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Niveau Seconde Boîte à outils Accompagnement personnalisé Soutien Année 2010-2011 1

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Page 1: Niveau Seconde Boîte à outils Accompagnement …s4.e-monsite.com/2011/07/03/68050977lundi09-mai-seconde... · Texte 3 : Paul Eluard, La vie immédiate, 1932 Sans grande cérémonie

Niveau Seconde

Boîte à outils

Accompagnement personnalisé Soutien

Année 2010-2011

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(11) Les mouvements litteraires et culturels en Français

(12) La dissertation en Français

(13) Les registres de langue en Français

(14) L' écriture d'invention en Français

(18) L'argumentation en Français et en Histoire-Géographie

(19) Vers le commentaire littéraire à travers l’étude de deux figures de style en Français

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(14) Les mouvements littéraires et culturels en Français

Déroulement de la séquence sur trois semaines :

I. 1ère séance

– Exercice d'observation : relier un texte / un tableau et dire pourquoi (doc. 1)

– Mise en commun orale

– Définition personnelle de la notion de mouvement littéraire et culturel

– Mise en commun orale

– Distribution des fiches de définition (doc. 2)

– Les élèves complètent au crayon papier

– Correction (doc.3)

– Travail maison: chaque élève prend en charge un mouvement et fait des recherches avec la fichepour la semaine suivante (doc. 4)

II. 2ème séance

– Chaque élève fait état de ses recherches sur le mouvement en charge à l'oral

– Pendant ce temps, les autres remplissent un tableau synthétique (doc. 5)

– Distribution du tableau final (doc.6)

– travail maison: réviser en vue de la préparation aux exercices de la semaine suivante

III. 3ème séance

– Les élèves ont le droit de réviser le tableau 5 minutes

– Distribution du test (doc.7)

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– Document 1: exercice d'observation

Relier chaque texte à un tableau et expliquer votre choix.

Texte 1 : Jean Racine, Phèdre, acte I, sc. 3, 1677(extrait)

PHÈDRE

Mon mal vient de plus loin. À peine au fils d’ÉgéeSous les lois de l’hymen je m’étais engagée,Mon repos, mon bonheur semblait être affermi;Athènes me montra mon superbe ennemi:Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue;Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue;Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler;Je sentis tout mon corps et transir et brûler:Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables!Par des vœux assidus je crus les détourner:Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner;De victimes moi-même à toute heure entourée,Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée:D’un incurable amour remèdes impuissants!En vain sur les autels ma main brûlait l’encens!Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,J’adorais Hippolyte; et, le voyant sans cesse,Même au pied des autels que je faisais fumer,J’offrais tout à ce dieu que je n’osais nommer.

Texte 2 :Alphonse de Lamartine, Méditationspoétiques, "Le lac", 1820 (extrait)

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,Dans la nuit éternelle emportés sans retour,Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âgesJeter l’ancre un seul jour?

Ô lac! l’année à peine a fini sa carrière,Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,Regarde! je viens seul m’asseoir sur cette pierreOù tu la vis s’asseoir!

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondesSur ses pieds adorés.

Texte 3 : Paul Eluard, La vie immédiate, 1932

Sans grande cérémonie à terrePrès de ceux qui gardent leur équilibreSur cette misère de tout reposTout près de la bonne voieDans la poussière du sérieuxJ'établis des rapports entre l'homme et la femmeEntre les fontes du soleil et le sac à bourdonsEntre les grottes enchantées et l'avalancheEntre les yeux cernés et le rire aux aboisEntre ma merlette héraldique et l'étoile de l'ailEntre le fil à plomb et le bruit du ventEntre la fontaine aux fourmis et la culture desframboisesEntre le fer à cheval et le bout des doigtsEntre le calcédoine et l'hiver en épinglesEntre l'arbre à prunelles et le mimétisme constatéEntre la carotide et le spectre du selEntre l'araucaria et la tête du nainEntre les rails aux embranchements et la colomberousseEntre l'homme et la femmeEntre ma solitude et toi

Tableau A : Max Ernst, L'habillement de l'épousée,1940

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Tableau B : Le Lorrain, Adieu d'Enée à Didon,1676

Tableau C : Caspar David Friedrich, La lunes'élève au-dessus de la mer, 1822

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– Document 2

Qu'est-ce qu'un mouvement littéraire et culturel ?

I. Définition

– Un mouvement littéraire et culturel rassemble des artistes unis autour d'une recherche commune.

Les écrivains Victor Hugo, Lamartine, Musset, le peintre Eugène Delacroix, le compositeurFrédéric Chopin appartiennent au mouvement ............................................ .

– Le groupe trouve son unité dans l'admiration pour un auteur qui en devient le symbole etle ................................

Victor Hugo prend la tête du mouvement romantique en France. Emile Zola est le fondateurdu ...........................

– Un mouvement s'inscrit toujours dans une période déterminée de l'Histoire; sa naissance peut êtreliée à des circonstances particulières.

Le romantisme naît au début du XIXe siècle, au lendemain de la …............................................... etdu premier Empire, le surréalisme après ........................................................................................ .

– Un mouvement se reconnaît à la présence de thèmes récurrents chez les différents artistes. Ilspartagent les mêmes …....................... et portent le même regard sur la société qui les entoure.

…........................................... traitent des questions sociales, politiques, religieuses; …....................privilégient les thèmes lyriques comme la mélancolie, l'amour.

– On retrouve ces thèmes communs dans des œuvres devenues emblématiques du mouvement. Il peuts'agir d'œuvres célèbres, qui ont parfois fait .................................................. .

La représentation ......................................, drame de Victor Hugo, provoque en 1830 une véritablebataille entre les romantiques et leurs détracteurs.

– Pour certains mouvements, des textes théoriques exposent les principes qui guident l'élaboration desoeuvres. Il peut s'agir de …..............................., d'essais, de …......................., d'arts poétiques.

Victor Hugo définit le drame romantique dans la préface de Cromwell (1827); André Breton écritdeux Manifestes du surréalisme (1924 et 1930).

– Les mouvements se construisent souvent par ............................................. les uns aux autres. Ilscritiquent les outrances et les faiblesses des mouvements précédents pour les nuancer ou en prendrele contre-pied. Ils se réfèrent à un idéal humain original qui incarne les valeurs nouvelles.

Au XVIIe siècle, le ....................................... préconise l'usage de la mesure et de la raison, quis'incarnent dans l'idéal de « l'honnête homme». Par opposition, le ......................................... exaltela beauté des passions et construit la figure du héros mélancolique et révolté.

II. Echanges et influences

– Un mouvement regroupe souvent des artistes de différents ....................... qui s'influencentmutuellement.

................................... réunit le Hollandais Érasme, l'Anglais Thomas More, les Français Rabelaisou Montaigne. ........................................... est né en Allemagne et en Grande-Bretagne avant degagner la France puis l'Europe.

– Par des modes d'expression différents, des romanciers, des poètes, des peintres, des hommes de

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théâtre, des sculpteurs, des compositeurs et des architectes manifestent une sensibilité commune etune même conception de la beauté.

L'importance que le surréalisme accorde au rêve et aux manifestations de l'inconscient s'exprimeaussi bien dans la ................ d'André Breton que dans la ..................... de Salvador Dali ou dans les................. de Luis Bunuel.

III.La dénomination des mouvements

– Certains mouvements se revendiquent comme tels et se constituent délibérément en« ........................... ».

Au XVIe siècle, Ronsard et Du Bellay rassemblent autour d'eux le groupe des poètesde .................................... .

Au XIXe siècle, Emile Zola prend la tête de l'école ............................................ ..

– Dans d'autres cas, la dénomination est adoptée par des critiques et des historiens qui dégagent lestraits communs aux œuvres d'une même période et ce bien après cette période.

Les termes de "classicisme" et de "baroque" sont forgés au .................. siècle pour caractériser lestraits communs à des œuvres élaborées au ...................... siècle.

– Certains artistes sont rattachés par des critiques à un mouvement particulier bien qu'ils refusent des'y reconnaître.

Maupassant est considéré comme un romancier ......................... ou ............................ parce que sonécriture et les thèmes qu'il aborde le rapprochent de Flaubert et de Zola. Pourtant, il ne se voulaitd'aucune école.

– Remarque :Les termes utilisés pour nommer les mouvements passent souvent dans la langueusuelle. Ils peuvent désigner:

- une attitude intellectuelle, une vision du monde;

- un trait de caractère, un comportement;

- des réalités quotidiennes.

Il y a quelque chose de romantique dans l'univers tourmenté de ce cinéaste. / Emma Bovary seperdait dans ses rêves d'amours romantiques. / Ce dîner aux chandelles m'a paru très romantique.

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– Document 3: Corrections

Qu'est-ce qu'un mouvement littéraire et culturel ?

I. Définition

– Un mouvement littéraire et culturel rassemble des artistes unis autour d'une recherche commune.

Les écrivains Victor Hugo, Lamartine, Musset, le peintre Eugène Delacroix, le compositeurFrédéric Chopin appartiennent au mouvement romantique.

– Le groupe trouve son unité dans l'admiration pour un auteur qui en devient le symbole et le chef defile.

Victor Hugo prend la tête du mouvement romantique en France. Emile Zola est le fondateur dunaturalisme.

– Un mouvement s'inscrit toujours dans une période déterminée de l'Histoire; sa naissance peut êtreliée à des circonstances particulières.

Le romantisme naît au début du XIXe siècle, au lendemain de la Révolution Française et du premierEmpire, le surréalisme après la Première Guerre mondiale.

– Un mouvement se reconnaît à la présence de thèmes récurrents chez les différents artistes. Ilspartagent les mêmes préoccupations et portent le même regard sur la société qui les entoure.

Les philosophes des Lumières traitent des questions sociales, politiques, religieuses; lesromantiques privilégient les thèmes lyriques comme la mélancolie, l'amour.

– On retrouve ces thèmes communs dans des œuvres devenues emblématiques du mouvement. Il peuts'agir d'œuvres célèbres, qui ont parfois fait scandale.

La représentation d'Hernani, drame de Victor Hugo, provoque en 1830 une véritable bataille entreles romantiques et leurs détracteurs.

– Pour certains mouvements, des textes théoriques exposent les principes qui guident l'élaboration desoeuvres. Il peut s'agir de manifestes, d'essais, de préfaces, d'arts poétiques.

Victor Hugo définit le drame romantique dans la préface de Cromwell (1827); André Breton écritdeux Manifestes du surréalisme (1924 et 1930).

– Les mouvements se construisent souvent par oppostion les uns aux autres. Ils critiquent lesoutrances et les faiblesses des mouvements précédents pour les nuancer ou en prendre le contre-pied. Ils se réfèrent à un idéal humain original qui incarne les valeurs nouvelles.

Au XVIIe siècle, le classicisme préconise l'usage de la mesure et de la raison, qui s'incarnent dansl'idéal de « l'honnête homme». Par opposition, le romantisme exalte la beauté des passions etconstruit la figure du héros mélancolique et révolté.

II. Echanges et influences

– Un mouvement regroupe souvent des artistes de différents pays qui s'influencent mutuellement.

L'humanisme réunit le Hollandais Érasme, l'Anglais Thomas More, les Français Rabelais ouMontaigne. Le romantisme est né en Allemagne et en Grande-Bretagne avant de gagner la Francepuis l'Europe.

– Par des modes d'expression différents, des romanciers, des poètes, des peintres, des hommes dethéâtre, des sculpteurs, des compositeurs et des architectes manifestent une sensibilité commune etune même conception de la beauté.

L'importance que le surréalisme accorde au rêve et aux manifestations de l'inconscient s'exprimeaussi bien dans la poésie d'André Breton que dans la peinture de Salvador Dali ou dans les films deLuis Bunuel.

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III. La dénomination des mouvements

– Certains mouvements se revendiquent comme tels et se constituent délibérément en « écoles ».

Au XVIe siècle, Ronsard et Du Bellay rassemblent autour d'eux le groupe des poètes de la Pléiade.

Au XIXe siècle, Emile Zola prend la tête de l'école naturaliste.

– Dans d'autres cas, la dénomination est adoptée par des critiques et des historiens qui dégagent lestraits communs aux œuvres d'une même période et ce bien après cette période.

Les termes de "classicisme" et de "baroque" sont forgés au XIX ème siècle pour caractériser lestraits communs à des œuvres élaborées au XVII ème siècle.

– Certains artistes sont rattachés par des critiques à un mouvement particulier bien qu'ils refusent des'y reconnaître.

Maupassant est considéré comme un romancier réaliste ou naturaliste parce que son écriture et lesthèmes qu'il aborde le rapprochent de Flaubert et de Zola. Pourtant, il ne se voulait d'aucune école.

– Remarque :Les termes utilisés pour nommer les mouvements passent souvent dans la langueusuelle. Ils peuvent désigner:

- une attitude intellectuelle, une vision du monde;

- un trait de caractère, un comportement;

- des réalités quotidiennes.

Il y a quelque chose de romantique dans l'univers tourmenté de ce cinéaste. / Emma Bovary seperdait dans ses rêves d'amours romantiques. / Ce dîner aux chandelles m'a paru très romantique.

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– Document 4

Le mouvement …..........................

Définition

Dates (environ)

Principes etcaractéristiques

Thèmes abordés

Genres privilégiés

Formes et procédés utilisés par les auteurs dans

leurs textes

Auteurs représentatifs

Artistes représentatifs

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– Document 5 Les principaux mouvements littéraires

Les principauxmouvementslittéraires

Définition

Dates (environ)

Principes etcaractéristiques

Thèmesabordés

Genresprivilégiés

Formes etprocédésutilisés par lesauteurs dansleurs textes

Auteursreprésentatifs

Artistesreprésentatifs

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– Document 6

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– Document 7

Test: Les mouvements littéraires

Après les avoir classés du plus ancien au plus récent, placez, sur le tableau, les mouvements suivants en lesrattachant aux caractéristiques, auteurs et contextes historiques indiqués.

– mouvements: 1) symbolisme 2) naturalisme 3) baroque 4) Les Lumières 5) surréalisme

6) humanisme 7) classicisme 8) la Pléiade 9) romantisme 10) réalisme

– caractéristiques: a) recherche de nouveaux moyens d’écriture, expression de l’inconscient et durêve b) redécouverte des textes de l’Antiquité, foi dans l’homme et la connaissance c) refus dulyrisme romantique et de la subjectivité, représentation de la société qui se veut objective d)expression des sentiments personnels, refus du rationalisme et des règles, sensibilité et mal de vivree) développement de l’esprit critique, foi dans la raison et dans le progrès, refus des préjugés,tolérance et liberté f) école poétique de la Renaissance, imitation des auteurs grecs et latins,promotion de la langue française g) recherche de l’équilibre et de la mesure, imitation des Anciens,respect des règles d’écriture, plaire et instruire h) représentation de la société qui se veutscientifique, représentation du monde du travail et des classes dévalorisées i) goût pour lemouvement, les métamorphoses, l’illusion et l’exagération j) désir de dépasser la réalité pourexprimer la dimension spirituelle de l’homme, art de la suggestion

– auteurs: Ronsard, Rimbaud, Voltaire, Baudelaire, Racine, Flaubert, Aragon, La Fontaine, Balzac,Rabelais, Du Bellay, Chateaubriand, Maupassant, Hugo, Rousseau, Montaigne, Verlaine,Beaumarchais, Musset, Zola, Molière, Breton, Corneille, Montesquieu, Stendhal

– contextes historiques: Règne de Louis XIV, guerres de religion, règne de Napoléon III, Premièreguerre mondiale, règnes de Louis XV et Louis XVI, les trois glorieuses, règne de François 1er, règnede Napoléon 1er, révolution industrielle, la Fronde, Révolution française.

mouvements caractéristiques auteurs contextes historiques

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(15) La dissertation en Français

Déroulement de la séquence sur six semaines :

I. 1ère et 2ème séance :

– Analyse de différents sujets (doc.1, 2 et 2')

– Distribution de la méthode (doc.3)

II. 3ème, 4ème, 5ème et 6ème séance :

– Elaboration d'une dissertation en commun de A à Z à partir d'un corpus (doc.4 et 4')

– La méthode est détaillée pas à pas (doc. 5)

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– Document 1: Exemples de sujets de dissertation– Sujet n°1

Corpus : Victor Hugo, "Melancholia", Les Contemplations (1856); Victor Hugo, Les Misérables (1862); Victor Hugo, Les Misérables (1862)

Question : Quelle est la visée commune à ces trois textes ? Vous indiquerez pour chaque texte le registre dominant.

Sujet de dissertation : Un écrivain peut-il, par ses œuvres, contribuer à l'amélioration de la société ? Vous appuierez votre réflexion sur lestextes du corpus, ainsi que sur vos connaissances littéraires et vos lectures personnelles.

– Sujet n°2

Corpus : Jean-Marie G. Le Clézio, "écrire: un art exigeant", Le magazine littéraire, (fév. 1998); Jorge Semprun, Elie Wiesel, Se taire estimpossible (2001); Victor Hugo, Les rayons et les ombres (1840)

Question : Quatre écrivains s'exprime sur le rôle de l'écriture. Vous reformulerez en quelques lignes la réponse de chacun d'eux à la question :"Pourquoi écrire" ?

Sujet de dissertation : En vous appuyant sur les textes du corpus et sur des exemples variés de lectures, vous direz dans quelle mesure, selonvous, le travail de l'écrivain est utile, et même indispensable pour lui-même comme pour la société.

– Sujet n°3

Corpus : Molière, Le dépit amoureux, IV, 3 (1656); Marivaux, La double Inconstance, I, 4 (1723); Auguste Strindberg, Père, II, 5 (1887); Jean-Paul Sartre, Les mains sales, 6ème tableau, sc.2 (1948)

Question : De quelle façon ces quatre extraits marquent-ils l'opposition entre les personnages ? Vous prendrez en compte les situations danslesquelles ces oppositions s'inscrivent, ainsi que les éléments stylistiques qui les soulignent.

Sujet de dissertation : Au-delà même de la dispute, peut-on considérer que le conflit est l'essence du théâtre ? Vous appuierez votre réponsesur les textes du corpus et sur les pièces que vous avez étudiées et lues ou vues personnellement.

– Sujet n°4

Corpus : La Fontaine, "Le loup et l'agneau", Fables (1668); La fontaine, " Les animaux malades de la peste", Fables (1668); Jacqueline deRomilly, Lettre aux parents sur les choix scolaires (1994)

Question : Après avoir identifié les différents genres littéraires du corpus, expliquez le lien qui les relie.

Sujet de dissertation : Dans sa première préface des Méditations, Lamartine rappelle son impression d'enfant à propos des fables : "ceshistoires d'animaux qui parlent, qui se font des leçons, qui se moquent les uns des autres, qui sont égoïstes, railleurs, avares, sans pitié, sansamitié, plus méchants que nous, me soulevaient le cœur." En vous appuyant sur les textes du corpus et sur votre connaissance des fables quimettent en scène des animaux, vous expliciterez l'image que Lamartine donne des fables, puis vous montrerez comment l'utilisation desanimaux à été au contraire perçue comme un instrument didactique efficace.

– Sujet n°5

Corpus : Marivaux, L'ile des esclaves; I, 1 (1725); Molière, George Dandin, I, 4 (1668)

Question : Dans quelle mesure ce deux textes peuvent-ils être rapprochés ?

Sujet de dissertation : Dans le Barbier de Séville (1775) Beaumarchais fait dire au personnage de Figaro : "je me presse de rire de tout, depeur d'être obligé d'en pleurer"; En 1988, le comique Pierre Desproges meurt d'un cancer, mal qu'il a longtemps caricaturé dans ses sketchesdoux-amers.

Pourquoi rit-on de situations graves, voire tragiques ? N'y a-t-il pas là une contradiction ? Comment l'expliquez-vous ? Vous répondrez dans undéveloppement composé, en prenant appui sur les textes du corpus et sur votre connaissance du genre et du registre comique à travers deslectures mais aussi d'autres domaines (cinéma, spectacles, arts graphiques ...).

– Sujet n°6

Corpus : Arthur Rimbaud, "Alchimie du verbe", Une saison en enfer (1873); Stéphane Mallarmé, Œuvres complètes (1891); EtienneVerhaeren, Impressions, III (1887)

Question : Quelle vision de la poésie proposent ces trois poètes ?

Sujet de dissertation : Un mérite de la poésie, dont bien des gens ne se doutent pas, c'est qu'elle dit plus que la prose, en moins de mots que laprose. Vous expliciterez ce jugement en vous appuyant sur les textes du corpus et sur les œuvres poétiques que vous avez étudiées, et vous vousdemanderez si c'est là la seule raison que l'on peut avoir d'aimer la poésie.

– Sujet n°7

Corpus : Honoré de Balzac, Eugénie Grandet, 1833; Victor Hugo, Les misérables (1862); Roger Martin du Gard, Les Thibaud (1936-1964);photos du film Les Misérables de J.-P. Le Chanois (1958) avec Jean Gabin dans le rôle de Jean Valjean.

Question : Les trois extraits de roman et les deux images mettent en scène un personnage dans une situation particulière. Qu'y a-t-il decommun aux différentes situations et comment ces similitudes s'expriment-elles ?

Sujet de dissertation : "Les fictions doivent nous expliquer, par nos vertus et nos sentiments, les mystères de notre sort." Vous expliciterez cepoint de vue de Madame de Staël (1766-1817) sur les ouvrages de fiction en montrant comment les romans offrent aux lecteurs une peinturedes êtres humains et de leur environnement social de nature à en favoriser la compréhension.

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– Document 2: Tableau d'analyse des sujets de dissertation

Analyse

Sujets

Objetd'étudeconcerné

Relation avecles textes ducorpus et laquestion

Domainesd'application

Problématique Démarche Plan

Sujet 1

Sujet 2

Sujet 3

Sujet 4

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Sujet 5

Sujet 6

Sujet 7

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– Document 2': corrections

Tableau d'analyse des sujets de dissertation

Analyse

Sujets

Objet d'étudeconcerné

Relation avec lestextes du corpuset la question

Domainesd'application

Problématique Démarche Plan

Sujet 1 Argu

(+ tout leprogramme)

Ex de textesengagés dans lecombat de leur

époque

La littérature engénéral

(nécessite doncdes ex variés, detous les genres)

Rôle de l'écrivainengagé et la forcedénonciatrice desœuvres littéraires

(injustices,inégalités ...)

Répondre à unequestion

(s'interroger sur lacapacité de

l'écrivain à aider lasociété à devenir

meilleure)

Débat, réflexion critique >plan dialectique

I le pouvoir de l'écrivain enmatière d'amélioration

sociale

II Les limites ou obstaclesrencontrés

Sujet 2 Argu

(+ tout leprogramme)

Ex de textesengagés, de

positiond'écrivains,

réflexion sur lerôle / devoir de

l'écrivain

La littérature engénéral

(nécessite doncdes ex variés, detous les genres)

Réflexion sur lesraisons d'écrire; Ilfaut montrer que letravail de l'écrivainest non seulement

utile maisindispensable.

"dans quellemesure" invite à

réfléchir auxlimites du travail

de l'écrivain.

Dialectique

Il faut confronter la thèseproposée par le sujet avec

une antithèse

Sujet 3 Théâtre Exemple de piècesoù le conflit est à

l'œuvre

Le théâtrecomique ettragique

Réflexion sur lesrelations entre

théâtre et conflit,c'est-à-dire sur lanature même du

théâtre

Réponse à unequestion

I causes

II Conséquences

Sujet 4 Argu (fable) Ex de fables où lesanimaux st

méchants + textequi revendique le

pouvoir didactiquedes fables

La fable (et pluslargement l'argu

indirecte)

Réflexion surl'intérêt de

l'apologue et seslimites

Expliciter le pointde vue donné par la

citation. "aucontraire" montre

que le candidat doitaussi réfuter le pt

de vue deLamartine.

I éclairer la citation : lafable effrayante

II Montrer les limites de lacitation : la fable

instructive et plaisante

Sujet 5 Théâtre(comique)

Ex de piècescomiques qui

parlent de sujetssérieux

Tout ce quitouche au rire et

au tragique(pers, situation,

dessin ...)

Existence d'unparadoxe : rire dece qui grave voire

tragique >>>interrogation surles fonctions du

rire

Réfléchir surl'existence d'un

paradoxe etl'expliquer de

façon organisée

I exposition des faits

II Explications (causes)

III conséquences

Sujet 6 Poésie A poésie qui ditpeu

B la vision deMallarmé

C comparaisonpoésie / roman

La poésie, envers, en prose,

classique,moderne

Les raisons d'aimerla poésie

Expliciter etillustrer la thèseannoncée par le

sujet puis trouverd'autres raisons

d'aimer la poésie

Plan à thème constant :

I poésie : domaine de laparole brève

II la poésie en dit + que laprose parce qu'elle suggère

+ qu'elle ne dit

III la poésie ne se limitepas à dire, elle est aussicréatrice (le lecteur doit

être actif)

Sujet 7 Roman récit

fiction

Ex de textes où lafiction est très

réaliste et parle desujets

contemporains

Fiction : roman,nouvelle, fable,

conte ...

Réfléchir sur lepouvoir de la

fiction

Expliciter un pointde vue

I Ce qui oppose réalité etfiction

II ce qui permet la fiction

III La fiction au service dudévoilement des mystères

humains

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– Document 3: Méthodologie de la dissertation

La dissertation, travail de composition d'un exposé argumenté à partir d'un sujet, fait partie, comme lecommentaire, du travail d'écriture de l'épreuve écrite de français.Le sujet renvoie à un objet d'étude et prend appui sur un corpus de textes. Il fait donc appel à des savoirsacquis et demande de savoir construire un exposé.

– Les sujets et leur relation avec le corpus

Le sujet d'une dissertation porte sur un objet d'étude du programme, identifiable aux différents textes quicomposent le corpus. Le travail demandé fait donc référence à des problématiques littéraires vuespendant l'année et à des connaissances acquises. Les textes du corpus constituent un premier point d'appui important : en général, ils donnent des informations en faisant apparaître des éléments de la problématique.On peut également remarquer que les questions portant sur ces textes constituent souvent une premièreapproche de ce qui est demandé dans le sujet de dissertation.EXEMPLE : Le sujet 2, qui interroge sur le rôle que peut jouer un écrivain dans la société, est associé à unextrait poétique dénonçant l'exploitation des enfants et à deux extraits d'un roman engagé dans la défensedes malheureux.L'observation de nombreux sujets montre qu'ils ont une composition souvent proche, qui comporte unjugement, un point de vue, une opinion, donnés parfois sous la forme de citation signée, et une consigneprécisant ce qui est demandé au candidat : commenter, expliciter, discuter le point de vue donné. Il arriveque la consigne prenne la forme d'une question directe. La manière dont la consigne est formulée permet dedéfinir la démarche mise en jeu.

– La consigne et les démarches en jeu

Exprimée sous forme injonctive, au futur de l'indicatif ou à l'impératif, ou sous forme de question, laconsigne donne une orientation concernant la démarche à mettre en œuvre. Ainsi, l'emploi de la formule « Dans quelle mesure tel ou tel genre littéraire correspond-il à... ?» conduit à confronter un genre etcertaines de ses caractéristiques (précisées ou non par le sujet) à un jugement ou à une définition. Ce typede sujet suggère d'établir des limites (idée donnée par le mot « mesure ») et de vérifier en quoi le genreétudié (fable, tragédie, autobiographie, roman...) reste à l'intérieur de ces limites ou en sort, pourquoi, etcomment. Expliciter demande que l'on donne un sens plus clair, discuter que l'on oppose des idées différentes, laformule « vous vous demanderez » conduit à répondre à une question posée indirectement par la consigne.« Pensez-vous que... ? » n'oriente pas, malgré les apparences, vers un point de vue qui resterait uniquementpersonnel, et entièrement subjectif : toute thèse doit en effet être appuyée par des arguments puisés dans laconnaissance que l'on a du genre ou de l'objet d'étude considéré. Indiquée par la consigne, la démarchepermet de trouver dans quelle direction mener les recherches et de faire apparaître ce que l'on appelle laproblématique.

– La problématique

La dissertation est une démarche argumentée. À l'intérieur d'un objet d'étude, qui permet de définir ledomaine d'application, plus limité, la problématique est une mise en relations de différentes notions dontle rapprochement pose un problème littéraire : l'efficacité argumentative des fables, qui sont des textesnarratifs, les fonctions de la comédie, faire rire ou instruire, les raisons pour lesquelles les mythes antiquessurgissent dans le théâtre du XXe siècle, les relations entre le théâtre, la liberté et l'imagination, le pouvoirde la littérature engagée. La problématique fait de la dissertation une étude structurée et démonstrative : étant donné un problèmeposé initialement, l'exposé construit, étayé par des arguments et illustré par des exemples, doit apporter des

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éléments de résolution.EXEMPLE : dans le sujet 3, qui interroge sur les relations entre le conflit et le théâtre, la problématiquevient du rapprochement parole/fiction théâtrale/conflit et conduit à s'interroger sur ce qui fait la naturemême du théâtre : on pense à l'intrigue (« nœud » et, de ce fait, conflit) et à l'action. Or, au théâtre toutpasse par les mots : sans intrigue, pas d'action ni de théâtre, donc sans parole conflictuelle, pas de pièce,qu'elle soit comique ou tragique.Déterminer la problématique consiste, à partir du contenu du sujet et de l'orientation de la consigne, àidentifier quelle question, quel problème il faut résoudre à travers les différentes étapes de la réflexion etdu devoir.

– Le plan

La consigne et la problématique permettent d'élaborer le plan, dont le domaine d'application fixe leslimites. On distingue plusieurs sortes de plans :• le plan qui expose un thème et le développe selon différents aspects (exposé à thème constant) ; c'est leplan à adopter si l'on doit exposer une succession de savoirs sans élément de débat, de discussion.• le plan qui oppose deux thèses et tente ensuite de les concilier ou de les dépasser (plan dialectique oucritique) ; ce plan est celui qui conduit à proposer un point de vue et des objections. Il convient lorsqu'ils'agit de discuter un point de vue, un jugement.• le plan qui donne, à la suite, des faits, leurs causes et leurs conséquences (plan causes/conséquences) ;• le plan qui se construit sur une comparaison pour faire apparaître les similitudes et les différences (plancomparatif).Mais l'élaboration du plan ne peut se faire sans contenu : la recherche de la structure du devoir estindissociable de la recherche d'idées. En même temps que l'on analyse le sujet, il faut faire revenir à samémoire les connaissances, progressivement sélectionnées, qui entrent dans la problématique et peuvent la« nourrir ».Ce travail est facilité par le fait que le sujet porte sur un objet d'étude du programme, qui a été travaillé etdont les problématiques ont été identifiées. Les textes du corpus constituent déjà une base de connaissanceset des exemples. Mais il faut constamment vérifier, au cours de l'élaboration des thèses, qu'elles restent bienen relation avec la problématique et avec le sujet. Les thèses constituent les idées dominantes de chaquegrande partie du plan. Elles doivent pouvoir être résumées en une phrase ou deux, annoncées dèsl'introduction et placées en tête de chaque grande étape.EXEMPLE : dans le sujet « Faut-il associer poésie et versification ? Vous répondrez à cette question enprenant appui sur les recueils poétiques que vous avez étudiés et vous proposerez une définition de la poésie », la problématique est la suivante : la versification suffit-elle à justifier le nom de poésie ? Lapremière thèse consiste, logiquement, à montrer l'association historique de la poésie et de la versification.La seconde thèse montrera que la poésie existe, également de manière historique, en dehors de laversification et des règles de métrique. Cette coexistence de deux sortes de poésie peut conduire à unedéfinition intégrant des modalités très différentes (versification, poème en prose, vers libres, poésie enapparence totalement libre...).Il faut, enfin, être attentif au fait que la validité des thèses ne vient pas d'une opinion personnelle, sauflorsqu'il est demandé au candidat d'exprimer ses goûts, ce qui est rare, mais d'une connaissance des œuvreset des genres: il s'agit de savoirs d'histoire littéraire et de maîtrise des objets d'étude.

– Le rôle des arguments et des exemples

Les thèses doivent être soutenues par les arguments, dont la succession constitue la démonstration faite parla dissertation. Ces arguments sont des idées puisées dans la connaissance des objets d'étude et dans leslectures personnelles. Ils doivent être pertinents par rapport à la thèse. Leur validité vient à la fois de cettepertinence et de leur exactitude par rapport aux œuvres et à l'histoire littéraire. Le fait que les argumentsproviennent des œuvres révèle qu'il existe des relations étroites entre les arguments et les exemples, quiviennent eux aussi des œuvres : l'argument est une idée, l'exemple joue le rôle d'illustration.EXEMPLE : pour développer la thèse selon laquelle la comédie « vieillit », on pourra tirer de la pièce Le

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Mariage de Figaro, et du célèbre monologue de ce héros, l'idée que cette pièce retrace la vie d'une sociétédonnée, même sous forme de fiction, celle de l'Espagne du XVIIIe siècle, et que cette pièce peut ainsi êtrerapidement dépassée et démodée. Le monologue peut alors fournir des exemples précis, à traversl'emprisonnement du personnage et les problèmes de censure. La juxtaposition de plusieurs extraits decomédies fait surgir des éléments communs qui, regroupés, forment une ou plusieurs idées. Les extraits,présentés sous forme racontée, constituent les exemples.S'il est important de ne pas construire un devoir sur une simple énumération d'exemples, il est égalementessentiel de ne pas considérer que le récit des œuvres peut servir à construire une dissertation. Il y a undanger constant à confondre arguments et exemples, et à considérer que si l'on peut raconter l'œuvre, c'estqu'on la connaît et que cela surfit.

– La rédaction: paragraphes, introduction et conclusion

À l'argument se trouve étroitement associé le paragraphe argumentatif. Le paragraphe, relié à la thèse parune thématique commune, exprime une idée (en général au début) développée et illustrée par un exemple.La difficulté vient souvent de la nécessité de développer. Il convient pour cela d'approfondir les notionsqui sont regroupées et mises en relation dans l'argument. Les exemples peuvent tenir une place assezimportante dans le paragraphe.Les différents paragraphes peuvent être reliés entre eux par des mots de liaison. Il est important qu'ils nerépètent pas la même idée, mais qu'ils fassent évoluer la démonstration, et ce, en deux ou trois étapes parthèse. L'introduction, qui ouvre le devoir, et la conclusion, qui le ferme, ont une importance particulière etrépondent à certaines conventions. L'introduction a un rôle de présentation :1. après une brève entrée en matière ou « accroche», qui donne le thème d'ensemble, 2. elle rappelle le sujet et 3. en dégage la problématique avant 4. d'annoncer le plan. Si le sujet comporte une citation, celle-ci peut être reprise intégralement (dans ce cas, entre guillemets etsans aucune modification, avec sa source) ou indirectement, s'il est possible d'en dégager l'idée essentielle.Il est important que le lecteur (en l'occurrence l'examinateur) sache de quoi il est question dans le devoir enlisant l'introduction. Les conventions de l'exercice veulent que l'auteur de la dissertation donne toutes lesinformations, et termine l'introduction par la façon dont il va traiter le sujet (plan). L'introduction apporteainsi les réponses aux questions : « Quoi ? » (« Quel est l'objet d'étude concerné ? »), «Quoi departiculier ?» («Quelle est la problématique ?»), «Comment ? » («Selon quelle orientation allons-nousrésoudre le problème ? »).On peut rappeler que, comme l'introduction annonce le plan, elle ne peut être faite que lorsque celui-ci estau point. Présentée en premier dans un devoir, l'introduction n'est jamais rédigée avant la recherche desidées et l'élaboration du plan.La conclusion est toujours difficile à construire parce qu'elle ne doit pas être une simple répétition del'introduction.

1. Faisant le point sur ce qui a été dit, elle peut signaler des éléments qui ont surgi au cours de la réflexion.2. Elle peut aussi montrer qu'une problématique littéraire ne peut être définitivement résolue et que chaqueinterrogation renvoie en général à un problème plus vaste et plus complexe.

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– Document 4: Elaboration d'une dissertation de A à Z à partir d'un corpus

Sujet

« La vocation naturelle, irrépressible, du livre est centrifuge. Il est fait pour être publié, diffusé, lancé,acheté, lu. La fameuse tour d'ivoire de l'écrivain est en vérité une tour de lancement. On en revienttoujours au lecteur, comme l'indispensable collaborateur de l'écrivain. Un livre n'a pas un auteur mais unnombre indéfini d'auteurs. Car à celui qui l'a écrit s'ajoute de plein droit dans l'acte créateur l'ensemble deceux qui l'ont lu, le lisent ou le liront. Un livre écrit, mais non lu, n'existe pas pleinement » affirmel'écrivain Michel Tournier dans Le Vol du vampire (1981).Partagez-vous cette affirmation ? Vous répondrez à cette question en un développement argumenté, en vousappuyant sur les textes du corpus, les œuvres étudiées ou lues, et votre expérience de lecteur.

– Séance 1:Découverte du corpus

Pour que l'exploitation du corpus soit la plus efficace possible, on laissera les élèves se familiariser avec lestextes : une pré-lecture avant le cours est possible.• Étude collectiveOn leur demandera ensuite, pendant le cours, de :- repérer le point commun entre les différents documents pour saisir l'unité du corpus : chaque documentmet en scène la figure de destinataire ou récepteur, soit le lecteur (ou le spectateur pour Ionesco) ;- mettre en évidence les principaux procédés de représentation du lecteur : interpellation, allégorie,mise à distance ;- dégager la complexité des relations qui s'instaurent dans les processus d'écriture et de lecture :désinvolture de l'écrivain-narrateur à l'égard du lecteur, manifestant ainsi le pouvoir du « créateur »(Diderot), mépris de l'écrivain vis-à-vis d'un public qu'il juge incompétent et ignare (Baudelaire), volonté -apparente - de décourager le lecteur potentiel (Lautréamont), regret de l'incompréhension que suscite lareprésentation de l'œuvre (Ionesco).

• Réaction des élèvesLe corpus, en privilégiant la figure du lecteur, peut intéresser l'élève qui est, lui aussi, un lecteur. On pourradonc les interroger sur leurs réactions :

- Se sentent-ils concernés par ces représentations du lecteur ? Pourquoi ?- S'y reconnaissent-ils ? Pourquoi ?- Comment réagissent-ils face aux interpellations, rejets ou mises en cause apparaissant dans les textes ?Cet échange, qui ne suppose pas une étude approfondie des textes, permet d'engager une réflexioncollective qui pourra nourrir la dissertation.

– Séance 2 :Analyse méthodique du sujet

On ne distribuera le sujet qu'après la découverte du corpus, afin de ne pas orienter prématurément laréflexion.• Décrire le sujetOn demandera aux élèves de repérer les différentes étapes du sujet. Celles-ci ne variant que peu d'unsujet à un autre (même si l'énoncé ne s'appuie pas toujours sur une citation), il est important que les élèvesperçoivent les consignes essentielles, les attentes fondamentales de l'exercice.On repérera donc :- la citation, entre guillemets, accompagnée du nom de son auteur et de ses sources ;- la question, interpellant le candidat ;- les consignes, portant sur la structure du devoir et les domaines de recherche.

• Analyser la citationOn attirera l'attention des élèves sur l'importance de cette étape, puisqu'elle conditionne les analysessuivantes et qu'une erreur peut sérieusement compromettre la suite de la réflexion. Sans effrayer les élèves(qui le sont quelquefois à la simple mention du terme « dissertation »), on rappellera que l'analyse du sujet

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et des consignes constitue, quels que soient l'exercice et la matière concernés, une démarche indispensable.Il est donc important de s'attarder sur le sens, le contenu de cette citation :- en élucidant les possibles problèmes de vocabulaire et les allusions ;- en repérant et analysant les mots-clés ;- en cernant le domaine à étudier et le champ de recherche ;- en repérant et comprenant les implicites de la thèse exprimée.Ainsi, on demandera aux élèves :- d'expliquer le terme « centrifuge », les expressions « tour d'ivoire » et « tour de lancement », de justifierl'adjectif « fameuse » ;- de repérer les différents termes se rapportant au trajet d'un livre ;- de définir ainsi le chemin que parcourt le texte littéraire ;- de caractériser le ton de cette affirmation ;- de mettre en évidence la logique de l'argumentation ;- de résumer l'idée générale de la citation : quelle figure privilégie-t-elle ?- de s'interroger sur l'originalité de la thèse de Tournier.

Éléments de réponseEn opposant la « tour d'ivoire » de l'écrivain, image traditionnelle de l'artiste solitaire au travail, à l'imageplus moderne de la « tour de lancement », Tournier veut insister sur la dynamique, le trajet qu'effectué letexte littéraire, de sa fabrication par l'écrivain à sa lecture par le destinataire, en passant par les différentsétapes intermédiaires mais essentielles (« publié, lancé, acheté »). Le ton très catégorique de Tournier nedissimule pas l'aspect presque paradoxal de son affirmation : « Un livre n'a pas un auteur mais un nombreindéfini d'auteurs ».On peut penser que l'élève-lecteur, s'il admet sans doute facilement qu'« un livre écrit, mais non lu, n'existepas pleinement » (il sait, par exemple, qu'une pièce théâtrale est d'abord faite pour être vue), sera plussceptique sur son propre rôle en tant que « indispensable collaborateur de l'écrivain » (il peut êtreintéressant de travailler sur l'étymologie de « collaborateur »), créateur ou co-auteur, ce qu'affirmé pourtantTournier, avec une certaine éloquence : « à celui qui l'a écrit s'ajoute de plein droit dans l'acte créateurl'ensemble de ceux qui l'ont lu, le lisent ou le liront ». Ainsi, un écrivain, Michel Tournier, considère que lelecteur (mais qui est ce lecteur ?) entre pleinement en jeu dans le processus de création, d'écriture d'uneœuvre ; il s'oppose ainsi à la thèse - moins surprenante peut-être, au moins pour l'élève - de l'omnipotencede l'écrivain.

• Analyser la questionÀ qui est-elle posée ?À l'élève, en tant que figure possible du lecteur, et non à l'élève en tant qu'individu. Il est important de fairesaisir cette nuance, car cela évite un « je » trop personnel qui n'a pas sa place dans la rédaction d'unedissertation.On pourra, pour les mêmes raisons, attirer l'attention des élèves sur les autres formulations, parfoistrompeuses, présentes dans les sujets de dissertation : « Selon vous... », « À votre avis... », « Pensez-vousque... ».Quel est le problème à étudier ?La question est ici très vague : « Partagez-vous cette affirmation ? ». Il ne s'agit pas - il est parfoisnécessaire de le rappeler aux élèves - de répondre par « oui » ou par « non », mais d'élaborer une réflexionqui présente les différentes possibilités de réponse.

Y répondre suppose alors un retour à l'analyse de la citation, à la thèse exprimée puisque la question nepropose aucune reformulation.L'élève est donc conduit à une réflexion sur l'acte de création littéraire, plus précisément sur le rôle dulecteur (lecteur qu'il faudra définir...) dans ce processus.

• Dégager la problématiqueQu'est-ce qu'une problématique ?La question posée par le sujet ne constitue que rarement la problématique, c'est-à-dire la question à laquelle

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le devoir demande de répondre (ou de proposer des pistes de réponses), une question qui « pose problème» et appelle, non une réponse descriptive, mais une réflexion dynamique voire contradictoire. Ainsi, il estimpossible que la problématique soit : « Est-ce que je partage cette affirmation ? », ou « Michel Tournier a-t-il tort /raison ? ».

Comment formuler la problématique ?Il faut nécessairement s'appuyer sur l'« affirmation » de Tournier, donc sur l'analyse de la citation. L'élèvecherchera alors, dans cette étape, les éléments qui peuvent l'aider, et utilisera ainsi la formulation-résumé dela thèse.Puis, comme la réflexion doit être dynamique ou dialectique, l'élève modalisera son énoncé de façon àpermettre la remise en cause - partielle - de cette thèse.Cette recherche de problématique peut se faire de façon individuelle, puis collective : plusieurs élèvesproposent leur problématique, et l'ensemble de la classe examine la pertinence des propositions.

Exemples de problématique :Le lecteur participe-t-il pleinement au processus de création de l'œuvre littéraire ?Le lecteur peut-il être considéré comme un auteur, au même titre que l'écrivain, de l'œuvre littéraire ?

• Analyser les consignesQuelles sont les contraintes du devoir ?Les consignes attirent l'attention de l'élève sur un premier point : le caractère « organisé » du devoir. Celan'étonnera pas l'élève. On peut en revanche préciser les attentes :- les trois parties traditionnelles : introduction, développement, conclusion ;- la construction du développement en deux ou trois parties ;- la nécessité d'un raisonnement rigoureux, l'existence d'un fil directeur dans la réponse : chaque partieou étape du développement doit constituer un élément de réponse possible à la problématique ; le devoirdoit mener logiquement la réflexion à sa conclusion.La deuxième partie des consignes délimite le champ de recherche. Là encore, on retrouve les précisionsattendues (« les textes du corpus, les œuvres étudiées ou lues ») mais l'expression « votre expérience delecteur » doit être examinée avec les élèves : elle n'appelle pas une réponse du type « Moi, je... » maisinvite l'élève à réfléchir au problème posé en tant que lecteur lui-même. En ce sens, l'expériencepersonnelle peut être point de départ de la réflexion, elle est même fructueuse (l'élève se sent concerné),mais elle ne peut constituer le fondement ou l'architecture de la réflexion : cette différence est quelquefoisdifficile à faire comprendre à l'élève.

– Séance 3 :Recherche et réflexion à partir du corpus

Pour préparer la séance, on fera relire auparavant aux élèves les textes du corpus et on leur fera lire lesdocuments complémentaires (textes et citations).En cours, on rappellera la problématique choisie :Le lecteur participe-t-il pleinement au processus de création de l'œuvre littéraire ?Ou : Le lecteur peut-il être considéré comme un auteur, au même titre que l'écrivain, de l'œuvre littéraire ?

• Comment interroger, exploiter ses connaissances ?On les conduira, à partir de la problématique, à s'interroger sur :- les arguments qui ont conduit à l'affirmation de la thèse de Tournier : pourquoi le lecteur est-il un créateur,un collaborateur de l'auteur ? (Mettre la question-problématique à la forme affirmative et rechercher lesfondements de cette affirmation) ;- les arguments de la thèse adverse de Tournier (mettre la question-problématique à la forme négative etrechercher les fondements de cette réfutation) : pourquoi le lecteur ne peut-il être considéré comme un «collaborateur » de l'auteur ?L'élève a ainsi deux pistes de réflexion qu'il pourra examiner dans les deux premières parties dudéveloppement (thèse et antithèse du plan dialectique).

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On rappellera aussi aux élèves leurs premières réactions lors de la lecture du corpus (séance 1) afin de lesguider vers l'étape finale de leur réflexion. Mais l'étude des documents viendra aussi nourrir la réflexion etapporter les éléments nécessaires à la troisième partie.On demandera aux élèves d'étudier précisément chaque document :- en y recherchant les éléments de réponse aux deux pistes de réflexion dégagées ;- en s'interrogeant sur une troisième piste de réflexion possible.

Éléments de réponseTexte 1 : Incipit de Jacques Le FatalisteLes interventions du narrateur, figure de l'auteur, montrent le pouvoir, la toute-puissance de l'écrivain qui,avec désinvolture, nargue le lecteur : « Il ne tiendrait qu'à moi... ». Cela constitue donc un élément de ladeuxième partie. Mais, paradoxalement, le lecteur se trouve ainsi présent et interpellé dans le processusmême de l'écriture par l'auteur.Texte 2 : « Le chien et le flacon », de BaudelaireLe lecteur (« public ») est clairement rejeté à travers l'image du chien. La comparaison est d'ailleursexplicite. Mais, comme pour le texte précédent, son inscription dans le texte le lie au travail de création.Texte 3 : Ouverture des Chants de MaldororCette adresse au lecteur qui ouvre l'ouvrage incite le destinataire à ne pas lire l'œuvre ; ou, plus exactement,elle dresse le portrait de deux types de lecteurs : ceux qui ont « une logique rigoureuse et une tensiond'esprit égale au moins à sa défiance », qui « savoureront ce fruit amer sans danger », et ceux qui ont une « âme timide » et pour lesquels « les émanations mortelles de ce livre imbiberont [l'âme comme l'eau le sucre ». À ceux-là, le narrateur-auteur ordonne : « dirige tes talons en arrière et non en avant ». Onpourrait donc envisager un troisième type de lecteur : celui qui suivra cet ordre. Mais est-ce encore possible? Comme pour l'adresse au lecteur présente au début des Essais de Montaigne, il s'agit davantage d'éveillerla curiosité du lecteur, de lui proposer un défi, que de le décourager... Mais se forme la figure du lecteuridéal, le lecteur modèle qu'évoqué Umberto Eco. En ce sens, et pour faire percevoir à l'élève le lien avec lesujet, l'auteur veut contrôler le lecteur potentiel de son ouvrage, l'intriguer ou se prémunir de ses reproches.Mais là encore, l'auteur pense au lecteur au moment de l'écriture, dialogue avec lui, en fait un personnagede son œuvre.Texte 4 : Réflexions de IonescoCes réflexions de Ionesco sur la représentation de La Cantatrice chauve montrent le décalage entre laperception qu'a l'auteur de son œuvre (« Je m'imaginai avoir écrit quelque chose comme la tragédie dulangage »), le sens et la fonction qu'il lui donne, et la réception par le public, « considérant que c'était bienune comédie, voire un canular ». Ce décalage est d'ailleurs analysé par Ionesco comme un malentendu dupublic, une erreur, comme le soulignent les expressions « ne s'y trompèrent pas » ou « s'aperçurent ». Ledestinataire, ici le spectateur, mais il en pourrait en être de même pour le lecteur, ne peut pas être considérécomme un « collaborateur» de l'auteur : il est le récepteur d'un énoncé, mais se méprend sur le sens de cedernier.

Textes complémentairesIls permettent d'élargir la réflexion en envisageant notamment des figures du lecteur auxquelles l'élèvene pense pas nécessairement immédiatement : par exemple, le lecteur modèle imaginé par l'écrivain,l'écrivain lui-même, l'éditeur.Texte A : Si le lexique théorique du premier paragraphe peut tout d'abord déstabiliser l'élève, le texted'Umberto Eco se révèle ensuite plus accessible par le passage à l'exemple. Ainsi, l'élève perçoit quel'écriture relève aussi d'une stratégie. Et le troisième paragraphe s'inscrit clairement dans le sujet puisque lelecteur participe au processus créateur de l'œuvre : « agir sur le texte de façon à le [le Lecteur Modèle]construire ».Texte B : Hubert Nyssen analyse dans son ouvrage « comment et pourquoi ce qui est proposé au lecteur estune autre chose que ce qui a été écrit par l'auteur », en étudiant les modifications opérées sur le texte et surle sens de ce dernier.

Le premier extrait montre l'importance de la maison d'édition sur la réception de l'œuvre par le lecteur,sur le sens de cette œuvre : « cette couverture et ce renom lui [l'écrivain débutant] vaudraient immédiate

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reconnaissance, et pressent que le sens même de son texte se trouverait magnifié par le renom de sonéditeur ». Plus loin, l'exemple de l'éditeur José Corti permet, au-delà de l'honnêteté des choix éditoriaux, demontrer le souci de certains auteurs de restreindre la publication de leur livre à une maison d'éditionexclusivement (voir le cas de Julien Gracq), ce qui limite le lectorat, mais participe de la figure du lecteuridéal ou choisi par l'auteur. On peut faire réfléchir les élèves à cette conception élitiste du lecteur, et à ceque cela révèle des enjeux de l'écriture ou des motivations de l'auteur.Le deuxième extrait montre que l'écrivain est aussi le lecteur, même maladroit, de son œuvre : « l'auteurne relit pas ce qu'il a écrit, mais ce qu'il croit avoir écrit ». Il attire l'attention aussi sur le décalage entre ceque l'auteur a écrit et « ce qu'il croit avoir écrit » et le nécessaire mais douloureux passage « du dedans audehors ». Enfin, l'éditeur, en tant que « premier vrai lecteur » participe à l'écriture ou réécriture du texte.Analyse des citationsLa citation de Montaigne confirme la figure du lecteur-créateur ; dans le même mouvement, la citation deValéry et celle de Paul Auster privilégient le lecteur : il crée un sens nouveau, il habite le livre, il en estmême l'auteur.La première partie de la citation de Valéry, très riche, montre le lien, le dialogue auteur-lecteur, le lecteurdevenant « sujet écrivant » et l'auteur devient alors lecteur puis commentateur de sa lecture.

La citation de Baudelaire révèle toute l'ambiguïté du lecteur et de la relation auteur-lecteur. Celle de Gidemontre un fourvoiement possible du lecteur : s'approprier le livre, y voir une projection de lui-même etperdre l'ouverture sur l'Autre.

– Séance 4 :Élaborer le plan détaillé

On organisera les remarques et les arguments pour chaque étape de la réflexion, ce qui permettra d'élaborerle plan détaillé.On insistera sur la dialectique du raisonnement qui doit apparaître ; on pourra conseiller d'ailleurs laformulation de phrases-étapes pour chaque partie, plutôt que de titres (ceux-ci ne permettant pas toujoursde saisir le mouvement de la pensée ou de l'argumentation).On complétera ensuite avec les élèves le plan suivant en inscrivant les références précises, les retours auxdocuments du corpus et aux documents complémentaires (on pourra bien sûr ajouter toute référence vue enclasse ou émanant de la culture personnelle de l'élève).

• Exemple de planI. Certes, le livre n'existe pleinement que lorsqu'il est lu ; le lecteur est un collaborateur de l'auteurcar :A) La lecture poursuit la création de l'œuvre L'auteur n'est pas le seul créateur et détenteur du sens del'œuvre : le lecteur apporte aussi sa part de création dans l'acte même de la lecture. La lecture donne vie àl'œuvre.B) L'œuvre doit ainsi laisser un espace au lecteurLe lecteur peut ainsi « habiter » le texte, combler les ellipses, élaborer ses propres représentations,s'identifier, poursuivre l'histoire...

II. Mais l'auteur recherche-t-il toujours le lecteur ? le lecteur est-il toujours digne de l'écrit ? (Dulivre centrifuge au livre centripète)Le rejet, au moins apparent, du lecteur : les adresses, les avertissements au lecteur pour le décourager oul'effrayer.A) Le choix par l'auteur de son lecteur : un lectorat réduit, apte à comprendre ou apprécier l'œuvre (le choixdes maisons d'édition, la figure du lecteur modèle, le risque d'incompréhension ou de fermeture sur soi).B) L'omnipotence de l'écrivain qui dirige l'histoire et impose sa volonté, ses choix au lecteur et manifeste sapuissance, son pouvoir créateur, qu'il ne veut partager.

III. Finalement, la distinction auteur-lecteur se révèle très ambiguë car :A) Tout auteur devient son premier lecteur et son premier critique (s'appuyer notamment sur le travaileffectué en 2de sur les brouillons de l'écrivain). L'éditeur, autre lecteur, influe sur la réécriture.

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B) Le lecteur participe à l'écriture de l'œuvre puisqu'il apparaît dans le texte (interpellations,...) et puisquele texte s'élabore avec la figure du « Lecteur Modèle » ou du lecteur idéal, présent dans la subjectivité del'auteur, guidant les choix d'écriture de ce dernier.C) Il peut même être source d'inspiration du livre (voir des titres d'œuvres mettant en scène un lecteur) ouprincipal moteur de l'écriture (voir le cas de certaines autobiographies ou livres-témoignages) ; il peutdevenir auteur ou « sujet écrivant » à la suite de la lecture.

On pourra demander ensuite aux élèves de rédiger une partie du développement.• ProlongementLecture de L'image : l'image du lecteurLe livre est aussi un objet présent dans de nombreux tableaux. Mais la figure du lecteur, dans la peinturecette fois, est intéressante à étudier en complément, et ce pour plusieurs raisons :- l'analyse de l'image s'inscrit dans le cadre du programme de lycée ;- elle permet d'envisager la représentation du lecteur sous un autre angle, ouvrant ainsi de nouvellesperspectives, non abordées dans les pages précédentes.RechercheL'étude pourra privilégier quelques tableaux, mais on demandera aux élèves de chercher des tableauxreprésentant des lecteurs, de s'intéresser aux périodes concernées, et à la figure du lecteur représenté.Cette recherche pourra se faire au CDI, mais une adresse Internet est aussi intéressante, mentionnée surWeblettres : « liseuses du xve au xxe siècle ».

Étude globaleDeux remarques devraient émerger :- la courbe ascendante du nombre de peintures concernées mettant en évidence le xixe et le xxe siècle, soitles siècles du roman ;- la représentation majoritaire, non pas d'un lecteur, mais d'une lectrice : la lecture est-elle une activitéféminine ? est-ce un stéréotype ? une réalité ?On pourra compléter la réflexion :- en recherchant les figures féminines et masculines du lecteur dans la littérature (Emma Bovary, JulienSorel, mais aussi Alice,...), leurs caractéristiques ;- en faisant lire, par exemple, aux élèves le chapitre « X/Y » de l'ouvrage de Frédérique Pernin, PetitePhilosophie du lecteur.

Etude de tableauxTrois axes peuvent guider le choix des tableaux :- la représentation traditionnelle de la liseuse : issu de la bourgeoisie, sérieuse, concentrée, d'un aspectgénéralement sage ;- l'image plus sensuelle de la lectrice, absorbée par sa lecture, oublieuse- peut-être-du regard extérieur,désirable ;- la lectrice « vivant » ce qu'elle lit : on pensera bien sûr au tableau de Magritte, La Lectrice soumise.Sources et bibliographies- Michel Charles, Rhétorique de la lecture, coll. Poétique, Seuil, 1977 ;- Hubert Nyssen, Du texte au livre, les avatars du sens, coll. Le texte à l'œuvre, Nathan, 1993 ;- Jean-Louis Cabanes et Guy Larroux, Critique et théorie littéraires en France, Belin Sup, Lettres, 2005 ;- Frédérique Pernin, Petite Philosophie du lecteur, collection Pause Philo, 2008.* Professeur de Lettres.

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– Document 4': Corpus, Textes complémentaires et doubles des sujets

• Texte 1Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ?D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? Que disaient-ils ? Lemaître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-basétait écrit là-haut.LE MAITRE. - C'est un grand mot que cela. JACQUES. - Mon capitaine ajoutait que chaque balle qui partait d'un fusil avait son billet.LE MAÎTRE. - Et il avait raison...Après une courte pause, Jacques s'écria : « Que le diable emporte le cabaretier et son cabaret !LE MAITRE. - Pourquoi donner au diable son prochain ? Cela n'est pas chrétien.JACQUES. - C'est que, tandis que je m'enivre de son mauvais vin, j'oublie de mener nos chevaux à l'abreuvoir. Monpère s'en aperçoit ; il se fâche. Je hoche de la tête ; il prend un bâton et m'en frotte un peu durement les épaules. Unrégiment passait pour aller au camp devant Fontenoy ; de dépit je m'enrôle. Nous arrivons ; la bataille se donne...LE MAÎTRE. - Et tu reçois la balle à ton adresse.JACQUES. - Vous l'avez deviné ; un coup de feu au genou ; et Dieu sait les bonnes et mauvaises aventures amenéespar ce coup de feu. Elles se tiennent ni plus ni moins que les chaînons d'une gourmette. Sans ce coup de feu, parexemple, je crois que je n'aurais été amoureux de ma vie, ni boiteux.LE MAÎTRE. - Tu as donc été amoureux ?JACQUES.-Si je l'ai été!LE MAÎTRE. - Et cela par un coup de feu ?JACQUES. - Par un coup de feu.LE MAÎTRE. - Tu ne m'en as jamais dit un mot.JACQUES.- Je le crois bien.LE MAÎTRE. - Et pourquoi cela ?JACQUES. - C'est que cela ne pouvait être dit ni plus tôt ni plus tard.LE MAÎTRE. - Et le moment d'apprendre ces amours est-il venu ?JACQUES.-Qui le sait?LE MAÎTRE. - À tout hasard, commence toujours...Jacques commença l'histoire de ses amours. C'était l'après-dîner. Il faisait un temps lourd ; son maître s'endormit... Lanuit les surprit au milieu des champs ; les voilà fourvoyés. Voilà le maître dans une colère terrible et tombant àgrands coups de fouet sur son valet, et le pauvre diable disant à chaque coup : « Celui-là était apparemment encoreécrit là-haut... »Vous voyez, lecteur, que je suis en beau chemin, et qu'il ne tiendrait qu'à moi de vous faire attendre un an, deux ans,trois ans, le récit des amours de Jacques, en le séparant de son maître et en leur faisant courir à chacun tous leshasards qu'il me plairait. Qu'est-ce qui m'empêcherait de marier le maître et de le faire cocu ? D'embarquer Jacques pour les îles ? D'y conduire son maître ? De les ramener tous les deux en France sur lemême vaisseau ? Qu'il est facile de faire des contes ! Mais ils en seront quittes l'un et l'autre pour une mauvaise nuit,et vous pour ce délai.L'aube du jour parut. Les voilà remontés sur leurs bêtes et poursuivant leur chemin. - Et où allaient-ils ? - Voilà laseconde fois que vous me faites cette question, et la seconde fois que je vous réponds : Qu'est-ce que cela vous fait ?Si j'entame le sujet de leur voyage, adieu les amours de Jacques... Ils allèrent quelque temps en silence. Lorsquechacun fut un peu remis de son chagrin, le maître dit à son valet : « Eh bien, Jacques, où en étions-nous de tes amours?

Diderot, Jacques Le Fataliste (incipit).

• Texte 2Le chien et le flacon« - Mon beau chien, mon bon chien, mon cher toutou, approchez et venez respirer un excellent parfum acheté chez lemeilleur parfumeur de la ville. »Et le chien, en frétillant de la queue, ce qui est, je crois, chez ces pauvres êtres, le signe correspondant du rire et dusourire, s'approche et pose curieusement son nez humide sur le flacon débouché ; puis, reculant soudainement aveceffroi, il aboie contre moi en manière de reproche.« - Ah ! Misérable chien, si je vous avais offert un paquet d'excréments, vous l'auriez flairé avec délices et peut-êtredévoré. Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez au public, à qui il ne faut jamaisprésenter des parfums délicats qui l'exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies. »

Baudelaire, « Le chien et le flacon », Petits Poèmes en prose, VIII.

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• Texte 3CHANT PREMIERPlût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter,son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison; car, àmoins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d'esprit égale au moins à sa défiance, lesémanations mortelles de ce livre imbiberont son âme comme l'eau le sucre. Il n'est pas bon que tout le monde lise lespages qui vont suivre : quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger. Par conséquent, âme timide, avantde pénétrer plus loin dans de pareilles landes inexplorées, dirige tes talons en arrière et non en avant. Écoute bien ceque je te dis : dirige tes talons en arrière et non en avant, comme les yeux d'un fils qui se détourne respectueusementde la contemplation auguste de la face maternelle.

Lautréamont, Les Chants de Maldoror, incipit du « Chant premier ».

• Texte 4En écrivant cette pièce (car cela était devenu une sorte de pièce ou une anti-pièce, c'est-à-dire une vraie parodie depièce, une comédie de la comédie), j'étais pris d'un véritable malaise, de vertige, de nausées. De temps à autre, j'étaisobligé de m'interrompre et, tout en me demandant quel diable me forçait de continuer d'écrire, j'allais m'allonger surle canapé avec la crainte de le voir sombrer dans le néant ; et moi avec. Lorsque j'eus terminé ce travail, j'en fus, toutde même, très fier. Je m'imaginai avoir écrit quelque chose comme la tragédie du langage !... Quand on la joua je fuspresque étonné d'entendre rire les spectateurs qui prirent (et prennent toujours) cela gaiement, considérant que c'étaitbien une comédie, voire un canular. Quelques-uns ne s'y trompèrent pas (Jean Pouillon, entre autres) qui sentirent lemalaise. D'autres encore s'aperçurent qu'on se moquait là du théâtre de Bemstein et de ses acteurs : les comédiens deNicolas Bataille s'en étaient aperçu avant, en jouant la pièce (surtout aux premières représentations) comme unmélodrame.

Eugène Ionesco, « La tragédie du langage » (1958), Folio-Essais, 1991.

Documents complémentaires• Texte AUmberto Eco montre ici comment l'auteur, dans son écriture, procède par anticipation en construisant un « lecteur modèle » :Pour organiser sa stratégie textuelle, un auteur doit se référer à une série de compétences (terme plus vaste que «connaissance de codes ») qui confèrent un contenu aux expressions qu'il emploie. Il doit assumer que l'ensemble descompétences auquel il se réfère est le même que celui auquel se réfère son lecteur. C'est pourquoi il prévoira unLecteur Modèle, capable de coopérer à l'actualisation textuelle de la façon dont lui, l'auteur, le pensait et capableaussi d'agir interprétativement comme lui a agi générativement.Il a de nombreux moyens à sa disposition : le choix d'une langue (qui exclut évidemment celui qui ne la parle pas), lechoix d'un type d'encyclopédie (si je commence un texte par « Comme l'explique très clairement la premièreCritique... », j'ai déjà restreint, de manière très corporatiste, l'image de mon Lecteur Modèle), le choix d'unpatrimoine lexical et stylistique donné... Je peux aussi fournir des signaux de genre qui sélectionneront mon audience: « Mes chers enfants, il était une fois dans un pays lointain... » ; je peux restreindre le champ géographique : « Amis,Romains, concitoyens ! » Beaucoup de textes révèlent immédiatement leur Lecteur Modèle en présupposant apenisverbis (qu'on me pardonne cet oxymoron) une compétence encyclopédique spécifique. [...] Donc, prévoir son Lecteur Modèle ne signifie pas uniquement « espérer » qu'il existe, cela signifie aussi agir sur letexte de façon à le construire. Un texte repose donc sur une compétence mais, de plus, il contribue à la produire.

Umberto Eco, Lector in fabula, trad. de M. Bouzaher, Grasset, 1985.• Texte BLa parenthèse refermée, observons que la découverte des textes et leur entrée dans le monde éditorial ne leur laissentpas seulement l'empreinte de l'adoption (de l'assomption) et la marque des propos qui l'ont justifiée. À l'instant où ilssont retenus pour la publication, les voilà aussi qualifiés par la réputation de l'éditeur, par son capital symbolique, parsa manière d'être là, sur la place. Si l'écrivain débutant lorgne d'abord du côté de la « blanche » de Gallimard, c'estbien parce qu'il sait que cette couverture et ce nom lui vaudraient immédiate reconnaissance, et pressent que le sensmême de son texte se trouverait magnifié par le renom de son éditeur. Dans ses Souvenirs désordonnés, l'éditeur José Corti écrivait : « S'il arrive que l'on me loue, ce n'est qu'à raison dequelque vertu de persévérance que l'on me reconnaît ; que parce que l'on sait que je ne dois rien qu'à mon travail, etqu'il est constant que mes choix n'ont jamais été commandés par l'intérêt... » Il est facile de comprendre que paraîtrechez Corti ou chez un éditeur animé par de plus triviales convictions (par exemple l'un de ceux auxquels on pensequand on guigne à toute force gros tirages, promotion importante et prix littéraires), ce n'est pas du tout la mêmeaventure. Pas difficile non plus d'imaginer que les textes sont repérés par nombre de lecteurs en fonction desympathies éditoriales particulières et de leur façon d'interpréter la symbolique des enseignes littéraires.

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[...] Donc, même si elle n'a pas de nom, la fonction d'éditer existe. Et l'on voit que tout commence par le réglage. Ils'agit alors de mettre le manuscrit au point pour sa publication et de révéler à l'auteur quelles retouches sontnécessaires qui donneront au texte sa plus haute résonance. Pareille nécessité explique que parfois l'éditeur secompare à un metteur en scène et parle de théâtralisation du texte. Antoine Vitez, à propos des acteurs, notait : « Il[le metteur en scène] leur renvoie leur image, et non point pour ce qu'ils ont cru faire, mais pour ce qu'ils ont fait envérité. C'est ainsi qu'il les surprend, les déconcerte, les irrite ou les dirige. » Passons sur l'irritation (encore que...)pour souligner le désir de surprendre et de déconcerter l'auteur en lui renvoyant l'image de son propre texte.

Il faut s'être frotté à l'écriture, en effet, pour savoir que, dans les semaines qui suivent l'achèvement d'un livre,l'auteur ne relit pas ce qu'il a écrit, mais ce qu'il croit avoir écrit. Sa relecture scintille des mille intentions qui ontaccompagné la confection du texte. Il retrouve et se représente ce qu'il a cherché à dire, et ne voit pas s'il en a dit tropou trop peu. L'éditeur (éditer) est à cet égard son premier vrai lecteur -beaucoup plus efficace, semble-t-il, que lesconjoints et amis dont la complaisance est redoutable. La distance et l'habitude lui donnent la capacité de découvrir etde désigner les parties qu'il serait bon de revisiter, et l'autorité de dire avec Claude Roy : « Il faut s'aimer en écrivantle premier jet, se haïr en se relisant et se tenir à l'œil en récrivant. » Se haïr en se relisant, c'est-à-dire accepter que letexte soit passé du dedans au dehors, de l'affectivité à la distanciation, et le regarder d'un œil impitoyable. André Gideavait déjà énoncé quelque chose de ce genre dans ses Conseils au jeune écrivain : « Écris, si tu veux, dans l'ivresse ;mais quand tu te relis, sois à jeun... ».

Hubert Nyssen, Du texte au livre, les avatars du sens, Nathan Université, 1993.• Citations« Un suffisant lecteur descouvre souvant es escrits d'autruy des perfections autres que celles que l'autheur y a miseset apperceûes, et y preste des sens et des visages plus riches. »

Montaigne, Essais, I, XXIV.« Que mon livre t'enseigne à t'intéresser plus à toi qu'à lui-même, - puis à tout le reste plus qu'à toi. »

André Gide, Les Nourritures terrestres.« Considérer ces pages annotées, c'est voir, sur les bords de poèmes, un homme vivre ce qu'il lit. Si l'on déchiffre,c'est entendre, le long des vers, se murmurer le monologue dissolu qui répond à une lecture, la traverse, la soutientd'un contrepoint plus ou moins étroit, l'accompagne continûment du discours d'une voix seconde, qui parfois éclate...[...] Mes vers ont le sens qu'on leur prête. Celui que je leur donne ne s'ajuste qu'à moi, et n'est opposable à personne.C'est une erreur contraire à la nature de la poésie, et qui lui serait mortelle même, que de prétendre qu'à tout poèmecorrespond un sens véritable, unique, et conforme ou identique à quelque pensée de l'auteur. »

Paul Valéry, Préface aux commentaires d'Alain sur Charmes, Variétés III.« Il y a une chose que j'essaie de faire dans tous mes livres, c'est de laisser au lecteur assez de place dans ma prosepour qu'il puisse l'habiter. Parce que, finalement, je crois que c'est le lecteur qui écrit le livre, et non l'auteur. »

Paul Auster, interview citée dans l'ouvrage d'Hubert Nyssen, Du texte au livre, les avatars du sens, 1993.« Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère ! » Baudelaire, Les Fleurs du mal.

Sujet« La vocation naturelle, irrépressible, du livre est centrifuge. Il est fait pour être publié, diffusé, lancé, acheté, lu. Lafameuse tour d'ivoire de l'écrivain est en vérité une tour de lancement. On en revient toujours au lecteur, commel'indispensable collaborateur de l'écrivain. Un livre n'a pas un auteur mais un nombre indéfini d'auteurs. Car à celuiqui l'a écrit s'ajoute de plein droit dans l'acte créateur l'ensemble de ceux qui l'ont lu, le lisent ou le liront. Un livreécrit, mais non lu, n'existe pas pleinement » affirme l'écrivain Michel Tournier dans Le Vol du vampire (1981).Partagez-vous cette affirmation ? Vous répondrez à cette question en un développement argumenté, en vous appuyantsur les textes du corpus, les œuvres étudiées ou lues, et votre expérience de lecteur.

Sujet« La vocation naturelle, irrépressible, du livre est centrifuge. Il est fait pour être publié, diffusé, lancé, acheté, lu. Lafameuse tour d'ivoire de l'écrivain est en vérité une tour de lancement. On en revient toujours au lecteur, commel'indispensable collaborateur de l'écrivain. Un livre n'a pas un auteur mais un nombre indéfini d'auteurs. Car à celuiqui l'a écrit s'ajoute de plein droit dans l'acte créateur l'ensemble de ceux qui l'ont lu, le lisent ou le liront. Un livreécrit, mais non lu, n'existe pas pleinement » affirme l'écrivain Michel Tournier dans Le Vol du vampire (1981).Partagez-vous cette affirmation ? Vous répondrez à cette question en un développement argumenté, en vous appuyantsur les textes du corpus, les œuvres étudiées ou lues, et votre expérience de lecteur.

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– Document 5: Méthodologie de la dissertation en cinq étapes

I- ANALYSER LE SUJET DE LA DISSERTATION BROUILLON

1. Identifier la problématique générale du sujet

a) Le sujet qui demande de valider un point de vue

Le sujet peut apparaître sous la forme d’une affirmation, qu’il s’agit d’étayer ou de nuancer, ou d’unequestion à laquelle il faut répondre en apportant des arguments.

Ex: Par quel moyens les textes littéraires peuvent-ils se révéler particulièrement puissants pour défendreune cause? Vous répondrez en un développement composé en vous fondant sur les textes du corpus et surles œuvres que vous avez lues et étudiées.

b) Le sujet qui demande de discuter une citation

Le sujet peut reposer sur une citation exprimant un réflexion ou un jugement. Lorsque cette citation estextraite de l’un des textes du corpus, il faut relire attentivement le texte concerné sans oublier les autrespour autant.

Ex: «Mon héroïne est mienne et n’appartient qu’à moi », écrit Milan Kundera. Pensez-vous que lepersonnage de roman soit une création uniquement issue de l’imagination du romancier ?

c) Le sujet qui demande de confronter deux points de vue

Le sujet peut présenter deux points de vue apparemment opposés qu’il s’agit de confronter et d’analyser.

Ex: Pour convaincre, est-il préférable d’illustrer son point de vue à travers une histoire ou de présenterdirectement ses arguments? Vous répondrez à cette question en vous fondant sur les textes du corpus et surles œuvres que vous avez lues et étudiées.

2. Reformuler la problématique

Il s’agit donc de maîtriser la problématique posée par le sujet, en la reformulant sous la forme d’unequestion. Cette reformulation a pour fonction d’expliciter l’enjeu de la dissertation dans des termespersonnels. Elle permet ainsi de vérifier si l’on a bien compris le sujet.

II- RECHERCHER DES IDEES BROUILLON

1. Appuyez-vous sur les objets d’étude (OE)

a)Les OE

Le sujet renvoie forcément à l’un des cinq OE de la classe de 1ère (le roman, l’argumentation, le théâtre, lapoésie, le mouvement littéraire). Cet OE est indiqué sur le sujet. Il s’agit donc de mobiliser toutes vosconnaissances sur cet OE, c’est-à-dire tout ce que nous avons vu en classe durant la séquence concernée.De plus, quatre OE sur cinq ont aussi été vus en 2nde. Il faut faire travailler ses méninges!

b) La problématique du sujet

Après avoir identifié la problématique mise en place par le sujet, il faut noter au brouillon les idées et lesréférences littéraires (textes, œuvres, auteurs, mouvements …) qui permettent de nourrir directement laréflexion en apportant des arguments et des exemples.

Ex: Un sujet mettant en place une problématique sur la représentation de l’homme dans le roman nécessitede rassembler les connaissances acquises en classe: cours sur le genre romanesque, textes analysés,exposés, œuvres intégrales ou lectures cursives de romans.

2. Exploitez les textes du corpus

a) Les mots clés

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Il s’agit de relire l’ensemble des textes du corpus en fonction de la problématique posée par le sujet pour yrechercher des idées et des arguments. Surlignez les phrases, les expressions et les mots clés qui indiquentde nouvelles pistes de réflexion.

b) Les idées des textes du corpus

Pour maîtriser l’utilisation du corpus et étayer la problématique de la dissertation, il est utile de résumerd’une phrase ou d’un mot, dans la marge des textes, les idées qu’ils développent, l’intérêt qu’ils présententpour traiter le sujet ou l’impression qu’ils produisent.

c)Les citations des textes du corpus

Pendant la lecture des textes du corpus, il faut aussi repérer les citations (courtes si possibles et pas 36) quipourront illustrer des arguments dans les différentes parties de la dissertation.

3. Utilisez vos connaissances personnelles

Vous ne pourrez pas faire l’économie de cette étape!!!

L’argumentation de la dissertation doit s’appuyer sur vos connaissances et votre expérience personnelles,sur les lectures que vous avez effectuées ou sur les spectacles auxquels vous avez pu assister, de manière àenrichir votre réflexion et à proposer un point de vue original.

III- CONSTRUIRE LE PLAN DE LA DISSERTATION BROUILLON

1. Pour construire un plan dialectique

Il s’agit du fameux plan en trois partie «thèse, antithèse, synthèse». La 1ère partie explique le point de vueexprimé par le sujet. La 2ème partie nuance ou conteste ce point de vue en montrant ses limites. La 3ème

s’efforce de concilier les points de vue opposés ou de reposer le problème d’une manière nouvelle.

Ex: En vous appuyant sur le corpus proposé (trois texte théâtraux), les œuvres que vous avez étudiées etvotre expérience du théâtre, vous direz si la représentation est indispensable pour apprécier et comprendrepleinement une pièce de théâtre.

Reformulation: Peut-on apprécier une pièce de théâtre par la seule lecture du texte ou est-il nécessaired’assister à sa représentation?

Plan adopté: I- Le texte de théâtre est d’abord écrit pour la scène et la représentation. II- Le texte de théâtreapporte cependant intérêt et plaisir à la lecture. III- Lecture et représentation sont à la fois rivales etcomplémentaires.

2. Pour construire un plan analytique ou thématique

Il s’agit d’un plan en deux ou trois parties. Chaque partie de la dissertation présente un aspect différent dusujet, en confrontant les arguments qui s’opposent à l’intérieur de cette partie.

Ex: Idem sujet précédent.

Plan adopté: I- Lecture et représentation : deux modes différents de découverte de l’intrigue et despersonnages. II- Lecture et représentation : deux plaisirs différents, deux expériences littéraires. III- Lectureet représentation: de multiples visions de la mise en scène.

LES QUESTIONS A VOUS POSER PREMIERE AUTOEVALUATION

♦ La problématique générale. Est-elle reformulée en tête de votre plan.

♦ La logique des parties. Chacune des deux ou trois grandes parties répond-elle à un aspect de laproblématique, en fonction du type de plan choisi?

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♦ Le contenu des sous-parties. Chaque partie comporte-t-elle deux ou trois arguments? Chaqueargument est-il illustré par un exemple ou une citation?

♦ L’élargissement final. Un jugement personnel qui prépare la conclusion est-il formulé enquelques mots, à la fin du plan?

IV- REDIGER L’INTRODUCTION ET LA CONCLUSION BROUILLON

1. Respecter les étapes de l’introduction

L’introduction, qui comprend un seul paragraphe, comporte normalement trois phrases, une pour chaqueétape (contexte, problématique, plan). Elle peut aussi commencer par une phrase d’amorce dans laquellevous montreriez votre culture générale, mais cette étape est facultative.

a) La mise en contexte du sujet

Il faut d’abord situer le sujet par rapport à l’objet d’étude auquel il se réfère, au thème qu’il aborde ou aucontexte culturel dans lequel il s’inscrit. En fait, vous devez faire comme si le correcteur ne savait pas dutout de quoi vous allez lui parler. Il faut lui préciser les choses pour qu’il ait toutes les données duproblème.

b) La mise en valeur de la problématique

Il faut ensuite mettre en évidence l’intérêt de la réflexion que le sujet invite à mener. Pour cela, la phrase oula citation à discuter doit être réintroduite ou reformulée, avant d’être explicitée.

c) L’annonce du plan

Il faut ensuite indiquer qu’elles seront les idées directrices de chacune des parties du développement de ladissertation. Cette annonce du plan peut prendre la forme d’affirmations (avec des connecteurs logiques) oude questions successives; Dans tous les cas, la structure de votre développement doit être claire.

2. Rédiger la conclusion de votre dissertation

Le paragraphe de conclusion doit, pour ne pas se faire dans la précipitation, être rédigé avant, au brouillon.Il faut particulièrement soigner cette étape, car il s’agit de la dernière impression laissée au correcteur,avant la note!!

a)Le bilan-résumé de l’argumentation

Le début de la conclusion revient donc sur la problématique annoncée dans l’introduction et résumebrièvement les réponses apportées dans chacune des parties du développement. Aucune idée nouvelle nedoit y figurer.

b) L’élargissement de la problématique

La fin de la conclusion élargit le sujet, à travers l’affirmation de votre point de vue personnel. Elle peutproposer une nouvelle orientation à la réflexion en soulignant la difficulté de la question traitée, ou relier lesujet à une autre problématique, dans un autre OE par exemple. Il faut relancer le débat et vous servir devotre culture personnelle.

V- REDIGER LE DEVELOPPEMENT DE LA DISSERTATION COPIE

Le développement se présente sous la forme de deux ou trois grandes parties, composées chacune de deuxou trois paragraphes. Des transitions soulignent la progression logique de l’argumentation.

1. Passez du plan à la rédaction

Pour mener à bien la rédaction du développement, appuyez-vous sur le plan détaillé élaboré au brouillon.La première phrase de chaque grande partie doit annoncer l’idée directrice que vous allez développer à

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travers deux ou trois paragraphes structurés.

2.Structurez chaque paragraphe

a) Les arguments

Chaque paragraphe développe un argument qui valide et explique un aspect de l’idée directrice. Cetargument est clairement affirmé et expliqué au début du paragraphe de manière à mettre en évidence sonintérêt et son importance.

b) Les exemples et les citations

Les exemples appuient chaque argument pour le rendre plus précis et plus concret. Ils peuvent rappeler unauteur, une œuvre importante, un mouvement culturel. Les citations entre guillemets, prises dans les textesdu corpus ou dans vos connaissances (les textes préparés à l’oral par exemple), doivent rester brèves et êtresystématiquement commentées.

c) La phrase conclusive

Chaque paragraphe s’achève sur une courte phrase qui résume l’argument développé.

3. Enchaînez vos paragraphes

a) Les liens logiques

Les paragraphes sont reliés entre eux au moyen de connecteurs logiques qui soulignent la cohérence etl’enchaînement des idées et des arguments successifs. Ils rendent votre démonstration fluide et efficace.Vous ne pouvez pas en faire l’économie!

b) Les transitions

La fin de chaque grande partie est une sorte de mini-conclusion: elle résume en quelques mots l’idée quivient d’être défendue dans une première phrase puis elle annonce l’idée à venir dans la partie suivante aumoyen d’une phrase qui peut prendre la forme d’une question.

4.Soignez la mise en page de votre dissertation

La cohérence générale du plan doit apparaître clairement à travers la mise en page. Séparez l’introductiondu développement, et le développement de la conclusion , en sautant deux lignes. Distinguez chaque grandepartie en sautant une ligne. Signalez le début de chaque paragraphe par un alinéa. Le plan en lui-même (I-,a) …) ne doit pas être visible.

LES QUESTIONS A VOUS POSER SECONDE AUTOEVALUATION

♦ Les paragraphes. Chaque argument est-il complété par de exemples précis ou des citations entreguillemets? Des connecteurs logiques soulignent-ils l’enchaînement de vos paragraphes?

♦ Les transitions. A la fin de chaque grande partie, une phrase fait-elle le bilan du point de vuedéfendu? Annonce-t-elle la partie qui suit?

♦ La construction des phrases. Avez-vous supprimé les phrases sans verbes, les répétitions de motsou d’expressions, les constructions ou le vocabulaire appartenant au langage familier, les fautesd’orthographe?

Voilà, il ne vous reste plus qu’à relire votre dissertation puis la confronter au sujet pour voir si vousn’avez pas fait un Hors Sujet, auquel cas … tout est à recommencer!!!

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(16) Les registres de langue en Français

Déroulement de la séquence sur trois semaines :

I. 1ère séance :

– A partir d'un texte support (doc.1), chaque élève prend en charge l'étude du registre dominant etremplit la fiche d'analyse en autonomie (doc. 2).

II. 2ème séance :

– Mise en commun : on complète ensemble le tableau de synthèse sur les registres (doc. 3 et 3')

III. 3ème séance:

– Exercice d'écriture. (doc. 4)

Correction des textes : 1. élégiaque 2. pathétique 3. satirique 4. didactique 5. polémique 6. lyrique 7.ironique 8. parodique 9. épique 10. burlesque.

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– Document 1: Les textes supports pour les registres de langue Texte 1

M. de Balzac était un des premiers parmi les plus grands, un des plus hauts parmi les meilleurs. Ce n'est pas le lieu dedire ici tout ce qu'était cette splendide et souveraine intelligence. Tous ses livres ne forment qu'un livre, livre vivant,lumineux, profond, où l'on voit aller et venir et marcher et se mouvoir, avec je ne sais quoi d'effaré et de terrible mêléau réel, toute notre civilisation contemporaine; livre merveilleux que le poète a intitulé comédie et qu'il aurait puintituler histoire, qui prend toutes les formes et tous les styles, qui dépasse Tacite et qui va jusqu'à Suétone, quitraverse Beaumarchais et qui va jusqu'à Rabelais; livre qui est l'observation et qui est l'imagination; qui prodigue levrai, l'intime, le bourgeois, le trivial, le matériel, et qui par moment, à travers toutes les réalités brusquement etlargement déchirées, laisse tout à coup entrevoir le plus sombre et le plus tragique idéal.

Victor Hugo, Discours prononcé aux funérailles de M. Honoré de Balzac (1850)Texte 2Je quittai mon cheval pour m'asseoir auprès d'elle. Elle était si languissante et si affaiblie qu'elle fut longtemps sanspouvoir se servir de sa langue ni remuer ses mains. Je les mouillais pendant ce temps-là de mes pleurs, et, ne pouvantproférer moi-même une seule parole, nous étions l'un et l'autre dans une des plus tristes situations dont il y ait jamaiseu d'exemple.

Prévost, Manon Lescaut, 1731Texte 3Je trouve les caprices de la mode, chez les Français, étonnants. Ils ont oubliés comment ils étaient habillés cet été ; ilsignorent encore plus comment ils le seront cet hiver. Mais, surtout, on ne saurait croire combien il en coûte à un maripour mettre sa femme à la mode.Que me servirait de te faire une description exacte de leur habillement et de leurs parures ? Une mode nouvelleviendrait détruire tout mon ouvrage, comme celui de leurs ouvriers, et, avant que tu eusses reçu ma lettre, tout seraitchangé.Une femme qui quitte Paris pour aller passer six mois à la campagne en revient aussi antique que si elle s'y étaitoubliée trente ans. Le fils méconnaît le portrait de sa mère, tant l'habit avec lequel elle est peinte lui paraît étranger.

Montesquieu, Lettres persanes, Lettre XCIX - Montesquieu, 1721

Texte 4 Travaillez, prenez de la peine :

C'est le fonds qui manque le moins.

Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,

Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.

«Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage

Que nous ont laissé nos parents :

Un trésor est caché dedans.

Je ne sais pas l'endroit; mais un peu de courage

Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.

Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'oût :

Creusez, fouillez, bêchez; ne laissez nulle place

Où la main ne passe et repasse.»

Le père mort, les fils vous retournent le champ,

Deçà, delà, partout : si bien qu'au bout de l'an

Il en rapporta davantage.

D'argent, point de caché. Mais le père fut sage

De leur montrer, avant sa mort,

Que le travail est un trésor.

Jean de La Fontaine, Fables, V, 9, Le Laboureur et ses enfants (1668)

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Texte 5FIGARO, seul, se promenant dans l'obscurité, dit du ton le plus sombre) :0 femme! femme! femme! créature faible et décevante!... nul animal créé ne peut manquer à son instinct: le tien est-ildonc de tromper?... Après m'avoir obstinément refusé quand je l'en pressais devant sa maîtresse; à l'instant qu'elle medonne sa parole, au milieu même de la cérémonie... Il riait en lisant, le perfide! et moi comme un benêt... Non,monsieur le Comte, vous ne l'aurez pas... vous ne l'aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vouscroyez un grand génie!... Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier! Qu'avez-vous fait pour tant debiens? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire; tandis que moi,morbleu! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement,qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes: et vous voulez jouter... On vient... c'est elle... cen'est personne. - La nuit est noire en diable, et me voilà faisant le sot métier de mari quoique je ne le sois qu'à moitié!

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte V, scène 3 (1784)

Texte 6Mais comment exprimer cette foule de sensations fugitives, que j'éprouvais dans mes promenades? Les sons querendent les passions dans le vide d'un cœur solitaire ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendredans le silence d'un désert; on en jouit, mais on ne peut les peindre. L'automne me surprit au milieu de ces incertitudes: j'entrai avec ravissement dans les mois des tempêtes.Tantôt j'aurais voulu être un de ces guerriers errant au milieu des vents, des nuages et des fantômes, tantôt j'enviaisjusqu'au sort du pâtre que je voyais réchauffer ses mains à l'humble feu de broussailles qu'il avait allumé au coin d'unbois. J'écoutais ses chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays le chant naturel de l'homme esttriste, lors même qu'il exprime le bonheur. Notre cœur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes,et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs.

Chateaubriand, René (1805)

Texte 7Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l'Afrique, pour s'enservir à défricher tant de terres.Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu'il est presque impossible deles plaindre.

Montesquieu, De l'esprit des lois, XV, 5, 1748

Texte 8Quant au colonel, lui, je ne lui voulais pas de mal. Lui pourtant aussi il était mort. Je ne le vis plus, tout d'abord. C'estqu'il avait été déporté sur le talus, allongé sur le flanc par l'explosion et projeté jusque dans les bras du cavalier àpied, le messager, fini lui aussi. Ils s'embrassaient tous les deux pour le moment et pour toujours, mais le cavaliern'avait plus sa tête, rien qu'une ouverture au-dessus du cou, avec du sang dedans qui mijotait en glouglous comme dela confiture dans la marmite. Le colonel avait son ventre ouvert, il en faisait une sale grimace. Ça avait dû lui faire dumal ce coup-là au moment où c'était arrivé. Tant pis pour lui ! S'il était parti dès les premières balles, ça ne lui seraitpas arrivé.

Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932

Texte 9Les carrés, rongés par cette cavalerie forcenée, se rétrécissaient sans broncher. Inépuisables en mitraille, ils faisaientexplosion au milieu des assaillants. La figure de ce combat était monstrueuse. Ces carrés n'étaient plus des bataillons,c'étaient des cratères ; ces cuirassiers n'étaient plus une cavalerie, c'était une tempête. Chaque carré était un volcanattaqué par un nuage ; la lave combattait la foudre.

Victor Hugo, Les Misérables, II, 1, 10, 1862

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– Document 2: Fiche d'analyse autonome d'un registre

Le registre …

Textesupport

Procédésd'écriturepropres au

registre

Effetsrecherchés

sur le lecteur

Définitionsynthétiquedu registre

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– Document 3: Tableau de synthèse sur les registres

Le registre ou tonalité d'un texte concerne l'effet produit par un texte sur le lecteur ; cet effet tient à l'emploide différents procédés qui visent à agir sur la sensibilité du lecteur.

lyrique

élégiaque

pathétique

tragique

dramatique

épique

didactique

polémique

comique

humoristique

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satirique

ironique

parodique

burlesque

héroï-comique

absurde

ludique

réaliste

fantastique

merveilleux

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– Document 3': corrections Tableau de synthèse sur les registres

Le registre ou tonalité d'un texte concerne l'effet produit par un texte sur le lecteur ; cet effet tient à l'emploide différents procédés qui visent à agir sur la sensibilité du lecteur.

lyrique - expression des émotions ou des sentiments personnels ; lyrisme personnel / lyrismeuniversel

- indices de la lère pers ; lexique des sentiments, émotions ; phrase exclamative etinterrogative, interjection ; modalisation ; procédés d'insistance (anaphore, gradation...);musicalité (rythmes, sonorités)

élégiaque - expression lyrique d'une plainte, d'un sentiment de perte, de deuil ; nostalgie. - mêmes procédés que le registre lyrique

pathétique - provoquer la pitié, chercher à émouvoir par la représentation de la souffrance, dumalheur

- lexique et images de la souffrance, du malheur, de la mort ; hyperbole, gradation ;exclamation, interrogation; implication du locuteur

tragique - provoquer une «horreur sacrée» devant le spectacle de la fatalité; représentation de forcesqui accablent l'homme et le dépassent (destin, dieux, passion, pouvoir politique,déterminisme social...); résistance vaine et impuissance du héros ; issue fatale (mort)

-lexique de la fatalité, du désespoir, de la mort ; associé au pathétique

dramatique - représenter une action violente ou tendue sans laisser au spectateur le temps de reprendrehaleine.

- multiplication des actions, coup de théâtre, renversement de situation rythme rapide ;affrontement verbal, tension, suspense.

épique - célébrer les exploits de héros ; représenter des situations extraordinaires.

- tous les procédés dé l'amplification: hyperbole, superlatif, accumulation ; métaphore ;pluriel, termes collectifs ; rythme croissant, accumulatif; représentation du surnaturel, dumerveilleux (intervention divine); lexique de la guerre, du combat, des forces de la nature,de la foule ; oppositions manichéennes

didactique - délivrer un enseignement ; expliquer, démontrer.

- définitions, présent de vérité général ; vocabulaire abstrait ou spécialisé ; termesgénériques ; connecteurs logiques ; exemples

polémique - expression d'un fort désaccord sur un sujet donné ; combattre et discréditer la thèse del'adversaire ; attaque violente

- lexique péjoratif, image dévalorisante, insulte, exclamation, apostrophe, exagération ousimplification, antithèse, ironie, sarcasme, caricature ; procédés de l'indignation, de laprovocation ; registre satirique

comique - faire rire; décalage entre ce qui est attendu et ce qui est réalisé.

- comique de mots, de gestes, de situation, de caractère, quiproquo comique de répétition,exagération, caricature

humoristique - faire sourire; représentation légère, plaisante ou insolite de situations ou de personnagesgraves ou sérieux

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- effets de décalage ; procédés d'atténuation (périphrase, euphémisme, litote)

satirique - critiquer en se moquant (société, mœurs, type d'individu ou individu, institution, idée) ;tourner en ridicule dans une intention argumentative

- caricature, exagération, hyperbole/ déformation, simplification, ironie ; accumulation ;lexique dépréciatif ; oppositions

ironique - faire rire, tourner en dérision en faisant comprendre le contraire de ce qui est dit ; viséesouvent argumentative ; complicité avec le lecteur.

- antiphrase, tous les procédés qui traduisent un décalage, paradoxe,oxymore,juxtaposition de propositions contradictoires, exagération ou atténuation inattendues(hyperbole, euphémisme), propos absurdes

parodique - faire rire en imitant une œuvre, un genre, un auteur en les déformant (intention comiqueou satirique)

- reprise des procédés caractéristiques de l'œuvre avec déformation, exagérationcaricaturale

burlesque - faire rire par la représentation comique et triviale d'un personnage ou d'une situationnobles, épiques.

- style familier, procédés du comique et du parodique

héroï-comique - (inverse du burlesque) faire rire par la représentation noble, épique de situations ou depersonnages ordinaires, appartenant à la réalité familière.

- procédés du registre épique

absurde - faire rire par une représentation non logique et incohérente de la réalité ; décalage entreles événements et leur interprétation

- effacement des liens logiques ou emploi incohérent de liens logiques (fausse logique),mise en relation d'éléments qui n'ont pas de rapport entre eux

ludique - faire rire par la fantaisie verbale, le jeu sur les mots

- jeux de mots (calembours), jeu sur les sonorités (allitérations, assonances), déformations,anagrammes, contrepèteries, double sens

réaliste - produire un effet de réel en représentant des personnages et des situations fictives commes'ils appartenaient au monde réel ; représentation des réalités triviales, du monde populaire

- descriptions, abondance de détails, adjectifs qualificatifs ; vocabulaire concret de laréalité quotidienne; termes crus ; indications de temps et de lieu.

fantastique - produire l'inquiétude, la peur, un sentiment de malaise en introduisant des éléments surnaturelsdans un univers réaliste ; provoquer le doute, une hésitation entre une interprétation rationnelle etune interprétation irrationnelle.

- lexique de la folie, de la mort, du surnaturel ; récit souvent à la lère pers avec verbes deperception, modalisations ; atmosphère inquiétante

merveilleux - susciter l'émerveillement par la représentation du surnaturel comme s'il faisait partie de l'ordredes choses, (ni doute ni interrogation chez le lecteur)

- hyperbole, lexique mélioratif, personnages et lieux peu caractérisés

– Document 4: Exercices d'écriture

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Réécrivez le texte ci-dessous en utilisant le registre de votre choix. Les particularités de ce dernier doiventêtre évidentes pour tout lecteur.

Un jour vers midi du côté du parc Monceau, sur la plate-forme arrière d'un autobus à peu prèscomplet de la ligne S (aujourd'hui 84), j'aperçus un personnage au cou fort long qui portait un feutre mouentouré d'un galon tressé au lieu de ruban. Cet individu interpella tout à coup son voisin en prétendant quecelui-ci faisait exprès de lui marcher sur les pieds chaque fois qu'il montait ou descendait des voyageurs. Ilabandonna d'ailleurs rapidement la discussion pour se jeter sur une place devenue libre.

Deux heures plus tard, je le revis devant la gare Saint-Lazare en grande conversation avec un amiqui lui conseillait de diminuer l'échancrure de son pardessus en en faisant remonter le bouton supérieur parquelque tailleur compétent.

Raymond Queneau, Exercices de style, 1947

Réécrivez le texte ci-dessous en utilisant le registre de votre choix. Les particularités de ce dernier doiventêtre évidentes pour tout lecteur.

Un jour vers midi du côté du parc Monceau, sur la plate-forme arrière d'un autobus à peu prèscomplet de la ligne S (aujourd'hui 84), j'aperçus un personnage au cou fort long qui portait un feutre mouentouré d'un galon tressé au lieu de ruban. Cet individu interpella tout à coup son voisin en prétendant quecelui-ci faisait exprès de lui marcher sur les pieds chaque fois qu'il montait ou descendait des voyageurs. Ilabandonna d'ailleurs rapidement la discussion pour se jeter sur une place devenue libre.

Deux heures plus tard, je le revis devant la gare Saint-Lazare en grande conversation avec un amiqui lui conseillait de diminuer l'échancrure de son pardessus en en faisant remonter le bouton supérieur parquelque tailleur compétent.

Raymond Queneau, Exercices de style, 1947

Réécrivez le texte ci-dessous en utilisant le registre de votre choix. Les particularités de ce dernier doiventêtre évidentes pour tout lecteur.

Un jour vers midi du côté du parc Monceau, sur la plate-forme arrière d'un autobus à peu prèscomplet de la ligne S (aujourd'hui 84), j'aperçus un personnage au cou fort long qui portait un feutre mouentouré d'un galon tressé au lieu de ruban. Cet individu interpella tout à coup son voisin en prétendant quecelui-ci faisait exprès de lui marcher sur les pieds chaque fois qu'il montait ou descendait des voyageurs. Ilabandonna d'ailleurs rapidement la discussion pour se jeter sur une place devenue libre.

Deux heures plus tard, je le revis devant la gare Saint-Lazare en grande conversation avec un amiqui lui conseillait de diminuer l'échancrure de son pardessus en en faisant remonter le bouton supérieur parquelque tailleur compétent.

Raymond Queneau, Exercices de style, 1947

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(17) L'écriture d'invention en Français

Déroulement de la séquence sur trois semaines :

I. 1ère séance :

– Observation des sujets (doc.1) et remplissage du tableau d'analyse (doc.2 et 2')

– Quelques conseils de méthodologie

II. 2ème séance :

– Distribution d'un sujet d'écriture d'invention (doc.3) et réalisation par les élèves d'un tableau decritères d'évaluation (doc.3')

– Rédaction de l'exercice

– En fin d'heure, échange des copies.

– Travail pour la prochaine séance: chaque élève corrige le travail d'un camarade en indiquant lespoints positifs et négatifs de la copie (critères et rédaction).

III. 3ème séance:

– Correction du sujet d'écriture d'invention, élaboration des critères, distribution d'un corrigé type(doc.3'')

– Vrai / faux sur l'écriture d'invention et fiche méthodologique (doc.4 et 4')

– Enoncé des règles à suivre à l'aide de la fiche.

IV. Extensions possibles:

– Sujets d'écriture d'invention à analyser (doc. 5 et 5')

– Ecriture d'invention et poésie ( doc. 6 et 6')

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– Document 1: Exemples de sujets d'invention

SUJET 1

Documents

A - Marivaux, La Vie de Marianne, IIe partie (1731-1742).

B - François Mauriac, Thérèse Desqueyroux, chapitre II.

C - Roger Martin du Gard, Les Thibault, L'Été 14, chap. XV.

Vous répondrez d'abord à la question suivante. (4 points)

Par quels moyens les romanciers parviennent-ils, dans ces extraits, à montrer la réflexion intérieure despersonnages ?

Vous traiterez ensuite un de ces trois sujets. (16 points)

-> Sujet III : Écriture d'invention

Récrivez la scène décrite par Marivaux sous la forme d'un récit évoquant l'accident arrivé à Marianne. Cerécit sera fait par un narrateur qui a été témoin de la scène qui s'est déroulée. Il devra comprendre au moinsune description et un dialogue.

Sujet extrait des Annales Zéro, janvier 2007, toutes séries.

SUJET 2

Documents

A - Marivaux, Les Acteurs de bonne foi, 1757.

B - Antonin Artaud, Le Théâtre et son double, 1938.

C - William Shakespeare, Le Songe d'une nuit d'été, 1595.

D - Paul Claudel, L'Échange, 1901.

Vous répondrez d'abord à la question suivante. (4 points)

En vous appuyant sur les textes du corpus, vous essaierez de dire comment le théâtre parvient à poser laquestion du réel.

Vous traiterez ensuite un de ces trois sujets. (16 points)

-> Sujet III : Écriture d'invention

Un metteur en scène de cinéma dialogue avec Antonin Artaud. Chacun défend la capacité de son art àexprimer le réel. Vous présenterez ce débat sous la forme d'un dialogue entre l'homme de théâtre etl'homme de cinéma et donnerez le dernier mot à l'interlocuteur de votre choix.

Asie, juin 2002, séries L, ES et S.

SUJET 3

Documents

A - Paul Eluard, « Notre vie », Le temps déborde, 1947.

B - Victor Hugo, « Demain, dès l'aube... » Pauca Meae, dans Les Contemplations, 1856.

C - Pierre de Ronsard, Sur la mort de Marie, sonnet CVIII, Le Second Livre des Amours, 1578.

Vous répondrez d'abord aux questions suivantes. (6 points)

1. À qui le poète s'adresse-t-il dans ces textes ? Quel lien instaure-t-il avec ce destinataire ? (3 points) La

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réponse à cette question doit être rédigée mais brève, de l'ordre d'une demi-page, une page maximum.

2. Distinguez les registres de ces différents poèmes. (3 points) La réponse à cette question doit être rédigéemais brève, de l'ordre d'une demi-page, une page maximum.

Vous traiterez ensuite un de ces sujets au choix. (14 points)

-> Sujet III : Écriture d'invention

Vous êtes chargé (e) par votre professeur de français de constituer une anthologie qui rassemblera lespoèmes que vous préférez. En préface à ce recueil, dans lequel figureront entre autres les poèmes ducorpus, vous écrivez un texte qui présente vos choix et ce qui les a guidés. Vous aurez en particulier pourobjectif de faire partager à vos camarades de classe votre conviction que lire, ou éventuellement écrire despoèmes peut apporter des remèdes aux maux de la vie.

France métropolitaine, juin 2003, séries technologiques.

SUJET 4

Documents

A - Victor Hugo, « Melancholia », Les Contemplations, 1856.

B - Victor Hugo, Les Misérables, 1862.

C - Victor Hugo, Les Misérables, 1862.

Vous répondrez d'abord à la question suivante. (4 points)

Quelle est la visée commune à ces trois textes ? Vous indiquerez en outre pour chaque texte le registredominant.

Vous traiterez ensuite un de ces trois sujets. (16 points)

-> Sujet III : Écriture d'invention

En réponse à des critiques qui lui reprocheraient d'avoir engagé la littérature dans le combat politique,Victor Hugo écrit un article où il défend le choix de tout écrivain de mettre la littérature au service degrandes causes. Vous rédigerez cet article.

Polynésie, juin 2002, séries ES et S

SUJET 5

Documents

A - Stendhal, La Vie d'Henri Brulard, 1835-1836.

B - Michel Leiris, L'Âge d'homme, 1939.

C - François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, 1848.

D - Annie Ernaux, La Place, 1984.

Vous répondrez d'abord à la question suivante. (4 points)

Quel est le point commun entre les épisodes autobiographiques évoqués ici ? Quelles raisons les auteursont-ils de s'y attarder ?

Vous traiterez ensuite un de ces trois sujets. (16 points)

-> Sujet III : Écriture d'invention

Un directeur d'édition écrit à un auteur qui entreprend son autobiographie. Vous rédigerez la lettre danslaquelle il lui donne ses conseils.

Nouvelle-Calédonie, novembre 2002, série ES et S.

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– Document 2: Tableau d'analyse des consignes

AnalyseSujets

Relations avecles textes ducorpus

Objet(s) d'étudeconcerné(s)

Genre du texte àproduire

Forme dediscours àutiliser

Thème du texteà produire

Situationd'énonciation ducandidat

Choixpersonnelsdemandés ?

Sujet 1

Sujet 2

Sujet 3

Sujet 4

Sujet 5

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– Document 2':corrections Tableau d'analyse des consignes

Analyse Sujets

Relations avec lestextes du corpus

Objet(s) d'étudeconcerné(s)

Genre du texte àproduire

Forme dediscours àutiliser

Thème du texte àproduire

Situationd'énonciation ducandidat

Choix personnelsdemandés ?

Sujet 1 3 extraits deromans qui serventd'ex.

Texte A : contenude ce qui doit êtreréécrit

Roman Récit, extrait deroman (réécriture)

Narratif,descriptif

Comment exprimer àtravers un nt ext ce queressent le pers.

Le candidat doit semettre ds la peaud'un nt témoin dela sc (il ne peutrien inventer)

Non

Sujet 2 Texte B donne desidées pr nourrir ledialogue dont ildoit être uninterlocuteur

Théâtre Dialogue, texted'idées

Argu Débat, donc positionsopposés :

- le th rend mieuxcompte du réel

- le ciné ...

Le candidat doit semettre ds la peaude 2 pers : Artaudet un metteur en scde ciné

Non

Sujet 3 Les textes doiventfigurer dans l'anthoet constituent doncdes ex.

Poésie Préface à uneantho poétique,

Essai

Argu Réfléxion sur le rôle, lafct° de la poésie, côtéauteur et côté lecteur

Le candidat doit semettre ds la peaud'un lycéen lambda

Oui

Sujet 4 Les textesconstituent des exoù Hugo s'engage

Argu Article, texted'idées

Argu Thèse à défendre : lalitt est avant tout unmoyen efficace pourdéfendre les grandescauses humanitaires

Le candidat doit semettre ds la peaude Victor Hugo !

Non

Sujet 5 Ex d'autobio +/-vraies

Autobiographie Lettre Argu,explicatif(injonctif)

Conseils sur lesrisques, les difficultéspr écrire une bonneautobio

Le candidat doitfaire parler unéditeur

Non

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– Document 3: Exercice d'écriture d'inventionUn homme incarcéré et condamné à mort pour des raisons inconnues attend son exécution.

Il est dix heures.

Ô ma pauvre petite fille ! Encore six heures, et je serai mort ! Je serai quelque chose d'immonde quitraînera sur la table froide des amphithéâtres1 ; une tête qu'on moulera d'un côté, un tronc qu'on disséquerade l'autre ; puis, de ce qu'il restera, on en mettra plein une bière2, et le tout ira à Clamart3.

Voilà ce qu'ils vont faire à ton père, ces hommes dont aucun ne me hait, qui tous me plaignent et touspourraient me sauver. Ils vont me tuer. Comprends-tu cela, Marie ? Me tuer de sang-froid, en cérémonie,pour le bien de la chose ! Ah grand Dieu !

Pauvre petite ! Ton père qui t'aimait tant, ton père qui baisait ton petit cou blanc et parfumé, quipassait sa main sans cesse dans les boucles de tes cheveux comme sur de la soie, qui prenait ton joli visagerond dans sa main, qui te faisait sauter sur ses genoux, et le soir joignait tes deux petites mains pour prierDieu !

Qu'est-ce qui te fera tout cela maintenant? Qui est-ce qui t'aimera? Tous les enfants de ton âgeauront des pères, excepté toi. Comment te déshabitueras-tu, mon enfant, du Jour de l'An, des étrennes, desbeaux joujoux, des bonbons et des baisers ? Comment te déshabitueras-tu, malheureuse orpheline, de boireet de manger ?

Victor Hugo, Le Dernier Jour d'un condamné (1829).

1. salle de dissection dans une faculté de médecine 2. un cercueil 3. au cimetière de Clamart

Sujet: À l'âge adulte, Marie, la fille du condamné, écrit une lettre au président du tribunal qui a prononcé la sentence demort contre son père. En variant les arguments et les registres, elle dénonce la peine capitale. Vous rédigerez cette lettre.

Exercice d'écriture d'inventionUn homme incarcéré et condamné à mort pour des raisons inconnues attend son exécution.

Il est dix heures.

Ô ma pauvre petite fille ! Encore six heures, et je serai mort ! Je serai quelque chose d'immonde quitraînera sur la table froide des amphithéâtres1 ; une tête qu'on moulera d'un côté, un tronc qu'on disséquerade l'autre ; puis, de ce qu'il restera, on en mettra plein une bière2, et le tout ira à Clamart3.

Voilà ce qu'ils vont faire à ton père, ces hommes dont aucun ne me hait, qui tous me plaignent et touspourraient me sauver. Ils vont me tuer. Comprends-tu cela, Marie ? Me tuer de sang-froid, en cérémonie,pour le bien de la chose ! Ah grand Dieu !

Pauvre petite ! Ton père qui t'aimait tant, ton père qui baisait ton petit cou blanc et parfumé, quipassait sa main sans cesse dans les boucles de tes cheveux comme sur de la soie, qui prenait ton joli visagerond dans sa main, qui te faisait sauter sur ses genoux, et le soir joignait tes deux petites mains pour prierDieu !

Qu'est-ce qui te fera tout cela maintenant? Qui est-ce qui t'aimera? Tous les enfants de ton âgeauront des pères, excepté toi. Comment te déshabitueras-tu, mon enfant, du Jour de l'An, des étrennes, desbeaux joujoux, des bonbons et des baisers ? Comment te déshabitueras-tu, malheureuse orpheline, de boireet de manger ?

Victor Hugo, Le Dernier Jour d'un condamné (1829).

1. salle de dissection dans une faculté de médecine 2. un cercueil 3. au cimetière de Clamart

Sujet: À l'âge adulte, Marie, la fille du condamné, écrit une lettre au président du tribunal qui a prononcé la sentence demort contre son père. En variant les arguments et les registres, elle dénonce la peine capitale. Vous rédigerez cette lettre.

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– Document 3':corrections Exercice d'écriture d'invention

Je doisécrire

Relations avec le texte du corpus Objet d'étudeconcerné

Genre du texte à produire/Forme de discours à utiliser

Registre(s) àconvoquer

Situation d'énonciationStructure

Une lettrede Marie,fille ducondamnéqui est mortdésormais,destinée auprésidentdu tribunalqui acondamnéson père àmourir.

On retiendra de cet extrait un certainnombre d’arguments contre la peinede mort, utilisables par la jeune fille :

– la peine de mort est un châtimentbarbare ;

– on fait de l’exécution un spectacle («en cérémonie »), le déshonneur rejaillitsur toute la famille ;

– l’exécution fait aussi des victimesinnocentes

(« malheureuse orpheline »). De queldroit punit-on les enfants descondamnés ?

- On pourra aussi utiliser le troisièmeparagraphe, dans lequel le protagonistes’adresse à sa fille, pour créer lessouvenirs de Marie : « ton père quibaisait ton petit cou blanc et parfumé,qui passait sa main sans cesse dans lesboucles de tes cheveux […], quiprenait ton petit visage rond dans samain, qui te faisait sauter sur sesgenoux, et le soir joignait tes deuxpetites mains pour prier Dieu. »

Argumentation,convaincre,persuader

La thèse à défendreest imposée par lesujet : le

personnage de Mariedoit dénoncer lapeine de mort.

Lettre (destinataire,expéditeur, lieu, date,signature, formule d'appel,dispo particulière)

Aucune forme de disc n'està privilégier, ils faut tousles utiliser.

- le registrepathétique pourmettre en relief lasouffrance del’enfant

- le registrepolémique quandMarie dénonce lapeine de mort oucondamne ceux quipréconisent lacondamnationcapitale sans avoirpris en comptetoutes lesconséquences d’uneexécution.

Le candidat doit semettre dans la peau deMarie, adulte, cad bienaprès la mort de sonpère.

1 § Rappel de lasituation

2 § Description de lavie de Marie depuis lamort de son père(pathétique)

3 § Généralisation :condamnation de lapeine de mort(polémique) pr que plusaucune petite fille n'aità souffrir de ladisparition prématuréede son père.

Conclusion et formulede politesse

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– Document 3'':corrections Exercice d'écriture d'invention

Critères d'évaluation & barème (sur 10 pts) :

- Les codes d'écriture de la lettre sont présents (expéditeur, destinataire, date, lieu, signature, formule d'appel et de fin) : 2pts

- La situation d'énonciation est respectée (Marie, adulte, écrit au président du tribunal qui a condamné son père à mourir) :1 pt

- La thèse imposée par le sujet est respectée (Marie condamne la peine de mort) : 1 pt

- Les arguments choisis sont efficaces et variés : 2 pts

- Les registres utilisés sont efficaces et variés : 2 pts

- Le texte produit par le candidat prend appui sur le texte source de Hugo de façon explicite : 1 pt

- La qualité de l'expression et de l'orthographe est satisfaisante : 1 pt

Exemple de rédaction :

Mlle Marie Meunier,

Rue de la Goutte d'Or,

75018 Paris

M. le président de la cour d'assises de Paris

36 Quai des Orfèvres,

75006 Paris

Monsieur le président de la cour d'Assises,

Je me permets de vous écrire pour vous alerter sur un sujet ô combien sensible.

Vous ne vous souvenez certainement plus de moi. Pourtant, j'ai passé de longues heures (les heures les plusdouloureuses de ma vie) à vous écouter condamner mon père à la peine capitale. Il y a de cela 15 ans maintenant, jen'étais qu'une petite fille innocente.

Avant de vous connaître, tout allait pourtant bien. J'avais un papa attentif aux moindres de mes désirs,affectueux et dévoué. Il me prenait souvent sur ses genoux pour jouer, m'apprenait des prières que je récite toujoursen souvenir de lui. Malheureusement, le temps est loin où il baisait mon petit cou blanc et parfumé. Après sacondamnation, j'ai tout perdu : l'affection d'un père mais aussi le confort d'une vie bien établie, la confiance dansl'avenir ... En devenant orpheline, j'ai été trimbalée de centres sociaux en familles d'accueil, j'ai été battue, humiliée,spoliée. Plus d'étrennes, plus de joujoux, plus de bonbons ni de caresses. Pourquoi ? Pourquoi m'avez-vous punie ?Quel crime avais-je commis ? De quel droit ai-je mérité qu'on salisse mon nom et ma personne de la sorte ?

En vérité, je vous le dis, rien ne justifie la situation dans laquelle je me trouve, car la peine de de mort est unchâtiment barbare ! Un crime inhumain dont on fait un spectacle, une injustice que l'on fait subir aux plus pauvrespour rassurer les plus riches, une violation des droits fondamentaux de l'être humain à vivre.

La peine de mort réfute la possibilité de réhabilitation et de deuxième chance. Or, le système judiciaire a pourmission d'éduquer et de corriger les personnes reconnues coupables de crimes. C'est une peine qui, en plus d'êtrebarbare, est totalement inefficace : y a-t-il moins de crimes parce que l'on tue les criminels ? Au contraire, il mesemble que la prison à vie serait beaucoup plus dissuasive que la perspective de mourir. De plus, la peine de mort,c’est favoriser les envies de vengeance au détriment de la raison, c'est retourner à l'état sauvage quand l'homme étaitencore une bête assoiffée de sang !

Je vous en prie, vous qui avez le pouvoir de faire évoluer la société, ayez le courage de faire changer lesmentalités : abolissez la peine de mort pour que plus jamais une petite fille ait à pleurer la mort injuste de son papa.

Veillez agréer, monsieur le président, l'expression de ma plus pure confiance dans la justice dont vous êtes lereprésentant.

Marie Meunier, Paris, le 02.11.1844

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– Document 4: Fiche méthodologique- l'écriture d'invention Exercice : Répondre à des questions de définition

Répondez par VRAI ou FAUX aux propositions suivantes, qui concernent l'écriture d'invention.

• L'écriture d'invention peut consister à imaginer une histoire en relation avec les textes du corpus.

• L'écriture d'invention ressemble à une dissertation avec beaucoup plus de liberté : elle n'est soumise àaucune contrainte.

• L'écriture d'invention demande que l'on connaisse et que l'on respecte les codes d'un genre précisé par lesujet.

• L'écriture d'invention implique un plan dialectique thèse, antithèse, synthèse.

• L'écriture d'invention n'exige pas de connaissances particulières : il suffit d'inventer.

• L'écriture d'invention demande que l'on ait des connaissances précises concernant les objets d'étude duprogramme.

• L'écriture d'invention fait référence à un objet d'étude et à un seul.

• L'écriture d'invention n'oblige à aucune forme d'écriture particulière : puisqu'on invente, on est libre. Enparticulier, il n'est nul besoin de faire un plan.

Ce que l'on appelle « écriture d'invention » est un exercice qui se fait à partir d'un sujet, lui-mêmerattaché à un corpus de textes renvoyant à un objet d'étude. Ce type d'exercice ne correspond pas à unecodification spécifique, comme c'est le cas pour la dissertation ou pour le commentaire : il implique enrevanche de connaître les codes de genres littéraires dont on demande de maîtriser l'écriture : lettre,article, préface, dialogue, discours. L'écriture d'invention a la particularité de mettre l'élève en situationd'écrivain, mais à certaines conditions, qui sont là pour l'aider.

I. Les relations avec le corpus et avec les objets d'étude

L'écriture d'invention vient en troisième position dans les exercices d'écriture. Elle est associée aucorpus de textes et correspond ainsi à un objet d'étude. Les candidats disposent de ce fait de textesd'appui, qui peuvent dans certains cas servir de modèles ou de point de départ. Ils savent d'autre part oùchercher des connaissances, puisque les objets d'étude ont été étudiés pendant l'année.

EXEMPLE : on pourra ainsi demander aux candidats d'écrire la préface d'une anthologie poétique?un article de critique littéraire ou encore un prologue présentant des personnages. Ce sont là des genreslittéraires rencontrés dans certains objets d'étude. On pourra également leur demander de réécrire un extraitde roman, ou de développer une situation sur un mode narratif. Il se peut aussi que le sujet d'écritured'invention soit une lettre, parce que l'on considère que tout candidat en connaît les conventions. Mais si lestextes du corpus appartiennent au théâtre ou à la poésie, on ne demandera pas au candidat d'écrire unpoème, ni une scène de théâtre.

Ces exemples, qui découlent de la définition officielle et qui figurent dans les sujets donnés à l'examen, fontapparaître un point important. Bien souvent, le travail d'écriture d'invention fait référence à deux objetsd'études mis simultanément en jeu : le premier se révèle dans le corpus (par exemple des fables), le secondapparaît dans le sujet (par exemple une préface argumentée).

EXEMPLE : avec plusieurs extraits de textes de théâtre, un sujet d'écriture d'invention demande deréunir, dans un contexte romanesque deux personnages discutant la mise en scène de la mort de Phèdre. Lesdeux objets d'étude concernés sont d'une part le théâtre et d'autre part le roman : il faut connaître ce quiconcerne la mort dans la tragédie, sa mise en scène et sa signification ainsi que la notion de dénouement.Du point de vue romanesque, il faut savoir créer une scène et la raconter, mais aussi faire parler despersonnages.

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Les problématiques de l'autobiographie peuvent se trouver associées à la rédaction d'une lettre, d'unepréface ou d'un article. Deux objets d'étude se trouvent ici mis en jeu conjointement.

De manière générale, ces sujets demandent rarement au candidat de donner une opinion strictementpersonnelle: les consignes et les contraintes fixent toujours des limites à la subjectivité. Mais il est demandéau candidat de montrer qu'il sait passer de l'écriture scolaire à une écriture littéraire.

II. Comment procéder pour répondre avec pertinence au sujet ?

Hors normes et relevant de l'écriture des genres littéraires, les sujets d'écriture d'invention n'entrent pasdans un «moule » qui permettrait d'avoir différents types de plans comme pour la dissertation. Ils sontcependant soumis à deux sortes de codifications qui créent des contraintes : celles du sujet et celles dugenre littéraire demandé. Ces deux types de contraintes permettent de poser les composantesindispensables du texte à composer :

* le genre demandé : lettre, discours, préface, essai, dialogue, extrait narratif ou descriptif figurant dans unroman... ;

* ses caractéristiques, en relation avec les savoirs des objets d'étude ; • la situation d'énonciation danslaquelle est mis le candidat : il parle en son nom, il est le signataire de l'article ou de la lettre ou au contraireil fait parler quelqu'un d'autre, à qui il prête des paroles qui ne reflètent pas nécessairement ce qu'il pense ;

* le domaine d'application concerné : une lettre parle du théâtre, une préface parle de poésie, un articleparle d'autobiographie... et les connaissances demandées, en relation avec les objets d'étude, et qui sontdes problématiques littéraires ;

* la forme de discours demandée : argumentation, information, récit à visée argumentative... ;

* le registre demandé par le sujet ou imposé par le genre, par le thème, par la situation... ;

* la nature de l'écriture (le style) lorsqu'il s'agit de transposer un texte, de le continuer, de le réécrire.

EXEMPLE : un personnage écrit une lettre pour raconter de son point de vue une scène vécue,mais dont on a une autre version, ce qui met en jeu la focalisation ; un autre compose un article pourdonner son opinion ; un autre doit raconter un épisode de roman ou dire ce qu'il pense d'une mise enscène... Les différents sujets mettent en cause des données historiques, des savoirs littéraires et desspécificités d'écriture relatives aux personnages qui s'expriment.

On voit ici qu'une lecture attentive des textes du corpus est indispensable puisqu'ils sont parfois desmodèles et constituent toujours un élément fondamental par rapport à l'objet d'étude.

III. La rédaction

L'écriture du texte est indissociable de toutes les composantes précédentes, que l'on doit avoir en tête : il nes'agit pas de construire une dissertation et d'utiliser une écriture analytique scolaire, mais de se mettre à laplace d'un auteur et d'écrire comme lui. Les œuvres étudiées et les textes du corpus jouent le rôle demodèles : il y a là un entraînement qui ne relève ni de l'imagination ni de la liberté totale, mais d'unvéritable apprentissage de l'écriture, qui ne peut se faire sans exemple : c'est là que toutes les lectures et lesétudes de textes trouvent leur justification.

Récapitulatif de la méthode à employer :

Au brouilllon 1) Disséquer le sujet pour en comprendre tous les sous-entendus.2) Remplir le tableau d'analyse des attentes du sujet.3) Faire un canevas, un squelette de réponse.

Au propre 4) Rédiger.5) Relire, corriger et relire à nouveau.

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– Document 4':corrections Fiche méthodologique- l'écriture d'invention

Exercice : Répondre à des questions de définition

Répondez par VRAI ou FAUX aux propositions suivantes, qui concernent l'écriture d'invention.

• L'écriture d'invention peut consister à imaginer une histoire en relation avec les textes du corpus.F

• L'écriture d'invention ressemble à une dissertation avec beaucoup plus de liberté : elle n'est soumise àaucune contrainte.F

• L'écriture d'invention demande que l'on connaisse et que l'on respecte les codes d'un genre précisé par lesujet.V

• L'écriture d'invention implique un plan dialectique thèse, antithèse, synthèse.F

• L'écriture d'invention n'exige pas de connaissances particulières : il suffit d'inventer.F

• L'écriture d'invention demande que l'on ait des connaissances précises concernant les objets d'étude duprogramme.V

• L'écriture d'invention fait référence à un objet d'étude et à un seul.F

• L'écriture d'invention n'oblige à aucune forme d'écriture particulière : puisqu'on invente, on est libre. Enparticulier, il n'est nul besoin de faire un plan.F

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– Document 5: Sujets d'écriture d'invention à analyser

Sujet n° 1

Corpus : Balzac, Le père Goriot, chap. II (1835); Hugo, Les Misérables, livre III (1862); Zola, La curée,chap. III (1872).

Ecriture d'invention : Un magazine littéraire consacre un de ses numéros au roman. On vous charge d'yécrire un article sur le héros romanesque. En dressant un portait vigoureux et coloré, vous analyserez, àpartir de cet exemple concret, le rôle du personnage et l'art du romancier.

Sujet n° 2

Corpus : Sarraute, Tropismes, X (1939); Butor, La modification (1957); Simon, La route des Flandres(1960)

Ecriture d'invention : En 1960, vous lisez La route des Flandres. Cet ouvrage vous rebute et vous écrivezaux Editions de Minuit pour leur faire part de votre désarroi face au nouveau roman. Votre lettre seraargumentée et illustrée d'exemples précis.

Sujet n° 3

Corpus : Voltaire, Candide, chap. XIX (1759); Voltaire, Lettres philosophiques, "sur le commerce" (1734)

Ecriture d'invention : Imaginez le discours que pourrait prononcer Candide, s'il était un peu plus mûr etsûr de lui, devant une assemblée de planteurs du Surinam, pour dénoncer l'esclavage. Vous utiliserez toutesles ressources de l'éloquence et du registre oratoire.

Sujet n° 4

Corpus : Racine, Andromaque, III, 7 (1667); Marivaux, L'ile des esclaves, sc.8 (1725); Musset, LesCaprices de Marianne, III, 1 (1833)

Ecriture d'invention : Deux metteurs en scène ont choisi de monter la pièce de Musset. Ils ont chacun unevision différente du personnage de Marianne : le premier l'imagine troublée, le second indifférente. Ilsmettent en avant leur parti pris de mise en scène dans un dialogue.

Sujet n° 5

Corpus : Voltaire, L'Histoire des voyages de Scarmentado (1756); Voltaire, Lettre à monsieur le comted'Argental (1762)

Ecriture d'invention : Transposez L'Histoire des voyages de Scarmentado au XXIème siècle et racontez-en un épisode. Vous garderez le ton de Voltaire, vous respecterez les caractéristiques du contephilosophique et vous soulignerez les travers de notre monde qui vous paraissent les plus graves.

Sujet n° 6

Corpus : A. Bertrand, "La ronde sous la cloche", Gaspard de la nuit (1842); Rimbaud, "Les ponts", LesIlluminations (1886); Ponge, "Le pain", Le parti pris des choses (1942)

Ecriture d'invention : Vous avez composé un recueil de poèmes, en prose ou en vers, faisant une large partau rêve et à l'imaginaire, à la manière d'Aloysius Bertrand. Vous écrirez à un éditeur pour le convaincre depublier cet ouvrage et défendre votre démarche poétique.

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Sujet n° 7

Corpus : Molière, Dom Juan, II, 4 (1665); Beaumarchais, Le mariage de Figaro, V, 7 (1781); Rostand,Cyrano de Bergerac, III, 10 (1897)

Ecriture d'invention : Imaginez un monologue dans lequel un personnage prépare la déclaration d'amourmensongère qu'il s'apprête à faire à un autre. Il en juge, au fur et à mesure, la qualité et en prévoit les effets.Vous n'oublierez pas de donner, au fil du texte, les indications de mise en scène nécessaires.

Sujet n° 8

Corpus : Hugo, Ruy Blas, III, 2 (1838) ; Martin du Gard, Les Thibaud, chap. LXXIX (1936)

Ecriture d'invention : Ecrivez un texte de dénonciation dans lequel vous mettrez en garde voscontemporains conte ce qui vous semble une supercherie, une illusion du monde moderne.

Sujet n° 9

Corpus : Esope, "Le chêne et le roseau", Fables (VIème siècle av. JC); La Fontaine, "Le chêne et leroseau", Fables (1668-1694); Queneau, "Le peuplier et le roseau", Battre la campagne (1968)

Ecriture d'invention : Composez le monologue du roseau de la fable de Raymond Queneau, qui prendra laforme d'une méditation sur la vie et sur le sort du peuplier.

Sujet n° 10

Corpus : Zola, Germinal, chap. I, (1885); Malraux, La condition humaine, chap. I (1933); Camus,L'étranger, chap. I (1942)

Ecriture d'invention : En fonction de l'idée que vous vous faites d'un bon début de roman, écrivez à votretour la première page d'un roman que vous souhaitez faire publier. Vous envoyez cet incipit à un directeurde magazine littéraire, accompagné d'une lettre dans laquelle vous essayez de le convaincre de la qualité dece début pour qu'il le publie.

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– Document 5': Tableau d'analyse des consignes

Nom: Prénom:

Analyse Sujets

Sujet 1

Sujet 2

Sujet 3

Sujet 4

Sujet 5

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Analyse Sujets

Sujet 6

Sujet 7

Sujet 8

Sujet 9

Sujet 10

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– Document 6: Ecriture d'invention et poésie

A - Paul Eluard, « Notre vie », Le temps déborde, 1947.

Notre vie

Notre vie tu l'as faite elle est ensevelieAurore d'une ville un beau matin de maiSur laquelle la terre a refermé son poing

Aurore en moi dix-sept années toujours plus clairesEt la mort entre en moi comme dans un moulin

Notre vie disais-tu si contente de vivreEt de donner la vie à ce que nous aimionsMais la mort a rompu l'équilibre du temps

La mort qui vient la mort qui va la mort vécueLa mort visible boit et mange à mes dépens

Morte visible Nusch1 invisible et plus dureQue la faim et la soif à mon corps épuisé

Masque de neige sur la terre et sous la terreSource des larmes dans la nuit masque d'aveugle

Mon passé se dissout je fais place au silence.Paul Eluard, Le Temps déborde (1947)

1. Nusch : modèle et égérie des Surréalistes, femme de Paul Eluard.

B - Victor Hugo, « Demain, dès l'aube... » Pauca Meae, dans Les Contemplations, 1856. p.52

C - Pierre de Ronsard, Sur la mort de Marie, sonnet CVIII, Le Second Livre des Amours, 1578. p.28

Vous êtes chargé (e) par votre professeur de français de constituer une anthologie qui rassemblera lespoèmes que vous préférez. En préface à ce recueil, dans lequel figureront entre autres les poèmes ducorpus, vous écrivez un texte qui présente vos choix et ce qui les a guidés. Vous aurez en particulier pourobjectif de faire partager à vos camarades de classe votre conviction que lire, ou éventuellement écrire despoèmes peut apporter des remèdes aux maux de la vie.

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– Document 6':corrections Ecriture d'invention et poésie

Chers amis accro aux anxiolytiques, aux antidépresseurs, aux somnifères ou pire, j'ai la solution pour vous:mon anthologie poétique va remédier à tous les maux de votre vie ! Pas un problème qui n'ait été abordépar l'un de nos meilleurs poètes.

Si vous souffrez de nostalgie, qu'il vous semble que c'était mieux avant, que le temps passe trop sans quevous puissiez en profiter, lisez Verlaine et souvenez-vous avec lui des jours anciens et pleurez (p.98).

Ou bien, vous ne pouvez tout simplement plus supporter votre vie monotone et ennuyeuse, et bien,consolez-vous avec Mallarmé et "Brise marine" ou évadez-vous avec Baudelaire qui vous invite au voyage.

Vous ne perdrez pas votre temps à lire leurs poèmes car "les plus désespérés sont les chants les plus beaux",ce n'est pas moi qui le dit, c'est Musset, alors vous pouvez le croire.

Et même s'"il pleure sans raison dans [votre] cœur qui s'écœure" (p.100), la lecture des poèmes, par soncôté elliptique et décousue la plupart du temps, offre un moment de concentration qui est l'occasion d'unlâché prise, d'une parenthèse, d'un répit.

Pour Du Bellay, qui a dû souffrir de l'exil de longues années, la poésie fut le seul espoir de salut et quelquepart, la seule façon de revoir, métaphoriquement du moins, son "petit Liré".

Même Nerval, confronté à la maladie et à la folie, n'a trouvé refuge que dans la poésie et l'expressionsincère et travaillée de sa quête d'identité; Ce fut son remède au "soleil noir de la mélancolie".

Si c'est le chagrin d'amour qui vous détruit à petit feu, c'est plus grave, mais pas incurable. Pensez à Mussetdont l'œuvre entière est construite sur l'amertume causée par le départ de George Sand.

La douleur du deuil est, enfin, la plus insupportable et la plus difficile à apaiser mais beaucoup de poètespeuvent vous aider. Lisez, tout d'abord, Ronsard et le second livre des Amours de Marie. Ses sonnetsmettent en garde sur le temps qui passe, prônent le carpe diem horatien mais rien n'y fait, lui aussi estconfronté à la mort et il réussit à la sublimer afin que le corps de l'être aimé "ne soit que roses". Puis, lisezEluard et faites place au silence comme le conseille son poème "notre vie", écrit en hommage à sa femmeNush. Ou bien, partez en pèlerinage comme Hugo vers la tombe de Léopoldine et portez "un bouquet dehoux vert et de bruyère en fleur" sur la tombe du disparu.

Vous voyez, finalement, le remède poétique est peut-être le plus efficace et je ne parle pas que de la lecturede poèmes. Bien évidemment, vous guérirez plus vite si vous couchez votre désespoir sur le papier, en vers,en prose, en métaphore, comme vous voulez d'ailleurs.

Vous pensiez qu'un poème n'était qu'un "aboli bibelot d'inanité sonore" mais vous vous trompiez ! Alorsn'hésitez pas et plutôt que de chercher de l'aide sur n'importe quel chat sur internet, venez trouver refugeauprès des plus grands poètes français de mon anthologie !

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(18)L’argumentation en Français

I. Comment argumenter?

II. Comment bâtir une argumentation?

III.Comprendre un texte argumentatif en s’exerçant.

IV. Rédiger une réponse argumentée en Histoire-Géographie

– Exercice d'introduction

Le voyage à pied

Je ne conçois qu’une manière de voyager plus agréable que d’aller à cheval, c’est d’aller à pied. On part àson moment, on s’arrête à sa volonté, on fait tant et si peu d’exercice qu’on veut. On observe tout le pays;on se détourne à droite, à gauche; on examine tout ce qui nous flatte; on s’arrête à tous les points de vue.Aperçois-je une rivière, je la côtoie; un bois touffu, je vais sous son ombre; une grotte, je la visite; unecarrière, j’examine les minéraux. Partout où je me plais, j’y reste. A l’instant que je m’ennuie, je m’en vais.Je ne dépends ni des chevaux ni du postillon. Je n’ai pas besoin de choisir des chemins tout faits, desroutes commodes; je passe partout où un homme peut passer; je vois tout ce qu’un homme peut voir; et , nedépendant que de moi-même, je jouis de toute la liberté dont on homme peut jouir.

Jean-Jacques Rousseau. Émile ou de l’Éducation.

Observer:

1) Quel est le thème du texte?

2) Pourriez-vous résumer ce texte?

3) Quelle est l’idée directrice développée par Jean-Jacques Rousseau?

4) Comment l’auteur s’y prend-il pour justifier son opinion? Quels sont les arguments qu’il utilise?

5) Jean-Jacques Rousseau illustre-t-il ses arguments par des exemples? Si oui, lesquels?

6) Quelle est selon vous la valeur de l’idée directrice de l’auteur? Êtes-vous d’accord avec lui?Pourriez-vous trouver d’autres arguments pour défendre son opinion?

– Ce qu’il faut savoir:

Définition: une argumentation est un discours écrit ou oral. Ce type de discours se tient lorsque l’onsouhaite défendre une opinion. On cherche ainsi à convaincre en tentant de modifier les croyances de lapersonne à qui l’on s’adresse. Il s’agit donc toujours de prouver par le raisonnement qu’une idée a plusde valeur qu’une autre.

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I. Comment argumenter ?

Argumenter c’est donc développer un raisonnement construit.

Toute argumentation doit comporter une idée directrice. Cette idée directrice est l’opinion qu’il fautjustifier.

Dans notre texte, Jean-Jacques Rousseau, écrivain du XVIII° siècle (1712-1778), cherche à nousconvaincre de l’idée que le voyage à pied est la façon de voyager la plus agréable qui soit. Cetteidée est l’idée directrice du texte.

Ce sont les arguments qui permettent de justifier l’idée directrice, c’est-à-dire de prouver sa valeur.

Les arguments sont donc des idées abstraites, qui peuvent rendre convaincante une opinion.

Dans notre texte, Jean-Jacques Rousseau développe l’argument suivant: le voyage à pied permetde jouir d’une totale liberté (= c’est pourquoi le voyage à pied est le plus agréable qui soit).

Mais si les arguments sont indispensables, il peut être nécessaire de les illustrer par des exemplespour leur donner plus de force. Les exemples sont donc des éléments concrets qui aident àemporter la conviction de la personne à qui l’on s’adresse.

Dans notre texte, on relève plusieurs exemples: celui de la rivière, celui du bois touffu, celui de lagrotte, celui de la carrière.

On retiendra qu’une argumentation sans exemples ne peut convaincre.

II. Comment bâtir une argumentation ?

On aura à bâtir une argumentation si l’on souhaite, par exemple, faire un exposé sur un sujet qui nécessiteque l’on défende une opinion.

Pour cela, on devra partir d’un plan comportant les étapes suivantes:

a. une introduction

L’introduction sert à présenter le sujet ou le thème (le thème du voyage), et à formuler un problème(quel est le type de voyage le plus agréable?), et à annoncer la façon dont on traitera la question.

b. un développement

Le développement est la partie la plus longue et la plus importante d’une argumentation. Il expose l’idéedirectrice en abordant les différents arguments de manière progressive (en les classant du moinsimportant au plus important) et en les illustrant par des exemples.

Il se compose de deux ou trois parties. Chaque partie déploie une thèse à soutenir par 3 arguments dans 3paragraphes.

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Un paragraphe = 1 argument + exemple + explications:

§ 1: Tout d’abord, ARG 1 + EX 1 + EXPLICATIONS;

§ 2: Ensuite, ARG 2 + EX 2 + EXPLICAT°;

6 : Enfin, ARG 3 + EX 3 + EXPLICAT°.

Tout d’abord, ensuite et enfin sont des connecteurs logiques qui marquent la progression du raisonnement.

c. une conclusion

La conclusion doit fournir une réponse claire au problème qui a été soulevé dans l’introduction.

III. Comprendre un texte argumentatif en s'exerçant

Comprendre un texte argumentatif, c’est:

Relever, classer les indices d’énonciation, d’organisation et les indices lexicaux et se demandercomment progresse le raisonnement.

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– Exercice 1:

I. a/ Relever les indices d’énonciation dans le texte suivant. Quelle est la thèse discréditée?

b/ Relever les champs lexicaux en présence et les métaphores. Quelles distinctions font-ils apparaître?

c/ quelle est la thèse de Baudelaire?

II. Comment progresse le raisonnement?

Il est encore une erreur fort à la mode, de laquelle je veux me garder comme de l’enfer. – Je veux parlerde l’idée de progrès. Ce fanal obscur , invention du philosophisme actuel, breveté sans garantie de laNature ou de la Divinité, cette lanterne moderne jette des ténèbres sur tous les objets de la connaissance:la liberté s’évanouit, le châtiment disparaît. Qui veut y voir clair dans l’histoire doit avant tout éteindre cefanal perfide. Cette idée grotesque qui a fleuri sur le terrain pourri de la fatuité moderne, a déchargéchacun de son devoir, délivré toute âme de sa responsabilité, dégagé la volonté de tous les liens que luiimposait l’amour du beau: et les races amoindries, si cette navrante folie dure longtemps, s’endormirontsur l’oreiller de la fatalité dans le sommeil radoteur de la décrépitude. Cette infatuation est le diagnosticd’une décadence déjà trop visible.

Demandez à tout bon Français qui lit tous les jours son journal dans son estaminet ce qu’il entend parprogrès, il répondra que c’est la vapeur, l’électricité et l’éclairage au gaz, miracles inconnus aux Romains,et que ces découvertes témoignent pleinement de notre supériorité sur les anciens; tant il s’est fait deténèbres dans ce malheureux cerveau et tant de choses de l’ordre matériel et de l’ordre spirituel s’y sontbizarrement confondues! Le pauvre homme est tellement américanisé par les philosophes zoocrates etindustriels qu’il a perdu la notion des différences qui caractérisent les phénomènes du monde physique etdu monde moral, du naturel et du surnaturel.

Si une nation entend aujourd’hui la question morale dans un sens plus délicat qu’on ne l’entendait dansle siècle précédent, il y a progrès; cela est clair. Si un artiste produit cette année une œuvre qui témoignede plus de savoir ou de force imaginative qu’il n’en a montré l’année dernière, il est certain qu’il aprogressé. Si les denrées sont aujourd’hui de meilleure qualité et à meilleur marché qu’elles n’étaient hier,c’est dans l’ordre matériel un progrès incontestable. Mais où est, je vous prie, la garantie du progrès pourdemain? Car les disciples des philosophes de la vapeur et des allumettes chimiques l’entendent ainsi: leprogrès ne leur apparaît que sous la forme d’une série indéfinie. Où est cette garantie? Elle n’existe, dis-je, que dans votre crédulité et votre fatuité. Je laisse de côté la question de savoir si, délicatisantl’humanité en proportion des jouissances nouvelles qu’il lui apporte, le progrès indéfini ne serait pas saplus ingénieuse et sa plus cruelle torture; si, procédant par une opiniâtre négation de lui-même, il ne seraitpas un mode de suicide incessamment renouvelé, et si, enfermé dans le cercle de feu de la logique divine, ilne ressemblerait pas au scorpion qui se perce lui-même avec sa terrible queue.

Charles Baudelaire. Curiosités esthétiques. Exposition universelle de 1855.

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– Corrections:

I. a/ Les indices d’énonciation (termes qui expriment un jugement de valeur):

- termes ou expressions dépréciatifs erreur, folie, sommeil radoteur de la décrépitude,infatuation, décadence, philosophes de la vapeur et des allumettes chimiques, crédulité,fatuité, scorpion renvoient tous, pour la discréditer, à la théorie du progrès et à sestenants.

b/ - La croyance au progrès est également dévalorisée par association avec un champ lexical quirassemble les métaphores qui suggèrent l’idée d’obscurité : s’opposent ainsi à la volonté de «voir clair»des termes métaphoriques: fanal obscur, lanterne, ténèbres (2x), fanal perfide ou des fausses lumières:électricité et éclairage au gaz, allumettes chimiques. Autre champ lexical dévalorisant, celui de l’«enfer» etdes supplices qu’il évoque torture, cercle de feu.

- La croyance au progrès est également dévalorisée par le fait qu’elle naisse de laconfusion entre le domaine matériel le progrès technique et le domaine spirituel. Ladistinction est établie entre l’ordre matériel et l’ordre spirituel; le monde physique et lemonde mora ; le naturel et le surnaturel; et associent à l’ordre spirituel un certain nombrede valeurs: devoir, responsabilité, volonté, amour du beau, art, savoir, force imaginative.

- La thèse de Baudelaire est définie dès les premières lignes du texte: il faut se garder del’idée de progrès.

II. La progression du raisonnement:

- les 2 premières phrases définissent la thèse de Baudelaire; puis le 1ier § expose ensuiteles dangers de cette croyance au progrès (argument 1);

- le 2° § explique cette «erreur» par la confusion avec le progrès matériel (argument 2);

- le 3° § montre d’abord que, s’il peut y avoir progrès ponctuels aussi dans l’ordre matérielque dans l’ordre spirituel, il ne peut y avoir de croyance au progrès en général, conçu sous«la forme d’une série indéfinie». Il montre aussi qu’un tel progrès indéfini serait sansdoute plus négatif que positif (arguments 3 et 4).

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– Exercice 2 :

1/ Quels sont les champs lexicaux en présence dans ce texte?

2/ Comment s’organise le raisonnement?

La vie blanche

Comment nommer cette peur nouvelle qui n’est pas de la poltronnerie et qui accable tant de gens, peurde la vitesse, de la grippe, de l’amour, du vrai café, des Américains, des Russes, des Chinois, du mazout,des cambrioleurs, du mariage, de la viande hachée, de l’aspirine, de l’Eglise, des auto-stoppeurs, del’embonpoint, des femmes, du manque, du trop, de la guerre et même de la paix génératrice du chômage etde névroses…? Nos contemporains ont peur de tout et se tracassent pour tout…

La peur dont je parle est à droite comme à gauche, elle vient de partout, elle atteint les classes de lasociété, elle est toute simple, ni métaphysique, ni philosophique. C’est une peur d’information. Ce n’est pasune peur de l’intelligence, c’est une peur de la connaissance. Une peur encyclopédique. Une peur érudite.Une peur du possible. Ce qui ne veut pas dire qu’elle soit fausse, on peut très bien prévoir la réalité, maisqu’elle est une peur de perspective, une peur distanciée, une peur anticipée. En Occident, le corps netremble plus, finie la peur animale, c’est le cerveau qui frémit. Nous souffrons donc beaucoup plus que nosancêtres, car nul ne supporte un danger imaginé aussi bien qu’un danger réel. Les New-Yorkais sonttraumatisés parce qu’ils pensent qu’en sortant le soir ils vont être agressés. Un médecin me disait que celafinit par leur faire plus de mal qu’une véritable agression. L’attente d’une épreuve est souvent pire quel’épreuve. Cela fut toujours vrai, mais aujourd’hui nous sommes beaucoup mieux informés des dangers quenous courons. Pour notre bien, on nous doit à longueur de journée tout ce qui nous attend sur les routes,au coin des rues, dans les bois, dans notre lit, dans notre bureau, dans notre assiette et jusque dans nosmilliards de cellules. Savoir que nous sommes composés de 92 % d’eau nous inquiète. La multiplication del’information multiplie nos craintes et dans nos têtes gavées grandit l’angoisse, véritable cirrhose de lavolonté. Affolés, nous vomissons notre civilisation. Nous sommes écoeurés de tout et d’abord de nous-mêmes.

Bientôt, nous serons au bord de la vie comme l’écrivain devant la page blanche, paralysés. Un supplice.La vie blanche, la vie à vivre, la vie imaginée, est déjà pour quelques jeunes une si terrible épreuve qu’ilspréfèrent se tuer. C’est le cas extrême. D’autres se droguent. D’autres se terrent. Certains s’enfuient.Beaucoup avancent comme sur des œufs. En vieillissant, la plupart des gens rusent et pour échapper auxgrandes peurs se réfugient dans les petites craintes. Combien d’hommes et de femmes redoutent davantagede grossir que de mourir? Ce n’est pas une boutade. Une enquête faite aux U.S.A. révèle que lesAméricains ont deux phobies majeures: la calvitie et l’obésité, et deux phobies mineures: le cancer et lecommunisme. Et c’est bien là un des malheurs de la jeunesse qu’elle ne craint encore ni pour sa ligne nipour ses cheveux; elle est au bord de la vie blanche sans écran, sans paravent.

Comment s’en tirer? Mon Dieu, comme font les romanciers qui se délivrent en écrivant, les jeunes nepeuvent se sauver qu’en vivant. Ceux qui se jettent à la vie sont vite guéris, comme l’écrivain dès qu’il anoirci la page blanche. L’œuvre reste difficile, la vie reste dangereuse et douloureuse, mais l’action est unsi grand remède, à tout.

Les dieux, dit-on, aiment les audacieux. Oui, si l’on ne considère pas le succès comme la preuve de lafaveur divine, mais l’audace qui, avant l’intelligence, aura toujours été la clef de la vie et qui, plus quejamais, est vitale à une époque où la peur risque de nous tuer plus vite que le danger.

Françoise Parturier

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– Corrections:

1/ Le texte développe un premier champ lexical médical: atteint, souffrons, traumatisés, médecin,cirrhose, vomissons, écoeurés, paralysés, cancer, comment s’en tirer, guérir, remède… Un deuxièmechamp lexical fait référence à l’impuissance de l’écrivain, à l’angoisse de ce dernier devant lapage blanche et à sa guérison par l’action et la création (4ième §): // maladie et impuissance.

2/ Le texte s’organise autour d’une métaphore médicale: la peur est assimilée à une maladieépidémique. Cette métaphore gouverne l’organisation du texte: celui-ci s’interroge sur la maladie etcherche un diagnostic (1ier §); il décrit ensuite les symptômes (2° et 3° §) et l’évolution du mal; les4° et 5° § décrivent, quant à eux, les remèdes.

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– Exercice 3 :

Comment progresse le raisonnement?

Le problème de la nature humaine, c’est en somme celui de l’hérédité psychologique, car si l’héréditébiologique est un fait aussi clair que le jour, rien n’est plus contestable que la transmission par le germe de«propriétés» définies, décelables, dans l’ordre de la connaissance et de l’affectivité – donc de l’action –ordre où l’humanité, justement, se laisse reconnaître. Le naturel, en l’homme, c’est ce qui tient à l’hérédité,le culturel c’est ce qui tient à l’héritage (héritage congénital durant la gestation même, périnatal etpostnatal au moment de la naissance et tout au long de l’éducation). Il n’est pas facile, déjà, de fixer lesfrontières du naturel et du culturel dans le domaine purement organique. La taille, le poids de l’enfant, parexemple, sont sous la dépendance de potentialités héréditaires, mais aussi de conditions d’existence plusou moins favorables qu’offrent le niveau et le mode de civilisation. Que la nourriture, la lumière, lachaleur – mais aussi l’affection – viennent à manquer et le schéma idéal de développement se trouvegravement perturbé. Dans le domaine psychologique les difficultés d’un clivage rigoureux entre le naturelet le culturel deviennent de pures et simples impossibilités. La vie biologique a des conditions physiquesextérieures qui l’autorisent à être et à se maintenir, la vie psychologique de l’homme a des conditionssociales qui lui permettent de surgir et de se perpétuer. Chez l’animal (du reste, de moins en moinsnettement au fur et à mesure que l’observation glisse des espèces inférieures aux espèces supérieures) onvoit le comportement étroitement lié aux automatismes corporels: l’hérédité physiologique. Chez l’homme,le concept d’hérédité psychologique, au contraire, si l’on entend par là une transmission interne d’idées,de sentiments et de vouloirs, et quels que soient les processus organiques qu’on imagine à leur source,perd toute signification concevable.

Lucien Manson. Les Enfants sauvages.

– Exercice 3 :

Comment progresse le raisonnement?

Le problème de la nature humaine, c’est en somme celui de l’hérédité psychologique, car si l’héréditébiologique est un fait aussi clair que le jour, rien n’est plus contestable que la transmission par le germe de«propriétés» définies, décelables, dans l’ordre de la connaissance et de l’affectivité – donc de l’action –ordre où l’humanité, justement, se laisse reconnaître. Le naturel, en l’homme, c’est ce qui tient à l’hérédité,le culturel c’est ce qui tient à l’héritage (héritage congénital durant la gestation même, périnatal etpostnatal au moment de la naissance et tout au long de l’éducation). Il n’est pas facile, déjà, de fixer lesfrontières du naturel et du culturel dans le domaine purement organique. La taille, le poids de l’enfant, parexemple, sont sous la dépendance de potentialités héréditaires, mais aussi de conditions d’existence plusou moins favorables qu’offrent le niveau et le mode de civilisation. Que la nourriture, la lumière, lachaleur – mais aussi l’affection – viennent à manquer et le schéma idéal de développement se trouvegravement perturbé. Dans le domaine psychologique les difficultés d’un clivage rigoureux entre le naturelet le culturel deviennent de pures et simples impossibilités. La vie biologique a des conditions physiquesextérieures qui l’autorisent à être et à se maintenir, la vie psychologique de l’homme a des conditionssociales qui lui permettent de surgir et de se perpétuer. Chez l’animal (du reste, de moins en moinsnettement au fur et à mesure que l’observation glisse des espèces inférieures aux espèces supérieures) onvoit le comportement étroitement lié aux automatismes corporels: l’hérédité physiologique. Chez l’homme,le concept d’hérédité psychologique, au contraire, si l’on entend par là une transmission interne d’idées,de sentiments et de vouloirs, et quels que soient les processus organiques qu’on imagine à leur source,perd toute signification concevable.

Lucien Manson. Les Enfants sauvages.

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– Corrections:

- 1ière étape(l. 1 à 4): thèse proposée: si l’on peut admettre l’existence d’une hérédité biologique, l’idéed’une hérédité psychologique est plus que contestable;

- 2nde étape(l. 4 à 7) : le texte distingue entre l’hérédité proprement dite (qui relève du naturel) et l’héritage(qui relève du culturel)

- puis – 3ième étape - scande à trois reprises l’opposition biologique / psychologique:

l.8 à 16 : le domaine organique… / le domaine psychologique;

l. 16 à 19: la vie biologique / la vie psychologique…;

l. 19 à 25 : Chez l’animal… / Chez l’homme…;

pour montrer que, conformément à la thèse proposée, l’idée d’une hérédité, déjà discutable dans le domainebiologique, est inacceptable dans le domaine psychologique.

Le circuit argumentatif se développe donc de façon concentrique en reprenant l’opposition déjà établie dansl’énoncé de la thèse entre biologique et psychologique.

La progression du raisonnement est assurée par la radicalisation des formules «rien n’est plus contestable»,«perd toute signification concevable» et par le glissement qu’opère l’auteur du couple biologique /psychologique au couple animal / homme.

Ce texte argumentatif peut être proposé comme lecture complémentaire // à l’étude de la tragédie deRacine: Phèdre puisque la tragédie pose la question de la liberté humaine face aux déterminismes quil’enchaînent.

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IV. Rédiger une réponse argumentée en Histoire-Géographie

Un exemple proposé à partir de l’extrait du discours radiodiffusé de Jawaharial Nehru,Premier ministre indien, prononcé le 15 août 1947 à l’occasion de l’accession de l’Inde àl’indépendance:

Chers compatriotes,

Ce fut un grand honneur pour moi que de servir l’Inde et la cause de la liberté de l’Independant de nombreuses années. Aujourd’hui, je m’adresse à vous officiellement et pour lapremière fois en tant que le premier serviteur du peuple indien, dévoué à son service et àl’amélioration de sa condition. Je me trouve devant vous parce que telle était votre volontéet je resterai là aussi longtemps que vous choisirez de m’honorer de votre confiance.

Nous sommes aujourd’hui un peuple libre et souverain débarrassé des fardeaux passés.Nous regardons le monde avec des yeux limpides et amicaux et l’avenir avec espoir etconfiance.

Certes, le fardeau de l’occupation étrangère est maintenant loin, mais la liberté nous metface à d’autres responsabilités et d’autres fardeaux que seul l’esprit d’un peuple libre,autodiscipline et déterminé peut relever afin de préserver et de promouvoir cette liberté.(…)

Notre objectif premier et immédiat sera de mettre fin à toutes les querelles internes et lesviolences qui défigurent, détériorent et minent la cause de la liberté. Cela sans oublier deprendre en considération les grandes difficultés économiques qu’endure une population engrande détresse.

Notre longue soumission ainsi que la guerre mondiale et ses conséquences nous ont laisséen héritage une série de problèmes vitaux qui font aujourd’hui que notre peuple manque denourriture, d’habits et d’autres nécessités et qui nous ont entrainés dans un engrenaged’inflation et de hausse de prix. Il va de soi que nous ne pouvons résoudre tous cesproblèmes en une seule fois mais nous ne pouvons néanmoins en reporter la solution. Pourcela, il faudra que nous établissions des plans avisés afin de freiner l’alourdissement dufardeau que supporte la population et d’augmenter le niveau de vie. (…) Nous devonsrapidement changer notre système obsolète de baux de terre et promouvoirl’industrialisation de façon plus large et plus équilibrée, ce qui contribuera à accroître larichesse de l’Etat et par conséquent le revenu national, lequel pourra ensuite êtreredistribué plus équitablement.

La production est aujourd’hui notre première priorité, et toute tentative d’entraver ou dediminuer la production affecte la nation tout entière et plus particulièrement les massesouvrières. Certes, la production à elle seule ne suffit pas, car elle peut mener à uneconcentration d’autant plus accrue des richesses dans les mains de quelques personnes, cequi peut entraver le progrès et qui, dans le contexte actuel, entraine l’instabilité et lesconflits. Pour ces motifs, une distribution juste et équitable est essentielle à la solution duproblème.

Le gouvernement indien examine actuellement différents grands projets pour le

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développement des vallées fluviales par le contrôle du flux des rivières grâce à laconstruction de barrages, de réservoirs et de structures d’irrigation ainsi que ledéveloppement de la production hydroélectrique. Des dispositions qui contribueront à undéveloppement généralisé et qui constituent une étape préliminaire destinée à êtrecomplétée aussi rapidement que possible pour le bien-être de tous.

Les Discours de Nehru (Tome 1: septembre 1946-mai 1949).

Question posée :

Quels sont les objectifs de développement de l’Inde fixés par Nehru en 1947? Quelsmoyens l’Etat met-il en œuvre pour les atteindre?

Il s’agit de rédiger une réponse argumentée à une question-type en géographie qui passe parl’élaboration d’un plan détaillé qui suit les codes de l’écrit argumentatif tels que nous lespratiquons également pour les exercices préparatoires au baccalauréat de français:

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– Corrections

A. Introduction courte, précise et efficace:

Discours de Nehru, Premier ministre indien après l’indépendance, reprendre la questionposée et annoncer le plan du développement, càd les trois parties possibles.

B. Développement:

I. Les objectifs de développement

a/ objectifs de nature économique:

- augmentation de la production dans les secteurs économiques

- développement des activités industrielles, il s’agit de «promouvoirl’industrialisation de façon plus large et plus équilibrée»

b/ objectifs sociaux:

- réduire la pauvreté et augmenter le niveau de vie: réforme agraire etredistribution des richesses.

D’où l’intervention accrue de l’Etat qui met en œuvre les moyens d’atteindre ces objectifs:

II. La politique de développement mise en œuvre par l’Etat indien

a/ élaboration de «plans» quinquennaux sur le modèle soviétique afin«d’augmenter le niveau de vie»;

b/ l’aménagement du territoire: les grands travaux à venir = augmentation dela production d’électricité pour accroître la production agricole et régler les pénuries.

III. Des stratégies politiques

Ces interventions de l’Etat dans tous les domaines de l’économie, de l’agriculture,de l’industrie visent:

a/ répartir les richesses de manière «juste et équitable» afin d’éviter«l’instabilité et les conflits»;

b/ l’auto-suffisance de la nation garante de l’Indépendance.

C. Conclusion

Stratégies interventionnistes de l’Etat indien dans les domaines économiques,industrielles et agraires pour améliorer le niveau de vie de la population, éloigner lespossibles révoltes et ainsi créer une assise solide à ce nouvel État qui renaît des cendresdu colonialisme. Ces particularités font que l’on définit ce régime comme un«socialisme à l’indienne».

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(19)Vers le commentaire littéraire à travers l’étude de deux figures de style enFrançais

Comment analyser un texte littéraire?

Etude de deux figures de style privilégiées: la comparaison et la métaphore.

La métaphore et la comparaison sont formées d’un comparé (Cé: le thème), d’un comparant (Ca: leréférent virtuel) et d’un motif (Mot.) ou qualité commune (propriété logique commune aux deux):

- Et des truies aux tétins (Cé) roses (Mot.) comme des lobes (Ca) (Apollinaire).

- Vous (Cé) êtes mon lion (Ca) superbe et généreux (Mot.) (Hugo).

- Mon cœur (Cé), comme un oiseau (Ca), voltigeait tout joyeux (Mot.) (Baudelaire).

I. Différences entre la comparaison et la métaphore :

Là où la comparaison établit entre Cé et Ca un lien de ressemblance, la métaphore établit un liend’analogie symbolique.

Là où le Ca est introduit par des outils logiques qui, outre comme, sont ainsi que, de même que, ou encoretel (que), d’un niveau de langue plus soutenu: «Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change, / Le Poëtesuscite avec son glaive nu…» (Mallarmé), nous avons une comparaison.

Là où une connaissance d’ordre symbolique se substitue à notre connaissance rationnelle du monde, nousavons une métaphore. Ainsi dans l’exemple qui suit, la mémoire est associée à un navire:

Mon beau navire ô ma mémoire / Avons-nous assez navigué / dans une onde mauvaise à boire(Apollinaire).

En effet, formuler une abstraction par un équivalent concret est l’une des modalités essentielles de lamétaphore.

II. Fonctions de la comparaison et de la métaphore :

Elles varient selon les époques, les genres, les auteurs. Nous dirons que ces figures sont au service de labeauté, de l’émotion et de la connaissance («placere, movere, docere»: plaire, émouvoir, instruire).

1) Au service de la beauté

L’esthétique classique voit dans les figures des ornements d’un discours qui est d’abord destiné à plaire.Ainsi, la comparaison et la métaphore sont ces «fleurs de la rhétorique» qui s’épanouissent plus volontiersdans les descriptions et les portraits où elles font jaillir la beauté. De tels ornements renvoyant à laconception platonicienne d’une beauté idéale, les figures sont conventionnelles et hyperboliques «Lechâteau d’Azay, diamant taillé à facettes» (Balzac), «La splendeur d’une nuit lactée et violette»(S._Prudhomme).

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2) Au service des passions

Dans les années 1670-1740, se développe une réflexion sur les figures comme «langage des passions» etqu’on appelle aussi le pathos:

- la passion, selon Aristote, ce sont d’abord, des émotions et des sentiments que l’on fait éprouver àl’autre, au récepteur. Le style figuré sert la manipulation affective et psychologique. Ainsi, la tragédie vise àsusciter pitié, terreur et admiration;

- la passion, selon Descartes, c’est aussi l’expression de sa sensibilité: courant qu’exploitera le lyrismeromantique.

= Dans les deux cas, la force expressive des comparaisons et des métaphores tient à leur résonanceaffective et les connotations euphoriques (agréables) ou dysphoriques (désagréables) sont engagées.

3) Au service de la connaissance

A. La figure-argument

Elle est au centre d’un raisonnement par analogie (métaphore) ou par ressemblance (comparaison): onillustre une idée abstraite par un équivalent concret. La démarche est explicative et pédagogique, c’est celledes énoncés des moralistes, des philosophes, ou même poètes – dans la première moitié du XIX° siècle,chez Hugo, notamment -, où le présent à valeur générale et le verbe «être» sont employés:

La vieillesse est un tyran qui défend sur peine de la vie tous les plaisirs de la jeunesse (La Rochefoucauld).

Une heure n’est pas qu’une heure, c’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats(Proust).

B. Les «universaux symboliques»

Certaines idées abstraites et subjectives ne peuvent se formuler que par le biais des métaphores quipermettent une connaissance du monde médiatisée par le symbole. Ainsi, la représentation du temps qui«passe», «s’écoule» donne naissance au topos de la vie-voyage (l’«homo viator»).

C. La figure-découverte

À partir de la seconde moitié du XIX° siècle, ces figures servent à explorer des réalités mystérieuses. Ellespermettent la révélation d’un inconnu. Ainsi, Baudelaire dans le sonnet «Correspondances» posel’existence de correspondances cachées entre les objets du monde et la métaphore devient la figure quipermet la découverte d’une réalité transcendante par l’expression de relations nouvelles: fonctionessentielle de la métaphore appelée «vive». C’est le sens de la quête baudelairienne, des symbolistes et, au-delà, celle de Proust.

Certaines constructions de métaphores, ou parfois de comparaisons, sollicitent particulièrement le lecteur;par exemple:

«Comme un visage en pleurs que les brises essuient, /L’air est plein du frisson des choses qui s’enfuient»(Baudelaire) où l’antéposition du Ca fait attendre la désignation du référent.

«Je suis né comme le rocher, avec mes blessures» (René Char) où, après un début énigmatique, c’est lemotif des «blessures» qui tend à rendre rationnel un discours intuitif.

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– Exercice 1:

Relever les comparaisons dans l’extrait du poème suivant. Quel effet l’effet produit?

Je suis comme le pain que tu rompras, / Comme le feu que tu feras, comme l’eau pure / Quit’accompagnera sur la terre des morts. / Comme l’écume / Qui a mûri pour toi la lumière et le port… (YvesBonnefoy)

– Exercice 1:

Relever les comparaisons dans l’extrait du poème suivant. Quel effet l’effet produit?

Je suis comme le pain que tu rompras, / Comme le feu que tu feras, comme l’eau pure / Quit’accompagnera sur la terre des morts. / Comme l’écume / Qui a mûri pour toi la lumière et le port… (YvesBonnefoy)

– Exercice 1:

Relever les comparaisons dans l’extrait du poème suivant. Quel effet l’effet produit?

Je suis comme le pain que tu rompras, / Comme le feu que tu feras, comme l’eau pure / Quit’accompagnera sur la terre des morts. / Comme l’écume / Qui a mûri pour toi la lumière et le port… (YvesBonnefoy)

– Exercice 1:

Relever les comparaisons dans l’extrait du poème suivant. Quel effet l’effet produit?

Je suis comme le pain que tu rompras, / Comme le feu que tu feras, comme l’eau pure / Quit’accompagnera sur la terre des morts. / Comme l’écume / Qui a mûri pour toi la lumière et le port… (YvesBonnefoy)

– Exercice 1:

Relever les comparaisons dans l’extrait du poème suivant. Quel effet l’effet produit?

Je suis comme le pain que tu rompras, / Comme le feu que tu feras, comme l’eau pure / Quit’accompagnera sur la terre des morts. / Comme l’écume / Qui a mûri pour toi la lumière et le port… (YvesBonnefoy)

– Exercice 1:

Relever les comparaisons dans l’extrait du poème suivant. Quel effet l’effet produit?

Je suis comme le pain que tu rompras, / Comme le feu que tu feras, comme l’eau pure / Quit’accompagnera sur la terre des morts. / Comme l’écume / Qui a mûri pour toi la lumière et le port… (YvesBonnefoy)

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Corrections:

Les comparaisons sont : «comme le pain que tu rompras, / Comme le feu que tu feras, comme l’eau pure /Qui t’accompagnera sur la terre des morts. / Comme l’écume / Qui a mûri pour toi la lumière et le port».Nous avons ici une série d’images successives d’où surgissent le pain, le feu et l’eau pure qui devientécume légère; comme autant d’éclats du monde le plus sensible et du moi impuissant à épuiser le sentimentamoureux.

Corrections:

Les comparaisons sont : «comme le pain que tu rompras, / Comme le feu que tu feras, comme l’eau pure /Qui t’accompagnera sur la terre des morts. / Comme l’écume / Qui a mûri pour toi la lumière et le port».Nous avons ici une série d’images successives d’où surgissent le pain, le feu et l’eau pure qui devientécume légère; comme autant d’éclats du monde le plus sensible et du moi impuissant à épuiser le sentimentamoureux.

Corrections:

Les comparaisons sont : «comme le pain que tu rompras, / Comme le feu que tu feras, comme l’eau pure /Qui t’accompagnera sur la terre des morts. / Comme l’écume / Qui a mûri pour toi la lumière et le port».Nous avons ici une série d’images successives d’où surgissent le pain, le feu et l’eau pure qui devientécume légère; comme autant d’éclats du monde le plus sensible et du moi impuissant à épuiser le sentimentamoureux.

Corrections:

Les comparaisons sont : «comme le pain que tu rompras, / Comme le feu que tu feras, comme l’eau pure /Qui t’accompagnera sur la terre des morts. / Comme l’écume / Qui a mûri pour toi la lumière et le port».Nous avons ici une série d’images successives d’où surgissent le pain, le feu et l’eau pure qui devientécume légère; comme autant d’éclats du monde le plus sensible et du moi impuissant à épuiser le sentimentamoureux.

Corrections:

Les comparaisons sont : «comme le pain que tu rompras, / Comme le feu que tu feras, comme l’eau pure /Qui t’accompagnera sur la terre des morts. / Comme l’écume / Qui a mûri pour toi la lumière et le port».Nous avons ici une série d’images successives d’où surgissent le pain, le feu et l’eau pure qui devientécume légère; comme autant d’éclats du monde le plus sensible et du moi impuissant à épuiser le sentimentamoureux.

Corrections:

Les comparaisons sont : «comme le pain que tu rompras, / Comme le feu que tu feras, comme l’eau pure /Qui t’accompagnera sur la terre des morts. / Comme l’écume / Qui a mûri pour toi la lumière et le port».Nous avons ici une série d’images successives d’où surgissent le pain, le feu et l’eau pure qui devientécume légère; comme autant d’éclats du monde le plus sensible et du moi impuissant à épuiser le sentimentamoureux.

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– Exercice 2:

Relever et analyser les comparaisons et les métaphores dans le poème «Harmonie du soir» deBaudelaire.

Harmonie du soir

Voici venir les temps où vibrant sur sa tigeChaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir;Valse mélancolique et langoureux vertige!

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige;Valse mélancolique et langoureux vertige!Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir!Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,Du passé lumineux recueille tout vestige!Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!

Charles Baudelaire-Les Fleurs du mal

– Exercice 2:

Relever et analyser les comparaisons et les métaphores dans le poème «Harmonie du soir» deBaudelaire.

Harmonie du soir

Voici venir les temps où vibrant sur sa tigeChaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir;Valse mélancolique et langoureux vertige!

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige;Valse mélancolique et langoureux vertige!Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir!Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,Du passé lumineux recueille tout vestige!Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!

Charles Baudelaire-Les Fleurs du mal

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Corrections:

a/ les comparaisons

Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir = encensoir qu’on agite… et la vibration de la fleur devientaussi un balancement+ évocation du culte religieux;

Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige = comparaison qui marque le passage du concret (encensoir)à l’abstrait ou au moral «cœur»: de l’extérieur à l’intérieur. Ici, c’est un terme abstrait «cœur» qui évoque lefrémissement concret d’un «violon»;

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir = l’ascension se poursuit, le reposoir invitant à laméditation, au recueillement. Impression d’extase languide…

Ajoutons que ces premières comparaisons citées – pantoum oblige – sont répétées: sept comparaisonscomme autant de repères dans un itinéraire poétique et spirituel. Et cette élévation en spirale crée unepuissante incantation, à la fois profonde et nostalgique.

Vibration, évaporation, frémissement se mêlent et l’expansion se fait vibrante, palpitante, bercée dans une«harmonie du soir»… Le monde s’efface, la nuit vient et…

...Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir! = dernier vers qui associe un verbe métaphorique «luit» etson développement dans la comparaison «comme un ostensoir»; dernier vers qui unit le souvenir de lafemme aimée à une lumière mystique et non plus physique, comme celle du soleil; et non plus mortelle,comme celle liée au temps. Cette ascension du plan physique au plan spirituel est décrite dans lescomparants: «l’encensoir», objet concret; «le cœur qu’on afflige» qui est du domaine des sentiments, le«reposoir» qui invite au recueillement; «l’ostensoir», qui rappelle par sa forme le soleil et ses rayons maiss’oppose à lui par son caractère purement mystique, au-dessus des vicissitudes du temps et de la mort.

b/ les métaphores disent le «langoureux vertige» créé par les vibrations et les frémissements synesthésiquesmais aussi l’horreur d’une coagulation…

De ce mouvement en spirale naît comme un vertige, un égarement que disent la synesthésie ou confusiondes sensations - où se mêlent les «sons» et «les parfums», les sensations auditives et olfactives – et lamétaphore «tournent»… D’où l’impression de rotation confirmée par le vers tout musical et métaphorique«Valse mélancolique et langoureux vertige!»: l’attaque sur la première syllabe «Valse» correspond au tempsfort initial de la valse, tandis que le double chiasme, phonique (alternance des sons V L L / L R V: unevibrante et deux liquides, deux liquides et une vibrante) et grammatical (nom + adjectif / adjectif + nom)évoque, par son caractère cyclique, le tournoiement de la valse.

Les métaphores du vers 12: «Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige»

- «noyé» introduit une idée de mort, qui est aussi contenue dans «sang»;

- l’emploi du verbe «se fige» après le mot «sang» file la métaphore: impression de mort violente, demeurtre; disparition de la lumière et apparition du «néant vaste et noir» au vers suivant.

Mais le vers 12 revient au vers 15 et le soleil se meurt dans les trois points de suspension… qui sont aussile lieu d’un retournement positif du néant, le lieu d’une transfiguration : la disparition concrète et extérieuredu soleil laisse place au néant, certes, mais il permet aussi le surgissement d’une lumière purementmystique et intérieure, celle du souvenir de la femme aimée… et le cauchemar se change en «harmonie dusoir», dans l’immobilité d’un pur présent qui donne à goûter un peu d’éternité. Ainsi, Baudelaire ressaisit etfixe ce «langoureux vertige» en lumière spirituelle: «Baudelaire immobilise et sacralise l’extase et, avecelle, le poème qui n’est plus qu’une «harmonie du soir» qui pénètre en nous et notre âme la recueille pouratteindre l’accord parfait avec l’être» (Jean-Pierre Richard).

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