre sapprtant ouvrir un dpartement des Arts de lislam, il fallait donner au projet sa singularit. Notre mthode fut daller la rencontre des savants de lIMA, en consituant un groupe de rexion, mais aussi du CNRS, de la Sorbonne, de lInsitut dtudes de lislam et des socits du monde musulman / cole des hautes tudes en sciences sociales (ISSM/EHESS), des muses du Louvre et du quai Branly, de la BNF, de lInsitut de recherches et dtudes sur le monde arabe et musulman (IREMAM) Aix-en-Provence De ces longs entretiens ont merg des consantes qui ont fond le concept et surtout la conscience de la diversit des socits consituant cet univers vivant, afecif et chaleureux quil convenait daborder avec le cur.Cete enqute nous donc mens vers des archologues, hisoriens conservateurs, anthropologues, linguises ; mais aussi des intellecuels porteurs de cette diversit culturelle, rencontres nourrissantes, parfois mouvantes. Il fallait recueillir le tmoignage dune culture humanise et ltayer, en croisant les points de vue, par les travaux des scialises de chaque domaine ; certains sont devenus conseillers du projet, garants de sa vrit scientique. Ce fut un travail de dentelle, incessant chantier danalyse puis de synthse, l o lorganisation classique des insitutions franaises favorise plutt le cloisonnement chronologique et les dcoupages entre disciplines. Cete nouvelle approche se traduit, dans le muse par la mise en rsonance dobjets de diverses natures, parfois hors chronologie, propres resituer les mille facetes dune culture dans sa globalit. Par exemple, un choix duvres dartises contempo-rains, maillant, en petit nombre le parcours, nous ramne au prsent...a b e Le nouveau conceptLa vocation initiale de lIMA trouve donc sa pleine expression en ofrant au public le muse repens du monde arabe, sur une impul-siondonneds2008parLePrsidentDominiqueBaudis,lui donnant sa singularit au cur des insitutions ddies ces cultures. Pour qui voulait alors recevoir une connaissance globale du monde arabe dans sa diversit, la tche tait jusqu ce jour difcile. Lin-formation, miete dans difrents tablissements, travers les UN NOUVEAU MUSE POUR LINSTITUT DU MONDE ARABE collecions des difrents dpartements archologiques du Louvre et celles du Quai Branly, manquait de lisibilit.Ces pourquoi la transosition en termes musographiques du nouveau concept ses fonde sur les hommes et non, comme on le fait classiquement, sur les objets de la collecion, orients vers les arts de lIslam, qui stend bien au-del de cete aire. Elle porte donc sur lhisoire de larabit dans ses origines mais plus largement, elle prend en compte sa diversit ethnolinguisique : lislamisation, accompagnant, ds le VIIme sicle, lexpansion militaire et politique de lislam, de ces vases territoires dantique peuplement na pas toujours signi larabisation des populations, dont certaines ont conserv leur langue et leur culture propre comme les Amazighs (Berbres), les Kurdes, les Assyro-Chaldens et les Syriaques. Ces langues font, comme larabe, partie du patrimoine immatriel de lhumanit.Lislamisation na pas non plus signi la disarition des religions antrieures la conqute, essentiellement le judasme et le chrisia-nisme, mais aussi les traditions ancesrales, qui composent son hritage sirituel.a b e Une nouvelle approche chronologiqueCe choix impliquait une nouvelle approche chronologique car lla-boration de lidentit arabe es, hisoriquement, antrieure lislam. Nous avons d en aborder, laide de tmoignages archologiques rcents, lvolution depuis sa mise en place au premier millnaire avant J.-C. et jusqu aujourdhui, car un processus identitaire ne cesse de senrichir. Ce faisant, nous avons tent de la lier tant aux cultures prhisoriques quaux civilisations antiques qui se sont succd sur cete aire gographique : msopotamienne,gyptienne, perse, grecque, romaine, byzantine Ainsi, la pice la plus ancienne, dpose par la Jordanie, date du septime millnaire avant J.-C. ; elle provient du fameux site noli-thique dAn Ghazal et tmoigne des cultes universels de la desse-mre, symbole de fertilit.a b e Un parcours thmatiqueLe parcours es thmatique mais on y retrouve une chronologie, mme si le prambule nous place parmi les hommes daujourdhui et la terre la terre mre qui les porte, les langues quils pratiquent. On entendra, avec larabe, lamazigh berbre et touareg, le soureth (aramen moderne), le kurde, le soudanais, dans leur puret.Le premier thme, les Arabies , satache aux origines de larabit puisque lidentit de celle-ci, alors fonde sur la langue, ses labo-re dans la pninsule arabique. Un hommage est rendu cette langue travers la difusion dextraits des posies antislamiques composes entre le Ve et le VIIe sicle, les muallaqt.Le thme Sacr et gures du divin tente dapprhender, dans une vase synthse, les atitudes universelles, mais diverses dans leurs expressions, des hommes face au divin : crer des mythes, des cosmogonies, prier, sacrifier, illuminer, laborer des symboles, reprsenter les dieux, partir en plerinage, recevoir la rvlation Desse-mre Ayn Ghazal (Jordanie), Nolithique (IIIe - Iersicle av. J.-C). grs rose, argile crue Dpt du Muse archologique, Amman5Par ce biais, toutes civilisations confondues, sont abords les prin-cipaux courants sirituels qui ont marqu lacuel monde arabe de leur empreinte, dont les polythismes et les monothismes qui y sont ns : judasme, chrisianisme et islam.Ces avec un art consomm que Roberto Osinelli a magni le propos en crant, travers un jeu de vitrines, des architectures symboliques. la pergola dore de lArabie heureuse, succde un voyage dans le vase territoire nomade des oasis et des dserts. Les grands portiques transarents crs pour le deuxime thme traduisent la synthse recherche en permetant au visiteur denglo-ber dun mme regard lensemble des expressions sirituelles voques.Le parcours se poursuit par lvocation des villes, qui cherche transoser dans la scnographie la mtaphore de la ville, regroupant les foncions de la cit. Cet ensemble chatoyant es domin par la tour des savoirs , consacre la pense. Ici, sous forme dentretiens, les savants daujourdhui nous livrent, Mohammed Arkoun la pen-se arabe, Youssef Seddik la philosophie grecque et larabit, Kendal Nezan les traditions orales des Kurdes, Ephrem Isa Youssef le rle des chrtiens syriaques dans la transmission des savoirs, Ahmed Djebbar le champ des connaissances scientiques.Ces modules signient la ncessit de lmission et de la rception des savoirs dune personne et dune gnration lautre et partant, la consitution des hritages culturels individuels et collecifs.Une uvre magisrale, tout aussi digne dadmiration que la Vnus de Milo rsume les deux thmes suivants qui sont lexpression de la beaut et un temps de vivre . Cete satue fminine dArabie du Sud incarne une des facetes de la beaut. Marque, sans doute, dinuences gyptisantes voire indiennes, par certains traits sylis-tiques et vesimentaires, elle tmoigne de lassimilation de donnes multiculturelles travers un langage formel original. Elle nous fait aussi passer, par la magie de sa prsence charnelle, du caracre absrait des eshtiques amazighes et islamiques voques dans ce thme premier laptitude la vie que manifese le gnie arabe. Ces ce retour au vivant, au temps de vivre , qui es signi dans cete sortie dun parcours qui ouvrait sur la terre et les hommes. On y retrouve largile humaine , la sensualit de latention porte au corps et ces chaleureuses notions dhositalit et de gat des socits anciennes et contemporaines.a b e La conception de la transmission au publicUne tentative en matire daccs du public la culture la plus exi-geante : ce parcours cont coule comme un voyage, une hisoire que lon raconte, tiss tant par les objets que par les textes daccom-pagnement, les images, les sons et les parfums. Plus de vingt modules visuels maillent la visite ; conus, sur la base de synopsis scienti-ques,par de jeunes crateurs, certains en vertu dune convention passe avec le Studio national des arts contemporains Le Fresnoy. Le chantier audiovisuel, innovant, men par Yannis Koikas, aboutit autant duvres dart enchsses dans la scnographie par Roberto Osinelli. Mais les jeunes et en particulier les jeunes adultes hors scolarit nont pas t dlaisss : grce lexprimentation gnreuse pro-pose par Catherine Arteau ( ACDC), et au dvouement de lquipe muse-service ducatif, ils ont t associs, sous forme dateliers, la rexion sur la mdiation ; la fracheur intelligente de leur approche pourra accompagner aussi la visite sous forme de cartels nomades mis la disosition des arrivants.Lobjecif es ainsi de sadresser au cur des visiteurs de tous ges et de tous horizons, de rendre, peut-tre des mmoires oublies ceux qui ont un lien avec ce monde l, de donner ceux qui le mconnaissent des insruments de connaissance prcis, mais vivants, pour quils se forgent leur propre vision. Puissent-ils, lissue de leur promenade dans les esaces renouvels, tre conscients davoir t accueillis dans lhositalit dun lieu qui manifese le message civilisateur que portent les socits du monde arabe partir de ses composantes diverses et prcieuses. Marie Foissy, conservatrice en chef du Patrimoine, chef du projet de la refonte du museTorse de femme Arabie du sud, Ymen. Albtre, 58 x 35,5 x 15 cm environ Collection particulire6 Les collections du MuseLa consitution des collecions commence en 1982 et rpond au programme initial du muse qui sarticule alors autour de trois entits : art islamique, art et socit (ethnographie), art contemporain. La prsentation de lart islamique devait dans un premier temps sappuyer essentiellement sur un dpt des collecions nationales franaises muses du Louvre, des Arts dcoratifs ainsi que des Arts africains et ocaniens tandis que les fonds dethnographie et dart contemporain taient crer. Le premier le fut par une collece avec lappui de pays arabes membres fondateurs de lInsitut ; le second, pionnier dans sa dmarche, par des acquisitions avec lambition de montrer la diversit de la cration dans le monde arabe qui tait, lpoque, encore mconnue en Europe.Le rythme de lenrichissement des collecions es soutenu jusqu la n des annes 1990, dautant quen art islamique le dpt des muses franais arrivait son terme avec le projet du Grand Louvre. Les acquisitions sur le march de lart sont compltes par des legs (celui de Marcel Desombes, en 1986, dote lInsitut dune belle collecion dinsruments dasronomie), des dons mais aussi des prts sur une longue dure densembles signicatifs appartenant des particuliers (tapis, cramiques) ou de pices exceptionnelles dinsitutions prives (Furusiyya Art Foundation). Paralllement, le programme Muse des muses arabes a permis, ds 1995, lexposition duvres provenant des muses dEtats fon-dateurs (Tunisie, Syrie, puis Ymen).Les quelque 1200 pices aujourdhui inscrites linventaire ne sont toutefois pas sufsamment reprsentatives pour nourrir les cinq thmes du nouveau parcours musographique. Ceci a conduit lIns-titut solliciter des dpts auprs dinsitutions franaises, rendus possibles grce lappellation Muse de France que le projet a obtenu en 2011. Le muse du Louvre (dpartements des Antiquits orientales, des Antiquits gyptiennes, des Antiquits grecques, trusques et romaines) et le muse du quai Branly ont accord des pices pour trois ans ; le dpartement des Manuscrits et celui des Monnaies, mdailles et antiques de la Bibliothque nationale de France apportent galement un prcieux concours.Les services des Antiquits et du patrimoine dArabie saoudite, de Bahren, de Jordanie, de Tunisie et de Syrie contribuent, eux aussi, la nouvelle prsentation avec des pices emblmatiques ou indites. Cependant, les vnements qui bouleversent une partie du monde arabe depuis lanne dernire ont empch de concrtiser, tempo-rairement, le dpt qui tait en cours de ngociation avec les Anti-quits du Ymen. Faute de trouver dans les collecions publiques des pices de subsitution an de donner lampleur souhaite lvo-cation de lArabie heureuse, lInsituta approch une collecion particulire. Tel a aussi t le cas pour runir des pices tmoignant des multiples approches du sacr dans le monde arabe, avecgalement lappui dinsitutions religieuses, ou encore voquer lintime avec des objets anciens du quotidien.La politique dacquisition de lInsitut aura dsormais pour objecif de complter les collecions en foncion des thmes dvelopps dans le parcours, depuis la priode antique jusqu nos jours, an de rendre le muse plus autonome vis--vis des dpts qui lui ont t consen-tis pour sa rouverture. Eric Delpont, directeur des collectionstoile huit branches avec un lapin vu de face, Kashan (Iran), n XIIIe sicle-dbut XIVe sicle, pte siliceuse, dcor lusr et peint sur glaure opaque Paris, muse de lIMALES COLLECTIONS DU MUSE 7 Les collections du MuseFigure de musicienne sur un fragment de coupe Sabra al-Mansriyya (Tunisie), Xe sicle, pte argileuse, dcor peint sur engobe, sous glaure transarente Dpt du muse des Arts islamiques de Kairouan8 Un nouveau muse pour lInstitut du Monde Arabe NKB Architectes & Associs / / Roberto OstinelliUN NOUVEAU MUSE POUR LINSTITUT DU MONDE ARABE Lamnagement musographique a t conu pour dialoguer avec larchitecure du btiment de lInsitut du monde arabe. Il a t pens de sorte ce que le muse puisse voluer au cours du temps. Arti-culs comme dans un contexte urbain, les esaces ont t transfor-ms par des interventions cibles sur les lments existants, et lutilisation de la couleur blanche, occultant la couleur grise des srucures, les rend plus solaires.La collection est prsente dans des ensembles architecturaux, entitsautonomesettransparentesmagnifiantlesuvres,qui deviennent ainsi les vritables aceurs du lieu. Tels les quartiers dune ville, ces ensembles dnissent des environnements, des sens de circulation et tracent un parcours de visite cohrent, qui rserve nanmoins des surprises au visiteur. Ces amnagements ont t imagins pour sinscrire dans la continuit et en harmonie avec la pense et la culture arabes.On visite le lieu comme on engage une promenade travers des esaces difrents. Le choix de metre en relation des uvres dart anciennes avec des uvres dart contemporaines apparat fonda-mental et donne vie la collecion. Ces ainsi que certaines uvres contemporaines sont prsentes en liaison avec les thmes dvelop-ps par ailleurs, soit lintrieur des vitrines thmatiques, soit dans des vitrines isoles, en regard avec lensemble.Un esace scique au troisime tage sera amnag an daccueillir des insallations dart contemporain de grande dimension. Il per-metra la rotation de celles-ci la frquence souhaite par le muse.Pour ce qui concerne laudiovisuel, la magie de limage projete a t prfre limage sur cran, plus froide et plus technique. Per-metant de la sorte lenrichissement des thmes abords, en les articulant sur de nouveaux contenus, laudiovisuel devient ainsi un lment architecural du parcours. Pour sa part, la lumire a t utilise comme rvlateur. A travers la transarence des vitres, les objets sofrent une lecure poncuelle qui devient magique. La lumire claire les uvres qui deviennent fragments de lhisoire ; elle les transforme en aceurs de cete narration et les susend dans un environnement Et ces lhisoire elle-mme qui vient paratre susendueRoberto Osinelli, scnographe9m MDIATION ARTISTIQUE : LIMA ET LECOLE DU FRESNOYLa refonte du Muse permanent de lIMA ses accompagne dune rexion sur la transmission des savoirs aux publics. Une vision originale des moyens de mdiation ses impose qui vient poncuer le dploiement des uvres dans le muse. Parmi les modules audio-visuels, dont la plupart obissent une exigence scientique et pdagogique, lIMA a souhait innover, travers un partenariat avec lEcole Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains, en conant certaines de ces ralisations de jeunes crateurs.Anna Katharina Scheidegger et Carlos Franklin, avec le direceur de la presigieuse cole, Alain Fleischer, ont uvr metre en image avec leur sensibilit propre, les thmes scientiques et culturels dvelopps dans le muse. Chacun deux a utilis des modes dex-pression varis, mlant le dessin, la photographie, la vido et le lm.Alain Fleischer, cinase, photographe, plasicien et crivain franais, a ralis en collaboration avec larchitece Roberto Osinelli un disositif audiovisuel complexe associant image, objet et son que lon dcouvre dans les vitrines consacres aux insruments anciens de musique. Cete exprience, doublement innovante, rpond au dsir de lIMA dinscrire la cration contemporaine au cur mme de ses projets scientiques et culturels, ainsi que dans leur ralisation.Yannis Kokas, responsable de la mdiation loccasion de son 25e anniversaire et de la cration dun nouveau muse, lInsitut ses dot de nouvelles polices de caracres nommes Mondara qui ont t conues simultanment pour les langues franaise et arabe par lagence de graphisme c-album.La cration de ces caracres typographiques consitue une premire en France. Il ses agi de trouver une cohrence entre les deux critures pour harmoniser les textes et, par consquent, de rendre possible et uide le passage de lun lautre. Ces polices permetent, en efet, une concordance entre lalphabet arabe et lalphabet latin, avec notamment le grand avantage de faciliter grandement la mise en uvre de compositions typographiques bi- ou multilingue.Dclins, dans chacune des deux langues, en plusieurs polices de plusieurs graisses, ces caracres, dont la dimension eshtique esprimordiale, sont adapts tous les usages de communication, Un nouveau muse pour lInstitut du Monde Arabe Anna-Katharina Scheidegger / IMAddition et de signaltique. Ils sont complts par un jeu de pico-grammes et de motifs ornementaux. Les polices arabes sont insires des calligraphies naskh et ku.Le nouveau muse semblait tout indiqu pour une premire utilisa-tion de ces polices. Ainsi les cartels, les panneaux explicatifs, les textes et publications mis en place pour sa rouverture ont t di-ts en caracres Mondara. Ayant vocation incarner lidentit visuelle du muse, les polices de caracres Mondara ont galement tutilisespourlacampagnedecommunicationdumuse. Celle-ci es consruite autour de mots clefs qui incarnent lesrit de lInsitut du monde arabe et que lon verra se rpter, en caracres Mondara, tant en franais quen arabe, sur tous les documents de communication du muse, la superposition des polices sur des afches bilingues suscitant autant de points de rencontre, visuels et culturels la fois m MONDARA : DES POLICES DE CARACTRES CONUES SIMULTANMENT POUR LARABE ET LE FRANAIS10 Le parcoursSitu au cur du btiment, le parcours se dploie sur quatreniveaux, partir du 7me tage pour sachever au 4me.Il suit le l dune hisoire que lon narre, travers cinq thmesque lon a patiemment tiss en y ajusant les couleurs,les matires, les motifs, la manire des conteurs, des hisoriens et des potes du monde arabe :LE PARCOURSa b e Niveaux 7 et 6 THEME I u Les Arabies, berceau dun patrimoine communa b e Niveau 6THEME II u Sacr et gures du divina b e Niveau 5Mezzanine u ddie aux expositions-dossiersa b e Niveau 4THEME III u Les villesTHEME IV u Lexpression de la beautTHEME V u Un temps de vivreAstrolabe quadrant, Maghreb, XVIIe sicle, Paris, muse de lIMA11 Les Arabies, berceau dun patrimoine commun a b e La naissance dune identit arabe Le nom d Arabes apparat pour la premire fois en 853 avant lre chrtienne. Ce nes pas dans un texte arabe, ni propos dune population dArabie. Cete anne-l, Salmanasar III, roi dAssyrie, crase dans la rgion de Hama une coalition de douze roitelets syriens, parmi lesquels Gindibu lArabe . On ignore tout de ce Gindibu (arabe classique Jundab), mais il es sr que ce nes pas un souverain puissant. Il suft pour sen convaincre de comparer ses mille chameaux avec les efecifs des troupes commandes par les autres roitelets, par exemple Achab, roi dIsral, la tte de 2 000 chariots et de 10 000 fantassins.Dans les sicles qui suivent, le terme Arabes se rpand dans de nombreuses langues du Proche-Orient : on le rencontre aussi bien en Msopotamie quen hbreu, en grec (dj chez Hrodote ou Xnophon) ou en latin. Il ne nomme pas les populations dune rgion particulire puisque le domaine des Arabes stend de lgypte orientale jusquau au nord de la Msopotamie. Pour autant quon puisse en juger, les Arabes ne parlent pas une mme langue. On ne sait pas mme si lappellation Arabe a son origine dans la langue de ces Arabes ou dans celle de lun des peuples voisins. Il semblerait en fait que ce soit un terme commun pour dsigner les habitants de la seppe et du dsert. De lethnique Arabes , les Grecs bientt suivis par les Romains ont driv le nom dun pays, l Arabie . Initialement, il semblerait que lArabie soit conne aux rgions dsertiques qui jouxtent les grandes zones sdentaires du Proche-Orient et de lgypte, entre le Tigre et le Nil. Mais, bien vite, lappellation stend lensemble de la pninsule Arabique. Il devient ds lors ncessaire dintroduire des disincions, comme Arabie heureuse , Arabie dserte ou Arabie ptre (de Ptra , capitale de la Nabatne, aujourdhui en Jordanie). Par un mouvement naturel en sens contraire, les habi-tants de ces diverses Arabies sont appels Arabes .Dans les sources classiques, le terme Arabie peut galement dsigner la province romaine, puis byzantine, consitue initialement avec les territoires nabatens (de Busra en Syrie Madin Slih dans le Hijz-Nord) que lempereur Trajan annexe en 106 ap. J. C. Les habitants de cete province sont appels naturellement Arabes . Le plus fameux es lempereur Philippe lArabe (244-249), qui clbre le millnaire de la fondation de Rome. On ignore sil tait aramo-phone, hypothse la plus vraisemblable, ou arabophone. Un premier changement signicatif intervient au dbut du IIIe sicle de l re chrtienne. Alors que depuis les origines, le terme Arabe ne se trouvait que dans des textes trangers pour dsigner les popu-lations des dserts du Proche-Orient et de lArabie, il es utilis pour la premire fois, dans deux petites inscriptions du Hadramawt, par des autochtones pour se dsigner eux-mmes. Un sicle plus tard, en 328, ces un souverain du dsert de Syrie, Imru al-Qays ls de Amr, qui se proclame rois de tous les Arabes (malik al- Arab kulli-h, inscription dal-Namra conserve au Louvre). Cependant,demanireasseztrange,lpoquemmeoles populations de lArabie dserte commencent se dire Arabes, les sources trangres cessent dutiliser ce terme : les Classiques parlent dsormais de Saracnes et les Syriens de Teyayites, de Maaddites ou de Hagarites.Les Arabes consituent dsormais un vase peuple, que les empires himyarite (Ymen), byzantin et perse commencent craindre. Ils ont la capacit de lancer des raids dvasateurs contre les villes du Levant et de la Msopotamie, grce la conjoncion de trois faceurs. Le dsert, prcdemment presque inhabit, accueille des populations nomades dont le nombre augmente rapidement ; les progrs dans le harnachement du chameau permetent des dplacements rapides sur de grandes disances ; le cheval, rare en Arabie au dbut de lre chrtienne, ses rpandu dans toute la pninsule, o il es devenu la monture indisensable des guerriers. Il faut relever, ce propos, que dans les rezzous, le chameau, grce son endurance, sert avant tout franchir les dserts et porter les charges, tandis que le cheval, plus sable et surtout plus rapide sur une courte disance, es lanimal par excellence de lassaut.()Chrisian-Julien Robin, directeur de recherche au CNRS et lIREMAMcritures arabe, grecque et syriaque. Ce linteau de porte constitue probablement le plus ancien tmoignage dcriture arabe.glise Saint-Serge, Zabad, environs dAlep, dbut VIe sicle, original en basalteBruxelles, muses Royaux dart et dhistoire.THME I c LES ARABIES, BERCEAU DUN PATRIMOINE COMMUN12 Les Arabies, berceau dun patrimoine commun a b e Les Arabes la lisire de lEmpire romain : le royaume de Nabatne et la cit de Palmyre/TadmorLes Nabatens sont dj insalls Ptra, dans le sud de la Jordanie acuelle, lpoque dAlexandre le Grand (rgne 356-323 av. J.-C.). Agriculteurs, leveurs et commerants, ils acquirent rapidement un rle prpondrant dans le transort et la commercialisation des aromates produits en Arabie mridionale.Le royaume nabaten es en plein essor au Ier sicle de lre chrtienne, avec un vase territoire qui stend de Damas au nord jusquau Hijz au sud. De somptueux tombeaux faades sculptes dans le grs Ptra et Madin Slih marquent cete priode. Le royaume esannex lEmpire romain en 106 apr. J.-C. et devient la province dArabie.Palmyre, btie dans une oasis de la Syrie romaine, gagne en pros-prit au IIe sicle apr. J.-C., grce au contrle des marchandises en provenance de lInde, transitant par le golfe Arabo-persique. Les chefs de la cit, parmi lesquels la fameuse reine Znobie, sont si puissants au IIIe sicle quils ambitionnent de prendre la tte de lEmpire romain, mais sont nalement dfaits.Le royaume de Nabatne et Palmyre utilisent la langue et lcriture aramennes, avec des particularits locales. Toutefois, leurs popu-lations sont mles, avec une importante composante de langue et de culture arabes, comme en atesent les noms propres et les cultes.Chrisian-Julien Robin, directeur de recherche au CNRS et lIREMAMa b e Bahren et le Golfe dans lAntiquit : une civilisation maritimeetcommercialeaucarrefourdesgrandsfoyers culturels de lOrient ancienLorsque vers 2500 avant J.-C., le roi de Lagash Ur-Nansh se plat rappeler, sur un relief et une crapaudine de Tello, que les bateaux de Dilmoun ont convoy du bois des pays lointains pour resaurer et embellir ses sancuaires, il tmoigne de labandon progressif du commerce terresre empruntant le plateau Iranien, mais plus encore du rle maritime essentiel jou par un aceur-cl de la pninsule. Le bois exotique livr alors en pays de Sumer sinscrit dans la lise des nombreuses matires premires, produits, ou denres qui circulaient dans le Golfe grce aux dynamiques entrepreneurs de Dilmoun insalls sur la cte dArabie orientale et ses les. Ds 5000 avant J.-C., ceux-ci avaient t prcds sur ces mmes eaux par les Msopotamiens de la fin de la culture dObeid qui changeaient leur cramiques contre des denres alimentaires et probablement dj des perles naturelles. La difusion rapide, tout au long des chelles du Golfe, de ces vases peints caracrisiques marque lapparition de circuits et dune sratgie dchanges durables, fonde sur la mer, de Koweit jusquau mirats arabes unis. Vers 2250 av. J.-C., Sargon dAkkad mentionne encore lamarrage, aux quais de sa capitale, de la ote de Dilmoun (Tilmun, en akkadien) aux cts de celles de Magan (la culture de la pninsule omanaise) et de Meluhha (la civilisation de lIndus). partir de lextrme n du 3e millnaire, ces cependant Dilmoun seul qui es dornavant men-tionn dans les textes conomiques. Cete volution corresond la mise en place dune exceptionnelle plateforme commerciale de redisribution Bahren, devenu alors le centre politique et cono-mique du royaume de Dilmoun. () Pierre Lombard, directeur de recherche luniversit de LyonRetour de chasse au dsert des deux Palmyrniens ; vtus dun pantalon bouffant la mode parthe,ils rapportent un lion sur leur chameau,Palmyre, IIe-IIIe sicle, calcaire Damas, dpt du muse nationalCachets de DilmounHabitat de Saar et ncropole de Al,vers 1900 av. J.-C., chlorite ou satite Dpt du Muse national de Bahren, Manama13 Les Arabies, berceau dun patrimoine commun a b e Langues et critures dans lArabie antiqueToutes les langues connues de lArabie antique (cinq principales et de nombreuses varits) appartiennent la famille smitique (akka-dien,aramen,hbreu,arabe,sudarabiquemoderne,thiopien classique, etc). Le terme smitique , cre par les linguises euro-pens au XVIIIe sicle, renvoie une famille linguisique et non une ethnie (peuple, communaut particulire, origine). Le smitique appartient lui-mme un ensemble plus vase, qui compte lgyptien hiroglyphique, le copte, le couchitique, le tchadique et le berbre.Pendant toute lAntiquit, la langue dominante en Arabie es le saique du Ymen. Lusage du vieil-arabe apparat quelques sicles avant notre re, en Arabie et au Levant mridional. La plus ancienne inscription arabe , qui date de 512 de notre re, vient de Zabad (en Syrie du Nord).Les langues de lArabie antique sont crites dans diverses varits de lalphabet arabique qui drive du premier alphabet connu, invent au XIIIe sicle avant notre re Ougarit (en Syrie, prs de Lataquieh). Lalphabet arabique compte 29 consonnes qui ne sont jamais attaches. Il spare les mots au moyen dune barre verticale. Les voyelles ne sont pas crites, sauf exception.Lalphabet arabique es remplac par lalphabet arabe vers la n du VIe sicle de notre re et disarat vers le VIIIe sicle. Lalphabet arabe , sans doute cr par des missionnaire chrtiens dans la haute valle de lEuphrate vers la n du Ve sicle de notre re, gagne le royaume arabe dal-Hra (basse valle de lEuphrate) et, de l, loasis de Dmat al-Jandal et Makka (o il es adopt vers 575).Chrisian-Julien Robin, directeur de recherche au CNRS et lIREMAMa b e En Afrique du Nord, La langue amazighe ou berbreAncre dans la prhisoire, la langue originelle du nord de lAfrique es lamazighe ou berbre. Elle slabore entre 9 000 et 8 000 ans av. J. C. Ses locuteurs seront identis sous des noms divers : Temehou, Lebou, Meshwesh par les gyptiens, Libyens ou Maxies par les Grecs, Mazyces par les Romains, Berbres par les Arabes Plusieurs de ces dnominations laissent transaratre lappellation autochtone : Amazigh ou encore, selon les parlers, Amahagh, Amajagh, Amashagh. la priode nolithique, dans un Sahara encore vert, les premiers anctres des Amazighs se disinguent par leur art de la sculpture et de la peinture et par la consrucion ddices funraires monumen-taux forme circulaire, les idebnan. Dans un syle pur et lgant, leurs fresques rupesres metent en scne des troupeaux de bovids, des expditions de chasse, des crmonies fesives, des joutes ora-toires rassemblant hommes et femmes aux geses expressifs. Lap-parence de ces personnages, dont les coifures, les vtements, les parures, les peintures corporelles sont particulirement soigns, tmoigne du rafnement eshtique de cete socit. Au IIe millnaire av. J.-C., lvolution de la civilisation amazighe es marque par la matrise de quatre grandes techniques : lcriture, le mtal, le cheval domesique et le char (latelage quatre chevaux leur sera dailleurs emprunt par les Grecs). Les premires inscriptions appeles libyco-berbres apparaissent entre 1300 et 1200 av. J.-C. au Sahara central. Dans la liation de cet alphabet, natront les tinagh anciens atess ds le VIe sicle av. J.-C., puis les tinagh modernes prsents partir du Ve sicle. () Aujourdhui, les populations qui parlent lune des variantes de la langue amazighe sont prsentes dans une dizaine dEtats maghrbins ou saharo-sahliens : Maroc, Algrie, Tunisie, Libye, gypte, Mauri-tanie, Niger, Mali et Burkina-Faso. Leur nombre auquel sajoute celui des diasoras du Moyen-Orient, de lEurope et de lAmrique, es de 20 30 millions de locuteurs selon les esimations. Lidentit amazighe moderne, longtemps combatue par des Etats en mal de nation, estroitement lie la langue, aux tinagh dont les formes sont omni-prsentes dans les ornements, ainsi qu dautres traits culturels originaux associs des reprsentations intriorises du sacr dont font partie intgrante les dcors gomtriques et absraits qui carac-trisent la producion matrielle originale de lensemble amazigh. Hlne Claudot-Hawad, anthropologue et directeur de recherche au CNRScriture palmyrnienne, (Syrie)Palmyre,IIe-IIIe sicle, pierre Damas, dpt du muse national criture tinagh, inscriptionssur roche en langue amazigheTouareg, Sahara central,Ar (acuel Niger), calcaire Dpt du muse du quai Branly, Paris 14a b e Les nomades du dsert dArabieLa socit arabe du dsert a maintenu vivante une tradition millnaire jusqu ce que la modernit gagne sur son esace (exploitations ptrolires) et sur sa culture (mdias). Badu, bdouin, dsigne le nomade caracris non seulement par son mode de vie, mais ga-lement par une chelle de valeurs centre sur lhositalit, lhonneur et le courage et une culture marque par la tradition orale. Masud, auteur du Xe sicle apr. J.-C., rapporte que, interrog par le roi perse Khosros Anouchirvan (VIe sicle apr. J.-C.) sur ce qui les poussait les Arabes choisir le dsert et la vie nomade, lun deux aurait rpondu : Sire ! ils sont matres de la terre au lieu de dpendre delle... . Au dsert, la hirarchie sociale se fonde sur la mobilit, et un large ventail de ralisations, du paseur de petit btail au grand nomade chamelier que rien nencombre ni ne ralentit.Michel Dousse, membre de lInstitut de recherche en sciences des religions lUniversit de Paris Sorbonne-Paris IV - Historien des religionsa b e Les nomades du Sahara : Touaregs, amazighophones et Maures arabophones La mobilit exige un quipement adapt, la fois rsisant et lger, dont on peut se faire une ide grce au matriel des grands nomades sahariens contemporains. Les Touaregs, qui sont amazighs, et leurs voisins maures devenus arabes, ont pu ainsi matriser, depuis la domesication du dromadaire, les vases tendues dsertiques o aucun sdentaire nosait saventurer.Lornement soign des objets nomades indique limportance accor-de leurs foncions eshtique, symbolique et identitaire. Pour afronter le dsert, les provisions deau et de nourriture sont bien sr ncessaires, mais les bagages culturels et sirituels le sont tout autant. Ces cete conception quillusre le dcor rafn des qui-pements nomades censs protger les voyageurs de la perte dorien-tation, dans tous les sens du terme. Pour les Touaregs, le dsert es dailleurs la mtaphore du monde inconnu et dangereux que chacun doit afronter aux diverses tapes de son parcours.Vivre dans un milieu extrme comme le Sahara ncessite des com-ptences particulires qui, au Moyen Age dj, impressionnent fortement les voyageurs arabes. Ainsi, au Xe sicle, Ibn Hawqal crit propos des hommes voils du Sahara, anctres des Touaregs et des Maures : Ce sont des gens remarquables par la bravoure, laudace, lhabilet monter les chameaux, la rapidit la course, lendurance, la connaissance de la conguration du sol, laptitude tre guide et reprer les points deau sur une simple indication ou de mmoire. Ces qualits nomades, souvent opposes la mollesse des citadins, efraient par contre dautres auteurs cause de la suprmatie quelles confrent ces guerriers du dsert, arms dun javelot, dune pe et dun bouclier en peau dantilope. Cher-chant percer le secret de ces matres redouts des routes de lOues de lEgypte jusquaux rives de lAtlantique, les auteurs arabes mdi-vaux dcrivent par le menu les procds de fabrication du grand bouclier blanc en peau doryx, tremp dans du lait aigre pendant un an, suivant une recete releve au Xe sicle, et si rsisant quaucune lance ni pe ne peut le transercer. Hlne Claudot-Hawad, anthropologue et directeur de recherche au CNRSLes Arabies, berceau dun patrimoine commun Agher : terme amazigh,bouclier en peau dantilope oryx, Touareg, Sahara central, Ahaggar, actuel sud algrien,peau, cuir, tofe et ferParis, dpt du muse du Quai Branly 15THME II c SACR ET FIGURES DU DIVINSacr et gures du divinLe sacr exprime une rencontre singulire, fondatrice, de lhomme avec le monde visible et invisible qui lentoure. Il es pressenti comme une dimension secrte, non appropriable voire interdite de la ralit, sousraite au domaine de lutile qui, par opposition, relve du profane. Qualier de sacr une pierre, un arbre, le vent, le feu ou leau, des temps ou des esaces donns, ces leur confrer une signication qui dborde leur seule singularit matrielle et les ratache lorigine et lordre de lunivers. En troite relation avec le cadre naturel et le mode de vie dun groupe humain donn, les expressions du sacr relvent dune laboration culturelle collecive qui se traduit en mythes et en symboles, se transmet par tradition, sinscrit dans des prceptes et des interdits et se clbre par des rites.Michel Dousse, membre de lInstitut de recherche en sciences des religions lUniversit de Paris Sorbonne-Paris IV - Historien des religionsa b e Lhomme et les forces cosmiquesLes cosmogonies msopotamiennes() Les premiers textes relatifs la gense du monde, proviennent du sud de la Msopotamie, lancien Pays de Sumer. Ils prirent forme etsenrichirentprobablementpendantdesmillnairesdansla conscience collecive, avant dtre mis par crit. Les plus anciens rcits litraires retrouvs abordant ce thme datent denviron 2600 avant notre re, soit plus dun demi millnaire aprs linvention de lcriture. Ils livrent donc un tat labor de la rexion cosmogonique et thogonique des Sumriens, auparavant transmise par la tradition orale. Des lises divines, organises dans un but denseignement scribal et dveloppes ensuite en catalogues rudits fournissent des gnalogies, les lments primordiaux, conus comme des divinits, engendrant dautres lments jusqu ce que lunivers accompli en rsulte. On labora galement des compositions mythologiques qui racontent comment, aprs avoir matris les lments, les dieux insallent lunivers dont la cration de lhomme es lachvement. Ces textes furent recopis, enrichis ou acualiss jusqu la n de la civilisation msopotamienne, aux environs de notre re. () Batrice Andr Salvini, conservateur gnral du patrimoine, directeur du Dpartement des Antiquits orientales, Muse du LouvreSceau-cylindre de lpoqueno-assyrienne (IXe VIIe sicle av. J.-C.)Un hros ttraptre saisitpar les pates des monsres dresss, symbolisant ainsila domination par lhommedes lments naturels. Un disque solaire ail coife larbre de vie, schmatis. Sardoine translucideH : 3,3 ; D : 1,6 cm ; anc. Coll. Lajard, acq. 1844. Delaporte, 1910, n 321. 16 Sacr et gures du divina b e La dualit, dynamique de vieLeshtique amazighe privilgie labsracion symbolique. Ses dcors gomtriques dclinent linni des combinatoires du point, du trait et de la ligne brise, qui nont pas seulement une foncion eshtique.Ils relient lhomme au sacr. Ils metent en scne les principes universels dopposition et de complmentarit qui associent linni les lments ncessaires aux cycles de la vie vgtale, ani-male, humaine, sociale, mentale...Eneffet,lescompositionsgomtriquesquicaractrisentlart amazigh sont souvent rapportes aux mythes de la cration du monde. Au dbut, dit un rcit touareg, de llan du grand ux cosmique, se dtache une goute. Celle-ci tombe dans le vide jusqu aterrir sur une vase tendue plane. La goute rebondit, dabord en direcion de les, puis du nord, puis de loues, puis du sud, puis en haut, puis en bas. chaque contac avec cet esace inconnu et indni, elle laisse une part delle-mme. Aux deux premires tapes, la goute pose son subsrat le plus lourd, qui contient encore son originalit primordiale, ces--dire un caracre solide, plein, compac, concen-tr, autonome. Cete partie delle es le fminin - qui se dcompose les en fminin du fminin puis, au nord, en masculin du fminin - tandis que les deux tapes suivantes sont associes au masculin, loues tant le fminin du masculin et le sud le masculin du mas-culin.Ensuite le mouvement se dploie verticalement vers le haut, masculin, puis vers le bas, fminin, marquant lachvement du parcours. Le mouvement rejoint ainsi le point de dpart du corps indisinc jailli des hauteurs du cosmos. Dans ce parcours singulier, le fminin es la fois le dbut et larrive du cycle initial et de tout cycle venir. Tout part de lui et revient lui. Ces dans laterrissage cosmique fondateur, que se dissocient le fminin et le masculin et que sont crs la planche du temps et de lesace. Dans ce schma, le ple fminin se dnit par sa primaut, sa densit, sa sabilit, sa compltude, par rapport au ple masculin qui vient ensuite et appa-rat moins consisant...Cependant,les deux lments appartiennent la mme shre et sont parfaitement complmentaires, lun ne pouvant exiser sans lautre. Hlne Claudot-Hawad, anthropologue et directeur de recherche au CNRSGelassa : cruche double (terme amazigh), Rif, Banu Touzin, Massif du Zerhoun (Maroc), terre cuite,pigment vgtal : drou (lentisques)Paris, dpt du muse du Quai Branly17 Sacr et gures du divina b e Reprsenter le divin.La religion romaine () La ville, lment consitutif du monde romain, es ainsi le cadre naturel de la religion, de mme que lindividu se dnit tout dabord comme membre dune famille et dun groupe social. Aussi lhomme adopte en premier lieu les dieux de sa communaut, et la religion romaine es ainsi ncessairement polythise. Elle les cependant surtout parce que les dieux recouvrent tous les champs dacion et sont ainsi partout prsents (Pline, Histoire naturelle, XXXV, 12). En efet, ces dieux, innombrables, raills par Saint Augusin comme un essaim bruyant dinnombrables dmons (Cit de Dieu, 4, 25, 177), ont chacun une foncion particulire. Le dieu es dabord une puissance agissante et la force de son acion, appele numen, esrgulirement sollicite dans les domaines les plus divers, sans que sa nature en soit transforme. Mars peut autant dfendre un territoire face des ennemis quun individu ataqu par la maladie. Cete manire dapprhender le divin explique le caracre profondment syncrtique et ouvert de la religion romaine. Ainsi, si la tradition romaine en art es aniconique, ladoption des dieux grecs ou trusques a impos en mme temps leur guration. Mais lorsque Rome assimile les dieux trangers des territoires quelle conquiert, cete adoption rpond des mobiles autant diplomatiques que religieux, comme le montre larrive solennelle Rome de la Cyble dAsie Mineure en 205 av. J.-C. Suite des preuves, comme la pese ou les Guerres puniques, laide dune divinit puissante ou capable de garantir la sant favorisait en mme temps les relations avec les grecs ou les alliances avec les rois dAsie Mineure. La conqute de lEgypte a apport naturellement - non sans conit au dpart- le culte dIsis ou de Sarapis dans les cits romaines, tout comme les soldats et marchands de lEmpire ont ramen de Perse le culte de Mithra. Mais cete valeur politique des cultes es conforme lessence mme de la religion, intiment lie lacion civique. () Nguine Mathieux, muse du Louvre, Dpartement des antiquits grecques et romainesros, le ls de Vnus, le plusbeau des dieux immortels , chevauche le dsir. Cest en tantque dsir quEros, selon Platon,btit sa demeure dans le curdes hommes. Hadrumte, acuelle Sousse (Tunisie), seconde moitidu IIe sicle apr. J.-C., terre bisre ros, rese dengobe et traces de couleur Dpt du muse du Louvre, dpartement des Antiquits grecques, trusqueset romaines, Paris, inv. CA 2632 bis(coll. Goetschy, 1927)18 Sacr et gures du divina b e Ce quont en commun les trois monothismes : judasme, christianisme, islamLa vase aire gographique qui va de lancienne Msopotamie au sud de la Pninsule arabique es celle o prit naissance - puis se dploya en un premier temps - ce quil es convenu dappeler le monothisme abrahamique . Cete expression souligne le caracre unitaire de cete foi au mme Dieu unique dont tmoignent les trois Ecritures, Thora, Evangile et Coran, qui se sont succd dans la dure sur prs de deux millnaires. Elles se dploient chacune selon ses propres persecives, et sont lorigine de trois communauts dis-tinces : judasme, chrisianisme et islam. On entend par monothisme la foi en un Dieu reconnu pour unique absolument, ct duquel il ne saurait y en avoir aucun autre. Les croyants des trois familles monothises reconnaissent galement dans la gure du patriarche Abraham leur pre commun dans la foi, mme si le rle que chacune lui assigne nest pas en tout point identique. Ces en efet en cela mme quelles ont en commun que ces trois familles sirituelles en mme temps se disinguent entre elles et, ensemble, se disinguent de tout autre sysme religieux.Selon le livre de la Gense, Dieu, sans se prsenter, interpelle Abra-ham en lui donnant lordre de tout quiter, patrie et famille, et de se metre en route pour une desination qui lui sera rvle au long de son parcours (Gn 12 :1-2) Linjoncion adresse au patriarche implique une rupture radicale, un renoncement toutes les scurits : liens du sang, sol,tradition et religion. Cete exigence fondatrice de sen remetre totalement Dieu, de se soumetre Lui et de ne compter que sur Lui es au cur des trois monothismes comme leur bien commun indiscutable. Il sagit l dabord dune atitude exisentielle et non pas de ladhsion un credo explicite ni quelque rite. () Il es de coutume de runir ces trois versions du mme mono-thisme abrahamique sous une autre appellation encore, celle de religions du Livre . Cete dsignation se trouve dans le Coran, troisime venue des trois rvlations,qui parle prcisment des gens ou de la famille du Livre (ahl al-kitb) pour dsigner la communaut unissant lensemble des croyants des trois familles monothises autour dune mme source de rvlation, le Livre. Ainsil implicite de la foi originelle incarne par Abraham ses explicit en trois rvlations sciques, en trois Livres marqus par leur convergence en mme temps que par leurs difrences ou diver-gences. ()Michel Dousse, membre de lInstitut de recherche en sciences des religions lUniversit de Paris Sorbonne-Paris IV - Historien des religionsCette amulette portant le nom de Dieu en hbreu (Shadda) sorne du chandelier sept branches,la menorah, des instruments du culte et des vignes dor. Les deux colonnes torses, Jachin et Boaz, sont celles du temple de Salomon Jrusalem. Afrique du Nord, XIXe-XXe sicle, Argent grav et repouss, boisMuse de lIMALe terme arabe Allh renvoie au nom commun, Il ou El, dont usent les langues smitiquespour dsigner la divinitlment de frise, Inde du Nord, XIVe sicle, grs rougeParis, muse de lIMA,don Jean-Paul CroisierLes reprsentations du divin, symbolis par lor, abondent sur cette icne, contant la mort et la monte au ciel de Marie, la Dormition . Monde cleste contenu dans une mandorle bleue aurolant le Christ et la hirarchie des anges vtus dor, monde terrestre compos des aptres et des saints. Tous entourent la Vierge dontle Christ recueille lme, sous forme dune nouvelle ne, pour lescorter versle ciel o elle est reprsente en gloire. Atribue Yhanna Ibn Abdel Mash, cole dAlep, premire moiti du XVIIIe sicleCollection Georges Antaki19THME III c LES VILLESLes VillesAu dbut du VIIe sicle, le point de dpart de lexpansion islamique es Yathrib (Mdine), puis Makka, La Mecque, cit orissante du dsert quaniment le va-et-vient des tribus et les foires. La civilisation musulmane se propage travers les mouvements caravaniers qui relient une multiplicit de villes-carrefours, dentrepts, et de ports sur un immense territoire.Ces places marchandes dOccident et dOrient, bien situes, que lislam marque de son empreinte, sont aussi des centres religieux, et culturels prsentant des dissemblances et des ressemblances selon le contexte.Des cits oasis, des villages de terre accrochs la montagne, des tentes nomades mobiles qui intgrent la nature comme composante ncessaire de lesace habit,on passe des fondations urbaines prennes, comme Basra et Kfa en Irak, ou Fust en gypte, tra-duisant un nouveau rapport de lhomme son environnement quil importedematriserintgralement.Lesprincesomeyyadeset abbassides inuencs par lhritage des civilisations orientales et mditerranennes, font dier des villes plan gomtrique : Damas, ville dj importante auVIIIe sicle av. J.-C., se srucure selon deux axes en croix dont les rues sont ordonnes par colonnades bordes de boutiques, limage de la ville antique. La ville ronde de Bagdad, fonde en 762 par le calife abbasside al-Mansr, sorganise autour ddifices centraux, le palais et la mosque mitoyenne, partir desquels rayonnent les difrents quartiers.AuXIIIe sicle, aprs lanantissement de lEmpire abbassidepar les Mongols, les villes forties se multiplient, bloties auprs dim-posantes citadelles dont le plus bel exemple demeure Alep.Ainsi la ville, al-madina, hrite du Moyen ge, es-elle puissamment organise autour de la mosque-cathdrale partir de laquelle se dploient, en zones successives, les insitutions urbaines, les corps de mtiers, les habitats privs qui se drobent au regard, o coexis-tent les groupements confessionnels (juifs, chrtiens, musulmans), les corps de mtier qui contribuent la gesion de la ville et la sabilit organique de lesace bti, expression de lorganisation sociale. Le visiteur es invit entrer dans cet imaginaire des villes. Mohamed Mtalsi, directeur des actions culturelles lIMAEmpire moghol. Djahangir Shah (1605-1628, 1014-1037h).Pice dor dun mohur.BnF-MMA.E 1952 (ancienne collection Charvet, 1863).Bibliographie : Stanley Lane-Poole, Catalogue of Indian Coins in the British Museum, The Moghul Emperors, Londres 1892, no 319.v20 20 Les VillesLA PENSE ARABE ET LA TRANSMISSION DES SAVOIRSa b e pense arabe et ses expressions culturelles.La richesse de la culture arabe es de plus en plus mconnue. La fascination de lIslam , ainsi que la monte des phnomnes de fondamentalisme religieux depuis un demi-sicle environ, tend fondre la culture arabe dans le concept ou de civilisation arabo-islamique. Cete approche prdominante ne rend jusice ni au gnie de la langue et de la culture arabes, ni celui des autres langues et cultures des trs nombreux peuples ayant adopt lIslam comme religion, mais conserv leur langue et leur culture, commencer par les Iraniens ou les Turcs.Il nous faut donc ici resituer le gnie propre de la culture arabe et notamment de son tonnante diversit que lon ne saurait rduire la seule pense religieuse, la quelle ont dailleurs particip de nombreux penseurs, notamment persans sexprimant en arabe devenue langue de civilisation aprs la rvlation coranique survenue en milieu arabe et en langue arabe. Cete rvlation es donc juse titre objet de ert dans les socits arabes ou arabises (le bassin msopotamien et lAfrique du nord). Elle a apport vigueur, puissance et gloire aux Arabes et a servi aussi de support au dveloppement secaculaire dune grande civilisation islamique multi-ethnique qui a t la pointe du progrs de lhumanit durant la priode qui va du VIIe au XIVe sicle. Cette civilisation sest tendue sur tout le Moyen-Orient, lAsie centrale, le sous-continent indien, ainsi quune partie de lEurope, dans la pninsule ibrique et le sud de la pninsule italienne. Si les premires conqutes sont le fait des Arabes et des Berbres islamiss et les deux premiers grands califats, ceux de deux dynasties arabes rivales, les Omeyyades puis les Abbassides, le pouvoir efecif va progressivement chapper aux Arabes pour pas-ser aux Iraniens et aux Turcs.Pour autant, on ne saurait confondre la civilisation islamique avec la culture arabe. Certes la langue arabe a longtemps t le vhicule de cete civilisation, tout comme la langue latine avait t le vhicule de la civilisation chrtienne en Europe. Mais par la suite, la langue persane, revigore par ses emprunts la langue arabe et ladoption de lalphabet arabe, es redevenue une langue de civilisation, aux cts de la langue turque qui connatra une grande expansion avec les conqutes seldjoukides puis ottomanes. Ces deux dernires langues ont irrigu lAsie centrale et le sous-continent indien ; elles ont mme donn naissance de nouvelles langues, telles que lour-dou parl au Pakisan. Toutefois, si la langue arabe cesse ainsi pro-gressivement dtre la langue exclusive de la civilisation islamique classique, la culture arabe continuera dtre acive jusquau XIVe sicle o luvre si riche et si diverse dIbn Khaldun, que nous voquerons plus loin, consitue le sommet de cete culture. Par la suite, la culture arabe sassoupit durant quelques sicles avant de renatre de faon dynamique et brillante au dbut du XIXe sicle.Ces pourquoi, il convient de bien disinguer les grandes uvres de la civilisation islamique classique, dans laquelle les Arabes ont jou un rle majeur, de la culture arabe proprement dite. Cette dernire a exis avant lIslam puis durant la grande poque de la civilisation islamique, enn depuis la Renaissance contemporaine. Elle a pour origine une pense qui sexprime fortement sur le mode potique, mais aussi comme on le verra sur le mode musical et mystique ; cependant que la pense philosophique et la pense religieuse tiendront une trs grande place, se combattant ou se renforant mutuellement. Cete pense jouera un rle majeur dans le dveloppement de la thologie et de la scholasique de lEurope chrtienne et sera un des moteurs de la Renaissance europenne, alors quelle tombera dans loubli jusqu la priode de la Renaissance (Al Nahda) contemporaine de la culture arabe partir du dbut du XIXe sicle. ()Georges Corm, historien et politologueLe luth, Tunisie, bois, cordes de mtalet de nylon, nacreParis, dpt du muse du Quai Branly21 21 Les Villesa b e La transmission des savoirss LHRITAGE SYRIAQUE sEntretien Ephrem Youssef, philosophe, crivain / Marie Foissy (mai/juillet 2011)M. F. Jaimerais entendre votre propre dnition de cet hritage culturel.E.Y. Cet hritage es avant tout msopotamien puis chrtien. Mes anctres ont vcu dans cete rgion bien avant la conqute arabe, qui a eu lieu au VIIme sicle. Ils ont maintenu vivante, pendant des sicles, leur foi et leur culture chrtienne mais aussi leur langue. Au dbut duXXme sicle, on pouvait les reconnatre encore leurs cosumes, trs difrents de ceux des Kurdes ou des Arabes. Le monde arabe, ne loublions pas, englobe des peuples varis, Kurdes, Berbres, Assyro-chalden-syriaques, et ces 15 millions de chrtiens en font bien partie.M.F. Quelle langue parlaient vos anctres ?E. Y. Mes anctres parlaient le soureth, la langue syriaque moderne, elle-mme drive de laramen. Rappelons que le Chris utilisait un dialece de laramen. Ces la langue maternelle, employe la maison par plus dun million de personnes et enseigne aujourdhui dans la plupart des coles chrtiennes du Kurdisan, l o vivent un bon nombre dAssyro-chalden-syriaques. Ils parlent souvent larabe, le kurde car ils se trouventen rgion kurde et dans un pays arabe qui es lIrak.M.F. Je reviens sur ces Assyro-chalden-syriaques, un terme complexe qui mrite dveloppement de votre part, une dnomination rcente, jimagine E. Y. Ce sont quatre communauts chrtiennes, Assyriens, Chaldens, Syriaques catholiques et Syriaques orthodoxes, formant un mme peuple autochtone, originaire de laMsopotamie. Ils sont les hri-tiers des premiers chrtiens dAssyrie, de Babylonie et de Syrie. De nos jours encore, leurs descendants, qui se sont dnis ainsi, vivent difcilement ou plutt essayent de survivre et dexiser en Irak, en Syrie, en Turquie et en Iran, sans compter leur diasora dans le monde.s LES TRADITIONS ORALES DES KURDES sEntretien Kendal Nezais, direceur du centre culturel Kurde / Marie Foissy (ocobre 2011)M. F . Comment sexprime le mieux le gnie du peuple kurde ?K. N. Ces en efet une culture qui es rese plus vivante et populaire que savante, elle ne ses pas ge et normalise. Ce qui nempche quelle a eu ses thologiens, ses philosophes, ses hisoriens. Cepen-dant, la posie et la musique, plus que toute autre forme dexpression, caracrisent le gnie kurde.M. F. Que chantent ces posieset quand remontent-elles, sil espossible de le savoir ?K. N. Il en mane un soufe chevaleresque, guerrier, de trs ancienne tradition mais ce sont surtout de trs beaux chants damour. quelle poque remontent-t-elle ? De tout temps peut-tre car il sagit de traditions orales ; la posie a t longtemps mmorise par des ades anonymes ; beaucoup de pomesdamour et des ballades populaires sont dailleurs composs par des femmes, puis vers le Xe sicle merge une posie crite savante sadressant des lites. Mais, beaucoup plus que dans la litrature crite, lme kurde se manifese dans le fondsfabuleuxdunelittratureoralehypertrophie,dansses innombrables lgendes, contes, popes, fables, rcits merveilleux peupls de fes, de djinns, danimaux, de forces surnaturelles limage des sites sauvages qui les entourent. Beaucoup de rcits sont porteurs des rminiscences des mythes et croyances des hommes qui se sont succds sur cete scne.M. F. Et qui sont..K. N. Scythes, Mitanni, Hitites, Assyriens, Grecs, Romains, Arabes, Mongols, Turcs Jajoute que dans ces contres montagnardes, menaces,ces posies avaient valeur ducative, fournissant aux jeunes des modles hroques et une thique o le savoir-mourir dans lhonneur es aussi important que le savoir-vivre. Isagoge de Porphyre(233-310),introduction aux Catgories du philosophe grec Aristote (233-350 av. J.-C.),a t traduit en syriaquepar Athanase de Balad (+ 686), patriarche dAntioche, savantet fru de philosophie. Dpt de la Bibliothque nationalede France, inv. Syriaque 24822 Les Villesa b e Les communauts religieuses dans les villes arabess Les juifs sfarades dans lOccident et lOrient musulmansLes Sfarades des pays mditerranens europens et de lAfrique du Nord et dOrient tirent leur nom de celui de lEsagne, dsigne traditionnellement par le terme biblique (Ob 20) de Sefarad. Les dplacements et les migrations des familles juives nord-africaines qui sinsallrent en Esagne et dautres qui avaient quit lgypte pour la Palesine ou lIraq, ont t incessants au Moyen ge. Quant leurstatut,lesjuifsdelgypteetduMaghrebmusulmans bnciaient,en tant que sujets infrieurs, dune protecion contrac-tuelle (dhimma), tant conomique que cultuelle, au mme titre que les coptes gyptiens, en contrepartie du versement de certaines taxes et de la soumission quelques resricions touchant lhabillement ou ldication des lieux de culte. certaines priodes, sous domi-nation ftimide (968-1171) notamment, les dhimmi jouissaient dune tolrance relative leur permetant de spanouir dans les domaines des sciences, de la mdecine et de la philosophie. ()Maria Gorea, chercheur au CNRSs Une communaut chrtienne : Les coptes dgypteLe mot copte drive du grec Aeguptios, gyptien . partir de la conqute arabe (Ae)g(u)pt(ios) se transforme en gupti qui dsigne les gyptiens autochtones, qui tous sont chrtiens face aux Arabes musulmans. Le mot sapplique tout ce qui touche la vie des chrtiens dgypte : langue, criture, murs, objets dart ou dusage courant. La langue et lcriture qui en drive sontune transcription de la langue des pharaons partir de lalphabet grec, augment de septsignesempruntslcrituredmotique,tapeultimede lcriture gyptienne. Lavance du chrisianisme dans la valle du Nil ds le IIe sicle apr. J.-C. et la ncessit de traduire les critures pour vangliser la population acclrent la cration de lcriture copte. Ces probablement au IXe sicle que commence son dclin ; il faut cependant atendre la premire moiti du Xe pour trouver un auteur copte crivant en arabe, larabisation allant de pair avec lislamisation. Au XIIe, lglise ofcialise lusage de larabe, le copte tant lev au rang de langue sacre, exclusivement utilise jusqu nos jours dans la liturgie ; les vangiles sont alors rdigs dans les deux langues (Copte 13, BnF) ().Marie-Hlne Rutchowskaya, conservatrice gnrale, Dpartement des antiquits coptes, muse du Louvretui Thora,Baghdad, Irak, vers 1879/1880, argent, partiellement dor, corail,dcor au repouss. H: 104.5 cm, D: 27.5 cmCollection particulire.Croix copte,poque copte, mtal cuivreuxDpt du muse du Louvre, dpartement des Antiquits gyptiennes,Paris, inv. E 11715 (3)23 Les Villess Les branches de lislamCest entre le IXe et le Xe sicles que la diversit actuelle de lislam sest xe. En efet, cest au cours de cette priode cruciale que le sunnisme se constitue, de mme que se mettent en place les prin-cipales coles juridiques qui sy rattachent. Lgitimiste, il tendra, tout en adhrant la doctrine de lascendance qurayite de tout prtendant limamat, reconnatre tout pouvoir de fait condition quil veille sur le respect des obligations religieuses individuelles et collectives. Quant au chiisme, ses trois principales branches se cristallisent et se structurent au cours de cette priode. Le zaydisme, qui a adopt plusieurs thses mutazilites, rejettent la dimension gnostique qui caractrise les deux autres branches. Pour les zaydites, si limm doit tre issu charnellement de Al, mais non de sa seule union avec Fima, et sil doit possder une science religieuse solide, il nest pas indispensable quil soit impeccable. Ils nissent mme par adopter la doctrine que limm doit conqurir le pouvoir par la force. Lismalisme qui prend historiquement la forme de lmirat des Qarmates, ensuite du Califat fatimide, adopte une gnose com-plexe, dinspiration no-platonicienne, qui voit dans limm linter-mdiaire entre Dieu et les hommes. Ce sont les disciples dal-kim, un des califes fatimides, qui crent la religion druze, aprs sa dispa-Le Coran,gypte, 1390-1400, encre, gouache et or sur papierParis, muse de lIMArition. Cette dissidence nira dailleurs par sloigner de lislam en tant que tel, en intgrant de nombreux lments trangers lislam comme la rincarnation. Les ismaliens ont laiss un legs dune trs grande richesse, notamment les fameuses Ras il de la confrrie des Iwn al-af ( Frres de la puret ). Mais la branche chiite la plus importante est celle des imamites ou duodcimains. Selon eux, les imms sont exclusivement issus de lunion entre Al et Fima, limm vivant dsignant son successeur jusquau XIIe, qui disparatra dnitivement au Xe sicle, sans mourir. Cest lui que lon appelle Mahd, car il reviendra, comme le disent plusieurs hadiths y compris sunnites, la n des temps pour rtablir la justice. On a lhabitude de rattacher la religion alawite (ou nuayr) au chiisme duodcimain, mais ce rattachement est rcent et ne date que du dbut du XXe sicle, pour des raisons dopportunit. Malgr plusieurs tentatives de rapprochement entre sunnites et chiites au cours du XXe sicle, lUniversit dal-Azhar met son programme lenseignement du droit imamite (al-qh al-afar) , les divisions demeurent profondes, notamment sous limpulsion des plus radicaux, comme les abar du ct chiite et les wahhbites du ct sunnite. ()

Mohamed Benkheira, professeur lcole Pratique des Hautes tudes24THME IV c LEXPRESSION DE LA BEAUTLexpression de la beauta b e Proportions et harmonie Dcoratif es ladjecif qui en Occident qualie souvent lart islamique. Pour ses crateurs, comme pour leurs commanditaires, ce terme ne signie rien, de mme quil nexise pas de disincion entre artise et artisan . Le support quel quil soit un mur ou une coupole, la page dun livre, un objet en volume, une surface tisse permet de dployer un esace autonome qui ofre dinnies possibilits de couleurs et de motifs, rpts ou combins, ayant leur propre cohrence.Lexpression plasique de la beaut recourt celle des matriaux, parfois modeses, combine aux principes de proportions et dhar-monie dont la calligraphie es la forme la plus aboutie. Ces principes tendent galement faire cho lharmonie naturelle de la Cration, laquelle hommage es rendu sur un mode qui ne vise pas la repro-ducion dle dun modle vgtal, animal ou humain , mais la resitue par la ligne plutt que le volume. Le merveilleux, depuis lmerveillement que suscite un objet rare jusqu la guration du fantasique et de linvraisemblable, es pareillement source de beaut.Eric Delpont, directeur des collectionsCoupe avec inscription (non dchiffre) en couque,Irak, IXe sicle, pte argileuse, dcor au bleu de cobalt peint sur glaure opaqueParis, muse de lIMAKamal Boullata, Je ne suis que moi mme,1983, srigraphie Paris, muse de lIMA Feuillet dun Shh-nme (Livre des Rois),cole de Bagdad (Irak), XVIe sicle, encre, pigments leau et or sur papier Paris, muse de lIMA25 Lexpression de la beauta b e Une esthtique amazigh-eLeshtique amazigh-e privilgie labsracion symbolique. Ses dcors sobres et gomtriques dclinent linni des combinatoires du point, du trait et de la ligne brise. Dans le regisre chromatique, le choix porte moins sur des couleurs pralablement dnies que sur un jeu de contrases opposant le sombre, le clair et lintermdiaire. Ces tonalits difrentielles sont frquemment incarnes par le noir, le rouge et le blanc, mais peuvent tre aussi assumes par des paletes diverses. Certains objets et gures, bien que trs syliss, ont parfois un asec anthropomorphe, soulign par les termes qui dsignent leurs difrentes parties (corps, cou, tte, oreilles, ventre, dos).Cet art nes ni intemporel, ni uniforme. Les motifs et les composi-tions varient selon les rgions, les poques, les matriaux, le contexte, les modes et les individus. Des influences varies, venues de la Mditerrane, de lOrient ou de lEurope, ont introduit, selon les cas, de nouveaux gots, par exemple pour la guration, les volutes ou les couleurs pasel. Cependant, certains principes srucurants tenaces permetent didentier un syle amazigh . Le rpertoire graphique amazigh slabore partir dun nombre dtermin de signes gomtriques simples aux formes universelles. Ces la com-binaison particulire de ces lments de base qui sert crer des gures originales. Certains motifs graphiques lmentaires sont connus dans plusieurs civilisations. Ils ont probablement insir la naissance des premires critures, dont lalphabet antique des tinagh que les Touareg utilisent jusqu aujourdhui. Par contre, ces formes ont t invesies de signications symboliques trs diverses selon les cultures qui en ont fait usage depuis la prhisoire. Ces en tant qulments dun sysme que ces signes prennent sens, chacun endossant une valeur particulire. Les combinaisons multiples de ces graphies, selon une grammaire intriorise par les usagers, forment une criture picurale dont la srucure se retrouve dans toute laire amazigh-e.Hlne Claudot-Hawad, anthropologue et directeur de recherche au CNRS Jarre tasselbalt,Tizi-Ouzou (Algrie) ou Grande Kabylie, XXe sicle, terre cuite et pigments naturelsParis, dpt du muse du Quai Branly 26a b e De voiles en voiles : Histoire du voile fmininLacualit de ces dernires annes a engendr de nombreux dires et crits propos du voile et des femmes qui le portent. Beaucoup dencre a coul sur ce sujet mais dans ce dluge dexplications atribuant au voile lexpression dune tendance militante, voire radicale de lislam, peu de place a t consacre lorigine et lhisoire du voile, cet lment du cosume fminin qui a recueilli et conserv, au cours des ges, la mmoire des peuples qui ont fabriqu sa longue hisoire. Lhisoire du voile commence en Orient, il y a prs de 4 000 ans. Ds le dbut du IIe millnaire av. J.-C. le voile es intimement associ au rituel matrimonial. Pour les Assyriens et dans le royaume syrien de Mari, la premire tape du mariage, scelle par le versement du don nuptial, es matrialise par une crmonie familiale au cours de laquelle la tte de la ance es solennellement recouverte dun voile. Celui-ci es parfois dsign par le terme akkadien kullulu, couronne , auquel sapparente le mot arabe ikll, nom donn aujourdhui par les chrtiens orientaux au rite du couronnement, temps fort de la crmonie du mariage. La n du IIe millnaire marque un tournant dans lhisoire du voile. Lors des fouilles archologiques menes par une mission allemande, entre 1903 et 1914, sur le site dAssur (moderne Qalat Cherqat, Irak), une douzaine de tabletes, nommes lois assyriennes , ont t mises au jour. Lune delles dtaille essentiellement les droits et les devoirs des femmes et comporte une loi relative au port du voile. Le texte prcise que les femmes maries, les veuves et les lles dhommes libres, doivent se voiler la tte pour sortir. La prositue a, quant elle, lobligation de se promener la tte dcouverte, les cheveux libres de toute atache. On appelle dailleurs cete dernire kezertu, celle dont les cheveux ondulent mais aussi et surtout harimtu, le femme part . Le voile symbolisait un rite de passage, un changement de satut de la jeune lle. Il devient un privilge des femmes maries et plus largement des femmes honorables . Aucune sancion nes prvue lgard de lpouse ou de la lle de bonne famille qui se dplace nu-tte dans la rue. En revanche, la prositue qui contrevient cete loi es, pour sa part, svrement punie. Curieusement, partir de la n du IIe millnaire, les allusions au voile disaraissent des sources juridiques et documentaires, du moins dans ltat acuel des connaissances. Pourtant, le voile urbain, cet atribut des femmes maries et honorables dAssur, sinsalle dans le paysage oriental et devient peu peu le symbole fminin par excellence. Les dcors sculpts et les peintures des monuments du Ier millnaire, montrent des femmes vtues dune tunique longue et simple. Un voile couvre leur tte, leurs paules et les enveloppe jusquaux chevilles.Dans la Grce antique, le port du voile devient la rgle. Cet lment textile fait dsormais partie intgrante de la panoplie vesimentaire fminine et ne quite plus le chef et les paules des pouses. En Botie, et particulirement Thbes, quand elles sortent les femmes maries se couvrent le corps dun ample himation, mais aussi parfois le visage, la faon dun masque de comdie, ne rservant que leurs yeux. Limage de ces pouses es reprise par les clbres satuetes de Tanagra qui reprsentent des jeunes femmes drapes dans un grand manteau. Leurs mains sont presque toujours caches, leur visage en partie voil. (), Hana Chidiac, Dpartement Afrique du Nord et Moyen-Orient, muse du Quai BranlyUn temps de vivreTHME V c UN TEMPS DE VIVREFigurine fminine voile et vtue dun vtement drap,cyrnaque, priode hellnisique, 3e quart du IVe sicle av. J.-C. 27Entretien Georges Corm, hisorien et politologue, Liban / Marie Foissy (7 mars 2009)M. F. Quel pourrait tre lenseignement essentiel tirer dun muse qui tenterait de rendre tous ces lments tangibles ? Den ofrir la synthse ?G. C. Peut -tre rendre la culture arabe et lidentit arabe dau-jourdhui lhisoire quelles ont oublie. Rtablir la richesse dune mmoire hisorique traumatise et paralyse par la domination occidentale et labsence de dveloppement conomique rel. Si la religion musulmane es bien videmment une composante majeure de la culture arabe, pour tre apparue dans la Pninsule arabique, elle ne peut elle seule rsumer toute la culture et lhisoire des Arabes. Ces pourquoi jvoque souvent les trous de mmoire de la conscience collecive qui afecent dailleurs les deux rives de la Mditerrane. La rive Nord oblitre tout ce que doivent les cultures europennes la Mditerrane de lEs et du Sud, commencer par lhritage babylonien et sumrien, mais aussi pharaonique, puis celui du chrisianisme qui es n et ses dvelopp dans le monde arabe ; enfin, tout ce que ces cultures doivent aussi lEmpire byzantin, empire grco-oriental, puis tout ce quelles doivent aux sciences et la philosophie de lge dor des empires arabes. En sens inverse, la mmoire collecive arabe oublie tout ce que leur grande culture doit aux deux monothismes prcdents et aux cultures grco-latines, la culture perse pr-islamique et la culture et aux sciences syro-aramennes, ces dernires resant les grandes oublies de lHisoire de cete rgion du monde.Un temps de vivreM. F .Je pense que ces l la raison dtre du nouveau concept et la vocation de lIMA dautant plus que le muse du Louvre va inau-gurer un dpartement des arts de lIslam, avec lequel nous ne pouvons rivaliserG. C. Ma deuxime pense es les hritages : celui des philosophes grecs, celui des Phniciens au Liban et en Tunisie, celui de Byzance travers la dynasie des Omeyyades Damas, celui de lEmpire sassanide travers les Abbassides, Bagdad, celui des croiss qui ont fait souche au Proche-Orient et ont cr des colonies de Levan-tins.Maisattention,cesontdeshritagesrepenss,digrset enrichis par la culture arabe : par exemple, ce sont les dbats des philosophes syriaques avec la philosophie grecque, ceux que la philosophie arabe reprend en posant le problme de la conciliation entre foi et raison Ainsi on peut parler, suivant les difrents socles gographiques qui consituent le monde arabe de culture arabo-aramenne ou arabo-syriaque dans le bassin msopotamien et ses prolongementsmditerranens,arabo-berbredanslabordure mditerranenne du continent africain, arabo-pharaonique dans la Valle du Nil et arabo-kurde dans les zones montagneuses de lIrak daujourdhui. Ceci montrerait la diversit des hritages qui consi-tuent lidentit arabe.En fait, pour moi, le thme des hritages es fondateur. Larabit au sens culturel du terme es un exemple de trs beaux mlanges et dinteracion de cultures que les traumatismes de lhisoire des Arabes depuis quils ont abandonn le pouvoir et sont entrs sous la domination dempires ou de sultanats non-arabes ont oblitr de la mmoire collecive. Les resituer dans un muse serait rendre jusice au gnie de la culture arabe. mPeintures au sol et murales aux inuencesbyzantine et sassanide,Qasr al-Hayr al-Gharb (Syrie), deuxime quart du VIIIe sicle, pigments sur sucDamas, dpt du muse national28 VOIR ET LIREd Trois Albums-dcouverte pour les petits et les plus grands : Les Arts du feu , Les Arts du livre Les Arts dcoratifs Superbement illustrs, nourris de textes documents mais toujours accessibles, ils ont t conus partir des objets du muse en un pas--pas la fois ludique et pdagogique. Pour tous ceux qui veulent en savoir un peu plus .d Un tir--part du Journal de Mickey Destin aux 7-14 ans, il est offert aux visiteurs et aux abonns au Journal de Mickey dIle-de-France. Un l dAriane idal pour les jeunes visiteurs et leurs accompagnants, qui sortiront de leur visite savants comme des livres !PARCOURS DCOUVERTEd la dcouverte du monde arabe Elmentaire-CollgeDu mardi au vendredi, dure 2 hUn parcours anim qui dbute par une nerie pdagogique au muse,lors de laquelle les enfants simmergent en images et en sons dans le monde arabe, ses paysages, sa population Lactivit se poursuit dans lespace color et chaleureux de la Mdiathque jeunesse, o chacun apprend en samusant grce aux supports mis sa disposition : musique, senteurset pices, toffes et objets, nigmes et jeux de lettres... Une lecture de conte en franais entrecoupe dextraits en arabe vient clore lactivit.Un livre-jeu est offert la classe.d Sur les traces de la Reine de Saba A partir du CM1-6e-5eDu mardi au vendredi, dure 2 hImmersion dans lArabie des temps anciens, ses hommes, ses lgendes et ses dieux, travers une visite du nouveau muse centre sur la section Les Arabies .Puis chacun sinstalle latelier, devantun grand jeu de loie qui transporte les enfants, entre mythes et ralits historiques, depuis le Ymen ternel jusqu Jrusalem.Lors de ce priple, ponctu dnigmes,ils rencontrent personnages fabuleux et animaux extraordinaires. d Ville arabe, ville durable A partir du CM1Du mardi au vendredi, dure 2 hDans latelier, en cho au DVD prsentdans le muse Ville arabe-ville durable ,les jeunesparticipants reconstituent, laide de modules en volume, sous formede puzzle, des pans de la ville arabe traditionnelle (mdina) pour mieux comprendre son fonctionnement.d Des tablettes numriques en accs libre au muse, associes chacune un objet-phare. Aboutissement dun travail men parle service des Actions ducatives de lIMA avec lEcole de la 2e chance, ces tablettes sont le fruit dune dmarche originale dans laquelle le savoir a t assimil et explicit, non, comme il est de coutume, par ses dtenteurs (scientiques, universitaires), mais par des apprenants de frache datequi sont dautant mieux parvenus rendrece savoir accessible tous. (Les contenusdes tablettes peuvent tre visualisssur Smartphone, partags sur Facebooket Twitter.)d Un livret parcours-couleur La posie se marie la connaissance dans cette autre ralisation originale de lEcolede la 2e chance et de la MJC-Village de Crteil, o chaque objet du muse fait cho une couleur et sa symbolique.d Maquette dun DVD interactif Ville arabe-ville durable dcouverte surun cran tactile de la ville arabe. Un premier module permet de comprendre sa structure, son dveloppement dans lespace et dansle temps jusqu lpoque contemporaine.Un second prsente une libre crationpar les stagiaires de lEcole de la 2e chance, de quatre villes imaginaires partirdes fondamentaux de la ville mdivale.CARNET DE VISITEDDDDDDDDDDDDDDDDINSTITUTDU MONDE ARABELE NOUVEAU MUSELARABIE LES CROYANCESLE SAVOIR LES JEUXLes ar t s du livre Les ar t s dcorat if s Les ar t s du f eucramique, ver re, mt alActions ducativesACTIONS DUCATIVESUn muse pour tous Tous au muse !29Six mois dexprimentation indite ont t initis par Marie Foissy, chef du projet de refonte du muse. Trois chantiers dexpri-mentation avec les jeunes ont t proposs par Catherine Arteau, hisorienne de lart et musologue (Agence pour la cohsion sociale et le Dveloppement par la Culture, A.C.D.C.). Ces chantiers ont t mis en uvre en troite collaboration avec les quipes scientiques et pdagogiques de lIMA avec le concours des lves et sagiaires de lEcole de la 2e chance de Paris et la MJC-Village de Crteil. Sur un nombre de 50 sagiaires, une quinzaine ont suivi durant six mois complets, lun ou lautre des trois chantiers ainsi entrepris.Quelsentaientlesenjeux?Ilstaient dabord musographiques puisquils metaient en interacivit concepteurs-visiteurs , les moyens de mdiation avec le public, ds ledbutdelacrationdunprogramme Les Croyances16Le Temps...Les musulmans ne reprsentent pas Dieu ; ils matrialisentsa parole par la calligraphie. Au nom de Dieu, le Clment, le Misricordieux, Dieu,si tu mets les premiers et les derniers au rendez-vous du jour connu, alors prserve Ftima, lle de `Abd Allh ibn Ahmadet ses parents de lenfer, Clment, Misricordieux. Srie blanche, Sans titreJellel Gasteli,1991Tirage argentique contre-coll sur aluminiumStle funraire au nomde Fatima,Basalte17Les Croyances ... LEspaceFeuillet de CoranEncre, pigments leauet or sur parcheminFeuillet de CoranEncre, pigments leauet or sur parcheminSrie blanche, Sans titre, 1991Jellel Gasteli (n en 1958, Tunisie)Muse de lIMA, AC 95-02Stle funraire au nom de Fatima, lle de Abd AllhPninsule arabique, IXe-Xe sicleH. 50 cmMuse de lIMA, AI 98-02Feuillet de CoranMoyen-Orient, IXesicle12,8 x 20 cmMuse de lIMA, inv. AI 82-06Feuillet de CoranMaghreb ou Andalousie, XIIIe sicle19 x 18 cmMuse de lIMA, inv. AI 02-27

Manuscrit dastronomieEncres noire et rouge sur papier, reliure en cuirLa Ville22Le SavoirLastrolabe est un instrument dobservation et de mesuretabli partir dune projection mise plat de la vote cleste.Cest dans la ville quexistent lcole, la madrasa, lhpital, lobservatoire qui sont des lieux denseignement et de diffusion de la connaissance.Chapiteau dalambicVerre soufMortier et son pilon Bronze moul et coulAstrolabe planisphriqueLaiton grav23Astrolabe planisphriqueTurquie, 1098 H / 1686-1687; araigne : Maghreb, vers 1267 H / 1850; D. 10,2 cmMuse de lIMA, inv. AI 86-17, legs Marcel DestombesMortier et son pilonEspagne, XIIe - XIIIe sicleH. 10 cm ; D. 13,5 cmMuse de lIMA, AI 88-20/ 1 et 2Chapiteau de distillation ou condenseur pour un alambicIran, XIIe-XIIIe sicleH. 13,3 cmMuse de lIMA, inv. AI 90-08Manuscrit dastronomieAlep (Syrie), 1246 H/ 1830-183121 x 15,7 cmMuse de lIMA, AI 85-13

culturel. Ils taient aussi culturels au sens o la culture peut treun processus dman-cipation personnelle voire professionnelle : ces la deuxime hypothse de lexprimen-tation. Enn dans une socit en recherche de sens (confronte la ncessit de renou-veler ses modes dacion), faire de la culture une ressource sratgique a t la troisime hypothse. Elle porte notamment des objec-tifs pdagogiques et professionnels, travers limplication concrte de jeunes, et la vue des rsultats trs encourageants en terme demploi (plusieurs embauches lissue de cete session et dans des seceurs dacivit varis). Le rsultat de ces trois chantiers, ce sont trois objets musographiques la-bors par ces jeunes : un parcours numrique des uvres phares de la collecion, un livret de visite par la couleur et une maquete de DVD interacif sur la ville arabe.Actions ducativesTROIS OBJETS MUSOGRAPHIQUES Cette approche, personnelle chacun des jeunes devient soudain universelle. Cest une approche frache, nouvelle, qui vient de la socit qui nous entoure, et dont nous faisonspartie, nous les garants de lexigence scientique. Voir comment elle ragit, ce quelle peut apporter dans lapprhension des objets, puis dans la rexion quils suscitent, estenrichissant. Ce qui ma touch cest laspect subjectif du dia-logue entre le visiteur et luvre, car alors se cre un lien avec le personnage qui la imagi-ne, il y a 2000 ans et vous qui regardez, une manire de ne pas imposer le mme schma tout le monde , Marie Foissy, lors de la remise du travail par les jeunes.30 30REMERCIEMENTS AUX MCNESET AUX PARTENAIRESLInsitut du Monde Arabe remerciechaleureusement ses mcnes pour leur soutien la rnovation du muse permanentLtat du KowetLe Royaume dArabie SaouditeLa Fondation Jean-Luc Lagardre =l|-|l |--~Y| Sl| l|= _-l| ,l|-l| =,-~ ,=-,-|=l| =,-| ==-~ === |~Sl| l--l| -l| S~||Y =l | --)~31 31Institut du monde arabe1, rue des Fosss-Saint-Bernard75005 ParisInformations au 01 40 51 38 38www.imarabe.orgINFORMATIONS PRATIQUESEspace : 4, 5, 6 et 7me tageHoraires : du mardi au vendredi de 10h 18h ;jusqu 19h les week-ends et jours frisTarifs : 8 (plein), 6 (rduit), 4 (champ social)Crdits photos : D.R.p. 2 : Tristan MailletPUBLICATIONSCATALOGUEsous presseLe catalogue runit un ensemble de textes de scientiques de rfrence avec une iconographie respectant le parcours thmatique du muse (200 pages)CONNAISSANCE DES ARTS / HORS SRIE68 pages. 10 Institut du monde arabe32