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Méthodologie de mesure de la portance des plates-formes Note n° 01 | Mars 2018 Note d’information Chaussées - Plates-formes - Assainissement La portance participe au dimensionnement des structures (et notamment des structures de chaussée) et sa valeur à court terme est souvent le critère principal de réception des plates-formes supports. Son estimation est donc importante pour concevoir et dimensionner les structures (structure de chaussée, voie ferrée…) et pour réceptionner les plates-formes supports. De nombreuses méthodes sont utilisées pour estimer in situ la portance (l’essai à la plaque, la dynaplaque, le portancemètre, la mesure de déflexion…). Cependant, l'expérience de terrai n complétée par des essais croisés montrent que chaque méthode a son propre domaine d'emploi. Cette note d'information a un double objectif : préciser certains termes utilisés sur les chantiers (portance à long et à court terme, déformabilité…) ; proposer une méthodologie de la mesure de la portance en fonction du couple plate- forme/méthode de mesure. Cette note d’information s’adresse aux spécialistes du métier de terrassement, qu’ils soient maître d’ouvrage, maître d’œuvre, entreprise ou contrôle extérieur de chantier.

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Méthodologie de mesure de la portance des

plates-formes

Note n° 01 | Mars 2018

Note d’information

Chaussées - Plates-formes - Assainissement

La portance participe au dimensionnement des structures (et notamment des structures de chaussée) et sa valeur à court terme est souvent le critère principal de réception des plates-formes supports. Son estimation est donc importante pour concevoir et dimensionner les structures (structure de chaussée, voie ferrée…) et pour réceptionner les plates-formes supports.

De nombreuses méthodes sont utilisées pour estimer in situ la portance (l’essai à la plaque, la dynaplaque, le portancemètre, la mesure de déflexion…). Cependant, l'expérience de terrain complétée par des essais croisés montrent que chaque méthode a son propre domaine d'emploi.

Cette note d'information a un double objectif :

préciser certains termes utilisés sur les chantiers (portance à long et à court terme, déformabilité…) ;

proposer une méthodologie de la mesure de la portance en fonction du couple plate-forme/méthode de mesure.

Cette note d’information s’adresse aux spécialistes du métier de terrassement, qu’ils soient maître d’ouvrage, maître d’œuvre, entreprise ou contrôle extérieur de chantier.

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1 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

Sommaire 1 - Généralités ...................................................................................................................................... 2

1.1 - Notions et définitions ............................................................................................................................. 2

1.2 - Réception d'une plate-forme .................................................................................................................. 4

2 - Méthodologie de contrôle de la portance d'une couche .................................................................... 5

2.1 - Densité de points de mesures ................................................................................................................. 5

2.2 - Conditions d'intervention ....................................................................................................................... 6

2.3 - Aide au choix de l'essai de portance ........................................................................................................ 6

2.4 - Gestion des anomalies ............................................................................................................................ 8

Annexe 1 - Rappel des moyens de mesures de la portance ..................................................................... 9

1 - Essais couramment utilisés .................................................................................................................. 9

2 - Autres essais et moyens de mesure ................................................................................................... 13

Annexe 2 - Proposition d'une méthodologie pour l'évaluation des anomalies ...................................... 18

Bibliographie ...................................................................................................................................... 20

Abréviations, symboles, définitions ..................................................................................................... 22

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2 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

1 - Généralités

1.1 - Notions et définitions

1.1.1 - Plate-forme support de chaussée

Tout projet de structure (route, voie ferrée, fondation d’ouvrage ou bâtiment industriel) ou d’ouvrage nécessite la préparation d’un support apte à recevoir cette structure.

Dans le domaine routier, ce support est appelé « plate-forme support de chaussée » (PF). Selon la norme NF P98-080-1, la plate-forme support de chaussée se définit comme la surface de sol en place terrassée et nivelée, éventuellement traitée, sur laquelle repose la structure de chaussée. Elle est située à l’interface entre les couches de chaussées (couches de surface + couches d’assise) et les couches de terrassement (Figure1). Ces principes de conception sont exposés dans le GTR [1]. Selon les matériaux qui constituent la partie supérieure des terrassements (PST), il est fréquemment nécessaire de mettre en œuvre une couche de forme. Il revient au géotechnicien d’en définir les caractéristiques.

Figure 1 : Coupe transversale d'une structure de chaussée

La plate-forme support de chaussée doit répondre à un double objectif :

à court terme : permettre la mise en œuvre de la structure à réaliser (nivellement et compactage) en facilitant notamment la circulation des engins de chantier ;

à long terme : répondre au besoin du dimensionnement de la structure qu’elle supporte, et s’affranchir de l’évolution des propriétés des matériaux en place.

Aujourd’hui, la plate-forme support de chaussée est valorisée au maximum et entre dans le champ du dimensionnement des structures. Le savoir-faire des terrassiers conduit à augmenter les performances des matériaux en place ce qui peut permettre de réduire les épaisseurs des structures proprement dites, sous réserve de la réalisation d'études appropriées.

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3 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

1.1.2 - Capacité portante et portance

Le terme capacité portante, utilisé en mécanique des sols, est souvent confondu avec le terme portance utilisé en technique routière.

En mécanique des sols, la capacité portante (appelée aussi portance par abus de langage) se définit comme la résistance à la rupture sous charge verticale.

En technique routière, la portance du support de chaussée (qui trouve son origine dans l'essai CBR (California Bearing Ratio) développé en 1929) se définit, selon la norme NF P98-080-1, comme l’aptitude du support d’une chaussée à résister aux contraintes et aux déformations appliquées par la circulation. Sur les chantiers et dans les principaux guides techniques des terrassements ([1], [2], [3]), la portance est caractérisée par un module de déformation (cf. paragraphe 1.1.5). Cette définition de la portance sera celle utilisée dans la suite de cette note d’information.

1.1.3 - Déflexion

Selon le dictionnaire de l’entretien routier [4], la déflexion se définit comme le déplacement vertical d'un revêtement en un de ses points sous l'effet d'une charge, mesuré à la surface. La déflexion est exprimée en centièmes de millimètre.

Il existe différentes corrélations entre le module caractérisant la portance et la déflexion qui doivent être utilisées avec discernement [5].

1.1.4 - Module d’Young

Le module d’Young est la constante qui relie la contrainte de traction ou de compression et la déformation pour un matériau élastique linéaire, homogène et isotrope.

1.1.5 - Module de déformation

Dans le cas d’un empilement de couches de nature différente (et donc un milieu non homogène), il n’est pas possible de mesurer le module d’Young de chaque couche à l’aide des essais classiques utilisés sur chantier (plaque, dynaplaque, etc.). En effet, ces essais sont basés sur l’application d’une charge en surface, ils mesurent donc un module moyen des couches sous-jacentes sur une profondeur dépendant de la charge et de la surface d’application. Il est alors question d’un module de déformation qui s'exprime en MPa.

La mesure de ce module contribue à la maîtrise de la qualité sur chantier. Elle correspond à un point critique voire un point d'arrêt dans les marchés de terrassement. En phase chantier, ce module est mesuré par exemple, à l'essai à la plaque ou à la dynaplaque.

1.1.6 - Notion de court et de long terme

L'état hydrique d'une couche de matériau sensible à l'eau influe sur ses performances mécaniques et notamment sur son module d’Young (et donc du module de déformation dans le cas d’un empilement de couche).

Les valeurs mécaniques (module de déformation et/ou de résistance) mesurées en phase chantier sont les caractéristiques dites « à court terme ». Ces valeurs sont spécifiées dans le marché et plus précisément dans le cahier des clauses techniques particulières (CCTP). Elles doivent donc être obtenues a minima lors de la réception.

Les valeurs mécaniques représentatives des conditions hydriques défavorables que pourra connaître la plate-forme pendant la durée de service de la chaussée (à l’exception du problème de gel-dégel traité à part) sont dites « à long terme ». Ce sont ces valeurs qui sont retenues dans le dimensionnement des chaussées (classes de PF). Elles sont définies par le géotechnicien, grâce à la caractérisation des matériaux du site et des évolutions probables d’état hydrique, du contexte hydrogéologique, des

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dispositions de drainage, du profil en long de l’infrastructure (déblai-remblai). Elles peuvent ne pas correspondre aux valeurs demandées à court terme dans le marché.

Ainsi, dans le domaine routier, les valeurs de portance déterminées lors de la réception (à court terme) de la plate-forme sont représentatives du long terme uniquement si la qualité des matériaux des couches de forme, les conditions de drainage de la PST et les entretiens pendant la durée de service de la chaussée sont conformes aux règles de l'art.

1.2 - Réception d'une plate-forme

La mesure du module de déformation à la fin des travaux est nécessaire mais n’est pas suffisante pour prononcer la réception de la plate-forme. Pour prononcer la réception de la plate-forme, il est nécessaire de contrôler l'ensemble de ces points ([6], [7]) :

la qualité des matériaux ;

la bonne mise en œuvre (compactage, épaisseur des couches, réglage, etc.) des matériaux ;

la portance ;

l’efficacité des dispositifs de drainage et d'assainissement.

Remarque 1 : Tout surclassement d'une plate-forme doit faire l'objet d'une étude spécifique prenant en compte les quatre points cités précédemment.

Remarque 2 : Certains maîtres d'œuvre peuvent être tentés, à la vue de bons résultats de mesures de déflexion et/ou d'essais mécaniques sur carottes, de décider un surclassement de la plate-forme par rapport au classement du projet. Les essais seuls ne permettent pas de surclasser la plate-forme (ou l’arase), même si les valeurs obtenues sont supérieures à la classe visée. Dans tous les cas, le classement ne peut être défini qu'au stade de l'étude niveau projet ou de l'analyse de la variante proposée.

Remarque 3 : Des valeurs élevées de module de déformation à court terme peuvent être obtenues avec des matériaux fins à l'état hydrique sec même mal compactés mais elles ne sont pas représentatives des valeurs à long terme.

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2 - Méthodologie de contrôle de la portance d'une couche La mesure du module de déformation ou de la déflexion constitue un des éléments de la réception d'une couche. Contractuellement, cela se traduit souvent par un point d'arrêt. Il est conseillé que les spécifications des pièces contractuelles :

fassent référence à une seule méthode d'essai pour la réception de la plate-forme (plaque, dynaplaque, déflectographe, etc.) ;

précisent les critères de réception en indiquant notamment la valeur du module de déformation minimale (Emin) acceptée ou de déflexion caractéristique admise (terme défini dans la norme NF P98-200-1).

Le choix de la méthode de mesure dépend notamment :

de la nature et de la classe de la plate-forme ;

des prescriptions de l'étude géotechnique ;

de l'importance du chantier ;

des contraintes de chantier (délai, aléa météo, accessibilité, etc.) ;

des pratiques régionales ;

etc.

Le titulaire, dans le cadre de son contrôle intérieur, peut proposer une méthode d'essai éventuellement différente de celle demandée dans le marché. Le maître d'œuvre a la liberté d’accepter ou non cette méthode et de valider ou non les résultats pour la réception. En cas de désaccord, la réception en portance est réalisée selon l'essai de référence défini dans le CCTP.

2.1 - Densité de points de mesures

Pour les essais ponctuels, il est recommandé de réaliser au minimum un essai tous les 500 m² pour l'arase et tous les 250 m2 pour la couche de forme. Sur la base de ce ratio, en arase ou en couche de forme, on peut réaliser au minimum un essai par voie respectivement tous les 60 m (en arase) ou 30 m (en couche de forme) en alternant la position du point de mesure (en quinconce, voie droite-gauche, voie lente/rapide) (Figure 2).

Pour certains chantiers spécifiques (chantier à fort enjeux, demande de la maîtrise d’œuvre, etc.), il est recommandé de densifier les mesures (une mesure tous les 20 m par exemple). De même, dans le cas de résultats localement défavorables, ou si une zone de faible portance est détectée visuellement, il convient de densifier les points de mesure comme proposé dans l'annexe 2.

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6 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

Figure 2 : Exemple de densité de mesures dans le cas d'une 2x1 voie (gauche) et d'une 2x2 voies (droite).

Pour les essais en continu (portancemètre par exemple), il est recommandé de réaliser au minimum un passage par voie. Dans les zones d'anomalie, il est recommandé de compléter ces mesures par des investigations complémentaires.

2.2 - Conditions d'intervention

Les mesures doivent être réalisées sur une surface fermée (par exemple couche de réglage et éventuellement enduit) en dehors d'une période de gel, d'une période de dégel ou d'une période pluvieuse.

Le maître d'œuvre doit assurer les conditions d'accès aux matériels utilisés (passage des ouvrages, accès au chantier…).

Pour les arases, les mesures doivent être réalisées si possible peu de temps avant la mise en œuvre des matériaux de couche de forme ou de chaussées et après réalisation du drainage. De plus dans le cas d’un traitement, les mesures doivent être réalisées au moins 48 h après traitement à la chaux, et au moins 3 à 7 jours après traitement aux liants hydrauliques (selon les conditions et période de traitement).

Pour les couches de forme, les mesures doivent être réalisées si possible peu de temps avant la mise en œuvre des matériaux de chaussées et après réalisation du drainage. De plus dans le cas d’un traitement, les mesures doivent être réalisées au moins 48 h après traitement à la chaux, et normalement 28 jours après traitement aux liants hydrauliques. Ce délai peut éventuellement être réduit en fonction des performances mesurées sur éprouvettes (dès que la résistance en compression est supérieure à 1 MPa par exemple) et du contexte du chantier.

2.3 - Aide au choix de l'essai de portance

2.3.1 - Matériaux non trai tés ou trai tés à la chaux

Le tableau 1 propose une aide au choix de l’essai de portance en fonction du couple plate-forme/méthode de mesure pour les matériaux non traités ou traités à la chaux.

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7 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

Tableau 1 : Aide au choix de l’essai de portance en fonction du couple plate-forme/méthode de mesure pour les matériaux non traités ou traités à la chaux.

Plaque Dynaplaque I Dynaplaque II Portancemètre Westergaard

Déflectrographe Lacroix-Flash

Déflection Poutre

Arase

PF2 (3) (3)

PF2qs (1) (3) (3)

PF3 (1) (3) (3)

PF industrielle

(2) (2) (2) (2)

Conseillé Non adapté

Co m m e nt a i r es

(1) L'utilisation de la Dynaplaque I pour une PF2qs ou une PF3 n'est pas recommandée sachant que sa plage de mesure est de

20 à 100 MPa avec une incertitude de mesure plus élevée à partir de 80 MPa pour certains matériaux.

(2) Les valeurs de réception sont proposées par le géotechnicien, selon les caractéristiques de la plate-forme visée.

(3) Le critère de réception des couches de forme en matériaux non traités ou traités à la chaux sont exprimés, dans la plupart des

CCTP, en module de déformation. Cependant, dans certains cas particuliers, une réception au déflectrographe ou à la poutre peut être admise, par exemple en cas de traitement à la chaux.

Dans les pièces contractuelles de marché, les spécifications doivent être définies en valeurs à court terme. Ces valeurs sont proposées par le géotechnicien, selon les contextes du chantier (conditions météorologiques, nature des matériaux, drainage, etc.) et les incertitudes de mesures. Elles sont généralement égales aux valeurs minimales de la classe d'arase ou de la plate-forme visée. Lorsque les conditions de chantier le justifient (variabilités des matériaux, disposition de drainage de chantier, conditions météorologiques), elles peuvent être supérieures.

2.3.2 - Matériaux trai tés aux l iants hydrauliques

Le tableau 2 propose une aide au choix de l’essai de portance en fonction du couple plate-forme/méthode de mesure pour les matériaux traités aux liants hydrauliques.

Tableau 2 : Aide au choix de l’essai de portance en fonction du couple plate-forme/méthode de mesure pour les matériaux traités aux liants hydrauliques.

Plaque Dynaplaque I Dynaplaque II Portancemètre Westergaard

Déflectrographe Lacroix-Flash

Déflection Poutre

Arase (1) (1) (1) (1) (2)

PF2 (5) (5) (5) (3)

PF2qs (5) (5) (5) (3)

PF3 (5) (5) (5) (3)

PF4 (5) (5) (5) (3)

PF industrielle

(4) (4) (4) (4) (4) (4)

Conseillé Non adapté

(1) Ces essais ne permettent pas de surclasser l'arase, même si les valeurs obtenues sont supérieures à la classe d'arase visée.

(2) Le déflectographe est à utiliser au cas par cas selon la qualité de surface de l'arase et des accès.

(3) Le portancemètre peut être utilisé qualitativement pour vérifier l'homogénéité de réalisation d'un chantier. Sauf étude

spécifique ou planche d'essai préalable, les valeurs mesurées sur des couches traitées aux liants hydrauliques ne peuvent pas être comparées aux seuils théoriques à « long terme » définissant les classes de plate-forme.

(4) Les valeurs de réception sont proposées par le géotechnicien, selon les caractéristiques de la plate-forme visée. En général,

le dimensionnement des plates-formes de bâtiment est souvent basé sur le module Westergaard Kw mais des références routières peuvent également convenir.

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8 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

(5) La réception à la plaque ou à la dynaplaque n’est en général pas conseillée sur les sols traités car les valeurs de déformation

obtenues ne sont pas caractéristiques des modules demandés dans le dimensionnement (on mesure une raideur due à la phase cimentaire et non un module de restitution).

Remarque 1 : A défaut d'autres valeurs, le guide du traitement des sols (GTS) [2] propose des seuils de déflexion par classe de plate-forme (pour les classes PF2, PF3 et PF4) en fonction du type de traitement et à 28 jours de cure. Une note d’information [8] complète ces seuils en y ajoutant la classe PF2qs.

Pour certaines infrastructures (autoroutes, lignes ferroviaires à grande vitesse, etc.), les référentiels techniques proposent des seuils différents, plus faibles, de ceux du GTS.

Remarque 2 : L'analyse en continu des mesures de déflexion à l'aide d'un déflectographe (ou d’une méthode équivalente) permet de définir des zones homogènes. Ces zones homogènes sont notamment caractérisées par la déflexion caractéristique (dc). La déflexion caractéristique correspond à la moyenne arithmétique des valeurs de déflexion mesurées (dm) sur la zone homogène, augmentée de deux fois l'écart type (σ), conformément à la norme NF P98-200-1 (dc = dm + 2σ).

Le calcul statistique de l’écart type nécessite un grand nombre de données. La définition de la déflexion caractéristique n’est donc possible que sur des sections de longueur suffisante pour faire passer un déflectographe. Le cas échéant, la déflexion caractéristique permet de détecter les anomalies par rapport au seuil défini.

Dans le cas où la section à contrôler est plus petite (où seules des mesures ponctuelles à la poutre Benkelman sont réalisées), la détermination d’une déflexion caractéristique n’est pas possible. Les seuils de réception stipulés dans le marché doivent donc être exprimés en valeur absolue. Ces seuils doivent être fixés par un géotechnicien en se basant sur l’expérience du comportement des matériaux utilisés. Ils peuvent être plus faibles que ceux définis par le GTS.

2.4 - Gestion des anomalies

Une anomalie est un écart ou une déviation par rapport à ce qui est attendu. Il s’agit, dans le cas de valeurs mesurables d’un écart par rapport à une valeur cible. On rappelle que chaque valeur mesurée (et non pas la moyenne des valeurs) doit faire l’objet d’une analyse et doit être supérieure à Emin.

La démarche de gestion d’une anomalie dans le cadre du marché et de la rédaction du CCTP [9] (ou du cahier des clauses administratives particulières) s’articule autour des étapes suivantes :

le constat, qui comprend les actions immédiates (y compris la densification des mesures autour d’une valeur inférieure à Emin pour délimiter la zone « faible »), l’enregistrement, ainsi que l’information des acteurs concernés ;

l’évaluation, qui consiste à identifier l’importance des anomalies, leurs causes, afin d’évaluer les effets et proposer des actions curatives (pour y remédier) et correctives (pour éviter qu’elles ne se reproduisent). Dans cette étape, le chargé de contrôle peut définir quatre niveaux d'anomalies (cf. annexe 2). Le maître d’œuvre définit les non-conformités sur la base de ces évaluations et déclenche si nécessaire des actions ;

l’action, qui comprend la décision d’actions, l’exécution et le contrôle des actions décidées ;

la clôture et l’archivage des données et résultats.

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9 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

Annexe 1 - Rappel des moyens de mesures de la portance Ce tableau liste les principaux essais utilisés pour la réception en portance des plates-formes support de chaussée.

Tableau 3 : Liste des essais utilisés pour la réception en portance des plates-formes support de chaussée

ESSAIS VALEUR MESUREE

Essais normalisés

Essai à la Plaque (NF P94 117-1) Module de déformation (EV2, MPa)

Dynaplaque (NF P94-117-2) Module de déformation (Edyn , MPa)

Déflectographe Lacroix, Flash et poutre Benkelman (dite canadienne) (NF P98-200-i)

Déflexion (mm)

IPI/CBR (NF P94-078) Indice (sans unité)

Westergaard (NF P94-117-3) Module de réaction (Kw en MPa/m)

Essais non normalisés

Portancemètre (LCPC) Module de déformation (Ep, MPa)

Passage visuel d'un camion Résistance à la rupture ou portance (pour une PST) et déformation

Plaque dynamique légère Module de déformation (EVD)

Déflexion canadienne Déflexion élastique (mm)

Déflectomètre à masse tombante ou Falling Weight Deflectometer (FWD)

Bassin de déflexion : déflexion (mm) et estimation du rayon de courbure (m)

1 - Essais couramment utilisés

1.1 - Essai à la plaque (NF P94 -117-1)

O b je t

Mesure ponctuelle d’un module de déformation statique sous une plaque rigide d’une plate-forme pour des valeurs comprises entre 20 et 250 MPa.

Figure 3 : Essai à la plaque (source : Cerema)

P r i n c i pe de l ' e s sa i

L'essai détermine la déformabilité des plates-formes de terrassement par la mesure de l'enfoncement vertical au centre d'une plaque rigide (60 cm de diamètre) sous chargement statique.

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10 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

La valeur de l'enfoncement de la plaque (mesurée à la fin du second cycle) permet de calculer le module de déformation statique à la plaque EV2.

I n t é r ê ts

cet essai est l'essai de référence historique pour le dimensionnement des structures de chaussée ayant servi à caler les résultats des essais dynamiques ;

cet essai est réalisable sur la plupart des types de plates-formes, sous réserve que le Dmax soit inférieur à 200 mm ;

le matériel est largement commercialisé, robuste et peu coûteux.

L i m i te s d ’ u t i l i sa t i o n

cet essai n’est pas conseillé dans le cas d’une couche de forme traitée aux liants hydrauliques ;

le rendement est faible par rapport aux autres types d'essais (entre 4 et 6 mesures/h) ;

l'accessibilité à certaines zones est parfois difficile (tranchée, remblai technique, pente élevée, encombrement, etc.) ;

il est nécessaire d'avoir un massif de réaction (camion chargé) qui permet un chargement d'au moins 8 tonnes sur la plaque et d'une distance entre le point d'appui du massif (pneu) et le centre de la plaque d'au moins 1,2 m.

Remarque : Cet essai ne caractérise pas le taux de compactage des sols de la plate-forme auscultée.

1.2 - Essai à la dynaplaque 1 et 2 (NF P94 -117-2)

O b je t

Mesure ponctuelle déterminant un module de déformation sous chargement dynamique, évaluant la déformabilité d'une plate-forme, de rigidité comprise entre 20 et 100 MPa pour la dynaplaque 1 et entre 20 et 250 MPa pour la dynaplaque 2, pour des matériaux de Dmax inférieur à 200 mm.

Figure 4 : La dynaplaque 2 (source : Cerema)

P r i n c i pe de l ' e s sa i

La sollicitation dynamique appliquée sur la plate-forme à ausculter est analogue en intensité et en fréquence à celle provoquée par le passage d'un essieu chargé à 13 tonnes et roulant à 60 km/h.

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Elle est générée par la chute d'une masse sur un ressort amortisseur placé sur une plaque rigide de diamètre 600 mm.

La plaque est installée sur le sol à l'aide d'un dispositif hydraulique actionné par l'opérateur et soumise à 3 chocs. Les deux premiers chocs permettent de positionner la plaque sur le support à mesurer. Le troisième est utilisé pour la mesure.

Dynaplaque 1 : au troisième choc, on mesure le rapport entre la hauteur de rebond et la hauteur initiale de chute de la masse tombante. La mesure de restitution d'énergie par le sol permet de déterminer le module de déformation du sol d’après une courbe d’étalonnage propre à chaque Dynaplaque 1.

Dynaplaque 2 : au troisième choc, on mesure la déflexion du sol provoquée au niveau de la plaque par cette impulsion, en même temps que la force d'impact. L'exploitation des résultats permet de calculer directement le module de déformation au point d'essai.

I n t é r ê ts

l'intégration sur un véhicule léger (VL) lui confère une bonne mobilité à la fois sur le chantier et sur la route, et une grande rapidité d'intervention ;

l'équipement installé sur un porteur VL permet de réaliser 20 à 40 mesures à l'heure, suivant les conditions d'accès entre les essais ;

le fonctionnement automatique du générateur de choc et l’acquisition informatisée des mesures permettent à un seul opérateur de commander facilement les manœuvres depuis le poste de conduite du véhicule ;

cet essai est réalisable sur la plupart des types de plates-formes, sous réserve que le Dmax soit inférieur à 200 mm.

L i m i te s d ’ u t i l i sa t i o n

cet essai n’est pas conseillé dans le cas d’une couche de forme traitée aux liants hydrauliques ;

le champ d'application est différent entre la Dynaplaque 1 et la Dynaplaque 2. La limite inférieure est de 20 MPa dans les deux cas. La limite supérieure est plafonnée à :

100 MPa avec une plus grande dispersion pour certains matériaux au-delà de 80 MPa pour la Dynaplaque 1,

250 MPa pour la Dynaplaque 2.

1.3 - Déflexion à la poutre Benkelman

O b je t

Mesure ponctuelle de la déflexion de surface d'une plate-forme sous une charge définie de 13 tonnes.

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12 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

P r i n c i pe de l ' e s sa i

L'essai consiste à mesurer l'enfoncement provoqué par un essieu unique à roues jumelées simple essieu de camion chargé à 13 tonnes. Le déplacement vertical est mesuré au passage de l'essieu à l'aide d'une poutre Benkelman, le camion reculant vers le point de mesure. La déflexion, qui correspond à la déformation maximale, est mesurée au 1/100 mm.

La norme NF P98-200-1 définit les termes suivants :

la déflexion maximale dM correspond au déplacement vertical maximal du point de mesure ;

la déflexion rémanente dr correspond au déplacement vertical du point de mesure lorsque, la valeur maximale ayant été atteinte, la charge s'est éloignée de 5 m ± 10 % du point de mesure ;

la déflexion élastique de est calculée à partir de la formule suivante : de = dM – dr

I n t é r ê ts

le matériel est léger, robuste, peu coûteux et largement commercialisé.

L i m i te s d ’ u t i l i sa t i o n

son rendement est faible (6 à 8 mesures/h) ;

le camion doit comporter un essieu arrière simple à roues jumelés. Il doit être pesé avant les mesures sur chantier pour garantir une charge de 13 tonnes ± 2 % ;

le camion doit reculer vers le point de mesure, ce qui peut entraîner des dégâts matériels sur la poutre si le camion ne recule pas droit.

1.4 - Essais aux déflectographes (NF P 98 -200-1, 2, 3, 4 et 5 )

Il existe trois types de déflectographes

le déflectographe Lacroix à châssis court ;

le déflectographe Lacroix à châssis long ;

Figure 5 : Mesure à la poutre Benkelman (Source : Cerema)

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le déflectographe FLASH.

L'exécution et l'exploitation des mesures de déflexion par les déflectographes font l'objet de la méthode d'essai LPC n°39 [10]. Les déflexions mesurées par les déflectographes Lacroix sont normalisées (NF P 98-200-1, 2, 3, 4 et 5).

O b je t

Mesure en continu de la déformation de surface d'une plate-forme sous une charge définie de 13 tonnes ± 2 %.

P r i n c i pe s d e l ' e ss a i

L'essai consiste à mesurer l'enfoncement provoqué par un essieu unique à roues jumelées de camion chargé à 13 tonnes. La déformation est mesurée entre chaque jumelage de l'essieu arrière du véhicule par des bras palpeurs munis de capteurs de déplacement et articulés sur une poutre de référence. Les mesures sont réalisées simultanément au niveau d’une voie sur les deux bandes de roulement d'un poids lourd avec un pas de mesures de l'ordre de 4 m.

I n t é r ê ts

il permet d'ausculter en continu un linéaire de 6 à 20 km par jour selon le déflectographe ;

les mesures sont visualisées en temps réel.

L i m i te s d ’ u t i l i sa t i o n

les mesures sont sensibles à l'état de surface de la couche testée ;

l'appareillage est fragile et la garde au sol est faible. Les accès à la plate-forme et le passage des ouvrages doivent être préparés (pistes traficables et revêtues, réalisation de rampes à pente faible pour passage des poids lourds).

2 - Autres essais et moyens de mesure

2.1 - Essai au portancemètre

Cet essai non normalisé est décrit dans le guide technique LCPC " Portance des plates-formes : Mesure du module en continu par le portancemètre " [11].

Figure 6 : Le portancemètre (Source : Cerema)

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14 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

O b je t

Mesure en continu d'un module de déformation dynamique d'une plate-forme pour des valeurs comprises entre 30 et 250 MPa. Le module de déformation dynamique (Ep) est exprimé en MPa.

P r i n c i pe de l ' e s sa i

La plate-forme auscultée est sollicitée par une roue vibrante étroite tractée à une vitesse voisine de 3,6 km/h.

I n t é r ê ts

le portancemètre permet une mesure en continu (pas de mesure d’environ un mètre) ;

son rendement important permet d'ausculter un linéaire de 15 à 20 km par jour et de visualiser les mesures en temps réel. Ces mesures peuvent faire l'objet d'un traitement par des logiciels adaptés pour constituer des schémas itinéraires complets avec découpage en zones homogènes si nécessaire et servir au recollement de l'ouvrage ;

cet essai est réalisable sur la plupart des types de plates-formes, sous réserve que le Dmax soit inférieur à 200 mm ;

sur couche de forme traitée aux liants hydrauliques, il permet d'obtenir une information uniquement qualitative.

L i m i te s d ’ u t i l i sa t i o n

cet essai n’est pas conseillé dans le cas d’une couche de forme traitée aux liants hydrauliques ;

les mesures au portancemètre sont sensibles à l'état de surface de la couche testée (la profondeur d’empreinte doit être inférieure à 2 cm) ;

le module Ep peut être sous-estimé jusqu'à 30 % dans le cas d'une plate-forme revêtue d'un enduit en cas d'absence de compactage du gravillon ;

le matériel est très peu représenté sur le territoire.

2.2 - Essai de Westergaard (NF P94 -117-3)

O b je t

Détermination du coefficient de réaction de Westergaard Kw, exprimé en MPa/m (1 MPa/m= 0,1 bar/cm), utilisé pour mesurer la raideur d'une plate-forme destinée à la construction d'un dallage de bâtiment (NF P11-213-1/A1, 2/A1, 3/A1 et 4/A1), à usage d'habitation ou industriel. Ce module ne s'applique pas aux plates-formes routières ou ferroviaires.

P r i n c i pe de l ' e s sa i

L'essai consiste à charger une plaque de diamètre 600, 750 ou 762 mm de façon à obtenir une pression de 70 kPa et de mesurer l'enfoncement à l'aide d'une poutre de Benkelman. Le coefficient de réaction de Westergaard est le rapport entre la pression et l'enfoncement, rapporté au diamètre nominal de la plaque (762 mm). Contrairement à l'essai à la plaque, la mesure de l'enfoncement est déterminée au premier (et seul) cycle de chargement.

I n t é r ê ts

le matériel est simple, robuste et peu coûteux.

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15 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

L i m i te s d ’ u t i l i sa t i o n

son rendement est faible (5 à 8 essais par heure) ;

cet essai nécessite de disposer d'un massif de réaction (3,2 tonnes pour un essai avec une plaque de 762 mm) et de respecter une distance de 1,2 m du bord de la plaque ;

il ne s’utilise pas pour les plates-formes routières.

2.3 - Essai au passage visuel d’un cami on chargé

O b je t

Examen visuel de la déformation d'une plate-forme au passage d'un camion.

P r i n c i pe de l ' e s sa i

L'essai consiste à évaluer visuellement la déformation provoquée par un essieu unique à roues jumelées de camion. La déformation permet d'estimer la qualité de la plate-forme concernée. La limite de traficabilité correspondant généralement à une valeur de module de 15 à 20 MPa. Une déflexion minimale visible à l’œil nu d’un camion chargé à 13 tonnes est de l’ordre de 200/100ème mm.

I n t é r ê t

l'examen visuel sous circulation des engins de chantier donne rapidement une information sur l'état de déformation de la plate-forme.

L i m i te d ’u t i l i s a t i o n

cet essai ne donne qu'une information qualitative de la déformabilité.

2.4 - Essai à la plaque dynamique légère

Cet essai n'est pas normalisé en France. Il existe un document technique (en anglais) décrivant cet essai : TP BF- StB partie B 8.3.

O b je t

Mesure ponctuelle déterminant un module de déformation sous chargement dynamique. Cet essai a pour but de déterminer le module de déformation EVD en vue de contrôler la déformabilité des plates-formes, fonds de fouille, remblais en cours de mise en œuvre et tranchées.

P r i n c i pe s d e l ' e ss a i

La plaque dynamique légère est un essai de portance dynamique, par masse tombante. L’essai consiste à faire un pré-compactage du sol en place à la suite de trois impacts. La mesure du module dynamique élastique (EVD) intervient suite à l’enfoncement du point central de la plaque de charge après trois nouveaux impacts. L’impulsion est exercée par une force maximale de 7,07 kN sur une plaque de 30 cm de diamètre. Le déplacement sous la plaque est mesuré par un accéléromètre. La profondeur d’investigation de cet essai est de 30 à 40 cm.

I n t é r ê ts

l’avantage de cet essai tient à la rapidité et à la facilité de cet essai dans des endroits difficilement accessibles avec un véhicule ;

le Dmax des matériaux en place doit être inférieur à 100 mm.

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16 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

L i m i te s d ’ u t i l i sa t i o n

la profondeur d'influence de l'essai est plus faible que les autres matériels. Les valeurs ne peuvent donc pas être comparées ;

en France, cet essai n’est qu’indicatif ;

le TP BF-StB partie B 8.3. limite l’utilisation de la plaque dynamique légère pour des modules de déformation compris en 15 et 70 MPa.

2.5 - Essai à la déflexion canadienne

Cet essai est une variante non normalisée de l'essai de déflexion à la poutre Benkelman. Cet essai est admis par la commission Laboroute de l’IDRRIM, « sous réserve que le mode de mesure soit clairement indiqué dans le rapport d'essai et que seule soit exprimée la déflexion élastique (de) et non la déflexion maximale dM ». Une attention particulière sera portée aux résultats de la déflexion canadienne car cet essai sous-estime la déflexion.

O b je t

Mesure ponctuelle de la déflexion de surface d'une plate-forme sous une charge définie de 13 tonnes.

P r i n c i pe s d e l ' e ss a i

Pour des raisons pratiques, il est plus facile de placer le point de mesure entre les roues jumelées d'un camion et de mesurer la déflexion en éloignant la charge du point de mesure, technique couramment appelée « déflexion canadienne ». Ce protocole revient à mesurer uniquement la déflexion élastique (de) qui est plus faible que la déflexion maximale (dM) puisque : dM = de + dplastique

I n t é r ê t

le rendement est plus élevé que l'essai de déflexion normalisé.

L i m i te s d ’ u t i l i sa t i o n

la déflexion dM n’est pas mesurée ;

les performances du matériau sont surestimées.

2.6 - Essai au déflectomètre à masse tombante (Fall ing Weigth Deflectometer, FWD )

Cet essai n’est pas normalisé en France. Il est couramment utilisé dans les pays anglo-saxons, ainsi qu’en Europe du nord.

O b je t

Mesure du bassin de déflexion d’une plate-forme routière par l’intermédiaire d’une masse tombante reproduisant une charge impulsionnelle proche de celle produite par un essieu de poids lourd.

P r i n c i pe s d e l ' e ss a i Le Déflectomètre à masse tombante (ou Falling Weight Deflectometer, FWD) permet de reproduire une charge impulsionnelle voisine de celle produite par le passage d'une charge roulante, aussi bien en temps qu'en amplitude. La charge est appliquée sur la chaussée par l'intermédiaire d'une plaque circulaire de 30 cm de diamètre. Cette charge, mesurée avec précision par un capteur de force, provoque un bassin de déflexion qui est mesuré en 9 points par des géophones. Différentes hauteurs de chocs peuvent être utilisées, afin d'appliquer un chargement compris entre 30 et 70 kN.

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I n t é r ê t

possibilité d'obtenir les modules des différentes couches de chaussée par rétro calcul avec le logiciel ALIZE-LCPC.

L i m i te d ’u t i l i s a t i o n

essai peu répandu en France.

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Annexe 2 - Proposition d'une méthodologie pour l'évaluation des anomalies Dans l'étape d'évaluation dans la gestion d'une anomalie, le chargé de contrôle peut définir 4 niveaux d'anomalie :

Anomalie Description Traitement possible de l’anomalie

Anomalie de niveau 1 Il s’agit d’une anomalie ponctuelle qui appelle une procédure de réparation immédiate, grâce à l’action du contrôle intérieur en cours de travaux. Il s’agit typiquement d’une zone de faible portance décelée visuellement (orniérage, matelassage, déflexion visible sous le passage des engins,etc.)

La réparation consiste le plus souvent à réaliser une purge à l’aide de matériaux du site ou de traiter à l’aide d’un liant approprié

Anomalie de niveau 2 Il s’agit d’une anomalie traitable avec une procédure de réparation définie au préalable. Sont considérées comme anomalies de niveau 2 lorsque moins de 10 % (1) des mesures différentes de la valeur seuil. La non-conformité s’explique par un aléa non détecté en phase travaux (zone humide, poche d’argile, remblai de tranchée, défaut de traitement, etc.)

Selon l’analyse de la gravité des anomalies (nature de la voie, extension des zones non-conformes, le nombre de points non-conformes…), la procédure de traitement de l’anomalie peut consister :

à purger la zone ;

à traiter la zone (aération, traitement par un réactif, drainage, etc.) ;

etc.

Anomalie de niveau 3 10 (1) à 50 % (1) des valeurs mesurées sont non conformes à la valeur seuil. Elle appelle à une procédure de réparation devant faire l’objet d’une analyse technico-économique par le maître d’œuvre. C’est le cas lorsque la non-conformité s’explique par une mauvaise maîtrise de la qualité de certains travaux ou une mauvaise adéquation des techniques au site (matériaux non-conformes, drainage mal réalisé ou mal approprié, compactage mal adapté, amélioration de sol support insuffisant, etc.).

La gravité de l’anomalie demande une analyse afin d’adapter la procédure de traitement de l’anomalie. En général, le traitement consiste à :

substituer la zone ;

traiter par un réactif ;

drainer ;

foisonner puis recompacter ;

aérer ou humidifier ;

ajouter une sur-épaisseur de matériau ;

etc.

Anomalie de niveau 4 L’anomalie de niveau 4, par son importance, remet en cause la qualité contractuelle. La non-conformité requiert une étude ou une expertise. L’importance des zones dont les mesures sont inférieures à la valeur seuil remet en cause le dimensionnement de l’infrastructure (plus de 50 % (1) des points non-conformes).

Tout comme l’anomalie de niveau 3, l’anomalie de niveau 4 demande une analyse afin d’adapter la procédure de traitement. En général, le traitement consiste à :

substituer la zone ;

traiter par un réactif ;

drainer ;

foisonner puis recompacter ;

aérer ou humidifier ;

ajouter une surépaisseur de matériau ;

modifier la structure ou le dimensionnement ;

etc.

(1) Ces valeurs sont données à titre indicatif. Elles peuvent être adaptées aux conditions et aux enjeux du chantier.

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Dans l’évaluation de l’anomalie, il convient d’analyser l’importance des écarts et d’évaluer leur gravité en prenant en compte les éléments suivants :

l’enjeu des zones évaluées :

le trafic supporté globalement par la future infrastructure : plus le trafic est important (> T3), plus les enjeux nécessitent une vigilance particulière quant à l’analyse des résultats,

la nature de la voie et l'agressivité du trafic supporté,

le contexte hydrogéologique : la présence d’eau souterraine, un profil en déblai ou profil rasant, l’absence de drainage sont des facteurs défavorables à l’évolution des modules dans le temps et notamment ne permettant pas d’envisager d’amélioration.

l’analyse des facteurs ayant une influence sur la mesure : certains facteurs ont une influence sur le résultat de la mesure de module comme :

la nature des matériaux en place (caractérisée par le passant à 80 µm par exemple),

les états hydriques des matériaux sensibles ou non à l’eau,

la météorologie au moment des mesures,

le délai entre la fin du compactage et la campagne de mesure,

l’état de surface.

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20 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

Bibliographie Guides techniques, méthodes d’essai et notes d’information

[1] Sétra-LCPC (2000) - Guide technique - Réalisation des remblais et des couches de forme Fascicule 1 : principes généraux et Fascicule 2 : annexes techniques (GTR).

[2] Sétra-LCPC (2000) - Guide technique – Traitement des sols à la chaux et/ou aux liants hydrauliques – Application à la réalisation des remblais et des couches de forme (GTS).

[3] Sétra (2007) – Guide Technique – Conception et réalisation des terrassements ; Fascicule 1 : Étude et exécution des travaux ; Fascicule 2 : Organisation des contrôles ; Fascicule 3 : méthodes d'essais (GRT).

[4] Observatoire National de la Route (1996) - Dictionnaire de l'entretien routier. Thème 1 : organisation des services de l'Equipement. Thème 2 : généralités de la route. Thème 3 : chaussées.

[5] CETE IF (2008) – Guide régional - Catalogue des structures de chaussées chapitre plates-formes.

[6] Sétra (2009) – Note d'information n°118 – Éléments clés de l'assurance qualité des couches de formes traitées.

[7] Sétra (2000) – Guide Technique – Organisation de l'assurance qualité dans les travaux de terrassements.

[8] Cerema (2017) – Note d'information n°02 – Dimensionnement des épaisseurs de couche de forme pour PF2qs - Complément au GTR et au GTS

[9] Sétra (2006) – Guide Technique – Terrassement : aide à la rédaction des CCTP.

[10] LCPC (1997) – Méthode d'essai n°39 – Études routières : Déformabilité de surface des chaussées Exécution et exploitation des mesures.

[11] LCPC (2007) – Guide Technique – Portance des plates-formes : Mesure du module en continu par le Portancemètre.

Normes

NF P11-213-1/A1 ; (2007), DTU 13.3 - Dallages - Conception, calcul et exécution - Partie 1 : cahier des clauses techniques des dallages à usage industriel ou assimilés.

NF P11-213-2/A1 ; (2007), DTU 13.3 – Dallages – Conception, calcul et exécution – Partie 2 : cahier des clauses techniques des dallages à usage autre qu’industriel ou assimilés.

NF P11-213-3/A1 ; (2007), DTU 13.3 – Dallages – Conception, calcul et exécution – Partie 3 : cahier des clauses techniques des dallages de maisons individuelles.

NF P11-213-4/A1 ; (2007), DTU 13.3 - Dallages - Conception, calcul et exécution - Partie 4 : cahier des clauses spéciales.

NF P94-078 ; (1997), Sols : reconnaissance et essais - Indice CBR après immersion. Indice CBR immédiat. Indice Portant Immédiat - Mesure sur échantillon compacté dans le moule CBR.

NF P94-117-1 ; (2000), Portance des plates-formes - Partie 1 : Module sous chargement statique à la plaque (EV2).

NF P94-117-2 ; (2004), Portance des plates-formes - Partie 2 : Module sous chargement dynamique.

NF P94-117-3 ; (2008), Portance des plates-formes - Partie 3 : Coefficient de réaction de WESTERGAARD sous chargement statique d'une plaque.

NF P98-080-1 (1992), Chaussées - Terrassement - Terminologie - Partie 1 : terminologie relative au calcul de dimensionnement des chaussées.

NF P98-200-1 ; (1991), Mesure de la déflexion engendrée par une charge roulante – Partie 1: Définitions, moyens de mesure, valeurs caractéristiques.

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NF P98-200-2 ; (1992), Mesure de la déflexion engendrée par une charge roulante – Partie 2 Détermination de la déflexion et du rayon de courbure avec le déflectomètre de Benkelman modifié.

NF P98-200-3 ; (1993), Mesure de la déflexion engendrée par une charge roulante – Partie 3 Détermination de la déflexion avec un déflectographe 02.

NF P98-200-4 ; (1993), Mesure de la déflexion engendrée par une charge roulante – Partie 4 Détermination de la déflexion avec un déflectographe 03.

NF P98-200-5 ; (1993), Mesure de la déflexion engendrée par une charge roulante – Partie 5 Détermination de la déflexion avec un déflectographe 04.

TP BF-StB partie B 8.3 : « Essai à charge de plaque dynamique à l’aide de l’appareil léger d’essai de choc par masse tombante » (dynamic plate load testing with aid of the light drop weight tester)

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22 Cerema – Note d’information « Chaussées-Plates-Formes-Assainissement » – N°01 – Mars 2018

Abréviations, symboles, définitions CBR California Bearing Ratio (NF P94-078) ;

CCTP Cahier des clauses techniques particulières ;

dc Déflexion caractéristique sur une section : dc = dm + 2σ, avec σ l’écart type des déflexions sur la section considérée ;

dm Déflexion moyenne : moyenne arithmétique des mesures de déflexion réalisées en des points régulièrement répartis sur une section unitaire d’une certaine longueur ;

Dmax Diamètre des plus gros éléments présents dans le sol (il est apprécié visuellement en général) exprimé en mm ;

Emin Valeur du module de déformation minimal accepté pour la réception des plates-formes et des arases ;

Edyn Module de déformation mesuré avec la Dynaplaque, exprimé en MPa ;

Ep Module de déformation dynamique mesuré avec le Portancemètre, exprimé en MPa ;

EV2 Module de déformation mesuré avec l’essai à la plaque, exprimé en MPa ;

EVD Module de déformation mesuré avec la plaque dynamique légère ;

GTR Guide technique pour la réalisation des remblais et des couches de forme ;

GTS Guide technique pour le traitement des sols à la chaux et/ou aux liants hydrauliques ;

IPI Indice Portant Immédiat ;

PST Partie supérieure des terrassements ;

PF Plate-forme support de chaussée ;

VL Véhicule léger.

Page 24: NI - Méthodologie de mesure de la portance des plates-formes

Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement - www.cerema.fr

Direction technique infrastructures de transport et matériaux - 110 rue de Paris, 77171 Sourdun - Tél. : +33 (0)1 60 52 31 31

Siège social : Cité des Mobilités - 25, avenue François Mitterrand - CS 92 803 - F-69674 Bron Cedex - Tél. : +33 (0)4 72 14 30 30

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Siège social : Cité des Mobilités - 25, avenue François Mitterrand - CS 92 803 - F-69674 Bron Cedex - Tél : +33 (0)4 72 14 30 30

Cette note d’information « Chaussées - Plates-Formes - Assainissement » est publiée dans

la collection « Références » du Cerema

Cette collection regroupe l’ensemble des documents de référence portant sur l’état de l’art dans les domaines d’expertise du Cerema (recommandations méthodologiques, règles techniques, savoir-faire…), dans une version stabilisée et validée. Destinée à un public de généralistes et de spécialistes, sa rédaction pédagogique et concrète facilite l’appropriation et l’application des recommandations par le professionnel en situation opérationnelle.

Les notes d’information sont destinées à fournir une information rapide sur un sujet donné. Elles font l’état de connaissances, d’études, de réflexion, d’expériences ou de techniques à la date de leur parution, sachant que leur actualité et leur contenu doivent être appréciés en fonction d’évolutions réglementaires ou techniques plus récentes.

Rédacteurs Nicolas BUCHART (Cerema-Ouest), Sébastien HERVE (Cerema-Ouest), Marc JABIRI (Cerema-Est), Delphine JACQUELINE (Cerema-Normandie-Centre), Thibaut LAMBERT (Cerema-Est), Alexandre LEDUC (Cerema-Infrastructures de transport et matériaux), Olivier MARTIN (Cerema-Sud-Ouest), Anthony MATYNIA (Cerema-Infrastructures de transport et matériaux), Yasmina BOUSSAFIR (IFSTTAR)

Remerciements

Merci à Dominique SAINT-EVE (Cerema-Est), Emmanuel DELAVAL (Cerema-Nord Picardie), Fabrice ROJAT (Cerema-Centre-Est), Olivier MALASSINGNE (Cerema-Ouest), Gilles LACASSY (DIR Atlantique), Mathieu PRETESEILLE (Cerema-Infrastructures de transport et matériaux), Jérôme COTARD (DIR Sud-Ouest), Jérôme VARILLON (Vinci Construction), Patrice CHARDARD (Eiffage), le SPTF, Routes de France pour leur relecture.

Collection Références

ISSN : 2276-0164 ISBN :

978-2-37180-151-6

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