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Notre Pre (Mt 6,9-13 ; Lc 11,2-4) (1)

I - LE TEXTE........................................................................................................................ 1

II - LE CONTEXTE ............................................................................................................. 2

A) Le contexte large................................................................................................ 2

B) Le contexte proche ............................................................................................. 3

C) Le contexte immdiat........................................................................................ 13

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LAncien Testament a t rdig essentiellement en hbreu. Ainsi, par exemple : Jr 3,19 (se lit de droite gauche) : yliAwairq]Ti ybia; rm'aow: Vous mappellerez mon Pre et jai dit Soit : Et jai dit (cest Dieu qui parle) : Vous mappellerez mon Pre Le Nouveau Testament, quant lui, a t crit en Grec, une langue qui, depuis le roi Alexandre le Grand, sest impose dans tout le Bassin Mdittrranen. Toutes nos Bibles, qui sont des uvres de traduction, ont t ralises partir de ce texte grec (NESTLE-ALAND, Novum Testamentum Graece ; Deutsche Bibelgesellschaft 1995). (6,9 a) Vous donc priez ainsi : (9b) Invocation solennelle Notre Pre (9c) , qui est aux cieux,

(9d) - a - , Premire partie: que soit sanctifi ton Nom ; Trois vux adresss Dieu pour Dieu (10a) - b - , ("Toi"). que vienne ton rgne ;

(10b) - c - , qu'advienne ta volont (10c) Verset "charnire" qui unit "le ciel"... comme au ciel

(10d) . ... et la terre. ainsi sur terre ;

(11) - a' - Deuxime partie : notre pain quotidien, donne (le) nous aujourd'hui Trois demandes (12a) - b' - , concernant l'homme et remets-nous nos dettes ("Nous"). (12b) comme nous aussi nous avons remis nos dbiteurs ; (13a) - c' - , et ne nous introduis pas dans la tentation (13b) . mais dlivre nous du Mauvais.

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Le "Notre Pre" est donc construit de la manire suivante : 1 - Mt 6,9bc : Une invocation solennelle qui va donner tout de suite le ton de l'ensemble : le croyant s'adresse Celui qui est pour lui un Pre... 2 - Mt 6,9d-10b : Une premire partie qui est toute entire tourne vers le ciel et s'adresse Dieu : seul le pronom personnel "ton" intervient trois fois. Trois vux sont alors adresss Dieu et pour Dieu... Ce terme de "ciel" n'intervient d'ailleurs que deux fois dans la prire, en inclusion de cette premire partie : juste avant (9c) et juste aprs (10c). 3 - Mt 6,10cd : Une formule charnire qui va permettre de passer du "ciel", "lieu de Dieu" si on peut dire, la terre, "lieu des hommes". Cette formule, loin de sparer "le ciel" et "la terre" les unit au cur du souhait gnral exprim par les trois vux prcdents... Qu'il en soit "aussi" sur la terre comme il en est dj au ciel... 4 - Mt 6,11-13: Une deuxime partie qui, elle, est entirement tourne vers le monde des hommes. Seul le pronom personnel "nous" intervient huit fois. Trois demandes concernant l'homme sont alors faites Dieu... Ainsi, "le Notre Pre nous apprend porter d'abord notre regard vers Dieu, vers son Nom, son Rgne, sa Volont, avant de le porter sur notre communaut terrestre. Notre situation concrte et nos vritables besoins ne peuvent tre compris que si nous envisageons d'abord notre Pre, ses objectifs, son uvre" (J. Delorme). Jsus enseigne l, en quelque sorte, toute une pdagogie de la prire : avant de demander Dieu de combler ses propres besoins, le croyant se met devant Lui dans une attitude d'humble adoration, donnant la priorit la ralisation du dessein d'amour de Dieu sur le monde"1. Dieu, en effet, Est Amour (1Jn 4,8.16), Il nEst quAmour (P. F. Varillon) II - LE CONTEXTE A) Le contexte large

La prire du Notre Pre apparat en St Matthieu dans le cadre du "Sermon sur la montagne" que Jsus adresse ses disciples et toute la foule rassemble autour de lui... Aprs les Batitudes, cet appel au bonheur profond qui est le cur du message chrtien, la Loi nouvelle, Matthieu a abord le thme de l'accomplissement de la Loi de Mose (Ex 20) par Jsus. Puis il passe en revue les trois grandes uvres de l'ancienne Alliance - l'aumne, la prire et le jene - en les rinterprtant la lumire du Christ. Et c'est l'occasion de ce thme de la prire qu'il va transmettre le Notre Pre.

1 POUILLY J., Dieu notre Pre (Cahiers Evangile 68, Saint-Etienne 1989) p. 36.

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B) Le contexte proche Le "vous donc" qui introduit directement le "Notre Pre" renvoie ce qui prcde... Regardons la construction des 18 premiers versets de ce chapitre 6 :

Mt 6,1: Principe gnral d'action pour un disciple du Christ.

!I"-"Mt 6,2-4: Application l'aumne.

II"-"Mt 6,5-6: Application la prire.

!III - Mt 6,16-18: Application au jene.

! Mt 6,7-15: Enseignement sur la prire.

St Matthieu commence donc par donner un principe gnral, qu'il va ensuite appliquer aux trois grandes uvres que sont l'aumne, la prire et le jene. Regardons ce principe de plus prs : Mt 6,1 : [] Prenez garde ne pas "faire votre justice" devant les hommes en vue d'tre remarqu par eux. (inf. aoriste passif de , regarder, observer)

, . Sinon, vous n'aurez pas de rcompense auprs de votre Pre qui est aux cieux. "Faire sa justice" signifie accomplir les uvres qui sont justes devant Dieu, les uvres qui plaisent Dieu, la volont de Dieu. A l'poque de Jsus, ces uvres taient en fait celles que requrait la Loi... Mais "bien agir extrieurement" ne suffit pas pour Jsus. Il va descendre jusqu'au plus profond du cur pour examiner quelle est l'intention qui prside l'action, c'est dire en fait quel est le but vis. En posant un geste qui apparemment est un signe d'obissance Dieu, avons-nous le rel dsir de lui plaire, ou bien cherchons nous "tre remarqu par les hommes" pour tre glorifi par eux ? En fin de compte, que cherchons-nous : la gloire de Dieu ou la ntre ?

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Jsus sait bien qu'il s'adresse des pcheurs et non des anges, et il les met en garde contre la vaine gloire qui pourrait ruiner leur relation avec Dieu. Quand nous agissons pour Dieu, n'agissons pas pour tre remarqu des hommes, pour plaire aux hommes, pour tre admir par les hommes, pour recevoir leurs louanges... Une telle attitude est profondment marque par le pch, par l'orgueil. Adam a ainsi voulu "devenir comme un dieu" (Gn 3,5), il a voulu prendre la place de Dieu, se mettre en avant, tre ador et lou... Jsus invite donc ici la vrit devant Dieu, la puret d'intention dans notre dmarche religieuse, et l'humilit. Si nous voulons vraiment plaire Dieu, nous de nous placer sous son regard, et sous son seul regard, et d'agir pour Lui, et pour Lui seul. Notons bien qu'il ne s'agit pas de se cacher, ou de ne rien faire en prsence des autres... bien au contraire ! Jsus vient de dclarer en effet au chapitre 5 : Mt 5,15-16 : "Vous tes la lumire du monde. Une ville situe sur une hauteur ne peut tre cache. (15) Et quand on allume une lampe, ce n'est pas pour la mettre sous le boisseau, mais sur son support et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. (16) De mme que votre lumire brille aux yeux des hommes, pour qu'en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire votre Pre qui est aux cieux". Nous retrouvons ici le "pour..." de l'action, la finalit recherche qui renvoie en fin de compte l'intention initiale... Mettons ces deux textes en parallle :

Mt 5,16 Mt 6,1

Ainsi que brille votre lumire , devant les hommes, pour qu'ils voient vos bonnes oeuvres

et qu'ils glorifient votre Pre . qui est aux cieux.

[] Prenez garde ne pas faire votre justice devant les hommes pour tre remarqu par eux. , Sinon, vous n'aurez pas de rcompense auprs de votre Pre . qui est aux cieux.

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Ces deux versets, apparemment contraires, dcrivent en fait une seule et mme attitude vis vis de Dieu, l'un de faon ngative, l'autre de faon positive ; les deux prsentent un chemin, et si l'un est signal par un sens interdit, c'est bien pour inviter s'engager dans l'autre... Remarquons qu'il s'agit bien de la mme situation dans les deux cas : quelqu'un agit, et son action est vue par ceux qui l'entourent. Mais les intentions sont radicalement opposes :

A B

Action

Intention:

Mt 6,1: Gardez vous de...

! tre glorifi par B (Mt 6,2).

" tre remarqu par B (Mt 6,1.5.16).

A B

Action

Mt 5,16: (Quand vous agissez, qu'il en soit ainsi:)

Dieu le Pre

Intention suppose

! B voit l'action pose par A

B glorifie le Pre du ciel"

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Le premier schma correspond aussi l'attitude, si souvent dnonce dans les Evangiles, de certains Pharisiens vis vis de la Loi. Leur conviction tait la suivante : - 1 - La Loi est l'expression de la volont de Dieu. - 2 - Elle est la porte de l'homme (Dt 30,11), de son intelligence... - 3 - Il suffit alors de l'observer intgralement pour pouvoir se prsenter devant Dieu fort de la justice obtenue par sa fidlit la Loi : ses bonnes uvres lui ont mrit sa justice... L'erreur du Pharisien rside donc dans l'illusion de croire qu'il peut parvenir par ses propres forces cette attitude juste que Dieu attend de nous. Telle est la perversion essentielle du cur qui veut s'auto-glorifier devant Dieu : tudie et tente de pratiquer

pour pouvoir se prsenter devant Dieu comme tant juste. A part le fait que la Loi vient de Dieu ( l'exception de tous les ajouts hypocrites des scribes2), Dieu n'intervient plus dans ce schma : l'homme est seul avec lui-mme...

2 Mc 7,6-13 : Il leur dit : "Isae a bien prophtis de vous, hypocrites, ainsi qu'il est crit : Ce peuple m'honore des lvres ; mais leur cur est loin de moi. Vain est le culte qu'ils me rendent, les doctrines qu'ils enseignent ne sont que prceptes humains. Vous mettez de ct le commandement de Dieu pour vous attacher la tradition des hommes." Et il leur disait : "Vous annulez bel et bien le commandement de Dieu pour observer votre tradition. Eneffet, Mose a dit: Rends tes devoirs ton pre et ta mre, et : Que celui qui maudit son pre ou sa mre, soit puni de mort. Mais vous, vous dites: Si un homme dit son pre ou sa mre : Je dclare korbn (c'est--dire offrande sacre) les biens dont j'aurais pu t'assister, vous ne le laissez plus rien faire pour son pre ou pour sa mre et vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous vous tes transmise. Et vous faites bien d'autres choses du mme genre."

Pharisien

la Loi

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Il pratique la Loi, il regarde ses bonnes uvres et s'auto-glorifie... En agissant ainsi, il s'enferme dans l'illusion de se croire "juste"... En Mt 6,1, le danger est identique. Tout comme le Pharisien s'tait saisi de la Loi pour en faire un instrument d'autoglorification, Jsus nous met en garde de ne pas nous saisir de notre entourage pour en faire galement un instrument d'autoglorification... On peut d'ailleurs noter que dans tous ces textes de mise en garde, St Matthieu dcrit la raction de l'entourage du seul point de vue de celui qui pose l'action : "tre glorifi" (Mt 6,2), "se montrer aux hommes" (6,5.16 : , paratre, apparatre, se montrer, se donner voir ). Nous ne sommes pas dans la ralit des faits, mais dans la seule intention de celui qui agit pour "tre vu"... Rien ne dit qu'il est effectivement glorifi... Le texte ne prsente qu'une personne enferme en elle-mme, proccupe d'elle-mme et d'elle seule, coupe en fait de la ralit qui l'entoure... Le Christ invite par contre ses disciples faire briller leur lumire "devant les hommes" (mme expression qu'en Mt 6,1), non pas pour tre vus, remarqus et glorifis, mais pour que ceux qui les entourent "glorifient le Pre qui est aux cieux" en voyant leurs bonnes uvres... Mais comment est-il possible de rendre gloire Dieu en regardant quelqu'un agir ? "Rendre gloire Dieu", , ne peut se faire qu'aprs avoir reconnu "quelque chose de Dieu", c'est dire "quelque chose" qui renvoie sa prsence et son action... Regardons rapidement cette notion de "gloire de Dieu"... , "la gloire", traduit dans la Septante (Traduction grecque de lAT) le terme hbreux d/bK;3 qui a pour origine le verbe dbK : peser lourdement, tre lourd. dbK renvoie ainsi "ce qui donne du poids", "ce qui en impose", "ce qui donne de la considration". Pour l'hbreu, la gloire ne dsigne donc pas tant la renomme que la valeur relle d'un tre estime son poids, et c'est ce poids qui dfinit ensuite l'importance de cet tre dans l'existence; il peut provenir ou des richesses (Gn 13,2 : Abram tait trs riche en troupeaux, en argent et en or, daom] dbK; r:b]a'w ; 31,1 : Jacob apprit que les fils de Laban disaient: "Jacob a pristout ce qui tait notre pre et c'est aux dpens de notre pre qu'il a constitu toute cette richesse", .hZ

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La notion de gloire s'articule donc autour de quatre points4 : (1) Une ralit concrte ou une qualit possde par une personne A... (2) ... qui est, d'une faon ou d'une autre, "remarquable"... (3) ... par une tierce personne B, qui, sa vue, reconnait sa valeur... (4) ... et l'apprcie, en manifestant ou non une certaine considration.

Nous pouvons le reprsenter par un schma :

A B

(2) (1) (3)

(4)

La notion de gloire implique donc la manifestation d'un bien propre un tre, manifestation toute son honneur et qui tend l'exalter, le "glorifier" aux yeux de son entourage. d/bK ; appliqu Dieu reprend cette mme logique interne :

- 1 - La ralit l'origine de toute manifestation ultrieure est ici "L'Etre divin" : "Le fondement de cette gloire, c'est l'essence divine elle-mme, laquelle est la perfection absolue"5...

- 2 - Du point de vue de l'homme, l'expression "la gloire de Dieu" correspond :

A la grandeur tonnante, indescriptible et droutante de Dieu qu'il manifeste par ses actes de puissance, qu'ils soient crateurs ou librateurs. Ainsi, le premier correspond la cration de l'univers, uvre de puissance par excellente puisque Dieu a fait tout cela partir de rien... "Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l'uvre de ses mains" (Ps 19, 2s). 4 MICHEL A., "Gloire, I. Dans la thologie", Dictionnaire de Thologie Catholique VI (Paris 1920) 1386, donne la dfinition suivante de la gloire: "On appelle gloire l'clat qui s'attache quelqu'un cause de l'excellence bien connue de son tat, de ses mrites, de son action." 5 MICHEL A. "Gloire, I. Dans la thologie", Dictionnaire de Thologie Catholique VI 1387. DESEILLE P., "Gloire de Dieu", Dictionnaire de Spiritualit VI (Paris 1967) 422: "La gloire de Dieu est la splendeur de l'Etre par excellence. Dieu seul possde par lui-mme valeur et puissance." VON BALTHASAR H.U., La Gloire et la Croix , III (Coll. Thologie n 82, Ligug 1974) p. 37: "Le "poids" qui s'impose est celui du Sujet, et ainsi la divinit de Dieu mme."

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Quand Dieu opra signes et prodiges pour faire sortir son peuple d'Egypte, Mose et les Isralites "ont vu sa gloire et ses signes" (Nb 14,22s) par lesquels "il s'est glorifi" aux dpens de Pharaon (Ex 14,18). "Au matin, vous verrez la gloire de Yahv" dclarent Mose et Aaron toute la communaut, "Yahv vous donnera ce soir de la viande manger, et au matin, du pain satit"... (Ex 16,6s). "Criez de joie, cieux, car Yahv a agi, hurlez, profondeurs de la terre... car Yahv a rachet Jacob, il s'est glorifi en Isral" (Is 44.23). "Le Dieu de l'Alliance met sa gloire sauver et relever son peuple; sa gloire est sa puissance au service de son amour et de sa fidlit." "La gloire est alors presque synonyme de salut (Is 35,1-4; 44,23)"6. A un phnomne constat l'aide des sens et surtout de la vue; par lui, l'homme prend conscience que le Dieu vivant et saint est l, prsent. Nous sommes donc ici dans le domaine des manifestations divines o la gloire, "ralit visible (Ex 16,10), est le rayonnement fulgurant de l'tre divin" : lumire, clat, beaut de Dieu... La raction de l'homme face ces manifestations de Dieu, qu'elles soient signes de puissance ou rvlation de l'clat de l'tre divin est toujours la glorification de Dieu, compose de reconnaissance, de respect, de louange... Nous allons voir combien cette notion de "gloire de Dieu" rend compte en fait de ce que le Christ explique en Mt 5,14-16... "Vous tes la lumire du monde, ", dit-il ses disciples... Notons dj ce terme de "lumire" que nous venons de rencontrer avec "la gloire de Dieu"... Dans l'Evangile de St Jean, seul le Christ est appel "lumire du monde" : Jn 8,12 : (Jsus dit ses disciples) : Je suis la lumire du monde. Jn 12,46 : , Moi, lumire, je suis venu dans le monde . afin que tout (homme) qui croit en moi ne demeure pas dans les tnbres. Or, d'aprs la premire Lettre de St Jean, Dieu seul est lumire : 1Jn 1,5 : Dieu est lumire, . et de tnbres en lui, il n'y en a absolument pas.

6 MOLLAT D., "Gloire", Vocabulaire de Thologie Biblique (Paris 1962) 413-414.

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Si Jsus est "lumire", c'est donc qu'il est "Dieu" ; et de fait, les premiers versets de l'Evangile de Jean le prsentent tout de suite ainsi : , Au commencement tait le Verbe, , et le Verbe tait "auprs de - vers" Dieu . et le Verbe tait Dieu. (2) . Celui-i tait au commencement "auprs de - vers" Dieu. (4) ... , ... En Lui tait la vie, et la vie tait la lumire des hommes, (5) , et la lumire brille dans les tnbres (, cf Mt 6,5.16) . et les tnbres ne l'ont pas saisie.

Jsus est Dieu, et donc Il est aussi "Lumire"... Or le Verbe s'est fait chair pour se donner aux hommes en pain de vie et leur offrir ainsi d'avoir part eux aussi ce qu'Il est... St Jean l'exprime par le thme de la vie ternelle : Jn 6,57 : " De mme que le Pre, qui est vivant, m'a envoy et que je vis par le Pre, ainsi celui qui me mange vivra par moi "... Et la BJ de prciser en note : "L'Eucharistie communique aux fidles la vie que le Fils tient du Pre"... et l'on pourrait ajouter avec Jn 6,63 "par l'Esprit Saint" : "C'est l'Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien" (TOB)... A son baptme, le chrtien a reu en son cur l'Esprit Saint, cet Esprit qui est l'Esprit de Dieu, l'Esprit du Pre comme l'Esprit du Fils. Dieu est Esprit (Jn 4,24) ; par le don de l'Esprit, Dieu se donne en partage et offre l'homme sa crature d'avoir part lui aussi ce qu'Il Est. Or Dieu est aussi "amour" (1Jn 4,8) et "lumire" (1Jn 1,5). Le croyant sera donc lui aussi, sa mesure, "lumire"... St Paul en parle ainsi : Ep 5,8 : , Autrefois vous tiez tnbres, mais maintenant (vous tes) lumire dans le Seigneur ; conduisez-vous donc comme des enfants de lumire...

Mt 5,15 dcrit donc indirectement l'action de Dieu qui, dans sa misricorde, a "allum la lampe", c'est dire le croyant, par le don de son Esprit... Le disciple du Christ, n'est pas "lumire du monde" (5,14) par lui-mme, mais il le devient par son baptme o il reoit le Don de lEsprit Saint qui va lui permettre daccomplir sa vocation tre pleinement "enfant de Dieu" et le mettre ainsi "en mesure de partager le sort des saints dans la lumire" (Col 1,13)...

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"Votre lumire doit briller devant les hommes" (5,16), dclare St Matthieu. Alors, en voyant cette lumire, et en reconnaissant en elle la lumire de Dieu, ils glorifieront le Pre qui est aux cieux, "le Pre de la gloire" (Ep 1,17), le Pre qui habite dans une lumire ternelle et qui veut rassembler tous les hommes en sa lumire... Et c'est dj ce qui se produit aujourd'hui dans la foi... Si nous reprenons le thme de Gn 1,26 qui prsente l'homme cr l'image et ressemblance de Dieu, nous constatons que Mt 5,14s nous prsente le disciple du Christ comme un tre rconcili Dieu, c'est dire comme quelqu'un en qui et pour qui le projet de Dieu commence se raliser pleinement... Par l'Esprit Saint qui le renouvelle et le transforme, il devient ce que Dieu a toujours voulu qu'il soit, c'est dire un tre son image et sa ressemblance... En tant alors simplement ce qu'il est, dans une relation de cur avec Dieu, le disciple du Christ va donc vivre de plus en plus parmi ses frres en "image de Dieu" et, par dfinition, "l'image de Dieu" ne peut que renvoyer Dieu... En la regardant, les hommes ne pourront que rendre gloire Celui qui fait des merveilles pour ses cratures... Tout ceci a t parfaitement accompli par le Christ, vrai Dieu et vrai homme, donc vrai Dieu et vraie "image de Dieu"... "Il est l'image du Dieu invisible, le premier n de toutes cratures" (Col 1,15), le premier en qui cette image a t parfaitement ralise... Au niveau de l'intention, son seul dsir tait d'accomplir la volont de Dieu (Jn 4,34 ; 5,30 ; 6,38-40)... Et tout ce qu'il a dit comme tout ce qu'il a fait, ne renvoyait qu' Dieu et Dieu seul... "Qui m'a vu a vu le Pre" (Jn 14,9)... Jn 7,16-18 : "Les Juifs, tonns, disaient : "Comment connat-il les lettres sans avoir tudi ?" (16) Jsus leur rpondit : "Ma doctrine n'est pas de moi, mais de celui qui m'a envoy. (17) Si quelqu'un veut faire sa volont, il reconnatra si ma doctrine est de Dieu ou si je parle de moi-mme. (18) Celui qui parle de lui-mme cherche sa propre gloire; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l'a envoy, celui-l est vridique et il n'y a pas en lui d'imposture". Jn 8,28 : "Je ne fais rien de moi-mme, mais je dis ce que le Pre m'a enseign". Jn 10,36-38 : "A celui que le Pre a consacr et envoy dans le monde vous dites : Tu blasphmes, parce que j'ai dit : Je suis Fils de Dieu ! (37) Si je ne fais pas les uvres de mon Pre, ne me croyez pas; (38) mais si je les fais, quand bien mme vous ne me croiriez pas, croyez en ces uvres, afin de reconnatre une bonne fois que le Pre est en moi et moi dans le Pre." A la suite du Christ, le chrtien doit donc agir pour Dieu et pour Dieu seul en accomplissant l'unique commandement de l'amour grce l'Amour que Dieu ne cesse de verser en son cur par l'Esprit Saint... Cet amour sera ensuite lumire pour tous

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ceux qui l'entourent par le tmoignage de ce mme Esprit... car l'Esprit de vrit ne cesse de rendre tmoignage la vrit toute entire (Jn 16,13-14; 1Jn 5,6). Concluons avec St Jean, en redisant tout ceci avec la notion de gloire, qui, comme nous l'avons vu pour Dieu est "manifestation de son tre" : Jn 17,22-23 : "Je leur ai donn la gloire que tu m'as donne, pour qu'ils soient un comme nous sommes un : (23) moi en eux et toi en moi, afin qu'ils soient parfaits dans l'unit, et que le monde reconnaisse que tu m'as envoy et que tu les as aims comme tu m'as aim." "Tous ont pch et sont privs de la gloire de Dieu", crit St Paul (Rm 3,23). Mais le Christ est venu rconcilier le monde avec Dieu et lui offrir ce qu'il avait perdu par suite de son pch : "Je leur ai donn la gloire que tu m'as donne", c'est dire en fait ce qui est la racine de cette gloire, "l'Etre de Dieu", "l'Esprit" de ce Dieu qui est communion, et qui veut introduire tous les hommes dans sa communion, en un seul et mme Amour... "L", les croyants sont "un" comme Dieu est "un", car bien que diffrents les uns des autres en tant que cratures uniques de Dieu, ils ont tous part au mme Esprit, la mme Vie ternelle, la mme Lumire, au mme Amour... Mais chacun le vit et l'exprime sa faon lui... "L", ils sont parfaits dans l'unit... "L", par la foi, en cur cur avec Dieu, ils rayonnent dj en ce monde la Vie et l'Amour de Celui qui est Lumire et qui ne peut que briller dans les tnbres... Alors, la vue de cette lumire, le monde peut reconnatre l'uvre de salut ralise par l'envoy du Pre, et la Prsence de ce Dieu d'Amour au cur de ceux et celles qui Il s'est donn par amour... Concluons cette premire remarque sur le contexte de Mt 6,7 en regardant comment ces six premiers versets du Ch 6 sont construits (traduction BJ) :

Mt 6,1 : le principe "Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour vous faire remarquer d'eux; sinon, vous n'aurez pas de rcompense auprs de votre Pre qui est dans les cieux.

Mt 6,2-4 : faire l'aumne en secret Mt 6,5-6 : prier en secret Quand donc tu fais l'aumne, ne va pas le claironner devant toi; ainsi font les hypocrites, dans les synagogues et les rues, afin d'tre glorifis par les hommes ;

Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment, pour faire leurs prires, se camper dans les synagogues et les carrefours, afin qu'on les voie.

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en vrit je vous le dis, ils tiennent dj leur rcompense. (3) Pour toi, quand tu fais l'aumne, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, (4) afin que ton aumne soit secrte ; et ton Pre, qui voit dans le secret, te le rendra.

En vrit je vous le dis, ils tiennent dj leur rcompense. (6) Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Pre qui est l, dans le secret ; et ton Pre, qui voit dans le secret, te le rendra.

Le contexte proche du "Notre Pre" invite donc comprendre cette prire comme tant avant tout un modle pour la prire personnelle du croyant qui est invit se retirer dans le secret de sa chambre, et prier son Pre qui est l, dans le secret, en lui disant de tout cur : "Notre Pre"... Cette Prsence de Dieu dans le secret est souligner, car elle constitue le cur de l'Evangile, de la Bonne Nouvelle inlassablement proclame par Jsus : "Convertissez-vous, car le Rgne de Dieu est tout proche" (Mc 1,15 ; Mt 3,2 ; 4,17)... Cet aspect ne devra pas tre oubli lorsque nous parlerons du Pre qui est "aux cieux"... Cette dernire formule pourrait laisser croire en effet que Dieu est loin, bien loin, "aux cieux"... Mais non, Il est l, aujourd'hui, tout proche, dans le secret... "Moi, stupide comme une bte, je ne savais pas, mais j'tais avec toi. Moi, je suis toujours avec toi, avec toi qui as saisi ma main droite. Tu me conduis selon tes desseins; puis tu me prendras dans ta gloire". Ps 73 (72) v. 22-24. C) Le contexte immdiat Juste avant le "Notre Pre", Jsus dclare : (Quand vous priez...) , "n'usez pas de beaucoup de paroles" comme les paens . ils pensent en effet qu'ils seront exaucs par leur abondance de paroles (8) "Ne soyez pas semblable eux"; votre Pre sait en effet ce dont vous avez besoin . avant que vous le lui ayez demand.

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Pour Jsus, la prire n'a donc rien de mcanique ou de magique... Ds lors, inutile de rabcher en alignant des files interminables de mots sans penser ce que l'on dit ; inutile de multiplier les paroles en croyant que l'efficacit de la prire dpend de leur seule abondance. Dieu n'est pas un distributeur automatique qui, au bout d'un certain nombre de pices, de paroles, donne ce qui est demand... Si tel tait le cas, nous ne pourrions plus parler de "prire", c'est dire de "relation Dieu", de "relation un Autre", au Vivant qui agit quand Il veut et comme Il veut pour notre seul bien... Jsus remet donc nouveau ici le cur la premire place, le cur avant la langue... Dans la prire, tout doit jaillir du cur, autrement ce n'est plus une Personne qui s'adresse une autre Personne, mais quelqu'un qui fait du bruit. La prire du Notre Pre ne doit donc jamais tre rabche mcaniquement... Au contraire, avec elle, Jsus nous apprend avoir une attitude juste vis vis de Dieu. Il ne faut jamais oublier que cette prire est avant tout la sienne. Le "Notre Pre" est la prire du Fils donne par le Fils ceux et celles qui leur tour sont appels devenir des fils et des filles de Dieu dans la communion de l'Esprit Saint... Avec elle, le Fils nous prend par la main et nous apprend tre notre tour, avec Lui, fils de Dieu... Les versets suivants vont nouveau souligner cette perspective. Il ne s'agit pas dans la prire de dire Dieu ce que nous voulons, ou ce dont nous croyons avoir besoin car "votre Pre", nous dit Jsus, "sait bien ce qu'il vous faut avant mme que vous le lui demandiez"... Avec Jsus et par Lui, "le Rgne de Dieu est en effet tout proche"... Le Dieu de Jsus Christ n'est pas un Dieu lointain : Il est dj l, dans le secret... Il nous connat, Il sait... Cette certitude de foi supprime donc la racine tout un flot de paroles qui n'auraient pour but que d'informer Dieu sur ce que nous sommes, ce que nous vivons, ce dont nous avons besoin... Dieu sait dj tout cela, et il est Pre, un Pre qui veille et s'occupe de chacun de ses enfants... St Matthieu va d'ailleurs crire un peu plus loin : Mt 6,25-34 : Ne vous inquitez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vtirez. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vtement? (26) Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sment ni ne moissonnent ni ne recueillent en des greniers, et votre Pre cleste les nourrit! Ne valez-vous pas plus qu'eux? (27) Qui d'entre vous d'ailleurs peut, en s'en inquitant, ajouter une seule coude la longueur de sa vie? (28) Et du vtement, pourquoi vous inquiter? Observez les lis des champs, comme ils poussent : ils ne peinent ni ne filent. (29) Or je vous dis que Salomon lui-mme, dans toute sa gloire, n'a pas t vtu comme l'un d'eux. (30) Que si Dieu habille de la sorte l'herbe des champs, qui est aujourd'hui et demain sera jete au four, ne fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi! (31) Ne vous inquitez donc pas en disant : Qu'allons-nous manger? Qu'allons-nous boire? De quoi allons-nous nous vtir? (32) Ce sont l toutes choses dont les paens sont en qute. Or votre Pre cleste sait que vous avez besoin de tout cela. (33) Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donn par surcrot. (34) Ne vous inquitez donc pas du lendemain : demain s'inquitera de lui-mme. A chaque jour suffit sa peine (Voir aussi Lc 10,1-16 et 22,35).

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La prire du Notre Pre doit tre vcue dans ce contexte, c'est dire dans la foi en la Prsence active de Dieu nos cts, dans la confiance en sa bont de Pre qui veille sur chacun d'entre nous et qui sait de quoi nous avons vraiment besoin... Il s'agit avant tout de "chercher son Royaume et sa justice", c'est dire de chercher Dieu avant toute chose, pour vivre de Lui et tre en harmonie avec Lui... Alors "tout le reste vous sera donn par surcrot"... Jsus nous invite donc Lui abandonner tous nos soucis matriels, ce qui, pour nous pcheurs, n'est pas facile... Mais tel est le continuel chemin de purification de nos dsirs que nous ouvre le Christ, dans l'abandon actif et confiant entre les mains du Pre... Si d'un ct Jsus nous invite laisser de ct les demandes inutiles, la prire du Notre Pre va nous apprendre de son ct ce qui est vraiment important. Elle va nous faire entrer dans le projet de Dieu, elle va nous aider y correspondre ; et indirectement elle va nous rvler qu'elle la volont de Dieu, ce que Dieu veut faire avec nous et pour nous... "Cette prire est vritablement unique : elle est "du Seigneur""... Avec elle, "le Fils unique nous donne les Paroles que le Pre lui a donnes (Jn 17,7)"7. Ainsi, par Jsus, cette prire adresse au Pre nous vient du Pre Lui-mme... Comment ne pourrait-elle pas tre exauce ? Si Dieu dsire que nous le prions ainsi, s'il met Lui-mme dans notre bouche telle ou telle demande, n'est-ce pas parce qu'Il veut nous donner de toute ternit ce qu'il nous invite lui demander ? Le Pre nous aide ainsi comprendre et recevoir tout le bien qu'il veut raliser en nous et en nos frres, pour nous et pour nos frres... "Frres bien-aims, prions donc comme Dieu notre matre nous l'a enseign ! ... et la prire du Christ (parviendra) ses oreilles. Que le Pre reconnaisse les paroles de son Fils quand nous lui adressons une requte ! Que celui qui habite au cur soit aussi dans la voix ! C'est Lui que nous avons auprs du Pre comme avocat pour nos pchs (1Jn 2,1) ; quand nous, pcheurs, demandons le pardon de nos fautes, exprimons nous donc par les paroles de notre avocat ! Il est dit "Tout ce que vous demanderez au Pre en mon nom, il vous le donnera" (Jn 16,23). Si nous demandons non seulement au nom du Christ mais par sa propre prire, comment serons-nous donc plus certainement exaucs ?" St Cyprien8

7 Catchisme de l'Eglise catholique (Paris 1992) p. 561. Jn 17,7: "Les paroles que tu m'as donnes, je les leur ai donnes, et ils les ont accueillies"... 8 RVEILLAUD M., Saint Cyprien, l'oraison dominicale (Paris 1964) p. 81.

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F.-X. Durrwell rappelle le projet de Dieu : pour tre le Pre qui donne, il fallait qu'il crt des tres qui reoivent. Et il conclut : "Quand donc nous demandons, c'est d'abord Lui qui est exauc dans son projet crateur ; quand nous recevons, c'est Lui qui est combl"9. Une telle prise de conscience ne peut que dboucher sur l'action de grces et la louange, et de fait, trs tt, l'usage liturgique a conclu la Prire du Seigneur par une doxologie. Ainsi, dans la Didach, ouvrage crit au dbut du 2 sicle, on trouve (8,2) : "Car c'est Toi qu'appartiennent la puissance et la gloire dans les sicles". D'autre part, si ces Paroles de Jsus sont les Paroles du Pre, elles vont tre galement "Vrit" (Jn 8,40.45.46...), une Vrit laquelle l'Esprit Saint va rendre tmoignage (1Jn 5,6), de telle sorte qu'elles vont devenir par son action "Esprit et vie" (Jn 6,63), "Paroles de la vie ternelle" (Jn 6,68). Le Catchisme de l'Eglise Catholique insiste sur ce dernier aspect : "Jsus ne nous laisse pas une formule rpter machinalement... C'est par la Parole de Dieu que l'Esprit Saint apprend aux enfants de Dieu prier leur Pre. Jsus nous donne non seulement les paroles de notre prire filiale, Il nous donne en mme temps l'Esprit par qui elles deviennent en nous "Esprit et vie" (Jn 6,63). Plus encore : la preuve et la possibilit de notre prire filiale c'est que le Pre "a envoy dans nos coeurs l'Esprit de son Fils qui crie : "Abba, Pre !" (Ga 4,6)"10... "Quand la faiblesse d'un mortel oserait-elle appeler Dieu son Pre, sinon seulement lorsque l'intime de l'homme est anim par la Puissance d'en haut ?" St Pierre Chrysologue Cest donc notre Pre lui-mme qui, par le don de son Esprit, va nous permettre de nous tourner vers lui de tout coeur pour lui dire Notre Pre Ceci tait dj suggr par le plan que nous avons vu au tout dbut : trois vux suivis de trois demandes, le chiffre trois dans la Bible renvoyant souvent Dieu en tant quil agit Et donner au Pre dtre pleinement Pre pour chacun dentre nous ne pourra qutre, pour lui, une source de profonde joie (So 3,16-17) D. Jacques Fournier 9DURRWELL F.-X., Le Pre. Dieu en son mystre (Paris 1998) p. 232. "Le Pre est glorifi en ses fils qu'Il fait vivre: "La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant" (St Irne, Adversus Haereses, Sources Chrtiennes n 100, IV 20.7, p. 648). S'exposer l'amour paternel, se laisser vivifier par lui et se rjouir de vivre de cet amour, est une authentique adoration, une juste louange". 10 Catchisme de l'Eglise catholique p. 561.