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Notes du mont Royal
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. LÈS’LIVRES CLASSIQUES
DE L’EMPIRE
DE LA CHINE,RECUEILLIS
PAR LE PÈRE NOËL;
l I lPRECEDBSEd’Observations sur l’origine , la nature et les
effets de la philosophie morale etpolitique
dans çet empire.
A PARIS,ChczDE BURE, BARROIS aîné etBAEROIs jeune,
quai des Augustins.
M. DCC. LXXXV.
DES SENTENCES. 7.3:
ALR’TICLE X11.
Des moyen: de cultiver la piété,de, gouvarner le peupla , d’exigerles tributs, 6’ d’ajoureràfi’: ver-
tus de nouvelles vertus.
1 YEN-YUEN dcnmndoitè Con-fucius ce qu’il falloit faire pour ac-quérir de lapiété , c’cll-à-clire une
parfaite droiture de cœur.
Il faut lui dit Confucius; levaincre foi-même, 85 rapporter àl’honnêteté tout ce que l’on. Fait. Si
Vous Pouvez parvenir à vous vain-. cre feulement un jour entier, 8c fil
vous rapportez pendant cc jour tou-tes vos aélions à l’honnêteté , anili-
tôt tout le monde parlera devons ,8C tout lienîpire vous proclamera.
V
2.3 7. L E L I V R Epieux 8c julte. Cela n’efi’ pas diffi-
cile, car la piété ne dépend pas des
autres, mais de nous feuls.7.. Permettez, reprit Yen-Yuen,
que je vous demande quelles [ontles Principales Parties de cette vet-tu.
Il ne faut , répondit Confucius,
ni voir, ni entendre, ni dite rienqui [oit contraire à la vertu, 81 re’-
Primcr tous les mouvements duCoeur contraires à la droite rai (on.
Je ne fuis ni fort ingénieux nifort habile, dit Yen«Yuen; nuais jevous prie de Permettre que j’efsaic
de pratiquer ces beaux préceptes.
3. Gcn-Yum lui demanda en-flure te qu’il falloit faire pour vivre
dans la droiture à: dans la piété.
Lorfque vous êtes en publie , dit
DE s sauririons. et;Confucius , VÏOyeZIgrave 8c modcflc
comme fi vous vifitielz un étrangerde grande qualité. Lorfquc vous au?
noncez des ordres àuipctiple,ifoyezgrave 8: modei’te commefilvous af-
filiiez à la grande folemnite’ de lacérémonie t3]; Enfuite jugeZÏdes au-
tres par vous-même 5 oc’ellv-à-dire
ne faitesv’point à un autre ce quevous ne voudriez pas que l’on vous
fît. Un homme qui le conduit ainfien Public ou avec le peuple, 8C chez
lui ouvavec fes parents , ne donneni à lui-même, ni aux autres aucun[nier de peine ourle colere.
Je fuis peu ingénieux 8c Peu hu-
bile, dit Cliuni-Kum; mais je vousprie demie permettre depratiquei’ces beaux Préceptes; : i ’ ir’ x4. SLIÂMa-Nieu demanda aufli à
V tu
2 34 L E L 1 v R EConfucius ce qu il falloit faire pourvivre dans la droiture 8c dans la Pié-té.
Il faut ne [a Permettre que diffi-cilement de Parler , re’çondit Con-
fucius.Mais cette petite qualité fuflit-
elle pour vivre dans la droiture 8:dans la piété 3 ajouta Su-Ma-Nieu.
Confucius lui répondit z Il el’t
difficile d’agir avec piété à avec
droiture : croyez -vous qu’il (oitaile de le Permettre diflicilementùde
parler ?5. Le même difciple lui (161112111-
du quel homme étoit le (age.C’el’t , répondit Confucius, un
homme qui ne s’afllige jamais , 8C
qui ne craint Jamais.Mais , reprit Su-Ma-Nieu, peut-
DES SrizN-rENcrs. 23jon appeller un homme fage auliitôt
qu’il ne s’ainge point 8: qu’il ne
craint point? » cDites-moi», je vous prie , répli-
qua Con-ucius,-pourquoi celuitqui ,en examinant [on ame,n’y découvre
ni maladie ni tache, s’affiigeroit ou
craindroit. -« . j . v6. Ce difciple Su-Ma-Nicu a-
voit un frere aîné turbulentëc deux
jeunes fr’eres qui s’afsocierent à lui
dans toutes les mauvaifes aétions tSu-Ma-Nieu "en étoit Pénétré de
douleur, 8C difoit en» gémilëant:
Tous les autres peuvent jouir de la’fociété de leurs freres , le réjouit
(avec eux , ou en recevoir des con-r’ 1 folations; hélas! je fuis le feul pri-
avé’de cesavantages l je fuis le feul
qui n’aiepointde frere l. j i l,
256 L 1 L 1 v n ESon condifciple Tfu-Hiao lui
dit: J’ai louvent entendu dire ànotre maître :cu La mort 8c la viea dépendent des décrets du ciel, 8e
ce nous ne’pouvons les changer. La
cc pauvreté 86 les ricliefses fuivent
h le cours que leur prefcrit la loi dua: ciel, 86 vous ne pouvez lui réif-H ter ni la faire plier. Le (age adorea fans ccfse cette loi a: cet ordre dua ciel. Toujours content fous fa di-u reé’tion,dans quelque feciété qu’il
cc le trouve; il le montre toujoursa doux, poli 8c refpeâueux. Voilà
le pourquoi les peuples renfermés«a dans les quatre mers ont poura lui l’amour 8c la bienveillanceK qu’ils ont pour leurs freres. ni
Comment donc un homme liagepeut-il s’aŒigcr de n’avoir point de
freres 2 ’
DES SENTENCES. 7.37» 7. Le difciplCwaChum deman-
da à Confucius quel étoit l’homme
que l’on pouvoit appeller clair-
voyant. ,Il y a , dit Confucius , une ef-pece de détracteurs qui ont l’art de
voiler leurs médifances (ï leurs ca-
lomnies alqui ne les débitent pourainfi dire que peu à peu, qui ne les
k perfuadent que par des affirmationsarrifieieuf’es jurqu’a ce qu’ils voient
entièrement ruinées les réputations
qu’ils attaquent; à-peu-près comme
un homme qui, voulant bien im-biberëz mouiller un linge, le plongedans l’eaupeu à peu jufqu’à ce qu’il
en (oit abfolument pénétré dans tou-
tes les parties.il y a une autre efpece de détrac-
teurs qui attaquent les réputations
158 L E L I v R Epar des déclamations , en publiantqu’on les a outragés , 5C en peignant
l’injure qu’on leur a faire aufli vi-
vement que s’ils l’épi-cuvoient en-
core z on diroit qu’ils viennent de
recevoir uneblefsutefurleur corps.Celui qui ne croit ni ces détr. c-
teurs cachés ni ces accufateurs em-
portés , cil: non feulement clair-voyant , mais encore très clair-
voyant. v8. Tfu-Kum demanda à Confir-cius ce qui étoit nécefsaire pour un
bon gouvernement.Trois choies , répondit Confu-
cius: une fubfillance abondante,"des troupe fufiilantes , 81 un peuple
fidele.9. Mais fi l’on ne peut avoir ces
trois chofes , 86 qu’il faille nécelË
DESIçSENIENCES. 259pairementrenoncer à une , quelle cit’ premiere laquelle vous croyez
qu’il faut renoncer?
H Retranchez les foldats, dit Con--
fucins. . ji 10. Enfin , , dit Tfu- Kum , fi ,. res avoir retranché les foldaz g ,
ne peut avoir les deux autres, fa-voir , l’abondance 85 un peuple fi:d’ele, 84 qu’ilfaille encore renoncer
unede ces deux choies, quelle fe-it icelle que vous retrancheriez 2Les vivresouïla fubfil’tance , ré-
ondit- Confucius. Je fais qu’en re-
anehant les fubfiflances , les hom-inesyinou-rront: mais tous les hom-
iiiesdoivent mourir; la mort nerange point leur deilination. Lali-
; élité aucontraire cil ce qui confii-
Îtgte l’homme: retranchez - la , les
’240’ - LE LIVRE
peuples ne [ont plus des hommes ,mais des bêtes féroces. Ne vaut-il
pas mieux mourir en homme quede vivre en bête éroce?
1 1. Kié-Tfu-Chim , premierminime du royaume de Guéi ,voyant que fur la fin de l’empire de
Clieu les hommes étoient beaucoupplus occupés à bien orner leur corps
que leur efprit, difoit avec coleie:A quoi fert ce vain extérieur d’hon-
nêteté? Donnez u moi un hommevrai 8c fineere,&je letiens pour Page.
Le difciple Tl’u-Kum , qui en-
tendoit ce difcours , corrigeant unexcès par un autre , lui parla ainli :Qu’avez-vous donc dit, mouflent?
a qui donc donnez-vous le titre de[age P Certainement les paroles in-confidérées vont fi vite, que quatre
pas SENTENcn s. 24.1chevaux de la plus grande vîtefsene pourroient les ramener. Le (agene s’occupe pas feulement de l’ef-
prit , mais encore du corps , 8C il nedonne pas moins à l’honnêteté ex-
térieure des mœurs qu’à la droiture
.SC à la candeur extérieure du coeur.Sans l’honnêteté extérieure des
mœurs , comment diliingiierez4vous le fage de l’infensé? Si vous
.ôtez de la peau du tigre la variété
des couleurs , qu’aura-Mlle de plus
précieux que la peau de la chevre ,. du bouc ou du chien E
12.. Anciennement l’empereurn Yu , pour impoÎCr les tributs, par-
’ ragea toute la Chine en neuf pro-vinces, 85 tous les champs en neuf
* quarrés , dont un appartenoit à l’em-
pereur; Ces quarrés émient difposés
Tome I. X.
24’. I. E L 1 v R Ecomme les quilles dans un jeu. Onnomma cette divifion zfim , parce-qu’elle avoit une apparence de ref-
scmblauce avec cette lettre. L’ar-
pent qui étoit au milieu apparte-noir à l’empereur, 81 étoit cultivé
par les pofsefserir*s des huit arpents-’collatéraux. Ces pofsefseurs ayantnégligé la culture de l’arpentimpé-
rial, les empereurs de la famille de. Cheu céderentl’arpentimpérialaux
colons des huit apents collatéraux,à condition qu’ils lui donneroient
la dixieme partie de tous les fruitsdes neuf arpents,,8c l’on donna àcette loi le nom de allé; Ce préli-’
minaiteel’tnécefsairepour entendre
la réponfe d’undifciple de Confu-
cius à un roide Lu. La voici.Ngai-Kum, roi de Lu, parla
DES ISENTE’NCE s. 24;
ainfi ach-Yu, difciple de Confu-cius: La terre a.peu produit les an-nées pafsées , 8:. ne m’a pas fourni
ce qui étoit néce’fsairc pour mon en-
tretien 85 pour le fervice public;comment peut- on remédier à ce
malheur 2 iPourquoi, répondit Yen-Yu ,
ne fuivez-vous pas la loi thé portée
fous la dynal’tie’des Cheu , par la-
quel’le’onpaie au roi la dixiemc par-,Ù tic de tous les fruits a .
’ ’ J’en retirebien davantage , re«
prit le roi. Si-Ven-Kurn , un de ruesprédécefseurs , a porté une loi qui
impofepour le toile cinquieme desproduéiions qui nefur’lit pas , com-
ment donc voulez-vous que je re-vienne à la loi ciré ?
Yen-.Yu répondit: Si le peuple ’
* X ij
244 L E» L 1 v R r.a ce qui lui cil liécefsair’e pour le
nourrir , pour le vêtir 8; pour le lo-ger , comment le peut-il que le roine l’ait pas? ô: (1’ le peuple ne l’a
pas , comment’le roi pourroit-il l’a-
voir?l 13. Le difciple Tfu-Chum de-
manda à COnfuc’ius les moyensd’augmenter fa vertu.
Les voici, répondit-il : Il fautle propolEt pour objet principallacandeur St la vérité , 81- s’appliquer
à pratiquer l’équité. Voila comment
on augmente fa vertu. Examinezencore fi vous. fouhaitez que ceuxque vous aimez déraifonnablementvivent long-temps , St fi vous fou-haitez que ceux que vous lia’ifsezdéraifonnablement meurent 3 eaudéfi une grande erreur 8c un aveu--
j Drs’SEursNeEs. 24;"gleinent de l’efprit de fouliaiter une
longue vie à ceux que l’on aime à
tort, 8c une prompte motta ceuxi que l’on hait a tort; 8c le livre des
poéfies le dit: «Ce n’eli point pour
a fes richefses , mais pour (a jeu--à nefse que vous avez changé d’af-
cc feétion.» v "i4. A quoi le réduit l’art de gou-
i verrier Ê difoit Kim-’Kum, ro’i de
’;I.u,- à Confucius.
Que le roi remplifse les obliga-L rions de roi, le préfet celles de pré-
fet, le per’e celles de pere’, le fils
celles de fils, répondit Confucius 5il n’y a point d’autre art de régner, [v
i ê: vous l’avez tout entier dans ces
quatre maxim es.1 g.iVous avez certainement très
i. lieudit, 5C rien n’eil plus vrai,A 1ij
:46 L E L 1 v R E.reprit Kim-Kum. Mais fi ni le roÎ,ni le préfet , ni le pore, ni le fils, ne
remplifscnt les obligations 81 lesdevoirs de roi, de préfet , de peu:81 de fiÎs , quoique le royaume a-bonde en riz 3C en autres produc-tions , comment pourrai-je en jouirtranquillement?
16.’Voulcz-vous un homme qui
termine les coutellations des plai-deurs avec la moitié dlun mot? Pre-
nez mon dirciple Tfu-Lu.Ce 11Îcl’c Pas tout , ajoutereut (es
condifciples :v lorfque Tfu-Lu s’é-
toit clïargédela cnufe dequelqu’un,
il ne laîfsoitpas pafscr une nuit qu’il
n’eût rempli lbs vœux.
17. Confucius. difoît ordinaire-
ment: Je Fourmis tout comme unautre écouter 8: juger des Plaideurs,
ions. SENTENCES. 247car cela n’efi: pas fortdifficile: mais
: ce qui dl important 81 difficile ,c’efl de faire en forte qu’on ne Plai-
V I de pas; 8c le Peul moyen d’y parve-
11, nir el’c d’enfeigner la patience, laç: model’tie, la douceur 8C l’honnête-
té. . ,18. .Tfu- Clmm demandoit àConfucius quel’étoitsl’art de gou-
VÇ veniez. lIl confifie, dit Confucius, àfaire
de continuels se finceres efforts Pournourri-r 8c infli’uii’c le-peuple.
A 71.9. Confucius difoit: Un difci-.Ple de la fagefse , dont l’étude em-
brafse la connoifsance des poéfies 86
des annales avec lakpratique des fixj arts, &qui’enfuite réduit toutes ces ’
connoifsan ces à la pratique des loixde l’honnêteté 3 ce difciple de lafa-
248 - L t L 1 v R Egcfse, dis-je , peut dans la fuite nerien faire qui l’empêche d’arriver à
la perfeé’tion.
w. Le lège exhorte à continuerune entreprile louable , 81 à renon-cer à celle qui cpt mauvaifeg l’in-
fensé fait tout le contraire. i7.1. Ki-Kam , premiet’miniflre
de Lu , demanda à Confucius enquoi confifioit l’art de gouverner.
l Gouverner, réponditConfucius,c’eft rendredroit. Si vous êtes unminime droit , qui ofera ne l’être
plais? . ’7. z. Ce même minifire , voyant
avec. bien de la peine qu’il y avoit
beaucoup dervoleurs dans le royau-me, demanda à Confucius le moyen
de les détruire. * l ’’ V Seigneur ,lui répondit Confu-
I DES’SENTENCES. i249cius , ne fuyez point avide de ri-
chefscs, 8C bientôt on ne pourraa Porter les Peuples au larcin , mêmei enleurpropofantdesrécompenfes.i 23. Mais, ajouta le minil’tre, fi
je faifois mourir ces méchants pourconfolicler la vertu des bons 3
Quel befoiu a-tjon de carnage84 de tuerie pour gouverner 2 re-
”Prit Confucius Seigneur, aimez lalîgprobité , Se anilitôt les peuples l’ai-
Ïmetont. La vertu des fupérienrs cit
i" comme le vent, 81 celle des infé-’ rieurs cit comme les herbes; nulli-
tôt;que le vent [buffle , elles fleu-
r rifsent 8c fe courbent. .b. 14. Le difciple Tfu-Cbam de-mandoità Confucius comment ou
pouvoit dire que l’éleve de la fa-’ gelée avoitun libre accès Partout,
2.50 L E L I v R EQu’entendez-vous, lui répondit
Confucius , par ces mots avoir unlibre accès par-tout?
Celui, repartitTfu-Cbam , quia une grande réputation , en a unebonne au dehors , dans le royaume ,dans la mail’on , parmi fis parents 3
il a cette bonne réputation par-tout.
Mais , dit Confucius , avoir unebonne réputation n’el’c Pas avoir un
accès libre Se facile auprès de tout
le monde.25. Pour avoir un libre accès
par-tout, il faut avoir un carafteredroit, aimer l’équité , écouteratteu-
tivement ce que les autres difent,examiner fecrètement leur vifuge ,8c s’eiiimer moins que les autres.Un homme doué de ces qualités dt
DES SENTENCÆS. 2;:elui qui a véritablement un accès
ibre auprès de tout le monde, foitpan dehors dans tout ie royaume;louchez luit, parmi les parents.* 16’. Au contraireà celuiqui n’af-.
* flaire qu’à une bonne réputation , qui
’* ie 5’31)? que qu’a le donner l’appa-
V nce de la droiture 85 de la piété
dont il viole toutes les loix dans larhinite; qui ,’dans fes liailbns 8:
ans le commerce avec les autres ja-ni difcrétio’n ni inodefiie , 8c
. quine balance point à s’érigc-r en
mitre; celui-là , disvje , a pour l’or-
inaire de; la réputazion chez lui,armi l’es-parents , 6.: au dehors dans
île royaume: v7.7. Le .difciPle Fan-Chi , ayantV fuiviConfucius qui le promenoit
u midi dola ville d’Yei -- Cheu
257. L 12 L r v R Edans un lieu nommé Vu- Yu fous unbofquet , lui demanda quels’étoient
les moyens d’augmenter fa vertu ,de réprimer les mauvaifes affections
de [on coeur, 8: de difcerner les er-reurs de fou efprit.
Vous me faites une belle quef-tion , lui dit Confucius 5 recevez-en donc la réponfe.
Faire [on capital de Pratiquer lavertu , si. ne regarder que commeun accefsoire l’eiÎ’et de la vertu,
n’eii-ce pas accroître (a vertu? At-"
taquer courageufement (es défauts,8c ne pas cenfurer mal-à-proposceux des autres , n’el’t-ce pas répri-
mer fes mauvaiÎeS aflîeétions? En-
fin n’eii-ce pas la plus grande deserreurs de l’efprit que d’oublier fa
vie 8c fe donner volontairement la
DES SENTENCES. 9.53. mort au préjudice de fes parentsparV ’3’ un mouvement [ubit de colere 8c
d’impatience E
i i8., Qui peut-on appeller unhomme pieux? difoit Pan-Glu.
Celui qui aime les autres , réfv pondit Confucius.Et l’homme prudent, quel cit:Ëil ê ajouta Pan-Glu.
Celui qui tonnoit les autres;i’ldiî Confucius. Et voyant que Pair
Chinel’entendoitpasparfaitement,il ajouta :. Celui qui éleve aux char-
.4. ges les hommes droits 8c qui laifseiles méchants fans emploi, parvien-
ÏÎ cira bientôt àfaite des méchants
autant d’hommes droits. Le pre-.ï nuer, ajoute l’interprete, cil l’effet
i de la prudence , 85 le fecond celuide la piété. t
254. L E L 1 v a E29. Fan-Cbi ne comprit pas da-
vantage la réponfe de fou maître.
A fou retour il aborda [on condif-ciple Tfu-I-Iia, 8c après l’avoir fa-lué , lui dit les quellions qu’il avoit
faites à Confucius 8c les réponfcsqu’il en avoit reçues , le priant de
lui expliquer ce que Confucius en-tendoit lorfqu’il lui avoit dit: cc Sicc l’on éleve aux charges les bons 84
a qu’en laifse les méchants fins em-
cE ploi , les méchants deviendrontcc bientôt bons. a: v ’
Voilà, dit Tfu-Hia, une pro-fonde fentence. Lorfque l’empereur
Y-A-O régnoit , il choifit parmitous les grands de fa cour Kan-Yaopour l’élever à la fuprême dignité
de premier minillre. Des ce mo-ment tout le monde ayant embrafsé
niés Statu-t N-C Es. 2;;lavertu, tous les méchants parurentexilés. La mêmechofe arriva dans.
la fuite fous le teigne de Chim-Tamloriqu’il éleva Y-ln à la dignité de
premier. minime. Auflitôt tout. lemonde entraidais la carrière de lavertu,& l’on; auroit dit que l’on
avoit exilerons les méchants.’»’30.Tft1tnjl(urii demanda à Con-
fucius quelles étoientles loix de l’a-
mitié. i l7 t ,7si votr’eami fait une faute , ré»
pondit; Confucius , avertifsez - leavecamitie’ 5 fi vos avis (ont imamtilCS’ïpC’CfSVCZ donner , pour ne
vous pas. attirer une injure ou dudéshonneur. 1 , lî3 1, Le difciple Tfu-Lu difoit :,
Lefage effet: fcciéte’ avec (es amis
parlacnlture des lettres , 8c le com;
ansé LE’LIVREmerce de (es amis foutieut fa piété
ou fa vertu.
ARTÏCLE XI.I’I.
Inflruâlions pour bien gouvzrncr.Qualités 6’ vertus nécefsaires
pour former illumine pieux ê?fige-
r . La difciple Tfu-Lu demanda àConfucius quelle étoit la meilleure
manierede gouverner.Confucius lui répondit: Pour ap-
prendre ià bien vivre , vivez bienvous-même; pour rendre les autreslaborieux , foyez-le vous-même.
Que faut-il de plus E reprit Tfu-Lu.
» faire ces deux choies avec uneconfiance infatigable , ajouta Con-fustes.
un. situa-thn in2. Cham-Kum, étantgouverneur
d’une ville qui étoit dans le dépar-
tement de Ki , premief’minifire de
Lu , demanda a Confucius fou mai-tte quelle étoit la meilleutemaniere
.de gouverner: Avant tout, lui ditConfucius , diflribuez à chacun fouoffice 86 fou travail3 pardonnez fa-cilement-les fautes légeres; élevez
aux emplois les hommes habiles 86(ages.
Mais comment pourrai-je lescormoitte 2 dit Cham-Kum.
Commencez , répliqua Confu-cins, par élever aux charges ceuxque vous connoifsez 5 croyez-vousqu’ils oublieront ceux que vousignorez , 8: qu’ils ne vous ferontpascounoître leur habileté 86 leurfagefse?
Y a;
e58 L n L 1 v R E3. Lin-Kum, roide Gue’i , avoit:
un fils nommé Quay-Vay, qui ,ayant offenë’é grièvement fou pere
8c fa belle-mere, s’étoit retiré dans
le royaume de Ceu. LinoKum mou-Ith ,’ Br Ohé, fils de Quay Nay, fut
proelamé roi de Lu. Quay-Vay re-vint dans fa patrie avec une arméepour monter fur le trône de [on pe-re ail fut battu 5 8c fou fils , maître
paifible du royaume , prenoit danstous les aérés publics le nom de fils
de Lin-Kum , qui étoit fou aïeul 8c
non pas fou pere. Confucius arrivadans le royaume de Guéi peu detemps après cette révolution , se il
y trouva fou difciple Tfu-Lu eni charge z le difciple alla voir (on
maître , S: après l’avoir’falué , lui
dit : Il y a bug-temps que Ché, roi
DES SENTENCE s. 259de ’Guéi , vous attend pour vous
charger du gouvernement 5 per-mettez-moi devons demander ceque vous exigerez d’abord.
Que la vraie lignification desnoms , aujourd’hui confondue, foit
rétablie , dit Confucius.
Croyez-vous , lui dit Tfu-Lu ,que ce point foit fort important?Permettez-moi de vous le dire: ilme paroit que votre projet el’r bienéloigné du véritable objet du gous
veriiement; A quoi peut fervir lefoin que l’on donnera au rétablifise-
meut du vrai feus des mots 2 rVous êtes bien peu infiruit , mon
Cher Tfu-Lu , lui dit Confucius, 8Cvous parlez toujours au hafard, un»prudemment 8c fans difcrétion. Au
moins le fage fait douter dans les
2602;" LE LIVREchoies qu’il ne cannoit pas. Apprc»
nez donc combien ce que vous ju-gez peu de chofc eft important.
4. Si l’on ne rétablit pas la vraie
fignification des noms, 8: que l’on
ne donne pas a chaque ehofe le nomqui lui convient, les mots employésdans les actes publics 8a dans les or-donnances ne feront pas juiies; files mots ne font pas jufies , les af-faires ne feront pas bien faites 3 ou ,ce qui revient au même, fi les loixdes rites 8: de la muflque , établiespourréglertoutes les affaires 8: pour
unir tous les efprits , ne font pas envigueur, lespunitions ne feront plusprOportionnées aux délits; f1 les pei-
nes ne [ont plus proportionnées au):délits , les peuples n’auront plus de
regle fixe , 8: ne fautont uiori placer
DES SENTENCES.;h16xleur pied ni ou appuyer leur main.
5. Le (age, avant de donner unnom, ne doit-il donc pas examinerS’il. convient a la chofe? avant de
parler ne doit-il pas examiner f1 cequ’il dit cil praticable? Voilà pour-
quoi le fage veille foigneufementpour ne rien dite inconfide’rément.
6.ÏFan’Chi, croyant que l’agri-
culture étoit fur toutes choies né-
flcefsaire au bon gouvernement, dità Confucius: Je voudrois bien fa-voir l’art de cultiver les champs;
, je vous prie de me l’enfeigner.
’ Adrefsez-vous à ces vieux la-
boureurs , lui dit Confucius 5 ilsvous apprendront bien mieux que
’moi cet art que je fuis bien éloigné
’ de counoître comme eux. ’
Apprenez-moi du moins l’art;
26:. L 1-: L 1 v R Ede cultiver un jardin , reprit Fan-Chi.
Ces Vieux jardiniers , répliqua
Confucius , connoifscnt cet artbeaucoup mieux que moi 5 c’cfl; à
eux qulil faut vous adrefser Pour
l’apprendre. ’Pan-CM fouit, 8c Confucius dit
à ceux qui relioient 2 Que ce Fan- ’
Clzi cft bien un petit: homme! 81 ilcontinua de parler ainfi:
7. Si un Prince aime l’honnête-
té , il n’y a performe qui ne l’ho«
note 8: qui ne le révere , performequi ne lui obéifse volontiers Se aveccmprefsemlent; s’il aime la*vé1ité,
il fera aimé véritablement de tout
le monde : alors les peuples , acti-résrdes quatre parties de l’empire,
chârgent fur leurs épaules les Petits
pas SENTENCES. 263enfants encore au maillot, 86 vien-
V rient dans fes états pour y habiter.
Aquoi donc :fert à un prince lafluence dulabourcur, 8c de cultiver
’ la terre de (es propres mains ?-
L5 3. Un homme peut lavoir par-faitement par cœur les trois centsarticles du livre des poéfies : mais à
quoi cela (en-il slil ne fait pas ap-pliquer au gouvernement les con-
.noisfances accumulées dans [a mé-
l moire? fi , lorfqu’oni l’envoie en
* .-ambafsadc , il ne peut faire de lui-;même aucune re’ponfe , à quoi lui
fertile mémoire ? .9. On prévient les ordres du fu-
pe’rieur qui a de la droiture, 86 l’on
[n’obéit pas au (upérieur fans droi-
t turelors même qu’ilcommande.-; 1 o. Les deux royaumes de Lu 3C
164. I. r L 1 v R Ede Guéi avoient été fondés par
Cheu-Kum 8: par Xam-Xu , fils duprince Ven-Vam. Confucius , endéplorant le gouvernement de cesétats , difoit qu’ils étoient vérita-
blement freres par leur gouverne-ment.
1 I . Il y avoit eu auparavant dansle royaume de Lu un premier mi-niltre dont Confucius parloit ainfi zKum v Tfu-Kien connoifsoit mer-veilleufement l’art de vivre paifi-
blement: il futun temps ou il avoità peine de quoi le nourrir 8: le vê-tir; il commençoit fa fortune; ce-pendant il clifoit avec gaieté: J’ai
amafsé afsez de 1*icliefses. Ayantdans la fuite un peu augmenté lesfacultés, il difoit : Je regorge de ri-
cliefses. Enfin ayant acquis une for-
Drs SENTENCE s. 16gtune médiocre , il difoir z le fuisparfaitement riche &je ne peux ledevenir davantage.
Ï 12.. Confucius alloitau royaume* de Guéi dans [on char conduit par
[ou difciple Gen-Yen: voyant uneurancie affluence de peuple, il dit:Que cette nation cit nombreule!Gai-Yen lui dit: Que doit faire unprince qui a tant de fujets? llfautd’abord qu’il les enrichifse , répon-
L dit Confucius. Et lorfqli’il les aura v
enrichis, que faut-il qu’il false?ajouta Gen-Yen. Qu’il les inflruife,
repartit Confucius.i 13. Confucius, fâché de voir le
royaume de Guéi fi mal gouverné ,
dilbit: Certainementfileroivouloitnfemployerfeulementun an,j’el’pe-
te quejeferois changer (on royaume v
I Z
2.66 L E L I v R E Vde face; 8c s’il m’employoit trois
ans , je crois que je pourrois bienlui promettre de rétablir tout ce qui
appartient aux vrais principes desmoeurs 8L du gouvernement.
14. Confucius difoit: Selon unancien proverbe, fi un bon princepouvoit régner cant ans, il n’y apas de peuple qu’il ne puific’ civili-
fir 6’ gouverner par [a proéitéfiulz
effara lefecours des châtiments.
Que cette maxime cit vraie! a-joutoit Confucius.
15. Confucius difoit: Un princequiarrivetoitau trôneétant déja fa-
ge, auroit cependant encore befoinau moins de trente ans pour con-duire les peuples à une honnêtetéde vie 3c à une piété parfaite.
16. Si un roi a de la droiture,
ç .
i.à ,
l:î.
mp.
l:
DES SENTENCES. 267quelle peine aura-t-il à rendre lesminimes droits? S’il efi déréglé,
comment pourrawt-il rendre les au-tres réglés 3
i7. Gen-Yen , difciple de Con-fucius, étoit gouverneur (lune ville[bannie à Ki , premier minillre duroyaume de Lu. Il forcit de chez leminiflre fort tard, 86 alla Voir Con-fucius, qui lui dit: Pourquoi fi tardaujourd’hui E I’étois , dit Gen-Yen ,
à délibérer fur une affaire qui con-
cerne le royaume. C’elÏ-à-dire le
royaume de Ki , reprît Confucius :parslil eût été queltion d’uneaiÏaire
du royaume de Lu , j’en aurois en-
tendu parler , quoique je ne foisplus dans les charges.
18. Tint-Kum , roide Lu, de-manda à Confucius fi l’on pouvoit
Zij
168 LE LIVREdire dans un mot la maniere d’élc- I
ver un royaume à une grande gloi-re.
On ne peut répondre à cettequeltion avec une certitude infli-fante en un feul mot, dit Cônfu-cius. Au relie, on dit communé-ment aujourdlliui gulaire roi Efl unecharge difficile, cc! qu’être miizzfire
n’efi pas une chofifaciz’e. En diÏant
donc , que le roi fâche qu’ilell: difli-
pcilc de foutenir le poids de laroyau-té, ne feroit-ce pas déterminer avec
afsez: de certitude , 8c en unfeulmot , la maniere d’élever un royau -
me à une grande gloire?19. Pourroit-on aulli exprimer
en un (cul mot la maniere de rédui-
re un royaume à une grande mi-1fere? ajouta Tim-Kum.
Drs SENTENCE s. 269Il n’efl pas pollible non plus de
» déterminer cette maniere en un (e111
mot. Au refit , on dit encore com-munément : Je ne defire certaine-
. ment pas d’être rai ; mairfija [Jé-
tois , je voudrois que performe n’o-Jât r’oppafèr à aucune des paroles
. que je dirois.Cela cit à merveille fi le roi ne
commande que des choies juiles.. Mais n’eir- ce pas exprimer en un» feul motila maniere de réduire unroyaume à une grande inifere , quede dire : elle confifie en ce que per-fimnc nèpuzfie-s’oppqfizr au roi lad:
i qu’il commande de: chojes injuflcrou maiwaifès ?
20. Xe«Kum , premier minillrede Tfong , s’entretenant avec Con-
fucius fur les moyens de gouver-
z iij *
2.70 I. 15 L 1 v R rnet , Confucius lui dit: Faites enforte que les peuples voifins defirentd’être gouvernés par vous , 8c que
ceux qui font éloignés viennent à
vous.2 1V. I e difciplc Tfu-Hia, préfet
de la ville de Kiu-l’u , pria Con-fucius de lui dire comment il pour-roit gouverner le mieux qu’il feroit
poffible. p nGardez-vous bien de vouloirque les choies le faisait fur-le-cbamp , lui dit Confucius, a: ne
v defirezpas avec pafiion un petit pre?fit: car celui qui veut que les cho-fes le faisait furie-champ , ne peutpasvles examiner afsez; 86 celui quidefire pafiionne’ment un petit pro-
fit , manque les grandes cliofes.2.7.. Xe-Kum, premier minifite
DES SENTENCES. 171de Tfou , en converfant avec Con-fucius, lui difoir : Certainement ily a dans ma patrie des hommesd’une droiture admirable z il y aquelques jours qu’un particuliervola aVCc beaucoup d’adrefse 8c de
fecret un mouton 3 fou fils alla fur-le-champ déclarer le vol de [onperse.
Confucius lui dit: Dans ma pa-trie , les hommes droits font biendifférents, car le pore cache les fau-res du fils 86 le fils celles du peine; 8C
certainement cela cit conforme auxprincipes de la vraie droiture.v r 2;. Le difciple Fan-Chi prioitConfucius de lui enfeigner la ma-
. niere de parvenir à la piété.
La voici , répondit Confucius:Ayez de la modeliie dans la foliai-
7.7L LELIVREde, de la diligence dans les affaires,de la fincérité dans le commerce de
la Vie 5 gardez-vous bien de négli-’ ger ces vertus, même au milieu des
nations barbares.14. Le difciple Tfu-Kum de-
manda a Confucius quel étoit celuique l’on pourroit dire élevé à la fa-
gefse. ’C’eft , lui dit Confucius, celuiqui aime l’honnêteté , qu’une mau-
vaife aéiion fait rougir, qui , en-voyé en ambafsade dans quelqueroyaume que ce fait , ne déshonore.
point le choix de son prince..Mais, reprit Tfu-Kum , lesliom-
mes de ce mérite font rares; je vousdemande s’il n’y en a pas d’un on
tire un peu moins élevé.
On peut mettre dans la feconde
DES SENTENCES. 7.7;clafse des difciples de la fagefse ,dit Confucius , celui que toute (afamille reconnoit fidelc à remplirles devoirs de la piété filiale , (St qui,
au jugement de [es concitoyens ,refpeâe’fes fupérieurs.
- Me permettrez-vous de vousfaire encore une queiiion? dit Tfu-Kum: Y a-t-il une troifieme clafse,85 qui font ceux que l’on peuty ad-
mettre?’ Confucius lui dit: On pourroit
peut-étreformerunerroifieme clafse
[de difeiples de la fagefse, 8c y ad-mettre celui quiveut opiniâtrementremplir fes promefses , 86 qui n’apas moins d’opiniâtreté pour finir
ce qu’il a commencé, quoique cette
fermeté de rocher foit pourtant lecaraf’tere d’un petit homme.
274 I. a L 1 v R rI’oferai vous faire une dernicre
queliion, dit Tfu-Kum : Et ces’mi-niiires quigouvernent aujourd’hui,
que font-ils donc?Hélas l dit Confucius en loupi-
rant, comment pourroit-on mettreau nombre des difciples de la fa-gefse ces petits va.es étroits , cesPCEilS mannequins , ces petits hom-mes , ces difeurs de riens? i
25.1)uifquej’aides difciples qui
ne fuivent pas le milieu immuaable , difoit Confucius, ne feroit-il.pas a propos de féparer , pour lesinfiruire, ceux qui defirent de faireplus qu’ils ne font, ou ceux qui font
plus qu’ils ne faveur? Ceux-là pren-
nent toujours leurs regles de con-duite dans les plus grands modeles,
8c ceux-ci craignent toujours de
DES SENTENCES. 17g7 faire quelque choie qui foit con-- traire alla raifon. Ne pourrois-je
pas par ce moyen conduire peu-à-
peu les uns 8: les autres au milieuimmuable ?
7.6. Les habitants des provincesdu midi difent: cc L’homme inconf-
ts tant CR fi peu de choie, qu’ilcc n’eft pas même capable d’être 111a-
cr gicien ou médecin. u
Belle maxime! difoit Confucius,8: jullifiée par le Chi-king qui dit :
K Celui dont la vertu n’eflr pas cou-ss ronnée par la persévérance , finit
a par l’opprobre. a:
i Celui qui n’approfondit pas cepafsage ne s’attache qu’à l’écorce
. des mots 5 mais celui qui l’appro-fondit découvre en lui-même une
» p infinité de défauts.
a76 L E L 1 v R E27. Confucius difoit : Le com-
mette du fage convient à tout lemonde,vquoiqu’il ne foit pas le mê-
me avec tout le monde. Au con-traire , le commerce de l’infensé el’t
le même avec tout le monde, 8c neconvient pas à tout le monde.
28. Le difciple Tfu-Kum dit àConfucius: Suppofous un hommeaimé de tous fes concitoyens, peut-
on le mettre au nombre des fages?Point du tout, répond Confu-
cius. ’ SEh bien l reprend Tfu-Kum,fuppofons un homme que tous fesconcitoyens liaïfseiit, peut-on leregarder comme un fagc?
Pas davantage , dit Confucius.Pour le mettre au nombre des fa--ges, il faut qu’il foit aimé de tous
DES SENTENCES. 277les bons 8: haï de tous les mé-chants.
2.9. Confucius difoit: Il cit fa». cile de fervir un fage 86 difficile de
lui plaire, caron ne peut lui plairefi l’on manque d’équité g mais lorf-
qu’il exige quelque chofe des au-
tres , il fe proportionne toujours à
leurs forces. IAu contraire , il ei’tbien difficilede fervir un in fensé 8: très facile de
lui plaire. Sivous entreprenez de luiplaire par l’injuilice , vous réuflirez
farde-champ 3 mais lorfqu’il com-
mande , il veut que tout foit dans
la perfection. i30. Le (age cit. magnifique fans
orgueil, 8c l’infensel cit orgueilleux
I fans magnificence.s 3 I. Un homme courageux , conf?
A a il;
278 LELIVREtant , fincere , filencieux, n’el’t pas
fort éloigné du chemin de l’équité
8c de la droiture du cœur.31. Le difciple Tfu-Lu deman-
doit à Confucius à quels traits onpouvoit reconneitre un difciple dela fagefse.
On peut, dit Confucius , regar-der comme un difciple de la fagefsecelui qui cit fineere dans fes affec-tions, prompt à encourager , alfa-ble 85 enjoué; je dis fmcere dans fesaffeétioiis par rapport à l’es-amis 8C
avec fes fociétés , honnête 8C en-
joué avec fes parents.
33. Si un bon princeinliruit fonpeuple feulement pendant fept ans ,
’ il pourra bien combattre, parce«qu’il fera fidele 8: droit.
54. Ne pas apprendre à fes peu-
«i7. ..v1aoffln**"’r.’*7wî. q «. .,
DES SENTENCES. 279
, . . . ,pies l art militaire , c cil les perdreavec [on royaume.
ARTICLE XIV.Devoir: du .fizge. Providence du
cielfizr les royaumes. C araflerede l’homme parfait Conduite 6’
qualités d’un miniflre. Vertus du
fasc-
I. Le difciple Yuen-I-Iien de-manda à Confucius ce qu’il croyoit
de plus honteux pour un minilire.C’eft, dit Confucius , (le ne fon-
ger qu’à fe faire payer à: à dépen-
ferfes appointements fans le foncierque le royaume foie bien ou malgouverné.
z. .Peut- on dire qu’un homme
CR pieux, ajouta le difciple, lorfu
A a ij i
180 àun: LIVREqu’il n’eit ni ambitieux, ni vain 7
ni avare?On peut bien dire , répondit
Confucius , qu’il’fait une chofe dif-
ficile; mais s’il cit pieux, je n’enfais rien , car la piété ef’t cachée au
fond coeur.5. Lorfqu’un royaume ef’t florif-
sant , le fige doit agir St parler avec111agnanimité5 lorfqu’il eft corrom-
pu 5k avili, il doit toujours agir a-vec magnanimité, mais parler avec ,
Iéferve. -4. Un homme fort occupé de lacommodité de fou habitation n’ei’c
point un difciplc de la fagefse.5. Celui qui a la vertu dans le
cœur la fait arillitôt paroitre dansfes difcours 5 mais celui qui fait pa-roître delavertu dans fes difcours,
DES SENTENCES. 2.91ne l’a Pas pour cela dans le coeur:8c celui qui a la piété dans le coeur
fait auffitôt paroître de la force dans
fes riflions; mais celui qui fait p21»reître de la force dans fes aillons,
’ n’a pas Pour cela la piété dans le
cœur.
6. Le difciple Narn-Yum dit àConfucius: Y, roi dlYen-Kum , é-toit fi habile dans l’exercice des ar-mes 8C dans l’art de la guerre , qu’il
le reqdîr maître de tout lempira
Han-50 , fou premier minime , a-voit un fils nommé Ngao , dont lafqrce étoit fi Prodîgieufe , qu’ilri-
roi: lui feul une barque hors dePeaut Cependant ces deux hommesfi forts ne purent fuivre’ afsez bien
l’ordre de la providence pour mou-rir’d’une mort naturelle. Le prince
A a. iij
281; LE LIVREY fut: afsafliné Par Hau»So (on per-
fide minillre, qui lui fuccédag 8:Ngao , après la mort de [ou PCÏC,
futpunidudernierfupplice parleurpereur Xno-Kam , héritier de la fa-mille impériale des Hia.
Au contraire, le prince Yu 3c leprince Cie, qui s’étoieut apPliqués,
l’un au delëécliemeut des terres,
l’autre à l’agriculture , Parvinrent à
l’empire, 8: le conferverent. Le pre-mier fuccéda à Chun , 8c le fecond
futila tige de la famille impérialedes Cheu.
Comment efl-il arrivé, je vousPrie, que cet Y 8: ce Ngao , qui éutoieiit très forts 85 très courageux ,onzpetdulavieâ’ l’empire58: qu’au
contraire Yu 81 Clé, qui étoientmoins forts 85 moins puilsants, (ont
’Drs SENTENcrs. 18’;-
parvenus à l’empire, 8c l’ont con--
fervé î ’Nain-Kum-Quo , fans le dire
exprel’sément , faifoit voir par ces
quefiions que c’étoit à la vertu & -
non à la force que la providenceconfervoit l’empire. Confucius nelui répondit rien; mais lor’fqu’il fut
forti il s’écria: ou trouvera-t-on
un homme auli’i Page que Nani-
Kum-Quo? ou trouvent-t- on unaufii jufie appréciateur de la vertu?
7,11ef’tpoflibleque le (âge blesse
légèrement de temps en temps lesloi): de la piété; mais vous ne voyez
point d’infeusé les fuivre sincère-
ment, même de temps en temps.8. Un pere qui aime fou fils’ne
peut-il pas le corriger s’il lui voit
commettre une faute? Un fidele
284 L E L r v R Eminillre ne peut-il pas éclairer unroi qui fe trompe?
9. Le royaume de Chili , quoi-que très petit, le conferve très bien
par la fagefse de fes minilires. Parexemple , lorfqu’il faut envoyer un
ambafsadeut , quatre minilires con-courent pour compofer le diplômede l’ambafsade. Le prudent Tiendrefse les articles 5 l’habile Xi-Xo’
en développ: l’efprit; le difert Tfu-
Yu lui donne la. grace 8c y met del’ordre; l’éloquent Tfu-Cheu l’em-
bellit des ornements de l’éloquen-
ce. A iIo. Un particulier demandoit àConfucius ce qu’il penfoit du prince
Tfu-Si, frere 85 premier miniliredu roi de Tfou, qui permettoitqu’on l’appellât roi.
DES SENTrNcrs. 285vc Confucius ne lui dit rien autre
chofe, linon z (et homme en afin,fans l’approuver ni le blâmer.
xi. Un autre lui demanda cequ’il penfoit du minilire Tfu-Cheu
qui étoit afsez rigide obfervateurde la juf’rice.
Cet homme, dit Confucius, citbienfailhnt envers le peuple.
12. Un troilieme lui demandace qu’il penfoir du miniftre Quen-Chum qui avoit été d’un grand fe-
cours au roi de Cy pour pacifier lestroubles de fou royaume. I
Il falloit , répondit Confucius,que cet homme eût un talent mer-veilleux pour gagner les efprits: carle roiVon Kum ayant déposé Pé ,
premier minillre de fou pere, 81 luiayant ôté la ville de Pien qu’il lui
286 L ri L r v R Eavoit donnée , l’accorda à Quon-
Chum. Depuis ce temps Pé fut ré-duit a une fi grande pauvreté, qu’il
avoir à peine afsez du plus mauvaisriz pour Le nourrir. Cependant onne lui a pas entendu proférer uneparole d’impatience ou de coleijecontre Quon-Chum.
r5. Il ell très difficile que le’pau-
vre ne s’irrite pas z il cil plus facile»
au riche de ne pas s’enorgueillir. .
14. Mem-Kum-Cho , premierminillre de notre royaume, avoitafsez , 86 même plus qu’il ne fal-loit , de force Se d’habileté pourêtre un bon adminifi’rateur des il-
lullres mailbns du royaume de Cim ,de Chéo &Vde Guéi; mais il n’en a
pas assez pour être premier minil’tre
de Tem ou de Sié, quelque petitsque foient ces royaumes.
l
DES SENT’ENCE s. 287
T 5. Le difciple Tfu-Lu demandala Confucius ce qu’il falloit pouri qu’un homme fût parfait.
Confucius lui répondit : Il faut«qu’il ait la fublirne perfpicacité du
m’inilisre Tfam-Vu-Chum , la fin-
igiuliere tempérance du minilire’ VMem-KumnCho , le courage intré-
ppide de Clium , gouverneur de laîville de Dieu 5 qu’enfuite il régie
toutes [es vertus felon les loix desrites de la inufique , de manierequ’elles foieut toujours dans le nii-
ilieu; alors on pourra dire qu’il citi un homme accompli.
1 6.’Mais qu’a-t-on befoin de cette
fublime perfection pour être regar-’ "dé comme un homme accompli î
s i fil’our obtenir ce titre aujourd’hui il
’ q ’rfuflit de ne pas être injuliçe, de s’en
288 L r L 1 v n Epoiler aux dangers pour la patrie oupour la jufiice, 8: de ne pas oublierfes promefses.
17. Kum-Xo-Ven, premier mi-milite du royaume de Guéi, étoit li-
lencieux , modelie 8c défintérefsé.
Confucius, parlant avec un citoyende ce royaume , nommé Kum-Mim-
Kia , lui dit: J’ai oui afsurer que
votre premier minifire ne parlepoint, ne rit point , 8: ne reçoitrien de qui que ce [bits dites-moi,je vous prie , fi cela cil vrai.
Celui qui vous a fait ce rapportexagere , répondit Kum-Iviim-Kia.Notre minil’tre parle quand il lefaut , 8c de maniere que ceux quil’écoutent ne méprifent point les
paroles: il rit lorfque la circonf-tance le’demande , 8C performe ne
Drs S E NT’rncr s. 239
trouve fou rire déplacé z il reçoit .ï lorfquel’équité exige qu’il reçoive ,
’36 performe ne trouve mauvais qu’il
reçorve.
’M ais cela cil-il exactement coui-
me vous me le dites? ajouta Con-’fucius.’i L Exactement , répondit Kum-
’ Mini-Kia.
i ï Comment , je vous prie, cil-ilarrivé à cette perfection 2
" r 8 . Un certain Tfuiii-Vu-Cliiiiii,premier minilizre de Lu , ayant com-mis un crime d’état , s’enfuit de la
ville de Pain qu’il tenoit en fief, 8C
pafsa dans le royaume de Chi: il enrevintquelque temps après avec des
Çtroupes dans laville de Pan], d’on ilrenvoyadcs députés auroi de Lupo’ur
le vouloir bien inflituer , fes en-Bi)
299 L a, L I v R Efants 8: fa polle’rité héritiers de la
ville de Pain; il l’obtinr, y laifsafou fils , 8C repafsa dans le royaumede Chi.
Confucius , en parlant de cet é-vénement , difoit: Quoique le mi-nifire Tfum-Vu-Chum, en deman-dam au roi l’hérédité de la ville de
Pain, ait ditje ne veux pas forcer leroi de m’accorder ma demande , je
n’en crois pourtant tien.
19. Van-Kum, roi de Cy, ,8Caprès fa mort , Ven -Kum , roi deCin , rendirent de grands fervicesà la famille impériale des Cheu pour
faire rentrer dans l’obéifsance les
rois de l’empire, 8c on leur donnapour cela le nom de Pa , c’elÏ-à-dire chef ou archonte des rois.’
Confucius , en parlant de ces
DES SENTrNcrs. 291i; deux Pa , difoit: Ven - Kim] v em-
a ployoit l’artifice, 8c alloit à fou but:
par des voies obliques. Le roi Van-Kum traitoit toujours de bonne foi,
’ avec droiture 8: fansartifice, sai par conséquent il étoit bien fupé-
rieur à Ven-Kum.r ,.zo..’Siani-Kum , roide Gy, gour
vernoit mais [on neveu fi: révolta,leva des troupes , 85 lui fit la guerre.
V j Leprince Si-Ao-Pé , qui fut dans la.fuite-’Van-Kum, 8C le fils aîné de»
Siam-Kum , le retirerent avec leV premier minilire Pa-Xu«Ya dans les
étatsjdu roi de Kiu. Cependant-’ Siam-Kum fut afsafliné: fon’fecond
fils Kum-Tfu-Kieu fe retira dans leV royaume de Lu avec les deux prin-i cipaùx minifires Quon - Cliam ’8C
Cheu: Après la mort du parricide,
i B b ij
29a. ’ L r L r v n ales deux freres rentrereut dans leroyaume de Cy chacun avec unearmée. On en vint aux mains; Van-Kum remporta la viétoire , & força
le roi de Lu de faire mourir (onfrere, 8c de lui envoyer enchaînés
les deux minifires Quon-Cham 8cCliao-Ho qui avoient pris les ar-mes contre lui pour fou frere. Chao-Ho , quien fut infiruit , s’étrangla :
Quon-Cham arriva feul chargé dechaînes. Peu de temps après, Van-
Kurn lui. fit ôterfes chaînes, 85,par le confeil de fon fidele minillrePa-Xo-I-lia , l’éleva à la dignité de
premier minifire. .Le difciple Tfu-Lu’parloit de cet
événement avec Confucius , 81 lui
difoit: Le roi Vera-Kum força leroi de Lu de faire mourir fou frère
Drs SENTENcrs. 293* Kum-Tfu-Ki’en , 8c de lui envoyer’ chargés de chaînes les minillrcs
Quon-Cham 8L Chao-I-Io qui a-voient pris les armes contre lui;Chao-Ho aima mieux mourir que
g de le voir chargé de chaînes , 81 s’é-
’ trangla. Quon-Cham n’eut pas le
courage de mourirpour Kum-T111-Kieu fou prince. Ne peut-on pas
dire ou’il a manqué à la piété 8c à;
Iafidëliré qu’il devoità fou prince?
3-5 Confucius lui dit: Le roi Von-.Kumafait rentrer dans l’obéifsance
tous les rois qui s’étoientlfoulevés
se qui déchiroient l’empire 3 il aopéré cette grande 8.7. heureufe’ré-
volution non par des batailles 86 lesk armes à la main , mais par la force
"de l’équité à"): de la piété: or il dut
86 ce projet 86 fou fuceès au génie
’ . B b iij
294. .L E L r v R. rl’habileté de ce miniflre Quoti-
Cham. Dites-moi , je vous prie, enqui vous trouvez autant de piété en-
vers fa patrie 2 dites-le moi.2.x. Mais le miniltre Quan-
Cliam n’a-t-il pas au moins mau-qué a la piété à: à la fidélité qu’il
devoit à fou prince? reprit Tfu-Kum. En effet, le roi Von-Kum litmourir fou frere Kum-Tfu-Kièn.Or le minilire Quon-Cham, non
feulement ne meurt pas pour fouprince , il devient encore le premierniiniltre de fou meurtrier.
Ignorez-vous, lui dit Confucius,les fervices que Quon-Cham a ren-dus à fa patrie? Ce fut parle moyende les confeils 8c de fou habiletéque Von-Kum devint le chef desrois,’& qu’il obligea le fougueux
L DES SENTENCIÆS. 29;roide Tfou de le fournettre à l’em-
pereur, 8c qu’il rétablit l’ordre 8c
la paix dans tout l’empire. Depuiscette époque tous les peuples jouif-sent des fruits de la piété 8C de fa
A. fagefse; car fi le minifi’re Quen-Cliam n’eût pas été au monde , on
nous verroit , comme les autres na-Ntions barbares, porter une toulfen de cheveux , qui, du derriere de la1 tète, nous pendroit fut les épaules ,
&pun habit retroufsé du côté gau-
che.p Quant à ce que vous dites , qu’il
n’eli: pas mort pour fon’prince , je
crois qu’il a bien fait 2 falloit-il ’donc qu’il imitât ces petits hommes
8c ces petites femmes méprifables ,qui, pour s’acquérir la réputaticin
d’avoir gardé une inutile fidélité,
296 L r L 1- v R afe précipitent dans les canaux 8cfont enfevelis dans les eaux avec
leurs noms Ë ’2.2. Kum-Xo-Ven , premier mi-
niltre de Guéi , avoit pour inten-dant un particulier nommé Chucn,homme fage 8C habile: il propofaau roi de le lui donner pour afsociédans le premier miniflere; il l’ob-
tint, S: Chucn montoit au palaisl’égal de fou ancien maître. Kum-’
Xo-Ven eut après fa mon; le titrede droit, bienfaifiznr , clairvoyantou parfait. Lorfque Confucius l’ap-
prit, il dit; Ce minillre étoit cer-tainement très digne de tous ces tî-
tres.2 3 . Dans une converfation, Con-
fucius parla du mauvais gouverne-ment de Lim-Kum , roi de Guéi; il
pas SENTÈNCE s. 297en parloit en préfence de KiuKum ,premier minif’tre de Lu , qui lui dit z.
Si cela cil , pourquoi ne perd-il pas» fou royaume Be fa dignité?
Il ne les perd pas , répondit Con"Î Î fucius,parcequ’il emploiedaus l’ad-’
L ; iniiniltration Clium-Xo-Yn pourgrecevoir les ambafsades , Clio-To
pour diriger la faille des ancêtres,ï , Van-5mn -Kin pour le minil’tere de
i la guerre. Voila pourquoi il n’ellpas dépouillé de l’on royaume t’a de
[on titre de roi. .24. Celui qui promet téméraier
ment tient difiicilement fes Pro-mefses.
a y. Chin- Chim , premier mièn’illre de Cy , projetta une révolte;
Kiiiinum , roi de Cy , en fut in -v:Ï formé , 8e chargea Kerr-Celui, fou
198 L E L x v R EPremier minifirc, de tuer le traître.
Celui-ci en eut quelque foupçon ,8C tua le miniflrc 8c le roi.
Confucius n’a Pas plutôt apprisce: événement , qu’après slêtrc pré-
Parc’ Par l’ablliuence 8c par lcrbain,
il fa rend au Palais, 8: dénonce cccrime à Ngay - Kam , roi de Lu.J’apprends , lui dit-il , que le traître
Chin-Chim aporté U11611ïaiufac1’i-
lcgc Carillon Prince, 8C l’a affiafiiné.
Prince , vengez un crime aufli afin-ce.
Allez en parler à mes trois prin-cipaux mêmifl’rès qui font: chargés
de tout ce qui concerne le gouver-nement , dit le roi.
Cette réponfe déplut à Confu-
cius; il fouit du palais en difant:Quoique je ne fois Plus en charge,
DES Sucrerie 1:5. 299cependant: je tiens le premier rangaprès les Premiers préfets ; je ne
pouvois par conféquent me difpeu-rfe’rkde dénoncer au roi le crime de
Cliin- Cliirn. Comment reçoit- ilcette dénonciation î en me difant
"de la faire à [es trois Premiers mi-:IIÎPCICS. Qu’efl-ce donc quevcela?
7.6 . Cependant Confucius obéit;
il vva chezvles trois premiers ruinif-wtres , leur raconte le fait , les avertitde: leur devoir, 56 les excite à unejufie vengeance: mais il reçoit pour
* toute réponfe , que cela n’efirni ex-
pédient ni poilible. ’Confucius leur dit alors : Quoi-
’ que je ne fois point en charge, ce-
pendant comme je tiens le premierrang après les minifires , je n’ai pu
medifpenfer de déférer ce crime.
300 L r L 1 v R a27. Le difciple Tfu-Lu demanda
à Confucius comment un premierminiftre doit fervir [on roi.
Qu’il ne le trompe jamais , ré-
pondit Confucius, mais qu’il l’a-
verrifse courageufemenr de [es fau-tes.
7. 8. Le [tige approfondit les gran-des choies , 8: llinfense les petites.
29. Les anciens s’appliquôieut à
l’étude de la. fagefse pour eux-mê-
mes, 85 les modernes pour les au-tres; les anciens pour connoitre lavérité 8e pour pratiquer la vertu;les modernes pour acquérirde la cé-
lébrite’ , des honneurs 8c des richef-
ses.
30. Ki-Pé-Yu , premier minifirede Guéi , avoit très bien reçu Con-
fucius z lorfqu’il fur de retour dans
Drs SENTENCES. 301g leroyaume de En, le miniilre en-
voya (avoir de fes nouvelles5 Con-fucius reçut poliment les envoyés ,
lesfit afseoir, 86 leur dit: Que faitppréfenremenr votre maître? Notremaître , répondirent les envoyés ,
mâcherons les jours de diminuer fes
fautes; mais il ne peut arriver à lafin-qu’il fe propofe. Lorfqu’ils fu-
rent [omis , Confucius dit: Qu’il cil
3001185 agréable de recevoir de fem-
- biables envoyés E qulil cil beau derecevoir ces envoyés l
51. Le fagc ne cherche point àréglerrce qui n’appartient point àfo’n office.
i 32. Sur cette fenrence de Confu-cius, Tfum-Tfu cita ce pafsage duKing in Les penfées du fage ne s’é-I
302. L r L 1 v R 1:n garent point hors des limites dea, fa condition. a:
33. Le (age rougir dlen dire plusqu’il n’en fait.
54. La perfeêtion du fage ren-ferme trois vertus; maisjufqu’ici jen’ai pu en acquérir aucune. Le fage
cit pieux fans trifiefse , favant fans»
erreur, courageux fans foiblefse.Tfu-Kum , entendant ces réflœ
xions de Confucius, dit: Notremaî-tre , en voulant décrire la perfectiondu fage , s’eil peint fidèlement lui-
même.
35.. Tfu-Kum avoir l’habitude
de comparer entre eux fes condif-ciples , ou les autres hommes , 8c deles juger : Confucius , après l’avoir
écouté , lui dit z Il faut convenir"
nrs SENTENCES. go;que mondifciple TfuëKum Cpt un
. illullre 8c grand difciple de la fa-gefse 5 car j’avoue que je ne m’oc-
eupe point à examiner les moeurs sela Vie des autres , ayant a peine afsezde temps pour m’étudier 8:: me con-
naître moi-même. i36. Le [age n’eiic point fâché
d’être inconnu aux hommes , mais
de ne pas connoitre tontes les véri-tés; a de ne pouvoir acquérir toutes
les vertus.37. Le fage ne préfume point
qu’un autre Veut le tromper , 8c nepréfuppofe pas qu’un autre forgedes calomnies contre lui; nmisrs’ilrcil-exposé à l’un ou à l’autre , il l’ap-
perçoit auflitôr par une efpece d’in-
- p tétât ,comme on apperçoit dans un
miroir que l’on a devant les yeux
i C c ij
304. L s L I v R rles objets auflitôt qu’ils lui font ex-
posés. r A38. Confucius , en parcourantles différentes provinces de la Chi-
ne , rentontra un vieillard qui luidit : Pourquoi courir ainfi ça 8c làpour répandre votre doctrine ? pour-
quoi vous opiniâtrer fi fortement àce projet? c’eft vouloirfaire le par-
leur.- l b v h v L iJern’oferois , lui dit Confucius ,’
entreprendre de faire le parleur,mais je hais un Immune opiniâtredans fon fentiment. C’étoitnnre-
proche fecret que Confucius faifoità ce vieillard fur fon-opiuiâtreté-à
mener une vie privée.
39. Ce fameux cheval Ki niapas été célébré pour fa force , mais
pour fris autres qualités. il en cil:ainfi du fage.
Drs SENTIENCIES. je;4o. Un particulier difoit à Con-
fucius : Il y a un homme qui mehait, 81 je ne réponds à fa haine que
par du zele; qu’en perliez-vous?
si Vous payez la haine par le ze*le, répondit Confucius , comment
paierei-vous la vertu 8: les bien-faits? Quanta ce que je penfe , levoici. Il faut répondre à la haineparl’équité , à la vertu par la ver-i
tu, a l’amour par l’amour, aux bien-
faits par les bienfaits.4.1. Pour engager fou difciple
Tfum -Kum à lui faire quelquequefiion , Confucius lui dit: Hélas!
. iln’y a performe qui me connoifse.
Pourquoi donc , dit Tfu-Kum ,penfez-vous qu’il n’y alperfonne
qui vous connoifse Ë* Je mene une vie commune , ré-
Cciij
gos LE LIVRE.pondit Confucius. Sile ciel nem’acï
corde pas fes faveurs , je ne mur-mure point contre le ciel 5 fi leshommes une» rebutent, je nomeplains point des hommes , 8C je tâ-che de ni’éleVet à la connoifsance
des grandes chofes par l’étude des
petites : de qui dois-je être connu
que du ciel ? V L i i t4 z. Le difciple Tfu-Lu étoit pré;
teur d’une ville dans le refsort du
premier miniftre Ki-Sum. Un par»ticulier nommé ,Kum-Pé-Le’au lui
intenta une accufarion devant le m i--
mitre Ki-Sum.i TfulanKim-Pé ,v’qui étoit mm;
premier miniflre, en fut indigné :.;il fe rendit chez Confucius, 84 luidit : Le minifireIKi-Sum , séduit par»
les calomnies de Kum-PéwLéau,
pas ’SIENTENCIES. 507
z ’ w fufpeâe fou préteur Tfu-Lu. Les
loix ne permettent pas de laifser vi-vre un pareil calomniateur; fi vous[le voulez j’ai encore afsez de force
pour ile tuer (K pour expofer fou ca-davre devant le palais afin de ma-
nnifefier fa calomnie. r4;. Confucius lui dit: Toute la
nvie du fage ne dépend que dela loiduciel-, 8c c’ef’tla loi du ciel qui dé-
termine le progrès de fa doûrine ou"fonipeu de fuccès. Que peut le dé-
lateur Kum-Pé-Léau contre la loidu ciel 8c contre mon difciple? V
44.. Il y a quatre choies que’lefage fuit ; les charges lorfque l’em-
» pire ef’t fouillé parle vice; un pays
lorfqu’il cil: dans le trouble; le pu:-
i blic lorfque le prince cit indécent;’ laconverfarionlorfqu’il efiinique.
308 L r L 1 v R a45. Hélas! dans ces temps mal-
heureux , combien les liages étoienttombés dans l’oubli 1 Voilà pour-
quoi ces fept héros méprifoient lesdignités , «Se menerenr une vie pri-
vée. Confucius ne dit point quels
étoient ces [cpt fages. n46. Le difciple Tfu-Lu avoit fui-
vi Confucius’dans fes voyages: vou-
lant séjourner dans la ville de Xé-
Mnen , le garde de la porte lui dit zQui êtes-vous? se d’ozi venez-vous?
Je fuis , lui dit Tfu-Lu , de la com-pagnie de Confucius. N’elr-ce pas
lui, dit le garde , qui veut faire ceque cependant il fait qu’on’ne peut
faire 3
47. Confucius , étant dans le.royaume de Guéi, jouoit un jour fur
le [tint (infrrument de mufiquel un
DES Srnrtnets. 309au qui exprimoit la triliefse de (on:amegiun difciple caché de la fa,-
* gefse,.qui portoit un panier d’o-’ fier, l’entendit, & s’écria: Com-
bien deprojets cejoueur deIzim rou-
vile dans fon efprit l . ril 4.3. Mais, ajouta-nil, fou opi-w
niâtreté n’eltelle pas digne de mé-
pris? car il fait très bien qu’il ei’t
généralement ignoré , Se que per-forme’n’e’toute fa doctrine. N’efl-il
ï pastemps qu’il renonce à fou pro-
jet? Le livre des poéfies dit très,bien : ce si un voyageur arrive auc: bord-d’un fleuve profond , il fe
. c(déshabille 8c le pafsàe à la nage;. «s’il n’efc pas profond , il le pafse
a. àpied en relevant un peu (es lia:» «bits au. C’eft ainfi que le (age fe
conduit : il doit voir ce qu’il faut-
3 Io L r L 1 v n Efaire en temps de paix 8C en temps
de guerre. -49. On rapporta ce difcours à
Confucius, qui dit : On n’efi; expo-sé à aucune difficulté lorfqu’on ne
s’occupe que de foi-même, comme
notre illui’tre porteur de panier.go Tquum dit un jour à Con-’
fucius z On lit au tome 5 , chapitreyvc-mim des annales de l’empire,
que , fous la dynaftie des Xam ,l’empereur Kao-Tfum-Vu-Tim ,après la mort de fou pere Si-Au-Yé,
pafsa trois ans entiers dans une ché-
tive cabane fans prendre aucune partaux a aires du gouvernement. Ex-pliquez-moi, je vous prie, ce paf-sage. A qui les minifires obéifsoient-
ils alors?
Pourquoi citer en particulier
ors SENTENCES. 5Hl’exemple de Kao-Tfum-Vu-Kim î
dit Confucius; tous les anciens em-pereurs ont fait la même cliofe, Au-trefois, lorfque l’empereur mou-
toit, tous les magiflrars 8C tous lesiminif’tres continuoient leurs fonc-
rions pendant trois ans , 8C obéif-Soient au premier minillre de l’em-
pire.5-1. Un prince qui aime l’honnê-
teté gouverne les peuples fans diffi-
culte.52. Tfu-Lu demanda à Confu-
cius quel étoit celui que l’on pou-
voit appeller fage.Celui qui apporte tous fes foins
abien régler fes mœurs , dit Con-fucius.
I Cela fuffit-il? reprit Tfu-Lu.Il faut qu’il regle tellement fes
317. L E L r v R smoeurs , répondit Confucius, qu’il
procure le repos Se la tranquillitédes autres.
Ne faut-il rien. de plus P ajoutaTfuaLu.
Il faut encore, répondit Confu-cius, qu’il regle f1 bien fes moeurs,
qu’il puifse procurer la tranquillité
non feulement d’un royaume, mais
encore de tout l’empire. Et fur cepoint les très illuii’res empereurs Y-
A- O 84 Chun n’ont pas été fans in-
quiétude SC fans fcrupules.
5 j. Un nommé Yuen-Iam , amicien ami de Confucius, le reçut im-polimentles jambes croisées & fansfe lever. Il ne faut être parefseux nidans l’enfance , ni dans l’âge viril,
ni lorfqu’on n’eft pas encore dans
la vieillefs’e, lui dit Confucius; 8:
pas SENTENCES. 31.;îui frappant les talons avec fou bâ-
ton, il ajouta: Cela n’eli-il pas hon-teux? 81 il l’obligea de fe lever.
54. Un jeune homme du bourgde Kivé -Tam étoit venu à l’école
de Confucius, qui l’envoyoit tou-
p jours recevoir les étrangers: un au-’ v tre difciple jugea que Confucius a-
voit pour lui une aŒec’iion particum
liere, se lui dit: Ce jeune hommefera fans doute de grands progrès.
l De grands progrès! reprit Cou-fucius g je le vois toujours prendre
r fa place parmi les plus confidérables
:86 marcher avec fou maître comme. [on égal. Il n’afpire point à faire des
progrès, mais à jouir des préroga-
tives des hommes parfaits; c’efti Ç pour cela que je le charge de rece-
V voir les étrangers afin qu’il apprenne
D d
au, LE LIVREles regles de l’urbanité 8c de la mo-
deliie.
ARTICLE XV.Difll’renres maximesfilr le: vertus
dufizge èfirr l’art de gouverner.
x. LIM-KUM , roi de Guéi , citi-
moit beaucoup plus les talents 8c lesqualités militaires que les connoif-sauces 8c les vertus nécefsaires pour
bien gouverner. Il demandoit unjour à Confucius comment on ran-geoit une armée en bataille. .
Confucius lui dit: Je faisun peuce qui concerne les rites 5 mais je.n’ai point encore appris ce qui con-
cerne la guerre 8: leslcombats. Lelendemain il partit.
2. Il le rendit dans le royaume
DES SENTEN’CES. 51;de Chim, «Sa y fut réduit à une figrande mifcre, qu’une partie de [bé
difciples étoit malade 86 l’autre ex-
ténuée au point de ne pouvoir mar-
cher. TfikLu , le vifage enflamméde colerc , luivdit: Le (age fuPPor-te-t-ilrdonc ce degré de mîfcre a
Confucius lui répondit: La Pau-vreté n’altere Point la confiance du»
rage, mais elle allume la fureur del?11fensé:
3. Confucius , ayant remarquéque fou dîfcigle Tfu-Kum vouloît
apprendre trop de chofes , lui dit :,Mon cher Tfu-Kum, croyez-vouéque ce fait par le moyen de loétude,Sade la mémoire que j’ai appris ce.
que je fais? ASans doute , reprit» T (ne Kum;cela n’efl-il Pas vrai P
D d ij
31 6 L E L 1 v R aPoint (lutent , reprit Confucius;
je n’ai acquis mes connoifsancesqu’en m’appliquant à une feule
chofe; c’eli la droiture du coeur.
4. Confucius difoit à Tfu-Lu LMon cher 1 qu’il y a peu de gens au-jourd’hui qui connoifsent la vertu! ’
5. L’empereur Clium n’a-nil pas
admirablement gouverne l’empireen paroilsaiit ne rien faire? Car quefaifoic-il? rien autre cliofe que d’ex-Prîmer par l’honnêteté extérieure de
[es mœurs la vertu intérieure de [on
coeur, 84 de conferver fur le trônela gravité qui convenoit. à la ma-jefié de l’emPereur.
6. Tfu-Cham demanda à Con-fucius comment on pouvoit fans dif-ficulté arriver ou l’on vouloir.
Confucius lui réPondit z. Celui
Drs SENTENCES. ;17qui cil vrai dans fes difcours , droitdans fes aciions , n’éprouvera au-cune difficulté, foi: qu’il aille chez
les nations du midi, fait qu’il aille
chez les nations du nord , foit enfinqu’il aille chez les nations barbares z
au contraire, n’éprouvera-t-il pasroutes les difficultés pollihles avec
les habitants de la même ville oudu même bourg s’il n’eft ni vrai
dans (es difcours ni droit dans [esaérions?
7. Ainfi lorfque vous êtes en re-pos, imaginez-vous que vous avezdevant les yeux cette véracité 84 cette
droiture. Si vous êtes en voiture ,voyez-la fur le timon: Par ce moyenvous n’éprouverez aucune difficulté
dans quelque lieu que vous alliez.Tfum-Kum, Pour ne jamais ou-
D d iij
3:8 7L a L 1’ v à Eblier cette leçon, la grava fur la,ceinture de [on habit de’cérémo-y
nie;2’. Confucius, en Parcourant les
dilïe’tentes Provin ces de la Chine ,3
, avoit beaucouplflse’quenté deux ex-
cellents minilires du royaume de:Guéi, nommés Lit-Yl] 8c Pé-Yu’: il
feuloit ainfi leur élOge ; Que le mi-nilhe Ly*Yn étoit doué d’un effrit-
droitl Tant qu’elle bon gouverne-v
ment fut en vigueur , il fut draincomme la ficelie5lorfque le bongouvernement fut anéanti, il fut" en;
core droit comme la fleche. ’Pour Kin -Pé -Yu ,’ tant que le
gouvernement fut bon ,’ il remplit
une magifirature , 8c abdiqua lot-C4que le gouvernement fut "corrompu,85 mena une vie privée. ’
DES SENTENCES. N9k 9. Ne pas infiruire celui qui cpt
Capable d’initruélion , c’ell Perdre
* un homme; inflruire celui qui encil incapable , c’ell Perdre [es paro-
les : l’homme Prudent ne perd ni un
homme ni les paroles.10. Un difciple courageux de la
fagefse 8C un véritable (effarent dela’Piété méprife la vie, fi , en la 91’0-
4longeant, il craint pour (a piété, 85v
meurt avec joie pour s’élever à la
perfection., r r. Tfu-Kum demanda à Con-
fucius ce qu’il falloit faire Pour ac-quérir la Piété ou la parfaite droi-
ture du coeur.Confucius lui répondit : Un ou4
vrier qui veut faire un ouvrage par:fait le pourvoit d’abord des in llru-
ments nécefsaires , 8C les aiguifei
4
320 i E L r v R Eil en eli’de même du difciPle de la
fagefse qui vit dans un royaume.Les hommes doivent être commelesinf’truments par le moyen Clef-quels il le façonne 8c s’aiguife; il
faut qu’il le ferve de la fagefse des
Premiers minillres en s’attachant àeux comme difciple , 8a de la piété
desihommes bannières en les fré-
quentant comme amis.12. Le difciple Yen -Yuen de-
mandoit à Confucius ce qu’ilfalloit
faire pour bien gouVCrner.Cinq cliofes’peuvent beauCOup
côntribu’er au bon gûuVernement,
répondit Confucius 1°. Il Faut com-mencer l’année Par le mois d’avril
fuivant l’ufage établi Par la famille
impériale des Hin. 1°. Il faut queles chars fuient confisruits, comme
DES SENTENCÆS. 311fous la dynaflie des Xam , de bon
V’bois 8C fans aucun vain ornement.
3°. Il faut que la couronne royalefait telle qu’elle étoit fous la dynaf-
tie des Cheu , ni négligée ni trop’ ornée. 4°. Ilfaut chanter la mufique
Parfaite, nommée Xao-Vu, qui é-toiteu ufage fous l’empereur Cheu.
5”. llfaut bannir le chant trivial du.royaume de Chim 84 les Petits mai-tres fanfarons , Se qui font les beauxparleurs; car celui-là el’t déshon-fl
nête 8e ceux-ci font dangereux.- I 3. Celui qui ne peule pasicle
loin à l’avenir efi bien près de la.
douleur. - .14.. Hélas ! que peut-on efpérer?
jern’ai Point encore vu d’homme le
porter à la vertu avec autant d’ar-deur qu’à la volupté.
327. L r. L 1 v R E 115. Tfum-Vem-Chum , premier
miraillre de notre royaume de Lu ,n’étoit pas l’ennemi, 8e, fi l’on peut
parler ainfi , le brigand de la digni-té. Il (avoit que LienoHia-É-laéi (on
concitoyen étoit un homme ver-tueux 8C liage; 85 cependant il n’a
jamais proposé au roi de l’élever aux
dignités se de l’artirer à fa cour.
1 6. Siivous êtes sévere pourvous,
doux 81 indulgent pour les autres,vous ne ferez haï de performe,
17. Celui qui en réfléchi’fsant ne
le dit pas à lui- même :’ Comment
fend-je ceci ou comment ne [typerai-je par ? comment parviendrai-je àcette chofiz , ou comment l’e’viterai-
je ? quand je le voudrois, com.-mcnt pourrois-je.l’inllruireî
1 8. Il y a des hommes oififs qui
pas SENTENCES. 32,;.s’afsemblent 81 forment des focié- r
grés pour caufers on n’entendjamais
dans leurs coriverfatioris rien qui aittrait à l’équité; tout y en plaifaiit ,
facétieux , 8c ils pafsent leur vie à
donner une tournure ingénieufe àdes idées communes pour acquérirla petite réputation de bel efpri’t. Il
r cit bien difficile que ces faifeurs deplirafes entrent dans le chemin dela vertu; ou qu’ils évitent les épines
dola vie. l19’. L’homme (age fait de la piété
la hale de [a conduite , de l’honnê-
teté-le’principe de les aélions, de la
inodel’tie la regle de (es difcours ,«St de la vérité le terme de fa per-
d; feçîltion. Peut-on douter qu’il ne [bit
difficile d’arriver a la perfeé’rion du
. . large? *
524 r. E LI v R a7.0. Le fage n’el’t point fâché d’ê-
tre ignoré des hommes , mais de ne
pas avancer dans la carriere de lavertu autant qu’il le dcfire.
11. le [age a de l’averlion pour
ceux qui pafsent leur vie fans queperforme ait jamais parlé ni de leurs
talents ni de leur vertu.7.2. Le fage a: cherche , 8c l’in-
fensé cherche les autres.
2.5. La gravité du liage cil fans
arrogance 8e fapolirefse fans affec-ration.
7.4. Le (age n’avance point unhomme parcequ’il fait parler, 8C ne
condamne point ce qu’un hommedit parcequ’il parle mal. ’
25. Le difciple Tfu ÂKum de-rmanda à Confucius fi l’on pouvoit
exprimer en un [cul mot quelque
k q. nus S ENTENCE s. 32;maxime que l’on pût pratiquer fans
Ï r rifque pendant toute la Vie.’ j ï Sans doute, répondit Confucius,
8c la voici. Jugez des autres pari Vous»même 3 ne faites point à un2;;r’autre ce que vous ne voudriez pas
. ’quel’on vous Fit.
i 2.6.» Confucius difoit: Lorfqueje fuis dans la (aciéré, n’y a-t-il,’
Ï pas desvhommes dont releve les Vfautes trop sévèrement , 3C d’autres
dont jenloue les vertus avec excès?il Mais li de temps en temps il m’at-. rive de louer les vertus d’un hommeavec ex’cès,.c’el’t parceque je lui vois
un delir ardent de la perfection , 8c. * queje crois qu’iljuflzifiera les louan-
ges que’je lui donne. D’un autre
côté, comme le peuple. d’aujour-. d’hui a encore les mêmes loix se les
E e
316 L r L 1 v R amêmes principes de gouvernement8: de conduite qui étoient en vi-gueur dans les connuencements desregnes des Hia, des Xam 36 desCheu , comment pourrois - je lelouer ou le blâmer avec excès?
27 . J’ai encore vu des hilloriens
qui , dans les choCes douteuch ,craignoient d’affirmer. J’ai vu des
amis qui nourrifsoient des chevaux,8C qui le faifoienr un plaifir de lesprêter aux autres. Aujourd’hui les
mœurs font abfolument changées.23. Les paroles d’un difcoureur
déconcertent quelquefois la vertudes autres , 8C de légeres impatien-ces font échouer de grandes entre-
prifes. ’29. Quoiqu’un homme le foi:attiré une haine univerfelle , cepen-
r
DES SENTENCE s. 317a fiant, pour le haïr raifonnable-dirent, il faut examiner ce qu’il y a
en lui qui mérite la haine; 8c li unh homme cit généralement aimé , il
faut, pour l’aimer raifonnablement,ïexaminer ce qu’il y a en lui qui mé-
rite d’être aimé.
30. (Tell l’homme qui étend laI ,doé’crine de la fagelse, 81 non la.
doctrine de la fagefse qui agrandit ,
d’homme. ’ *V 5l. Ne pas corriger fes fautes.
’ » c’ePt en commettre de nouvelles.
-;z. Je pafse yprefque tous lesjours fans manger, 85 pi’efqite tou-
’ tes le nuits fans dormir, pour ap-profondir la nature des choies; je
ne retire’cependant aucun fruit deces fpécularions : il vaut donc mieux
V me donner tout entier a la feiencopratique de la fagefse. E e ij
37.8 tu L 1 v R E3;. Le difciple de la fagefse ne
le propofe point dans les études de
parvenir aux dignités pour vivreplus agréablement , mais d’acqué-
rir des vertus pour bien vivre.Le laboureur ne cultive que pour
le procurer de la nourriture; 8c s’ilfurvient une année llérile, il n’a
pour réfultat de fou travail que lafaim. Le difciple de la fagefses’ap-
plique à l’étude des lettres 86 des
feiences pour acquérir des vertus.Si par hafard il arrive aux charges ,fa fubfillîance devient alors un fruitde fou étude. Ce n’el’t donc point la.
crainte delapauvreté,maisla craintede ne pas avancer dans la Vertu, quiinquiete le difciple de la fagefse.
34. Celuiqui, par la fagacité defou efprit, a acquis l’art de bien
l
1
l
q DES S’ENTENCES. 329’Vîvre 86 de bien gouverner, perdra.
bientôt ce qu’il a acquis s’il ne le
Couferve pas par le moyen de la pié-té. Quand il auroit la piété nécef-
V j saire pour le conferver, s’il n’a pas
1’ la gravité nécel’saire pour gouver-
ner, le peuple cefseta bientôt de lerrefpeélers 81 quand il réuniroit la
Piété nécefsaire pour corribrver ce7’ qu’il a acquis, 8C la gravité nécef-
fi saire pour gouverner, il ne peut’ i Être regardé ni comme très bon ni
comme parfait s’il manque d’hon-
, néteté pour inllruire 36 pour former
les peuples. p AA 35. Un grand homme, capable» des plus grandes choies , ne peut
être connu que par les petites 1l aucontraire, un petit homme, étant
E’e iij
330’ LE LIVREincapable des grandes , ne peut êtreconnu que par les petites.
36. La piété 8C la jufiice font
bien Plus nécefsaires Pour la paix 8c
Pour le bonheur des peuples que lefeu S: l’eau. Nous avons forment vu
Périr ceux qui traverfoient les eauxou le feu; mais on n’a Point encorevu Périr ceux qui marchent dans lechemin de la Piéte’ 81 de la jufiice.
37. Le fage défend avec ferma.té, mais fans opiniâtreté, la vérité
lorfqu’il la commit.
58. Lorfquiîl s’agit delconferver
la droiture du cœur, il ne faut cé- ader à performe , pas même à fou
A
martre.39. Dans le fervice du roi, le
premier objet du Lège ePc [on de-
DES SENTENCES. 335. voir; les émoluments de (a Place nei vont qu’après.
4o. Le Page infiruit tout le 1110m
de fans acception de performe ni de
condition. A4x. Ceux qui diffèrent Par le,cœurôcpar l’efprit,nepeuventbien
délibérer enfeinblc. ’ ’
47-. Un diplôme d’ambafsade
doit expofer clairement l’intention
de celui qui l’envoie , 36 rien de
plus. 43. Autrefois on Prenoit pourpréfident de la mufique un aveugle,
parcequ’ildiflinguoitbeaucoupplus
finement les tous 8c les accords.Mîem , qui étoit aveugle ë: préfi-
dent de la mufique , vint rendre viay fite à Confucius: lotfqifil fut au l
pied de l’efcalier, Confucius lui dit,
332. L E L r v R EIci commencent les degré; ; lorf-qu’il fut entré dans la (une il lui
dit, Voici les ficges; lorfque toutle monde fut anis , il lui nommatous ceux qui compofoient l’afsern-blée.
Lorfque le préfident de la mufl-que fut forti , Tfu-Chun dit à Con-fucius : La grande 8c vigilante 1111-manité avec laquelle vous avez trai-te’ ce préfident ne contient-elle Point
quelque infiruâion?La. voici , répondit Confucius.
Autrefois un aveugle avoit un com-pagnon qui le concluifoit: ce quej’ai fait Pour ce Préfident n’efi rien
autre choie que ce que devroit fairefou compagnon s’il en avoit un.
DES SENTENCEG. .533
ViARTICLE XVI.. OHigurion de détourner les rois del toute guerre injuflc. Dangers 6’
malheurs d’un mauvais gOIl’VEf-
i HL’YÎM’IZZ. Trois fortes d’amis uti-
le; E! irai; fortes d’ami; (1’22;ng-
reux. DE quoi le fig: doizfe ga-rantir, 6’ à quoi il doit penfcri
Comment Confucius infimifoir[on fils.
I.’ LES trois premiers minilires
du royaume de Lu, au mépris del’autorité du roi , partager-eut le
royaume en quatre départementsdont ils s’arrogerent l’adminifirra-
tien. Mem-Sum en eut une , Xo- ,Sum une autre, 8c Ki-Sum (leur:Le prince de Clmen-Yn, qui ne
354 L r: L r v R r,pofsédoit qu’un petit royaume feu-
dataire de’vingt ou trente Fardes ,étoit le (cul qui rendit fidèlementhommage au roi de Lu. Le minifl’re
Ki*Sum forma le projet de l’atta-quer 8: d’envahir (on petit état.
Gien-Ycu S: Ki-Lu, deux difci-ples de Confucius , remplifsoientchacun une Imagifi’rature inférieure
,Afous le minil’rre Ki-Sum. Ils vinrent
voir Confucius , 84 lui firent part duprojet de Ki-Sum.
Confucius , perfuadé que Gien-Yen avoit favorisé la cupidité duminilire plus que fou collegue , luiadrefsa la parole , 81 lui dit: Gien-Yen , n’el’t-ce pas à vous qu’il faut
imputer cette guerre? Les premiersempereurs de la famille de Cheudonnerent le royaume de Chuene
DES SENTENCE S’. 33;:
il Yl] aux defcendants du roi Fohi , sej les créerent feigneurs de la monta-i- gire Tfizm-Isfum , au pied de la.
quelle ce royaume cit fitué. D’ail-
] leurs ce petit royaume eli renfermédans notre royaume de Lu, 8c lui arendu entêtement hommage, 85 fa
’ fidélité a été inviolable; enfin il
Ân’clr point renfermé dans les limites
du département de Ki , 8c il formey unétar particulier 8C héréditaire:
i peut-on l’envahir avec quelque ap-’ parence de raifon ou de juflice?
2. Gien-Yeu répondit: Nous nele’fouhaitons pas; mais notre mi:-
. nifire le veut abfolument.Mon cher , reprit Confucius ,
Cheu-Gin, cet ancienihiliorien, a.v très bien dit , que celui qui peut. montrer fer forces dans un oflïce,
g 36 L 1: L 1 v R 12s’approche, 6’ qu’il le remplîfi;
mais s’il ne le peut pas J qu’ily re-
nonce 6’ qu’ilfe ratire. En effet, fi
le conduéteur d’un aveugle ne peut
le retenir lorfqu’il tombe, ni le re-lever lorfqu’il cit tombé, à quoi
peut lui fervir fa compagnie? Quantà ce que vous :zfsurez que ni vousni Ki-Lu ne défiiez que Ki fafse laguerre, dires-moi , je vous prie, liUn léopard, un tigre, ou une li-corne fort du parc royal, ou li unetortue précieufe, renfermée dans
une armoire, contraire de la moi-’filfure , à qui’croyez-vous qu’on
doit en imputer la faute?3. Mais, dit Gien-Yeu, ce n’eft
pas fans raifon que notre minimeKi médite la conquête du royaume
de Chuen -Yn; fa puifsance aug-
DES SENTENCE s. aumente tous les jours , St il cil. trèsvoifin de fa capitale; s’il ne s’en oc-
cupe pas aujourd’hui , fa modérad
tion pourroit être funelie à fes fuc-cefseurs
Mon cher , reprit Confucius anvec vivacité , mon cher , le [age a
" en horreur non feulement celui quiofe avouer ouvertement une cu-pidité vicieufe , mais encore celuiqui cherche a la voiler fous des pré-textes fpécieux. J’ai fouvent enten-
V du dire que ce n’efi pas le petit nom-
bre des fujets, mais l’ambition, qui
faifoit le malheur des princes , 8Cqu’ils ont moins à craindre la pau-
vreté de leur royaume que la dif- -sention. On n’a point à craindre lapauvreté lorfque l’on a banni l’am-
bitiong 86 le peuple el’t toujoursF f
538 L a L r v R anombreux ou regne la concorde:alors un prince n’a rien à craindre.
4.. Votre ministre fe conduitmal, voilà pourquoi les peuples de
Chuen-Yn ne veulent pas fe fou--mettre à lui. Pour les engager a unefoumillion volontaire , il faut bienrégler fcs mœurs se établir un gou-
vernement lège; lorfqu’ils le feront
fournis volontairement, ilfaut leurprocurer une vie tranquille. Appli-quez vous-mêmes ces principes,vousGien-Yeu 8c Ki-Lu, qui êtes du con-
feil du minilire Ki. Les peuples nefe feuillettent point d’eux-mêmes ,
8: votre vertu ne peut les engager àfe f0umettre. Le royaume divisé enquatre parties fe précipite vers faruine fans que vous puifliez le fou- *
tenir; vous projettez au contraire 4
j p Drs SENTENCES. 339’ de. prendre les armes & d’allumer la
ngerre dans le fcin du royaume; je’ crains bien que la caufe du mal
qu’il appréhende ne [oit pas danle
royaume de C’lIUCII-Yfi , mais dans
V l’intérieur même de fa maifon.
y 5. Tant que la fagefsedu gou-’ vernementell envigueur dans l’em-
pire ,» ajouta Confucius , c’efi l’em -
L pereur qui prefcrit les rites, reglel pilla mufique 8c décide de la guerre 5
lorfque le gouvernement suifoi-v blit, les rois ufurpent l’autorité de
l’empereur, 8c reglent les rires , la
mufique Be la guerre; mais lorfqueles urinifères ufurpent l’autorité des
rois, comme ceux-ci ont ufurpél’autorité de l’empereur, il eli rater
v qu’une famille conferve fou royau- .
p me pendant dix générations. Lorf-Ffij
340 L a L I v neque les premiers minifrres ufurpentl’autorité du roi 8C décident des riw
tes , de la muflque 8; de la guerre,alors les fous-minillres de ces ufur-pareurs s’arrogent l’autorité des pre-
miers minii’rres. Voilà pourquoi il
el’t rare que ces minii’tres occupent
pendant cinq générations le trône
qu’ils ont ufurpé. Enfin il efi rare
que les fous-minilires, qui fe fontarrogé l’autorité des premiers mi-
niiires , fe maintiennent dans l’ad-minifiration pendant trois généra-
tions. *. 6. Enfin , dit Confucius , lorf-qu’un gouvernement fage fleuritdans l’empire, la puifsance des loixSe des préceptes ne dépend pas des
minimes; 86 les peuples fournis à
in] gouvernement , fage n’ofcnt ni
DES SENTENCES. 34::pblâmer, ni décider, ni délibérer.
7. Après la mort du roi Ven-Kum , fon fils Tfir-Ché fut tué par
- ISÎVen-Kum qui ufurpa le royaume.Depuis fon ufurpation, fa famille
"pofsede le trône; 8c e’elt aujour«’fd’hui la cinquieme génération qui
’ regina, tout allant de mal en pis: en
forte que tout le gouvernementpafse peu à peu entre les mains des
premiers minilires depuis Ki-VuJ jufqu’à Ki-Vou qui forme la qua:1 trieme génération. Mais, comme
l’autorité ufurpée parles premiers
miniftres ne porte pas à la cinquie-me génération , l’autorité de Kiv
’Von cit fur fou déclin, 8c touche à
r fa fin. ’8. Confucius difoit: Il y a trois- fortes d’amis qui fonrutil es ,33»: trois
r r f iij
342. L 1: L I v R afortes qui font nuifibles: les amisdroits , les amis linceres , les amisfavants , nous font utiles pour rec-tifier ce qu’il y a de défeâueux en
nous , pour en bannir la faufseté,pour diliiper notre ignorance 3 lesamis pervers, les amis faux, les a-mis difcoureurs , font nuifibles ,parcequ’en lesfréquentant on Cf’ECX-
posé a imiter leur perverfité, leurfaufseté , leur babil.
9. Il y a trois chofes qu’il cit a-A
vantageux d’aimer , 8: trois chofesqu’il cit dangereux d’aimer.
L’honnêteté des rites de l’accord
dela mirifique , l’efiime 8c les louan-
* ges des hommes de bien , la fociété
8: la fréquentation d’amis fages,voilàles trois chofes qu’il eft utile8c avantageux d’aimer.
mas SENTINCES. 34;L * A11 contraire , il cl’c dangereuxd’aimer l’ollcntation 8c la volupté ,
l’oifivcté 8c les promenades, les faf-
tins 8: les fpcâaclcs.
Io. Un jeune homme ou un in-férieur qui CH en préforme d’un hom-
me qui CR vénérable Pour: fou âge
ou pour fa dignîré, Peur commettre
troisfortcs de fautes à fou égard:1°. s’il Parle fans être interrogé, on
le juge inconfidéré & indifcret 32°. fi lorfqu’on l’interrogc il ne ré-
pond Pas , on le croit diffimulé 53°. s’il Parle au hafard 8c fans avoir
examiné par la phyfionomie ce queparioient les autres, il cil censé a»
veuglc.11. Il y a trois ClIOfCS quelc dif-
cîplc de la fagcfsc doit éviter; laluxuredans l’adolcfccncc ,IParccquc
344 L E L 1 v R Ele faug Se les efprits n’ont point en-
core acquis leur confiflance 8c leurétat de fiabilité; la colere dans lajeunefse, Parceque le faug 86 les ef-prirs font dans leur étaenarurel deforce (à: de fiabilité; l’avarice dans
la vieill;fse, parceque le faug 8L lesefprits font dans un état de foi«
blefse. iEn efïet, ajoute l’interp’rete, la
luxure détruit la fauté , la colere at-
tire des malheurs , l’avarice abrege
la vie. vI 7..v Il y a trois choies que le (age,
révere: il révere la loi du ciel; ilrévere les hommes illufircs 5 il ré-vere les Paroles des Pages: l’infeuÂ
se , au contraire, ignorant la loi duciel, ne la révere pas; ne révérait
pas la loi du ciel qu’il ignore, il
A; DES SENTENCES. 34gi [méprife les hommes illullres 8C ri-. diculife les dichurs des fages.
i3. Il y a beaucoup de diffé-. rence dans l’efprit des hommes, 8c
l’on Pourroit les Partager en diffé-
rentes clafsest Îe mets dans la pre-..miere ceux qui font fi heu reniement
v ï nés , qu’ils Pofscdent les fcieuces
i ’Prefque fans étude 3 on peut mettre
dans la feconde ceux qui les acquie-rent fans étudier beaucoup; dans la
troifieme ceux qui les acquierent ,imais lentement, 86 avec beaucoupd’étude; enfin on pourroit placer
dans la derniere clafse , 8C dans laclafse du bas peuple, ceux qui, nés
avec pende difpofition Pour ap-. Prendre , négligent cependant de r
s’infiruire. lI 4. Il y a neuf chofes auxquelles
34.6 L t L 1 v R E -le (age s’applique fans relâche: à
voir diflinf’tement ce qu’il regarde;
à bien entendre ce qu’il écoute; à
préfenter un vifage affable; à être
modef’te dans toutes fes manieres;à être vrai dans tous fes difcours; à
conduire bien les affaires; à s’in-former lorfqu’il doute; à coutelier
fans faire du tort; à être équitablelorfqu’il devient riche.
l5. Un ancien proverbe dit : Ilfaut regarder l’homme de Han com-
me modela que l’on ne peut éga-ler, «5’ le méchant comme un bouil-
lon brûlant auquel on n’ojè zou-
clzer. i ’J’ai vu , ajoutoit Confucius , des
hommes qui le concluifoient ainfi ,8c c’el’t pour cela que j’ai appris ce
proverbe. . *
mas SENTENCES. 347p 71.6. Un autre proverbe, ajou-toit-il, dit: Lorfquc le juge n’efl
’ que particulier, il s’appliquelz lien.
régler fin: efiîrît afin de confacrer à
l’utilité pullllgue les progrès qu’il
i guru fait: dans l’art de lien vivre.ê’ de Heu gouverner s’il occupe un
Zemploi pallie., .v J’ai aufli appris ce proverbe, di-
A plioit Confucius ; mais je n’ai point’Ïvu d’hommes qui le pratiquafsent.
1 7. Kim-Kum , roi de Gy, nour-rifsoit quatre mille chevaux pour
V traîner quatre mille chars à la guer;
te, difoit Confucius; 8: cependanti les peuples ne trouverent en lui au-
cune vertu qui méritât leurs louan-
q ,ges 3 mais ils publierent celles de.Pé-Y 81 de Xo-Cy les fieres , qui,après avoir refusé le fceptre l’un 8C
348 L E L r v R El’autre, font morts dans la pauvreté
8: dans la inifere au pied du montXeu- Yani.
N’efi-ce point ce qu’une ode
du livre des poéfies indique , en di-
fant: a Certainement ce ne font pasce les riche’fses , mais bien d’autres
a choies, que les hommes louent. a:I 8. Le difciple Chin - Kum ,
croyant que Confucius donnoit àfou fils des influât-ions particulie-res , demanda à ce fils nommé Pé-
Yn fi en effet fou pere ne lui en-feignoit point quelques principesparticuliers. Point du tout, répon-dit Pé-Yn. Un jour qu’il étoit [cul
dans la falle, je pafsai promptementdevant dans l’efpérance qu’il m’ap-
PCllCl’Oit3 ilm’appella en elfet, 8C me
dit: Avez-vous appris le livre des.
A pas SENTENCES. 349’ Poéfies E Pas encore, mon pere. Si
il vous ne l’apprenez pas , me dit-il ,
vous ne fautez jamais bien l’art de.bien parler. Je le quittai, 8c je fis
* tous mes efforts pour apprendre lelivre des poéfies.
j ’ A19.’Un autrejouril étoitencore
-;feul, 8: je pafsai devant la falle ou’ il le repofoit; il m’appella,’ 8e me
demanda li je lavois le livre des rif.tes. Je lui répondis que non. Il medit: Si vous ne l’apprenez pas ,vous
e i’n’acquerrez jamais la fcicnce 86 les
t moyens. de vous fixer dans la vertu;Voila Fontes les leçons particu-
lieres que reçues de mon pere. i:Clin-Kum, charmé de ces éclair-
cifsements , le quitta en difant : vQue je fuis heureux! je n’ai de:
,mandé qu’une feule chofe, ée j’en
G3
5 50 I. r L I v n Eai appris trois; 1°. que l’étude du li-
vre des poéfies cit nécefsaire pouracquérir l’art de bien parler; 1°. que
l’étude du livre des rites cit nécef-
saire pour pouvoir s’affermir dans
la vertu 3 3°. qu’un [age renonceà toutenaffeé’rion particuliere lorf-
qu’il infiruit fou fils , 8L que fou
enfeignement eût le même pourtous les hommes.
2.0. Confucius , rappellant unancien rite, difoit: Le nom de l’é-
poufe du roi cit fujet à bieaucoup devariations 5 le roil’appclle fou épou-
fe; elle ne le donne à elle-mêmequelenom d’unejeuuefemmeigno-tante; les citoyens du royaume l’ap-
pellent reine; hors de fa patrie , dansles autres royaumes on l’appelle une
petite reine de peu de vertu ;’enfin
DES SENTENCES. 351les habitants des royaumes étran-.gels la nomment reine.
ARTICLE XVII.Jugement de Confuciusfizr quelques
minijlres fouleve’s contre leursmaîtres. Cinq vertu: nécefiaires
dans un prince. Six belles maxi-mes E? leursfix défauts. Louan-ge 6’ utilité du livre des pae’fies.
Deuil de trois au: pour le pare 5’
pour la mere. Différents genresd’hommes odieux ou méprifiil;
blet.
1. YAMjHo , fouswpréfet de Ki-
Von premier miraillre du royaumede Lu , s’étoit révolté contre lui , 8c
l’ayant vaincu 34 enfermé dans une
prifon, s’étoit emparé du gouver-
G g ij
352. L E La v R rnement. Comme il [avoit que Con-fucius étoit un perfonnage d’unegrande confidération , il defiroit ar-demment qu’il vînt le voir; mais
Confucius s’y refufa. Yam-Ho,pour obliger honnêtement Confu-cius à le venir voir, lui envoya enpréfent un petit cochon rôti. Lesloi): de l’urbanité exigeoient unevifite de remercîment: pour s’en ac-
quitter, Confucius prit le temps ouYann-Ho étoit abfentgniais il lerencontra en revenant.
2.. Yann-Ho le pria de s’appro-
cher. .Îc voudrois vous parler, luidit-il , 8c vous faire une quellion 5lavoir, fi un homme qui pofsede untréfor précieux de feience 8c de ver-
tu ne le communique point, 8: voitavec indifférence fa patrie entrai:
DES SENTENCES. 3;;’ née vers fa perte , peut-on dire qu’il
ait de la piété pour fa patrie?
Non, répondit Confucius.
, Mais , ajouta Yam-I-Io en fou-riant, fi celui qui afpire au gouver-nement laifse échapper une occafion
favorable pour y arriver , peut-ondire qu’il cit prudent?
Non, répondit encore Confu-
cius. a.- ’ Yam-Ho dit’en riant a Confu-
cius : Les jours 86 les mois pafseutavec rapidité, 8c les années ne font
pas en notre pouvoir; pourquoidonc ne vous hâtez-vous pas deremplir une charge E
Vous avez raifon, dit Confucius ,je ne tarderai pas à y entrer.
3. Tous les hommes naifsentv avec une nature fort femblable ,
’ G g iij
354 L r L 1 v R rv mais qui devient fort différente par
l’habitude de la vertu ou du vice.4. Il y a deux fortes d’hommes
que les exemples 8: les enfeigne-monts ne changent point , les hom-mes élevés au plus haut degré de lu-
miere, &leshommes enfevelis dansla plus groiiicrc ignorance.
5. Confucius, arrivant à la villede Vu-Chim , entendit par-tout deschants 8c des infiruments de mufl-que, parceque Tfu-Lu fou difcipleen étoit préfet, 8: veilloit à ce que
le peuple fût bien infiruit dans lafeience des rites 8c dans l’art de lamufique: charmé del’efpece de con-
cert général que formoient les voix
soles infiruments, il dit avec unfourire gracieux à Tfu-Lu: Moncher , pourquoi employer le. grand
DES SENTENCES. 355art de gouverner pour une fi petiteville? n’elÏ-ce Pas couper le coud’une poule avec le grand couteau
dont on égorge un boeuf?Maître, lui dit Tfu»-Lu, voici
ce que j’ai appris de vous: si un Pré-
- fer aime les*PréceP:es de la. fagefse
8e les regles de la bonne conduite,il aime fou peuple 8c le juge Par lui-même. Si le peuple aime les reglesde la fagefse 8: de la bonne con-duite, il aime fou préfet, 8: fa laifsle
gouverner facilement.Confucius adrefsant alors la pei-
role à fes difciples, leur dit: Moncher TfuîLua raifon , il a très bien
répondu, 8: je ne prétendois quefaire une Plaifanterîe lorfque je luiai dit que pour couper le cou d’une
Poule il ne falloit pas le couteau quiégorge un boeuf.
; 56 L E L 1 v R E6. Ki-Von, premier miniflre de
Lu, avoit un fous-préfet nommé
Xun-Xan-Si-Fao qui commandoitdans la ville de Pi fa capitale; lefous-préfet fe révolta contre Ki-Von , le vainquit 8C l’enferma dans
une prifon. Ce fous-préfet , devenumaître de la ville de Pi, invita Con-fucius à le venirvoir; 8C Confuciusne s’y refufoit pas trop, ’parceque
le fous-préfet ne sle’toit point ré-
volté contre le roi, mais contre unminifire infidele.
Tfu-Lu n’approuvoit pas cette
condefcendance , 86 dit à Confu-cius : Si vous allez vifiter ce [édi-
tieux, quel moyeu y aura-t-il derépandre si de perfuader votre doc-trine Ë
Croyez - vous , répondit Con-
DES SENTENCES. 357’ fucius, que celui qui me prefse ainfi
de l’aller voir ne fe propofe pasquelque fin en m’invitant? S’il Veut
m’employer dansle gouvernement,
peut-être pourrai-je rétablir dans le
V royaume les loi); 8c les rires pref-que abrogés, changer la face duroyaume, le réformer , 8: faire enforte que l’empire des Cheu, quifut fi fiorifsant dans l’occident fous
fes premiers empereurs , feinbletranfporté dans l’orient.
Au relie, Confucius ne le renditpoint à l’invi ation (le Xanm Si ,qui, ayant été défait par llarmée de
Ki, s’enfuit dans le royaume de Gy.
a 7. Tfu-Cham dit à Confucius:Que faut-il dans un prince pour que,
l’on puifsedire qu’il a unevraiepié-
té ,c’eitwà-dire une parfaite droiture
de coeur?
3 58 L 12 L 1 v R a IJe crois , répondit Confucius,
qu’il doit pratiquer dans l’adminif-
tration les cinq vertus d’un empe-
reur.Et quelles font cescinq vertus?Ce (ont, dit Confucius , la di-
gnité, la bénignité , la vérité, l’e-
xaétirudeëcla libéralité. Si leprince
a de la dignité, tout le monde lerefpec’rera , 8e il n’y aura performe
qui ofe le méprifer; s’il a de la bé-
nignité, il s’attirera l’amour 8C la
bienveillance; s’il a de la vérité,
on aura en lui une confiance en-tiere 5e générale 5 s’il cit exa& , on
obfervera fidèlement les rites 5 s’il
elt libéral, il pourra fans peinecommander à tous.
8. Le royaume de Cim étoit dans
un défordre affreux; le roi étoit
DES SENTENCES. 359fans autorité, 8e toute l’adminiflra-
tien étoit entre les mains de fix pre-miers minifires. Il s’éleva des sédi-
tions ,’& la guerre civile s’alluma.
Pendant que Kao-Kieu , un de cesj minifl res , attaquoit Pan - Clium -
-. Kieu un de (es collegues, Pié-Hié,fous-préfet de Kao-Kieu, le révol-
ta , 81 s’empara de la ville de Clium-
I Mem. Il envoya prier Confuciusv de venir le voir: Confucius vouloit
y aller. ’Tfu-lu lui dit : Maître , voicice que je vous ai entendu dire au-trefois: Le fige n’apoint defbciézé
’aVec le fic’Ze’rar. Or ce fous-préfet
Pié-Hié a pris les armes contre fou
maître , 8c ajoure continuellement»
L de nouveaux crimes au premier. Si- vous vous rendez à fou invitation,
360 L 1-: L I v R Ene ferez-vous pas en contradiéiionavec vous-même , 86 ne vous’ren-
direz-vous pas complice des crimesde ce fous-préfet ?
Je ne méconnois pas ce que jevous ai dit , répondit Confucius:mais ne dit-on pas d’une cliofe très
dure , vous avez beau la frotter ,vous ne l’ufetez pas; 8C d’une ehofe
très blanche , vous avez beau lanoircir , vous ne la teindrez pas?Croyez-vous que je veuille refsern-bler à ces calebafses dont le’goût
cit amer, a: qui ne font bonnesqu’a être exposées dans une cham-
bre fans être d’aucun ufage pour la
nourriture 3 V . L9. Tfu-Lu s’occupoit beaucoupplus de l’art militaire que de l’étude
de la fagefse : Confucius lui parla
p pas SENTENCES. 361a 1 aîhfi: Mon clierleu-Lu, connoif-
Sez-vous Ex défauts confignés dans
V fix belles manieres? Non, dit Tfu-iLu en le levant. AfseyeZ-vous, re-prit Confucius , 81’ je vais vous les
’ expliquer. 14°. Quand on aime la
vertu fans aimer la fcience de lavertu, on tombe dans un aveugleabrutifsement. 2°. Quand on aimela prudence fans aimer la feience dela prudence, on (on de l’ordre 8c
de la regle fans le vouloir 8c fanss’en appercevoir. 3°. Quand on ai-
me la vérité fans aimer la fciencede la vérité, on efr d’une opiniâ-
treté funei’te. 4°. Quand on aime
ladroiture fans aimer la fcience dela droiture, on eli étourdi 8c incon-
’ ’fidére’. 5°. Quand on aime le cou-
liage fans aimer la fcience du cou-
Hh
362. L E L 1 v R rrage, on ef’t turbulent &séditieux.
6°. Quand on aime la confiancefans aimer la fcience de la confian-ce , on CR fallueufement préfomp-
tueux. ’10. Mes difciples, pourquoin’ap-
prenez -vous pas le livre des poé-fies? Ce livre , par les exemples dubien & du mal , peut porter le lec-teur à l’amour de la vertu 8: à la
haine du vice 5 par les louanges 3:par le blâme engager à examinerfou propre cœur; par les loix de l’a-
mitié conduire, à une honnête fa-miliarité dans les focie’tés humai-
nes; par les fentiments de trifiefse8L de colere l’animer contre les fau-
tes des autres , Be lui faire faire desefforts pour les corriger. Il contientde plus la maniere de fervir fes par
DES SENTENCES. 36;A rents 3c le prince, & enfin les noms
d’une grande quantité d’oifeaux ,
d’animaux, de plantes 84 d’arbres
dont la connoifsance peut être utiledans l’étude des fciences,
I l. Save7.-vous les deuxcliapiÂtres du livre des poéfies , qui ont
. pour titre Cheu-van 8c Cime-van ?Quiconque ne fait pas ces deux cha-pitres cit, dans le gouvernement defa maifon ou dans l’adminil’trarion
du royaume, comme un homme quicit au pied d’un mont élevé, 8c qui
ne peut ni rien appcrcevoir ni avan-cer d’un pas (i).
(i) Ces deux chapitres traitent princi-palementde la maniera de régler fesmceürs
8c (a famille. On y raconte les Vertusde Tay-Fu , époufe de Ven -Van , dont
H h ij
364. I. B L r v R rx 2. Les empereurs inflituerent
les rites pour conferver l’honnêteté
des moeurs, 8: crurent que pour ex-primer les fentiments de vénéra-tion que l’On avoit dans le cœur,il falloir olfrir des préfents de foie& de prix. Si donc on n’a pas cettevénération dans le coeur , ces pré?
fents de foie 81 d’un grand prix , que
l’on annonce avec appareil en di-fant , les rites! lCSI’itCS! nédoivent-
ils pas plutôt s’appeller les vains [pec-
itacles du fafie î.
Enfuite les empereurs établirentla mufique afin d’infpirer aux peu-
ples un efprit de paix 8c de concordepar le moyen des accords des voix
l’exemple rétablit l’ordre dans les mail-on;
dorons les préfets des provinces du midi.
DES SENTENCES. 36s85 des infiruments : mais fi cetteconcorde ne regne pas dans les ef-
" prits, ces tambours , ces cymbales,V 8Ce. que l’on appelle la mufique, ne
méritenr-ils pas plutôt le nom de
vains infiruments de bruit 85 de(on ?
i 3. Celui qui veut paroitrc àl’intérieur grave 8c confiant , s’il ef’c
intérieurement inconfiant 8C léger,
n’el’t-il pas femblable à ces petits
hommes qui percent lanuit les murs’de la maifon voifine, 8c qui les tra-
verfent pour aller commettre leurslarcins , 8C qui le jour ont une fausse
l apparence d’honnêteté fur leur vi -
. fige? ’d’hommes que l’on appelle l’hon-
rieur 8C laregle de la patrie , parceu
’ H h iij
i4. Il y a. une certaine efpecei
I
566 L 12 L I v n Equ’ils ont le mafque de la vertu cede la fagacité; cependanr’ils fonten effet l’opprobre &î la perte de la
vertu.i 5. Celui qui voit une maxime
ou un précepte de la fagefse, 8cqui, fans l’avoir médité quelque
temps dans fou coeur, le répete anf-
fitôt, refsemble au voyageur quiredit a tous ceux qu’il rencontre’les
propos qu’il a entendus fur la route.
N’efi- ce pas jetter pour ainfi dire la
fagefse à la tête ou dans les ruescomme on jette les chofes viles?
16. Comment cette efpece depetits hommes vils qui cherchentleur intérêt 8: non celui du public,
peuvent-ils fervir le roi? Lorfqu’ilsin’ont pas encore obtenu la dignité
à laquelle ils afpirent , ils ne crai«
Drs SENTENCE s. ;67gneutqqu’une chofe , e’eli de ne pas
l’obtenir; 8c lorfqu’ils l’ont obte-
nue, ils ne craignent qu’une choie,
c’eli de la perdre; n’ayant point’ d’autre. crainte que de perdre leur
dignité, il n’ya point de crime’qu’ils
ne commettent pour la con ferver.17. Les hommes avoient autre-
fois trois fortes de craintes Se detriliefses dont on n’apperçoit pasmême de traces aujourd’hui dans
beaucoup de perfonnes. Autrefoisles hommes faftueux ne le permet-toient que d’outre-pafser un peules bornes d’une inodel’tie écono-
vm’e; aujourd’hui les hommes faf-
tueux violent fans hériter toutes les..-loix de la jul’Cice 86 de l’honnêteté.
Autrefois les hommes vaul’teres ne’ portoient dans la fociété qu’un vik-
368 L a L r v a E[age froid 8C rebutant, aujourd’hui
les hommes séveres ont non feule-ment l’abord Se le maintien sévere
8c rebutant, mais encore ils fontcontredifants , haineux , emportés.
Autrefois les ignorants étoientfrancs 8c droits , aujourd’hui lesignorants font faux 8e pervers.
I S. Je n’aiguere vu de flatteursqui eufsent de la piété.
19. Confucius difoit : Quoiquele mélange du violet 84 du rougefemble plaire à la vue plus que lerouge feul, cependant jehais beau-co’up ce mélange, parcequ’il ôte au
rouge fa perfeéiion. Pareillement ,quoique le chant lafcifdu royaumede Chin femble affec’ter l’oreille
plus agréablement que la mufiquefimple , cependant je le hais beau--
DES SENTENCES. 569coup , patcequ’il confond les loixefsentielles de la mufique pure 8c
i chalie; je hais de même, 8c beau-coupplus encore, ces fophilies dif-’
coureurs qui pervertifsent les fa-milles 86 les érars en déguv fan!" leurs
dangereu fes opinions dans des ph ra-fes arrificieufement compafsées.
20. Confucius, ayant remarquéque les difciples étoient beaucoupplus avides d’apprendre qu’appli-
qués à bien vivre , leur déclara que
déformais il ne parleroit plus.Mais , lui dit Tfu-Kum , fi vous,
qui êtes notre maître , cefsez de paru
1er, nous qui femmes vos difci-ples , [de qui apprendrons-nous les
V principes 8e les regles pour bien vi-vre que nous devons tranfmettre alapoliéritéî;
370 L E L 1 v R ENe voyezvous pas le ciel? ré-
Pondit Confucius; efï-ce donc que
le ciel ne vous parle pas E Vousvoyez les quatre faifons le fucce’der
régulièrement 8c invariablement;vous voyez une fucceflion mon in -terrompue& réguliere de toutes lesproduélions; pouvez-vous dire quele ciel ne Parle pas? Eh bien l voilàcomment je velus infiruirai par desaâions 8C mon Par des paroles.
2.1. Un nommé Iu-Poi, habiftant du royaume de 1. u, étant dif-ciple de Confucius , l’avoir offensé,
86 renonça aux lettres. Quelquetemps après ildefira de voirConfu-cius , 8c fe rendit à fa niaifon. Cou-fucius lui fit dire qu’il étoit malade
85 qu’il ne pouvoit lui parler, 31 fur-
lencliamp il fe mit à jouerde la harpe
lr
l
l
pas SENTENCES. 3718C à chanter avec force afinide faireconnoitreà Iu-Poi qu’il n’étoit point
’malade , mais qu’il ne vouloit pas
lui parler qu’il ne reconnût 8C neréparât (a faute.
1 . Un jourle difciplc Tfay-Ngoparla ainfi à Confucius: Par un an-cien ufage il faut que le deuil pourle pere 56 pour la mere dure troisans; ne fufliroit-il pas qu’il fût feu-
lement de deux ans? En effet, lefige qui cil en deuil Pendant troisans ne s’exerce point à l’obfervation
des rîtes, 8c les oublie: ne s’exer-
çant point à la mufique, il l’oublie
auifi. Tous les ans , lorfque les an-ciens fruits cefsent, on en voit denouveau). , 84 aulli tout le renon--velle tous les ans. Il paroit doncqu’un au fufiit’pour le deuil.
57a. LE LIVREConfucius lui dit: Pendant les
trois ans de deuil on ne mange quedes légumes infipides 8: du riz de la
moindre qualité; on ne boit que del’eau 8c l’on n’ell vêtu que de toile
de chanvre. Si le deuil ne durequ’une année, un fils après la mort
de fan pere , pourra donc le nour-rir délicatement 84 (e vêtir magni-
fiquement. Pourriez - vous vousconduire ainfi avec un efprir trau-quille 81 fans remords?
Sans doute , reprit Tfay-Ngo.Eh bien l dit Confucius, fi après
un an de deuilvous pouvez vivredélicatement 8C vous vêtir magnifi-
quement , faires-le ; mais lorfqu’un
homme fage porte le deuil de [oni pere 81 de [a mere , il a dans le coeur, une douleur 8c une rrificlse fi pro-
: .
ï.
î,
il
lil;Ë.
la
F
pas SENTENCES. 37;» fonde, qu”il ne trouve ni goût dans
les aliments , ni agrément dans la’inufique, ni plaifir dans l’ufage des
commodités de [on appartement.Voilà pourquoi , après un an dedeuil , il ne reprend point des ha-bits agréables 86 fa nourriture or-dinaire. Quant avons , fi vous pon-rvez fans remords reprendre votrevie ordinaire au bout d’un au dedeuil, jevous le permets.
Tfay-Ngo fortit, 85 Confuciuscraignant que les difciples ne prit-sent pour une approbation du fen-liment de Tfay-Ngo ce qu’il n’a-
voir dit que pour le condamner,ajouta z Certainement ce Tfay-iNgovient bien de prouver qu’il n’a
aucune piété pour fes parents. Cen’ei’t qu’au bout de trois ans que
I i
374 r I. E L 1 v R El’enfant commence à marcher , 8:
qu’il exempte pour ainfi dire fes pa-
rent-s de l’obligation de le porter..C’eft pour reconneître ce bienfait
de trois ans que les rîtes ont pref-cric dans tout l’empire un deuil de
trois ans pour le pere 8: pour la me-re. Tfay-Ngo feroit-il donc le feulqui n’eût pas reçu ce bienfait de l’a-
mour paternel, P0111’,(IÏ[1’C dispensé
du deuil de trois ans P7.5. Il cit bien difiicile que celui
qui, pendant tout le jour, ne penfequ’à le rafsaficr d’aliments agréa-
bl es, fafse des progrès dans lavertu.Avez-vous vu des joueurs d’oise-
lets ou de dames? ils ne (ont occu-Ape’s’ que de leur divei’tilseiiient 3 eh
bien I je les efiinie davantage queles gourmands oilifs.
pas SENTENCÉS. 27g24. Tfu-Lu ,’ - qui prifoit beau-I
coup le courage martial , daman;doit a Confucius fi le Cage eflimoitbeaucoup le courage.
Confucius lui répondit; L’équi-
il té cf): ce que le (age efiime le plus:
car fi un magifirat n’a que du cou-rage fans équité, il excite sûrement
du trouble St du tumulte; 8c fi lefirnple citoyen n’a que du courage8c qu’ilmanque d’équité, il le porte
facilement au vol 8: au brigandage.25. TfunKum demandaà Coir-
fucius fi le [age ha’ifsoit les autres.-
Il y a» quatre efpeces d’hommes
que lerfage hait, répondit Confrrcius»; 1°. les méchants qui publient
les fautes 8: les défauts des autres 3
2°. les hommes vils qui médifentdes princes 86 qui cherchent à les
r li ij
376 L r. L 1 v unblâmer; 3°. les hommes forts quin’ont point d’humanité 3 4° les au-
dacieux qui entreprennent tout in-conficle’rément 8; par une impétuo-
flté aveugle. Y a-t-il quelques au-tres hommes que vous bailliez?
Oui , reprit Tfu-Kum , il y atrois fortes d’hommes que je hais;
les ignorants qui veulent paroitre(avants; les arrogants qui font lescourageux; les détracteurs qui pré-
tendent fe faire pafser pour des;hommes julles, droits 8c linceres.
z 6. Une des choies les plus difli-.Ciles en: de gouverner des femmes8C des domel’tiques. Si vous les trai-
tez avec trop de bonté , ils fartentdes bornes de la fubordination 5 fivous êtes un peu trop sévere , ils fe
plaignent 8c s’irritent. i
DE s SENT’aNeEs. 377237. Celui qui aquateinte ans me-
ne une vie odieufe à tout le monde ,perfiflera jufqu’à la mort dans cc
genre de vie, 86 ne changera quedifficilement de mœurs.
ARTICLE XVIII.Éloge; de quelques prince: 6’ de
quelques nziniflres anciens. Lesagréments a’erfemmes , fimefles
au [ion gouvernement. liftionsde quelques figes qui menoientanémie ôôfiure. Pre’fits de [a mu-
fique dans les repas. Quelquesreglespour le 6072 gouvernement.
il. L’EMPEREUR Cheu gouver-
Inoit mal. Son frere Tfu , roi d’unpetit royaume , l’avertifsoit fou-vent, mais en vain , de fou devoir;
I i iij
378 L E L r v R Eil craignit que les rois ne le révol-tafsent, 8c que la famille impérialene pérît dans la révolution qu’il
prévoyoit. Il abandonna fou pays,8C le retira , afin qu’il fubfiilât quel-
qu’un pour tendre à les ancêtres le
culte prefcrit par les rites.L’oncle de l’empereur avertif-i
soit aufii [on neveu , mais avec en- hcore moins de fuccès , car il fut misen prifon, 8: feignit d’être fou pour
conferver fa vie : enfin un autreoncle du roi lui fit publiquementdes remontrances pour l’engager à
changer de conduite; Cheu le fitafsalliner.
Confucius, en racontant ce fait,difoit; Il y a eu dans la famille deXam trois héros illui’tres par leur
piété envers leur patrie.
DES Substance s. 379z. Lieù-Hia-Haéi étoit un (age,
préfet des priions , qui perdit trois
fois la charge. Un particulier lui,difoit en raillant : Seigneur , vousavez. bien du malheur; ne vau-droit-il pas mieux pafser dans unautre royaume?
Le préfet difgracié lui répondit:
J’ai louvent perdu mon office par-
ceque le fervois le roi en fuivantles regles de la jufiice; fi je fuis dé-terminé invariablement à ne m’é- A
carter jam’aisdes principes de l’aîjuf-m
tice , dites-moi , je vous prie , ouje ne ferai pas exposé a perdre trois
fois mon office; 85 fi je veux, en,fervantle roi, Cuivre la voie de l’in-juflice, qu’efl-il befoin que j’aban-
donne ma patrie 8c que je forte duroyaume 2
380 malotrues3. Confucius étoit arrivé dans le
royaume de Cy; Kim-Kum, qui’en
étoit roi, connoifsant fa fagefse,confulta fou premier minillre furla manieter dont il le recevroit. Il ya , lui dit-il, dans le royaume de Lutrois premiers miniflresg le premier3C le plus illul’rre cil Kifsun 3 le roi
de Lu le traite très honorablement,même un peu trop: fi je traite Gon-
fucius comme Ki-Sun , je tomberaidans le même’excês. L’autre minif’tre
cil Mem-Sun , quele roi traite beau-coup moins honorablement; fi jetraite Confucius comme ce dernier,je ne lui rendrai pas afsez: il fautdonc prendre un milieu entre leshonneurs que reçoit Ki 8C ceux quereçoit Man-Sun. Au relie , ajouta-t-
il fur-le-champ, je deviens vieux,
l pas SENTENCES. 32hnies forces diminuent; je ne fuisplus en état de fuivre cette difci-’
pline raullere dont confucius faitprofefiion , 8e qu’il vient nous en- L
A :feigner; ainfi ce n’eftpas la peine., de délibérer fur la maniere de le 1’61
revoir. Confucius , informé des feu--
frimeurs du roi, quitta le royaumeide Gy , parcequ’il vit qu’il y eiifei-
:gueroit inutilement fa doctrine, 8Chon parcequ’on ne l’y recevoit pas
afsez honorablement. oV 4.. Tim»Kum, roide Lu, avoitdonné àCoufucius la charge de pre-mier préfident de lajul’tice 8c de pre-
*mier minifire des confeils: la fawa gefse de (on adminilltration rétablirl’ordre’daiis le royaume de Lu , Se
-»-’,’,le*fit abfolument changer de face
dansrtrois mois.
382 L n L r v n 13 tLe roi de Cy craignit les effets
de ce fage gouvernement , 8c lapuilsance à laquelle il avoit fubite-ment e’leve’ le royaume de Lu; il
envoya en préfent au roi de Lui qua-
tre-vingts belles filles richement pa-rées , 8c qui excelloient dans ladan-fe , le chant 8c le jeu de tous les inf-truments de mufique , afin’qu’elles
infpirafsent au roi de Lu la pallionde la volupté, 8c qu’elles lui fifsenti
abandonner le fage gouvernementqu’il avoit établi. Lorfqu’elles fu-
rent arrivées , 8c avant qu’elles en-
tralsent dans la ville , le roi alla lesvoir trois fois accompagné de foupremier minilire Ki-Von, qui enfinlui perfuada de les faire conduireau palais dans fou appartement. Leroi, charmé de leurs talents, épris
Drs SENTrths. 38;de leur beauté , négligea pour elles
le gouvernement , 81 pendant troisjours ne parut point dans la falle dela jullice pour y traiter des affaires
de l’état.
v 5. ConfUCius abdiqua fa charge,86 fortit du royaume.
Cié-Yu, habitant du royaume deTfou, contrefaifoitl’imbécillepour
,fe dérober aux honneurs , aux char-’ ges, aux dignités. Confucius arri-
vaut dans ce royaume, Cié-Yu, quialloit àl’oppofite , lorfqu’il fut de-
vant fou chat commença à chanter
ces paroles: cc Aigle, hélas! aigle,cc qu’ell: devenue votre perfpicaci-
l st té Ë Autrefois on vous voyoitce lorfque l’empire fleurifsoit; lorf-.
cc que fa fplendeur étoit ternie onT CCfSOit de vous voir: alors vous
381 LE LIVREen (aviez bien difcerner les temps;cc mais aujourd’hui quels temps 8c
se quelles mœurs pour vous voir pa-cc reître 1 on ne peut réparer ni cor-a riger ce qui el’t pafsészmais au ’
cc moins on peut prévoir l’avenir
s 8L le changer par fa prévoyance.
a Quittez,quittez un projetinutile;a car ceux qui remplifsent aujour-cc d’hui les charges , non feulement
cr ne peuvent foutenitl’éclat deleur
si dignité, mais encore font en clan-
et ger de perdre leur réputation,«c leur fortune 8: la vie. v
Confucius fauta de fou chat pours’entretenir avec cet homme , 8cpour lui expofer ce qu’il convenoit
que chacun fit; mais il doubla lepas , difparut , 8: Confucius ne put
converfer avec lui. "
a
ors SENTENCES. 385V 6. COnfucius pafsant du royau-
me de Tfou dans celui de Tfay ,- arriva au bord d’un fleuvegne cou-
noifsant pas le gué, il envoya foudifciple Tfu-Lu pour le demander
7è. deux laboureurs peu éloignés.
Ces deux laboureurs étoient deuxfiges nommés Cham -Tfu’8t Kié-
Nié qui vivoient en particulierà la
campagne , 8e cultivoient la terre.Tfu-Lu s’adrefsa d’abord à Chaux»
Tfu qui lui demanda qui étoit celuiqui conduifoit le char d’on il étoitdefcendu. C’ell: Confucius , répon-
dit Tfu-Lu. Quoi l. reprit Cham«-Tfu , c’ePc ce fameux Confucius du
a royaume de, Lu? Lui-même, ditTfu-Lu. Si c’efi lui, ajouta Chamè
Tfu , pourquoi me demandez-vousle gué, du fleuve? il ne peut pas
K k
386 L 12 L I v R El’ignorer , parcequ’il va fans cefse
de côté 8c d’autre. V7. Tfu»Lu , voyant qu’il ne pou-
voit tirer aucune réponfe de Cham-Tfu, s’adrefsa à Kié-Nié, qui lui
demanda qui il étoit , 86 l’ayant ap-
pris , lui dit-z Êtes-vous le difciplc
de ce fameux Confucius natif duroyaume de Lu 2 Oui, réponditTfu-Lu. Alors Kié -Nié lui dit:Lorfque j’obferve le mauvais gou-
vernement de ces temps 86 lesmceurs
du monde quivont toujours de malen pis, il me femble voir l’eau quife précipite , 86 qui, a mefure quefou cours le prolonge , tombe fanscefse’dans des lieur: plus bas , 86 je
.n’y vois point de remede: car qui
pourroit rappeller la paix (St le bongouvernement à la place de ce tu-
pas SENIENCES. 387,multc 8: de cetterconfufion? Votre:maître ne fait que courir çà 8c ilà
pour remédier à tant de maux , 86.vous voyez quil (a con fume en cf-forts inutiles 5 pourquoi vous arma
Chez-vous à un tel maître qui fem-
blc errer en fugitif dans tous leslieux? ne furia-vous pas mieux de
* vous attacherà moi qui ai renoncé
un mondoëz aux honneurs? Cepen-dant il aiguillonnoit fes bœufs 8Cmarchoit en herfant fa terre fansindiquer le gué.
8. Tfu-Luv le quitta, &’ rappor-
ta à Confucius les difcoursrdcs deux
laboureurs.- ’ ’Quoi donc! dit Confucius com-
me en foupirant, Faut-i1 quclihom-me vive en fociéré avec les quadru-
pedcs 86 avec les oifcaux 2 N’cû-il
k ij
388 L 1: L 1 v R apas dans l’ordre de la nature que les
animaux de la même efpece vivent
enfemble? si je ne vis Pas avecrtantde peuples difperse’s dans l’empire
de la Chine , avec qui faut-il doncque je vive î
*On dit que les mœurs 86 le gou«
vernement vont en le dépravant deplus en plus; mais s’ils étoient con-
formes aux tegles de l’équité , je
ne m’eEorcerois Pas de les corriger
8l de les changer.9. Tfu-Lu, accompagnantCon-
. fucius dans fes voyages, relia un peuen.arriereJ &î le Petdit de vue : ilerroit au milieu d’un hameau, ouil rencontra un vieillard qui portoit
’ à fou bâton une corbeille. N’avez-
vous point vu palser ici mon mai»
ne? lui ditTfu-Lu.
ne s SEN-renon s. 3.895 Vous avez , lui dit le vieillard,des membres forts 8: vigoureux quevous ne voulez Pas employer à laculture dela terre; vous ne pourriez.pas même connoître ni le riz, ni le
giblcd, ni les Pois, ni l’orge; vousv n’êtes occupé que d’une feule choie,
de fuivre verre maître. Eh l quel dldonc ce’inaître 3 A ces mots le vieil«
lard enfonce fou bâton clansla ter-re , 8C le me: à arracher des herbes
inutiles.Tfu-Lu foupçonne que ce vieilà
laird cil un Cage retiré à la tamias:guc Pour y vivre dans l’obfcuritév,
Sale Place refpeâueufem eut à côté
de lui : aufiitôt le vieillard le priegracieufemenr devenirdansfa mai-fon 81 d’y pafser la nuit.. A Peineinu-Lu efl entré qu’ilfæitruer une
K k iij
390 L E Î. I v R Epoule 8c préparer le meilleur rizqu’il eût; il lui préfente enfuite [es
deux fils, qui faluenr avec beaucoupde politefse l’hôte inconnu.
io. Le lendemain Tfu-Lu partitde grandi matin , 31 ayant rejoint:Confucius , lui raconta ce qui luiétoit arrivé.
Cet homme , dit Confucius , cil:sûrement un fage qui a voulu lecac net: il renvoya Tfu-Lu pour le
* voir; mais le vieillard étoit déja dans
les champs 3 il chargea fes domef- atiques de lui rapporter de la part defou maître le difcouts fuivant:
Si un homme (age a les bellesqualités nécefsairespour le bon gou-
vernement, 8c qu’il refufe de s’en
i charger, il ne fait pas ce que la droi-te raifon 8c l’équité exigent. Votre
pas Sen-tenu s. 591-. maître, en me préfentant hier fias’ deux fils, a fait voir qu’il faut ob-
i ’iferver la poîitefse prefctite entre leplus âgé 8L le plus jeune; mais com-
p ment peut-il négliger les rapportsd’équité qui font entre le roi 85 les
i fuies? Vous me direz qu’il veuti ranimer une vie innocentesi fans cri-
, me , 8: que pour parvenir àfon butil fait le fiecle 8c les dignités; maisen afpirant à cette perfeétion il ten-
i vïverf’ e tourie grand ordre de la con-
; dition humaine , puifqu’il ne rem-split pas ce que l’équité ptefcriç au
(11th envers fou roi. Ainfi le fagel recherche 81 accepte les magma-avA turcs, mon pour s’enrichir ou pour
I î s’élever , mais pour remplir ce que
l’équité lui prefcrit.
i Vous ajouterez peut-être que la
392 L n L I v R E -fcienccde bien vivre8: de bien gothvetner cil aujourd’hui dédaignée
par»tout, 8c que c’ef’r en vain qu’on
l’enfeigne : je le fais bien 3 maiscela m’autorifc-t-il à négliger ceque l’équité exige de moi? i
I I. Les annales de l’empire fontmention de feptluommes illulires,Pé-Y, Xao-CV , Yu-Chum , Y-Yé ,
Chu-Clmm , LieuHia-Hoéi , X00-Lien, qui, ayant méprisé le monde,
vécurent inconnus , se menerentune vie privée; mais comme il yavoit beaucoup de différence dansleurs mœurs &leurs aélions , Con-fucius en parloit ainfi z
Pé-Y 3c Xao-Cy furent drux il-luflresiperfonnages dont l’efprit nes’abaifsa jamais à des objets vils 8c
abjeéis , 86 dont les mœurs furent
pas Siam-rimons. 59;. fans reproche. On dit au contraireque Lieu-Hia-Hoéi 5C Xoo-Lien ,
’ par condefcendance 8c pour fe con-former au goût 8c à. la vie des au:tres , ne dédaignoient pas de s’occu-
per de choies abjectes , 8C fe per-i mettoient même quelquefois des
q cbofes qui pouvoient imprimer une. efpece de tache a la pureté de leursmœurs. Il n’y avoit pourtant dans
j leurs difcouts rien qui fût contraire* à la droite raifon , ni dans leurs ac-, rions rien (l’opposé à ce que l’équité
prefcrit , 8c c’ef’t en cela que leur vie
efi: remarquable. AV On dit enfaîte queYu-Chum 8c
i’ .Y-Yé, pour (e dérober à toute efpe-
i cede célébrité, ne s’étoient occupés
si qUe (Tenir-mêmes ,’ 81 que de plus
, ils s’étaient permis de parler beauv
394. L r L r v- u Ecoup trop: cependant lorfqu’ils vi-voient ninfi , leurs aérions ne s’écar-
toient point des regles de la vie, nilaurs paroles des loix de l’équité.
Quant à moi, il s’en faut beau-
coup que je peule comme eux , carje ne m’attache point opiniâtrément
à une feule maniere d’être. Il y adans cette vie des choies qu’il con-
vient de faire, d’autres qu’il ne con-
vient pas de faire Je recherche Sej’accepte une magiiltature lorfquecela convient, Br je ne la rechercheni ne l’accepte lorfqu’il ne convient
ni de la rechercher ni de-l’acceptel’.
1 2. Autrefois lorfque le roi étoit
à table, à chaque nouveau mets qui
fe fervoit on donnoit uniconcert»différent , 8: chaque mets avoit fou .
préfet de la inufique. Lorfque les
DES SENTENCES. 395Vittois familles nobles Ki , X0 86:Mem eurent rempli le royaume de
ï ’L trouble, & qu’elles ufurperent l’au-
torité du roi de Lu fur les rites 8Lfur la mulique, 8L que par consé-quent la. muflque du roi ne confer-jva ni (es ufages ni fes rites , tous lespréfets dela mufique fe difperfetcnt
dans différentes contrées, Chi,pre-*mlCl’ prélident du tribunal de la mu-
fique , fe retira dans le royaume de-Cy; K03. , préfident de la mufiquedu fecond mets, dans le royaume de
i .T’foug Léao , préfident de la mulè
que du troifieme mets,clans le royau-’ me de Tfays Kivé, préfident de la
amuliq’uedu quatrieme mets, dans le
royaume de Cin ou de Xenfi; Fan-Xo, préfet des tamboLIrs, laville
«le Ho-Nuy; Vu, le préfet des cym-
3-96 t E L 1 v R inbales 8c des filires , dans la ville deHan-chum; 8C Yam, afsefseur dupremier préfident de la mufique 8cpréfet des infir’uments faits avec les
pierres [ancres , fe retira dans la
ville de Hay«Tao. II 3. Le prince Cheu-Kum , fur
le point de déclarerfon fils Pé-Kin
héritier du royaume de Lu , lui par-
. loir ainfi : Gravez profondémentdans votre efprit ces quatre prin-cipes fondamentaux dans un royau-
me : *1°». Un prince fage ne doit nilaifser fes parents fans honneurs ni
les aimer foiblement. ..2°. Ilne doit point par fadéfiance
donner fuj et aux premiers iniiiifiresde fe plaindre 3C de s’irriter.
3°. Il ne doit pas laifser dans
DES ssNrrths. 3975’ l’oubli, ou fans dignités, les clef-
vclendants desfamellcs diflinguées ,
moins que leur méchanceté oui leur perfidie ne les en exclue.
L 4°. Il ne faut ni exiger ni Cfpé-ter d’un homme une perfeé’tionab-
i .folue. a L14.. Sous la dynallie des Cheuarriva une chofe extraordinaire;
- une femme eut huit enfants , tousgemeaux, qui le rendirent célcbrespar leur fagefse.
AvRTICLE’XIXM’Quzzlités d’un véritalvr’e difcipl’e de
’ b laflzgefse, ê’fii devoirs. Reglex
pouf enfiigner le: autres. Çrizi-que 6’ louange de Confucius.
r. Tsu-CHAM , difciple de C911;
’ L I
598 LE LIVREfucius, difoit: On doit regarder.comme un vrai difciple de la fa-gefse celui qui, a la vue d’un dan-
ger , ne craint point de facrifier favie; qui, à la vue du gain, ne vifequ’a l’équité; qui, dans les céré-.
monies de cy, n’efi occupé qu’à les
remplir avec le refpeéi prefcrit 5 ê:qui , dans les funérailles , n’eI’t oc-
cupé que de fa douleur.
a. Le même TfuCham difoit :Celui qui embrafse la vertu avecpeu d’efprit , 8c qui reçoit la doc-
trine avec un coeur inconfiant ,n’augmente point pendant fa vie le
nombre des vivants 8c ne le dimi-nue point à fa mort. On ne peutdonc regarder cet homme ni com-me rien ni comme quelque chofe.
a. TfquhamSc Tfu-I-Iia, de dif-
D us SENTrNcrs. 399’ciples de Confucius qu’ils étoient ,,
devinrent maîtres. Un difciple deTfu-I-Iia demanda à Tfu-Cham enquoi confrIloit la regle de la fociété
’ humaine.
i , Qu’en peuchfu-I-liavotremai-tre? répondit Tfu-Cham.
Le voici , répondit le difciple :Fréquenrez les hommes de mérite;
évitez ceux qui nïen ont point.Ce que l’on m’a enfeigné efi; bien
différent, répliqua Tfu-Cham; levoici ’z Le [age cultive les fages 8cv
vit avec le vulgaire; il loue les gensde bien 8: plaint les méchants ,
.parcequ’il dit en lui-même: Si jefuis très fage , il faut bien que je
p vive avec ceux qui le font moins 51* fans cela les fagcs ne m’admct-» rioient pas f1 je n’étois pas (age.
LI ij
400 LE LIVREComment concilier cette doc’lrineavec celle de votre maître qui ditqu’il faut fuir la fociété des hom-
mes fans mérite ?
4. Tfu-Hia difoit: Quoique lespetites pi’ofeflions de laboureurs ,de jardiniers, de médecins ,- méri?
tent quelque coniidération , cepen-dant li quelques uns de ceux qui lesexercent, étendant plus loin leurs
vues, afpirent aux magiliratures,je crains bien que leur exercice neles détourne deleur objet : c’eIl pour
cela que l’éleve de la fagefse ne s’y
applique point.5. Celui qui peut apprendre cha-
que jour ce qu’il n’a pu encore fae
voir, 8c qui recueille tous les moisce qu’il a pu apprendre, celui-làaime véritablement a apprendre.
DES StnrrNers. 4er. 6. Si vous voulez parvenir à la
’ piété, ou à laparfaite droituredu
coàur , apprenez beaucoup , affer-mifsez-vous dans votre clefsein ,examinez chaque chofe, appliquez-vous tout. Ces quatre maximes bienobfervées conduifentsùremenr a lapiété.
7; Comme les ouvriers refrentconflammentdans leur attelierjuf- .,qu’a ce qu’ils aient fini leur ouvra-
ge , de même les difciples de la la:gefse doivent persévérer dans l’é-
rude desfciences jufqu’à ce qu’ils
foient parvenus à la perfection dela vertu.
8. Les petits.hommes , au lieude le corriger de leurs fautes , tâ-.client (le les couvrir ou d’en faire
des aères de vertu. iLI iij
404. L E L 1 v il i9. Le [age femble dans le com-
merce de la vie éprouver trois chan-’
gements. Lorfque vous le voyez de10m, il paroit grave 86 séVCre; lorf-
que vous lui parlez, il eIi poli 8cbienveillant; lorfque vous l’écou-
tez long-temps , il ell droit 8c confL
tant. p.1 o. Lorfqu’un (age ininifl’re a
bien convaincu le peuple de fa boir-ne volonté, il peut fans peine luiprefcrire des travaux; fi le peuplefufpeéÏe fa bienveillance , il fe croitiinjuf’tement vexé: lurfqu’enfuite il
a bien convaincu le prince de fouzele pour fou fervice , il peut luidonner des avis; car f1 le roi doute[de fou zele, il recevrales avis com-me des reproches 8c comme des ou-
x trages. A
Dis SÉNTENCI s. 4è;
1 I. Dans les choies de consé-(Incnce , le lège ne doit Point on-trcpafse’r les bornes de fa charge;
mais il peut être moins rigide dansles cliofcs peu importantes.
I i. Tfu4Yéll , clifciple de Con;lutins , représhqit à TÎu-Hià de,
IliCllfClgan que des choies Peu in];Porrantes à [es difciples. Cette p»;
tire trbupe de difcîples de TfiiJ-liaclifoit-il , fait très bien comment il
A faut arrofcr 51 balayer le gymnafc’;
comment il faut téponclrc modale-ment aux hôtes 8C les conduire àleur place : mais ce n’el’c là que la
l moindre 8: là aeruicre partie (le lafagefsc; car sils n’ont pas la pre-
micre se la principale qui confiâtdans la parfaite droiture du meut,
’ à quoi fervent ces petits devoirs del’urbanité?
404. .113 LIVRr.Tfu -Yen. fe trompe fort, dit
Tfu-l-lia: n’y a-t-il Pas dans l’étude
de la fagefse des cliofes qu’il faut
d’abord enfeigner fans ellbrt, 81d’autres qui demandent Plus d’an
Plîcation , 84 qui doivent leur fuc-céder? Un maître ne. doit-il’Pas
s’accommoder à larcapacité de fes
difciples? il y a entre eux les mê-mes diliérences qu’entre lesplantes.
Un maître ne trompera-vil Pas [esdifciPles , fi , lorefqu’ils font encore
dans un état d’ignorance, il leurenfeigne des choies élevéesv& diffi-
ciles? , . IMais le (age peut-i1 tromper lesdifciples s’il leur enfeigne la faïence
de la fagefse? Or’il n’appartientqu’à l’homme Parfaitrd’embrafser
là-fcience de la, fagefse dePuis les
DES SENTENCES. 40’;
Premiers principes jufqu’aux der-
mers 113. Lorfque le préfet a remplitous les devoirs de fa charge, difoitTfu-I-Iia, s’il lui relie encore (li-sforces 6c du temps , qu’il l’emploie.
à l’étude des lettres; 8s: que celui
qui étudie les feiences , loriqu’il a;
rempli la tâche, étudie les devoirsdu Préfet s’il lui relie encore du
temps 8: des forces.14. Tfu -Yen difoit :.Il friflit
dans les devoirs funebres de mon-trer une vraie douleur.
15. Il difoit deTlii-Clram: Ilfait fans difficulté ce que les autresne feroient qu’avec peine-5 mais iln’a Point encore acquis la piété.
1 K. Un autre difciple , nommé
*.Tfuin , difoit; Notre cher THI-
406 L 13 L I v 11 ECbam a un air de gravité irnpofan;te; mais il n’a pu donner aux autresla Piéte’ ni la recevoir d’eux.
17. Selon le même TCum , Con-fucius difoit’: Il el’t très difficile de
voir un homme qui fafse des 364tions ordinaires avec toute l’appli-
L cation 8C toute l’affection dontil cil:
capable; mais fi nous voulons voirun homme qui agit avec toute l’at-tention de [on eÎFrit 8: toute l’af-
feé’tion de fou eœur,jettons les yeux
fur celui qui rend à [on pere 8c à fa
mere les devoirs funebres.18. Le même difciple, Pour cen-
furer le Peu d’égards du Préfet Ki
pour fes Parents , louoit ainfi Menu.Chum qui ne manquoit à aucun.Confucius notre maître difoit: L’o-
béifsauce 8: le rclbeë’r de Mem«
DES SENTB’N ces. 407wi :Glrumvpour fespa’reuts fur fingulier-
8c admirable 5 cependant on peut,V l’imiter : mais qu’il n’ait rien chan-
gé ni dans les préfets fournis à fou.PCI’C nidans la forme d’adminil’rra-
n fion qu’il avoit établie , voilà cequ’il cpt très difficile d’imiter.
19. Mem , miniflre duroyaLimeLu , nomma Yann-Pu préfidentdelajuliicesrcelui-ci allatrouverfon
umaîrre Tfem pour lui demander cequ’il devoit faire pour bien s’ac-
quitter de fa charge. tIl y a. long-temps , lui dit Tfenr,’
’ une les préfets nedonnenr plus l’e-
" ïxeinple 8c que les peuples ne prati-’”’c1uent plus la vertu 5 ,ainfi dans l’e-
xamen des accusés , fi vous décou.-’
v’vrez qu’ils [ont coupables , gardez-
i; igfvroustde vous en réjouir; foyez au.
408 I. E L r v R econtraire pénétré de compaflion
pour le coupable , 8L ayez pour luitoute la clémence pollible.
2 o. Le difciple Tfu-Kum difoit:Quoique l’empereur Cheu ne fûtpas aulli méchant qu’on le dit, ce.-pendant’, parcequ’il a laifsé un 5110m
.odieux7il n’y a point de crime qu’on
ne lui impute. Voilà pourquoi leÎ[age ne craint rien tant que de rom-ber au dernier degré de la méchan-
ceté, de peut qu’on ne lui attribue
tous les crimes.p 7.1. Le même Tilt-Kum difoit:Les fautes du fage [ont femblablesaux éclipfes du foleil ça de la lune;
Jour le monde peut les voir , car ilneles cache pas; &lorliqu’il les aréparées , tout le monde l’admire
comme auparavant i 3.6 somme. S’il
DES SEhNTIîNCES. 409’
n’avoir point commis de fautes ,1ainfi que l’on admire le foleil 8C la
lune après une éclipfe comme au-
paravant.11. Kum-SumaChéo , premier
miuil’tre du royaume de Guéi , fit
cette qu’el’rion à "fin-Kum z OLi
Confucius votre maître a-t-il pupuifer toutes les connoifsances qu”il
polsede?Tfu-Kum lui répondit: Le fage
gouvernement des fages princesYen-Van] 81 Vil-Vain n’eft pas en«
core anéanti fur la terre 5 il exilieencore des hommes qui en confer-Vent le fonvenir 8: les principes :
’ les plus habiles connoifsent ce qu’il
» renferme de plus important , 86 les iinouïs-habiles ce qu’il y, a. de moins
important. Voilà pourquoi il n’y a.
M in
4m L a L 1 v R Iperforme en qui l’on ne trouve la«doctrine 81 la difcipline de ces prin-
ces. Il n’y a clone point de lieu ounotre maître ne pût l’apprendre , ni
de perforines qui ne puifserit la luienfeigner, 8C ilpouvoit trouver par.-tout des maîtres capables de l’en
infiruire. i, ;. Xo-Sun-Vu-Xo , premier
minillre du royaume de Lu , étantdans le «palais avec les autres mi-milites , parloit ainfi de Confucius ;Jefuis étonné des louanges que l’on
donne à Confucius 5 j’avoue que
Tfu-Kum me paroit beaucoup plus
(age que lui. pLe minifire T’fu-Fo-Kum-Pé le
rapporta à "fin-Kum , qui dit; Moi l
plus luge que Confucius l Je fuiscomme un mur qui ne ,S’Élcve pas
DES SEN-TENUES. 411-a’u-defsus desépaules des hommes,
8L par conséquent on peut fans peiè
ne’voir de dehors tout ce qu’il ren-
fcrmer. mais Confucius, par la. fu-’
blimité de fa doârine se de fa ver-tu ,-ei’t comme un mur qui s’éleve
à la hauteur de plufieurs toifes 5.aiufi fi l’onn’entre par la porte, on
A ne peutvoir la magnificence du paw’lais impérial qu’il renferme , ni l’au:
gufie fomptuofitédes grands. Or ily a peu de perfonnes qui puifse’n’tî
’eutrer par la porte de la :naiforr de
Confucius: ainfi il ne faut pas se?remuer de ce que Xo-Su’n-Vu-Xo
dit fur ce fage.V . 14. Un jourcemême mînifire at-’ . taquoit la réputation de Confucius; v
T .C’ell: en vain , lui dit Tfu-Kum,que vous aboyez contre la réputa-
M m ij,
4m. L r L I-V R Etien de Confucius 5 fa cloçî’triue cil
à l’épreuve de la malignité des dé-
traéieurs: tous les autres [ages fontfem’elables a ces hauteurs ou à ces
collines que l’on peut facilementmonter 8c traverfer; Confucius cit .comme le foleil 8: la lune, auxquelson ne peut atteindre. Queleclétrac-teur rejettetaut qu’il voudra fa clocè
trine , il ne fera que manifelier fouignorance 8c fou imbécillité: peut-
il nuire au foleil ou à la lune?2;. Chin-Tfu-Kin, difciple de-
Confucius , converfant avec foucondi fciple Tfu-Kum, parloit ainlirde Confucius : Vous avez une vé-nération 8c une admiration eXtrême
pour Confucius; mais en quoi, jevous prie, vous cit-il friperieur?
Tfu-Kum lui répondit avec co-.
DES SENTENCES. 4c;1ere: Une feule parole peut faire ju-ger f1 un difciple de la fageflnr eli
. prudent ou impr udenr; 84 c’cllpour
cela qu’il parle avec circonfpec-vtien. Sachez que votre maître Con-fucius CR parvenu à un degré de
fagefse ou performe ne peut par;venir: il cit inacceflible comme leciel.
7.6. En effet , donnez-lui unroyaume à gouverner, St bientôtvous verrez rétablir ce que l’on ap-
pelle Ies foutiens de la vie humai-.ne, les campagnes , les villes, lesbourgs, ériger des palelires pourl’inflrué’tion 86 pourles mœurs, pro-
curer la paix 8C la tranquillité-publi-
. que par la réduâion de plufieurs A
peuples; gagner le coeur de tousceux qui font en difsention , 8c les
Mm iij
par L r. L 1 v a aramener à la concorde; enfin peu-dant fa vie tout le monde le loueracomme maître de la lagefse, 86 à
fa mort on le pleurera comme lepere de la patrie: qui pourroit doncs’élever jufqu’à la hauteur de fa fa-
gefse? ’
A R T 1 c L E XLa firite 6’ les commencements des
empereurrYao-Xun, Yu , Chim-Tam , Vu-Vam ; de quelquesunes de: qualité: du [Jan gouver-nement , 6’ des rites du mauvais.
I. LE fage gouvernement desanciens empereurs étoit exactementconforme à la doctrine de Confu-cius. Voici comment l’hifiorienl’expofC.
Drs SENTENCES. 415L’empereur Y-A-O, en remet-
tant l’empire a Chun , lui dit :Prince Chun , le ciel, qui rcgle lafucaeflion des empires, vous tranfü
mer aujourd’hui levmien; je vousV recommande fur-tout de faifir levrai milieu de la vertu, 8C de ne jarmais vous en écarter : autrementvous attirerez les périls 8c les cala-mités fur tous ces peuples difpersés
v entre les quatremers; vous les por-terez à la fureur 8C à la sédition, 8c
vous perdrez pour toujours la pirif-sauce de l’empire que le ’ciel vous
avoit confié. L’empereur Chun ,
en remettant l’empire auprince Yu,
lui tint le même difcours.z. Lorfque Chim-Tam , autre- A
ment Ly, premier empereur de lal» ,- famille des Xam ( ou chum), eut
a! 6 L r L I v R rdétrôné Kié , dernier empereur de
la famille des Hia, il parla ainli auxrois Se aux princes afsemblés :
Long-temps avant que j’eufseréfolu de prendre les armes pourdélivrer l’empire de la tyrannie, 8C
tandis que je n’étois encore qu’un
enfant , j’ofai facrifier un veau noir
comme la famille des Hia, 8a demoi-même je m’adrefsai a l’efprit
qui remplit la hauteur des cieux 8Cqui pénetre la profondeur de la ter-re, c’el’t-à dire au maître du ciel,
8: je lui par lai ainli :L’empereur Kié a Commis bien
des crimesî je n’ofe ni les excufer
ni les diliimuler: les (ages font vé-
ritablement les grands du ciel quigouverne, ou plutôt, ô gentlemen&maître du ciel, ce font vos grands.
DES SENTENCES. 4:7L J e ne dois donc pas permettre qu’ils
pafsent leur vie dans l’obfcurite’ 66
dans l’inutilité fans honneurs 8C
fans magii’cratures. O feigneur du
ciel! je ne me propofe que ce quevous voulez au que vous ordon-nez: comment oferois-je m’y op-
pofer? 4 LVoilà ce que je fis alors; f1 j’ai
commis une faute , elle cit denmoifeul, 85 tous ces peuples n’y ont au-
cune part : mais aujourd’huifi ces
peuples font des fautes , elles [ontfur mon compte , parceque je les l
conduis mal. * , ,3. Vil-Vain, le fondateurde lady-
nallie des Cheu, allant combattre le. dernier empereur de la dynamo desi in ou Xam, commençafa marche.3 par une magnifique l,tnunificence
l
41 8 L r L I v R r. vpour les peuples qui étoient réduits
à la mifere; il fit diiirib’uer du bled
85 de l’argent; mais il en donna da-
vantage aux plus gens de bien. Lorf-qu’il alla combattre l’empereurCheu , il parla ainli a fou armée:
cc Cheu notre ennemi a une ar-’
se niée très nombreufe; mais il y a
et parmi cette multitude peu de fu-c’x jets fideles 8c gr us de bien: ainfi
s: cette multitude d’hommes mé-i chants 85 fans fidélité ne peut ré-
Es filier à not’rearmée peu nombreu-’
6’: fe , v mais composée d’hommes
a.
a: pieux 8?. fideles; pourquoi doncce différons-nous àl’at’taquer? Les
en murmures des peuples,leursplain4cc t’es , leurs foupirs croifsenr tous-
è! les jours; je me reproche ma len-’
a teur, 86 c’eli à moi feul que l’on
DES fisnrrucrs. 419a: impute les crimes qu’ils commet:
né tenu a) .qla. Aprêsla mort de Cheu, Vu-
Vam affermit fou empire, Secour-rnençaàrétablir l’ancien gouverne-
ment prefque anéanti. Il rétablit"l’exaé’titude dans les poids 81 dans
les IllciierS: il examina les loirles remit en vigueur: il fitrevivre lesdroits 8c les devoirs des magillrats.
Alors on vit le bon gouverne:ment refleurir dans tout l’empirey faire régnerle bonheur. Il renditenflure aux defçendants des anciens
empereurs les, royaumes qu’ils a-voient, 31 les donna à leurs proches
’ parentslorfqu’ils n’avoieut pas légif-
v s’é de p’or’lérité. Ilélevaaux dignités r
. les hommes liages qui vivoient dans. l’pbfcuritc’ 3.6.conf0hdus avale Plus
420 L la L r v r abas vulgaire. A’la vue de ce fanggouvernement , tous les peuples del’empire furent pénétrés de vénéra-
tion 8c remplis d’amour pour vu;Van], 8c fe fournirent à lui de leurpropre mouvement.
Il ’ s’occuper» principalement de
trois choies; 2°.rde procurer auxpeuples tout ce qui étoit nécefsairer
pour une fubfifiance commode;2°. de prefcrire les rites des funé-railles; 3°. de réglerles cérémonies".
5; Enfuite l’liiilorieu, réfumant q
le gouvernement de tous ces empe-reurs, conclut aïoli : Il faut doncqu’un prince,pour bien gouverner,pofsede quatre vertus , la bonté , lalincérité , l’exactitude , l’équité; Par
fa bonté il. le concilie l’amour detout le "monde Ü; par ’ fa fincérité il
Drs Bizarreries s. 411’gagne la confiance; par fou exaé’ti-
rude il conduit bien les affaires pu-bliques; par fon équité ill-î’infpire
tout lemonde la iincérité 6C la fa-
tisfaâion qui en eii inséparable.6’. Le difciple Tfu-Cham fit un
jour cette quel’tilon à Confucius:
Que doit faire un prince fage pourbien adminilirer fou royaume?
Qu’il pratique cinq vertus, 8Cqu’il évite quatre vices.
Quelles font les cinq vertus? dit
Tfu-Cham. . U’ Les voici, ditConfucius: Qu’il
fait bienfaifant fans frais 8c fans dé-
penfe; qu’il exige les travaux ou les
corvées fans faire murmurer lespeuples; qu’il defire fans avarice; iqu’il [oit magnanime fans orgueil,8c grave fans sévérité.
N n
au L r: Li v n n7. Qu’entendez-vous , je vous
prie, logique vous dites qu’il faut
que le prince foit bienfaifant fansfrais &fans dépeufe? ajoute Tfu-Charn.
Il y a, dit Confucius, des choiesdont le peuple tire fes profits 8c fou
ailante; tels font les champs , lesmaifons, les plantations des arbres,les troupeaux, &c. LOrfque le princeleur procure la facilité de faire CES"profits, n’en-i1 pas bienfaifantfans
dépenfe 8c fans frais? Lorfque leprince n’imp’ofe que les travaux que
la néceilite’ exige , &r qu’ils font ré-
partis avec équité, "performe ne s’ir-
rite ninemurm ure. Lorfqu’unprin-ce defire ardemment la piété a: qu’il
l’obtient, rappelleroit-on par ha-fard avare parcequ’il auroit obtenuce qu’il defiroit?
5373s SENT’ENCE s. . 41;
» Üc plus , un prince qui, com;mandant à des Peuples nombreuxouvà Un petit état , qui, traitant desaffaires d’unegrandeimportanéeou
ordinaires , préfcute toujours unfront doux Se ferein, u’efi-ii pas ma-
gnanime fans orgueil à Enfin unPrinceu’cfi-il Pas grave fans sévérité
lorfqu’on voit dans Yes habits tantde décence , sa de dignité fur fou
vifage, 8c dans [es yeux une’fplë’uh
dent viéuérablc-qui imprime dans le
cœur de tous ceux qui le voient lerefpcét 8c la crainte à
8. Préfeurement, dit TfulCham ,
quels font , je vous prie 5 les quatreviccsque le Princeld’oit évircf?
Les Voici ,1dit Confucius. 1°. Leprince qui u’iiif’ti’uitpas fou peuple,
a: qui, Iorfquiil commet des cri mes ,
42.4 Le LIVRE un sium»île fait mourir," cl): cruel. 1?. Celuiqui m’avertir pas" à temps de ce qu’il
Veut que l’onfafsc, 8c quivieut fur-.le-champ pour voir s’il cil fait ,Lce
Prince,dis-je,efiiuconfidéré. 5°; Cc-
lui qui liéfite 8C qui paroit indécis
en donnant ordre de faire une cho-fa, 8C qui, lorfque le temps de lafaire approche , en prefse Vivementl’exécution , ce Prince Cpt léger.
1 4°. Leprince avaredans la difiribu-tien des récompenfes méritées 6:9:
détenteilr injufie dluu dépôt.
9. Confucius clifoît z On ne peutparvenir à la fagefse fi l’on ne con-
naît pas la loi aludel ,ni s’affermit
dans la vertu-filon ignore les ritesIdel’lionnêteté, ni difcerner les horn-
mes fi l’aune fait pas l’art de parler.
L F I N.
TA B L EDES ARTICLES.
ARTICLE I. Du canadien: du (age , de fes-vertus, de fus devoirs, fait dans la vie
privée, foi: en public , page 9ÀRTICLE H. Devoirs d’un prince qui veut
bien gouverner , 8: d’un fils envers [es
pareurs , 1 rARTICLE 1H. Des rires concernant le cultedes patents morts , du culte des efprits,des loi): impériales , de la mulique, 4o
ARTICLE 1V. Dilïérence de l’hommepicuxn
avec celui qui ne l’ell pas; du Page 86 de
celui qui ne l’cli pas. Conduite 8:. (la.voiïs du lège. Devoirs d’un fils envers
[es parents , 69Aria-leus V. Des qualités , desvcrtus 8C (lesdéfauts de quelques-uns des difciples de
Confucius: de la difficulté de juger (iles autres ont la piété ou la parfaire
droiture du cœur, 79,ARTICLE V1. De la capacité de quelques v
4m T ’A B L Edifciples de Confucius pourle gouverne-ment g de leur ardeur pour apprendre 86pour faire des progrès; de la maniere (ledonner Se de recevoir; des devoirs de
la piété , - page 104.Anvers VIL Réflexions modelies de
Confucius fur lui-même; fa maniere devivre; éloges que fes difciples font de
lui , I 7.7ARTICLE VIH. iÉloges des anciens em-pereurs Ven-Vsm -Yu , Xcm . Y-A«O;
’ quelques maximes 8: avis du fage clifci
pie Tfem "Un; devoirs du [age , . 1 goARTICLE 1X. Dilfêrentes réflexions à la
louange de Confucius ô: de [a deârine a.(a modci’tie &fon humilité lori-qu’il rar-
loit de lui. Préceptes pour parvanir à la
fagelTe , 1 66’ARTICLE X. Des mœurs publiques 86 pri-
vées de Confucius, 18!)ARTlCiE XI. Obfervnrions 36 jugement
de Confuciusifur (es damnes, 206ARTICLE XIT. Des moyens de cultiver la
piété , de gouverner le peuple , d’exiger
DES ARTICLES. 427les tributs, ô: d’ajouter à (es vertus (le
i nouvelles vertus , page 2.51AnT1CLEXIH.laiituélionspourbien gou-
vemer. Qualités 8e vertus riéceflairespour FOrmcrl’lIomme pieux &fage, 1 5 5
ARTICLE XIV. Devoirs du (age. Provi-i dence duciel fur les royaumes. Carac-tere de l’homme parfait. Conduite .5:qualités d’un minime. Vertus du lège ,.
i ’ l79ÂRTICLF. XV. DiHêrcntés maximes fin les
vertus du (age 8: fur Part de gouverner ,
i l i y r 314AvKTICLE XVI. Obligation de détournerles rois de toute guerreinjni’ce. Dangers
8: malheur d’un mauvais gouverne-ment. Trois fortes d’amis utiles à: trois.
fortes d’amis dangereux. De quoi le lugedoit fi: garantir, Se à quoi il (loi! peufef-CommentCon Fucius infiruifoir fonfils ,.
,. i sa;ARTICLE XVII. Jugement de ConfuciusfurquIelques minimes foulevés contreleurs maîtres. Cinq vertus nécelfaircs
418 TABLE DE S ART-1C LE S.I (dans un prince. Six belles maximes 8:
leurs fis défauts. Louange ü utilité du
livre des poêlics. Deuil de trois ans pourle pet-e 8c pour la marc. Dilïêrenrsgenrcsd’hommes odieux ou méprifables , .
V page 55TARTICLE XVIII. Éloges de quelques prin-
v ces ô: de quelques miniftrcs anciens; lesagréments des femmes, funefies au bon
gouvernement. ACtions de quelques fa-ges qui menoient une vie obfcure. Pré-fets de la mulîque dans les repas. Quel-
ques regles pour le bon gouvernement ,
577ARTICLE XIX. Qualités d’un véritable
I difciple de la fagelÎe, fes devoirs.Reglesvpour enfeigner les autres. Criti-que 8: louange de Confucius , 597
ARTICLE XX. La fuite 8c les commence-ments des empereurs Yao -Xun, Yu ,ÇlIim-Tam , VII-Vam 3 de quelques-unesdes qualités du bon gouvet