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«Nos chrétiens d’Orient» Thème central de L’Essentiel, votre magazine paroissial Novembre 2018 Articles rédigés par les rédactions régionales De nombreuses rédactions publient dans leurs éditions régionales des articles en lien direct avec le thème central traité par la Rédaction romande. Cette démarche est journalistiquement excellente puisqu’elle offre au lecteur des éclairages régionaux sur le sujet choisi. C’est cette richesse qui est mise en valeur ici.

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«Nos chrétiens d’Orient»

Thème centralde L’Essentiel, votre magazine paroissial

Novembre 2018

Articles rédigés par les rédactions régionales

De nombreuses rédactions publient dans leurs éditionsrégionales des articles en lien direct avec le thèmecentral traité par la Rédaction romande. Cette démarche est journalistiquement excellente puisqu’elle offre au lecteur des éclairages régionaux sur le sujet choisi. C’est cette richesse qui est mise en valeur ici.

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Parl'actualitéproche-orientale,onconnaîtdésormaislesChaldéens,lesAssyriensoulesCoptes.Médiasetlittératureontpréditleurmortpuisleurrésurrection...Partagésentreterresd'origineetdiasporas,ilssesontaussi

installésdanslepaysageromand,discrètement.Enquête.

Noschrétiensd’Orient

ÉCLAIRAGE

II L’ESSENTIEL

Nos

chr

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ns

d’O

rient Par l’actualité proche-orientale, on connaît désormais

les Chaldéens, les Assyriens ou les Coptes. Médiaset littérature ont prédit leur mort puis leur résurrec-tion… Partagés entre terres d’origine et diasporas, ils se sont aussi installés dans le paysage romand, discrètement. Enquête.

PAR THIERRY SCHELLINGPHOTOS : CIRIC, DR, JEAN-CLAUDE GADMER

Nejeb et Ephraim sont Syriens et syriaques catholiques. Depuis bientôt trente ans dans l’Ouest lausannois, ils y ont créé foyer et amitiés, de par les liens pro-fessionnels et sociaux nourris de leurs affabilité et serviabilité notoires. « J’adore vivre ici, au calme », confie Ephraim. Leur accueil culinaire respire le pays : fetté, kebbé, kousa abondent. « J’adore la raclette !, lance-t-elle entre deux effluves du four. On vient volontiers à la messe le samedi soir, à 18h. Aucun pro-blème pour nous que ce ne soit ni

en arabe ni notre rite. L’impor-tant, c’est de nourrir sa foi, non ? »

Histoire récenteOrthodoxes ou catholiques principalement (cf. encart), les chrétiens orientaux vivant en Suisse sont plus nombreux dans les agglomérations alémaniques – Zurich, Bâle, Saint-Gall… – qu’en Romandie où les centres importants s’égrènent de Genève à Montreux. C’est au milieu du XIXe siècle que s’implantent les premiers édifices et commu-nautés orthodoxes byzantins 1

1 On distingue deux « types » d’Eglises orientales : les orthodoxes-byzantines liées aux grands patriarcats de l’orthodoxie – Alexandrie, Constantinople, Moscou – et distincts de Rome depuis 1051, et les orientales-orthodoxes qui se sont séparées avant le XIe siècle, soit Assyrie, Arménie, Ethiopie, coptes d’Egypte ou syriaques de Syrie. Sans oublier l’Inde et son kaléidoscope ecclésiastique, mais de plus récente fondation : dès le XVe siècle !

La pluriculturalité est à l’image de l’Eglise universelle.

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Eclairage

«Préserver traditions, rite et langues anciennes,

certes "constructeurs d’identités", est à la fois un

devoir et… un frein: l’acculturation est tout

autant de mise pour un Erythréen de rite geez

débarquant à Zurich qu’elle l’a été… pour un

Gruyérien catholique descendu à Genève dans les

années 60! Puisque l’émigration orientale-

chrétienne est inéluctable, il convient de lui

donner une structure stable en diaspora.»

«L’Orient chrétien, même en Suisse, c’est aussi la

réalité d’un clergé marié! »

Alexandru Tudor: «Pour nous qui sommes

d’origine orthodoxe, c’est de pouvoir vivre à

petite échelle ici en Suisse romande, dans notre

diocèse, l’ouverture, la largeur, l’universalité de

l’Eglise catholique, sa catholicité. C’est une

chance et une bénédiction de pouvoir vivre cette

dimension de l’Eglise qui n’est pas encore

évidente pour tous les chrétiens.»

Par Thierry Schelling

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ÉCLAIRAGE

II L’ESSENTIEL

Nos

chr

étie

ns

d’O

rient Par l’actualité proche-orientale, on connaît désormais

les Chaldéens, les Assyriens ou les Coptes. Médiaset littérature ont prédit leur mort puis leur résurrec-tion… Partagés entre terres d’origine et diasporas, ils se sont aussi installés dans le paysage romand, discrètement. Enquête.

PAR THIERRY SCHELLINGPHOTOS : CIRIC, DR, JEAN-CLAUDE GADMER

Nejeb et Ephraim sont Syriens et syriaques catholiques. Depuis bientôt trente ans dans l’Ouest lausannois, ils y ont créé foyer et amitiés, de par les liens pro-fessionnels et sociaux nourris de leurs affabilité et serviabilité notoires. « J’adore vivre ici, au calme », confie Ephraim. Leur accueil culinaire respire le pays : fetté, kebbé, kousa abondent. « J’adore la raclette !, lance-t-elle entre deux effluves du four. On vient volontiers à la messe le samedi soir, à 18h. Aucun pro-blème pour nous que ce ne soit ni

en arabe ni notre rite. L’impor-tant, c’est de nourrir sa foi, non ? »

Histoire récenteOrthodoxes ou catholiques principalement (cf. encart), les chrétiens orientaux vivant en Suisse sont plus nombreux dans les agglomérations alémaniques – Zurich, Bâle, Saint-Gall… – qu’en Romandie où les centres importants s’égrènent de Genève à Montreux. C’est au milieu du XIXe siècle que s’implantent les premiers édifices et commu-nautés orthodoxes byzantins 1

1 On distingue deux « types » d’Eglises orientales : les orthodoxes-byzantines liées aux grands patriarcats de l’orthodoxie – Alexandrie, Constantinople, Moscou – et distincts de Rome depuis 1051, et les orientales-orthodoxes qui se sont séparées avant le XIe siècle, soit Assyrie, Arménie, Ethiopie, coptes d’Egypte ou syriaques de Syrie. Sans oublier l’Inde et son kaléidoscope ecclésiastique, mais de plus récente fondation : dès le XVe siècle !

La pluriculturalité est à l’image de l’Eglise universelle.

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ÉCLAIRAGE

IIIDÉCEMBRE 2018

– russes, dans ce cas – à Genève et Vevey, mais également les Arméniens (Genève). Les années 60-70 voient arriver d’autres orthodoxes de Roumanie, Ser-bie, Grèce ; les années 80-90 sont celles des orthodoxes-orientaux : coptes, syriaques, mais aussi les maronites. Dès les années 2000, ce sont les Ethiopiens-Erythréens et les Indiens qui émigrent à leur tour en Europe et jusqu’aux Amé-riques.

ServiceMaroun Tarabay, l’un des prêtres maronites opérant dans le diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg depuis 1987, est engagé tant au service de sa communauté arabe que du catéchuménat d’adultes vaudois. Il analyse l’actuelle com-munauté libanaise ainsi : « L’inté-gration des Libanais dans le tissu social helvétique, leur apport économique et culturel, sont des qualités notoires. [Mais] leur assi-milation ambiante au point de perdre leurs racines culturelles et cultuelles m’interpelle. »

DilemmePréserver traditions, rites et lan-gues anciennes, certes « construc-teurs d’identités », est à la fois un devoir et… un frein : l’accultu-ration est tout autant de mise pour un Erythréen de rite geez débarquant à Zurich qu’elle l’a été… pour un Gruyérien catho-lique descendu à Genève dans les années 60 ! Puisque l’émi-gration orientale-chrétienne est inéluctable, il convient de lui donner une structure stable en diaspora. Un seul exemple, plutôt inattendu : en 2016, le Saint-Siège a érigé à Preston une éparchie (diocèse) pour les syro-malabars 2 vivant en Grande-Bretagne ! De même pour des centres spi-rituels et intellectuels que sont monastères et instituts d’étude: le Centre orthodoxe de Chambésy (Patriarcat de Constantinople) en 1966, le monastère syriaque de Mor Augin (Saint-Eugène) à Arth Goldau en 1996…

Cependant, il ne s’agit pas juste de conserver, mais également de changer – un vrai challenge car on parle alors de mariages exo-games, de passages aux Eglises évangéliques, voire de l’abandon de la pratique religieuse et ce, en toute liberté…

(In)fidélitésReconnaissable à sa magnifique parure blanc immaculé, Sen-bentu, vêtue de la zuria (robe brodée) et de son netsella (grand châle couvrant tête et corps), contraste dans la nef de Notre-Dame à Genève, à la messe de 10h : « Pour moi, le dimanche, c’est le jour du Seigneur, alors je

2 Chrétiens catholiques d’affiliation chaldéenne originaires du Kerala.

Maroun Tarabay, prêtre maronite et heureux grand-père du petit Martin !

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ÉCLAIRAGE

IV L’ESSENTIEL

m’habille comme au pays et je viens célébrer ! » A la question de savoir pourquoi elle ne rejoint pas une de ses communautés, la réponse fuse : « Trop de poli-tique, pas assez de Dieu ! » On n’en apprendra pas plus d’elle. Son choix est clair et ses enfants l’accompagnent dans la liturgie

en rite romain, bien sobre pour une Ethiopienne – « et courte, car à Addis, explique-t-elle, la qedas-sié (messe) dure 6 heures » !

L’Orient chrétien, même en Suisse, c’est aussi la réalité d’un clergé marié ! Alexandru Tudor, Diana et sa fille Petra Anastasia

Les chrétiens d’OrientOn appelle « chrétiens d’Orient » les fidèles des Eglises locales comprises dans un arc de cercle allant de l’Ethiopie à l’Inde, et qui sont autocéphales, ou « autogérées » sur le modèle synodal ! Les rites portent le nom, pour certains, d’une grande ville de l’Empire romain : Alexandrie, Constantinople, Antioche ; pour d’autres, de peuples : Arméniens, chaldéens, coptes,ou d’une région : Malabar ou Malankar au Kerala, Inde. Ces rites sont plus anciens que celui de Rome et utilisent un amalgame de langues vernacu-laires (arabe, russe, malayalam…) et anciennes (geez, copte, syriaque, grec…), ce qui donne à leurs célébrations un parfum d’ancienneté et d’audiblité… Comme le terme générique de « chrétiens » orientaux ne le sous-entend pas forcément, ils sont aussi de confession… protestante : luthérienne, réformée, évangélique et anglicane !

Exemple du lien entre chrétiens d’Orient et d’Occident, la visite du pape copte Tawadros II en 2014 à Saint-Maurice. Les Coptes sont présents notamment à Bienne, Genève et en Suisse allemande.

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ÉCLAIRAGE

VDÉCEMBRE 2018

ont été nommés ensemble, pour ainsi dire, à Vevey en 2016 : « Je remercie votre épouse et votre fille qui sont partie prenante de votre engagement », lui signi-fiait Charles Morerod dans sa lettre de nomination. A la ques-tion de savoir comment on vit son sacerdoce en étant marié, le Père Alexandru répond : « Notre joie fondamentale est de vivre dans un pays libre selon notre foi et l’Evangile. Nous avons connu la dictature communiste par le passé en Roumanie… » Il n’est pas insensible non plus au contexte œcuménique du diocèse romand : « Pour nous qui sommes d’origine orthodoxe, c’est de pou-voir vivre à petite échelle ici en Suisse romande, dans notre dio-cèse, l’ouverture, la largeur, l’uni-versalité de l’Eglise catholique, sa catholicité. C’est une chance et une bénédiction de pouvoir vivre cette dimension de l’Eglise

qui n’est pas encore évidente pour tous les chrétiens. » La difficulté reste, selon ses mots, « pour moi et ma famille, de s’intégrer dans des structures […] bien en place selon des règles formelles pas toujours évangéliques, ni fraternelles. »

Pour Binoy Cherian, salésien et prêtre indien dans l’UP du Plateau (Genève), le fait d’être birituel – rite romain et rite syro-malabare – lui « est très facile » à vivre ! Car, précise-t-il, « la pluriculturalité est l’image parfaite de l’Eglise universelle contredite par des rites qui essayent de protéger l’ethnicité des peuples ». Et de conclure qu’à Genève, « la pluriculturalité est une réalité, je m’en suis rendu compte, et comme prêtre en UP et comme aumônier de l’Institut Florimont. D’ailleurs, on est uni-fié par la foi en Jésus-Christ » ! Diversité dans l’unité…

Père Alexandru, prêtre de rite byzantin.

Préserver les traditions est à la fois un devoir et un frein.

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Le point de vue:Une étoile de l’Orient

«Orient, comme le lever du soleil quand les ténèbres reculent devant la lumière. Lieu de merveilles, origine des envahisseurs, porte de richesses, mais aussi source de

crainte économique. Il séduit et fascine.»«Ils viennent intrigués, avec leur

questionnement: où est le roi des Juifs… Est-il oriental ou occidental? Son royaume

a-t-il des frontières et des murs? Est-il de ce monde?»

Par Pascal Bovet

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« Nous avons vu son étoile en Orient. » Parole de mages. Ils se sont mis en route, en quête, en recherche.Orient, comme le lever de soleil quand les ténèbres reculent devant la lumière. Lieu de merveilles, origine des enva-hisseurs, porte de richesses, mais aussi source de crainte économique. Il séduit et fascine. Mais où commence-t-il ? Au Caucase, au Bosphore ou à l’Elbrouz ? Frontière disputée de toujours. L’Orient, c’est l’autre.« Nous avons vu son étoile », disent les mages, ignorants des Ecritures et de la tradition juive. Sans parti pris : ils vont chez les Occidentaux.N’avaient-ils aucune conception reli-gieuse ? Confucius leur était peut-être familier ? Etaient-ils déjà éveillés par le bouddhisme ? Ils viennent intrigués, avec leur questionnement : où est le roi des Juifs… Est-il oriental ou occiden-tal ? Son royaume a-t-il des frontières et des murs ? Est-il de ce monde ?Juif pieux, Siméon fait le pas de recon-naissance au-delà des frontières : « Mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour la révélation aux païens et la gloire d’Israël ton peuple. »Saint Paul pourra conclure : « En Jésus-Christ, il n’y a plus ni Juifs, ni Grecs… »

PAR PASCAL BOVET

Som

mai

re I Editorial Une étoile de l'Orient

II Eclairage Nos chrétiens d'Orient

VI Ce qu’en dit la Bible Comme des mages d'Orient (Matthieu 2, 1-12)

VII Le point de vue historique Les Eglises de rite oriental

VIII Le Pape a dit… Un Pape… orienté !

IX Zoom sur… Les crèches

X Une journée avec… Joseph Gay

XII Vivre ensemble La communauté arménienne

XIII Synode des jeunes Marie Chardonnens

XIV Familles  Préparer Noël en famille

XV A la découverte de l’art La pêche miraculeuse

XVI La sélection de L’Essentiel En librairie…

Editeur Saint-Augustin SA, case postale 51, 1890 Saint-Maurice Directrice générale Dominique-A. Puenzieux Rédactrice en chef Dominique-A. Puenzieux Secrétaire de rédaction Nicolas Maury | [email protected] | Tél. 024 486 05 25 Abonnements [email protected] | Tél. 024 486 05 39 Rédaction romande Nicole Andreetta | Abbé Pascal Bovet | Abbé Vincent Lafargue | Nicolas Maury | Pascal Ortelli | Chanoine Calixte Dubosson | Abbé Thierry Schelling Collaborateurs externes Abbé François-Xavier Amherdt | Diacre Bertrand Georges | Couverture Aide à l’Eglise en détresse Maquette Essencedesign, Lausanne Prochain numéro L’Eglise 2.0

Nos chrétiens d′OrientDÉCEMBRE 2018

L’E S S E N T I E L

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Ce qu’en dit la Bible:« Comment des mages d’Orient »

«Aujourd’hui aussi, les chrétiens orientaux proviennent de la nuit de la guerre et des conflits. (…). Ils portent avec eux d’inestimables cadeaux: ceux de leur sens de l’hospitalité donnée et reçue; de leur langue semblable à leurs frères et sœurs de

diverses confessions et traditions religieuses; de leur finesse et de leur culture, mises à mal par

l’oppression, les menaces et les bombes. Ils sont riches de leur délicatesse humaine et de leur

recherche de communion, de l’encens de leur patrimoine séculaire et de leur liturgie, de la myrrhe

des épreuves traversées et des blessures subies.»Par l’abbé François-Xavier Amherdt

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CE QU’EN DIT LA BIBLE

VI L’ESSENTIEL

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1-12

)C’est d’Orient, là où se lève le soleil du matin, que viennent les mages. Ces sages astrologues se laissent conduire par leur bonne étoile, qui les mène vers celui qui est l’astre nouveau, la lumière qui vient nous visiter, dit Zacharie dans son cantique (Luc 1, 78). Ceux qui se trouvaient dans les ténèbres et l’ombre de la mort sont éblouis par la lumière qui accompagne leurs pas au chemin de la paix (Luc 1, 79).

Les mages apportent de précieux présents, au nombre de trois, l’or pour la royauté du Christ, l’en-cens pour la divinité du Fils de Dieu et la myrrhe pour le corps de Jésus promis à la crucifixion et

à la mise au tombeau. C’est d’ail-leurs pour cette raison que la tra-dition a retenu qu’ils étaient trois et qu’ils méritaient le titre de rois.

Aujourd’hui aussi, les chrétiens orientaux proviennent de la nuit de la guerre et des conflits. Ils ont bien souvent été chassés de leurs pays notamment, de Syrie, d’Irak et des différents Kurdistan. Ils portent avec eux d’inestimables cadeaux : ceux de leur sens de l’hospitalité donnée et reçue ; de leur langue semblable à leurs frères et sœurs de diverses confes-sions et traditions religieuses ; de leur finesse et de leur culture, mises à mal par l’oppression, les menaces et les bombes. Ils sont riches de l’or de leur délicatesse humaine et de leur recherche de communion, de l’encens de leur patrimoine séculaire et de leur liturgie, de la myrrhe des épreuves traversées et des bles-sures subies.

Leur seule présence nous rappelle que l’Eglise catholique est univer-selle, qu’elle respire en quelque sorte à deux poumons, l’oriental et l’occidental. Comme déjà sa théologie et sa spiritualité se sont forgées grâce au dialogue entre les Pères grecs et latins.

Puissent tous ces réfugiés et migrants pouvoir, comme les savants du premier évangile, être avertis par Dieu et parvenir à rentrer dans leurs terres (Mat-thieu 2, 12) !

Les mages d’Orient apportent de précieux présents.

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT PHOTO : DR

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Le point de vue historique:Les Eglises de rite oriental

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Le pape a dit…

Un Pape… orienté !

«"Nous offrons cette messe pour les chrétiens d’Orient, peuple crucifié comme Jésus", déclarait le Pape le 13 février dernier. Il

encourage les fidèles à rester sur leurs terres… alors que l’émigration bat son plein,

inexorablement. Il répète inlassablement que "le Moyen-Orient sans les chrétiens ne serait

plus le Moyen-Orient", se lamentant de l’hémorragie des populations dans

l’indifférence internationale.»«L’évêque de Rome a eu cette formule: "Ce

Proche-Orient, région splendide, [o?u se trouvent] les racines mêmes de nos âmes…",

et cette exhortation: "Cela suffit!" Quelque chose doit changer !»

Par Thierry Schelling

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LE PAPE A DIT…

VIII L’ESSENTIEL

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é !

PAR THIERRY SCHELLINGPHOTO : DR

Quand on vient d’Argentine, des chrétiens d’Orient, on connaît d’abord la diaspora. Et Buenos Aires accueille, depuis près de trois siècles, Arméniens, Grecs, mais aussi Russes et catholiques orientaux : melkites, maronites…

Souffrances« Nous offrons cette messe pour les chrétiens d’Orient, peuple crucifié comme Jésus », déclarait le Pape le 13 février dernier. Il encourage les fidèles à rester sur leurs terres… alors que l’émi-gration bat son plein, inexora-blement. Il répète inlassablement que « le Moyen-Orient sans les chrétiens ne serait plus le Moyen-Orient », se lamentant de l’hé-morragie des populations dans l’indifférence internationale.

SoutienIl leur a écrit une lettre à la veille de Noël 2014 après les avoir visi-tés, Terre sainte en mai et Turquie en novembre. Les mêmes leitmo-

tivs que ses prédécesseurs sont évoqués et les mêmes exhorta-tions aux dialogues œcuménique et interreligieux sont martelées comme modus vivendi : « Il n’y a pas d’autre voie ! » Et puis les Arabes, musulmans et chrétiens, prient Dieu avec le même mot, Allah !

Ces chrétiens, selon Mgr Goll-nish, président de L’Œuvre d’Orient, demeurent « un des chantiers prioritaires » pour le pape François. Il reçoit les synodes des Eglises chaldéenne, melkite, arménienne, mais aussi l’épis-copat latin œuvrant au Proche et Moyen-Orient arabophone, turcophone et perse. A défaut de pouvoir se rendre en Irak, il crée le patriarche chaldéen Sako cardinal. Il a également ouvert les portes et les bras aux patriarches orthodoxes de ces Eglises orien-tales à Rome ; son amitié particu-lière avec celui de Constantinople, Bartholomée, est une clef spiri-tuelle et humaine pour plus de solidarité entre minorités persé-cutées en Orient.

Suite ?Et alors, que faire de plus ? La prière joue un rôle fondamental pour François : d’où l’invitation aux Orientaux à Bari, en juillet dernier, à prier pour la paix dans la langue des peuples concernés, par la bouche de leurs patriarches et papes. L’évêque de Rome a eu cette formule : « Ce Proche-Orient, région splendide, [où se trouvent] les racines mêmes de nos âmes… », et cette exhortation : « Cela suffit ! » Quelque chose doit changer !

François et Bartholomée Ier de Constantinople.

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Une journée avec…l’abbé Joseph GayLa pastorale des jeunes en terre

laïque

«Depuis environ un an, il gère la pastorale des jeunes de Neuchâtel. Un travail pour lequel il a

été nommé à 50%.»«Mon rôle n’est pas de créer quelque chose à partir de rien. Si je devais être déplacé ailleurs,

cela tomberait à l’eau. Je préfère encourager les initiatives, fournissant un appui moral et

logistique. Je peux aussi faire le lien avec les curés dans les paroisses, sans phagocyter le

travail déjà fait.»«Il faut accepter l’idée de démarrer petit pour

qu’ensuite ça s’agrandisse. En posant des bases plutôt qu’en cherchant un résultat imédiat.»

Par Nicolas Maury

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X L’ESSENTIEL

UNE JOURNÉE AVEC JOSEPH GAY

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ueL’abbé Joseph Gay n’a pas 40 ans. Depuis une année, il pilote la pastorale des jeunes du canton de Neuchâtel. Avec peu de moyens, mais beaucoup de conviction.

PAR NICOLAS MAURYPHOTOS : DR, NICOLAS MAURY

Un sacré défi que celui devant lequel se trouve chaque matin l’abbé Joseph Gay en se réveil-lant aux alentours de 6h. Depuis environ un an, il gère la pastorale des jeunes de Neuchâtel. Un tra-vail pour lequel il a été nommé à 50 %, l’autre moitié de son temps étant occupée par sa mission de prêtre auxiliaire. « 50 % pour tout un canton, c’est très peu. Tout comme Genève, Neuchâtel est très laïc, avec une séparation claire Eglise-Etat, sans oublier les divi-sions politiques et sur le terrain entre le haut et le bas… » Autant d’éléments que le jeune prêtre – pas encore 39 ans – voit comme un challenge. « Quand le vicaire épiscopal m’a demandé si j’étais d’accord de le relever, j’ai accepté tout en sachant que je ne peux pas faire de miracles. »

Cette mission lui demande de l’énergie. « Je la puise notamment dans la prière, à laquelle j’accorde un moment important entre 7h et 8h30 chaque matin, avant la messe de 9h que je célèbre en tour-nus avec mes collègues. »

L’expérience de l’ancien étudiantSa nomination ne doit pas grand-chose au hasard. Ayant passé son enfance à Neuchâtel, Joseph Gay a ensuite intégré la Garde suisse pontificale avant d’entrer au Séminaire. D’abord à Ars en France puis à Fribourg, où il a été ordonné prêtre en 2013. « Cela m’a donné l’occasion de rentrer en contact avec le monde étudiant. » Cette expérience, il la met à profit dans son mandat actuel.

« Etre seul dans mon dicastère complique un peu mes jour-nées mais m’évite des séances (rires). Mon rôle n’est pas de créer quelque chose à partir de rien. Si je devais être déplacé ailleurs, cela tomberait à l’eau. Je préfère encourager les initiatives, fournis-sant un appui moral et logistique. Je peux aussi faire le lien avec les curés dans les paroisses, sans phagocyter le travail déjà fait. »

Poser des basesFidèle à ce principe, l’abbé « n’a jamais rien fondé, hormis “ Sur-sum Corda ”, un groupe de mon-tagne jeunesse. Mais parfois, les jeunes eux-mêmes m’ont demandé d’être leur aumônier. Je fonctionne

Un peu de lecture pour un moment de réflexion…

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UNE JOURNÉE AVEC JOSEPH GAY

XIDÉCEMBRE 2018

de la même manière ici. Il faut accepter l’idée de démarrer petit pour qu’ensuite ça s’agrandisse. En posant des bases plutôt qu’en cherchant un résultat immédiat. » Et de donner un exemple : « Les contacts personnalisés sont privi-légiés, parce que le côté "groupe" peut parfois être un blocage. Je viens d’effectuer un pèlerinage à Rome avec des confirmés. Au départ, lorsque nous allions prier, ça traînait les pieds. Puis, au cœur de la chrétienté, ayant vu le Pape et ayant croisé Mgr de Raemy, ils ont commencé à ne plus avoir peur de prier le chapelet à haute voix en journée dans une église. Cela leur a donné l’envie de continuer, de se voir ici, à Neuchâtel. Un Doodle a été lancé… »

S’occupant aussi de l’Aumônerie universitaire, Joseph Gay peut compter sur l’appui de ses col-lègues du vicariat. « Nous nous réunissons le mardi et tissons des synergies. La pastorale de la famille et celle de la santé ont beaucoup à voir avec celle dont je m’occupe. Les responsables de la

communication et de la formation sont aussi parties prenantes. Il y a des choses à développer ensemble. Beaucoup de nominations étant récentes, un temps d’adaptation est nécessaire. Mais c’est une bonne équipe. Je suis confiant. »

Particularisme neuchâteloisPour les 50 % consacrés à ses activités de prêtre auxiliaire, Joseph Gay œuvre de concert avec ses homologues. « Funérailles, préparation au mariage, bap-têmes… ils en font plus que moi », avoue-t-il humblement. « Mais je participe à la vie de la paroisse, aux kermesses, aux veillées de prière. » Réf léchissant un ins-tant, il souligne : « Ici, le contexte œcuménique est important. En ce moment, je participe à l’orga-nisation d’une table ronde inter-églises qui aura lieu en janvier, sur le thème "Mirage ou Miracle". La sensibilité de la population neuchâteloise à la question de l’ésotérisme, au secret, au magné-tisme est très perceptible. »

A plus courte échéance, il pré-pare aussi le concert du groupe Hopen, le 23 novembre à 20h30 à la basilique. « Nous voulons créer un ou deux événements comme ça par an. Tous les confirmands et les confirmés sont invités, avec en préambule une rencontre avec Mgr de Raemy qui parlera du Synode. Comme le souligne le pape François, l’idée est de faire confiance aux jeunes, d’être à leur écoute et surtout de répondre à leurs attentes. Ne pas leur dire: pratique d’abord, et après on verra. Tout ça commence par une simple rencontre. »Joseph Gay entouré de confirmands à Rome.

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Vivre ensembleLa communauté

arménienne

«Beauté des chants, parfum d’encens, voix puissantes des officiants, la célébration, véritable

voyage dans le temps, nous rappelle que l’Arménie institua, en 301, le premier Etat

chrétien.»«La communauté arménienne de Suisse compte

près de 8000 personnes.»«En 1920, le pasteur Kraft-Bonnard créa un

orphelinat à Begnins pour accueillir des enfants rescapés du génocide.»

«Je suis genevois, né à Genève. Mon identité arménienne est toujours présente et je la vis sans

conflit! Il n’y a pas qu’une vérité, qu’une seule façon de regarder l’autre. Une langue implique

une certaine manière de communiquer. En parler plusieurs est un enrichissement et un accès plus

facile à la tolérance.»Par Nicole Andreetta

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VIVRE ENSEMBLE

XII L’ESSENTIEL

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e PAR NICOLE ANDREETTAPHOTO : MAGDA GHALI

Chaque dimanche, le Père Goosan Aljanian célèbre la messe, selon le rite de l’Eglise apostolique armé-nienne, à Troinex, dans l’église Saint-Hagop (Saint-Jacques).

Beauté des chants, parfum d’en-cens, voix puissantes des offi-ciants, la célébration, véritable voyage dans le temps, nous rap-pelle que l’Arménie institua, en 301, le premier Etat chrétien.

La communauté arménienne de Suisse compte près de 8000 personnes. Elle s’est constituée par vagues d’arrivées succes-sives. A la fin du XIXe siècle, des familles bourgeoises, fuyant les persécutions du sultan ottoman, s’établirent à Genève. En 1920, le pasteur Kraft-Bonnard créa un orphelinat à Begnins pour accueillir des enfants rescapés du génocide. Dans les années 50, de nombreux Turcs, parmi lesquels des Arméniens, s’expatrièrent

pour trouver du travail. Suivirent les Arméniens du Liban, d’Iran et les ressortissants de l’ex-Arménie soviétique.

C’est après un parcours parsemé d’événements tragiques qu’Areg parvient à retrouver ses racines : « Né à Adana, je suis arrivé à Genève en 2004. Mes parents, activistes pro-kurdes, avaient fui la Turquie et demandé l’asile en Suisse. Nous sommes origi-naires du Dersim, une région où Arméniens, Kurdes et Alévis ont subi tour à tour tellement d’hor-reurs qu’une chape de plomb avait recouvert notre histoire familiale. J’ai découvert récemment que j’avais des liens avec la commu-nauté arménienne et la religion chrétienne. »

Au fil des déplacements forcés et des exils successifs, l’identité arménienne s’est complexifiée. Pour Daniel Papazian, membre du Conseil de la Fondation Saint-Grégoire, c’est une opportu-nité pour davantage d’ouverture.

« Je suis genevois, né à Genève. Mon identité arménienne est toujours présente et je la vis sans conflit ! Il n’y a pas qu’ une vérité, qu’une seule façon de regarder l’autre. Une langue implique une certaine manière de communi-quer. En parler plusieurs est un enrichissement et un accès plus facile à la tolérance. »

Il ajoute : « C’est autour de la messe célébrée dans la langue et selon le rite de nos origines que nous nous rencontrons et nous nous retrouvons. »

www.centre-armenien-geneve.ch

L’église Saint-Hagop est l’unique église arménienne de Suisse.

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Synode des jeunesMarie:

Réponse de Mgr Alain de Raemy:«La façon d’être chrétien est toujours la même. C’est celle de Jésus. De l’amour qui aime aimer.»

«Au Canada, en Afrique du Sud ou auxPhilippines, cet unique amour est différemmentsollicité et défié. Mais partout le chrétien, le vrai,

est demandé.»«Au synode un exemple a été mis en avant: la

collaboration qui doit se faire entre chrétiens des pays d’origine et chrétiens des pays d’accueil des migrants. Jeunes, aidez-nous à devenir grands!»

XIIISEPTEMBRE 2018

PAR VINCENT LAFARGUE / PHOTOS : LDD, DRRépo

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d’un

évê

que

L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy, répond ainsi :

Chère Edwige,Pour tout ce qui concerne la vie, notre foi en Dieu est déterminante. Si on ne croit pas en Dieu, alors oui, on peut estimer être « les seuls maîtres à bord ».Pour nous chrétiens : seul Dieu est Dieu et la vie vient de lui. Elle est sacrée. Nous n’avons aucun droit de décision sur elle. Nous ne sommes pas Dieu, et donc pas non plus notre propre dieu. Nous n’avons pas à juger de la valeur d’une vie… serait-ce la nôtre ! Nous ne l’avons pas inventée, nous l’avons reçue. Et nous sommes si mauvais juges… Nous avons donc l’obligation d’accueillir, de respecter, de protéger, et aussi de soigner et de soula-ger les souffrances de toute vie humaine. Nous n’avons pas le droit de la violenter ou de la violer…, encore moins de la supprimer, et pas non plus de la laisser souffrir !Mais offrir la possibilité du suicide, c’est communiquer clairement que nous acceptons l’éventualité de re-noncer à continuer d’aider, que nous serions soulagés que le souffrant disparaisse avec sa souffrance. Et nous prenons ainsi la place de Dieu, en maîtres et juges de la valeur d’une vie.Et n’oublions pas que tout suicide laisse des traces dans la conscience des autres, et des proches en parti-culier… Tous peuvent se sentir coresponsables et le vivre comme un déni à leur affection. C’est presque comme de leur claquer la porte…Ta profession sera de sauver des vies, dans tous les sens du terme sauver, aussi en laissant partir une per-sonne en paix quand son corps perd toutes ses ressources. Donc sans la prolonger avec acharnement, en jouant là aussi à l’apprenti-sorcier…Chère Edwige, si tu pouvais t’investir dans les soins palliatifs ! Les possibilités de mieux soulager les souf-frances ne sont de loin pas toutes appliquées ni même découvertes. Il est plus facile d’achever que d’aider…Que Dieu nous garde dans le respect sacré de la vie de toute personne, à commencer par la nôtre, conscients que cela a des implications à chaque moment, et pas seulement au début et à la fin !

+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes

En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.

« En tant qu’étudiante en médecine, je serai confrontée dans mon travail à de nombreuses ques-tions éthiques telles que le recours à " Exit " ici en Suisse. Cet acte nous paraît parfois justifié dans des situations où les patients vivent une souffrance invivable qui est parfois la conséquence de traitements que nous-mêmes leur avons recommandés et sans lesquels ils seraient partis plus tôt mais peut-être moins souffrants. Dans ces situations, sommes-nous censés juger seulement en âme et conscience d’accepter ou non le recours à " Exit " ? »

Edwige Larivé, 22 ans, habitant les Plans-sur-Bex (VD), étudie la médecine et est également animatrice dans les camps vocations de Suisse romande. Edwige a posé plusieurs questions à nos auto-rités ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :

«J’imagine que la façon d’être chrétien n’est pas pareille pour un jeune du Canada, d’Afrique du Sud

ou des Philippines. De ces différentes réalités, comment le Synode a-t-il pu rejoindre chaque

communauté ?»

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XIIIDÉCEMBRE 2018

PAR VINCENT LAFARGUE / PHOTOS : LDD, DRRépo

nse

d’un

évê

que

L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy, répond ainsi :

Chère Marie,La façon d’être chrétien est toujours la même. C’est celle de Jésus. De l’amour qui aime aimer. Sans mais, ni si, ni sauf… D’un amour qui n’aime pas ne pas aimer. Mais qui justement pour cela ne peut pas se passer de Jésus, l’Amour incarné. En Lui, je suis aimé. Pas préservé ou avantageusement privilégié. Mais gratuitement aimé pour gratuitement aimer. Sans exception.Au Canada, en Afrique du Sud ou aux Philippines, cet unique amour est différemment sollicité et défié. Mais partout le chrétien, le vrai, est demandé. Corruption rampante qui fait qu’on y succombe pour s’en sortir, violence choquante qui rend la vengeance presque légitime, villages et villes qui se vident de leur jeunesse qui trop souvent finit noyée en Méditerranée, questions d’identité sexuelle qui nous laissent pantois et sans voix, sociétés individualistes où l’efferves-cence des réseaux ne change rien à la réalité…Le synode a montré aux participants que l’amour du Christ est vraiment le seul chemin. Partout. Jusqu’au martyre. Des martyres apparemment si différents et pourtant tous également consé-quents. Ces témoignages ignorés, incompris, ridiculisés, discriminés, emprisonnés, persécutés, ou même parfois tués. Mais des témoignages qui peuvent tout changer, aujourd’hui, demain ou même après-demain. L’amour n’est jamais vain. Et il rend heureux. Tout de suite.On apprend les uns des autres à être chrétien en tout et pour tout. Si seulement la planète inter-connectée et super-réseautée que nous connaissons pouvait rendre ce témoignage chrétien partout présent et encore plus fécond ! La jeunesse est ici au premier plan, les « digital natifs » ont vraiment une mission ! Au synode un exemple a été mis en avant : la collaboration qui doit se faire entre chrétiens des pays d’origine et chrétiens des pays d’accueil des migrants. Jeunes, aidez-nous à devenir grands !+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes

En vue du Synode des jeunes qui s’est tenu à l’automne 2018, le Pape invitait nos jeunes à poser les questions qui les habitent.

J’imagine que la façon d’être chrétien n’est pas pareille pour un jeune du Canada, d’Afrique du Sud ou des Philippines. De ces différentes réalités, comment le Synode a-t-il pu rejoindre chaque communauté ?

Ce mois-ci, pour la dernière édition de cette rubrique, c’est Marie, de Fribourg, 31 ans, jeune mère de famille et ensei-gnante spécialisée, qui a posé plusieurs questions à nos autori-tés ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :

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Compléments à l’éclairage

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Les chrétiens d’OrientSecteur d’Aigle

«L’origine de ces Eglises se situe pour la plupart aux premiers siècles de l’ère

chrétienne et elles ont gardé une saveur et une fraîcheur à nulle autre pareille. Certaines utilisent encore la langue

araméenne parlée par le Christ. Elles sont fréquemment très minoritaires quant au nombre de fidèles, mais très importantes

par leurs rayonnements spirituels et philosophiques, par leurs places dans la

société.»Par Michel-Ambroise Rey

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ÉDITORIAL

Depuis quelques années, lorsque nous laissons le micro baladeur voguer parmi les fidèles au cours des intentions de prière, il arrive très fréquemment que des participants aux eucharisties prient pour les chrétiens d’Orient. Ils nous rappellent l’importance de la communion des saints et sollicitent notre attention sur des situa-tions très préoccupantes que vivent nos frères et sœurs dans la foi.L’origine de ces Eglises se situe pour la plupart aux premiers siècles de l’ère chré-tienne et elles ont gardé une saveur et une fraîcheur à nulle autre pareille. Certaines utilisent encore la langue araméenne, langue parlée par le Christ. Elles sont fréquemment très minoritaires quant au nombre de fidèles, mais très importantes par leurs rayonnements spirituels et philo-sophiques, par leurs places dans la société.Leurs fleurons et leurs titres de gloire sont leurs très nombreux théologiens parmi lesquels il vaut la peine de relever la pensée et l’œuvre de saint Ephrem (306-373), qui a mérité comme surnom celui de « harpe du Saint-Esprit ».Le Père Michel Kubler, assomptionniste, éminent connaisseur de l’Orient, signale que le christianisme oriental se distingue par un adage clair et concis « Montre-moi Dieu, demande le disciple et le maître de répondre : montre-moi l’homme » et par le rôle déterminant du Saint-Esprit dans la prière et la vie spirituelle des croyants et des communautés. Samuel Lieven, journaliste à la Croix de Paris, conclut : « Exode, discrimination, violences, persécutions… Jamais, dans un Proche-Orient miné par les conflits, les chrétiens n’ont été aussi menacés dans leur survie. Vu de l’extérieur, s’unir pour mieux exister et peser sur le destin de la région semble une évidence pour ces commu-nautés minoritaires. Pourtant, la division continue le plus souvent de l’emporter 1. »

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I-VI Cahier romand

07-09 Secteur10-11 Agenda12 Prière Infos utiles Adresses

2 SECTEUR AIGLE

PAR MICHEL-AMBROISE REY PHOTO : DR

Editeur St-Augustin SA, case postale 51, 1890 St-Maurice

Directrice générale Dominique-A. Puenzieux

Rédaction en chefDominique-A. Puenzieux

Secrétariat Tél. 024 486 05 25 | fax 024 486 05 36 E-mail: [email protected]

Rédaction locale Cure catholique d’Aigle Tél. 024 466 23 88 E-mail : [email protected]

Maquette Essencedesign SA, Lausanne

Abonnement Annuel: Fr. 40.–Aigle, Bex, Leysin/Les Ormonts,Ollon, Roche et Villars/GryonCCP 18-25238-2

Photo de couvertureFabienne Theytaz

Pharmacie du CentreM.-J. Bacca, PharmacienPlace du Centre – AigleTél. 024 466 23 51

HoméopathieCosmétiqueDiététique adulte et enfantProduits naturels

FERBLANTERIE

INSTALLATIONS SANITAIRESMaîtrise fédérale

Place Alphonse Mex Tél. 024 466 26 121860 AIGLE Fax 024 466 65 87

COUVERTURE

Lunetterie de Bex OPTIQUE • VERRES DE CONTACT Rainer Bätz Maître opticien – Opticien diplôméRue Centrale 27 1880 BexTél. 024 463 43 43 Fax 024 463 43 46

GUARNACCIAConstructions Métalliques SA

Ch. des Isles 20 – CP 304 – 1860 AigleTél. 024 466 44 70 – Fax 024 466 17 27

Ferblanterie – CouvertureRue du Rhône 30 Tél. 024 466 28 301860 Aigle Fax 024 466 66 16

1 Tiré du site internet suivant (consulté le 07.10.2018) : https://www.la-croix.com/Journal/ Chretiens-dOrient-sunir-disparaitre- 2017-10-05-1100882015

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), décembre 2018

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La Syrie oubliéeSecteur de l’Entremont

«Il semble que la guerre syrienne soit le drame le plus cruel qu’ait vu le monde depuis la deuxième guerre mondiale. Avec le recul des violences, le Monde tourne la page et oublie la Syrie dans la misère, noyée dans ses problèmes cruciaux.»

«… 600’000 morts… 200’000 disparus… 13’000’000 réfugiés… 95’000 mains coupées,

pieds amputés ou paralysés… 2’500’000 logements démolis ou détruits…»

«Qu’il est facile et rapide de détruire un pays, ettrès difficile et si lent de le reconstruire. Un long

chemin à parcourir dans l’Espérance…»«Si le Monde oublie la Syrie, le Seigneur ne laissera

pas la barque couler. Merci de vous unir à notre prière devant l’enfant

Divin, Prince de la paix.»Par Samir Nassar, archevêque maronite de Damas

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2 SECTEUR DE L’ENTREMONT

ÉDITORIAL

Il semble que la guerre syrienne soit le drame le plus cruel qu’ait vu le monde depuis la deu-xième guerre mondiale. Avec le recul des vio-lences, le Monde tourne la page et oublie la Syrie dans la misère, noyée dans ses problèmes cruciaux.Une scène chaotique :– 600’000 morts dont plusieurs dans des cime-

tières collectifs, qui ont plongé nos familles dans le deuil et l’instabilité affective.

– 200’000 disparus dont 2 évêques et 4 prêtres, un cauchemar des parents, des amis et des Eglises qui ignorent le sort de leurs bien-ai-més

– 13’000’000 de réfugiés, une lourde consé-quence de cette guerre mondiale sur la terre syrienne. Indésirables populations qui souffrent en silence, plongées dans l’amer-tume et la perdition. Un peuple éclaté, dis-persé en quête d’avenir.

– 95’000 mains coupées, pieds amputés ou paralysés dans un pays qui n’est pas préparé à gérer seul ce problème épineux et ses consé-quences psychologiques et médico-sociales

– 2’500’000 logements démolis ou détruits. Ces ruines bloquent le retour des réfugiés et accentuent la crise du logement. Ceci sans compter les zones industrielles fantômes et les infrastructures endommagées.

Il faut tenir compte du blocus qui étouffe l’éco-nomie et surtout le petit peuple privé de l’aide de ses émigrés. L’effondrement de la monnaie locale, l’inflation galopante et l’exode des jeunes font le reste…Qu’il est facile et rapide de détruire un pays, et très difficile et si lent de le reconstruire. Un long chemin à parcourir dans l’Espérance…Devant ces scènes de désolation, l’Eglise de Syrie bien que minoritaire ne se résigne pas à un rôle de spectateur. Elle contribue à la Lumière de l’Esprit apportant une présence et un témoi-gnage dans le domaine de la santé, l’éducation, la pastorale des Jeunes, la médiation familiale, l’accompagnement des foyers fragiles et le sou-tien des plus démunis, le tout dans un esprit de pardon et de réconciliation…Si le Monde oublie la Syrie, le Seigneur ne lais-sera pas la barque couler.Merci de vous unir à notre prière devant l’en-fant Divin, Prince de la paix.Meilleurs vœux de Noël et du Nouvel An

Editeur St-Augustin SA, case postale 51, 1890 St-Maurice

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Photo couverture Photo : Bénédicte Bender

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Liddes : Equipe de rédaction : Séverine Gabioud Responsable locale des abonnements : Nadine Exquis, tél. 027 783 27 37

Orsières : Equipe de rédaction : Danièle Cretton

Sembrancher : Equipe de rédaction : Nicole Rebord Responsable locale des abonnements : Anne-Marie Bertolini, tél. 027 785 14 08

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02 Editorial03 Témoin / Rencontre

I-VIII Cahier romand

04 Secteur05 Secteur Livre de vie06 Agenda07 Agenda Vie des paroisses08 Méditation Adresses

NOËL 2018PAR + SAMIR NASSAR, ARCHEVÊQUE MARONITE DE DAMAS PHOTO : DRSo

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yrie

oub

liée Ce dernier numéro de 2018 est consa-

cré aux chrétiens d’Orient. Chacun connaît leur destin douloureux. C’est pourquoi nous avons jugé utile, à travers cet éditorial, de donner la parole à nos frères souffrants.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l'Entremont (VS), décembre 2018

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Béatification des martyrs d’AlgérieMartigny, Bovernier, Charrat

«En cette période trouble où l’Eglise est questionnée par ses propres scandales, au pied d’un mur qu’on dit monté de cléricalisme, l’expérience des chrétiens d’Orient tend

un miroir enrichissant. Invitation à une redécouverte essentielle?»

«En ce mois de décembre, l’Eglise d’Algérie partagejustement la bonne nouvelle de la béatification à Oran

de ses 19 martyrs: lumière pour le monde et modèles devie chrétienne en leur vie donnée pour des petits, des

malades, lamitié et la fraternité avec leurs voisins musulmans. Mgr Claverie et ses compagnons, dont les moines de Tibhirine, ont choisi de risquer leur vie pour

rester, jusqu’au bout, fidèles à leur foi et leur conscience, en solidarité profonde avec leur terre

d’accueil.»Mgr Pierre Claverie: «Notre chance, en Algérie est d’être

assez démunis – mais l’est-on jamais assez? – de nos richesses, de nos prétentions et de notre suffisance pour pouvoir entendre, accueillir, partager du peu que l’on a.»

Par Laure Barbosa

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3MARTIGNY, BOVERNIER, CHARRAT

SOCIÉTÉ-ACTUALITÉ

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PAR LAURE BARBOSAPHOTO : WWW.LA-CROIX.COM

En cette période trouble où l’Eglise est questionnée par ses propres scandales, au pied d’un mur qu’on dit monté de clérica-lisme, l’expérience des chrétiens d’Orient tend un miroir enrichissant. Invitation à une redécouverte essentielle ?

Grain de sable dans un océan musulman, la situation précaire des chrétiens implan-tés depuis les temps apostoliques dans le Proche-Orient arabe s’avère porteuse de sens et d’espérance. Minorité religieuse en des pays ravagés par la crise écono-mique, sociale, politique, les guerres du pétrole et la montée de l’islamisme radi-cal, bon nombre de ces croyants éprouvés, réprimés et menacés, choisissent de rester. Message d’humilité et de persévérance, la vie difficile de ces Eglises, interpellation et témoin fidèle de l’amour du Christ, accueille même par endroits une vague de convertis. La présence des chrétiens arabes dans ces contextes explosifs demeure déci-sive, gardienne de l’enjeu de la diversité et chance pour le dialogue et la paix.

A l’heure où les défis interdisent à l’Eglise de camper sur ses positions, retentit le même appel à avancer en eaux profondes, oser avoir besoin des autres pour jeter le filet à nouveau. Si l’on n’est pas prophète en son pays, il convient de s’expatrier, sortir de soi et de sa zone de confort, se faire soi-même l’étranger pour devenir parole, île, pont, hospice et relais d’amour. Cette dynamique de dépouillement, voire d’enfouissement pour retrouver l’audace de l’Evangile rappelle l’héritage spirituel d’un Charles de Foucauld. Nos vies sont vouées à l’échange ou à l’échec.

En ce mois de décembre, l’Eglise d’Algé-rie partage justement la bonne nouvelle de la béatification à Oran de ses 19 mar-tyrs : lumière pour le monde et modèles de vie chrétienne en leur vie donnée pour des petits, des malades, l’amitié et la fra-ternité avec leurs voisins musulmans. Mgr Claverie et ses compagnons, dont les moines de Tibhirine, ont choisi de risquer leur vie pour rester, jusqu’au bout, fidèles à leur foi et leur conscience, en solidarité profonde avec leur terre d’accueil. Pierre Claverie décrivait ainsi la fine pointe de toute vocation évangélique : « Aller à la rencontre d’hommes et de femmes de notre temps, et leur signifier par toute notre vie que nous nous reconnaissons tous frères et sœurs en humanité, follement aimés de Dieu, membres de la grande famille humaine, sans distinction de race, de couleur, de culture, et même de religion. » Magnifique source d’inspiration lestée de leurs vies, que ce ministère de bonté et de douceur, façon d’être au monde pour le monde, comme le levain dans la pâte.

« Notre chance, en Algérie est d’être assez démunis – mais l’est-on jamais assez ? – de nos ri-chesses, de nos prétentions et de notre suffisance pour pouvoir entendre, accueillir, partager du peu que l’on a. Remercions Dieu lorsqu’il rend son Eglise à la simple humanité, sans costumes d’apparat ou d’emprunt, sans fards ni clinquants dérisoires. Réjouissons-nous de tout ce qui peut nous rendre accueillants et disponibles, plus soucieux de nous donner que de nous défendre. Le disciple envoyé par le Christ est l’homme dans sa simple humanité, l’homme léger, disponible, dépouillé de tout ce qui l’encombre et l’alourdit. L’homme qu’on ne confond pas avec son argent, ses diplômes, ses décorations… Disponible pour aimer, au prix de ce qu’il a de plus précieux, sa vie. » Mgr Pierre Claverie, 1re homélie 9.10.81, cathédrale d’Oran

* A lirePierre CLAVERIE, Petit traitéde la rencontre et du dialogue, Paris, Cerf, 2004.Claude RAULT, Désert, ma cathé-drale, Paris, Desclée de Brouwer, 2008.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), décembre 2018

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Le Noël orthodoxeNotre-Dame de La Brillaz

«Chez les Orthodoxes, la période de préparation aux fêtes de la Nativité ne

s’appelle pas "Avent" mais "Carême de Noël". C’est une période de jeûne qui commence 40

jours avant la fête, soit du 28 (15) novembre au 6 (24 décembre) janvier. Noël a donc lieu le 7

janvier chez les orthodoxes. Ce jour-là, seule la famille qui demeure sous le même toit célèbre Noël. Il ne faut donc pas recevoir d’invités ou

même se rendre chez quelqu’un.»«Lorsque tout le monde se met à table, le plus

âgé des hommes de la famille divise tout d’abord le pain en deux morceaux, une partie pour Dieu et l’autre partie pour la maison…» Par Jean-François Deléaval avec le concours de Zorica

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3NOTRE-DAME DE LA BRILLAZ

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PAR JEAN-FRANÇOIS DELÉAVAL AVEC LE CONCOURS DE ZORICAPHOTO : VESNA ZLATANOVA

Notre unité pastorale a la chance d’avoir comme secrétaire Zorica, de confession orthodoxe. Elle a donc décidé de nous présenter le déroulement de la fête de Noël dans sa famille.

Chacun le sait : le Noël orthodoxe ne se fête pas à la même date que le Noël chrétien en raison des différences entre le calendrier julien (oriental) et grégorien (romain). L’orthodoxie a conservé le calendrier « julien » qui comporte 13 jours d’écart par rapport au calendrier occidental « grégo-rien » qui est maintenant le calendrier civil. Le 25 décembre du calendrier « grégorien » correspond donc au 7 janvier du calendrier « julien ».

Chez les Orthodoxes, la période de prépa-ration aux fêtes de la Nativité ne s’appelle pas « Avent » mais « Carême de Noël ». C’est une période de jeûne qui commence 40 jours avant la fête, soit du 28 (15) novembre au 6 (24 décembre) janvier.

Noël a donc lieu le 7 janvier chez les orthodoxes. Ce jour-là, seule la famille qui demeure sous le même toit célèbre Noël. Il ne faut donc pas recevoir d’invités ou même se rendre chez quelqu’un.

Chez les catholiques romains, la dinde farcie est servie au cours du repas. En Orient, lors du souper, la table est garnie de cassoulets, de choux farcis avec du riz sans viande (ce soir-là on ne mange pas de viande mais du poisson), de la pita au poi-reau (une spécialité balkanique), du pois-son, de la courge grillée, un bol de mélange avec noix, noisettes et fruits secs et pour le dessert, il y a du baklava, aussi une spécia-lité balkanique, une sorte de gâteau avec de la pâte feuilletée, farcie de noix et par-des-sus du sucre liquide.

La partie la plus importante pendant ce souper, est le pain de Noël. Il est fait par la mère de famille. Ce pain ne contient pas de levure et pendant sa préparation, une pièce de monnaie est introduite à l’intérieur. Cette pièce est utilisée d’année en année. Elle est mise de côté dans un verre de vin rouge jusqu’au prochain Noël…

Lorsque tout le monde se met à table, le plus âgé des hommes de la famille divise tout d’abord le pain en deux morceaux, une partie pour Dieu et l’autre partie pour la maison. Si la pièce est visible à ce moment-là dans un des morceaux, cela signifie que cette année la famille ou la maison sera sous la protection de Dieu. Si la pièce ne se montre pas, le partageur sépare les deux morceaux de pain en parts égales qui sont distribuées à chaque per-sonne assise autour de la table. Il est donné en main propre à chacun en commençant par le plus âgé jusqu’au plus jeune.

Lorsque tout le monde a son bout de pain, une prière est dite par le père de famille et la recherche de la pièce peut commencer. Le détenteur de la pièce a alors l’obligation de veiller et de protéger sa famille pendant toute l’année. Aussi, cette année lui sera remplie de joie, de réussite et santé.

A la fin du souper, la table ne doit pas être desservie. Elle doit rester telle quelle jusqu’au lendemain.

Le papa de Zorica partage le pain.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Notre-Dame de la Brillaz (FR), décembre 2018 – janvier 2019

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Une présence orthodoxe à Saint-Maurice

Secteur de Saint-Maurice

«L’Abbaye de Saint-Maurice entretient depuis longtemps des contacts avec les chrétiens

d’Orient. Saint Maurice et la légion thébaine venaient d’Egypte. Ils étaient donc coptes,

nom que portent jusqu’à nos jours les chrétiens d’Egypte.»

«Depuis des années, les orientaux de toutes provenances viennent en pèlerinage au

tombeau des martyrs, célèbrent la liturgie, vénèrent les reliques. Des liens se sont noués,

des amitiés sont nées. Un fruit de tout cela, c’est l’ouverture d’une chapelle consacrée exclusivement au culte orthodoxe à Saint-

Maurice.» Par le chanoine Roland Jacquenoud, prieur

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5SECTEUR DE SAINT-MAURICE

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PAR LE CHANOINE ROLAND JACQUENOUD, PRIEUR PHOTOS : JEAN MARQUIS

L’Abbaye de Saint-Maurice entretient depuis longtemps des contacts avec les chrétiens d’Orient. Saint Maurice et la

légion thébaine venaient d’Egypte. Ils étaient donc coptes, nom que portent jusqu’à nos jours les chrétiens d’Egypte. On a vu ces dernières décennies leur culte se répandre en Egypte. Tous les patriarches coptes de ces quarante der-nières années sont venus visiter l’Abbaye et vénérer les reliques des martyrs. Et puis la longue histoire de l’Abbaye, sa fonda-tion avant les schismes séparant les chré-tiens d’Orient de ceux de l’Occident, a fait qu’elle suscite un grand intérêt chez les orthodoxes.

Depuis des années, les orientaux de toutes provenances viennent en pèleri-nage au tombeau des martyrs, célèbrent la liturgie, vénèrent les reliques. Des liens se sont noués, des amitiés sont nées. Un fruit de tout cela, c’est l’ouverture d’une chapelle consacrée exclusivement au culte orthodoxe à Saint-Maurice. La chapelle St-Jacques, que l’on voit à l’entrée de la ville accolée à l’hospice du même nom, était désaffectée depuis le départ des sœurs de la charité. A la suite d’un accord entre l’Abbaye et Mgr Nestor, évêque russe de Paris, elle a été réouverte et confiée au diocèse orthodoxe russe de Chersonèse. Le Père Augustin Sokolovsky, prêtre du diocèse de Chersonèse et ami de longue date de la communauté abbatiale, a été nommé desservant de la chapelle.

Cette nomination a été faite d’un commun accord entre le diocèse de Chersonèse et l’Abbaye. Ce fait est exceptionnel. Si pour nous, chrétiens occidentaux, les ques-tions de juridiction et d’autorité sont assez secondaires, elles revêtent au contraire une importance majeure chez les orientaux et sont souvent source de conflits, même entre chrétiens d’une même Eglise. Nommer d’un commun accord un prêtre orthodoxe est le signe d’une confiance réciproque toute particulière. Le monachisme est au centre de la vie des Eglises orientales. La longue tradition de vie religieuse et monas-tique sur le tombeau des martyrs thébains est, pour les chrétiens d’Orient, un signe évident d’authenticité, qui transcende les barrières dressées entre les confessions chrétiennes au long des siècles.

Le Père Augustin Sokolovsky célèbre la liturgie orthodoxe russe le 1er samedi du mois à 9h15 à la chapelle St-Jacques à St-Maurice.

Fleurs - PoterieArtisanat

Av. des Terreaux 51890 St-MauriceTél. 024 485 13 22

Pompes funèbres et Fleuriste

Antoine Rithnerwww.pompesfunebres-rithner.ch

Tél. 024 471 30 50, 1870 Monthey

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de Saint-Maurice (VS), décembre 2018

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Témoignages

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Chrétiens d’Orient: un accueil inégalable

Secteurs de Sierre

«Quand je suis dans ces pays dévastés en présence de ces personnes d’une foi si profonde et tellement

accueillantes, je me sens chez moi. C’est incroyable! Confie-t-elle. Ils sont en outre très reconnaissants de savoir que l’on ne les oublie pas, ce dont j’essaie de

témoigner par ma présence.»«Depuis l’âge de 24 ans à CSI, une organisation

humanitaire et de défense des droits de l’homme basée à Zurich, elle s’engage pour la protection des diverses

communautés minoritaires du Moyen-Orient.»«J’ai pu visiter une école pour enfants yézidis dans un

camp de fortune. Des enfants enlevés en 2014 et qui ne connaissent désormais plus rien de leur identité. Un

lavage de cerveau systématique a pu effacer jusqu’au souvenir de leur propres parents… Un Irakien de

Bagdad a créé cette école et d’autres semblables pour les aider à surmonter le traumatisme et renouer avec

leur culture, religion et traditions.»«Ils voient la déchristianisation de l’Occident comme un piège inquiétant. Qu’est-ce qui va remplir le vide laissé

dans les cœurs par la société de consommation?»

Propos recueillis par Brigitte Deslarzes

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SOCIÉTÉ

6 SECTEURS DE SIERRE

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able Elle visite régulièrement l’Irak ou l’Egypte depuis deux ans

et était même en septembre dernier en Syrie. Hélène Rey de Montana-Village, 26 ans, est engagée auprès de Christian Solidarity international (CSI) à Zurich.TEXTE PAR BRIGITTE DESLARZES PHOTOS : HÉLÈNE REY

« Quand je suis dans ces pays dévastés en présence de ces personnes d’une foi si pro-fonde et tellement accueillantes, je me sens chez moi. C’est incroyable ! confie-t-elle. Ils sont en outre très reconnaissants de savoir que l’on ne les oublie pas, ce dont j’essaie de témoigner par ma présence. »

Sur le terrainElle a réalisé son rêve d’enfant en étudiant l’archéologie à Londres. Outre l’allemand, l’italien et l’anglais, elle a appris l’arabe, qu’elle a perfectionné lors de séjours en Jordanie et a décroché un master à Chi-cago en études du Moyen-Orient avec une spécialisation en sociologie des religions. Elle pensait se concentrer sur le rapport entre religion et violence d’un point de vue sécuritaire, mais la profonde richesse socioreligieuse de la région l’a attirée dans une autre direction. Depuis l’âge de 24 ans à CSI, une organisation humanitaire et de défense des droits de l’homme basée à Zurich, elle s’engage pour la protection des diverses communautés minoritaires du Moyen-Orient. Pour sa première mis-sion au sortir de l’université américaine, la

jeune Valaisanne a été envoyée en Irak en 2016 auprès des réfugiés victimes de l’Etat islamique (EI) et dans leurs villages dévas-tés et leurs églises détruites.

Des retours difficilesLes personnes rencontrées il y a deux ans dans des camps ont pour beaucoup gardé une foi intacte, malgré les pressions pour se convertir à l’islam ne serait-ce que pour avoir de quoi manger. « Quand je suis retournée en octobre der-nier en Irak, poursuit Hélène, j’ai notam-ment visité le village de Karamlesch où j’ai retrouvé Ghazala. En 2014, cette femme de 85 ans s’était retrouvée pendant plus de deux semaines prisonnière dans sa mai-son, alors que les militants de l’EI avait pris le contrôle de son village. Elle avait ensuite pu s’échapper et rejoindre les autres dépla-cés dans la région du Kurdistan irakien, où je l’avais rencontrée lors de mon premier voyage en Irak. C’était extraordinaire de la revoir après deux ans, cette fois-ci dans sa maison, dans son village qu’elle ne pensait plus jamais revoir. »

« J’ai pu visiter une école pour enfants yézi-dis dans un camp de fortune », indique encore Hélène en montrant quelques photos des lieux sur son smartphone. Des enfants enlevés en 2014 et qui ne connaissent désormais plus rien de leur identité. Un lavage de cerveau systéma-tique a pu effacer jusqu’au souvenir de leur propres parents… Un Irakien de Bagdad a créé cette école et d’autres semblables pour les aider à surmonter le traumatisme et renouer avec leur culture, religion et tra-ditions. Comme les moyens de ce dernier sont venus à manquer, CSI aide à financer ce projet d’envergure.

Avec le patriarche Ignace Ephram IIEn Syrie, Hélène a participé en septembre à une rencontre de jeunes de l’Eglise syriaque-orthodoxe avec leur patriarche, Ignace Ephram II. Un congrès internatio-nal a eu lieu aux Etats-Unis en été, mais les jeunes Syriens, tout comme beaucoup de ressortissants de pays majoritairement musulmans, n’ont pas pu obtenir de visa pour y participer. Aussi, quelque 250 jeunes se sont retrouvés dans le village de Marat

Hélène Rey, originaire de Montana Village, s’engage auprès des chrétiens d’Orient.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), décembre 2018

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SECTEURS DE SIERRE 7

SOCIÉTÉ

Sednaya où un centre syriaque-orthodoxe peut les recevoir. Une université y a tout juste ouvert ses portes. Ces jeunes, venus de toute la Syrie avec les moyens du bord, font preuve d’une foi, d’un accueil, d’un esprit de solidarité hors norme, évoque la jeune Valaisanne. « Il y avait parmi eux une telle joie, malgré la guerre qui, d’une manière ou d’une autre, les a tous touchés. Et un tel attachement à leur communauté et à ses valeurs que même pendant les longs offices en syriaque, une langue qui n’est pas forcément comprise de tous, cha-cun reste pleinement engagé. C’était vrai-ment une expérience extraordinaire. »

Quant au patriarche, il exhorte les jeunes à rester en Syrie et les encourage à ne pas baisser les bras.

Beaucoup prendraient la route de l’exil s’ils en avaient la possibilité. Tous ont des amis et des membres de la famille qui sont déjà partis.

Témoins de l’EvangileCSI distribue des filtres pour purifier l’eau.« En tant que chrétiens nous en donnons aussi aux musulmans et membres d’autres communautés religieuses, comme les Yézi-dis, ce qui est un témoignage d’unité et de paix. C’est la logique de l’Evangile qui nous appelle à travailler ainsi, à dépasser la peur et la haine pour aller vers l’autre, quel qu’il soit », souligne encore Hélène.

Les chrétiens d’Orient sont heureux de nous voir, ils doivent sentir que nous ne les abandonnons pas à leur sort. Ils voient la déchristianisation de l’Occident comme un piège inquiétant. Qu’est-ce qui va rem-plir le vide laissé dans les cœurs par la société de consommation ?

Modèle de résistanceHélène se dit encore impressionnée par certaines familles aisées de Qaraqosh en Irak qui ont tout perdu du jour au lende-main. « Je me souviens avoir visité cette ville fantôme juste après sa libération de l’EI. Il n’y avait que quelques miliciens et policiers, raconte Hélène. Mais maintenant la vie reprend peu à peu avec le retour de près d’un tiers des habitants. » Si la plupart de ceux partis à l’étranger ne reviendront sans doute jamais s’installer dans leur ville natale, certains ont néanmoins fait le choix de rentrer, nostalgiques d’un sens de communauté et de solidarités manquant dans leurs lieux d’exil. Comme ce jeune employé d’un nouveau restaurant huppé de Qaraqosh qui, après quatre ans en Suède, s’est décidé à rentrer au pays malgré une bonne intégration dans son pays d’accueil.

Si l’EI a perdu la quasi-totalité du territoire qui était sous son contrôle, cela ne veut pas pour autant dire que l’idéologie qui l’ani-mait a disparu. Une étincelle suffirait à déclencher une nouvelle vague de violence. « On va à la messe alors qu’une bombe peut éclater en tout temps. En Egypte les églises sont désormais gardées, les routes adjacentes fermées », indique encore la Valaisanne qui semble n’avoir peur de rien… « La capacité de résistance de toutes ces personnes rencontrées est une grande leçon pour nous Occidentaux », conclut-elle.

CSI distribue des filtres pour purifier l’eau dans la plaine de Ninive à ceux qui sont retournés dans leurs villages après l’occupation de l’EI. Un moyen de survie indispensable.

L’organisation CSI soutient l’éducation d’enfants yézidis.

Ghazala, 85 ans, avait pu fuir l’EI auquel elle avait résisté et a enfin retrouvé sa maison après deux ans d’exil.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), décembre 2018

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Moyen-OrientUnité pastorale Saint-Barnabé

«Le saint pape Jean-Paul II a dit, lors de sa visite au Liban en 1997: "Le Liban est plus qu’un pays, c’est un message pour

les religions." L’est-il toujours?»

«Le Liban était, durant toute son histoire,un pays de refuge pour toutes les

communautés chrétiennes persécutées dans leurs pays d’origine. Depuis 40 ans, il se retrouve ne plein milieu des conflits du Moyen-Orient. Depuis 8 ans, il subit

les conséquences de la crise syrienne et le fardeau de 1,5 million de réfugiés

syriens.» par Mirna Schwab

«La sœur Rabha nous a parlé des difficultés actuelles des familles vivant derrière le mur qui sépare Bethlehem

d’Israël. Ce mur est doté d’une technologie de pointe qui abat

automatiquement les personnes qui s’en approchent.»

«lors de notre rencontre avec l’évêque latin de Jérusalem, j’ai bien compris son message: "Plus important que le travail

en paroisse est le soutien des écoles chrétiennes!"» par Piroska Bertchold

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4 UNITÉ PASTORALE SAINT-BARNABÉ

DANS L'UNITÉ PASTORALE

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rient Témoignages de Mesdames

Mirna Schwab et Piroska Berchtold

Le dossier romand de ce numéro est consacré à la vie des chrétiens d’Orient en Suisse. Quant à nous, nous accueillons deux témoignages sur la situation actuelle au Liban et en Palestine. Mme Mirna Schwab est libanaise et assistante pastorale à l’UP Saint-Barnabé. Mme Piroska Berchtold, présidente du Conseil de communauté de Payerne, était en Terre sainte en septembre 2018. Merci à Mirna et Piroska pour leur partage !

PAR MIRNA SCHWAB PHOTO : PIROSKA BERCHTOLD

La situation des chrétiens au LibanLe saint pape Jean-Paul II a dit, lors de sa visite au Liban en 1997 : « Le Liban est plus qu’un pays, c’est un message pour les reli-gions. »L’est-il toujours ? Les chrétiens du Liban ont-ils encore un avenir dans le pays qui était « la Suisse du Moyen-Orient » ?Le Liban était, durant toute son histoire, un pays de refuge pour toutes les communautés chré-tiennes persécutées dans leurs pays d’origine. Depuis environ 40 ans, il se retrouve en plein milieu des conflits du Moyen-Orient. Depuis 8 ans, il subit les conséquences de la crise syrienne et le fardeau de 1,5 million de réfugiés syriens.Les Libanais en général et par-ticulièrement les chrétiens sont pessimistes quant à l’avenir de leur pays, le Pays des cèdres. Deux tiers des chrétiens du Liban ont choisi l’exil car ils n’ont plus confiance en leur gouvernement ni en un avenir dans le monde arabe. Beaucoup même pensent

que l’éclatement d’une deuxième guerre civile n’est plus qu’une question de temps. Le chef de l’Etat, Michel Aoun, a affirmé que les réfugiés syriens « constituent désormais une menace existentielle pour le Liban qui ne peut plus supporter leur présence pour une période indéterminée, au vu des répercus-sions sécuritaires, économiques, sociales et sanitaires de cette pré-sence ». La situation économique, qui ne cesse de se détériorer, a atteint un seuil dramatique. Plus de la moitié des Libanais vivent en dessous du seuil de pauvreté. La classe moyenne, qui représen-tait 60% de la population avant la guerre, a été anéantie sous le far-deau de la cherté de la vie et des inégalités sociales.Mgr Georges Saliba, évêque syriaque-orthodoxe du Mont- Liban et de Tripoli, n’est pas optimiste concernant l’avenir des chrétiens du Moyen-Orient. « Si la situation reste telle qu’elle est actuellement, les chrétiens du Moyen-Orient disparaîtront dans une dizaine d’années, même du

Mirna

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Saint-Barnabé (VD), décembre 2018

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5UNITÉ PASTORALE SAINT-BARNABÉ

DANS L'UNITÉ PASTORALE

Liban », dit-il dans un entretien à L’Orient-Le Jour, journal liba-nais. Par contre, lors d’une confé-rence à Fribourg le 27 mars 2018, M. Antoine Fleyfel, philosophe et théologien franco-libanais, a affirmé que, malgré les difficul-tés majeures et les défis auxquels ils sont confrontés, les chrétiens d’Orient ont encore un avenir et

ne vont pas disparaître, à condi-tion qu’ils aient la volonté de rester sur leur terre et que l’Occi-dent assume ses responsabilités et aide sérieusement ces pays à s’en sortir.

Les chrétiens du Liban vont-ils continuer à résister ou vont-ils disparaître ? L’avenir nous le dira.

TEXTE ET PHOTO PAR PIROSKA BERTCHOLD

Voyage en Terre sainteJ’ai eu la chance d’aller en pèleri-nage en Terre sainte en septembre dernier. Je me propose alors de vous partager mon expérience et mes sentiments suite à ce séjour.Ne pouvant pas mentionner tout ce que j’ai vécu et tout ce qui se passe là-bas, j’aimerais m’arrêter sur la situation de Bethlehem. Nous y avons visité le Centre de la famille franciscaine, créé en 2004 pour conseiller les familles ayant souffert du traumatisme causé par le conflit armé mais, aussi, pour assurer des programmes éducatifs pour adultes et enfants. La sœur Rabha nous a parlé des difficultés actuelles des familles vivant derrière le mur qui sépare Bethlehem d’Israël. Ce mur est doté d’une technologie de pointe qui abat automatiquement les personnes qui s’en approchent.

Aujourd’hui, les chrétiens sont moins de 2% de la population en Terre sainte. Dans les années 1960, le pourcentage de chrétiens atteignait encore les 20%. Dans les institutions scolaires, les enseignants et les élèves, majo-ritairement musulmans, ne res-

pectent pas les chrétiens. Cette agressivité est difficile à vivre: beaucoup abandonnent leur foi ou changent de religion durant leur scolarité, pour échapper aux difficultés. Lors de notre rencontre avec l’évêque latin de Jérusalem, j’ai bien compris son message : « Plus important que le travail en paroisse est le soutien des écoles chrétiennes ! »

Avec le peu de moyens dont dispose le Centre de la famille franciscaine de Bethlehem, sa fondatrice, Maria Grech, a eu une excellente idée pour aider les pères de familles qui n’ont pas de travail : ils reçoivent un soutien matériel et financier pour amé-nager des chambres dans leurs maisons et permettre ainsi aux familles d’avoir un peu plus d’es-pace privé. Actuellement, 60% des personnes sont au chômage et, dans ces conditions, les jeunes couples doivent rester chez leurs parents. Cette situation provoque souvent des conflits intergénéra-tionnels. En donnant du travail au père, c’est toute la famille qui retrouve sa dignité !J’ai bien réalisé que, sans l’aide

Piroska

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Saint-Barnabé (VD), décembre 2018

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6 UNITÉ PASTORALE SAINT-BARNABÉ

DANS L'UNITÉ PASTORALE

et la solidarité des chrétiens du monde entier, il n’y aura plus de chrétiens en Terre sainte sous peu.

Néanmoins, je suis en admiration pour les œuvres qui persistent depuis l’ère de saint François d’Assise. La Custodie francis-caine nous a permis de marcher encore aujourd’hui sur les pas de

Jésus. Par la suite, d’autres ordres se sont joints aux franciscains pour une présence chrétienne sur cette terre meurtrie. Aujourd’hui, chaque pèlerin apporte l’espoir et le soutien aux communautés chrétiennes locales, en visitant les lieux saints et partageant avec elles les réalités locales ! Quelle grâce de l’avoir vécu !Groupe de Frère Michel Poffet en Terre

sainte 2018

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Saint-Barnabé (VD), décembre 2018

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Visite au Pays des CèdresSecteur des Deux-Rives

«Il y a 29 ans, dans le cadre de l’action SALAM-Enfants du Liban, nous avons accueilli dans notre

famille le petit Dany, 8 ans, l’éloignant pour un été de la guerre (…) Il y a une année nous avons eu la grande joie de retrouver Dany, son épouse Yolla et

leurs enfants Carelle et Karl dans leur pays: le Liban.»

«Plus encore que les monuments, les édifices et les offices religieux, nous avons vraiment été

"saisis", "questionnés", pour ne pas dire "bouleversé", par la profonde "foi" des personnes

que nous avons côtoyées, par leur "confiance" sans réserve en Dieu, au Christ, à la Vierge, aux

saints de l’Eglise et tout particulièrement ceux qui "veillent" sur le Liban!»

Par Pierre Ançay

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TÉMOIN

6 SECTEUR DES DEUX-RIVES

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s TEXTE ET PHOTOS PAR PIERRE ANÇAY

Accueil de DanyIl y a 29 ans, dans le cadre de l’action « SALAM – Enfants du Liban », nous avons accueilli dans notre famille le petit Dany, 8 ans, l’éloignant pour un été de la guerre fratricide qui déchirait le Liban et tout particulièrement Beyrouth qui s’écrou-lait, jour après jour, sous les bombes. De l’Eglise Maronite (de saint Maron – Ermite), rattachée à Rome et constituant la plus importante communauté chrétienne du Liban, la famille de Dany vient d’un petit village chrétien de la région de l’Ak-kar (Liban Nord à la frontière syrienne). Son père, actuellement retraité, a été des années durant, comme beaucoup de ses concitoyens chrétiens de la région du Nord, soldat dans l’armée libanaise du général Aoun (actuel président du Liban) pendant que Dany, sa maman et ses deux petits frères vivaient ou plutôt survivaient

à cette époque en se terrant dans les caves d’une capitale déchirée.

Retrouvailles au LibanIl y a une année, nous avons eu la grande joie de retrouver Dany, son épouse Yolla et leurs enfants Carelle et Karl dans leur pays : le Liban. Durant quinze jours, Dany (professeur de géographie) et Yolla (pro-fesseure de français) nous firent découvrir les membres de leurs familles et, du nord au sud, leur magnifique pays !

Bien sûr que nos « retrouvailles » furent émouvantes et que la découverte de ce petit pays méditerranéen, de ses habitants, de sa longue et souvent difficile histoire, de sa culture, de sa renommée gastrono-mique… nous ont impressionnés !

Présences religieuses bien visibles et lieux de dévotionCe qui nous a frappés dès le premier jour, en traversant Beyrouth pour nous rendre à Byblos (Jbeil), ce furent les innom-brables édifices religieux lançant vers le ciel les clochers des nombreuses églises chrétiennes et les minarets des mosquées musulmanes, soit les lieux de cultes repré-sentant les 18 confessions principales qui composent le « paysage » religieux liba-nais.

Autres aspects qui ne manquèrent pas de nous étonner, ce furent les nombreux monuments chrétiens que l’on retrouve au bord des routes, dressés sur les collines et montagnes, au milieu des carrefours et des ronds-points : croix, monumentales statues du Christ et de la Vierge, dont celle célèbre de Notre-Dame du Liban à Harissa qui domine la baie de Jounieh et toute la région de Beyrouth. Nous ont aussi frappés les dizaines de statues de toutes dimensions de saint Charbel, sainte Rafqa, saint Nemetallah, saint Estephan Nehmeh et bien sûr celles de saint Maron, saints tous très vénérés au Pays des Cèdres. Il faut dire que le culte de la Vierge Marie et des saints draine, aujourd’hui comme hier, l’essentiel des dévotions aussi bien chrétiennes que musulmanes et nourrit un dialogue interreligieux naturel.

Nous n’allions d’ailleurs pas tarder à constater la profonde religiosité de nos hôtes. A peine étions-nous arrivés à Byblos (lieu principal de notre séjour) et avions-nous déposé nos valises, de suite nous avons été invités à « monter » au Cou-vent Saint-Maron d’Annaya où se trouve Dany et sa famille lors de leur visite en Valais en juillet de cette année.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), décembre 2018

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TÉMOIN

7SECTEUR DES DEUX-RIVES

Saints très vénérés au Liban (depuis le haut : saint Estephan Nehmeh, sainte Rafqa, saint Charbel et saint Nemetallah).

la tombe de saint Charbel, décédé en 1898, « grand saint digne des Autels » et source de réconforts et de guérisons tant spiri-tuelles que corporelles.

Puis, pratiquement chaque jour, nous avons visité au moins un monastère, une église, un lieu de pèlerinage, participé à de magnifiques offices religieux selon les rites de l’Eglise Maronite. Parmi toutes ces visites, celle qui nous a particulière-ment marqués a été la découverte de la Vallée Sainte de la Qadisha, haut lieu de pèlerinage dans un paysage somptueux se nichant dans la chaîne de montagnes du Liban. La Qadisha, qui respire de tous ses portes la spiritualité et renferme les plus anciens monastères chrétiens du Moyen-Orient.

Foi, Confiance, EspéranceMais, plus encore que les monuments, les édifices et les offices religieux, nous avons vraiment été « saisis », « questionnés », pour ne pas dire « bouleversés », par la profonde « foi » des personnes que nous avons côtoyées, par leur « confiance » sans réserve en Dieu, au Christ, à la Vierge, aux saints de l’Eglise et tout particulièrement ceux qui « veillent » sur le Liban !

Les chrétiens du Liban et, plus générale-ment, tous les chrétiens d’Orient vivent des temps très difficiles et savent qu’ils sont « assis » sur des barils de poudre ! Peuvent-ils vraiment compter sur nous, leurs frères chrétiens occidentaux, pour les comprendre, les aider, les soutenir ? A chacun d’entre nous de se poser en « vérité » la question et d’y répondre autre-

ment que par « mais nous, depuis ici, que pouvons-nous faire ? » !

Dans cette situation complexe et explosive dans laquelle vivent nos frères chrétiens à quelques petites heures d’avion d’ici, ce qui est certain de leur part, est « l’es-pérance » que chacun met en la Parole de Dieu qui leur dit, en même temps qu’à nous : « Exultez de joie, même s’il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves ; elles vérifieront la valeur de votre foi qui a bien plus de prix que l’or – cet or voué à dis-paraître et pourtant vérifié par le feu –, afin que votre foi reçoive louange, gloire et honneur quand se révélera Jésus-Christ. » (1 Pierre 1, 6-7)

Notre Dame du Liban veillant sur le Pays des Cèdres.

Mosquée et église se côtoyant à Beyrouth.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), décembre 2018