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Le printemps Arabe Problématique : Quels sont les facteurs qui ont permis un tel engouement des mouvements arabes et quel impact ont-ils sur l’avenir ? Introduction En l’espace de quelques semaines et au prix de plusieurs milliers de morts, les populations tunisienne et égyptienne sont parvenues à destituer les dirigeants en place. Telle une rumeur, ce mouvement qui paraissait au début anodin à rapidement gagné en ampleur pour finalement s’étendre aux autres pays arabes dont le Maroc, la Syrie mais encore le Yémen ou Bahreïn pour n’en citer que quelques un. Puis vient le tour de la Libye. Pays qui, grâce à l’appui des puissances européennes et notamment la France, est parvenu après des mois de luttes acharnées à faire renverser un des plus cruels despotes de la planète, Mouammar Kadhafi. Partout, grâce au soutien parfois inattendu de l’armée et au rôle majeur des réseaux sociaux et des médias, s’est développé ce souffle d’espoir. La liberté était en marche. Même dans les pays totalitaires dont la Libye ou les plus riches avec par exemple Bahreïn. Malgré les arrestations d’opposants, les tirs sur ces derniers. Rien, ni même la plus extrême des violences n’a pu stopper l’élan de centaines de milliers de personnes arborant les rues animées par ce désir de liberté. Désir qu’ils osaient enfin clamer. Bercé par ce vent de changement qui paraissait impossible à arrêter, certains acteurs ce cette révolution se sont peut être vu trop beau trop rapidement. Certains gouvernements comme en Syrie demeurent, et dans les pays où ceux-ci ont été renversés, tout reste à faire. Mais quel avenir ? En Libye, l’intervention de l’Otan a été plus que nécessaire pour permettre aux rebelles de peu à peu prendre le dessus sur les forces du Colonel Kadhafi. Jusqu’à, il y a quelques jours, exécutés celui-ci, mettant alors fin au symbole de l’oppression dans ce pays. Mais que va-t-il advenir de pays comme la Syrie où le peuple n’est pas en mesure de prendre le contrôle et où toute assistance armée est impossible et impensable. Reste maintenant les pays où les gouvernements ont été mis à bas mais pourtant, où tant reste à faire. C’est le cas du précurseur de ce mouvement, la Tunisie mais aussi de l’Egypte. Surgit alors une question, l’écrasement du « printemps des peuples » de 1848 va-t-il se répéter ? Une majorité de personnes dont les spécialistes en sont convaincus. Parmi ces pessimistes, il est possible de distinguer plusieurs critères. Ceux qui pensent que les peuples arabes ne sont pas prêts pour accueillir la démocratie, ceux qui mettent en avant la menace islamiste, ceux qui ont pour intime conviction que tout mouvement excédant une semaine est inexorablement voué à l’échec. Mais notre histoire de France est là, comme témoin, pour nous rappeler qu’un an après la prise de la Bastille, la monarchie subsistait encore.

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Le printemps Arabe

Problématique :

Quels sont les facteurs qui ont permis un tel engouement des

mouvements arabes et quel impact ont-ils sur l’avenir ?

Introduction

En l’espace de quelques semaines et au prix de plusieurs milliers de morts, les populations

tunisienne et égyptienne sont parvenues à destituer les dirigeants en place. Telle une rumeur, ce

mouvement qui paraissait au début anodin à rapidement gagné en ampleur pour finalement

s’étendre aux autres pays arabes dont le Maroc, la Syrie mais encore le Yémen ou Bahreïn pour n’en

citer que quelques un. Puis vient le tour de la Libye. Pays qui, grâce à l’appui des puissances

européennes et notamment la France, est parvenu après des mois de luttes acharnées à faire

renverser un des plus cruels despotes de la planète, Mouammar Kadhafi. Partout, grâce au soutien

parfois inattendu de l’armée et au rôle majeur des réseaux sociaux et des médias, s’est développé ce

souffle d’espoir. La liberté était en marche. Même dans les pays totalitaires dont la Libye ou les plus

riches avec par exemple Bahreïn. Malgré les arrestations d’opposants, les tirs sur ces derniers. Rien,

ni même la plus extrême des violences n’a pu stopper l’élan de centaines de milliers de personnes

arborant les rues animées par ce désir de liberté. Désir qu’ils osaient enfin clamer. Bercé par ce vent

de changement qui paraissait impossible à arrêter, certains acteurs ce cette révolution se sont peut

être vu trop beau trop rapidement. Certains gouvernements comme en Syrie demeurent, et dans les

pays où ceux-ci ont été renversés, tout reste à faire. Mais quel avenir ?

En Libye, l’intervention de l’Otan a été plus que nécessaire pour permettre aux rebelles de

peu à peu prendre le dessus sur les forces du Colonel Kadhafi. Jusqu’à, il y a quelques jours, exécutés

celui-ci, mettant alors fin au symbole de l’oppression dans ce pays. Mais que va-t-il advenir de pays

comme la Syrie où le peuple n’est pas en mesure de prendre le contrôle et où toute assistance armée

est impossible et impensable. Reste maintenant les pays où les gouvernements ont été mis à bas

mais pourtant, où tant reste à faire. C’est le cas du précurseur de ce mouvement, la Tunisie mais

aussi de l’Egypte.

Surgit alors une question, l’écrasement du « printemps des peuples » de 1848 va-t-il se

répéter ? Une majorité de personnes dont les spécialistes en sont convaincus. Parmi ces pessimistes,

il est possible de distinguer plusieurs critères. Ceux qui pensent que les peuples arabes ne sont pas

prêts pour accueillir la démocratie, ceux qui mettent en avant la menace islamiste, ceux qui ont pour

intime conviction que tout mouvement excédant une semaine est inexorablement voué à l’échec.

Mais notre histoire de France est là, comme témoin, pour nous rappeler qu’un an après la prise de la

Bastille, la monarchie subsistait encore.

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I°/ Les prémices et caractéristiques du mouvement.

Telle une traînée de poudre, les révoltes qui ont eu pour base la Tunisie et l’Egypte ont peu à

peu embrasé l’ensemble du monde arabe. Très peu de pays ont été épargné et en dépit de

nombreuses obstacles, un nouvel ère s’annonce dans les pays libérés du joug de leurs dirigeants.

Cette partie du monde a été bouleversé par ces évènements. Il en va de même pour l’Europe

qui a vu de nombreux réfugiés Libyens prendre d’assaut ses côtes. On peut évoquer le cas de l’île de

Lampedusa. Mouvement d’ampleur donc considérable. Mais sur quoi est-il fondé ?

Quelques éléments précurseurs

Il convient de remettre au goût du jour un facteur, il s’agit des raisons historiques. Plus que la défaite

de 1948 face aux juifs en quête d’une terre d’exil après l’atrocité de l’holocauste, c’est la défaite de la

Guerre des 6 jours qui a durablement marqué une génération qui avait misé sur le nationalisme

arabe et sur un développement autonome le plus rapide possible.

Dans un grand nombre d’Etats Arabes ont pris place des régimes autocratiques dont l’incompétence

et l’inefficacité contraste avec la popularité, la prestance d’hommes tels qu’Habib Bourguiba ou

Gamal Abdel Nasser. Ces derniers, fervents acteurs de la difficile et longue émancipation de leurs

pays par rapport aux puissances coloniales incarnaient une certaine idée, fierté. Tandis que les

innombrables ressources de ces pays n’étaient pas exploitées au maximum de leur capacité en tant

que support au développement ; les peuples tergiversaient quant à l’orientation et composition de

leurs gouvernements. Fallait-il suivre les inspirations religieuses ou se tourner vers un régime

autoritaire, avec en figure de proue, un homme fort. Et, les populations ont tranché, guidé par les

intellectuels, préférant un régime autoritaire à un gouvernement islamiste.

Et c’est précisément cette absence de démocratie, de liberté, de possibilité d’intervenir dans

les choix de leurs pays qui conduit les peuples au soulèvement. Et quel désordre ! Entre des

intellectuels qui palabraient en vain dans le but d’imaginer une structure étatique en accord avec

leurs idéaux. Un gouvernement incapable de combler les attentes de son peuple et surtout ne

voulant pas céder et une population livrée à elle-même. On était en droit de craindre pour la stabilité

en Orient. La rapidité à laquelle le mouvement s’est étendu est en cause lorsqu’il s’agit d’évoquer les

organismes de surveillance. Ainsi quelques jours avant, l’Ambassadeur de France en Tunisie

n’émettait aucun signal alarmant quant à la conjoncture de l’époque.

La liberté, a bien été le vecteur de cette révolte. Mais révolte qui s’est propagé aussi

rapidement grâce à différents facteurs. Elévation du niveau de vie, nombre croissant d’étudiants

mais surtout, l’implication des médias et, fait nouveau, les réseaux sociaux. Ces derniers ont permis

une coordination des mouvements de manifestants grâce à la circulation instantanée et surtout sans

possibilité de contrôle de la part des gouvernements. Contrairement aux médias traditionnels, sous

le carcan exercé par les Etats.

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Concernant les problèmes proprement dit, ce sont en grande partie les problèmes d’ordres sociaux

qui entraîné les gens dans la rue. Imposition de réformes néolibérales source d’aggravation des

inégalités, une jeunesse en colère car sans perspectives d’avenir. Tout ce qui vient d’être évoqué

constitue de manière globale situations à l’orée de la révolte et les facteurs ayant abouti à celle-ci.

Divisé par la France et le Royaume-Uni, puissances victorieuses de la première guerre

mondiale, le monde arabe paie encore aujourd’hui le découpage colonial. Et le souvenir de cette

période, notamment de la promesse de création d’un « foyer national juif », est toujours ancré les

esprits. Que les États issus de la décolonisation aient hérité de frontières établies sur la base des

intérêts et des rivalités des anciennes puissances coloniales est un fait évident, et l’on imagine

aisément les problèmes posés aux nouveaux dirigeants, garants de la stabilité et de l’intérêt

nationaux. Ce problème est rendu plus complexe dans les pays arabes par l’évocation, à la fois

historique et sentimentale, des intérêts de la « nation arabe ».

Maintenant, il convient d’approfondir chacun des éléments listés précédemment. A propos

de la soudaineté du mouvement. Ce fait est aisément justifiable. Face au caractère autoritaire des

gouvernements alors en place, aucune préparation ou coordination de quelques natures que ce soit

n’était possible. Et pour preuve, les comportements adoptés par la population. Même en désaccord,

celle-ci a appris à ne jamais le manifester sauf en des occasions particulières comme en privé. C’est

l’explication principale à propos du manque de visibilité du mouvement. Aucun signe annonciateur

n’a pu filtrer. Subitement nous avons donc vu ces gens s’unir autour d’un mot, Liberté.

Venons-en maintenant à la jeunesse, véritable colonne vertébrale du mouvement et

particulièrement en Tunisie. C’est sa situation qui l’a poussé à prendre part aux événements. Ce

même sans coordination. Touchée par le chômage alors que dotée de nombreux diplômes, la

communication a pu s’établir facilement entre les groupes de manifestants et autres. Elle a

également par la suite reçu l’appui de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et des classes

moyennes. La jeunesse, soutenue de la sorte, et galvanisé par tant d’inégalités, par la violence

policière et l’absence de liberté à parfaitement joué son rôle. A noter que parmi la jeunesse, une

étude a prouvé qu’une majorité de cette dernière était composée en partie de jeunes hommes.

Présence simplement par 2 critères. Un sentiment de danger moins présent chez eux et une situation

familiale moins contraignante car célibataires pour la plupart. Manifester dans la rue étant de plus

pour eux le seul moyen d’exposer leurs problèmes.

II°/ Les éléments primordiaux de ce mouvement

Les relations Nord-Sud des pays méditerranéens

La Méditerranée constitue un enjeu économique et stratégique majeur pour les États riverains,

comme pour les voisins et pour toute puissance à vocation impériale. Du début du XIXe siècle jusqu'à

la moitié du XXe, la France et le Royaume-Uni ont dominé complètement la rive sud. A partir des

années 1950, la décolonisation a attiré d'autres acteurs, en particulier l'URSS et les États-Unis. La

Méditerranée est alors devenue un important espace d'affrontement pour les deux protagonistes de

la guerre froide. Le conflit israélo-arabe puis la guerre entre l'Irak et l'Iran ont eu également des

répercussions importantes. Les anciennes puissances coloniales, et plus largement l'Europe, se sont

trouvées politiquement marginalisées, même si les échanges économiques, culturels et humains ont

conservé une importance majeure.

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Au cours des trente années qui ont suivi, certains pays d’Europe dont la France, le Royaume-Uni,

l’Italie et l’Espagne ont fait fi de leur influence politique traditionnelle dans cette région. Malgré une

volonté criante de la part des gouvernements arabes de voir l’Europe s’impliquée de manière plus

importante dans le développement, le dialogue entre ces 2 parties n’a jamais été réellement existant

et efficace. On peut citer la tentative infructueuse d’appelle au dialogue après le choc pétrolier de

1973.

A travers l’instauration d’un dialogue et la volonté de créer des institutions homogènes, les

gouvernements de la rive Sud espèrent une synchronisation des niveaux de vie. Par l’instauration de

l’économie de marché, le libre-échange, la libre circulation des capitaux, ces dirigeants souhaitent

voir le niveau de leurs pays se développé et se rapprocher de la qualité de vie des pays de la rive

Nord. Interface entre les 2 rives, la Méditerranée constitue donc un enjeu économique fondamental.

Des essais ont déjà été tenté mais sans succès, nous pensons au traité de Barcelone de 1995 .Le

traité avait pour objectif d’établir une vraie coopération entre les 2 rives en participant notamment

au règlement des conflits et intervenant pour favoriser l’amélioration des relations entre l’Etat

Israélien et ses voisins.

Tout accord entre les pays composant les 2 rives n’étant pas simple est une chose, mais que ces

projets soient à cause des désaccords interarabes et intereuropéens en est une autre. Les

innombrables obstacles rencontrés quant à l’établissement d’un tel projet laissent planer le doute

sur l’efficacité de ce dernier. Et si projet il y avait, faudrait-il encore qu’il soit assez sérieux et appuyé

par les moyens nécessaires pour modifier de façon structurel les écarts entre Nord et Sud. Mais

l’expérience de ces 15 dernières années n’est pas pour nous donner raison au vu des résultats. Il faut

en effet plus que quelques actions de modernisation ou accord concernant les produits en

provenance du Sud pour éradiquer les poches de pauvreté, le chômage ou encore l’analphabétisme.

Le rôle de l’armée

Si en Tunisie, l’armée n’est pas intervenue, elle a en revanche joué un rôle déterminant en Egypte en

se portant notamment garante de la stabilité de la nation.

Pendant plus de 40 ans, le mot « armée » a résonné dans le monde arabe comme le synonyme de

coup d’état, de périodes troubles. Symbole d’un Etat fort, elle fut souvent l’instrument privilégié par

les dictateurs souvent issus de celle-ci pour prendre le pouvoir ou mettre au pas la population.

Opérant cette fois-ci un virage important, elle a été durant la révolution le principal soutien des

militants. Se désolidarisant de son gouvernement, l’armée égyptienne a porté les valeurs

revendiquées avec véhémence par les mécontents. L’armée, recours ultime des gouvernements

totalitaires changeait de bord et se ralliait au mouvement œuvrant pour la liberté. Comment

expliquer un tel revirement de situation ? L’armée ayant depuis toujours servit la volonté d’un

homme ou d’un gouvernement. Le peuple ayant toujours eu peur de celle-ci, jouant le rôle parfois

d’instrument de terreur. Cette fois-ci, la population a accueilli son intervention avec joie et réclamait

même son aide comme on a pu le voir en Tunisie et surtout, en Egypte.

Au vu de l’histoire, et de la place de l’armée dans la construction des états après la décolonisation,

les dirigeants arabes se méfiaient de cette dernière. C’est pourquoi ils ont cherché à se l’approprier.

Par l’attribution de privilèges économiques considérables, les gouvernements s’accordaient ainsi la

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fidélité de l’armée. En Egypte, cette politique coûteuse a été financée en grande partie par les Etats

Unis qui versaient des pots de vin aux généraux. Outre les privilèges économiques, ils se sont

également vu accorder des permis de construction, par exemple pour des centres commerciaux,

stations balnéaires et autres. Ils ont également pu intégrer les clubs très sélects de l’élite Cairote et

occuper de haute fonction dans l’administration. Ainsi traité, la menace potentielle que constituait

l’armée était ainsi écartée. Du moins c’est ce qu’Hosni Moubarak pensait.

En parallèle, les chefs d’État ont développé un système complexe d’appareils de sécurité

dirigés par des officiers de haut rang, lesquels se trouvaient entraînés dans une logique nouvelle :

leur mission de protection de l’État se métamorphosait en protection du régime. Ce glissement

s’observe partout, mais il fut surtout impulsé par des dirigeants eux-mêmes issus des rangs de

l’armée. Les services de sécurité assurent les missions de renseignement et de maintien de l’ordre ;

ils contrôlent au quotidien les activités des citoyens. Leur multiplication est la règle ; en bonne

logique sécuritaire, ils se surveillent mutuellement.

Ces agences de sécurité ont été particulièrement importantes car relais des revendications

des mécontents lors de la révolution. Au cours des dix années précédentes, les critiques de l’armée

envers le gouvernement d’Hosni Moubarak ont enflé. Elle critiquait le choix du chef de l’état quant

au fait de ne pas élire un vice-président. Elément posant problème car source de confusion et

d’inquiétudes pour l’avenir du pays. C’est aussi le choix de Moubarak d’imposer son fils, Gamal,

comme son successeur. Choix vivement critiqué car l’armée ne reconnaissait aucune légitimité dans

l’ascension de ce dernier au sommet du pouvoir. Pour finir, ce sont les privilèges accordés à un

noyau restreint d’hommes d’affaire qui pose problème aux militaires.

Vient alors le soulèvement, et se pose donc la question de l’attitude à adopter pour l’armée.

Soutenir le régime en place, ou forcer le Président à démissionner ? C’est la seconde option qui qui

représente l’avis général de celle-ci. Mais si elle souhaite voir Moubarak démissionner, l’armée fit

finalement preuve d’hésitation, ne se sentant pas de démettre celui-ci de ses fonctions et d’en

assumer les conséquences. Et est arrivé le 10 Février, marquant le début des dernières heures du

régime. C’est là, au moment de porter l’estocade que l’armée est intervenue en facilitant l’accès des

manifestants aux édifices symbolisant le pouvoir en place comme le palais présidentiel et le

parlement. Ainsi, l’armée, comme après l’indépendance accordée par les puissances coloniales,

reprenait son « rôle de faiseurs de roi ». Mais cette fois, en jouant un rôle de refondatrice de l’ordre

politique. Dès lors, elle s’engageait à maintenir un semblant de stabilité dans le pays jusqu’à ce

qu’une solution démocratique soit trouvée.

A propos des modalités de l’intervention de l’armée en Tunisie et en Egypte. Dans le premier

pays cité, l’armée a œuvré pour la protection du peuple et a poussé Ben Ali vers la sortie. Quant à

l’armée égyptienne, elle a changé de comportement au fur et à mesure de l’évolution des

évènements. Au début elle a ainsi assuré la sécurité dans les rues. Elle est ensuite restée dans

l’expectative lorsque les milices de Moubarak ont violenté les manifestants place Tahrir. L’armée

égyptienne n’a donc pas agit contre le peuple, finissant même par lui faciliter la tâche en livrant

l’accès aux bâtiments symboliques du régime.

Comme évoquée auparavant, les régimes alors en place se méfiaient de l’armée. Mais pour

toujours disposer de groupes prêts à se battre, ils ont créé ces unités spéciales. Constituant en

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quelque sorte leur garde prétorienne. En Libye, Kadhafi a fini par écarter l’armée et ne s’est plus fié

qu’à ses unités spéciales, au dévouement total à leur chef.

Alors maintenant que les gouvernements jusqu’ici en place sont tombés, que va-t-il advenir de

l’armée ? Que va-t-elle faire ? L’armée va-t-elle prendre le pouvoir. L’hypothèse est assez improbable

dans la mesure où elle a agi en adéquation avec le peuple. Elle s’est de plus solennellement engagée,

en tant qu’institution à laisser place à un pouvoir civil. On peut donc conclure que l’armée, a joué un

rôle bien sur fondamental mais aussi totalement inédit au vu de ses précédentes interventions dans

l’histoire.

Le rôle des médias et autres réseaux sociaux

Les moyens de communication, peut-être plus encore que l’armée, ont été déterminant dans le

renversement des régimes précédemment évoqués. Ces derniers l’ont bien compris et ont tenté de

les neutraliser afin d’entraver l’action des mouvements révolutionnaires. En Egypte, Hosni Moubarak

a pris des mesures radicales concernant les moyens de communication puis il a fait couper le réseau

internet de 9/10 des 23 millions internautes égyptiens. En agissant de cette façon, le gouvernement

visait à bloquer essentiellement l’accès à Facebook comptant 5 millions d’inscrits. Néanmoins, cela

n’a pas pour autant empêcher la chute du gouvernement.

Le printemps arabe a finalement mis en exergue la puissance des nouveaux médias, et

notamment celle des réseaux sociaux. Leur force principale provient de l’extrême difficulté à les

contrôler, et de leur indépendance vis-à-vis des médias traditionnels.

Dans la catégorie des médias traditionnels, Al-Jazzera a joué un grand rôle dans le suivi et la

diffusion des mouvements révolutionnaires. Dans le monde arabe, tous les médias sont plus ou

moins sous l’égide des gouvernements en place. Hors, la chaine satellitaire qu’est Al-Jazzera fait

montre d’exception. C’est pourquoi elle a diffusé, ce 24 heures sur 24 les évolutions des

manifestations et autres contestations. C’est précisément sa liberté d’expression par rapport aux

gouvernements qui a été apprécié. Elément qui a contribué à une augmentation conséquente des

audiences, étant la seule chaine de TV indépendante. C’est notamment la diffusion d’une émission

intitulée « débats opposés » où différents avis pouvaient être émis qui a permis à cette chaine de

bouleversé le paysage audiovisuel arabe.

Mais en réalité, quel rôle les réseaux sociaux et médias ont-ils joué ? Facebook et Twitter ont

permis aux manifestants et mécontents d’échanger des informations quant à l’évolution de la

situation, mais aussi de se regrouper. Cependant, c’est des médias traditionnels dont la TV et la

presse que se sont méfiés les gouvernements illégitimes. Et pour preuve, nombre de journaliste ont

été arrêté et les chaines de Tv brouillées.

Il ne faut pas aller jusqu’à dire que seuls les médias ont fait la révolution, mais plutôt qu’ils

ont été un apport précieux. Il faut aussi garder à l’esprit que si les médias ont été utilisés contre les

pouvoirs en place, l’inverse est également possible.

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III°/ L’avenir

Ce que change le réveil arabe

Après avoir vécu pendant de longues années sous ses régimes qui ne leur laissaient que peu de

libertés et porter par les médias et à la surprise générale, par l’armée, les peuples arabes ont

finalement insufflé un vent d’espoir en Orient. Les changements vont probablement, au vu de leur

ampleur, affecter les équilibres régionaux et internationaux. Ceux-ci pourraient même jouer sur le

conflit israélo-palestinien.

Avant la révolution, les gouvernements étrangers ne prêtaient pas attention aux

revendications anti-occidentales ou islamistes de quelques centaine de milliers de personnes. De

plus, les relations avec les gouvernements alors en place étaient bonnes. Sans oublier que leur façon

de diriger leurs pays maintenait l’ordre, ils faisaient d’autant plus des partenaires appréciés et

appréciables. Et c’est en un temps restreint que les peuples de ces pays ont fait éclater au grand jour

revendications et mal être et renverser les gouvernements au pouvoir. Ainsi, le mythe de la passivité

de ces peuples volait en éclat.

Pendant des décennies, les États-Unis ont pu soutenir de façon quasi continuelle Israël sans

avoir à en payer le prix sinon leur impopularité auprès des pays arabes dont ils se moquaient, les

dirigeants arabes restant des alliés fidèles. Cette période est désormais révolue. On avait déjà pu

entendre, en mars 2010, le général David Petraeus, alors chef du Commandement central des forces

américaines (Centcom), affirmer : « La colère arabe sur la question palestinienne limite la puissance

et la profondeur de nos relations avec les gouvernements et les peuples de cette zone et affaiblit la

légitimité des régimes modérés dans le monde arabe. » Le nouveau contexte géopolitique va forcer

l’administration à faire des choix cruciaux. Mais le voudra-t-elle ? Le pourra-t-elle ?

La position des Etats-Unis est donc modifiée. Mais c’est aussi le cas pour l’Union Européenne,

qui a longtemps collaboré avec M. Ben Ali et Moubarak. Sa position est délicate puisqu’elle a passé

de nombreux contrats ces derniers. Elle est en même temps liée par des accords à Israël et sa

politique néolibérale est en cause quant à la situation de pauvreté que connaissent ces pays. Quelle

va être désormais sa position et son attitude envers ses « nouveaux pays » ?

Révolution(s) arabe(s), quelles perspectives ?

Une par une les révolutions arabes arrivent à leurs fins pour aboutir à une victoire de la rue.

Maintenant, et après des années d’oppression et de corruption, on peut se demander quelles sont

les perspectives futures de tous ces pays, tous ces peuples.

Évidemment, la première chose la plus souhaitable serait l’approfondissement et la

consolidation des conquêtes démocratiques, afin de poursuivre la construction d’un mouvement

ouvrier social, capable d’engager une nouvelle phase de radicalisation du processus sur une base de

classe. Bien entendu, il est clair que ces deux phases doivent être étroitement liées à une phase de

« transition dans l’ordre », c’est-à-dire une limitation de la transformation démocratique aux profits

de la continuité des régimes, et ce au moyen de la cooptation intégriste. Cependant, il est essentiel

de ne pas oublier une perspective moins souhaitable pour le monde arabe, c’est-à-dire une phase

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d’instabilité prolongée avec des conséquences économiques et sociales qui – comme au lendemain

de la révolution de 1848 en France qui a débouché sur «  le 18 Brumaire de Louis Bonaparte  » –

pourrait déboucher à terme sur un pouvoir autoritaire confisquant la révolution et ses acquis.

Aujourd’hui, de nombreuses questions persistent quant à l’avenir des pays de la révolution

arabe. La grande inconnue demeure la manière dont les partis religieux vont exercer le jeu

politique ? Maintenant qu’ils ne sont plus dans l’adversité, quelle va être leur nouvelle stratégie ?

Radicalisation ou libéralisation ? Crispation ou démocratie ? Le primat social l’emportera-t-il

sur le primat politique ? Ce dernier l’emportera-t-il sur le primat religieux ? La conclusion de Patrick

Haenni « Je crois que la grande leçon de ces deux révolutions, celle de Tunisie et maintenant celle

d’Égypte, est l’irruption de nouveaux acteurs avec de nouvelles manières de faire de la politique qui

prennent à contre-pied toutes les formations traditionnelles, islamistes ou non » constitue une

ébauche de réponse.

Conclusion

En quelques années, le monde est devenu polycentrique. Chaque grand pays, que ce soit le

Brésil, la Chine, l’Inde ou encore l’Afrique du Sud, chacun cherche sa place, non pas contre l’Occident

ni à son service, mais à côté, voulant défendre ses intérêts propres. De ce fait, la Turquie, membre de

l’OTAN, alliée des États-Unis, joue un rôle régional dont l’importance déjà primordiale, se renforce.

C’est en faisant preuve d’indépendance sur le dossier du nucléaire iranien ou sur la Palestine que la

Turquie occupe à l’heure actuelle cette position. Le Maghreb et le Proche-Orient cherchent, à leur

tour, à rejoindre ce mouvement planétaire. « Ce que les peuples de la région demandent, analyse

Graham E. Fuller, ancien de la CIA et auteur de The Future of Political Islam, c’est de pouvoir contrôler

leur vie et leur destin. (...) A court terme, cela suppose une médication sévère : Washington doit

prendre du champ et laisser les sociétés à elles-mêmes, mettre fin à la longue politique

d’infantilisation des peuples du Proche-Orient (...) fondée sur une vision myope des “intérêts

américains”. »

« Ni Est ni Ouest », scandaient les manifestants iraniens en 1979, affirmant leur volonté de

confrontation aussi bien avec les États-Unis qu’avec l’Union soviétique. « Ni avec l’Occident ni contre

lui », pourraient crier les manifestants d’aujourd’hui à travers le monde arabe, qui affirment une

volonté d’indépendance et de souveraineté dans un monde qu’ils savent multipolaire. Ils jugeront

l’Occident à sa capacité à défendre les principes de justice et de droit international partout dans le

monde, et notamment en Palestine. Mais ils n’accepteront plus que leur gouvernement utilise la

lutte contre l’Occident pour imposer la dictature.

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Annexes

Chronologie pays par pays :

TUNISIE

17 décembre 2010 : Mohammed Bouazizi, un jeune vendeur ambulant, s'immole à Sidi Bouzid pour

protester contre la saisie de sa marchandise par la police. Début d'une vague de contestation.

11 janvier 2011 : Les affrontements gagnent Tunis.

14 janvier : Fuite du président Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, vers l’Arabie Saoudite.

24 janvier: L’armée se porte « garante de la révolution ». Les manifestants exigent la démission du

gouvernement.

26 janvier : Mandat d’arrêt international contre Ben Ali et son épouse.

7 mars : Nouveau gouvernement provisoire sans aucun ancien ministre de Ben Ali.

ÉGYPTE

25 janvier 2011 : Première manifestation sur la Place Tahrir au Caire. Début de plusieurs semaines de

mobilisations des Égyptiens en vue de la chute du régime.

11 février : Le président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, quitte le pouvoir.

19 mars : Référendum sur la constitution égyptienne, avec 77% des voix en faveur des amendements

proposés (limitation du nombre et de la durée du mandat présidentiel, assouplissement des

conditions de candidatures électorales).

3 août : Ouverture du procès de Hosni Moubarak, rapidement ajourné et reporté au 15 août.

L’ancien président égyptien est accusé du meurtre de plus de 800 manifestants et de détournement

de fonds publics.

15 août : Nouvelle audience du procès Moubarak, ajourné puis reporté au 5 septembre prochain.

SYRIE

15 mars 2011 : Rassemblement à Damas après un appel lancé sur Facebook.

21 avril : Levée de l’état d’urgence. Plus de 80 manifestants tués le lendemain.

25 avril : L’armée entre à Deraa. Au moins 25 personnes sont tuées.

8 juillet : Les ambassadeurs français et américain se rendent à Hama pour manifester leur soutien

aux manifestants.

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31 juillet : L’armée syrienne entre dans Hama. En quelques jours, le bilan est d'au moins 90 morts,

selon des organisations de défense des droits de l'homme.

3 août : Le Conseil de sécurité de l’ONU condamne « les violations généralisées des droits de

l’homme ».

14 août : L'armée syrienne a lancé une opération navale sans précédent à Lattaquié, au nord-ouest

du pays, faisant une trentaine de morts.

24 août : L'ONU vote une résolution demandant l'ouverture d'une commission d'enquête

internationale sur la violation des droits de l'homme.

ALGÉRIE

Début janvier 2011 : 5 jours d'émeutes contre la vie chère et le chômage font 5 morts et plus de 800

blessés.

Du 14 au 30 janvier : 2 décès par immolation et 7 tentatives.

19 février : Marche organisée par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie

(CNCD) interdite. Elle se transforme en rassemblement.

24 février : Levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1993.

7 mars : Des gardes communaux, chargés de suppléer la gendarmerie, se rassemblent pour réclamer

de meilleures conditions de travail.

15 avril : Le président Abdelaziz Bouteklika, au pouvoir depuis 1999, commande la tenue de

consultations en vue de réformes politiques. Ces consultations débutent le 21 mai sans la

participation de plusieurs partis d’opposition.

LIBYE

15 février : Des émeutes éclatent à Benghazi.

17 février : Manifestations de la « Journée de la colère » réclamant le départ du colonel Kadhafi, au

pouvoir depuis 1969. Elles se heurtent à une violente répression policière.

26 février : Résolution de l'ONU imposant un embargo sur les armes, une interdiction de voyager et

un gel des avoirs du clan Kadhafi, et demandant la saisine de la Cour pénale internationale pour

« crimes contre l'humanité ».

27 février : Les opposants forment un Conseil national de la transition à Benghazi.

2 mars : Début de la contre-offensive des forces de Kadhafi dans l'est du pays.

17 mars : Résolution 1973 de l'ONU qui autorise le recours à la force pour protéger les populations

civiles et crée une zone d'exclusion aérienne.

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19 mars : Début des frappes aériennes de la coalition contre les forces de Kadhafi.

27 mars : L'OTAN prend officiellement le commandement des opérations militaires menées dans le

pays.

27 juin : La Cour pénale internationale délivre des mandats d'arrêt pour crimes contre l'humanité à

l'encontre de Mouammar Kaddafi, de son fils Seif el-Islam Kaddafi et du chef des services de

renseignements Abdullah al-Senoussi.

15 août : Les rebelles affirment être entrés dans une « phase décisive », et contrôler la « majeure

partie » de Zaouiah, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de la capitale libyenne, ainsi que les

villes de Gariane et Sourmane.

21 août : Les rebelles entrent dans la capitale, Tripoli. Lundi 22, ils encerclent la résidence de Kadhafi.

Le Conseil national de transition a fait prisonnier le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf Al-Islam.

23 août : Le quartier général de Kadhafi tombe aux mains des rebelles. Kadhafi affirme dans un

message audio l’avoir quitté pour des « raisons tactiques ».

20 octobre : après 42 ans de règne sans partage de Mouammar Kadhafi, capturé et tué à Syrte.

23 octobre : Le conseil national de transition (CNT) a officiellement proclamé à Benghazi la

« libération » de la Libye,

MAROC

20 février 2011 : Manifestations de milliers de Marocains dans plusieurs villes du pays, dont Rabat,

Casablanca, Marrakech… Ils réclament un gouvernement aux pouvoirs élargis et des réformes

politiques.

9 mars : Le roi Mohammed VI annonce une réforme constitutionnelle. Le « mouvement du 20

février » poursuit ses manifestations les semaines suivantes, réclamant plus d’égalité, de justice

sociale et une lutte efficace contre la corruption.

17 juin : Le roi Mohammed VI présente le projet de réforme constitutionnelle. Les militants du «

mouvement du 20 février » se disent insatisfaits de ce projet et demandent des réformes politiques

plus profondes : recul plus net des prérogatives royales, séparation des pouvoirs plus marquée…

1er juillet : Référendum portant sur la nouvelle constitution marocaine, avec plus de 98% des voix en

faveur de celle-ci.

3 juillet : Nouvelle vague de manifestations dans plusieurs villes du pays, à l’appel du Mouvement du

20 février, qui exige davantage de réformes politiques, à la suite du référendum constitutionnel.

16 août : Le ministre de l’Intérieur Taïeb Cherkaoui annonce la tenue d’élections législatives

anticipées le 25 novembre prochain.

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YÉMEN

27 janvier 2011 : Premières mobilisations dans la capitale yéménite, Sanaa. Les manifestants

réclament le départ du président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978.

5 mars : Le président Saleh refuse de quitter son poste d’ici la fin de l’année, comme le souhaite

l’opposition. Il affirme qu’il restera au pouvoir jusqu’en 2013, terme de son mandat.

18 mars : Plusieurs dizaines de personnes sont tuées lors de mobilisations contre le pouvoir.

30 avril : Le président Saleh refuse de signer un plan de sortie proposé par les monarchies du Golfe

prévoyant sa démission, alors qu’il avait donné son accord de principe quelques jours plus tôt.

3 juin : Le président Saleh est blessé dans un tir d’obus à Sanaa. Il est transporté en Arabie Saoudite

pour y être soigné.

7 juillet : Première apparition télévisée du président Saleh depuis son hospitalisation en Arabie

Saoudite. Il n’évoque ni sa démission ni un éventuel retour au Yémen.

16 juillet : L’opposition annonce la création d’un conseil transitoire présidentiel.

16 août : Le président Saleh annonce son retour prochain au Yémen.

BAHREÏN

14 février 2011 : Des milliers de manifestants se rassemblent sur la place de la Perle dans la capitale

du Bahreïn, Manama, pour réclamer des changements politiques et sociaux. Les forces de sécurité

répriment ces mobilisations.

14 mars : Des soldats saoudiens de la force commune du Conseil de Coopération du Golfe (CCG)

entrent au Bahreïn. L’opposition bahreïnienne dénonce une « occupation étrangère ».

15 mars : Le roi du Bahreïn décrète l’état d’urgence pour trois mois dans un contexte de

manifestations anti-gouvernementales.

1er juin : Levée de l’état d’urgence. Annonce d’un « dialogue national » et instauration d’une

commission indépendante pour enquêter sur les abus commis durant la répression du soulèvement.

2 juillet : Ouverture officielle du « dialogue national » au Bahreïn. Malgré ses réticences, le groupe

d’opposition El Wefaq accepte de participer à ces discussions destinées à relancer le processus de

réforme politique.

7 août : Libération de deux anciens députés chiites du parti d’opposition El Wefaq. Devant être

initialement jugés par un tribunal d’exception, ils seront finalement jugés par une cour civile.

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Situation aujourd’hui :

Arabie saoudite :

Grace à son opulence financière, le royaume a pu limiter les effets de la contestation qui a agité le

monde arabe. Après des premières manifestations organisées en mars, le roi Abdallah a annoncé une

série de mesures destinée à désamorcer préventivement toute forme de contestation.

Le 25 septembre, le roi a décidé d’accorder le droit de vote aux femmes, à la suite d’un vaste

mouvement en ce sens organisé notamment sur les réseaux sociaux.

Iran :

Le « printemps arabe » pourrait se transformer en un « hivers iranien », avait averti le premier

ministre israélien, Benjamin Nétanyahou. Mais si le pays a effectivement connu quelques

manifestations en avril, le régime du président Ahmadinejad a rapidement réprimé la contestation.

Les autorités redoutent un mouvement comparable à celui de la « révolution verte » de 2009, après

la réélection contestée d’Ahmadinejad.

Libye :

Le conseil national de transition (CNT) a officiellement proclamé le 23 octobre à Benghazi la

« libération » de la Libye, après 42 ans de règne sans partage de Mouammar Kadhafi, capturé et tué

le 20 octobre à Syrte.

Après 7 mois de guerre civile, la Libye devrait se doter en novembre d’un gouvernement intérimaire

et d’un Congrès national chargé de rédiger une Constitution.

Maroc :

Après 4 mois de manifestations régulières du mouvement du 20 février, à la pointe de la

contestation, le roi Mohammed VI a proposé une réforme constitutionnelle, transformant la

monarchie de droit divin en monarchie parlementaire. Une mesure plébiscitée lors d’un référendum

organisé en juillet, et qui renforce notamment les pouvoirs du premier ministre. Mais la contestation

sociale ne s’est pas éteinte pour autant. Les contestataires, qui avaient appelé au boycott du vote,

ont dénoncé un « référendum illégal », et continuent de réclamer davantage d’ouverture

politique.Des élections législatives anticipées sont prévues pour le 25 novembre.

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Algérie :

Depuis les manifestations de janvier, qui avaient fait au moins cinq morts et près de 800 blessés, le

gouvernement algérien a multiplié les mesures pour apaiser le mécontentement social.

Après avoir annoncé, en avril, une série de réformes politiques, le président Abdelaziz Bouteflika a

choisi de mettre l’accent sur le pouvoir d’achat, en redistribuant une partie du produit de la rente

pétrolière. Mais l’inflation très forte limite les effets de ces mesures économiques, et les réformes

politiques tardent à se mettre en place.

Égypte :

Après le soulèvement populaire et le renversement de Hosni Moubarak, le Conseil suprême des

forces armées a pris la tête du pays en février. Mais les réformes politiques annoncées ont pris du

retard, provoquant de nouvelles manifestations sur la célèbre place Tahrir pendant l’été. Des

élections législatives, reportées à deux reprises, devraient être organisées en novembre, avant une

élection présidentielle.

La transition politique est d’autant plus compliquée que vives des tensions religieuses agitent le pays.

Des affrontements entre coptes (chrétiens d’Egypte) et forces de l’ordre ont fait 25 morts et plus de

300 blessés au Caire, début octobre.

Le procès du dictateur déchu, accusé de corruption et du meurtre de manifestants, a commencé

début aout.

Tunisie :

Dix mois après la révolution du Jasmin qui a chassé du pouvoir l’ancien président Zine El-abidine Ben

Ali, la Tunisie a organisé ses premières élections libres dimanche 23 octobre. Un scrutin historique

pour désigner les représentants de la future Assemblée constituante, parmi plus de 10 000 candidats.

Les islamistes du parti Ennahda, réprimé sous le régime de Ben Ali mais légalisé après la révolution,

sortent grand gagnant de ce scrutin.

Au plan judiciaire, une cour tunisienne a condamné Ben Ali et sa femme, Leila Trabelsi, en leur

absence, à trente-cinq ans de prison pour vol et possession illégale d’importantes sommes en liquide.

En juillet, Ben Ali et son beau fils ont également été condamnés à seize ans de prison pour

corruption.

L’impact économique de la révolution tunisienne est évalué à deux milliards de dollars, soit 5,2% du

PIB.

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La situation actuelle dans les pays arabes

Sources :

Manière de voir – monde diplomatique : comprendre le réveil arabe

Le Monde

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Groupe 1

Alexandre Boulanger

Florent Gastaud

Edouard Feuillet

Dimitri Combet

Mathieu Faure