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RÉSISTANCE… La Revue de 1 er Trimestre 2015 3 N°74 www.ndh-france.org L’entretien avec Philippe de Saint Robert ancien Commissaire général de la langue française du Président Mitterrand …au fascislamisme

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RÉS ISTANCE…

La Revue de

❚ 1er Trimestre 2015 ❚ 3 €N°74w w w . n d h - f r a n c e . o r g

L’entretien avec Philippe de Saint Robertancien Commissaire général de la langue françaisedu Président Mitterrand

…au fascislamisme

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Arc en Cielrevue de Nouveaux Droits de l’Homme

ONG avec Statut consultatif près le Conseil économique et social des Nations unies

31, rue de Verneuil75007 Paris

Tél.: 01 47 53 78 78 Fax : 01 45 56 07 06

Courriel : [email protected] www.ndh-france.org

Siège InternationalNuevos Derechos del HombreHipolito Yrigoyen :2038, 2 piso 1089 Buenos AiresArgentina

Tél et Fax : 00 54-11 4951-0346Courriels : [email protected]

Directeur de la PublicationPierre Bercis

Directeur adjointMichel Rocher

Rédactrice en chefTiana Raharisonina

RédactionJérôme AllainChristian Austruy Rosangela BarcaroHiroko BesshoVéronique BévinJean-Dominique CapocciMichèle ColomesMaria Grazia FasoliJean BourdeauKitty KvantalianiTiana RaharisoninaPatrick Renaud

ImpressionIDM Imprimerie15, rue de Babylone75007 Paris01 45 49 38 25

Maquette : Jérôme Allain06 48 30 99 [email protected]

ISSN : 2267-0092

SommaireÉditorial

11 Janvier 2015 : le soulèvement pacifi que et spontané d'un peuple 3

Dossier Entreti en avec Philippe de Saint Robert : la francophonie en péril 4

France Islam, islamisme 8Réformes : faut-il supprimer le Sénat et le Conseil Économique et Social ? 9Le recours à l'arti cle 49.3, Par Dounya Dlimi 10Grèce, Espagne, France : le geai qui se pare des plumes du paon 12

Société Le "Mémorial" de Caen n'a pas de tripes ! 14Le droit à la santé pour tous, Par Silvana Salvini 15Qui décide de la dignité de mourir ? Par Rosangela Barcaro 16-17Liberté pour Leonard Pelti er, Par Jean Bourdeau 18Droit à la beauté de nos villes, Par Valeria Moretti 19

Transversales Express Du bon usage de Netanyahou 20Le conseil de l'Europe et la fessée 21Le Pape François ne fouett e pas que la curie romaine… 21Voile islamique à l'Université 22Le ti ers-payant et les médecins 22Les automobilistes « vaches à lait » 22Comment remercier Edward Snowden ? 23France Inter : La plus anglo-saxonne des radios françaises. 23

Internati onal L’Occident au chevet l’Ukraine, Par Kitt y Kvantaliani 24Iran-Argenti ne : La mort suspecte du procureur Alberto Nisman révélatrice d’une complicitéPar Pierre Bercis 25Le droit à la paix, Entreti en avec Manuela Fabbro 26-27Boko Haram prospère sur les cadavres, les ruines et le sexePar Jean-Dominique Capocci 28Tribune libre : La politi que extérieure de la France, ou les deux faces de JanusPar Edmond Jouve 29L’assassinat de Boris Nemtsov : Qui a armé le bras du tueur ? 30Mossoul ou l’irrémédiable crime culturel : l’ONU, comme les statues, reste de marbre… 30

Culture Le bushido et vous… par Hiroko Bessho 31-3231ème Prix litt éraire des Droits de l’Homme à Dominique Schnapper 33La Pinacothèque de Paris présente Au temps de KLIMT : La Sécession à Vienne, du 12 Février au 21 Juin 2015 34Des livres et nous Calcul et morale Pour en fi nir avec l'aff aire Seznec 35Cinéma Taxi, un fi lm de Jafar Panahi 36 Timbuktu, un fi lm d’Abderrhamane Sissako 36 Le dernier loup, de Jean-Jacques Annaud, Par Jean-Dominique Capocci 37Les Brèves de Pol et Mique 38

3

4

Islam, islamisme 8

et le Conseil Économique et Social ? 9 10

Grèce, Espagne, France : le geai qui se pare des plumes du paon 12

Le "Mémorial" de Caen n'a pas de tripes ! 14 15

16-17 18

19 19

Du bon usage de Netanyahou 20Le conseil de l'Europe et la fessée 21Le Pape François ne fouett e pas que la curie romaine… 21Voile islamique à l'Université 22Le ti ers-payant et les médecins 22Les automobilistes « vaches à lait » 22Comment remercier Edward Snowden ? 23France Inter : La plus anglo-saxonne des radios françaises. 23

24

25 2526-27

28Tribune libre : La politi que extérieure de la France, ou les deux faces de Janus

25

31-32

à Dominique Schnapper 33

Au temps de KLIMT : La Sécession à Vienne, du 12 Février au 21 Juin 2015 34

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ÉDITO

11 janvier 2015 : le soulèvement pacifique et spontané d’un peuple

La France, une nouvelle fois, a été victime du « fascislamisme ». Mais

cette fois il s’agissait d’une attaque autrement calibrée car la principale cible était d’abord la rédaction de « Charlie Hebdo » (sans oublier, naturellement la jeune policière puis la clientèle d’un hyper-marché cacher).Des agressions coordonnées, avec un dénominateur commun : la liberté d’expression doublée d’un antisémitisme primaire.Ceci aurait pu n’être que quelques attentats de plus, faciles à commettre dans une démocratie. Mais pas cette fois. Car c’est tout un peuple qui s’est levé (plus de quatre millions de personnes avec un slogan commun : « Nous sommes Charlie »)On a beau être dans le deuil, être révolté par la méthode

barbare des islamistes, cela fait chaud au cœur, d’autant qu’il n’y avait pas que cette foule de manifestants dans les rues de Paris et de toutes les villes, voire villages de France : plus de vingt chefs d’Etat ou de gouvernement s’étaient donnés rendez-vous en même temps pour affirmer leur détermination à lutter par tous les moyens contre ce cancer qui, depuis plusieurs décennies, nous contraint dans tous les lieux publics, les transports en commun à être radiographiés comme des terroristes potentiels.Limité il y a encore quelques années, le mal n’a fait que gagner du terrain au point qu’il est difficile de prévoir quand il sera possible de l’éradiquer. Tous les effectifs militaires, policiers sont désormais sur le pied de guerre mais l’ennemi de la démocratie est fondu dans la population, anonyme, sans visage. Les frères Kouachi, Coulibaly, étaient nés en France et ne se distinguaient pas de leurs voisins. Dès lors comment les démasquer et ne pas faire prendre de risques aux pays de liberté en accusant des innocents tant qu’ils n’ont pas perpétré leurs actes.Le gouvernement a pris des décisions immédiates en annonçant le renforcement de

l’enseignement des valeurs de la République dont la laïcité. Mais n’est-ce pas arroser le désert, vouloir éteindre des centaines de foyer d’incendie avec des seaux d’eau ? La démocratie telle que nous la vivons depuis deux siècles, c’est le Droit et pas seulement les droits de l’Homme, voire l’éducation civique. C’est donc les règles fondamentales du Droit qui doivent être enseignées au même titre que l’Histoire ou les mathématiques, les sciences physiques, la littérature…Car le Droit est une philosophie, un mode de vie, une civilisation. Or jusqu’à présent le Droit n’est enseigné qu’après le bac et encore à condition d’en faire le choix.Le Droit, pris en compte de la sixième à la terminale modèlerait la mentalité des jeunes, ne pourrait être contesté comme le sont les valeurs de la République car il s’agit de règles, d’une hiérarchie stricte qui progresse au fil des décennies. Il a une valeur objective dans la formation des citoyens ; il régente la vie internationale comme la vie locale. Nul ne peut, ne doit y échapper.Si la répression est à l’évidence nécessaire dans l’immédiat, elle ne saurait suffire sans la pédagogie du Droit.

Pierre BercisPrésident de NDH

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Arc En Ciel : Vous avez été Commissaire à la langue française nommé par François Mitterrand. Pensez-vous que la situation du français s’est améliorée ou dégradée depuis 30 ans ?

Philippe de Saint Robert : François Mitterrand était certes passionné par la langue française. Il est intervenu à plusieurs reprises, notamment auprès de la Commission européenne (au temps de Jacques Delors), mais sans grand succès, pour y maintenir la présence de notre langue, très vite battue en brèche par les anglophones.Jacques Chirac, devenu Premier ministre de la première cohabitation, s’est empressé de mettre le Commissariat général de la langue française sous la tutelle d’un pseudo Secrétariat d’État à la francophonie qui n’avait rien à faire à Matignon et qui s’employa à en détourner les fonds vers la Guadeloupe. Ensuite vint Michel Rocard à Matignon, entouré d’une camarilla de linguistes auto-proclamés, et ce fut la Bérézina, à commencer par l’entreprise dérisoire de réforme de l’orthographe qui accréditait l’idée que la langue française était une langue très difficile, ce qui est inexact sauf à vouloir la limiter à la dictée de Pivot.Michel Rocard, ce grand bêta, ignorant la polysémie, crut que le terme « commissariat » était péjoratif et renvoyait à la police,

le débaptisa, et le destitua en Délégation générale à la langue française, en attendant qu’on y ajoute les « langues de France » dont la dite Délégation découvrit qu’il y en avait au moins soixante-

dix… On plaça les commissions de terminologie sous la tutelle délétère de l’Académie française qui n’a de toute évidence pas les moyens d’en suivre sérieusement les travaux, de sorte que l’impact des travaux de

« La nouvelle secrétaire générale de la francophonie, Madame Michaëlle Jean, s’est distinguée en accordant son premier entretienà la presse en anglais… »

Entretien avec Philippe de Saint Robert, ancien Commissaire général à la langue française

Dossier

Philippe de Saint Robert. Photo : Martine Thiébaut

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Dossier

ces commissions s’est peu à peu amenuisé.AEC : La nomination d’une Canadienne à la tête de l’O.I.F (Organisation Internationale de la Francophonie) après qu’elle eut été la représentante de la reine Elizabeth à Ottawa est-elle une bonne ou mauvaise nouvelle pour vous ?

P.S.R. : Cette nomination illustre le total désintérêt de François Hollande pour les questions touchant à la langue française. J’avais demandé à lui en parler lorsqu’il fut élu, car il savait que François Mitterrand m’avait missionné à cet effet ; il me fit répondre qu’il avait autre chose à faire. Mme Michaëlle Jean, Secrétaire générale de la Francophonie depuis le 1er janvier 2015, s’est distinguée en accordant son premier entretien à la presse en anglais. On aurait compris la nomination d’un Québécois, mais il est difficile de comprendre celle d’une Canadienne dont le gouvernement d’origine (Ottawa), aux dépens de ses propres principes, vient de nommer un ministre des Affaires étrangères qui ne parle pas un mot de français.

AEC : L’O.I.F., qui regroupe de nombreux pays, joue-t-elle le rôle qu’elle devrait jouer ?

P.S.R. : Le destin de l’O.I.F. est paradoxal. Les problèmes entre Ottawa et Québec ayant été résolus avec le départ de Trudeau, François

Mitterrand eut le courage de réunir à Versailles le premier sommet francophone en 1986 ; il orienta alors cette organisation davantage vers le dialogue nord-sud et l’aide au développement que vers la défense du rôle international de la langue française. Cette ligne n’a guère changé depuis. L’O.I.F., de plus, en ne cessant de s’élargir, a intégré de nombreux pays dont on peut dire que l’usage intérieur et extérieur du français n’est pas la priorité.

AEC : L’absence de l’Algérie parmi ses membres selon vous va-t-elle durer encore longtemps malgré les bonnes relations bilatérales entre nos deux pays ?

P.S.R.: Le problème de l’Algérie est spécifique et tient à la difficulté de part et d’autre d’évacuer le passé. Cependant, de tous les pays qui sont « francophones de souche », l’Algérie est celui où la langue française est demeurée la plus vivante et la plus utilisée. Il y a dix ans, l’enseignement du français a été rétabli dès la seconde année du primaire. N’en demandons pas plus pour l’instant.

AEC : L’Union Européenne, implantée à Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg, trois villes francophones respecte-t-elle le français, langue d’un des pays fondateurs, quand la Grande Bretagne y a adhéré bien plus tard ?

P.S.R. : Jusqu’à l’entrée de la Grande-Bretagne dans ce qui était encore le Marché commun, le français était de facto la langue d’usage dans les instances européennes. J’avais fait remarquer à Georges Pompidou la menace que représentait pour le français l’arrivée de fonctionnaires britanniques. Pompidou me répondit alors qu’il avait obtenu d’Edward Heath la promesse qu’il n’enverrait à Bruxelles que des agents recyclés en français. À vrai dire, au début, il ne pouvait guère faire autrement.

Mais, avec l’arrivée des pays scandinaves, la pression en faveur de l’emploi de l’anglais ne tarda pas à prévaloir à nos dépens. D’où la lettre de rappel de François Mitterrand à Jacques Delors. Je crois me souvenir qu’Édouard Balladur, lorsqu’il était Premier ministre, accomplit une démarche similaire. Mais que voulez-vous qu’il en résulte lorsqu’un député centriste, Jean-Marie Cavada, à peine élu député européen, déclare qu’il va aller à Bruxelles pour perfectionner son anglais ?

La Commission européenne est en permanente infraction avec sa propre règle du plurilinguisme. N’a-t-on pas vu récemment une de ses fonctionnaires renvoyer à son auteur une question posée en italien en le priant de rédiger sa question en anglais parce qu’elle ne pratique pas les langues exotiques ? C’est d’ailleurs la raison pour

« La nouvelle secrétaire générale de la francophonie, Madame Michaëlle Jean, s’est distinguée en accordant son premier entretienà la presse en anglais… »

Entretien avec Philippe de Saint Robert, ancien Commissaire général à la langue française

(Suite page 6)

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Dossier

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(Suite de la page 5) Entretien avec Philippe de Saint Robert

laquelle nous avons décerné à cette fonctionnaire le prix de la Carpette anglaise 2014 à titre étranger.

AEC : Le français est une langue officielle du mouvement olympique. Est-ce que ce statut a été respecté lors des jeux de Pékin, de Londres et de Sotchi ?

P.S.R.: En général, on respecte l’usage en premier d’annonces en français dans les jeux olympiques. C’est méritoire car, par exemple, lorsque Bertrand Delanoë est allé présenter la candidature de la France aux jeux olympiques, il a cru devoir le faire dans un très mauvais anglais, alors que Tony Blair, respectueux des statuts, avait eu la délicatesse de le faire en français.

AEC : Vous êtes un gaulliste historique, de la période présidentielle du Général. Que pensez-vous de la politique

étrangère suivie par la France depuis l’accession au pouvoir de François Hollande ?

P.S.R. : Nous pourrions nous demander, comme Renaud Girard dans son dernier livre (Le Monde en marche, éditions CNRS, 2014) : « D’où vient ce sentiment diffus que les Français éprouvent de ne plus avoir de politique étrangère claire ? » C’est un euphémisme. En réalité, nous avons tourné le dos depuis Sarkozy et notre réintégration dans le commandement militaire de l’Alliance atlantique, à près de quarante ans de politique étrangère indépendante, conforme aux fondamentaux de notre histoire, tels que rétablis par le général de Gaulle. Avec nos amis socialistes, on se croirait de retour au temps de Guy Mollet et du sabre de bois de Christian Pineau. Jamais les socialistes français

ne se sont libérés du syndrome de Suez. De plus, obnubilés que nous sommes par le choix d’une politique européenne hantée par un projet intégrationniste dont personne ne veut et qui n’ose dire son nom, nous sommes réduits soit à l’impuissance totale, soit à l’aliénation à la politique des États-Unis, ce qui du reste revient au même.

AEC : Vous présidez le jury du Prix littéraire des droits de l’Homme depuis 10 ans. Peut-on être gaulliste et « droit de l’hommiste » ?

P.S.R. : Comme Régis Debray, je prends la propagande actuelle en faveur des droits de l’homme avec des pincettes. En fait, ce qu’il est convenu d’appeler « les droits de l’homme » nous vient des Évangiles. C’est à ce titre que je m’y sens tout de même à l’aise.

Le jury du Prix Littéraire des Droits de l’Homme, ardent défenseur de la langue française et la dernière lauréate, Dominique Schnapper.Photo : Martine Thiébaut

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Sans titre-6 1 05/03/15 17:20

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Il est de bon ton aujourd’hui de jouer les Salomon de salon, les sages qui apaisent en prétendant introduire des

distinguos subtils, millimétrés, à l’intérieur de la nébuleuse musulmane qui est effectivement multiforme et plus ou moins radicale. Mais combien de temps va-t-on se cacher derrière son petit doigt, au motif de jouer les belles âmes ? Articles, livres, documents se multiplient ces derniers temps autour du sujet qui perturbe depuis des années la vie des démocraties : la religion musulmane et ses préceptes, car nul ne saurait dénoncer une foi qui doit être totalement libre, il va sans dire (et mieux encore en le disant).La France, depuis vingt siècles, reçoit sur son sol des millions de gens, de toutes couleurs et de toutes obédiences : Russes, Polonais, Portugais, Espagnols, Africains, Italiens, Asiatiques… venus des quatre coins du monde, sans problèmes, sinon de petits problèmes qui se résolvent rapidement. Ce pays et les Français ne sont donc pas en cause. En revanche, la vague migratoire d’origine musulmane suscite de vastes remous dont la montée du Front National est le fruit le plus amer ; un fruit pourri.D’aucuns ne manquent pas de dire, du haut de leur expertise, tout droit issue du café du commerce, que c’est parce que les précédents migrants étaient chrétiens, ce qui est parfaitement faux. Combien de chrétiens parmi l’importante communauté chinoise ? Là n’est donc pas le problème. Nos politiciens voient alors le mal dans le communautarisme de banlieues miséreuses qui seraient un terreau favorable à tous les trafics. Sous-entendu : ce n’est pas la faute de cette nouvelle immigration qui est d’abord « victime ». Donc les Français « coupables » ; forcément « coupables »… Mais alors, pourquoi la grande immigration portugaise d’il y a quarante ou cinquante

ans, l’immigration italienne, russe ou polonaise des années 20, dont la plupart des ressortissants vivaient dans des taudis insalubres, n’a-t-elle pas produit les mêmes effets ?Avez-vous vu les Africains, les Asiatiques, les Amérindiens… exiger des menus spéciaux dans les écoles, réclamer des horaires particuliers pour les femmes dans les piscines, voire des médecins femmes pour les femmes ? Que nenni. Et il serait interdit de le dire au risque d’être taxé d’islamophobie ? Ceux et celles qui revendiquent ces particularismes n’ont rien à voir pourtant avec les djihadistes et autres islamistes de tout poil. Ce sont

encore ce que les bonnes âmes qualifient de musulmans « modérés », mais qui ne mangeront jamais de cassoulet ou de choucroute avec un petit verre de rouge ou de blanc.C’est l’apartheid, au quotidien, dans la vie de tous les jours. Qui plus est, si vous voulez épouser une musulmane, vous devez obligatoirement vous convertir au préalable à la foi mahométane.

Nos ancêtres les Gaulois, pauvres victimes eux aussi de la colonisation romaine avaient au moins appris une chose du conquérant, alors que la laïcité n’avait pas encore vu le jour et qu’ils persécutaient les chrétiens jusqu’au fond des catacombes. Une règle qui tient en trois mots : « le convivium, le connubium et le concubium », c’est-à-dire « vivre ensemble ; se marier ensemble ; dormir ensemble » ce qu’Alexandre le Grand pratiquait déjà avant eux.« Le communautarisme, voilà l’ennemi » pour parodier une phrase célèbre. Ce qui ne veut pas dire ignorer ou mépriser la diversité culturelle facteur de richesse collective. Car quoi de plus beau que la

civilisation musulmane comme la civilisation chinoise ou africaine. Mais au-delà, il y a les règles communes que l’on appelle de nos jours en France les lois laïques. C’est se moquer des autres citoyens que d’avoir, pour les femmes, la tête empaquetée, comme s’il s’agissait d’empêcher les connaissances d’y pénétrer. Et c’est aussi signifier que le long combat des féministes n’avait aucune légitimité.N’entrons pas dans le débat théologique, mais constatons tout de même au plan pratique, qui seul nous importe, que musulmans « modérés » ou « radicaux » ont en commun Mahomet, homme de guerre (qui n’a rien de commun avec Jésus ou Bouddha, hommes de non-violence) et le Coran, livre du VIIe siècle, inchangé depuis l’origine car soi-disant d’essence divine, régissant la vie du croyant aujourd’hui encore,

qui dit tout et son contraire (droit à quatre épouses, inégalité femmes-hommes dans les héritages…) On ne peut donc se dire « modéré » si l’on se réfère à ces deux pôles de conviction essentiels. Et les renier, pour être moderne, c’est ne plus être musulman. L’intégration est à ce prix : le rationalisme, la logique. Pour avoir parlé vrai sur Mahomet, combien l’ont payé de leur vie.

Islam, islamisme…Par Jérôme Allain

Copenhague

La Petite sirène bientôt égorgée ?

Mais que font les Vikings ?

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France

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La suppression du Sénat est un vieux serpent de mer, sorte de monstre du Loch Ness qui sort la

tête de l’eau de temps à autre, puis disparaît pour quelques années. Combien de temps cette pseudo volonté réformatrice durera-t-elle ?

Sans doute longtemps encore, car la classe politique, qui bénéficie la première de ses avantages, n’a aucun intérêt à le supprimer. Idem pour le Conseil Économique et Social et Environnemental : le CESE, création du Front Populaire en 1936 pour caser nombre d’acteurs sociaux-syndicalistes, P.Q.

(personnalités qualifiées) sensées donner des avis au gouvernement sous forme de rapports.

Bien sûr, ces personnes ne sont pas élues mais perçoivent tout de même une rémunération brute mensuelle de 3 768 euros et une retraite de 1 126 euros si elles font deux mandats.Globalement, la CESE coûte 38 millions d’euros par an, ce que la Cour des Comptes, dans son rapport annuel, remet en cause. Il n’y a, si l’on ose dire, « aucun rapport entre le coût et les résultats du CESE ». Il s’agit d’un luxe inutile

que rien ne justifie en temps de crise persistante. Mais qui osera s’attaquer à cet héritage de 1936 ? Certainement pas la gauche. La droite non plus car elle en bénéficie tout autant.En ce qui concerne le Sénat, élu, lui en suffrage universel indirect, il en va un peu différemment. Quoique…Pourquoi faut-il deux assemblées parlementaires pour faire une loi ? Est-ce à dire que l’Assemblée nationale, élue, elle, directement par le peuple, n’est ni assez compétente ni assez sérieuse pour faire la loi ?Le Sénat tempère les ardeurs de l’Assemblée, dit-on. Soit. Mais alors pourquoi pas une troisième, voire une quatrième chambre ?

Gauche - Droite

Quand la France a connu ses plus grands moments « législatifs », en 1789 ou après 1871 pour constituer la IIIe République, il y avait une assemblée unique et non deux. D’ailleurs, le Sénat a toujours été là pour freiner l’action gouvernementale. N’est-ce pas lui

qui a renversé le cabinet de Léon Blum, issu du vote populaire de 1936 ?

Lionel Jospin, Premier Ministre, a eu raison à propos du Sénat de parler d’« anomalie » et Claude Bartolone, Président de l’Assemblée nationale d’en préconiser la suppression pure et simple. Hélas « il y a loin de la coupe aux lèvres », car la France est irréformable. Si la droite le veut, la gauche sera contre et si la gauche le veut, c’est la droite qui s’y opposera. On s’étonnera ensuite que le Front National risque de rafler la mise…

Réformes : faut-il supprimer le Sénat et le Conseil Économique et Social ?

Par Christian Austruy

L’hémicycle du Sénat au Palais du Luxembourg : une « anomalie » coûteuse en temps de crise ?

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Pour la première fois depuis le début du quinquennat, le Premier ministre Manuel Valls a engagé la

responsabilité de son gouvernement sur l’adoption du projet de loi du ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Après avoir obtenu l’autorisation du président de la République, le 17 février, Manuel Valls a enclenché la procédure de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. L’enjeu n’était pas mineur : l’Assemblée Nationale dispose d’un délai de vingt-quatre heures pour déposer la motion de censure ; ensuite d’un délai de quarante-huit heures pour l’adopter. Si celle-ci est votée, alors le Gouvernement est contraint à la démission.

L’article 49 alinéa 3 : entre reconnaissance

et contestation

Fruit de nombreuses contestations, ce projet de loi sur la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques va engendrer l’utilisation d’une arme juridique de dissuasion issue de la pratique constitutionnelle de la Ve République. Manuel Valls avait justifié ce recours à l’article 49 alinéa 3 car, selon lui, « la majorité était incertaine ». Une procédure risquée diraient certains, car elle aurait pu donner lieu à l’adoption d’une motion de censure contraignant le gouvernement à présenter sa démission. Mais il n’en est rien. La motion de censure a été rejetée. Et par conséquent, le projet de loi adopté par l’Assemblée Nationale. Cette procédure a permis au gouvernement d’éviter que ce texte ne subisse encore des dérives

parlementaires dues, notamment, à l’obstruction causée par les quelques

1600 amendements déposés ces dernières semaines. En effet, après de longs débats qui ont duré plus de 200 heures à l’Assemblée Nationale, Manuel Valls a décidé d’accélérer le débat parlementaire pour éviter le vote de nombreux amendements qui risquait de paralyser l’adoption du texte. D’autant plus que l’obstruction parlementaire a également été utilisée en 2013 lors des débats relatifs à l’adoption de la loi sur le mariage pour tous (5000 amendements avaient été déposés). Cependant, ce recours à l’article 49-3 continue à nourrir les interrogations des parlementaires. Pour certains, il constitue pour le Gouvernement un aveu de son impuissance à faire voter un texte

important. Pour d’autres, il s’agit d’un coup de force afin de contraindre les frondeurs à rallier leur camp. Même si ces motifs sont légitimes, il n’en demeure pas moins que cette procédure est la conséquence de la mise en œuvre d’un mécanisme constitutionnel mis en place par le pouvoir constituant en 1958.

Une procédure légitime issue de la rationalisation

du parlementarisme

L’article 49 alinéa 3 a été utilisé 83 fois sous la Ve République. Ce n’est donc pas un fait nouveau. Le dernier recours à cette procédure date de 2006, à l’occasion de l’adoption du projet de loi pour le Contrat première embauche (CPE). Dominique De Villepin avait également alors échappé à la motion de censure. Cette pratique constitutionnelle est issue de la volonté du pouvoir constituant de 1958 de remédier aux difficultés engendrées par le parlementarisme absolu des IIIe et IVe République. Lors du Discours de Bayeux du 16 juin 1946, le Général De Gaulle avait déjà manifesté sa volonté de redonner leurs lettres de noblesse aux principes de séparation des pouvoirs afin de sauvegarder l’équilibre institutionnel et les moyens d’actions réciproques. Les idées essentielles du Général De Gaulle vont être reprises par Michel Debré en 1958. Ce dernier indique en effet, dans son discours devant le Conseil d’Etat du 27 août 1958 : « parce qu’en France la stabilité gouvernementale ne peut résulter de la loi électorale, il faut

Le recours à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour l’adoption de la Loi Macron : une arme juridique nécessaire pour le gouvernement

Par Dounya Dlimi*

La constitution de 1958, avec son sceau.Source : wikipedia.fr - Erasoft24

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qu’elle provienne de la réglementation constitutionnelle ». Il a alors estimé que le nouveau régime serait fondé sur un véritable équilibre entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif et non sur un déséquilibre au profit du pouvoir législatif, comme cela s’était produit lors de la crise de 1877, date à laquelle Mac Mahon avait dû démissionner, laissant la place à Jules Grevy qui avait alors juré de ne jamais entrer « en lutte contre la volonté nationale exprimée par ses organes constitutionnels ». Depuis cette date, jusqu’en 1958, l’équilibre institutionnel en sera affecté dans son ensemble.Alors que la France subissait une crise institutionnelle comparable à celle de 1877, le Général de Gaulle avait autorisé, en 1962, l’utilisation de la procédure de l’article 49 par son Premier Ministre, Georges Pompidou, pour soumettre par référendum un projet de loi sur l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Pour la première fois, une motion de censure fut adoptée, contraignant le gouvernement Pompidou à la démission. Cet exemple est unique dans l’histoire de la Ve République, puisque le Général De Gaulle avait exercé son droit de dissolution : le fait majoritaire vit alors le jour.

Une procédure visant à assurer

le bon fonctionnement des institutions

Le recours à l’article 49 alinéa 3 par Manuel Valls s’inscrit non seulement

dans une longue tradition politique de la Ve République mais vise également à mettre un frein à la fronde de certains parlementaires issus de la majorité. Pour assurer un fonctionnement pérenne des institutions, cette technique constitutionnelle est un outil indispensable pour garantir la stabilité ministérielle. Si le mécanisme de la motion de censure est l’une des principales caractéristiques du régime parlementaire, il constitue également un moyen de pression réciproque, avec pour objectif de résoudre d’éventuels conflits entre les pouvoirs législatifs et exécutifs. Pour l’adoption de la loi Macron, Manuel Valls a opté pour cette voie, probablement pour sauvegarder le fait majoritaire mis en danger ces derniers mois. Cette arme juridique

aura peut-être le mérite d’instaurer à nouveau une majorité plus cohérente et plus disciplinée. Cette procédure a cependant été encadrée par la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008, visant à revaloriser le rôle du Parlement, en apportant d’autres « gardes fous » pour l’utilisation de cette arme juridique puisque l’article 49-3 ne peut être utilisé que sur un projet de loi budgétaire, ou une fois par session seulement, sur un autre texte. Le projet de loi Macron sera présenté en séance publique au Sénat au mois d’avril.

Dounya DLIMIDocteur en Droit Public

Ancien Ater à l’Université de Reims Champagne Ardennes

Le recours à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour l’adoption de la Loi Macron : une arme juridique nécessaire pour le gouvernement

Source : Lepoint.fr

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C’est une célèbre fable de Jean de la Fontaine « Le geai qui se pare des

plumes du paon ». Rien à voir avec le Thierry Lepaon , brièvement secrétaire confédéral de la C.G.T, débarqué de bon poste pour avoir bénéficié de faveurs que n’ont pas supporté les militants de la plus vielle organisation syndicale française.Parlons plutôt de Jean-Luc Mélenchon, qui stagne dans toutes les élections malgré ses insultes régulières tant à l’adresse du président de la République que pour celle qu’il prétendait être sa rivale, Marine Le Pen. Plus c’est gros, moins ça passe.

Cette dernière, hélas, caracole en tête des sondages des élections tandis que notre Zorro, lui est loin d’être arrivé, même s’il se hausse du col pour tenter d’exister à travers les scrutins successifs, entraînant son allié communiste encore plus bas qu’il n’était déjà depuis vingt ans. Malgré tout, notre fanfaron, comme Besancenot avant lui, continue à parler « au nom du peuple », qu’à l’en croire, il incarnerait (sauf dans les urnes). Ou à défaut du « peuple » au nom de la « gauche » dont il aurait le monopole, ces « pauvres socialistes n’étant plus, selon ses oukazes, « de gauche ». Comme les staliniens d’antan, c’est lui qui décrète, décerne les brevets, juge et condamne. À défaut des élections, c’est lui qui s’autoproclame… Et gare à qui nie son pouvoir tribunicien. Faut-il rappeler que le socialiste Mussolini a commencé comme cela ? Mais lui, au moins, avait des troupes… et des électeurs.

Lors donc, s’il ne réussit pas en France et que l’électorat traditionnel de gauche ne le suit pas dans ses délires verbaux et verbeux, qu’à cela ne tienne. Il gagne cependant par procuration.Ce fut d’abord à travers le Venezuela de Chavez, vite oublié. Puis aujourd’hui grâce au sursaut de la Grèce et de l’Espagne qui résistent tant bien que mal aux pressions de l’Union européenne, elle-même poussée par l’Allemagne d’Angela Merkel.

Démagogie

Certes, on comprend la réaction de ces deux peuples victimes de la mauvaise gestion des socialistes, longtemps au pouvoir, tant à Madrid qu’à Athènes ; on comprend que le libéralisme économique et monétaire ne soit pas la réponse aux maux dont souffre la partie la plus humble de la population.

Mais est-ce en creusant encore les déficits que ces pays sortiront la tête de l’eau ?

La démagogie a ses limites. « On ne fait pas pousser le blé avec des discours » disait Kennedy face au camp dit socialiste. L’économie a ses règles qui sont universelles. On ne peut vivre perpétuellement à crédit. Les postures ne remplacent jamais une gestion saine. La seule condition à mettre est que cette gestion, même et surtout en temps de crise, soit juste et que les sacrifices ne reposent pas que sur ceux qui ont un pouvoir d’achat limité. Sinon, comme par le passé, ce sera la révolte généralisée.

Syriza en Grèce conduit par Alexis Tsipras, Podemos en Espagne sont arrivés, ou vont arriver au pouvoir. Mais « Les faits sont nos maîtres » disait Lénine. Mélenchon devrait le savoir, lui qui fut longtemps trotskiste avant de tomber par intérêt dans la social-démocratie. Sans jurer que par « l’Europe, l’Europe » comme disait De Gaulle en sautant comme un cabri, il y a une autre voie à explorer : celle de la synthèse qu’en bon marxiste il devrait connaître puisque « thèse,

antithèse, synthèse ». C’est sans doute ce à quoi on parviendra d’ici peu par la négociation. En attendant, inutile de se parer des plumes du populisme grec ou espagnol pour faire le beau et parader. Les Français ne sont pas dupes. À fortiori quand, selon nos informations, on se permet de cracher sur le cadavre de Boris Nemtsov, l’opposant russe assassiné parce qu’il serait un « affreux libéral »…

Grèce, Espagne, France… Le geai qui se pare des plumes du paon

Par Patrick Renaud

Jean-Luc Mélenchon, une personnalité de gauche adroite.

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Le Mémorial de Caen, qui organise les Rencontres internationales du dessin de

presse depuis cinq ans, a annulé celles qui devaient avoir lieu prochainement en raison des menaces terroristes. Une grande victoire pour les fous de Dieu, sans même tirer une rafale de Kalachnikov ou poser une bombe.Quel exemple de courage, voire de résistance là où, en 1944, les centaines de milliers de jeunes hommes ont donné leur vie pour la liberté du monde ! C’est, comparativement à l’équipe reconstituée de Charlie Hebdo, qui poursuit son travail en dépit des risques, une autre voie à suivre : la désertion, la lâcheté. C’est aussi une idée de comportement pour les dessinateurs danois (descendants des Vikings comme les Normands

de Caen) qui n’ont rien cédé devant la menace djihadiste. Peut-être va-t-il falloir rayer les tripes à la mode de Caen des menus puisqu’il n’y a plus de tripes à Caen, du moins au

« Mémorial », dont on doit rappeler que c’est aussi, le nom d’une organisation russe des Droits de l’Homme, qui, elle en revanche, se bat bec et ongles sans couardise.

Le « Mémorial de Caen »n’a pas de tripes !

Source : wikipedia © Benoit-caen

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Le droit à la santé et à l’équité

Equité signifie absence de différences évitables ou remédiables entre groupes de personnes définis socialement, économiquement, démographiquement ou géographiquement. Les inégalités, pour ce qui concerne la santé, impliquent par conséquent les différences par rapport à ses déterminants et à l’accès aux ressources et aux services de la Santé nécessaires afin d’améliorer et maintenir tous les individus en conditions de bonne santé. Les inégalités qui violent les droits humains et le bienfondé des normes comportementales pour ce qui concerne l’utilisation des services de la Santé, représentent un échec des politiques qui ont pour vocation le bien-être physique et psychologique de toute la population. La réduction des inégalités de la santé est importante parce qu’il s’agit d’un droit humain fondamental et sa réalisation progressive comporte l’élimination des disparités qui facilitent l’émergence de maladies ou d’invalidités. Ces disparités empêchent de jouir d’une bonne condition de vie et de poursuivre des projets personnels.Une caractéristique commune aux groupes qui subissent des injustices par manque d’équité dans l’accès aux ressources (les pauvres et les marginalisés, les minorités raciales et ethniques, ainsi que les femmes là-où existent des discriminations de genre), c’est l’absence de pouvoir politique, social ou économique. Ainsi, pour être efficaces et durables, les interventions qui visent à corriger les inégalités doivent renforcer les groupes défavorisés à travers des changements de système, comme la réforme du droit ou les changements dans les rapports de pouvoir et dans les relations économiques et sociales. Même si ces processus ont évolué vers une amélioration sensible et globale, ils n’ont pas été partagés équitablement au sein-même de chaque pays ou entre eux. Parallèlement, le progrès s’est arrêté devant un objectif explicitement basé sur la lutte contre les inégalités: promouvoir l’égalité des genres et l’autonomie des femmes. L’évidence est

claire: les inégalités affaiblissent les efforts pour atteindre un développement durable et éliminer la pauvreté. La vitalité économique diminue, les problèmes de la santé et de l’environnement s’aggravent, les tensions sociales explosent et conduisent à l’instabilité politique.

Handicap mental : les droits contre la

discriminationLe handicap mental et les soins de la santé mentale ont souvent été négligés dans les projets de protection de la santé, dans les droits humains et dans l’égalité, ou plutôt, une moindre attention leur a été accordée par rapport à la santé physique et à la lutte contre les pathologies «du corps». Ce qui laisse pantois, car le handicap mental est omniprésent et touche 8% de la population mondiale, impliquant lourdement l’individu, sa famille et le contexte social immédiat. En outre, l’expérience des personnes affligées de handicap mental est presque toujours caractérisée par d’autres aspects négatifs du cours de la vie, liés aux inégalités et à la discrimination sociale.Les efforts fournis pour atteindre la parité entre les personnes avec ou sans problèmes psychiques ne devraient pas être isolés mais vus dans leur complexité. Les facteurs structuraux comme la pauvreté, les inégalités, l’absence de domicile fixe et la discrimination contribuent au risque de désordre mental et peuvent avoir un impact négatif sur le cours de vie et le résultat de ces troubles psychiques.Une approche du handicap mental basée sur les droits humains signifie l’affirmation de la pleine personnalité des individus dans la liberté d’exercer leurs propres choix. Il faut par conséquent examiner et transformer le langage, la terminologie et les modèles de handicap mental qui ont déjà prévalu surtout dans le cadre de la santé. Cette approche nécessite d’un examen des multiples manières dont les inégalités et la discrimination caractérisent la vie des personnes porteuses de handicap mental et de formuler une réponse basée dans un contexte de droits humains. Il existe des implications de

ce sujet dans les traités internationaux, comme la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes porteuses de handicap, faisant référence aux inégalités et aux discriminations qui existent au sein de la société – tant à l’intérieur qu’en dehors du système de la Santé publique. (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20845839)

La Campagne Beyond 2015

Affronter les inégalités devra être placé au centre du programme de développement post-2015. Les inégalités sociales, économiques, politiques et matérielles s’articulent et agissent comme des obstacles au développement. La Campagne Beyond 2015, qui regroupe plus de 380 organisations de la société civile, reconnaît l’importance d’affronter les inégalités. Pour arriver au monde que nous souhaitons, sans injustes ni discriminations, le prochain ordre du jour devra comporter une approche du développement qui se concentre fondamentalement sur la parité, l’équité et la participation globale, assurant aux marginalisés les bénéfices du développement et de la croissance et doit responsabiliser les agents actifs du changement, en particulier le monde riche et les groupes les plus favorisés. Les objectifs de développement du Millénaire entendent donner voix politique et pouvoir de choix à tous ceux qui sont directement touchés par la pauvreté et l’injustice. Ce document représente un nœud crucial pour la résolution des inégalités actuelles, donne des exemples de disparité dans toutes leurs formes, en promeut les solutions et établit enfin le lien direct entre inégalités et droits humains à travers des recommandations-clé.

Propos recueillis par Michel Rocher - NDH-Italie

Silvana SaIvini*Professeur de Démographie à

Florence, Dipartimento Statistica, Informatica, Applicazioni

Le droit à la santé pour tous : lutte contre les inégalités

Par Silvana Salvini*

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Au cours des derniers mois, de nombreux évènements ont multiplié les débats

bioéthiques sur les décisions concernant la fin de vie. Nous ne prendrons ici en considération que deux cas emblématiques. Le premier concerne Brittany Maynard, jeune américaine atteinte de cancer, en phase terminale, qui a décidé de mettre fin à sa vie en choisissant une mort digne. La loi en vigueur dans l’Etat de l’Oregon où elle vivait, a permis à Brittany de recevoir l’assistance médicale et pharmacologique au suicide.Le second cas divise la France et met en scène Vincent Lambert, protagoniste malgré lui: suite à un accident de la route en 2008, cet homme s’est retrouvé dans un état de conscience fortement réduite, puis progressivement transformé en état végétatif permanent, condition dans laquelle le patient ne conserve plus désormais qu’un rythme de veille-sommeil dépourvu de conscience, de capacité de répondre à des stimuli ou accomplir des actes intentionnels. La loi Leonetti de 2005 interdit l’euthanasie active et l’acharnement thérapeutique mais a introduit la « lettre exprimant les volontés » en matière de décision médicale.Vincent Lambert n’a pas souscrit cette lettre et son cas n’entre pas dans ce que l’on peut appeler acharnement thérapeutique, qui doit donc décider de son sort ?

Sa femme, son frère, sa sœur, les médecins de l’hôpital, avaient convenu d’un protocole de suspension d’alimentation et d’hydratation artificielles, selon

la volonté exprimée verbalement par le principal intéressé avant l’accident. Le père et la mère de Vincent quant à eux, se sont opposés à cette suspension de traitement et ont obtenu de la part du tribunal administratif une ordonnance afin que soit poursuivie l’alimentation et l’hydratation artificielles. Les interpellations successives adressées aux tribunaux ont compliqué l’affaire et ce sont les juges qui devront désormais se prononcer.

Pourquoi ces deux cas sont-ils emblématiques ?

Brittany, atteinte de cancer en phase terminale, est décédée suivant son propre choix, avec l’aide pharmacologique que la législation de l’Oregon prévoit dans les cas inhérents au sien. Elle a pu affirmer et revendiquer le droit à une décision autonome, même si, paradoxalement, ce choix a comporté la fin du sujet autonome qui avait fait ce choix. Elle a réalisé ce qu’elle a bien cru être – dans sa façon personnelle de penser et de ressentir – une mort digne: elle a agi avant que le cancer n’annihile son esprit. Bien qu’accompli dans la légalité l’acte de Brittany a donné lieu à une controverse éthico-philosophique et religieuse à propos de ce qu’il faut entendre par «mort digne». Encore une fois, et plus que jamais, il en a résulté qu’il n’existe pas de vision unanime et que l’opinion publique est extrêmement fragmentée. Vincent est un handicapé profond, à la merci de volontés opposées, ne pouvant donner son avis ni se prononcer

pour ou contre la suspension de mesures pour empêcher sa mort ni lui faire récupérer pleinement ou même partiellement sa conscience ou son existence en tant qu’individu. Il ne peut échapper aux décisions prises en son nom quelles qu’elles soient. Dans l’isolement cognitif et relationnel que son état lui impose, d’autres personnes décideront pour lui quelle vie ou quelle mort sera digne. Vincent n’a pas de rôle actif dans le processus décisionnel et malheureusement en Europe et en Italie il existe moult cas identiques au sien. La difficulté du problème pèse de tout son poids si l’on considère qu’aussi bien avec la continuation qu’avec la suspension des traitements médicaux ou alimentation et hydratation artificielles, on exerce un choix à la place du patient sans même tenir compte de ses propres volontés. La situation de Vincent illustre parfaitement les difficultés théoriques et pratiques à donner des réponses non contradictoires à des cas de patients privés de conscience et à placer devant leurs responsabilités les professionnels de la santé, du droit, de la religion et – lorsqu’il peut encore s’exprimer – l’intéressé lui-même.En ce qui concerne Brittany par contre, sa façon d’intervenir publiquement dans les débats sur les décisions de fin de vie, sa mort, ont ravivé les polémiques et les accusations entre ceux qui soutiennent et ceux qui refusent le suicide et l’euthanasie en tant qu’instruments pour mettre fin à une existence mais ont surtout remis en discussion le concept de mort digne.

Qui décide de la dignité de mourir ?

Par Rosangela Barcaro*

Société

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Société

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Débat bioéthique

En général, dans le débat bioéthique, lorsque l’on discute de décisions telles que le suicide et l’euthanasie, on affirme que les appels à l’aide d’un patient en phase terminale pour clore activement sa propre vie peuvent cacher en réalité des appels au secours qui ne s’identifient pas toujours au désir de mourir mais manifestent de manière indirecte des besoins d’assistance morale et spirituelle. Le cas de Brittany Maynard a bouleversé les stéréotypes sur lesquels le débat bioéthique s’est longtemps appuyé: sa requête de recevoir de l’aide pour mourir a été sans équivoque, motivée par le désir de conclure sa propre vie et ne pas perdre la dignité que sa maladie grignotait graduellement, ne pas être destinée à une mort lente et de toutes façons inéluctable. Une jeune femme de 29 ans à peine dont la principale préoccupation n’aurait pas dû être celle de devoir affronter une pathologie terminale et la mort quelques mois seulement après le diagnostic. En outre, son cas ne présentait aucun des facteurs qui sont habituellement indiqués – dans le débat bioéthique contraire à l’euthanasie et au suicide – comme déclencheurs potentiels de désir de mort: la solitude, l’état d’abandon, le manque d’assistance, la dépression.La requête de Brittany, comme nombre de personnes face à un diagnostic vital engagé à court terme, était de pouvoir exercer un contrôle sur la fin de sa propre existence, en réfusant toute ingérence de la part de l’Etat, de la religion, des médecins, dans l’exercice de l’autonomie décisionnelle personnelle. Il en ressort avec véhémence la non-admissibilité morale selon laquelle une « autorité » quelconque (laïque, religieuse ou professionnelle) puisse imposer à un malade en phase terminale une mort lente, en s’annihilant et renonçant à ses propres valeurs et idéaux, au sens

que celui-ci a essayé de donner à sa propre existence.

Dichotomies

D’aucuns pourraient répliquer que le cas de Brittany est le fruit d’une exception et non pas la normalité des conditions dans lesquelles les patients demandent de l’aide pour terminer leur vie. D’autres pourraient mettre l’accent sur le fait que le choix de conclure sa propre vie pourrait mettre en péril la continuité des soins palliatifs et les efforts que les médecins prodiguent quotidiennement afin de

garantir aux patients un trépas aussi indolore que possible et dépourvu d’angoisse, comme cela se produit dans le cas de la sédation terminale. Objectivement, il existe le risque selon lequel les patients puissent être convaincus, par abus de faiblesse, de demander à mourir et par conséquent à renoncer à l’assistance. La faiblesse et la vulnérabilité en général sont communes à tous les patients, en phase terminale ou pas. Cela devrait inviter à la prudence dans les débats sur les décisions de fin de vie et devrait inciter à considérer la signification exacte de la condition de faiblesse et de vulnérabilité non seulement pour ceux qui sont encore conscients et peuvent choisir et décider mais à fortiori dans le cas de ceux qui

sont privés de ces capacités. Trop souvent, de manière superficielle et acritique, on se fie aux progrès scientifiques et technologiques médicaux, en pensant que tout ce qui est techniquement et intrinsèquement possible devrait être moralement permis. Du seul fait que des traitements médicaux sont disponibles et utilisables, d’aucuns semblent convaincus que leur utilisation automatique est moralement autorisée. Mais que dire lorsque ces derniers résultent dépourvus d’efficacité thérapeutique et se limitent à arrêter le processus du trépas à son

seuil, créant ainsi des limbes dans lesquelles les malades demeurent prisonniers ? Paradoxalement, pour protéger la valeur fondamentale qu’est la dignité de la personne, on finit par rendre indignes les conditions et les circonstances dans lesquelles s’égrainent les derniers souffles de vie.

Propos recueillis parMichel Rocher – NDH-Italie

*Rosangela Barcaro, maîtrise de philosophie, Docteur de recherche

en bioéthique, Conservateur du Servizio Documentazione Scientifica

dell’Area di Ricerca del C.N.R. di Genova, Auteur de plusieurs articles et monographies dédiés à l’éthique

et à la bioéthique.

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Leonard Peltier, Indien, membre des tribus Sioux, est incarcéré à la prison de Lewisburg

en Pennsylvanie, après avoir précédemment purgé une peine au pénitencier de Leavenworth au Kansas. En juin 1975, une fusillade éclate dans la réserve indienne de Pine Ridge (Dakota du Sud). Deux agents du FBI et un adolescent sont tués. Leonard Peltier, l’un des leaders de l’American Indian Movement est accusé du meurtre des agents spéciaux. Il se réfugie au Canada où il est arrêté en février 1976. L’année suivante, il est condamné à deux peines consécutives de prison à perpétuité. Témoins manipulés, documents dissimulés à la défense, preuves fabriquées. Son procès est considéré comme injuste voire truqué, Leonard Peltier est victime d’un coup monté par le FBI dans sa guerre contre les groupes de droits civils des indiens des États-Unis. Plusieurs fois cité pour le prix Nobel de la Paix, Leonard Peltier reçoit le soutien de personnalités

comme Nelson Mandela, Danielle Mitterrand, Béatrice Dalle, Rigoberta Menchú, Renaud, Yves Saint Laurent, Desmond Tutu, le Dalaï Lama, Jack Lang ou encore du sous-commandant Marcos. Robert Redford signa le document « Incident at Oglala » qui raconte son histoire. Des institutions comme les Parlements belge, italien, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme lui apportent un soutien sans faille.

Leonard Peltier est aujourd’hui âgé de 70 ans, dont plus de 38 passés dans l’enfer des prisons de haute sécurité américaines. Ni les demandes de révision de son procès, toujours refusées, ni les recours en grâce auprès des présidents successifs (Clinton y était favorable mais a cédé sous la pression du FBI), ni les nombreuses pétitions et campagnes de soutien n’ont apporté de résultats probants. Malgré la mobilisation internationale des défenseurs des droits humains et des amis des Indiens d’Amérique, Leonard Peltier est toujours emprisonné et son cas demeure peu connu du grand public. Aujourd’hui, après notamment Amnesty International, l’organisation Nouveaux Droits de l’Homme apporte son soutien public à la libération du plus vieux prisonnier politique du monde.

« Mon crime est d’être indien. Quel est le vôtre ? »

Leonard Peltier

C’est la réponse française aux attentats de janvier dernier. Le conseil français du culte musulman (C.F.C.M.) ayant échoué à cause de la trop grande rivalité des diverses nationalités d’origine, le ministre de l’Intérieur (et de cultes) a décidé de recréer un organisme plus représentatif. Mais au nom de

quoi ? Est-ce à l’État de se mêler des affaires religieuses ? Dans un pays officiellement laïque les dits musulmans auraient dû se récrier et répondre « ce sont nos affaires », pas les vôtres ». Ceci est du paternalisme pur et simple. Le gouvernement va peut-être aussi subventionner le fonctionnement

de ce énième comité Théodule bien que le prosélytisme islamique soit déjà financé par l’Arabie Saoudite, le Qatar… Du grand n’importe quoi. On n’abroge pas la loi de 1905 sur la séparation des religions et de l’État, on ne la révise pas : on s’assoit dessus.

Liberté pour Leonard Peltier Par Jean BOURDEAU,

Président délégué de Nouveaux Droits de l’Homme.

Organiser le culte musulman ? Et pourquoi pas le culte bouddhiste, le culte protestant ?

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V ivant en plein centre de Rome, tout près de Piazza Navona, mes amis me disent toujours:

«Tu as bien de la chance!». Hélas! Je secoue la tête et explique que dès que je franchis mon portail je n’éprouve plus la sensation de rentrer chez moi mais plutôt dans un décor de carton-pâte, sans la noblesse du théâtre cependant et délibérément faux à l’instar de Disneyland… L’âme de Rome s’est perdue après avoir été violemment assaillie. Une ville vit en symbiose avec ses citoyens qui se partagent les espaces réels tout comme les espaces intimes car, comme le disait Italo Calvino, les vraies villes sont « invisibles ». Rome, telle une belle femme, est violée, défigurée par des barres de fer enfoncées dans les murs d’antiques palazzi afin de soutenir de gigantesques climatiseurs crachant leurs miasmes nauséabonds; par des parasols sous lesquels grésillent des réchauds à gaz en hiver ou bien sifflent des brumisateurs de terrasses en été; par des tables et chaises qui envahissent les rues déjà trop étroites obligeant ainsi les piétons à raser les murs; par des crieurs qui appâtent les passants afin de les attirer dans leurs restaurants ou bars; par des cartons et des calicots étalés à même les trottoirs sur lesquels s’entassent des objets de provenance douteuse, et, en vente à tous les étals, bien exposée sur des tabliers de cuisine, la fameuse reproduction de l’organe génital du David florentin. Au sol, des cumuls d’immondices, des pavés arrachés, des trous dans l’asphalte que personne ne se soucie même plus de combler…Le profit a conditionné les choix de certains avec le consentement silencieux de tous. L’historien de l’art Salvatore Settis a dénoncé dans son tout récent ouvrage** la fin prochaine de Venise, de sa miniaturisation quasi Lego-bidon, vue du haut des gratte-ciels de

la mer, mastodontes qui traversent la Lagune, encore plus bidons ceux-là, à bord desquels s’amuser devient le mot d’ordre tellement assourdissant qu’il en devient désespéré. Et désespérés nous le sommes aussi nous autres citadins, conscients ou inconscients, nous qui traînons parmi les antiques colonnes romaines, les obélisques égyptiens, les tours médiévales, les fontaines du XVIème Siècle et les Palazzi du XVIIIème, percevant tout cela mais ne le voyant plus. Le regard ne peut guère trouver de paix que le matin tôt ou bien en pleine nuit et se lever ainsi vers les coupoles, vers les anges aux épées dégainées ou les cerfs de Saint-Eustache avec une croix dans leurs bois… mais la dégradation est toujours là pour nous rappeler ce que nous sommes devenus, ce que nous n’avons su ou voulu comprendre, parce que nous-mêmes sommes la ville et que nous sommes « perdus » dans une ville « perdue ».

Sourde et indifférente : la classe politique.

Settis nous prévient: « Les villes historiques sont fourvoyées par la soumission à une fausse modernité, par le dépeuplement, l’oubli de soi. C’est désormais une monoculture du

tourisme dominante qui exile les natifs et lie la survie de ceux qui restent et de la ville même, à la volonté de servir, générer des bed-and-breakfast, des restaurants et hôtels, vendre des produits typiques, se donner de vagues airs de fêtes villageoises de troisième ordre tout en détruisant le tissu social de la ville, sa cohésion et sa culture civile ». Nous devons par conséquent en retrouver l’âme, revendiquer nous autres citadins, le droit à notre ville. Nous abandonner à la beauté ne suffit pas, la beauté se cultive tous les jours afin qu’il en reste quelque chose, et avec la beauté notre culture, notre histoire, notre mémoire. Mortifier le droit à la ville, en en violant le contexte naturel et l’espace social, signifie renoncer à notre identité démocratique. Arrêter la dégradation de nos villes nous permettra non seulement de cesser de nous abandonner à notre propre déclin mais nous aidera à imposer un témoignage orgueilleux et gagnant de notre identité. Y réussirons-nous ?

Traduction de Michel Rocher, NDH- Italie *Auteure de théâtre, jouée

sur les scènes italiennes, parisiennes et à France-Culture

** « Se Venezia muore » (Ed. Einaudi)

Droit à la beauté de nos villes Par Valeria Moretti*

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Du bon usage de Netanyahou…Arabie Saoudite – Israël, même combat !

Les extrêmes fi nissent toujours par se rejoindre, sans att endre l’infi ni, qu’ils n’att eindront jamais, comme les parallèles. C’est ainsi que Benyamin

Netanyahou, Premier Ministre d’Israël, l’auteur des colonisati ons forcées des terres palesti niennes de

Cisjordanie, l’ennemi borné des populati ons arabes (Monsieur Nicet, comme on appelait Nikita Kroutchev dans les années 50) est devenu l’allié objecti f de l’Arabie Saoudite, le royaume le plus réacti onnaire du Proche Orient. Leur souhait commun – et qui les en blâmerait ? Empêcher l’Iran , leur ennemi commun de se doter d’un armement nucléaire. Si l’on ose dire, « Rome n’est plus dans Rome ».

Et pour l’heure, il n’y a qu’une victi me : le mal Obama qui, se voulant à l’opposé de Bush, veut absolument un compromis avec l’Iran des tyrans. Voilà qui ne manque pas de sel. Plus que la Mer Morte ne pourra jamais en produire. Cela promet pour l’avenir, surtout après le discours provocateur de « Bibi » Netanyahou devant le Congrès américain, le 3 mars, comme un pied de nez au Président américain, Prix Nobel de la paix sans avoir réussi à résoudre le moindre confl it (à la diff érence de Jimmy Carter et de Bill Clinton).

Transversales Express

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Défense de rire...Le Conseil de l’Europe (ce « machin » aurait dit de Gaulle), qui englobe

aussi les pays de l’Est de notre continent, vient de se distinguer en se ridiculisant à grand renfort de publicité médiatique. Selon lui, la France porterait atteinte à la Charte sociale européenne en tolérant encore la fessée aux garnements. et de tancer la « patrie des Droits de l’Homme » pour

cet acte hautement condamnable à ses yeux. C’est du « grand n’importe quoi » dirait on de nos jours. N’y a-t-il pas question plus importante sur le terrain des droits, y compris pour les enfants comme la maltraitance, le non accès à l’éducation, les viols sur mineurs, la privation de nourriture... Ledit Conseil de l’Europe fait-il autant de bruit pour les atteintes aux libertés fondamentales par Monsieur

Poutine. La Grande Bretagne, malmenée également, menace de se retirer de cette instance dont on se demande quelle mouche l’a piquée. D’abord David Cameron, Premier Ministre anglais, exagère son indignation, sans doute, à des fins politiques intérieures intéressées. Il a tort : comme le ridicule tue, le Conseil de l’Europe mourra de sa belle mort.

La presse s’est « empressée » (naturellement) de commenter les propos du pape François

sur les péchés d’orgueil de ses frères évêques… Tant mieux, car ils le méritaient bien ces « chats-fourrés » comme aurait dit Rabelais. En revanche, silence quasi absolu lorsque le même pape fustige son « propre » pays, l’Argentine qui se « mexicanise » sur le plan de la drogue. À cette occasion, il blesse et les Mexicains et les Argentins par son « parler vrai ». Et qui disait qu’un Jésuite n’arrivait pas à trouver son chemin quand la route était droite ? Après sa dénonciation de la mafia, les menaces islamistes contre sa personne, François va devoir nommer un sous-pape de sécurité…

Le conseil de l’Europe et la fessée Par Jean-Dominique Capocci

Le pape François ne fouette pasque la curie romaine…

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Voile islamique à l’Université

Le tiers-payant et les médecins

Les automobilistes « vaches à lait »

Des enseignants ont été sanctionnés pour avoir refusé, dans plusieurs universités, de donner leurs cours devant des femmes voilées. Le comble est que

parfois, les étudiants ont désavoué leurs professeurs « au nom de la liberté… ». N’était-ce pour le grand Lacordaire, qui, au XIXe siècle, religieux et de gauche, disait : « Entre la liberté et la loi, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui libère ». Rappelons l’état actuel de la législation française : le voile est interdit dans les lieux publics, dans les écoles, collèges et lycées, mais autorisé à l’Université. Comprenne qui pourra. D’où le quiproquo pour des des enseigants laïcs convaincus. Rappelons entre autres qu’en Turquie, pays théoriquement laïque depuis Kemal Atatürk, le voile est interdit à l’Université. Raison pour laquelle l’islamiste Président de ce pays a envoyé ses filles étudier aux États-

Unis, « hommage du vice à la vertu ». En France, pays légalement laïque, il est donc temps d’être enfin clair et de décréter que dans les Universités, les têtes ne peuvent être « empaquetées » (de même que dans certaines écoles on porte un uniforme, signe d’égalité). Si on doit se distinguer au nom d’une philosophie, d’une religion ou de n’importe quelle conviction (non attentatoire aux libertés reconnues) c’est par des actes de vertu et de charité et non par un prosélytisme vindicatif et politisé. Surtout quand, en l’occurrence, il signifie que la femme est différente de l’homme, comme dans le Coran (héritage inégal, polygamie etc). En plus clair encore, votez autant de lois que vous voulez pour promouvoir l’égalité femmes-hommes, nous, on montre que l’on y est opposé. Donc on est contre la loi républicaine et pour le communautarisme.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine a fait un projet de loi dit du « tiers payant » qui dispense les assurés sociaux de faire l’avance du prix d’une

consultation, remboursée ultérieurement aux médecins par la Sécurité Sociale. Une mesure on ne peut plus humaine pour des centaines de milliers de pauvres qui, parce qu’ils sont incapables de faire cette avance, renoncent à se faire soigner. Mais c’était sans compter la fronde du corps médical qui, lui, veut être payé immédiatement. Prétexte avancé, au-delà de la Sécurité Sociale, de trop nombreuses mutuelles qu’ils n’auraient pas le temps de joindre pour être remboursés. Les médecins français affirment d’un seul chœur qu’ils ne sont pas là pour traiter des problèmes administratifs mais pour soigner. D’où leur intelligente grève de la «

carte vitale » à seule fin d’engorger la Sécurité Sociale un peu plus… Nos médecins (pas tous) sont vraiment civiques. Ils adorent les pauvres. Le problème pour défendre leur cause indéfendable, c’est que le système du tiers-payant fonctionne dans tous les pays d’Europe sauf la France. Dans notre pays, même les pharmaciens ont accepté cette pratique sans rechigner ; question : existerait-il deux catégories de médecins chez nous ? Ceux qui ont une vocation et se dévouent à leur mission, comme ceux de Médecins du Monde ou Médecins Sans Frontière et les autres, dont le but premier est l’argent ? Ils méprisent les tâches administratives ? Mais alors pourquoi les associations, les petits artisans, commerçants qui, eux aussi y sont soumis, devraient-ils les accepter ? Y aurait-il une nouvelle noblesse ?…

La sécurité en France a bon dos. Même sans la gauche au pouvoir, chaque conducteur est dans la menace de sanctions graves comme le retrait de points sur son

permis de conduire. Ainsi, rouler à 95 km/h ; au lieu de 90, 115 au lieu de 110 ; 135 au lieu de 130 vaut un retrait de points immédiat. Comme si, si vous parcourez 500 kilomètres, surtout avec un compteur non numérique, vous ne dépassiez pas parfois la vitesse fatidique involontairement et sans danger pour vous-même et

pour autrui. Selon la formule des gendarmes d’autrefois, « le règlement c’est le règlement ». Combien s’y sont fait prendre malgré leur prudence. Et les médias en rajoutent, ne donnent quasiment la parole pour commenter ces faits qu’à une femme, tout droit sortie du Bal des Vampires, qui justifie toujours cette répression sauvage au nom de la sacro-sainte sécurité de tous. Apparemment, elle n’a pas de permis de conduire ou conduit très peu. Mais peut-être lui fournit-on un chauffeur…

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Comment remercier Edward Snowden ?

France Inter : La plus anglo-saxonne des radios françaises.

Le jeune informati cien (31 ans) Edward Snowden devrait recevoir le Nobel de la Paix pour son acti on au service de nos libertés. Au lieu de cela, il a dû

fuir à Hongkong puis en Russie pour se protéger des représailles du gouvernement (son gouvernement) qui veut sa peau en l’emprisonnant pour des dizaines d’années.Son crime ? Avoir révélé au monde enti er que l’agence de sécurité américaine (NSA) qui l’employait espionnait à vaste

échelle des millions d’honnêtes citoyens dans le monde enti er à travers leur téléphone, leur ordinateur. Même Angela Merkel n’y a pas échappé ce qui est ubuesque vis-à-vis d’un allié. Aujourd’hui, Pouti ne le protège. Mais que sera demain pour ce protecteur de l’humanité qui a rendu une mission de service public et de moralité publique.Il y a un avant et un après Snowden. Désormais la confi ance ne pourra plus jamais régner. La N.S.A, c’est Big Brother, Espionnage Sans Fronti ère. A nous d’en ti rer les leçons.

Il ne faudrait pas écouter France Inter le mati n le midi et le soir, sinon la nuit. Car on comprend vite le fi l de conducti on de

cett e radio nati onale fi nancée par l’Etat et la pub, y compris la plus imbécile, « la Matmut » qui vous oblige à tourner le bouton deux minutes, le temps que les débilités soient terminées. France Inter est tout de même la moins pire dans le spectre, avec des émissions de qualité comme sa mati nale de 7 à 9 heures (voire le 5 à 7 si vous êtes insomniaque) les journaux de 13 et 19 heures, le « Téléphone sonne », « Classique avec Dessay », « l’Afrique enchantée », ou bien encore Charline Van…, notre Belge nati onale, un peu agitée et qui ne doit pas s’y croire trop vite…Sans oublier Patricia Marti n, pivot (Pivot ?) du samedi-dimanche. Globalement, la qualité est au rendez-vous et Mathieu Gallet, le nouveau PDG de Radio France doit être félicité pour avoir su tenir la barre : cap sur le meilleur…Cependant il ne devrait pas négliger deux choses :- Il est à la tête d’un organisme public frappé du mal de la

« gréviculture », comme tout établissement public, parce que çela y est tellement facile (comme à Air France, à la SNCF, à France Télévision, à la RATP…). Est-ce qu’à RTL, à Europe 1 on arrête le travail pour un diff érend salarial ? Même à EDF, sauf quelques beaufs-bœufs qui coupent encore le courant lors de la venue du Premier Ministre, on joue encore à ce jeu ? Les travailleurs japonais, eux, arborent un brassard noir, les infi rmières françaises, elles, un carton « en grève ». Mais les employés de France Culture ne sont pas « gauchistes » pour tout. Notamment pour la culture où, là, ils sont parfaitement « libéraux », « anglo-saxophones ».

- 80% des phrases musicales de France Inter sont anglo-saxonnes, américaines de préférence ou anglaises.

Exit la chanson française. Sans doute parce que composée que de vieux c… Dont acte. Mais la musique arabe, espagnole, chinoise, brésilienne n’existent pas ? Probablement. Les promoteurs, enti èrement ancrés dans leur propre promoti on, ne jurent que par les distributeurs anglo-saxons qui leur assureront croient-ils, un avenir dans le paradis d’outre-Manche ou

d’outre-Atlanti que. Bien sûr, personne ne réagit devant une telle hégémonie bêlante ; cett e violati on de la culture française et de la diversité culturelle. Mais peut être Marine Le Pen, un jour… que l’on redoute le leur imposera. À ce moment-là c’est leur côté « gauchiste », « gréviculteur », voire anti -fasciste qui reprendra le dessus. Alors ils nous feront entendre un peu d’Oum Kalsoum, de Carlos Gardel, de Charles Trenet… Selon la culture de France Inter, ils diront aussi « Merci, merci, merci, merci… » Car cett e radio nati onale a cett e coutume : on doit être remercié pour tout, et d’abord par ce pour quoi on est payé (avec droit de grève à tout bout de champ, comme dans la télévision publique). On entend cela tous les jours, du mati n au soir : « Merci à Untel, le technicien du son, merci à unetelle qui a préparé l’émission… ».Imagine- t-on sur les vols d’Airbus les hôtesses de l’air, proclamer chaque fois « Merci aux ingénieurs Dupont, Durand qui ont conçu l’appareil ». « Merci aux ouvriers Rodriguez, Benzi, Lelièvre… » qui l’ont construit… »A France Inter, pas démago pour un rond (ça ne coûte rien) on annonce même au micro le nom de celle qui sert les croissants. Plus nombriliste que ça, tu meurs. Mais c’est parce qu’ils se croient à Hollywood, sur CNN ou à la Comédie Française. Tout est une questi on d’ego. « Cogito ergo sum » disait déjà Descartes.

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Le 12 févier dernier le deuxième accord de paix a été conclu à Minsk à l’issue de négociations

de seize heures menées par les chefs d’Etat ukrainien, français, allemand et russe. Il s’agit en fait d’un accord de cessez-le-feu et du retrait des armes lourdes des zones de conflit, où s’affrontent d’un côté les forces de l’armée ukrainienne et de l’autre les séparatistes pro-russes, très généreusement épaulés par l’armée russe. Seuls les naïfs peuvent croire que l’accord mettra définitivement fin aux hostilités et que la Russie laissera l’Ukraine faire le ménage sur son territoire, notamment en Ukraine orientale. Dans cette situation, l’Europe et les Etats-Unis ont un rôle important à tenir ! Le désordre règne, si ce n’est une guerre aux frontières de l’Union Européenne ! Ce n’est pas une hystérie, mais une réalité. Les pays baltes et la Pologne mesurent particulièrement bien ce danger. A tel point que la Lituanie a l’intention de réintroduire le service militaire obligatoire. Aujourd’hui, personne ne doute de la présence réelle de l’armée russe sur le territoire ukrainien, même si le Kremlin prétend le contraire. Le premier accord de paix, signé le 5 septembre 2014, n’a jamais

été appliqué. Que pourrait apporter l’application d'un deuxième accord ? Pas grand-chose, malheureusement ! Bien évidemment, ce qui est important c’est de mettre fin aux hostilités! Mais à quel prix et avec quelles conséquences ? Que se passera-t-il dans les semaines ou les mois qui viennent ? Il n’y a pas mille scénarios à envisager. Très probablement, ce sera malheureusement un pays déchiré (allez savoir pour combien de temps ?), partitionné, dont l'intégrité territoriale sera universellement reconnue. En réalité, l’Ukraine risque de se retrouver avec des conflits latents, amputée de la Crimée et de ses régions orientales, arrachées à son territoire, comme ce fut le cas en Moldavie et en Géorgie, par les forces russes. Sans oublier qu’une telle situation sera régulièrement condamnée très fermement par la communauté internationale. Sinon, les hostilités se poursuivront avec d'immenses pertes humaines, tout d’abord : l’Ukraine ne dispose pas de suffisamment d’armes pour faire face à l’agression russe. Aujourd’hui, l’Occident est réticent à fournir les armes à l’Ukraine et est en train d’observer l’application de l’accord de paix du 12 février dernier. Tout de même, il y a de grandes chances que

l’Ukraine reçoive de l’aide militaire de la part des Etats-Unis, en cas de violation du cessez-le-feu de la part des séparatistes. Néanmoins, il est peu probable que la Russie lâche de son propre gré l’Ukraine, vu sa façon de se maintenir ou d’occuper des régions séparatistes en Moldavie et en Géorgie. Aujourd’hui, cela peut paraître une utopie, mais la meilleure solution serait l’arrivée au pouvoir, en Russie, de forces démocratiques, qui seraient libérées des obsessions impériales, ne fantasmeraient plus sur la restauration de l’Union Soviétique et ne considéreraient plus comme ennemis ou dangereux des pays voisins issus de l’ex-URSS, en raison de leurs choix politiques et économiques différents des siens. Puisque c’est le droit souverain de chaque pays de choisir son chemin et son avenir. Malheureusement, il faudra attendre des années et des années pour ces changements démocratiques… En ce qui concerne les mesures réelles pour réfréner l’appétit du Krémlin, il faut que l’Occident continue de soutenir de manière ferme et irréprochable l’Ukraine. Les sanctions imposées à la Russie restent l'unique arme, ainsi que la bonne volonté des parties engagées dans ce conflit, de respecter le dernier accord de paix de Minsk. A titre de remarque, ces sanctions ne font pas trop peur à l’intéressé… Les séparatistes peinent aussi à appliquer réellement le cessez-le-feu. Est-ce leur but ?Entre temps, ces chars que l’on voit se déplacer dans des villages ukrainiens dévastés, en flammes et en décombres, font renaître devant nous les images troublantes de villes et villages européens de l’époque de la seconde guerre mondiale… L’histoire se répète, les acteurs ne sont plus les mêmes, les enjeux non plus…

L’Occident au chevet de l’UkrainePar Kitty Kvantaliani

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La mort violente du procureur Alberto Nisman, à 51 ans, interpelle notre organisation plus que tout

autre, parce qu’elle concerne deux pays pour lesquels N.D.H a beaucoup donné pendant de nombreuses années afin qu’y règne la démocratie.L’Argentine ? C’est nous qui avons mené le bal des manifestations chaque jeudi, pendant 320 semaines, de 1978 à 1984 avec le soutien de François Mitterrand, Yves Montand, Catherine Deneuve, Michel Foucault…L’Iran ? NDH a lutté contre le Chah puis contre la dictature des mollahs, de 1982 jusqu’à maintenant avec toutes les oppositions. Celle de l’ancien Premier Ministre Chapour Bakhtiar bien sûr jusqu’à son assassinat par les sicaires du régime mais aussi et surtout l’O.M.P.I que dirige Maryam Radjavi. Trente-deux années de lutte et de solidarité entre nous. C’est dire si l’imbroglio criminel qui concerne l’affaire Nisman est au centre de nos préoccupations, d’autant qu’à la base, il y a, en 1994, un attentat antisémite contre l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA) à Buenos Aires qui fit 85 morts et plus de 300 blessés. Or très vite, l’enquête a

démontré que les auteurs de cet acte terroriste odieux n’étaient ni plus ni moins que les services secrets iraniens. Les auteurs en ont été découverts mais jamais, bien sûr, ils n’ont été jugés puisqu’ils étaient couverts par Téhéran. Un véritable aveu. Le temps a donc passé dans l’impunité totale pendant vingt ans. Toutefois, en 2004 le Président argentin Nestor Kirchner, aujourd’hui décédé a désigné Alberto Nisman pour enquêter. C’est alors que les choses ont changé du tout au tout et que celle qui lui a succédé à la Casa Rosada (présidence) Cristina Kirchner, soucieuse de faire de bonnes affaires commerciales avec l’Iran a entravé l’enquête quasiment bouclée. Les fanatiques au pouvoir en Iran sont toujours prêts à tout pour sauvegarder une façade de respectabilité. Ainsi, en Europe, après avoir assassiné Kazem Radjavi, Chapour Bakhtiar, ils ont négocié avec Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy (avec le concours du juge Bruguière, juge anti-terroriste) la grande rafle contre les réfugiés politiques de l’O.M.P.I, en juin 2003, à Auvers sur Oise, alors que ceux-ci avaient bénéficié de l’asile accordé

par le Président Mitterrand près de 20 années plus tôt. Tout s’achète et tout se vend avec l’Iran. Et des politiciens français eux-mêmes sont prêts à pactiser avec le diable, sans principes, au nom de la real politik. Fort heureusement, mais tout de même 11 ans après, les responsables de l’O.M.P.I ont été blanchis de toutes les accusations imbéciles par le nouveau juge anti-terroriste Marc Trevidic. En Argentine, les choses se passent un peu différemment mais plus tragiquement hélas. Le procureur Alberto Nisman ayant bouclé son dossier se préparait à remettre au Congrès (parlement) ses conclusions qui mettaient encore en cause l’Iran. Il se préparait aussi à dénoncer les entraves à la justice de la Présidente Cristina Kirchner, l’amie de l’Iran des mollahs, voire à la faire arrêter alors qu’elle voudrait postuler pour un troisième mandat, ce que lui interdit la constitution lorsqu’on l’a retrouvé mort d’une balle dans la tête derrière l’oreille droite. Curieux, non ?

Mais doute cependant : assassinat ou suicide ? Le peuple argentin, lui n’a aucun doute. Le 18 février 2015, 400.000 personnes sont descendues dans la rue, silencieusement, pour dénoncer les faits et rendre hommage au procureur Nisman. Mais, comme on disait en France en 1968, « ce n’est qu’un début, continuons le combat ». Contre la dictature iranienne qui est peut être à l’origine de cette mort suspecte (« on ne prête qu’aux riches ») et contre la présidente neo-péroniste Kirchner qui ramène l’Argentine à des temps que l’on croyait révolus.

Iran-Argentine La mort suspecte du procureur Alberto Nisman révélatrice d’une complicité

Par Pierre Bercis

Le procureur Alberto Nisman

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Le Droit à la Paix n’a jamais été reconnu. Pourquoi?

Il faut avant toute chose savoir ce que nous entendons par «paix»; actuellement dans les meilleurs dictionnaires la définition qui prévaut se limite en substance à l’absence de guerre, ou bien à un état mental, à une dimension spirituelle, à une sphère privée et par conséquent dissociée de toute implication de caractère économique, politique, social.L’origine même du mot, du latin pactum, se réfère à un accord qui met fin à une activité belliqueuse, à l’époque de l’empire romain comme dans les grands conflits de notre époque. La fin de la Première Guerre Mondiale est encore appelée Paix de Versailles, bien que ce traité contînt en soi les prémices d’un autre conflit mondial. Afin que la paix puisse être aujourd’hui introduite en tant qu’objectif concret dans les programmes des Etats et des organisations internationales,

il faut débarrasser ce concept de l’indétermination qui en limite le champ sémantique, le faisant apparaître comme une valeur abstraite – même si pure, noble, haute – et non pas comme un résultat concret possible. Pouvons-nous nous considérer dans une condition de paix si, bien qu’il n’y ait aucun conflit armé en cours, il subsiste des phénomènes tels que des violations de droits humains, de profondes disproportions dans la distribution des richesses, le non-accès pour certains individus aux soins médicaux et aux structures nécessaires à la santé, ou à un niveau minimum de bien-être économique et d’instruction, indispensable à la dignité humaine ? Même le terrorisme, dont nous venons d’assister récemment à une virulente reprise, devrait nous conduire à réfléchir sur l’inadéquation de ce concept limité de paix, surtout à cette époque-ci (et dans les prochaines toujours plus), où la globalisation nous a rendus toujours davantage

interdépendants, non seulement pour ce qui concerne l’économie mais aussi la sécurité.Le droit à la paix, au fond, est aussi ce droit à la sécurité que le terrorisme nous refuse, et à partir de là on comprend encore une fois comment le premier ne peut être vu uniquement en termes de non-belligérance dans le sens conventionnel ni ne peut concerner que les Pays officiellement engagés dans un conflit armé mais nous implique tous sans distinction. L’éventuelle discussion sur l’introduction de la paix parmi les droits fondamentaux et inaliénables de l’être humain ne pourra pas faire abstraction de ces réflexions, auxquelles nous a conduits en premier – dès la fin des années Soixante – le grand sociologue et mathématicien norvégien, Johan Galtung: c’est à lui que nous devons le concept fondamental (ainsi que le terme) de violence structurelle, révolutionnant le concept de paix, le transportant au-delà des frontières exigües d’une situation de simple

Le droit à la paixEntretien avec Manuela Fabbro*

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non-belligérance, cette dernière plus précisément définie par Galtung, paix négative. Cinquante années ont passé depuis ces études et tous les approfondissements successifs de la part de ceux qui se sont occupés scientifiquement du concept de paix ont suivi la même orientation donnée par Galtung. Nous sommes malheureusement encore loin d’une conscience collective du droit à la paix, qui marquerait un véritable progrès de l’humanité, tout comme l’abolition de l’esclavage, la reconnaissance des droits humains, l’égalité des droits entre hommes et femmes. C’est dans la perspective de ce but que nous devons à présent travailler avec une action bien déterminée d’éducation à la paix, dès l’âge scolaire; mais c’est-là un autre chapitre. Faudrait-il constituer des troupes permanentes des Nations Unies ?

En cas d’urgence 6-12 mois sont nécessaires pour les réunir et souvent elles arrivent trop tard alors qu’il y a déjà eu des dizaines de milliers de victimes et des centaines de milliers de réfugiés.Une action d’endiguement et de contrôle de l’activité de guerre que pourraient exercer les troupes permanentes des Nations Unies n’est utile que si celle-ci réussit à bloquer un mécanisme d’escalade de la violence mais ne constitue pas en soi une solution. Le maintien de la paix est sans aucun doute une initiative viable qui devrait être cependant accompagnée d’une opportune construction de la paix, avec des projets de reconstruction du tissu social du Pays, le soutien au développement de groupes locaux de la société civile, l’organisation d’élections libres, l’aide aux instruments de communication de masse, la création d’institutions qui conduisent à un climat de légalité, de programmes éducatifs dans les écoles et les communautés, dans le but d’abattre les préjugés et faciliter la coexistence entre les différents

groupes et cultures. Ces dernières actions en particulier entrent dans les programmes de l’éducation à la paix. Une action militaire peut par conséquent nous aider pour des objectifs à court terme et pour rétablir un climat de tranquillité relative dans les zones dévastées par de violents conflits; une paix de longue durée ne peut être obtenue qu’avec des moyens pacifiques. Dans ce contexte, l’enseignement non-violent théorique mais aussi et surtout pratique de Gandhi, est toujours très actuel, enseignement qui constitue un point de référence pour Galtung. L’inadéquation des actions militaires internationales en cas d’urgences nous fait encore mieux comprendre les limites du maintien de la paix et de toutes les actions ayant des objectifs à court terme.

Les Pays dits « démocratiques» vendent les armes. Le droit à la paix les obligerait peut-être à cesser ce vil commerce ?

Ce commerce continuera jusqu’à ce que nous ne donnerons à notre économie des bases éthiques, jusqu’à ce que la logique du profit sera prioritaire par rapport à toute autre considération de type humanitaire, et que la paix restera – rappelons-le – une valeur abstraite et non pas un objectif précis à atteindre avec un programme ciblé à long terme. Le rapport entre

éthique et économie, économie et violence, économie et environnement, est un autre chapitre important des sciences de paix qui recueillent toutes les plus urgentes instances de notre monde globalisé. De la recherche dans ce secteur, de nouveaux concepts sont nés tels que développement durable, processus d’autonomisation et plus récemment, décroissance (théorisée par Serge Latouche), qui proposent de repenser de manière radicalement différente toute l’économie mondiale. Je pense que le commerce des armes est l’héritage d’une façon de penser l’économie qui ne peut plus désormais tenir debout et qui aboutit le plus souvent à des conséquences autodestructives pour les Pays qui le pratiquent. Tout ce qui alimente de manière directe ou indirecte la violence ne peut que conduire à d’autres déséquilibres et à des injustices qui font sentir tôt ou tard leurs conséquences sur l’économie.

Propos recueillis par Michel Rocher - NDH-Italie

*Manuela Fabbro est Docteur de

recherches en Sciences Linguistiques, Professeur d’Allemand au Lycée et à la Faculté des Sciences et de Littératures

Etrangères d’Udine, ancien membre du Conseil de Direction du Centro di Ricerca

sulla Pace. Elle vient de publier « Un Lessico per la Pace » (éd.Stango).

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Boko Haram prospère sur les cadavres, les ruines et le sexe

Par Jean-Dominique Capocci

Nul n’ignore les us et coutumes d’Al-Qaïda, de Daech, le pseudo Etat islamique et autres islamistes de tout poil au Proche Orient :

prises d’otages, décapitations, viols, vols, destruction d’immeubles et de biens culturels…C’est le Hezbollah ou le Hamas puissance 10. Malgré les tentatives pour

endiguer le cancer de ces fous de Dieu, le mal s’étend comme le fascisme autrefois. La Libye est contaminée, après le Mali, la République Centrafricaine, le Niger…Mais le pire, le serpent le plus venimeux, est encore au Nigéria sous le nom de Boko Haram dont les exactions débordent des frontières du pays le plus riche et le plus peuplé d’Afrique. Peuplé au Sud de chrétiens et au Nord de musulmans, la secte s’en prend courageusement aux faibles en priorité : les femmes et les enfants. Trois cents jeunes filles ont été enlevées dans leur école pour être converties de force et mariées aux glorieux combattants de l’Islam. Les barbares brûlent les villages, coupent bras et jambes, s’emparent des biens des plus pauvres.

L’armée nigériane ? Elle ne réagit pas sinon passivement, laissant les islamistes attaquer la population des pays voisins : Nord Cameroun, Niger voire Tchad. A eux de se défendre, seuls. Ou avec l’aide d’une O.U.A (Organisation de l’Unité Africaine) dont on connait « l’efficacité ». Surtout après avoir porté à sa tête l’ignoble Mugabe,

recherché pour crimes contre l’humanité. Tout sauf sérieux. Ce serait risible, comme autrefois le sacre de l’empereur Jean-Bedel Bokassa, si, comme au Libéria il y a quelques années, dans l’Est du Congo, encore et toujours, des êtres humains ne payaient pas le plus lourd tribut. Une simple mais utile réflexion : nous sommes à juste titre révoltés par cette dégradation des conditions de vie de populations innocentes. Imaginons ce que c’était il y a plusieurs siècles quand il n’y avait pas de médias pour faire connaître de tels faits. Aucune chance alors d’attendre une réaction du reste du monde. Raison supplémentaire pour militer et obtenir un changement radical. L’indignation ne suffit pas.

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La politique extérieure de la France, ou les deux faces de Janus

Par Edmond Jouve*

S i les résultats en matière de politique économique se font encore attendre, en dépit d'une

légère embellie (notamment en matière de chômage), la politique étrangère de la France bénéficiait quant à elle d’un plus large consensus, du moins jusqu’à une époque récente. Au niveau européen, la France n’occupe plus la position clé qui a pu autrefois être la sienne, laissant le leadership à l’Allemagne, y compris dans ses rapports avec la Grèce. On aurait pu penser cependant qu’après les événements importants survenus dans ce pays, Paris aurait appuyé l’initiative prise par M. Sypras. Or, il n’en a rien été. S’agissant de l’UKRAINE la position de la France n’est pas non plus des plus claires et elle se fait plus remarquer par un certain suivisme à l’égard des États-Unis que par une défense rigoureuse des droits de l’homme. En ce qui concerne l’Afrique, Paris s’est, d’une certaine manière, conduit en "gendarme" du continent. Certes, les intentions pouvaient paraître bonnes (en particulier au Mali), mais certaines actions ne paraissent pas vraiment opportunes (comme le développement des violences en Libye, où la France ne tranche pas véritablement entre les diverses factions) notamment avec la montée de l’Etat islamique. Pour ce qui est des Boko Haram, la France semble mener une politique attentiste aussi bien au Cameroun qu’au Nigeria et au Niger. Dans un autre pays, la Centrafrique, Paris semble avoir échoué dans sa mission de désarmement des groupes rebelles, dans la mesure où la Présidente par intérim Katherine Mpanza Mouadza doit toujours faire face au conflit entre chrétiens et musulmans. Après avoir bénéficié d’un large soutien des Français, cette politique n’est ainsi plus comprise par l’ensemble de nos concitoyens.

L’organisation de la riposte aux attentats de l’hebdomadaire Charlie hebdo et de l’épicerie cascher, qui a suscité un large mouvement d’unité populaire (en France en particulier,

le 11 janvier 2015, comme j’ai pu l’observer lors de mes récents voyages) a en revanche suscité

une large désapprobation dans le monde arabe et même sur le continent Africain. Force est de constater que "JE SUIS CHARLIE" ne fait pas, loin de là, l'unanimité auprès de nos amis.

La clef du problème se trouve en réalité en Palestine, région dans laquelle la France ne se manifeste pas avec la vigueur attendue. En somme, tout se passe comme si face aux intentions exprimées dans les discours, la réalité avait du mal à suivre. Peut-être du fait d’une impulsion insuffisamment forte qui nous permettrait alors de retrouver une politique plus conforme au génie de la France.

* Edmond Jouve est professeur de droit à l'Université Paris-Descartes Sorbonne

Tribune libre

Source : lepoint.fr

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L’assassinat de Boris NemtsovQui a armé le bras du tueur ? Poutine responsable mais pas coupable ?

Mossoul ou l’irrémédiable crime culturel : l’ONU, comme les statues, reste de marbre…

Poutine s’est empressé de dénoncer le lâche assassinat de l’ancien Vice-Premier ministre de Boris Eltsine, Boris Nemtsov, 55 ans, alors

qu’il marchait sur un pont avec sa compagne, près du Kremlin. Une victime de plus, après la journaliste Politovskaïa, dans la Russie du monstre froid. Il faut dire que si l’autocrate, qui tente de déstabiliser l’Ukraine après la Géorgie, n’est pas coupable, il n’en est pas moins responsable par le système qu’il a mis en place progressivement. La presse libre est pourchassée en Russie, comme les opposants. Un opposant est considéré comme un ennemi de l’intérieur. Il faut le faire taire par tous les moyens. On ne veut entendre qu’un son de cloche : « Gloire à Poutine », car Poutine est la Russie ; une Russie néo-tsariste, qui doit à tout prix retrouver sa grandeur passée, et pour laquelle tous les coups sont bons pour ce joueur de poker. Pauvre Russie ! On t’aime et on est prêt à te soutenir mordicus car tu fus et tu es grande. Ne serait-ce que pour maintenir l’équilibre du monde et assurer la sécurité de Snowden, qui a révélé à la planète entière que les Etats-Unis nous espionnaient tous (y compris Angela Merkel). Mais pas en se tournant vers le passé, le repli sur le pré-carré historique et culturel. L’avenir de ce grand pays est devant. Pas derrière.

Ils ont osé ! Quelle que soit leur étiquette : Al-Qaïda, Talibans, DAECH…leur folie destructrice est la même et leur plus petit commun dénominateur, le même :

Allah Akbar ! Après avoir détruit les statues géantes des Bouddhas de Bâmiyân, voici plus de dix ans, leurs frères siamois ont réduit à néant le contenu du musée archéologique de Mossoul, qui possèderait des œuvres datant de 500 ans avant Jésus Christ. Ils peuvent être fiers d’eux dans leur islam immodéré. Même Mao Tse Toung pendant sa célèbre Révolution culturelle n’avait pas osé s’en prendre aux racines de la civilisation chinoise. Nous sommes en présence de nouveaux crimes contre l’humanité qu’a dénoncée l’UNESCO mais devant lesquels le Conseil de Sécurité de l’ONU reste de marbre. Comme les statues abattues.

International

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Culture

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Le bushido et vous… Par Hiroko Bessho, citoyenne japonaise, membre de NDH

I l y a beaucoup d’images typiques qui symbolisent le Japon, comme « Mont Fuji » « Manga » « Geisha » « Ninja » « Kimono » « Sushi » « Zen » …etc… sans

oublier « Samuraï ». Les Samuraïs appartenaient à une classe sociale : le Bushi. L’origine de cette caste vient de groupes armés, composés de guerriers. Le « Bu » de « Bushi » désigne les techniques de combat. Ces Bushis avaient une philosophie unique, plus tard appelée "Bushido". Vers le 15ème siècle, à l’époque où les Bushis passaient leur temps à combattre, le Bushido servait de précepte aux batailles. Puis au 17ème siècle, la fonction sociale des Bushi a été modifiée, ces derniers devenant des politiciens ou des fonctionnaires. Aussi, pour justifier leur existence dans la société, des éléments de la philosophie confucéenne ont été ajoutés à celle du Bushido. Avec la modernisation radicale du pays sous la Réforme de l'ère Meiji (1868), l'existence des classes sociales fut bannie, et la classe des Bushi disparu. Mais, le Bushido, la morale des anciens Bushis, (la classe dirigeante qui représentait seulement 5% de la population), se répandit alors progressivement dans

la pensée du grand public. Vers 1889, le professeur et docteur Inazo Nitobe (1862-1933) qui devint plus tard diplomate, fut interrogé par un juriste belge. Celui lui demanda : « Sans une éducation religieuse, comment les Japonais enseignent-ils la morale à leurs enfants ? ». Nitobe se rendit compte alors qu’il n’avait pas eu de leçon de morale à l’école mais que les divers éléments qui formaient sa propre morale étaient fondés sur la théorie du Bushido. Environ 10 ans après cet épisode, en 1899 Inazo Nitobe écrivit et publia un ouvrage en langue anglaise « Bushidō, l'âme du Japon » dans le but d'expliquer le Japon et son peuple auprès des Occidentaux.« Bushidō, l'âme du Japon » eut un succès considérable, en partie dû au contexte de l’époque. En effet, beaucoup de pays s'intéressaient alors au Japon, petit pays d'Asie qui avait gagné des guerres contre la Chine et la Russie. L’ouvrage a été ensuite traduit dans de nombreuses langues. Theodore Roosevelt, Président des États-Unis, et médiateur de la guerre russo-japonaise, a aussi été marqué par le livre. Plus récemment, l'ouvrage inspira la star

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Culture

hollywoodienne, Tom Cruise pour produire le film « The Last Samurai » (2003). On peut donc dire que « Bushidō, l'âme du Japon » a profondément modelé l'image de ce pays telle que perçue dans le monde d'aujourd'hui.Droiture, courage, bienveillance, politesse, sincérité, honneur, loyauté, éducation, self-Control… etc… Nitobe a tenté d'illustrer son ouvrage à l’aide de nombreux exemples tirés de l'histoire et de la littérature occidentales. Ainsi, il cite la fleur de cerisier pour expliquer l’esprit de Yamato (= Japon).

« La fleur de cerisier a depuis longtemps été la fleur préférée de notre peuple et l'emblème de notre caractère. Fleur sauvage embaumant au soleil levant.

L'esprit du Yamato n'est pas une plante fragile et tendre, c'est une pousse sauvage, naturelle. Elle est née de notre sol. Dans son essence, elle est le produit originel et spontané de nos climats. »Il m'arrive d'être surprise par les réactions des non-Japonais à notre égard, lesquels parfois « surévaluent » certains traits de notre comportement alors que ce dernier est tout à fait normal pour les Japonais. Par exemple, lors de la coupe du monde de football en 2014 au Brésil, les supporters des “Samurais Bleus” (le surnom de l'équipe du Japon) se sont fait remarquer du reste du monde en nettoyant leur tribune après le match. A l'inverse, il m'arrive d'être favorablement impressionnée par certains agissements des Français. Par exemple dans le métro une maman avec sa poussette est bien souvent aidée spontanément par d'autres usagers.

Mais si je fais part de mon étonnement à mes amis français, ceux-ci ne comprennent pas que je puisse être impressionnée. La valeur intrinsèque d'une société n'est peut-être pas facile à être reconnue par ceux qui la composent, car faisant partie de la nature même de ces derniers.Inazo Nitobe dit : « Le Bushido, en tant que code éthique, peut disparaître, mais son esprit restera. Comme la fleur symbolique, qui, après avoir été emportée par le vent enveloppera toujours les hommes d'un parfum qui enrichira leur vie ». Le Bushido est né au Japon, et contient un parfum, le parfum de la vérité universelle qui transcende la culture et la religion.

Il y eut aussi un moment dans l'histoire du Japon, où le Bushido a été déformé en une philosophie pour justifier la mort, et été utilisé à des fins de propagande pour justifier la loyauté absolue à l'empereur. Dans un tel contexte, l'universalité du Bushido a été malheureusement perdue. Comme une bouteille de parfum vide… Le Bushido est intéressant pour tout le monde au-delà des époques et des frontières. Ce n’est pas parce qu'il est le code local et exotique d'un tout petit pays d’Extrême-Orient, mais parce que chacun peut y trouver la joie de découvrir un beau parfum, qui finalement lui rappellera son propre parfum.

Contrairement aux institutions économiques et politiques qui changent selon la culture et l’époque, la loi morale est immuable. Bien souvent, on parle de la spécificité de la culture Japonaise, mais si vous

lisez « Bushidō, l'âme du Japon », vous serez surpris de découvrir que le principe de Bushido est également proche de celui de votre société.

Château d’Himeji, Japon. © Wai chung Tang - Thinkstock

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31ème Prix littéraire des droits de l’hommeattribué par le jury de Nouveaux Droits de l’HommePrésidé par Philippe de Saint Robert à Dominique Schnapper pour « L’esprit démocratique des lois » Gallimard-NRF-Essai remis à l’Hôtel de Lassay, présidence de l'Assemblée Nationale.

Culture

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Le 31ème Prix littéraire des droits de l’Homme, attribué par le jury de NDH présidé par Philippe de Saint Robert, avait été annoncé dans ces colonnes

fin 2014. Il a donc été remis à Dominique Schnapper lors

d’une brillante cérémonie en l’Hôtel de Lassay résidence du Président de l’Assemblée Nationale, Claude Bartolone en présence de nombreux invités. En route pour le 32ème Prix…

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Culture

Au temps de KLIMT : La Sécession à Vienne« À chaque Epoque son Art. À l’Art sa liberté » Devise de la Sécession du 12 Février au 21 Juin 2015

Par Véronique Bévin

La Pinacothèque de Paris Présente

La Vienne de 1900, au cœur de l’empire austro-hongrois (1867-1918), État multi-ethnique dirigé par l’empereur François-Joseph, est un centre culturel

florissant. Une aristocratie ancrée dans l’académisme officiel, régulé, et une bourgeoisie détachée de l’action politique qui cherche à s’évader dans l’art, cohabitent.Fils d’un orfèvre viennois, Gustav Klimt intègre l’École des arts et métiers de Vienne en 1878. Il travaille avec le peintre d’histoire Hans Makart à de nombreuses commandes officielles. Il ouvre plus tard un atelier de décors de théâtre et de peinture murale. Son style est alors très académique. Son œuvre Philosophie, Médecine, et Jurisprudence, destinée à omer les murs du Grand hall de l’Université, rencontre hostilité et incompréhension. Il est même accusé par la presse de « pornographie ». Ces peintures seront finalement détruites par les nazis en 1945. La Sécession est avant tout une dénonciation de la société allemande en pleine déchéance avant la première guerre mondiale. Suite à ces évènements, avec une vingtaine d’artistes viennois, il fonde en 1897, La Sécession, l’une des facettes de l’Art nouveau qui aura un rayonnement planétaire au-delà du temps. L’Art nouveau, l’Art déco, l’expressionisme vont naître de la Sécession. Une revue « Le printemps sacré » et un lieu d’exposition le Palais de la Sécession sont créés. Le critique Hermann Bahr résume l’esprit de cette rupture en ces termes:« Le commerce ou l’art, tel est l’enjeu de notre Sécession. Ilne s’agit pas d’un débat esthétique, mais d’une confrontation entre deux états d’esprit ».L’esprit d’« œuvre d’art totale» défini par l’auteur Otto Runge et développé par Richard Wagner intègre l’art dans sa globalité : Photo, peinture, architecture, musique, sculpture sont liés et à égalité dans un même mouvement artistique international. En 1902, Klimt

fédère tous les artistes pour faire une œuvre d’art globale : au centre du pavillon de la Sécession, autour d’une sculpture représentant le compositeur, de Max Klinger, Klimt réalise son interprétation de la Neuvième Symphonie, qu’il nomme Frise Beethoven, œuvre de 26 mètres de long qui s’intègre à la perfection dans un cadre architectural.L’année suivante, l’architecte Josef Hoffmann, le peintre Koloman Moser, et l’industriel Fritz Waemdorfer, qui veulent allier les beaux-arts aux arts décoratifs afin de créer une forme d’art accessible au

plus grand nombre, fondent « Les Ateliers viennois».Klimt, entouré de sa mère et de ses sœurs, puisant son énergie auprès de chaque nouvelle rencontre féminine, concentre toutes ses attentions dans un culte de la femme : Marc Restellini, Directeur de la Pinacothèque nous explique:« Ses femmes fatales et fragiles révèlent également l’angoisse de la mort et la prise en compte des recherches psychanalytiques de Freud. Représentées en partie comme des objets sexuels et en partie comme des êtres suprêmes, les femmes de Klimt, à la fois soumises et à l’identité affirmée, présentent un lien

ambigu avec la Modernité.» Dans la Judith, héroïne biblique, icône absolue de la femme fatale, la rupture est à la fois matérielle (ce tableau doré ressemble à une œuvre de joaillerie) et psychologique par les questions qu’il suscite sur ce portrait transgressif, érotique et ambigu. Est-elle une jeune innocente? Révèle-t-elle un désir caché inconscient, ou subconscient ? Egon Schiele et Oskar Kokoschka, disciple directs de Klimt, s’approprieront et exacerberont ses interrogations, annonçant la naissance de l’expressionnisme, puis de l’abstraction avec Kandinsky. « Klimt a eu un impact planétaire sur l’Art. Il a tout inventé. » (Marc Restellini). Cette exposition est un voyage à Vienne.

Judith, Gustav Klimt1901 Huile sur toile84 x 42 cm © Belvédère, Vienne

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Culture

des LiVres et nous...

Depuis longtemps, nous, Français croyons que l’esclavage a été aboli à la suite du rayonnement des Lumières, au XVIIe siècle, puis de l’adopti on de

la Déclarati on des droits de l’Homme en 1789. Mais n’est-ce pas une belle légende qui convient à notre idéal ? Les auteurs posent une questi on : est-ce que l’aboliti on est due à ce combat pour la liberté ou bien à une nécessité économique (sinon les deux à la fois) ? Selon leur étude, le coût d’exploitati on d’un esclave devenait prohibiti f alors que celui d’un salarié, auquel on peut verser un salaire de misère sans avoir à l’entretenir ou le loger est, comparati vement, bien plus intéressant. À une époque où le libéralisme économique prenait son

envol sous l’infl uence de grands noms comme Jean-Bapti ste Say, Turgot, du Pont de Nemours…le choix fut vite fait, enveloppé pudiquement sous les valeurs de la Révoluti on comme feuille de vigne. Une telle thèse remet en cause nos convicti ons spontanées, mais vaut la peine d’être étudiée de près.

Si Guillaume Seznec n’est pas un pas un inconnu pour tous ceux qui suivent les grandes aff aires judiciaires, Denis Langlois, l’auteur ne l’est pas

non plus puisqu’il fut l’avocat de la famille Seznec dans la vaine tentati ve de réhabilitati on de celui qui fut condamné à la perpétuité au bagne, en 1924, pour l’assassinat du Conseiller Général Quemeneur, puis gracié vingt après par le Général de Gaulle. Cett e aff aire est pour le moins complexe et sombre. Elle a suscité de nombreux ouvrages et fi lms avant de sombrer dans un oubli passager, voire défi niti f, un siècle plus tard. C’est en 1989 que NDH avait att ribué le Prix litt éraire des droits de l’Homme à Denis Langlois pour un premier ouvrage sur l’aff aire. Prix que Laurent Fabius, alors Président de l’Assemblée Nati onale, lui avait remis en notre nom

en l’Hôtel de Lassay. Puis le temps a passé. Aujourd’hui l’ancien avocat, délivré de tout secret professionnel, nous livre quelques secrets sur l’aff aire Seznec. Une nouvelle contributi on à la révélati on de la vérité ? Chacun en jugera en son âme et conscience. En tout cas, la Justi ce, elle, prétend avoir dit son dernier mot… Le doute subsiste. Il est probable que le corps du conseiller général Quemeneur, n’ayant toujours pas été retrouvé un siècle après sa dispariti on et Seznec ayant toujours nié, l’énigme demeurera à jamais. Il faut lire cet ouvrage, non seulement bien documenté mais aussi bien écrit.

Calcul et Morale

Caroline Oudin-Basti de et Philippe SteinerAlbin Michel, 24 €

Seznec : le retour d’un mort-vivantPour en fi nir avec l’aff aire Seznec

Un livre de Denis LangloisEditi ons la Diff érence, 22 €

en l’Hôtel de Lassay. Puis le temps a passé. Aujourd’hui l’ancien avocat, délivré de tout secret professionnel, nous livre quelques secrets sur l’aff aire Seznec. Une nouvelle

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Culture

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La répression intellectuelle en IranTaxi, un film de Jafar Panahi

Des Césars au Fepasco de OuagadougouTimbuktu, un film d’Abderrhamane Sissako

Par Jean Bourdeau, Président délégué de Nouveaux Droits de l’Homme

Beaucoup connaissent le cinéaste iranien Jafar Panahi, l’auteur de « Ballon blanc », « Le Cercle » et « Sang et Or »…En 2011, un de ses films

concourait au festival de Cannes sous le titre « Ceci n’est pas un film », lorsque le régime tyrannique de

Téhéran lui interdit de se rendre sur la Croisette, lieu de perdition pour l’islam et ses adeptes. Pis, Jafar Panahi fut condamné, fin 2011, par la pseudo justice iranienne à six ans de prison et vingt ans d’interdiction de filmer. Une vraie condamnation à mort pour un cinéaste.Néanmoins, compte tenu de sa notoriété internationale, la punition ne fut qu’à moitié appliquée. L’auteur, rebelle par nature mais intellectuel, fut donc contraint à vivre comme chauffeur de taxi. D’où l’idée qu’il eut de filmer depuis l’intérieur de son véhicule les clients qui montaient pour une course et parlaient avec lui. Il l’a intitulé « Taxi ». Clandestinement, Jafar Panahi a encore réussi à faire sortir son film, lequel a été plébiscité au festival de

Berlin. Sans recevoir encore la récompense suprême, « L’ours d’or », il s’en est déjà approché. Car Panahi est bien « L’ours dort », à propos duquel les mollahs se demandent toujours quand il va se réveiller… pour leur faire un pied de nez.

C’est un projet documentaire d’Abderrhamane Sissako qui est devenu film de fiction : un long-métrage à la fois sensationnel, envoûtant et

séduisant sur bien des points, aussi. Le scénario ne s’attarde pas sur le côté monstrueux et douloureux de la situation, mais offre aux spectateurs, un voyage entre l’horreur vécue par les populations civiles maliennes et les beautés de la Mauritanie, où le film a été tourné. Les populations civiles, notamment les femmes, sont le flambeau de la résistance face à la bêtise des extrémistes. L’horreur de la barbarie n’est pas montrée mais elle est parfaitement présente. Voilà un film courageux qui devrait marquer les mémoires et introduire une prise de conscience collective par l’authenticité révoltante de ce beau récit (NDLR : 7 récompenses sur 8 nominations,

à l’occasion de la 40e cérémonie des Césars du cinéma, dont meilleur film et meilleur réalisateur). Sur sept statuettes remportées aux Césars, il y eut celle de la musique. Un triomphe pour Amine Bouhafa, un compositeur de Tunis. Dans la musique de Timbuktu, il a fait un mélange

intelligent entre musique symphonique et occidentale et musique orientale et africaine. L’ensemble est réalisé avec une large variété d’instruments comme le oud, les percussions et le fameux Duduk, le hautbois arménien, Amine Bouhafa livre une musique déchirante à laquelle on ne peut rester imperméable. Le film vient de recevoir un plébiscite unanime au Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FEPASCO), qui est le plus grand festival de cinéma africain du continent.

cinéma

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Culture

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Le dernier loup, de Jean-Jacques AnnaudPar Jean-Dominique Capocci

Le dernier film de Jean-Jacques Annaud, « Le dernier loup », vient de sortir. À la fois western et plaidoyer écologique, « Le Totem du Loup » est un monument

de la littérature chinoise qui, en 2004, a échappé à la censure. L’auteur, sous un pseudonyme, était resté inconnu. Son récit racontant sa vie en Mongolie Intérieure, en 1967, au début de la Révolution Culturelle. Ce parcours initiatique d’un jeune de la ville découvrant la campagne profonde et s’éveillant à la vie nomade dans un paysage complètement sauvage, des décennies plus tard, a eu une résonance particulière, dans un pays aux prises avec de terribles problèmes d’environnement et de pollution. Quand ce livre est paru, cela a été une prise de conscience pour la civilisation chinoise du danger environnemental. Son rayonnement sur les réseaux sociaux a été très efficace. « Le totem du Loup » est devenu un immense

succès littéraire en Chine, suscitant chez le peuple chinois l’envie de préserver ces régions magnifiques et pures de Mongolie Intérieure, aujourd’hui menacées.Jean-Jacques Annaud nous avait habitué, dans ses fresques cinématographiques comme « La guerre du feu », « Stalingrad », « Le nom de la rose », « L’ours »,

mais aussi son premier long métrage « La victoire en chantant », à des œuvres fortes, porteuses de messages universels. Ici, le centre de l’histoire ce sont les loups. Entre crainte et admiration, les loups fascinent, intriguent, parce qu’ils vivent en société et se distinguent de toutes les autres espèces animales. S’étant développé dans les régions à lions et tigres, il ont été contraints de mettre en pratique l’adage selon lequel « l’union fait la force », sous la conduite d’un chef respecté : toute l’organisation des loups découle de cette nécessité.

cinémacinéma

Hermione : le grand départ…

La frégate de la Fayette, reconstruite à Rochefort grâce à la pugnacité de Benedict Donnelly et de l’ancien maire de la ville, Jean-Louis Frot, après des

essais en mer fructueux va accomplir son vrai premier grand voyage, celui qui a valu à la première Hermione la gloire et la vénération du peuple étatsunien par la Fayette : direction Boston avec de nombreuses escales sur la côte Est des Etats-Unis. Ce sera le 15 avril.Pour ceux qui ont suivi ce pari un peu fou, il s’agit d’une étape décisive après de nombreuses autres étapes. La foule sera là pour acclamer l’équipage qui est désormais rompu à la manœuvre.Nous avons espéré la présence du Président de la République François Hollande avec son homologue Barack Obama. Nous avions aussi espéré le transfert du « héros des deux mondes » combattants des libertés. Il n’en sera rien, hélas. On laissera, par contre célébrer, en juin, la déroute de Waterloo dont ce sera le 200e anniversaire…. Notre mémoire historique est étrangement sélective.

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Culture

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Le feu chez Jean-Marie Le Pen dévot à Jeanne d’ArcLe feu s’est déclaré dans la résidence de « Montretout » de Jean-Marie Le Pen, à Cinq Loups, en banlieue parisienne. Un accident a dit l’enquête. Voire, car vu son admiration pour Jeanne d’Arc il a pu vouloir terminer comme elle à Rouen. De toute manière, si Jeanne n’était pas celle qu’on prétend, lui non plus.

Allain Bougrain-Dubourg avec deux ailesNotre ami Allain Bougrain-Dubourg est l’actif Président de la Ligue pour la protection des oiseaux. Son prénom s’écrit avec deux « l ». Pourquoi ? Parce que les oiseaux ont deux ailes ? Mais non, parce que son père, grand résistant avait comme nom de guerre Allain avec deux « l ». Merci à lui de nous l’avoir précisé sur France Inter.

La « balkanisation » de la justice : Levallois-PaieraitLes époux Balkany sont dans une mauvaise passe (pas façon DSK). Ils ont simplement acheté clandestinement deux résidences au Maroc et aux Antilles sans le déclarer au fisc. Ceci occupe beaucoup la Justice française qui doit rechercher la provenance des fonds et l’authenticité des titres de propriété. Après les condamnations pour avoir fait travailler du personnel municipal de Levallois dans leur vie privée, c’est une véritable « balkanisation » de notre Justice qu’ils imposent. Une seule excuse, à les en croire : ils pensaient que Levallois Paierait.

E-slam, un islam moderneOn connaissait l’E-Economie, E-Television, hi,hi…Voici désormais l’E-Slam. Non pas le slam avec lequel quelques mauvais chanteurs, rappeurs de banlieue font leur beurre avec les beurs principalement. Mais avec les réseaux sociaux par lesquels quelques têtes brûlées diffusent leur propagande E-slamiste en faveur du Djihad. Ainsi, on peut être archaïque socialement, politiquement tout en étant hyper branché.

Olympe de Gouges contre le marquis de Sade : la sans-culotte contre le culottéL’auteur de la Déclaration des droits de la femme, qui a dit que « puisque les femmes peuvent monter à l’échafaud, elles doivent pouvoir monter à la tribune » avant de terminer sa vie grâce au "rasoir national", doit se réjouir de la « débauche » (si l’on ose dire) d’expositions sur son contemporain, le marquis de Sade, auquel la presse qui défend les droits de l’Homme a consacré de nombreux articles louangeurs. Preuve que l’on peut se dire pour les droits de l’Homme et pour les tortures infligées aux femmes. Sans doute ce que d’aucuns appellent les « «droits naturels de l'homme ». Mais cette rivalité historique n’a pas été remarquée par nos commentateurs patentés. Olympe a été exécutée parce qu’elle était « sans culotte » lui a échappé à l’échafaud parce que, bien que tortionnaire, il était culotté, comme tous les aristocrates de son temps qui ne portaient pas de pantalon, même lorsqu’il se rendait à sa section, la « section des piques ».

Pourquoi le P.S. tient-il son congrès en juin à Poitiers ?Pour freiner la montée du Front National en arrêtant les Arabes comme Charles Martel en 732… À moitié, avait dit Coluche. On y célèbrera Saint Thèse, le saint le plus célèbre de l'église socialiste. Vous allez voir que les grincheux iront

encore prétendre que le P.S. fait les choses à Poitiers…

Depuis le 1er Mars, des détecteurs de fumée obligatoires dans tous les logementsEncore une mesure discriminatoire anti-tabac.

Les FEMEN ont encore frappéElles veulent se rebaptiser "Mes deux seins sans frontière". Olympe de Gouges, elle, enlevait le bas ; pas les bas.

Les Brèves de Pol et Mique

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regionpaca.fr

78 % des habitants de Provence-Alpes-Côte d’Azur ont pris conscience des enjeux climatiques*. Aux côtés des citoyens, des collectivités, des associations et des entre-prises du territoire, la Région agit pour donner à tous les moyens de préparer la tran-sition énergétique. Cap sur le développement des énergies renouvelables, la réductiondes consommations et l’adoption par le plus grand nombre de comportements éco-responsables : consommer, se déplacer, se divertir, rénover ou construire autrement,mais aussi limiter le gaspillage en favorisant l’économie circulaire. Aujourd’hui, chaquegeste compte pour préserver la planète, ses habitants et construire un avenir durablepour tous. Ensemble, continuons à passer à l’acte !* Source : baromètre climat énergie régional

Retrouvez toutes les initiatives régionales sur regionpaca.fr rubriqueDéveloppement durable

LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, C’EST L’AFFAIRE DE TOUS

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